Bienvenue à la 18e réunion du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées. Conformément aux ordres de renvoi du 11 avril et du 26 mai 2020, le Comité reprend son étude de la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19.
La réunion d'aujourd'hui se déroule par vidéoconférence, et les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. Le site Web montrera toujours la personne qui a la parole, plutôt que l'ensemble du Comité.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Lorsque vous êtes prêts à vous exprimer, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro.
Avant de commencer, j'aimerais rappeler à tous, et particulièrement aux témoins, de bien vouloir utiliser le canal de la langue dans laquelle vous vous exprimez. Si vous passez de l'anglais au français, et inversement, assurez-vous de changer de canal avant de parler dans l'autre langue. Cela aidera énormément nos interprètes.
J'aimerais remercier les témoins d'être avec nous aujourd'hui. Nous accueillons Emma Rose Bienvenu, qui comparaît à titre personnel. Nous recevons également Babacar Faye, président, ainsi que Timothy Gulliver, commissaire à la revendication du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa.
Madame Bienvenu, je vous prie de nous présenter votre déclaration.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur le président et honorables parlementaires, bonjour. Je vous remercie de nous permettre de comparaître devant vous.
Je m'appelle Babacar Faye et je suis président du Syndicat étudiant de l'Université d'Ottawa, ou SÉUO. Je suis accompagné de mon collègue, Tim Gulliver, commissaire à la revendication du Syndicat. Je présenterai un bref profil de notre communauté étudiante, puis je vous parlerai des conditions créées par cette crise et de la façon dont celle-ci touche les étudiants. J'aborderai plus particulièrement leur situation financière.
J'aimerais tout d'abord souligner que nous sommes très reconnaissants envers le gouvernement pour les démarches entreprises afin d'aider les étudiants canadiens, ainsi qu'envers le Parlement et les députés de l'opposition, qui ne cessent de chercher des solutions pour aider les étudiants à surmonter les défis auxquels ils doivent faire face pendant cette crise. Ces actions ont d'ores et déjà atténué plusieurs des défis que doivent surmonter les milliers d'étudiants du premier cycle représentés par le SÉUO.
Le monde s'est figé pendant cette pandémie, et la communauté étudiante a elle aussi subi ses effets. Elle a dû faire la transition vers l'apprentissage à distance, ce qui lui a créé des obstacles supplémentaires. Cela s'ajoute aux défis que les étudiants ont en commun avec bon nombre de Canadiens, dont la perte d'emploi et de possibilités de carrière, le souci de payer son loyer et ses factures, de même que celui d'avoir la capacité d'acheter de quoi mettre sur la table.
Lorsqu'on a annoncé la Prestation canadienne d'urgence, ou PCU, bon nombre d'étudiants en fin de session étaient sans emploi et incapables de payer leur loyer pour le mois suivant. D'ailleurs, quelques milliers d'entre eux devaient quitter d'urgence leur résidence.
Certes, la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants amène un certain répit. Toutefois, le coût de la vie n'est pas tellement différent pour la communauté étudiante que pour le reste de la population, et nous nous rendons compte que, même avec la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, la situation reste incertaine pour beaucoup d'entre eux.
En même temps, nous voyons poindre le spectre des frais de scolarité pour l'automne. Afin de mieux comprendre les effets de cette pandémie, entre le 5 mai et le 28 mai, nous avons mené un sondage auprès de notre population étudiante sur son expérience au cours de la crise et les répercussions de celle-ci sur les plans universitaire, financier et psychologique. Le sondage a permis de déterminer que cette crise avait un effet sérieux sur la capacité des étudiants à couvrir leurs dépenses de base.
Dans le contexte ontarien, cela suit d'importantes compressions générales dans l'aide financière aux étudiants. Selon le sondage, 44 % de nos étudiants ont répondu être inquiets ou très inquiets de ne pas pouvoir payer leur loyer, et 60 % sont inquiets ou très inquiets quant à leur capacité à payer leurs frais de scolarité à l'automne. Il faut noter que 80 % pensent que les frais de scolarité d'automne devraient être réduits, si tous leurs cours étaient donnés en ligne. En fait, 95 % des cours se donnent en ligne à l'Université d'Ottawa.
Nous vivons une crise qui affecte tous les secteurs, y compris l'éducation et les étudiants. Bien que les étudiants bénéficient de plusieurs mesures d'appui, les frais de scolarité restent toujours une grande inquiétude. La situation est encore plus difficile pour les étudiants internationaux, dont plusieurs sont toujours au Canada à cause des conditions créées par cette pandémie. Juste hier, nous avons reçu un courriel d'un étudiant international qui ne pouvait rentrer chez lui et qui ne peut travailler au Canada. La compagnie aérienne a annulé son billet d'avion et de nouveaux billets coûteraient trop cher pour ses parents, qui doivent payer le loyer. Ils doivent choisir entre payer les frais de scolarité de leur fils ou mettre de la nourriture sur sa table. La situation de cet étudiant ne fait malheureusement pas exception, et de nombreux étudiants internationaux se retrouvent dans des situations particulièrement difficiles.
On a suspendu le montant limite d'heures que peuvent travailler les étudiants internationaux, et nous applaudissons à cette mesure du gouvernement. Toutefois, ce n'est toujours pas suffisant. Nombreux sont les étudiants internationaux qui ne peuvent pas demander la Prestation canadienne d'urgence, même s'ils subissent les séquelles de cette pandémie en raison des précédentes limites.
Sans aide supplémentaire du gouvernement, compte tenu de la fermeture des frontières et des diverses circonstances créées par cette crise, les étudiants internationaux risquent d'être dans une situation assez précaire à l'automne. Beaucoup d'entre eux le sont déjà.
Il serait important de considérer d'étendre et de faire appliquer certaines mesures d'aide aux étudiants internationaux, dont la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, un programme de bourse pour les étudiants internationaux ou pour les établissements qui en accueillent, et la Prestation canadienne d'urgence elle-même.
