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INAN Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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Emblème de la Chambre des communes

Comité permanent des affaires autochtones et du Nord


NUMÉRO 024 
l
1re SESSION 
l
44e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mardi 7 juin 2022

[Enregistrement électronique]

(1615)

[Français]

     Bonjour à tous. Je déclare la séance ouverte.
    Je vous souhaite la bienvenue à la 24e réunion du Comité permanent des affaires autochtones et du Nord.

[Traduction]

     Nous sommes réunis ici aujourd'hui sur le territoire non cédé de la nation algonquine Anishinabe.

[Français]

    Aujourd'hui, nous continuons notre quatrième étude, qui porte sur la souveraineté, la sécurité et la préparation aux urgences des peuples autochtones dans l'Arctique.

[Traduction]

    Notre premier groupe de témoins aujourd'hui comprend M. Robert Huebert, de l'Université de Calgary, Mme Sara Brown, qui est directrice générale de la Northwest Territories Association of Communities, et M. Nick Daigneault, qui est maire du village nordique de Beauval.

[Français]

    Je voudrais vous rappeler les exigences du Bureau de régie interne concernant la distanciation physique et le port du masque.

[Traduction]

    Pour assurer le bon déroulement de la réunion, j'aimerais vous exposer quelques règles. Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Pour la première partie de la réunion d'aujourd'hui, les services d'interprétation sont offerts en anglais, en français et en inuktitut. Soyez patients avec l'interprétation. Il peut y avoir du retard, d'autant plus que l'inuktitut doit d'abord être traduit en anglais avant d'être traduit en français, et vice versa.
    Le bouton d'interprétation se trouve au bas de votre écran; vous avez le choix entre le français, l'anglais et l'inuktitut. Si vous perdez l'interprétation, veuillez m'en aviser immédiatement et nous ferons une pause pour régler le problème.
    Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous désigne par votre nom. Si vous êtes en vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour l'activer. Si vous êtes dans la salle, votre microphone sera commandé comme d'habitude par l'agent des délibérations et de la vérification.
    Vous pouvez vous servir en tout temps de la fonction « Lever la main », au bas de votre écran, si vous voulez dire quelque chose ou alerter la présidence. Lorsque vous parlez, faites‑le lentement et clairement. Lorsque vous ne parlez pas, votre micro devrait être en sourdine.
    À titre de rappel, tous les propos doivent être adressés à la présidence.
    Chers collègues, veuillez préciser à qui votre question s'adresse, parce que si on suppose qu'elle s'adresse aux trois témoins, il y aura peut-être une longue pause, aucun d'eux ne sachant qui devrait commencer.

[Français]

    Sans plus tarder, nous allons entendre le premier groupe de témoins.

[Traduction]

    Chacun des témoins disposera de cinq minutes pour faire sa déclaration préliminaire, après quoi s'ouvrira une période de questions.
    Sans plus tarder, j'invite M. Robert Huebert, de l'Université de Calgary, à donner le coup d'envoi.
    Monsieur Huebert, vous avez cinq minutes.
    Tout d'abord, permettez-moi de vous dire à quel point c'est un honneur, et à quel point c'est intimidant, de comparaître devant une aussi noble assemblée pour parler d'un sujet d'une importance aussi cruciale. J'ai deux séries d'observations à faire dans mes cinq premières minutes.
    La première concerne, bien sûr, le sens que nous prêtons habituellement à la souveraineté et à la sécurité dans le contexte de la préparation aux urgences des peuples autochtones du Nord. Un des gros problèmes que nous avons chaque fois qu'il est question de souveraineté, c'est que tout le monde utilise le mot, mais très peu de gens comprennent ce qu'il veut dire vraiment.
    La souveraineté désigne la capacité d'un gouvernement de montrer qu'il est maître d'une région terrestre et maritime donnée. Dans le contexte de l'Arctique, cela veut dire être maître des zones maritimes, c'est‑à‑dire des eaux intérieures du passage du Nord-Ouest. Nous aurons bientôt un enjeu de souveraineté à l'égard du plateau continental, un enjeu qui touche les rôles des peuples autochtones. Nous devrons nous pencher sur les conditions de la souveraineté dans les régions visées par le règlement de leurs revendications territoriales, et voir comment s'appliquera en particulier la souveraineté sur la navigation dans le passage du Nord-Ouest.
    Pour ce qui est de la sécurité, nous parlons de deux choses. Nous parlons de sécurité humaine, un sujet que bon nombre des experts précédents ont abordé, bien sûr, et nous parlons de...
(1620)
    Un instant, s'il vous plaît, monsieur Huebert.

[Français]

    Madame Gill, vous avez la parole.
    Monsieur le président, l'interprète me signale que la qualité du son n'est pas suffisante pour faire l'interprétation. C'est ainsi depuis à peu près une minute.
    Je vous remercie.

[Traduction]

    Monsieur Huebert, il semble que les interprètes aient du mal à traduire vos propos. Avez-vous configuré l'application Zoom pour qu'elle reconnaisse le microphone de votre casque d'écoute?
    Oui.
    Je suis en train de regarder cela. Est‑ce que la qualité est meilleure?

[Français]

     Madame Gill, pouvez-vous vérifier si cela fonctionne de votre côté?
    Oui, bien sûr. Je suis sûre que les interprètes vont m'en aviser.
    Merci, monsieur le président.

[Traduction]

