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NRGO Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON NATURAL RESOURCES AND GOVERNMENT OPERATIONS

COMITÉ PERMANENT DES RESSOURCES NATURELLES ET DES OPÉRATIONS GOUVERNEMENTALES

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 24 mars 1998

• 1105

[Traduction]

Le président (M. Brent St. Denis (Algoma—Manitoulin, Lib.)): Bonjour aux collègues, aux témoins et à tous ceux qui sont ici. Je suis heureux d'ouvrir cette séance du 24 mars de notre Comité permanent des ressources naturelles et des opérations gouvernementales. Nous poursuivons notre examen des industries découlant du savoir et de la haute technologie dans le secteur des ressources naturelles.

Aux fins du compte rendu, j'aimerais dire que même si la plupart des Canadiens songent toujours au secteur des ressources naturelles comme étant surtout le secteur de l'exploitation des minéraux, du bois, du pétrole ou du gaz naturel, au fil des décennies, des Canadiens innovateurs ont créé toute une industrie de la haute technologie et de connaissances de pointe pour appuyer le secteur des ressources naturelles. Ces connaissances contribuent à rendre le secteur des ressources naturelles plus concurrentiel, plus sécuritaire et davantage soucieux de l'environnement, tout en assurant aux Canadiens une position de chef de file pour ce qui est d'exporter ces connaissances partout dans le monde.

Dans le cadre de notre examen, nous recevons aujourd'hui des représentants du secteur de l'énergie. Nous recevons des témoins de l'Association canadienne des producteurs pétroliers, de l'Association canadienne du gaz, de l'Association charbonnière canadienne et de la Petroleum Services Association of Canada. Ils vont nous parler de ce qui se passe dans leurs secteurs et, j'espère de ce que les gouvernements peuvent faire pour s'assurer que le Canada puisse continuer à faire preuve de leadership dans ces domaines partout dans le monde.

Si cela vous convient, nous allons commencer par M. Rahbar et M. Carella de l'Association canadienne du gaz. Nous passerons aux questions lorsque tous les témoins auront fini de faire leur exposé dans l'ordre. Je leur demanderais de se limiter à un exposé de huit à 10 minutes chacun, si cela est possible, ce qui permettra d'avoir beaucoup de temps pour les questions et les commentaires.

Lequel des deux témoins de l'Association canadienne du gaz voudrait commencer?

M. Bruno Carella (vice-président, Politique et administration, Association canadienne du gaz): Merci.

Bonjour, monsieur le président, honorables députés, mesdames et messieurs. Je m'appelle Bruno Carella et je suis le vice- président de la politique et de l'administration à l'Association canadienne du gaz. Je suis accompagné de M. Shahrzad Rahbar, vice- président des opérations et de la technologie.

Avant de commencer, j'aimerais vous remercier d'avoir invité l'Association canadienne du gaz à participer à vos délibérations. Je vais d'abord vous décrire l'Association canadienne du gaz, vous parler de l'impact de l'industrie du gaz sur l'économie canadienne et de son rôle pour atteindre les objectifs du Canada en matière de changement climatique. M. Rahbar vous expliquera ensuite le rôle que joue l'industrie du gaz naturel dans le développement technologique, il abordera les problèmes auxquels l'industrie du gaz est confrontée dans le domaine du développement technologique et, en guise de conclusion, il vous présentera nos recommandations.

L'Association canadienne du gaz est l'organisation commerciale nationale qui représente l'industrie du gaz naturel au Canada, une industrie de plusieurs milliards de dollars. Parmi nos quelque 270 membres, notre association compte les grandes compagnies d'acheminement et de distribution du gaz naturel, les principaux pourvoyeurs de service énergétique et les manufacturiers d'appareils et d'équipement utilisant le gaz naturel.

Les plus gros distributeurs sont une force croissante dans les industries et ils sont représentés au conseil d'administration de l'Association canadienne du gaz avec les directeurs des autres secteurs traditionnels.

Le secteur de l'énergie au Canada connaît énormément de changement à l'heure actuelle, car de nombreux services qui sont actuellement réglementés sont en train de passer à des entités plus concurrentielles. Nous vous demandons de tenir compte de la période de transition que connaît notre secteur à l'heure actuelle lorsque vous examinerez les recommandations que nous vous proposons à la fin de notre exposé.

Le gaz naturel est important pour l'économie canadienne. L'industrie du gaz a des recettes annuelles de plus de 14 milliards de dollars et représente environ 2,5 p. 100 du PIB canadien. Notre industrie contribue de façon substantielle à la balance commerciale du Canada. En 1996, les exportations vers les États-Unis s'élevaient à environ 7 milliards de dollars.

