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INAN Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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Emblème de la Chambre des communes

Comité permanent des affaires autochtones et du Nord


NUMÉRO 036 
l
1re SESSION 
l
44e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le jeudi 27 octobre 2022

[Enregistrement électronique]

  (1605)  

[Français]

     Bonjour, je vous souhaite la bienvenue à la 36e réunion du Comité permanent des affaires autochtones et du Nord.

[Traduction]

     Nous sommes réunis ici aujourd'hui sur le territoire non cédé de la nation algonquine Anishinabe.
     Je m'appelle Marc Garneau. J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins qui se sont joints à nous cet après-midi pour étudier le projet de loi C‑29. Nous avons avec nous Mme Marie Wilson, ancienne commissaire de la Commission de vérité et réconciliation, qui comparaît en présentiel. Aussi en présentiel, nous avons également Zebedee Nungak.

[Français]

    Nous accueillons aussi, au moyen de la vidéoconférence, Mme Marjolaine Tshernish, qui est directrice générale de l'Institut Tshakapesh.

[Traduction]

     Afin d'assurer le bon déroulement de la séance, j'aimerais énoncer quelques règles à suivre.
     Les membres ou les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation en anglais, en français et en inuktitut sont accessibles pour la réunion d'aujourd'hui. Veuillez être patient au sujet de l'interprétation; il faut un peu de temps pour que la traduction soit faite.
     Pour ceux qui sont en vidéoconférence, le bouton d'interprétation se trouve au bas de votre écran. Il s'agit d'un petit globe, et vous pouvez choisir le parquet, l'anglais, le français ou l'inuktitut. Si vous perdez l'interprétation, veuillez m'en informer tout de suite, et nous veillerons à ce qu'elle soit correctement rétablie avant de poursuivre.
     Avant de parler, veuillez attendre que je vous nomme. Lorsque vous ne parlez pas, votre microphone doit être en sourdine. Lorsque vous parlez — et c'est très important — veuillez parler lentement et clairement; ceci est par égard envers les interprètes.
     Je vous rappelle que toutes les remarques doivent être adressées par l'intermédiaire de la présidence.
     Nous invitons maintenant les témoins à faire une déclaration liminaire de cinq minutes qui sera suivie de questions des membres du Comité.
     Nous commençons par Mme Wilson. Je vous invite, madame, à commencer votre déclaration liminaire.
     Bonjour tout le monde. Je suis ravie d'être ici, sur le territoire algonquin. Je suis en visite ici des Territoires du Nord-Ouest, du territoire du Traité no 8. C'est agréable de se retrouver dans une salle avec mon député ainsi que l'un de nos compatriotes du Nord, le député Idlout.
     Comme je l'ai mentionné, j'étais l'un des commissaires de la Commission de vérité et réconciliation. Ce que cela signifie pour aujourd'hui, c'est que j'ai également été l'un des auteurs de l'appel à l'action qui est à l'origine de cette proposition législative particulière.
     Comme vous le savez, nous avons sillonné le pays pendant six ans et demi, écoutant un héritage très varié de réalisations douloureuses et de pertes dévastatrices, y compris — comme nous le savons tous maintenant — les pertes en vies humaines qui se comptent par milliers.
     Nos rapports finaux en plusieurs volumes et nos divers résumés font état de tout ce que nous avons entendu, et nos 10 principes de réconciliation et nos 94 appels à l'action ont tracé la voie à suivre pour le Canada, en abordant des domaines d'action pour tous les ordres de gouvernement et tous les secteurs de la société. Parmi ceux‑ci figure l'appel à la création d'un conseil national de réconciliation.
     Comme nous l'ont dit à maintes reprises des amis et des collègues, tant au Canada qu'à l'étranger, qui avaient déjà participé à des commissions et à des enquêtes, il est important de disposer d'un mécanisme de surveillance permanent, sinon les choses seront oubliées et abandonnées dans la poussière des étagères. Il faut assurer un suivi, non pas pour continuer à faire honte, mais au contraire, pour être en mesure de suivre et de surveiller les progrès et, espérons‑le, les améliorations, afin que nous puissions tirer tous les avantages de notre travail et du travail des survivants pour un impact durable à l'avantage de tous.
     Aujourd'hui, je veux mentionner en passant notre appel à l'action. Compte tenu du temps imparti, je veux surtout souligner les domaines dans lesquels j'espère que vous accueillerez des propositions d'amélioration de ce qui vous est présenté dans votre projet de loi.
     En 2015 — à l'occasion du cinquième anniversaire du rapport de la Commission de vérité et réconciliation —, nous avons exprimé notre grande frustration et notre inquiétude face à la lenteur de la réalisation des appels à l'action. Nous avons pointé du doigt en particulier le Conseil national de réconciliation. Si nous le faisons aujourd'hui, c'est pour dire: « Enfin, nous y sommes. » J'espère que vous percevrez ce que je dis comme des domaines d'amélioration éventuelle et non pas, je l'espère, comme quelque chose qui pourrait servir de prétexte à d'autres retards encore.
     Je souhaite faire des observations dans trois domaines particuliers.
     Le premier est la réconciliation en tant qu'objectif commun. Je dirai simplement, à l'intention des analystes et d'autres personnes, qu'il existe une version plus longue de ce document, que je vous fournirai, mais je me contente de donner ici les grandes lignes, sans tomber dans un excès de négativisme, je l'espère.
     Il est dit dans le sommaire du projet de loi C‑29que la loi proposée a pour objet « de faire progresser les efforts de réconciliation avec les peuples autochtones. ». Je crois que l'énoncé de l'objet lui-même peut et doit être beaucoup plus fort, pas seulement « faire progresser les efforts de réconciliation », mais assurer la réconciliation, et pas seulement « avec les peuples autochtones », mais entre et parmi les peuples autochtones et non autochtones. Comme nous l'avons dit tout au long de nos rapports et à plusieurs reprises depuis, la réconciliation consiste à établir et à maintenir des relations respectueuses entre les peuples autochtones et non autochtones.
    Le projet de loi C‑29 reconnaît la nécessité de créer « un organisme indépendante, apolitique et permanent... ». Je dirais que ce libellé pourrait lui aussi être encore plus précis pour s'assurer que le terme apolitique signifie à la fois une indépendance par rapport au gouvernement et un esprit non partisan. Cela permettrait de protéger sa longévité, quel que soit le parti politique au pouvoir dans les années à venir.
     Le projet utilise également l'expression « dirigé par des Autochtones ». L'appel à l'action de la CVR n'utilise pas ces termes. Là encore, nous avons particulièrement insisté, tout au long de la des travaux de la Commission et à plusieurs reprises depuis, sur le fait que la réconciliation n'est pas un enjeu autochtone; c'est un enjeu canadien. Le fait même que nous ayons cette délibération devant un comité dont le mandat se limite aux « affaires autochtones et nordiques » souligne la facilité avec laquelle la réconciliation est présentée comme un problème autochtone.

  (1610)  

    C'est pourquoi nous, les commissaires, avons été très délibérés et précis dans notre formulation en décrivant l'organisme de surveillance comme étant composé « de membres nommés conjointement par le gouvernement du Canada et les organisations autochtones nationales » — pour utiliser la terminologie du moment — « et de membres autochtones et non autochtones ».
     Le projet de loi C‑29 tel que formulé, y compris son modèle de nomination plutôt qu'une démarche collaborative, crée une approche en silo qui risque de diviser le conseil à l'interne avant même qu'il ne commence. J'ai des exemples comparatifs que je peux offrir si le temps le permet au cours de la discussion.
     Le deuxième point que je veux aborder est la responsabilité envers le Parlement. Il s'agit de la sensibilisation du public et de la responsabilité de l'amélioration.
     La section sur la reddition de comptes au Parlement que nous avions dans notre appel à l'action est entièrement absente du projet de loi C‑29. Le Parlement est l'endroit où les lois ont été adoptées pour la création des pensionnats. La Chambre des communes est l'endroit où les dirigeants politiques nationaux se sont tenus devant les dirigeants autochtones nationaux pour s'excuser des retombées de ces écoles et pour promettre d'aller de l'avant dans un esprit de réconciliation. Le Parlement est l'endroit où tous les Canadiens ont un représentant élu pour entendre des rapports d'étape réguliers sur le respect de ces dernières promesses faites au nom de la population du Canada.
     Je tiens à souligner que cette obligation de rendre des comptes au public offre également la transparence nécessaire pour établir les priorités de ce que nous devons faire par la suite pour célébrer les progrès accomplis et encourager notre pays à poursuivre ses efforts.
    Quant aux ressources financières, je ne dirai pas grand-chose. Je me contenterai de dire ceci: en ce qui concerne les ressources financières, le projet est tout simplement trop générique sur cet aspect, avec un renvoi généralisé à un autre appel à l'action, l'appel 55. D'après mon expérience, une intention sans certitude quant aux ressources concentre tous les premiers efforts sur la recherche des moyens de fonctionner.
    Je voudrais conclure en vous rappelant trois des principes de réconciliation de la CVR qui sont particulièrement pertinents pour mes remarques d'aujourd'hui et pour vos délibérations.
    Le numéro 6 est le suivant:
Tous les Canadiens, en tant que parties aux traités, partagent la responsabilité d’établir et de maintenir des relations mutuellement respectueuses.
    Le numéro 9 est le suivant:
La réconciliation requiert une volonté politique, un leadership conjoint, l’établissement de la confiance, la responsabilité et la transparence, ainsi qu’un investissement substantiel de ressources.
    Le numéro 10 est le suivant:
La réconciliation exige une éducation publique et un dialogue, notamment avec les jeunes, sur l’histoire et l’héritage des pensionnats, des traités et des droits autochtones, ainsi que sur les contributions historiques et contemporaines des peuples autochtones à la société canadienne.
    Je crois que ces appels à l'action sont très urgents. Puisque nous avons déjà convenu, tous les partis de la Chambre, qu'il s'agit d'une priorité, lors des dernières élections, des réengagements ont également été pris sur la question de la réconciliation. J'espère qu'avec quelques amendements pour renforcer l'objectif et le potentiel de ce projet de loi, tous les parlementaires agiront rapidement pour que le Conseil national de réconciliation soit promulgué et doté de ressources équitables dès que possible. Nous l'avons appelé un outil vital pour que notre pays récolte les bénéfices de l'éducation continue, de l'introspection, du changement de cap et de la célébration. C'est un miroir honnête, espérons‑le, qui nous aidera tous à devenir le chef de file mondial que nous prétendons vouloir être en matière de bonnes et respectueuses relations entre les citoyens autochtones et non autochtones.
    Mahsi cho, qujannamiik, thank you very much et meegwetch.
     Merci beaucoup.

  (1615)  

    Merci, madame Wilson.
     Nous passons maintenant à notre deuxième témoin, M. Zebedee Nungak.
    [Le témoin s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
    ᓯᕗᓪᓕᕐᒥ ᓇᒻᒥᓂᖅ ᐅᖃᐅᓯᕋ ᐊᑐᕐᓗᒍ ᐅᖃᕆᐊᓐᖓᓚᖓᒐᒪ, ᒪᓐᓇ ᐅᖃᐅᓯᕗᑦ ᒐᕙᒪᒃᑯᑦ ᐱᓂᐊᕐᓂᖏᓐᓄᑦ ᐱᓇᓱᐊᕐᓂᖏᓐᓄᓪᓗ ᓂᐸᖅᑎᑕᐅᒐᓱᐊᖅᓯᒪᔫᒐᓗᐊᖅ ᐃᓕᓐᓂᐊᕐᓂᖅ ᖃᓪᓗᓈᑎᑐᐃᓐᓇᖅ ᐱᔾᔪᑎᒋᓗᐊᖅᓱᒍ ᓂᐸᖅᓯᒪᓐᖏᒻᒪᑦ ᐅᖄᕈᓐᓇᖏᓐᓈᕋᒃᑯ, ᑖᓐᓇ ᐱᔪᕆᒪᐅᑎᐊᓗᒐ.
    [Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
     Tout d'abord, je vous remercie.
     Je vais parler dans ma propre langue. Le gouvernement fédéral a essayé d'effacer notre langue.
[Traduction]
     Je ne m'étais pas rendu compte que le temps alloué à ces présentations était très limité et j'avais préparé un résumé de huit pages de ce que je voulais dire aux membres du Comité; toutefois, étant donné les contraintes de temps, je ne lirai qu'une seule de ces pages pour donner une idée de mon point de vue sur la définition et la question de la réconciliation, que j'associe fortement à la décolonisation.
     Le mot « réconciliation » circule à l'échelle nationale depuis 2008, lorsque le gouvernement du Canada a créé la Commission de vérité et réconciliation pour examiner la question des pensionnats indiens. Cette commission a produit un rapport contenant 94 appels à l'action visant à faciliter la « réconciliation » entre les gouvernements coloniaux du Canada et les peuples autochtones.
     Cependant, le terme « réconciliation » est trompeur et très loin de la vérité. Voici pourquoi. La réconciliation suppose qu'il y a longtemps, il existait un état utopique de « conciliation » entre les gouvernements coloniaux et les peuples autochtones. Cela implique des relations entre égaux, sans qu'aucune des parties ne soit supérieure ou inférieure à l'autre. La « réconciliation » sous-entend qu'il est possible de retrouver un équilibre mutuellement bénéfique, celui qui régissait autrefois les relations entre les autorités coloniales et les parties autochtones. Or, nous le savons tous, cela n'a jamais existé.
     Depuis que des immigrants venus de l'autre côté de l'océan ont posé le pied sur les territoires qui sont devenus le Canada, ces immigrants ont été supérieurs à tous les peuples autochtones qui occupaient ces territoires avant leur arrivée. Cette supériorité est délibérée, arrogante et si endurcie qu'elle continue de régir la vie jusqu'à aujourd'hui.
     Dès le premier contact, les peuples autochtones ont été traités comme des êtres inférieurs qui ne possèdent ni terres ni ressources. L'histoire coloniale se caractérise par l'absence de toute trace de respect égalitaire de la part des puissances coloniales à l'égard des peuples autochtones dont elles ont volé, conquis ou simplement accaparé les territoires.
     Les rois d'Angleterre ont émis des chartes royales et des proclamations qui ont arbitrairement dicté le statut des terres ancestrales autochtones sans le consentement des groupes autochtones concernés. En cela, il n'y a rien de positif à concilier. Le format colonial n'a absolument rien pour les habitants autochtones du pays qu'ils ont « fondé » en 1867.
     La seule mention des premiers habitants dans l'Acte de l'Amérique du Nord britannique était une simple phrase attribuant la responsabilité des « Indiens et des terres réservées aux Indiens » à la nouvelle autorité fédérale. Les prétendus fondateurs du Canada n'étaient pas assez instruits pour connaître et reconnaître l'existence des Métis ou des Inuits.
     Il n'y a rien à réconcilier. Aucun état utopique auquel nous pourrions simplement retourner n'a jamais existé.