     Nous allons essayer de continuer. Parlez peut-être un peu plus lentement et un peu plus fort. Cela pourra nous aider.
    Merci.
    Je suis désolé.
    Nous parlons donc de souveraineté et de sécurité. La sécurité dont je veux parler est celle qu'on néglige dans les discussions sur la préparation aux urgences, à savoir la sécurité militaire.
    Les problèmes en Ukraine font ressortir un des plus graves dangers que nous prétendons disparus, c'est‑à‑dire la possibilité d'une guerre nucléaire. Nous l'avons entendu à plusieurs reprises de la part du président Poutine, dans ses menaces à l'endroit de l'OTAN et de ses membres, et c'est une menace à prendre au sérieux dans nos préparatifs d'urgence. Beaucoup de gens diront encore que la probabilité est très faible, mais la réalité, c'est qu'avant la pandémie, l'apparition d'une maladie qui tuerait plus de 27 000 Canadiens et qui aurait les répercussions qu'elle a eues était, bien sûr, considérée comme très peu probable.
    Vladimir Poutine n'a pas seulement brandi la menace de guerre nucléaire. Il a construit les systèmes de lancement et les armes nécessaires pour la mettre à exécution. Il est très facile d'imaginer le scénario suivant. Il est en train de perdre la guerre en Ukraine. Il veut toucher les régions de ravitaillement. Mais avant de les frapper avec les armes nucléaires tactiques qu'il possède, il doit d'abord aveugler les Américains. Pour aveugler les Américains, il doit frapper les bases aériennes d'Anchorage et les stations radar de Tully. Voilà une menace bien réelle et bien évidente pour le Canada.
    Pour ce qui est des préparatifs d'urgence, cela veut dire que nous devons être en mesure de nous occuper de l'Arctique, des peuples autochtones et de leurs communautés, qui seraient alors privés de communications. Le choc électromagnétique qui se produirait lors d'une telle frappe ferait tomber en panne tout ce qui est électronique. Les Russes ont aussi la capacité de couper tous les câbles, de sorte que ces communications‑là aussi seraient rompues. Ce serait une panne de longue durée, et un problème qui s'étendrait aussi aux régions méridionales du Canada.
    Parmi d'autres aspects auxquels nous ne sommes absolument pas préparés au Canada, il y a la radioactivité résiduelle qui se produirait inévitablement. Nous avions des plans pendant la guerre froide, où nous avons connu une menace semblable. En 2022, la plupart de ces plans sont soit inexistants, soit tellement vieux qu'ils n'ont plus d'utilité pratique.
    La probabilité est faible, je le répète, mais comme nous l'avons vu durant la pandémie, ne pas être prêts à la pire des éventualités ne fera que l'empirer encore davantage dans notre contexte global.
    Ensuite, nous devons bien sûr commencer à nous préparer à la menace existentielle que les changements climatiques feront peser sur tous les Canadiens, mais surtout ceux du Nord, dont les peuples autochtones. En même temps, nous devons aussi nous préparer à la menace d'un éventuel échange nucléaire limité. C'est malheureux, mais je pense que les faits pointent de plus en plus dans cette direction.
    Merci beaucoup.
(1625)
    Merci, monsieur Huebert.
    Nous passons maintenant à Mme Sara Brown. Vous avez cinq minutes.
     Je m'appelle Sara Brown et je représente la Northwest Territories Association of Communities. Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous. Notre association regroupe les 33 communautés des Territoires du Nord-Ouest, au nom desquelles nous allons discuter de quatre sujets principaux.
    En premier lieu, la construction du nouveau Nord passe par le recours à des investissements militaires judicieux. Cela rejoint un peu ce que disait M. Huebert tout à l'heure. Il est certain que l'invasion agressive de l'Ukraine crée de l'angoisse chez les résidents des Territoires du Nord-Ouest au sujet de la souveraineté dans l'Arctique. Il en a été question dans la presse et à l'Assemblée législative.
    Le Canada consacre moins de ressources à la protection des régions nordiques et arctiques que toute autre grande puissance mondiale. L'affirmation encore récente de la Russie d'un intérêt national au pôle Nord suscitait déjà des préoccupations générales dans les T.N.‑O., et les événements en Ukraine ne font qu'accroître cette inquiétude.
    Nous avons besoin des investissements militaires. Ils jetteraient les bases d'une croissance et d'une prospérité durables dans les communautés nordiques tout en servant les intérêts économiques et militaires à long terme du Canada dans la région. Nous avons besoin d'une vision d'ensemble qui intègre une présence militaire accrue à l'édification de communautés plus saines, à la protection de l'environnement et à la diversification des économies régionales. Cela comprend des projets comme le prolongement de l'aérodrome à Inuvik.
    La pandémie a fait ressortir la vulnérabilité particulière du Nord en raison des problèmes de télécommunications, qu'il s'agisse d'enseignement en ligne, de télésanté ou de réunions virtuelles. La mise en place d'un réseau plus robuste serait non seulement un avantage pour les militaires et une affirmation de souveraineté, mais elle aiderait aussi grandement les communautés à obtenir un degré de service qui va de soi dans le reste du Canada.
    Les conflits en cours ont le potentiel de redéfinir le Nord et d'apporter des changements spectaculaires et de grande envergure. La convergence des enjeux a ravivé l'intérêt national pour le Nord. Les décisions fédérales doivent désormais tenir compte du rôle et de l'effet de ces transformations sur les communautés nordiques.
    Deuxièmement, il faut un plan d'investissement à long terme dans l'infrastructure du Nord. Le Canada doit financer les travaux nécessaires pour soutenir les communautés et appuyer de nouvelles activités industrielles, touristiques, scientifiques et militaires. Les récents investissements fédéraux sont utiles, mais ils ne suffisent pas à bâtir l'infrastructure et les liens de transport modernes dont les communautés ont besoin pour devenir plus fortes et plus sûres. En particulier, les investissements doivent répondre aux aspirations des Autochtones du Nord, notamment l'hydroélectricité et des routes praticables en toute saison. Tous les efforts doivent être déployés pour mener ces projets à bien en faisant appel aux ressources et aux entrepreneurs locaux.
    Troisièmement, nous devons faire du Nord canadien le chef de file mondial de l'adaptation aux changements climatiques. Comme le reste du Canada, les T.N.‑O. font face à un risque accru de feux de forêt, et les embâcles provoquent des inondations sans précédent depuis quelques années. Pour une deuxième année d'affilée, des communautés grandes et petites subissent des répercussions qu'elles n'ont jamais connues auparavant. Ce sont elles les premières à intervenir en cas d'urgence, mais elles auront besoin de plus en plus de soutien de la part des gouvernements territorial et fédéral à l'avenir. De plus, il faut clarifier les rôles et départager ce qui revient aux administrations locales et aux gouvernements autochtones.
    Les transformations massives de l'environnement font de l'Arctique l'exemple parfait de l'impact réel des changements climatiques. Dans le Nord, les risques sont tellement différents et plus nombreux que dans le Sud du Canada. Il ne s'agit pas seulement d'inondations et de feux de forêt, mais aussi de la fonte du pergélisol, de la fonte des routes d'hiver, de l'érosion des berges des cours d'eau, du dégel des côtes, des extrêmes climatiques, de l'accès restreint au territoire, du ruissellement de surface, et j'en passe.
    On a mis des chiffres sur à peine quelques-uns de ces risques. Par exemple, la dégradation du pergélisol entraînera pour les équipements publics un coût de l'ordre de 1,3 milliard de dollars, soit 51 millions de dollars par année. C'est au‑dessus des moyens des gouvernements locaux et territorial, et on ne parle ici que d'un seul risque et de son impact sur les seuls équipements publics.
    Jusqu'ici, le financement de la lutte aux changements climatiques a porté sur la collecte et la configuration des données. Il y a eu énormément de demandes dans les T.N.‑O., plus qu'on ne pouvait en absorber, et nous faisons bien attention de traiter avec respect le savoir ancestral et local. Bientôt, nous aurons besoin de sommes beaucoup plus importantes lorsque viendra le temps des immobilisations nécessaires à l'adaptation et que les communautés tenteront d'adopter une approche proactive.
    Le Canada a l'occasion de faire du Nord un chef de file mondial de l'adaptation aux changements climatiques, et nous avons démontré récemment que le stimulus économique le plus puissant vient de l'argent dépensé à l'échelon local. Chaque million de dollars dépensé par le fédéral, par le territoire et par la communauté crée respectivement 6, 7 et 13 emplois. Cela illustre clairement les avantages d'un financement qui passe par les administrations locales, sans compter que cela fait grandir et apprécier la capacité du Nord.
(1630)
    Plus nous y travaillons, plus il devient évident que la meilleure formule pour lutter contre les changements climatiques est celle des partenariats fondés sur le risque. Cela m'amène à la recommandation numéro quatre, qui est de faire de ces partenariats une politique officielle. Il est irréaliste de laisser les administrations locales et les gouvernements autochtones essayer de devenir des experts et de relever seuls les différents défis. De plus, cela entraîne beaucoup de double emploi.
    Nous avons eu recours à la formule du partenariat fondé sur le risque à quelques reprises, d'abord pour effectuer un relevé géotechnique des biens collectifs des sept communautés les plus exposées à la fonte du pergélisol. La formule s'est révélée efficace: elle allège le fardeau de la communauté et elle permet de cumuler les données. Récemment, nous avons présenté une demande au FAAC, conjointement avec le gouvernement territorial et les 29 communautés touchées, afin d'aménager des coupe-feux.
    Merci, madame Brown. Pourriez-vous conclure très rapidement, s'il vous plaît?
    Enfin, je veux juste souligner ces quatre éléments que j'ai trouvés dans un rapport de 2010 et qui vont dans le même sens: faire des investissements militaires judicieux, élaborer un plan d'investissement à long terme dans l'infrastructure du Nord, faire du Nord canadien le chef de file mondial de l'adaptation aux changements climatiques et, enfin, faire des partenariats l'objet d'une politique officielle.
    Merci.
    Merci, madame Brown.
    Nous passons maintenant à M. Nick Daigneault, maire de Beauval.
    Monsieur Daigneault, vous avez cinq minutes.
    Merci, monsieur le président. Je suis honoré de pouvoir témoigner aujourd'hui, depuis un petit village du nord de la Saskatchewan, et je tiens à en remercier notre député, M. Gary Vidal, qui a transmis l'invitation.
    Comme on l'a dit, je suis le maire du village nordique de Beauval, à environ 500 kilomètres au nord de Saskatoon, pour vous situer un peu. Beauval est au carrefour de deux grandes artères, la route 155 et la route 165, ce qui en fait le lieu central du nord-ouest de la Saskatchewan.
    Cela fait 10 ans que je fais de la politique dans le nord de la Saskatchewan, 10 années intéressantes. J'ai été mêlé de près à la coordination des mesures d'urgence lors des feux de forêt de 2015, alors que j'étais conseiller. Il y avait beaucoup d'incendies autour de notre localité, pas nécessairement proches, mais assez pour causer de l'inquiétude, et nous avons dû évacuer un grand nombre de personnes à cause de la fumée. Ces dernières années aussi, nous avons eu des feux de forêt près de chez nous, mais rien de comparable à 2015, où nous avons dû assurer une certaine coordination avec l'agence de sécurité publique de la Saskatchewan, la SPSA. Depuis, nous avons établi un excellent partenariat avec la province, qui a maintenant regroupé toutes ses ressources dans la SPSA. Nous avons coordonné les efforts sur le terrain et créé une bonne équipe d'urgence.
     Nous avons appris beaucoup de leçons au cours des dernières années, et nous avons décidé que le personnel de notre village devrait faire partie intégrante de la planification d'urgence, afin de ne pas trop dépendre des services bénévoles dans la communauté. Nous avons veillé à acheminer les ressources et à diffuser une information exacte par nos publications sur les réseaux sociaux et nos messages radio à la station locale de radiotélévision. Nous avons pu compter sur d'excellentes ressources en communication pour que la bonne information se rende à la population.
    La dernière situation d'urgence, celle de la pandémie de COVID‑19, nous a offert une véritable occasion d'établir une relation de gouvernement à gouvernement avec la Métis Nation of Saskatchewan. Dans l'ensemble, cette relation était très solide dès le départ, et nous étions très fiers de nous asseoir avec nos représentants métis pour discuter de la stratégie à appliquer dans nos communautés.
    Je vous donne encore un peu de contexte. La plupart des localités, de Green Lake jusqu'à La Loche, le long de la route 155, sont à prédominance métisse.
     Nous avons donc eu l'occasion aussi de travailler avec les Premières Nations environnantes. Nous avons fait de Beauval une zone de rassemblement pour toute la région nord-ouest, afin de coordonner à l'échelle régionale l'effort de lutte contre la pandémie. Grâce au soutien fédéral et aux fonds de secours, nous avons pu nous procurer de l'équipement de protection individuelle — des achats autant que des dons — et de la nourriture pour les foyers, de sorte que nous avons pourvu à la sécurité alimentaire pendant cette période difficile où les magasins des environs fermaient leurs portes, y compris les épiceries.
     Nous avons aussi pu nous procurer des VR de location qui ont servi lors des épisodes d'isolement. C'était très apprécié à une époque où il y avait des ménages déjà surpeuplés. Nous ne voulions pas que s'y produisent des éclosions. On pouvait donc mettre la personne en isolement et déménager dans le VR le temps qu'il fallait.
    Le partenariat fonctionnait très bien la plupart du temps, mais les mois ont passé et, comme la politique en vient parfois à nuire aux bonnes idées, des organismes ont voulu être les héros du jour et s'attribuer le mérite devant les médias d'information. Ce n'était pas notre intention à l'époque, et ce n'est que vers la fin de la pandémie que c'est devenu un problème, lorsque les demandes de ressources et de partage sont restées lettre morte. C'est devenu alors un sujet de préoccupation pour notre communauté.
    Les municipalités n'ont pas nécessairement de budget d'intervention d'urgence, alors beaucoup de dépenses irrécupérables ont dû être engagées pour nous protéger contre une menace invisible. Comme vous le savez tous, on n'était pas devant un feu de forêt, une menace qu'on peut voir et évaluer. Nous avons dû faire des interventions très improvisées, comme dresser des barrages routiers, fermer les accès et les issues de la localité et canaliser les gens vers une seule entrée etune seule sortie. Il fallait les filtrer à l'arrivée et à la sortie. Nous n'étions pas les seuls à faire cela. C'est arrivé aussi à l'Île‑à‑la‑Crosse, à Buffalo Narrows et à La Loche, en Saskatchewan.
(1635)
     Nous avons aussi dû embaucher des agents de sécurité qui faisaient des patrouilles de nuit pour s'assurer que les ménages respectaient les lois sur les mesures d'urgence adoptées par la province pour que les familles restent dans leur bulle et ne se mélangent pas entre elles, afin de freiner la pandémie. Nous avons dû mettre sur pied cette équipe de nuit qui tenait des journaux de ses observations et les transmettait au maire et au conseil le lendemain matin. Il est arrivé qu'un de nos dirigeants locaux, ou même la GRC, doive intervenir pour rappeler aux ménages que nous étions en pleine pandémie et qu'il fallait respecter les règles.
    L'arrivée de la PCU a aussi compliqué un peu les choses, surtout dans une communauté déjà aux prises avec des problèmes de toxicomanie. Cette prestation, destinée évidemment à secourir les personnes qui perdaient leur emploi, a donné lieu à des abus chez tellement de gens qui bénéficiaient déjà d'une forme quelconque d'aide sociale, ce qui a entraîné d'autres incidents et des violations des ordonnances liées à la pandémie.
    Monsieur Daigneault, je vais devoir vous demander de conclure pour que nous puissions passer aux questions.
    Nous voulons nous assurer que les menaces actuelles rallient aussi un effort régional, comme lorsque les communautés se sont regroupées au début de la pandémie.
    J'aimerais vraiment voir une sorte d'intervention fédérale pour réunir toutes les Premières Nations, les communautés métisses, les gouvernements métis et les municipalités, car ici dans le nord-ouest, nous croyons avoir la capacité de créer une excellente équipe régionale d'intervention d'urgence. Nous avons aussi les ressources et le personnel qu'il faut pour collaborer avec l'agence de sécurité publique de la Saskatchewan.
    Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous présenter cet exposé et de vous donner une idée concrète de la façon dont nous sommes intervenus.
    Merci beaucoup, monsieur le maire.
    Nous amorçons maintenant notre première série de questions. C'est Mme Stubbs qui a la parole pendant les six premières minutes.
    Merci, monsieur le président, et merci à tous les témoins d'être ici.
    Bien sûr, cette motion couvre bien des points et ratisse très large. En ce qui me concerne, je vais concentrer mes questions sur les menaces à la sécurité qui pèsent sur les gens et les communautés du Nord.
    Monsieur Huebert, au début d'avril, vous avez déclaré devant le Comité permanent de la sécurité publique et nationale que la Russie constituait « une menace existentielle » pour le Canada, et que cette menace atteignait un degré tel qu'elle pouvait provoquer une crise. Comme vous nous l'avez rappelé aujourd'hui, vous disiez alors que l'élément le plus important de cette menace, pourtant largement passé sous silence, est la façon des Russes de faire la guerre, en particulier le recours éventuel aux armes nucléaires et aux missiles de longue portée et la volonté de le faire dans le but stratégique exprès de se mettre en conflit direct avec l'OTAN.
    Je pense que votre témoignage devant le comité de la sécurité publique portait sur une menace générale pour le Canada. Je me demande si maintenant, devant notre comité, comme vous l'avez fait dans votre déclaration préliminaire, vous pourriez expliquer davantage et mettre en contexte la menace qui pèse sur les gens et les communautés du Nord canadien. Aussi, pourriez-vous nous décrire peut-être de trois à cinq grandes priorités auxquelles les gouvernements pourraient s'attaquer immédiatement pour bien se préparer?
(1640)
     Je vous remercie beaucoup de l'occasion que vous m'offrez, et de porter une attention aussi particulière à ce que je prétends depuis longtemps.
    Les Russes représentent une menace depuis le retour de l'autoritarisme aux commandes de l'État, c'est‑à‑dire bien sûr lorsque Vladimir Poutine est devenu président par intérim en 1999. Ce que beaucoup de gens ne savent pas, c'est que l'une de ses premières décisions, du point de vue de la sécurité militaire, a été de mettre au point une série de systèmes d'armes, dès 2002 ou 2003, capables de défier le système américain de défense antimissile balistique. Autrement dit, les Russes se donnaient clairement les moyens de faire les guerres dans lesquelles ils se sont effectivement engagés: en Tchétchénie, en Géorgie, en Syrie et, en 2014 et aujourd'hui, en Ukraine.
    Quel rapport avec le Nord? Cela concerne le Nord parce que les Russes voient les Américains comme le plus grand obstacle à la réalisation de leurs objectifs stratégiques. C'est pourquoi ils ont mis au point une série de systèmes d'armes — des missiles hypersoniques Avangard et des véhicules autonomes sous-marins — qui sont tous conçus pour éliminer la capacité de riposte américaine. Pour pouvoir riposter, les Américains comptent sur leurs installations dans le Nord, que nous partageons avec eux dans le cadre du NORAD.
    Si les Russes allaient jusqu'à frapper les Américains, cela forcerait une escalade des tensions dans d'autres parties de l'Europe et le conflit se propagerait automatiquement dans le Nord canadien. C'est ce qui amène les Américains, sous la direction du général VanHerck, le chef du NORAD et du Northern Command des États-Unis, à parler du concept de dissuasion intégrée. Le général a déclaré publiquement que les Américains n'ont pas la capacité de détecter les nouveaux systèmes de lancement de la Russie et que ces nouveaux systèmes sont conçus justement pour tenir les Américains dans l'ignorance et les empêcher de riposter.
    Thulé et Elmendorf sont deux de leurs bases les plus importantes dans le Nord. En tant que membre du NORAD, le Canada appuie les Américains en coopérant avec eux dans des bases d'opérations avancées pour ses avions, et avec ses propres systèmes radar dans ce qu'on appelait autrefois la ligne DEW. Le Système d'alerte du Nord fait aussi partie de cela. Par conséquent, une frappe russe pour aveugler les Américains exigerait inévitablement de frapper aussi des cibles canadiennes.
    À nouveau, je tiens à préciser que ce n'est pas une forte probabilité, mais c'est quand même tout à fait dans la façon des Russes de faire la guerre.
    Vous m'avez demandé quelles devraient être nos priorités. La première, bien sûr, est de prendre au sérieux le renouvellement du NORAD. La technologie de notre système de détection radar date de 1985. Nous avons besoin de radars capables de voir par-dessus l'horizon. Nous devons améliorer nos satellites de détection. J'ose dire que le simple fait d'avoir les systèmes que nous avons actuellement, sans parler de les entretenir, pose un problème.
    Nous devons aussi montrer aux Américains que nous sommes sérieux. Votre comité étudie la question de la souveraineté. Bien que la Russie constitue une menace directe et existentielle pour le Canada, pour les raisons que je viens d'exposer, il est toujours possible qu'on nous voie comme des profiteurs dans les hautes sphères politiques américaines, des « freeloaders », selon le terme qu'a employé le sénateur Sullivan il y a deux semaines. Si c'est le cas, les Américains se passeront de nous pour assurer la sécurité qu'ils jugent nécessaire.
    C'est donc le Canada tout entier qui voit sa souveraineté menacée, en particulier les Canadiens du Nord. Si les Américains estiment devoir faire quelque chose dans le Nord, ils agiront en conséquence dès qu'ils seront convaincus — et je crois qu'ils le sont déjà — que les Russes constituent une menace existentielle.
    La première priorité est de montrer que nous sommes sérieux à l'égard du NORAD.
    La deuxième, en ce qui concerne la réponse de votre comité, est d'avoir en place le bon plan d'intervention d'urgence. Comme je disais, notre réaction à la COVID‑19...
(1645)
    Monsieur Huebert, vous allez devoir conclure. Cela fait six minutes, alors veuillez conclure.
    Deuxièmement, le NORAD... Il faut mettre en place l’approvisionnement — les F‑35 — et un plan d’urgence qui va au‑delà de ce à quoi nous avons été capables de répondre.
    Merci.
    Merci beaucoup.
    Avant de passer au témoin suivant...
    Monsieur le maire Daigneault, les gens de la TI vous demandent de bien vouloir lever votre micro plus près de votre nez, si c’est possible. Merci.
    Le prochain intervenant est M. McLeod.
    Monsieur McLeod, vous avez six minutes.
     Merci, monsieur le président, et merci aux témoins d’aujourd’hui. La discussion a été très intéressante, c’est certain.
    Je suis heureux de voir Sara Brown se joindre à nous. Elle apporte toujours beaucoup d’énergie et de bonnes idées.
    Je voulais poser une question au sujet de l’état de préparation du Nord en cas d’urgence. Au cours des trois dernières années, dans les Territoires du Nord-Ouest, il y a eu pas mal d’inondations dans les collectivités. L’an dernier, nous en avons eu sept, et nous en avons eu plusieurs cette année. Il y a toujours la menace des feux de forêt, et bon nombre des appels que je reçois proviennent de dirigeants et de particuliers de la collectivité qui demandent des renseignements sur le processus et qui est responsable de quoi, même lorsqu’il s’agit de pillage dans la collectivité après l’évacuation. Parfois, les collectivités demandent l'aide des Rangers, mais les Rangers n’ont pas ce mandat.
    J’aimerais demander à Mme Brown si elle pense que des possibilités de formation supplémentaires et des ressources supplémentaires aideraient à faire en sorte qu’il n’y ait pas de confusion dans les situations d’urgence que nous avons connues.
     C’est certainement un défi constant pour nous chaque fois que nous faisons face à un nouveau risque ou à un nouveau défi. Les rôles et les responsabilités ne sont pas clairs.
    Nous aurions certainement avantage à recevoir une formation supplémentaire, même si cela se limite à établir des relations à l’avance pour que les gens sachent à qui ils ont affaire, à qui ils parlent, comprennent la situation des communautés, connaissent les ressources territoriales, et connaissent mieux les ressources fédérales avant de s’engager.
    La pandémie l’a vraiment démontré. Il s’agissait d’un risque et d’un événement imprévus, et nous avons vraiment improvisé au fur et à mesure. Cependant, grâce à nos relations, nous avons pu, par exemple, convoquer des réunions régulières des maires, des chefs et du gouvernement territorial. Par conséquent, plus il y a de formation à l’avance, mieux tout le monde est préparé à réagir efficacement.
    J’ai une autre question pour vous, madame Brown. J’aimerais savoir si vous avez des suggestions à faire au gouvernement pour soutenir les infrastructures, surtout dans nos petites communautés autochtones, qui pourraient aider à atténuer les dommages qu’elles pourraient subir à la suite de catastrophes naturelles. De nombreuses communautés sont menacées par les inondations. Nous avons beaucoup de collectivités qui sont actuellement aux prises avec l’érosion, et nous voyons encore des collectivités qui n’ont pas de bermes ou de digues.
    En fait, elles n’ont pas la capacité de déplacer d’importants éléments d’infrastructure, dont certains sont très importants, comme les centrales électriques, les lagunes et stations d'épuration situées dans les zones inondables. Quand ces infrastructures lâchent, c’est toute la collectivité... Que la maison soit inondée ou non, si vous n’avez pas d’eau ou d’électricité, vous êtes mal pris.
    C’est quelque chose qui semble faire défaut.
(1650)
    Oui, absolument, et une partie du problème, c’est que nous laissons les autorités locales s’occuper elles-mêmes de ces questions et nous ne les aidons pas à prendre des mesures d’atténuation et à embaucher un ingénieur, par exemple, pour effectuer certaines analyses. C’est pourquoi je crois fermement que nous devons adopter un modèle de partenariat.
    Nous devrions avoir un groupe de travail réunissant tous ceux qui risquent d'être inondés, afin qu’ils puissent apprendre les uns des autres. Ils pourront cerner les lacunes en matière de connaissances. Ils pourront identifier les lacunes sur le plan technique. Ils pourront ensuite chercher du financement en tant que groupe pour pouvoir commencer à s’attaquer à ces problèmes. Lorsque nous laissons les collectivités se débrouiller seules avec des risques individuels ou collectifs... Ces personnes sont déjà à bout de souffle. Beaucoup d’entre elles travaillent de 80 à 90 heures par semaine. Il y a un roulement énorme, toutes ces choses, alors nous devons certainement mieux les soutenir et prendre les mesures d’atténuation qui réduiront les répercussions des catastrophes naturelles.
     Pour ma dernière question, j’aimerais que vous nous en disiez un peu plus sur votre recommandation d’officialiser la politique des partenariats. Pourriez-vous nous expliquer ce que cela signifie vraiment?
    Soyez très brève, s’il vous plaît.
    Oui.
     Nous avons tous constaté, je pense, que tout le travail que nous faisons se fait en vase clos, que ce soit au niveau territorial, communautaire ou fédéral. Nous devons nous éloigner de cette approche. Nous devons voir cela comme un problème collectif et travailler ensemble. Nous accomplirons tellement plus. Ici, nous sommes une petite administration et nos collectivités sont beaucoup plus petites. Si nous ne travaillons pas en partenariat, nous aurons tous des problèmes.
    Merci beaucoup.