• 1110

Pour ce qui est de l'emploi, les activités de production pétrolière représentent 50 000 emplois directs; 9 000 personnes travaillent dans les secteurs de l'acheminement du gaz naturel et 13 000 dans celui de la distribution locale. Quant au secteur de la fabrication d'appareils et d'équipement, des services et des approvisionnements, il représente des dizaines de milliers d'autres emplois.

L'industrie du gaz naturel contribue par ailleurs au développement économique rural par les programmes de gazéification rurale, les projets de cogénération, le développement de technologies de pointe à partir du gaz pour le séchage des récoltes, l'industrie des pâtes et papiers et le matériel agricole—toutes des activités qui créent des emplois directs et permettent également de réaliser d'importantes économies d'énergie.

L'industrie gazière est une entreprise dynamique. L'industrie canadienne du gaz naturel a connu un taux de croissance sans précédent au cours de la dernière décennie, ce qui fait que ce secteur est l'un de ceux au pays qui a connu le plus de succès.

Tout d'abord, on a vu le marché du gaz naturel au Canada tripler. Le gaz naturel représente aujourd'hui 31 p. 100 de la consommation énergétique totale au Canada et dessert cinq millions de clients.

Deuxièmement, le Canada a augmenté considérablement ses exportations vers les États-Unis. Plus de 50 p. 100 de notre production totale est exportée vers les États-Unis et fournit environ 14 p. 100 de ce marché.

Troisièmement, la production totale a atteint un niveau record. Comme votre comité le sait sans doute, le gaz au large de la côte Est sur l'île de Sable sera bientôt mis en marché.

Le gaz naturel fait partie de la solution au problème du changement climatique. À Kyoto, le Canada a pris des engagements majeurs en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les deux principaux secteurs qui émettent des gaz à effet de serre au Canada sont celui de la production d'électricité à partir du charbon et le secteur des transports qui s'alimente au pétrole. Le secteur du gaz naturel représente 27 p. 100 de toutes les émissions de gaz à effet de serre. Le gaz naturel est le combustible fossile qui a l'intensité carbonique la moins élevée et par conséquent c'est celui dont les émissions de gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone sont les moins élevées.

Le gaz naturel est une solution énergétique viable pour s'attaquer au problème du changement climatique aujourd'hui. Par ailleurs, les émissions par unité de production dans l'industrie du gaz naturel sont à la baisse. Nous sommes fiers de ces améliorations, étant donné que l'industrie du gaz a connu une expansion rapide.

L'Association canadienne du gaz est fermement convaincue que le gaz naturel, de concert avec la conservation et les énergies renouvelables, fait partie de la solution pour le Canada au problème du changement climatique. Ces émissions pourraient être rapidement réduites dans la mesure où le gaz naturel peut être utilisé pour remplacer le charbon dans la production d'électricité et le pétrole dans le secteur du transport.

Nous reconnaissons que d'autres technologies comme les piles à combustible et les véhicules électriques apporteront un jour une contribution importante. Cependant, nous considérons ces technologies comme des solutions à plus long terme.

Pour aider à atteindre les objectifs du Canada en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, l'Association canadienne du gaz appuie sans réserve le programme Défi-climat et travaille avec les ministres de l'Environnement et des Ressources naturelles pour trouver des mécanismes axés sur le marché afin de s'assurer que l'on atteindra les objectifs de réduction des émissions qui ont été établis à Kyoto.

M. Rahbar va maintenant nous parler des aspects plus spécifiques concernant la technologie.

Le président: J'espère que vous n'allez pas lire tout le texte, car il faudra au moins une demi-heure.

M. Bruno Carella: Non.

Le président: Nous vous remercions de l'effort considérable que vous avez fait. Nous pouvons tous lire les détails.

M. Shahrzad Rahbar (vice-président, Technologie et opérations, Association canadienne du gaz): Ce que je tiens à souligner, c'est que le secteur du gaz naturel a besoin de la technologie de pointe pour prospérer. L'expansion du marché que nous avons connue au cours de la dernière décennie n'aurait pas été possible sans l'investissement dans la nouvelle technologie et un engagement à cet égard. Nos membres ont développé une technologie d'avant-garde pour l'utilisation, la distribution et l'acheminement sûr et fiable du gaz naturel sur de longues distances.

