:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 29e réunion du Comité permanent des anciens combattants.
[Traduction]
Conformément à l'article 109 du Règlement et à la motion adoptée le lundi 21 novembre 2022, le Comité reprend son étude de l'impact du nouveau contrat de réadaptation accordé par le ministère des Anciens Combattants sur le rôle des gestionnaires de cas et la qualité de la prestation des services.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 23 juin 2022. Les députés peuvent donc participer en personne ou au moyen de l'application Zoom.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous êtes en ligne et que vous ne parlez pas, veuillez garder votre microphone en sourdine.
Je rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence.
[Traduction]
Si les députés qui sont dans la salle souhaitent prendre la parole, ils voudront bien lever la main. Ceux qui participent par Zoom auront l'obligeance d'utiliser la fonction « main levée ».
[Français]
Veuillez noter qu'une témoin n'a pas pu être présente à la rencontre d'aujourd'hui, mais elle a tenu à présenter un mémoire aux membres du Comité en ce qui a trait à cette étude. Le mémoire est en cours de traduction.
Avant de souhaiter la bienvenue aux témoins, je veux saluer la présence de notre collègue M. Francesco Sorbara, qui remplace aujourd'hui Mme Rechie Valdez.
[Traduction]
Je souhaite la bienvenue aux témoins. Nous accueillons Patricia Morand, ergothérapeute et gestionnaire de soins cliniques, qui participe par vidéoconférence; de la Légion royale canadienne, nous recevons Carolyn Hughes, directrice par intérim des Services aux vétérans, au siège national; de Wounded Warriors Canada, ce sera Scott Maxwell, directeur général, qui participe par vidéoconférence.
J'invite Mme Patricia Morand à commencer. Vous avez cinq minutes. Je vais vous faire signe avec les cartons que j'ai là lorsqu'il vous restera une minute et lorsque votre temps de parole sera écoulé. Vous avez cinq minutes ou moins pour faire votre déclaration liminaire. Je vous en prie.
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Merci, monsieur le président, de m'avoir invitée à prendre la parole.
On m'a demandé de parler aujourd'hui en tant que prestataire de services qui pourrait être touchée par le nouveau contrat de réadaptation.
Mes antécédents sont les suivants. Je suis ergothérapeute agréée en Ontario depuis 1982. Je dispense des services pour Anciens Combattants Canada depuis plus de 20 ans. J'ai fourni des services à titre d'ergothérapeute pendant cette période et je joue un autre rôle, celui de gestionnaire de soins cliniques, ou GSC, depuis 2018.
C'est du rôle de gestionnaire de soins cliniques que je vais parler aujourd'hui parce que ce gestionnaire s'intéresse aux anciens combattants qui ont des besoins complexes et participent au programme de réadaptation.
Par le passé, les renvois au gestionnaire de soins cliniques provenaient de gestionnaires de cas. L'engagement auprès des anciens combattants varie selon leurs besoins. Il peut s'agir par exemple de l'aider à renouer avec les services dans la collectivité, de l'aider à se réengager dans des activités communautaires ou de travailler avec lui pour faciliter la reprise de ses activités quotidiennes. Les anciens combattants que j'ai vus dans le cadre de mes fonctions ont de multiples besoins liés aux obstacles physiques et sociaux et aux problèmes de santé mentale.
Comme gestionnaire de soins, je collabore avec d'autres intervenants qui accompagnent l'ancien combattant, dont des psychologues, des travailleurs sociaux, des médecins de famille si nécessaire et, par le passé, avec le personnel professionnel de la Marche des dix sous au besoin, les gestionnaires de cas et ceux qui peuvent avoir des liens avec l'ancien combattant par l'entremise d'organismes ou de services communautaires.
Jusqu'à maintenant, je n'ai pas été en mesure de voir comment le nouveau contrat pourrait avoir une incidence sur le rôle de gestionnaire de soins cliniques et donc sur mon rôle de prestataire de services.
Au cours de l'été, j'ai reçu un courriel m'invitant à manifester mon intérêt, et je l'ai fait. J'ai ensuite reçu un courriel du nouveau fournisseur, fin-septembre, me demandant de remplir un formulaire de collecte de données. En regardant le formulaire, j'ai remarqué qu'il n'y aucune mention des ergothérapeutes ni des gestionnaires de soins cliniques. Je ne savais pas trop si je devais remplir ce formulaire. J'ai communiqué avec la personne-ressource du nouveau fournisseur et je lui ai ensuite parlé. On m'a également indiqué un lien au ministère des Anciens Combattants.
Malheureusement, à ce jour, mes questions demeurent sans réponse. En tant qu'ergothérapeute qui offre des services de gestion de soins cliniques aux anciens combattants ayant des besoins complexes qui participent au programme de réadaptation, mes questions sont les suivantes: y aura-t‑il des postes de gestionnaire de soins cliniques? Dans l'affirmative, un ergothérapeute pourra-t‑il occuper ce rôle? Et alors, ce rôle sera-t‑il exercé sous la gouverne du nouveau fournisseur ou de façon autonome comme par le passé? Si le rôle relève du nouveau fournisseur, y aura-t‑il des changements à la structure de rémunération?
En tant que prestataire de services pour Anciens Combattants Canada depuis plus de 20 ans, j'ai toujours travaillé dans le cadre de ma pratique privée et je ne sais pas pour le moment si le nouveau fournisseur fera appel seulement à du personnel qui relève directement de lui ou si des indépendants comme moi auront toujours un rôle à jouer.
Voilà ce que j'avais à dire.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent des anciens combattants, je suis très heureuse de comparaître devant le Comité au nom de nos plus de 250 000 membres et de leurs familles.
