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SNUD Rapport du Comité

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CHAPITRE 2: CONSOMMATION, USAGE NOCIF DE SUBSTANCES ET DÉPENDANCE AU CANADA

À titre de médecin, je fais quotidiennement face aux graves conséquences pour la santé de la consommation de drogues, de l’héroïnomane en sevrage au fumeur de crack au sortir d’un épisode de consommation excessive de 72 heures, en passant par l’adolescente battue dont le rendez-vous a mal tourné. Il y a là quelque chose de terriblement pernicieux. Je suis convaincu que les drogues ne sont pas seules en cause. Il y a dans notre lutte antidrogue des éléments qui ont pour effet d’aggraver nettement une situation déjà malsaine au point de départ5.

Les drogues illicites sont une question importante pour le Canada en raison de leurs répercussions négatives importantes. Les coûts économiques, notamment ceux associés aux soins de santé, à la perte de productivité, au crime contre les biens et à l’application des lois, dépasseraient les 5 milliards de dollars par année. Chaque année, plus de 50 000 personnes sont mises en accusation pour des infractions liées aux drogues. Ces infractions donnent lieu à plus de 400 000 comparutions devant les tribunaux. Enfin, la vente de drogues illicites constitue une importante source de financement pour le crime organisé et le terrorisme6.

1. QUE SAIT-ON DE L’AMPLEUR DU PROBLÈME DE LA CONSOMMATION ET DE L’USAGE NOCIF DE SUBSTANCES, ET DE LA DÉPENDANCE QUI Y EST ASSOCIÉE?

La consommation de substances psychoactives est un phénomène presque universel qui est complexe et qui suscite de vifs débats. La réduction de l’offre et de la demande de ces substances est un défi auquel sont confrontés la plupart des pays. L’usage nocif de substances (essentiellement les substances psychoactives, dont l’alcool) a été associé à une grande diversité de problèmes sociaux et sanitaires : VIH/sida, hépatite C, itinérance, violence familiale, prostitution, exploitation sexuelle, délinquance, criminalité, abus et négligence envers les enfants. Dans l’ensemble, le Comité est d’avis que l’usage nocif de substances et la dépendance sont essentiellement des problèmes de santé publique auxquels il faut s’attaquer dans le cadre d’une stratégie en santé publique.

L’alcool et le tabac sont les substances psychoactives les plus consommées dans le monde. Les niveaux et profils actuels de consommation de ces substances entraînent des méfaits pour la santé et des coûts pour la société qui dépassent de loin les méfaits des drogues illicites. Toutefois, l’usage répandu de ces substances justifierait des études spéciales approfondies qui débordent le mandat du Comité. Le Comité a donc décidé de concentrer ses efforts sur l’usage des substances illicites et la consommation non médicale des médicaments d’ordonnance.

Il est important de noter d’entrée de jeu que la plupart des gens qui déclarent avoir consommé de la drogue au moins une fois dans leur vie l’ont fait à titre d’expérience ou en ont consommé de manière épisodique, lorsqu’ils étaient adolescents ou jeunes adultes. Un pourcentage relativement faible de personnes continuera de consommer régulièrement des drogues ou des médicaments plus tard dans leur vie (20 %, et même moins dans le cas des drogues illicites), mais plus de 75 % continueront de consommer de l’alcool7. Quant aux personnes qui consommeront au point d’endommager leur santé ou de devenir dépendants, elles représentent un pourcentage encore plus faible.

Un faible pourcentage de la population consomme des substances psychoactives, mais il importe de noter que la consommation, tout comme le risque d’usage nocif et de dépendance, est à la hausse, et qu’elle entraîne des conséquences dévastatrices, tant pour les consommateurs de ces substances que pour l’ensemble de la société.

Selon un rapport publié par les Nations Unies en 2002, le cannabis était la substance illicite la plus consommée dans le monde à la fin des années 1990 (quelque 147 millions de personnes ou 3,5 % de la population mondiale âgée de 15 ans et plus). Venaient ensuite les amphétamines (33 millions de consommateurs de méthamphétamine et d’amphétamines et 7 millions de consommateurs d’ecstasy), la cocaïne (13 millions de consommateurs) et les opiacés (quelque 13 millions de personnes, dont quelque 9 millions de consommateurs d’héroïne). Le rapport révèle également les constatations suivantes : la toxicomanie est beaucoup plus répandue chez les hommes que chez les femmes (notamment pour ce qui a trait à l’abus d’héroïne, de crack-cocaïne ou de méthamphétamine); dans plusieurs pays, il existe une corrélation entre le chômage et la fréquence des toxicomanies; la consommation de drogues illicites est plus répandue chez les jeunes (groupe d’âge de 18 à 25 ans) dans presque tous les pays8. Toutefois, l’usage nocif de substances ne se limite pas à un groupe d’âge, à une classe sociale, à un groupe ethnique ou à un sexe particulier.

Selon des enquêtes menées auprès d’élèves, les adolescents sont de plus en plus nombreux à consommer des substances illicites, surtout du cannabis. Chez les jeunes, la prévalence de la consommation de cannabis au cours de la vie est très élevée. Selon le rapport des Nations Unies, 42,8 % des élèves de 10e année aux États-Unis et 23 % des élèves de 15 et 16 ans en Europe ont déclaré avoir consommé du cannabis au moins une fois. Le rapport indique en outre que la prévalence, au cours de la vie, de la consommation de toute drogue (y compris les tranquillisants et les inhalants) chez les élèves de 15 et de 16 ans est plus élevée aux États-Unis (46,2 %) qu’en Europe (25,1 %)9.

