:
Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la 14e réunion du Comité permanent des langues officielles.
Le Comité se réunit pour entreprendre son étude sur les défis du service d'interprétation parlementaire dans le contexte de la pandémie de la COVID-19.
Pour garantir le bon fonctionnement de la réunion, j'aimerais vous faire part de certaines règles.
[Traduction]
Pour ceux qui participent virtuellement, je profite de l'occasion pour rappeler à tous les participants à la réunion qu'il est interdit de faire des captures d'écran ou de prendre des photos de votre écran, et je souligne également que le Président Rota en a fait mention le 29 septembre 2020.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont offerts pour cette réunion. Au bas de votre écran, vous avez les options « parquet », « anglais » et « français ». Avant de prendre la parole, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Lorsque vous avez fini de parler, veuillez mettre votre micro en sourdine pour minimiser les interférences.
Je vous rappelle que tous les membres et les témoins doivent s'adresser à la présidence. Lorsque vous prenez la parole, veuillez parler lentement et clairement. À moins de circonstances exceptionnelles, l'utilisation d'un casque avec microperche est obligatoire pour tous les participants à distance. En cas de difficultés techniques, veuillez en informer le président ou le greffier. Veuillez noter qu'il se peut que nous devions suspendre la séance pendant quelques minutes, car nous devons nous assurer que tous les membres sont en mesure de participer pleinement.
[Français]
Pour ceux et celles qui participent à la réunion en personne, le port du masque est requis, à moins d'être assis et lorsque l'éloignement physique n'est pas possible. Si vous désirez obtenir mon attention, faites un signe de la main à la greffière ou cliquez sur l'icône pour demander la parole. Si vous souhaitez invoquer le Règlement, veuillez activer votre micro et dites-moi clairement que vous souhaitez invoquer le Règlement.
J'aimerais maintenant souhaiter la plus cordiale bienvenue à nos témoins, qui commenceront la discussion par une allocution de sept minutes et demie. Ensuite, il y aura une période de questions. Comme à l'accoutumée, lorsqu'il vous restera environ une minute, je vais vous en aviser. Lorsqu'il vous restera environ 10 secondes, je vais aussi vous indiquer que votre temps est écoulé.
Nous accueillons des représentants de l'Association internationale des interprètes de conférence, soit Mme Nicole Gagnon, qui est chargée de la représentation, et M. Jim Thompson, qui est le conseiller en communications pour les régions du Canada.
Je cède maintenant la parole aux témoins de l'Association internationale des interprètes. Vous disposez de sept minutes et demie. Je sais que la plupart des témoins ont envoyé des notes, mais j'ai aussi vu le nombre de pages que vous nous avez soumises. Ces documents ont été envoyés aux membres du Comité pour qu'ils en prennent connaissance. Nous allons consacrer du temps à ces documents lors de la période des questions.
Madame Gagnon ou monsieur Thompson, vous pouvez commencer votre discours d'ouverture.
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Monsieur le président, membres du Comité, ce soir, nous aimerions vous entretenir de votre droit, à titre de parlementaires, de vous exprimer dans la langue de votre choix, ainsi que d'être entendus par les Canadiennes et les Canadiens dans la langue de leur choix, et ce, au même niveau de qualité.
Tout comme vous, notre association estime qu'il lui appartient de veiller à ce que ces droits fondamentaux ne soient pas brimés. Très malheureusement, en ces temps de pandémie, nous craignons que le partenariat linguistique de la nation soit malmené.
Nous sommes en état de crise. Depuis l'avènement du Parlement virtuel en avril dernier, une vague de blessures a déferlé sur l'équipe des interprètes employés du Bureau de la traduction. Selon un sondage que nous avons mené auprès de ces employés, 70 % des répondants révèlent avoir subi des traumatismes auditifs au cours des neuf derniers mois. Certains traumatismes étaient à ce point sérieux que les interprètes ont dû s'absenter du travail. La plupart des interprètes blessés, soit 62 %, ne se sont pas encore pleinement remis de leurs blessures. Services publics et Approvisionnement Canada, ou SPAC, aurait déclaré publiquement que le nombre de rapports d'incident est à la hausse et qu'aucun de ces employés n'est présentement en congé de maladie.
Pareille déclaration passe sous silence le fait qu'au cours des neuf derniers mois, les interprètes employés ont soumis deux fois plus de rapports d'incident qu'au cours des 15 mois précédents, selon les données du Bureau de la traduction. C'est aussi ignorer le fait que de nombreux employés ont cessé de déposer des plaintes parce que celles-ci ne donnent pas les résultats escomptés. Ces interprètes sont déçus. À leurs yeux, pareille déclaration révèle que leur employeur ne prend pas au sérieux leurs blessures ou leurs inquiétudes. Voilà qui est inacceptable, surtout à la lumière des propos du , qui disait tout récemment que « tous les employés du gouvernement du Canada ont le droit de travailler dans un milieu sain et sécuritaire, et nous prendrons toujours cette question très au sérieux ».
Alors que le nombre des interprètes employés va diminuant, le Bureau de la traduction fait appel aux interprètes indépendants en renfort. En temps normal, les interprètes indépendants exécutent environ 30 % des activités parlementaires, telles les réunions de comité, et les employés, 70 %. Or les interprètes indépendants assument maintenant une plus grande part des travaux sur la Colline du Parlement, soit près de la moitié de la charge de travail en novembre et en décembre derniers.
Par ailleurs, SPAC et le Bureau de la traduction sont sur le point d'imposer des exigences contractuelles qui pourraient exposer les interprètes indépendants aux mêmes conditions que celles responsables des lésions chez les employés, tout en minant la qualité des services que nous offrons au peuple canadien. Si l'expression « exigences contractuelles » vous chatouille l'oreille, c'est que vous vous imaginez peut-être qu'il s'agit de négociations entre un syndicat et un employeur. Ce n'est pas du tout le cas. L'AIIC n'est pas un syndicat, et elle n'est pas assise en face de SPAC et du Bureau de la traduction à une quelconque table de négociation. SPAC et le Bureau de la traduction sont seuls à décider du contenu du contrat qu'ils veulent conclure avec les interprètes indépendants. C'est une voie à sens unique.