Cette réalité dépasse le simple cadre financier. De nombreux étudiants, surtout les étudiants internationaux, affrontent des difficultés de nature diverse, difficultés qui risquent de se multiplier à l'automne, alors que beaucoup d'universités offriront des cours à distance. Ces difficultés soulèvent plusieurs questions quant à l'accès à du matériel d'apprentissage abordable et accessible à tous, ce que mon collègue M. Gulliver abordera dans son exposé.
Je vous remercie de votre attention.
Je cède maintenant la parole à mon collègue Timothy Gulliver, commissaire à la revendication du Syndicat étudiant de l'Université d'Ottawa.
Je remercie le président et les membres du Comité de nous recevoir aujourd'hui pour entendre la perspective étudiante. Nous vous en sommes très reconnaissants.
Pour avoir eu l'occasion de travailler sur la Colline l'an dernier, je suis très conscient de tout le travail que vous faites et du rôle que cette chambre et ses comités jouent dans la démocratie canadienne.
J'aimerais faire écho aux propos de mon collègue et attirer l'attention des membres du Comité sur les difficultés dont les étudiants nous font part.
Premièrement, la transition vers un modèle d'apprentissage exclusivement en ligne ne s'est pas nécessairement faite sans heurts. Bien que nous appréciions tous les efforts déployés par notre université et les autres qui ont rendu tout cela possible, nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les disparités qui existent au sein de la population étudiante de premier cycle en raison de leur classe sociale, de leur race ou de leur milieu rural ou urbain, qui ont une incidence directe sur l'aptitude de certains d'avoir accès aux outils requis pour apprendre en ligne. Notons parmi ces outils les ordinateurs portables, les microphones, les webcams, une connexion WiFi stable et un endroit tranquille pour étudier et apprendre chez-soi. De plus, dans certains programmes, les étudiants peuvent devoir acheter d'autres logiciels ou outils d'apprentissage hors de prix, ce qui s'ajoute au fardeau financier auquel les étudiants sont déjà confrontés.
Bref, c'est un privilège que de pouvoir bien apprendre en ligne; ce n'est pas la réalité de tous. Dans notre sondage, nous avons constaté que les étudiants handicapés ou racialisés étaient plus critiques à l'égard de leur expérience d'apprentissage en ligne du printemps. Il faut y voir. Quand tous ces étudiants sont réunis sur le campus, beaucoup de ces difficultés sont atténuées, il y a une plus grande égalité des chances. Cependant, en ces temps sans précédent, l'apprentissage en ligne a levé le rideau sur les disparités qui existent au sein de notre communauté. Nous espérons que le gouvernement fédéral envisage une mesure stratégique telle qu'une bourse ponctuelle pour aider les étudiants qui auraient besoin d'une aide financière supplémentaire pour acheter les outils d'apprentissage dont ils ont besoin pour réussir dans un environnement d'apprentissage en ligne.
Deuxièmement, nous restons très conscients et inquiets des effets de la pandémie sur la santé mentale des étudiants. Comme beaucoup d'entre vous le savez sans doute, l'Université d'Ottawa fait partie des nombreuses institutions postsecondaires frappées par une crise de la santé mentale. Nous avons tragiquement perdu six étudiants par suicide sur le campus depuis avril 2019. Nous reconnaissons qu'il s'agit d'un problème systémique auquel il n'y a pas de solution simple, mais nous craignons que cette pandémie n'exacerbe la crise. Nous avons constaté que 63 % des étudiants sondés indiquent que leur santé mentale s'est détériorée ou qu'elle s'est beaucoup détériorée. C'est aussi ce qui ressortait d'un sondage effectué le mois dernier par Statistique Canada, selon lequel « près des deux tiers (64 %) des participants de 15 à 24 ans ont déclaré que la situation avait une incidence négative sur leur santé mentale depuis l'installation des mesures d'éloignement physique ». Les étudiants se sentent moins productifs et moins motivés et souffrent du manque de liens sociaux. Une deuxième vague de COVID-19 aurait certainement pour effet d'exacerber ces difficultés.
Pour terminer, j'aimerais faire appel à tous les membres du Comité, si possible. Selon un rapport produit par la RBC en 2018, depuis 1990, la part du gouvernement dans le financement des universités a fondu de près de la moitié, tandis que les frais de scolarité des universités ont été multipliés par 2,7 en nombres réels.
J'ai pris la liberté de calculer l'âge moyen des membres du Comité. Je me suis rendu compte qu'en moyenne, ceux-ci étaient à l'université il y a une trentaine d'années, en 1990. Je vous dirais qu'il en coûte plus cher aujourd'hui d'aller à l'université qu'il en coûtait il y a 30 ans. En 1990, selon la RBC, il fallait travailler environ 300 heures au salaire minimum pour payer ses frais de scolarité. Il faut aujourd'hui en travailler plus de 500. En 1990, le montant réel moyen des frais de scolarité était d'environ 2 400 $. Aujourd'hui, ces frais approchent davantage les 6 500 $. En 1990, les étudiants à temps plein empruntaient en moyenne moins de 3 000 $ par année. Aujourd'hui, ils empruntent en moyenne 6 000 $ par année. Toujours selon la RBC, plus de 20 % des personnes qui obtiennent un diplôme de baccalauréat s'endettent de plus de 25 000 $, un phénomène qui prend une ampleur exponentielle pour nos collègues qui étudient en droit ou en médecine.
Selon nous, il est essentiel que le gouvernement fédéral s'efforce d'inverser la tendance, faute de quoi les difficultés déjà associées aux études postsecondaires au Canada ne feront qu'empirer, compte tenu du climat économique actuel.
En conclusion, à court terme, nos priorités en tant que leaders étudiants sont: a) de réclamer l'inclusion des étudiants internationaux dans la réponse du gouvernement à la pandémie; b) de venir en aide aux étudiants désavantagés par l'apprentissage en ligne; c) de réclamer des mesures nationales globales pour protéger la santé mentale.