La consommation fait maintenant partie du mode de vie de nombreux jeunes dans le monde, et les jeunes Canadiens n’y font pas exception. Selon une étude transnationale de l’Organisation mondiale de la santé sur les comportements influant sur la santé des jeunes d’âge scolaire, menée au Canada par l’université Queen’s, la consommation d’alcool, de tabac et de substances illicites (surtout le cannabis) est très répandue chez les jeunes. En effet, l’étude révèle que plus de 90 % des jeunes de 10e année ont déjà consommé de l’alcool. Le plus étonnant, c’est que les deux-tiers (68 %) des élèves de 6e année ont aussi déjà consommé de l’alcool. Le pourcentage des garçons de 10e année qui ont déclaré avoir bu de la bière au moins une fois par semaine a chuté, passant de 30 % en 1990 à 18 % en 1998. Chez les filles, ce taux est passé de 19 % en 1990 à 10 % en 1998. L’étude révèle en outre une « augmentation marquée de la consommation de haschisch et de marijuana entre 1994 et 1998. Fait intéressant, on note pour la même période une diminution de la consommation de bière, ce qui pourrait indiquer une perte de popularité de cette boisson au profit du haschisch et de la marijuana. Ce qui est certain, c’est qu’il est devenu beaucoup plus facile de se procurer de la marijuana, à un prix relativement peu élevé »10. Quarante-deux pour cent des élèves de 10e année ont déclaré avoir consommé de la marijuana au moins trois fois en 1998 comparativement à 25 % en 1990. La consommation de marijuana des élèves de 8e année a grimpé, passant de quelque 10 % en 1990 à 19 % en 1998. La consommation de cocaïne chez les élèves de 10e année a presque doublé entre 1994 et 1998, passant de 3 % à 5,5%. Les adolescents consomment habituellement des drogues en compagnie d’amis qui, eux aussi, fument, consomment de l’alcool ou prennent des drogues illicites11.

Pourquoi y a-t-il eu cette nette augmentation de la consommation? Selon une analyse du Sondage sur la consommation de drogues parmi les élèves de l’Ontario (Ontario Student Drug Use Surveys) pour la période de 1977 à 1999, il existe une corrélation entre la hausse de la consommation chez les jeunes et la diminution du sentiment qu’elle peut entraîner des conséquences néfastes, la permissivité accrue à l’endroit des drogues et l’accès de plus en plus facile aux drogues12.

Au Canada, des données nationales sur la prévalence de la consommation de drogues dans le groupe d’âge général de 15 ans et plus ont été recueillies lors de l’enquête de 1994 sur l’alcool et les autres drogues au Canada13. La substance illicite la plus consommée a été le cannabis; 7,4 % des répondants ont déclaré en avoir consommé au cours des 12 derniers mois (28,2 % ont déclaré en avoir consommé toute leur vie14). Viennent ensuite le LSD, les amphétamines ou l’héroïne (1,1 % ont déclaré en consommer couramment), et la cocaïne (moins d’un pour cent ont déclaré en consommer couramment)15. La consommation d’ecstasy n’a pas été évaluée dans l’enquête de 1994 mais, selon des données provinciales, elle est aussi répandue au Canada qu’ailleurs. Pour ce qui est des drogues injectables, selon les estimations fondées sur des études récentes, le nombre de consommateurs au Canada se situe entre 90 000 et 125 000. De ce nombre, 25 000 s’injecteraient des stéroïdes. Les drogues injectables les plus consommées sont la cocaïne et l’héroïne.

Il existe très peu de données sur le mauvais usage des médicaments d’ordonnance au Canada, mais le Comité a constaté que cette question est un sujet de préoccupation partout au pays. Selon un récent rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé, des millions de Canadiens prennent des médicaments chaque jour et environ 65 % des Canadiens de 12 ans et plus ont déclaré avoir pris des médicaments antidouleur dans le mois précédant leur déclaration16; 5 % ont déclaré avoir pris des somnifères et des tranquillisants, et 4 % des antidépresseurs17. Le détournement de stimulants d’ordonnance (p. ex., le Ritalin) est préoccupant chez les adolescents. Selon une étude récente menée auprès d’élèves des provinces de l’Atlantique, des 5,3 % d’élèves ayant déclaré avoir consommé des stimulants à des fins médicales dans les 12 mois précédant l’enquête, 14,7 % ont déclaré avoir donné une partie de leurs médicaments, 7,3 % en avoir vendu une partie, 4,3 % s’en être fait voler, et 3,0 % avoir été forcés d’en donner une partie18.

Pour ce qui à trait à l’alcool et au tabac, selon l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2000-2001, 21,5 % des Canadiens âgés de 12 ans et plus fument régulièrement et 20,1 % font une consommation abusive d’alcool (5 verres ou plus en une même occasion, 12 fois ou plus au cours des 12 derniers mois). Chez les jeunes de 15 à 19 ans, 35,2 % des garçons et 28,8 % des filles auraient consommé 5 verres et plus en une même occasion, 12 fois ou plus par an, et 18,3 % étaient des fumeurs quotidiens19.

On en sait encore trop peu sur les coûts économiques associés à la consommation et à l’usage nocif de substances. Au Canada, les données les plus récentes sur les coûts sanitaires, sociaux et économiques associés à la consommation de substances psychoactives remontent à la publication en 1996, par le Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies, du document Les coûts de l’abus de substances au Canada. Selon l’étude, qui renferme une analyse de données recueillies en 1992, les coûts associés à la consommation de drogues au Canada s’élèveraient à plus de 18,45 milliards de dollars. On estime que 40,8 % de cette somme sont attribuables à l’alcool. Quant au coût du tabagisme, il s’élevait à 9,56 milliards de dollars, soit plus de la moitié (51,8 %) du coût total de la consommation de drogues. Les coûts économiques liés aux drogues illicites ont été évalués à 1,37 milliard de dollars. De cette somme, quelque 823 millions de dollars seraient attribuables à la perte de productivité pour cause de maladie et de décès prématuré, et environ 400 millions de dollars seraient consacrés à l’application des lois. Quant aux coûts directs des soins de santé liés aux drogues illicites, on les a évalués à 88 millions de dollars20. Dans le rapport 2001 de la vérificatrice générale du Canada, les coûts économiques attribuables aux substances illicites, notamment ceux associés aux soins de santé, à la perte de productivité, aux crimes contre les biens et à l’application des lois ont été évalués à plus de 5 milliards de dollars par année21. Plus précisément, selon une étude de 1996-199722 sur une cohorte de 114 consommateurs d’opiacés illicites non traités de Toronto, le coût social pour cet échantillon en 1996 a été de 5,086 millions de dollars23. On explique que ces coûts sont avant tout attribuables aux conséquences subies par les victimes d’actes criminels (44,6 %) et à l’application des lois (42,4 %), puis à la perte de productivité (7,0 %) et aux coûts liés aux soins de santé (6,1 %)24.

