SCYR Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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37e LÉGISLATURE, 1re SESSION
Sous-comité des enfants et jeunes à risque du Comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le mercredi 8 mai 2002
¹ | 1525 |
Le président (M. John Godfrey (Don Valley-Ouest, Lib.)) |
¹ | 1530 |
Mme Tracy Scott (directrice des services infirmiers, Anishinaabe Mino-Ayaawin) |
¹ | 1535 |
Le président |
¹ | 1540 |
Mme Bonny Traverese (coordonnatrice de garderie, Assembly of Manitoba Chiefs) |
Le président |
Mme Caroline Bercier (infirmière en hygiène familiale et tribale, Anishinaabe Mino-Ayaawin) |
Le président |
Mme Dorothy Lloyd (coordonnatrice, Centre de santé de Sandy Bay) |
Le président |
Mme Bonny Traverese |
¹ | 1545 |
Le président |
Mme Dorothy Lloyd |
Le président |
Mme Dorothy Lloyd |
¹ | 1550 |
Le président |
¹ | 1555 |
Mme Tracy Scott |
M. Garry Breitkreuz |
Le président |
Mme Bonny Traverese |
M. Alan Tonks |
º | 1600 |
Mme Tracy Scott |
M. Alan Tonks |
Mme Tracy Scott |
Le président |
Mme Nancy Karetak-Lindell (Nunavut, Lib.) |
Mme Dorothy Lloyd |
º | 1605 |
Le président |
Mme Dorothy Lloyd |
º | 1610 |
Le président |
º | 1615 |
Le président |
Mme Bev Peel (gestionnaire, Programmes pour enfants de la Federation of Saskatchewan Indian Nations) |
Le président |
Mme Sheila Kay-Machiskinic (représentante, Federation of Saskatchewan Indian Nations) |
º | 1620 |
Mme Bev Peel |
Mme Sheila Kay-Machiskinic |
Mme Bev Peel |
º | 1625 |
Mme Sheila Kay-Machiskinic |
Le président |
Mme Sheila Kay-Machiskinic |
Le président |
M. Garry Breitkreuz |
Mme Sheila Kay-Machiskinic |
º | 1630 |
Le président |
M. Alan Tonks |
Mme Sheila Kay-Machiskinic |
M. Alan Tonks |
Mme Sheila Kay-Machiskinic |
M. Alan Tonks |
Mme Sheila Kay-Machiskinic |
M. Alan Tonks |
Mme Bev Peel |
º | 1635 |
M. Alan Tonks |
º | 1645 |
Mme Sheila Kay-Machiskinic |
M. Alan Tonks |
Mme Sheila Kay-Machiskinic |
M. Alan Tonks |
Mme Bev Peel |
Mme Sheila Kay-Machiskinic |
Le président |
Mme Nancy Karetak-Lindell |
Mme Bev Peel |
Mme Nancy Karetak-Lindell |
Le président |
Mme Bev Peel |
Le président |
Mme Bev Peel |
Mme Sheila Kay-Machiskinic |
Mme Bev Peel |
º | 1650 |
Le président |
Mme Bev Peel |
Le président |
Mme Bev Peel |
Le président |
Mme Sheila Kay-Machiskinic |
Le président |
M. Garry Breitkreuz |
Mme Bev Peel |
º | 1655 |
M. Garry Breitkreuz |
M. Bev Peel |
Le président |
Mme Bev Peel |
Le président |
Mme Bev Peel |
Le président |
Mme Bev Peel |
Le président |
» | 1700 |
M. Garry Breitkreuz |
Le président |
M. Garry Breitkreuz |
Le président |
M. Garry Breitkreuz |
» | 1705 |
Le président |
M. Garry Breitkreuz |
Le président |
M. Garry Breitkreuz |
Le président |
M. Garry Breitkreuz |
Le président |
M. Garry Breitkreuz |
Le président |
» | 1710 |
M. Garry Breitkreuz |
M. John Godfrey |
M. Garry Breitkreuz |
Le président |
Le président |
Le président |
» | 1715 |
Mme Kelly Morris |
» | 1720 |
Le président |
Mme Brenda Sam (Conseil Ta'an Kwach'an) |
» | 1725 |
Le président |
M. Garry Breitkreuz |
Mme Kelly Morris |
M. Garry Breitkreuz |
Mme Kelly Morris |
Le président |
Mme Kelly Morris |
» | 1730 |
Le président |
M. Garry Breitkreuz |
Mme Kelly Morris |
Le président |
M. Alan Tonks |
Mme Kelly Morris |
M. Alan Tonks |
» | 1735 |
Mme Kelly Morris |
M. Alan Tonks |
Mme Kelly Morris |
M. Alan Tonks |
Mme Kelly Morris |
M. Carl Sidney |
M. Alan Tonks |
Le président |
» | 1740 |
Mme Kelly Morris |
Le président |
Mme Kelly Morris |
Le président |
Mme Kelly Morris |
Le président |
Mme Kelly Morris |
Le président |
» | 1745 |
Mme Kelly Morris |
Le président |
Mme Kelly Morris |
Le président |
Mme Kelly Morris |
Le président |
Mme Kelly Morris |
Le président |
Mme Kelly Morris |
M. Carl Sidney |
Le président |
Mme Brenda Sam |
» | 1750 |
Le président |
» | 1755 |
Mme Brenda Sam |
Le président |
CANADA
Sous-comité des enfants et jeunes à risque du Comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées |
|
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l |
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TÉMOIGNAGES
Le mercredi 8 mai 2002
[Enregistrement électronique]
¹ (1525)
[Traduction]
Le président (M. John Godfrey (Don Valley-Ouest, Lib.)): Je vous souhaite la bienvenue à tous et à toutes. J'espère qu'on nous entend au Manitoba. Je ne sais pas si vous nous entendez bien; faites un signe de la tête ou envoyez la main. Nous entendez-vous au Manitoba?
Oh, vous pouvez nous entendre. J'aurais trouvé un peu curieux que vous fassiez des signes de la tête pour indiquer que vous ne pouviez nous entendre, car je venais de vous poser la question.
Je vous souhaite donc la bienvenue au Sous-comité des enfants et jeunes à risque. Je vais commencer par me présenter. Je m'appelle John Godfrey et je suis le président du comité. Nous avons déjà quelques membres qui sont arrivés et il y en a d'autres qui viendront s'ajouter. Nous nous disions que nous pourrions commencer car nous savons que nous ne disposons que d'un certain temps avant que la liaison satellite soit coupée ou—je ne sais pas si c'est une liaison terrestre ou satellite—peu importe ce que c'est.
Permettez-moi de faire les présentations. De l'Alliance, Garry Breitkreuz, qui remplace son collègue Larry Spencer, qui assiste à une séance spéciale de l'ONU sur les enfants à New York. De ce côté-ci, vous avez Alan Tonks, du parti ministériel. D'autres viendront nous rejoindre, mais nous avons hâte d'entendre ce que vous avez à nous dire.
Je pense que vous avez tous une idée de ce que nous faisons ici. Nous accueillons, au moment où elle fait son entrée, Nancy Karetak-Lindell, du Nunavut, qui vous enverra certainement la main. La voici qui entre; elle s'assoit. Tout comme nous, je suis convaincu qu'une fois passés les premiers moments d'adaptation à la technologie, vous vous habituerez à cette étrange façon de communiquer. En fait, c'est très efficace.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos invités du Manitoba. Je vois quatre personnes, et c'est le nombre prévu; c'est excellent. Tracy Scott—faites-nous un signe de la main. Bonjour. Tracy est la directrice des services infirmiers de l'Anishinaabe Mino-Ayaawin. Vous allez devoir m'aider avec la prononciation au moment où vous vous présenterez. Nous accueillons également Caroline Bercier, qui est l'infirmière en hygiène familiale et tribale. De l'Assembly of Manitoba Chiefs, nous accueillons Bonny Traverese—laquelle d'entre vous est-ce? Bonjour Bonny, et bienvenue—et Ida Ross, la représentante en matière de santé de la Première nation de Lake St. Martin du Manitoba. Je suppose que c'est la dernière personne du groupe? Non, ce n'est pas elle.
Une voix: Ida est absente.
Le président: Qui est donc l'invitée mystère?
Une voix: Dorothy Lloyd
Le président: Bienvenue, Dorothy. Oh, c'est vous; très bien. Merci Dorothy.
J'espère que vous avez tous une idée du genre de rapport que nous voulons présenter au sujet des jeunes enfants autochtones de zéro à six ans et de leur famille qui vivent dans la réserve. Je pense que vous avez tous reçu un document d'information sur l'orientation que nous avons prise. En théorie, nous aimerions savoir quel serait le meilleur modèle de prestation des services sur le terrain, de quelle façon Ottawa peut mieux coordonner les services des divers ministères, qui offrent actuellement sur place des services séparés et non intégrés. Je suis convaincu que vous avez compris pourquoi nous avons besoin de votre aide pour concevoir une série de recommandations qui permettraient d'améliorer la situation de gens comme vous qui travaillent sur le terrain et dans les collectivités autochtones.
Je suppose que nous pourrions commencer en suivant l'ordre de la liste. Tracy, pourriez-vous vous présenter et faire quelques observations préliminaires? Ensuite, nous passerons à Caroline.
¹ (1530)
Mme Tracy Scott (directrice des services infirmiers, Anishinaabe Mino-Ayaawin): Je m'appelle Tracy Scott. Je suis la directrice des services infirmiers de l'Anishinaabe Mino-Ayaawin, que j'appellerai AMA. Cela veut dire «bonne santé des Premières nations» en ojibwa. C'est une autorité sanitaire des Premières nations qui a été mise sur pied en 1996 au deuxième et au troisième niveau de transfert par le biais de l'initiative de transfert des programmes de santé des Premières nations et des Inuits. Nous fournissons des soutiens professionnels de supervision aux équipes communautaires de santé, ainsi que plusieurs programmes offerts dans nos collectivités.
Nous collaborons avec sept collectivités différentes du Conseil tribal des réserves de la région des lacs. Notre organisme relève du conseil d'administration, dont les membres sont les chefs élus de chaque collectivité.
L'AMA offre de nombreux programmes auxquels nous avons recours dans les diverses collectivités. Pour notre comparution devant votre comité, nous avons pensé qu'il serait préférable de parler de deux programmes qui, selon nous, visent la population de zéro à six ans.
J'ai pensé qu'il pourrait être utile de parler de programmes qui, selon nous, ont fonctionné et ont bien fonctionné, de vous dire pourquoi ils ont bien fonctionné dans le cas de la population ciblée, puis de parler de quelques-uns des défis que nous devons relever en continuant d'exécuter ces programmes.
Les deux programmes dont je parle sont Ginijanis et Kids N Health.
Ginijanis est un programme d'entraide qui a été mis au point avec l'apport total de la collectivité. Nous avons eu ce que nous appelons «des réunions d'évaluation des objectifs» dans les collectivités. Il s'agit d'un programme qu'on a examiné suite à l'élargissement du Programme canadien de nutrition prénatale. Lorsque nous nous sommes présentés dans les collectivités et avons effectué ces évaluations, nous avons demandé aux gens de quels soutiens les pères, les mères, les parents et les nouveaux enfants avaient besoin dans la collectivité pour le développement d'enfants en santé. C'est en quelque sorte plus que le PCNP tel qu'on le conçoit dans la plupart des endroits.
À partir de ces évaluations et du travail fait dans la collectivité, on a élaboré une vision qui prévoyait l'embauche de membres de la collectivité en tant que travailleurs offrant des services d'entraide, tout ce modèle d'entraide ou de soutien par les pairs que nous avons. De nombreuses preuves illustrent les répercussions de ce programme. C'est donc un programme axé sur les preuves, et il a été mis au point avec l'apport total de la collectivité.
Nous avons demandé au MAINC s'il avait des ressources additionnelles pour financer l'initiative car ce n'était tout simplement pas possible avec les fonds qui nous étaient alloués par le PCNP. Nous avons obtenu du financement pour une année par le biais du projet de réforme de la sécurité du revenu. Donc, les premières personnes engagées dans le cadre de ce programme étaient des assistés sociaux, ce qui était d'ailleurs l'un des critères pour être engagé.
Il y a tellement d'aspects dont il faut parler au sujet du programme, mais il y a notamment la promotion de grossesses en santé, d'enfants en meilleure santé. En ce moment, nous nous tournons du côté des programmes d'alphabétisation afin d'élargir nos programmes. Nous faisons des choses comme des cuisines communautaires—comment préparer des aliments pour bébé. Il y a aussi de l'entraide pour l'allaitement. Nous avons une base de données dans laquelle nous pouvons consulter des données sur le poids à la naissance, le taux d'allaitement, l'âge auquel on donne les premiers aliments solides. Nous avons donc des résultats quantitatifs que nous pouvons examiner, ainsi que des mesures qualitatives que nous prenons.
Ces travailleurs qui offrent des services d'entraide travaillent dans leurs collectivités respectives et reçoivent passablement de soutien de notre bureau, y compris Caroline, qui est leur directrice des programmes; une nutritionniste; et une personne chargée de la coordination des activités physiques. Ils reçoivent donc beaucoup de soutien par le biais des programmes.
Ils participent aux programmes prénataux, aux programmes d'allaitement, aux programmes de développement des enfants. Un certain nombre des programmes examinés ressemblent au programme Mother Goose, dans le cadre duquel on aide les familles à apprendre des comptines que les membres de la famille peuvent conter à leurs enfants. Ce sont des programmes d'alphabétisation, d'interaction et de développement des enfants.
L'autre programme dont j'aimerais vous parler est le Kids N Health. Ce programme existe déjà depuis cinq ans environ. C'est la première partie d'un programme intégré sur le diabète. Kids N Health est une stratégie de prévention primaire du diabète qui s'adresse aux enfants et à leur famille. Là aussi, on fait la promotion de saines habitudes alimentaires et de l'activité physique. Ce programme emploie également des membres de la collectivité de sorte que c'est encore le modèle d'entraide des travailleurs communautaires, des représentants communautaires pour le diabète, ou CDR comme nous les appelons. Il y a aussi une nutritionniste qui est associée au programme.
Si nous avons suffisamment de temps, nous pourrions passer en revue certaines activités vraiment uniques associées à ce programme, qu'il s'agisse d'une chasse au trésor familiale pour faire sortir les gens afin qu'ils soient actifs, ou des jardins communautaires. Les CDR présentent dans la collectivité différentes activités et quelques programmes traditionnels. Le CDR fait le lien avec tous les autres programmes communautaires tels les services infirmiers, le PNLAADA, l'Initiave Amis des bébés, les soins médicaux de base, tout comme le travailleur de l'entraide qui fournit des programmes relatifs au diabète et coordonne des programmes au sein de la collectivité. Il intègre également le programme IDA et certains programmes du PCNP. Dans son ensemble, le programme porte sur la prévention, la promotion, l'éducation, les soins, les traitements, la recherche et l'évaluation.
¹ (1535)
Nous avons en fait créé un partenariat avec l'Université du Manitoba et nous avons effectué un dépistage auprès de tous les enfants de nos collectivités, que nous prévoyons refaire cet automne—donc trois années plus tard—afin de vérifier les différences sur le plan de la diminution de tolérance au glucose ou de l'indice de masse corporelle. Par cette recherche, nous examinons également les habitudes alimentaires, les comportements alimentaires, ainsi que les habitudes en matière d'activités. Nous devrions, nous l'espérons, constater des changements à cet égard aussi. Nous avons également créé un partenariat avec l'université pour examiner les complications dans le cas des personnes souffrant de diabète.
Il s'agit de deux programmes que j'aime beaucoup. Je pense qu'ils donnent de bons résultats. Ils procurent de l'emploi dans la collectivité; ils ont intégré plusieurs sources de financement; et ils font aussi le lien avec de nombreux secteurs. Tout cela, selon moi, vous donne une idée de la façon dont un programme pourrait être coordonné et intégré au niveau communautaire.
La réalité est qu'aucun de ces programmes ne peut être réalisé en vertu des ententes de financement actuelles. Si nous prenons le financement du PCNP, 75 p. 100 de l'objectif de ce programme est la nutrition. Il est absolument impossible, avec un tel financement, que nous puissions fournir sept travailleurs offrant des services d'entraide dans chacune de nos collectivités.
La nutrition, si importante soit-elle, ne peut se faire isolément. Nous ne pouvons pas nous présenter devant des familles et leur dire de préparer des repas santé alors que tous ces autres problèmes ne sont pas réglés, qu'il s'agisse de l'estime de soi de la mère, ou du soutien de la mère, ou d'autres activités auxquelles elle peut participer avec son enfant.
Le financement du MAINC a pris fin. C'était à l'origine un engagement de trois ans. Ensuite, après le changement de directeurs—c'était un programme de santé; on ne le considérait pas comme une initiative de réforme du revenu—ils ne voulaient pas appuyer un programme de santé. C'est très révélateur de certaines des luttes que nous menons lorsque nous parlons de faire en sorte que les divers ministères travaillent ensemble.
Je ne pense pas qu'il y ait une seule personne aujourd'hui qui puisse dire qu'elle ne sait pas ce que sont des déterminants de la santé. Les gouvernements peuvent dire, «oui, c'est un déterminant de la santé», autrement dit, «revenu, ou sécurité, ou ces genres d'aspects sont importants, mais ce programme est relatif à la santé, de sorte qu'il ne peut recevoir de fonds de ce ministère». C'était d'ailleurs l'un des problèmes en rapport avec le programme.