  (1620)  

     Revenons au terme « réconciliation ». Le Concise Oxford English Dictionary définit ce terme comme étant « l'action de réconcilier; un exemple ou une occasion de rétablir des relations amicales ». Les relations amicales doivent d'abord avoir existé avant que l'on puisse chercher à les rétablir. Chercher à réconcilier quelque chose qui n'a jamais existé est impossible.
     Nous pouvons toutefois poursuivre un objectif réel appelé « décolonisation ». Les gouvernements du Canada ont beaucoup à se faire pardonner: leurs politiques coercitives et tatillonnes visant à effacer les langues, les cultures et les identités autochtones. Prenons l'expression « génocide culturel ». Dans ces mots, il y a des identités perdues, des langues perdues, des liens et une cohésion familiale perdus, un sentiment d'appartenance perdu, une innocence perdue et des vies perdues. Pour réparer tout cela, il faudra beaucoup de temps et de ressources... pour réparer ces torts profonds.
    [Le témoin s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
    ᓇᑯᕐᒦᒃ ᐅᖃᕐᕕᖃᖅᑎᑕᐅᒐᒪ.
    [Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
     Merci de me donner l'occasion de parler.
[Traduction]
     Je suis prêt à partager mes 21 pages d'écrits sur cette question, que j'ai présentées à la radio du Service du Nord de Radio-Canada en anglais et en inuktitut au fil des ans, afin d'éclairer des gens comme vous, qui conçoivent des activités et des actions dans le but de traiter positivement cette chose appelée « réconciliation ».
    Je vous remercie.
    Merci beaucoup, monsieur Nungak.
     Je regrette que nous devions travailler avec des contraintes de temps, mais nous serions certainement heureux de recevoir le texte complet que vous avez avec vous. Si possible, remettez‑le à la greffière et il sera transmis aux membres. Merci beaucoup.
     Sur ce, nous passons à notre prochain témoin.

[Français]

     Madame Marjolaine Tshernish, vous avez la parole pour cinq minutes.
     [La témoin s’exprime en innu ainsi qu’il suit:]
    Kuei! Kuei! Tshipushukatitunau kassinu etashiek!
    [Les propos en innu sont interprétés ainsi:]
    Bonjour. Je vous salue tous.
[Français]
    Je vous remercie de cette invitation à contribuer au processus qui confirme toute l'importance du dialogue préalable à la mise en œuvre de grands projets au bénéfice du plus grand nombre, dont les membres des Premières Nations du Québec.
    Je suis une Innue de la communauté de Mani‑Utenam sur la Côte-Nord de la province de Québec. Je suis directrice générale de l'Institut Tshakapesh, une organisation qui existe depuis près de 45 ans.
    Accorder à une nation autochtone le droit de s'exprimer est une manière pertinente et respectueuse de la reconnaître en tant que nation. Dans le cas du projet de loi C‑29, il s'agit de la reconnaissance de sa langue maternelle, ainsi que de la langue d'usage de sa région, de son environnement contextuel, de son contexte géographique et de ses besoins spécifiques.
    Bien souvent, la nation innue du Québec, ayant le français comme langue seconde d'usage, ne se reconnaît pas dans la pratique actuelle des relations entre le gouvernement fédéral et les autochtones anglophones. Elle se sent parfois exclue des grandes discussions. Cela fait que nous nous sentons impuissants à agir au cœur de ces discussions. Aujourd'hui, je vous remercie de nous avoir invités.
    Cette particularité linguistique doit maintenant être prise en considération. Cela peut avoir des conséquences très importantes pour nos communautés, notamment sur le plan socioéconomique.
    Puisque nous vivons dans l'Est du Canada et que notre langue d'usage, outre notre langue maternelle, est le français, il est important que nous soyons pris en compte lors de l'attribution de certains sièges réservés aux Autochtones du Canada. Il est important de permettre aux membres des Premières Nations qui utilisent le français d'avoir leur place au sein des grandes discussions politiques. De plus, il faut que la documentation existe dans cette langue afin que ces nations puissent s'exprimer librement dans la langue officielle qu'elles maîtrisent.
    Par ailleurs, je voulais rappeler que, lorsque le projet de loi C‑91 concernant les langues autochtones a été annoncé, l’Assemblée des Premières Nations, l’Inuit Tapiriit Kanatami et le Ralliement national des Métis ont participé à sa rédaction.
    Je constate qu'il n'y a pas eu de rédaction commune dans le cas projet de loi C‑29. Un comité transitoire a été nommé par les ministres. Je ne doute pas de la qualité du travail effectué, mais je dois souligner que nous ne recevons pas d'information en région. Quand le projet de loi C‑91 a été rédigé, nous recevions l'information en région. Nous avons été informés avant même l'annonce du projet de loi et tout au long du processus, et jusqu'à son adoption.
    Dans le cas actuel, par contre, sans la députée de Manicouagan, Mme Marilène Gill, je n'aurais pas été mise au courant de l'existence du projet de loi C‑29.
    Évidemment, nous sommes heureux de l'initiative qui met en place un conseil national de réconciliation, qui répond aux appels à l'action 53 à 55 de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada.
    Je veux surtout apporter des recommandations en vue de la constitution du conseil d'administration, notamment pour l'ajout d'un autre organisme. Il y a le comité de transition et le bureau du ministre des Relations Couronne-Autochtones, mais il serait judicieux d'ajouter l'Assemblée des Premières Nations ou un autre organisme pour que plus de gens choisissent les administrateurs.
    Il faudrait aussi que la région francophone du Québec soit représentée au conseil d'administration pour que nous puissions recevoir l'information dans notre région.

  (1625)  

     Il est également important que le tiers des administrateurs allochtones soient des candidats qui reconnaissent l'existence du racisme systémique. C'est très important pour la suite des travaux, soit les travaux du Conseil national de réconciliation.
    Il faut s'assurer qu'il y a une représentation équitable des hommes et des femmes au sein du conseil d'administration et qu'on y inclut des aînés, d'anciens pensionnaires ou des enfants de survivants des pensionnats. En effet, il est important que toute cette sensibilité se reflète dans les travaux du Conseil national de réconciliation.
    Il faut aussi s'assurer que les administrateurs ne sont pas en conflit d'intérêts ou en apparence de conflit d'intérêts à l'égard du Conseil national de réconciliation.
    Il sera important, quand le Conseil national de réconciliation sera créé, d'assurer que celui-ci dispose au départ de toutes les ressources nécessaires pour accomplir pleinement son travail, pour réaliser son mandat. Encore aujourd'hui, on n'entend pas parler des membres du comité de transition créé l'an dernier. C'est probablement parce qu'ils n'ont pas les ressources nécessaires pour réaliser leur mandat. Ils sont invisibles. Il est donc important que le Conseil national de réconciliation soit fonctionnel rapidement, qu'il soit visible, accessible, et qu'on puisse voir le travail qu'il accomplit.
    J'aimerais faire un commentaire sur la reddition de comptes. J'ai vu que tous les ordres de gouvernement, soit le fédéral, les provinces et les Premières Nations, à la demande du Conseil national de réconciliation, devaient lui remettre des données afin qu'il puisse présenter des rapports sur les progrès en vue de la réconciliation. Il faut donc assurer que le Conseil ait accès à ces données, que ce soit celles des provinces, du fédéral ou des conseils de bande des Premières Nations. Les données dont il est question dans le projet de loi sont de compétence fédérale ou provinciale, ou encore de la compétence d'une nation ou des conseils de bande des Premières Nations.
    Je ne sais pas s'il me reste du temps.

  (1630)  

    En fait, vous avez utilisé tout le temps qui vous était alloué. Je vais donc vous demander de conclure rapidement.
     Je vais passer à mon dernier point. Quand la Commission de vérité et réconciliation du Canada a été mise sur pied, en 2008, on disait qu'elle visait la réconciliation entre les anciens élèves, leurs familles, leurs communautés et tous les Canadiens. Si c'est encore le cas, il faut que cela ressorte dans le projet de loi et dans le mandat du Conseil national de réconciliation.
    Très bien. Merci, madame Tshernish.
    Vous pourrez peut-être aborder ce sujet durant la période des questions.

[Traduction]

     Chers collègues, nous avons un témoin qui devait comparaître au cours de la deuxième heure, mais qui doit comparaître maintenant, alors je vais donner la parole à quelqu'un de cette deuxième heure. Le chef Jean-Charles Piétacho de la nation innue va prendre la parole à ce moment‑ci.

[Français]

    Chef Piétacho, vous avez la parole pour cinq minutes.
    Chef Piétacho, votre microphone est en mode sourdine.
    Vous avez la parole.
    C'est que nous avons été mis en sourdine pendant longtemps.
    Je comprends cela. Cela nous arrive à tous.
    Nous l'étions depuis votre arrivée, c'est-à-dire depuis plus de 500 ans.
    [Le témoin s'exprime en innu et ses propos sont interprétés ainsi:]
    Merci, monsieur le président.
    Je vous salue tous. Je suis heureux de reconnaître que nous sommes sur un territoire qui n'a jamais été cédé. Le territoire sur lequel vous vous trouvez est celui des Anishinabe, et il n'a jamais été cédé.
[Français]
    J'aimerais simplement m'assurer qu'il y a bien de l'interprétation pour vous.

[Traduction]

    Madame la greffière, avons-nous l'interprétation pour le chef?
    Oui, l'interprète est ici. Il est prêt à intervenir. Je crois qu'il interprète parce que je vois des gens hocher la tête dans la salle.
    Très bien.

[Français]

     Chef Piétacho, vous avez la parole.
    [Le témoin s'exprime en innu et ses propos sont interprétés ainsi:]
    Je suis le chef Jean‑Charles Piétacho. Je viens de la communauté d'Ekuanitshit, et c'est pour elle que je me présente au Comité.
     Je suis fier d'être ici et de vous remettre notre mémoire sur le projet de loi C‑29. La vérité et la réconciliation vont se réaliser. Je veux en parler. Tout ce qui a été dit avant...

[Traduction]

    Monsieur le président, j'invoque le Règlement.
    Allez‑y, monsieur.

[Français]

    Veuillez attendre, s'il vous plaît, chef Piétacho.

[Traduction]

    Je ne trouve pas la traduction.
    Je pourrais peut-être rappeler au député, monsieur, que cela prend un certain temps. L'interprète travaille de l'innu au français et ensuite il faut le relayer du français à l'anglais.
    Est‑ce que c'est compris, monsieur McLeod?
     C'est double ici. C'est interprété en français et ensuite il faut le traduire en anglais. Cela produit un décalage.

  (1635)  

[Français]

    Veuillez continuer, s'il vous plaît, chef Piétacho.
    Veuillez continuer de parler et de faire votre présentation.
    Est-ce que je continue à le faire dans ma langue?
    C'est vous qui en décidez.
    D'accord.

[Traduction]

    Je suis désolée, monsieur le président.
     Le personnel technique me dit qu'il y a un problème avec l'interprétation du français à l'anglais. Nous devrons peut-être suspendre la séance pendant que nous cherchons à savoir ce qui ne va pas.

[Français]

    D'accord.
    Chef Piétacho, malheureusement, il y a un problème quant à l'interprétation du français vers l'anglais.
    Nous allons suspendre la séance temporairement.
    Veuillez attendre avant de reprendre votre allocution d'ouverture, s'il vous plaît.
    Il y a toujours des problèmes quand c'est moi qui parle.
    C'est compliqué, car il faut s'occuper de trois langues en même temps.
    Reconnaissez notre langue comme une langue officielle! Il y a trois langues au Canada: le français, l'anglais et l'innu.
    [Le témoin s'exprime en innu et ses propos sont interprétés ainsi:]
    Je pourrais parler en français.
[Français]
    Cela dit, je pourrais parler dans ma langue seconde pour faciliter les choses.

[Traduction]

    Madame la greffière, avons-nous résolu le problème de la traduction?

[Français]

    Monsieur le président, la greffière n'est pas ici, mais les techniciens me disent que le problème est réglé.
    D'accord. C'est très bien.
    Nous allons espérer que tout fonctionne cette fois-ci.
    Chef Piétacho, veuillez compléter votre allocution d'ouverture pour que nous puissions passer aux questions.
    J'ai perdu du temps de parole.
    [Le témoin s'exprime en innu ainsi qu'il suit:]
    Nin u katshishkutamuan , anite ka manenimanit nete katshishkutamuanit.Anutshish kashikat eshikimutshishikua nitshishpeuatshishunan
    [Les propos en innu sont interprétés ainsi:]
    Je suis un ancien pensionnaire et, chaque jour, je me rappelle tout ce qui s'est passé au pensionnat.

[Traduction]

    Monsieur le président, si je peux revenir, nous avons parlé à l'interprète. La situation est la suivante: trois interprètes se trouvent à une extrémité de la salle et l'interprète anglais est de l'autre côté de la salle dans une cabine séparée. Ils ne pouvaient pas se voir.
     Quoi qu'il en soit, nous avons réglé le problème et nous sommes prêts à commencer. Peut-être pouvons-nous recommencer, partant du début.
    Très bien.