Je suis directrice par intérim des services aux vétérans au siège national de la Légion, et je suis également administratrice à la retraite des soins de santé offerts aux militaires. J'aide les vétérans, y compris ceux qui sont encore actifs ou à la retraite — ainsi que les membres de la GRC — et leurs familles depuis environ 16 ans, exerçant divers rôles, tant lorsque j'étais dans l'armée qu'après.
Depuis 1926, nous aidons les vétérans et leurs familles en les représentant auprès d'Anciens Combattants Canada et du Tribunal des anciens combattants, révision et appel, pour obtenir des prestations d'invalidité et des traitements pour leurs blessures et maladies liées au service. Nos 27 officiers d'entraide professionnels partout au Canada et leurs adjoints sont des professionnels formés, ont une autorisation de sécurité du gouvernement et fournissent une aide gratuite à ceux qui en ont besoin, qu'ils soient membres de la Légion ou non.
Au cours de la dernière année, ces officiers ont rencontré des milliers de vétérans et leur famille, leur ont parlé et les ont aidés à obtenir les prestations et les services d'ACC qu'ils méritent pour leurs blessures et maladies liées au service. Par conséquent, je crois que nous pouvons parler avec confiance et crédibilité de ce que nous voyons et entendons au sujet du contrat de réadaptation. Les gestionnaires de cas d'Anciens Combattants Canada établissent des rapports avec les anciens combattants et les aident à définir et à atteindre leurs objectifs personnels, à déceler les obstacles à surmonter et à trouver les renseignements et les services à leur disposition pour atteindre les objectifs.
Services publics et Approvisionnement Canada a attribué le contrat national à Partenaires des services de réadaptation aux vétérans canadiens en juin 2021 au nom d'Anciens Combattants Canada. Nous avons été informés que, aux termes du contrat, les gestionnaires de cas continueront de travailler directement avec les anciens combattants et leurs familles pour obtenir les meilleurs résultats possible sur le plan de la santé et du bien-être. Ces résultats sont au cœur de ce que nous voulons pour les anciens combattants et leurs familles et de ce qu'ils méritent.
D'après ce que nous comprenons, le nouveau contrat vise à alléger le fardeau administratif des gestionnaires et à dégager plus de temps pour aider les anciens combattants qui ont à relever des défis complexes. Nous croyons que le contrat pourrait être avantageux dans la mesure où il améliore ces services ainsi que la santé et le bien-être généraux des anciens combattants et de leurs familles en permettant aux gestionnaires de cas de passer plus de temps avec eux plutôt que de s'occuper des fonctions administratives. Jusqu'à maintenant, nous n'avons reçu aucune plainte. La Légion n'en surveille pas moins constamment la qualité des services offerts aux anciens combattants pour en voir l'impact sur ceux que nous servons.
Nous constatons que le contrat peut être une étape positive pour concentrer les efforts sur la santé et le bien-être des anciens combattants, et cela doit être primordial dans tous les arrangements.
Monsieur le président, nous vous remercions de nous avoir donné l'occasion de faire cet exposé. Je serai heureuse de répondre à vos questions tout à l'heure.
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Bonjour. Merci de m'accorder du temps.
Wounded Warriors Canada est un fournisseur national de services de santé mentale qui soutient environ 3 000 membres des Forces armées canadiennes, anciens combattants, premiers intervenants et leurs familles chaque année.
Notre spécialité est le counselling de groupe, à la fois axé sur le groupe et facilité par la résidence, qui appuie nos membres et nos clients dans leur cheminement vers la guérison, principalement lorsqu'il s'agit d'anciens combattants et de leur transition vers la vie civile.
Notre grande préoccupation à l'égard d'ACC a toujours été... Il y a quelques problèmes que nous éprouvons le plus souvent relativement à nos clients qui sont aussi ceux du ministère. Il y a le temps d'attente, les compétences culturelles de ceux qui dispensent les soins et la question de savoir si l'arrivée de nouveaux fournisseurs de services permettrait de corriger ce qui cloche en ce moment dans le système. Voilà l'objet de nos grandes préoccupations.
Nous parlons constamment des temps d'attente, et nous le faisons depuis 10 ans, dirait‑on. Un contrat comme celui‑ci va‑t‑il régler le problème de l'attente? Va‑t‑il tenir compte des compétences culturelles dans la prestation des soins? Va‑t‑il tenter d'accélérer l'accès aux soins? Le système sera-t‑il suffisamment solide pour répondre aux besoins uniques non seulement des vétérans, mais aussi de leurs familles?
Voilà ce dont nous nous occupons. Voilà ceux à qui Wounded Warriors Canada apporte son aide.
Ce qui nous préoccupe dans ce contrat, c'est que nous n'avons aucunement été consultés. Il est curieux, vu la population dont nous nous occupons et qui compte de nombreux clients du ministère, qu'il n'y ait eu aucune consultation au sujet de ce contrat. Ce n'est qu'après sa conclusion que nous avons eu des échos du nouveau fournisseur.
À quoi ressemblera cette relation à l'avenir? Il est curieux que nous recevions maintenant des communications de Lifemark, entre autres, alors que ces gens‑là ne s'étaient jamais adressés à nous auparavant.
Je souhaite avoir des réponses à ces questions. Pourquoi? Comment ces décisions ont-elles été prises? Quel est le niveau de compétence culturelle de ces entreprises pour les soins qu'ils vont fournir?
Mettons les choses au clair. Si cette population n'est pas servie correctement au bon moment, nous continuerons à voir des lacunes apparaître. Ce sont nos membres et leurs familles qui seront laissés pour compte et notre pays continuera de voir les retombées.
Voilà ce dont je veux discuter. C'est de cela que nous devons tirer des leçons. J'ai hâte de pouvoir en discuter.
