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HESA Rapport du Comité

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CHAPITRE 5 : PROMOUVOIR DES SOLUTIONS
NOVATRICES POUR LES DÉFIS EN MATIÈRE DE RHS

Introduction

De nombreuses solutions novatrices sont en cours d’élaboration afin de relever certains des défis en matière de RHS que connaît le système de soins de santé canadien. Le présent chapitre souligne les innovations en matière de prestation des services de santé mises en œuvre partout au Canada, et met tout particulièrement l’accent sur la collaboration interprofessionnelle et les technologies de l’information sur la santé. Sont également définies dans ce chapitre les façons dont le gouvernement fédéral pourrait promouvoir et soutenir ces innovations.

Collaboration interprofessionnelle (CIP)

Il est reconnu depuis longtemps au Canada que la modification des modèles de fourniture de soins de santé, pour qu’ils comprennent un large éventail de professionnels de la santé constitue une stratégie clé pour résoudre le problème des pénuries de RHS aussi bien que pour améliorer l’efficacité de la fourniture de soins de santé. En fait, dans le Plan décennal de 2004 pour consolider les soins de santé, les premiers ministres s’étaient engagés à ce que la moitié des Canadiens aient accès à des équipes de soins de santé multidisciplinaires en 2010 au plus tard[69]. Le terme collaboration interprofessionnelle (CIP) s’entend de la prestation de services de santé complets aux patients par plusieurs dispensateurs de soins qui travaillent de concert à fournir des soins de qualité à l’intérieur d’un milieu et entre milieux[70]. Elle témoigne de ce que les compétences voulues pour répondre aux besoins complexes d’aujourd’hui en matière de santé ne peuvent être réunies en un seul spécialiste ou en une seule profession. Est lié étroitement à la pleine réalisation de la CIP le besoin de changer la façon dont les professionnels de la santé sont formés afin qu’ils disposent des connaissances et des compétences nécessaires pour travailler efficacement au sein d’équipes interprofessionnelles; c’est ce qu’on appelle la formation et l’enseignement interprofessionnels[71].

Le Comité a appris que Santé Canada avait investi dans plus de 32 projets de collaboration interprofessionnelle dans le cadre de sa Stratégie pancanadienne relative aux ressources humaines en santé[72]. Les représentants de Santé Canada ont dit au Comité que ces projets étaient centrés sur une sensibilisation accrue et le partage des pratiques exemplaires en matière de soins collaboratifs; l’offre de programmes d’éducation interprofessionnelle obligatoires par les institutions d’enseignement; l’augmentation du nombre d’éducateurs capables d’enseigner la collaboration interprofessionnelle et du nombre de professionnels de la santé formés en collaboration interprofessionnelle[73].

D’autres témoins ont dit que nombre de modèles de CIP novateurs avaient été conçus d’un bout à l’autre du pays grâce au financement obtenu par l’entremise du Fonds pour la réforme de la santé axé sur les soins primaires créé dans le cadre de l’Accord de 2003 des premiers ministres sur le renouvellement des soins de santé[74] et au financement accordé par Santé Canada. Par exemple, le Comité a appris l’existence de Somerset West, un centre de santé communautaire (CSC) du centre-ville d’Ottawa, un centre de services interprofessionnels comprenant des médecins, des infirmières praticiennes, des diététiciens, des travailleurs sociaux, des kinésithérapeutes, des acupuncteurs, des podologistes, des travailleurs des services sociaux, des infirmières, des promoteurs de la santé et, bien sûr, du personnel de soutien administratif[75].

Le Comité a appris que ce centre était régi par un conseil d’administration communautaire et qu’il reflétait les besoins en santé de la population du quartier, y compris l’accès à la médecine traditionnelle chinoise. Des témoins ont ajouté que le modèle de pratique du CSC Somerset West s’était traduit par d’importantes économies en raison de son recours efficace à des infirmières praticiennes.

Le Comité a su qu’on réussit également à intégrer des professionnels des soins de santé parallèles au sein d’équipes de collaboration interprofessionnelle d’un bout à l’autre du Canada. Ainsi, il a entendu des docteurs en naturopathie qui aident à fournir des soins intégrés et novateurs à des patients atteints de cancer à InspireHealth, l’une de quatre cliniques à Vancouver qui participent à une recherche sur les modèles de prestation de services visant des patients atteints de cancer, dans le cadre du Partenariat canadien contre le cancer[76]. Le Comité a aussi entendu dire que des chiropraticiens ont été intégrés à la clinique Joe Sylvester qui fait partie de l’organisme Anishnawbe Health Toronto, une clinique multidisciplinaire qui offre des soins de santé aux communautés autochtones urbaines[77]. Les professionnels des soins de santé parallèles qui ont comparu devant le Comité ont précisé que leur inclusion dans le large éventail des services de soins de santé offerts dans le contexte d’équipes de collaboration interprofessionnelle permettait de réduire le fardeau des médecins en offrant des soins préventifs et des traitements complémentaires pour soigner des affections chroniques et des troubles musculosquelettiques[78].