Enfin, les efforts pour réduire l’offre de substances imposent un fardeau de plus en plus lourd au système de surveillance et d’application des lois. En 2001, plus de 90 000 cas de conduite avec facultés affaiblies ont été signalés par les autorités policières. Quelque 71 000 personnes ont été inculpées. Les autorités policières ont en outre signalé 91 920 incidents se rapportant à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances au Canada au cours de la même année. Les infractions liées au cannabis représentaient environ trois-quart de toutes les infractions liées à des drogues25. Le phénomène de la culture de la marijuana dans des habitations est particulièrement préoccupant. « On a observé une augmentation du nombre d’installations organisées et perfectionnées servant à la culture d’un grand nombre de plants [à des fins lucratives]. Les profits illicites ainsi générés sont énormes, et le crime organisé fait partie intégrante de ces [activités]26 ».

La très forte augmentation des installations de culture hydroponique de marijuana dans le sud-ouest de l’Ontario présente de multiples problèmes de contrôle. Il s’agit en vérité d’un problème à l’échelle du pays voire même de l’Amérique du Nord. Les agents de police doivent avoir une bonne connaissance du matériel spécialisé et des pratiques de manutention. Le matériel et son entretien coûtent cher, et la détection des installations, vu leur grand nombre, grève les ressources policières. Ces installations posent en outre un grave problème de sécurité à tous les prestateurs de services d’urgence, à la police et à tous les intervenants susceptibles de se présenter sur les lieux, notamment le personnel des compagnies d’hydroélectricité.

Une condamnation pour culture hydroponique de marijuana résulte en une peine de prison allant de six mois à un an, ce qui n’est guère dissuasif pour les groupes liés au crime organisé qui peuvent gagner 400 000 $ par an avec 400 plants de marijuana. L’on pense également dans les milieux policiers que les fonds dérivés de ces opérations sont utilisés pour financer l’importation d’autres drogues, par exemple l’héroïne, le MDA et l’ecstasy, ainsi que d’autres activités criminelles. La grande majorité, soit plus de 80 p. 100, des organisations criminelles s’adonnent au trafic de stupéfiants. Les drogues illicites sont le produit de base des activités liées au crime organisé27.

2. SUBSTANCES ILLICITES

Les paragraphes qui suivent décrivent brièvement les principales substances illicites aux termes de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances (1996, ch. 19), les effets recherchés et leurs effets à court terme29, les effets à long terme, et donnent une idée très générale de l’ampleur de leur usage et/ou de leur usage nocif. Ces substances se répartissent en trois grands groupes : les dépresseurs du système nerveux central (p. ex., l’héroïne), les stimulants (p. ex., la cocaïne) et les hallucinogènes (p. ex, le LSD). Le cannabis forme une classe à part car il a des effets déprimants et peut aussi causer, quoique rarement, des hallucinations lorsqu’on en fait usage ou à très fortes doses. Il est important de noter que les effets psychoactifs et autres conséquences d’une substance sur une personne qui en consomme dépendent de divers facteurs : la concentration d’agents psychoactives; le mode d’absorption; les circonstances dans lesquelles la drogue est consommée; l’état mental du consommateur; les effets attendus; l’historique de la consommation de la substance; la physiologie du consommateur; l’effet combiné de la substance avec d’autres psychoactives.

Quelles sont les principales substances consommées par les personnes qui sont traitées pour usage nocif et dépendance, en Amérique du Nord et dans certains pays d’Europe? Chez les personnes traitées, les principales substances visées semblent être les opiacés et la cocaïne, suivis du cannabis et des amphétamines. Au Canada, des données de 1995-1996 indiquent que 63,3 % des consommateurs ont été traités pour des problèmes associés à la cocaïne ou à des dérivés de celle-ci (notamment la cocaïne, le crack et le basuco30), 45,3 % pour consommation d’héroïne, 5,3 % pour consommation d’amphétamines et 18,3 % pour consommation de cannabis. En 1999, aux États-Unis, 27,7 % des personnes traitées l’ont été pour des problèmes liés à la consommation d’héroïne, 26,8 % pour consommation de drogue du type de la cocaïne, 26,3 % pour consommation de cannabis et 8,5 % pour consommation d’amphétamines31. En 1999, en Allemagne, 64,7 % des personnes ont été traitées pour consommation d’opiacés, 7,7 % pour consommation de cocaïne, et 22,2 % pour consommation de cannabis. La même année, aux Pays-Bas, 63,2 % des personnes ont été traitées pour consommation d’opiacés, 21,2 % pour consommation de cocaïne, 10 % pour consommation de cannabis et 2,6 % pour consommation d’amphétamines. En 1998, en Suède, 32 % des personnes traitées l’ont été pour consommation d’opiacés et 7 % pour consommation de cannabis.

a) Cocaïne

… l’épidémie de VIH que connaît Vancouver est principalement liée à l’utilisation de cocaïne sous forme injectable. Même si on a souvent affaire à des utilisateurs de multiples drogues, y compris l’héroïne, le crack, la marijuana, l’alcool et un éventail d’autres substances, c’est la consommation de cocaïne sous forme injectable qui représente le risque le plus élevé de transmission du VIH et de l’hépatite. La cocaïne est également associée à nombre de cas d’infections imputables aux injections32.

La cocaïne et le crack (une forme épurée de la cocaïne) sont des stimulants qui produisent un regain temporaire d’énergie en stimulant le système nerveux central. La cocaïne est préparée à partir de feuilles de coca ou peut aussi être produite par synthèse en laboratoire. Elle est en général reniflée ou prisée, fumée ou injectée. Le crack peut être injecté ou fumé (forme épurée).

Les effets recherchés de la cocaïne sont les suivants :

 sentiment de bien-être physique et mental, d’exaltation, d’euphorie;
 regain de vigilance et d’énergie;
 diminution de l’appétit;
 perte de sommeil.