Merci beaucoup.
Je ne suis pas étonné. Tout ce que j'ai entendu dire à tout le monde — fournisseurs de services, vétérans et même employés du ministère —, c'est qu'ils n'ont pas l'impression d'avoir été consultés. Ils ont l'impression de n'avoir aucun renseignement sur un dispositif qui est en place depuis deux jours. C'est ce que je crois comprendre, à moins que la date n'ait été reportée de nouveau. Tout le monde semble être dans le noir.
Je vais m'adresser d'abord à M. Maxwell. Vous avez posé une série de questions à la fin de votre exposé. La dernière portait sur le niveau de compétence culturelle. Vous vous interrogez.
Je vais vous demander, à ce propos, quel devrait être le niveau de compétence culturelle? Que faut‑il pour s'assurer que ceux qui vont maintenant s'occuper des anciens combattants...?
Que faut‑il sur le plan de l'éducation, de la formation et des compétences pour qu'ils puissent mieux servir les anciens combattants?
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Comme je l'ai toujours dit, depuis que l'histoire a éclaté, nous devons évidemment faire très attention à deux choses. La première, c'est qu'aucun ancien combattant ou membre de sa famille ne doit revivre pareille chose. Deuxièmement, les anciens combattants qui en prennent connaissance doivent toujours se sentir à l'aise de demander l'aide à laquelle ils ont droit.
Quant à la prévention, il s'agit d'une situation extrême, qui se situe généralement à la marge de certains des défis qui touchent le ministère. Cela étant, comme nous l'avons dit tout de suite après avoir été mis au courant, si nous ne préparons pas les gestionnaires de cas et les autres membres du personnel à interagir avec les anciens combattants malades et blessés, à les soutenir et à avoir ces conversations complexes et difficiles qui surgissent au quotidien, quel est le résultat, quelle est l'issue à prévoir si la formation n'est pas dispensée?
Notre position est claire: il s'agit d'une situation extrême et ce genre d'incident ne devrait jamais se reproduire. Nous devons nous assurer de prendre soin de l'ancien combattant et de sa famille et de soutenir les anciens combattants qui pourraient avoir peur de communiquer avec le ministère, comme nous le faisons actuellement.
Au‑delà de cet incident, ma foi, à quoi pouvons-nous nous attendre si nous ne donnons pas la formation correcte qui me semble convenir? Si on demande aux gestionnaires de cas de faire ce travail et qu'ils se soucient de leur travail, de la façon de le faire, il faut leur fournir les ressources auxquelles ils ont droit pour aider la clientèle qu'ils servent.
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Merci, monsieur le président.
Encore une fois, bienvenue à tous les témoins. Nous sommes heureux de vous accueillir. Nous attendons des réponses à certaines de nos questions.
Au cours de séances antérieures, des témoins ont fait part de préoccupations au Comité. Nous avons également entendu d'autres fonctionnaires du ministère parler des préparatifs de la transition vers ce nouveau système, mais il semble y avoir des inquiétudes à propos des modalités de fonctionnement du système, de sa mise en œuvre, etc. Il me semble que la transition ne se fera pas d'un seul coup. Il s'agira d'un processus graduel, dans le cadre duquel le système sera déployé pour essayer d'alléger le fardeau administratif des gestionnaires de cas.
À la réflexion, une partie des arguments avancés semble logique, mais ce qui aurait le plus de sens, c'est opter pour le meilleur service que nous puissions offrir aux anciens combattants. C'est ce qui intéresse le Comité.
Madame Hughes, si vous me le permettez, voici quelques questions. Anciens Combattants Canada vous a‑t‑il donné de l'information sur ce nouveau contrat?
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Je ne veux tout simplement pas perdre... Je veux appuyer les propos de Carolyn Hughes, parce que je suis d'accord avec elle. Nous sommes solidaires. Je ne sais pas si la tribune est bien choisie pour donner mon avis. Veuillez me dire si cela m'est permis.
Ce que je voulais dire, c'est que... Ne nous occupons pas trop de savoir qui a été consulté ou comment, car il est clair que nous ne l'avons pas été. Le plus important, désormais, à propos de ce processus, c'est de savoir quels seront les effets, l'impact sur la population à l'avenir.
La décision a été prise, à tort ou à raison, mais le Comité et ses membres doivent se demander, tout comme le ministère, le gouvernement et l'ensemble du pays, quels services vont changer.
Nous avons parlé il y a un mois de l'arriéré dans les demandes de prestations d'invalidité au ministère. En sommes-nous à 25 000 personnes en attente d'arbitrage? Nous parlons des compétences culturelles dans les services. Comment les soins sont-ils dispensés et reçus? Ce qui nous préoccupe, ce n'est pas tant de savoir qui fournit le service, mais comment il est fourni.
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Monsieur Maxwell, je comprends très bien votre préoccupation, qui est aussi une des préoccupations de notre comité.
Ce que je vois, par contre, c'est qu'on met en place une nouvelle structure sans qu'il y ait eu de consultations. On ne tient pas compte de ce que savent les gens qui ont une expertise en la matière, et cela me préoccupe un peu.
Je me demande donc comment on fera l'évaluation du personnel qui offrira des services. Cela fait partie de mes préoccupations. Je ne sais pas si vous avez des éléments d'information à nous soumettre là-dessus.
On nous dit qu'on va questionner les vétérans. Pour ma part, je suis un ancien gestionnaire d'école, et je ne questionnais pas nécessairement les enfants pour savoir si l'enseignant était pertinent et faisait son travail correctement. Je posais des questions à celui qui offrait les services.
C'est la question que je vous pose à nouveau.
Madame Hughes, comment pensez-vous que...