Le financement du programme Kids N Health est également menacé. Le programme ne peut être financé; il ne peut être réalisé en vertu du financement accordé à l'IDA pour les sept collectivités.
Voilà quelques-uns des principaux défis. Je tenais à vous préciser cela au sujet de ces deux programmes.
Parmi les autres problèmes que nous rencontrons—et ce sont quelques-unes des choses que vous aimeriez entendre, je crois—, c'est que les actuelles ententes de financement, notamment l'IDA et le PCNP, sont des programmes. Aucun programme ne cible les enfants de zéro à six ans; il n'y a aucun programme complet.
Il y a des programmes qui peuvent s'adresser à cette population, ou à certains aspects, mais lorsque vous obtenez ces ententes ou lorsque vous obtenez le financement à l'égard de ces programmes, même s'il s'agit de développement communautaire—c'est le langage qu'ils utilisent—il y a passablement de restrictions quant à ce que vous pouvez faire. Il y a des activités et des objectifs déterminés à l'avance, et il y a des exigences déjà déterminées en matière de rapports. Prendre des fonds du PCNP pour engager des travailleurs qui fournissent des services d'entraide contreviendrait aux modalités de cette entente car vous devez avoir l'élément nutrition. Vous avez là un des problèmes.
L'autre aspect, pour ce qui est de l'IDA, c'est que le programme doit s'appliquer sur toute une vie--prévention, promotion, soins, traitements, et soutien. Quand vous examinez de près ce que l'annonce de ce programme et ces subventions signifient à l'échelle nationale—quand vous examinez de près ce qu'une collectivité reçoit pour exécuter ce programme—, c'est moins que rien; c'est un montant totalement dérisoire pour examiner tous ces éléments. Ce sont là des problèmes.
L'autre bataille que nous menons en tant qu'autorité sanitaire, c'est d'élaborer des programmes qui visent des résultats à long terme. Si vous prenez la prévention du diabète, nous n'allons pas obtenir un résultat quantitatif mesurable dans un an, deux ans ou trois ans. Ce sont des programmes à long terme dont on espère retirer des avantages à long terme. Mais lorsque vous examinez les ententes de financement, les ententes de transfert ou les ententes de contribution, vous mesurez annuellement ou aux trois ans, et ces résultats que l'on veut obtenir en finançant des organismes ne sont tout simplement pas des indicateurs suffisants qui vous permettent de déterminer si le programme fonctionne.
Le président: Madame Scott, je m'excuse de vous interrompre. Nous vous sommes très reconnaissants du document que vous nous avez fait parvenir et votre conclusion est, d'après moi, très puissante, à savoir qu'il n'y a aucune approche intégrée en ce qui concerne cette population précise, telle que vous l'avez expliqué.
Sur le plan pratique, ma préoccupation est qu'il nous reste environ 20 minutes du temps prévu au départ, en partie parce que nous avons commencé plus tard, ce qui est de notre faute... d'après ce que je peux comprendre. Je ne sais pas si nous disposons d'une certaine marge de manoeuvre; peut-être un peu.
Cependant, je suis impatient de tirer parti du fait que vous êtes tous ici... je ne sais pas au juste s'il y en a parmi les autres témoins présents qui ont des exposés officiels à faire ou si les autres personnes sont là en tant que personnes-ressources. Je ne sais pas comment tout cela fonctionne car je n'ai reçu qu'un document, celui de Mme Scott.
Est-ce que chacune d'entre vous a prévu dire quelques mots à titre officiel, ou de quelle façon avez-vous prévu employer votre temps?
Nous pouvons le faire. Je souhaite tout simplement que les membres aient la possibilité de poser des questions. La présente situation est très inhabituelle.
Donc, si vous me le permettez, je vais vous interrompre et demander s'il y a une des trois autres personnes qui a une déclaration à faire. Je ne veux presser personne, mais j'ai hâte d'entendre ce que vous avez toutes à nous dire.
¹ (1540)
Mme Bonny Traverese (coordonnatrice de garderie, Assembly of Manitoba Chiefs): Je m'appelle Bonny et j'ai un exposé d'environ cinq minutes.
Le président: Dorothy et Caroline, j'aimerais savoir si vous avez également des exposés, uniquement pour organiser mon emploi du temps. Qu'avez-vous prévu?
Mme Caroline Bercier (infirmière en hygiène familiale et tribale, Anishinaabe Mino-Ayaawin): Je m'appelle Caroline et j'accompagne Tracy. Je suis la directrice du programme Ginijanis. Je suis ici uniquement au cas où il y aurait des questions à ce sujet. Tracy fera l'exposé.
Le président: C'est parfait.
Dorothy, qu'en est-il dans votre cas?
Mme Dorothy Lloyd (coordonnatrice, Centre de santé de Sandy Bay): Je vais parler uniquement des questions de démographie.
Le président: Je ne sais pas s'il est logique de commencer par les données démographiques. Je ne pense pas que cela ait tellement d'importance
Bonny, vous pourriez parler pendant cinq minutes. Ensuite, Dorothy, vous pourriez compléter avec quelques données démographiques. Nous verrons où nous en serons à ce moment-là. Merci.
Bonny.
Mme Bonny Traverese: Merci.
Je m'appelle Bonny Traverese. Je suis la coordonnatrice de garderie de l'Assembly of Manitoba Chiefs à Winnipeg.
L'Assembly of Manitoba Chiefs a conclu une entente générale avec Développement des ressources humaines Canada dans le cadre de la Stratégie du développement des ressources humaines autochtones, qui prendra fin en mars 2004. En vertu de cette entente, mon travail consiste à surveiller les garderies que nous exploitons ici, au Manitoba, et c'est de cela dont je vais parler.
Dans une de nos collectivités, Sioux Valley, au Manitoba, des enfants plus âgés présentent un programme d'imitation de rôles à l'intention des plus jeunes—et lorsque je dis des plus jeunes, je fais référence à des bébés ou à des tout-petits—et ils utilisent des casse-tête comme outils pédagogiques. À titre d'exemple, un enfant plus âgé aiderait un tout-petit ou un enfant d'âge préscolaire à faire des casse-tête. L'idée est d'améliorer les habiletés motrices fines, l'acquisition du langage, l'interaction sociale et l'amélioration neuro-cognitive.
Dans l'ensemble, je constate que la plupart des collectivités intègrent leurs principales langues, notamment le cri, l'ojibwa, le déné, le sioux, en plus d'intégrer leurs croyances et valeurs culturelles. Nous avons constaté une augmentation du nombre d'enfants qui utilisent une partie de la langue de base, et leurs parents à leur tour apprennent à parler. Il s'agit là d'un indicateur solide, positif que les programmes de garderie sont une bonne chose pour les parents.
Le point faible, c'est le financement de la formation d'éducateurs et d'éducatrices de la première enfance, plus précisément en ce qui concerne l'enseignement à l'enfance en difficulté. Nous avons un taux élevé d'enfants qui présentent les effets de l'alcoolisme foetal. Nous avons également des cas d'hyperactivité avec déficit de l'attention, des problèmes de gestion comportementale, des enfants handicapés et présentant une déficience physique qui n'ont aucune chance dans nos garderies.
Une autre lacune du programme a trait aux questions de financement. Notre financement ne se compare pas à celui offert hors des réserves. Nous ne pouvons pas faire concurrence sur le plan des salaires à ce qui est offert aux éducateurs et éducatrices de la première enfance à l'extérieur des réserves. Nous n'avons pas les installations pour accueillir ces éducateurs et éducatrices, s'il y en avait qui venaient de l'extérieur de la collectivité. Le taux d'épuisement professionnel est élevé dans nos collectivités en raison des faibles salaires.
Il y a aussi un autre problème. En effet, lorsque des enfants apprennent des routines et des structures dans nos centres, elles ne sont pas pratiquées à la maison. L'incohérence est attribuable au fait que les routines et structures ne sont pas compatibles avec les valeurs de non-ingérence dans l'éducation des enfants.
Promouvoir l'éducation de la première enfance dans nos collectivités est également un défi car on la perçoit davantage comme du gardiennage d'enfants que des programmes d'éducation de la première enfance. Nous devons promouvoir ce genre de mesures préventives dans nos collectivités.
Le type de famille semble être un facteur dans le comportement des enfants, en particulier dans les familles reconstituées. Les enfants semblent avoir plus de difficultés à s'adapter dans ce genre de famille et il en résulte qu'ils ont plus de difficultés à bien se comporter en garderie. Ces enfants n'ont pas la capacité linguistique d'expliquer ce qui se passe dans leur milieu.
Le gouvernement fédéral pourrait offrir plus de programmes et de services dans les domaines de la formation en dynamique de la vie en ce qui a trait aux relations et à la dynamique familiale, aux techniques de communication interpersonnelle, à l'éducation des parents sur l'art d'être parent—puisque cet art a été détruit à l'époque des pensionnats—, au système d'aide sociale à l'enfance, ainsi qu'au système correctionnel.
Nous devons refaire de la famille le lieu central d'apprentissage dans nos collectivités, et nous croyons que nous devons commencer par offrir aux parents la formation nécessaire pour qu'ils réapprennent ces valeurs familiales. Si vous voulez effectuer des recherches sur le sujet, on a offert un modèle ici dans les années 70 ou au début des années 80 dans une ville appelée Rivers, au Manitoba. Dans cette collectivité, on a offert ces aptitudes dont je parle à des couples et aux personnes qui voulaient les apprendre, et d'après ce que je crois comprendre, ce fut un succès. On y a mis fin pour une raison quelconque.
Si nous devons payer les couples, les parents, les tuteurs et les fournisseurs de soins pour qu'ils assistent à de tels programmes de formation, nous appuierions totalement cette idée; nous vivons dans une société capitaliste. De nombreuses études ont été réalisées—on nous a étudié de fond en comble—et je ne pense pas que j'aie besoin d'ajouter quoi que ce soit.
Ce que je dis, c'est qu'ici au Manitoba, nous recevons une aide financière de DRHC pour les garderies dans les réserves, et il s'agit d'une entente quinquennale qui, comme je l'ai précisé, prendra fin en mars 2004. Santé Canada subventionne le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones des réserves pour environ 20 Premières nations, et il s'agit d'un programme fondé sur des propositions. Je pense que le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones prévoit des programmes destinés aux parents et à leurs enfants qui porte sur la prestation de services dans le domaine de l'art d'être parent.
¹ (1545)
Ce ne devrait pas être tributaire d'une proposition. Je pense que ça devrait être offert à toutes les Premières nations en l'espèce, particulièrement à titre de formation des parents, etc. On devrait mettre sur pied un programme global qui traite les programmes prénatals et postnatals Bon départ au stade de l'éducation de la première enfance. Chaque programme répond à des besoins précis de la collectivité, mais il faut qu'il y ait quelque chose, une sorte de transition, qui englobe tous ces domaines. Je crois que cela contribuerait grandement à l'édification de capacités communautaires.
L'autre point concerne le fait que je ne pense pas que nous devions prendre une source de financement pour subvenir à un autre programme.
La dernière question que je voudrais poser ici est la suivante: Croyons-nous que les programmes et les services reflètent les priorités des collectivités? Je ne le pense pas, parce que les gens essaient quotidiennement de survivre. Ils s'inquiètent de savoir ce qu'ils vont donner à manger à leurs enfants, comment ils vont pouvoir étirer le peu qu'ils ont jusqu'à l'arrivée du prochain chèque—ou devrais-je dire, jusqu'au jour de la prestation. La garderie ne constitue pas une priorité lorsque les gens s'inquiètent de savoir s'ils vont pouvoir assurer leur subsistance, que ce soit pour la nourriture, l'habillement, le logement et la sécurité.
Merci.
Le président: Merci beaucoup, Bonny. C'était très instructif.
Nous allons maintenant entendre Dorothy. Ensuite, grâce à certaines acrobaties, parce que nous recevons des témoins qui proviennent de différentes localités, je pense que nous pourrons poursuivre cette conversion jusqu'à et quart. Il est moins dix maintenant. Vous remarquerez que je m'abstiens de mentionner l'heure, à cause du décalage horaire, puisque nous sommes dans des zones différentes.
Permettez-moi de faire appel à Dorothy pour lui demander de faire quelques observations. Je crois qu'il s'agit de données démographiques, selon ce que j'ai compris.
Mme Dorothy Lloyd: En réalité, je travaille sur une réserve qui se situe à 120 milles au nord-ouest de Winnipeg. Nous sommes environ 4 000 personnes dans un rayon de six milles.
Le président: Comment ça s'appelle, s'il vous plaît ?
Mme Dorothy Lloyd: Sandy Bay. Et une partie de ces terres est constituée essentiellement de marais.
Travaillant à Sandy Bay depuis 1979, je me suis absentée à deux reprises pour aller à l'école et j'ai pu constater un changement dans l'état de Sandy Bay, et ce non seulement en ce qui concerne la population, quoiqu'elle est passée d'une moyenne de 50 naissances par an à entre 80 et 100.
Nous ne possédons pas de véritables services pour les enfants sur la réserve parce que notre garderie ne peut admettre qu'une petite proportion de la population, et les types de services sont très ciblés.
L'école offre un programme de prématernelle, mais c'est à peu près tout. Nous n'avons pas de récréation, ou de choses de ce genre.
Je vais le résumer d'une seule façon. Essentiellement, compte tenu du taux de chômage qui atteint 90 p. 100, de l'absence presque totale d'entrepreneuriat, nous vivons en réalité dans une localité centrée sur la pauvreté et toutes les choses qui en découlent. Nous avons des gens qui ont beaucoup de mal à penser à faire le nécessaire au développement de leurs enfants lorsqu'ils doivent ne penser qu'à assurer leur survie, comme vous le mentionniez tout à l'heure.
Je crois que, comme dans le vieux manuel scolaire—celui de Maslow par exemple; j'aime la hiérarchisation qu'il fait des besoins—lorqu'on essaie de rejoindre des gens ici pour leur parler de toutes ces choses merveilleuses qu'ils peuvent espérer, lorsqu'en définitive ils n'ont pas d'emploi, vivent de l'aide sociale, mangent et dorment. Ce n'est pas ça la qualité de vie. Et cette qualité de vie ne peut pas se transmettre aux enfants, parce que ceux-ci réalisent ce par quoi passent leurs parents. Lorsqu'ils observent ce genre de choses, je crois qu'ils devraient regarder l'ensemble de la structure de ce qu'est la vie sur une réserve et des changements qu'il faut apporter au cours des 20 prochaines années.
Par exemple, la drogue est maintenant disponible, ce qui n'était pas le cas quand j'ai commencé. Nous avons plus d'enfants qui éprouvent des difficultés de développement, qui souffrent d'anomalies congénitales, et tout cela n'était pas aussi répandu quand j'ai commencé.
J'ai vu d'importants changements dans l'état de santé des gens sur la réserve. Je crois qu'il faudrait qu'ils examinent tout cela.
Nous voulions avoir un programme Head Start. Pour avoir ce programme, il faut, entre autres, disposer d'une bâtisse. Bon, tout le monde est si à l'étroit maintenant qu'il n'est pas question de construire une bâtisse, quand vous ne disposez même pas des habitations qu'il faut pour loger les gens.
La situation du logement est présentement très précaire en raison du surpeuplement. Il en résulte des problèmes de santé à cause de la moisissure et toutes ces autres choses qui surviennent—probablement, en partie du fait de la proximité de l'eau, mais aussi à cause de la situation insalubre dans laquelle vivent les gens.
Donc essentiellement, en matière de données démographiques et de lieu où, en réalité, nous vivons, je trouve très difficile de ne prendre qu'une chose et de prédire l'incidence qu'elle aura sur un groupe de gens, lorsqu'il me semble évident qu'il faut faire plus que de joindre les forces pour amener un changement à l'intention de ceux qui vivent là-bas.
Ma réserve se trouve à Muskeg Lake. Ça fait très longtemps que j'habite Sandy Bay, tout en ayant vécu en ville, et j'ai beaucoup de mal à réaliser qu'en cette époque les gens doivent vivre ainsi.
Et de voir les enfants et ce dont ils sont privés, à comparer à ce qu'on trouve ailleurs : ils n'ont pas accès aux commodités dont vous bénéficiez lorsque vous... j'ai vécu en ville. Comme vous l'avez dit, les leçons de musique—j'ai suivi des cours de musique. Notre école offrait beaucoup plus de choses, mais ils réduisent les programmes des écoles. Par conséquent, ces enfants—ce n'est pas de leur faute, mais ce sont les victimes de tout cela, et ça c'est l'avenir.
¹ (1550)
Je m'inquiète énormément de l'avenir de nos collectivités si jamais toute cette affaire n'était pas réglée, toute cette pauvreté.
Je crois avoir tout dit.
Le président: Et vous l'avez très bien dit. Vous nous avez tracé le portrait d'une collectivité, avec tous ses problèmes, ce qui est très touchant. Nous avons été très heureux que vous ayez pu nous parler, parce que c'est précisément le type de confrontation avec la réalité dont nous avons besoin ici, même si nous devons le faire à travers ce média étrange qu'est la télévision.
