Passer au contenu
Début du contenu

SNUD Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.

Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.

Publication du jour précédent Publication du jour prochain

37e LÉGISLATURE, 1re SESSION

Comité spécial sur la consommation non médicale de drogues ou médicaments


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le mercredi 13 mars 2002




º 1615
V         Le vice-président (M. Randy White (Langley--Abbotsford, Alliance canadienne))
V         Mme Cynthia Callard (directrice admistrative, Physicians for a Smoke Free Canada)
V         Dr James (Jim) Walker (secrétaire-trésorier, Physicians for a Smoke Free Canada)

º 1620
V         La présidente (Mme Paddy Torsney (Burlington, Lib.))
V         Mme Christy Ferguson (recherchiste, Physicians for a Smoke Free Canada)

º 1625
V         La présidente
V         Mme Christy Ferguson

º 1630
V         La présidente
V         M. Randy White
V         Mme Cynthia Callard
V         M. Randy White
V         Mme Cynthia Callard
V         M. Randy White
V         Mme Cynthia Callard
V         M. Randy White
V         Mme Cynthia Callard
V         M. Randy White
V         Mme Christy Ferguson
V         M. Randy White

º 1635
V         Dr Jim Walker
V         M. Randy White
V         Dr Jim Walker
V         M. Randy White
V         Mme Cynthia Callard
V         M. Randy White
V         
V         M. Randy White
V         Mme Cynthia Callard
V         Mme Christy Ferguson

º 1640
V         M. Randy White
V         La présidente
V         Dr Jim Walker
V         La présidente
V         M. Réal Ménard (Hochelaga--Maisonneuve, BQ)
V         Mme Cynthia Callard
V         M. Réal Ménard
V         Mme Cynthia Callard
V         M. Ménard
V         Mme Cynthia Callard

º 1645
V         M. Réal Ménard
V         Mme Cynthia Callard
V         M. Réal Ménard
V         Mme Christy Ferguson
V         M. Réal Ménard
V         Mme Cynthia Callard
V         M. Réal Ménard

º 1650
V         M. Randy White
V         La présidente
V         M. Réal Ménard
V         La présidente
V         Mme Cynthia Callard
V         Mme Christy Ferguson
V         
V         La présidente
V         Mme Christy Ferguson
V         La présidente
V         Mme Hedy Fry (Vancouver-Centre, Lib.)
V         La présidente
V         Mme Fry
V         Dr Jim Walker
V         Mme Hedy Fry
V         Mme Christy Ferguson
V         Mme Hedy Fry
V         Dr Jim Walker
V         Mme Fry
V         Dr Jim Walker
V         Mme Hedy Fry

º 1655
V         La présidente
V         Mme Hedy Fry
V         La présidente
V         Mme Christy Ferguson
V         Dr Jim Walker
V         Mme Hedy Fry
V         La présidente
V         Mme Carole-Marie Allard (Laval-Est, Lib.)
V         Mme Cynthia Callard
V         Mme Carole-Marie Allard
V         Mme Cynthia Callard
V         Mme Carole-Marie Allard
V         Dr Jim Walker
V         Mme Carole-Marie Allard
V         Mme Cynthia Callard
V         Mme Carole-Marie Allard
V         Mme Cynthia Callard
V         Mme Carole-Marie Allard
V         La présidente

» 1700
V         Mme Christy Ferguson
V         Dr Jim Walker
V         La présidente
V         Dr Jim Walker
V         La présidente
V         Dr Jim Walker
V         La présidente
V         Dr Jim Walker
V         La présidente
V         Dr Jim Walker
V         La présidente
V         Dr Jim Walker
V         La présidente

» 1705
V         Dr Jim Walker
V         La présidente
V         Mme Cynthia Callard
V         La présidente
V         M. Randy White
V         Dr Jim Walker

» 1710
V         La présidente
V         M. Randy White
V         La présidente
V         
V         M. Randy White
V         Mme Christy Ferguson
V         Mme Cynthia Callard
V         La présidente
V         Mme Hedy Fry
V         La présidente
V         Mme Carole-Marie Allard
V         Mme Cynthia Callard
V         Mme Carole-Marie Allard
V         Mme Cynthia Callard
V         Mme Carole-Marie Allard
V         Mme Cynthia Callard
V         Mme Carole-Marie Allard
V         Mme Cynthia Callard
V         Mme Carole-Marie Allard
V         Dr Jim Walker
V         Mme Hedy Fry

» 1715
V         Mme Cynthia Callard
V         Mme Hedy Fry
V         Mme Cynthia Callard
V         Mme Hedy Fry
V         Dr Jim Walker
V         Mme Hedy Fry
V         Mme Cynthia Callard
V         Mme Fry
V         Mme Cynthia Callard
V         La présidente
V         
V         La présidente
V         Des voix
V         La présidente
V         Dr Jim Walker

» 1720
V         La présidente
V         Dr Jim Walker
V         Mme Cynthia Callard
V         La présidente
V         Dr Jim Walker
V         La présidente
V         M. Randy White
V         Dr Jim Walker
V         M. Randy White
V         La présidente
V         Dr Jim Walker
V         La présidente










CANADA

Comité spécial sur la consommation non médicale de drogues ou médicaments


NUMÉRO 031 
l
1re SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mercredi 13 mars 2002

[Enregistrement électronique]

º  +(1615)  

[Traduction]

+

    Le vice-président (M. Randy White (Langley--Abbotsford, Alliance canadienne)): J'ouvre la présente séance et souhaite la bienvenue à tout le monde. Conformément à l'ordre de renvoi adopté à la Chambre des communes le jeudi 17 mai 2001, notre comité fera porter son étude sur la consommation de drogues à de fins non médicales et les facteurs sous-jacents ou pertinents à cette question.

    J'accueille avec plaisir aujourd'hui trois personnes. Le Dr Jim Walker est secrétaire-trésorier de l'organisme appelé Physicians for a Smoke Free Canada, Cynthia Callard en est la directrice administrative et Christy Ferguson est recherchiste au sein de cet organisme.

    Nous vous souhaitons à tous la bienvenue. Bien que certains membres du comité ne soient pas présents, nos travaux sont télédiffusés et vos propos seront tous consignés. Nous allons donc commencer.

+-

    Mme Cynthia Callard (directrice admistrative, Physicians for a Smoke Free Canada): Je vous remercie beaucoup.

[Français]

que je vous remercie beaucoup de votre attention aujourd'hui.

[Traduction]

    Nous tenons à présenter au comité certaines informations au sujet de l'usage de la marihuana à des fins médicales. Cela peut paraître un peu ironique à un comité chargé d'examiner la consommation de drogues à des fins non médicales, mais j'espère que vous conviendrez des enseignements que pourrait tirer le comité de ce que nous avons découvert en examinant la situation actuelle. Le comité pourrait aussi tirer des enseignements du tabagisme et de ses conséquences, dans ses efforts en vue d'arrêter une politique cohérente sur la consommation de drogues.

    Je veux juste vous rappeler qu'une partie de mes fonctions quotidiennes consiste à rappeler aux gens que le tabagisme demeure la première cause de décès que l'on peut éviter. Il est responsable d'un décès sur cinq au Canada et plus de 45 000 Canadiens meurent des suites du tabagisme chaque année. La consommation de tabac réclame la vie d'un fumeur sur deux.

    Il nous a fallu beaucoup de temps pour mettre au point l'épidémiologie sur laquelle s'appuient nos arguments. À l'heure actuelle, 23 p. 100 des Canadiens fument la cigarette, mais seulement 7 p. 100 fument de la marihuana. Quels sont les effets de la consommation de marihuana sur la santé? Voilà le genre de question qui nous a menés à examiner les politiques actuelles sur l'usage de la marihuana.

    Mais il est une autre leçon bien réelle que l'on peut tirer du tabagisme, soit ce qui arrive lorsqu'une substance devient légale, et lorsqu'elle devient commerciale. Comment peut-on freiner les activités d'entreprises commerciales auxquelles notre constitution reconnaît des droits, et qui ne se gênent pas pour exercer ces droits?

    En 1997, le Parlement du Canada adoptait la Loi sur le tabac, qui devait interdire toute publicité sur le tabac. Or, dans la plupart des dépanneurs, on continue de voir des annonces de tabac. Les grands cigarettiers contestent actuellement cette interdiction devant les tribunaux. Ils ont gagné leur cause la dernière fois, et ils pourraient bien la gagner également cette fois-ci. Ils s'opposent aussi aux propositions que fait le gouvernement, notamment celle de retirer les mots «douce» ou «légère» apparaissant sur les paquets de cigarettes, qui ont pour but de tromper les consommateurs. Il faut donc voir ce qui se produit quand on crée une industrie. Nous avons maintenant une industrie du tabac. Comment allons-nous gérer les entreprises de distribution de drogues?

    Notre préoccupation générale dans ce débat, cependant, est l'aspect de la santé publique de la consommation de drogues, et plus particulièrement de l'inhalation de la fumée de marihuana.

    Le Dr Jim Walker est secrétaire-trésorier de Physicians for a Smoke Free Canada depuis environ 14 ans, ce qui nous ramène presque au début de l'organisme. Avant de lui céder la parole, je veux simplement vous rappeler que la création de Physicians for a Smoke Free Canada remonte à 1985. Les membres et administateurs de cet organisme sont tous médecins. Nous sommes un organisme non gouvernemental relativement petit, mais doté d'un mandat très concret. Nous sommes financés par le gouvernment, par nos membres et par certaines fondations. Grosso modo, nous fonctionnons avec un budget d'environ 250 000 $.

    Jim Walker vous exposera nos préoccupations.

