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FOPO Rapport du Comité

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Dans la section précédente du rapport, nous avons recommandé des lois et règlements pour régir le développement de l’aquaculture au Canada. Cependant, le Comité a également entendu des témoignages qui visaient avant tout les problèmes environnementaux de la salmoniculture à l’aide de cages en filet. Ces questions particulières doivent être discutées plus en détail. Plusieurs groupes de la côte Ouest s’opposent encore vivement à la salmoniculture et pour diverses raisons. Les salmoniculteurs estiment que l’essentiel de cette opposition se fonde sur une information dépassée. Ils concèdent que leur activité n’était pas gérée de façon optimale à ses débuts, mais affirment que les progrès récents dans les méthodes et les techniques d’élevage ont réduit au minimum les effets sur l’environnement.

Le contentieux comprend :

 le risque de colonisation des rivières de la C.-B. par des saumons de l’Atlantique évadés;
 l’interaction génétique entre le poisson d’élevage évadé et le poisson sauvage, que l’on craint surtout sur la côte Est;
 le danger que le saumon d’élevage transmette des maladies au poisson sauvage et la nécessité d’un programme national de santé des animaux aquatiques;
 l’effet sur l’environnement des déchets organiques provenant des cages en filet;
 la viabilité écologique du secteur aquacole;
 enfin, le recours aux médicaments, pesticides et autres produits chimiques par l’industrie salmonicole, et les autres dangers pour la santé humaine.

Poissons évadés

Un des problèmes les plus importants présentés au Comité est celui des poissons évadés. Les témoins ont parlé de diverses questions connexes, dont la colonisation de l’habitat du saumon sauvage, la concurrence pour la nourriture entre les saumons évadés et les saumons sauvages, la prédation, les interactions génétiques, ainsi que les transferts de maladies et de parasites des saumons d’élevage aux saumons sauvages. On insiste de façon différente sur ces dangers sur les côtes Ouest et Est. En Colombie-Britannique, le saumon de l’Atlantique est une espèce exotique potentiellement envahissante. Bien des témoins craignent qu’il réussisse à coloniser les cours d’eau de la côte et établisse des populations artificielles, capables de concurrencer les saumons indigènes. Sur la côte Est, où le saumon d’élevage et le saumon sauvage sont tous deux des saumons de l’Atlantique, on craint particulièrement que des croisements ne réduisent l’aptitude à la survie du saumon sauvage.

Colonisation

Le programme de surveillance du saumon de l’Atlantique (PSSA)35 signale qu’entre 1991 et 2001, plus de 413 000 saumons de l’Atlantique se sont échappés en Colombie-Britannique36. Ce chiffre est peut-être sous-estimé. Les aquaculteurs sont tenus de signaler chaque cas de fuite, mais les petites évasions passent souvent inaperçues. Pendant les 11 années pour lesquelles le programme donne des données sur les évasions, la proportion de saumons de l’Atlantique évadés (par rapport à la proportion des autres saumons d’élevage évadés) croît de façon linéaire avec le nombre de saumons de l’Atlantique d’élevage. Depuis cinq ans, les deux tiers des poissons évadés sont des saumons de l’Atlantique. Durant la même période, les prises commerciales de saumon ont diminué chaque année, et donnent un total approximatif de 209 millions pour la période 1991-200137. Les débarquements de saumons sont considérés comme fonction des effectifs sauvages. Cependant, un rapport récent des chercheurs du MPO attribue la chute rapide des saumons du Pacifique (plus accentuée chez le coho et le quinnat) à une combinaison du changement climatique, de la surpêche et de la destruction de l’habitat d’eau douce. Les chercheurs affirment en outre que malgré les liens spéculatifs, la salmoniculture constitue un risque faible pour les stocks de saumons sauvages. De plus, ils concluent que les programmes actuels d’écloserie pour les saumons du Pacifique posent un risque génétique bien plus grave pour ces espèces que les fermes salmonicoles, car ils réduisent la diversité génétique et remplacent les saumons sauvages par des saumons de pisciculture38.

Entre 1905 et 1934, on a tenté à plusieurs reprises d’introduire le saumon de l’Atlantique sur la côte du Pacifique pour la pêche sportive39. Ces tentatives ont échoué pour des raisons encore mal connues. Ces échecs sont présentés comme preuve que les saumons de l’Atlantique échappés récemment ne réussiront pas non plus à s’établir. Le rapport d’examen de la salmoniculture (SAR) conclut également en 1997 que la colonisation ne constituerait pas un problème sérieux. De nos jours, la situation est différente. Le saumon de l’Atlantique se retrouve aujourd’hui en eau douce et en eau salée en Colombie-Britannique, et jusqu’en Alaska au Nord. Ce qui est plus grave, l’espèce se reproduit, comme l’indique l’observation récente de juvéniles et d’adultes dans trois rivières de Colombie-Britannique40. On a trouvé pour la première fois en 1998 des preuves que le saumon de l’Atlantique se reproduisait dans la nature sur la côte Ouest, dans la rivière Tsitika au nord-est de l’île de Vancouver. Depuis, on a découvert le frai du saumon de l’Atlantique dans deux autres rivières41, et on a trouvé des juvéniles dans quatre autres. Ces observations contredisent l’allégation antérieure du Ministère que le saumon de l’Atlantique ne peut pas survivre dans la nature et en tout cas ne peut pas s’y reproduire avec succès42.

Le Comité a entendu des avis variés sur la probabilité de colonisation. M. John Volpe affirme qu’elle est inévitable. Ses données préliminaires donnent à penser que le saumon de l’Atlantique connaîtrait une adaptation rapide durant la colonisation, avec des effets imprévisibles et probablement irréversibles sur les populations indigènes43. Un atelier sur la salmoniculture organisé par l’Université Simon Fraser conclut que la possibilité que le saumon de l’Atlantique réussisse à envahir le Pacifique nord-est ne peut plus être considérée comme lointaine. Les participants à l’atelier craignent que la sélection naturelle ne produise une population mieux adaptée à la compétition44 :

Même si, au début, ces poissons d’élevage sont à peine capables de maintenir de petites populations face à la concurrence agressive des saumons du Pacifique sauvages, mais il n’y a pas de place pour la complaisance. Le saumon de l’Atlantique peut produire un grand nombre de descendants. Seuls les mieux adaptés survivront et se reproduiront. La sélection pourrait un jour donner lieu à des poissons ayant des capacités concurrentielles considérablement différentes des colonisateurs d’origine.

Par ailleurs, selon M. David Groves, le saumon de l’Atlantique n’est pas une vraie espèce envahissante45. Cet avis s’appuie sur le fait qu’une fois disparu d’un endroit, le saumon de l’Atlantique est difficile à réinstaller dans son aire de distribution. À l’origine, Salmo était circumpolaire; il y a 15 millions d’années cependant, le genre Oncorhynchus (les saumons du Pacifique) s’est différencié du saumon de l’Atlantique. Même s’il était présent dans le bassin du Pacifique avant le genre Oncorhynchus, le saumon de l’Atlantique y a disparu. M. Groves pense que cela a pu se produire parce qu’il était incapable de s’adapter au changement de l’environnement ou simplement parce que la concurrence des saumons du Pacifique l’a éliminé.

M. Eric Taylor de l’Université de la Colombie-Britannique souligne la carence d’information équilibrée et la recherche insufissante au MPO pour évaluer objectivement les effets écologiques et génétiques éventuels des saumons de l’Atlantique échappés46.

Interactions génétiques

Le risque d’interactions génétiques entre les saumons sauvages et d’élevage représente une des grandes craintes sur la côte Est. Les populations nord-américaines sauvages de saumon de l’Atlantique diminuent depuis 30 ans pour des raisons mal connues47. Sa montaison dans les rivières de frai a diminué à la fois en Europe et en Amérique du Nord. En même temps, l’aquaculture s’est développée, en particulier la salmoniculture. La menace posée par les saumons d’élevage évadés doit figurer parmi les facteurs de ce déclin. Les poissons d’élevage sont aujourd’hui beaucoup plus nombreux que les poissons sauvages sur la côte Est, et les poissons échappés dominent aujourd’hui les montaisons dans les zones où sont situées les fermes salmonicoles48. Sur la côte Est, la salmoniculture se concentre dans la baie de Fundy, qui compte pour 90 % de la production dans l’Est du Canada. Dans son rapport sur l’état des stocks de 1998, le MPO signale qu’en 1994, entre 20 000 et 40 000 saumons de l’Atlantique se sont évadés49. Il semble que des rapports plus récents sur les évasions sur la côte Est ne soient pas disponibles. Les auteurs du rapport du MPO concluent :

Il faut de toute urgence une évaluation plus complète de l’impact des saumons d’aquaculture évadés sur les stocks sauvages vu leur abondance croissante dans les rivières, et l’état déprimé de certains stocks sauvages.

Le saumon de l’Atlantique sauvage se caractérise par un grand nombre de populations génétiquement distinctes, chacune adaptée aux conditions particulières des cours d’eau où elles sont nées et où elles retournent frayer. Pendant des milliers d’années, l’évolution a adapté le génotype de chaque population à sa rivière natale. À l’inverse, le saumon d’élevage a été soumis à un programme de domestication intensif qui a sélectionné les poissons pour leur uniformité génétique, leur faible agressivité, leur résistance à la maladie et leur croissance rapide. Cette sélection a produit des stocks de saumons moins adaptés à l’environnement sauvage. On estime donc que les croisements entre les saumons d’élevage évadés et les saumons sauvages réduira la capacité de survie de ces derniers. Il y a un besoin pressant de recherches sur l’étendue et l’importance des adaptations génétiques locales chez le saumon. Ces adaptations sont sans doute issues de combinaisons complexes de gènes, résultat d’un long processus évolutif. La recherche est également nécessaire sur les conséquences à long terme des interactions génétiques entre les poissons d’élevage et les poissons sauvages.