[Français]

     Nous donnons maintenant la parole à Mme Gill, qui dispose de six minutes.
    Merci, monsieur le président.
    D'abord, j'aimerais poser une question à M. Huebert relativement à son domaine d'expertise. En fait, je sais qu'il a déjà comparu au Comité permanent de la Défense nationale en 2010.
    Vous aviez alors parlé de souveraineté et de défense dans l'Arctique. Pouvez-vous nous dire s'il y a eu des améliorations depuis 2010? Sinon, quelles mesures aurait-il fallu prendre entre 2010 et 2022 à cet égard?

[Traduction]

    C’est une excellente question.
    Bien franchement, je crois qu'il n'y a rien eu de concret.
    Si nous regardons la période de 2010 à 2022 — et je remonterais simplement à 2007 —, nous avons eu deux cas où des navires sont entrés dans le passage du Nord-Ouest canadien sans permission. En fait, nous n’avons pas pu les arrêter.
    En 2007, nous avons eu le Berserk II, qui a navigué du côté est du passage du Nord-Ouest jusqu’à Cambridge Bay. Finalement, comme les dirigeants communautaires ont pu avertir la GRC de l’arrivée de ce navire, nous avons pu arrêter les participants, qui avaient un casier judiciaire, et les expulser une deuxième fois.
    Le deuxième exemple, bien sûr, s’est produit en 2021, lorsque le yacht néo-zélandais Kiwi Roa a traversé le passage du Nord-Ouest. Encore une fois, en raison de la pandémie, nous avons fermé le passage du Nord-Ouest, comme c’est notre droit souverain, puisqu’il se trouve dans nos eaux intérieures. Le capitaine a refusé de reconnaître notre droit de le fermer, et le bateau est passé. Encore une fois, la Garde côtière a dit qu’il était probablement plus sécuritaire de le laisser passer que de risquer qu’il entre dans un port et qu’il transmette le virus.
    Néanmoins, je pense que cela montre clairement que nous ne sommes pas en mesure de savoir exactement quand ces navires entrent dans nos eaux et que nous ne sommes pas en mesure de les arrêter.
     Ce qui est important, c’est que ce sont les communautés locales, les communautés autochtones, qui nous ont alertés. Cela nous ramène à ce qu'a dit Mme Brown au sujet de la capacité d'unir nos forces pour défendre notre souveraineté dans l’Arctique.
    Pour ce qui est de remédier à notre incapacité de savoir et de coordonner, revenons encore une fois au point très important que Mme Brown a soulevé au sujet de la capacité de se parler et de la volonté politique d’agir contre ceux qui sont contre nos intérêts. Nous n’avons pas vraiment fait preuve d'une grande volonté politique pour agir dans ce domaine.
(1655)

[Français]

    Merci.
    J'aurais une question complémentaire au sujet de l'occupation du territoire. Elle s'adresse toujours à M. Huebert, mais Mme Brown et M. Daigneault pourraient aussi y répondre.
    On parle de travailler de concert avec les communautés, mais on sait très bien que, dans nos régions nordiques, la population est somme toute faible.
    Croyez-vous que des mesures devraient être prises pour peupler ce territoire, pour que des gens vivent sur ce territoire et demeurent sur place? Sinon, toute autre recommandation de votre part sera la bienvenue.
    J'aimerais entendre ce que vous avez à dire au sujet de cette question. Je demanderais à M. Huebert de répondre en premier.

[Traduction]

    Bien entendu, il est difficile de faire bouger la population, surtout lorsqu’il y a des difficultés économiques dans la région. C’est probablement le plus grand défi que les pays nordiques ont eu à relever et que, j’ose dire, le Canada aura à relever à cet égard.
    J’aimerais ajouter une chose importante. Cela nous ramène à un point que Mme Brown a soulevé au sujet des communications. L’une des choses que je veux souligner, c’est que l’une des façons d’assurer les communications est par l’entremise d’un organisme existant appelé le Groupe de travail sur la sécurité dans l’Arctique, qui, en fait, facilitera précisément le type de coopération à laquelle votre question fait allusion et dont Mme Brown a parlé.
     Madame Brown, voulez-vous répondre à la question, et ensuite le maire Daigneault?
    La capacité d’augmenter notre population, et donc d’augmenter nos yeux sur le terrain, est intéressante. C’est une question à laquelle nous sommes constamment confrontés. Je ne suis pas certaine que ce soit entièrement la solution.
     Je suis d’accord avec M. Huebert pour dire que nous devons faire un travail plus efficace pour communiquer et éliminer les cloisonnements. C’est un endroit où il est difficile et coûteux de vivre. Je ne sais pas si nous allons attirer beaucoup de gens ici pour réagir aux menaces à la sécurité.

[Français]

     Avant que M. Daigneault prenne la parole, j'aimerais porter à votre attention qu'il y a aussi la rétention de la population. Il faut améliorer les conditions de vie de façon à ce que les gens ne quittent pas leurs communautés.
    M. Daigneault pourrait conclure.

[Traduction]