+-

    Dr James (Jim) Walker (secrétaire-trésorier, Physicians for a Smoke Free Canada): Comme Cynthia l'a indiqué, Physicians for a Smoke Free Canada s'est principalement intéressé au cours des 17 dernières années à la principale épidémie au Canada, soit celle du tabagisme. Nous avons cependant tout lieu de craindre maintenant une seconde épidémie qui pourrait ressembler à la première. Les ressemblances sont trop grandes pour que nous restions à l'écart du débat et manquions l'occasion qui nous est offerte d'exposer notre point de vue.

    La politique actuelle concernant l'usage de la marihuana doit en fait son existence à des raisons juridiques, plutôt qu'à des préoccupations au plan de la santé. À notre avis, cette politique présente des inquiétudes pour la santé, pour la santé publique, comme Cynthia l'a mentionné. La position prise par le gouvernement en la matière est vraiment contraire à l'avis de tous les grands organismes médicaux. Cela inquiète évidemment, puisque ces organismes parlent dans l'intérêt de la population et de sa santé.

    Les règles actuelles veulent que la marihuana soit consommée en la fumant. Je tiens à apporter une précision très importante ici. L'un des principaux messages que nous véhiculons est que la consommation par inhalation de fumée est un moyen d'absorption très mauvais et très toxique. La marihuana peut très bien renfermer des composants utiles. C'est ainsi que l'on a mis au point bon nombre de nos médicaments: en trouvant un composant utile dans une herbe ou un autre composé organique, en l'isolant et en l'étudiant convenablement. Nous n'avons rien de sûr, puisqu'aucune étude adéquate n'a été effectuée jusqu'à présent. Nous ne connaissons pas les bienfaits de la marihuana. Il y en a probablement, mais, pour l'essentiel, nous n'en savons rien.

    Par ailleurs, si nous considérons les risques, nous savons que lorsqu'on fume de la marihuana ou un autre composé organique qui brûle de façon incomplète, la fumée absorbée est toxique. Elle contient de nombreux cancérogènes. La fumée de la marihuana renferme des cancérogènes connus et d'autres composés toxiques, mais on ne connaît pas vraiment l'étendue du risque.

    Nous avons deux requêtes à faire aujourd'hui. La première est qu'on propose une solution de rechange à l'inhalation de fumée de marihuana pour la consommation de cette drogue. En fait, l'inhalation de fumée ne devrait probablement pas constituer une option dans les études du mode d'absorption de cette drogue. Il existe d'autres moyens de consommation. Le moyen le plus évident et comparable employé dans l'industrie pharmaceutique est l'inhalateur, comme celui qui est utilisé pour soulager l'asthme ou différentes maladies respiratoires. Une fois les composants actifs isolés, l'inhalateur pourrait permettre de les absorber au même rythme que par l'inhalation de fumée.

    Notre seconde requête est que les mêmes normes valables pour les autres composés et substances soient appliquées à l'étude de la marihuana, en vue de protéger la santé de la population. On devrait établir les risques et les avantages, les indications et les contre-indications, avant de promouvoir l'usage de cette drogue dans la population.

    Nous croyons qu'il existe également une question de responsabilité importante pour le gouvernement. Si le gouvernement fait la promotion de cette drogue et en procure à ceux qui en ont besoin, il aura une lourde responsabilité à assumer parce que nous savons, d'après les études qui ont été effectuées, que la marihuana est un composé dangereux lorsqu'on la fume. La fumée de la marihuana est très toxique. Elle cause des dommages aux poumons. Comme vous le savez, on ne propose pas l'usage de la marihuana seulement dans des cas de maladie terminale, mais aussi pour des maladies chroniques et pour bien d'autres indications très complaisantes.

    Quand on regarde la situation en général et qu'on compare la marihuana au tabac, on s'apreçoit qu'un des progrès majeurs accomplis au cours des deux dernières décennies a été de dénormaliser l'usage du tabac. Il y a une vingtaine ou une trentaine d'années, certains d'entre vous s'en souviendront, flottait dans chaque endroit fermé un nuage de fumée bleue. Il est très rare que l'on voie cela maintenant. En fait, il n'est pas normal de voir des gens fumer dans un endroit clos. Cependant, si on adopte la démarche proposée à l'égard de la marihuana et qu'on commence à normaliser l'usage de cette drogue, nous allons voir apparaître une autre épidémie semblable à celle du tabagisme.

    Le tabac constitue le seul produit commercial légal que nous savons être mortel lorsqu'utilisé de la façon prévue. Si les règles actuelles ne changent pas, la marihuana sera le second article sur cette liste.

    Merci.

º  +-(1620)  

+-

    La présidente (Mme Paddy Torsney (Burlington, Lib.)): Merci beaucoup, Dr Walker.

    Mme Ferguson.

+-

    Mme Christy Ferguson (recherchiste, Physicians for a Smoke Free Canada): Je vais vous parler de l'état actuel des connaissances sur les bienfaits et les effets nocifs de la fumée de marihuana, afin de vous mettre en contexte. Étant donné qu'une bonne partie des recommandations en matière de politique découlent des demandes de soins médicaux, il serait utile de connaître notre point de vue, ce que nous savons et ce que nous ignorons.

    La marihuana pourrait avoir des bienfaits chez les personnes atteintes du syndrome cachectique, d'arthrite, de douleurs chroniques, d'épilepsie, de glaucome, de sclérose en plaques, d'hypertonie spastique, d'asthme, d'anorexie, de hoquet incessant, de nausées et de vômissements. Ce sont les principaux maux que la marihuana pourrait aider à soulager, mais il y en a d'autres également. L'usage de la marihuana semble particulièrement prometteuse pour le soulagement de la douleur, les nausées, les vômissements et les crises d'épilepsie. On a constaté une stimulation de l'appétit surtout chez les personnes souffrant du sida ou du cancer. La marihuana semble efficace, mais il n'y a pas beaucoup d'études qui ont été effectuées sur le sujet et il n'y a pas eu non plus beaucoup d'essais à double insu ou d'autres choses du genre.

    Pour ce qui a trait au soulagement de la douleur, il est prouvé que les cannabinoïdes fonctionnent différemment des analgésiques offerts sur le marché. Ils semblent agir sur un système récepteur différent, si bien qu'ils présentent du potentiel, mais toutes les études qui ont été effectuées étaient plutôt modestes et ont révélé un taux élevé d'effets secondaires. On a notamment signalé de la somnolence, de l'anxiété et un obscurcisssement de l'esprit chez les personnes ayant fumé de la marihuana.

    La marihuana paraît assez efficace pour soulager les nausées et les vômissements des personnes suivant un traitement de chimiothérapie. Encore une fois, cependant, les patients ont déploré un taux élevé d'effets secondaires.

    L'ingrédient actif cannabidiol, ou CBD, semble en mesure de contrôler les crises d'épilepsie chez les animaux. Un essai a été tenté avec des humains, mais il n'a jamais été répété.

    Essentiellement, donc, on a constaté certains bienfaits, mais on n'a pas effectué beaucoup d'essais. Cela est dû en partie au caractère non éthique de l'usage d'une substance fumée dans des essais cliniques, en raison des maux que cela peut entraîner, et en partie au fait que les sociétés pharmaceutiques n'étaient pas intéressées à investir de l'argent là-dedans. Il n'y a pas eu suffisamment de recherche sur le sujet.

    Parmi les maux pouvant être causés par l'inhalation de fumée de marihuana, notons la bronchite chronique, les cancers du système respiratoire, les infections bronchiques et pulmonaires et la maladie respiratoire obstructive chronique. Comme Jim l'a déjà souligné, la fumée de la marihuana produit 50 p. 100 plus de goudron que celle du tabac. C'est ce qu'ont révélé des tests machine ainsi que certains tests biologiques. Cette fumée renferme aussi bon nombre des cancérogènes que l'on trouve dans la fumée du tabac, dont le benzopyrène, qui présente une concentration 70 p. 100 supérieure à celle présente dans la fumée du tabac.

    Comme je l'ai dit, ces constatations découlent de tests mécaniques, de tests effectués sur des animaux et d'études à court terme sur les humains. Ce sont donc des faits troublants. La fumée de marihuana contient une foule d'ingrédients nocifs et toxiques. Et les gens ont tendance à l'inhaler plus profondément. Ils la gardent dans leurs poumons plus longtemps, ce qui laisse plus de résidus de goudron sur leurs poumons et risque de causer plus de dommages.

    Santé Canada a entrepris un programme de recherche visant à en apprendre davantage sur les bienfaits et les effets nocifs de la marihuana. Je pense que tout le monde convient qu'on devrait approfondir le sujet. Le problème que nous avons constaté est que les buts du programme de recherche semblent faire peu de cas de la santé et des différents aspects de la santé. Le gouvernement s'intéresse particulièrement à la fumée de marihuana. Sa demande de propositions indique clairement que le

potentiel de la marihuana comme médicament serait gravement compromis si les patients devaient inhaler de la fumée nocive, si bien que l'examen de la sécurité et de l'efficacité de la marihuana fumée est une priorité de ce programme.

Le gouvernement vise donc l'inhalation de la fumée de marihuana comme moyen d'absorption de cette drogue, et c'est ce qui nous inquiète.

    Le gouvernement se protège en disant que les essais devraient se limiter à des cas autolimitatifs, à court terme, alors que les tests qu'il finance comprennent une étude de la douleur neuropathique chronique. Premièrement, nous nous inquiétons pour les participants. À quoi seront-ils exposés? De quels dangers les a-t-on prévenus? Quelle est l'éthique de ces essais? Deuxièmement, à quoi servent ces essais? Si le gouvernemnt ne pense pas qu'il est sécuritaire de fumer de la marihuana à long terme, pourquoi commande-t-il une étude sur son usage pour le soulagement de maladies chroniques?