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Je ne sais pas exactement ce que vous voulez savoir, car nous ne savons pas nécessairement quels types de services chacun des anciens combattants reçoit. Ce qui me préoccupe davantage, c'est qu'ils obtiennent les services dont ils ont besoin.
Lorsqu'un ancien combattant se fait refuser un certain service — disons qu'il veut recevoir une massothérapie — et que le ministère des Anciens Combattants dit qu'il n'y a pas droit, c'est là que nous pouvons intervenir et dire que, en fonction de son état, sa demande est raisonnable. Nous pouvons travailler avec lui pour faire renverser cette décision au ministère.
Que nous le fassions directement par l'entremise d'Anciens Combattants... En fait, nous continuerions probablement de le faire directement par l'entremise d'Anciens Combattants Canada et de lui demander de communiquer avec l'entrepreneur pour tirer la question au clair.
À l'heure actuelle, il faut passer par l'entremise de Croix Bleue Medavie. D'après ce que je comprends, ce ne sera pas très différent.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous les témoins de tout ce qu'ils font pour les anciens combattants. Je vous en suis vraiment reconnaissante.
Bien sûr, madame Hughes, je tiens à souligner les services que vous avez rendus à notre pays. Je respecte profondément ce travail.
Je m'adresserai d'abord à Mme Morand, si vous me le permettez.
Je vous remercie de votre témoignage. J'essaie simplement de comprendre un peu mieux le déroulement des faits. Dans un premier temps, si je comprends bien, vous avez été invitée à manifester votre intérêt, et vous l'avez fait.
Quand cela a‑t‑il eu lieu?
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Merci, monsieur le président.
D'après ce que je comprends de la situation, le ministère a un énorme arriéré. L'objectif ici est de le résorber en confiant des tâches à un tiers pour alléger le fardeau administratif des gestionnaires de cas.
Du témoignage de gestionnaires de cas qui ont comparu et du rapport de la vérificatrice générale, je conclus que le ministère des Anciens Combattants n'a jamais fait ce que je pourrais qualifier d'effort important pour renforcer les effectifs au point qu'ils permettent de respecter les critères qu'il avait promis aux gestionnaires d'appliquer, soit 25 anciens combattants par gestionnaire. La plupart d'entre eux en ont entre 40 et 60.
Je voudrais que chacun d'entre vous commente brièvement. C'est beaucoup d'argent à débourser, dont le quart — je crois que c'est 25 millions de dollars — en profits pour ces entreprises qui étaient censées être déjà en place. Le site Web d'ACC dit qu'on s'efforce de rendre cette information disponible et qu'on remercie les gens de leur patience. Je ne vois pas beaucoup d'espoir.
Soyez très bref, chacun de vous. Je vais commencer par Scott Maxwell, après quoi suivront Patricia Morand et Carolyn Hughes. Ce serait formidable.
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Merci, monsieur le président.
Je pourrais peut-être commencer par vous, monsieur Maxwell. Vous savez, je préfère toujours pécher par excès de prudence et j'écoute la voix de ceux qui font le travail et de ceux qui reçoivent le service. Il s'agit des travailleurs et des anciens combattants. Nous avons entendu des témoignages très clairs selon lesquels cette nouvelle structure coûtera 25 % de plus que la structure actuelle.
Nous savons également que le ministère a éprouvé des difficultés constantes parce qu'il a embauché du personnel temporaire plutôt que permanent. Bien sûr, cela entraîne un taux de roulement plus élevé, avec de nouveaux employés qui arrivent et qu'il faut former. Il faut beaucoup de temps, comme vous l'avez dit, pour apprendre au personnel à travailler avec les anciens combattants. J'ai vraiment apprécié ce que vous avez dit à l'instant: auprès de cette clientèle, on n'a qu'une chance. Ce doit être tout à fait notre attitude et notre principal objectif.
Pensez-vous qu'il serait avantageux de prendre une partie de ces 25 % de plus qui seront ajoutés aux coûts, à des services beaucoup plus coûteux, et de les investir dans le personnel pour le rendre permanent et de proposer la formation culturelle dont vous avez parlé plus tôt?
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Nous pouvons maintenant passer au deuxième groupe de témoins.
J'ai un rappel rapide à faire aux témoins. Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous désigne par votre nom.
Je souhaite la bienvenue à ce groupe de témoins, en commençant par l'une de nos collègues, la députée Rachael Thomas.
Nous accueillons également les témoins, M. Christopher Banks, sergent à la retraite, Mme Christine Gauthier, caporal à la retraite, et M. Bruce Moncur, caporal à la retraite, par vidéoconférence.
Vous d'abord, monsieur Banks. Vous avez un maximum de cinq minutes pour votre déclaration liminaire. Allez‑y, s'il vous plaît.
Je vais commencer par vous raconter mon histoire.
Je me suis joint à l'armée à l'âge de 16 ans, en 2003. J'ai été déployé en Bosnie comme soldat de la paix. En 2008, j'ai été déployé à Kandahar au sein du groupement tactique. À mon retour au Canada, je savais que quelque chose n'allait pas et j'ai demandé de l'aide. Au cours des 10 années suivantes, j'ai lutté contre le TSPT, le trouble de stress post-traumatique, jusqu'à ce que je devienne suicidaire, en 2018, ce qui a mené à ma libération pour raisons médicales en 2019.
Tout au long de la pandémie, j'ai suivi des cours de réadaptation professionnelle grâce au RARM, le Régime d'assurance-revenu militaire, ce qui, en comparaison, s'est fait en douceur et sans stress. J'ai pu terminer un programme de certificat universitaire en politique publique en 2021. J'ai quitté ce programme en ayant confiance en mon rétablissement, même si ma psychologue et moi-même étions tout à fait conscients que mon rétablissement était très fragile et qu'un recul important pourrait faire dérailler mes progrès. J'ai poursuivi ma réadaptation.