    Monsieur Daigneault, si vous voulez répondre à cette question, il vous reste environ 20 secondes.
    J’aimerais prendre le temps d’insister sur les points qui ont été soulevés plus tôt.
     En tant que collectivité, nous avons besoin de ressources pour embaucher des firmes d’ingénierie afin de créer de nouveaux lotissements et pour examiner de plus près notre plan communautaire officiel afin d'être sûrs de ne pas construire dans des zones inondables ou problématiques, ce qui compliquerait les choses pour l’avenir et les nouveaux membres de notre collectivité. Ces soutiens sont nécessaires.
    Merci.
    Nous passons maintenant à Mme Idlout, pour six minutes.
    [La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
    ᐋ, ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ ᐃᓘᓐᓇᓯ ᑐᓐᖓᓱᑦᑎᑦᓱᒪᕙᑦᓯ ᐃᓘᓐᓇᓯ ᑐᓴᕐᓂᖅᑐᐃᓐᓇᐅᓵᕋᑦᓯ, ᑭᓯᐊᓂ ᖃᐅᔨᒪᖁᔨᕗᖓ ᕌᐳᕐᑦ ᕼᐃᐅᐳᕐᑦᒧᑐᐊᖅ ᐊᐱᖅᓱᕐᓂᐊᕋᒪ ᑖᓐᓇᑐᐊᖅ ᑭᐅᖁᓂᐊᖅᓱᒍ, ᑖᓐᓇ ᐃᒪᓐᓇ ᐊᐱᕆᔪᒪᕙᕋ, ᐊᖏᖃᑕᐅᓯᒪᕖᑦ ᐋ ᑕᒪᒃᑯᐊ ᓴᓂᕐᕙᐃᔾᔫᒥᔭᕆᐊᖃᕐᒪᑕ ᐃᓄᓐᓄᑦ ᐊᒻᒪᓗ ᐱᖁᑎᕐᔪᐊᓂᒃ ᑖᒃᑯᐊ ᐅᑭᐅᖅᑕᖅᑐᕐᒥ ᓲᕐᓗ ᐋ ᒥᑦᑕᕐᕖᑦ ᕿᑯᕐᖑᕐᑎᑕᐅᔭᕆᐊᖃᕐᓂᖏᓐᓄᑦ ᐱᒻᒪᕆᐅᖃᑕᐅᕆᐊᖃᕐᒪᑕ ᑖᒃᑯᐊ ᐅᑭᐅᖅᑕᖅᑐᕐᖕᒥ ᓴᐳᔾᔨᓯᒪᔪᑎᐅᔭᕆᐊᖃᕐᒪ-ᑕᖅᑕᐅ.
    [Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
    Tout d’abord, je vous souhaite la bienvenue et je vous remercie de vos exposés. Ils ont été très instructifs.
    Ma question s’adresse à Robert Huebert, et seulement à lui.
    Êtes-vous d’accord pour dire que les investissements dans l’infrastructure inuite, comme le pavage des aéroports, sont des investissements très importants pour protéger la souveraineté du Canada dans l’Arctique?
[Traduction]
     Eh bien, si je peux répondre à la question sur l’infrastructure, la véritable force de l’habilitation des communautés autochtones et de l’amélioration de leur infrastructure est, bien sûr, que, d’un point de vue géographique, ce sont les communautés autochtones qui vont le plus loin dans le Nord. C’est dans ces communautés que nous devons faire de meilleurs plans pour avoir la capacité de savoir ce qui se passe autour... que ce soit en ce qui concerne les radars au‑dessus de l’horizon, la modernisation du site d’alerte du Nord ou les aéroports que nous avons maintenant pour nos sites d’opérations avancées.
    Bien entendu, tous ces éléments nécessitent la participation des communautés autochtones. Ils ont aussi besoin de la participation des communautés non autochtones. Toutefois, compte tenu de la géographie du pays, il faut que cela soit au cœur de notre capacité de nous déplacer.
    En toute franchise, nous avons besoin de flexibilité. Si la guerre éclate, le plan que nous avons et l’infrastructure que nous avons à cet endroit sont les premières choses qui lâcheront. Leur résilience est nécessaire, ce qui signifie que vous devez avoir plus que ce dont vous pensez avoir besoin.
(1700)
    [La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
    ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ ᑭᐅᑦᓯᐊᕋᕕᑦ, ᐋ ᐅᓇ ᐊᐱᕆᓂᐊᕐᒥᒐᒃᑭ, ᐋ ᐊᖏᖃᑕᐅᓯᒪᒻᒪᖔᖅᐱᑦ ᑖᓐᓇ ᐋ ᐃᓄᐃᑦ ᑕᐱᕇᒃᑯᓐᓄᑦ ᓯᕗᓕᖅᑎᐅᓚᐅᖅᑐᖅ, ᐋ ᕉᔅᒥᐅᕆ ᑯᑉᑖᓇ, ᐃᒪᓐᓇᓕ ᓇᓗᓇᐃᕆᓯᒪᒻᒪᑦ, ᐋ ᐅᑭᐅᖅᑕᖅᑐᖅ ᓇᒻᒥᓂᕆᔭᐅᑎᓪᓗᒍ ᑲᓇᑕᒧᑦ ᐃᒪᓇᓕ ᑐᑭᖃᕐᓂᕋᕐᓂᕋᕐᒫᒍ, ᐃᒪᓐᓇᒎᖅ ᑖᓐᓇ ᑐᑭᓕᒃ ᐋ ᐱᔪᓐᓇᕐᓂᖃᖅᓱᓂᒃ ᐃᓕᖅᑯᓯᕐᒥᓂᒃ ᐊᑐᕈᓐ-ᓇᕐᓂᖅ ᐃᓄᖏᑦᑕ ᓲᕐᓗ ᐅᖃᐅᓯᖏᑦ ᐱᖅᑯᓯᖏᑦ ᐃᒃᐱᓐᓂᐊᕆᔭᖏᑦ ᓯᕗᕚᕆᔭᖏᑦ ᓄᓇᒥᓐᓃᓐᓂᖏᓐᓂᓪᓗ ᐅᖄᕇᒃᑲᓂᖅᓱᓂ ᑖᓐᓇ ᕉᔅᒥᐅᕆ ᑯᑉᑖᓇ ᐃᒪᓐᓇ, ᐅᖓᑖᒍᑦ ᐅᖃᒃᑲᓂᖅᑐᖅ, ᓇᒻᒥᓂᕆᔭᐅᓂᖓ ᐊᑐᕈᓐᓇᖁᔨᓂᖅ ᖃᓄᖅᑑᖅᑕᐅᔪᑦᓴᖃᖅᓱᓂ ᓲᕐᓗ ᒪᑯᓂᖓ, ᐊᕙᑎᓕᕆᓂᖅ, ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᖅᐸᓪᓕᐊᓂᖓ, ᓂᕐᔪᑎᓕᕆᓂᖅ ᐊᒻᒪᓗ ᓱᓇᑐᐃᓐᓇᐃᑦ ᐊᑦᑐᐃᓂᖃᖅᑐᑦ ᐃᓄᓐᓄᑦ ᐱᓗᐊᖅᑐᓄᑦ ᐊᖏᖃᑕᐅᕖᑦ.
    [Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
    Merci de votre réponse. C’est logique.
    Je vais vous reposer la question.
    L’ancienne présidente d’ITK, Rosemarie Kuptana, avait une définition de la « souveraineté dans l’Arctique », qui était la suivante:
La souveraineté dans l’Arctique signifie la capacité d’exercer sa culture en fonction des nombreuses caractéristiques qui définissent un peuple, comme sa langue, ses traditions, ses valeurs, son histoire, sa géographie. Cela signifie la souveraineté sur les décisions qui sont prises au sujet des questions environnementales, des changements climatiques, de la faune — tout ce qui touche les Inuits en particulier [dans leur vie].
    Savez-vous comment on dit « souveraineté » en inuktitut? Êtes-vous d’accord avec cela?
[Traduction]
     Pour insister davantage sur ce que vous dites, je suis en train de faire des recherches ou d’écrire un livre sur le voyage du Polar Sea, qui a été l’un des éléments les plus importants de la contestation de la souveraineté canadienne. Je dois vous dire qu’en 1985, l’une des voix les plus fortes pour exprimer notre conception de la souveraineté est venue de l’ITK et d’autres dirigeants, comme notre gouverneure générale actuelle, qui en a parlé avec beaucoup d’éloquence.
    La souveraineté, c’est la capacité du gouvernement de tout État de permettre que ses règles, ses normes et ses valeurs existent, soient promues et soient protégées. Par conséquent, la définition... Encore une fois, je me reporte à certains des écrits de Mary Simon, qui disait, en 1985, que la raison pour laquelle nous étions préoccupés par l'incident du Manhattan en 1969 et celui du Polar Sea en 1985, c’était précisément parce que le peuple, et particulièrement le peuple autochtone, vivait sur cette terre et cette glace. Par conséquent, si nous voulons la souveraineté, c’est pour assurer la protection de cette présence de longue date. En fait, c’est l’essence de... La souveraineté en soi ne veut rien dire, en ce qui me concerne. L'important, c’est ce que vous faites avec la souveraineté et la raison pour laquelle vous voulez la protéger.
    Par conséquent, ce que vous venez de dire amène à se demander: « Pourquoi nous soucions-nous de protéger la souveraineté dans l’Arctique, si nous n’allons pas la protéger dans un but précis? » Je pense que ce que vous venez de citer est le début d’une longue réflexion en ce qui concerne ce que les Inuits entendent par « souveraineté ».
    Merci beaucoup.
    Nous allons maintenant passer à un deuxième tour de questions plus court, en commençant par M. Vidal.
    Monsieur Vidal, vous avez cinq minutes.
    Je remercie également tous les témoins d’aujourd’hui. Comme l'a dit ma collègue, Mme Stubbs, nous parlons aujourd’hui d’un sujet très vaste, et j’aimerais me concentrer un instant sur la préparation aux situations d’urgence.
    Monsieur le maire Daigneault, ma question s’adresse à vous, compte tenu de votre témoignage. Vous avez parlé de certaines questions de compétence. Vous avez parlé de la nation métisse, des Premières Nations et des municipalités de cette région du Nord-Ouest de la Saskatchewan qui se sont réunies pour lutter contre la pandémie. Dans votre conclusion, lorsque vous avez dû conclure, vous avez parlé d’une réponse régionale.
    J’aimerais vous donner l’occasion de nous en dire un peu plus à ce sujet et peut-être de nous donner une idée de ce à quoi pourrait ressembler la réponse régionale lorsque vous rassemblerez les ordres de gouvernement dont vous avez parlé, ainsi que les gouvernements provincial et fédéral. À quoi cela pourrait‑il ressembler et en quoi cela vous aiderait‑il à l’avenir d’être plus proactif et mieux préparé pour toute urgence future à laquelle vous pourriez faire face?
(1705)
    Allez‑y, monsieur Daigneault.
    Merci, monsieur Vidal.
    C'était dans mes notes, mais malheureusement, j’ai dû conclure rapidement. Je vous remercie de me donner l’occasion d’entrer dans les détails.
    Lorsque nous avons lancé la stratégie régionale de lutte contre la pandémie, il s’agissait tout d’abord de créer un numéro sans frais par l’entremise de notre entreprise de communications, SaskTel, afin que les maires et les coordonnateurs des mesures d’urgence puissent tous utiliser la même ligne téléphonique et assurer la coordination régionale de cette façon.
    Ensuite, cela a pris, bien entendu, beaucoup d'ampleur et il y a eu, par exemple, un partage des ressources en utilisant Beauval comme lieu de rassemblement de l'EPI, des véhicules récréatifs, et de tout le reste, et cela a été distribué et déployé à partir d’ici. Nous sommes allés encore plus loin afin que chaque collectivité n’ait pas à participer à une rencontre individuelle avec la SPSA. Nous avons créé un COU régional spécial avec un coordonnateur de Beauval qui a servi de personne-ressource centrale pour réunir sur Zoom toutes les ressources, y compris le médecin-hygiéniste de notre région et le directeur de l’agence de la sécurité publique de la Saskatchewan afin de diffuser l'information de manière à ce que tout le monde reparte avec le même message à la fin de chaque journée une fois l’appel terminé. Nous sommes tous repartis avec le même message à transmettre à nos collectivités et les mêmes stratégies que nous avons offertes aux organismes pour les transmettre aux gouvernements, à la province et au gouvernement fédéral, au fur et à mesure que les ressources arrivaient. Comme vous l’avez dit, il y avait beaucoup d'éléments mobiles, et comme chacun des gouvernements pouvait offrir de nombreuses ressources, nous qui étions les gens sur le terrain, tenions à leur donner directement ces suggestions afin que nous puissions travailler ensemble.
    Toutes les collectivités de notre région ont un lien de parenté, et nous en avons tiré parti. Il s’agit simplement d’élargir ce concept en élaborant un plan juridique concret, parce que, comme vous le savez tous, il y a une loi sur la protection civile pour la province, et il s’agit simplement de combler l’écart entre les compétences fédérales, comme celles concernant les Premières Nations, les gouvernements métis et les municipalités. La province doit inscrire cela noir sur blanc.
     Merci.
    Je vais creuser un peu, monsieur le maire. Vous parlez de combler l’écart et d'inscrire les choses noir sur blanc, alors dans le contexte d’une analyse rétrospective, vous analysez ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné. Pourriez-vous nous donner un peu plus de précisions sur les éléments qui doivent être améliorés afin que vous soyez mieux positionnés la prochaine fois? Qu’il s’agisse des feux de forêt de 2015 ou de la pandémie des deux dernières années, quelles recommandations précises proposeriez-vous pour ce groupe régional? Que faudrait‑il inscrire noir sur blanc, comme vous l’avez dit, pour apprendre ce que nous pouvons?
    Merci, monsieur Vidal. Il faudrait certainement élaborer un cadre pour que tous les ordres de gouvernement puissent faire ces suggestions. De toute évidence, ce à quoi nous renonçons en ce qui concerne les mesures d’urgence, c’est à nos pouvoirs. Qu’est‑ce qui pose problème dans les détails? Qu’est‑ce que cela signifie? De quel pouvoir disposerait l’équipe régionale de coordination des mesures d’urgence, et dans quelles circonstances le maire ou le chef interviendraient-ils également? Beaucoup de ces petits détails doivent être précisés pour que nous puissions tous nous sentir à l’aise à la table quant aux pouvoirs qu'aurait le COU régional et aux pouvoirs que nous conserverions.
    Évidemment, c’est une question de ressources financières. Quel est notre engagement à l’égard de ce COU régional et quels sont les cadres d’intervention? Quelles sont les ressources dont nous disposons, et qu’est‑ce qui nous manque? Nous devons vraiment entrer dans les détails pour que cela fonctionne.
    Merci, monsieur Vidal.
    Nous passons maintenant à Mme Atwin, qui partagera son temps avec Mme May. Vous avez cinq minutes au total.
    Merci, monsieur le président. Je vais aller le plus vite possible.
    Merci à nos témoins d’aujourd’hui pour cette discussion incroyablement importante et fascinante.
    Je vais poursuivre sur la question des communications, car je ne vois rien de plus important en cas de catastrophe. Je pourrais peut-être parler un peu avec Mme Brown. Vous représentez un tel collectif de communautés. Y a‑t‑il des problèmes liés à la couverture cellulaire et à l’accès Wi‑Fi? Comment la communication se fait-elle généralement en cas d’urgence? Comment vos membres sont-ils informés de ce qui se passe?
    Merci.
(1710)
    Nous avons certainement beaucoup de problèmes de communication. Dans certaines communautés, le réseau Wi‑Fi est très faible — il faut revenir à l’accès commuté. La couverture cellulaire pose de nombreux défis. Elle s’améliore, mais elle n’existe pas entre les collectivités; elle existe seulement à l’intérieur des collectivités, et cela en soi crée beaucoup de problèmes. De plus, nous avons une vulnérabilité en ce sens qu’à l’heure actuelle, il n’y a pas de redondance. Nous sommes souvent hors ligne pendant des jours, même dans un grand centre comme Yellowknife, comme c'est arrivé lorsque quelqu’un a déterré notre câble dans le nord de l’Alberta ou de la Colombie-Britannique. Nous sommes déjà très vulnérables. Si à cela s'ajoute une urgence quelconque, ce sera encore pire.
    Merci.
    Ma question s’adresse également au maire Daigneault. Vous avez parlé d’utiliser la radio locale et les médias sociaux. Avez-vous reçu des commentaires des membres de votre collectivité sur l’efficacité de ce programme ou, s’il a rejoint la majorité des gens, sur les différents groupes démographiques?
    Oui, je suis content que vous souleviez cette question.
    Nous avons aussi dû compter sur le bon voisinage. Je sais que ce n’est pas tout le monde qui se connecte aux médias sociaux, surtout dans le cas de nos aînés. Ils se fient à ce que nous appelons le télégraphe mocassin. Nous demandons aux gens s’ils peuvent au moins aller frapper à une fenêtre ou à une porte pour répandre l’information de porte en porte. Nous sommes une petite collectivité, alors nous savons qui est qui, et nous savons qui a de la difficulté à ouvrir une session sur Facebook ou tout autre média social. Comme je l’ai dit, le bon voisinage consiste également à informer les gens par le bouche-à-oreille, en allant directement chez eux.
    Je cède maintenant la parole à Mme May. Merci.
    Merci beaucoup, madame Atwin.
    Je vais essayer de poser cette question le plus rapidement possible à M. Huebert. Vous avez parlé de la structure de gouvernance fédérale, territoriale et des Premières Nations. Je m’intéresse également à la gouvernance circumpolaire, au Conseil de l’Arctique, et à la question de savoir s’il peut jouer un rôle, ou s’il présente des lacunes fatales, par exemple, du fait que la Russie en assume actuellement la présidence. Est‑ce qu’il nous promet la sécurité et la souveraineté?
    Le Conseil de l’Arctique a été spécialement conçu pour ne pas s’occuper de sécurité, et c’était l’une des exigences des Américains. Je crois que le Conseil de l’Arctique va maintenant se transformer, de la même façon que le G8 est devenu le G7. C’est trop important pour le reste des pays, mais la réalité est que les Russes ne reviendront jamais dans un Conseil de l’Arctique qui comprend sept membres de l’OTAN. N’oubliez pas que la Finlande et la Suède cherchent maintenant à devenir membres de l’OTAN, de sorte que la Russie ne reviendra pas.
    Cela signifie‑t‑il que nous avons maintenant l’occasion de donner au Conseil de l’Arctique un plus grand rôle en matière de sécurité humaine? Je pense qu’on sera très désireux de régler un bon nombre des problèmes que nous avons ici avec la Loi sur les mesures d’urgence. N’oubliez pas que le Conseil de l’Arctique est la seule organisation internationale à avoir accordé le statut d’intervenant aux peuples autochtones du Nord. Aucun autre organisme, jusqu’à ce que la DNUDPA soit adoptée, n'a obtenu cette considération dans le droit international.
    Je dirais que oui, nous aurons un Conseil de l’Arctique. Il sera différent, tout comme le G7 est différent du G8, mais une opportunité s'offre à nous si nous sommes prêts à aller de l’avant avec un leadership audacieux.
     Merci.
    Monsieur le président, ai‑je le temps de poser une autre question rapide?
    Il vous reste une minute.
    Bon.
    Je ne sais pas si cette question s’adresse à Sara Brown ou à quelqu’un d’autre. C’est beaucoup plus précis. J’ai entendu dire que les Rangers canadiens sont notre ligne de défense dans le Nord, mais ils n’ont même pas... Si je comprends bien, nous n’achetons même pas leur équipement. Nous ne leur fournissons pas de motoneiges.
    Quel est le statut des Rangers canadiens et que devrions-nous envisager, compte tenu de la menace accrue pour la sécurité dans le Nord?
    J’ai bien peur de ne pas pouvoir vous fournir ce genre de détails. Je pourrais certainement faire des recherches et en faire part au Comité.
    La personne à qui vous devez parler à ce sujet est Whitney Lackenbauer, lieutenant-colonel honoraire du 1er Groupe de patrouilles des Rangers canadiens. Il a probablement écrit tous les livres qui existent sur les Rangers canadiens. Il doit être parfaitement au courant de la situation.
    Merci beaucoup.
    Je crois savoir que cette personne comparaîtra devant le Comité la semaine prochaine.
(1715)