Le Bureau de la traduction a formulé quelques propositions qui nous préoccupent au plus haut point, notamment celle d'accroître le nombre d'heures auxquelles les indépendants seraient exposés aux conditions responsables des blessures chez les employés. La situation est intenable. Il existe déjà une grave pénurie chez les interprètes qualifiés qui peuvent offrir leurs services à la Cité parlementaire.
Notre formation est très spécialisée et elle n'est pas offerte partout au pays. On compte seulement quelque 80 de ces interprètes indépendants au Canada. Si le Bureau de la traduction traite les indépendants comme il traite ses employés, ce n'est qu'une question de temps avant qu'il n'épuise également le bassin des indépendants. Advenant une pareille éventualité, qui alors assurera les services d'interprétation au Parlement?
De plus, le Bureau de la traduction fait dorénavant appel à des équipes de deux interprètes, y compris lorsque leur travail est diffusé ou télévisé. La question de la composition des équipes est capitale, car lorsque le Bureau multiplie les équipes réduites, la charge de chaque interprète augmente en conséquence. Étant donné que nous nous relayons au micro, il est inévitable que nous ayons à travailler dans notre deuxième langue. L'idée d'affecter les interprètes pour qu'ils travaillent ainsi est généralement réputée comme donnant lieu à une prestation de moindre qualité. Par conséquent, il était proscrit d'en faire autant lors des réunions diffusées ou télévisées au grand public, enfin, jusqu'à maintenant.
J'ai eu le plaisir de rencontrer Mme Séguin, la PDG du Bureau de la traduction, à plus d'une reprise. C'est une personne très intègre, et le travail de son équipe à même les moyens disponibles lui tient manifestement beaucoup à cœur. Toutefois, si les propositions avancées et les pratiques adoptées ces derniers temps sont incrustées dans le prochain contrat des interprètes indépendants, il est évident que ce sera au détriment de la qualité.
En effet, des interprètes avec des problèmes de santé auditive appelés à travailler de plus longues heures ou dans des équipes réduites, parfois dans leur deuxième langue, alors que les séances sont diffusées ou télévisées, ne sauraient offrir un service de grande qualité.
Si l'Administration de la Chambre a choisi la plateforme de vidéoconférence Zoom pour les délibérations du Parlement, c'est sans doute pour de bonnes raisons, mais il est clair que la plateforme n'est pas propice à une interprétation de qualité. Pour tout dire, Zoom n'est pas une plateforme d'interprétation, selon les experts internationaux qui fixent les normes ISO. Les interprètes qualifient de toxique le son qui parvient à leurs oreilles par l'entremise de cette plateforme, entre autres. C'est ce qui explique les symptômes qu'ils présentent, dont les maux de tête, les acouphènes, la nausée et l'épuisement. Des ingénieurs du son indépendants ont mené des tests pour comparer les différentes plateformes et les résultats sont concluants: la plateforme Zoom en mode standard se classe au dernier rang.
Le sondage que nous avons mené auprès des employés révèle un secret de Polichinelle: dans les conditions actuelles, la qualité de l'interprétation à distance ne se compare pas à celle de l'interprétation en personne. Nous avons eu à interrompre vos délibérations des centaines de fois depuis que les séances sont virtuelles parce que vos propos ne sont pas intelligibles. En plus des soucis en matière de qualité, le processus vous gêne dans vos travaux et vous oblige à travailler dans une seule langue au Parlement: l'anglais, habituellement.
Depuis les débuts de la pandémie, les interprètes veillent au bon fonctionnement du Parlement. Ils s'exposent aux blessures et au coronavirus alors qu'ils vont travailler tous les jours sur la Colline en dépit des périodes de confinement. Il est de notre devoir de concrétiser la Loi sur les langues officielles et la Constitution au quotidien. Nous voulons offrir à la nation tout ce qu'il y a de mieux dans les deux langues officielles, même si les circonstances sont difficiles. C'est ce qui nous anime et ce qui motive notre témoignage. C'est la raison pour laquelle nous vous prions d'intervenir afin de protéger la qualité du service que nous vous offrons, à vous et au peuple canadien.
Le Bureau de la traduction relevant de la , nous vous exhortons à exercer votre influence afin que cette dernière demande à ses fonctionnaires d'adopter une approche prudente en matière d'interprétation à distance alors qu'ils mettent la dernière main au contrat des indépendants. De plus, veuillez l'enjoindre de s'attaquer sans plus tarder à la pénurie d'interprètes qualifiés au Canada et l'encourager à attirer, par opposition à aliéner, l'actuel petit bassin d'interprètes accrédités par le gouvernement à travailler pour le Parlement canadien.
Je vous remercie de votre écoute. Je ferai de mon mieux pour répondre à vos questions.
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Bonsoir, monsieur le président.
Madame Gagnon et monsieur Thompson, je vous remercie beaucoup de votre présence ce soir.
Tout d'abord, je suis très heureux que vous ayez communiqué avec nous, parlementaires, pour étayer le problème que vous vivez. Je salue par ailleurs la présence des interprètes qui travaillent ici ce soir.
Vous avez pris le temps de nous mettre au fait des difficultés que vous vivez en matière de santé et de sécurité au travail. Personnellement, c'est l'angle qui m'interpelle le plus dans la discussion.
J'aimerais aussi mentionner que le Comité permanent des langues officielles est le comité le plus apolitique qui soit. Nous sommes en politique et ce n'est pas tout le temps le cas, mais depuis de nombreuses années, nous essayons de produire des rapports qui sont assez unanimes.
Dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, il n'y a aucune place à la partisanerie, d'aucune façon. Notre but n'est pas de mettre le gouvernement en porte-à-faux avec ce qui vous arrive, bien au contraire. Nous voulons trouver avec vous des solutions qui régleront une partie, sinon la totalité, des problèmes que vous vivez.
Madame Gagnon, dans votre discours d'ouverture, vous avez dit que, selon le sondage que vous avez effectué, 70 % des gens disaient avoir eu des lésions ou des blessures, de l'ouïe en particulier. Pouvez-vous nous dire combien de personnes ont répondu à ce sondage?
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, je vous remercie d'être parmi nous ce soir et de participer à cette réunion du Comité, qui est effectivement bien importante.
Tout comme vous, les interprètes, nous sommes des utilisateurs de Zoom. J'en suis une, et je dois reconnaître que le simple fait de vous écouter quand vous faites l'interprétation demande effectivement beaucoup de concentration. Je peux donc imaginer ce que c'est que de le faire. J'éprouve beaucoup d'empathie à votre égard étant donné votre travail, et j'imagine les difficultés que vous vivez. Je vous remercie d'ailleurs de nous en faire part.
Dans cette situation, il y a une responsabilité partagée. En effet, nous, les députés, nous devons être prêts avec nos outils et notre casque d'écoute, et nous devons parler à un peu plus lentement pour que l'interprétation puisse se faire.
Selon vous, concrètement, que pouvons-nous faire de plus, nous, les députés, pour vous aider? Devrait-il y avoir des règles un peu plus strictes pour assurer une meilleure interprétation?
J'irais jusqu'à dire, par exemple, que si un député n'a pas son casque d'écoute, il ne pourra pas siéger. Qu'en pensez-vous?
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Je vous remercie de cette question.
Je peux vous dire que la plateforme est problématique. Bien sûr, le port du casque d'écoute et la connexion Internet câblée devraient être obligatoires, parce que, évidemment, si nous n'entendons pas ce que vous dites, nous ne pouvons pas interpréter correctement vos propos.
Toutefois, ce n'est pas seulement une question de volume. Trop souvent, quand nous disons aux gens que nous ne les entendons pas, ils haussent le volume. Or ce qu'il nous faut, c'est entendre vos propos clairement. Il faut comprendre que nous écoutons ce que vous dites, que nous traitons l'information et que nous parlons par-dessus votre voix. Du coup, il faut que le volume soit plus élevé. Ce faisant, nous risquons des blessures, parce que le volume peut parfois être trop élevé.
Alors, comme députés, vous pouvez repenser la donne. Je ne sais trop s'il est possible d'envisager une autre plateforme que Zoom, à ce stade-ci. Il existe quand même des plateformes d'interprétation. Vous pourriez certainement — je vous en exhorte, je vous en implore et je vous en supplie — imposer cette règle du port obligatoire du casque d'écoute et du micro intégré, ainsi que la connexion Internet câblée.
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Je vous remercie de cette réponse, monsieur Thompson.
J'aimerais aussi revenir sur les recommandations qui avaient été faites au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre sur la question des services d'interprétation. Il y avait entre autres une règle énonçant que les députés ou les témoins qui participent aux délibérations virtuelles de la Chambre ou des comités devaient avoir leur casque d'écoute, ce dont on parle depuis tantôt.
Est-ce qu'il devrait y avoir un délai avant de convoquer des témoins, afin de s'assurer qu'ils ont les outils nécessaires, par exemple, un casque d'écoute, pour comparaître devant les comités, notamment? J'ai vu à plusieurs comités des témoins qui avaient un casque qui n'était pas approprié pour l'interprétation.
Selon vous, devrait-on établir le plus long délai possible pour leur faire parvenir des casques de la Chambre, afin de s'assurer qu'ils peuvent contribuer aux délibérations des comités?
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Je vous remercie de votre question.
La pénurie d'interprètes précède la pandémie et celle-ci a exacerbé la situation. À l'échelle du pays, il y a environ 50 interprètes qui travaillent actuellement en tant qu'employés du Bureau de la traduction, et quelque 80 interprètes accrédités par le Bureau de la traduction qui sont qualifiés pour travailler sur la Colline.
Il nous faut assurer le bon fonctionnement du Parlement, et on compte sur un tout petit groupe de gens pour faire ce travail. Alors, il me semble qu'il faudrait les protéger pour éviter qu'ils ne se blessent à leur tour. Encore une fois, on nous demande de venir travailler dans les mêmes conditions que celles que vivent les employés qui ont été blessés et qui doivent s'absenter. Notre crainte, c'est que, si on n'intervient pas et qu'on ne protège pas les interprètes indépendants qui viennent en renfort, ils seront eux aussi de moins en moins nombreux à pouvoir offrir leurs services au Parlement et que, du coup, il n'y aura plus personne pour faire ce travail.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Thompson et madame Gagnon, je vous remercie d'être avec nous ce soir. Ce que vous dites est très instructif et intéressant, et j'espère que le Comité va faire un bon travail et vous aider, ainsi que tous les gens que vous représentez.
Nos discussions de ce soir soulèvent deux éléments très importants: le respect des deux langues officielles et du bilinguisme, une valeur très importante que nous défendons, mais aussi — et peut-être surtout — la santé et la sécurité au travail, sur lesquelles nous n'acceptons aucun compromis.
Madame Gagnon, vous avez dit que 70 % de vos membres avaient subi des répercussions liées à leur travail, dont les acouphènes, des nausées, de la fatigue et autres symptômes. Ce pourcentage est quand même énorme. Certains de vos membres sont en arrêt de travail, alors que d'autres continuent à offrir le service dont nous avons besoin et dont les Québécois et les Canadiens ont besoin également.
Avez-vous une idée des effets d'une exposition prolongée à tout ce son toxique et de l'effet cumulatif que cela pourrait avoir comme lésion professionnelle?
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Je vous remercie beaucoup.