Les effets à court terme de la cocaïne sont notamment les suivants :

 respiration et rythme cardiaque rapides;
 augmentation de la pression artérielle et de la température du corps;
 comportement bizarre, imprévisible et parfois violent.

Les effets de la cocaïne à des doses plus élevées sont notamment les suivants :

 hallucinations;
 volubilité;
 sentiment de puissance et de supériorité;
 état d’agitation, hyperexcitabilité, irritabilité;
 panique;
 pensées paranoïdes.

Des doses excessives de cocaïne peuvent entraîner :

 convulsions et crises épileptiques;
 accidents vasculaires cérébraux;
 hémorragies cérébrales;
 défaillances cardiaques.

Les effets éventuels à long terme de la cocaïne varient selon le mode d’absorption :

 destruction des tissus du nez;
 problèmes respiratoires;
 maladies infectieuses;
 abcès;
 malnutrition;
 psychose paranoïde;
 désorientation, apathie et épuisement confus;
 dépression;
 décès dû à une insuffisance respiratoire pendant « l’effondrement »33.

La surconsommation chronique de cocaïne mène à la tolérance et peut causer une forte dépendance psychologique. La cocaïne est la deuxième drogue au monde pour laquelle les consommateurs cherchent à se faire traiter34. Au Canada, une proportion importante de consommateurs de drogues injectables sont maintenant passés à la cocaïne, ce qui augmente considérablement le risque de séroconversion VIH, d’hépatite C et de mort par surdose. Cela est particulièrement vrai à Vancouver et dans d’autres grands centres urbains35. Selon le rapport de 2002 des Nations Unies sur les tendances mondiales des drogues illicites, 70 % de tous les cas de consommation de cocaïne signalés à la fin des années 1990 l’ont été dans les Amériques et quelque 22 % l’ont été en Europe (surtout en Europe occidentale), touchant 13,4 millions de personnes dans le monde36. Toutefois, la consommation de cocaïne augmente en Europe et est beaucoup plus répandue que la consommation d’opiacés, quoique ceux-ci constituent toujours la première catégorie de substances pour laquelle les consommateurs cherchent à se faire traiter37.

b) Héroïne et autres analgésiques opioïdes

Au cours des 10 années allant de 1991 à 2000, il y a eu 2 748 décès attribuables aux drogues illicites en Colombie-Britannique. La plupart de ces décès se sont produits à Vancouver. […] des travaux de recherche inédits portant sur 990 décès survenus au cours de la période de trois ans, de 1997 à 1999, et consignés dans les dossiers des médecins légistes sur les décès attribuables aux drogues illicites en Colombie-Britannique ont permis de constater que les opiacés étaient en cause dans 74 % des cas, tandis que, dans 49 % des cas, la cocaïne était la cause ou une des causes. L’alcool a été un facteur supplémentaire dans 17 % des décès attribuables aux drogues illicites au cours de la même période. La méthadone a été la cause ou une des causes de 17 décès, soit 2 % du nombre total, de 1997 à 199938.

L’héroïne appartient à la famille de l’opium. Il s’agit d’un opiacé semi-synthétique produit par synthèse à partir de la morphine tels l’hydromorphone (Dilaudid) et l’oxycodone (présent dans le Percodan et le Percocet). La méthadone est aussi un opioïde de synthèse couramment utilisé dans le traitement de l’héroïnomanie. L’héroïne peut être injectée, inhalée (chasser le dragon), fumée, reniflée ou prisée. On peut aussi en manger ou s’en injecter une solution dans le rectum au moyen d’un corps de seringue. Les consommateurs d’opiacés sont souvent polytoxicomanes.

Les opiacés ont de nombreux usages médicaux importants, notamment comme médicaments antidouleur (p. ex., morphine, MS-Contin), ou antitussifs (p. ex., codéine). On s’en sert également dans le traitement de la diarrhée et on explore actuellement la possibilité de s’en servir dans le traitement d’entretien de l’héroïnomanie. Il ne faudrait pas interdire l’usage des opioïdes dans le traitement des douleurs aiguës par crainte qu’ils n’entraînent une dépendance. Leur prescription comme médicaments d’ordonnance devrait toujours être fondée sur une évaluation médicale départageant leurs avantages comme antidouleur et leurs autres effets secondaires possibles.

Les effets recherchés des opiacés sont notamment les suivants :

 diminution de la tension, de l’anxiété et de la dépression;
 sentiment d’euphorie, de chaleur, de satisfaction;
 détachement relaxé par rapport à la souffrance émotive ou physique;
 soulagement de la douleur.

Les effets à court terme des opiacés sont les suivants :

 nausées et vomissements;
 somnolence;
 incapacité de se concentrer;
 apathie;
 diminution de l’activité physique.

La consommation régulière d’opioïdes entraîne une dépendance psychologique et physique et, dans le cas de l’héroïne, le sevrage entraîne des symptômes physiques graves. Les décès par surdose sont fréquents.

En ce qui concerne mon expérience à Vancouver, je travaille pour la ville depuis 14 ans, soit depuis 1987, et jusqu’en 1997, j’ai travaillé au centre Carnegie, à l’angle des rues Main et Hastings. Du centre Carnegie, j’avais une excellente perspective d’où observer la véritable catastrophe en santé publique qui fait la triste renommée de notre ville dans le monde entier.

[...]

Nous avons vu le coroner en chef, Vince Cain, publier un rapport — en septembre 1994, je crois — où il demandait une intervention immédiate. Cette année-là, près de 400 personnes sont décédées de surdoses en Colombie-Britannique. Nous avons assisté à une détérioration pendant toutes les années 1990. Au centre Carnegie, qui est le centre communautaire du quartier, les enterrements ont été de plus en plus nombreux. À l’époque, il y avait un enterrement toutes les deux semaines pour une victime de surdose39.

Les effets éventuels à long terme des opiacés varient selon le mode d’absorption :

 maladies infectieuses;
 constipation;
 abcès;
 problèmes respiratoires;
 malnutrition;
 irrégularité menstruelle;
 sédation chronique et apathie, menant à la négligence de soi.