Il nous reste encore un peu de temps. Je me demandais, Monsieur Breitkreuz, si vous vouliez commencer. Nous passerions ensuite à M. Tonks et à Mme Karetak-Lindell, si jamais elle avait des questions.
Monsieur Breitkreuz
M. Garry Breitkreuz (Yorkton—Melville, Alliance canadienne): Merci beaucoup.
Je dois vous dire que j'ai apprécié vos présentations, mais surtout la perspective que vous nous donnez. Je ne vais pas prendre trop de temps.
J'ai vécu sur une réserve pendant deux ans et j'ai pu me faire une petite idée de la vie qu'on y mène. Vous nous avez donné une vue d'ensemble adéquate, une description de ce que c'est.
Avez-vous examiné d'autres programmes qui auraient réussi ailleurs? Je me souviens que l'un d'entre vous a dit que vous aviez établi un partenarait avec l'Université du Manitoba. Avez-vous accès à d'autres modèles qui auraient réussi ailleurs, et essayez-vous de prendre exemple sur ce qui se passe ailleurs? Il se peut qu'au Canada, Aux États-Unis, ou en Nouvelle-Zélande ou encore en Australie, on trouve des situations semblables. Quelle quantité d'informations a servi à la conception des programmes que vous avez?
¹ (1555)
Mme Tracy Scott: Je crois que la première des choses que je voudrais mentionner est qu'il suffit de regarder nos homologues provinciaux et ces enfants qui vivent hors réserves. La province du Manitoba a fait un excellent travail. Elle a tout un continuum—transparent, pour ainsi dire—de programmes pour enfants. Ils ont les programmes «Des bébés en santé», Baby First, Early Start et STOP FAS/FAE. Ce sont des programmes fondés sur les résultats cliniques. Ils proviennent de Denver, Colorado ou du Perry Preschool Project. Les preuves sont éloquentes.
Ils ont également évalué leurs projets pilotes. Ils ont adopté le programme Baby First à l'échelle de la province—excepté pour les enfants sur les réserves.
Il ne faut pas aller très loin pour voir les programmes qui fonctionnent, et bien. Des programmes qui sont bien coordonnés, bien financés et qui couvrent toute la population. Nos enfants n'y ont tout simplement pas accès. Il n'existe pas de sources de financement ou de programmes similaires qu'on puisse obtenir auprès du gouvernement du Canada ou de Santé Canada et qui viseraient ces enfants.
Les deux programmes que j'ai mentionnés se fondent sur les résultats. Ils prennent en compte les avis de la collectivité, certainement—les gens nous disent ce qu'ils veulent faire. Il arrive souvent que les gens nous disent qu'il souhaiteraient voir quelqu'un de la collectivité assumer un rôle de soutien par les pairs; on peut vous avoir désigné «cette personne» et vous découvrez que cette recommandation est bien fondée. Il y a certainement des modèles quelque part.
Nous allons continuer à élaborer ce programme à partir des souhaits et volontés de notre collectivité. Les éléments de preuve sont là et présents dans d'autres collectivités. Il importe que ce soit une chose dont veuille la collectivité. Les deux sont comme mariés; ils sont bien intégrés.
Je ne sais pas si quelqu'un d'autre voudrait parler de cette question. Cela répond-il à votre question?
M. Garry Breitkreuz: Oui, merci.
Le président: Merci.
Maintenant monsieur Tonks
M. Alan Tonks (York-Sud—Weston, Lib.): Merci pour vos présentations.
Nous essayons d'élaborer, et nous recherchons, un modèle communautaire qui serait global en termes de programmes, qui offrirait le type de soutien par les pairs dont vous parliez, qui se préoccuperait de notre éducation prénatale et du développement de l'emploi et des aptitudes—qui serait un programme communautaire complet.
Je m'étonne de vous entendre dire qu'en vertu de l'accord de transfert—le Programme de transfert des responsabilités en matière de santé aux Premières nations et aux Inuits—vous avez élaboré ce cadre qui semble avoir ce choix de services, mais dont le financement va être écourté. Différentes parties du programme seront éliminées. Par exemple, est-ce que le mois de mars 2004 représente l'élimination du financement prénatal? De toute manière, pouvez-vous y répondre? Ai-je raison?
Mme Bonny Traverese: C'est moi qui ai dit que nous sommes assujettis à la stratégie de Développement des ressources humaines avec lequel nous avons conclu l'accord—je crois que c'est à l'échelle du Canada—les peuples autochtones: les Inuit, les Métis et les Premières nations. Il s'agissait de mettre en place des garderies sur la réserve, parce qu'avant 1995, il n'y en avait pas d'autres que celles désignées par la programmation des services sociaux ou de l'éducation .
Cette stratégie, je pense, prend fin en mars 2004 et la rumeur veut qu'on en signe une autre; je n'en suis pas sûre. En ce moment, nous nous demandons où cela mènera.
M. Alan Tonks: Je voudrais comprendre. Est-ce que tous les éléments du programme de AMA fonctionnent à partir d'un seul édifice?
º (1600)
Mme Tracy Scott: Le programme de soutien de garderie?
Il s'agit en réalité de travailleurs communautaires, de travailleurs en entraide. Ils doivent appartenir à la collectivité dans laquelle ils travaillent; c'est l'un des critères. Ils travaillent à partir des centres de santé. Le soutien vient d'un seul bureau. Vous aurez les activités nutritionnelles et physiques, mais elles bénéficient d'un soutien communautaire important du fait de la présence de l'infirmière en charge, qui est une sorte de chef de file communautaire, une personne de soutien.
Pour obtenir ce programme, nous avons présenté à AINC l'accord sur notre proposition; c'est ainsi que nous avons pu le mettre en route. Ce financement a disparu. Peut-être que c'est celui dont vous parlez.
M. Alan Tonks: C'est celui dont je parlais. Il semblerait que ce programme ait été très... On nous a dit qu'en vertu du programme de transfert, on procède à une évaluation au moyen, je suppose, d'indices de mesure de base communautaires également.
Cette évaluation a-t-elle été faite et malgré cela, son financement a été annulé?
Mme Tracy Scott: C'est l'évaluation qui en a été faite dans le cadre du PCNP. Nous avons cette petite caisse de fonds, on ne reçoit pas beaucoup d'argent du PCNP—je crois qu'il s'agit de 75 000 dollars pour 7 collectivités en vertu de l'accord amélioré. Nous voulons pouvoir dire aux collectivités, «ce sont des fonds additionnels en vertu du PCNP. Comment devrions-nous gérer un programme dans votre collectivité qui vous permettrait d'aider les mères, les bébés, les pères et les familles?»
Et voici ce qu'ils nous ont répondu: «Ce sont là les sortes de choses que nous voulons.» Nous ne pouvions pas les obtenir à travers le financement que nous avions.
Je crois, comme le dit la conclusion, que nous savons ce qu'il y a à faire; nous sommes au courant de ce qui est efficace. Nous n'avons tout simplement pas les programmes, les fonds ou les ressources pour gérer ces types de programmes.
M. Alan Tonks: Merci, monsieur le président
Le président: Nancy Karetak-Lindell, aviez-vous des questions?
Mme Nancy Karetak-Lindell (Nunavut, Lib.): Merci.
Venant d'un comté semblable au vôtre, je suis sans aucun doute sensible à ce que vous avez dit aujourd'hui. Je suis également sensible à ce qu'a dit Bonnie... que les familles devraient redevenir les centres d'apprentissage et de responsabilité, et au commentaire de Dorothy à l'effet qu'il est très difficile de ne s'occuper que d'un segment de la popultaion si l'on ne va pas aussi aider les familles que les enfants réintègrent après la participation à un programme.
Si vous aviez l'occasion d'intégrer plusieurs programmes, comment le feriez-vous? Quel traitement accorderiez-vous à toute la question de la situation familiale? À moins que vous ne vous préoccupiez des vraies questions, celles de fond, c'est-à-dire pourquoi nos enfants ne finissent pas leurs études ou ne deviennent pas des membres productifs de la société—et je comprends certainement la situation de Dorothy—lorsque tant de gens parmi vous sont prestataires de l'aide sociale, il est très difficile de les motiver pour se prévaloir de toutes les possibilités que nous disons ouvertes à tous les Canadiens.
Quels programmes souhaiteriez-vous voir adopter dans votre collectivité pour règler ces problèmes au lieu de seulement, selon ce que j'ai compris de vos présentations, fonctionner de façon fragmentaire—vous savez, nous nous occupons de petits enfants dans le cadre du programme Head Start autochtone et dans les programmes Healthy Moms, Healthy Babies, mais il n'existe pas de véritable coordination. Je me demande ce vous mettriez sur pied si vous aviez les fonds pour le faire? Quels types de programmes voudriez-vous voir adopter dans la collectivité?
Mme Dorothy Lloyd: Cela semble même un peu farfelu. Mais j'ai réfléchi à certaines de ces questions.
S'il fallait entreprendre quelque chose, je crois qu'il faudrait que ce soit apparent pour les enfants. Ce sont des visuels; ils fonctionnent selon les modèles qu'on leur donne. Ils imitent les modèles qu'ils voient. Pour établir un lien avec d'autres choses, je souhaiterais instaurer le mentorat et la formation, pour aider les gens à se lancer dans l'entrepreuneriat, à se préparer à travailler--pour qu'ils deviennent autonomes, parce que c'est très éprouvant d'être dépendants. Je crois que, des fois, les programmes mettent des choses en place et puis disparaissent. On se trouve ensuite laissé à soi-même... cela vous fait croire que votre avenir... On n'est pas sûr où sera l'avenir, ça dépend de l'organisme de financement.
Je crois qu'il faut que nous ayons une chose grâce à laquelle les enfants peuvent être éduqués en suivant des modèles—il ne s'agit là que d'une chose parmi d'autres—et qu'ils puissent voir leurs parents réussir à faire des choses pour eux-mêmes. J'ai longtemps fréquenté le système scolaire aussi, et les enfants imitent ce qu'ils voient. On peut leur parler autant qu'on veut, ils vont faire ce qu'ils vous voient faire. Si les parents sont prestataires de l'aide sociale, c'est ainsi qu'ils envisagent leur avenir.
Je voudrais vous faire comprendre que l'une des choses qui est, à mon avis, très sérieuse est que lorsque nous étions petits, nous avions un petit livre dans lequel les enfants racontaient leurs rêves—les tout-petits, vous savez; nous parlons de ce groupe d'âge. J'étais horrifiée de voir que nos tout-petits ne rêvaient plus.
Maintenant, si cela arrive, eh bien, il faut faire quelque chose parce que les enfants c'est l'avenir. S'ils n'ont pas de rêves ou d'espoir, cela signifie que nous ne sommes pas sur la bonne voie. Et nous ne pouvons pas faire du rafistolage non plus; il ne faut pas masquer la chose et ensuite laisser l'enfant à lui-même. Peut-être que le rafistolage ne résistera pas à cause du manque de financement, ou tout simplement parce que personne ne peut le soutenir, alors il tombe par lui-même. Et on a un autre problème—je suis enseignante et aussi infirmière. Là, on obtient un trou plein de pourriture, et c'est encore une marche descendante vers le manque d'estime de soi.
Je crois qu'ils ont besoin de ça. Il faut qu'ils l'aient. Je crois que de nos jours les gens ne doivent pas véritablement se battre pour l'obtenir, semble-t-il, de s'en occuper, parce que c'est là qu'en sont nos enfants.
º (1605)
Le président: Pourrais-je poser une question de suivi à Dorothy, si cela ne vous dérange pas, Nancy?
Voilà. Ce comité n'est pas le comité des affaires autochtones, auquel j'appartiens aussi, c'est un comité qui cible les enfants et les jeunes à risque, et vous nous avez certainement dressé un tableau d'enfants à risque, sans aucun doute. Alors, bien que nous comprenions qu'il y ait beaucoup de facettes aux difficultés qu'éprouvent des collectivités comme celles de Sandy Bay—c'est-à-dire, vous présentez maintenant un taux de chômage très élevé, des conditions de logement insalubres et toutes ces choses que nous connaissons—la dure question que je vais vous poser est la suivante.
Tenant compte qu'il n'y a pas de solution miracle, si, dans les limites de nos moyens, c'est-à-dire d'émettre des recommandations concernant les enfants—nous aimerions peut-être faire des recommandations globales, notamment sur la stimulation de l'entrepreneuriat etc.—pour faire une recommandation qui s'inscrive dans les paramètres de la recommandation faite par Tracy Scott à la fin de son document, laquelle, comme tout le monde en convient, préconise essentiellement une panoplie de services intégrés, sensibles à la culture, qui s'appuient sur les gens et sur l'entraide, comme vous dites, qui soit englobante de la conception à l'école et conceptuellement, au-delà et de garder à l'esprit que de tels services auraient également une incidence sur les parents... Par définition, les enfants ne vivent pas dans l'isolement, ils vivent dans des familles, et les familles ont besoin de soutien, elles ont également besoin de savoir être de bons parents à cause de cette dissidence entre ce qui se passe à la maison et ce qu'il faut pour éduquer des enfants, par exemple, parce que les parents doivent savoir comment le faire fonctionner. Si nous faisions tout cela du mieux possible, est-ce que l'incidence sur les enfants, les parents, la collectivité—c'est-à-dire les travailleurs du soutien par les pairs que vous créez, ceux des centres de soins de santé, etc.—est-ce que cela, en lui-même, pourrait, jusqu'à un certain point, amener un changement de cap? Ne suffit-il pas de surmonter tous ces autres facteurs, notamment un taux de chômage de 90 pour cent, de mauvais logements? Est-ce par là qu'il faudrait commencer, ou non?
Je pose la question à Dorothy, je crois, mais n'importe qui peut y répondre. Je crois que ce sera notre dernière question.
Mme Dorothy Lloyd: En regardant cela, j'ai cru qu'il s'agissait de faire des recommandations sur la façon de soutenir les enfants. D'une manière ou d'une autre, il faut que tout converge pour faire en sorte que l'enfant puisse vivre dans cette situation. Cela signifie que leurs besoins essentiels—je ne sais pas comment cela peut être évité—soient satisfaits.
Nous pouvons enlever aux parents leur rôle de parents—les choisir et les grouper pour ensuite faire toutes les choses éducatives que les parents font—dans certains cas. Dans d'autres cas que je connais, les parents se battent très fort, mais il leur est très difficile d'assumer les priorités.
Il me semble que ces choses sont essentielles. Si vous produisez un rapport sur cette question pour trouver les facteurs qui influencent les enfants et le développement de la petite enfance, ne serait-ce pas ces conditions de vie réelles qui importent qu'on devrait présenter? Je ne connais pas l'objectif que vous visez par cette étude; est-ce de montrer notre vraie façon de vivre? Est-ce cela dont il est question?
º (1610)
Le président: Je crois que votre argument devrait être souligné énergiquement dans notre rapport. Ce dont nous parlons ici n'est pas une solution miracle qui surmontera ces autres facteurs. Ça ne se peut pas; ça ne le pourrait pas.
Nous ferions preuve d'irresponsabilité si nous faisions des recommandations qui ne prennent pas en compte ces autres facteurs connexes parce que ça ne marchera pas. Ce que nous proposons ferait tout simplement partie d'un groupe de stratégies qui, prises collectivement, changerait le cours des choses dans une localité comme celle de Sandy Bay. Cela, seul, ne suffirait pas mais si nous pouvons le conjuguer à autre chose, ce dont Nancy et moi pouvons parler au Comité des affaires autochtones, peut-être qu'on peut y ajouter suffisamment de choses.
Nous essayons de parvenir à rendre la partie sur le développement de la petite enfance aussi cohérente que possible, parce que, selon ce que vous avez dit, même lorsque les programmes fonctionnent—preuve à l'appui—nous les laissons tomber parce qu'ils ne répondent à un critère quelconque sans queue ni tête. Je crois que dans toute notion de développement communautaire, il nous faut être au courant de tous ces autres éléments.
Je crois que notre rapport devrait admettre les limites mêmes dont vous parlez: c'est-à-dire que vous ne pouvez pas transformer une collectivité grâce à une seule panoplie de services intégrés de développement de la petite enfance. Ce serait une bonne chose à avoir, mais pas la seule dont on ait besoin. D'une façon ou d'une autre, cela devrait être perçu comme faisant partie d'une série de recommandations, lesquelles prises ensemble seraient efficaces. Je crois qu'en ce qui me concerne, c'est la réponse la plus honnête que je puisse vous donner.
Je dois, maintenant, vous dire au revoir au nom du comité. Je crois que vous nous avez fait voir une lueur d'espoir, dans le sens qu'il est bon de savoir quand les programmes fonctionnent et qu'ils sont efficaces. C'est bien sûr très déprimant lorsqu'on ne poursuit pas le financement de ces types de programmes. L'une des choses que nous pouvons certainement faire dans notre rapport serait d'en parler. Mais également, le fait d'être confrontés à la réalité sur le terrain, celle que nous a décrite Dorothy Lloyd, et de nous rappeler que nous ne devons pas nous leurrer en nous disant que c'est là une tâche facile... Nous faisons face à d'énormes défis, et de voir le développement de la petite enfance en dehors du cadre de ces défis serait tout simplement faire preuve d'irresponsabilité de notre part.