Nous sommes ici pour parler de qualité du son et de sécurité auditive, mais cette question est très importante, parce que je crains que le porte-parole de Services publics et Approvisionnement Canada vous ait induit en erreur.
Il est vrai que nous travaillons entre trois et quatre heures par jour, et ce, depuis mai 2020, c'est-à-dire lorsqu'il y a eu le Parlement virtuel. Notre journée de six heures est passée à quatre heures grâce à la prudence exercée par le Bureau de la traduction.
Le fait est que nous ne travaillons pas trois heures par jour, ce n'est que la pointe de l'iceberg. Je vous ai parlé des 33 000 espèces de poissons, par exemple. Je dois préparer ces rencontres de comité de trois à quatre heures chaque jour. Lorsque j'arrive en cabine, c'est la fin de la démarche. J'ai déjà mis trois à quatre heures à préparer le tout, j'arrive en cabine et je dois faire encore trois à quatre heures de travail.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie, madame Gagnon et monsieur Thompson, d'être présents ce soir.
Je tenais à ce que mon collègue M. Généreux commence la ronde de questions, parce que c'est lui qui a présenté la motion. Je le salue, ainsi que mes collègues qui ont rendu possible votre présence le plus tôt possible. Le Comité permanent des langues officielles a pris la décision unanime de vous inviter à vous joindre à nous ce soir et jeudi.
Je pense qu'on s'entend pour dire que les casques d'écoute sont nécessaires pour les parlementaires, mais ce soir, vous avez évoqué pour moi l'élément le plus important, soit la plateforme, le logiciel que nous utilisons. On peut comprendre que le gouvernement, dans sa hâte, ait choisi Zoom, mais manifestement, selon les données que vous nous avez montrées, ce logiciel ne passe pas la rampe. Vous avez dit, ce soir, que c'était une plateforme de vidéoconférence et non d'interprétation. De plus, c'est le seul logiciel parmi tous ceux qui ont été testés qui ne répond pas au critère de l'intelligibilité de la parole. J'aimerais vous entendre à ce sujet. J'imagine qu'il est extrêmement important pour vous d'entendre et de comprendre ce qui se dit.
J'ai l'impression que le gouvernement du Canada roule en Lada, alors qu'on sait que la dualité linguistique est au cœur de notre identité et des activités parlementaires.
Pourriez-vous nous expliquer davantage en quoi cette plateforme n'est pas adéquate?
Vos commentaires pourront sûrement faire partie des recommandations que nous allons faire à la suite de votre comparution.
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Merci, monsieur le président.
Bonsoir, madame Gagnon.
[Traduction]
Bonsoir, monsieur Thompson. C'est à vous que je vais adresser ma première question.
En période de crise comme celle que nous traversons, il est particulièrement important que nous puissions communiquer efficacement avec nos électeurs, en tant que politiciens et parlementaires. Je voudrais revenir sur ce que vous avez dit précédemment lorsque nous avons parlé de la plateforme et des problèmes rencontrés, à savoir que nous pourrions être confrontés à des problèmes différents. Le casque d'écoute serait un des problèmes, mais vous avez également dit que corriger un élément ne règle pas nécessairement l'ensemble du problème.
Dois-je comprendre que, peu importe la plateforme, le dispositif ou la manière dont nous corrigeons la situation, nous allons toujours rencontrer un problème quelconque, qu'il s'agisse de la connectivité Internet, comme vous l'avez dit, ou des casques d'écoute, ou encore des retards dans l'obtention de l'équipement approprié?
J'aimerais que vous nous en disiez plus à ce sujet. Je vous remercie.
Je vais commencer par citer un extrait de la transcription d'une réunion du comité PROC qui s'est tenue à la fin du mois d'avril de l'année dernière. Harry Moseley, de Zoom, a été interrogé sur la pertinence de Zoom comme plateforme d'interprétation, et il a répondu: « Madame la présidente, merci d’avoir posé la question. Je ne suis pas certain de comprendre en quoi consiste "l’interprétation simultanée" ». Cela illustre bien le degré de pertinence de la plateforme Zoom pour un pays bilingue comme le Canada.
Il est vrai qu'il y a de multiples maillons dans le flux audio, du locuteur à l'auditeur, et que vous n'êtes pas plus fort que votre maillon le plus faible, mais ce n'est pas un argument pour permettre aux maillons faibles de persister. Je pense que cela justifie que l'on s'attaque aux maillons faibles, en commençant par la plateforme et en travaillant à partir de là. C'est le problème le plus difficile que nous ayons.
Que les députés utilisent le matériel adéquat est certainement une chose, et c'est formidable, car ils l'ont bien adopté. Nous devons travailler davantage avec les témoins sur ce front. Cependant, nous devons également accorder une certaine attention à la plateforme.
:
Je vous remercie de votre question, monsieur Dalton.
Ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a une grande différence entre être en ligne et être dans la pièce avec tout le monde, comme vous l'avez sûrement remarqué. Tout le monde est impatient de se retrouver.
Cela a rendu notre travail plus difficile dans la mesure où, tout d'abord, l'interprétation est un travail d'équipe. Nous sommes généralement une équipe de trois personnes, et nous nous aidons les uns les autres. Par exemple, si nous faisons l'interprétation pour le Comité des finances et que nous écoutons et interprétons des déclarations qui sont débitées à une vitesse folle, nos collègues dans la cabine noteront les chiffres pour que nous disions « milliards » et non « millions » ou « milliers », et que nous donnions les bons chiffres, ce qui est un défi.
Le problème en ce moment, c'est que nous sommes tous séparés et que nous travaillons tous seuls dans une cabine, à cause de la COVID-19. En plus, nous nous rendons sur la Colline et nous avons l'équipe de soutien technique, mais tout le monde est à distance.