Cette année, j'espérais amorcer le processus de demande de réadaptation professionnelle et j'ai présenté une demande au programme offert par les Services de réadaptation professionnelle pour les vétérans canadiens, le SRPVC. Je me suis prêté aux évaluations physiques et cognitives. Tout au long du processus, j'ai dit clairement à la gestionnaire de cas à laquelle j'ai été confié que j'avais du mal à suivre des formations en ligne pendant la pandémie de COVID et que je préférais l'apprentissage en classe. Ma psychologue avait évalué que je réussirais mieux avec l'apprentissage à temps partiel plutôt qu'à temps plein. J'ai dit clairement que ma famille avait récemment acheté une nouvelle maison et qu'elle déménagerait de Brampton à Ottawa au cours de l'été, et j'ai demandé que mes études commencent en septembre. J'ai aussi demandé à poursuivre des études en politique publique à l'Université d'Ottawa ou à l'Université Carleton. On m'a assuré que mes demandes seraient prises en considération. J'ai obtenu de très bons résultats au test cognitif, et un grand nombre de postes dans le domaine de la politique publique dans la fonction publique m'intéressaient.
En avril, j'ai été contacté par la gestionnaire de cas du SRPVC, qui m'a pris par surprise en me disant que le programme approuvé serait l'administration de bureau au Collège algonquin, à temps plein, en ligne. Le cours débutait tout de suite.
Toutes les demandes de mesures d'adaptation que j'avais faites et toutes celles que ma psychologue avait faites ont été écartées. On m'a dit que les études de marché indiquaient qu'il n'y avait pas de postes en politique disponibles à Ottawa — croyez‑le ou non — et qu'il avait été décidé de reconnaître officiellement les compétences que j'avais déjà, ce qui était conforme à la politique: me rendre employable à 90 % de mon salaire précédent. On n'avait pas l'intention d'aller plus loin. La gestionnaire m'a également informé que, si je n'acceptais pas ce programme, je serais privé de tous mes avantages, y compris de la pension qui m'a été accordée pour des raisons médicales et dont j'ai besoin pour survivre.
J'ai immédiatement eu une crise de panique et j'ai dû mettre fin à l'appel téléphonique.
Dans les jours qui ont suivi, j'ai appelé la gestionnaire de cas du SRPVC et ma gestionnaire de cas du ministère des Anciens Combattants et je leur ai envoyé un courriel pour essayer de connaître les options qui s'offraient à moi et d'en apprendre davantage sur la politique, et aussi pour leur demander si elles connaissaient les effets de cette situation sur ma santé mentale.
Ma gestionnaire de cas d'Anciens Combattants Canada m'a appris que la politique disposait que, si je refusais la recommandation, on considérerait que je ne participe pas au programme de réadaptation et on m'en retirerait. Je perdrais aussi la prestation de remplacement du revenu. Elle a ajouté que si je quittais le programme de formation professionnelle, ma demande, si j'en faisais une deuxième, ne serait probablement pas acceptée.
J'ai demandé de l'aide et des conseils à l'un des groupes Facebook d'anciens combattants libérés pour raisons médicales. J'ai raconté mon histoire. J'ai demandé si quelqu'un avait suivi le processus. Je leur ai demandé s'ils avaient des conseils. J'ai reçu plus de 40 commentaires, dont la plupart me disait de tenir bon, parce que la situation était sur le point d'empirer.
D'autres anciens combattants ont dit que les suivis, une fois qu'ils étaient enclenchés, causaient énormément de stress, et qu'une fois qu'ils avaient obtenu leur diplôme, la priorité était de les faire travailler et de les chasser du programme.
Je me suis inscrit au programme du Collège algonquin parce que j'avais les mains liées. Honnêtement, je n'avais rien contre le fait d'aller au collège; je n'avais tout simplement pas envie d'être placé dans une position qui nuirait à ma santé.
Je suis redevenu suicidaire. J'ai interjeté appel auprès d'Anciens Combattants, mais on m'a dit que la démarche prendrait 12 semaines. J'ai présenté une autre demande d'intervention par l'entremise de l'ombudsman des anciens combattants. Heureusement, l'ombudsman est intervenu parce que la réponse que j'ai reçue du ministère des Anciens Combattants m'a dit que le suicide ne constituait pas un risque qu'on pouvait invoquer pour me retirer du programme.
Depuis, j'ai fini de déménager ma famille. Je me suis rétabli et je travaille maintenant à une formation plus poussée sur la résilience avec ma psychologue, afin de pouvoir enfin passer à autre chose.
J'ai présenté une demande d'accès à l'information, et j'ai reçu la réponse cet été. Elle montrait effectivement qu'ACC avait reçu les recommandations de ma psychologue et n'en avait pas tenu compte. J'avais demandé à ma psychologue si elle avait de l'information sur ce nouveau fournisseur. Lors d'un appel téléphonique avec ma gestionnaire de cas d'Anciens Combattants Canada, le mois dernier, elle m'a parlé du nouveau contrat et m'a dit que son rôle dans ma réadaptation serait moindre.
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Je remercie le Comité. Je promets de faire aussi vite que possible.
J'avais demandé à ma psychologue si elle avait des renseignements sur le nouveau fournisseur du programme, vu qu'elle avait beaucoup d'expérience avec d'autres vétérans qui vivent ce que je vis. Elle m'a dit qu'elle avait déjà essayé de communiquer avec PSRVC pour le compte d'un autre client, qu'elle avait laissé des messages vocaux et des courriels et qu'elle n'avait pas reçu de réponse à ses demandes.