º  +-(1625)  

    Ce qu'il nous faut vraiment découvrir, ce que nous voulons vraiment savoir, ce sont les bienfaits de la marihuana, les cas où elle est efficace, les doses à employer et les moyens de l'administrer. Nous aimerions aussi connaître les risques à court et à long terme pour les utilisateurs et pour leur entourage, si la fumée secondaire représente un problème, de même que le mode d'emploi à court et à long terme, à des fins médicales ou par plaisir, et la façon dont les gens interprètent les politiques du gouvernement.

+-

    La présidente: Puis-je vous interrompre pendant quelques secondes?

    De merveilleux jeunes Canadiens de partout au pays qui ont été choisis pour participer au Forum pour jeunes Canadiens s'apprêtent à quitter la salle. Avant qu'ils partent, j'aimerais les inviter à lire les témoignages faits devant ce comité dans le hansard, et à nous faire part de leurs idées sur la question des drogues.

    Le présent comité ne fait pas qu'étudier la marihuana. Il étudie toutes les drogues, et j'espère que vous participerez au processus. Je vous souhaite également une excellente semaine et j'espère que quelques-uns d'entre vous reviendrez au Parlement comme pages pour les députés et leur personnel.

    Maintenant que je vous ai déjà interrompu, et juste au cas où ils quitteraient eux aussi, j'aimerais souligner la présence parmi nous des membres du conseil municipal de Kingston, et leur souhaiter la bienvenue.

    Je vous prie de m'excuser. Veuillez poursuivre.

+-

    Mme Christy Ferguson: Merci.

    Je conclurai seulement en disant ce qui devrait arriver. Si on veut suivre les recommandations de la médecine, il faut reconnaître et isoler les composants actifs au plan pharmacologique dans la drogue, dans la marihuana, et mettre au point des moyens d'administrer celle-ci autrement que par inhalation de sa fumée. C'est à cela qu'on devrait s'employer et dans cela que devrait aller l'argent du gouvernement pour la recherche.

    Si on veut connaître les effets sur la santé de la fumée de marihuana chez ceux qui consomment de la marihuana pour le plaisir et chez les autres utilisateurs, il faut disposer des résultats d'études épidémiologiques à long terme. Or, de telles données n'existent pas. Les études épidémiologiques sur le sujet ont été compliquées en partie par les modes de consommation de la marihuana et par le taux élevé d'usage simultané du tabac et de la marihuana. S'il est un message que nous voulons laisser avant de partir, c'est que nous ne voulons pas attendres les résultats d'études épidémiologiques. D'après les caractéristiques de la marihuana et la façon dont elle est consommée, nous avons une foule de raisons de croire que cette drogue est extrêmement dommageable pour la santé. Nous ne voulons pas avoir à constater dans 20 ou 30 ans l'évolution du taux de cancers liés à l'usage de la marihuana.

º  +-(1630)  

+-

    La présidente: Merci.

    Y a-t-il quelqu'un d'autre qui veut prendre la parole? Non? Alors mes collègues auront la chance de poser des questions.

    Monsieur White, avez-vous des questions?

+-

    M. Randy White: Merci.

    En tant qu'ancien fumeur qui ne peut plus tolérer d'être dans la même pièce qu'un fumeur, je suis heureux de vous voir ici.

    Pouvez-vous me dire combien de gens fument la cigarette aujourd'hui au Canada? Avez-vous un chiffre approximatif?

+-

    Mme Cynthia Callard: Environ 23 p. 100 de la population fume la cigarette, soit près de cinq millions de personnes. Environ 7 p. 100 des gens disent fumer régulièrement de la marihuana, et 2 p. 100 prétendent le faire régulièrement pour des raisons médicales.

+-

    M. Randy White: Vous estimeriez donc à 350 000 le nombre de personnes faisant usage de la marihuana. Je trouve ce nombre peu élevé, mais est-ce bien celui auquel vous en arrivez?

+-

    Mme Cynthia Callard: Non, on parle de 7 p. 100 de 30 millions d'habitants, soit environ 1,5 million d'utilisateurs, et de 850 000 qui fument de la marihuana régulièrement, pour un total frisant les 2,5 millions. Environ 700 000 personnes fument de la marihuana pour des raisons médicales.

+-

    M. Randy White: Très bien, alors 2,5 millions de personnes ont fumé de la marihuana.

    Je ne veux pas trop m'arrêter aux chiffres, mais voyez-vous une corrélation entre les gens qui fument la cigarette et ceux qui fument de la marihuana?

+-

    Mme Cynthia Callard: Je sais qu'il y en a une. En fait, lorsqu'on fait des sondages sur l'usage des drogues, on constate une coïncidence des toxicomanies, de telle sorte que les gens qui fument de la marihuana sont plus susceptibles de consommer de la cocaïne que les personnes qui ne consomment pas de marihuana, ne fument pas ou ne boivent pas. Ces comportements ont tendance à coexister.

+-

    M. Randy White: J'ai entendu beaucoup de jeunes dire que ce n'est pas le cas. Beaucoup disent qu'ils ne fument pas la cigarette mais qu'ils fument de la marihuana. Et je ne parle pas de quelques personnes seulement. Ils voient les choses différemment. Le tabagisme est une sale habitude, mais pas l'usage de la marihuana. Ils voient cela comme une activité récréative.

+-

    Mme Cynthia Callard: On pense que c'est quelque chose de différent. C'est une des choses les plus étonnantes. Les gens croient que la fumée de la marihuana n'est pas nocive comme celle du tabac. Depuis que nous avons fait connaître publiquement notre position, j'ai reçu des courriels vraiment agressifs de gens qui sont convaincus que la fumée de marihuana guérit le cancer, qu'elle ne cause pas le cancer et que c'est une chose parfaitement bien. On constate un niveau incroyable de négation de la réalité.

    Pour ce qui a trait aux comportements qui se recoupent, le Centre de toxicomanie et de santé mentale de l'Ontario a effectué un sondage important sur l'usage des drogues. Il a constaté que bien des gens consomment à la fois du tabac et de la marihuana.

+-

    M. Randy White: Je serais curieux de savoir si nos chercheurs pourraient nous dire s'il existe une certaine corrélation à ce niveau.

+-

    Mme Christy Ferguson: Il y en a eu, historiquement, mais cela pourrait être en voie de changer. Lorsque les chercheurs ont tenté de trouver des preuves épidémiologiques chez des gens qui avaient commencé à fumer dans les années 60, disons, ils ont constaté un taux de coïncidence élevé, mais la tendance pourrait avoir commencé à changer.

+-

    M. Randy White: Pouvez-vous me dire dans quelle mesure le tabagisme et l'usage de la marihuana, du crack et de l'héroïne sont dommageables pour l'organisme? On ne fume pas de l'héroïne aussi souvent que la cigarette, mais si on le faisait, est-ce que ce serait aussi dommageable que de fumer un paquet de cigarettes?

º  +-(1635)  

+-

    Dr Jim Walker: Un certain nombre de questions entrent en jeu ici. Premièrement, il est probable, bien que ce ne soit pas établi définitivement, que la marihuana ne soit pas aussi toxicomagène que les deux autres drogues. La marihuana ne contient pas de nicotine et ne semble pas affecter les centres comme le font les opiacés tels que l'héroïne. Par contre, même s'il n'y a pas de dépendance physique, il peut y avoir dépendance sociale et psychologique.

+-

    M. Randy White: Je pense plus aux dommages pouvant être causés aux poumons.

+-

    Dr Jim Walker: Sous ce rapport, on a établi un facteur d'équivalence avec le tabac, la consommation d'un paquet de cigarettes équivalant à celle de deux ou trois joints de marihuana. Cela est attribuable en partie à la nature des toxines présentes dans la marihuana, mais aussi à la façon dont on fume cette drogue. Comme Christy l'a mentionné, les utilisateurs retiennent la fumée plus longtemps dans leurs poumons et l'inhalent plus profondément.

    Mais, essentiellement, nous ne connaissons pas la réponse à votre question. La recherche sur la marihuana est certainement plus limitée, et je ne prétends pas être un spécialiste des drogues dures.

    Si on regarde l'état des connaissances actuelles sur la marihuana, il correspond probablement à celui des connaissances sur le tabac il y a 40 ans. C'est en 1962 que les premières études pertinentes sur le tabac ont commencé à être rendues publiques et à conclure que toutes les personnes qui prétendaient que le tabac causait le cancer du poumon avaient raison. En fait, les proportions de l'épidémie sont devenues de plus en plus évidentes à mesure que la liste des maladies attribuables au tabagisme s'allongeait. Au chapitre des connaissances tirées d'études pertinentes sur la marihuana, nous ne sommes probablement pas plus avancés que nous l'étions en 1962 dans nos études sur le tabac.

    Par conséquent, la vraie réponse à votre question est : je ne pense pas que quelqu'un le sache vraiment.

+-

    M. Randy White: Je ne crois pas avoir vu un message publicitaire visant à dissuader les gens de fumer de la marihuana, comme ceux de Santé Canada que l'on voit sur les cigarettes. Est-ce que cela existe?