Un rapport d’atelier du MPO en arrive à des conclusions semblables :

Le risque d’incidences néfastes est clair. Comme les stocks sauvages sont vraisemblablement adaptés à leur environnement local, il est fort peu probable que les saumons d’élevage évadés aient sur eux une influence favorable. Les connaissances actuelles sont toutefois insuffisantes pour préciser la nature exacte et le degré des incidences néfastes pouvant être escomptées50.

Tous les témoins ne partagent cependant pas ces conclusions. Le Commissaire au développement de l’aquaculture estime, à partir d’un rapport qu’il a commandé, que le flux génique a un effet positif sur les populations naturelles et que les croisements avec un petit nombre de poissons d’élevage échappés pourrait avoir un effet bénéfique sur une population sauvage. Dans son rapport intitulé Potential Genetic Interaction Between Wild and Farm Salmon of the Same Species, M. Ray G. Peterson affirme néanmoins51 :

Une intrusion massive de gènes de poissons d’élevage dans les pools géniques sauvages devrait causer de graves diminutions de l’adaptabilité à court terme. Le rétablissement est probable, mais il faudra plusieurs générations et le stock risque de ne pas survivre à l’envahissement initial.

Malheureusement, la situation actuelle sur la Côte atlantique de l’Amérique du Nord semble coller de très près à ce scénario.

Malgré l’adoption de mesures préventives par les salmoniculteurs, les poissons d’élevage continuent de s’évader dans la nature en grand nombre. En outre, une croissance soutenue de l’aquaculture risque d’entraîner plus de pertes de poissons en termes absolus. Le Comité estime que même avec sa croissance, l’aquaculture devrait être en mesure de réduire le nombre total de poissons évadés en combinant des mesures de gestion et de récupération améliorées et avec la menace de peines appliquées aux salmoniculteurs négligents.

Le Comité recommande :

RECOMMANDATION 11

Que des normes et règlements nationaux soient adoptés pour réduire au minimum la quantité de poissons qui s’évadent des enclos en filet. Ceux-ci devraient inclure :

 un contrôle indépendant de toutes les fermes aquacoles;
 un maintien de dossiers sur le système de confinement;
 un suivi des inventaires et des pertes;
 un système d’identification pour tous les poissons d’élevage;
 le signalement immédiat de toute évasion;
 des efforts vigoureux de récupération;
 enfin, des permis d’exploitation liés au respect de ces règles, avec amendes et annulation du permis lorsqu’il y a évasion de poissons.

De plus, que le MPO, de concert avec ses partenaires, intensifie les travaux de recherche visant la réduction des évasions de poissons des installations aquacoles et favorise la mise en œuvre des résultats de ces recherches.

Étant donné la contribution positive du PSSA dans la cueillette des données sur l’abondance et la distribution du saumon de l’Atlantique sur la côte Ouest, et l’absence de cette information pour la côte Est, le Comité recommande également :

RECOMMANDATION 12

Que le nombre d’inventaires annuels de cours d’eau entrepris dans le cadre du programme de surveillance du saumon de l’Atlantique sur la côte Ouest soit accru et qu’un programme similaire soit introduit sur la côte Est.

Santé des poissons

L’élevage de poissons en santé est essentiel pour l’industrie aquacole. Pour ce faire, celle-ci doit utiliser des aliments nutritifs et de bonne qualité, maintenir une densité d’occupation raisonnable, s’assurer que l’eau est d’une bonne qualité, limiter les sources de stress, acquérir et développer des stocks de poissons en santé, et utiliser de bonnes méthodes d’élevage. Les aquaculteurs ont financièrement tout intérêt à réduire le plus possible la prévalence des maladies et l’industrie a réalisé des progrès rapides dans la gestion des maladies. De nos jours, les taux de survie dépassent fréquemment 90 % dans la salmoniculture alors que les aquaculteurs avaient peine à atteindre des taux de 65 % en 198852. Malgré ces succès, la santé des poissons pose toujours d’importants problèmes. On ne critique pas tant l’incapacité de l’industrie à prendre les mesures voulues dans le secteur de la production que le fait qu’elle ne tienne pas compte des effets de la pisciculture sur la santé des poissons sauvages. Les détracteurs de l’industrie croient que la salmoniculture a eu un effet nocif sur les stocks naturels dans les régions où elle a été pratiquée et que les piscicultures ont constitué un facteur important dans le déclin des stocks de saumon sauvage en Norvège, en Écosse, en Irlande et sur les côtes ouest et est de l’Amérique du Nord. Ils soutiennent entre autres que le stress causé par la forte densité d’occupation des cages en filet prédispose les poissons d’élevage à la maladie. La proximité physique des poissons facilite en outre la transmission des agents pathogènes. Selon eux, quand des poissons d’élevage s’évadent ou des poissons sauvages s’approchent des cages en filet, les risques de contamination des stocks naturels augmentent.

La surveillance et la déclaration des maladies de même que les résidus de médicaments décelés dans l’environnement et la chair des poissons sont d’autres problèmes liés à la santé des poissons qui ont été soulevés par des témoins. L’Alliance de l’industrie canadienne de l’aquiculture préconise l’établissement d’un programme national de la santé des animaux qui soit complet et équitable et qui s’applique de manière spécifique à l’environnement aquatique. Ce programme devrait prévoir une surveillance générale, la déclaration obligatoire des maladies et l’indemnisation des aquaculteurs lorsqu’on ordonne la destruction de stocks entiers. Ce programme permettrait à l’industrie de réagir rapidement et efficacement aux poussées de maladies. Selon la proposition de l’Alliance, un tel programme pourrait permettre de mettre en œuvre une loi pertinente, d’élargir nos connaissances sur les maladies des animaux aquatiques, d’établir des procédures d’intervention pour les différentes maladies préoccupantes, et d’assurer une saine gestion de la santé des animaux aquatiques. L’industrie et le MPO travaillent déjà à l’élaboration d’un programme national de la santé des animaux aquatiques (PNSAA). Le Comité croit qu’un tel programme devrait être créé et mis en œuvre le plus tôt possible.

Par conséquent, le Comité recommande:

RECOMMANDATION 13

Que le ministère des Pêches et des Océans priorise l’élaboration et la mise en œuvre d’un Programme national de la santé des animaux aquatiques afin de prévoir :

 

le dépistage hâtif et la déclaration obligatoire des maladies des animaux aquatiques d’élevage;

 

l’adoption de règlements sur l’élimination des poissons morts ou malades;

 

un système d’indemnisation des aquaculteurs pour les éradications de stocks malades afin de favoriser une gestion efficace des maladies, système qui serait similaire à celui offert pour les autres types d’élevage.

La transmission de maladies aux poissons sauvages a d’ailleurs constitué l’une des principales préoccupations des témoins dans le domaine de la santé des poissons. Ces maladies peuvent être transmises de différentes façons : par des poissons évadés, par des agents pathogènes aquatiques, par des excréments, par l’introduction de poissons d’élevage ou de stocks provenant de l’étranger53, et par d’autres vecteurs comme le pou du poisson. Ainsi, tant le problème des évadés que la grande popularité des cages en filet peuvent contribuer à la transmission de parasites et de maladies des poissons d’élevage aux poissons sauvages. Néanmoins, il semble exister peu de preuves scientifiques directes et concluantes concernant ces vecteurs de transmission des maladies54. Cette situation peut s’expliquer en partie par la difficulté que pose l’étude de l’incidence des maladies chez les espèces sauvages. Le taux de survie des espèces sauvages est très faible comparativement aux espèces d’élevage, et la mortalité attribuable à la maladie est difficile à évaluer puisque la plupart des poissons sauvages malades meurent rapidement et sont donc rarement observés. Il est certain que la maladie est plus facile à observer dans un système d’élevage intensif55.

Comme pour les autres programmes similaires, le programme de gestion de la santé du poisson devrait être fondé à la fois sur la prévention et sur le traitement de la maladie. L’amélioration des taux de survie observée au cours des dernières années s’explique en partie par des vaccins et des techniques de vaccination plus efficaces, un dépistage plus strict des maladies dans les stocks de géniteurs, et l’isolement des classes d’âge56. L’amélioration des vaccins et le recours à de meilleures techniques d’élevage ont radicalement réduit le recours aux antibiotiques en salmoniculture à un tel point qu’on en utilise aujourd’hui beaucoup moins que dans toute autre industrie agricole de la planète57.

Le Comité recommande :

RECOMMANDATION 14

Que le ministère des Pêches et des Océans favorise la réduction de la densité d’élevage et le maintien de méthodes de prévention des maladies comme les vaccins et protocoles de vaccination efficaces afin de réduire l’incidence de la maladie dans les cages en filet.

La plupart des pertes enregistrées en salmoniculture sont attribuables à des maladies fongiques, bactériennes, virales ou parasitaires. En eau douce, les champignons et les protozoaires constituent les menaces les plus sérieuses. Comme les œufs sont particulièrement exposés aux infections fongiques, il faut les traiter à l’aide d’un fongicide. En eau salée, les trois principales sources de préoccupations sont : 1) les maladies pancréatiques, 2) le pou du poisson, et 3) la furonculose. Parmi les autres maladies possibles, notons la nécrose pancréatique infectieuse (I.P.N.), la vibriose et de rares cas de maladie bactérienne du rein. Les bactéries sont la cause des maladies les plus sérieuses observées en salmoniculture58. Les maladies bactériennes sont habituellement traitées à l’aide d’antibiotiques ou de l’immunisation, ou d’un mélange de ces deux méthodes.

Les maladies virales les plus répandues chez les salmonidés comprennent la nécrose hématopoïétique infectieuse, la septicémie hémorragique virale, la nécrose pancréatique infectieuse, et le papillome du saumon. Parmi les introductions récentes de virus, notons celui de l’anémie infectieuse du saumon décelé en 1996 dans des fermes de la baie de Fundy, et le virus du sarcome de la vessie natatoire du saumon observé dans des populations sauvages de saumon de l’Atlantique en 1998.