La semaine dernière, j'ai reçu une lettre de PSRVC m'informant que j'étais inscrit. Je suis moi-même allé aux renseignements et tout ce que j'ai pu trouver, c'est le peu d'information qui figure sur le site Web, mais le moindre renseignement que j'obtiens me dit que ce sera du pareil au même, peut-être un peu pire.
Je vais m'arrêter ici. J'ai peur. J'ai peur d'être embarqué de force dans un autre programme qui ne m'aidera pas à réussir et qui ne fera que m'exposer à de nouveaux risques. L'obscurité de ce nouveau contrat et le retrait graduel des gestionnaires de cas qui, d'après mon expérience, sont les seules personnes qui se soucient vraiment de nous, me portent à croire qu'on a affaire à une autre entreprise gourmande qui profite d'un groupe vulnérable pour s'enrichir sur le dos des vétérans.
Merci.
:
Mon numéro de service est H76627241 et mon numéro d'Anciens Combattants Canada est 5088661. Vous irez lire mon histoire, parce que ce n'est pas facile de résumer 34 ans en cinq minutes.
J'aimerais bien comprendre comment vous pouvez penser que c'est une bonne idée, dans n'importe quel cas de figure, de subdiviser encore une fois les services. Les services seront maintenant offerts par Partenaires des services de réadaptation aux vétérans canadiens, ou PSRVC, un partenariat à son tour subdivisé en deux entreprises, soit WCG International Consultants et Lifemark Health Group. Encore une fois, ces entreprises vont s'en mettre plein les poches.
Il y a déjà eu une sous-traitance initiée dans les années 2000, avec la Croix bleue, et on sait que cela ne fonctionne pas. On n'a noté aucune amélioration en faveur des vétérans depuis ce temps. Au contraire, le résultat est que le nombre d'étapes a doublé et que les services ont été réduits de moitié. Maintenant, vous voudriez les séparer en quatre. Je ne comprends pas; c'est une absurdité totale. Je ne sais pas comment vous arriver à vos chiffres. Personnellement, j'ai appris que deux plus deux font quatre, mais on dirait que ce n'est pas toujours vrai.
Suis-je la seule à constater qu'à l'évidence, il s'agit ici d'un copier-coller des propos de sur Hockey Canada, qui deviendrait Canada Hockey? On va changer Anciens Combattants Canada ou la Croix bleue pour PSRVC, qui sera encore une fois subdivisé en deux.
Le contrat accordé par Anciens Combattants Canada est d'une valeur de plus de 570 millions de dollars. Sait-on même quelle est la durée du contrat? Est-ce que cette information a été donnée? Qui va gérer cet argent? Que va-t-il advenir des services aux vétérans après que cet argent sera épuisé? Je n'ai rien entendu à ce sujet. Je n'ai jamais entendu parler de tout cela avant de voir les nouvelles de l'agence de presse, cette semaine.
On a dit qu'il y aurait 9 000 nouveaux intervenants. Quelle est leur expérience? On en a déjà parlé. Ils suivent apparemment en ligne des modules de mise à niveau, pour faire la transition. C'est n'importe quoi. Les agents, les professionnels et les fournisseurs de services des vétérans n'ont aucune information. C'est aussi ce que j'ai vécu à l'Hôpital Sainte‑Anne. Les gens se font dire que l'information va venir au fur et à mesure de la transition, qui va prendre au moins six mois.
Le ministre a affirmé, dans un énoncé, que 100 employés temporaires avaient été engagés pour aider à réduire l'arriéré. Dans un autre formulaire, on dit qu'il s'agit de 50 employés. Pour moi, il y a une grande différence entre 100 et 50: 100, c'est le double de 50, ou 50, c'est la moitié de 100. Peut-on savoir quel chiffre est le bon? Ce n'est pas étonnant qu'on ne soit pas en mesure de mettre sur pied des programmes qui fonctionnent.
La privatisation des services ne fonctionne tout simplement pas pour les citoyens, dans aucun cas de figure. Cela n'a pas fonctionné en éducation, cela n'a pas fonctionné en santé et cela ne fonctionnera pas plus pour les anciens combattants.
Cela a pris presque 12 ans pour le renouvellement d'un fauteuil roulant. Tous ces papiers que j'ai en main, c'est juste pour mon dossier actif des quatre dernières années. Vous pourrez consulter tout cela plus tard, si vous le voulez.
J'ai obtenu, en 2002 et en 2003, une prolongation de ma couverture médicale, parce que mon état était jugé grave et très précaire. J'ai même reçu à cet effet une lettre du ministre des Anciens Combattants de l'époque, M. Pagtakhan. Cependant, qu'advient-il d'une telle lettre après que le ministre en question n'est plus en poste? Est-ce qu'on s'en sert comme papier hygiénique? On ne le sait pas. Moi, je peux vous dire que cela ne sert absolument à rien. D'ailleurs, j'ai dû entreprendre de nouvelles démarches pour recommencer tout cela.
Les vétérans ne sont pas des clients. Arrêtez de leur parler comme s'ils en étaient. On ne choisit pas de souffrir d'un handicap physique, d'une atteinte psychologique ou de séquelles émotionnelles ou sexuelles. C'est sur cela que vous vous méprenez grandement. On choisit des clients chez Provigo ou chez Maxi; on ne choisit pas des clients parmi les vétérans blessés. Un vétéran n'est pas un client. L'unification et la simplicité, c'est ce qui fonctionne.
Je suis une vétérane depuis 1998. À ce moment-là, au début, l'agent de service est venu chez moi pour me rencontrer, de même que l'avocat et le médecin. Tout cela s'est fait en personne, directement, et c'est ce qui fonctionne. Si vous voulez servir des gens, vous devez travailler avec eux.