+-

    Mme Cynthia Callard: Cela n'existe pas, pas plus que des mises en garde contre l'achat d'un sachet de drogue au coin de la rue. Puisque le comité essaie de déterminer quel doit être le rôle du gouvernement, je lui dirais que l'un des principaux rôles du gouvernement est de combler ce besoin d'information du public en matière de santé. Les gens ne savent pas qu'il est dangereux de fumer de la marihuana. Ils ignorent que s'ils veulent utiliser de la marihuana à des fins médicales ou pour le plaisir, ils devraient chercher des moyens plus sûrs de la consommer. Je dirais que c'est là un rôle que devrait assumer le gouvernement: aider à promouvoir des comportements sains chez les Canadiens. Cela correspondrait au rôle qu'il joue dans le domaine du tabac.

+-

    M. Randy White: Enfin, madame la Présidente, il y a beaucoup de gens au pays qui prétendent qu'on ne peut éradiquer la marihuana parce qu'il y en a partout. Je suis de la Colombie-Britannique, la capitale de cette drogue.

+-

    Une voix : La variété de la Colombie-Britannique.

+-

    M. Randy White: Effectivement.

    Beaucoup d'autres disent que, avec la croissance que connaît maintenant l'ecstasy, on ne peut pas éradiquer cette drogue non plus. En fait, il est acquis que ces drogues sont tellement répandues au pays qu'on ne peut les enrayer ni l'une ni l'autre.

    Je comprends ce que vous dites. Essentiellement, vous recommandez de ne pas légaliser la marihuana parce qu'il y a plus à considérer que le caractère illégal de ce produit et les profits qu'on peut en tirer. Le problèmem, en fait, c'est qu'on la fume. Mais si la marihuana se présentait sous forme de comprimés, comme l'ecstasy? Votre organisme recommanderait-il la légalisation d'un produit qu'on pourrait consommer sans le fumer? Je ne connais pas votre point de vue à ce sujet. Parce qu'il y a tellement de marihuana au Canada, nous savons tous qu'on ne saurait en freiner l'approvisionnement. Croyez-vous alors que, prise sous forme de comprimés, au lieu d'être fumée, la marihuana pourrait être légalisée?

+-

    Mme Cynthia Callard: Nous ne nous prononcerions probablement pas sur le caractère légal de la marihuana consommée sous forme de comprimés, mais nous pourrions aussi le faire, tout dépendant des conséquences pour la santé d'une telle forme de marihuana. Nous étudierions ce qui pourrait...

    Ce que nous essayons de dire, c'est que nous avons affaire à des questions juridiques dont la dimension santé publique mérite mure réflexion. Les règles actuelles concernant l'usage de la marihuana à des fins thérapeutiques découlent de décisions des tribunaux. Le gouvernement ne voulait pas décriminaliser cette drogue, ce qui est un peu différent que de la légaliser. Je pense qu'il y a tout un spectre ici, allant de la décriminalisation à la commercialisation, en passant par la dépénalisation et la légalisation. Nous avons là plusieurs mesures pouvant être envisagées, chacune étant assortie d'un régime de réglementation différent.

    Par conséquent, il n'est pas facile de répondre à cette question, mais si on mettait sur le marché une forme de marihuana qui n'aurait aucune conséquence pour la santé, nous ne soulèverions probablement aucune objection.

+-

    Mme Christy Ferguson: Je veux simplement ajouter que le THC, le tétrahydrocannabinol, est vendu sous forme de comprimés au Canada. On peut se le procurer comme un médicament. Il a été mis à l'essai et réglementé en tant que médicament.

º  +-(1640)  

+-

    M. Randy White: Je suppose cependant que la marihuana, l'ecstasy, l'héroïne et le crack ont des conséquences pour la santé.

+-

    La présidente: Voulez-vous commenter à ce sujet? Vous n'êtes pas tenus de le faire.

+-

    Dr Jim Walker: Ce qui nous préoccupe le plus à propos des drogues, c'est qu'on les fume, parce que nous savons qu'il est dommageable de les consommer ainsi. Ce que nous connaissons moins, ce sont les risques et les bienfaits possibles associés aux drogues. Comme Cynthia l'a indiqué, il nous faudrait évaluer ces risques et ces bienfaits. Mais nous sommes convaincus qu'il est mauvais de fumer de la marihuana et que le gouvernement a tort de promouvoir l'absorption de cette drogue en la fumant. Nous ne pouvons pas vous dire exactement quelle serait la bonne façon de la consommer, mais nous savons qu'il est mauvais de la fumer.

[Français]

+-

    La présidente: Merci beaucoup. Maintenant, nous avons Réal Ménard pour 10 minutes.

+-

    M. Réal Ménard (Hochelaga--Maisonneuve, BQ): Merci beaucoup, madame la présidente.

    Depuis quelques semaines que nous écoutons des témoins en vertu du mandat qui nous a été confié par la Chambre des communes, on nous dit que la dernière enquête nationale concernant la consommation et l'utilisation de drogues remonte à 1994.

    Vous vous rappelez encore de Mme Beauchesne, le témoin que nous avons rencontré lundi de cette semaine, qui est une spécialiste de la question, qui a publié deux livres, qui est professeur en criminologie à l'Université d'Ottawa. Elle nous disait que depuis 1994, il n'y a pas eu d'enquête nationale sur la consommation des drogues.

    Alors, sur quelles données vous basez-vous pour faire l'estimation de consommation de marijuana que vous faites? Est-ce que ce sont des données antérieures à 1994 ou est-ce que ce sont des données issues d'une enquête nationale sur la santé de la population?

[Traduction]

+-

    Mme Cynthia Callard: Les chiffres que je vous ai fournis, soit 7 p. 100 et 2 p. 100, viennent d'une étude publiée l'an dernier. Je regrette de ne pas avoir apporté le résumé de cette étude, mais il s'agit d'un sondage effectué en Ontario dont j'ai extrapolé les résultats à l'échelle nationale. Je peux certainement fournir au comité les conclusions de l'étude sur les différentes toxicomanies.

    Il est vrai qu'une de nos préoccupations est le manque de surveillance ou de contrôle des habitudes de consommation de la marijuana et du tabac. On dispose de très bons instruments de sondage pour mesurer le taux de tabagisme dans la population à l'heure actuelle, et il ne coûterait pas cher d'y ajouter une ou deux questions sur l'usage de la marihuana. Nous espérons que c'est ce que fera le gouvernement.

[Français]

+-

    M. Réal Ménard: Je veux m'assurer que je comprends bien. L'enquête à laquelle vous vous référez a été faite en Ontario par un organisme subventionnaire ontarien, mais l'échantillonnage qui y a participé est pancanandien. C'est bien cela? Ce n'est pas qu'un échantillonnage ontarien.

+-

    Mme Cynthia Callard: Oui

+-

    M. Réal Ménard: Donc, vous n'avez pas vraiment de données concernant l'ensemble des Canadiens mais seulement pour l'Ontario, ce qui n'est, évidemment, pas banal. Mais on ne peut pas dire qu'on a des données, depuis 1994 sur les habitudes de consommation. Donc, nos témoins n'ont pas erré en nous disant ça.

    Vous êtes conscients aussi que notre mandat va s'inscrire dans une perspective plus large que la légalisation ou la non-légalisation de la marijuana. Ce que je retiens de votre témoignage devant nous, c'est que vous dites ne rien avoir contre la légalisation en soi, que ce qui vous préoccupe, c'est ce qui est peut-être plus résiduel et c'est la question de la fumée, parce que la fumée comporte un risque, non pas de contamination mais de conséquences négatives pour la santé des gens. Je me rappelle très bien, pour avoir échangé avec vous au moment où l'on étudiait l'étiquetage des contenants de cigarettes, que vous aviez soulevé exactement la même problématique.

    Maintenant, dans la façon dont on aménage les choses concernant l'exemption qui est accordée par Santé Canada... Au fond, la prochaine question que j'aimerais vous poser avant d'aller à cette question-là est la suivante. Pour être conséquents avec votre prise de position et pour être conséquents avec le travail de ce comité, nous devrions recommander à Santé Canada de faire des études cliniques sur les effets primaires et secondaires de la marijuana. Êtes-vous d'accord avec moi là-dessus?

+-

    Mme Cynthia Callard: Les études qui sont faites d'une manière qui respecte les normes de recherche en vertu desquelles les gens ne sont pas mal traités pendant la recherche. Par exemple, nous avons maintenant des participants aux études qui doivent fumer une cigarette de marijuana sans THC. D'après nous, ce n'est pas une bonne idée d'obliger des gens à fumer quelque chose pour en étudier les effets.

º  +-(1645)  

+-

    M. Réal Ménard: Vous voulez que l'on ait un groupe témoin qui fume et un groupe témoin qui a d'autres modes d'appropriation. Qu'est-ce que vous souhaitez comme type de recherche?

[Traduction]

+-

    Mme Cynthia Callard: Une meilleure étude cas-témoin en serait une qui examinerait les effets de la marihuana administrée de façon sécuritaire, c'est-à-dire soit au moyen—d'un inhalateur ou d'un timbre, ou par voie orale—en les comparant à ceux d'un placebo administré de la même façon, exactement comme on met à l'épreuve tout autre médicament. La marihuana ne devrait pas être traitée différemment des autres produits thérapeutiques. Si elle est supposée entrer dans le traitement d'une maladie, alors elle devrait être examinée de la même façon que tous les autres médicaments.

    La différence cette fois-ci, c'est que c'est le gouvernement, et non une société pharmaceutique, qui a entrepris une étude sur l'usage de cette drogue, et il l'a fait uniquement en raison des décisions prises par les tribunaux.

[Français]

+-

    M. Réal Ménard: Est-ce que les études qui sont faites en ce moment sont faites par Santé Canada? Je ne crois pas que ce soit une compagnie pharmaceutique qui fasse les études en ce moment, n'est-ce pas?