L’anémie infectieuse du saumon

Durant les audiences, il a surtout été question de l’anémie infectieuse du saumon (AIS). Cette maladie a été pour les première fois observée en Norvège, où une poussée survenue en 1984 s’est transformée en une véritable épidémie qui s’est répandue dans 98 fermes au cours des six années suivantes. Le virus a également infecté des fermes en Écosse. Au Canada, il a été décelé pour la première fois au Nouveau-Brunswick en 1996. En décembre 1997, dans un effort pour stopper la propagation de la maladie, le gouvernement provincial a ordonné l’élimination d’un grand nombre de poissons, ce qui a entraîné la fermeture de 25 % des installations de l’industrie. Entre avril 1998 et juin 2000, 55 fermes ont été infectées par ce virus et 4,1 millions de poissons ont dû être éliminés59. Aucune indemnisation n’était au départ planifiée pour ces mesures d’extermination ordonnées par le gouvernement, ce qui a poussé plusieurs aquaculteurs à retarder l’élimination de poissons possiblement infectés. Les pertes de l’industrie ont été finalement indemnisées grâce à une aide de 10 millions de dollars autorisée par le cabinet du Nouveau-Brunswick et à des fonds fédéraux de 34,2 millions versés en vertu des Accords d’aide financière en cas de catastrophe60. Ce virus a ensuite été découvert dans des stocks de saumon sauvage du Nouveau-Brunswick à la fin d’octobre 1999. Des témoins ont reproché au MPO de ne pas avoir immédiatement ordonné l’élimination des poissons infectés malgré l’expérience norvégienne61. En rétrospective, la poussée d’AIS survenue au Nouveau-Brunswick aurait probablement été gérée différemment si on avait disposé à l’époque d’un programme national de la santé des animaux aquatiques. L’existence en particulier d’un système d’indemnisation efficace des éleveurs dans les cas d’éradications ordonnées par l’État aurait en particulier fait une différence. Si un programme comme celui qui est proposé dans la recommandation 15 avait été en place, le gouvernement fédéral aurait dû assumer ses responsabilités et le Nouveau-Brunswick n’aurait pas été forcé d’intervenir.

Pou du poisson

Les saumons d’élevage sont vulnérables à plusieurs parasites externes et internes dont le plus important est le pou du poisson. Il s’agit d’un petit crustacé qui est un parasite externe des salmonidés et d’autres poissons. Il inflige des lésions à l’hôte en se nourrissant de son organisme et le rend plus vulnérable aux infections secondaires. Le pou du poisson cause des pertes substantielles à la salmoniculture en réduisant le taux de croissance et le taux de conversion de la nourriture, en réduisant la rentabilité des élevages par le coût du traitement antiparasitaire et de celui des infections secondaires et en augmentant la mortalité des poissons. Un témoin a évalué à plus de 340 000 $ le coût total de ce parasite pour chaque ferme salmonicole de C.-B.62.

Parmi les menaces de l’aquaculture pour le saumon sauvage, beaucoup d’observateurs considèrent que le pou du poison est le plus grave. Selon les témoins, des infestations chez le saumon sauvage ont eu lieu dans des pays comme la Norvège, l’Écosse et l’Irlande, en zones salmonicoles.

À l’été de 2001, le saumon juvénile qui retournait à la mer dans l’archipel de Broughton était anormalement infecté par le pou du poisson. Cette observation étonnante et inquiétante a suscité beaucoup de questions sur les causes de l’infestation. Des témoins comme Watershed Watch l’ont attribuée à la grande concentration de fermes salmonicoles dans le secteur. Même s’il s’agit d’un parasite présent dans la nature, bien des témoins pensent que la forte concentration de poissons dans les élevages peut constituer un foyer d’infestation pour les saumoneaux sauvages, nuisant ainsi à la pêche commerciale.

En décembre 2001, le MPO a produit un rapport sur l’incidence du pou dans le détroit de la Reine-Charlotte. Le rapport minimise l’effet des parasites sur la santé générale des saumoneaux sauvages, et considère que les jeunes saumons roses et les saumoneaux d’autres espèces recueillis durant deux inventaires sont en très bonne santé63. L’étude ne fait pas de corrélation entre le taux d’infestation et la proximité des fermes aquacoles; elle a été beaucoup critiqué pour le choix du moment où elle a été réalisée et ses méthodes.

Outre la présence d’infestations massives chez les jeunes saumons roses, on constate également une diminution extraordinaire du nombre de saumons roses qui repassent dans l’archipel de Broughton pour aller frayer, de 3,6 millions de reproducteurs en 2000 à quelque 147 000 en 200264. Cet effondrement a accru la polarisation entre d’une part les groupes environnementaux et les autochtones, et d’autre part les ministères fédéral et provincial.

Cette situation a amené le Conseil pour la conservation des ressources halieutiques du Pacifique (CCRHP) à mener une consultation publique pour revoir les données connues et en recueillir de nouvelles pour recommander une intervention appropriée. En novembre 2002, le CCRHP a émis un avis réclamant un « passage sûr » pour le saumon rose et évoquant le danger d’un impact éventuel de la salmoniculture et du pou. Entre autres mesures, il favorise la mise en jachère de toute la production des fermes salmonicoles de l’archipel, terminée six semaine avant l’arrivée du saumon rose en mer ou propose l’application de mesures anti-pou rigoureuses dans les élevages, afin de protéger le poisson sauvage.

En février 2003, le MPO a annoncé un plan pour protéger le saumon rose dans l’archipel de Broughton. Le plan reprend des éléments des recommandations du CCRHP mais propose une récolte sélective plutôt que complète, et de meilleurs protocoles de gestion de la santé dans les élevages. Cela suit la deuxième recommandation du CCRHP, que le Conseil jugeait cependant trop risquée pour le saumon rose.

Le lien entre l’effondrement du saumon rose et la prévalence de pou du poisson dans l’archipel de Broughton est difficile à prouver scientifiquement, mais les observations sont convaincantes. Devant le Comité, Gordon Ennis du CCRHP a résumé le problème en ces termes :

Selon des études et l’expérience en Europe, le saumon d’élevage s’infecte au pou dans le milieu naturel, peut-être même à partir du saumon rose. Le pou du poisson est présent dans la nature, mais la promiscuité des élevages fait de ceux-ci des incubateurs. Les poissons sont stressés et la contamination est grande, ce qui favorise l’infection. Chaque pou femelle peut produire, selon certains rapports, 1,5 million d’œufs. Il y a donc un risque…

Il n’y a pas de preuve scientifique, mais ces faits sont convaincants, en particulier avec l’information venue d’Europe, où l’aquaculture se pratique depuis longtemps. En Norvège, en Écosse et en Irlande, le pou a été beaucoup signalé chez le saumon sauvage. En Irlande au moins, c’est un sujet très débattu. Nos observations, combinées à ce qui est arrivé ailleurs, ont amené le Conseil à conclure que le pou du poisson est la cause la plus probable de l’effondrement du stock. C’est une preuve indirecte, mais c’est notre conclusion. 

Plusieurs méthodes sont à la disposition des salmoniculteurs pour lutter contre le pou. Il y a des mesures préventives comme la récolte, l’élevage de poissons d’une seule classe d’âge, le choix de sites d’élevage appropriés et les vaccins. Quand une infestation se produit, on a généralement deux choix : l’application externe de pesticides, par « bain » ou les médicaments ajoutés à la nourriture. Les deux traitements sont coûteux et risquent de beaucoup stresser les poissons. Après le traitement, le pesticide, parfois très toxique pour les invertébrés, notamment les crustacés, se retrouve dans le milieu marin.

En C.-B. on préfère la nourriture enrichie aux médicaments. Les salmoniculteurs ont présentement accès à deux produits sur ordonnance vétérinaire : l’ivermectine et le benzoate d’émamectine ou SLICE. Ni l’un ni l’autre n’est actuellement approuvé au Canada pour le poisson. L’ivermectine est homologuée pour d’autres animaux d’élevage et se prescrit pour les poissons selon la pratique courante d’aller au-delà des indications de l’étiquette. SLICE n’est pas encore homologué au Canada mais est prescriptible en vertu du programme des médicaments d’urgence de Santé Canada. L’émamectine est en cours d’homologation à la Direction des médicaments vétérinaires de Santé Canada. SLICE a à peu près complètement remplacé l’ivermectine pour le traitement du pou du poisson65. On n’a pas encore fixé de limite maximale pour les résidus de ces deux produits chez les saumons d’élevage mis en vente au Canada.

Le Comité recommande :

RECOMMANDATION 15

Que le MPO et l’industrie favorisent le développement et l’application de meilleures méthodes de lutte contre le pou du poisson, y compris de meilleures techniques d’élevage, la mise en jachère des piscicultures, le développement de souches de saumon résistantes au pou et le recours à des méthodes de lutte non chimiques; et

Que le programme national de la santé des animaux aquatiques recommandé exige de manière précise la surveillance et la déclaration de l’incidence du pou du poisson chez les poissons d’élevage et qu’il spécifie des taux d’infestation maximaux.

Les déchets biologiques

La controverse sur l’aquaculture est en grande partie attribuable à l’utilisation de cages en filet. L’une des principales critiques faites à l’égard de la salmoniculture est que les déchets générés par les piscicultures de saumon — les excréments, les vaccins, les fongicides et les agents thérapeutiques — polluent les eaux et les fonds marins à proximité des cages en filet. Pour produire un saumon de grande qualité, les aquaculteurs ont besoin d’une eau propre. Ils doivent donc s’assurer que les eaux qu’ils utilisent sont propres, mais cette exigence n’est pas suffisante pour garantir qu’elles ne généreront pas de polluants puisque l’océan est immense. Néanmoins, comme les aliments représentent environ 60 % des coûts de production, les aquaculteurs sont fortement incités à maximaliser la conversion réelle des aliments en chair et donc à réduire le plus possible les déchets. L’industrie a d’ailleurs réalisé de nombreux progrès dans l’amélioration de la formulation des aliments et des techniques d’alimentation. Ainsi, des salmoniculteurs de la C.-B. rejettent aujourd’hui dans l’environnement environ le tiers des déchets organiques qu’ils rejetaient il y a 10 ans malgré une augmentation de 300 % de la production66.