À long terme, quand nous réfléchissons à l'avenir du Canada après la COVID, nous croyons fermement que quelque chose doit changer. Nous devons ériger une société, après la COVID, où l'éducation sera au moins aussi abordable qu'elle l'était il y a 30 ans et où tous les étudiants pourront contribuer à relancer l'économie canadienne, plutôt que d'être accablés par une dette étudiante pendant des années.
Encore une fois, monsieur le président, je souhaite remercier les membres du Comité de leur attention aujourd'hui. Nous espérons que c'est le début d'une consultation soutenue des syndicats étudiants en cette période difficile.
Nous serons ravis de répondre à vos questions en temps et lieu. Merci.
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Merci, je pense que nous avons résolu les problèmes.
Encore une fois, je remercie les membres du Comité de leur invitation et je les félicite de vouloir entendre des membres de la société canadienne de tous les horizons, y compris une jeune Canadienne comme moi.
Mes observations d'aujourd'hui portent sur trois sujets. J'aimerais d'abord vous toucher quelques mots de ma perception de la crise, pour bien mettre en contexte les recommandations que je ferai un peu plus tard. J'aborderai ensuite les façons de renouveler et de parfaire les compétences de la main-d'oeuvre canadienne. Enfin, je vous parlerai de la façon dont le gouvernement peut mieux appuyer les étudiants, particulièrement les étudiants handicapés.
Je commencerai par exposer deux croyances et postulats qui guident ma façon de voir la crise actuelle.
Premièrement, je suis d'avis qu'il est impératif que le gouvernement fasse de la morbidité et non de la mortalité une considération de premier plan dans ses décisions stratégiques, particulièrement lorsqu'il évalue les risques acceptables de l'exposition au virus dans la perspective d'une réouverture économique provisoire.
Les effets du coronavirus sont souvent présentés en termes binaires. Nous mettons l'accent sur les décès — tant de personnes survivent et tant en meurent —, puis nous jugeons du succès ou de l'échec des mesures prises par le gouvernement en fonction du nombre de citoyens décédés de la maladie.
Cependant, les données scientifiques font ressortir de plus en plus nettement que les effets de la COVID-19 ne sont pas binaires. Bon nombre des personnes qui y survivent, de 10 à 15 % de ceux et celles qui ressentent des symptômes aigus nécessitant une hospitalisation, en particulier, en garderont des séquelles permanentes non seulement aux poumons, mais aussi aux reins, au foie, au coeur et même au cerveau. Ils auront par conséquent besoin de soins médicaux constants, ce qui aura des conséquences sur leur qualité de vie le reste de leur vie.
Je suis donc d'avis que même pour ceux qui sont susceptibles de survivre à la COVID-19, les risques de morbidité qui découlent de l'exposition au virus devraient être au coeur des décisions stratégiques et peser suffisamment lourd pour justifier des mesures sévères pour éviter toute exposition au virus.
Mon deuxième postulat quant à cette crise, c'est que beaucoup des changements demeureront nécessaires, même s'il y a un vaccin, même si l'on développe l'immunité collective. Nous ne nous rendons pas service en croyant le contraire.
Le record mondial de vitesse pour la mise au point d'un vaccin est détenu par le vaccin contre les oreillons, que les chercheurs ont mis quatre ans à mettre au point. Les essais concurrents des candidats à un vaccin contre le coronavirus accéléreront les choses, mais il est extraordinairement optimiste de croire que nous réussirons à mettre au point et à administrer un vaccin en moins de 24 mois. Ces deux années ou plus accéléreront des changements socioéconomiques qui auraient pris des dizaines d'années à se concrétiser sinon. Elles transformeront notre façon de vivre, de travailler et d'apprendre, et il ne sera pas possible de faire marche arrière lorsque la menace que pose le virus sera contenue. Il faut le reconnaître sans équivoque, et c'est selon moi, la meilleure façon de nous garantir de bons résultats politiques et une reprise forte.
C'est dans ce contexte que j'aborde la question des interventions sur le marché du travail.
Certains secteurs rebondiront sans trop de mal et ils le feront rapidement. Dans ces secteurs, les programmes de subvention salariale répondent bien à l'objectif d'éviter des perturbations qui causeraient des licenciements, sinon, susceptibles de nuire à la relation employeur-employé.
Dans d'autres secteurs, en revanche, la demande de main-d'oeuvre s'est transformée à tout jamais. Une grande partie des suppressions d'emplois que nous avons observées au cours des derniers mois n'ont pas tant été causées par la COVID-19 qu'accélérées par sa propagation. Bon nombre des fonctions les plus touchées par la pandémie étaient déjà en péril en raison des avancées technologiques et de l'automatisation. Nous avons constaté pendant la pandémie que l'automatisation qui remplace les travailleurs est d'autant plus rentable qu'elle est résiliente aux chocs attribuables aux virus. En termes simples, cela signifie que dans beaucoup de secteurs, la demande de main-d'oeuvre s'est transformée de manière permanente et que les subventions salariales masqueront cette transformation tant qu'elles demeurent en place. Elles ne feront que repousser des mises à pied, sans pour autant permettre de marche arrière.
Par conséquent, avant que le gouvernement ne commence à arrêter ses programmes d'aide au revenu, il doit proactivement déterminer où la demande de main-d'oeuvre s'est transformée et où elle s'accentue, afin de bien réorienter les programmes de recyclage et de perfectionnement professionnel nécessaires pour renouveler la population active canadienne dans la nouvelle économie de l'après-coronavirus.
Pour recycler sa main-d'oeuvre rapidement et à grande échelle, le gouvernement doit mettre l'accent sur deux types d'interventions: il faut premièrement vite parfaire les compétences de la main-d'oeuvre pour répondre à la demande à court terme dans les commerces d'alimentation de détail en misant sur la livraison au dernier kilomètre; deuxièmement, il faut penser à permettre aux travailleurs de se recycler pour s'orienter vers des carrières mieux harmonisées aux tendances futures, vers les services de santé, par exemple, le travail à distance et l'enseignement à distance.