Il n'y a aucun cas de figure dans lequel ce plan va fonctionner. La seule façon d'aider les vétérans, c'est par le contact direct entre les gens. Il faut un retour des bureaux de district et des bureaux régionaux, un retour des gestionnaires de cas qui nous connaissent, qui viennent nous voir, qui sont chez nous et qui connaissent nos besoins réels. Il faut une interaction en face à face, de la transparence, de l'intégrité, du respect, de l'équité, de la courtoisie et de la dignité. Si vous reconnaissez ces mots, c'est parce qu'ils sont tous inscrits dans la Déclaration des droits des anciens combattants. Ce sont tous des droits qui y sont inscrits, mais nous ne les avons pas. Nous, les vétérans, avons également le droit de prendre part aux discussions et aux services qui nous concernent. Or, je n'ai eu le droit de le faire dans aucun des dossiers.
Il faut être à l'écoute des vétérans et de leurs besoins réels, plutôt que de prévoir des dépenses maximales, souvent superflues, élaborées par des agences sous-traitantes et par d'autres intervenants encore une fois sous-traités, et là vous allez en ajouter deux autres.
Je suis le caporal à la retraite Bruce Moncur.
J'ai servi dans les Forces canadiennes pendant près de 10 années, au cours desquelles j'ai combattu en Afghanistan et participé à la plus grande bataille de la guerre, l'opération Medusa. Ma compagnie, Charles Company, a combattu farouchement pendant plus de deux jours, jusqu'à ce que nous soyons jugés inaptes au combat. Mon peloton, les Crazy Eights, est passé de 40 soldats à 5 en l'espace de 48 heures. Après un incident de tir ami, j'avais une blessure qui mettait ma vie en danger et qui nécessitait l'ablation de 5 % de mon cerveau. Il fallait que je réapprenne à lire, à écrire, à marcher et à parler.
Me voici devant vous à peine huit semaines après avoir obtenu un diplôme en enseignement. J'ai aussi créé la Canadian Afghanistan War Veterans Association et l'organisme à but non lucratif Valour in the Presence of the Enemy. Chacun de vous a dû recevoir entre 50 et 100 lettres au sujet de Jess Larochelle.
Je suis un des 15 anciens combattants originaux à siéger au conseil consultatif ministériel qui a été constitué en 2015. Je copréside actuellement le comité sur l'excellence du service.
Je défends les intérêts des anciens combattants depuis plus d'une décennie, d'abord pour moi-même, lorsque j'ai reçu à titre forfaitaire ma maigre pension de 22 000 $, et maintenant pour d'autres aussi, qui essaient de s'y retrouver dans la compagnie d'assurances que nous appelons Anciens Combattants Canada.
Je me suis fait snober par l'ancien ministre des Anciens Combattants Julian Fantino et j'ai vu applaudir l'ancien ministre des Anciens Combattants Kent Hehr lorsque le chef d'état-major Jonathan Vance m'a réprimandé à un sommet des intervenants lorsque j'ai dit que c'était une erreur de n'avoir aucun représentant du ministère à la réunion du 10e anniversaire de l'opération Medusa.
Je voulais mettre les gars au courant des services qui leur sont offerts et j'ai été réduit à demander une table avec des aimants et un numéro de téléphone. Cela aussi m'a été refusé. Je me sentais bien petit après m'être fait traiter de la sorte. À peine six semaines plus tard, un des soldats présents à la réunion s'est suicidé. Je ne sais pas si nous aurions pu l'aider ou l'en empêcher, mais j'aurais aimé essayer.
À ce jour, j'ai rencontré, connu ou essayé d'aider 11 soldats qui se sont enlevé la vie. Voyez-vous, le ministère des Anciens Combattants offre l'aide médicale à mourir sous bien des formes depuis des années, mais là il ne s'embarrasse plus de faux-semblants.
Plus tard, j'ai dû assister au discours de l'ancien ministre des Anciens Combattants lors du déjeuner en l'honneur de Sam Sharpe, un de vos collègues qui s'est suicidé après avoir servi durant la Première Guerre mondiale. Le ministre a dit alors devant une salle pleine de vétérans qu'il pouvait comprendre notre trouble de stress post-traumatique à cause de son alcoolisme.
La situation n'a fait qu'empirer depuis.
Le ministère des Anciens Combattants est dans un état apocalyptique — pire que tout ce que j'ai vu. À mon avis, les mesures délibérées que le a prises pour mettre le ministère en si mauvais état n'étaient qu'un moyen de justifier ce plan de privatisation de 571 millions de dollars avec le groupe Lifemark.
Je suis interviewé dans un livre écrit en 2015 par Michael Harris, intitulé Party of One. Je plaisante avec lui en disant que le ministère pourrait avoir des milliers de points de contact de plus s'il laissait sa documentation dans les restaurants McDonald's. Je n'aurais jamais cru que ma blague deviendrait une triste réalité.
Pourtant, les délais d'attente ne cessent de s'allonger.
Le dossier était tellement négligé que la gestionnaire de cas Kevorkian a pu agir impunément comme tueuse en série en se servant de l'aide médicale à mourir sanctionnée par la loi comme arme du crime, tout cela sous le nez du . Il était trop concentré sur le demi-milliard de dollars de l'argent des contribuables qui s'en va à la famille Weston et à Loblaws. Ce sont les mêmes personnes qui fixaient le prix du pain, qui font augmenter le prix de l'épicerie au point que les familles ne peuvent plus acheter de viande et qui sont incapables de garnir les tablettes de Tylenol pour enfants.
Ce nouveau contrat ne fera qu'ajouter une barrière de plus entre les vétérans et le gouvernement.
Nous avons vu par le passé qu'il faut des années pour mettre en œuvre de nouveaux services. Les bureaux de Service Canada ont pris au moins 10 ans. La Nouvelle Charte des anciens combattants n'a jamais fonctionné, d'où ce nouveau contrat.