À la fin des années 1980, les indices de conversion des aliments67 étaient d’environ deux pour un dans le cas des saumons coho et quinnat. Cet indice était à peu près 25 % supérieur pour le saumon de l’Atlantique. Depuis, les indices ont progressé de 20 % pour tous les saumons d’élevage. Comme les fermes dépensent en moyenne environ 2,5 millions de dollars pour les aliments, cette amélioration de l’indice de conversion est importante pour assurer la rentabilité de l’élevage du saumon de l’Atlantique68.

L’efficacité de l’alimentation s’est également améliorée énormément depuis les années 1980, époque où l’on s’en remettait à du personnel non formé utilisant de l’équipement rudimentaire. De nos jours, on utilise des moyens comme les caméras vidéos sous-marines et des dispositifs de détection des aliments ayant recours à la technologie du radar Doppler et à des détecteurs Aquasmart. Ces percées, jumelées à l’utilisation de machines pneumatiques informatisées, ont accru l’efficacité de l’alimentation et réduit les déchets attribuables aux aliments non consommés69.

Les fabricants d’aliments ont également augmenté de beaucoup la qualité de leurs produits en les adaptant aux besoins nutritionnels des espèces cultivées. Le recours à des aliments plus digestibles a aussi contribué à réduire les déchets (sous forme d’excréments) et donc les effets connexes sur le fond marin (benthos). Cette augmentation de la digestibilité des aliments est également en grande partie responsable de l’amélioration des indices de conversion alimentaire70. Malgré ces succès, il y a toujours place à amélioration. Il est possible que d’autres percées dans les méthodes d’élevage et l’optimalisation du rapport protéines-énergie permettent de s’approcher d’un indice de conversion alimentaire de 1 à 171.

Les détracteurs de l’aquaculture comparent souvent les déchets des piscicultures aux égouts municipaux. Ainsi, les Friends of Clayoquot Sound (FoCS) estiment que si l’on tient compte de la production de 1998, soit 42 300 t de saumon, les piscicultures de la C.-B. ont engendré des eaux d’égout brutes équivalentes à celles d’une ville d’environ un demi-million d’habitants. Plus récemment, M. Volpe a indiqué que le total des solides en suspension attribuables à quatre salmonicultures de Bremerton, dans l’État de Washington, excédait le total des solides en suspension de la ville de Seattle (5,3 millions de lb/an comparativement à 4 millions de lb/an). De plus, les déchets des salmonicultures ne sont pas traités tandis que les eaux d’égout municipales sont filtrées et stérilisées moyennant des coûts permanents de 80 millions de dollars US/an et un investissement initial de 536 millions de dollars US pour la construction des installations de traitement.

Ces comparaisons peuvent comporter une certaine part de vérité, mais ces deux types de déchets ne sont pas directement comparables. Les déchets des salmonicultures sont préoccupants en raison de leur charge en nutriments tandis que les eaux d’égout municipales sont préoccupantes en raison davantage des pathogènes humains, des métaux lourds et des composés organiques toxiques qu’on y trouve et qui sont associés au développement industriel et urbain.

Les déchets des piscicultures peuvent avoir deux types principaux de répercussions environnementales : une accumulation locale de déchets et le rejet de nutriments dans l’environnement marin. L’accumulation de déchets immédiatement sous les piscicultures peut étouffer le benthos et réduire la teneur en oxygène de l’eau72. La décomposition anaérobie des déchets accumulés libère du méthane, du sulfure d’hydrogène et de l’ammoniaque. Or, l’ammoniaque est un nutriment qui peut contribuer à la prolifération d’algues toxiques. On a affirmé que l’apparition des algues toxiques dans la région de l’archipel de Broughton, sur la côte de la C.-B., a coïncidé avec l’ouverture de piscicultures de saumon73. Inversement, les déchets des piscicultures peuvent être considérés simplement comme des nutriments74 qui peuvent contribuer à l’enrichissement organique du plancher océanique pourvu qu’ils soient dispersés convenablement.

Les zones les plus touchées se limitent habituellement au fond de l’océan situé directement sous les piscicultures. Ces zones varieront en fonction de divers facteurs dont la profondeur et la circulation de l’eau, mais les effets des déchets organiques ne peuvent être décelés que dans un périmètre de 50 mètres autour des piscicultures dans la majorité des emplacements75. Comme les composantes de ces déchets présentent peu de risques pour l’environnement, on suppose qu’ils ont un effet global peu important sur celui-ci. Une fois qu’une pisciculture aura cessé ses activités, l’environnement se rétablira de lui-même. Le Comité a d’ailleurs appris que les périodes de rétablissement varient habituellement entre 0 et 18 mois, et peuvent atteindre jusqu’à 48 mois dans les pires scénarios76.

Les conditions qu’on trouve dans la baie de Fundy sont uniques. Cette baie est relativement fermée et on a estimé qu’un délai de 76 jours était nécessaire pour un renouvellement complet de l’eau77. Des témoins ont souligné qu’on ne disposait pas actuellement de données scientifiques suffisantes pour déterminer les quantités de déchets que la région de la baie de Fundy pouvait absorber78. Les courants forts de la baie déplacent les déchets et les éloignent des piscicultures, mais ils ne parviennent pas à les évacuer de cette région de manière efficace. Des témoins ont recommandé de stopper l’expansion de la salmoniculture dans la baie de Fundy jusqu’à ce qu’on dispose de données scientifiques sur le niveau de production que cette baie peut supporter sans causer des problèmes comme l’eutrophisation, la présence de sédiments anoxiques et une perte de biodiversité79.

Des témoins ont reproché au MPO de ne pas s’être préoccupé suffisamment de ces questions. En principe, le ministère pourrait réglementer les déchets des salmonicultures en vertu des articles 35 et 36 de la Loi sur les pêches, qui interdisent la détérioration, destruction ou perturbation de l’habitat du poisson (DDP), et le dépôt de substances nocives dans des eaux où vivent des poissons. En vertu d’un protocole d’entente signé en 1985, l’application de l’article 36 de cette loi a été déléguée à Environnement Canada même si le MPO demeure l’ultime responsable de l’application de toutes les dispositions de cette loi.

Le vérificateur général, dans son rapport au Parlement de décembre 2000, critiquait le MPO parce qu’il ne surveillait pas suffisamment les effets que les salmonicultures avaient sur le poisson et son habitat et parce qu’il n’appliquait pas les lois et règlements en vigueur. Il a également critiqué Environnement Canada parce qu’il ne surveillait que les effets de la salmoniculture sur les bancs de coquillages et non les effets sur les saumons et leur habitat80. De plus, il signalait qu’aucun salmoniculteur n’avait été poursuivi en vertu de la Loi sur les pêches pour avoir rejeté une substance nocive ayant un effet sur le poisson ou son habitat. Une poursuite contre un aquaculteur intentée par un citoyen en mars 1999 a été suspendue par le ministère de la Justice parce que l’attribution d’un permis à un exploitant en toute connaissance des effets réduisait les chances de condamnation.

Un certain nombre d’autres activités sont réglementées en vertu de l’article 36 de la Loi sur les pêches, mais l’aquaculture ne l’est pas. Cette situation s’explique peut-être par la double nature des déchets des piscicultures : on peut les considérer comme des nutriments ou comme des substances nocives. En principe, les déchets des piscicultures pourraient être réglementés en vertu de la Loi sur les pêches.

Une autre option soumise au Comité consisterait à modifier la Partie VII, Section 1, Substances nutritives, de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (LCPE) afin d’inclure de manière explicite les dépôts de nitrates et de phosphates dans des eaux marines qui sont attribuables à des exploitations aquacoles81.

Le Comité recommande :

RECOMMANDATION 16

Que le MPO élabore une réglementation sur la performance environnementale spécialement pour l’aquaculture des poissons dans le cadre d’une nouvelle loi sur l’aquaculture ou, à titre provisoire, en vertu de la Loi sur les pêches ou de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement, de manière à réglementer les rejets en mer de nutriments et d’autres déchets attribuables à des exploitations aquacoles.

Dans la plupart des cas, les piscicultures ont surtout des effets environnementaux sérieux dans l’environnement immédiat des installations elles-mêmes. Certaines régions, comme la baie de Fundy ou l’archipel de Broughton, comptent de nombreuses piscicultures et les déchets de ces installations risquent alors d’avoir un effet cumulatif qui se fait sentir au-delà des environs immédiats des installations et qui peut excéder la capacité d’autoépuration de la région. La réglementation régissant les dépôts de déchets devrait donc tenir compte de la capacité d’autoépuration des vastes étendues d’eau où il y a de grandes concentrations de cages en filet.

Le Comité recommande :

RECOMMANDATION 17

Qu’on applique le principe de précaution dans les aires marines où les piscicultures sont très concentrées afin de réduire la densité des installations et de fixer des limites globales de production jusqu’à ce que des données scientifiques permettent de déterminer la capacité de l’écosystème d’assimiler les déchets, les nutriments et les autres produits chimiques rejetés par les fermes. Si on détermine qu’une région ne peut préserver son intégrité biologique à un niveau de production donné, il faudra alors réduire la production totale ou adopter des limites plus strictes sur les rejets des piscicultures.

En vertu de la Loi sur les pêches, le ministère des Pêches et des Océans et son agent, Environnement Canada, ont la responsabilité légale de protéger le poisson et son habitat. Les protocoles d’entente fédéraux-provinciaux-territoriaux sur l’aquaculture délimitent les responsabilités des deux paliers de gouvernement. Dans l’ensemble, l’administration fédérale est responsable de la recherche scientifique, de la santé et de l’inspection du poisson, et de la protection de l’habitat. Les responsabilités provinciales ou territoriales comprennent le promotion, le développement et la réglementation de la pêche. Selon les protocoles d’entente (au moins avec le Nouveau-Brunswick et la Colombie-Britannique), les deux paliers de gouvernement doivent procéder à des inspections périodiques des installations d’aquaculture afin de déterminer si elles respectent les exigences des lois, règlements et lignes directrices applicables.

La réglementation des déchets demeure toutefois une zone grise. La Colombie-Britannique a adopté un règlement sur les déchets des installations d’aquaculture même si cette question relève du fédéral. Si le MPO établit des règlements fédéraux sur la gestion des déchets des installations aquacoles, ils pourraient se révéler une source de chevauchements et de confusion.