Vous nous avez beaucoup aidés. Nous voulons vous remercier de votre participation. Nous voulons rester en contact avec vous durant l'élaboration de notre rapport et nous voudrions que vous soyez honnêtes envers nous si jamais en lisant le rapport, vous vous disiez «Mais ce n'est pas ce que j'ai voulu dire» ou «Vous auriez dû parler de cela», de cela ou d'autre chose. Au nom de tout le comité, merci beaucoup.
Je crois que je vais clore cette partie avant que la compagnie de téléphone ne coupe la ligne. Au revoir. Merci beaucoup. Prenez soin de vous.
Pendant que nous nous débranchons, nous avons des choses à faire...
[Les délibérations se poursuivent à huis clos]
[Les délibérations publiques reprennent]
º (1615)
Le président: Monsieur Tonks
Monsieur le président, j'ai omis de vous dire que Mme Anita Neville souhaitait être parmi nous aujourd'hui et vous prie de l'excuser, mais elle s'intéresse beaucoup aux questions de représentations et sera présente lors de la prochaine réunion.
Mme Bev Peel (gestionnaire, Programmes pour enfants de la Federation of Saskatchewan Indian Nations): C'est de moi qu'il s'agit? Je m'appelle Bev Peel. Je suis la gestionnaire des programmes pour enfants de la Federation of Saskatchewan Indian Nations.
Le président: Bien. C'est parfait. Excellent.
Nous avons donc deux représentants de la Federation of Saskatchewan Indian Nations. Il nous fait plaisir de vous accueillir.
Nous pensons que vous avez reçu les documents d'information à propos de ce que nous faisons ici, c'est-à-dire étudier les conditions de vie des enfants autochtones, qui habitent les réserves, de l'âge prénatal à six ans et de leurs familles ainsi que la manière d'améliorer leur situation, tant à titre de gouvernement fédéral qui offre déjà plusieurs services, que de collaboration avec ces collectivités et autorités provinciales, le cas échéant. C'est ce que nous faisons.
Si vous pouviez nous dire ce que vous pensez vous nous aideriez à faire des recommandations, ou nous parler de votre propre expérience des programmes. Nous l'apprécierions beaucoup. Je ne sais pas par qui commencer—peut-être Sheila.
Mme Sheila Kay-Machiskinic (représentante, Federation of Saskatchewan Indian Nations): Eh bien, nos Premières nations offrent une vaste gamme de programmes en matière d'intervention dès la première enfance. Nous offrons le programme Grandir ensemble, le programme de garderies, le programme Bon départ, l'éducation prénatale, la prévention du SAF et la formation. Ils ont tous des effets positifs sur nos Premières nations.
Tous ces programmes imposent, néanmoins, des restrictions quant au financement. Celui-ci est très limité et a toujours été très restrictif. Cela entraîne également une stratification. Le fait est que nous sommes tout le temps à la recherche de moyens de combiner ces programmes pour n'avoir qu'un seul qui fonctionne au sein des Premières nations. Cela entraîne des problèmes, beaucoup d'animosité entre les Premières nations.
Le programme qui permet aux gens de récupérer leur langue au sein de leur propre collectivité a eu un effet positif. Bon nombre de ces programmes nous ont permis de récupérer notre langue. Le fait d'être en mesure d'enseigner aux enfants des Premières nations dans leurs propres langues et de concevoir des programmes qui leurs sont spécialement destinés, nous a aidés. Nous avons réussi à développer ces programmes et à les améliorer.
Et cela contribue à donner une identité au sein des peuples des Premières nations. Les enfants apprennent à savoir qui ils sont, où ils se trouvent et pourquoi ils s'y trouvent. Les programmes qui ont été élaborés sont très positifs, mais ils renferment trop de restrictions. Je pense que mon copain ici pourrait parler de ces restrictions.
º (1620)
Mme Bev Peel: Je travaille pour la Federation of Saskatchewan Indian Nations depuis sept ans. Lorsque j'y ai débuté , les garderies venaient d'être mises en place dans les réserves des Premières nations. Lorsque j'ai commencé, il y avait sept garderies, aujourd'hui on en compte près de 100.
En réalité nous n'avions de fonds que pour environ 20. Mais les chefs ont jugé qu'il était important pour toutes les collectivités de disposer de ce type de service, ainsi, essentiellement, chaque collectivité renfermait des garderies. Les centres de soins de l'enfant que nous avons sont petits à comparer à nos besoins.
Justement, la semaine dernière je visitais l'un de ces centres, il y avait quatre employés. Ils n'avaient qu'un petit nombre d'enfants. Les garderies ont eu un effet vraiment positif sur l'emploi et ont également eu de nombreuses retombées en termes d'emplois connexes pour la reconstruction.
Nous n'avions pas suffisamment de fonds à consacrer à de nouvelles constructions. Essentiellement, les gens utilisaient les installations déjà disponibles. Bon nombre de ces installations ne répondaient pas aux normes et il a fallu consacrer beaucoup d'argent à leur amélioration. Il aurait été avantageux de disposer de meilleures installations.
Le programme Bon départ n'a été adopté que récemment. Encore une fois, les chefs ont estimé qu'il était très important de mettre sur pied ce programme dans toutes les collectivités, ainsi nous en avons 78. On a encore procédé par appels de propositions et la Saskatchewan a choisi les collectivités les plus à risque, en revanche les chefs estimaient que toutes les collectivités étaient à risque et qu'elles avaient toutes besoin de ce programme. Ainsi, nous avons beaucoup de programmes qui fonctionnent en même temps, mais ils sont majoritairement sous-financés. La dotation en personnel de tous ces centres constitue le problème principal.
Les femmes effectuent un travail magnifique. C'est emballant de les voir, et les parents sont très heureux. Mais il n'y a pas suffisamment de fonds à consacrer à la formation et certaines installations ont maintenant besoin de réparations. Et nous espérons que cela se fera.
Mme Sheila Kay-Machiskinic: Pour en rajouter, les tendances démographiques évoluent annuellement et, certaines années, nous avons augmenté le nombre de participants aux programmes, mais nous continuons à travailler au même niveau de financement d'il y a cinq ou dix ans. Il n'est pas raisonnable que le financement soit limité et qu'on ne puisse dépenser qu'une partie des fonds.
Les fonds d'amélioration sont liés aux fonds de programmation, mais ils n'y sont tout simplement pas. Il nous faut former du personnel. Nous devons offrir une formation à la collectivité. Il nous faut former les gens, les aider à comprendre les garderies, les services et les programmes de soins à l'enfant. L'éducation est la première étape de la prévention; nous devons la faire connaître.
J'ai récemment suivi un cours de formation sur le SAF parce que les Premières nations s'en inquiètent. Il est surprenant de voir qu'il n'y a tout simplement pas de formation. Ou pas assez. C'est restreint. Je pourrais en dire des choses sur la façon dont nous restreignons nos dépenses, mais si le financement est plafonné, nous aurons toujours un déficit—toujours.
Mme Bev Peel: Je voudrais en rajouter à ce sujet. Nos garderies sont destinées aux parents qui travaillent ou qui sont en formation, ce qui est déjà restrictif.
Étant donné que nous ne recevons que 39 500 dollars par collectivité dans le cadre de Bon départ, la taille du programme en est affectée. De nombreuses collectivités n'ont pu offrir leur programme qu'aux enfants âgés de 3 ans, par exemple. Les collectivités ont dû sélectionner certains enfants au sein de leur propre population.
Ainsi, compte tenu du fait que les garderies sont destinées aux parents qui travaillent ou qui sont en formation, que le programme Bon départ n'est destiné qu'à un nombre restreint de personnes, le besoin est là. Les listes d'attente sont fournies. Je crois qu'on devrait l'étendre à tous les parents qui en ont besoin et je ne pense pas que les parents doivent payer.
º (1625)
Mme Sheila Kay-Machiskinic: L'effet positif de ne pas faire payer les parents a signifié qu'ils ont acquis une plus grande maîtrise de leurs vies. ils décident de choisir d'autres carrières, de retourner à l'école, d'avancer. Ainsi, ils ne craignent pas que leurs enfants reçoivent une éducation de moindre qualité; ils obtiennent des soins de bonne qualité. Il est, à mon avis, important que la réglementation et les politiques soient élaborées pour assurer à nos enfants les meilleurs soins. Les soins doivent être réglementés et suivis parce qu'il s'agit de leurs bébés.
Le fait que ces enfants deviennent des adultes sains a un impact positif et favorise une population saine. Ils sont notre avenir. Par conséquent, il faut s'assurer que ces enfants reçoivent la meilleure qualité de soins possible. Si cela suppose qu'on élabore des politiques et des règlements qui remplacent ceux qui existent déjà, c'est donc ce que nous devrons faire. Et nous l'avons fait. Je crois qu'il y a des règlements et des politiques en Saskatchewan pour répondre à ces inquiétudes.
Le président: Merci beaucoup. Votre déclaration d'ouverture est extrêmement utile.
Avant de passer aux questions, je conclus de ce que vous avez dit que la situation des enfants semble en général s'améliorer grâce à ces programmes. Je ne sais pas si la chose peut être mesurée de façon formelle, mais est-ce que les collectivités s'améliorent grâce à ces programmes? Je n'essaie pas de vous faire dire des choses, mais ce que vous avez dit nous apporte un son de cloche différent de tout ce qui nous a été dit au Manitoba.
Mme Sheila Kay-Machiskinic: Oui, la situation s'est améliorée. Ces choses ont eu un impact positif. Elles ont engendré beaucoup d'emplois et ont permis à de nombreuses personnes de progresser. De nouvelles carrières et possibilités sont nées. Nos enfants ont maintenant un meilleur sens de leur appartenance et de leurs origines--ce pour lequel ils sont là et ce qu'ils vont devenir. Ils sont notre avenir et ils seront sains. Voila l'effet qu'ont eu plusieurs de ces programmes.
Le président: Merci beaucoup, je vais demander à M. Breitkreuz s'il veut poser des questions.
M. Garry Breitkreuz: J'ai trouvé ce que vous avez dit—surtout maintenant, à la fin—très intéressant. Pouvez-vous décrire dans les grandes lignes un peu plus les programmes qui ont réussi et les éléments qui le constituent qui ont, selon vous, fait leur succès?
Savez-vous s'il y a des collectivités dans lesquelles les programmes réussissent plus que dans d'autres? Quels sont les facteurs qui contribuent à ce succès?
Je souhaiterais vraiment obtenir une description intégrale de ce qui fonctionne et pourquoi vous le pensez.
Mme Sheila Kay-Machiskinic: L'un des programmes qui a réussi est celui des garderies. L'initiative a vu le jour en 1992. Les parents étaient chômeurs; ils ne pouvaient tout simplement pas trouver d'emplois. Ils ne pouvaient pas aller à l'école parce qu'ils n'avaient personne pour s'occuper de leurs enfants.
Lorsque nous avons mis sur pied ces garderies, de nombreuses possibilités ont vu le jour. Les enfants sont retournés à l'école. Beaucoup de jeunes parents essaient maintenant de s'améliorer en s'éduquant. Ils veulent également posséder plus d'aptitudes.
Même avec la construction de ces garderies—certaines ont été nouvellement construites au début, mais la majorité étaient situées dans des locaux rénovées. Le problème, maintenant, réside dans le fait que ces installations vieillissent et qu'elles doivent être de nouveaux rénovées. Même que l'accès à certaines est interdit.
Donc, ils ont tenté de mettre sur pied un programme qui réussisse. Mais il semble qu'il y ait toujours une chose ou l'autre qui intervienne pour freiner les projets de garderies.
Le programme Head Start est quant à lui restrictif du fait que les gouvernements fédéral et provinciaux ne collaborent pas à son financement. Le gouvernement fédéral dit qu'il faut se conformer aux règlements provinciaux alors que ceux-ci ne reconnaissent pas le programme Head Start dans les réserves des Premières nations. En ce qui me concerne, cela crée beaucoup de problèmes. N'empêche que quand on conclut des accords, il y est bien dit que nous devons nous conformer à la réglementation provinciale. Cela n'est pas du tout raisonnable.
Les études sur ces enfants sont effectuées par des gens qui n'habitent pas les réserves. Ce ne sont jamais nos gens qui les font. Nous pouvons nous livrer à l'étude de nos propres gens. Nous pouvons même bien les étudier. Nous pouvons également tirer les conclusions positives et les conclusions négatives. Mais on ne nous en donne jamais l'occasion.
C'était là mes remarques sur certains aspects positifs.
La langue, comme vous le savez, on encourage maintenant nos enfants à s'exprimer de la façon dont ils le souhaitent, c'est-à-dire dans leur langue. À mon époque, cette dernière constituait un obstacle, et même à l'époque de mes parents. Ils n'avaient pas le droit. Ils ne pouvaient rien dire. Ils ne pouvaient rien dire dans leur propre langue. On le leur interdisait. Maintenant, ces enfants sont fiers de parler leur langue. À mon avis, cela engendre beaucoup de fierté dans notre collectivité qui voit ces jeunes enfants s'exprimer dans leur langue et être en mesure de communiquer avec leurs parents—et leurs grands-parents, pour tout dire. C'est là quelque chose dont ils avaient été privés.
º (1630)
Le président: Monsieur Breitkreuz, êtes-vous...?
M. Garry Breitkreuz: Non, c'est très bien.
Le président: Monsieur Tonks.
M. Alan Tonks: Merci, Monsieur le président
Si vous n'avez pas d'objection, pourrais-je vous appeler Sheila Key?
Sheila, vous résidez au sud de la Saskatchewan. À quelle distance êtes-vous ainsi que votre projet de Regina?
Mme Sheila Kay-Machiskinic: Je me trouve à une heure du nord de Regina. Il me faut environ une heure de voiture pour me rendre à Kawakatoose First Nation.
M. Alan Tonks: Travaillez-vous sur place?
Mme Sheila Kay-Machiskinic: Oui. Je travaille à cinq emplacements.
M. Alan Tonks: Connaissez-vous le modèle québécois? Ce qu'on appelle des CLSC. Il s'agit de centres de services communautaires.
D'autres délégations nous ont dit qu'en vertu de ce modèle, la prestation du Programme d'action communautaire pour les enfants, le PACE, et du Programme canadien de nutrition prénatale, le PCNP, se fait par le biais d'un réseau de ce type de centres de services à guichet unique. Connaissez-vous ce modèle?
Mme Sheila Kay-Machiskinic: Non, je ne le connais pas.
M. Alan Tonks: [Note de la rédaction: Inaudible]... ce type de modèle où l'on peut viser à intégrer des services et offrir un financement de base pour permettre à votre personnel de coordonner des programmes, et ensuite élaborer des programmes à travers un conseil communautaire.
Mme Bev Peel: Je voudrais traiter de cette question. Certains de nos conseils tribaux ont tenté d'adopter des modèles comme celui que vous décrivez, mais les autorités devraient évoluer au niveau gouvernemental de manière que l'argent puisse circuler entre ministères. Nous obtenons des fonds par flots et enveloppes ciblés.
Les collectivités obtiennent les fonds qui leur reviennent en vertu du programmer Head Start, et elles exécutent ce programme. Tout est distinct. Par exemple, le conseil tribal de Meadow Lake dispose d'un centre de services pour ses collectivités mais il a également été en mesure d'obtenir suffisamment de fonds auprès d'un institut de recherche, en plus de ce qu'il a obtenu pour Head Start, les garderies et le PCNP. Par conséquent, si l'on a suffisamment de fonds, cela devient possible. Ils apprécieraient une approche plus globale.
º (1635)
M. Alan Tonks: Merci
Connaissez-vous le Programme de transfert des responsabilités en matière de santé aux Premières nations et aux Inuits?
Mme Bev Peel: Le programme des transferts?
M. Alan Tonks: Oui, le connaissez-vous?
º (1645)
Mme Sheila Kay-Machiskinic: Oui, nous le connaissons.
M. Alan Tonks: D'accord. Est-il possible, par le biais de ces accords de transferts, d'essayer de mettre sur pied un modèle semblable à celui du Québec?
Mme Sheila Kay-Machiskinic: Un modèle intégré ?
M. Alan Tonks: Oui.
Mme Sheila Kay-Machiskinic: J'ai parfois l'impression que personne ne prend jamais en considération la contribution des Premières nations à l'élaboration de ces modèles. Ils ne sont établis que pour déterminer comment fonctionnerait l'intégration.
J'imagine que les contributions en argent sont toujours limitées ou minimales. Nous effectuons l'intégration par un chevauchement des ressources provenant du programme «Grandir ensemble» et des fonds gouvernementaux destinés aux Premières nations. Et pourtant, les contributions en nature sont supérieures et l'emportent sur les contributions en argent. Comme je l'ai dit précédemment, l'intégration ne fait que créer des déficits.
M. Alan Tonks: Merci.
Mme Bev Peel: Je pense que ce modèle fonctionnerait dans le cas de certains conseils tribaux, mais il y a encore un grand nombre de Premières nations indépendantes et de très petites collectivités indépendantes, avec beaucoup de fonds non transférés... pour lesquels ce modèle pourrait ne pas fonctionner.
En effet, en Saskatchewan, nous avons créé nos propres règlements. Les Premières nations octroient les permis et surveillent leurs propres garderies et le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones. Elles assurent elles-mêmes la surveillance. Moi, je surveille les quinze collectivités qui n'ont pas de conseil tribal.
On finit donc par avoir plus d'un modèle. On pourrait avoir probablement quatre modèles différents qui fonctionneraient, mais pas un modèle en particulier.