Aujourd'hui, nous vous parlerons principalement des questions de technologie concernant la livraison et l'utilisation. Le savoir-faire qui a été développé dans les domaines de l'entretien et de l'utilisation de l'infrastructure a permis à notre secteur de mettre en place un système rentable, l'un des systèmes les plus rentables au monde, et a permis à nos membres d'exporter ce savoir-faire partout dans le monde et de générer des recettes pour le Canada.

Vous trouverez dans mon mémoire d'autres explications concernant les mécanismes qui ont permis à notre industrie de développer cette technologie. Je vais tout simplement les mentionner avant de passer aux autres aspects.

Nous utilisons divers mécanismes pour développer des technologies. La recherche publique est là. Nous croyons savoir que vous avez entendu des témoins de Ressources naturelles Canada la semaine dernière. Nous accordons une grande valeur au travail qu'accomplissent les laboratoires nationaux et les universités. Notre industrie a parrainé activement la recherche indépendante. Il y a un certain nombre de centres de recherche indépendants au Canada: l'Institut canadien de recherche du gaz et le Centre des technologies de gaz naturel, pour n'en nommer que deux.

En 1992, Industrie gazière a créé Technologie Gazière Canada pour gérer les activités de R-D financées volontairement par les consortiums. En 1995, l'Association canadienne du gaz a élaboré un plan de développement de la technologie du gaz naturel dans lequel nous donnons les grandes lignes de nos priorités en matière de technologie. J'ai remis au greffier des exemplaires de notre plan de développement de la technologie.

Nos membres participent également à des travaux de recherche collectifs avec d'autres organismes internationaux: le Gas Research Institute, le Pipeline Research Council, le British Gas Research Centre.

• 1115

En plus des activités distinctes de nos sociétés membres, l'Association canadienne du gaz agit comme maître d'oeuvre des transferts technologiques par notre participation à un certain nombre d'activités internationales. Nous gérons le consortium pour une base de données sur la technologie du gaz naturel dans l'Internet et nous organisons des ateliers ciblés sur la technologie de détection des fuites. Nous avons fait venir à Toronto des experts d'un peu partout au monde pour examiner cette question.

J'aimerais maintenant vous parler des objectifs que nous visons sur le plan de la technologie. Il y en a quelques-uns, et la priorité est l'amélioration de la sécurité et la fiabilité. Notre première préoccupation consiste à acheminer la ressource à nos membres de façon sécuritaire et à assurer une utilisation sans risque. Notre appui, ainsi que celui du gouvernement fédéral, pour des normes de sécurité tant en ce qui concerne l'acheminement, la distribution et l'utilisation, demeure un élément clé pour notre industrie.

La réduction des émissions est le deuxième aspect auquel nous accordons une grande importance et pour lequel nous consacrons des ressources. Des technologies de pointe découlant du savoir-faire ont été développées et mises en oeuvre au Canada. Il y a la conservation de l'énergie, les énergies renouvelables et l'exportation du savoir-faire canadien. Encore une fois, vous pouvez trouver plus de détails à ce sujet dans le rapport.

Nous sommes confrontés à un certain nombre de problèmes technologiques que j'aimerais porter à l'attention du comité. Pour que le secteur du gaz naturel réalise son potentiel en tant que solution au problème du changement climatique, nous devons concentrer nos efforts de recherche en science et en technologie sur le développement de technologies qui permettront d'accélérer la réduction des émissions.

Nous sommes confrontés à un certain nombre de problèmes auxquels l'industrie et le gouvernement doivent s'attaquer ensemble. La première chose que j'aimerais mentionner à cet égard est l'insuffisance des investissements en R-D. Il y a des tableaux aux pages 6 et 7 de notre mémoire qui indiquent les dépenses totales au Canada pour la R-D dans le secteur gazier et où l'on compare également le Canada à d'autres pays consommateurs de gaz. Ce qu'il faut souligner, c'est que même si le gouvernement fédéral joue un rôle dans le financement de la recherche, du développement et du déploiement, sa contribution ne représente qu'environ 11 p. 100 du total.

Par ailleurs, le financement de Ressources naturelles Canada pour la R-D et le déploiement dans le domaine du gaz naturel représente moins de 10 p. 100 de son budget annuel en science et en technologie. Nous sommes d'avis que le pourcentage des dépenses en R-D devrait augmenter et qu'une plus grande part des fonds publics devrait viser à trouver des solutions aux problèmes du changement climatique.