Le Comité recommande :

RECOMMANDATION 18

Qu’on harmonise le plus possible les règlements fédéraux, provinciaux et territoriaux sur les déchets des installations aquacoles;

Que quand les provinces ou territoires ont établi leurs propres règlements sur la performance environnementale, le MPO détermine si ces règlements respectent les normes fédérales et si ce n’est pas le cas, qu’il s’assure que les normes fédérales plus strictes s’appliquent.

Réduction de l’impact environnemental de l’aquaculture

L’aquaculture risque plus d’avoir un impact environnemental grave lorsque les élevages sont situés au-dessus ou à proximité de zones d’alevinage, ou le long de voies migratoires. Afin de réduire le plus possible ces effets, des pays comme la Norvège et les États-Unis ont imposé une distance minimale entre les salmonicultures et les rivières à saumon82. Étant donné les conséquences négatives importantes des évasions : colonisation et interactions génétiques, le Comité recommande :

RECOMMANDATION 19

Que le MPO procède à une étude exhaustive sur le choix des sites d’élevage en cages de filet le long des voies migratoires des saumons adultes et juvéniles de même qu’au-dessus des zones d’alevinage du poisson. Il faudrait en particulier déterminer les distances sûres et acceptables à maintenir entre les piscicultures et les zones interdites en tenant compte des données et normes des autres pays;

Qu’on exhorte les autorités responsables des permis de n’en accorder de nouveaux qu’avec beaucoup de circonspection d’ici la fin de cette étude.

Idéalement, les aquaculteurs devraient avoir comme objectif l’élimination complète des évasions. Bon nombre des témoins croient que cet objectif n’est réalisable qu’avec un confinement physique total. Cette solution permettrait également de résoudre de nombreux problèmes sanitaires et, jumelée avec une saine gestion des déchets, dissiperait les inquiétudes relatives au dépôt de déchets organiques et aux résidus de médicaments et d’aliments. Les élevages à confinement physique comprennent les élevages terrestres, les systèmes en circuit fermé et les cages en filet très sécuritaires. La conversion aux systèmes terrestres en circuit fermé augmenterait les coûts de production, ce qui réduirait sa compétitivité sur les marchés étrangers où la concurrence est très vive.

Le Comité recommande :

RECOMMANDATION 20

Que le gouvernement investisse dans des recherches sur les effets environnementaux des cages en filet et sur l’amélioration des techniques de confinement. Ces nouveaux systèmes devraient être graduellement mis à l’essai.

Exploitation durable des ressources

L’un des arguments fréquemment invoqués par les partisans du développement de l’aquaculture est qu’elle peut remédier à l’insuffisance de plus en plus grande de la production au moyen des pêches de capture traditionnelles de même qu’atténuer les pressions exercées sur les stocks de poisson sauvage. Dans ses rapports biennaux intitulés Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture signale sans cesse que l’aquaculture sera appelée à jouer un rôle de plus en plus grand dans la sécurité alimentaire future de la planète étant donné que les pêches de capture traditionnelles ont déjà atteint leur productivité maximale. Ce même argument figurait dans la Stratégie fédérale de développement de l’aquaculture de 1995 et la B.C. Salmon Farmers Association l’a invoqué lorsqu’elle a comparu devant le Comité :

En augmentant la production de saumons d’élevage pouvant être vendus à l’état frais en Colombie-Britannique, nous pouvons atténuer la pression des activités de pêche sur les stocks sauvages restants tout en créant des emplois à plein temps et bien rémunérés pour les travailleurs du secteur des pêches qui perdront ainsi leur emploi. Les compétences, les connaissances et les ressources de notre industrie peuvent aussi être mises à profit afin de renverser la vapeur en ce qui a trait à la baisse des stocks de saumon sauvage de la C.-B.

À l’échelle mondiale, la grande majorité des espèces cultivées sont non carnivores puisqu’il s’agit surtout de la carpe, du tilapia et du chanos, sans compter les invertébrés. La plupart des installations d’aquaculture utilisent en outre des méthodes simples, sont de petite envergure et depuis toujours exploitées de manière durable83. Un certain nombre de témoins ont toutefois remis en question le caractère durable de la salmoniculture qui, comme l’élevage d’autres espèces de poisson carnivores, consomme plus de protéines qu’elle n’en produit. Le saumon requiert en effet une alimentation comptant un fort pourcentage de farine de poisson et d’huile de poisson afin de remplacer/reproduire son régime alimentaire naturel, et on estime qu’il faut environ trois kilogrammes de poisson sauvage pour produire un kilogramme de poisson d’élevage84.

Pour combler leurs besoins en aliments pour poissons, les aquaculteurs canadiens dépendent fortement des importations de farine et d’huile de poisson de l’étranger, surtout d’Amérique du Sud. Chaque année, on récolte une quantité considérable de ce qu’on appelle du « poisson fourrage », comme l’anchois, la sardine, le hareng, le chinchard, le capelan et l’alose (certains pourraient en fait convenir à l’alimentation humaine), pour le transformer en farine et huile de poisson. Ces petites espèces pélagiques jouent également un rôle important dans la chaîne alimentaire puisqu’elles constituent la principale source d’alimentation de grands prédateurs comme la morue, le thon, les baleines et les oiseaux de mer. La récolte de poisson fourrage pour l’aquaculture réduit donc la disponibilité de ces espèces pour les prédateurs supérieurs.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture a estimé qu’environ le tiers des débarquements mondiaux de ces espèces fourrage est transformé en aliments pour animaux, dont 31 % servent à la production aquacole85. Selon des experts de l’industrie, d’ici une décennie, l’industrie mondiale de l’aquaculture accaparera les deux tiers de la production mondiale de farine de poisson86.

Ainsi, bien que l’aquaculture prétende souvent qu’elle a très peu de répercussions sur l’environnement et que ces répercussions sont largement limitées à la zone occupée par les piscicultures elles-mêmes — l’aquaculture de la C.-B. n’occupait qu’environ 1 191 hectares des eaux côtières de la province en l’an 2000 — certains opposants à cette industrie soutiennent que lorsqu’on tient compte des superficies océaniques qui doivent être récoltées pour approvisionner les aquaculteurs en farine et huile de poisson, les répercussions environnementales réelles de cette activité sont de loin supérieures aux zones occupées par les piscicultures elles-mêmes. Ainsi, selon M. John Volpe :87

Une pisciculture a besoin d’un plan d’eau entre 40 000 et 50 000 fois plus étendu que l’exploitation elle-même. Une pisciculture d’un hectare a donc besoin de 50 000 hectares de mer. D’après les chiffres de production actuels, les élevages de la C.-B. consomment la productivité biologique d’environ 7,8 millions d’hectares de mer. C’est l’équivalent de 278 fois environ la superficie de toute l’horticulture terrestre de la C.-B. On a donc tort de dire que la pisciculture a une petite empreinte écologique — c’est le moins qu’on puisse dire.

Les aliments pour poissons sont habituellement composés à 45 % de farine de poisson et à 25 % d’huile de poisson, le reste étant des minéraux et des liants. Certaines entreprises examinent la possibilité d’utiliser des aliments d’origine végétale. Actuellement, des produits de remplacement comme les céréales, les oléagineux, les parures de viande et de poisson, et les déchets de transformation sont moins digestibles qu’une farine de poisson de grande qualité et leur utilisation peut entraîner un ralentissement de la croissance et une augmentation des déchets organiques sous forme d’excréments. Le remplacement de l’huile de poisson est particulièrement difficile. Les huiles végétales de remplacement peuvent ralentir la croissance, changer la flaveur de la chair et réduire la teneur en acides gras essentiels chez certaines espèces88. Des recherches ont toutefois démontré qu’on pouvait remplacer partiellement les huiles de poisson par des huiles de colza et de lin dans l’élevage du saumon de l’Atlantique sans que cette mesure n’ait une incidence significative sur la croissance89. De plus, la modification génétique de certaines plantes cultivées, comme le soya, afin de produire une huile convenant parfaitement aux besoins nutritionnels des poissons d’élevage pourrait à l’avenir permettre de remplacer totalement l’huile de poisson par des huiles végétales. Il faudrait toutefois se demander si les consommateurs accepteront d’acheter du poisson d’élevage nourri à l’aide d’aliments contenant des ingrédients modifiés génétiquement.

Néanmoins, il semble que les espèces carnivores continueront à nécessiter plus de farine et d’huile de poisson que les espèces herbivores ou omnivores. Par conséquent, l’élevage et la consommation d’espèces non carnivores situées plus bas dans la chaîne alimentaire exigerait moins de protéines marines et pourrait contribuer à réduire la dépendance des aquaculteurs à l’égard du poisson fourrage. De plus, la dépendance du secteur envers une seule espèce, le saumon de l’Atlantique, rend celle-ci plus vulnérable sur le plan biologique comme économique. La diversification des espèces cultivées pourrait donc aider à réduire les risques économiques et biologiques liés à la monoculture.

Le Comité recommande :

RECOMMANDATION 21

Que le gouvernement fédéral soutienne le secteur aquacole dans ses efforts de diversification des espèces d’élevage, afin de réduire sa dépendance à l’égard de la farine et de l’huile de poisson importées.

Que le gouvernement fédéral favorise la recherche-développement sur des aliments à plus forte teneur en protéines et huiles végétales.

Santé humaine

Les problèmes relatifs à la santé humaine se divisent en trois catégories : le développement de la résistance aux antibiotiques par des agents pathogènes humains à la suite de l’utilisation d’antibiotiques en aquaculture; la présence possible de résidus chimiques nocifs dans le poisson destiné à la consommation humaine; et la valeur nutritive du poisson d’élevage comparativement à celle du poisson sauvage.