Quelques députés reviennent sur la Colline maintenant, de sorte que le son que nous obtenons provient de différentes sources. Nous le recevons de Zoom, des députés dans la salle de réunion et des personnes qui sont en ligne et n'utilisent pas le matériel approprié. Il y a une grande variabilité dans le son qui arrive sur une plateforme qui, comme nous l'avons souligné, ne répond pas à nos exigences en matière d'intelligibilité.
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Vous devez certainement faire des études pour travailler pour le gouvernement du Canada à l'heure actuelle. Le Bureau de la traduction n'engage que des interprètes titulaires d'une maîtrise et vous...
Je suis désolée, monsieur Dubourg. Est-ce qu'il ne me reste qu'une seconde ou une minute?
Le président: Il vous reste une minute.
Mme Nicole Gagnon: D'accord.
Ce qu'il faut, c'est investir pour que nous ayons plus de possibilités de formation afin de préparer la prochaine génération d'interprètes à faire le travail, donc non, vous n'avez pas à passer par la voie de la maîtrise, mais si vous voulez travailler pour le Parlement du Canada... C'est la plus haute institution de notre pays sur le plan de la démocratie. C'est le siège de la démocratie.
Nous devons réussir des examens pour travailler avec le Bureau. L'examen d'agrément est la norme d'excellence dans le monde entier. Le Canada est reconnu pour la qualité de son travail, que ce soit en matière d'interprétation, de traduction ou de terminologie. C'est une grande source de fierté pour tous les Canadiens que nous ayons une excellente réputation en ce qui concerne ces services, alors...
Je suis désolée. M. Dubourg me fait signe d'arrêter.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Madame Gagnon, j'ai peu de temps et il y a tellement de questions que je pourrais vous poser. Mes collègues ont déjà posé de bonnes questions.
Je voudrais faire un peu de ménage dans les données sur le bilan de santé. J'ai lu tous les documents qu'on nous a préparés pour cette réunion.
À la page 36 du rapport de mai 2020 du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, on rapporte des propos de M. Greg Phillips, de l'Association canadienne des employés professionnels. Il a dit que, parmi les 70 interprètes salariés, 40 étaient en congé de maladie actuellement, soit en raison de problèmes de santé liés aux présentes conditions, comme celles que vous nous décrivez, soit parce qu'ils doivent s'occuper de leurs enfants durant la pandémie.
Dans les statistiques que vous nous avez données tantôt, qu'en est-il? Dans l'équipe des interprètes, doit-on retrancher ceux qui sont à la maison parce que leurs enfants y sont confinés ou pour d'autres raisons que la santé auditive?
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Il y a toujours eu des témoins qui arrivaient à la dernière minute à la demande des différents comités, c'est certain. Toutefois, nous constatons que c'est certainement davantage le cas maintenant que l'on travaille à distance.
Par ailleurs, si vous vous souvenez du bon vieux temps où on était en salle de comité, la greffière pouvait nous distribuer les documents qui étaient reçus. Ceux-ci étaient envoyés par courriel au préalable, le soir, s'ils étaient disponibles. Sinon, nous les recevions en arrivant. D'ailleurs, nous arrivions toujours très tôt en salle de comité pour potasser ces documents.
Alors, l'incidence que cela a, maintenant que nous n'avons plus ce service, c'est que nous ne recevons plus les documents, ou bien nous les recevons sur notre ordinateur. Imaginez recevoir une trentaine de mémoires à préparer sur votre ordinateur. Vous devez imprimer et éplucher tout cela. Alors, l'incidence, c'est que nous ne sommes pas aussi bien préparés que nous le souhaiterions lorsque nous arrivons au travail. Du coup, cela se reflète dans la prestation du service que nous vous offrons. Moi, je ne suis pas juriste. Je ne peux pas vous entretenir des différentes questions de droit relatives à la loi sur l'aide médicale à mourir, par exemple.
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Nous reprenons la séance.
Aujourd'hui, le Comité se réunit concernant l'étude sur les défis du service d'interprétation parlementaire dans le contexte de la pandémie de COVID-19.
J'aimerais faire quelques brèves observations à l'intention des témoins.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme, mais si la question vous est adressée, vous pouvez répondre. Lorsque vous êtes prêts, cliquez sur le micro pour l'activer. Je vous rappelle que toutes les observations doivent être adressées à la présidence.
Les services d'interprétation offerts pour cette vidéoconférence sont à peu près les mêmes que ceux offerts pendant les réunions régulières du Comité. Au bas de votre écran, vous pouvez choisir entre le parquet, l'anglais ou le français. Lorsque vous parlez, s'il vous plaît, exprimez-vous lentement et clairement. Lorsque vous n'avez pas la parole, nous vous prions de mettre le micro en sourdine.
Cela dit, je voudrais souhaiter la plus cordiale bienvenue à des gens que nous avons l'habitude de croiser de temps en temps à la Chambre des communes: M. Charles Robert, greffier de la Chambre des communes, M. Eric Janse, greffier adjoint, et M. Stéphan Aubé, dirigeant principal de l'information.
À vous trois, vous disposerez de sept minutes et demie pour faire une présentation. Je vais vous l'indiquer, quand il vous restera une minute et quand il ne vous restera plus de temps.
Monsieur Robert, vous avez la parole.
:
Je vous remercie, monsieur le président, de m'avoir invité à m'adresser au Comité dans le cadre de son étude intitulée « Défis du service d'interprétation parlementaire dans le contexte de la pandémie de COVID-19 ».
Le rôle de l'Administration de la Chambre dans la prestation des services d'interprétation se limite à l'infrastructure technique. Comme vous le savez, les interprètes sont des employés du Bureau de la traduction, un organisme de Services publics et Approvisionnement Canada. La Chambre est responsable de fournir les installations et les outils nécessaires aux interprètes afin d'assurer le bon déroulement des délibérations.