Mme Sheila Kay-Machiskinic: Le financement pour le développement de la délivrance des permis—pour délivrer un permis pour nos service de garde de qualité—est également limité. Il le sera toujours. On veut pouvoir afficher dans sa garderie un permis ou un certificat qui indique qu'elle est sûre, salubre et sécuritaire.
Le président: Madame Nancy Karetak-Lindell.
Mme Nancy Karetak-Lindell: Simplement pour reprendre un peu ce dont parlait Alan, j'ai un peu de difficulté à comprendre maintenant. Peut-être pourriez-vous m'expliquer cela un peu. Vous représentez la Federation of Saskatchewan Indian Nations. Combien de collectivités comprend-elle?
Au début de votre exposé, j'ai compris que tous les fonds pour le Programme d'aide préscolaire aux autochtones et d'autres programmes fédéraux parviennent à la fédération. Par la suite, vous surveillez les diverses collectivités, et vous les subventionnez avec une partie de vos fonds gouvernementaux. Vous avez aussi mentionné que les quinze autres collectivités sont traitées de manière distincte.
Au début de votre exposé, vous parlez du modèle dans lequel vous supervisez toutes les collectivités et où vous vous assurez qu'elles aient accès à différents programmes, de manière à ce que toutes les collectivités aient leur Programme d'aide préscolaire aux autochtones et d'autres programmes, afin de s'aider mutuellement.
Qu'en est-il des fonds relatifs au SAF et aux EAF, et de l'initiative sur le diabète? Nous avons entendu des témoins du Manitoba dire que parfois, le financement est entièrement distinct et que vous devez prendre des mesures parallèles et rendre compte de la façon dont vous avez dépensé l'argent. Vous pourriez peut-être nous aider à comprendre comment vous faites tout cela à partir de ce que je pensais être une seule entité de coordination.
Mme Bev Peel: Je vais répondre à toutes les questions que vous avez posées.
La FSIN, c'est-à-dire la fédération, est le gouvernement indien de la Saskatchewan. Les fonds pour les garderies sont fournis en trois versements. Nous sommes responsables de presque tous les conseils tribaux, à l'exception de ceux de Prince Albert et de Peter Ballantyne. Il y a en fait trois accords de contribution pour les services de garde.
Nous avons un groupe de travail qui s'occupe des services de garde. Nous avons également des groupes de travail pour le PCNP, le SAF, les soins aux enfants et le Programme d'aide préscolaire aux autochtones. Ces groupes de travail prennent les décisions concernant la façon dont ils souhaitent recevoir et utiliser les fonds. Lorsque l'argent pour les services de garde est arrivé en Saskatchewan, on a donc décidé d'avoir non pas vingt garderies, mais des garderies pour toutes les collectivités qui souhaitaient avoir ce service. L'argent passe donc par la FSIN, et une partie de cet argent reste à la FSIN, de manière à ce que le groupe de travail régional puisse prendre des décisions et formuler des recommandations, et élaborer des modèles et des règlements.
Ce qui s'est passé dans le cas des règlements s'explique par le fait qu'un grand nombre des conseils tribaux sont très forts et ont créé leur propres services. Mais il y avait des collectivités qui ne disposaient pas de règlements des Premières nations. C'est pourquoi le groupe de travail régional—le groupe de travail provincial dont fait partie Sheila—a élaboré une ébauche de règlement pour les quinze collectivités qui n'ont pas de conseil tribal pour se charger de ce genre de travail. Dans ce modèle, tout le monde dispose d'un organisme auquel on peut s'adresser pour obtenir des ressources. Tout le monde a donc soit un conseil tribal, soit la FSIN. La FSIN s'occupe ainsi du travail régional.
Les fonds pour le SAF passent par le Programme canadien de nutrition prénatale. Les infirmières du PCNP ont un groupe de travail sur le SAF. Cette année, nous recevons un million de dollars. Vous savez, élever un seul enfant atteint du SAF coûte plus d'un million de dollars, et pourtant, nous ne disposons que d'un million de dollars pour toute la province. Le groupe de travail s'est réuni la semaine dernière et a recommandé que l'argent soit consacré à la formation. Un programme de formation national sur le SAF, qui arrivera en Saskatchewan, sera suivi par les infirmières du PCNP. Chacune des collectivités obtiendra donc une partie de cet argent. Le reste servira à produire une trousse régionale à l'intention des écoles et à l'organisation d'une conférence où l'on échangera des renseignements sur le SAF. Il ne restera donc plus rien du million de dollars.
La FSIN fait donc le travail au niveau régional ou provincial, mais nous transmettons la majeure partie des fonds aux collectivités ou aux conseils tribaux. Il en résulte un léger manque pour nous, en ce qui a trait à la coordination. Il y a soixante-douze Premières nations, mais on a mentionné des centaines de collectivités. Certaines d'entre elles sont des collectivités multiples. La Ronge est une première nation qui compte six collectivités. C'est la raison pour laquelle on dirait qu'il y a deux ensembles de chiffres différents. Mais c'est parce que certaines bandes ont plus d'une collectivité.
Est-ce que j'ai répondu à votre question?
Mme Nancy Karetak-Lindell: Oui. Merci.
Le président: Je voudrais que vous me renseigniez un peu sur les rapports qui existent entre le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial et votre organisme. Je sais que la Saskatchewan est depuis longtemps très bienveillante à l'égard des enfants. Je me souviens avoir visité le site Web du gouvernement de la Saskatchewan, il y a quelques années. Je ne me rappelle pas exactement, mais il me semble qu'il y a un slogan comme «Children First» ou les enfants d'abord, qui couvre tous les programmes provinciaux. Nous avons donc affaire à un gouvernement qui semble avoir à coeur depuis longtemps le bien des enfants et qui en fait une priorité.
Je pense que le comité est d'avis qu'il est raisonnable que nous commencions par coordonner nos activités entre les ministères fédéraux, de manière à ce que les programmes de garde d'enfants fonctionnent conjointement avec le Programme d'aide préscolaire et tout le reste, afin que les divers programmes ne soient pas mis en oeuvre en vase clos au sein des collectivités. Ottawa devrait plutôt être en mesure d'intégrer ces programmes d'une certaine manière et de s'assurer qu'ils sont intégrés au niveau des collectivités. Il est très sensé également que les efforts qui sont déployés soient intégrés à tout programme provincial qui est mis en oeuvre. Ces programmes peuvent varier d'une collectivité à l'autre, selon la proximité par rapport à des collectivités non autochtones disposant de services sociaux ou peu importe quoi d'autre. Lorsqu'il semble y avoir beaucoup de capacité, au sein d'une institution ou d'un collectif, comme c'est le cas pour les Premières nations de la Saskatchewan, nous souhaitons travailler de concert avec ces entités également.
En premier lieu, je veux savoir quel est le degré de coordination actuel, au niveau communautaire, entre ces trois entités, c'est-à-dire, vous, nous et le gouvernement provincial, en ce qui a trait aux services de développement des jeunes enfants. En deuxième lieu, s'il n'en tenait qu'à vous, et si vous aviez des recommandations à nous soumettre dans votre rapport, auriez-vous des moyens pratiques à proposer pour faire fonctionner ces services d'une manière concertée? Cela serait très utile. Évidemment, nous n'allons pas vous obliger à faire quoi que ce soit. Nous voulons collaborer avec vous. Nous ne pouvons obliger les provinces à faire quoi que ce soit.
: Quelle question, n'est-ce pas?
Mme Bev Peel: Le gouvernement provincial finance ces programmes destinés aux enfants, mais ces derniers ne sont pas pour les enfants qui vivent dans des réserves.
Mme Sheila Kay-Machiskinic: Nous sommes toujours exclus.
Mme Bev Peel: Nous n'en faisons pas partie. Par exemple, lorsqu'on a lancé l'initiative «Kids First» en Saskatchewan, je participais un jeudi à une réunion avec environ quatre autres représentants de Premières nations. Ils avaient déjà des descriptions de travail et tout le modèle avait déjà été tracé. C'était notre première réunion. Le lundi suivant, c'était la poignée de main entre le ministre et notre chef; ce n'est pas de la consultation, ça.
Ils ont choisi dix-sept collectivités de la Saskatchewan, pour le programme «Kids First», où les enfants sont le plus à risque. Une de ces collectivités est le nord de la Saskatchewan—une collectivité plutôt vaste.
Le président: Tout le nord.
Mme Bev Peel: C'est une collectivité parmi les dix-sept. Nous avons des situations où des gens nous appellent pour dire qu'à Prince Albert, par exemple, si vous habitez d'un côté de la rue, vous pouvez participer au programme, mais si vous habitez de l'autre côté, vous êtes exclus.
Ils ont dit qu'ils allaient essayer d'embaucher des gens des Premières nations pour le bureau principal, mais j'imagine qu'ils n'ont pu en trouver. Ils ont recruté principalement à l'intérieur du ministère. Certains des emplois ont été annoncés durant une seule journée.
Nous ne recevons aucun montant du gouvernement provincial pour nos garderies. Le gouvernement provincial a plutôt exclu les Premières nations de la Saskatchewan de son règlement. Dans le nouveau règlement qui a été promulgué l'année dernière, on peut lire: «These regulations do not apply to on-reserve child care services», c'est-à-dire, «Le présent règlement ne s'applique pas aux services de garde d'enfants offerts dans les réserves».
Les Premières nations souhaitent pouvoir délivrer les permis et exercer la surveillance, mais cela ne devrait pas nous empêcher d'obtenir les ressources nécessaires à la formation. Nous ne voulons pas que les services sociaux viennent dans les réserves pour exercer de la surveillance parce que nous faisons du bon travail. Les Premières nations de la Saskatchewan sont en mesure de faire cela, mais il faudrait des ressources.
La semaine passée, on a diffusé un communiqué de presse qui disait: «Parlons des enfants» et «Les services maintenant offerts aux enfants». Nous étions d'avis qu'il aurait fallu dire «à certains enfants», parce que ce n'était pas pour les enfants: c'était pour des hausses salariales. Nous n'avons eu aucune augmentation de salaire depuis 1996 et nous n'avons reçu aucun argent neuf. Les gens qui travaillent dans les garderies ont vu à trois reprises ces communiqués pour les garderies situées hors des réserves, mais il n'y a rien eu pour celles situées dans les réserves.
Mme Sheila Kay-Machiskinic: De tels communiqués remontent le moral de la collectivité et le sapent aussitôt lorsqu'ils ne visent que les gens hors réserve. Les gens qui vivent dans les réserves doivent toujours attendre.
Le gouvernement provincial a pris l'initiative de nous exclure du règlement, et il a trouvé le moyen d'y parvenir. La surveillance et la délivrance des permis ont toujours été une priorité des Premières nations de la Saskatchewan, et elles le sont en ce moment aussi.
Plusieurs conseils tribaux ont élaboré des normes et des règlements qui l'emportent sur les normes et règlements provinciaux, et pourtant le gouvernement provincial refuse même de reconnaître cela.
Mme Bev Peel: On a formé un comité regroupant des représentants du gouvernement fédéral, du gouvernement provincial et des Premières nations, et on a demandé à la Federation of Saskatchewan Indian Nations de participer; nous avons donc un représentant au sein de ce comité. Je crois que le comité s'est réuni deux fois. J'ai pu participer à l'une de ces réunions, mais la deuxième a eu lieu à un moment où il y avait déjà autre chose de prévu.
C'est donc encourageant. Une partie du mandat du comité consiste à combler les lacunes. C'est pourquoi j'ai espoir qu'il en sortira quelque chose, c'est la toute première étape.
J'ai envoyé une copie du règlement des Premières nations de la Saskatchewan aux services sociaux, afin d'obtenir des commentaires. On m'a retourné la même copie, truffée de notes sur papillons adhésifs, sans même une lettre d'accompagnement. Nous n'avons donc pas eu beaucoup de soutien.
º (1650)
Le président: Nous étions en train de réfléchir à haute voix, et M. Tonks a fait une très bonne remarque, à savoir—et je m'adresse ici aux recherchistes—que nous devrions peut-être nous renseigner davantage au sujet de ce comité. Nous avons entendu parler d'un comité semblable au Manitoba, de sorte que nous avons cette idée, même si elle ne semble être qu'un début.
Et cela m'a tout l'air que la réponse à ma question, à savoir s'il y a beaucoup de coopération entre les trois entités, est essentiellement «non».
Je pense qu'il nous aiderait également de remonter quelque peu dans le temps. Y a-t-il eu une époque où le gouvernement de la Saskatchewan appuyait plus activement les services sociaux ou les services de développement de la petite enfance, de quelque type que ce soit, et assistons-nous à un recul par rapport à cette époque? De plus, l'excuse pour ne pas fournir les ressources est un peu celle-ci: «eh bien, vous devez vous débrouiller seuls; nous allons respecter votre autonomie gouvernementale», ou elle ressemble à celle-ci: «établissez vos propres normes, parce que nous n'allons pas vous donner de l'argent». Est-ce que je suis un peu injuste en disant cela? Y a-t-il eu une époque où il y avait plus de ressources?
Mme Bev Peel: Il y avait certaines ressources au début des années 1990. Il existait vraiment une bonne relation entre le conseil tribal de Meadow Lake et le gouvernement de la Saskatchewan. C'était le premier conseil tribal à avoir créé son propre règlement. Le gouvernement provincial avait écrit une lettre d'équivalence. Il y avait vraiment une bonne entente à l'époque, mais par la suite, quand on a élargi cela à l'échelle de la province, j'ai eu l'impression qu'il n'y avait pas assez d'argent. Quand l'eau se fait rare, les animaux deviennent plus agressifs. Il ne semblait tout simplement pas y avoir assez d'argent pour tout le monde.
N'écrivez pas cela dans vos notes.
Le président: Au contraire, c'est peut-être la meilleure remarque que vous ayez faite. Je trouve que c'est très bien.
Mme Bev Peel: Je crois que ce que nous faisons suscite une certaine satisfaction, et les gens des garderies ressentent beaucoup de fierté. Mais c'est une question d'argent; les ressources sont insuffisantes et tout le monde en veut une partie.
Le président: Il y a deux ou trois autres questions.
Nous nous demandions si des fonds de programme étaient attribués pour la mise en place d'infrastructures matérielles. Nous pensions aux services de garde d'enfants et à d'autres choses. Devez-vous vous débrouiller seuls? Par exemple, si vous créez une garderie ou une ressource quelconque pour les parents, devez-vous acheter les bâtiments? Y a-t-il de l'argent pour l'infrastructure?
Mme Sheila Kay-Machiskinic: Non, il y en a pas. Il y a uniquement des fonds de programme, et ces fonds sont prévus pour ce qui existe déjà. Comme je l'ai dit précédemment, il n'y a pas de fonds d'amélioration. C'est ainsi qu'il nous plaît de désigner ces fonds. Nous aimerions améliorer les choses--offrir plus de formation à nos aides de garderie, à nos parents, à nos collectivités. On puise dans les fonds qui sont déjà réservés, et nous les étirons au maximum. Il faut bien le dire, nos aides de garderie sont surchargées de travail et sous-payées, et elles font des dons. L'expression «campagne de financement» est devenue très courante au sein de toutes nos collectivités. Et ces activités causent également beaucoup de fatigue chez les aides.
Le président: Monsieur Breitkreuz.
M. Garry Breitkreuz: Merci.
J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt. J'ai remarqué que dans votre exposé, vous avez fait référence à plusieurs reprises au conseil tribal de Meadow Lake. Il se trouve que je viens moi-même de la Saskatchewan, et j'ai entendu citer ce conseil dans le cadre de nombreuses autres initiatives, et d'autres Premières nations essaient de modeler leurs propres initiatives sur celles de ce conseil. Y a-t-il autre chose dont on nous a pas parlé au sujet de ce conseil tribal? Que fait-il pour que d'autres nations le considèrent comme un modèle à suivre?
Mme Bev Peel: Je ne suis pas en mesure de parler de leur modèle, mais eux, il vous en parleraient volontiers, j'en suis certaine.
Ils avaient le programme d'aide préscolaire, et ils ont eu plus tôt du financement de la Fédération canadienne des services de garde à l'enfance, et c'est pourquoi ils ont été les premiers à offrir des programmes destinés aux enfants. Ils avaient une vision et ils ont commencé les premiers. Ils ont eu un programme de formation d'une durée de deux ans à l'Université de Victoria, et ils ont formé des aides de garderie avant que tout autre financement destiné aux services de garde ne soit déployé à l'échelle du Canada. Ils avaient donc déjà les aides. Ils avaient une garderie. Leur commission de la santé et du développement social disposait déjà de règlements. Ce sont donc des chefs de file. Ils ont également été en mesure d'accéder à d'autres sources de financement.
Est-ce que cela répond à votre question?
º (1655)
M. Garry Breitkreuz: Oui. Je me demande simplement pourquoi il en a été ainsi. Peut-être ne savez-vous pas pourquoi ils ont été les premiers. C'est un aspect sur lequel ce comité aimerait se pencher, je crois; par exemple, pourquoi ont-il conçu toutes ces choses?