Les progrès réalisés dans la gestion de la santé du poisson et en particulier dans le domaine des vaccins ont contribué à réduire beaucoup le recours aux antibiotiques90. Il existe un nombre limité de médicaments, de produits antiparasitaires et d’anesthésiques qui peuvent être utilisés dans les piscicultures au Canada. Des huit produits approuvés, quatre sont des antibiotiques. Les antibiotiques sont utilisés à des fins thérapeutiques seulement et non en tant que stimulateurs de la croissance91. Dans la pratique, presque tous les antibiotiques administrés à des poissons d’élevage sont prescrits par des vétérinaires92, qui sont assujettis à des normes de pratique et à un code déontologique stricts. Environ 90 % des antibiotiques utilisés en aquaculture sont administrés sous forme d’aliments médicamentés. Même si les aquaculteurs réussissent maintenant à utiliser moins d’antibiotiques que n’importe quel autre type d’éleveurs d’animaux93, des témoins les ont critiqués parce qu’ils utilisaient beaucoup d’antibiotiques. Selon ces personnes, les déchets des piscicultures contiennent souvent des résidus d’antibiotiques de même que d’autres médicaments, et la plupart des antibiotiques ingérés par les poissons se retrouvent dans l’environnement puisque ceux-ci n’absorbent que de 2 à 10 % des antibiotiques inclus dans leurs aliments. Des témoins ont en outre soutenu que le rejet dans l’environnement aquatique d’antibiotiques, dont certains utilisés pour traiter des infections chez l’homme, augmente les risques que certains agents pathogènes développent une résistance aux antibiotiques. Ces opinions semblent s’appuyer sur un certain nombre d’études. Ainsi, une analyse documentaire menée par le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis indique que l’émergence de certains gènes résistants aux antibiotiques de Salmonella — une bactérie qui peut causer de graves empoisonnements alimentaires chez l’homme — pourrait être attribuable à l’utilisation d’antibiotiques dans des installations d’aquaculture asiatiques94. De plus, le groupe de travail sur la résistance aux antibiotiques de l’American Society of Microbiology recommandait dans un rapport publié en 199495 que des études systématiques soient menées afin de déterminer les liens existant entre des problèmes cliniques actuels attribuables à la résistance aux antibiotiques et les méthodes d’élevage des poissons et autres animaux. Le rapport précisait que l’aquaculture constituait une source de préoccupations parce qu’on y utilisait des antibiotiques à des doses sous-thérapeutiques et à des fins prophylactiques et qu’il pourrait arriver que des médicaments soient largement diffusés dans l’environnement parce qu’ils sont administrés sous une forme à dégagement prolongé96. De plus, le groupe de travail faisait état d’études démontrant l’émergence d’une résistance aux antibiotiques chez certains agents pathogènes observés dans des populations de poissons sauvages vivant très près de piscicultures après que les poissons d’élevage eurent été traités avec des antibiotiques97.

D’autres sources responsables de la présence d’antibiotiques dans l’environnement marin, notamment les eaux d’égout municipales et les déchets agricoles, peuvent également expliquer l’accroissement de la résistance aux antibiotiques chez certains agents pathogènes. En fait, la production de bœuf, de porc et de volaille constitue une importante source de préoccupations pour ce qui est de l’accroissement de la résistance aux antibiotiques des agents zoopathogènes. En comparaison, la salmoniculture constitue l’une des formes d’agriculture faisant le moins appel aux médicaments; les antibiotiques sont d’ailleurs peu utilisés dans les piscicultures comparativement aux élevages pratiqués sur la terre ferme et leur utilisation continue à diminuer98. Néanmoins, il est légitime de s’inquiéter de l’accroissement de la résistance aux antibiotiques en raison de l’utilisation des antibiotiques dans les piscicultures.

Le Comité recommande :

RECOMMANDATION 22

Que les aquaculteurs soient tenus de transmettre des rapports sur les médicaments et pesticides utilisés dans chaque installation.

Le développement de la résistance aux antibiotiques a des répercussions importantes sur le plan social et international, mais d’autres questions de santé humaine pourraient se révéler inquiétantes, surtout pour les personnes qui consomment des produits de l’aquaculture. Des témoins ont ainsi soutenu que les consommateurs devraient pouvoir choisir entre le saumon sauvage et le saumon d’élevage et que l’industrie devrait être prête à appuyer l’étiquetage des poissons d’élevage puisqu’elle les juge nutritifs et sûrs.

Sur le plan de l’innocuité des aliments, l’un des problèmes discutés a été la présence de résidus d’antibiotiques dans les saumons d’élevage. Depuis sa création, l’Agence canadienne d’inspection des aliments a la responsabilité d’inspecter les saumons d’élevage afin de déceler la présence de ces résidus. Selon la Georgia Strait Alliance, des concentrations importantes de résidus d’antibiotiques ont été trouvées dans de 3 à 4 % des poissons d’élevage qui sont commercialisés. En fait, entre 1997 et 1999, entre 0,4 et 1,1 % des saumons d’élevage analysés en C.-B. contenaient des résidus de médicaments supérieurs aux concentrations maximales recommandées. Les chiffres correspondants pour le Nouveau-Brunswick s’élevaient à 5,5 % pour 1997 et 1,5 % pour 199899.

Des analyses ne sont pas réalisées pour tous les médicaments (notamment les antibiotiques) utilisés dans les salmonicultures. L’ACIA surveille les concentrations d’antibiotiques à base de sulfamide et de tétracycline, mais elle n’analyse pas les résidus d’un autre antibiotique très utilisé, le florfenicol100. De plus, avant que les analyses ne soient terminées, les poissons ont déjà été mis en vente, achetés et dans la plupart des cas consommés, ce qui empêche tout rappel des produits contenant plus de résidus d’antibiotiques que les concentrations recommandées.

Un autre témoin a déclaré qu’on manque nettement de fonds pour les inspections fédérales et que seule une petite proportion des poissons d’élevage est donc réellement inspectée101.

Le Comité recommande :

RECOMMANDATION 23

Que l’Agence canadienne d’inspection des aliments augmente l’efficacité de son programme visant à garantir la salubrité des produits aquacoles en élargissant ses analyses des résidus de médicaments et de contaminants et en transmettant rapidement les résultats de ses analyses. De plus, quand les concentrations maximales sont dépassées, on doit prendre des mesures comme des avis publics à ce sujet ou le retrait de certains produits du marché.

Une autre question qui a été discutée lors de nos travaux comme dans les médias est la présence possible de fortes concentrations de produits toxiques pour l’environnement dans les poissons d’élevage. Un témoin, Michael Easton, a en effet trouvé des concentrations élevées de dioxines et de BPC au cours d’une étude préliminaire menée sur des saumons d’élevage. Selon cette étude, une seule portion de saumon d’élevage compte de trois à six fois la dose maximale quotidienne recommandée par l’Organisation mondiale de la santé pour les dioxines et les BPC102. L’étude menée par M. Easton a été critiquée en raison de la taille limitée de l’échantillon statistique analysé (quatre saumons d’élevage dont un seul saumon de l’Atlantique, et quatre saumons sauvages), de la méthode de collecte et du fait que le seul saumon de l’Atlantique d’élevage utilisé pour l’étude avait une teneur en matières grasses inhabituellement élevée pour sa taille (les dioxines et les BPC s’accumulent surtout dans les matières grasses).

Les lignes directrices actuellement en vigueur au Canada pour les dioxines et les BPC contenus dans le poisson et les produits du poisson103 et les doses journalières admissibles recommandées par Santé Canada sont précisées au Tableau 6, où elles sont comparées aux valeurs équivalentes du Comité mixte FAO/OMS d’experts des additifs alimentaires (JECFA). Tant la concentration maximale admissible, établie par Santé Canada, de dioxines dans le poisson que la dose journalière admissible pour ce contaminant sont quatre fois plus élevées que les valeurs recommandées à l’échelle internationale.

Tableau 6 : Comparaison des concentrations maximales autorisées et de la dose journalière admissible pour les dioxines et les BPC


  Concentrations
maximales admissibles
  Dose journalière
admissible

  Santé Canada OMS/FAO104   Santé Canada OMS/FAO
Dioxines 20 p.p. 5 p.p.   10 pg/kg de poids corporel 2,3 pg/kg de poids corporel105
BPC 2 p.p.m.   1 µg/kg de poids corporel

Le Comité recommande :

RECOMMANDATION 24

Que Santé Canada modifie ses directives sur les BPC et les dioxines pour les rendre conformes aux normes internationales recommandées.

On trouve des produits toxiques pour l’environnement pratiquement partout. Par conséquent, les salmoniculteurs pourraient soutenir qu’ils ne peuvent à peu près pas influer sur les quantités de contaminants qui finissent dans leurs produits. Néanmoins, l’une des mesures qu’ils pourraient prendre est de surveiller plus étroitement le régime alimentaire des saumons. Le comité scientifique de la nutrition animale de la Commission européenne a récemment déterminé que parmi les nombreux ingrédients entrant dans la composition des aliments pour animaux, la farine et l’huile de poisson étaient les plus fortement contaminés par les dioxines et les BPC106. La vente, l’importation et la fabrication des aliments du bétail sont réglementées par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) en vertu de la Loi relative aux aliments du bétail et de son règlement d’application. Après une série de cas récents à l’échelle internationale où un traçage a permis d’attribuer des concentrations de dioxines et de furanes à des aliments du bétail contaminés, l’ACIA a réalisé une enquête préliminaire sur la contamination par les dioxines et les furanes des aliments pour animaux. On a alors déterminé que les concentrations de dioxines, de furanes, de BPC, de mercure et de DDT observées dans les aliments pour poissons, la farine de poisson et l’huile de poisson étaient toutes inférieures aux concentrations prévues dans les Lignes directrices sur les contaminants chimiques du poisson et des produits du poisson au Canada.107. Ces concentrations étaient similaires à celles trouvées dans des produits comparables en Europe et aux États-Unis.

Le Comité recommande :

RECOMMANDATION 25

Que l’Agence canadienne d’inspection des aliments mène une étude comparative plus poussée des concentrations de toxines environnementales présentes dans les poissons d’élevage et leurs aliments.