Au fil des ans et tout au long de la pandémie, l'Administration poursuit sa collaboration avec le Bureau de la traduction afin d'assurer la santé et la sécurité des interprètes et d'offrir un service d'interprétation de haute qualité, lequel est nécessaire aux parlementaires pour qu'ils puissent accomplir leur travail.
Je crois comprendre que vous entendrez le témoignage du Bureau de la traduction lors d'une prochaine réunion et que ses représentants seront en mesure de vous communiquer de l'information sur les nombreuses mesures qui ont été mises en place pour remédier à la situation.
[Traduction]
Depuis la mise en place des délibérations hybrides, il y a moins d’un an, l’équipe de direction de l’Administration me tient informé des mesures prises pour que l’infrastructure technique de la Chambre puisse prendre en charge une transition rapide et sécuritaire vers le nouvel environnement hybride.
De plus, la question dont vous êtes saisis a fait l’objet d’énormément de discussions lors d’une rencontre récente du Bureau de la régie interne. L’information fournie au Bureau par l’Administration a été communiquée à la présidente du Comité de liaison qui l'a ensuite transmise à tous les présidents de comités.
Je vais vous donner un aperçu des investissements et des améliorations que nous avons entrepris pour améliorer la sécurité et la qualité audio de nos systèmes d’interprétation et, avec mes collègues, je serai prêt à répondre à toutes vos questions.
Puisque vous avez participé à des délibérations hybrides, vous connaissez déjà certaines de ces initiatives.
[Français]
L'équipement utilisé par les participants a une grande incidence sur la qualité du son et un impact direct sur la capacité des interprètes de faire leur travail de façon adéquate et sécuritaire. C'est pourquoi nous avons fourni aux députés des casques d'écoute de haute qualité munis d'un micro intégré. Étant donné l'importance d'une bonne connectivité pour la qualité du son, l'Administration a procédé à un examen complet des services de connectivité en place dans les circonscriptions des députés, et nous avons contribué à améliorer les services Internet, au besoin. Nous avons également réaffecté des ressources pour offrir un meilleur soutien informatique aux députés afin de leur apporter une aide pratique et rapide.
Il y a une autre variable décisive de la qualité audio des délibérations, et c'est la technologie et l'équipement utilisés par les témoins. C'est une variable sur laquelle il est difficile d'influer, surtout dans les cas où les comparutions devant un comité sont organisées dans un délai très court. Afin d'atténuer ces problèmes, nous avons renforcé le programme dans le cadre duquel nous offrons systématiquement notre aide aux témoins pour prendre rendez-vous et tester leur équipement et leur connexion avant leur comparution. Auparavant, nous le faisions par courriel, mais nous le ferons désormais par téléphone. Nous espérons que ce nouveau processus permettra d'obtenir de meilleurs résultats.
D'autre part, nous avons, depuis de nombreux mois déjà, expédié des casques d'écoute aux témoins qui en avaient besoin, et nous avons également proposé de vérifier la connexion, démarche sur laquelle nous allons maintenant insister.
[Traduction]
Nous continuons également à beaucoup investir dans l’infrastructure technologique de la Cité parlementaire, tout en suivant l’évolution des recommandations en matière de santé et de sécurité. Par exemple, nous avons installé des consoles d’interprétation limitant le bruit dans les 17 salles de comités, ainsi que dans deux salles polyvalentes de l’édifice Sir John A. Macdonald.
[Français]
Nous avons également mis en place des cabines supplémentaires d'interprétation simultanée: deux cabines ont été ajoutées dans toutes les salles de comité et trois autres l'ont été à la Chambre. Ces ajouts visaient à favoriser le maintien de l'éloignement physique, conformément aux directives de la santé publique, et un nettoyage des cabines plus facile et plus rapide.
Nos techniciens ont aussi amélioré la programmation audio et la configuration des systèmes sonores des salles afin de réduire l'écho. La plateforme de vidéoconférence Zoom a également été mise à niveau pour améliorer l'expérience des utilisateurs.
En ce qui concerne Zoom, je dois souligner que la plupart des Parlements qui fonctionnent de manière virtuelle utilisent la plateforme Zoom, y compris les Parlements comme le nôtre où sont parlées plusieurs langues. Nous sommes constamment en communication avec les autres Parlements en vue d'échanger sur les pratiques exemplaires d'un Parlement hybride.
En conclusion, je voudrais mentionner que l'été dernier, nous avons participé, avec le Bureau de la traduction, à l'inspection des systèmes audio et des protocoles de santé et de sécurité à la Chambre et dans deux salles de comité. Le résultat de ces inspections, menées par le Conseil national de recherches du Canada, s'est avéré très positif. Nous nous efforçons actuellement de rendre plus aisée une analyse approfondie afin de peaufiner à l'avenir la mise au point des systèmes et de l'équipement.
Nous entendons continuer à collaborer avec Services publics et Approvisionnement Canada afin d'améliorer davantage l'environnement de travail des interprètes. L'ensemble des membres de la communauté parlementaire souscrivent à l'engagement de garantir un lieu de travail sûr et sain pour tous, et cet engagement reste notre priorité absolue dans le contexte actuel.
Je vous remercie de me donner l'occasion d'aborder ce sujet important. MM. Janse et Aubé et moi-même nous ferons maintenant un plaisir de répondre à vos questions.
Je vous remercie
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vais céder mon temps de parole à mon collègue M. Généreux, mais j'aimerais d'abord remercier les interprètes qui sont venus témoigner.
Votre travail est déjà très difficile lorsque les députés s'expriment très bien en français ou en anglais, et il est encore plus difficile lorsque ce sont des députés qui, comme moi, parlent assez bien, mais font encore des erreurs.
C'était très intéressant, ce soir, de vous entendre parler des difficultés que vous éprouvez, et j'ai hâte que l'on trouve des solutions. Sans vos efforts, la Chambre des communes serait très différente et inaccessible pour plusieurs Canadiens. Je vous en remercie beaucoup.
Je cède maintenant mon temps de parole à M. Généreux.