[Français]

    Chef Piétacho, veuillez recommencer, s'il vous plaît.
    Est-ce que je recommence en innu?
    Oui. Nous essayerons de le faire d'un coup cette fois-ci.
    Espérons-le. Je suis en train de perdre mes cinq minutes de parole.
    Nous vous écoutons.
    [Le témoin s'exprime en innu ainsi qu'il suit:]
    Nin u katshishkutamuan, anite ka manenimanit nete katshishkutamuanit.
    Anutshish kashikat eshikimutshishikua nitshishpeuatshishunan. Ne ne neme ka nekatshikuiat,natshishk, nimashinataukunan, nimashinataukunan ka tutakuiak nete animishun a taiat mak ne ushtapinitshishuiat ne kassinu tshekuan e ishinakuat.
    Shash nishtinuepupunnua eshpish nin tshishpeuataman tshetshi takut mininiun eshakamitshishikua. Ne anite nuitshi-atussetshishun kie nuitshi-atussemauat kassinu nuitsheuakana. Kie minat nuitenan mishta-mitshetuau nuitenan, anutshish kashikatshi tshuitamatunan minuat nimashinaikanan nitutetan, minuat kaimishit nitshishkuanan, nitutenan tshetshi nitshishkatshiat. Nuash nitatanan tshishe-utshimauat, mishta-mitshet, mishta-mitshetua tshitaimitunan, mashinaikanan nititshitashaianan. Kassinu anite e uitamatat, nitipenitamunan,nitaimunan. Ne nitissenitamunan nitassinan. Ninan ka ka ka ishi-aimiaiat, ka itashpishuiat nitipatshimunan, nutim, nutim ne. Tshipa ui peikua nishtuapatakanu. Ekuen ni mishta-kashekan innu ume nin tsha. Innu nanitam nen ka ushinak, ka papit ekuen ne ekuen ne uet taiat ute ni ninan, ka mishikaieku ka itat, eshe ute tshitanau nitassinan. Kie apitin ne, mishta-apitina ne aimuna ,uetinimuni tsha mishta apitinia.
    Kie ma tshetshi uinan auen ate ninan, atiku, atiku ishinikatanu tsha. Ekuen tshe ui tutamak, eku muku tshiam ekuen pimitakanu. Apu takut nishtutatun, muk u tshiam aiminanun tsha, muku tshi aiminanun. Ninan tsha muku tshiam ni uatenan, tshetshi nikanitenan, tshetshi uauitakan tshetshi auen minu-inniut, nenu tshetshi kau minu-pinitunan mak tshetshi kau ueshtapinitakan. Ne ne eishinakuniti nikan tshetshi tshishpeutakan ne tshipa ishinakuanu tshetshi uauitak nenu ne niuauitenanua tsha nipi tsha. Nitshishenimanan nenu apu tshissenitak eshpish pukatat kie nenu upukutaunua kie utaimunuaua nanitam tshika ui nikanishtenu, metuat tshika ui teuat anite tshetshi atat anite nikan tshiminitakanitshi tshekuan. Ekuan ne ninan ua issishiueiat tsha tsha minuanu tutak ne ua tshimanan nenu tshishe-innua nenu anat tshetshi tshiminitshi, tshetshi uitamuti, mak tshetshi akanishau-iminit, tshetshi mishkutui-imminiti kie innu-aiminitshi tshetshi miniat.
    Pate ne ne mashinaikan ka takuat les nations unies. Ne nitapashtanan ne ki uitakanu nete mishta apashtat aimun ua tshishpeuatet a, eukuen tshipa ishinakuannu tshetshi minat tshishe-innua tshetshi aiminitshi miam ume nin e itueian anutshish. Ekuen ne nin tshe ui iteut nitshishenimanan. Ekuen ne peiku tshekuan tshipa ui tutenan tsha. Kie ishinakuannu nutim ne, ne ua tshiminan tsha. Tshetshi nutim auenua utinimuat utaimunnu. Ate ne ishinakuan man tsha nimishta-ishpitenunan ute ninan innuat, muku ne ishpanu nete ninan mitshiteu nititanan. Nete ishpinitanun nete kassinu tshekuan nete nitimit ekuan ne ninan ekuta nete nimishta-ishpitenitenan. Nititanan u ninan ute nina ni mishtukushiu-imminan. Nemiu ne e nanatuapataman, apu tshishpeuataman mishtukushiu-aimun muku ni issishuen tsha, tshipa ishinakuan tshetshi kassinu katshitinitamat, tshetshi katshinitamat e mishtakushiushtet. Ekuen ne muku tshiam ua ishi nanatuenitaman tsha. Ishkueuat mishta-apitishut, ishkuaut tsha, tshipa ishinakuanu tshetshi takunit utupunau anitshenat ishkueut ne ne ua tshimitan minat tshekuan tsha.
    Mishta apitin uesh u anutshish nanatuapamanut ka nipianit, ka uinianit tsha. Eshku en takuen, apu punipin nenu tshipa ui tsha teu kue uinua. Kie kuish e iminanit ne ne ne nanikutinit tsha tshuishamauat auenitshenat. aputshissenimekuat auenitshen tshissinenimatauat tshe issishuet ninan u innuat. Ninan apu tshi issisheiat innuat nanan tshe ka tukushinit a. Ek ume anutshish nin kashikat, apu shut anite nui natshik anite tshishe-utshimasset kie mak anite kutuka, kie mak anite e utenau nitshissenitenan nen. Mishkuat ma uin, tshipa ui, tshipa ui shutshishimikuan a tshetshi eka anite minanit shutshishiunnu a, ninan u ishinakuen, nina u ishinakuannu tshetshi minan shutshishiun a. Mak patetatatunu, kutuasht ka iteshtet ne nikan ka tat mekuen nen ne Trudeau. Ekuen ne e ishinakuninit tshetshi tshiuenamuat aimunnu mak ishinakunipin, ka pitshitinak ka ishimit tshi tutamak ne ninan ekuan ne ishinakuat tshetshi itetan tsha, tshin ne tshitan anite apu tshikut tshi issishuet neme utat, tshinuau tshinua ishinakuan tshetshi miniat kau aimun. Ekuan ne
    [Les propos en innu sont interprétés ainsi:]
    Je suis un ancien pensionnaire. Chaque jour je me défends.
    Tout ce qui est arrivé dans le passé nous a amenés à intérioriser la colère depuis trop longtemps. Moi, personnellement, j’ai toujours cherché la paix avec nos collègues.
    Encore une fois, nous l'avons souvent dit et nous le disons encore, nous avons fait des rapports, nous avons consulté des avocats, nous sommes allés en ville, nous avons même rencontré le gouvernement. Nous vous avons appelés à maintes reprises. Nous vous l'avons dit: il faut reconnaître nos droits, nos langues, nos connaissances, nos territoires, nos religions, nos traditions, nos histoires, tout! Il faut tout reconnaître. Je suis un Inn. Un Innu, c’est quelqu’un qui rit toujours.
    Lorsque vous êtes arrivés, on vous a dit que vous étiez sur notre territoire. Les paroles prononcées sont importantes. Prenez l’exemple du caribou. Il faut protéger de façon concrète nos droits, nos aînés, leurs connaissances, tout ce qu’ils savaient, leurs langues. Il faut toujours les mettre en avant. L’organisation qu’on va implanter devrait mettre l'accent sur la langue, la culture, les aînés. Le rapport écrit de l’Organisation des nations unies disait qu’il fallait défendre la culture. C’est aussi ce que disent nos aînés. La Commission de vérité et réconciliation du Canada demande ce respect.
    Nous, nous sommes vraiment dans l’Est, mais les décisions sont souvent prises dans l’Ouest et on devrait vraiment nous faire parvenir les documents en français. Les femmes aussi sont importantes, et il faudrait faire une place aux femmes innues. N'oublions pas les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
     Le gouvernement doit nous écouter. Il faudrait l’y obliger. Nous devrions avoir ce pouvoir. C'est le premier ministre Trudeau qui en est responsable.

  (1640)  

    C'est à vous de nous rendre la parole.
[Français]
     Je vous remercie beaucoup, chef Piétacho, de votre présentation.
    Nous nous excusons des difficultés techniques.

[Traduction]

    Sur ce, nous passons à la série de questions en commençant par M. Melillo, pour six minutes.
    En fait, monsieur le président, ce sera M. Vidal. Je suis désolé que vous n'ayez pas été informé de ce changement.
    D'accord, ce n'est pas un problème.
     Allez‑y, monsieur Vidal.

  (1645)  

    Merci, monsieur.
     Merci à tous les témoins d'aujourd'hui pour leur témoignage et leur contribution à ce projet de loi et pour avoir essayé d'en faire un projet de loi aussi bon et solide que possible.
     J'ai d'abord quelques questions pour Mme Wilson.
     J'aime bien ce que vous avez dit et bien des points que vous avez abordés. Je ne vais en aborder que quelques-uns. Si j'ai l'air de me dépêcher, c'est parce que je veux en aborder plusieurs.
     Vous avez parlé des appels à l'action, et l'appel à l'action 56 stipule explicitement que le premier ministre doit répondre au rapport annuel du Conseil national de réconciliation qui est présenté au bout du compte au Parlement par l'intermédiaire du ministre, mais la loi confie en fait cette responsabilité au ministre, et non au premier ministre.
    Convenez-vous qu'il faudrait modifier le texte afin de garantir que le premier ministre réponde au rapport et le soumette au Parlement?
    Oui, je suis d'accord, personnellement. Comme je l'ai précisé, sans vouloir manquer de respect à ce comité, je pense aussi que tout ce qui se limite aux autochtones ou à leurs préoccupations ignore l'ensemble du Canada, donc je suis d'accord.
    Merci. Je sais que je suis en train de courir un peu, ici. Je vous remercie de votre réponse.
     Vous avez également parlé d'indépendance et dans le projet de loi, il y a une section sur le protocole. L'article 16 prévoit que le ministre, en collaboration avec le conseil, élabore un protocole pour la communication de renseignements par le gouvernement du Canada au conseil.
     Je suis un peu inquiet, et je me demande si vous aussi trouvez inquiétant que ce soit au ministre qu'incombe l'élaboration du protocole et des renseignements fournis au conseil. Je ne suis pas sûr que le ministre doit être celui qui dicte au conseil le protocole qui, en fin de compte, tiendra le gouvernement responsable de la réconciliation.
     Convenez-vous que la formulation devrait être modifiée de sorte que ce soit quelqu'un d'autre qui élabore ce protocole?
    Je suis fortement partisane l'élaboration conjointe, en général, tout comme je le suis de la rédaction conjointe des lois. Je crois savoir que jusqu'à présent, toute ébauche de ce protocole n'a pas été corédigée, ce qui est déjà une occasion manquée.
     Je pense que si vous voulez un protocole qui sert tout le monde, alors il doit être pris en compte conjointement dès les étapes conceptuelles.
    Je vous remercie.
     Vous avez également commenté l'article 8 sur la nomination initiale du premier conseil d'administration. Là encore, la formulation est adoucie par rapport à ce dont vous avez parlé dans les appels à l'action et les recommandations, même en ce qui concerne le conseil intérimaire, qui ont été faites en 2018 initialement. Encore une fois, c'est le ministre dans cet article qui agit « en collaboration avec », mais vous dites que cela devrait être fait conjointement lorsque nous nommons le premier conseil d'administration.
     Je suppose, d'après ce que vous dites, que vous soutiendriez un amendement visant à revenir à la notion de nomination conjointe du conseil d'administration.
    C'est mon avis, mais je dirai simplement que dans notre appel à l'action, nous utilisons le mot « collaboration ». Nous utilisons les deux mots, mais de « conjointement » en particulier lorsqu'il s'agit de la composition.
    Je vous remercie.
     Je pense que le terme « conjointement » est un peu plus fort et j'aimerais le voir.
    L'un concerne davantage l'esprit de la chose, et l'autre son aspect pratique sur le plan opérationnel. C'est ainsi que je le vois.
    D'accord, c'est juste.
     Je reviens un peu à l'appel à l'action numéro 55. Il y a, dans l'appel à l'action 55, un certain nombre d'éléments vraiment mesurables par lesquels nous pourrions mesurer les progrès. Il y a des choses qui sont très quantifiables, et nous ne les trouvons pas dans le projet de loi à la section sur la mission et les attributions.
     Je suis curieux. Vous avez dit que nous ne voulons faire honte à personne, mais que nous voulons surveiller et mesurer les progrès efficacement. Il y a un vieux dicton qui dit que ce qui peut être mesuré peut être accompli. Je me demande si vous soutiendriez l'idée de veiller à ce que les éléments précis de l'appel à l'action 55 soient inclus, mais j'aimerais également proposer que l'on ne se limite pas à cela, que l'on ajoute d'autres éléments mesurables qui nous aideraient à mesurer correctement notre trajectoire vers la réconciliation.
     Êtes-vous d'accord?
    Oui, je suis d'accord, et nous disons en fait que ces listes ne sont pas censées être exhaustives.
     M. Gary Vidal: Exactement.
    Mme Marie Wilson: Ce sont des exemples et ce ne sont peut-être pas ceux, franchement, qui se révéleront pertinents dans toutes les régions du pays. Avec le temps, nous verrons peut-être que dans certaines régions, le forage est plus important dans une certaine zone que dans une autre.
     Il s'agit d'un processus itératif, mais il n'est pas censé être exhaustif, et il n'est pas non plus censé supposer qu'il sera parfait du premier coup.
     Je suis parfaitement d'accord avec vous. Je pense simplement qu'il est très important que nous ayons des éléments quantifiables. Il y a quelques exemples de choses très quantifiables, alors merci pour cela.
    Oui. Il ne s'agit pas de dire: « Eh bien, je me demande ce que nous devrions mesurer. » Nous avons cité des choses très particulières où nous savons que nous avons de gros problèmes, alors commençons par là.
    Exactement. Merci.
     J'ai une dernière question avant de manquer de temps. Je vais la formuler très rapidement.
    M. Wilton Littlechild, qui était membre à la fois du conseil d'administration provisoire et du comité de transition, a exprimé une certaine frustration au sujet des mots « efforts de » dans la loi. Je pense que l'on a l'impression que ces mots sont un peu doux ou mous. Ils reviennent à six reprises dans la loi, même s'ils ne figuraient pas dans l'ébauche du projet de loi produite par le conseil provisoire.
     Je suis curieux de savoir si vous soutiendriez des amendements qui supprimeraient peut-être les mots « efforts de », et dans le contexte ainsi modifié, cela changerait la perspective en établissant que nous parlons en fait de faire avancer la réconciliation, plutôt que de simplement s'efforcer de le faire. Cela revient en quelque sorte aux progrès mesurables, je suppose. Approuveriez-vous la suppression de certains termes, comme « efforts de »?