J'ai donc quatre recommandations à vous faire en ce sens.
Premièrement, les formules privilégiées pour le recyclage professionnel sont mûres pour un peu d'innovation. Au Canada, nous avons tendance à privilégier des diplômes acquis sur plusieurs années, alors que dans la plupart des secteurs, de simples modules à microcrédits pourraient fournir aux travailleurs la formation ciblée et les compétences avancées requises plus vite, à bien moindre coût. Les microcrédits seraient d'autant plus efficaces s'ils étaient mis au point de concert avec les employeurs ou les associations de l'industrie pour que les travailleurs acquièrent les compétences ciblées les plus adaptées pour répondre aux besoins du marché de l'emploi canadien.
Deuxièmement, au moment où le gouvernement se prépare à éliminer graduellement la PCU, il devrait envisager d'offrir aux travailleurs déplacés la possibilité de continuer de la recevoir un ou plusieurs mois supplémentaires, à la condition qu'ils prennent le temps de terminer des modules de microcrédits, surtout si ces modules ont été conçus de concert avec les employeurs. Cela contribuerait à faciliter leur réintégration au marché du travail.
Troisièmement, le gouvernement devrait créer un outil en ligne d'échange des talents qui permettrait de jumeler ceux qui ont terminé les microcrédits avec des employeurs. Cela rendrait le marché des emplois plus transparent et réduirait les frictions associées au redéploiement des travailleurs. Ce type d'échange vient d'être conçu en six jours aux États-Unis par un groupe d'entreprises du secteur alimentaire. Il a été lancé en avril et a très bien réussi à jumeler les demandeurs d'emploi aux employeurs du secteur alimentaire qui faisaient face à une recrudescence des demandes à court terme à cause de la pandémie.
Quatrièmement, le gouvernement devrait envisager de subventionner les initiatives de recyclage professionnel, tout particulièrement pour les microentreprises et les PME. En Allemagne, la récente loi sur les occasions de qualification subventionne les coûts de formation des employés des entreprises à 100 % pour les microentreprises et à 50 % pour les PME.
Pour reprendre, le gouvernement devrait tout d'abord remplacer les programmes de formation de plusieurs années par des microcrédits créés de concert avec les employeurs. Il devrait ensuite prolonger les paiements de la Prestation canadienne d'urgence pour ceux qui décident de suivre ces programmes de recyclage à microcrédits. Troisièmement, il devrait créer un outil d'échange des talents en ligne permettant de jumeler les travailleurs avec les employeurs et, en dernier lieu, il devrait subventionner les coûts de recyclage professionnels des microentreprises et des PME.
Je vais maintenant parler des étudiants, car, en tant que récente diplômée, je suis davantage à même d'en parler.
Le gouvernement peut soutenir les étudiants de bien des façons dans cette crise. Assurer l'accès universel à l'Internet de haute qualité est sans doute l'un des besoins les plus pressants. Selon les données du CRTC, 11 % des foyers canadiens n'ont toujours pas accès à l'Internet, et même ceux qui y ont accès se heurtent à d'énormes différences de vitesse de connexion et de fiabilité. Dans un environnement de télétravail, on ne saurait exagérer les iniquités que cela cause.
Le Conseil des écoles catholiques d'Ottawa a récemment recommandé aux élèves qui n'avaient pas accès à l'Internet à la maison de s'installer dans les stationnements pour écouter les leçons et faire leurs devoirs. Au Manitoba, la Première nation de Garden Hill a été obligée d'annuler carrément l'année scolaire, justifiant sa décision essentiellement par la mauvaise qualité des connexions Internet.
Ma recommandation est simple: vous devriez fournir à chaque étudiant qui n'a pas l'Internet à la maison un appareil mobile avec point d'accès WiFi. Le travail à long terme de votre comité est de connecter l'ensemble du Canada pour assurer l'Internet à large bande universel. Cela pourrait prendre des années, ce que nous n'avons pas. Les appareils à point d'accès WiFi coûtent environ 10 dollars par mois, et pourraient immédiatement combler le fossé numérique qui reste un facteur limitatif pour tant d'étudiants.
Spectrum, le fournisseur de services à large bande américain, a récemment lancé un programme consistant à fournir un de ces appareils gratuitement à tout élève de la maternelle à la 12e année qui n'a pas Internet chez lui. Le gouvernement canadien devrait pousser les entreprises de télécommunication à faire de même et en subventionner le coût si nécessaire. Il semble de plus en plus évident que les mesures de distanciation sociale continueront de limiter la présence des élèves à l'école pendant encore un an ou deux, aussi le gouvernement doit-il faire tout son possible pour s'assurer que tous les étudiants possèdent l'accès Internet dont ils ont besoin pour réussir.
Je voudrais dire quelques mots à propos des étudiants handicapés. C'est désormais presque banal de reconnaître que la pandémie a accablé de façon disproportionnée ceux les moins équipés pour en porter le fardeau, et les étudiants handicapés ne font pas exception. Le soutien supplémentaire qu'ils ont reçu par la PCUE les a aidés à payer l'équipement ergonomique et les techniques d'assistance, mais il reste de graves lacunes pour les services d'apprentissage en ligne. Les établissements d'enseignement au Canada n'ont jamais vraiment priorisé l'achat de techniques d'assistance. Cela veut dire que le passage à l'apprentissage en ligne a reproduit, dans les classes virtuelles, les mêmes barrières auxquelles les étudiants faisaient face dans un environnement physique.
Le gouvernement peut aider de deux façons économiques. À court terme, le gouvernement devrait pousser les entreprises qui conçoivent les produits, les applications et les technologies d'enseignement utilisées actuellement à créer un mécanisme de plaintes pour les questions d'accessibilité avec un délai prescrit pour remédier aux problèmes signalés. Cela atténuerait les difficultés immédiates des étudiants handicapés. Deuxièmement, le gouvernement devrait sensibiliser les employeurs et les universités à continuer d'offrir l'option du télétravail. Cela élargirait l'accès à l'éducation et à l'emploi à des étudiants qui, sinon, auraient été limités par leur déficience physique.