La dernière question de santé humaine associée à la salmoniculture touche à la valeur nutritive du saumon d’élevage comparativement au saumon sauvage. En effet, le saumon d’élevage tend à avoir une teneur en matières grasses plus élevée et une plus faible proportion de bons acides gras essentiels que le poisson sauvage normal. Le Comité est toutefois d’avis que cette question, bien qu’importante, devrait être examinée dans le contexte global de la qualité nutritive de nos aliments.

Soutien de l’aquaculture proposé au palier fédéral

La recherche

Divers témoins, tant partisans qu’adversaires de l’aquaculture, ont souligné la nécessité de recherches sur des questions comme la viabilité écologique de l’industrie, la santé des poissons et l’innocuité des aliments. La recherche a aussi été mentionnée pour le développement de nouvelles techniques aquacoles. On a ainsi souligné que le gouvernement fédéral devait investir davantage en recherche aquacole. Ses efforts dans ce domaine sont déjà importants, mais ils sont perçus comme visant des avantages financiers pour l’industrie plutôt que l’étude les répercussions de l’aquaculture sur les écosystèmes marins. La réalité semble toutefois légèrement différente. Un relevé rapide des projets de recherche financés par le gouvernement fédéral montre qu’un total de 36,5 millions de dollars a été promis sous forme d’investissements fédéraux jusqu’à 2004-2005, et que près des deux tiers de cette somme ont déjà été approuvés ou engagés. Ce total ne comprend pas tous les projets de recherche internes du MPO ou les fonds attribués dans le cadre de programmes comme le Fonds de recherche stratégique en sciences environnementales. Les deux principaux bénéficiaires sont le Programme coopératif de recherche-développement en aquaculture du MPO (20 millions) et le Réseau des centres d’excellence en aquaculture du Canada, AquaNet, qui est financé par le CRSNG et le CRSH (14,4 millions). La plupart des projets AquaNet visent à mieux comprendre les effets écologiques de la salmoniculture. Pour sa part, le Programme de partenariat en aquaculture recevra 2,1 millions de dollars. Le Comité appuie fermement ces initiatives. Il aimerait toutefois qu’on intensifie cet effort de recherche, qu’on transmette rapidement et efficacement les résultats de ces recherches à tous les intervenants de l’aquaculture, et enfin que ces travaux de recherche ciblent les problèmes soulevés par les témoins. Nous estimons que la recherche devrait viser avant tout l’effet envahissant de l’aquaculture, les interactions génétiques et la transmission des maladies. Si la recherche démontre un risque inacceptable pour les stocks sauvages, le MPO et ses partenaires devraient prendre des mesures immédiates pour protéger intégralement les stocks sauvages, conformément au principe de précaution.

Le Comité recommande :

RECOMMANDATION 26

Que le ministère des Pêches et des Océans vise par ses programmes actuels de recherche aquacole les connaissances suivantes :

 effets de l’élevage en cages de filets sur les stocks sauvages;
 effets potentiels sur le milieu et l’écosystème d’une expansion de l’aquaculture;
 santé des poissons;
 effets socio-économiques de l’aquaculture;
 questions de politique et de gouvernance liées à l’aquaculture.

Aide financière

Comme le montrent les figures 1 et 2, la production et les ventes du secteur aquacole continuent à augmenter, ce qui réduit la nécessité d’une aide financière fédérale. Si une aide est accordée, elle ne doit l’être que lorsque les trois critères suivants sont remplis : 1) l’aide vise à diversifier l’économie d’une région précise; 2) une déficience du marché ne permettrait pas d’atteindre un objectif souhaité dans un temps raisonnable; et 3) l’aide devrait être temporaire et diminuer graduellement.

Il peut être utile d’avoir recours à des fonds publics dans les régions où l’aquaculture débute et où l’emploi est rare. Dans ces cas, chaque emploi additionnel créé aura une plus grande valeur que dans les régions où l’aquaculture est bien établie. De plus, le recours aux fonds publics peut avoir des répercussions positives sur le reste de l’économie et de la région, par exemple en augmentant la compétence et la productivité de la main-d’œuvre locale. Pour avoir le plus de retombées positives, l’aide financière fédérale doit prendre la forme d’investissements dans des éléments — comme les routes — qui profiteront également à d’autres secteurs économiques et collectivités de la région. Ces investissements dans les infrastructures peuvent aider ces régions à exploiter davantage leurs ressources et à récolter du même coup d’autres avantages. Enfin, cette aide aura des effets d’autant plus positifs qu’on parviendra à réduire les frais administratifs.

Dans les régions où l’aquaculture est à peu près inexistante, le manque d’expérience des investisseurs et des banques pourrait empêcher les promoteurs aquacoles d’obtenir une aide financière du secteur privé. Cette situation équivaut à une déficience du marché seulement si les avantages prévus pour la collectivité sont importants; dans le cas contraire, le marché se comporte de manière normale et il serait préférable d’investir les fonds fédéraux ailleurs, c’est-à-dire là où ils peuvent avoir le plus de retombées positives. Si les retombées attendues sont importantes, l’aide financière fédérale pourrait toutefois fournir les garanties nécessaires aux banques, ce qui leur permettrait de prêter aux promoteurs. Il se peut que le secteur privé envisage d’investir plus tard dans les entreprises aquacoles de ces régions, mais qu’il hésite à le faire pour le moment, ce qui empêche ces collectivités de profiter de ces avantages économiques. L’aide financière fédérale n’aura donc pas pour effet d’évincer les investissements du secteur privé dans ces cas; elle peut plutôt contribuer à accélérer le développement dans ces régions.

Quand l’industrie en est à ses premiers pas, les prêteurs privés, les gestionnaires, les techniciens et les autres travailleurs ont une expérience limitée et risquent d’être moins productifs que les intervenants des régions où l’aquaculture est bien implantée. À cette étape du développement, la productivité s’accroît et les coûts diminuent à mesure que gestionnaires et techniciens « prennent de l’expérience », l’aquaculture régionale maturant jusqu’au point de devenir un compétiteur efficace. Ce gain de compétitivité réduit progressivement la pertinence de l’aide financière. Idéalement, cette aide devrait donc être progressivement éliminée à mesure que la productivité augmente. En règle générale, toute aide financière doit répondre aux trois critères suivants :

 elle doit viser à diversifier l’économie d’une région précise;
 le marché doit présenter une déficience qui ne se corrigera pas d’elle-même dans un délai raisonnable;
 elle doit être temporaire.