  (1650)  

    Oui. Je l'ai dit expressément aujourd'hui. Je vais vous remettre ma copie écrite, mais je l'ai dit à un moment donné ici.
    Vous en avez parlé dans le contexte de la section « Mission », mais on le trouve aussi à d'autres endroits dans le projet de loi, à plusieurs reprises. Je veux que ce soit un élément plus large également. C'est pourquoi j'ai posé la question.
    Oui. C'est répété ailleurs. J'avais cinq minutes, je ne pouvais donc pas m'étendre sur le sujet.
    C'est juste. J'aimerais beaucoup que vous envoyiez vos remarques écrites. Ce serait formidable. Je vous remercie.
     Je crois que mon temps est écoulé, monsieur le président.
    Vous avez raison, monsieur Vidal. Je vous remercie beaucoup.
    Nous passons maintenant à M. McLeod, pour six minutes.
    Merci, monsieur le président.
     Merci à nos témoins. Leurs exposés étaient très intéressants. C'est dommage que nous n'ayons pas plus de temps pour que chacun puisse vraiment approfondir tout le contenu qu'il a préparé.
     Monsieur le président, je suppose que nous avons la confirmation que tout le monde nous fournira ses notes d'allocution pour notre examen.
     J'ai une question pour Marie Wilson, qui vient des Territoires du Nord-Ouest. Il est bon de voir que nous avons une représentation du Nord. Nous n'avons pas toujours la chance d'avoir de tels témoins.
     Je suis vraiment heureux de vous entendre dire qu'il s'agit d'un problème canadien plutôt que d'un problème autochtone. C'est tellement important, je pense, d'avoir un organe de surveillance apolitique. C'est peut-être un seul organe. Nous pourrions avoir besoin d'un autre, pour la Déclaration relative aux droits des peuples autochtones des Nations unies, par exemple. C'est important. La composition des administrateurs qui y siègent est aussi importante. Nous avons entendu quelques commentaires à cet effet aujourd'hui.
     Je pense que vous savez très clairement que le Nord a été vraiment touché. Sur les 139 pensionnats reconnus, 32 se trouvaient dans le Nord, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Yukon ou au Nunavut. Par habitant, l'impact a été beaucoup plus important dans notre région. Dans ce contexte, et compte tenu du niveau de discussion sur la façon dont les administrateurs devraient être sélectionnés, ou qui devrait être un administrateur et du nombre de personnes qui parlent de vouloir des sièges d'administrateurs au sein des organisations autochtones nationales, j'aimerais vous demander si vous pouvez nous parler de l'importance d'avoir des voix du Nord territorial dûment représentées au sein du conseil d'administration et du travail du Conseil national de réconciliation.
    Je vous remercie, monsieur McLeod, pour cette question.
    Je pense qu'il s'agit d'une question extrêmement importante, celle de la composition du Conseil, et j'ai parlé de l'expression « dirigé par des Autochtones » parce que je pense qu'elle peut facilement devenir une formule plutôt qu'une réponse mûrement réfléchie.
     La raison pour laquelle j'ai remis en question l'emploi de cette expression... Je sais que c'est une expression qu'on emploie presque automatiquement sans savoir ce qu'elle signifie vraiment. Que signifie‑t‑elle? Un certain nombre de personnes? Une vision du monde? Des expériences vécues? Est‑il question de l'impact par habitant, comme vous venez de l'évoquer? Parle‑t‑on de survivants des pensionnats? Est‑ce que cela signifie qu'il faut connaître l'histoire et les besoins critiques actuels, et que la représentation doit être fondée sur ces éléments? Est‑ce que cela signifie un engagement envers des principes de réconciliation communs?
     La sélection d'un conseil puissant ne s'articule pas forcément autour d'un quota quantifiable d'Autochtones ou de non-Autochtones, de membres de Premières Nations ou d'Inuits, mais plutôt autour d'enjeux pour lesquels nous savons qu'il existe un besoin réel et une représentation. Nous savons que, chaque fois que nous adoptons un ratio par habitant au sein d'un quelconque comité national, le Nord est toujours sous-représenté. Voilà pourquoi vous pouvez faire le commentaire que vous venez de faire sur la présence du Nord ici. Si vous vous basez sur la population par habitant, le Nord sera toujours sous-représenté. Si vous vous basez sur des critères qui parlent de l'impact par habitant des pensionnats et de leur héritage, vous aurez la plus forte représentation individuelle parce que c'est dans le Nord que les écoles ont été exploitées le plus longtemps sur plusieurs générations.
     Je pense que la question est d'abord de savoir quelle doit être la taille d'un comité pour qu'il soit fonctionnel, mais il s'agit aussi de savoir comment il se structure pour que vous ayez une voix appropriée et informée et la bonne matrice de compétences dont vous aurez besoin pour être un conseil national efficace. Je pense que ce sont des questions cruciales.
     Si vous me demandez si j'ai une formule précise pour ce faire, je vous répondrai que je n'en ai pas, mais je pense qu'une formule vague comme celle‑là se prête à la réponse politique habituelle du type « un qui vient d'ici et un qui vient de là » — vous savez, comme cela. Cela ne permet pas toujours d'obtenir le mélange puissant dont nous avons besoin.

  (1655)  

    Je vous remercie pour cette réponse.
     Je tenais à parler un peu plus de la composition et du travail du conseil d'administration du Conseil national de réconciliation et de l'importance que vous accordez à l'inclusion et à la participation de survivants du système des pensionnats. Un autre témoin en a parlé aujourd'hui, mais je voulais savoir ce que vous en pensez.
    Madame Wilson, vous disposez de 45 secondes pour répondre, s'il vous plaît.
    D'accord.
     Je dirai simplement, tout d'abord, pour être très claire, que je n'ai pris part ni au conseil provisoire ni à l'équipe de transition, donc je ne sais pas quelle a été la réflexion à ce sujet.
    Comme nous en avons parlé au sein de la Commission, je sais que le conseil national doit disposer de compétences très particulières. Je pense que, comme notre CVR l'avait fait, il faut mettre les survivants au coeur de son objectif. Cela peut vouloir dire en tant que membres du comité ou en tant que cercle parallèle, un cercle consultatif. C'est une autre façon de procéder. C'est une formule différente. C'est pour que la présence du coeur et de l'objectif des survivants — et des survivants intergénérationnels, comme un autre intervenant l'a souligné — soit assurée et garantie.
    Merci beaucoup, monsieur McLeod et madame Wilson.

[Français]

     Madame Gill, vous avez la parole pour six minutes.
    Merci, monsieur le président.
    Je remercie également tous les témoins.
    Merci, madame Wilson et monsieur Nungak.
    [La députée s'exprime en innu ainsi qu’il suit:]
    Tshinashkumitinau, Innushkueu Tshernish mak innu-utshimau Pietacho.
    [Les propos en innu sont traduits ainsi:]
    Je vous remercie, madame Tshernish et chef Piétacho.
[Français]
    Je vous remercie de vos témoignages. J'aimerais vous entendre tous les deux. Je ne dispose que de six minutes, et vous avez vu combien c'est bref, alors je voudrais vous laisser la place.
    Je ne sais pas si vous vous étiez consultés, mais vous avez parlé de choses semblables, notamment de la représentativité. Vous avez tous les deux parlé des aînés. Lorsqu'on regarde la composition du conseil d'administration, à l'article 12 du projet de loi C‑29, on dit qu'il doit compter « des jeunes, des femmes, des hommes et des personnes de diverses identités de genre », mais on ne mentionne ni les survivants, dont Mme Wilson a parlé, ni les aînés. Ayant été en contact avec la nation innue, je crois savoir — vous me le direz si je me trompe — combien les aînés sont importants. J'aimerais donc connaître votre point de vue là-dessus.
    Par ailleurs, vous avez également parlé de la langue. Mes collègues diront peut-être que ce n'est pas surprenant qu'une députée du Québec en parle, mais cela m'a surprise que vous souleviez cette question tous les deux dans vos témoignages. Vous disiez que, puisque la nation innue avait pour première langue l'innu et le français comme seconde langue, cela vous tenait loin des travaux de la Commission de vérité et réconciliation et, en même temps, de l'information. Je pense que c'est ce que vous vouliez dire.
    Ensuite, j'aimerais également parler des femmes. Vous en avez parlé, alors si vous voulez compléter vos propos, je vous laisserai tout le temps qu'il reste. Si ce n'est pas suffisant, bien sûr, mais vous pourrez toujours nous envoyer des notes. Nous nous ferons un devoir et un plaisir de les lire pour enrichir notre réflexion.
    Innushkueu Tshernish, je vous invite à répondre en premier, si vous le souhaitez. Ensuite, utshimau Piétacho, vous pourrez lui emboîter le pas.
    Kuei, kuei. Merci, tshinashkumitin, madame Gill.
    On parle de la représentativité d'une région dans la composition du conseil d'administration et on compare les régions quant aux sévices qui auraient été vécus par l'une ou par l'autre ou quant à savoir laquelle aurait eu le plus de pensionnats sur son territoire. Or cela fait partie de l'histoire. En tant que membres des Premières Nations, nous l'avons tous vécu. Je n'ai jamais entendu une communauté ou une nation utiliser cette représentativité dans son discours, parce que cette histoire a été vécue par tout le monde au sein des Premières Nations au Canada. Je dis cela parce que j'ai été frappée par l'intervention faite plus tôt par l'un des députés.
    Je vais vous dire une chose qui est importante pour moi. Vous ne le savez peut-être pas, mais certains survivants des pensionnats se définissent comme survivants, tandis que d'autres aiment mieux se définir comme d'anciens pensionnaires. La Commission de vérité et réconciliation a permis à ces survivants ou anciens pensionnaires de s'exprimer, de dévoiler ce qu'il y avait de plus profond en eux. Ce a été difficile, car cela a fait ressortir des blessures.
    Il est important que cette sensibilité et cette réalité fassent partie des discussions autour de la table. En effet, je constate, dans ma région, qu'il n'y a pas encore eu de dialogue entre les anciens pensionnaires et leur enfant ou leurs enfants. Je suis moi-même l'enfant d'une ancienne pensionnaire, et je n'ai encore jamais eu la chance d'avoir une conversation avec ma mère au sujet du pensionnat.

  (1700)  

    Madame Tshernish, pourriez-vous laisser un peu de temps au chef Piétacho, puisqu'il ne reste qu'environ une minute et demie?
    Oui. Excusez-moi.
    [La témoin s'exprime en innu.]
    Vous avez la parole, chef Piétacho.
    [Le témoin s'exprime en innu ainsi qu'il suit:]
    Ekuen tshinashkumitin Marilène.
    [Les propos en innu sont interprétés ainsi:]
    Merci, madame Gill.
[Français]
    J'ai beaucoup de difficulté à exprimer mes émotions dans ma langue seconde, parce que, dans ma langue, ce serait intense.
    Ayant grandi dans les années 1950 et 1960, j'ai fait partie de la deuxième vague, si on peut le dire ainsi. Des jeunes ont été pris pendant qu'ils jouaient et s'amusaient, et ils sont partis vers un lieu inconnu.
    Je veux simplement rappeler que je suis un survivant, un ancien pensionnaire, et peut-être bientôt un aîné. Je suis très intéressé à ce qu'il y ait des gens pour nous représenter à l'échelle nationale. Comme vous le savez, nous avons notre propre langue et nous avons la langue seconde. Nous avons aussi des aînés. Une de nos aînés a plus de 91 ans. Elle a vu la plupart de ses 18 enfants, sinon tous ses enfants, être emmenés au pensionnat. Je veux simplement vous rappeler que les aînés sont importants pour nous. C'est primordial. Également, en ce qui concerne les femmes, on parle souvent des conséquences intergénérationnelles. Les disparitions et les meurtres font partie de la tristesse vécue dans nos communautés, dans nos nations.
    Je ne veux pas intervenir trop longuement, mais nous vous serions reconnaissants de vous assurer qu'il y a une meilleure représentation. Il faut aussi que des mesures soient prises. Il ne doit pas seulement y avoir des discussions, comme c'est encore le cas.
     Merci beaucoup, chef Piétacho.
    Je vais maintenant céder la parole à Mme Idlout, pour six minutes.

[Traduction]

    Madame Idlout, la parole est à vous.
    [La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
    ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ, ᐋ, ᓯᕗᓪᓕᕐᒥ ᐃᓘᓐᓇᓯ ᐊᒃᓱᐊᓗᒃ ᖁᔭᓕᕙᑦᓯ, ᐋ, ᐅᕙᑦᑎᓐᓄᑦ ᐅᓂᒃᑳᕋᑦᓯ ᐊᒻᒪᓗ ᐅᖓᓯᒃᑐᒦᓐᖓᑦᓱᓯ ᑕᒪᐅᖓ ᑎᑭᒃᑲᑦᓯ, ᐋ, ᑕᒪᓐᓇ ᐅᓂᒃᑳᕈᑎᒋᔭᑦᓯ ᐱᒻᒪᕆᐊᓘᒻᒪᑕ, ᐊᒻᒪᓗ ᓰᑉ ᔮᓐ ᓵᕐᕈᓪᔅ, ᐋ, ᐹᒃᑳᑦᓲ, ᒪᒥᐊᓇᖅ ᐊᑎᖓ ᐅᖃᑦᓯᐊᖏᓐᓇᒃᑯ, ᑐᓴᖅᐸᒋᑦ, ᐋᒻ, ᓇᓪᓕᒋᕙᒋᑦ ᐅᐱᒋᕙᒋᑦ, ᒪᒥᐊᓇᖅ ᐊᐱᕆᔾᔮᖏᓐᓇᒃᑭᑦ ᐱᕕᑭᑦᑑᓗᐊᕋᒪ, ᑖᒃᑯᐊ ᐊᐱᕆᓂᐊᖅᑕᒃᑲᓕ ᔨᐱᑎᒃᑯᑦ ᒧᐊᕇᒃᑯᑦ ᑭᐅᔪᓐᓇᖅᐸᑕ ᓯᕗᕐᓕᕐᒥᒃ ᐆᒥᖓ, ᐋ, ᑖᓐᓇ, ᑖᓐᓇ, ᑎᒥᐅᓂᐊᖅᑐᖅ, ᐊ, ᓴᓐᖏᓂᖃᕆᐊᖃᕐᓂᐊᕈᓂ ᖃᐅᔨᓴᖃᑕᐅᖃᑕᐅᒍᓐ-ᓇᕆᐊᖃᖅᐸᑕᖃᐃ, ᐋ, ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᖅᑎᒍᑦ ᐱᔪᓐᓇᐅᑎᕗᑦ ᓴᐳᔾᔭᐅᑦᓯᐊᕋᓗᐊᕐᒪᖓᑦᑕ. ᖃᐅᔨᓴᖅᑕᐅᔪᓐᓇᕋᓗᐊᖅ ᐃᓛ, ᖃᐅᔨᓴᖃᑕᖃᑕᐅ-ᔪᓐᓇᕋᔭᖅᑕᒃᑲ ᑖᒃᑯᐊ, ᐋ, ᑎᒥᐅᔪᑦ, ᐋ, ᐱᔪᓐᓇᐅ-ᑎᕗᑦ ᓴᐳᔾᔭᐅᓯᐊᕋᓗᐊᕐᒪᖓᑦ, ᔨᐱᑏ ᓯᕗᓪᓕᐅᒍ-ᕕᖃᐃ.
    [Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
    Merci à tous. Je remercie chacun et chacune d'entre vous pour vos témoignages. Vous êtes venus de loin pour vous exprimer ici, parce que ce que vous avez à dire est très important.
     Chef Jean-Charles Piétacho, je vous entends et je vous aime.
     Je vais passer directement à ma question, puisque mon temps est limité.
     Je veux d'abord poser une question à M. Nungak.
     Si nous devons avoir un conseil national de réconciliation puissant, est‑ce que nos droits en tant que peuple autochtone seront pris en considération et abordés... en proportion de leur importance? Est‑il possible d'effectuer une étude pour déterminer si nos organisations sont soutenues dans ce projet de loi?
[Traduction]
     Non, désolée: je ne vous entends pas.
     C'est une question simple. J'ai l'impression que le projet de loi C‑29 ne parle pas assez de permettre au Conseil national de réconciliation de surveiller si les droits des Autochtones sont protégés. Je me demande si vous êtes d'accord pour dire que ce conseil devrait peut-être s'assurer aussi que les droits des Autochtones sont effectivement protégés. Y a‑t‑il de la place pour ce type de contrôle au sein de ce conseil de réconciliation?