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Je voudrais souligner, monsieur Généreux, que nous respectons les normes ISO en ce qui a trait aux cabines, aux systèmes d'interprétation et aux systèmes de conférence.
Je dois ajouter que Zoom, pour nous, ce n'est pas le système d'interprétation à la Chambre des communes. Nous avons un modèle différent, et Zoom est un outil qui peut être utilisé dans le contexte de réunions telles que les nôtres.
Il existe d'autres plateformes de vidéoconférence, comme Microsoft Teams et Cisco Webex, et il y a aussi des plateformes qui se prêtent précisément aux rencontres liées directement à l'interprétation. Enfin, il y a un quatrième modèle, celui que nous avons choisi, soit le modèle hybride.
Ce modèle nous permet de respecter les normes ISO, et il permet aux gens de travailler comme ils le faisaient déjà. Si nous avons ajouté un élément, c'est-à-dire Zoom, c'est seulement pour permettre la transmission d'informations entre les différents participants. C'est important pour garantir que nos systèmes respectent les normes ISO.
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D'accord, mais vous comprenez que les interprètes ont des problèmes auditifs. Sachez que je ne prends pas un ton accusateur, bien au contraire. Je veux que nous nous penchions là-dessus ensemble pour trouver une solution.
D'ailleurs, je dois dire au Comité que, depuis le printemps dernier, nous utilisons un casque d'écoute de façon quotidienne, voire pendant plusieurs heures par jour, comme aujourd'hui — cela va faire six heures que j'ai cela sur la tête —, et j'ai maintenant un acouphène et des maux de tête que je n'ai jamais eus auparavant. Je n'avais jamais eu mal à la tête de ma vie.
On doit donc comprendre que ces gens-là ont de vrais problèmes. Le Bureau de régie interne de la Chambre des communes s'est donc penché sur leurs conditions de travail.
Au sein de la Chambre des communes elle-même, dans le cadre de votre travail, vous avez décidé d'opter pour Zoom parce que vous vouliez un modèle hybride, mais y aurait-il eu d'autres solutions possibles?
J'aimerais maintenant parler des casques d'écoute, un autre élément important.
Je n'ai jamais compris pourquoi on n'a pas demandé que les casques d'écoute soient obligatoires. On aurait dû en envoyer trois ou quatre à chaque parlementaire, afin qu'ils en aient sur chaque lieu de travail. Ce soir, je travaille à partir de la maison, et j'ai un casque d'écoute. J'en ai aussi un à mon bureau d'Ottawa et un autre à mon bureau de circonscription, à Rivière-du-Loup. Je ne me suis pas gêné pour en faire la demande.
N'aurait-il pas été plus simple d'envoyer, dès le départ, trois ou quatre casques d'écoute à chaque député?
Encore aujourd'hui, certains témoins et certains parlementaires avaient oublié leur casque d'écoute. Ils utilisaient plutôt de petits écouteurs. Cela ne facilite certainement pas le travail des interprètes.
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Non, monsieur Arseneault.
Permettez-moi d'apporter une clarification.
Comme je l'ai dit auparavant, nous avons mis en œuvre un modèle hybride. Présentement, l'interprète ne travaille pas directement avec Zoom. Il utilise plutôt les consoles et les casques d'écoute présentement disponibles.
Nous utilisons Zoom seulement pour transmettre l'audio, l'audio de qualité qui sort des systèmes des salles de comité. Aujourd'hui, l'audio et l'interprétation proviennent d'une salle d'interprétation et sont envoyés à tous les participants; c'est la même chose du côté des participants: leur audio est envoyé aux interprètes par nos systèmes audios, qui sont contrôlés et régis en vue de respecter les normes ISO et de protéger l'ouïe des interprètes.
Zoom est donc seulement un mécanisme de transmission par Internet. Tout ce qui se passe chez nous et à la Chambre utilise toujours nos propres systèmes, qui respectent les normes ISO actuelles.
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C'est un peu hybride, monsieur Arseneault.
Nous entretenons des relations très étroites avec les gens du Bureau de la traduction, et certains d'entre eux interagissent avec nos gestionnaires et nos employés sur place.
Par ailleurs, des techniciens sont sur les lieux tous les jours, et ce, pour chacune des rencontres. Par conséquent, ces derniers sont mis au courant si les interprètes ont des problèmes durant une rencontre. Nous en prenons note, nous conservons des statistiques concernant ces dossiers et nous faisons un suivi auprès des députés et des témoins, si c'est nécessaire, afin de pouvoir leur dire ce qui devrait être modifié pour améliorer la situation.
Nous prenons ce genre de mesures de façon quotidienne pour assurer la qualité, la santé et la sécurité des interprètes.
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Merci, monsieur le président.
Je veux revenir sur ce qui a été dit plus tôt.
Il y a vraiment une contradiction entre la présentation des interprètes et celle que nous venons d'entendre.
Dans les documents de l'Association, il est écrit carrément que la plateforme Zoom a peut-être été choisie pour de bonnes raisons, mais qu'elle « n'est pas propice à une interprétation de qualité ». Les interprètes qualifient le son de « toxique » en vertu des normes ISO fixées par les experts internationaux. On nous a d'ailleurs parlé de toutes les blessures qu'ils ont subies.
Un petit tableau montre même que, pour ce qui est de la qualité, Zoom arrive en dernier sur la liste des différentes plateformes.
Comment expliquez-vous cela?
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Je ne peux pas faire de commentaire à cet égard, parce que je n'ai pas les données de l'Association.
Cependant, je peux vous dire que nous travaillons étroitement avec les Parlements de l'Union interparlementaire. Ils ont aussi produit des rapports comparant les différentes plateformes. Comme je le disais plus tôt, les quatre modèles y sont comparés. Nous utilisons l'un d'eux, qui n'est pas le modèle de Zoom avec l'interprétation seulement, mais un modèle hybride doté de plusieurs composantes pour assurer la santé et la sécurité.