[Traduction]

+-

    Mme Christy Ferguson: Santé Canada n'effectue pas les études en soi, mais c'est lui qui les finance. Celles-ci comportent un volet pharmaceutique. Une société pharmaceutique britannique évalue actuellement un vaporisateur sublingual et un inhalateur. Le gouvernement finance également les essais effectués à McGill dont j'ai parlé précédemment—celui sur l'usage de la marihuana fumée comme analgésique et celui sur les patients atteints du sida à Toronto. Le gouvernement donne donc de l'argent pour financer des essais. Ceux-ci, et les fonds qui y sont associés, favorisent largement l'inhalation de fumée de marihuana, au détriment d'autres modes d'administration de cette drogue.

[Français]

+-

    M. Réal Ménard: Je pense, madame la présidente, que nous devrions inviter Santé Canada. Nous avons déjà reçu Santé Canada parmi les premiers témoins, mais nous devrions les recevoir en lien particulièrement avec les études et en lien surtout avec les exemptions qui sont accordées.

    Je crois que c'est la semaine passée ou ces jours-ci que l'Association médicale canadienne a eu une position qui était assez proche de la vôtre. On ne cherchera pas à savoir qui a influencé qui. On accepte le trafic d'influence intellectuel. Il reste qu'il y a des gens qui vont réclamer qu'il y ait des mécanismes d'exemption qui continuent. Je crois, madame la présidente, que nous devrions les inviter dans les deux cas.

    J'ai rencontré le Collège des médecins du Québec, avec le sympathique M. Lamontagne, et ces gens sont très mal à l'aise face à l'idée de faire des exemptions, parce qu'ils disent qu'il n'y a pas d'études sérieuses et qu'ils ne veulent pas prendre la responsabilité de cela. Alors, je crois que ce serait bien que, comme comité, nous puissions les rencontrer.

    Par ailleurs, on ne peut pas, je crois, comme comité, ne s'en tenir qu'à votre niveau de préoccupation, parce que dans une société, la réalité prohibitionniste, avec ce qu'elle engendre pour le marché noir... On s'est fait expliquer des histoires d'horreur au sujet du marché de la drogue. Il y a même des témoins qui nous ont dit qu'en Colombie-Britannique, par exemple, d'où vient M. Randy White, c'est la deuxième industrie de la province. Je ne sais pas si vous avez regardé les conséquences de tout ça sur le marché noir vous-mêmes, si vous avez une opinion là-dessus, mais nous, comme parlementaires, il faudra certainement en tenir compte dans nos recommandations à la Chambre des communes.

[Traduction]

+-

    Mme Cynthia Callard: Je ne pense pas que nous insinuions que le marché illicite fonctionne de quelque façon que ce soit. Il reste que de nombreuses personnes fument cette drogue sans en connaître les effets, sans être protégés contre la source de ce produit et sans jouir d'aucune protection du consommateur. Ce n'est pas un bon système non plus.

    Par ailleurs, nous ne préconisons pas l'inaction, car nous ignorons ce qu'il vaut mieux faire. Nous recommandons simplement de tenir compte des conséquences pour la santé publique et d'envisager des moyens de minimiser les dommages pouvant être causés, au moment de l'étude de cette question très complexe. Je dirais cela ne serait-ce que sous le rapport des conséquences pour la santé physique, sans penser au problème de dépendance et aux autres effets généralement associés à l'usage des drogues.

[Français]

+-

    M. Réal Ménard: Ma dernière question, madame la présidente, va vous intéresser.

    Pensez-vous que, une fois dans sa vie, tout le monde devrait faire l'expérimentation de la marijuana? Vous allez voir que la question est importante, parce qu'il y a des gens qui croient que parmi les mécanismes d'actualisation et de réalisation de soi, il y a la drogue. Il y a des chercheurs qui ont prouvé--peut-être que vous ne serez pas d'accord là-dessus--que la drogue peut être un moyen d'actualisation de soi, dans une quantité limitée, monsieur White.

º  +-(1650)  

    If everyone controlled themselves about that et qu'on ne faisait qu'une seule expérimentation, est-ce que vous croyez que ça pourrait être une façon de se réaliser?

[Traduction]

+-

    M. Randy White: Ajoutez aussi à cela le reniflage de la cocaïne.

[Français]

+-

    La présidente: [Note de la rédaction: inaudible] votre réponse parce qu'il y a un grand sac là. Mais je pense que ce n'est pas nécessaire. Je pense que c'était une cigarette pour les autres.

+-

    M. Réal Ménard: Il m'a fait un cadeau parce que je l'ai aidé. Je devais l'amener et la donner à la greffière. Nous allons la prendre dans les provinces Maritimes. Nous allons boire ensemble. Je vais la donner à la greffière. Mais nous ne voulons pas vous distraire de l'essentiel. Nous nous faisons des cadeaux entre nous parfois, comme députés, et parfois nous nous battons aussi. Mais là, c'est un cadeau. Alors, répondez à ma question.

[Traduction]

+-

    La présidente: La réalisation de soi et la marihuana, et si quelqu'un devrait ou non l'essayer.

+-

    Mme Cynthia Callard: Cela arrive, vous savez.

+-

    Mme Christy Ferguson: Je pense que nous irions jusqu'à vous recommander, si un jour vous vous vouliez l'essayer, de la consommer sans la fumer.

+-

    Des voix: Oh! Oh!

+-

    La présidente: Très bien. Cette chercheuse mérite une paye supplémentaire.

+-

    Mme Christy Ferguson: Bravo!

+-

    La présidente: Dre Fry, vous avez 10 minutes.

+-

    Mme Hedy Fry (Vancouver-Centre, Lib.): Je me demandais si mon collègue, Monsieur Ménard, était d'avis que ce comité devrait effectuer des expériences pratiques. Est-ce ce vous proposez?

+-

    La présidente: Il est allé à Montréal juste pour recueillir quelques faveurs.

+-

    Mme Hedy Fry: Ce que je vous entends dire - et dites-moi si j'ai raison - c'est que vous vous inquiétez du mode d'absorption, ou du mode d'utilisation, qui consiste d'abord à fumer la marihuana.

+-

    Dr Jim Walker: Pour répondre à cette question, oui, c'est bien ce qui nous inquiète le plus, mais nous entretenons également d'autres préoccupations.

+-

    Mme Hedy Fry: Votre seconde préoccupation est qu'il n'y a pas eu de recherche réelle d'effectuée sur les effets négatifs à long, à court ou à moyen terme de cette drogue utilisée comme un médicament, ni sur son usage. La seule recherche, dites-vous, a porté sur la douleur au cours des crises d'épilepsie. C'est tout ce qu'on a pu documenter jusqu'à présent. Le reste, selon vous, n'a pas fait l'objet de suffisamment de recherches. Est-ce bien ce que vous prétendez?

+-

    Mme Christy Ferguson: Des recherches ont été effectuées sur les effets à court terme de la fumée de marihuana, mais nous n'avons pas suffisamment de données sur les effets à long terme ni de résultats d'études sur des humains.

+-

    Mme Hedy Fry: L'Association médicale canadienne a laissé entendre que l'un des problèmes posés par l'usage du cannabis est le recours à des mesures coercitives et à des sanctions criminelles pour tenter de prévenir cet usage et de détourner les gens de cette drogue. Elle est d'avis que l'on devrait délaisser les sanctions criminelles en faveur d'autres punitions, comme des amendes. Cependant, elle se demande si, en faisant cela, on peut empêcher la normalisation de son usage, ce dont vous vous inquiétez également, selon ce que j'ai pu comprendre.

    L'Association pense qu'une amende pourrait empêcher la normalisation de l'usage de la marihuana. Vous croyez que c'est possible? Pensez-vous que le remplacement de peines criminelles pour usage de la drogue par l'imposition d'une amende, comme le suggère l'AMC, est une façon de supprimer le caractère criminel de cette action, sans pour autant normaliser cette dernière?

+-

    Dr Jim Walker: Vraiment, nous ne croyons pas que cette question relève de notre mandat, du moins pas pour l'instant. N'ayant pas réfléchi à cela, nous ne sommes pas en mesure de vous fournir une opinion valable et significative sur le sujet. Nous nous intéressons aux effets sur la santé individuelle, et surtout sur la santé publique, des mesures pouvant découler des propositions actuelles.

+-

    Mme Hedy Fry: Du fait de fumer?

+-

    Dr Jim Walker: De fumer, évidemment, mais aussi des autres inconnues de la marihuana.

    Si on fait des comparaisons avec l'épidémie de tabagisme, il est vrai que fumer la cigarette est probablement la façon la plus dangereuse de consommer du tabac, mais chiquer du tabac présente aussi des dangers. Il faut cependant du temps pour acquérir ces connaissances. On en sait autant sur la marihuana aujourd'hui qu'on en savait sur le tabac il y a 40 ans.

+-

    Mme Hedy Fry: Vous dites qu'on devrait effectuer d'autres recherches, comme on le fait sur d'autres médicaments inscrits au CPSP, par exemple, avant de parler de l'usage de la marihuana à des fins médicales.

    On peut faire un usage oral de cette drogue. Celle-ci peut en effet se présenter sous forme de comprimés. Il ne s'agit évidemment pas de la forme organique, mais c'est un produit fabriqué par une société pharmaceutique. Il a donc dû y avoir indication médicale pour que l'usage de cette drogue, sous forme de comprimés, soit accepté. Je crois comprendre que l'argument présenté par les personnes qui préfèrent fumer la marihuana quand elles la consomment à des fins médicales est qu'elles ne peuvent garder le comprimé une fois qu'elles l'ont avalé. Les gens en phase terminale et ceux qui souffrent de nausées et de vomissements ont de la difficulté à ne pas rejeter le comprimé. Quand cela se produit avec d'autres médicaments, on peut recourir à d'autres modes d'administration. On se sert de suppositoires, d'injections intramusculaires, d'injections intraveineuses et vous dites qu'il existe aussi des inhalateurs.