M. Bev Peel: Je pense que cela s'explique par le fait qu'ils ont été les premiers à prendre une décision.
Le président: J'ai une question connexe. Je vous ai entendue dire plus tôt que lorsque l'argent vous parvient, les chefs, collectivement, essaient généralement d'être équitables et de répartir les fonds de manière équitable entre les collectivités, ce qui entraîne des manques parce qu'il n'y a pas assez d'argent. D'autre part, il y a l'exemple du conseil tribal de Meadow Lake, au sujet duquel j'ai également entendu beaucoup de commentaires positifs. Je me demande si la réponse à la question est qu'il faut les deux aspects à la fois. Cela me paraît extrêmement utile d'avoir un chef de file pareil, un groupe de pionniers qui montre ce que l'on peut faire lorsqu'on fait les choses correctement et quand on reçoit suffisamment d'argent. Est-ce que ça marche de cette façon en Saskatchewan?
Mme Bev Peel: Je suis vraiment très fière de tous les conseils tribaux qui ont toujours communiqué ce qu'ils ont fait. Ce sont les dirigeants, et ils ont communiqué ce qu'ils ont fait au cours des cinq années qui ont précédé l'octroi des fonds. Ils ont fait connaître à l'échelle du Canada ce qu'ils ont fait. C'est leur programme de formation que nous utilisons maintenant partout en Saskatchewan, et il s'agit d'un programme agréé. Ils sont un modèle, mais reproduire ce modèle requiert de l'argent. Eux disposaient de beaucoup d'argent lorsqu'ils ont lancé ce programme. Il n'y avait que quelques endroits au Canada qui avaient cette capacité; bien sûr, ce serait formidable de pouvoir appliquer ce modèle.
Le président: Quel était le programme que vous avez mentionné? Il était question d'une fédération.
Mme Bev Peel: C'était le fonds pour les initiatives en matière de soins de santé, obtenu par l'entremise de la Fédération canadienne des services de garde à l'enfance.
Le président: À quand remonte-t-il?
Mme Bev Peel: C'était avant l'octroi des fonds pour les services de garde, en 1996.
Le président: Eh bien, merci beaucoup.
La période passée en votre compagnie tire malheureusement à sa fin en raison des contraintes liées au temps et à la technologie. Cela a été très utile, et c'est intéressant, parce que nous nous rendons aux quatre coins du pays sans bouger d'ici, grâce à la technologie. Nous avons été au Manitoba, nous sommes maintenant avec vous en Saskatchewan et nous sommes sur le point d'aller vers le nord, au Yukon, tout en restant assis ici.
À notre avis, cela a été très utile parce que vous nous avez donné espoir. Vous nous avez donné des exemples de programmes qui fonctionnent, et vous nous avez donné également un point de contact. Nous aimerions rester en contact avec vous pendant que nous travaillons sur notre rapport.
Nous vous sommes très reconnaissants d'avoir pris le temps de nous parler. Pour vous aussi, cela vaut probablement mieux qu'avoir à se rendre en avion à Ottawa.
Mme Bev Peel: Puis-je prendre la parole?
Le président: Certainement.
Mme Bev Peel: C'est à propos de la procédure. Sheila n'a été mise au courant que pour hier, et moi, je n'ai été mis au courant qu'en fin de semaine. J'ai répondu à certaines questions qui m'ont été transmises la semaine dernière, mais je ne pensais pas être ici. En ce qui concerne les communautés qui doivent être choisies, nous aimerions avoir la chance de faire un véritable exposé de ce qui existe en Saskatchewan, voire d'inviter les membres de votre sous-comité à assister à une de nos réunions de travail.
Le président: Nous nous excusons du style brouillon. Cela reflète l'extrême difficulté du travail des organisateurs locaux, parce qu'ils passent leur temps à jongler... nous sommes soumis à des contraintes insurmontables quant au temps, tandis que nous tentons de produire un rapport, me croirez-vous, pour la mi-juin ou à tout le moins un premier aperçu de celui-ci.
Nous pouvons, au mieux, en obtenir un échantillon représentatif pour tout le pays. Il ne s'agit en aucun cas d'une étude complète. Cela me semble vite fait et brouillon. Nous sommes très heureux que malgré un avertissement tardif vous ayez pu nous fournir des renseignements si intéressants. Nous nous excusons du court délai mais, comme vous pouvez le constater, nous tentons l'impossible pour fournir un échantillon, si petit soit-il, provenant des quatre coins du pays, et pour vérifier les faits, pour que même si nous sommes ici à Ottawa, nous ne devenions pas complètement fous.
Nous apprécierions que vous nous fassiez également un rapport écrit. Les chercheurs en seraient ravis. Et pourriez-vous le faire rapidement, s'il vous plaît? parce qu'ici, la pression se fait forte. Nous aimerions que vous nous fassiez part de vos commentaires par écrit en ce qui a trait aux questions qui vous ont été transmises. Cela serait extrêmement utile, ce serait même génial.
Je crois que nous devons nous quitter, donc je vous dis au revoir.
Mme Bev Peel: Merci.
Mme Sheila Kay-Machiskinic: Merci.
Le président: Merci beaucoup. Au revoir.
Nous entrons en communication avec Whitehorse. C'est au Yukon et nous serons en communication avec des personnes provenant de deux communautés. Ils devraient être quatre.
Nous tentions de les informer que nous risquons d'être en avance.
Pourrions-nous tirer profit de ce moment, étant donné votre présence, ainsi que celle du quorum pour...? Je crois que nous pouvons encore l'inscrire au dossier. Pouvez-vous nous renseigner sur...? Je sais que ça n'est pas très habituel, mais pourquoi pas?
» (1700)
M. Garry Breitkreuz: Vous avez entendu des Manitobains décrire les problèmes, les conditions déplorables, la pauvreté. Le Meadow Lake Tribal Council a entrepris le développement économique. Ils ont pris le taureau par les cornes et ont entamé des projets prometteurs qui forgent l'estime de soi sur les réserves en fournissant des emplois aux gens.
Bien d'autres choses ont avancé sans l'aide financière du fédéral.
Ils ont dit: «Bon, ils ont les moyens.» Bien, d'où ces moyens viennent-ils? Pas de l'extérieur. Ils ont commencé par se rendre compte des conditions qui sévissent sur les réserves et ils ont décidé que la solution, c'était eux. Ils sont devenu un modèle. Ils se sont associés avec des gens de l'extérieur de la réserve pour développer l'économie et ainsi de suite. Je crois qu'il s'agit d'un modèle qui pourrait être reproduit à plusieurs autres endroits.
Le président: C'est un ensemble de communautés, non?
M. Garry Breitkreuz: Oui, c'est pourquoi l'histoire ne s'arrête pas là.
Le président: Combien de temps avez-vous...?
M. Garry Breitkreuz: Oh, plusieurs années.
Je veux y aller un jour.
» (1705)
Je crois qu'ils ont beaucoup progressé depuis 1994, lorsque nous avons commencé la première fois. Je siégeais alors sur le comité de développement des ressources humaines. Nous avons alors rencontré une résistance certaine, mais nous avons vraiment commencé à insister pour tenir une téléconférence. Au départ, le son était pourri et il n'y avait rien à comprendre, mais ça va très bien.
Le président: La résolution est bien meilleure.
Comme vous êtes présents et que vous semblez avoir une certaine expérience pratique... le problème que je tente de présenter aux invités manitobains est le suivant: Lequel vient en premier? Bien sûr, si l'histoire de Meadow Lake se poursuit, c'est qu'elle a commencé par le développement économique. C'est ça, l'essentiel du message.
La question est de savoir ce que nous faisons pour formuler une série de recommandations sur ce que nous souhaiterions avoir comme services entièrement intégrés pour les enfants. Commençons par des projets pilotes ou quelque chose du genre, mais on dirait que ça ressemble plus ou moins à Meadow Lake.
M. Garry Breitkreuz: Ma première question au Manitoba est: Avez-vous étudié d'autres modèles qui fonctionnent n'importe où au Canada et aux États-Unis? Et il y en a plus d'un. Il serait bon de s'y intéresser, même si nous ne le pouvons pas d'ici la mi-juin.
Même si vous aviez pris trois représentants du comité et que vous étiez réellement allé étudier quelques-uns de ces endroits dans le monde... Les Maori de Nouvelle-Zélande ont entrepris quelques projets qui fonctionnent. C'est au-delà de mes compétences, mais si vous comptez y faire quelque chose, allez étudier des endroits où cela a vraiment fonctionné.
Le président: Certainement. Nous sommes dans cette drôle de position, avec un mandat restreint, à savoir les enfants et les jeunes. Même si Nancy et moi siégeons au comité des affaires autochtones, il nous en faudrait une vision plus générale et dire que cela en fait partie. Nous essayons toujours de voir ce que nous pouvons faire de très utile.
Certainement, en termes généraux, il n'y a pas le moindre doute. Il est stupide qu'un paquet de services fédéraux indépendants s'installent dans une communauté et soient évalués selon des critères différents et comportent une date d'expiration qui diffère des autres. Il y a sûrement moyen de regrouper tout ça.
M. Garry Breitkreuz: Sans le développement économique et sans les emplois, les familles se séparent parce que les gens n'ont rien à faire et ils commencent à s'adonner à des activités qui causent l'éclatement de la famille. Lorsque cela arrive, qui écope? Les enfants. Ce sont les enfants.
J'ai vécu sur une réserve pendant quelques années. Ça brise le coeur de voir ce qui s'y passe.
Le président: C'était en Saskatchewan?
M. Garry Breitkreuz: Oui, c'était dans le Nord, Wollaston Lake. Des enfants restaient avec nous la nuit. C'est très difficile de voir ce qui s'y passe. Ça fait quelques années, mais les choses ne se sont guère améliorées depuis.
Le président: J'ai peut-être eu de la chance avec le choix des témoins, mais j'ai eu l'impression que les chose semblaient aller légèrement mieux en Saskatchewan qu'au Manitoba.
M. Garry Breitkreuz: Je ne sais pas si je suis de votre avis.
Le président: Merci de votre aide aujourd'hui. Vous avez l'avantage d'être en terrain connu, ayant vécu dans une réserve.
M. Garry Breitkreuz: C'est très intéressant pour moi de voir ce qui se passe. Je ne suis même pas au courant du mandat du comité. Je ne savais pas que votre échéance était à la mi-juin.
Le président: En quelque sorte, nous nous sommes imposés cette échéance, parce que nous désirons que ce rapport devienne le premier d'environ quatre rapports. Nous nous concentrons très étroitement sur des objectifs précis, actuellement précurseurs de six objectifs à l'intérieur de la réserve et de six autres à l'extérieur de la réserve pour l'automne. Nous pensions commencer avec les objectifs qui s'appliquent à l'intérieur de la réserve, parce que tout comme le gouvernement fédéral, nous contrôlons la plupart des éléments.
Bien sûr, plus on s'éloigne d'une réserve, plus les éléments sont déjà confiés à d'autres. Fait intéressant à noter, dans cette province, les enfants passent en premier, mais ça ne semble pas s'appliquer aux enfants autochtones. Est-ce simplement une question financière?
» (1710)
M. Garry Breitkreuz: Le gouvernement provincial n'a pas beaucoup d'argent. Voyez-vous, le pourcentage de population autochtone de Saskatchewan est plus élevé que dans toute autre province. Habituellement, le gouvernement provincial considère que c'est de compétence fédérale et n'est pas très intéressé à y consacrer de l'argent de son propre budget. La Saskatchewan n'a même pas les moyens d'aider ses agriculteurs, le fer de lance de l'économie. La province est démunie, et ne peut pas payer de subvention. Le gouvernement affirme simplement qu'il s'agit d'un domaine de compétence fédérale et il ne le finance pas.
M. John Godfrey: Et il ne l'a jamais fait.
M. Garry Breitkreuz: Il commence, mais il considère ensuite qu'il devra continuer. Il considère qu'il faut donner la priorité aux habitants hors-réserve. Les gouvernements de Regina et de Saskatoon ont une grande population autochtone et s'impliquent donc un peu plus, mais en ce qui concerne ce qui se passe dans les réserves, ils préfèrent que le fédéral s'en occupe.
Le président: Bienvenue à tous. Tandis que vous vous installez, laissez-moi vous expliquer rapidement qui nous sommes.
Ce comité observe la situation des enfants vivant dans les réserves depuis leur conception jusqu'à l'âge de six ans et essaie de déterminer comment nous pouvons leur venir en aide, particulièrement en tant que gouvernement fédéral, en coordonnant nos services applicables à la population des réserves.
Nous nous sommes promenés d'une région à l'autre du pays cet après-midi, grâce au miracle de la télévision. Nous sommes allés au Manitoba et en Saskatchewan, puis nous voici à Whitehorse. Nous sommes donc heureux de vous compter parmi nous, honorés, même. Les suggestions concernant les communautés que vous représentez proviennent du député du Yukon, Larry Bagnell, qui vous a érigé en modèle. Nous sommes donc ravis que vous ayez pu venir.
Carl Sidney, Kelly Morris, et Brenda Sam sont là. Bravo, tout le monde est là et c'est la joie.
Je comprends que vous représentez deux conseils différents et nous aimerions vous entendre. Je pense que nous vous avons transmis un peu de documentation et quelques questions.
Carl ou Kelly, est-ce que l'un de vous fera l'exposé et l'autre répondra aux questions? Ou vous vous partagerez le temps imparti? Comment voulez-vous procéder?
M. Carl Sidney (chef adjoint, Teslin Tlingit Council): Bonjour John. Merci de nous avoir invités. Comme tu vois, je ne parlerai pas beaucoup, car ma voix est en piteux état. J'aimerais vous remercier de me permettre de vous adresser la parole.
Teslin est à 114 miles de Whitehorse, d'où vient Brenda Sam. Kelly se chargera probablement de la majorité de l'exposé. Nous n'avons jamais reçu de questions, alors nous avons recueilli certains renseignements et les avons transmis à votre bureau par télécopie cet après-midi.
Je laisserai donc à Kelly et à Brenda le soin de se présenter, puis nous pourrons procéder.
Le président: Commençons, et nous verrons. Merci beaucoup d'être venus de si loin pour nous rencontrer.
Kelly, voulez-vous nous parler un peu de votre communauté?
Mme Kelly Morris (directrice de santé et programme social, Teslin Tlingit Council): Nous n'avons pas reçu de question et notre histoire est brève. Carl et moi travaillons à Teslin. Carl est membre du conseil exécutif et adjoint au chef de Teslin. Je suis la directrice de la santé et des services sociaux du conseil de Teslin Tlingit.
Avez-vous reçu les renseignements que je vous ai transmis par télécopieur?
Le président: Nous avons reçu les notes de votre vidéoconférence sur les enjeux concernant les enfants à risque de Teslin. Kelly, nous aimerions que vous nous en parliez.
» (1715)
Mme Kelly Morris: Je veux bien.
Carl et moi avons rencontré le personnel du ministère de la Santé et des Services sociaux à Teslin et nous avons discuté des risques auxquels les enfants de la période prénatale à l'âge de six ans de Teslin sont exposés. Il s'agit d'une partie des discussions que nous avons eues et nous avons choisi ces sujets.
Je vais les lire. Les problèmes concernant les enfants à risque de Teslin ont été abordés en long et en large. Le programme Bon départ serait très profitable pour notre communauté. Pour les enfants d'âge préscolaire, la garderie pourrait intégrer ce programme au sien.
Le soutien financier et le soutien au programme offriraient aux enfants une meilleure programmation et un meilleur enseignement, et cela les préparerait mieux pour l'école. Le fait est que trois communautés du Yukon, je crois, disposent du financement de Bon départ. Le financement se limite à celles-ci. Le reste des communautés du Yukon n'a pas eu droit à Bon départ. Nous avons une garderie viable en fonction qui en bénéficierait à Teslin pour nos jeunes de moins de six ans.
Il y a un manque de ressources dans la communauté pour traiter les enfants atteints de maladies chroniques. Nous avons un centre de santé qui ne dispose que de deux infirmières pour aider la communauté ainsi que d'un médecin qui vient passer une journée deux fois par mois. Ils viennent de Whitehorse.
Il n'y a qu'un hôpital au Yukon et il se trouve à Whitehorse. Vous le savez probablement, la communauté de Teslin est à deux heures de Whitehorse. Plusieurs des services spécialisés dont nous avons besoin pour des soins de santé de toute sorte ou les services spécialisés pour nos enfants ne sont disponibles qu'à Whitehorse et sont dispensés par des spécialistes qui viennent du sud, de l'Alberta ou de la C.-B. Généralement, on doit faire face à une liste d'attente pour rencontrer un spécialiste, ou encore envoyer les enfants en Alberta ou en C.-B. L'accès aux services et aux installations hors du Yukon nous semble de plus en plus difficile.
Un des problèmes qui se pose pour une communauté éloignée comme la nôtre, c'est que la majorité des ressources auxquelles ont accès les communautés pour leurs enfants de moins de six ans ne sont disponibles qu'à Whitehorse. Un sondage récent indique que 80 p. 100 des services et ressources se trouvent à Whitehorse et que seulement 20 p. 100 sont disponibles dans les communautés éloignées. Comme vous pouvez le constater, les communautés manquent réellement de ressources.
Nous avons des programmes en collaboration avec Santé Canada, les Premières nations et le programme de soins de santé Inuit. À Teslin, nous avons le programme Healthy Moms and Babies. Nous avons accès à du financement grâce à l'Initiative Autochtones sur le diabète et à du financement pour l'alimentation pour le PCNP ainsi que le programme de soins communautaires et à domicile. Ces programmes fonctionnent par proposition et on craint constamment qu'ils se terminent faute de financement. Nous aurions besoin qu'on ces programmes parce que ce sont les enfants de aéro à six ans qui en bénéficient.