En conclusion, le Comité a un gros défi à relever, car ces temps sont difficiles, mais les grands défis ouvrent de grandes possibilités. Personne autre que les femmes et les hommes élus de ce comité n'est mieux en mesure de saisir cette occasion, de faire preuve de leadership et d'aider les Canadiens à mieux reconstruire, tout en s'assurant que nous ressortons plus forts, plus résilients et plus unis de cette pandémie.
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C'est une très bonne question, et je peux penser à plusieurs éléments de réponse.
Pour chaque secteur de l'économie qui va souffrir en raison de cette crise, il y aura souvent quelques secteurs qui vont prospérer, n'est-ce pas? Je pense que toute technologie qui permet le travail et l'apprentissage à distance s'en tirera très bien. Cela comprend tout, du mobilier de bureau à domicile aux logiciels qui vous permettent de collaborer à des exposés et à des réunions facilement.
Je pense que la réalité virtuelle va exploser. Je pense que la technologie tactile — quand vous entrez dans un magasin, plutôt que d'ouvrir la porte, par exemple, des capteurs vous permettent de faire ce que vous faites habituellement dans le monde physique sans toucher les objets — va vraiment prendre de l'expansion dans les années à venir.
Une règle générale amusante est que tous ceux qui se livrent au trafic de bits et de boîtes — de bits, comme dans les technologies Internet qui vous permettent de faire des choses à distance, et de boîtes, comme lorsque vous achetez des articles sans avoir à interagir avec l'entreprise — vont très bien tirer leur épingle du jeu.
En ce qui concerne les entreprises de logistique, en particulier dans un pays comme le Canada qui est si grand et si étendu, je pense que vous verrez des gagnants évidents émerger en raison de la complexité de notre logistique.
Ensuite, je vois des entreprises comme Shopify, qui permet à des petites entreprises de participer à cette expérience avec les bits et les boîtes, où l'on pourrait interagir avec les clients sans avoir à les faire venir physiquement...
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Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité et les témoins. J'aimerais tout d'abord souligner que je vous parle aujourd'hui à partir du Mi'kma'ki, territoire ancestral non cédé des Micmacs.
Je m'appelle Bryn de Chastelain. Je suis le président de l'Alliance canadienne des associations étudiantes, ou ACAE. Je suis aussi président de l'association des étudiants de l'Université Saint Mary's et étudiant de quatrième année au baccalauréat ès arts avec majeure en sciences politiques et en économie.
L'ACAE est une organisation non partisane sans but lucratif qui représente plus de 275 000 étudiants des collèges, polytechniques et universités de partout au pays. Grâce à un partenariat officiel avec l'Union étudiante du Québec — avec laquelle je partage la tribune aujourd'hui —, nous sommes une voix étudiante nationale de confiance.
L'ACAE a été au premier plan des efforts de défense des étudiants depuis que la pandémie de la COVID-19 a frappé. Nous avons exprimé clairement que les étudiants, tout comme les autres Canadiens, ont été durement touchés sur les plans économique et social par la pandémie. À un moment de leur vie où ils sont particulièrement vulnérables, les étudiants ont été pris au dépourvu par des pertes de salaires, une transition vers l'enseignement en ligne, un été en isolement et de faibles possibilités d'emploi après l'obtention d'un diplôme.
Heureusement, le 22 avril, le gouvernement fédéral a répondu à nos appels à l'aide en offrant un important programme d'aide aux étudiants. En tant que leader étudiant, je tiens à exprimer ma reconnaissance pour ce soutien immédiat et considérable, qui était plus que nécessaire en cette période d'incertitude. Bon nombre d'étudiants reçoivent maintenant une aide immédiate par l'entremise de la Prestation canadienne d'urgence ou la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, qui sont des mesures provisoires irremplaçables pour les étudiants. Ces prestations aident les étudiants à se nourrir et à se loger, et nous vous en remercions.
Je tiens également à souligner les ajouts généreux qui ont été faits à la bourse canadienne pour étudiants et au prêt d'études canadien, qui ont aussi été annoncés le 22 avril. Ces améliorations permettront à de nombreux étudiants de poursuivre leurs études malgré les difficultés entraînées par la COVID-19. Des étudiants de partout au Canada profitent de ces formes de soutien, mais tous n'y ont pas accès.
J'aimerais souligner le manque de soutien offert aux étudiants internationaux pendant cette période d'isolement. N'oublions pas que ces étudiants contribuent au PIB du Canada à hauteur de 21,6 milliards de dollars et soutiennent près de 170 000 emplois. De plus, nombre d'entre eux comptent rester au Canada pour contribuer à notre économie lorsqu'ils auront obtenu leur diplôme. Selon le Bureau canadien de l'éducation internationale, 60 % des étudiants internationaux au Canada prévoient faire une demande de résidence permanente lorsqu'ils auront terminé leurs études. Bon nombre d'entre eux continuent de vivre et de travailler au Canada pendant l'été et entre les sessions, et la pandémie de la COVID-19 les a privés de leur capacité de subvenir à leurs besoins.
Ces étudiants sont coincés au Canada sans perspective d'emploi; ils doivent payer l'épicerie et le loyer, mais ne reçoivent que très peu d'aide du gouvernement fédéral. À l'heure actuelle, les étudiants internationaux ne sont pas admissibles à la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, ce qui signifie que ceux qui ont gagné moins de 5 000 $ au cours de la dernière année n'ont pas accès à une aide dont ils ont désespérément besoin. La Prestation canadienne d'urgence est offerte aux étudiants internationaux, mais la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants ne l'est pas, et nous croyons que c'est fondamentalement injuste. De nombreux étudiants internationaux ne peuvent travailler pendant la session scolaire et n'ont plus la possibilité de travailler pendant l'été. Ils ont besoin d'aide et nous demandons au gouvernement fédéral de ne laisser aucun étudiant derrière.