  (1705)  

    [Le témoin s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
    ᓯᕗᓪᓕᒥᒃ ᑐᓴᕐᓂᕆᕕᔾᔪᐊᑕᕋ ᐅᕙᓂ ᐱᖁᔭᓕᐅᖅᑏᑦ ᑲᑎᒪᕕᖓᓐᓂ ᐃᓄᒃᑎᑐᑦ ᐅᖄᔭᐅᓂᖓ ᐃᓄᒃᑎᑑᕐᓂᕗᑦ ᐱᐅᒋᕕᔾᔪᐊᑕᕋ ᑕᒪᓐᓇ ᐱᖁᔭᓕᐅᖅᑏᑦ ᐅᖃᐅᓯᑦᑎᓐᓂᒃ ᑐᓵᓘᕆᐊᖃᕐᒪᑕ.
    [Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
    Tout d'abord, dans le cadre de cette séance, je suis tellement heureux et vraiment fier d'entendre ma langue être parlée ici parce que vous devez aussi entendre notre langue.
[Traduction]
     Je vais essayer de répondre à cette question en abordant deux points.
     Le premier est la question de l'extinction et de l'abandon des droits autochtones, qui était une condition de notre signature de la convention de la Baie-James en 1975. Les Cris de la Baie-James et les Inuits du Nord du Québec étaient absolument impuissants face à cette condition préalable. Nous n'avions nulle part où aller. Nous ne pouvions pas nous adresser à la Cour suprême pour empêcher cette terrible extinction et cet abandon. Cela a détruit l'harmonie entre les Inuits du Nord du Québec. Le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec ont utilisé cette condition comme une massue, comme une condition préalable à l'inclusion de tout avantage pour les Cris et les Inuits dans un accord officiel.
     Environ 15 ans plus tard, le gouvernement du Canada a embauché un juge nommé Hamilton pour étudier la question et chercher des solutions de rechange à l'extinction et à l'abandon. La recherche n'a pas été assez sérieuse pour déboucher sur une solution. Quelque chose comme un conseil national de réconciliation n'aurait pu qu'être utile pour trouver une solution convenant non seulement aux parties autochtones, mais aux gouvernements du Canada. C'est une condition difficile, terrible, avec laquelle nous devons vivre depuis.
     C'est un exemple de ce qui peut être examiné dans le cadre d'une recherche sérieuse de solution.
     Le deuxième exemple est que j'ai participé aux conférences des premiers ministres des années 1980, où le principal objectif des intervenants autochtones dans ce processus était de supplier les provinces et les territoires du Canada et le gouvernement du Canada de reconnaître un droit inhérent à l'autodétermination. Nous n'avons pas réussi à percer les forteresses du colonialisme sur cette question. La dernière conférence des premiers ministres, en 1987, s'est soldée par un échec lamentable, bien que les gouvernements aient été disposés à reconnaître un droit contingent, ce qui signifie que, par leur bonne volonté et en en étant la source, un droit peut être reconnu.
     Nous voulions faire reconnaître un droit antérieur à la formation du Canada. Cela s'est soldé par un échec. Puis, 31 ans plus tard, le jour de la Saint-Valentin — le 14 février 2018 — je me suis réveillé pour voir à la télévision le premier ministre du Canada se lever au Parlement et reconnaître le droit inhérent des peuples autochtones à l'autonomie gouvernementale.
     Je ne sais pas ce qui est intervenu entre l'échec de 1987 et la déclaration du premier ministre affirmant un tel droit en 2018. Je pense qu'il se serait écoulé moins de temps si quelque chose comme un conseil national de réconciliation s'était penché sur des enjeux importants comme celui‑là pour trouver des solutions, au lieu d'attendre que le premier ministre se lève du bon côté de son lit le matin même et reconnaisse ce droit.

  (1710)  

    C'est tout ce que j'ai à dire.
    Merci beaucoup, madame Idlout. Nous avons dépassé le temps imparti.
     C'est ainsi que se conclut la discussion avec ce groupe de témoins.
     J'aimerais remercier à nouveau nos témoins, Mme Marie Wilson, ancienne commissaire de la Commission de vérité et de réconciliation, et M. Zebedee Nungak.

[Français]

     Je remercie Mme Marjolaine Tshernish, directrice générale de l'Institut Tshakapesh et, enfin, le chef Jean‑Charles Piétacho.
    Je vous remercie tous de nous avoir ouvert votre cœur et d'avoir exprimé vos sentiments au sujet du projet de loi C‑29, qui est à l'étude. Nous vous en sommes très reconnaissants.

[Traduction]

    Nous allons suspendre la séance un instant afin de nous préparer à accueillir notre prochain groupe de témoins.
    Mesdames et messieurs, nous reprenons nos travaux sans tarder, car nos témoins sont prêts. Je suis désolé de précipiter un peu les choses, mais nous devons poursuivre nos travaux.
     J'aimerais tout d'abord souhaiter la bienvenue aux témoins qui vont comparaître au sein de ce deuxième groupe de témoins.
     Nous avons Melissa Mbarki.

[Français]

     Elle est analyste des politiques et coordinatrice en communication du Programme de politique autochtone pour l'Institut Macdonald‑Laurier.

[Traduction]

    Nous accueillons le chef Willie Sellars, de la Première Nation de Williams Lake, par vidéoconférence. Nous accueillons aussi Okalik Eegeesiak, à titre individuel, elle aussi par vidéoconférence.
     Bienvenue à nos trois témoins. Au cas où vous n'auriez pas regardé la première heure, vous aurez chacun cinq minutes pour faire une déclaration liminaire, après quoi nous passerons aux questions.
     Sans plus tarder, j'invite Melissa Mbarki à commencer par une déclaration liminaire de cinq minutes.
    Je ne vois pas Mme Mbarki. Est-elle avec le groupe?
    Elle l'était. Je ne sais pas où elle est passée. Laissez-moi voir si le personnel technique peut la joindre.
    Pendant que vous le faites, je vais donner la parole au chef Willie Sellars s'il est prêt à faire sa déclaration liminaire de cinq minutes.
     Monsieur Sellars, êtes-vous prêt à commencer?
    Je n'ai jamais comparu devant le Comité, alors est‑ce une déclaration liminaire concernant qui je suis et d'où je viens que vous attendez de moi aujourd'hui?
     Eh bien, vous avez la possibilité de faire une déclaration liminaire de cinq minutes s'il y a des points précis que vous souhaitez nous souligner en ce qui concerne le projet de loi C‑29. Il s'agit simplement de mettre la table, si vous souhaitez le faire. Lorsque tous les témoins se seront exprimés, nous passerons à une période de questions.

  (1715)  

    Mme Mbarki peut commencer, si vous le voulez bien. Je la vois.
    Est‑ce que Melissa Mbarki est parmi nous?
    Veuillez faire une déclaration liminaire de cinq minutes.
    Je vous remercie de me permettre de prendre la parole devant vous.
     J'ai grandi dans la Première Nation Muskowekwan, située en Saskatchewan. Le pensionnat de ma réserve a fonctionné de 1889 à 1997. L'école publique de la ville la plus proche était un lieu d'apprentissage pour les enfants de la réserve, les enfants du pensionnat et les enfants d'agriculteurs et de citadins.
     Ma maison se trouvait à environ quatre kilomètres du pensionnat. Je pouvais voir les lumières de ma terrasse le soir. De nombreux enfants se sont enfuis de ce pensionnat et se sont heurtés à un terrain très accidenté dans ma cour. Un marécage, de la boue, de la glace irrégulière en hiver et un dépotoir en faisaient un parcours semé d'embûches pour les enfants qui fuyaient. Nous avons perdu certains membres de notre communauté dans cette zone à cause des conditions en hiver.
     Mes premiers souvenirs sont ceux de policiers fouillant cette zone si le personnel du pensionnat ne trouvait pas un enfant ou plusieurs enfants disparus qui avaient fugué. Des enfants du pensionnat se sont liés d'amitié avec des enfants de la réserve, et de nombreux enfants plus âgés de ma communauté ont hébergé ces enfants aussi longtemps qu'ils l'ont pu.
     Les enfants ne voulaient pas être là. Beaucoup d'entre eux ne sont pas revenus; beaucoup se sont suicidés alors qu'ils étaient en visite dans leur famille. Mon frère a perdu son ami en première année, et j'ai perdu l'un des miens en quatrième année.
     Les enfants qui ont quitté le pensionnat l'ont fait avec peu d'éducation; beaucoup sont partis avec une scolarité de 6e ou de 7e année. Beaucoup se sont retrouvés dans le système des services à l'enfance et à la famille et beaucoup se sont suicidés ou sont morts dans des accidents tragiques. La plupart d'entre eux ont développé une dépendance à la drogue et à l'alcool et sont aujourd'hui sans abri ou travaillent dans l'industrie du sexe.
     Parler des pensionnats n'est pas une conversation agréable, mais nous devons parler des effets dévastateurs de ces écoles sur les familles et les communautés autochtones. Nous devons trouver des solutions aux problèmes sociaux et économiques auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui.
     Cela fait 25 ans que le pensionnat a fermé ses portes dans ma réserve. Nous n'avons aucun soutien pour ceux qui ont fréquenté cette école. Nous n'avons pas de ressources pour les aînés, pas de soutien opportun en matière de santé mentale, ni même de services de toxicomanie et de santé. L'endroit le plus proche pour accéder à ces services se trouve à 45 minutes ou à une heure et demie de ma communauté.
     Je pense que le Comité ne sera jamais non partisan, alors assurons-nous d'inclure des personnes de tous les points de vue et de tous les âges, car le grand public semble penser que les pensionnats indiens datent d'il y a 100 ans. En réalité, le plus jeune survivant des pensionnats de ma communauté a eu 33 ans cette année, donc c'est contemporain, c'est de mon vivant.
     Souvent, je constate que les gens sont assez surpris de mon jeune âge lorsque je parle dans des panels ou que j'écris sur les pensionnats. J'écris sur les répercussions que ma communauté a subies, mais nous avons besoin de personnes qui peuvent parler au nom des réserves. Comme moi, les membres de la communauté vous diront ce dont nous avons besoin. J'ai l'impression que nos voix sont éclipsées par la politique et, dans un esprit de réconciliation, j'espère que nous pourrons combler le fossé entre tous les ordres de gouvernement. C'est la seule façon d'aller de l'avant.
     Le temps presse alors que des gens meurent dans les réserves à cause de suicides et de dépendances. Le temps presse quand des tueries se produisent dans nos réserves, et le temps presse, car ma famille, mes nièces vivent encore dans la réserve. Le temps presse.
     Voici ce que je veux: nous avons besoin de responsabilisation à chaque ordre de gouvernement. Lors d'annonces de financement, nous devons nous assurer que ces fonds parviennent aux communautés qui en ont besoin et nous devons voir les résultats de cet argent. Ce n'est pas le cas actuellement et c'est très frustrant, surtout de mon point de vue, lorsque je ne vois pas les choses se faire aussi rapidement qu'il le faudrait.
    La pauvreté est un autre sujet que nous devons aborder. Nous devons permettre à nos communautés de prospérer. Lorsque j'ai examiné les sections du rapport de la CVR, j'ai vu que le numéro 92 mentionnait l'établissement de relations et l'accès à des emplois, mais qu'en est‑il du financement? Comment obtenir ces emplois? Comment avoir accès à la formation? Ce sont les questions que je pose aujourd'hui.
     Je vous remercie tous d'être ici aujourd'hui pour m'écouter et entendre mon histoire, qui n'est pas très bien connue du grand public. Beaucoup de gens ne connaissent pas l'impact que le traumatisme intergénérationnel a eu sur moi, ma famille et ma communauté.
     Je vous remercie.