[Français]

     Madame Gill, vous disposez de deux minutes et demie.
    Merci, monsieur le président.
    J'aimerais poser une autre question à M. Huebert, Mme Brown et M. Daigneault au sujet de leurs propres priorités.
    J'aimerais savoir comment la protection de la souveraineté dans l'Arctique et l'augmentation des activités de défense auront un effet positif sur les autres crises potentielles. Il peut y avoir des crises politiques et des crises militaires, mais également des crises climatiques. Mme Brown a parlé d'infrastructures, entre autres choses.
    Outre la question des communications dont on a déjà parlé, j'aimerais savoir comment la protection de la souveraineté peut se faire de concert avec l'augmentation des activités de défense.
    Madame Brown, vous pouvez commencer.

[Traduction]

    Encore une fois, c'est une question de relations. Comment pouvons-nous établir ces relations? Comment pouvons-nous déjà dialoguer, afin que lorsque survient une crise, nous ayons seulement à réorienter notre attention sans avoir à renouer des relations? Je pense que c’est la chose la plus importante.
    Comme je l’ai mentionné à quelques reprises, il s’agit de s’assurer que les outils de communication sont là, de même que l'accès à Internet et au service de téléphonie cellulaire. Toutes ces choses sont absolument essentielles au succès de toute intervention.
    Si vous me le permettez, il y a une solution très prometteuse à cet égard. J’ai déjà mentionné le groupe de travail sur la sécurité dans l’Arctique. En 2005, le groupe a invité le directeur de Santé Canada avec qui il a eu une discussion — j’ai assisté à certaines des réunions — sur la possibilité qu’une pandémie de maladie respiratoire paralyserait le pays.
    Nous avons fait une simulation. Nous avons essayé d’établir des communications, mais cela a pratiquement pris fin en 2005 ou 2007. Le Groupe de travail sur la sécurité dans l’Arctique et les autres organismes semblables doivent faire deux choses. En premier lieu, ils doivent envisager de graves problèmes. Nous ne pouvons pas simplement supposer que ces problèmes ne se poseront pas. En deuxième lieu, il faut une mise en pratique.
    Si nous pouvions avoir la capacité, et le financement voulu, pour évaluer à quel point nous faisons mal les choses... C’est lorsque nous voyons à quel point nous faisons mal quelque chose que nous trouvons la meilleure façon de faire. Il s'agit ensuite d'aller de l’avant et de dire: « Nous avons ce problème que nous ne croyons pas être un problème. Une pandémie. Faisons comme si ce problème était survenu et voyons à quoi ressemblent les communications. »
    Si nous avions eu plus qu’une simple simulation en 2007, j’ose dire que nous aurions été bien mieux prêts à affronter 2020. Une vaste réflexion s'impose. Cela vient d’une capacité constante d’examiner ces problèmes au fur et à mesure qu’ils se présentent, puis de l'obtention des fonds nécessaires. Financez le gouvernement fédéral pour qu’il dise: « Très bien, les territoires, les gouvernements autochtones et les administrations municipales, nous allons vous accorder un budget à déterminer pour régler la situation. » Si vous le faites, je peux vous garantir que le problème de communication dont parlait Mme Brown, et bon nombre des problèmes centraux que nous avons... Nous serons beaucoup mieux préparés.
    Merci beaucoup.
    Nous allons passer à Mme Idlout, pour deux minutes et demie.
    [La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
    ᐋ, ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ, ᐋ ᕼᐅᐳᕐᑦᒧᑦ ᐊᐱᕆᒃᑲᓐᓂᕈᒪᑐᐃᓐᓇᖅᑐᖓ ᑭᐅᖔᓂᑦᓯᐊᖅᑲᐅᖏᒻᒫᖓ, ᓴᓂᕐᕙᑦᑕᐅᒋᐊᖃᖅᑐᓄᑦ ᐃᓄᓐᓄᑦ ᑖᓐᓇ ᐊᖏᖃᑕᐅᒻᒪᖔᖅ ᑐᑭᓯᐅᒪᖅᑲᐅᔪᖓ ᐋ ᑖᒃᑯᐊ ᐱᖁᑎᕐᔪᐊᓂᒃ ᑭᓯᐊᓂ ᐃᓄᐃᑦᑕᐅᖅ ᑖᒃᑯᐊ ᓄᓇᓖᑦ ᑕᐃᑲᓂ ᓴᓂᕐᕙᑦᑕᐅᔾᔫᒥᒋᐊᖃᕐᒪᑕ ᑮᓇᐅᔭᕐᔪᐊᓂᒃ ᓇᒻᒥᓂᖅ ᓴᐳᔾᔨᖃᑕᐅᔪᓐᓇᕐᓂᐊᕐᒪᑕ.
    [Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
    Merci.
    J’ai une question pour M. Huebert. Vous n’avez pas répondu. Nous parlons d’infrastructure pour les communautés inuites, mais nous savons aussi que les Inuits ont besoin de ressources et de fonds pour pouvoir participer activement aux mesures de sécurité et faire partie de la force de sécurité.
[Traduction]
     Absolument. La première partie, bien sûr, revient sur un point qui a été soulevé. Il faut de la résilience dans les communications. Cela signifie qu’il ne suffit pas d’avoir un seul câble et un seul moyen de connexion Internet. Lorsque le réseau de Yellowknife tombe en panne, vous pouvez très bien comprendre les problèmes dont vous parlez dans les communautés éloignées. Le gouvernement doit s’assurer que vous avez de multiples moyens d’accès à l’information, et l'argent doit venir du gouvernement fédéral, parce que les territoires n’auront pas les ressources nécessaires.
    La partie suivante concerne le transport. Cela concerne la capacité de l’infrastructure. Il faut pouvoir se déplacer. Cela signifie, bien sûr, qu’il faut s’assurer qu’il y a non seulement des pistes au‑delà des bases d’opérations avancées, mais aussi les moyens dont disposent les collectivités pour se rejoindre les unes les autres en cas d’urgence. C’est quelque chose que les Russes ont fait avant la reprise de la guerre en 2022. Ils ont veillé à ce que chacun de leurs aérodromes du Nord soit entièrement mis aux normes. Allez au‑delà des quatre bases d’opérations avancées et réfléchissez dans ce contexte.
    Il y a aussi, bien sûr, la question des communications et de la navigation maritimes qui va se poser à mesure que le changement climatique va devenir un problème, et l’ouverture des voies navigables. Pensez en termes de communications, de navigation et de connexions multiples. Au bout du compte, cela signifie des infrastructures pour les collectivités du Nord.
(1720)
    Merci beaucoup.
    Cela met fin à l'audition de notre premier groupe de témoins.

[Français]

     J'aimerais remercier les témoins d'aujourd'hui, soit le professeur Huebert, M. le maire Daigneault et Mme Sarah Brown, de leur participation.

[Traduction]

    Je vous remercie de votre témoignage et d’avoir répondu à nos questions. Veuillez nous excuser d'avoir commencé un peu en retard, mais nous vous remercions. Vous allez aider le Comité dans ses travaux, et nous vous en sommes très reconnaissants.
    Sur ce, nous allons suspendre la séance pendant une minute pour nous préparer à accueillir notre deuxième groupe de témoins.
    Merci.
(1720)