La surconsommation d’opiacés cause des problèmes de santé graves dans le monde comme en témoignent les taux élevés de mortalité et de morbidité. Elle est aussi liée à d’autres problèmes, notamment les troubles mentaux, la dysfonction socioéconomique et la criminalité. À la fin des années 1990, la proportion de consommateurs d’opiacés était évaluée à 0,3 % de la population mondiale âgée de 15 ans et plus. La proportion d’héroïnomanes était évaluée à 0,2 % de la population40. Les consommateurs d’opiacés par injection s’exposent particulièrement aux plus grands dangers pour la santé (p. ex., les surdoses) et à des maladies infectieuses pouvant entraîner la mort, telles le VIH, le sida, les hépatites B et C, et la tuberculose. En Europe, 70 % de toutes les demandes de traitement portent sur des opiacés et surtout l’héroïne41. Toutefois, la consommation d’héroïne est stable ou diminue dans la plupart des pays d’Europe occidentale. Aux États-Unis, la consommation d’héroïne aurait été stable en 2000, touchant quelque 0,5 % de la population âgée de 12 ans et plus et représentant 30,3 % de tous les cas admis en thérapie en 1999, excluant l’alcool42. Au Canada, entre 60 000 et 100 000 personnes, soit quelque 0,3 % de la population, auraient consommé des opiacés illicites selon des études publiées en 1997-199843. Tous ces chiffres sous-estiment sans doute le nombre de consommateurs d’opiacés car ce segment de la population est largement marginalisé, stigmatisé et difficile à rejoindre lors des grandes enquêtes sur la population.

Au Canada, une étude menée à Toronto en 1996-1998 sur une cohorte de 114 consommateurs d’opiacés illicites non traités a révélé qu’il s’agissait de polytoxicomanes chroniques : alcool (70,2 %), crack/cocaïne (57,9 %), et benzodiazépine (60,5 %). Nombre d’entre eux avaient des problèmes de santé graves (54,4 %), n’avaient pas de domicile fixe (51,8 %), avaient fait plusieurs surdoses dans l’année précédant l’étude (50 %), s’étaient rendus à l’urgence pour un problème de drogue (62,3 %), s’adonnaient à des activités illégales pour toucher un revenu (67,5 %), ont été arrêtés pour une infraction liée à la drogue ou un délit contre la propriété dans l’année précédant l’étude (51,4 %), ou ont été incarcérés (42,1 %)44.

c) Stimulants de type amphétamine

Les stimulants de type amphétamine constituent une famille de stimulants artificiels qui comprennent des substances communément appelées en anglais « uppers », « bennies » et « pep pills ». La méthamphétamine est un dérivé de l’amphétamine qui, dans la rue, prend les noms anglais de « speed », « crystal », « crank » ou « ice ». Ces substances peuvent être ingérées, reniflées ou injectées. Elles stimulent le système nerveux central.

Les effets recherchés des stimulants de type amphétamine sont semblables à ceux de la cocaïne :

 sentiment de bien-être physique et mental, d’exaltation et d’euphorie;
 regain de vigilance et d’énergie;
 acuité accrue dans les tâches manuelles ou intellectuelles.

Les effets à court terme des stimulants de type amphétamine sont les suivants :

 perte d’appétit;
 respiration haletante;
 augmentation du rythme cardiaque et de la pression artérielle;
 augmentation de la température du corps et sudation abondante;
 dilatation de la pupille;
 comportement bizarre, imprévisible et parfois violent.

À fortes doses, les effets des stimulants de type amphétamine sont notamment les suivants :

 hallucinations;
 hyperexcitabilité;
 irritabilité;
 sentiment de puissance et de supériorité;
 panique;
 psychose paranoïde.

Les effets à long terme des stimulants de type amphétamine sont semblables à ceux de la cocaïne et varient selon le mode d’absorption :

 destruction des tissus du nez;
 problèmes respiratoires;
 maladies infectieuses;
 abcès;
 malnutrition;
 désorientation;
 apathie;
 épuisement confus;
 tolérance et forte dépendance psychologique;
 psychose paranoïde;
 dépression.

d) Ecstasy

L’ecstasy et les stimulants de type amphétamine ont des compositions chimiques très voisines. L’effet pharmacologique dominant de l’ecstasy est toutefois un peu différent de celui des amphétamines : il a en outre des effets hallucinogènes. L’ecstasy est produit par synthèse chimique dans des laboratoires illégaux. Il est habituellement ingéré, parfois reniflé, mais rarement injecté.

Les effets recherchés de l’ecstasy sont notamment les suivants :

 capacité accrue de communiquer;
 tendance accrue à sociabiliser et à se rapprocher des autres;
 débordement d’énergie physique et affective.

Les effets à court terme de l’ecstasy sont notamment les suivants :

 état d’agitation;
 augmentation de la pression artérielle et du rythme cardiaque;
 sudation;
 nausées et vomissements;
 grincement des dents;
 anxiété, fatigue et, parfois, dépression après avoir arrêté de consommer;
 fortes hallucinations à des doses élevées.

Les effets à long terme d’une consommation régulière et prolongée d’ecstasy sont les mêmes que ceux des autres stimulants de synthèse et peuvent aussi entraîner des modifications chimiques permanentes dans le cerveau et des dommages au foie.