    Avez-vous des commentaires à ce sujet, sur le fait notamment que la marihuana, sous forme de comprimés, est déjà inscrite au CPSP?

º  +-(1655)  

+-

    La présidente: Dr Fry, pouvez-vous nous expliquer ce que signifient les lettres CPS? Je sais que vous parlez d'un livre bleu, dont je ne me souviens plus du titre. C'est un compendium ou quelque chose du genre.

+-

    Mme Hedy Fry: Les lettres CPS désignent le Compendium des produits et spécialités pharmaceutiques, un compendium des drogues pharmaceutiques. C'est généralement le livre qu'utilisent les médecins pour établir des ordonnances. Il énumère les effets secondaires, les indications sur l'usage, les doses à utiliser, etc.

+-

    La présidente: Merci.

+-

    Mme Christy Ferguson: Madame la Présidente, j'ai quelques précisions à apporter à ce sujet. Le comprimé en question s'appelle du dronabinol. C'est une capsule de THC indiquée pour les nausées et les vomissements associés à la plupart des traitements de chimiothérapie et au syndrome cachectique. Dans les deux cas, quoique pas nécessairement pour les—traitements de chimiothérapie, car on l'a surtout administré aux patients souffrant du sida—on s'en sert en phase terminale. Des patients ont demandé qu'on leur administre la drogue autrement que sous forme de comprimés, en raison de leurs nausées, et on a pensé qu'il pourrait être indiqué de les faire fumer la drogue dans ces cas précis.

    On s'est aussi plaint que la drogue prise sous forme de comprimés prenait plus de temps à agir—tandis que, fumée, elle se répand beaucoup plus rapidement dans le système—de plus, le THC n'est pas nécessairement l'ingrédient actif le plus important. Tout dépend de la maladie qu'on traite. Dans le cas de l'épilepsie, par exemple, il semble que le CBD, ou peut-être une combinaison, soit l'ingrédient actif. Nous ne savons vraiment pas.

    Pour revenir à l'autorisation accordée aux personnes atteintes du sida de fumer de la marihuana, disons qu'elle était peut-être indiquée ou fournie pour des raisons humanitaires. Sauf que maintenant, on recommande de fumer de la marihuana pour soulager différents maux, dont beaucoup sont chroniques. Des personnes pourraient donc fumer quotidiennement de la marihuana pendant des années, à compter de l'âge de 20 ans. Nous voudrions que l'on fasse plus de distinctions.

+-

    Dr Jim Walker: Si je peux me permettre, je ferai une comparaison avec un produit communément utilisé dans le traitement des maladies du coeur, la nitroglycérine. Les personnes qui souffrent d'angine en raison d'une insuffisance du flot sanguin allant au coeur prennent de la nitroglycérine en l'inhalant ou par administration sublinguale parce que, pris oralement, ce produit n'agit pas suffisamment rapidement pour procurer un soulagement. Consommé de cette façon, il atteint rapidement les poumons et le coeur. Après l'injection intraveineuse, c'est le mode d'administration le plus rapide. Or, on n'a jamais songé à faire fumer la nitroglycérine. On a mis au point un vaporisateur approprié ou une méthode d'administration sublinguale parce que les comprimés de nitroglycérine à action prolongée ne procurent pas un soulagement immédiat.

    Encore une fois, le problème principal est le mode d'administration. Fumer la marihuana ne représente pas le bon mode d'administration de cette drogue. Il s'agit d'un moyen toxique qui va assurément entraîner des problèmes à long terme si on le recommande pour le traitement des maladies chroniques. Si on prescrivait de fumer de la marihuana uniquement aux personnes en phase terminale, nous ne serions probablement pas ici. Nous y verrions nous aussi des raisons humanitaires. Mais lorsqu'on encourage cette pratique pour le traitement de maladies chroniques et pour «n'importe quoi», en invoquant des raisons plus ou moins valables, nous percevons un réel danger.

+-

    Mme Hedy Fry: Merci.

+-

    La présidente: Merci.

    Madame Allard.

[Français]

+-

    Mme Carole-Marie Allard (Laval-Est, Lib.): Merci, madame la présidente.

    Moi, je m'intéresse à votre organisation: Médecins pour un Canada sans fumée. Est-ce que vous avez des membres au Québec qui font partie de Médecins pour un Canada sans fumée?

+-

    Mme Cynthia Callard: Oui.

+-

    Mme Carole-Marie Allard: Et vous êtes tous les trois médecins?

+-

    Mme Cynthia Callard: Non.

+-

    Mme Carole-Marie Allard: Vous êtes des représentants.

[Traduction]

+-

    Dr Jim Walker: Je suis médecin.

[Français]

+-

    Mme Carole-Marie Allard: Combien de membres comptez-vous au Canada?

[Traduction]

+-

    Mme Cynthia Callard: Notre organisme regroupe environ 1 500 médecins. Près de 500 membres renouvellent leur adhésion chaque année, si bien que notre existence repose sur la présence de membres actifs ou de personnes qui se tiennent au fait de la situation.

    Le Québec est probablement une des provinces où nous comptons le moins de membres, en partie parce que nous travaillons en étroite collaboration avec la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, qui constitue la principale coalition dans ce domaine au Québec. Nous n'ajouterions vraiment rien en établissant un organisme séparé dans cette province, car la coalition est parfaitement en mesure de faire le travail au Québec.

[Français]

+-

    Mme Carole-Marie Allard: Qui vous finance?

[Traduction]

+-

    Mme Cynthia Callard: Santé Canada nous donne un peu d'argent, tout comme nos membres et les fondations privées. Nous recevons aussi des fonds d'une société pharmaceutique aux fins d'un programme de sensibilisation du public, et nous avons reçu de l'argent de sociétés pharmaceutiques dans le passé.

    Notre site web renferme nos états financiers. On peut y accéder...

[Français]

+-

    Mme Carole-Marie Allard: Je sais. Ça va. Merci beaucoup.

[Traduction]

+-

    La présidente: Juste avant de passer à une seconde ronde de questions, j'ai deux choses à dire. La première a trait à la question de Carol Chafe.

    Un grand nombre de soldats américains sont revenus du Viêt-nam souffrant de douleurs chroniques et avec une dépendance à la marihuana, ou une forte habitude de consommation de cette drogue. Ils n'étaient peut-être pas des sujets parfaits pour des essais, mais ont-ils été soumis à des études visant à vérifier certaines informations concernant les effets à long terme de l'usage de la marihuana sur la santé? Les effets peuvent être difficiles à déceler si les sujets sont aussi des fumeurs et qu'ils ont été exposés à l'agent Orange, mais a-t-on procédé à des études il y a quelques années lorsqu'ils ont commencé à rentrer au pays?

»  +-(1700)  

+-

    Mme Christy Ferguson: Je ne pense pas que des études importantes aient été effectuées sur ces personnes, bien que j'aie lu que certaines personnes avaient tenté d'utiliser cet exemple. Le taux élevé de tabagisme et d'autres facteurs environnementaux, comme vous l'avez mentionné, compliquaient les études. On sait que certains de ces soldats ont souffert de cancers anormalement virulents qui se sont manifestés à un âge inhabituellement précoce. L'échantillonnage est très limité, mais on a recensé certains cas en raison de la gravité des dommages à un si jeune âge.

+-

    Dr Jim Walker: J'ignore le niveau de connaissances préalables du comité sur le sujet, mais il est important de souligner que la règle d'or dans les études en médecine, et sur les produits pharmaceutiques en particulier, consiste à faire des essais à double insu contrôlés. Peut-être que vous savez déjà cela, mais dans ces études fondées sur des ouï-dire portant sur des anciens du Viêt-nam ou des personnes atteintes d'épilepsie, il y a un numérateur, mais il n'existe pas de dénominateur et on n'entend parler de rien d'autre à ce sujet. Il n'y est pas question de preuves contraires ni d'autres variables confusionnelles, si bien qu'on y trouve toutes sortes de distorsions. Alors nous ne savons vraiment pas quelle importance accorder à ces études. Est-ce l'agent Orange qui a causé ces cancers, ou est-ce la marihuana ou quelque chose d'autre? Nous n'en savons rien.

+-

    La présidente: Oui, mais j'aimerais savoir, Dr Walker, si de telles études ont été effectuées. Je reconnais que ma question comportait toute une série d'éléments, et qu'elle aurait pu en contenir plus, mais tous ces anciens combattants du Viêt-nam, qui tous fumaient de la marihuana et souffraient des mêmes cancers, devaient sûrement présenter de l'intérêt pour certains chercheurs.

+-

    Dr Jim Walker: Sans doute, et cela les aurait incités à entreprendre une étude ou des essais pertinents.

+-

    La présidente: Effectivement.

    Et combien de temps faut-il pour effectuer un essai pertinent?

+-

    Dr Jim Walker: Tout dépend de ce qu'on cherche, et si on examine les effets à court ou à long terme. Cela dépend aussi du nombre de personnes que l'on peut mobiliser et... Je ne suis pas un épidémiologiste, mais il faut penser au nombre de personnes qui devront participer à l'étude afin que celle-ci soit crédible et significative.

+-

    La présidente: Ainsi, vous nous demandez d'encourager le gouvernement à commander des études à long terme et à court terme, mais quelle serait la portée de ces études?