(1720)
    Nous reprenons nos travaux.
    Nous allons maintenant reprendre avec notre deuxième groupe de témoins.
    Je souhaite la bienvenue à nos trois témoins. Nous accueillons M. Richard Shimooka, agrégé supérieur de recherches à l’Institut Macdonald-Laurier. Nous accueillons le grand chef Derek Fox, de la nation Nishnawbe-Aski et M. Michael McKay, directeur du logement et de l’infrastructure de la nation Nishnawbe-Aski.
    Voici comment nous procéderons: vous disposerez chacun de cinq minutes pour faire une déclaration préliminaire, puis nous passerons aux questions.
    Sans plus tarder, j’invite M. Richard Shimooka à faire sa déclaration préliminaire de cinq minutes.
    Je vous remercie également de me donner l’occasion de faire partie de ce groupe de distingués invités.
     Je vais limiter mes observations d’aujourd’hui aux questions au cœur de la sécurité, c’est‑à‑dire les aspects de la géostratégie de la sécurité dans le Nord et la capacité des Forces armées canadiennes d’y répondre, car ce sont vraiment mes domaines d’expertise.
    La dynamique de la sécurité dans l’Arctique connaît un changement assez important. Avant janvier de cette année, on pouvait soutenir que l’Arctique présentait un environnement de sécurité difficile, compte tenu de l’accessibilité géographique croissante de la région en raison des changements climatiques et de l’augmentation constante des tensions entre les puissances régionales, notamment avec la Russie.
    À partir de 2010, la Fédération de Russie, en particulier, a investi dans ses capacités nordiques, notamment dans la mise en place de bases intégrées dans l’Arctique et d’une flotte de brise-glaces de plus en plus puissante, et dans la modernisation de sa force sous-marine nucléaire. L’ambition de la Russie est de s’assurer au moins une forte présence dans le Nord pour affirmer sa souveraineté, ce qui comprend des revendications contestées avec le Canada.
     Dans le même ordre d’idées, la Russie a également annoncé la remise à neuf d’une force nucléaire stratégique dotée de nouvelles armes exotiques, dont plusieurs visent à affaiblir les capacités du NORAD en cas de conflit nucléaire potentiel. Parallèlement, l’engagement diplomatique dans l’Arctique s’est maintenu, du moins comparativement à d’autres domaines de nos relations bilatérales à la suite de l’invasion de la Russie en Ukraine.
    La guerre en Ukraine au cours des derniers mois a considérablement modifié le paysage stratégique; cependant, bon nombre des capacités que la Russie utilise pour la sécurité dans l’Arctique n’ont pas été utilisées dans ce conflit et demeurent donc une menace potentielle. Les ressources dont dispose la Russie pour opérer dans le Nord vont probablement stagner pour l’instant, que ce soit en raison d’un manque de financement ou d’un manque d’accès à des composantes clés dans les pays occidentaux. Si le régime actuel reste au pouvoir, il est probable que la Russie maintiendra fermement ses revendications de souveraineté, ce qui pourrait déclencher de futurs conflits.
    Il y a aussi des défis beaucoup moins aigus qui exigent une réponse. Les différends concernant l’accès au territoire canadien dans le Nord exigent que le gouvernement ait les moyens de maintenir sa souveraineté dans la région. Ces différends se déroulent souvent avec de proches alliés, comme les États-Unis, et il est extrêmement improbable qu’ils entraînent un conflit militaire direct. Bien que les outils diplomatiques demeurent le moyen le plus probable de résoudre ces problèmes, le Canada doit tout de même maintenir des capacités civiles et militaires dans l’ensemble du spectre pour une réponse potentielle.
    Cela dit, les capacités du Canada dans le Nord sont en croissance, mais des lacunes importantes demeurent. Les récentes annonces de dépenses en matière de défense visant spécifiquement la sécurité dans le Nord et la modernisation du NORAD sont les bienvenues, mais elles ne règlent que certains problèmes, et il est loin d’être certain qu’elles seront déployées dans les délais et les coûts estimés actuels. Par exemple, le gouvernement a récemment annoncé le choix du F‑35 pour remplacer le CF‑18; cependant, il y a des doutes quant à la possibilité de mettre ces appareils en service dans les délais qu’il a annoncés.
    L’acquisition continue par la Marine des navires de la classe Harry DeWolf sera un excellent ajout à la présence du Canada dans le Nord. Ces navires aideront à accroître la présence du pays dans le Nord et feront de grands progrès en fournissant une vaste gamme de capacités aux collectivités côtières au‑dessus du cercle arctique.
    Enfin, le Canada fait face à des lacunes importantes. Comme je l’ai mentionné dans un récent article du Hill Times, la flotte d’aéronefs de recherche et de sauvetage à voilure fixe du Canada semble être en difficulté en raison du choix du CC‑295. Cet aéronef présente de nombreuses lacunes techniques et de performance qui font en sorte qu’il est peu probable qu’il entre en service dans son rôle prévu, ce qui pourrait nécessiter un troisième appel d’offres pour remplir cette capacité. De plus, le Canada n’a pas de contre-mesure efficace contre les sous-marins nucléaires de la Russie ou même de ses alliés, qui ne peuvent être efficacement contrés que par d’autres sous-marins nucléaires.
    J’espère que cela vous donne une bonne idée de l’état général de la sécurité dans le Nord. Je me ferai un plaisir de vous donner des précisions pendant la période des questions.
(1725)
    Merci beaucoup, monsieur Shimooka.
    Nous passons maintenant au grand chef Fox ou à M. McKay.
     Vous avez cinq minutes en tout, alors allez‑y.
    Bonjour à tous. J’aimerais tout d’abord souligner que nous sommes sur le territoire algonquin anishinabe non cédé.
    Je suis heureux d’avoir l’occasion de comparaître devant le Comité au nom des 49 Premières nations de la nation Nishnawbe Aski.
    La gestion des urgences est essentielle pour les Premières Nations, en particulier pour nos communautés éloignées. Six ans se sont écoulés depuis la tragédie de la Première Nation de Pikangikum, qui a coûté la vie à neuf personnes innocentes, dont Amber Strang, une fillette de cinq mois, et trois générations de sa famille. Il y a eu de nombreuses autres tragédies semblables, y compris l’incendie mortel survenu en janvier dans une maison de la Première Nation de Sandy Lake, qui a coûté la vie à trois enfants. Ces incendies ont été des tragédies évitables, et des vies continueront d’être perdues si aucune mesure concrète n’est prise.
    La Table du coroner en chef de l’Ontario sur la compréhension des décès par incendie chez les Premières Nations a examiné les décès liés aux incendies dans 20 communautés, y compris sept Premières Nations de la NNA, au cours de la dernière décennie. Le rapport confirme ce que nos dirigeants disent depuis des années, à savoir que trop de vies innocentes ont été perdues dans de tragiques incendies résidentiels qui auraient pu être évités si des mesures de sécurité et des services de prévention avaient été en place.
    Le rapport a révélé que les enfants des Premières Nations de moins de 10 ans affichaient les taux de mortalité liés aux incendies les plus élevés. Les communautés qui n’ont pas d’accès routier toute l’année ont enregistré le plus grand nombre de décès par incendie. Quatre-vingt-six pour cent des incendies mortels dans les communautés des Premières Nations ont été causés par des détecteurs de fumée non opérationnels ou inexistants dans la structure de logement. Les incendies mortels où les principales sources de chauffage étaient des cuisinières ou des appareils de chauffage au bois étaient les plus fréquents dans les communautés n'ayant pas d’accès routier à l’année.
    Tout le monde devrait pouvoir se coucher en s'attendant à revoir sa famille le lendemain matin. Il est inacceptable que nos enfants courent un tel risque.
    Malgré de nombreux rapports au cours des dernières années, nos communautés ont continué de subir les pertes causées par de tragiques incendies de maisons. Ces rapports indiquent que nos communautés ont besoin de ressources, de formation, d’équipement à jour et de la capacité d’entretenir et d’entretenir l’équipement et l’infrastructure connexe pour faire face aux incendies et les prévenir. Au cours de la dernière décennie, nous avons constaté des améliorations minimes dans ces domaines, principalement en raison d’un manque de volonté d’appuyer les propositions et les initiatives.
    En 2021, la NNA a établi les priorités suivantes pour apporter des améliorations importantes à la sécurité-incendie et à la prévention des incendies: accroître la sensibilisation et l’éducation en matière de sécurité-incendie au moyen de la campagne de sécurité-incendie Amber; mettre en œuvre un modèle normalisé de prestation de services dans l’ensemble du territoire de la NNA; et veiller à ce que les infrastructures communautaires et les conditions de logement soient acceptables et conformes au code.
    Ce sont des recommandations solides qui nécessitent des mesures.
    Les incendies résidentiels ne sont pas la seule menace pour nos communautés. Les Premières Nations vivant dans les réserves en Ontario sont 18 fois plus susceptibles d’être évacuées en raison d’inondations, de feux de forêt, d’une défaillance des infrastructures communautaires et de phénomènes météorologiques violents, comparativement à la population générale du Canada. Plus de 80 % de ces urgences surviennent sur le territoire de la NNA. Ces urgences ne font qu’augmenter en fréquence, en gravité et en durée en raison des changements climatiques, et elles sont particulièrement dévastatrices dans les communautés éloignées, où le manque de services, de capacité et d’infrastructure nuit à une intervention et à un rétablissement efficaces.
    L’été dernier a été une saison record de feux de forêt dans le Nord de l’Ontario, en particulier dans le Nord-Ouest de l’Ontario, qui est le territoire de la NNA. Des milliers de membres de la communauté de NNA ont été évacués en raison de la fumée et des incendies qui menaçaient leur santé, leur maison et leur sécurité. Malgré ces menaces, certains membres de la communauté ont risqué leur vie en restant derrière ou en retournant dans leur communauté, plutôt que de vivre dans des conditions très inadéquates dans des endroits éloignés. Les membres évacués d’une communauté ont été forcés de rester dans un gymnase d’école sans toilettes ni douches adéquates. Ceux qui n’ont pas été évacués sont restés dans leur communauté sans avoir accès aux services de santé et aux services de police de base.
    Les distances que les communautés éloignées doivent parcourir lors des évacuations peuvent être immenses. Par exemple, l’an dernier, des centaines de résidents de la Première Nation de Deer Lake ont été évacués vers Cornwall, en Ontario. La distance terrestre directe entre Deer Lake et Cornwall est de 1 500 kilomètres. C’est plus loin qu’entre Ottawa et Corner Brook, à Terre-Neuve. Ils avaient droit à une valise chacun, sans savoir quand ils pourraient rentrer chez eux ou s’ils auraient une maison où retourner.
(1730)
     Cette année, on a déjà observé une augmentation du nombre de communautés aux prises avec des inondations en raison de quantités plus élevées que la normale de neige et de précipitations en hiver et au printemps. Les maisons et d’autres infrastructures, comme les stations d'épuration, risquent donc de subir des dommages et des pertes. Pour deux communautés accessibles uniquement par avion ce printemps, les eaux de crue couvraient la seule route menant aux aéroports, leur seule source d'approvisionnement en produits alimentaires et en eau potable, et leur seul moyen d’évacuation médicale et d’urgence.
    Lorsqu’une tragédie comme un incendie résidentiel, une menace d’incendie de forêt, une épidémie ou une inondation se produit, le chef, le conseil et les travailleurs de soutien doivent travailler au maximum de leur capacité. Ils ont besoin de l’aide immédiate de tous les organismes disponibles. Les situations d’urgence font souvent en sorte que les dirigeants et les travailleurs de première ligne sont dépassés et ont besoin de soutien et de secours supplémentaires.
    Dans le cas des communautés accessibles uniquement par avion, il n’y a pas de communautés ou de municipalités avoisinantes qui ont un accès routier pour fournir un secours rapide, de l’équipement ou du soutien supplémentaire en temps de crise. Cette réalité a causé un stress indu, il y a quelques semaines, lorsque de nombreuses communautés de la NNA ont dû faire des pieds et des mains pour obtenir des sacs de sable. En raison des pénuries dans le Nord-Ouest de l’Ontario, il a fallu acheter des sacs de sable et les envoyer par avion aux conseils tribaux d’aussi loin que Winnipeg.
    L'état d’urgence est souvent déclaré en raison de traumatismes généralisés et de pénuries persistantes et importantes de services et de ressources. La déclaration d’un état d’urgence devrait éliminer les obstacles à l’accès aux mesures d’adaptation et aux ressources dont on a désespérément besoin, notamment aux mesures de soutien globales comme les soins de santé et les services de santé mentale.
    Cependant, ce n’est pas toujours le cas. Le gouvernement ne répond toujours pas, ce qui nous amène à nous demander s’il comprend les menaces qui pèsent sur les Premières Nations ou s’il s’en soucie. Le concept de gestion des urgences que nous avons présenté en fait état et représente l’orientation que la province et les deux ordres de gouvernement devraient prendre. La création d’un service de gestion des urgences dirigé par les Premières Nations est un élément crucial pour sauver des vies et sauver des infrastructures dans les Premières Nations de la NNA, dans le but d’établir et d’appliquer des normes de sécurité incendie et de gestion des urgences identiques ou supérieures à celles qui existent ailleurs au Canada.
    Il s’agit de la base d’une approche holistique et efficace de la gestion des urgences pour les Premières Nations de la NNA. Les partenaires doivent reconnaître ces problèmes et ces lacunes et aller de l’avant ensemble pour mettre en place un modèle de prestation de services efficace et adapté à la culture qui appuie et habilite nos communautés des Premières Nations.
    Il faut comprendre que le sous-financement ou la réduction des propositions de prévention finissent par augmenter inutilement le risque de décès et de pertes. Le temps des discussions est terminé. Comme je le dis toujours, le leadership, c’est l’action.
    Merci. Meegwetch.
(1735)
    Merci, grand chef.
    Nous allons entamer un tour de questions, en commençant par M. Shields.
    Monsieur Shields, vous avez six minutes.
    Merci, monsieur le président.
    Monsieur Shimooka, vous avez fait allusion à un article du Hill Times, que j’ai lu, qui évoque l’histoire du Buffalo, du Hercules, du Leonardo, jusqu'au Airbus. Cela fait 20 ans que nous nous penchons sur la question. Pourriez-vous nous dire ce que nous pouvons faire à ce sujet?
    Je comprends le F‑85, mais l’appareil dont nous avons besoin dans le Nord est différent du F‑85. Que devons-nous faire pour y arriver, et pensez-vous que cela pourrait se concrétiser au cours des cinq prochaines années?
    Je pense qu’il est peu probable, compte tenu de la situation dans laquelle nous nous trouvons, que les capacités disponibles changent. En raison de l’indisponibilité du C‑295 Kingfisher pour le service opérationnel, l’Aviation royale canadienne a été forcée d’utiliser sa flotte de C‑130, plus précisément les modèles H, pour mener des opérations dans le Nord et fournir des aéronefs de recherche et de sauvetage à voilure fixe partout au Canada. Le problème, c’est que la flotte de C‑130 a une limite de vie. Cet appareil ne peut voler que pendant un certain nombre d’heures, après quoi il ne peut plus être remis en état et doit être mis hors service.
    Comme nous pouvons le constater maintenant, nous n'avons pas vu de lacune dans la capacité fournie dans la région. Comme il est peu probable qu'un C‑295 soit opérationnel... À l’heure actuelle, le gouvernement a dit qu'il n'entrera pas en service avant au moins 2025. En réalité, je ne crois pas qu’il respectera ce délai, et nous devrons trouver une solution différente.
    Je ne crois pas que les Forces armées canadiennes seront en mesure de modifier la composition actuelle de leur capacité de recherche et de sauvetage au pays. Le problème, c’est que dans cinq ans, il faudra trouver une solution. Il ne restera pas suffisamment d’heures de vol dans la flotte actuelle pour effectuer des opérations de recherche et de sauvetage et toutes les autres tâches à accomplir, comme le transport à l’intérieur ou à l’extérieur du Canada — pour quoi que ce soit.
    Il faut donc trouver une solution. Le gouvernement doit décrire très rapidement sa solution si le C‑295 n’est pas en mesure de répondre aux exigences qu’il est censé satisfaire.
     Les comités ont entendu parler des obstacles au développement économique, des problèmes de santé et de transport dans le Nord. À ce stade‑ci, vous dites que la flotte répond aux besoins, mais je suppose que ce n'est pas suffisamment, et que nous avons un véritable problème jusqu’à ce que le prochain avion entre en service — ce qui est un autre problème en soi.
    Le C‑295 est spécifiquement axé sur la recherche et le sauvetage à voilure fixe. Il s’agit d’une capacité d’intervention rapide en cas d’urgence. Disons qu’il y a un écrasement, que quelqu’un est perdu ou qu’un navire est en détresse. Cette capacité vise précisément sur ce genre de scénario.
    Le problème, c’est que pour combler les besoins que le C‑295 est incapable de combler, il faut utiliser d’autres capacités, en particulier la flotte de C‑130, qui est une capacité vraiment importante. C’est probablement la capacité la plus importante dont disposent les Forces armées canadiennes pour assurer la souveraineté dans le Nord ou aider les réfugiés en Afrique. C’est une flotte extrêmement utilisée.
    L'idée même du programme d’aéronefs de recherche et de sauvetage à voilure fixe est de supprimer le rôle que la flotte de C‑130 joue dans la recherche et le sauvetage à voilure fixe. C’est exactement le contraire qui s’est produit. Cette flotte constitue maintenant la capacité complète de recherche et de sauvetage à voilure fixe. En particulier, les C‑130 sont utilisés pour la gestion des urgences dans le Nord. À l’avenir, ils ne seront peut-être pas en mesure de le faire, parce que nous les avons utilisés de nombreuses heures pour combler cette lacune.
(1740)
    Le processus d’acquisition d’un avion pour remplacer le C‑295... Vous devez connaître, d’après ce que j’ai lu, les failles du processus de remplacement.
    Oui. En 2004, il y a eu un processus pour remplacer le Buffalo. À l’époque, l’Aviation royale canadienne n’avait identifié qu’un seul avion pour remplacer le Buffalo, soit le C‑27J. À l’époque, on l’a essentiellement éliminé parce qu’on voulait lancer un appel d’offres.
    Le nouvel appel d'offres qui a suivi a assoupli les restrictions, ce qui a permis de choisir le C‑295. Cela pose maintenant un sérieux problème, parce que cet appareil semble incapable de répondre aux exigences des Forces armées canadiennes pour remplir cette mission.
    Certaines de ces lacunes seraient critiques, lorsqu’on parle du Nord et des distances... Je regarde l’information.
    Absolument. Bon nombre d’entre elles sont propres au Nord. Il y a des problèmes liés au système de dégivrage et au rapport puissance-poids. Les problèmes les plus probables sont liés à sa maniabilité sur un terrain irrégulier, qui limite vraiment sa capacité de fonctionner dans le Nord à partir de pistes non préparées, de pistes de gravier ou autres.
    Lorsque nous parlons de la souveraineté dans son ensemble, le F‑85, comme vous l’avez mentionné... C’est un niveau. En l’absence d’un autre aéronef pour combler les lacunes qui découlent de bien des choses, la surutilisation d’une flotte en particulier et la façon dont elle est surutilisée entraînent toutes sortes de risques dans le Nord.
    Absolument. Je pense que c’est probablement l’un des domaines où il devrait y avoir peu de désaccord. Vous pouvez avoir des désaccords au sujet des risques pour la sécurité posés par la Russie, la Chine ou d’autres pays, mais la recherche et le sauvetage sont probablement l’un des biens publics sur lesquels tout le monde s’entend.
    L’incapacité du Canada d’avoir ou de remplacer cette flotte est, en fait, assez choquante. Cela fait maintenant plus de 20 ans. Je pense qu’il aurait été facile de régler cette question plus tôt, avec très peu de désaccord, et pourtant, voilà où nous en sommes aujourd’hui. Nous allons peut-être maintenant envisager de lancer un troisième appel d'offres à ce sujet.
    Merci, monsieur Shields.
    Monsieur Badawey, vous avez six minutes.
     Merci, monsieur le président.
    Je vais commencer par dire que l’une des raisons pour lesquelles j’ai lancé cette étude, c’est pour prendre les mesures dont le grand chef Fox a parlé. Cela dit, le Comité a besoin qu’un rapport soit présenté à la Chambre, au ministre, pour qu’il y réagisse et, par conséquent, pour que des mesures soient prises.
    Je vais faire une déclaration et je vais vous poser une question. Je vais faire cette déclaration parce que j’ai besoin qu’elle soit consignée au compte rendu et que les analystes l’insèrent dans leur rapport final. En ce qui concerne la préparation aux situations d’urgence, il a été mentionné lors de réunions antérieures que, premièrement, pour aller de l’avant, une équipe doit être établie au sein de votre communauté. Cette équipe doit se lancer dans l’élaboration d’un plan de préparation aux situations d’urgence. Dans ce contexte, les capacités en matière d’infrastructure doivent être reconnues et identifiées. Les mesures de soutien en matière d’infrastructure nécessaires en cas d’urgence doivent être déterminées à l’avance, de préférence, mais parfois, cela ne se produit pas tant que l’urgence n’est pas survenue, ce qui est compréhensible. Les services auxiliaires avancés doivent être identifiés, par exemple pour les matières dangereuses, l'EPI, comme on l’a mentionné, l’aide mutuelle avec les communautés avoisinantes s’il y en a, et d’autres services qui pourraient vous être offerts, ainsi que les communications au sein de votre équipe et, bien sûr, à l’extérieur. Souvent, lorsqu’une situation d’urgence survient, la communauté n’en est pas informée. S’il s’agit d’une situation liée à l’eau, par exemple, qu’est‑ce qui incite la communauté à reconnaître qu’il y a une urgence? Quelles possibilités et quelles infrastructures pouvez-vous mettre en place pour alerter la communauté? On pourrait, par exemple, faire retentir une sirène pour signaler aux gens qu'ils doivent se rendre à une certaine station de radio, avec une radio à piles, bien sûr. Cela les inciterait à faire ce qui doit être fait.
    Cela dit, en ce qui concerne les investissements qui doivent être faits, premièrement, il y a notamment le plan stratégique de la communauté. Il s'appuie non seulement sur la préparation aux situations d’urgence et les mises à jour continues de l’infrastructure des services d’urgence pour se préparer à ces situations, mais aussi sur les investissements dans les capacités globales de l’infrastructure, même lorsqu’il n’y a pas d’urgence. Il peut s’agir de la fibre, de l’eau et des eaux usées, des déclarations sur la gestion des actifs, de la restauration de l’habitat et de la collectivité après coup, de l’approvisionnement autochtone, des priorités en matière de gouvernance et, bien sûr, de la communication entre les ministères.
    Cela dit, j’ai deux questions. Êtes-vous d’accord avec cette prémisse? C’est pour que les analystes puissent consigner cela au compte rendu. Deuxièmement, avez-vous d’autres commentaires à ce sujet?
(1745)
    À qui vous adressez-vous?
    Ma question s’adresse au grand chef Fox ou à M. McKay.
    Grand chef Fox, vous avez la parole.
    Bonjour. Je vous remercie de votre déclaration.
    Oui, nous avons absolument besoin de ce service. Avant d'aller plus loin, je vais demander dans quelques instants à Mike McKay, qui est chargé de ce dossier, de revenir sur certaines des choses que vous avez dites. La préparation aux situations d'urgence est effectivement tout à fait nécessaire. Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de plans en place pour notre territoire. Ce qui se passe dans le Nord est relativement nouveau. Nous sommes maintenant confrontés à des feux de forêt et à des inondations, comme jamais auparavant dans l'histoire de l'humanité. Je pense que ces phénomènes vont aller en augmentant, alors je crois que les deux paliers de gouvernement, nos partenaires et nos conseils tribaux doivent commencer à planifier.
    Il y a beaucoup de travail à faire à cet égard, mais quand on parle de partenaires et de collectivités voisines, il y a des conseils tribaux. Au sein de la nation Nishnawbe Aski, la NNA, il y a beaucoup de nations qui doivent également travailler ensemble. Il faudra donc beaucoup de collaboration et de financement pour lancer ce processus au sein de la NNA et, bien sûr, ce soutien des deux ordres de gouvernement, comme vous l'avez dit, dans un comité ou sous une autre forme.
    Je vais demander à M. McKay de vous dire quelques mots.
    Je pense que dans le cadre du système actuel de gestion des urgences, surtout dans nos communautés — il y a 49 Premières Nations dans la NNA, dont 33 sont éloignées —, il arrive très souvent qu'une situation d'urgence doive être gérée par le chef et le conseil. Tout relève du chef et du conseil — les urgences comme les autres appels téléphoniques. Nous proposons aujourd'hui d'investir dans un service de gestion des urgences en mesure de superviser et de mettre en œuvre un programme de préparation aux situations d'urgence dans les communautés et qui consignerait et mettrait à jour les plans de gestion des urgences dans les communautés. Voilà pourquoi c'était important. Le conseil exécutif de la nation Nishnawbe Aski préconise la mise en place du service pour se préparer aux situations d'urgence, en assurer la supervision et intervenir.
    Monsieur le président, combien de temps me reste‑t‑il?
    Il vous reste 30 secondes.
    Je veux simplement confirmer que nous sommes d'accord avec ce qui a été dit plus tôt. Je veux m'assurer que cela figure au compte rendu.
     Il faudra aussi harmoniser les investissements en lien avec la gestion de la préparation aux situations d'urgence avec certains des autres besoins en infrastructures indiqués dans le plan de croissance. On peut citer les nouveaux logements, par exemple, et les infrastructures à l'appui de la croissance pour ce qui est du logement, de l'industrie, de l'économie et de choses de ce genre, en plus des investissements au titre de la préparation aux situations d'urgence. Êtes-vous d'accord avec cela également?
    Merci, monsieur le président.
    Merci beaucoup.