Malgré les nombreux exemples d’innovations dans la fourniture de soins de santé visant à inclure différents professionnels de la santé, le Comité a appris qu’il n’y avait pas eu de changements généralisés dans la fourniture de soins de santé dans tout le pays. Selon des témoins, les mécanismes de financement comme le Fonds pour la réforme de la santé axé sur les soins primaires ont certes servi à faire la promotion de projets pilotes novateurs, mais il reste que cela n’a pas été suffisant pour susciter des changements durables dans l’ensemble du pays[79]. Ils ont demandé que le Fonds pour la réforme de la santé soit augmenté dans le prochain transfert canadien en matière de santé prévu pour 2014 afin de promouvoir un changement durable de la CIP dans l’ensemble du pays[80]. D’autres témoins ont souligné les barrières systémiques à l’établissement de la CIP, dont les lois provinciales régissant la portée de la pratique des professionnels, un manque de possibilités de formation et d’éducation interprofessionnelles, les modes de rémunération des dispensateurs de soins et les questions concernant la responsabilité[81].

S’ils ont reconnu que ces barrières systémiques relevaient toujours de la compétence provinciale, des témoins ont tenu à préciser que le gouvernement fédéral pourrait résoudre le problème des barrières systémiques à la CIP dans sa sphère de compétence, dans le contexte des groupes clients fédéraux et de la fonction publique fédérale. Par exemple, le gouvernement fédéral pourrait s’attaquer aux barrières à la CIP dans le Régime de soins de santé de la fonction publique, comme l’exigence selon laquelle une ordonnance médicale est nécessaire pour accéder à des soins de santé non médicaux, comme la physiothérapie[82]. Le Comité a aussi entendu dire que le gouvernement fédéral pourrait inclure les traitements et les soins offerts par les professionnels des soins de santé parallèles, comme les chiropraticiens et les docteurs en naturopathie dans les services et avantages qu’il propose aux groupes clients fédéraux[83].

Le Comité convient tout à fait que nombre de questions liées à la mise en œuvre de la collaboration interprofessionnelle relèvent de la compétence provinciale. Cependant, le Comité reconnaît aussi que le gouvernement fédéral pourrait examiner des façons de supprimer les barrières à la collaboration interprofessionnelle dans son territoire, y compris les groupes clients fédéraux et les prestations d’assurance-maladie qu’il verse à ses employés aux termes du Régime de soins de santé de la fonction publique. Le Comité appuie également les témoins selon qui des mécanismes de financement durable doivent être consacrés à la mise en œuvre de la CIP dans les provinces et les territoires. Par conséquent, le Comité recommande :

Recommandation 7 :

Que le gouvernement fédéral se penche sur les barrières systémiques à la mise en œuvre de la collaboration interprofessionnelle dans son territoire, y compris ses responsabilités comme employeur de la fonction publique fédérale et les avantages et les services de soins de santé qu’il offre aux groupes clients fédéraux, dont les Premières nations et les Inuits, la GRC, les anciens combattants, les immigrants et les réfugiés, les détenus sous responsabilité fédérale et les membres des Forces canadiennes.

Recommandation 8 :

Que le gouvernement fédéral songe à la possibilité d’établir des mécanismes de financement durable consacrés à la promotion de la collaboration interprofessionnelle dans les provinces et les territoires.

Technologie de l’information sur la santé

Des témoins qui ont comparu devant le Comité ont également souligné l’importance de la technologie de l’information sur la santé dans la résolution des problèmes touchant les RHS. On entend par technologie de l’information sur la santé un large éventail de sources de données intégrées qui donnent accès rapidement aux renseignements sur la santé des patients pouvant être communiqués à divers professionnels de la santé ainsi qu’au patient, et qui peuvent comprendre : les dossiers de santé électroniques des patients, les ordonnances électroniques et la télésanté, c’est-à-dire le recours aux technologies de télécommunication comme le téléphone ou la vidéoconférence, pour dispenser des services de soins de santé[84]. Le Comité a entendu dire que les efforts actuellement déployés dans la conception de dossiers de santé électroniques (DSE) au Canada par le truchement de l’Inforoute Santé du Canada feront la promotion des soins collaboratifs interprofessionnels en facilitant le partage d’informations entre les différents professionnels de la santé[85]. Qui plus est, le Comité a appris que, grâce à la technologie de l’information sur la santé, les Canadiens peuvent se soigner eux-mêmes, allégeant du même coup la charge de travail des professionnels de la santé. Par exemple, la technologie de l’information permet aux Canadiens de mesurer eux-mêmes à la maison leurs niveaux de glucose dans le sang, leur évitant des visites chez le médecin[86].