+-

    Dr Jim Walker: Si vous faites référence au nombre d'années, je devrais certainement consulter un épidémiologiste pour vous donner une réponse directe. Encore une fois, cependant, je tiens à souligner qu'aucun volet de ces études ne devrait être consacré à la fumée de marihuana, parce que nous savons qu'elle est nocive.

+-

    La présidente: Et cela pose un problème d'éthique.

+-

    Dr Jim Walker: Oui, cela pose un problème d'éthique parce que nous savons qu'il est dommageable pour la santé de fumer de la marihuana.

+-

    La présidente: Est-ce parce que les joints de marihuana ne contiennent pas de filtre, contrairement à la majorité des cigarettes, que la fumée de marihuana renferme beaucoup plus de goudron et de benzopyrène que celle du tabac?

+-

    Dr Jim Walker: Je pense que c'est surtout parce qu'il s'agit d'une plante différente.

+-

    La présidente: D'accord, mais les deux produisent du goudron et du benzopyrène?

»  +-(1705)  

+-

    Dr Jim Walker: Oui.

+-

    La présidente: Mme Callard, vous vous disiez inquiète que personne ne fasse même état des préoccupations que suscite la marihuana. Si elle peut avoir des effets bénéfiques, on s'inquiète du fait qu'on la fume. Je dois vous dire que nous avons entendu le Dr Doug Gourlay, de l'Hôpital Mont-Sinaï à Toronto, exprimer des craintes à propos du fait que n'importe quel médecin peut autoriser quelqu'un à fumer n'importe quoi de nos jours. Nous avons donc entendu certains témoignages et nous avons interrogé certaines personnes à ce sujet.

    J'ai lu un long article dans le Globe and Mail sur la méthode d'administration de cette drogue, sur la façon dont les essais seront effectués et sur la forme finale que prendra le produit cultivé dans les Prairies. Je crois donc qu'il y a eu des discussions sur le sujet, quoi que peut-être pas suffisamment.

    Évidemment, je suis un peu plus inquiète du fait que les jeunes croient qu'il est préférable de fumer de la marihuana que de conduire en état d'ébriété, ce qui prouve qu'ils ont encore beaucoup de choses à apprendre. Il serait peut-être extrêmement important que le gouvernement mette en oeuvre un plan de communications. Sauf que le gouvernement, paraît-il, est l'interlocuteur que l'on croit le moins, alors je ne suis pas sûre qu'il devrait s'occuper de la sensibilisation. Mais votre témoignage aide sûrement à faire passer le message.

+-

    Mme Cynthia Callard: Les gens croient beaucoup à Santé Canada. C'est un organisme très crédible. Tous les sondages que j'ai vus démontrent que les messages de Santé Canada sur les effets de telle ou telle chose sur la santé sont bien accueillis.

+-

    La présidente: Si on pouvait seulement convaincre les jeunes filles d'arrêter de fumer la cigarette.

    Monsieur White, avez-vous d'autres questions?

+-

    M. Randy White: J'en ai une courte.

    Je partage certainement votre point de vue. Je ne pourrai jamais comprendre pourquoi quelqu'un voudrait rendre légal le fait de fumer de la marihuana alors que l'on dépense des centaines de millions de dollars chaque année pour dire aux gens qu'il est mauvais pour la santé de fumer.

    Quand je regarde l'ensemble de la question, je me demande si les pays qui légalisent l'usage de la marihuana, en normalisant la consommation de cigarettes de marihuana, ne voient pas leurs décisions dictées par la panique. Peut-être croient-ils ne pas pouvoir éradiquer cette drogue et, désireux de priver les criminels des profits tirés du commerce illicite, ils se sont résolus à trouver une solution rapide au problème.

    D'après ce que vous avez dit, je suis d'accord pour qu'on procède à des études sur la question. Je ne suis pas du genre à examiner les études et à faire ce genre de choses, mais je comprends ce que vous dites. Nous ne connaissons pas vraiment les effets physiques réels de la fumée de marihuana. Nous ignorons certainement les effets de l'ingestion d'ecstasy, parce que c'est une nouvelle drogue sur le marché, ni de l'héroïne, je suppose, ou du crack.

    Je veux seulement poser une question rhétorique. Vous estimez que nous n'en savons pas suffisamment sur ces questions, sur les effets que pourrait avoir le fait de fumer l'un ou l'autre de ces produits, pour pouvoir se prononcer de façon éclairée sur ce sujet. Est-ce bien ce que vous dites?

+-

    Dr Jim Walker: Nous ne connaissons pas suffisamment les effets bénéfiques de la marihuana.

    Mais tout dépend du niveau de vérité et des preuves que l'on cherche. Il existe certainement des preuves subjectives ou anecdotiques des bienfaits de la marihuana, et il y a tout lieu d'étudier ces bienfaits. C'est comme ça que l'on découvre de nouveaux produits. Mais pour ce qui a trait aux avantages supplémentaires que pourrait offrir la plante, ou une substance purifiée ou un composé dérivé de la plante, et surtout les risques qu'elle peut poser, nous nageons dans le noir.

    Encore une fois, si on fait un parallèle avec le tabac, on pensait il y a 40 ans que le tabac causait le cancer et une maladie respiratoire obstructive chronique. Or, il s'est avéré dans les 40 années suivantes que plus de gens mouraient de cardiopathies liées au tabac que de maladies respiratoires. Nous avons aussi appris que le tabac causait le cancer de la vésicule biliaire, le cancer du pancréas et d'autres maux éloignés du lieu d'impact évident de la fumée, c'est-à-dire les poumons. Et voilà maintenant que le cancer du sein est de plus en plus fréquent.

    Il existe donc toutes sortes d'autres scénarios auxquels on ne pense pas immédiatement quand on étudie une substance à plus long terme. Si on remontait le temps et qu'on se retrouvait en 1962 en train d'étudier le tabac, plutôt que la marihuana, nous ferions tout en notre pouvoir, avec les connaissances que nous aurions, pour freiner l'usage de ce produit. Du point de vue de la santé publique, et j'espère aussi du point de vue politique, nous détenons certainement aujourd'hui une longueur d'avance, en ce sens que nous pouvons tirer des leçons de l'épidémie de tabagisme et nous montrer plus intelligents cette fois-ci.

    Le simple fait que d'autres pays aient légalisé l'usage de la marihuana ne signifie pas que nous devrions leur emboîter le pas. Nous avons la possibilité d'examiner la question adéquatement et de manière constructive. Je suis conscient des préoccupations d'ordre juridique et des questions de responsabilité, mais nous devrions d'abord examiner la question de santé.

»  +-(1710)  

+-

    La présidente: Monsieur Ménard, avez-vous d'autres questions? Non?

    Monsieur White.

+-

    M. Randy White: La profession médicale est-elle d'avis que la fumée secondaire de la marihuana est moins nocive que celle de la cigarette? Est-ce bien le cas? Vous devriez vous asseoir certains soirs dans ma cour en Colombie-Britannique pour respirer la fumée venant de la cour des voisins.

+-

    La présidente: C'est justement la raison pour laquelle Randy aime s'asseoir dans sa cour.

+-

    Des voix : Oh! Oh!

+-

    M. Randy White: La fumée secondaire de la marihuana a-t-elle les mêmes effets que la fumée secondaire de la cigarette?

+-

    Mme Christy Ferguson: Il n'y a pas eu d'études sur le sujet, mais d'après ce que nous savons, nous serions portés à croire qu'elle produirait des effets similaires.

+-

    Mme Cynthia Callard: Lorsque vous respirez cette fumée, que respirez-vous au juste? Vous respirez des particules qui vont se loger dans vos poumons. Parmi ces particules, il y a de nombreuses substances cancérigènes. Plus vous êtes exposés à de telles substances, plus vous courez de risques d'avoir un jour le cancer.

    Ce qui est ironique dans tout cela, c'est qu'on parle dans les journaux d'un fumoir à Vancouver où les gens peuvent aller pour fumer des cigarettes de marihuana afin de soulager leurs maux. Tous les autres travailleurs dans cette partie de Vancouver sont protégés contre la fumée secondaire. On ne peut pas fumer dans ces endroits. C'est complètement fou. Les politiques sur les milieux de travail sans fumée sont totalement incohérentes, même à Vancouver. Oui, nous sommes protégés contre la fumée secondaire, mais les personnes qui travaillent dans ces endroits où l'on prodigue des soins humanitaires n'ont aucune protection contre la fumée secondaire de marihuana.

    Je pense que nous avons suffisamment de raisons de dire que l'exposition à la fumée secondaire de marihuana ou de tabac, ainsi qu'à d'autres formes de matières à moitié consumées, est dangereuse et que les personnes devraient être protégées et se protéger elles-mêmes contre une telle exposition.

+-

    La présidente: Merci.

    Dr Fry.

+-

    Mme Hedy Fry: Il y a quelques questions que j'aurais aimé poser, mais nos témoins ne semblent pas en mesure d'y répondre. Alors, merci, je n'ai rien à ajouter.

+-

    La présidente: Très bien.

    Madame Allard?

[Français]

+-

    Mme Carole-Marie Allard: Je voudrais que votre participation soit claire. Ce que vous dites, c'est que vous êtes contre la fumée. Donc, vous dites que le programme de distribution de marijuana par Santé Canada ne devrait pas exister parce que faire fumer des gens, c'est néfaste pour leur état de santé. C'est ce que vous dites.

    Nous, on est là pour étudier l'utilisation des drogues. Ça veut dire que vous ne vous opposez pas à ce qu'on donne à ces gens-là d'autres drogues sous d'autres formes que la cigarette pour les soulager, mais vous êtes contre la fumée.