Notre industrie du gaz compte une multitude d'entreprises membres. Nous sommes à un stade de transformation. Selon le secteur où se trouvent nos membres dans la large gamme des entités réglementées et non réglementées, le niveau d'appétit pour la R-D varie tout comme le niveau d'intérêt de l'entreprise pour l'innovation et la technologie. Cette fragmentation sectorielle ajoute à la complexité d'un programme de développement technologique pour toute l'industrie. Par ailleurs, la restructuration du secteur énergétique aux États-Unis et au Canada a précipité l'industrie gazière dans une phase de transformation majeure qui a court terme rend plus difficile la collaboration des industries en matière de développement technologique.

Il devrait y avoir davantage de consultations entre l'industrie et le gouvernement. Si le Canada accepte le gaz naturel comme une partie importante de la solution au problème du changement climatique pour le Canada, un organisme de consultation de l'industrie du gaz et du gouvernement composé des dirigeants de notre secteur ainsi que des ministères de l'Industrie, des Ressources naturelles, de l'Environnement et des Finances devrait permettre de concerter l'action pour encadrer les activités au Canada. À notre avis, les instruments qu'utilise le gouvernement devraient fournir des incitatifs clairs pour les entreprises.

J'aimerais vous faire part de quelques recommandations. Le gouvernement fédéral a un rôle clé à jouer pour mettre en place le cadre de travail qui nous permettra de déterminer quels seront les outils de technologie qui utiliseront le gaz naturel dans le secteur de la production d'électricité et du transport, afin que le Canada puisse, entre autres, respecter ses engagements internationaux en matière d'environnement. Nous avons cinq recommandations directionnelles. La première, c'est que le gouvernement doit faire preuve de leadership. Nous croyons que le gouvernement a un rôle clé à jouer à titre de facilitateur.

• 1120

Le président: Vous pourriez peut-être nous résumer la première partie de ces cinq recommandations, car je suis certain que nous allons en parler pendant la période des questions. Je veux tout simplement m'assurer qu'il reste du temps pour les questions.

M. Shahrzad Rahbar: La collaboration entre l'industrie et le gouvernement est absolument nécessaire. Le gouvernement devrait reconnaître les éléments qui sont favorables au marché et ceux qui y font obstacle. Il faut savoir les occasions qui se présentent dans le monde. Enfin, les programmes gouvernementaux en matière de science et de technologie devraient englober les technologies environnementales et permettre l'innovation du marché et la R-D à risque élevé.

Monsieur le président, je vous remercie de votre attention. Je serai heureux de répondre à vos questions.

Le président: Merci. Nous voulons être certains d'avoir beaucoup de temps pour les questions et les réponses. Il est assez clair que le gouvernement a un rôle à jouer, même si c'est surtout le secteur privé qui prend l'initiative.

Pouvons-nous revenir à notre premier témoin, l'Association canadienne des producteurs pétroliers? Comme dans le cas du dernier groupe, les témoins vont d'abord faire leur exposé et nous pourrons par la suite poser des questions à tout le groupe.

M. Chris Pierce (vice-président, Planification stratégique, Association canadienne des producteurs pétroliers): Merci, monsieur le président. Je voudrais tout simplement vous présenter quelques diapositives pour vous donner un bref aperçu des questions concernant la technologie et du rôle de la technologie dans le secteur amont de l'industrie pétrolière et gazière.

Je me réjouis de ne pas vous parler du changement climatique. Je ne vous parlerai pas de cette question aujourd'hui, mais j'aimerais certainement revenir pour vous en parler lorsque votre comité se penchera spécifiquement sur cette question.

La première diapositive vous montre tout simplement où en était la technologie dans l'industrie. On peut voir ici comment se faisait l'exploration pétrolière à faible profondeur dans le sud- ouest de l'Ontario à la fin du 19e siècle. C'est pour montrer les progrès que nous avons accomplis au Canada depuis moins de 100 ans dans le domaine de l'exploration pétrolière et gazière.

Pour vous donner un aperçu de ce dont je parlerai aujourd'hui, j'aborderai les outils et les connaissances de l'industrie pétrolière et gazière, l'évolution de la technologie, la transformation de nos méthodes de découverte et de production du pétrole, les nouvelles techniques de forage, d'aménagement et d'entretien des puits, dont Roger Soucy vous parlera certainement plus en détail un peu plus tard, et les avantages économiques et environnementaux de la technologie.