Malgré cette lacune, l'ACAE appuie vivement les efforts généraux du gouvernement fédéral pour aider les étudiants jusqu'à maintenant. Pour ce qui est de l'avenir, toutefois, les étudiants sont très inquiets au sujet de leurs finances, de leur santé ainsi que de la qualité et de l'accessibilité de la session en ligne à venir. Selon une enquête récente commandée par l'ACAE, 77 % des étudiants du Canada disent éprouver un grand stress en raison de la pandémie de la COVID-19 en cours. Nous sommes inquiets de ce qu'elle signifie pour notre avenir, pour la santé de nos proches et pour nos possibilités d'emploi à la fin de nos études.
Les étudiants font état de difficultés financières importantes malgré la PCU et la PCUE. Près de 70 % des étudiants du Canada ont fait valoir que leurs projets d'emploi pour l'été sont touchés de façon négative par la COVID-19. Parmi ces 70 %, 4 sur 10 disent qu'ils ont perdu toute forme de revenu estival régulier en raison de la pandémie, tandis que 43 % disent qu'ils devront miser davantage sur les prêts du gouvernement pour payer leurs frais de scolarité à l'automne et 59 % disent qu'ils s'inquiètent tout autant de leur capacité de subvenir à leurs besoins en janvier qu'aujourd'hui.
Les étudiants voient d'importantes difficultés financières à l'horizon et c'est pourquoi l'ACAE demande au gouvernement de songer à offrir une aide supplémentaire aux étudiants, au-delà de septembre 2020. De façon particulière, nous demandons au gouvernement de prolonger le moratoire de six mois sans intérêt sur le remboursement des prêts étudiants après le 30 septembre 2020.
Au-delà des préoccupations financières, certains étudiants se demandent si le retour à l'école en vaudra la peine en septembre, étant donné l'environnement numérique tout sauf idéal dans lequel ils se trouveront. Selon nos données, 39 % des étudiants ont songé à reporter leur session d'automne ou l'ont déjà fait. De plus, 31 % des étudiants ont songé à passer aux études à temps partiel ou l'ont déjà fait.
Les étudiants s'inquiètent à juste titre de la qualité et de l'accessibilité des cours à l'automne et nous croyons que le gouvernement fédéral peut en faire plus pour faire de notre prochaine session une réussite.
Selon le CRTC, seulement 64 % des habitants des régions rurales ont accès à un service Internet à large bande suffisamment rapide pour accéder aux applications de vidéoconférence utilisées pour l'apprentissage en ligne, comparativement à 100 % des habitants des régions urbaines. Selon l'OCDE, le Canada fait partie des 10 pays où l'accès Internet à large bande est le plus cher, en fonction du coût de la vie.
Lors des élections de 2019, les libéraux ont promis de veiller à ce que tous les Canadiens aient l'accès à Internet haute vitesse d'ici 2030. L'ACAE exhorte le gouvernement fédéral à devancer cet objectif et à prendre des mesures immédiates pour veiller à ce que tous les étudiants de niveau postsecondaire aient un accès adéquat à des services Internet haute vitesse fiables à temps pour la session d'automne.
Enfin, nous savons que pour réussir dans un environnement numérique, il faut avoir accès aux technologies appropriées. L'apprentissage numérique, bien qu'il soit nécessaire en raison de la pandémie de la COVID-19, imposera le fardeau de se procurer l'équipement nécessaire, comme les ordinateurs, aux étudiants de niveau postsecondaire. Dans le cadre de notre sondage, près de 50 % des étudiants du Canada ont fait valoir que l'équipement requis pour la prochaine session était une préoccupation importante.
C'est pourquoi nous demandons également au gouvernement fédéral de veiller à ce que tous les étudiants aient accès aux technologies numériques. De façon précise, nous demandons au gouvernement d'offrir un financement supplémentaire pour garantir l'accès aux technologies numériques appropriées aux étudiants à faible revenu qui en ont besoin.
[Français]
J'aimerais remercier le Comité encore une fois de l'invitation qui nous a été faite de venir témoigner et de représenter la voix des étudiants canadiens.
Je vais maintenant passer la parole à ma collègue Jade Marcil, de l'Union étudiante du Québec, et j'ai bien hâte de répondre à vos questions.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
D'entrée de jeu, j'aimerais mentionner que je suis présentement sur un territoire qui a été partagé par de nombreuses nations autochtones au fil des années, une terre de partage. Je me trouve présentement dans le Grand Montréal.
Je vous remercie de me recevoir aujourd'hui. Je suis enchantée d'être parmi vous.
J'aimerais aussi remercier mon collègue Bryn de Chastelain de son témoignage. Je tiens à mentionner que l'Union étudiante du Québec est d'accord sur les propos qu'il a tenus.
Je m'appelle Jade Marcil, et je suis présidente de l'Union étudiante du Québec. Nous sommes un regroupement d'associations étudiantes universitaires qui représente 91 000 étudiants et étudiantes de plusieurs régions du Québec.
J'aimerais aborder deux sujets principaux. Puisque le Québec n'a pas pu recevoir directement l'aide financière liée aux mesures canadiennes de prêts et bourses, mais qu'il reçoit un transfert, il est difficile pour nous de nous prononcer. Cependant, nous sommes très heureux de l'aide offerte aux étudiants et aux étudiantes afin de les encourager à poursuivre leurs études. Nous espérons bien que cette aide sera investie de la même manière au Québec.
J'aimerais évidemment parler de la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, soit la PCUE. Cette aide est arrivée juste au bon moment pour soutenir les étudiants et les étudiantes pendant la période estivale, un moment où les emplois sont toujours plus difficiles à trouver. Il y a, bien sûr, des différences entre les régions. Cependant, vu le taux de chômage très élevé, nous savons que les occasions d'emplois d'été ont beaucoup diminué. La PCUE aide véritablement nos étudiants et nos étudiantes. Un grand nombre de demandes ont déjà été effectuées. Nous sommes heureux de savoir que cette mesure soutient vraiment nos étudiants et nos étudiantes.