[Français]

     Madame Chabot, vous avez la parole pour six minutes.
    Merci, monsieur le président.
    D'abord, permettez-moi de remercier tous les témoins de leurs témoignages, qui sont fort pertinents dans le cadre de cette étude.
    Dans son allocution d'ouverture, le grand chef Fox a affirmé que le gouvernement ne comprenait pas la réalité des Premières Nations et leurs besoins en ce qui a trait aux crises.
    Le grand chef Fox peut-il nous parler davantage de ces besoins et des mesures que doit prendre le gouvernement fédéral?

[Traduction]

    Vouliez-vous que nous parlions davantage des défis, des obstacles et des enjeux dans nos collectivités?

[Français]

    J'aimerais que vous nous parliez des besoins et de ce que le gouvernement peut faire.

[Traduction]

    Votre interprétation est exacte. Essentiellement, puisque vous avez dit que le gouvernement n'a pas encore réussi à faire ce qu'il fallait, quels sont les défis et quels sont vos besoins?
(1750)
    Comme je l'ai indiqué, le mémoire que nous avons préparé pour aujourd'hui porte sur la réforme de la gestion des urgences parce que, sur nos 49 Premières Nations, 33 sont éloignées, ce qui signifie qu'elles n'ont qu'un accès par avion toute l'année. Nous avons une période d'environ un à deux mois pendant laquelle nous avons accès par des routes d'hiver — en janvier, février et mars —, si la saison est froide; il nous est alors possible de livrer du carburant diesel pour toute l'année. Bon nombre de nos communautés dépendent de génératrices au diesel, et c'est à ce moment‑là qu'on peut acheminer du carburant, des fournitures pour les logements et d'autres biens.
     Ce ne sont là que quelques-uns des défis auxquels nos communautés sont confrontées. Il y a six corridors routiers d'hiver. Cela vous donne une idée de la taille du territoire de la nation. Il revient aux communautés, compte tenu du financement limité qu'elles obtiennent, de construire et d'entretenir ces routes d'hiver. Ce ne sont là que quelques-uns des défis auxquels nos communautés sont confrontées.
    Je peux vous en dire un peu plus à ce sujet. De toute évidence, nous nous sommes préparés pour l'été, pour la saison qui vient, et nous espérons que la saison des incendies ne sera pas aussi mauvaise que l'été dernier. Pour avoir travaillé avec les conseils tribaux qui ont dirigé ce dossier, certains nous ont dit qu'ils sont vraiment prêts à intervenir. On n'est jamais vraiment aussi prêt qu'on le voudrait, et les surprises et les problèmes qui surviennent et qui diffèrent d'une année à l'autre sont énormes.
     Le problème récurrent, cependant, c'est qu'il n'y a jamais de préparation. Si un incendie se déclare et la collectivité fait une demande, on en parle dans les nouvelles. On voit les avions arriver et tout le monde se rue à droite et à gauche, faisant appel à de vastes ressources pour répondre à cette crise, puis tout ce beau monde repart. Nos dirigeants se demandent pourquoi le gouvernement dépense autant d'argent pour réagir à ce genre de situation, alors qu'il devrait investir dans la préparation. Il économiserait probablement à l'égard de certains postes de dépenses si nous étions mieux préparés et s'il travaillait avec nous à la préparation d'un plan pour s'assurer que nous sommes prêts à faire face à ces crises.
    Elles ne feront qu'empirer. Elles ne feront qu'aller en augmentant. Je pense qu'il est temps que nous fassions quelque chose de différent et que nous apportions des changements non seulement au sein de la nation Nishnawbe Aski, mais aussi des deux ordres de gouvernement, en travaillant ensemble.

[Français]

     Plusieurs témoins nous ont dit que bien des situations auraient pu être évitées, si on avait fait de la prévention.
    Selon vous, quelle place occupe la prévention dans la gestion des urgences?

[Traduction]

     En ce qui concerne les interventions d'urgence et les crises qui surviennent, je pense que la prévention est le fondement de tout. Il s'agit simplement d'être, d'abord et avant tout, prêt à tout faire pour qu'il n'y ait pas de perte de vie. Nous avons perdu des adultes et des jeunes.
    Les familles sont dispersées un peu partout dans la province et dans le reste du Canada. Nous avons eu des familles en Saskatchewan. Vous avez une communauté de 2 000 ou 3 000 personnes et il y a une limite au nombre de personnes qui peuvent se rendre à un endroit. Par exemple, la bande ojibwade de Pikangikum est très résiliente et ses membres se rendent jusqu'au territoire cri de la région de Timmins. Elle ne bénéficie pas de services d'interprétation. Il y a de nombreux problèmes de ce genre. Ces gens‑là arrivent à l'hôtel et ils n'ont pas d'interprètes ni de services de soutien.
    Les cantons sont débordés. Les municipalités doivent utiliser leurs ressources, leurs pompiers, leurs policiers et leurs travailleurs des services à l'enfance et à la famille. Ils utilisent toutes leurs ressources à cette fin. Les coûts s'accumulent. Le coût ultime, c'est la perte de vies humaines, et nous avons vécu cette situation et nous ne voulons plus repasser par là, mais cela arrive.
    C'est le fondement de l'intervention d'urgence. S'agissant de préparation et d'intervention, je pense que la préparation est beaucoup plus cruciale, beaucoup plus importante.
(1755)

[Français]

    Merci beaucoup.