À mon avis, nous ferions bien d'examiner combien il nous en coûtera pour nous retirer de ce contrat. Si vous êtes déterminés à aller de l'avant, qu'est‑ce que le contrat dit si le groupe Lifemark ne respecte pas ses obligations? Allez-vous le tenir responsable?
Il n'y avait personne pour nous représenter à la table où ces décisions ont été prises. Entretemps, le doit faire ce que l'honneur lui commande: il doit démissionner. Il publie davantage de gazouillis sur les pommes de terre que sur les anciens combattants. Le ministère doit être ramené à Ottawa. Je me fiche pas mal des répercussions que cela aura sur l'économie de l'Île-du-Prince-Édouard. Il y a plus de sang d'anciens combattants canadiens à l'Île-du-Prince-Édouard qu'en Afghanistan, en Bosnie et en Corée réunis.
Si le démissionne, je n'ai aucune confiance en un qui a manqué plus de la moitié des cérémonies du jour du Souvenir.
Il faut convoquer une commission royale d'enquête sur les affaires des anciens combattants. Des vies en dépendent.
Merci.
Lorsque nous accueillons des vétérans, nous reconnaissons habituellement leur sacrifice et nous leur disons: « Merci d'avoir servi le pays. » Je veux bien le faire, mais je ne veux pas que vous n'y voyiez qu'une platitude d'usage. Nous ne vivons pas ce que vous avez vécu, tel que vous en faites le récit. Ce que vous nous racontez est parfois très horrible pour nous, et je tiens à vous dire que nous sommes reconnaissants des sacrifices que vous avez consentis. Nous vous sommes reconnaissants d'être ici pour nous aider à mieux servir ceux qui se trouvent dans des situations semblables à la vôtre. Donc, merci de votre présence ici aujourd'hui.
Monsieur Banks, je vais vous poser une question.
Vous sentez-vous abandonné par le ministère des Anciens Combattants, de la manière dont il vous a traité récemment?
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à vous remercier tous de votre service, de votre engagement envers notre pays et d'être venus nous parler aujourd'hui. Je me sens un peu dépassée par ce que je viens d'entendre. Je tiens à vous présenter mes plus sincères excuses. Je suis sous le choc. Je vous remercie de nous ouvrir les yeux sur votre réalité.
M. Moncur a dit quelque chose que j'ai entendu de la part de beaucoup trop de vétérans, à savoir ce sentiment ou cette expérience d'aller chercher de l'aide auprès d'Anciens Combattants Canada et d'avoir l'impression souvent d'argumenter avec une compagnie d'assurances au lieu de travailler avec des gens qui veulent ce qu'il y a de mieux pour vous. Je retiens aussi très clairement de vos témoignages que les gestionnaires de cas sont souvent les seules personnes avec lesquelles vous interagissez pour obtenir de l'aide digne de ce nom.
Pourriez-vous nous dire, tout d'abord, pourquoi la relation avec le gestionnaire de cas est si importante et si vous avez des inquiétudes à ce sujet? Nous savons que lorsque PSRVC prendra la relève — d'ailleurs, c'est fait depuis le 29 —, non seulement vous aurez un gestionnaire de cas, mais les anciens combattants se verront aussi assigner des spécialistes des services de réadaptation.
Je ne comprends pas très bien comment cette relation va fonctionner. Je sais que vous ne le savez pas non plus pour l'instant, mais je vais commencer par vous, monsieur Banks, puis nous passerons aux autres.
Avez-vous des inquiétudes au sujet de ces deux rôles avec lesquels vous devez maintenant travailler? Pouvez-vous nous dire pourquoi les gestionnaires de cas sont si importants?
Il ne me reste qu'une minute, alors je reviens à vous, monsieur Banks, encore une fois. Je m'en excuse.
Une des choses que j'ai trouvées très importantes... votre histoire entière est incroyablement importante, et je vous remercie de l'avoir racontée.
J'espère vraiment que vous aurez tous de l'aide après cela, parce que le fait de sortir du placard et de raconter ces histoires vraiment personnelles témoigne d'une ferme volonté de servir tous les anciens combattants. Je vous en suis profondément reconnaissante.
Vous avez dit que votre psychologue faisait le travail pour plaider votre cause, mais aussi pour tenter d'obtenir plus d'information auprès de PSRVC. Avez-vous eu connaissance de quelque chose de nouveau? Est‑ce qu'on a essayé de vous joindre? Le dernier fournisseur de services parlait de faire une déclaration d'intérêt.
Est‑ce qu'on n'a rien fait de tout cela, à votre connaissance, auprès de la personne qui vous sert si bien?
[Français]
C'est ici que prend fin la discussion avec le deuxième groupe de témoins.
Au nom de tous les membres du Comité, je veux vous remercier, chers témoins, d'être venus nous raconter votre histoire. Je reconnais le courage dont vous avez fait preuve. J'ai pris des notes. Ce sont des histoires très émouvantes. Je pense que tous les membres du Comité ont de l'empathie pour vous. Vous cherchez à obtenir des services et nous pouvons deviner quel impact tout cela peut avoir sur votre entourage immédiat. Nous comprenons cela très bien. Nous poursuivrons notre étude et nous rédigerons ensuite notre rapport.
Encore une fois, je voudrais remercier tous les témoins qui ont comparu à titre personnel: M. Christopher Banks, sergent à la retraite, Mme Christine Gauthier, caporale à la retraite, ainsi que M. Bruce Moncur, caporal à la retraite.
Je veux aussi remercier toute l'équipe qui nous accompagne, soit les interprètes, les techniciens et la greffière.
La séance est levée.