En fait, la comparaison qui a été faite dans la présentation précédente n'était pas tellement juste. Il faut regarder les faits et comparer des modèles existants. Je ne voudrais pas mettre de mots dans la bouche des représentants de l'Association. Je vous fais simplement part de ce qui je comprends de ce qui a été dit et de ce que nous comparons.
Nous avons comparé la version standard de Zoom avec les autres produits, mais ce n'est pas celle que nous utilisons. Comme je le disais plus tôt, Zoom n'est qu'un élément de notre plateforme pour assurer la qualité, la santé et la sécurité des gens qui participent à nos rencontres.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie mon collègue M. Généreux.
Je remercie nos représentants de la Chambre des communes. Monsieur le greffier, c'est toujours un honneur de vous recevoir à ce comité.
Nous vivons un grand chamboulement. Nous sommes en comité et je suis dans mon bureau ici, à Lévis, en plein cœur d'une tempête, et M. Généreux est à Montmagny—L'Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup. Nous sommes conscients que vous avez dû patiner vite et faire des choix rapides.
Nous avons beaucoup discuté de la plateforme, ce soir. Dans le tableau qui nous a été donné, on parle du Zoom de base et du Zoom avancé. La Chambre des communes utilise-t-elle la version qui répond aux critères d'intelligibilité de la parole? C'est ma première question technique ce soir.
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Effectivement, ce serait une excellente solution.
Cependant, même si nous pouvons généralement faire parvenir ces casques aux gens dans un délai de 48 heures dans la plupart des régions du Canada, cela peut changer lorsque c'est la fin de semaine ou lorsque les gens habitent dans des villes plus éloignées, par exemple.
De plus, cela se passe seulement lorsque la participation du témoin est confirmée. Il faut d'abord que le Comité décide quels témoins il veut entendre. Ensuite, il faut contacter les témoins pour confirmer leur présence et obtenir leur adresse avant de leur envoyer le casque d'écoute. Cela peut prendre quelques jours. Après cela, il faut faire des tests.
En tout, ce processus peut prendre jusqu'à une semaine, et comme vous l'avez mentionné tantôt, dans la plupart des cas, les témoins reçoivent un préavis beaucoup plus court.
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Merci, monsieur Robert.
Cette décision n'a pas été facile à prendre. Nous l'avons prise au printemps, soit au début de la crise. Nous avons immédiatement formé une équipe pour évaluer ce qui se faisait ailleurs. Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, nous avons aussi été en contact avec plusieurs autres Parlements, dont l'Union interparlementaire, afin de savoir comment ils procédaient et quelles options ils avaient considérées. Par exemple, nous avons travaillé avec le Parlement britannique, afin de voir comment il procédait. Là-bas aussi, ils ont choisi d'utiliser Zoom. Par contre, je dois préciser que ce Parlement n'offre pas le service d'interprétation.
Nous nous sommes demandé quelle plateforme choisir afin d'offrir des services de qualité. Nous avons aussi considéré d'autres critères importants pour nous, dont celui de la sécurité. De plus, nous nous sommes penchés sur la question de l'intégration avec nos systèmes existants. C'est important pour nous que les interprètes utilisent les consoles etles cabines existantes, qui respectent les normes ISO. Zoom permettait cette intégration à notre environnement existant et nous permettait d'offrir un service sans avoir à changer trop de choses pour les gens qui travaillent sur la Colline du Parlement. Ce sont quelques-uns des critères que nous avons considérés.
Nous avons aussi considéré la télédiffusion. Zoom nous permettait d'intégrer nos systèmes de télédiffusion. De plus, il nous permettait d'offrir d'autres services aux parlementaires. Par exemple, nous utilisons Zoom lors des conférences de presse, parce que cette plateforme nous permet de fonctionner en différents modes.
Lorsque nous avons fait notre choix, en mars 2020, nous avons aussi pris en considération l'ampleur des événements. Zoom était l'une des seules plateformes qui nous permettaient d'avoir plus de 300 personnes. C'est donc un autre critère dont nous avons tenu compte.
La santé et la sécurité sont aussi des critères que nous avons considérés. Comme je l'ai déjà mentionné, nous voulions permettre l'intégration de nos systèmes et le respect des normes. Les normes ne nous ont pas été imposées par le Bureau de la traduction, parce que nous travaillons en partenariat. C'est certainement un élément qui était important pour lui. Nous avons eu des discussions et il nous a mentionné qu'il préférait que nous continuions à utiliser les systèmes qui étaient déjà implantés sur la Colline et qui protégeaient bien leurs employés.
Voilà, madame Lalonde, l'ensemble des critères que nous avons considérés avant de prendre cette difficile décision.
Selon vous, qu'est-ce qui explique que 86 % des francophones témoignent en anglais? Est-ce dû au fait que les présidents ne donnent pas de consigne à cet égard?
Ici, au Comité permanent des langues officielles, la majorité des échanges se font en français. C'est difficile d'imaginer ce qui se passe ailleurs, mais cela semble être plutôt l'inverse.
Il semble que les gens ont tendance à passer à l'anglais aussitôt qu'il y a un problème technique. Comme la majorité des présidents des comités ne parlent pas français, la situation affecte davantage les francophones.
La solution serait-elle de mettre en place des conditions pour inciter les témoins qui veulent témoigner en français à le faire?
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Je vous remercie beaucoup.
C'est ainsi que la séance prend fin.
Permettez-moi, chers membres du Comité, de remercier chaleureusement les témoins, soit M. Charles Robert, greffier de la Chambre des communes, M. Eric Janse, greffier adjoint, et M. Stéphan Aubé, dirigeant principal de l'information.
Je vous remercie beaucoup de vos témoignages. Je veux également en profiter pour remercier tout le personnel, plus particulièrement nos interprètes et les techniciens.
Merci, et bonne soirée.
La séance est levée.