Une proposition a été faite concernant la PCUE et le montant accordé. Nous sommes très heureux de mentionner que l'inclusion des gens ayant des besoins particuliers, qui vivent avec un handicap ou qui ont une personne à charge, a été très bien reçue. C'est aussi très important pour nous de soutenir les populations qui ont des défis bien différents.
Le montant de la PCUE est de 1 250 $ par mois, et il est complètement retiré si l'étudiant gagne un salaire de plus de 1 000 $ par mois. Le Bloc québécois avait fait une proposition à la Chambre. Nous comprenons que la proposition du Bloc québécois n'ait pas été retenue, étant donné la rapidité à laquelle le gouvernement devait agir. Nous considérons que l'aide devra peut-être être bonifiée selon les besoins à l'automne. Nous savons que la mesure a dû être mise en place rapidement, mais nous sommes tout de même heureux qu'elle ait été mise en place, puisqu'elle soutient nos étudiants et nos étudiantes.
J'aimerais aussi aborder le financement de la recherche au Québec. À notre avis, le financement de la recherche est très important. Le Québec a mis en place les Fonds de recherche du Québec. Au Canada, il y a les organismes subventionnaires fédéraux. Nous aimerions souligner que le prolongement des projets de recherche étudiants est une très bonne chose, puisque plusieurs ont été retardés, voire arrêtés, à la suite des fermetures de certains milieux. Je pense notamment à toutes les recherches en éducation, puisque les milieux scolaires ont été fermés.
De notre côté, nous aimerions mentionner qu'il est important que le soutien à la recherche continue au cours des prochains mois. Le prolongement de quatre mois pourrait être allongé, puisque l'aide sera nécessaire à la reprise des recherches et des projets étudiants à l'automne et à l'hiver, en fonction de la reprise économique et du déconfinement.
La réponse du gouvernement du Canada nous convient amplement. Nous sommes très heureux que la population étudiante ait été prise en considération et que des mesures financières aient été mises en place rapidement et efficacement. Nous espérons que la population étudiante sera encore au centre des mesures de soutien au cours des prochaines semaines et des prochains mois.
Je vous remercie encore une fois de nous avoir reçus aujourd'hui.
Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité et les témoins. Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui.
Je m'appelle Matt Reesor. Je suis le président du conseil étudiant universitaire de l'Université Western. Notre vice-présidente aux affaires extérieures, Mackenzy Metcalfe, se joint à moi.
Je représente les intérêts de 30 000 étudiants de premier cycle sur notre campus universitaire. Je tiens personnellement à remercier le gouvernement du Canada pour les mesures qu'il a prises afin d'aider les étudiants de niveau postsecondaire. Le programme d'aide a permis à bon nombre d'entre nous d'obtenir le soutien financier dont nous avions grandement besoin. Nous vous sommes grandement reconnaissants d'avoir consulté les étudiants de niveau postsecondaire au sujet de la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19 et nous nous réjouissons à l'idée de voir ces consultations se poursuivre tout au long du processus de rétablissement.
Comme c'est le cas pour bon nombre — si ce n'est la totalité — d'entre vous, la COVID-19 a complètement changé la vie des étudiants. En mars dernier, alors que l'enseignement est passé en ligne, les étudiants de l'Université Western ont tous ressenti une grande incertitude. Alors que nous tentons de comprendre notre nouvelle réalité, les préoccupations relatives à nos expériences académiques et aux activités parallèles, à la qualité et à l'accessibilité de l'éducation postsecondaire et à notre capacité de maintenir une connexion sociale continuent d'envahir la grande majorité des étudiants.
En pensant aux premiers jours de la pandémie, nous réalisons que nous ne savions pas du tout où en serait la société une semaine plus tard, et encore moins trois mois plus tard.
Aujourd'hui, à London, les mesures de restrictions ont été levées et nous commençons à découvrir notre nouvelle réalité. Une seule chose est certaine: nos vies seront à jamais changées en raison de la pandémie. À mon avis, nous ne savons toujours pas quels seront ces changements, et je crois que nous devrons réfléchir avant de tracer la voie à suivre.
Ainsi, je vais utiliser le reste de mon temps de parole pour vous parler de ce que je connais: la façon dont les étudiants vivent avec la COVID-19 à l'heure actuelle.
Depuis le début de la pandémie, notre priorité a été d'aider les étudiants. Le conseil étudiant communique de façon continue avec les étudiants par l'entremise de conversations informelles et de rétroactions officielles, et nous aimerions vous faire part de leurs histoires.
Il y a quelques semaines, j'ai parlé à un étudiant de deuxième année en sciences sociales de l'Université Western qui vivait en dehors de sa ville d'origine. Il s'est dit très reconnaissant pour le soutien financier offert par l'entremise de la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, grâce à laquelle ses préoccupations financières pour l'été seront moins importantes. Dans la même conversation, toutefois, cet étudiant m'a fait part de ses inquiétudes au sujet des dépenses à venir pour la rentrée scolaire de l'automne. Comme bien d'autres étudiants, il travaille tout l'été et presque tous les soirs pour payer ses études, ses fournitures scolaires, son loyer, son épicerie et ses affaires personnelles.
Au cours des dernières années, cet étudiant n'avait pas de difficulté à trouver un emploi chez lui ou à London, mais cette année, la COVID-19 a frappé et ce processus est beaucoup plus difficile. Cet étudiant a déjà signé un bail de 12 mois et il en est responsable. Ses parents ne peuvent plus l'aider financièrement depuis quelques années. Il a suffisamment d'argent pour payer deux mois de loyer, mais mise sur un emploi d'été pour la suite des choses. Il ne sait pas s'il pourra payer son loyer dans quelques mois, encore moins s'il pourra payer les frais de scolarité et toutes les autres choses sur la liste des dépenses.