[Traduction]

    Nous allons maintenant passer à nos dernières questions, en commençant par Mme Idlout.
    Vous avez six minutes, madame.
    [La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
    ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ ᐃᑦᓯᕙᐅᑖᖅ, ᐊᐱᖅᓱᓚᐅᓐᖏᓂᑦᓯᓐᓂᒃ ᑐᓐᖓᓱᑦᑎᑦᓱᒪᕙᑦᓯ ᐋ ᐊᒻᒪᓗ ᐅᑯᐊ ᓵᕐᓕ ᐋᓐᒐᔅ ᐊᒻᒪᓗ ᑭᐅᕈᓪ ᕼᐃᐅᔅ ᒪᓕᒐᓕᐅᖅᑎᖅᔪᐊᖑᖃᑎᒃᑲ ᓵᕐᓕ ᑎᒥᓐᔅ ᔭᐃᒻᔅ ᐸᐃᒧᑦ ᐊᒻᒪᓗ ᑭᐅᕈᓪ ᕼᐅᐃᔅ ᐃᓪᒎᒪ ᒫᓂᑑᓚᓐ ᐊᒻᒪᓗ ᑲᐱᔅᑲᐃᓯᓐᒧᑦ ᐃᓕᑦᓯᓐᓄᑦ ᑕᒡᕙᐅᕗᑏᓚᐅᕐᒪᑕ ᑐᓴᕐᒪᑕ ᑲᑎᖃᑎᖃᕐᓂᐊᕋᑦᑕ ᑐᓐᖓᓱᒋᑦᓯᒎᖅ. ᐋᒻ ᐊᐱᕆᓂᐊᕋᒪ ᕆᑦᓱᕐᑦᒧᑦ ᓯᕗᓪᓕᕐᒥ ᑭᖑᓂᐊᒍᑦ ᑖᒃᑯᐊ ᐊᐱᕆᓂᐊᖅᓱᒋᑦ ᐋ ᕆᑦᓱᕐᑦᒧᑦ ᐊᐱᕆᔪᒪᒐᒪ ᑖᒃᑯᐊ ᑲᓇᑕ ᐊᖏᔪᕐᔪᐊᕌᓗᓐᓂᒃ ᐱᓕᐊᕆᓚᐅᖅᑎᓪᓗᒋᑦ ᐋ ᐅᑭᐅᖅᑕᖅᑐᖅ ᓇᒻᒥᓂᕆᔭᐅᓇᓱᓕᖅᑎᓪᓗᒍ ᓲᕐᓗ ᐃᓄᐃᑦ ᓄᐊᑐᕐᓐ ᑯᐊᐱᒃᒦᓐᖓᖅᑐᑦ ᓅᑕᐅᓚᐅᖅᓯᒪᑎᓪᓗᒋᑦ ᐅᑭᐅᖅᑕᖅᑐᕐᔪᐊᒧᑦ ᑖᒃᑯᐊ ᐊᖏᔪᕐᔪᐊᖑᓚᐅᖅᑎᓪᓗᒋᑦ ᐊᖏᖃ-ᑕᐅᒻᒪᖔᖅᐱᑦ ᑐᑭᓯᒡᕕᒋᒍᒪᕙᒋᑦ ᑖᒃᑯᐊ ᐊᖏᔪᕐᔪᐊᕌᓘᓚᐅᖅᑎᓪᓗᒋᑦ ᐃᓕᑕᕆᔭᐅᒃᑲᓐᓂᕆᐊᖃᖅᑎᓪᓗᒋᑦ ᑕᐃᒫᑎᒋ ᐊᖏᔪᖅᔪᐊᕌᓗᒻᒥᒃ ᓴᓂᕐᕙᐃᒃᑲᓐᓂᕆᐊᖃᕐᒪᑕ ᐃᓄᓐᓄᑦ ᑐᕌᖓᔪᓂᒃ ᑕᒪᓐᓇ ᐅᑭᐅᖅᑕᖅᑐᖅ ᐊᑦᑕᓇᖅᑐᒦᑦᑐᓐᓃ-ᖁᓪᓗᒍ ᐋ ᐃᓄᐃᑦ ᐋ ᓴᓂᕐᕙᑦᑕᐅᓂᖅᓴᐅᒋᐊᖃᕐᒪᖔᑦᑕ.
    [Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
    Merci, monsieur le président.
    Avant de poser des questions, j'aimerais souhaiter la bienvenue à tous. Charlie Angus et Carol Hughes, qui représentent Timmins—Baie James et Algoma—Manitoulin—Kapuskasing, vous connaissent et vous transmettent leurs salutations.
    Je vais d'abord m'adresser à M. Shimooka.
    Le Canada est un pays immense. Il y a toujours eu la question de la souveraineté dans l'Arctique. Des gens du Nord du Québec ont été déplacés vers l'Extrême-Arctique pour affirmer cette souveraineté. Après de tels incidents, êtes-vous d'accord avec la façon dont la souveraineté dans l'Arctique a été abordée, ou ne l'a pas été, dans le passé? Selon vous, que faudrait‑il faire pour aider les Inuits qui vivent dans l'Arctique, afin qu'ils soient inclus dans les plans de souveraineté dans l'Arctique et qu'ils puissent y participer?
[Traduction]
    Je vous remercie de la question, surtout après la discussion sur la préparation aux situations d'urgence, parce que je pense qu'il s'agit d'une suite logique aux commentaires du grand chef. Je pense vraiment qu'ils sont tous sur la même longueur d'onde, en ce sens que les collectivités autochtones locales ont, dans bien des cas, cette connaissance générationnelle et savent quels sont leurs intérêts, comme l'environnement changeant qu'elles observent et dans lequel elles vivent. Je pense que c'est un élément extraordinairement important, voire le plus essentiel, pour assurer dans une certaine mesure la souveraineté dans cette région.
     Il est facile pour moi de parler des Forces armées canadiennes et des grands enjeux stratégiques et de sécurité, mais nombre de ces enjeux sont très locaux. Ils sont propres à la région que vous examinez, quelle qu'elle soit, et aux gens qui y vivent.
    Je vais revenir au groupe de témoins précédent dont faisait partie M. Huebert qui a discuté d'un grand nombre de ces mêmes idées. Il faut les cerner, les développer et les générer localement.
    Pour répondre directement à votre question, je pense que les ressources sont l'aspect crucial de la question. Les préoccupations dans la région doivent être cernées et abordées dans le cadre de consultations et de discussions exhaustives avec les communautés afin d'aborder ces enjeux et de déterminer ce que signifie la souveraineté dans ces collectivités.
     [La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
    ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ ᑭᐅᑦᓯᐊᕋᕕᑦ, ᐋ ᐊᐱᕆᓂᐊᓕᕐᒥᒐᒪ ᒍᕌᓐ ᓰᑉ ᑎᐅᕆᒃ ᐹᒃᔅ ᐊᒻᒪᓗ ᐃᖅᑲᓇᐃᔭᖅᑎᖓᓐᓄᑦ, ᑐᑭᓯᓇᑦᓯᐊ-ᖅᑐᒥᑦ ᐅᓂᒃᑳᖅᑲᐅᒻᒥᒐᑦᓯ ᐋ ᑕᒪᒃᑯᐊ ᒐᕙᒪᑐᖃᒃᑯᓐᓄᑦ ᐋ ᐃᑲᔪᖅᑐᖅᑕᐅᓂᖅ ᑮᓇᐅᔭᖃᖅᑎᑕᐅᓂᖅ ᑕᒪᒃᑯᐊ ᓈᒻᒫᓂᖃᑦᑕᖏᒻᒪᑕ ᓇᓗᓇᓐᖏᑦᓱᓂᓗ ᑕᒪᒃᑯᐊ ᐊᓯᔾᔩᒋᐊᕈᑏᑦ ᓈᒻᒫᓂᖃᑦᑕᓐᖏᑎᓪᓗᒋᑦ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᓄᑦ ᑐᕌᖓᒑᒐᒥᑦ ᑖᒃᑯᐊ ᐋ ᑐᑭᓯᐊᒪᔭᒃᑯᓪᓕ ᐋ ᓈᒻᒪᑦᓴᖃᑎᒌᓕᕐᓂᕐᒥᒃ ᐊᑦᑐᐊᓂᖃᓐᖏᒻᒪᑕ ᑖᓐᓇᓕ ᖃᓄᖅ ᐃᓱᒪᒋᕕᑦ-ᓯᐅᒃ.
    [Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
    Merci de votre réponse.
    J'ai maintenant une question pour le grand chef Derek Fox et son adjoint.
    Votre exposé était tout à fait compréhensible et intéressant pour ce qui est d'avoir les ressources et le soutien nécessaires pour faire le travail que nous devons faire. Lorsque vous parlez de changements graduels, d'après ce que je comprends, avez-vous l'impression que ces changements graduels ne cadrent pas avec la réconciliation?
[Traduction]
    Je crois qu'ils ne cadrent pas avec la réconciliation, et ce, depuis de nombreuses années. Je dis cela simplement parce que, comme je l'ai indiqué plus tôt, des gens sont morts, et il continue d'y avoir des morts pour cette raison.
    Nous parlons de réconciliation. À bien des égards, cela signifie beaucoup de choses différentes pour différentes personnes au pays, qu'il s'agisse de Premières Nations, de non-Autochtones ou d'Inuits. Cela comporte différentes significations. Le changement graduel qui s'est produit a été beaucoup trop lent quant à nous, à la NAN. Nous venons de perdre trois jeunes, comme je l'ai dit dans mon exposé, et nous sommes incertains quant à l'avenir, quant à l'été prochain, et nous espérons qu'il n'y aura pas d'autres pertes de vie.
    Encore une fois, il s'agit de se préparer et de veiller à ce que la sécurité de nos gens passe avant tout. Si notre gouvernement veut parler de réconciliation, faisons d'abord en sorte qu'il n'y ait plus de pertes de vie. Cela aurait pu être évité. Ces pertes de vie auraient pu être évitées si nos enjeux avaient été pris plus au sérieux.
(1800)
    Il vous reste une minute et 40 secondes.
     [La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
    ᐆᑮ, ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ, ᑖᓐᓇ ᐋ ᐃᓱᒪᓯᑲᓪᓚᒃᑲᒪ ᑭᐅᔭᐅᖃᑕᐅᔪᓐᓇᖅᐸᑦ, ᐋᒻ ᕆᑦᓱᕐᑦᒧᑦ ᐊᐱᖅᑯᑎᒋᓵᖅᑕᕋ ᐋ ᐃᖅᑲᐅ-ᒪᓂᐊᕐᒪᑦ, ᐋ ᐊᖏᖃᑕᐅᒻᒪᖔᖅᐱᓪᓕ ᑕᒪᓐᓇ ᓈᒻᒫᓂᓐᖏᑦᑐᒥᒃ ᐊᓯᔾᔩᕙᓪᓕᐊᓂᖅ ᐋ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᓄᑦ ᐊᓯᔾᔩᒍᑎᖏᑦ ᓈᒻᒪᖃᑦᑕᖏᒻᒪᑕ ᓈᒻᒪᑦᓴᖃᑎᒌᓕᕐᓂᕐᒥᓪᓗ ᐊᑦᑐᐊᓂᖃᓐᖏᓐᓂᖓ.
    [Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
    M. Shimooka pourrait‑il également répondre à cette question? Êtes-vous d'accord pour dire que les changements graduels visant à s'attaquer aux enjeux des Autochtones ne cadrent pas vraiment avec la réconciliation? Qu'en pensez-vous?
[Traduction]
    Je pense que cela dépend du sujet. Je suis convaincu que, dans certains domaines, les changements graduels ne sont pas suffisants, et dans d'autres, ils le sont. C'est beaucoup plus long que le temps dont je dispose ici pour amorcer une discussion. Dans bien des domaines, les changements graduels ne sont pas suffisants, et nous devons aller beaucoup plus loin.
     [La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
    ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ ᓇᐃᑦᑐᒥᒃ ᐊᐱᕆᑐᐃᓐᓇᕐᓂᐊᓕᖅᐳᖓ ᒍᕌᓐ ᓰᑉ ᑎᐅᕆᒃᒧᑦ, ᖃᓄᕐᓕ ᐋ ᐊᖏᔪᐊᓗᒻᒥᒃ ᑕᑯᔪᒪᓇᔭᖅᐱᑦ ᖃᓄᖅ ᐱᖁᔨᕗᖔᕈᑎᐅᕋᔭᖅᐱᑦ ᑖᓐᓇ ᓈᒻᒪᑦᓴᖃᑎᒌᓕᕐᓂᖅ ᐊᑐᖅᑕᐅᓚᑦᑖᕐᓂᐊᓕᕐᓂᕈᓂ.
    [Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
    Je vais poser une brève question au grand chef Derek Fox.
    Qu'aimeriez-vous voir comme amélioration? Quelle est la plus grande priorité pour vous en ce qui concerne la façon dont nous allons travailler ensemble à la réconciliation et au partenariat?
[Traduction]
    Tout d'abord, nous aimerions qu'il y ait un service pour le Nord, un comité, comme la députée l'a mentionné dans une question tout à l'heure — un comité et un service pour s'assurer que nous sommes prêts. C'est pour cette raison que nous sommes ici aujourd'hui.
    Bien sûr, je pourrais parler longuement de la réconciliation et des nombreuses choses que les peuples de nos Premières Nations veulent en ce qui concerne la reconnaissance des traités, nos terres ancestrales, notre compétence, la propriété de nos terres ancestrales et le respect des traités.
    Pour ce qui est de votre question, un premier pas important serait d'offrir ce service, de veiller à ce que nous ayons le soutien des deux ordres de gouvernement et, bien sûr, de nos nombreux partenaires — les municipalités, les conseils tribaux et les Premières Nations avoisinantes —, de partout au pays, qui étaient là et qui ont accueilli nos évacués.
    Nous sommes reconnaissants du soutien que nous avons reçu jusqu'à maintenant, mais il doit être plus que graduel. Il doit augmenter de beaucoup. Il doit correspondre aux changements qui se produisent au niveau climatique.
    Les choses que nous voyons dans le Nord sont des choses que nous n'avons jamais vues auparavant. Vous le voyez probablement partout au pays. Vous le voyez probablement partout dans le monde. Le gouvernement doit être cohérent avec ce qui se passe sur notre territoire, et c'est ce qui se passe partout dans le monde. C'est énorme. Je ne sais pas si ces changements concernent la pollution, ces choses qui nuisent à notre pays et à notre monde. Je n'en suis pas certain, mais il faut agir.
     Merci beaucoup à nos témoins, M. Richard Shimooka, qui était avec nous virtuellement, et au grand chef Derek Fox et à son associé, M. Michael McKay, qui étaient dans la salle avec nous.
    Nous vous sommes très reconnaissants d'avoir pris le temps de venir nous rencontrer et de répondre à nos questions dans le cadre de notre étude sur ce sujet très important.
    Merci beaucoup d'être venus aujourd'hui.
    Sur ce, chers collègues, nous allons suspendre brièvement la séance avant de poursuivre à huis clos.
    Je veux simplement mentionner que je dois partir. Notre premier vice-président, M. Schmale, prendra la relève pour les 20 dernières minutes qui seront consacrées aux travaux du Comité.
    Merci.
    [La séance se poursuit à huis clos.]
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