L'EFA et l'E.A.F constituent un autre problème qui affecte les communautés du Yukon. Plusieurs enfants ne sont pas diagnostiqués parce que personne au Yukon ne peut diagnostiquer ces problèmes. Le personnel de soutien a accès à très peu de formation dans notre communauté. Il comprend le personnel de soutien pour les enfants handicapés.
La plupart des édifices de Teslin ne sont pas accessibles aux fauteuils roulants. Si nous avions un enfant qui devenait handicapé, cela présenterait de très grandes difficultés parce que la plupart des édifices de Teslin ne sont pas accessibles en fauteuil roulant, dont notre école. Même notre épicerie est un tout petit poste de traite et il serait très difficile d'y amener un fauteuil roulant ou un autre genre d'équipement pour handicapés. Et notre garderie aussi est située dans une maison ancienne familiale. Nous en avons fait une garderie. Donc même notre garderie est située dans un bâtiment, à deux étages qui n'est pas accessible aux enfants handicapés.
Le Child Development Centre de Whitehorse dessert les communautés éloignées et Teslin reçoit des services une fois par mois pendant environ quatre ou cinq heures, puis les médecins retournent à Whitehorse.
La pénurie de logements familiaux constitue un autre problème important pour notre communauté. Certaines de nos familles habitent des maisons trop petites pour le nombre de personnes qui y vivent, ou qui ne respectent pas les normes de santé et de sécurité.
Autre problème: les infrastructures. À Teslin, les terrains ne sont pas subdivisés adéquatement pour répondre à nos problèmes sur le logement. Le conseil des Tlingits de Teslin a éprouvé des difficultés à accéder au financement pour aménager des lots destinés au développement résidentiel.
» (1720)
En ce qui concerne eau, la plupart de nos maisons son approvisionnées, la municipalité s'en charge. En fait, nous avons craint un peu la présence de la bactérie E. Coli la semaine dernière, ce qui nous a bien démontré qu'il faut commencer à s'occuper de certaines choses, comme la sécurité de nos réservoirs d'eau. Il s'agit de fonds que nous avons eu de la difficulté à obtenir, même pour une chose aussi importante pour des familles avec des enfants.
Nous devons revenir rapidement à la question de la garderie. Cette installation se trouve dans une résidence familiale transformée en garderie. Ce devait être temporaire. Cela dure depuis six ans, et en soi cela constitue un problème parce que cela limite le nombre d'enfants que la garderie peut accueillir. Il s'agit de la seule garderie, alors les gens ont souvent de la difficulté à sortir et à trouver un emploi à cause de l'accès restreint aux services de garde.
Un des avantages que nous voudrions offrir aux enfants est un vrai bâtiment pour abriter la garderie dans la communauté. Cela conviendrait mieux aux besoins d'éducation des enfants de notre communauté, et le bâtiment actuel pourrait redevenir une résidence, ce qui est sa vocation première.
Les installations récréatives de notre communauté constituent un autre problème de taille. Les enfants de notre communauté, notamment ceux de zéro à six ans, ne disposent d'aucun terrain de jeu, parc ou quoi que ce soit. Nous n'avons aucun parc, quel qu'il soit, mais il y en a déjà eu un. Comme il est indiqué, nous avions un parc. On devait en réparer la structure, mais comme elle était toute pourrie, cela n'était pas sécuritaire pour les enfants et on a dû la démolir. Il s'agissait d'un parc pour les enfants de zéro à six ans. On l'a démoli il y a quelques années e,t à ce jour, il n'a pas été remplacé.
Finalement, nous avons besoin de plus de programmes pour nos enfants, mais en même temps, nous avons besoin de financement ferme pour ces programmes. Il serait préférable d'obtenir un financement à long terme.
Nous vous remercions.
Le président: Merci beaucoup, Kelly et Carl.
Brenda, pouvez-vous nous parler un peu de votre communauté, nous dire où elle est située et dans quelle situation se trouvent les enfants?
Mme Brenda Sam (Conseil Ta'an Kwach'an): Je travaille à titre de représentante en santé communautaire pour le conseil des Ta'an Kwach'an. Ce conseil existe depuis peu et je vais vous faire un bref historique de sa création.
Le conseil des Ta'an Kwach'an représente la population du lac Laberge. En 1951, des représentants du ministère des Affaires indiennes sont venus au Yukon et ils ont décidé que notre peuple avait besoin de réserves. Le lac Laberge en est donc devenu une, de même qu'une localité de la bande indienne de Whitehorse aujourd'hui appelée la Première nation de Kwanlin Dun. En 1956, comme ces deux bandes étaient assez proches l'une de l'autre, à 25 milles de distance, en fait, le gouvernement a décidé de les fusionner. Notre bande est ainsi devenue la bande indienne de Whitehorse.
La population du lac Laberge considérait qu'un grand nombre de programmes ne répondaient pas à leurs besoins et une motion est adoptée en 1987, dans une assemblée générale des Indiens du Yukon, afin de revenir à la situation antérieure, c.-à-d. de séparer la bande en deux pour former la bande de Whitehorse et la bande du lac Laberge. En 1998, le gouvernement tient un référendum dans la première nation de Kwanlin, à savoir si les membres de ces deux premières nations veulent oui ou non se séparer. Ils ont répondu par l'affirmative et le conseil des Ta'an Kwach'an est devenu une bande indienne reconnue. Nous sommes une première nation depuis quatre ans seulement.
Jusqu'ici, nous n'avons pas été en mesure d'offrir que les services de base à nos membres. Kwanlin Dun étant dorénavant une première nation de plus grande taille, elle a droit à plus de programmes et de services. Nous sommes constamment en compétition avec cette première nation et on répond souvent à nos demandes en disant que Kwanlin Dun reçoit déjà tel programme et tel service. Comme vous pouvez le voir, nous avons grandement besoin de programmes et de fonds afin de répondre aux besoins de notre peuple du conseil des Ta'an Kwach'an.
» (1725)
Le président: Merci beaucoup.
Monsieur Breitkreuz, avez-vous une question?
M. Garry Breitkreuz: Oui. J'aimerais savoir combien il y a de bandes dans le Yukon et si vous êtes familier avec les programmes offerts dans les autres réserves des premières nations. Connaissez-vous des programmes dans ces réserves qui pourraient servir de modèles de réussite?
Mme Kelly Morris: Il y a 14 premières nations dans le Yukon. Est-ce bien cela? Oui.
Le programme Bon départ pourrait, je crois, être un modèle de réussite. Je crois qu'il est offert dans la première nation Tr'ondëk Hwëch'in--
Mme Brenda Sam: Oui, dans Tr'ondëk Hwëch'in, dans Dawson, et dans la première nation de Kwanlin Dun.
Mme Kelly Morris: Kwanlin Dun et Watson Lake--
Mme Brenda Sam: Et à Watson Lake, oui.
Mme Kelly Morris: Les Kaskas.
M. Garry Breitkreuz: C'est bien.
Avez-vous une assez longue expérience de ces programmes mis en place dans vos réserves?
J'ai remarqué que vous avez dit à la fin de votre rapport que vous aimeriez obtenir du financement à plus long terme. Si ces fonds étaient disponibles, quels programmes souhaiteriez-vous mettre en place? Sur quel modèle vous baseriez-vous? Existe-t-il des programmes qui fonctionnent bien et qui pourraient être adaptés à votre situation?
Mme Kelly Morris: Nous avons le programme Healthy Moms, Healthy Babies offert par l'entremise de la DGSPSP de Santé Canada. Nous avons mis ce programme en place l'an passé, dans le cadre d'un projet pilote. Nous en sommes donc à notre deuxième année et ce projet pilote prendra fin après la présente année financière.
Il fonctionne assez bien dans notre collectivité. On vient tout juste de le mettre en place, mais il est déjà très populaire. Il est très intéressant pour les futures mères et bénéfique pour les bébés qui restent à la maison jusqu'à un an.
Il serait vraiment bien que nous puissions conserver ne serait-ce que ce programme. Les projets pilotes, c'est bien beau, mais on voudrait bien ne pas les perdre. Celui-ci est réellement bénéfique.
Dix bébés ont vu le jour dans notre collectivité l'an passé bien que nous ne soyons qu'une petite collectivité de quelque 300 personnes. Non seulement devons-nous répondre aux besoins des enfants de la réserve, mais aussi aux besoins de tous les bébés de la collectivité. Ce programme a été mis en place non seulement pour les membres de notre réserve, mais pour l'ensemble de la collectivité.
Le programme sur le diabète apporte un peu d'argent au Yukon. Ces fonds restent généralement en en un point central. Nous avons eu beaucoup de difficultés à obtenir des fonds de Santé Canada, qui préfère que ces ressources financières demeurent centralisées. Mais nous avons pu avoir accès à de petits montants pour venir en aide à la collectivité. Je crois que cette année seulement, nous arrivons à quelque 3 000 $.
Un projet pilote a été mis en place dans les premières nations de Champagne et de Aishihik, au Yukon, dans le cadre du Programme des soins à domicile et en milieu communautaire. Ce programme touche les services de soutien à domicile et la formation. C'est un nouveau programme offert dans le nord que nous recherchons. Mais il a déjà été mis en place à Haines Junction, à titre de projet pilote. Aucune des 13 autres collectivités n'offrent ce programme jusqu'ici--mis à part la première nation de Kwanlin Dun, peut-être, qui a effectué un transfert de responsabilités en matière de santé. Cette première nation possède maintenant son centre de santé. C'est toujours ça.
Ce qui nous préoccupe, c'est notre capacité de donner de la formation, d'apporter de l'aide aux personnes handicapées, aux malades chroniques, ou d'offrir un service de soutien à domicile aux gens qui ont besoin de s'arrêter, de prendre un peu de répit. J'essaie de me rappeler le nom--
Le président: Des services de relève.
Mme Kelly Morris: Le Yukon ne dispose pas de beaucoup de ressources pour les soins à domicile et communautaires. L'un des problèmes sur lequel je crois que même Brenda sera d'accord, est que les fonds que vous distribuerez au Yukon ne suffiront pas à assurer des services à toutes les collectivités. Ce ne seront que des expédients, parce que nous aurons moins de 100 000 $ pour voir à tous les besoins des collectivités et prendre la responsabilité de ces services. Il a toujours été très difficile d'adapter les programmes de façon qu'ils fonctionnent bien.
Nous sommes présentement à l'étape de la planification des soins de santé qui n'étaient offerts qu'au sud du 60e parallèle et nous prenons les arrangements nécessaires pour le transfert de ces responsabilités en matière de santé. La bande de Kwanlin Dun a pu obtenir ces montants pour la planification des services de santé et elle prend des arrangements depuis un mois en vue du transfert de ces responsabilités. Alors cette bande a pu avoir accès à cela.
Les membres de cette bande ont décidé de lancer un autre projet pilote dans le Yukon et Watson Lake reçoit des fonds cette année pour la planification de services de santé. Dans ce contexte-ci, le cas par cas s'applique bien pour déterminer les besoins de la collectivité, offrir des services de santé et promouvoir la santé, même auprès des jeunes et des enfants à risque de 0 à 6 ans. C'est ainsi qu'il faut déterminer les besoins. Nous devons faire un peu de politicaillerie pour tâcher que les collectivités obtiennent des services et les fonds nécessaires pour faire un peu de planification en matière de santé.
Tous les services offerts dans le sud ne sont pas toujours offerts dans le nord. Nous en avons ici un exemple. Mais ce qui est indissociable, c'est que les problèmes du nord sont différents des problèmes du sud, et cela, on ne le reconnaît pas toujours. On nous impose des façons d'offrir des programmes qui fonctionnent peut-être bien dans le sud, mais qui ne conviennent pas au nord. Il faut parfois tenir compte des gens du nord qui vivent dans un contexte très différent de celui du sud. Nous ne pouvons nous permettre d'avoir une infirmière dans chacune des collectivités des premières nations, des choses comme ça, et ce n'est qu'un exemple.
» (1730)
Le président: Monsieur Breitkreuz, avez-vous d'autres questions?
M. Garry Breitkreuz: J'ai une dernière question. Est-ce que la signature des ententes d'autonomie gouvernementale dans le Yukon a eu des répercussions sur les programmes et les services offerts dans ces collectivités?
Mme Kelly Morris: Nous ne consacrons pas beaucoup de notre temps à la production de rapports, parce que des négociations sont en cours visant le transfert de fonds à la collectivité et nous sommes à déterminer comment nous procéderons pour offrir les services qui ont été négociés.
L'une des difficultés que nous avons rencontrées réside dans le processus de négociation lui-même. Tout ce qu'ils veulent négocier, c'est ce qui existe, et non ce qui est requis pour offrir ce service. Les collectivités en tant que premières nations autonomes négocient encore des fonds qui leur permettraient de couvrir les services qu'elles se sont engagées à offrir. Nous n'avons pas suffisamment de fonds.
Je reviens à la question de la planification en matière de santé. Lorsqu'on a planifié les services de santé dans le sud et pour la bande de Kwanlin Dun, on n'a pas examiné les programmes existants, mais ce dont on avait besoin, et ensuite on a examiné ce qu'il en coûterait pour effectuer le transfert des responsabilités en matière de santé. C'est différent des arrangements en matière de transfert de services où tout ce qui a été mis sur la table, ce sont les programmes, le financement, et l'établissement de quelques taux.
Le président: Merci.
Monsieur Tonks.
M. Alan Tonks: Monsieur le président, j'allais poser une question à savoir si l'un ou l'autre de ces deux conseils avait appliqué les ententes sur le transfert de responsabilités. Il semble que vous en soyez exclu parce que vous êtes au nord du 60e parallèle. Est-ce exact?
Mme Kelly Morris: Toute la planification en matière de santé a été effectuée dans le sud. Ce n'est pas tout le nord qui a accédé à l'autodétermination. Le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest ont fini de négocier et huit premières nations du Yukon ont signé leur entente d'autonomie gouvernementale. Six autres premières nations signeront ces ententes sous peu. Si les fonds affectés à la planification en matière de santé n'ont pas été versés dans le nord, c'est en partie parce que nous avons accédé à l'autodétermination et que nous négocions des ententes de transfert de responsabilités.
M. Alan Tonks: Je vois.
D'autres députés nous ont dit qu'il existe un programme au Québec, une sorte de guichet unique, si vous me permettez cette comparaison un peu boiteuse. Cette province a ouvert des centres de services communautaires. Le Programme d'action communautaire de Santé Canada--le PACE--et le Programme canadien de nutrition prénatale (PCNP) sont offerts par l'entremise de ce réseau provincial. Ce modèle pourrait-il s'appliquer à votre situation?
» (1735)
Mme Kelly Morris: Nous devrons nous informer et examiner cette avenue, parce qu'elle nous semble intéressante. Nous avons le PACE et le PCNP dans le nord. Mais pour ce qui est du PCNP, par exemple, notre communauté ne reçoit que 6 000 $ par année.
M. Alan Tonks: Ainsi, vous avez également besoin de financement de base pour coordonner ce genre de programme, mais le problème, c'est qu'il n'y a pas d'argent pour le financement de base.
En ce qui concerne la création d'emplois, existe-t-il un modèle de développement économique qui soit financé par le truchement de programmes provinciaux ou fédéraux?
Mme Kelly Morris: Non, je n'en connais aucun.
M. Alan Tonks: Est-ce une priorité--pour le développement économique local, communautaire, les coopératives, le travail à but non lucratif? Y a-t-il des possibilités de ce côté-là?
Mme Kelly Morris: Un programme me vient à l'esprit, il s'agit de Rassembler nos forces. Vous connaissez ce programme?
Nous avons obtenu un plan de gestion grâce aux fonds affectés au développement économique et nous planifions la gestion des forêts à Teslin. Seuls trois ou quatre emplois seront créés à l'échelle locale, parce que nous n'avons pas l'expertise technique nécessaire. Elle ne peut venir que de l'extérieur.
La Commission royale sur les peuples autochtones fait partie de cela également.
M. Carl Sidney: Voyons si je peux vous aider.
Nous avons essayé, dans la mesure de nos moyens, de créer des ouvertures sur le plan du développement économique. Nous avons ouvert une scierie afin de créer des emplois, mais avec les droits sur les exportations et tout ce qui se passe de l'autre côté de la frontière, nous avons dû la fermer. Maintenant, c'est au point mort. Alors pour ce qui est des efforts fournis sur le plan économique, nous n'avons pour ainsi dire rien du tout en ce moment.
M. Kelly parle des possibilités de mettre en place une garderie mieux adaptée. Nous pourrions envisager d'y placer un plus grand nombre d'enfants et de former des gens qui y travailleront. La construction de ce nouveau service aiderait nos jeunes travailleurs. La garderie que nous avons présentement, de dire M. Kelly, est une maison privée qui a été temporairement transformée en garderie il y a six ans de cela. Les enfants qui ont fréquenté cette garderie depuis son ouverture ont commencé l'école l'année dernière et, d'après les enseignants, ils sont très différents parce qu'ils ont commencé à apprendre en garderie. Ils ont commencé leur socialisation et ils ont suivi un programme préscolaire. Il y a donc des avantages à avoir une garderie.