À la fin des années 1990, la proportion de la population âgée de 15 ans et plus qui consomme des amphétamines a été évaluée à 0,8 % en Amérique du Nord et à 0,5 % en Europe, soit 2,6 millions et 3,3 millions de personnes respectivement. On a évalué à quelque 33 millions le nombre de personnes ayant fait une consommation abusive d’amphétamines, soit 0,8 % de la population mondiale. En moyenne, quelque 10 % des demandes de traitement à l’échelle mondiale étaient associées aux amphétamines45. Dans le cas de l’ecstasy, la proportion de la population mondiale utilisant cette substance a été évaluée, à la fin des années 1990, à 0,2 % (7 millions de personnes). La consommation en Europe occidentale et en Amérique du Nord représente près de 85 % de la consommation mondiale46. À la fin des années 1990, en Europe, c’est en Irlande et au Royaume-Uni que la plus forte prévalence annuelle de la consommation d’ecstasy en pourcentage de la population de 15 ans et plus a été observée, soit 2,4 % et 1,6 % des populations respectives. Au Canada, en 2000, la prévalence annuelle de la consommation d’ecstasy a été de 1,5 % de la population âgée de 15 ans et plus47. Aux États-Unis, chez les élèves du secondaire (8e, 10e et 12e années), le taux de prévalence annuelle de la consommation d’ecstasy a augmenté de façon appréciable, passant de 3,8 % en 1996 à 6,3 % en 2001. En Ontario, ce taux chez les élèves du secondaire (âgés de 13 à 18 ans) a aussi augmenté, passant de 0,6 % en 1993 à 6 % en 200148.

e) Hallucinogènes

Le terme hallucinogène, du latin « hallucinare » signifiant « rêver, avoir l’esprit vagabond », sert à qualifier toute substance qui peut entraîner une déformation de la réalité et des hallucinations. Le LSD, la PCP, la mescaline et la psilocybine (champignons magiques) sont des hallucinogènes qui peuvent être fumés, ingérés, reniflés ou prisés selon la substance.

Les effets recherchés des hallucinogènes sont notamment les suivants :

 altération de la pensée, de l’humeur et de la perception des sens;
 « expansion de l’esprit »;
 expériences extrasensorielles;
 empathie;
 capacité accrue de communiquer;
 capacité accrue de sociabiliser.

Les effets à court terme des hallucinogènes sont les suivants :

 perception faussée de la profondeur et du temps, des dimensions et de la forme des objets;
 perception faussée de mouvement d’objets fixes;
 intensification de la perception sensorielle;
 risque accru de blessures dues à de telles déformations de la réalité.

Certains effets désagrables peuvent être provoqués par les hallucinogènes :

 anxiété;
 dépression;
 vertiges;
 désorientation;
 paranoïa.

Certains effets physiques peuvent être provoqués par les hallucinogènes :

 nausées et vomissements;
 sudation abondante;
 accélération du rythme cardiaque;
 convulsions (rare).

Des images d’une expérience de consommation antérieure peuvent surgir, sans qu’on consomme la substance, des jours, des semaines, voire des mois après avoir absorbé la dernière dose, ce qui peut entraîner un sentiment de désorientation, d’anxiété et de détresse. Certains consommateurs chroniques d’hallucinogènes peuvent présenter des symptômes de dépendance psychologique — mais aucun symptôme de dépendance physique n’a encore été observé.

Il existe très peu de données sur l’usage des hallucinogènes dans le monde. Au Canada, l’Enquête canadienne sur la consommation d’alcool et autres drogues de 1994 ne comportait pas de questions précises sur les hallucinogènes. À peine 1 % des répondants ont déclaré avoir fait usage de LSD, de speed ou d’héroïne. Toutefois, des enquêtes menées auprès d’élèves révèlent que la consommation d’hallucinogènes chez les jeunes est beaucoup plus importante. Ainsi, dans le Sondage sur la consommation de drogues parmi les élèves de l’Ontario (Ontario Student Drug Use Survey), 11,4 % des élèves (7e année CPO/cours préuniversitaire de l’Ontario) ont déclaré en 2001 avoir pris des hallucinogènes au cours des 12 mois précédents49. Selon une enquête semblable menée au Québec auprès d’élèves du secondaire, 15,6 % des élèves ont fait la même déclaration en 200050.

f) Cannabis

Pour ce qui est du cannabis proprement dit, et de la possession simple de cannabis en particulier, 21 000 personnes ont été inculpées de cette infraction en 1999. Cela représente une augmentation de 11 p. 100 par rapport à 1995. Dans l’ensemble du Canada, on constate que les courbes d’inculpation varient sensiblement d’un corps policier à l’autre, passant d’un plancher de 25 personnes par 100 000 habitants pour possession simple de cannabis à Vancouver en 1998, à un sommet de 210 par 100 000 habitants à Thunder Bay51.

Le mot cannabis désigne en particulier le sommet en fleur ou en fruit du plant de cannabis, Cannabis sativa (chanvre cultivé, en latin). Le terme cannabis est aussi le générique le plus répandu pour désigner diverses préparations obtenues à partir du plant de cannabis : marijuana, haschisch et huile de haschisch. Le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) est le principal agent psychoactif contenu dans les produits du cannabis. Le cannabis agit sur des récepteurs précis du cerveau. La substance est en général fumée ou ingérée (sous la forme d’aliment ou de tisane).

Des recherches et des cas isolés récents indiquent que le cannabis pourrait avoir des usages thérapeutiques : soulagement de la douleur, soulagement des nausées et vomissements causés par la chimiothérapie, stimulation de l’appétit et soulagement du syndrome cachectique dû au sida, diminution de la pression intraoculaire causée par le glaucome, diminution des spasmes musculaires causés par l’épilepsie généralisée et soulagement de l’hypertonie spastique causée par la sclérose en plaques. Le Bureau de l’accès médical au cannabis de Santé Canada offre un soutien financier direct pour les essais cliniques sur la sécurité et l’efficacité de la marijuana, tant fumée que non fumée, et des cannabinoïdes à des fins médicales. Le plan quinquennal de recherche établi en 2001 permettra de mieux connaître les usages thérapeutiques des cannabinoïdes.

Les effets recherchés du cannabis sont les suivants :

 sentiment de bien-être, d’euphorie et de relaxation;
 expériences sensorielles plus intenses.

Les effets à court terme du cannabis sont les suivants :

 appétit plus grand;
 pouls plus rapide;
 perte de capacité intellectuelle et psychomotrice;
 volubilité;
 altération des sens (perception plus aiguë des couleurs et des sons);
 distorsion du temps.

À très fortes doses, les effets du cannabis peuvent être semblables à ceux des hallucinogènes. Une consommation régulière et abondante de cannabis peut mener à la tolérance et causer à long terme une dépendance.

Les effets à long terme du cannabis sont notamment les suivants :

 perte de motivation et d’intérêt pour une activité soutenue;
 risque de cancer du poumon, de bronchite chronique et d’autres maladies respiratoires quand le cannabis est fumé.