    Êtes-vous contre la légalisation des drogues? Avez-vous une position sur l'héroïne, la cocaïne, les choses qu'on ne fume pas? Est-ce que vous prenez position sur ces...?

[Traduction]

+-

    Mme Cynthia Callard: Nous n'avons pas non plus d'opinion sur la légalisation de la marihuana, de l'héroïne ou de quoi que ce soit d'autre, Nous ne sommes pas ici pour parler de l'aspect légal de la question, mais pour soulever des questions concernant les conséquences pour la santé de l'usage de la marihuana. J'espère que vous pourrez obtenir l'avis d'autres témoins sur les mesures législatives qui réduiront au minimum l'impact sur la santé publique.

+-

    Mme Carole-Marie Allard: Vous en avez seulement contre le fait de fumer la marihuana.

+-

    Mme Cynthia Callard: Oui.

    Les gens fument d'autres substances, mais nous n'avons pas...

+-

    Mme Carole-Marie Allard: Comme du haschich.

+-

    Mme Cynthia Callard: Le haschich est de la mari...

+-

    Mme Carole-Marie Allard: C'est différent, mais vous êtes contre également, parce qu'on consomme le haschich en le fumant.

+-

    Mme Cynthia Callard: Oui.

+-

    Mme Carole-Marie Allard: Merci.

+-

    Dr Jim Walker: Nous ne disons pas, cependant, qu'il est sécuritaire de prendre ces drogues d'une autre façon. Nous disons que nous sommes complètement dans le noir à ce sujet.

+-

    Mme Hedy Fry: En fait, j'ai une question. C'est une question de principe. Je peux très bien la poser puisque le comité s'intéresse à l'usage des drogues à des fins non médicales.

    On peut dire qu'aucune drogue n'est dépourvue d'une conséquence négative ou d'un effet secondaire. Absolument aucune. Lorsque vous prescrivez une drogue à des fins médicales, vous mesurez ses bienfaits aux plans thérapeutique, curatif et autres, par rapport à ses inconvénients et ses effets secondaires, et vous surveillez le patient pour évaluer ces effets secondaires et déterminer si le remède est pire que le mal. C'est ce que vous faites.

    Quand on parle de l'utilisation que l'on fait de certaines drogues, il faut déterminer si ces subtances servent en dehors de la médecine, comme moyen thérapeutique, comme analgésique, etc. Si elles sont consommées seulement pour le plaisir, elle ne présentent aucun effet positif, si ce n'est qu'elles procurent à son utilisateur une bonne sensation. Ce dernier finira donc par ne ressentir que leurs effets négatifs, et il n'y a pas moyen de contrôler l'usage de ces substances. Voilà pourquoi certaines drogues utilisées en médecine peuvent être employées de façon illicite ou à des fins récréatives, sans aucun contrôle, et, une fois que leurs composantes toxicomanogènes commencent à faire effet, les consommateurs deviennent des utilisateurs chroniques. Je pense que l'on peut dire cela sans se tromper.

    Alors, ce que vous suggérez, c'est qu'avant qu'un gouvernement dise qu'il est sécuritaire d'utiliser telle ou telle drogue, on devrait procéder à des études complètes et pertinentes, à double insu, pour vraiment connaître les effets positifs et négatifs de cette drogue.

»  +-(1715)  

+-

    Mme Cynthia Callard: Dans un cadre thérapeutique, oui.

+-

    Mme Hedy Fry: Dans un cadre thérapeutique.

    Dois-je comprendre par là que l'on devrait médicaliser l'usage de la cocaïne, du crack et de toutes ces drogues de cette façon?

+-

    Mme Cynthia Callard: Elles sont médicalisées. Vous pouvez...

+-

    Mme Hedy Fry: Croyez-vous que ce serait une façon d'agir avec ces gens qui utilisent ces drogues actuellement? Il faut nous occuper des personnes qui utilisent déjà ces drogues. Nous pouvons empêcher les autres de développer une dépendance, mais que fait-on des utilisateurs actuels?

+-

    Dr Jim Walker: À court terme, le plus important, comme Cynthia l'a mentionné plus tôt, c'est de sensibiliser les gens au fait que le petit sac de drogues qu'ils achètent ne s'accompagne pas d'une mise en garde. Ils ne peuvent donc pas en faire un usage éclairé, ne connaissant pas les risques auxquels ils s'exposent eux-mêmes et ils exposent les autres en les utilisant.

+-

    Mme Hedy Fry: Mais cela ne représente pas une solution pour les utilisateurs actuels. Je parle des gens qui consomment déjà une drogue particulière, qui y sont accrochés ou habitués.

+-

    Mme Cynthia Callard: Des propositions semblables ont été faites pour médicaliser le tabac, par exemple. Certaines personnes ont parlé de la nécessité d'obtenir une ordonnance du médecin et de contrôler l'accès à une substance donnée comme s'il s'agissait d'un médicament. On a rejeté cette idée dans le cas du tabac, soit parce qu'on ne peut la mettre en pratique pour l'instant ou parce qu'elle ne règle pas réellement le problème. Je pense que le comité voudrait peut-être se pencher sur cette question.

    Somme toute, le gouvernement a médicalisé l'usage de la marihuana en réponse à des exigences d'ordre juridique. Nous croyons qu'il s'agit d'une mauvaise décision, et je ne pense pas que l'on puisse médicaliser davantage cette pratique, à moins que ce soit dans le cadre d'un politique ou d'un train de politiques cohérentes qui tiennent compte de préoccupations au plan thérapeutique.

+-

    Mme Hedy Fry: Il faut appliquer à cela d'autres freins et contrepoids.

+-

    Mme Cynthia Callard: Oui.

+-

    La présidente: Pour faire suite à ce qui a été dit à propos de la cigarette et du changement de son mode de distribution, je pense que si les gens parlent de fumer de la marihuana à des fins médicales, c'est parce qu'il s'agit actuellement du mode d'administration le plus rapide, le plus facile et le moins coûteux, et qu'il est facile de se procurer cette drogue partout en Colombie-Britannique et dans d'autres parties du pays.

    J'ajouterai à votre réponse à la question posée précédemment par le Dr Fry au sujet des avantages et des inconvénients, que toutes les drogues présentent des inconvénients. Vous disiez qu'elles ne posent pas vraiment un problème pour les patients en phase terminale. Puisqu'ils vont mourir de toute façon, il n'y a pas lieu de craindre qu'ils développent un cancer du poumon s'ils fument de la marihuana.

    Les patients en phase terminale peuvent fumer cette drogue aussi bien que des cigarettes, mais les malades chroniques soulèvent une grande inquiétude sous ce rapport. Il faut trouver une nouvelle méthode d'administration qui fonctionne.

    Vous acquiescez tous. C'est bien.

    Je dois dire que je me posais des questions sur le gâteau. Je me demandais s'il s'agissait d'une sorte quelconque de brownie, mais nous l'avons trouvé bon malgré tout.

+-

    Des voix: Oh! Oh!

+-

    La présidente: Je me demandais si c'était une expérience ou quelque chose du genre.

+-

    Des voix: Oh! Oh!

+-

    La présidente: Y a-t-il d'autres questions? Non?

    Au nom de tout le comité, je vous remercie d'avoir comparu devant nous aujourd'hui. Sachez que le comité poursuivra ses audiences jusqu'en juin. Il devrait alors avoir suffisamment de matière pour rédiger son rapport, qu'il présentera à la Chambre en novembre 2002. S'il se produisait des faits nouveaux ou si l'un ou l'autre d'entre vous mettait la main sur des études qu'il voudrait nous communiquer, nous serions heureux que vous nous en fassiez part. Vous pouvez communiquer avec Carol Chafe, notre greffière, qui veillera à ce que nous recevions tout dans les deux langues officielles.

    Encore une fois, je m'excuse sincèrement de mon retard. À cause des hommages rendus à la Chambre des communes en cette journée historique et d'une foule d'autres choses, je n'ai pas pu me libérer plus tôt. Je suis heureuse, cependant, d'avoir pu entendre vos témoignages. Merci.

+-

    Dr Jim Walker: On pourrait dire que lorsque Herb Gray a été élu pour la première fois, le niveau de connaissances sur le tabac correspondait à peu près à celui que l'on a actuellement sur la marihuana. Tout s'imbrique donc parfaitement.

»  -(1720)  

+-

    La présidente: Oui, et j'allais dire plus tôt que j'ai vu certaines annonces publicitaires des années 60 où les médecins vantaient leur marque de cigarettes favorite.

+-

    Dr Jim Walker: C'est juste.

+-

    Mme Cynthia Callard: Les compagnies de tabac utilisaient les médecins pour annoncer leurs produits.

+-

    La présidente: Ils participaient à cela, oui.

+-

    Dr Jim Walker: J'ai conservé cette annonce qui disait « Les médecins fument la Camel plus que toute autre cigarette. »

+-

    La présidente: Oui, je me souviens. C'était une chose horrible à faire.

+-

    M. Randy White: C'est votre faute si j'ai commencé à fumer.

+-

    Dr Jim Walker: J'en prends l'entière responsabilité, mais vous devez reconnaître que...

+-

    M. Randy White: ...vous m'avez fait arrêter, oui.

+-

    La présidente: Évidemment, en 1962, je ne savais rien de tout cela, ni vous Mme Ferguson.

+-

    Dr Jim Walker: [Note de la rédaction: inaudible]

-

    La présidente: Oui, vous avez raison, mais je vous en sais gré.

    Nous vous souhaitons bonne chance dans votre travail et vous remercions.

    La séance est levée.