35Il s’agit d’un programme de recherche coopératif exploité par le MPO et financé par le ministère des Pêches de la C.-B. Il vise à étudier l’abondance, la distribution et l’histoire naturelle du saumon de l’Atlantique en Colombie-Britannique et dans les eaux voisines.
36MPO, Programme de surveillance du saumon atlantique : Saumon atlantique échappé signalé en Colombie-Britannique, Nanaimo, 2001, www-sci.pac.dfo-mpo.gc.ca/aqua/pages/ASWP/Atl_escapes.PDF. Le total des saumons de l’Atlantique échappés dépasse 1,3 million en Colombie-Britannique entre 1987 et 2000.
37MPO, Résumé des statistiques commerciales, www-sci.pac.dfo-mpo.gc.ca/sa/Commercial/AnnSumm.htm.
38Donald J. Noakes, Richard J. Beamish, and Michael L Kent., « On the decline of Pacific salmon and speculative links to salmon farming in British Columbia », Aquaculture, 183 (3-4): 363-386, 2000.
39John Volpe, « Do we know what we don’t know? Atlantic salmon in British Columbia: a review », in Patricia Gallagher and Craig Orr, eds, Speaking for the salmon workshop proceedings : aquaculture and the protection of wild salmon, Continuing Studies in Science at Simon Fraser University, Burnaby, B.C., July 2000, www.sfu.ca/cstudies/science/salmon/aquaculture/aquaculture.htm.
40John P. Volpe, Eric B. Taylor, David W. Rimmer and Barry W. Glickman, « Evidence of natural reproduction of aquaculture-escaped Atlantic salmon in coastal British Columbia river », Conservation Biology 14(3): 899, 2000.
41Volpe et al. (2000). Sergio Paone, Mémoire au Comité, 15 février 2000.
42Sierra Legal Defence Fund, Témoignages du Comité, 22 février 2000. Georgia Strait Alliance, Témoignages du Comité, 22 février 2000.
43John Volpe, Mémoire au Comité, 16 février 2000.
44Lawrence Dill and Rick Rutledge, « Co-chairs’ report », in Gallagher and Orr (2000), p. 2.
45B.C. Salmon Farmers Association, Témoignages du Comité, 22 février 2000.
46Eric .B. Taylor, Mémoire au Comité, 22 février 2000.
47Fédération du saumon atlantique, Mémoire au Comité, 16 octobre 2000. Il y a trente ans, environ 1,5 million de saumons de l’Atlantique grands et petits retournaient frayer chaque année dans les rivières de l’est de l’Amérique du Nord. Cet effectif est aujourd’hui inférieur à 350 000.
48Ibid.
49MPO, Aperçu pour l’Est du Canada du saumon de l’Atlantique pour 1997, MPO sciences, rapport sur l’état des stocks, D0-01 (1998), www.dfo-mpo.gc.ca/csas/Csas/status/1998/d0-01f.pdf.
50Pêches et Océans Canada, Région des Maritimes, Interactions entre le saumon atlantique sauvage et le saumon atlantique d’élevage dans les provinces Maritimes, février 1999, p. 19.
51R.G. Peterson, Potential Genetic Interaction Between Wild and Farm Salmon of the Same Species, Office of the Commissioner for Aquaculture Development, DFO, September 1999, p. 4.
52NORAM, Mémoire au Comité, 15 février 2000.
53Ce mode de transmission est plus rare que les autres puisqu’il est visé par la réglementation actuelle.
54Des projets du Réseau de centres d'excellence en aquaculture (AquaNet) visent à mieux comprendre la transmission des maladies aux populations sauvages. On a toutefois trouvé des preuves circonstancielles établissant bien que des poissons d'élevage avaient transmis des maladies à des poissons sauvages comme le montrent les infestations de poux du poisson survenues sur la côte Ouest ou le dépistage du virus de l'anémie infectieuse du saumon (AIS) dans des saumons sauvages remontant la rivière Magaguadavic, au Nouveau–Brunswick, après l'évasion de saumons d'élevage infectés à la suite d'une poussée de cette maladie en 1999.
55Taylor (2000).
56NORAM (2000).
57Myron Roth, Témoignages du Comité, 28 mars 2000.
58Les maladies bactériennes comprennent la maladie bactérienne du rein (Renibacterium salmoninarum), la furonculose (Aeromonas salmonicida), la vibriose (Vibrio anguillarum et autres de type Vibrio), la yerciniose (Yersinia ruckeri) et la maladie de l’eau froide (Flavobacterium psychrophilum).
59Conseil de la conservation du Nouveau-Brunswick, présentation au Comité, 16 octobre 2000.
60Ibid.
61On ne sait pas trop si l'administration fédérale aurait eu le pouvoir d'ordonner cette mesure dans cette situation. La Loi sur la santé des animaux (1990) donne au ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire le pouvoir d'ordonner la destruction des animaux malades et l'indemnisation des producteurs. Les poissons sont habituellement considérés comme des animaux, mais ils ne sont pas mentionnés explicitement dans la Loi ou la Réglementation, pas plus que dans le Règlement sur l'indemnisation en cas de destruction d'animaux, qui comprend une liste précise des espèces animales visées. L'application de cette loi et de ce règlement a été confiée à l'Agence canadienne d'inspection des aliments à sa création en 1997.
62Watershed Watch Salmon Society, Mémoire au Comité, 8 mai 2002.
63Ministère des Pêches et des Océans, Studies of early marine survival of Pacific Salmon and sea lice occurrence in Queen Charlotte Strait in 2001, décembre 2001.
64Conseil pour la conservation des ressources halieutiques du Pacifique, Témoignages du Comité,
25 février 2003.
65Conseil pour la conservation des ressources halieutiques, Témoignages du Comité, 25 février 2003.
66 B.C. Salmon Farmers Association, Témoignages du Comité, 22 février 2000.
67 NORAM (2000). Les indices de conversion des aliments représentent le rapport entre le poids sec des aliments et le poids frais du saumon entier.
68 NORAM (2000).
69 Ibid.
70 Ibid.
71Scottish Association for Marine Science and Napier University 2002, Review and synthesis of the environmental impacts of aquaculture, Scottish Executive Research Unit, Edinburgh, p. 35.
72Paone (2000).
73Alexandra Morton, Mémoire au Comité, 16 février 2000.
74Brad Hicks, Mémoire au Comité, 22 février 2000.
75Aquametix Research Ltd., Mémoire au Comité, 22 février 2000.
76Ibid.
77Thierry Chopin, présentation au Comité, 16 octobre 2000.
78Fédération du saumon atlantique (2000).
79Conseil de la conservation du Nouveau-Brunswick, présentation au Comité, 16 octobre 2000.
80Vérificateur général du Canada, Rapport du vérificateur général du Canada à la Chambre des communes, ch. 30, « Pêches et Océans — Les effets de la salmoniculture en Colombie-Britannique sur la gestion des stocks de saumon sauvage », décembre 2000, p. 30-16 — 30-17.
81Conseil de la conservation du Nouveau-Brunswick (2000).
82Sierra Legal Defence Fund (2000).
83David W. Ellis and Associates, Net Loss: The Salmon Net Cage Industry in British Columbia, The David Suzuki Foundation, octobre 1996, p. 87.
84Naylor et autres, « Effect of Aquaculture on world fish supplies », Nature, 405:1017-1024, 2000.
Un calcul détaillé de ce rapport est disponible sur Internet à l’adresse suivante : www.davidsuzuki.org/Salmon_Aquaculture/Benefits_and_Risks/Net_Loss.asp. Ce calcul suppose que l’alimentation est composée à 45 % de farine de poisson et à 25 % d’huile de poisson.
85Naylor et autres, (2000). FAO, Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture, 2000, tableau 1. En 1999, 30,4 millions des 92,3 millions de tonnes de poisson capturé ont été utilisées pour la production de farine et d’huile de poisson.
86T. Starkey, « IFOMA annual meeting and fishmeal report », Global Aquaculture Advocate, p. 45, 2000. L’IFOMA est l’Internatioal Fishmeal and Fish Oil Manufacturers Association.
87John Volpe, Témoignages du Comité, 8 mai 2002.
88P. D. Adelizi, et autres, « Evaluation of fish meal-free diets for rainbow trout, Oncorhynchus mykiss », Aquaculture Nutrition 4:255-262, 1998. R. W. Hardy, « Fish, feeds, & nutrition in the new millennium », Aquaculture Magazine 26(1); 85-89, 2000.
89Scottish Association for Marine Science and Napier University (2002), p.36.
90Roth (2000). " Par exemple, en C.-B., qui représente plus de 65 % des salmonicultures au Canada, on a constaté une baisse de 23 % de l'utilisation des antibiotiques achetés par les usines d'aliments pour animaux de 1994 à 1995. De même, en Norvège, où les méthodes d'utilisation des aliments médicamentés sont analogues à celles de la C.-B. et du Nouveau-Brunswick, la quantité d'antibiotiques utilisée a diminué de 99 % entre 1987 et 1998, principalement grâce aux progrès réalisés dans les techniques d'élevage et la technologie des vaccins. Durant la même période, la production est passée de 47 000 à 407 000 t – une hausse de 859 % ".
91Mark Sheppard, Mémoire au Comité, 14 février 2000. Les hormones ne sont pas utilisées pour l’élevage de poisson comestible en C.-B.
92Roth (2000). Trois antibiotiques sont délivrés uniquement sur ordonnance tandis que le quatrième, l’oxytétracycline, peut être obtenu sans prescription même s’il est la plupart du temps prescrit.
93Ibid.
94Frederick Angulo, « Use of antimicrobial agents in aquaculture: potential for public health impact », Memo for the Record, Centers for Disease Control and Prevention, 18 octobre 1999, www.natlaquaculture.org/animal.htm.
95Task Force on Antibiotic Resistance, Report, American Society of Microbiology, 1994, www.asmusa.org/pasrc/pdfs/antibiot.pdf.
96Au Canada, on n’utilise pas les antibiotiques à des fins prophylactiques. Le recours à des concentrations faibles, sublétales et à dégagement prolongé constitue un moyen idéal de développer la résistance de certaines bactéries.
97A. Ervi, et autres, « Impact of administering antibacterial agents on wild fish and blue mussels Mytilus edulis in the vicinity of fish farms, » Dis. Aquat. Org 18: 45-51, 1994. Henning Sorum, « Antibiotic Resistance in Aquaculture, » Acta Vet. Scand., 92 (Suppl.): 29-36, 1999.
98Scottish Association for Marine Science and Napier University (2002). Roth (2000) : " La Direction de l'inspection du poisson du ministère des Pêches et des Océans, qui relève de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, a estimé antérieurement que 1,6 % de tous les aliments utilisés dans la salmoniculture au Nouveau-Brunswick sont médicamentés. De la même façon, le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation de la C.-B. estime que les aliments médicamentés utilisés annuellement en salmoniculture n'ont pas dépassé 3 % du total durant les cinq dernières années. Ces chiffres représentent peut-être le plus faible taux d'inclusion dans des aliments médicamentés pour la production animale au Canada ".
99Warren Bell et Sergio Paone, Mémoire au Comité, 7 mai 2002.
100Ibid. Le florfenicol n’est pas utilisé pour traiter les humains.
101Georgia Strait Alliance, Mémoire au Comité, 7 mai 2002.
102M.D.L. Easton, D. Luszniak et E. Von der Geest, "Preliminary examination of contaminant loadings in farmed salmon, wild salmon and commercial salmon feed," Chemosphere 46: 1053-1074, 2002. La fourchette de trois à six fois s'explique par les quatre saumons d'élevage (Atlantique et quinnat) utilisés pour l'étude et la taille des diverses portions ingérées par des individus de poids corporel différent. La dose journalière admissible qui est recommandée par l'OMS est de 1 pg/kg de poids corporel.
103Agence canadienne d’inspection des aliments, Lignes directrices sur les contaminants chimiques des poissons et des produits du poisson au Canada, 2002, www.inspection.gc.ca/français/anima/fispoi/guide/chmf.shtml.
104Comité mixte FAO/OMS d’experts des additifs alimentaires (JECFA).
105OMS, Assessment of the health risk of dioxins: re-evaluation of the Tolerable Daily Intake (TDI), Executive Summary, 1998, www.who.int/pcs/docs/dioxin-exec-sum/exe-sum-final.html. Joint FAO/WHO Expert Committee on Food Additives, Summary of Evaluations for polychlorinated dibenzodioxins (PCDDS), polychlorinated dibenzofurans (PCDFS), and coplanar polychlorinated biphenyls (PCBs), 2001, se retrouve à jecfa.ilsi.org. Le chiffre fourni est basé sur une consommation mensuelle recommandée limitée à 70 pg/kg de poids corporel. La norme recommandée par le Comité mixte d'experts des additifs alimentaires (JECFA) et l'évaluation de Santé Canada de la quantité d'équivalents toxiques tiennent compte du fait que tous les composés du groupe ne sont pas également toxiques et que l'apport maximal doit s'exprimer en fonction du composé le plus toxique de la catégorie. En 1998, l'OMS a réduit la recommandation d'apport tolérable de dioxines, furannes et PCB dioxinoïdes combinés de 10 à 1-4 pg/kg. Le JECFA a révisé sa norme en 2001 pour recommander un apport mensuel tolérable de 70 pg/kg de poids corporel.
106Commission européenne, Opinion of the Scientific Committee on Animal Nutrition on dioxin contamination of feeding stuffs and their contribution to the contamination food of animal origin, 6 novembre 2000, europa.eu.int/comm/food/fs/sc/scan/out55_en.pdf.
107Agence canadienne d’inspection des aliments, Produits animaux, santé des animaux et production, Rapport sommaire sur les contaminants dans les aliments pour poissons, la farine de poisson et l’huile de poisson, 2002, http://www.inspection.gc.ca/francais/anima/feebet/dioxf.shtml.