Le cannabis est la substance illicite la plus consommée dans le monde; 3,5 % de la population mondiale a déclaré en faire usage à la fin des années 1990. La demande de traitement est beaucoup plus faible pour le cannabis que pour les opiacés ou la cocaïne, mais elle est loin d’être négligeable. En moyenne, 15 % de toutes les demandes de traitement dans le monde découlent d’un problème de consommation du cannabis, et ce pourcentage s’accroît à mesure que les niveaux de consommation augmentent et que du cannabis à plus forte teneur en THC est offert sur le marché. À la fin des années 1990, la prévalence de la consommation de cannabis dans la population en général était de 6,6 % en Amérique du Nord et de 4,9 % en Europe, ce qui correspond à des populations respectives de 20,4 millions et 31,1 millions de personnes52.

3. CONSTATIONS DU COMITÉ - CONSOMMATION ET USAGE NOCIF DE SUBSTANCES

Le Comité en arrive aux constatations suivantes :

 Au Canada, le manque alarmant d’information sur l’ampleur de la consommation et de l’usage nocif de substances, sur les tendances et les surdoses, entrave l’élaboration d’une stratégie antidrogue efficace.
 L’usage nocif de substances et la dépendance sont des maladies chroniques et récurrentes nécessitant des stratégies en santé publique. L’approche qui s’impose doit être axée sur la santé, s’appliquer à toutes les substances en usage à l’heure actuelle et pouvoir s’appliquer aux substances qui ne sont pas encore produites.
 L’usage nocif de substances n’est pas limité à la consommation de substances illicites. L’usage nocif du tabac, de l’alcool, d’inhalants, de médicaments d’ordonnance et de médicaments vendus sans ordonnance est aussi très répandu et inquiète sérieusement le Comité et de nombreux Canadiens.
 La consommation de substances varie d’une région à l’autre du pays, mais l’usage nocif de substances entraîne des coûts sociaux, économiques et sanitaires énormes, et a un effet dévastateur sur les personnes, les familles et la collectivité.
 Les tendances en matière de consommation de substances sont alarmantes : on commence de plus en plus jeune à consommer; de nouvelles drogues de synthèse envahissent régulièrement le marché; les jeunes consomment de plus en plus.
 Le fait qu’une substance soit licite ou illicite influe peu sur la consommation.
 Il est renversant de constater qu’en 2001, près des trois quarts de toutes les infractions liées aux drogues avaient trait au cannabis.
 La tragédie sociale et humaine qui résulte de l’usage nocif de substances et les liens avec la prostitution et l’exploitation de groupes vulnérables de la société sont parmi les questions les plus troublantes qui ont retenu l’attention du Comité.
 Les taux élevés de mortalité et morbidité chez les utilisateurs de drogues injectables sont troublants.
 Il faut déployer de grands efforts pour éviter que le Canada ne subisse à son tour les ravages et les coûts sociaux qu’engendrent la consommation et l’usage nocif de substances ailleurs dans le monde. La prise immédiate de mesures proactives garantira un avenir plus prometteur.
 On ne peut fermer les yeux sur l’incidence de la consommation de plus en plus répandue de substances, sur la société canadienne. Ce problème concerne l’ensemble des citoyens. Tous les gouvernements et le secteur privé doivent multiplier leurs efforts pour réduire la consommation de substances et préserver ainsi la santé et la sécurité des Canadiens.