En fait, le Comité a pu constater de première main, durant sa mission d’enquête au Nunavut, l’importance de la technologie de l’information sur la santé pour relever les défis des RHS dans les régions rurales et éloignées. Durant sa visite de l’hôpital général Qikiqtanin à Iqaluit, le Comité a appris que la technologie de l’information permettait le transfert de données d’imagerie médicale, ce qui réduit la nécessité, pour les patients, d’aller dans le Sud aussi bien que celle, pour les spécialistes, de venir dans le Nord pour analyser les résultats des examens médicaux. En outre, la technologie de la vidéoconférence est utilisée efficacement pour les examens dermatologiques et de santé mentale, l’éducation médicale permanente, la visite de proches et les examens de suivi par un spécialiste. La technologie de l’information s’est traduite par des diminutions des frais de transport pour des questions de santé, qui représentent actuellement 18,5 %, soit 50 millions de dollars, du budget total du Nunavut pour la santé et les services sociaux. En outre, la technologie de l’information a permis aux résidants inuits d’obtenir des soins au sein de leurs communautés, réduisant ainsi les fardeaux culturels et le stress liés au déplacement vers les centres urbains du Sud.

Le Comité continue donc d’appuyer les investissements en cours du gouvernement fédéral dans la technologie de l’information sur la santé, notamment les dossiers de santé électroniques, les ordonnances électroniques et la télésanté par le truchement de l’Inforoute Santé du Canada, comme moyen de relever les défis des RHS d’un bout à l’autre du Canada. Jusqu’à maintenant, le gouvernement fédéral a investi dans Inforoute Santé du Canada environ 2,1 milliards de dollars[87].


[69] Santé Canada, Système de soins de santé : Rencontre des premiers ministres sur les soins de santé, 16 septembre 2004, http://www.hc-sc.gc.ca/hcs-sss/delivery-prestation/fptcollab/2004-fmm-rpm/index-fra.php.

[70] Association canadienne de physiothérapie, Efficacité et ressources humaines en santé, Mémoire présenté au Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, 25 novembre 2009.

[71] Santé Canada, Stratégie pancanadienne relative aux ressources humaines en santé, Rapport 2006‑2007, Réalisations et nouveaux projets, 2007, http://www.hc-sc.gc.ca/hcs-sss/alt_formats/hpb-dgps/pdf/pubs/hhr/2007-ar-ra/2006-07-pan_report-fra.pdf.

[72] Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, réunion no 14, 2e session, 40e législature, 2 avril 2009, /content/Committee/402/HESA/Evidence/EV3806734/HESAEV14-F.PDF.

[73] Ibid.

[74] Santé Canada, Accord de 2003 des premiers ministres sur le renouvellement des soins de santé, 2003, http://www.hc-sc.gc.ca/hcs-sss/delivery-prestation/fptcollab/2003accord/index-fra.php.

[75] Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, réunion no 44, 2e session, 40e législature, 18 novembre 2009, /content/Committee/402/HESA/Evidence/EV4236244/HESAEV44-F.PDF.

[76] Association canadienne des docteurs en naturopathie, Mémoire à l’intention du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, 7 mai 2009, p. 4.

[77] Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, réunion no 17, 2e session, 40e législature, 28 avril 2009, /content/Committee/402/HESA/Evidence/EV3846660/HESAEV17-F.PDF, p. 9,

[78] Association canadienne des docteurs en naturopathie, Mémoire à l’intention du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, 7 mai 2009, p. 3, et Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, réunion no 17, 2e session, 40e législature, 28 avril 2009, /content/Committee/402/HESA/Evidence/EV3846660/HESAEV17-F.PDF, p. 9.

[79] Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, réunion no 44, 2e session, 40e législature, 18 novembre 2009, /content/Committee/402/HESA/Evidence/EV4236244/HESAEV44-F.PDF.

[80] Association canadienne de physiothérapie, Efficacité et ressources humaines en santé, Mémoire présenté au Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, 25 novembre 2009.

[81] Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, réunion no 46, 2e session, 40e législature, 25 novembre 2009, /content/Committee/402/HESA/Evidence/EV4261139/HESAEV46-F.PDF.

[82] Ibid.

[83] Association canadienne des docteurs en naturopathie, Mémoire à l’intention du Comité permanent de la santé ressources humaines, 7 mai 2009, p. 3, et Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, réunion no 17, 2e session, 40e législature, 28 avril 2009, /content/Committee/402/HESA/Evidence/EV3846660/HESAEV17-F.PDF, p. 9

[84] RAND, « Health Information Technology », Research Brief, http://www.rand.org/pubs/research_briefs/RB9136/index1.html.

[85] Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, réunion no 46, 2e session, 40e législature, 25 novembre 2009, /content/Committee/402/HESA/Evidence/EV4261139/HESAEV46-F.PDF.

[86] Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, Témoignages, réunion no 14, 2e session, 40e législature, 2 avril 2009, /content/Committee/402/HESA/Evidence/EV3806734/HESAEV14-F.PDF.

[87] Inforoute Santé du Canada, Rapport annuel 2008-2009 : Bâtir ensemble l’avenir de la santé, http://www.infoway-inforoute.ca/flash/ar-bp/fr/ar/index.html.