L'autre sujet abordé par M. Kelly porte sur les personnes handicapées. Nous n'avons pas de personnel ayant la formation nécessaire pour répondre aux besoins des enfants handicapés. Nous n'avons pas l'équipement nécessaire pour assurer leur transport non plus. Nous sommes à environ deux heures de route de Whitehorse. En été, il nous faut jusqu'à trois heures, à cause du tourisme. La route n'a que deux voies et le trafic augmente. Il vaut mieux que je m'arrête ici.
M. Alan Tonks: Merci, monsieur le Président.
Le président: Le Yukon est un territoire et, de toute évidence, il est différent d'une province. Nous savons qu'il nous faudrait coordonner nos services avec ceux d'Ottawa, et éviter ainsi qu'ils ne viennent des différents ministères comme Santé Canada, le Développement des ressources humaines et le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien.
En fait, si nous pouvions créer un fonds commun de façon coordonné--et bien sûr avoir plus d'argent; ça pourrait être une solution également--ce serait utile. Mais il serait préférable, le cas échéant, de coordonner nos efforts à ceux des divers services sociaux des provinces et des territoires.
Nous venons de visiter virtuellement la Saskatchewan et nous savons que ce gouvernement provincial souhaite ne pas devoir s'engager à fournir des services sociaux dans les réserves. La population y est nombreuse et on pense qu'il revient plutôt au gouvernement fédéral d'offrir ces services. Je pense aussi qu'il a déjà suffisamment de difficultés à répondre à ses propres obligations.
Quelle est la situation dans le Yukon? Les services sociaux des territoires offerts à l'ensemble de la population sont-il également offerts dans les réserves ou les premières nations?
» (1740)
Mme Kelly Morris: En matière de santé?
Le président: Je pense aux services qui peuvent être nécessaires aux enfants et à leurs familles--les ressources familiales, les programmes de santé maternelle ou les programmes pour les enfants handicapés, etc. Le Yukon pense-t-il que les membres des premières nations sont comme tout autre citoyen, entièrement admissibles aux services, s'ils sont à leur portée?
Mme Kelly Morris: Cela dépend du ministère. Celui-ci est très particulier. S'il s'agit des services de soutien à domicile, on ne vous aidera pas du tout si vous avez le statut d'Indien.
On s'attend à ce que le MAINC assure ces services, mais il n'y a pas de personnel formé à cette fin. Combien de personnes dans le nord sont disposées à travailler à 7 $ l'heure? C'est le salaire que verse le MAINC.
Le président: Y a-t-il des secteurs où le gouvernement du Yukon offre de l'aide si une ressource n'est pas offerte dans la réserve?
Je pense à ce centre de développement de l'enfant. Cela semble un peu bizarre; on dirait un centre mobile, comme une bibliothèque ambulante ou quelque chose du genre. C'est un service qu'offre le gouvernement du Yukon quatre ou cinq fois par mois si j'ai bien compris.
Est-ce un service offert exclusivement aux premières nations? En quoi consiste ce service?
Mme Kelly Morris: Il est offert à Teslin une journée par mois et il s'adresse à l'ensemble de la collectivité. Nous apprécions qu'ils veillent au développement des bébés et des jeunes enfants. Alors ils passent une bonne partie de leur temps à la garderie. Ils assurent un suivi avec les parents, les encouragent à stimuler le développement moteur de leurs enfants, etc. C'est donc bénéfique pour les enfants de Teslin.
Nous avons parlé de fusionner divers programmes du ministère de la Santé, notamment, et de DRHC. Nous avons un peu d'argent de DRHC pour les besoins de notre garderie. Notre ministère de l'Éducation s'occupe de répondre aux exigences de DRHC en matière de rapports. J'ai une peur bleue à la pensée que ces services puissent tout à coup être fusionnés. Ils ont beaucoup d'exigences et le Conseil de la collectivité de Teslin doit engager un employé à temps complet exclusivement pour faire des rapports à DRHC.
Le président: Parlez-vous du ministère de l'Éducation du Yukon?
Mme Kelly Morris: Teslin est une première nation autonome composée de ministères. C'est un vrai gouvernement. Nous avons un ministère de l'Éducation, un conseil exécutif, un ministère des Finances, des Terres et des Ressources, un ministère de la Santé et du Développement social, des capitaux et une infrastructure. Nous avons tous ces ministères.
Le président: Vous pouvez peut-être m'aider à comprendre ici. Vous êtes une première nation autonome et le ministère de l'Éducation dont vous parlez est votre propre ministère. Mais si je fusionnais une multitude de ressources en un fonds commun, afin d'allouer plus rationnellement les fonds en fonction des besoins que les collectivités elles-mêmes auraient déterminés, vous me dites que votre ministère de l'Éducation a établi des règles tellement lourdes que vous ne souhaitez pas qu'elles relèvent de ce ministère, est-ce que je me trompe? Est-ce parce que vous devez présenter des rapports au MAINC?
» (1745)
Mme Kelly Morris: C'est à cause de DRHC. Le programme de DRHC est à lui seul un véritable casse-tête; en fait, il est un véritable casse-tête pour tout le gouvernement. Nous avons demandé à notre personnel responsable des ententes de transfert de programmes et de services de discuter de ce programme. Nous avons eu des difficultés à faire avancer le dossier en vue de conclure une entente de transfert de service. Ils ne veulent tout simplement pas négocier.
Le président: Ce ETPS dont vous venez de parler, de quoi s’agit-il? Que veut dire cette expression?
Mme Kelly Morris: ETPS. Cela veut dire--
Le président: C’est un instrument de négociation--?
Mme Kelly Morris: --Entente de transfert de programmes et de services. Il s'agit d'un processus de négociation des programmes entre le gouvernement fédéral et le gouvernement des Premières nations. Parfois, le gouvernement territorial du Yukon en fait aussi partie, car ils essaient eux-mêmes de négocier à la baisse la portion du programme dont ils s'occupent pour nous. Il y a donc trois gouvernements à la table de négociations.
Le président: C'est bon à savoir. Pourrait-on, avec l’ETPS, négocier autre chose que la santé? Pourrait-on négocier les affaires du DRHC ou du MAINC ou de n'importe quel ministère fédéral?
Mme Kelly Morris: Oui, ça peut venir de n'importe quel ministère, autant fédéral que territorial.
Le président: Je n’ai pas l’intention de poursuivre ceci trop loin, mais à vous écouter, il me semble que nous ayons ici une sorte de modèle pour effectuer les transferts. La meilleure méthode que nous ayons découverte, surtout au sud du 60e parallèle je pense, est celle des ententes de transfert des responsabilités en matière de santé. Mais celles-ci ne s'appliquent qu'aux programmes de Santé Canada. Si je comprends bien ce que vous me dites, dans votre situation particulière il existe une façon plus générale--l'ETPS--d’effectuer le transfert des ressources et autres choses dont vous avez besoin pour faire de la programmation. A première vue, il semble que cette méthode rendrait la coordination plus facile, à condition d'avoir une bonne méthode de transfert et de comptabilité, de s'assurer ainsi que les fonds soient consacrés aux enfants, et que les résultats montrent des progrès. Est-ce que j'ai bien saisi?
Mme Kelly Morris: Oui, c'est en effet un bon processus. Mais l'un de nos problèmes est la négociation même. Souvent, avec le MAINC... Bon, je vais parler pour le MAINC. Jusqu'à maintenant, les programmes que nous avons négocié à la baisse avec Santé Canada sont des programmes déjà existants. Parfois, en négociant un programme existant, comme beaucoup de programmes des Premières nations en place là-bas--le RSC, le PLAADA, les programmes de type "Grandir ensemble", etc., nous avons négocié tous ces programmes à la baisse de telle sorte que nous n’avons plus d'accords de contribution ou de comptes à rendre. Ces programmes sont maintenant sous notre responsabilité. Mais il faut encore négocier la partie financière; tout ce qu’ils sont prêts à donner, c’est ce que nous recevions auparavant.
M. Carl Sidney: Quelqu’un a demandé tout à l’heure si les programmes s'étaient améliorés pour nous depuis que nous avons signé notre entente, et je dirais que la réponse est oui, parce que nous pouvons les modeler selon nos besoins et selon notre perception des besoins de nos enfants, plutôt que selon les critères venus d'en haut. Je dirais donc que oui, les choses se sont améliorées.
Le président: Allez-y.
Mme Brenda Sam: Notre situation est différente parce que nous venons juste de signer notre accord sur les revendications territoriales. Nous amorçons tout juste nos propres négociations pour ce qui est de nos programmes et services. De plus, comme je l'ai mentionné plus tôt, le conseil Ta'an Kwach'an est continuellement en compétition avec la Première nation Kwanlin Dun, une autre Première nation de Whitehorse.
A chaque fois qu’un nouveau programme ou un nouveau financement est offert, ou que nous essayons de tirer parti d’une chose ou d’une autre, nous nous faisons toujours dire que Kwanlin Dun l’a déjà et que Kwanlin Dun le reçoit déjà. La réponse qu'on nous donne est toujours: «Ils le reçoivent et ça n’ira pas plus loin».
Ta'an souffre en ce moment d'une grande pénurie de programmes et de services pour notre communauté et pour nos membres.
Prenons pour exemple Kwanlin Dun. Il s'agit d'une Première nation de dimension importante. Ils ont tous les services et programmes nécessaires à leur besoins. Ils ont la Garderie Ashea, située au beau milieu de la communauté de la Première nation Kwanlin Dun, d’où ils offrent le PAPA (programme d'aide préscolaire Head Start). C’est un bon programme qui répond bien à leurs besoins, mais les autres communautés en sont exclues; elles n'ont pas le PAPA.
J’aimerais que nous ayons accès au PAPA.
J'ai déjà travaillé pour Kwanlin Dun comme RSC. J'y ai travaillé pendant huit ans. Lorsque le PAPA a commencé à la garderie, j'ai pu constater l'effet positif qu'il a eu sur nos enfants. Ils étaient bien préparés pour l'école. Il n’y a qu'à parler aux éducateurs et éducatrices de la garderie et même aux enseignantes et enseignants de l'école là-bas, pour se rendre compte qu'ils voient une grosse différence.
Je pense qu'il y a cinq ans maintenant que le PAPA fait partie de la garderie Ashea. L'an dernier, ils ont donc produit leurs premiers résultats. Ca a fait une grosse différence pour les enfants qui y ont participé. Ils ont modelé le programme de façon à répondre à leur besoins, et ont enseigné aux enfants leurs valeurs traditionnelles. Ils ont invité des aînés, leur ont servi des repas traditionnels. Ils leur ont aussi montré comment écrire leur nom et tout.
Nous pourrions tous tirer avantage du PAPA.
De plus, a Kwanlin Dun, ils ont le Healthy Families Program (le programme Familles en santé). Ce programme n'est offert qu’à Whitehorse à partir de Kwanlin Dun. Le gouvernement du Yukon a son propre programme Healthy Families, et je pense que Carcross/Tagish ont aussi Healthy Families, mais le programme est rattaché au gouvernement du Yukon.
Kwanlin Dun est toujours, et de bien des façons, un pas en avant de toutes les autres Premières nations, ou même deux pas en avant de nous. En tant que RSC, je peux offrir le programme PCNP à mes membres, mais ce dernier ne s'applique qu’aux bébés de moins d'un an. Lorsqu'un un enfant atteint un an, ça me fait mal au coeur d'avoir à dire à la mère que je ne peux plus lui offrir aucun service. Beaucoup des mamans, neuf fois sur dix, vivent sous le seuil de pauvreté, et il est probable que neuf fois sur dix, notre communauté entière, notre Première nation tout entière vit sous le seuil de pauvreté.
» (1750)
Le président: Au nom du comité, je tiens à vous remercier beaucoup de votre assistance. Nous y gagnons sûrement à faire ces excursions électroniques, car les conditions diffèrent tellement partout au pays.
Par exemple, nous avons appris cet après-midi qu'il y a certes certains inconvénients à vivre au nord du 60e. Mais il semble y avoir aussi certains avantages pour ce qui est de trouver le moyen de transférer les programmes aux Premières nations afin qu'elles puissent elles-mêmes les administrer.
Selon votre témoignage, l'une des grandes fautes du gouvernement fédéral est d'entreprendre des programmes pilotes qui fonctionnent bien, et ensuite de les abandonner malgré leur succès. Cela n'aide pas. On ne peut rien planifier dans de telles conditions.
Un thème que je vois revenir constamment est celui d’une pénurie absolue de ressources. Vous signalez aussi un manque de ressources coordonnées. Je pense que le dernier exemple que vous avez donné, Brenda, illustre bien le problème; vous commencez à travailler avec tous ces enfants, et tout va bien; mais aussitôt qu'ils atteignent l'âge d'un an, vous devez les laisser tomber parce qu'il n'existe aucun ensemble coordonné de services pour prendre en charge la période entre la conception et l'âge de six ans.
Je suis encouragé de voir que ces services existent, qu’ils font une différence visible et palpable, qu'ils fonctionnent, que les enfants sont bien préparés pour l'école, et ce sont là de bonnes nouvelles. Nous sommes heureux qu’il y en ait une preuve concrète.
L'aide et les conseils que vous nous avez apporté dans notre travail nous ont été très précieux. Nous sommes ici pour défendre votre cause. Je pense que nous avons compris ce que vous êtes venus nous dire. J'espère maintenant que nous serons en mesure de formuler un ensemble de recommandations assez flexibles pour non seulement refléter les situations très diverses qui nous ont été présentées, mais aussi pour prendre une certaine orientation--une meilleure coordination, plus de ressources, plus d'autonomie, plus d'attention apportée aux questions de cultures et de langues--comme condition de notre réussite.
Au nom du sous-comité, je vous dis donc un grand merci. Nous apprécions tout particulièrement le fait que, même si vous n'ayez pas eu à vous rendre jusqu’à Ottawa, il vous a quand même fallu voyager jusqu'à Whitehorse, ce qui n'est pas qu'une petite affaire pour vous. Un grand merci pour toute votre aide, et si vous avez--
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Mme Brenda Sam: Puis-je me permettre un autre commentaire?
Le président: Mais bien sûr.
Mme Brenda Sam: Au cours de mon travail de RSC dans ma communauté pendant les derniers 25 à 30 ans, j'ai eu affaire à des enfants souffrant de SAF et EAF. Le problème se retrouve maintenant enfin au premier plan.
La triste réalité à laquelle je dois faire face aujourd’hui en tant que travailleuse de la santé, c’est d’avoir à m'occuper de bébé nés avec une dépendance à la drogue et de mères enceintes toxicomanes, mais de n'avoir aucune formation pour le faire. J’ai demandé partout où je pourrais acquérir cette formation; comment pourrais-je même soutenir une mère qui vit cela?
La réponse qu'on m'a finalement donnée il y a six mois est que je devais traiter la mère toxicomane enceinte de la même façon qu'un cas de SAF ou qu’une mère alcoolique. Je ne suis pas d’accord, car ce sont deux domaines complètement différents et tous deux nécessitent une formation spécifique.
C'est un champ très vaste dans lequel je n'ai absolument aucune formation. Je suis ravie d'avoir pu faire cette présentation au comité parce que c’est pour moi une source d’inquiétude à laquelle j’ai souvent fait allusion depuis trois ou quatre ans; j'ai besoin de formation, nous avons tous besoin de formation en tant que travailleurs de la santé si nous voulons résoudre les problèmes qui nous affligent aujourd'hui.
Le président: Je vous remercie de ce commentaire. De plus, je pense que nous voudrons ajouter au compte-rendu... vous avez soulevé la question, et d'autres l'ont fait aussi... nous allons mentionner le cas des enfants handicapés. Il le faut, car plusieurs d’entre vous nous ont signalé des besoins très sérieux.
En ce qui concerne la question des SAF et EAF, il est intéressant d’entendre des gens comme vous souligner le besoin--puisque les fonds disponibles sont plutôt limités--de formation supplémentaire pour faire face à cette situation particulière. Je pense que nous devons aussi noter, d’autant plus que nos invités du Manitoba en ont aussi fait mention, qu’il faudra ouvrir l'oeil sur les nouveaux problèmes qui font surface, telles que les mères toxicomanes et les effets sur leurs bébés. Les gens n'ont pas la formation nécessaire pour faire face à cette nouvelle situation. Ils n’en ont jamais fait l’expérience. Il serait absurde de penser que vous pourriez tout simplement utiliser, tel qu’on vous l’a suggéré, les mêmes techniques que celles employées pour SAF-EAF. Les deux problèmes ont certainement en commun les liens de la dépendance, si on peut dire, mais les pathologies sont différentes.
Je pense que, dans notre compte-rendu, nous devons aussi attirer l’attention des gens sur ce sujet. Nous ne pouvons pas nous attaquer seulement aux problèmes du passé--que nous n’avons d’ailleurs pas affronté avec beaucoup de succès. Nous devons prendre conscience des problèmes à venir et des problèmes actuels.
Je vous remercie donc d’avoir ajouté ce commentaire.
Sur ce, je pense que je vais maintenant abaisser le maillet et clôturer cette réunion. Un grand merci à tous pour le mal que vous vous êtes donné.
Nous espérons que votre voix ira bientôt mieux, Carl. N'essayez surtout pas de chanter l'opéra ce soir. Nous vous laissons avec cette remarque.
Au revoir.
La séance est levée.