5Dr Mark Tyndall, directeur de l’épidémiologie, B.C. Centre for Excellence, Université de la Colombie-Britannique, témoignage devant le Comité, 3 décembre 2001.
6Déclaration liminaire de Michael McLaughlin, sous-vérificateur général du Canada, devant le Comité, 6 février 2002.
7L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), Drugnet Europe, Bulletin bimensuel de l’OEDT, juillet-août 2002, no 26.
8Nations Unies, Bureau des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime, Tendances mondiales des drogues illicites 2002, New York, 2002, p. 213-214.
9Ibid., p. 218.
10Santé Canada, La santé des jeunes : tendances au Canada, Ottawa, 1999, chapitre 10, p. 98.
11Ibid., p. 98-99.
12Edward M. Adlaf, Angela Paglia, Frank J. Ivis, Drug Use Among Ontario Students, 1977-1999: Findings from the OSDUS, Centre for Addiction and Mental Health Research Document Series No. 5, accessible en ligne à l’adresse suivante : www.camh.net/addiction/ont_study_drug_use.html.
13Santé Canada, Enquête de 1994 sur l’alcool et les autres drogues au Canada : analyse des résultats, 1997.
14Inclut « consommé une seule fois ».
15Santé Canada, Enquête de 1994 sur l’alcool et les autres drogues au Canada : analyse des résultats, 1997, p. 63-64.
16Médicaments antidouleur allant de l’aspirine à la morphine.
17Institut canadien d’information sur la santé, Les soins de santé au Canada, Statistique Canada, 2000, accessible en ligne à l’adresse suivante : secure.cihi.ca/cihiweb/products/HR2002FR.pdf.
18Christiane Poulin, « Medical and nonmedical stimulant use among adolescents : from sanctioned to unsanctioned use », dans Journal de l’Association médicale canadienne, 165 (8): 1, 2001 p. 39-44.
19Statistique Canada, L’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, 2000-2001, accessible en ligne à l’adresse suivante : www.statcan.ca/français/freepub/82-221-XIF/00502/tables/html/2155_f.htm.
20Eric Single, et al., Les coûts de l’abus des substances au Canada, Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies, 1996.
21Bureau du vérificateur général du Canada, Rapport de la vérificatrice générale du Canada, de 2001, chapitre 11 — Les drogues illicites : le rôle du gouvernement fédéral, 2001.
22R. Wall, et al., « The social cost of untreated opiate use », Journal of Urban Health, 77, 2001, p. 688-722.
23Même s’il est risqué de généraliser et d’étendre ces résultats au reste de la population de consommateurs d’opiacés illicites, les chercheurs ont fait remarquer que la majorité de leurs répondants avaient été recrutés dans le contexte de programmes d’échange de seringues et dans des centres de services sociaux. Du fait que ces consommateurs étaient mieux informés quant aux risques pour leur santé et davantage motivés pour réclamer des services de santé et des services sociaux, les coûts sociaux qui leur sont attribuables pourraient être inférieurs à ceux de personnes issues d’un milieu semblable, mais plus isolées.
24Les coûts liés aux conséquences subies par les victimes d’actes criminels comprennent les défraiements, l’indemnisation pour souffrance et douleur, les pertes de productivité et les soins de santé. Les coûts d’application des lois comprennent ceux des services de police, des services judiciaires et des services correctionnels. Les pertes de productivité sont calculées en fonction des coûts liés à la morbidité et à la mortalité. Les coûts des soins de santé comprennent ce qu’il en coûte pour les soins d’hospitalisation, les soins d’urgence, les soins aux malades externes, les traitements pour les toxicomanies, les soins médicaux, les services ambulanciers et les produits pharmaceutiques.
25Josée Savoie, « Statistique de la criminalité au Canada, 2001 », Juristat, Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, no de catalogue 85-002-XIF, vol. 22, no 6, p. 10-11. Le nombre d’incidents est tiré du Programme de déclaration uniforme de la criminalité et ne correspond qu’à l’infraction la plus grave commise lors d’un incident criminel. Par conséquent, si un incident criminel comprend un vol et la possession de drogues, seul le vol sera consigné dans la base de données.
27Julian Fantino, chef, Services de la police de Toronto, témoignage devant le Comité, 18 février 2002.
28Le document Terminology and Information on Drugs de l’Office des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime, préparé par la Section scientifique (Laboratoire), Direction de l’élaboration et de l’analyse des politiques, Division des opérations et de l’analyse, octobre 1998, est la principale source d’information sur les diverses substances décrites dans la présente section. Le document peut être consulté en ligne à l’adresse suivante : www.undcp.org/odccp/report_1998-10-01_1.html.
29Effets produits par une seule dose ou après une courte période d’usage continu d’une substance.
30Basuco (de l’espagnol base de coca) est une forme impure et bon marché de cocaïne, qui est particulièrement toxique parce qu’elle contient du kérosène, de l’acide sulfurique et d’autres produits chimiques toxiques utilisés pour extraire la cocaïne de la feuille de coca. Le basuco produit un effet d’euphorie encore plus marqué que l’inhalation de colle et crée donc chez le consommateur un besoin plus intense de se lancer continuellement à la recherche d’une « dose ». Communiqué de presse OMS/35 — 21 avril 1994.
31Nations Unies, Bureau des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime, Tendances mondiales des drogues illicites 2002, New York, 2002, p. 275-278.
32Dr Mark Tyndall, directeur de l’épidémiologie, B.C. Centre for Excellence, Université de la Colombie-Britannique, témoignage devant le Comité, 3 décembre 2001.
33Le « rush » de cocaïne prive graduellement le cerveau de sérotonine, de norépinéphrine et de dopamine, des neurotransmetteurs, et bloque leur processus de réabsorption. L’effondrement désigne la période de dépression, d’irritabilité et d’anxiété qui suit le court épisode d’euphorie provoqué par la cocaïne, alors que s’épuisent la sérotonine, la norépinéphrine et la dopamine, des composés chimiques naturels qui procurent une sensation de bien-être. L’effondrement dure tant que le cerveau n’a pas recommencé à produire ces composés chimiques.
34Nations Unies, Bureau des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime, Tendances mondiales des drogues illicites 2002, New York, 2002, p. 244.
35Santé Canada, L’usage de la cocaïne. Recommandations en matière de traitement ou de réadaptation, préparé pour la Division de la stratégie canadienne antidrogue par G. Ron Norton, Michael Weinrath et Michel Bonin, Université de Winnipeg, 2000, p. 1.
36Nations Unies, Bureau des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime, Tendances mondiales des drogues illicites 2002, New York, 2002, p.244.
37Ibid., p. 251.
38Dr Mark McLean, médecin associé du Service de santé, Vancouver/Richmond Health Board, témoignage devant le Comité, 4 décembre 2001.
39Donald MacPherson, coordonnateur de la politique sur les drogues, Service de planification sociale, ville de Vancouver, témoignage devant le Comité, 4 décembre 2001.
40Nations Unies, Bureau des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime, Tendances mondiales des drogues illicites 2002, New York, 2002, p. 223-224.
41Ibid., p. 230.
42Ibid., p. 241.
43R. Remis, et al., Consortium to characterize injection drug users in Canada, Montréal, Toronto et Vancouver, rapport final, Toronto, 1998 et B. Fischer, et J. Rehm, « The case for a heroin substitution treatment trial in Canada », Revue canadienne de santé publique, 88, 1997, p. 367-370.
44B. Fischer, W. Medved, L. Gliksman, et J. Rehm, « Illicit Opiates in Toronto: A Profile of Current Users », Addiction Research, 07(05), 1999, p. 377-415.
45Nations Unies, Bureau des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime, Tendances mondiales des drogues illicites 2002, New York, 2002, p. 260.
46Ibid., p. 265.
47Ibid., p. 267-268.
48Ibid., p. 269-270.
49Centre de toxicomanie et de santé mentale, Drug Use Among Ontario Students 1977-2001, 2001, accessible en ligne à l’adresse suivante : www.camh.net/research/pdfs/osdus2001_DrugReport.pdf.
50Institut de la statistique du Québec, L’alcool, les drogues, le jeu : les jeunes sont-ils preneurs? Enquête québécoise sur le tabagisme chez les élèves du secondaire (2000), Vol. 2, 2002, accessible en ligne à l’adresse suivante : www.stat.gouv.qc.ca/publications/sante/pdf/RapAlcool_a.pdf.
51Croft Michaelson, directeur et avocat général principal, Section de l’élaboration des politiques stratégiques en matière de poursuites, ministère de la Justice, témoignage devant le Comité, 1er octobre 2001.
52Nations Unies, Bureau des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime, Tendances mondiales des drogues illicites 2002, New York, 2002, p. 254.