Nous sommes reconnaissants à l'égard des mesures prises par le gouvernement pour aider financièrement les étudiants pour l'année scolaire 2020-2021. Nous demandons à ce que le doublement de la bourse canadienne pour étudiants et l'élimination des contributions des étudiants et des conjoints se prolongent jusqu'à l'année scolaire 2021-2022.
De nombreux étudiants internationaux nous ont fait part de leurs inquiétudes, et certains d'entre eux n'ont pas pu rentrer à la maison en raison des restrictions en matière de voyage. Nos étudiants internationaux paient des frais de scolarité importants et n'ont pas accès à la PCUE. Nous demandons au gouvernement de prolonger un programme existant ou de mettre sur pied un nouveau programme pour répondre à leurs préoccupations financières.
En tant que nouveau diplômé, j'ai été témoin de l'incertitude du marché du travail. Selon une enquête récente de Statistique Canada, près du tiers des étudiants qui avaient une sécurité d'emploi avant mars 2020 l'ont maintenant perdue. Les étudiants d'aujourd'hui sont les travailleurs de demain et je sais que la grande majorité des étudiants profiteraient de la possibilité d'acquérir une expérience de travail fondée sur les compétences pendant l'été et plus, s'ils le pouvaient.
Alors que la situation continuera d'évoluer au cours des prochains mois, nous espérons que le gouvernement du Canada continuera de consulter régulièrement les étudiants de niveau postsecondaire du pays afin d'entendre leurs préoccupations et leur point de vue.
Je crois que je parle au nom de tous les leaders étudiants lorsque je dis que nous avons l'énergie, la passion et l'expertise nécessaires pour guider l'intervention du gouvernement pour les prochaines étapes.
Mme Metcalfe et moi serons heureux de répondre à vos questions.
Merci.
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Je vous remercie beaucoup de la question, madame Michaud.
Tout d'abord, l'annonce a été faite le 22 avril dernier. Par la suite, la communauté étudiante a dû patienter pendant un certain temps avant d'obtenir les critères d'admissibilité à la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, ou PCUE, ce qui a causé un peu d'angoisse chez les étudiants et les étudiantes.
Lorsque les critères ont été dévoilés, le critère lié au revenu d'emploi de 1 000 $ par mois a particulièrement suscité quelques craintes chez nous. Je comprends que ces mesures ont été mises de l'avant très rapidement, mais, sur le site de l'Agence du revenu du Canada, ou ARC, on explique très peu le critère relatif à ce revenu de 1 000 $. Les étudiants ont eu de la difficulté à obtenir des précisions par eux-mêmes. Toutefois, les membres de l'Union étudiante du Québec ont des contacts, et ils peuvent aller chercher l'information — en insistant, parfois — et la transmettre ensuite aux étudiantes et aux étudiants.
Le problème principal concerne le fait que ce revenu de 1 000 $ doit être un revenu d'emploi et que les prêts et bourses ne sont pas inclus. Mis à part le programme canadien ou le programme québécois de prêts et de bourses, il y a plusieurs autres types de prêts et de bourses pour les étudiants. Je prends l'exemple des bourses indirectes de recherche, comme celles offertes à un auxiliaire de recherche ou à un auxiliaire d'enseignement. Le critère en question a créé de la confusion par rapport à ce volet, principalement chez les étudiantes et les étudiants des cycles supérieurs. Il faudrait apporter des précisions sur le site de l'ARC. Je sais qu'il y a beaucoup d'améliorations qui ont été faites au cours des dernières semaines, mais on peut toujours faire mieux. Il serait bien intéressant que l'on bonifie les foires aux questions, par exemple.
De notre côté, nous essayons d'informer les étudiantes et les étudiants, mais le gouvernement est le mieux placé pour répondre aux questions et apporter des précisions sur les programmes qu'il a mis de l'avant aussi rapidement.
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Merci beaucoup, monsieur le président. J'aimerais aussi remercier nos témoins de leurs exposés.
Avant de commencer, je me demande s'il serait possible, monsieur le président, d'inviter la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants à venir témoigner devant le Comité, puisqu'elle représente 64 syndicats étudiants au pays. J'ai trouvé qu'il était très utile d'entendre le point de vue des divers groupes représentant des étudiants qui sont avec nous aujourd'hui, mais certains n'y sont pas. Je pense que ce serait utile pour le Comité de les entendre. C'est simplement une proposition que je fais, monsieur le président.
Au sujet du soutien aux étudiants, des répercussions de la COVID-19 et des sources de stress — le stress financier, l'incertitude face à l'avenir, etc. — et étant donné que l'aide d'urgence pour les étudiants est limitée, des témoins nous ont dit plus tôt que les pressions constantes, et les pressions financières importantes, que subissent les étudiants ne sont pas vraiment différentes des autres, alors ils s'inquiètent de ne pas recevoir le même montant d'aide d'urgence. Ils demandent au gouvernement de réexaminer la situation.
Ils demandent aussi au gouvernement de réexaminer certains critères d'admissibilité. Des étudiants peuvent, à la fin de l'année scolaire, se trouver sans emploi, en raison des contrats ou des emplois qui sont annulés. Ainsi, ils ne sont pas admissibles au soutien offert par le gouvernement. Les stagiaires en sont un exemple. Ils ont été nombreux à communiquer avec moi pour me dire que leurs contrats ont été annulés. Ils ne seront donc admissibles à aucune forme d'aide du gouvernement. Qui plus est, comme les stages ne sont pas rémunérés, ils ne sont pas admissibles même en ce moment.
J'aimerais simplement demander à nos témoins, pour remédier aux problèmes qui ont été soulevés, ce que vous en pensez et si le gouvernement devrait apporter des correctifs à ce sujet. Vous pouvez y aller à tour de rôle. Monsieur Reesor, voulez-vous commencer?