  (1720)  

    Merci beaucoup, madame Mbarki.
     Nous allons maintenant passer au chef Sellars. Ce n'est pas obligatoire, mais si vous souhaitez parler pendant cinq minutes, vous avez la parole.
    J'en serais ravi.
     Merci, madame Mbarki, d'avoir partagé votre histoire.
    Nous regardons dans tout le pays les communautés des Premières Nations, les réserves des Premières Nations, et peu importe la réussite de ces communautés, nous continuons à voir les mêmes tendances en essayant de réduire cet écart socioéconomique ou social dans notre mode de vie et la santé et le bien-être de nos communautés.
     J'ai grandi et j'ai passé toute ma vie dans la réserve Sugar Cane, qui est la Première Nation de Williams Lake, située juste à l'extérieur de la ville de Williams Lake. Autour de Williams Lake se trouvent 14 communautés autochtones différentes, allant des Secwepemc aux Tsilhqot'in en passant par les Xat'sull. Plus à l'ouest, nous avons les Nuxalk et au sud, les Stl'atl'imx .
    De nombreux membres des Premières Nations de cette région ont fréquenté le pensionnat de la Mission Saint-Joseph, situé à six kilomètres du noyau communautaire de la Première Nation de Williams Lake ou de la réserve Sugar Cane. C'est là que mon père est allé à l'école. Une génération a quitté les pensionnats dans notre communauté, mais nous voyons encore le traumatisme — le traumatisme direct et le traumatisme intergénérationnel — se répercuter sur notre mode de vie. Cela a vraiment un impact sur notre équilibre en tant que communauté et en tant que peuple.
     La discussion sur la réconciliation se poursuit dans tout le pays, et les torts et l'héritage des pensionnats autochtones sont mis au premier plan des discussions. Cela contribue vraiment au processus de guérison de nos communautés et de nos provinces et, en fin de compte, de notre pays. Cependant, il y a encore tellement de travail à faire pour réduire cet écart.
     Je ne veux pas parler du moment où la réconciliation sera atteinte avec les politiciens locaux et penser qu'il y a un prix à payer pour cela. C'est peut-être dans plusieurs générations que la réconciliation se fera, car il faut beaucoup d'éducation autour de ce sujet de discussion.
     Une enquête est en cours à Saint-Joseph. Nous avons annoncé 93 anomalies en janvier dernier. Nous allons faire une annonce similaire pour la phase deux de l'enquête avec l'intervention du GPR — le radar à pénétration de sol — et la recherche que nous avons effectuée au cours des deux dernières années.
     Il s'agit d'un déclencheur non seulement pour cette région, mais pour ce pays, chaque fois que cela se produit. Ces déclencheurs se produisent presque tous les mois en raison du nombre de pensionnats au Canada et de l'histoire et des torts de ces pensionnats.
     Je regarde ma communauté et je vois à quel point nous avons réussi au cours des deux dernières années, des cinq dernières années et des dix dernières années. Nous sommes une puissance économique dans cette ville de Williams Lake, dans la région de Cariboo Chilcotin. Nous avons de nombreuses sources de revenus. Nous réinvestissons nos revenus dans la communauté. Nous avons plus de 90 employés, dont 50 % sont financés par ces revenus autonomes. Nous avons des programmes et des services. Nous avons un taux de chômage pratiquement nul.
     Nous considérons tous les avantages d'être la Première Nation de Williams Lake, tous les succès que nous avons connus et toutes les possibilités qui s'offrent à nous. Cependant, nous avons toujours les mêmes traumatismes dans notre communauté que tout le monde. Nous avons eu trois surdoses cette année, et deux suicides. Pour une petite communauté comme la mienne, qui compte 300 membres dans la réserve et près de 800 membres dans l'ensemble, c'est un gros chiffre.
     Comment allons-nous trouver cet équilibre en tant que peuple autochtone? L'éducation en est un élément essentiel. De plus, cette discussion sur la revitalisation de la langue, des cérémonies et de la culture doit bénéficier d'un investissement continu, non seulement en temps, mais en argent. C'est exactement là que nous devrions mettre la priorité. Le partenariat et le soutien des gouvernements provincial et fédéral seront également un élément important de cette discussion.
     Continuer à éduquer la municipalité locale, qui est l'une de nos municipalités voisines, la ville de Williams Lake, est également un élément important de cette discussion. La pression exercée par d'autres entités gouvernementales pour que Williams Lake continue à nous soutenir et à s'éduquer sera également primordiale, tout comme le fait de voir la courbe de la santé et du bien-être se redresser dans nos communautés.
     Il y a beaucoup de travail à faire en matière de réconciliation, mais en même temps, nous devons aussi reconnaître tout le travail qui a été fait jusqu'à présent et la façon dont l'accent a été maintenu sur ce sujet.

  (1725)  

     Poursuivons cette discussion et continuons d'insister pour que les gens rattrapent le temps perdu et prennent cette initiative et la mettent en oeuvre, comme il existe de nombreux exemples dans tout le pays, mais cela devrait nous rappeler tout le travail qu'il nous reste à faire.
    Kukwstsétsemc, et tous les membres de ma famille vous remercient. Merci.
    Merci beaucoup, chef Sellars.
     Nous allons passer à notre troisième témoin, Okalik Eegeesiak.
     Allez‑y. Vous avez cinq minutes.
    [La témoin s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
    ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ ᐃᑦᓯᕙᐅᑖᖅ, ᐅᑲᓕᖅ ᐃᔨᑦᓯᐊᖑᔪᖓ, ᐃᖃᓗᓐᓂᒃ, ᐃᖃᓗᓐᓃᑦᑐᖓ, ᐋᒻ, ᓯᕗᓪᓕᖅᐹᒥᖃᐃ ᐃᓕᓴᕆᒍᒪᔮᒃᑲ, ᐋ, ᓗᐊᕆ ᐃᑦᓚᐅᑦ ᐊᒻᒪᓗ ᔨᐱᑎ ᓄᓐᖓᖅ ᐅᖃᖅᑎᐅᖅᑲᐅᒻᒥᔫᒃ ᐃᓄᓐᓃᖔᖅᑐᑎᒃ, ᑕᐃᒫᑦᓴᐃᓐᓇᖅ, ᐋᒻ, ᔨᐱᑎᐅᑉ ᐅᖃᐅᓯᕆᖅᑲᐅᔭᖓ ᑐᓴᕐᓂᖅᑐᒋᐊᓪᓚᐅᒻᒪᑦ ᐃᓄᑦᑎᑑᖅᑎᓪᓗᑕ, ᐱᒻᒪᕆᐊᓘᒻᒪᑦ, ᐊᑯᓂᓗ ᖃᐅᔨᒪᓪᓗᒍᓗ, ᐋᒻ, ᐅᐱᒋᓪᓗᒍᑦᑕᐅᖅ.
    [Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
    Merci, monsieur le président.
     Je m'appelle Okalik Eegeesiak et je suis d'Iqaluit. Je suis à Iqaluit.
     Tout d'abord, je tiens à saluer la députée Lori Idlout et Zebedee Nungak, qui était un témoin. C'était vraiment bien d'entendre Zebedee Nungak apprécier que sa langue soit utilisée dans cette séance. Je connais M. Nungak depuis longtemps et je suis fière de lui.
[Traduction]
     Je vous remercie beaucoup de me donner l'occasion de m'adresser au Comité sur les prochaines étapes de la réconciliation. J'ai notamment été présidente du Conseil circumpolaire inuit, ou CCI, un organisme inuit international qui représente, promeut et défend les intérêts des Inuits. J'ai également été présidente nationale de l'ITK avant que celui‑ci ne soit connu sous le nom d'Inuit Tapiriit Kanatami, alors qu'il s'appelait Inuit Tapirisat du Canada. J'ai également été présidente régionale de la Qikiqtani Inuit Association, ici dans la région de Baffin.
     J'aimerais rappeler au Comité et aux Canadiens que la réconciliation ne commence pas le jour de la création de cette commission; elle a commencé, je pense, dès le premier contact, et nous avons eu beaucoup de travail à faire depuis lors et nous en avons encore aujourd'hui.
     Le Conseil circumpolaire inuit, l'ITK et les régions ont fait beaucoup de travail pendant des années et des années en rédigeant des rapports, en faisant des recommandations aux différents gouvernements et en demandant des choses comme des politiques, des programmes et des services communautaires, dirigés et gérés par les Inuits, afin que nous puissions commencer à guérir du traumatisme que nous avons subi en offrant ces politiques, programmes et services d'une manière culturellement sensible en inuktitut. Mettons à profit le travail que les organisations inuites et les organisations autochtones ont déjà accompli pour créer un conseil national de réconciliation beaucoup plus fort.
     Une commission de réconciliation signifiera‑t‑elle une réconciliACTION plus importante, meilleure et plus rapide, comme l'affirme efficacement cette campagne de promotion? Dans quelle mesure cela sera‑t‑elle lente ou rapide? Comme vous le savez, la Commission de vérité et réconciliation a publié son rapport et ses recommandations il y a quelques années. Comme pour tout le reste, nous savons que tout prend du temps; beaucoup de choses prennent du temps, et le gouvernement bouge au ralenti, ralenti, ralenti. Comme vous pouvez le comprendre, nous sommes parfois fatigués d'attendre et devenons très impatients et frustrés.
     La réconciliation doit venir d'une approche, d'un état d'esprit et d'une base équilibrés, avec un respect mutuel et des ressources équitables. Le Conseil circumpolaire inuit, l'ITK et les associations inuites régionales l'ont toujours dit: des ressources non pas égales, mais équitables. Elle doit provenir de services et de programmes autochtones mis en œuvre selon une perspective et une approche autochtones, comme l'enseignement dans les langues autochtones et l'enseignement de notre culture dans les écoles. Elle doit provenir du respect, de la protection et de la promotion des droits autochtones, y compris les droits des aînés et les droits que nous avons négociés dans les accords de revendications territoriales.

  (1730)  

     M. Nungak a parlé un peu des accords sur des revendications territoriales et de certains sacrifices ou compromis que les Inuits ont dû faire en négociant et en signant ces accords. Nous avons maintenant des problèmes et des difficultés à faire en sorte que les gouvernements respectent leurs obligations dans le cadre de ces accords. Si vous souhaitez une réconciliation, faites en sorte que les gouvernements respectent ces obligations. Nous avons négocié une augmentation des ressources pour enseigner notre langue dans les écoles, ainsi que notre culture, avec une base solide de culture et d'aînés inuits.
     Pour ce comité, est‑il suffisant de surveiller pour concrétiser ce changement? Est‑ce suffisant d'évaluer pour favoriser le changement? Le Comité fera‑t‑il des recherches dans un but d'investigation? J'ai entendu tout à l'heure des commentaires sur le fait que certaines phrases clés du projet n'étaient pas aussi fortes qu'elles pourraient l'être, et c'est l'origine de certaines de mes questions.
     Pour en revenir aux nombreux rapports que les Autochtones ont contribué à produire ou à publier, que signifie réellement le terme « rapport »? Nous avons tous connu des frustrations liées au fait que des rapports importants et critiques ont été mis de côté. La Commission royale sur les Autochtones en est un bon exemple, ainsi que ses bonnes recommandations. Puis, il y a eu la CVR et la lenteur avec laquelle le processus s'est déroulé. Quelle sera la lenteur de ce processus?
    Mme Eegeesiak, nous allons devoir passer aux questions. Si vous pouviez conclure, je vous en serais reconnaissant.
    J'ai terminé. Je vous remercie.
    Merci beaucoup pour votre témoignage initial.
     Nous allons maintenant passer aux questions, en commençant par M. Zimmer, d'après ma liste.
    Monsieur Zimmer, vous disposez de six minutes.
    Je pense que ce sera moi, monsieur le président.
    M. Zimmer est remplacé par Mme Goodridge, monsieur.
    Je croyais avoir entendu la voix de M. Schmale. Qui que ce soit, allez‑y, vous disposez de six minutes.
    Des députés: Oh, oh!
    Merci, monsieur le président. Je parie que vous souhaiteriez que nous nous arrêtions parfois de parler, comme notre amie du Nunavut s'est arrêtée, tout d'un coup. C'est assez étonnant. Les politiciens devraient prendre exemple sur elle.
    Je vais commencer par Mme Mbarki, si vous le permettez.
    Je veux vous parler d'un sujet qui vous tient à cœur, soit la réconciliation économique.
     Au cours de cet examen du projet de loi C‑29, quelques témoins nous ont dit qu'il fallait qu'une personne passionnée siège à cette table, une personne qui parle de réconciliation économique comme d'un moyen d'avancer. Êtes-vous d'accord?
    Je suis tout à fait d'accord.
    Si vous prenez ma déclaration liminaire ou celle du chef Willie Sellars, il a dit que sa communauté a un taux de chômage proche de 0 %. Ma communauté a un taux de chômage de 95 %. Cette variation à travers le pays et dans les différentes réserves est sans doute un enjeu que nous devons aborder. Il n'y a absolument aucun moyen d'avancer dans ma communauté sans créer des emplois, mettre fin à la pauvreté et sans apporter des services dans ma communauté. Il pourrait s'agir de services de santé, qui pourraient employer du personnel infirmier et un technicien ou une technicienne. Ma communauté en a besoin. Nous devons examiner le portrait général de ce à quoi ressemble la réconciliation économique pour chaque communauté, car il sera différent pour chacune.
     Je travaille dans le secteur du pétrole et du gaz, depuis 15 ans. C'est une industrie qui m'a permis de sortir de la pauvreté. Si j'étais restée dans ma communauté, je vivrais encore dans la pauvreté. Nous devons chercher des moyens de ne pas entraver le développement et la souveraineté et de ne pas empêcher les communautés d'accéder à des emplois et à des possibilités entrepreneuriales très bénéfiques. C'est ce que je constate sans cesse. Ce secteur emploie de nombreux Autochtones, et beaucoup de gens s'y opposent. Je pense que les Autochtones ont le droit de prospérer comme ils le désirent. C'est une question sur laquelle nous devrions nous pencher.
     Je ne pense pas qu'il soit possible qu'un seul comité relève tous nos défis. Je suggère à ce sujet de séparer ce comité. Donnez-lui un volet économique, un volet éducatif et linguistique, et un volet social qui pourrait mettre en place des centres de guérison ou de toxicomanie. Je ne crois pas qu'un seul comité puisse s'occuper de tout et assurer la reddition de compte et ainsi de suite. Il faut absolument faire intervenir d'autres acteurs. Je ne pense pas qu'un seul comité puisse s'occuper de tout cela.

  (1735)  

    J'enchaîne avec une question sur la façon d'y parvenir. Des dirigeants autochtones ont dit que la Loi sur les Indiens est brisée, paternaliste et désuète et qu'elle est à l'origine de bon nombre des problèmes que nous constatons. Êtes-vous d'accord que cette loi est un obstacle, en partie, à la réconciliation économique des Autochtones?
    C'est sans équivoque. Elle est un obstacle pour les communautés parce qu'elle nous met dans une case et nous dit que nous devons faire ceci ou cela, si nous voulons un quelconque développement économique dans notre communauté, nous devons d'abord passer par là. C'est donc très paternaliste et cela ne permet pas aux communautés de prospérer. Je pense que nous devons aller plus loin. Je pense que nous devons modifier la Loi sur les Indiens pour nous permettre d'être des nations souveraines, de penser par nous-mêmes et de faire par nous-mêmes, car c'est ce qui manque dans l'équation.
    Merci beaucoup. J'ai tellement d'autres questions à vous poser, mais je veux passer rapidement au chef Sellars.
    Todd Doherty vous salue, en passant, chef Sellars.
    Dans votre déclaration liminaire, vous avez beaucoup parlé d'éducation. Vous avez aussi écrit sur le sujet dans un article de la CBC, dans lequel vous avez parlé du processus de guérison pour les Autochtones et les non-Autochtones et de l'avenir. Vous avez aussi beaucoup parlé de réconciliation économique, comme Mme Mbarki vient de le dire. Comment voyez-vous ce processus se dérouler?
     Dans votre déclaration liminaire, vous avez parlé de la manière dont vous avez pu aider votre communauté à aller de l'avant. Vous pourriez peut-être nous en parler un peu ainsi que de l'importance que cela devrait avoir ici à la table lorsque nous examinerons le projet de loi C‑29.
    Le plus difficile en pays indien est que toutes nos communautés sont à des étapes différentes de leur parcours de guérison.
    Quand je regarde la Première Nation de Williams Lake et ce grand feu brillant qui montre que nous sommes des Indiens et que nous avons pu répandre notre positiviste dans toute la région et amener de plus en plus d'alliés à monter à bord avec nous, je sais que c'est grâce au travail acharné de notre équipe.
    Nous sommes un peu une anomalie dans cette région, vu la capacité dont nous disposons en interne pour concrétiser la vision du conseil. Nous sommes un peu une anomalie dans notre région dans la façon dont nous avons été en mesure de trouver cette cohérence au sein de notre leadership pour continuer à réaliser cette vision de la guérison.
    Je le répète, je vois l'économie à travers le prisme de la réconciliation et de nos aspirations à devenir une communauté autonome. Cela s'est fait au moyen du processus des traités, mais nous avons aussi pris ces mesures progressives vers l'autonomie gouvernementale. Nous sommes sous le régime de la gestion des terres des Premières Nations. Nous gouvernons nos terres de réserve. Nous avons une loi sur l'administration financière. Ces formes sectorielles d'autonomie gouvernementale nous ont permis d'avancer à la vitesse des affaires et de devenir cette machine qui fonctionne efficacement et qui est capable de prendre des décisions, parce que notre capacité interne nous aide à négocier ces marchés et ces accords et à lancer ces autres entreprises qui nous ont permis de connaître beaucoup de succès et de prospérité.
    Là où nous avons vraiment du mal, c'est avec le volet éducatif de notre guérison, la création d'alliés autour de nous et convaincre des gens de monter à bord, de se tenir à nos côtés et de nous soutenir.
     Nous venons d'assister à un renouvellement massif de l'administration municipale dans la communauté voisine de Williams Lake. Le maire et quatre conseillers ont été renouvelés lors des dernières élections municipales. Je pense que c'est en grande partie parce que les gens veulent du changement. Il y a cette nouvelle ère de changement qui, je pense, se répand dans tout le pays, et on ne peut pas dire que toutes nos communautés des Premières Nations entrent dans la même case. Nous avons plus de 200 communautés des Premières Nations en Colombie‑Britannique seulement, toutes différentes, mais les constantes que nous observons sont au niveau de nos aspirations à la réussite, de nos aspirations à la santé, non seulement sur le plan de la santé mentale, mais aussi pour l'aspect culturel, cérémonial et linguistique.
     Bien sûr, nous aspirons en sorte que nous puissions contribuer également à la vision globale de ce pays, qui est que tout le monde travaille ensemble et, ce faisant et en reconnaissant qui sont les membres des Premières Nations sur le territoire où vous travaillez et en apprenant l'histoire, en vous éduquant sur les raisons pour lesquelles nos communautés sont telles qu'elles sont et l'histoire des pensionnats, et en tenant vraiment au sens profond de la réconciliation.
     Nous pourrions vraiment continuer encore et encore à mesure que nous avançons sur ce grand chemin...

  (1740)  

    Merci. Veuillez m'excuser de vous interrompre. Nous devons respecter notre horaire.
    Monsieur Battiste, vous avez la parole pour six minutes.
    J'aimerais commencer par le chef Sellars.
    Chef Sellars, vous avez dit qu'en dépit de la réussite économique de vos communautés, vous subissez encore des traumatismes, des suicides, des dépendances. Étant moi-même originaire d'une communauté micmaque de 5 000 habitants et ayant vu aussi des communautés micmaques prospères, j'ai été témoin des mêmes défis.
    Certains considèrent la réconciliation comme une question d'économie et disent que s'ils avaient suffisamment de possibilités, s'ils avaient suffisamment d'argent, les préjudices causés par les traumatismes intergénérationnels ou par la perte de la culture, de la langue, ne seraient pas aussi grands. Êtes-vous d'accord que la réconciliation exige de réparer les préjudices causés et de créer des voies vers la prospérité?
    Je suis tout à fait d'accord.
    Je suis dans ce jeu politique depuis un certain temps maintenant. J'ai été élu alors que j'avais une vingtaine d'années. J'ai siégé au conseil pendant 10 ans avant de devenir chef en 2018 et j'ai été élu par acclamation l'an dernier, alors je suis relativement jeune dans ce jeu. J'ai pu apprendre et être dans le feu de l'action tout au long de ce processus. Je continue à croire que, même s'il est difficile d'avoir une discussion sur les pensionnats et l'histoire de ce pays en ce qui concerne les peuples des Premières Nations, c'est une discussion que nous devons continuer à avoir, même si elle est difficile.
    L'autre jour, j'ai assisté à la formation sur la création d'espaces sûrs donnée par une jeune femme de la nation Syilx, Elaine Alec. L'un des commentaires qu'elle a faits a vraiment trouvé un écho chez moi. Elle a dit que nous sommes conditionnés à continuer d'entendre ces histoires de pensionnats — beaucoup d'entre nous, en tout cas — et à entendre ces histoires horribles au sujet de la Mission St‑Joseph. Nous sommes en train de vivre cette enquête. Maintenant, je suis conditionné à ne pas réagir à ces histoires. Je suis conditionné, semble‑t‑il, à ne pas pleurer ou à ne pas montrer mes émotions, mais je regarde une publicité à la télévision et quelque chose me rappelle une histoire que j'ai entendue, positive ou négative, et je m'effondre et en pleurant. Je pense à la patinoire de hockey, par exemple, et je m'effondre, et cette réaction a été déclenchée parce que les seules histoires que mon père m'a racontées sur la Mission St‑Joseph concernaient la patinoire de hockey.
     Ces différents éléments déclencheurs varient d'une personne à une autre dans le pays et dans les communautés des Premières Nations, et il n'existe pas de solution unique à tous ces problèmes. Il faut continuer à éduquer les non-Autochtones de ce pays et maintenir la discussion au premier plan pour que les gens continuent à avoir le pouvoir de soulever la question et de partager leur histoire afin qu'ils puissent se guérir.
     Nous voulons combler le fossé générationnel que nous constatons dans toutes nos communautés. Nous voulons rompre ce cycle. J'aime à penser que le cycle est rompu avec mes trois enfants et celui qui va naître d'un jour à l'autre. C'est prévu pour samedi. Ils vont grandir à une époque où leur père était présent chaque jour de leur vie, où leur mère était présente chaque jour de leur vie. Ce luxe n'est pas le même et n'est pas uniforme dans nos communautés.
     Comment combler ce fossé? Comment rompre ce cycle? À mon avis, l'éducation jouera le plus grand rôle dans ce processus, de sorte que lorsque je parle au maire de la ville de Williams Lake, il comprend l'histoire des Premières Nations et pourquoi il est si important qu'il se tienne à nos côtés et nous soutienne, non seulement dans les projets de réconciliation économique sur le terrain, mais aussi en participant aux cérémonies et aux événements que nous organisons dans la communauté pour montrer et prouver qu'il est un leader, qu'il se tient à nos côtés et qu'il donne cet exemple.

  (1745)  

    Je vous remercie de cette réponse, chef Sellars.
     Madame Mbarki, je m'adresserai à vous ensuite.
     Vous avez parlé des grandes brèches qui existent entre votre communauté et le reste du Canada. Les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation parlent de combler les lacunes dans les secteurs de l'éducation, de la santé et de l'accès à la justice. Je me demande si vous pourriez vous exprimer sur l'importance de faire le pont entre les services dans la réserve et ceux qui sont offerts hors de la réserve, car ce serait un pas fondamental à franchir vers le régime de supervision que le comité indépendant doit mettre sur pied.
    Ma communauté se trouve à une heure et demie de route de la ville la plus proche, et à deux heures et demie si nous allons vers le nord. Les membres de la communauté ont beaucoup de mal à accéder ne serait‑ce qu'à une analyse de sang. Pour cela, ils doivent prendre la route. Ce n'est pas facile pour ces personnes de sortir de la localité pour trouver ce qu'il leur faut.
     Un des éléments que nous avons vraiment appris pendant la pandémie de COVID a été que nous avons un accès très limité aux services de santé. Nous n'avions même pas accès à des installations de quarantaine. Nous ne pouvions pas extraire de la maison familiale les membres qui en étaient malades, de sorte que toute la famille était infectée. L'analyse de la structure des familles dans la réserve révèle qu'il peut arriver que deux ou trois familles différentes vivent dans une même maison. Cela nous a vraiment touchés.
     Je pense que c'est là un des problèmes qu'il nous faudra résoudre plus tôt que tard, car, s'il y a une autre pandémie, nous verrons de nouveau les militaires venir à notre aide. Nous devons nous mettre à la recherche de solutions pour régler diverses situations, notamment dans le domaine de la santé.
     Autre source de préoccupations, les services de santé mentale! Ici encore, il faut deux heures de route pour y accéder. Cela est inacceptable. Je vis dans une communauté entourée par quatre autres. Il serait donc très facile d'établir là un centre de soins de santé auquel les quatre communautés pourraient accéder. Cela ne signifie pas nécessairement qu'un tel centre sera installé dans une de ces communautés. Nous pourrions tous accéder aux services de ce genre, même aux services de santé mentale, et les partager. Selon moi, c'est à ce stade que les efforts faits pour combler les lacunes entrent en jeu, même dans le contexte de la réconciliation économique. Si des emplois sont créés et qu'une entreprise s'établit, les communautés voisines en profitent aussi. Ce n'est pas comme si c'était le cas d'une mine. Ce serait un atout partageable. À mon avis, c'est là une liste de mesures auxquelles nous devons à coup sûr commencer à réfléchir.
    Merci beaucoup, monsieur Battiste.

[Français]

     Madame Gill, vous avez maintenant la parole pour six minutes.
    Merci, monsieur le président.
    Je remercie tous les témoins, soit Mme Eegeesiak, Mme Mbarki et le chef Sellars. D'ailleurs, j'en profite pour féliciter ce dernier pour la naissance à venir.
    J'aimerais revenir au projet de loi.
    Selon vous, quelles améliorations devrions-nous y apporter? Puisque Mme Mbarki et M. Sellars sont des jeunes Autochtones — on y a fait allusion plus tôt —, j'aimerais savoir quels éléments en lien avec la jeunesse ils souhaitent voir inclus dans le projet de loi.
    Ma question s'adresse aux trois témoins, mais j'aimerais que Mme Mbarki y réponde la première. Mme Eegeesiak et M. Sellars pourront y répondre par la suite.

[Traduction]

    Madame Mbarki, avez-vous reçu l'interprétation? Vous êtes invitée à parler tout d'abord.
    Non, je n'ai pas reçu l'interprétation. Désolée!
    D'accord. Nous allons recommencer, donc.
     Avez-vous choisi le bon bouton pour l'interprétation? C'est le petit globe en bas. Si vous appuyez sur ce bouton et choisissez « Anglais » — si c'est la langue dans laquelle vous voulez écouter les débats — les propos seront traduits et vous seront envoyés en anglais.

[Français]

    Madame Gill, je vais remettre le chronomètre à zéro.
    Veuillez répéter votre question, madame Gill.

  (1750)  

    Merci, monsieur le président.
    En fait, je remerciais les témoins, Mme Mbarki, Mme Eegeesiak et M. Sellars. De plus, je félicitais ce dernier pour la naissance à venir.
    J'aimerais que chacun d'entre eux nous parle des améliorations qui devraient être apportées au projet de loi.
    Bien sûr, nous voulons des mesures concrètes. Nous savons qu'il y a beaucoup de travail à faire et nous voulons qu'il soit fait rapidement.
    Madame Mbarki et monsieur Sellars, en tant que jeunes autochtones, que voulez-vous voir dans le projet de loi?
    Madame Mbarki, je vous demande de répondre à ma question la première. Ensuite, ce sera au tour de Mme Eegeesiak et de M. Sellars.

[Traduction]

    Une des améliorations que l'on peut apporter à coup sûr consisterait à créer des sous-unités en vertu de cette loi. Nous ne pouvons pas régler toutes les questions dans nos communautés avec un conseil d'un seul type. Nous devons examiner le problème sous des angles distincts, puis il nous faudra sûrement aborder différemment chaque aspect. Nous avons besoin de suivre un chemin différent dans chaque cas, qu'il s'agisse des langues et de la culture, de l'éducation, des programmes économiques ou sociaux tels que les centres de traitement de l'alcoolisme et de la toxicomanie. Selon moi, si nous établissons ces distinctions, nous aurons une meilleure idée de ce qui se passe dans chaque domaine.
     Ce que je crains, c'est qu'un secteur l'emporte sur un autre, par exemple celui de la culture et de la langue sur celui de la réconciliation économique. Nous devons vraiment envisager cela en nous demandant ce que nous voulons faire et comment nous allons procéder, car si tous les objectifs sont intégrés dans un seul, ce sera le chaos. Comment mesure‑t‑on tout cela? C'est ce que j'aimerais que nous examinions et que nous changions, le cas échéant.

[Français]

     J'aimerais poser une autre question, en guise de complément, à Mme Mbarki.
    Croyez-vous que, si des sous-comités sont créés, ce qui est possible dans le cadre du projet de loi, les ressources telles que présentées seront suffisantes?

[Traduction]

    C'est un des aspects que ces sous-unités étudieront. Un secteur reçoit‑il plus d'argent qu'un autre, ou négligeons-nous un secteur aux dépens d'un autre? Il n'est pas possible de mesurer tous ces éléments ensemble, mais si nous commençons à répartir les divers secteurs entre différentes sous-unités, nous pourrons à coup sûr voir les fonds investis dans chacun et les résultats obtenus. Les paramètres seraient plus faciles à mesurer, et cette formule responsabiliserait les particuliers et les collectivités autochtones.
    Je vous remercie.
    Madame Eegeesiak, auriez-vous l'obligeance de répondre à la question de Mme Gill, s'il vous plaît?
    Bien sûr! Je me limiterai à répéter certains détails que j'ai mentionnés dans ma déclaration liminaire.
     Dans la forme actuelle du conseil, celui‑ci a pour mandat « de surveiller et d'évaluer les progrès réalisés […], de mener de la recherche et de rendre des comptes relativement à ces progrès ». Qu'est‑ce que cela signifie? Suffit‑il, pour provoquer un changement, de se limiter à surveiller, évaluer, mener des recherches et rendre des comptes? Sera‑t‑il possible d'interroger le gouvernement ou les gouvernements au sujet de la réconciliation et de la façon dont ils essaient d'améliorer leurs partenariats avec les peuples autochtones?
     Je m'interroge parfois sur les initiatives qui encouragent le codéveloppement, la cogestion — « co‑ », « co‑ », « co‑ » — alors que nous avons la capacité de diriger à titre de peuples autochtones, parce que nous sommes les mieux placés pour savoir ce qui se passe dans nos communautés et pour surmonter certains obstacles et relever des défis afin d'améliorer la vie de la communauté. Je pense que nous devons parfois réexaminer l'approche coloniale du codéveloppement: nous sommes à même de diriger.
    Je vous remercie, madame Eegeesiak.

[Français]

    Monsieur le président, j'aimerais poser une question très brève à Mme Eegeesiak.
    Vous parlez du terme « co », que vous déclinez de plusieurs façons. Faites-vous allusion au projet de loi ou aux appels à l'action?
     J’aimerais savoir à quel endroit cela se situe dans le projet de loi, de façon à mieux comprendre votre propos.

  (1755)  

[Traduction]

    Je me reporte au préambule, là où il est dit: « Attendu: […] que le gouvernement du Canada »…

[Français]

    Je vous remercie.

[Traduction]

    Je vous remercie, madame Eegeesiak.
     Chef Sellars, auriez-vous quelque chose à ajouter sur cette question?
    Oui. Le concept du projet de loi et l'idée de superviser le débat sur la réconciliation sont deux excellents éléments, en théorie, à coup sûr. C'est quelque chose de vraiment nécessaire.
     Honnêtement, j'essaie tout simplement de m'y retrouver dans tout ce que les autres témoins ont dit et dans ce que j'ai présenté moi-même, à savoir que toutes les communautés en sont à des stades tellement différents.
     Dans notre communauté de Williams Lake, par exemple, nous avons exécuté des travaux d'expansion de 20 millions de dollars en deux ans dans cette région. Si nous comparons cela à une communauté voisine dans la même région, nous voyons que Williams Lake est nettement plus avancée. C'est l'emplacement qui est déterminant. Nous avons vraiment eu du mal à préserver notre culture et tout ce que nous avons pu conserver, car les pertes y ont été beaucoup plus grandes que, par exemple, dans une collectivité rurale située à trois ou quatre heures de route de Williams Lake.
     Nos priorités sont simplement un peu différentes. Nous avons accompli des progrès et nous avons avancé. Nous sommes le fer de lance; l'exemple que les communautés peuvent suivre, mais à cet égard aussi, il n'y a pas de « solution universelle ». Nous devons comprendre, tandis que nous mettons le présent conseil sur pied et que nous adoptons un projet de loi, qu'il nous faut reconnaître que toutes ces communautés ne sont pas identiques.
     Une éducation plus poussée et plus approfondie par sous-unité doit se produire tout au long du processus, de manière que nous comprenions la façon d'aider ces communautés individuelles et ces nations distinctes pour en dégager un tableau global montrant ce à quoi un Canada sain ressemble.
    Je vous remercie, chef Sellars.
     Merci, madame Gill.
     Nous cédons maintenant la parole à notre dernière intervenante. Madame Idlout, vous avez six minutes.
     [La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
    ᐅᑲᓕᖅ ᐃᔨᑦᓯᐊᒧᑦ ᐊᐱᕆᔭᑦᓴᑐᐊᖃᕐᓂᐊᕋᒪ ᐅᓇ ᐊᐱᕆᓂᐊᕋᒃᑯ, ᐋ, ᐊᖏᖃᑕᐅᕕᓪᓖ ᑖᓐᓇ ᑎᒥᐅᔪᖅ, ᐋ, ᓇᐅᑦᓯᖅᑐᖅᑎᐊᕆᐊᖃᕐᒪᖓᑦᑕ, ᐋ, ᑖᒃᑯᐊ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᑎᒍᑦ ᐱᔪᓐᓇᐅᑎᕗᑦ ᓴᐳᔾᔭᐅᑦᓯᐊᕋᓗᐊᕐᒪᖓᑦ.
    [Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
    Je vous remercie.
    J'ai seulement une question à poser à Mme Okalik Eegeesiak.
     Convenez-vous que les droits des peuples autochtones sont protégés? Croyez-vous que le conseil national pour la réconciliation appuie les droits des Autochtones?
[Traduction]
    Je crois que l'intention est présente. À mesure que le conseil s'établira, nous devrons en définir les attributions, dont j'estime que la protection et la promotion des droits autochtones devraient constituer un des piliers.
     Je ne suis pas sûre d'avoir répondu à la question.
    [La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
    ᐄ, ᑭᐅᑦᓯᐊᖅᐳᑎᑦ, ᐅᓇ, ᐋ, ᐱᖃᑖ, ᐋ, ᑐᑭᓯᑎᑦᑲᓐᓂᐊᓂᓚᐅᕐᓗᑎᑦ, ᐋ, ᐅᓪᓗᒥ, ᐋᒻ, ᒪᓕᒐᓕᐅᕐᕕᔾᔪᐊᕐᒥᓂᓛᒃ, ᐋ, ᐊᖏᔪᒥᒃ, ᐋ, ᐊᑐᖅᑲᐅᒐᑦᑕ ᑖᒃᑯᐊ ᐊᕕᑦᑐᖅᓯᒪᔪᑎᒍᑦ ᑕᒪᑦᑕ, ᐋ, ᐊᖏᖅᑲᐅᒐᑦᑕ ᑖᓐᓇ, ᐋ, ᒪᓕᒐᓕᐅᖅᑎᖅᔪᐊ ᓕᐊ ᑲᔮᓐ, ᐋ, ᐊᖏᖃᑎᒌᑦᑐᒪᒻᒪᖔᑦᑕ, ᐋ, ᓴᖅᑮᖅ-ᑲᐅᒻᒪᑦ ᑖᓐᓇ, ᐋ, ᐊᖏᖃᑎᒌᑦᓯᒪᓐᓇᔭᕐᒪᖔᑦᑕ ᑕᒃᑯᐊ ᐃᓕᓐᓂᐊᕆᐊᕐᕕᐅᓚᐅᖅᓯᒪᔪᐃᑦ, ᐋ ᓄᖑᓴᐃᒐᓱᓚᐅᖅᓯᒪᓂᖏᓐᓂᒡᒎᖅ ᑕᒪᑦᑕᑦᓯᐊᖅ ᐊᖏᖅᑲᐅᒐᑦᑕ ᑖᓐᓇ ᐊᖏᔪᐊᓘᖅᑲᐅᒻᒪᑦ, ᑖᓐᓇ ᑲᔪᓯᐊᓂᒃᓯᒪᑎᓪᓗᒍ ᖃᓄᒡᓕ, ᐋᒻ, ᐱᒋᐊᒃᑲᓐᓂᕆ-ᐊᖃᖅᐱᑕ ᐅᖓᑖᒍᑦ ᑖᓐᓇ, ᐋ, ᐃᓕᑕᕆᔭᐅᓂ-ᕌᓪᓚᓚᐅᖅᑎᒡᓗᒍ ᑖᒃᑯᐊ ᖃᓄᖅ ᑲᔪᓯᑎᑕᐅᒋᐊᒃ-ᑲᓐᓂᕈᓐᓇᖅᐸ ᓴᐃᒻᒪᖅᓴᖃᑎᒌᓐᓂᕐᒧᑦ.
    [Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
     Je vous remercie d'avoir répondu à ma question.
     Comme prochaine question, je veux simplement vous faire savoir qu'aujourd'hui, à la Chambre, nous avons vécu un moment historique quand tous les partis ont appuyé la motion de Mme Gazan dans laquelle il est reconnu que les actes commis dans les pensionnats ont constitué un génocide. C'était une affirmation de très grande importance pour nous.
     Compte tenu de tout cela, quelle devrait être, selon vous, la prochaine étape vers la réconciliation?
[Traduction]
    Qujannamiik, madame Idlout.
     À ma naissance, le gouvernement m'a tout d'abord attribué la désignation E7 1865. Les pensionnats ont été créés pour supprimer la dimension autochtone chez l'enfant. Oui, c'était un génocide pur et simple, avec les divers types de mauvais traitements que les peuples autochtones ont subis et continuent de subir.
    Nous vivons en quelque sorte dans un État policier à l'heure actuelle. Si mes statistiques sont bonnes, tout comme mes souvenirs, il y a dans le sud deux agents de police par tranche de 100 000 personnes. Ici, il y en a deux par tranche de 1 000 personnes: nous vivons donc dans une sorte d'État policier. Si l'on adopte un point de vue colonial, oui, j'en conviens! Je félicite le NPD d'avoir formulé une motion qui a fait l'assentiment de tous les partis.

  (1800)  

    [La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
    ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ, ᐄ, ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ ᑭᐅᕙᒻᒪ, ᐋᒻ, ᑭᖑᓪᓕᕐᒥ ᐊᐱᕆᔪᒪᑐᐃᓐᓇᓕᖅᐸᒋᑦ, ᐋ, ᐱᖁᔨᖑᕚᕈᑎᓂᒃ, ᐋ, ᐅᖃᕈᒪᒻᒪᖔᖅᐱᑦ ᑖᓐᓇ ᑎᒥᐅᓂᐊᖅᑐᖅ ᓴᓐᖏᓂᖃᕐᓂᐊᖅᐸ ᖃᓄᕐᓕ ᓴᓐᖏᓂᖃᖅᑐᒥᒃ, ᐋ, ᐃᓗᓕᖃᑕᐅᖃᖁᓇᔭᖅᐱᐅᒃ.
    [Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
     Oui. Je vous remercie.
    Maintenant, je vous pose simplement la question suivante: « Appuieriez-vous une motion qui peut renforcer les droits des peuples autochtones? »
[Traduction]
    Je vous remercie, madame Idlout.
     Un des volets que je pourrais approfondir dans la foulée de la question précédente consiste à mettre en oeuvre les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation et à donner suite aux différents rapports et recommandations sur lesquels le présent conseil pourra faire fond. Cessons d'imprégner de romance les relations et les partenariats que les gouvernements établissent avec les peuples autochtones. Romance… Je ne sais pas ce que j'ai voulu dire par là, mais, oui, il faut donner suite aux recommandations et mettre les accords sur les revendications territoriales en oeuvre avec des ressources suffisantes et équitables.
    Vous avez 30 secondes, madame Idlout, si vous voulez vous en servir.
    [La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
    ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ, ᑖᓐᓇ ᐱᕕᖃᕐᓂᕋ ᖁᔭᓕᒍᒪᑐᐃᓐ-ᓇᖅᐳᖓ ᐃᓘᓐᓇᓯ ᑕᒪᒃᑯᐊ ᑎᒥᐅᔪᖅ ᓴᓐᖏ-ᓂᕐᒥᒃ ᑕᑯᔪᒥᓇᕐᓂᐊᕐᒪᑦ ᐊᑑᑎᖃᕈᒥᓇᕐᓂᐊᕐᒪᑦ, ᑕᒪᒃᑯᐊ ᐊᐱᖅᑯᑎᖃᒑᕋᒐᒪ, ᐋ, ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪ-ᔫᑎᓪᓗᖓ ᐃᓅᑎᒡᓗᖓ, ᐋ, ᐊᑐᖅᓯᒪᒡᓚᕆᒃᑲ-ᒪᐃᓛᒃ ᑖᒃᑯᐊ ᐱᔪᓐᓇᐅᑎᒃᑲ ᓴᐳᔾᔭᐅᑦᓯᐊᕌᓂᑦᓯᐊ-ᖃᑦᑕᖏᒻᒪᑕ ᓲᖃᐃᒻᒪ ᑖᒃᑯᐊ ᐃᒃᐱᒋᓗᐊᕐᓂᑯᒧᑦ, ᐋ, ᐊᐱᖅᓱᐃᓐᓇᕋᓱᖃᑦᑕᖅᐳᖓ ᖃᓄᖅ, ᐋ, ᐊᑑᑎᖃᒃᑲᓐᓂᐹᓪᓕᑎᑦᓯᕈᓐᓇᕐᒪᖔᑦᑕ ᓄᓇᖃᖅ-ᑳᖅᓯᒪᔪᑎᒍᑦ ᐱᔪᓐᓇᐅᑎᕗᑦ ᓴᐳᔾᔭᐅᑲᓐᓂᖁᓪᓗᒋᑦ, ᖁᔭᓐᓇᒦᑐᐃᓐᓚᓕᖅᐳᖓ.
    [Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
    Je vous remercie.
    Tandis que j'en ai l'occasion, je veux vous remercier tout le monde, car nous aimerions voir une autonomisation plus grande des organismes qui se penchent sur les problèmes survenus dans les anciens pensionnats et sur les tentatives antérieures de commettre un génocide contre les peuples autochtones. Je veux maintenant déclarer que j'aimerais voir nos droits autochtones appuyés et reconnus.
     Je vous remercie.
[Traduction]
    Je vous remercie beaucoup, madame Idlout.
     Cela nous amène à la fin de notre réunion. Je remercie de leurs témoignages très vigoureux les trois témoins ayant comparu aujourd'hui.
     Madame Melissa Mbarki, chef Willie Sellars et madame Eegeesiak, je vous remercie beaucoup de nous avoir accordé une partie de votre temps aujourd'hui. Je suis désolé que nous ayons commencé nos travaux un peu tard, mais vous avez contribué d'une importante façon aux délibérations de notre comité sur le projet de loi C‑29. Nous vous en savons vivement gré.
     J'ai un rappel à l'intention des membres du Comité: lundi, nous entendrons aussi le comité de transition. En outre, toute modification proposée au projet de loi C‑29 doit avoir été présentée avant mardi à midi.
     Je vous remercie toutes et tous beaucoup.
     Sur ces mots, la séance est levée.
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