Tout d'abord, en ce qui concerne les outils et connaissances de l'industrie pétrolière et gazière, et étant donné que la production pétrolière et gazière repose entièrement sur la technologie, vous constaterez que dans le secteur pétrolier et gazier et dans les régions du Canada qui sont touchées par la production pétrolière et gazière, on retrouve une main-d'oeuvre hautement instruite. Il s'y développe une infrastructure reposant sur l'éducation et la formation... Dans l'Ouest canadien, par exemple, on a maintenant le Northern Alberta Institute of Technology et le SAIT, soit l'équivalent pour le sud de l'Alberta, qui offrent un service de formation en technologie pour le secteur pétrolier qui est financé par l'industrie afin de former les gens dans ce secteur. Ces instituts sont en train de mettre au point des applications pour la production pétrolière et gazière au large des côtes en raison de l'activité sur la côte Est.

Les sociétés canadiennes d'exploitation du secteur pétrolier et gazier sont des chefs de file mondiaux dans le domaine de l'exploration de pointe en climat froid, plus particulièrement en mer, dans la mise en valeur de ressources qui ne sont pas uniques mais qui sont certainement rares dans le monde, les sables bitumineux... comment nous transformons le gaz et mettons en valeur le pétrole lourd qui, naturellement, est en train de devenir un produit encore plus prédominant dans l'Ouest canadien, et les contrôles et systèmes de sécurité informatique spécialisés que nous utilisons pour mesurer ce que nous sortons et comment nous le sortons.

• 1125

Pour vous donner un petit exemple de la formation qui est nécessaire et que crée l'industrie, Calgary compte le plus grand nombre de personnes ayant achevé des études postsecondaires, avec plus de 58 p. 100 de la population adulte qui a fait des études postsecondaires. Je pense que notre message fondamental c'est que l'industrie des ressources au Canada n'est pas une industrie de matières premières qui est appelée à disparaître. C'est une industrie qui donne certainement une impulsion au développement de la haute technologie au pays. L'Ouest canadien est également aujourd'hui l'un des plus grands utilisateurs de la technologie informatique au Canada aujourd'hui, et nous exportons dans le monde entier la technologie que nous produisons grâce à la R-D dans le secteur pétrolier et gazier.

Malgré les licenciements à la plupart des compagnies d'exploitation du secteur pétrolier et gazier à Calgary pendant les années 80 et 90, le taux de chômage à Calgary est resté parmi les plus faibles du pays parce que certains de ceux qui ont été licenciés ont commencé à travailler à leur propre compte et exportent maintenant leurs compétences et leurs connaissances au reste du monde.

Nous allons maintenant examiner brièvement les trois étapes de la production: la découverte et la production, le forage et les travaux d'entretien et d'achèvement.

Comment la technologie a-t-elle modifié nos méthodes de découverte et de production de pétrole? À cause des nouvelles techniques, surtout dans le domaine des tirs sismiques, nous pouvons repérer de façon beaucoup plus précise qu'auparavant les formations ayant un potentiel de production de pétrole. Je songe, notamment, aux tirs sismiques tridimensionnels, qui permettent d'avoir une vue complète du sous-sol, et l'enregistrement numérique multicanaux et le traitement de données à grande vitesse, qui aident à interpréter les résultats des tirs sismiques et à minimiser les forages improductifs et qui donnent un aperçu plus juste et plus exact de ce qu'il y a sous la terre.

Il faut se rappeler que le pétrole ne se trouve pas dans des cavernes ou des réservoirs souterrains, mais plutôt dans de la roche poreuse dans laquelle on doit trouver les hydrocarbures. Et, malgré ce que vous pourriez penser, ces nouvelles techniques permettent aussi de réduire les coûts, au point que le coût des tirs sismiques et d'interprétation de certains types de données a baissé de 80 p. 100 au cours de dix dernières années.

L'éclairage ne rend pas très bien cette image-ci. Je m'en excuse. Il s'agit simplement de travail sismique, de camions qui envoient les tirs sismiques dans les formations rocheuses et les ondes montrant ce qu'il y a sous la terre. L'interprétation des données sismiques est un élément très important de la prospection de pétrole et de gaz dans l'Ouest du Canada, surtout à l'heure actuelle, et de plus en plus pour les gisements sous-marins.

Vous voyez ici un travailleur sismique portant dans son dos un système de positionnement global. Cela vous montre à quel point les nouvelles techniques permettent de perturber de moins en moins l'environnement parce que ce genre de système de positionnement évite qu'on ait à dégager des milles et des milles en ligne droite dans la forêt pour les câbles de cabestan pour l'exploration sismique, vu que les travailleurs peuvent savoir exactement où ils sont grâce au satellite et que l'on abat des arbres uniquement quand c'est absolument nécessaire. L'industrie utilise donc les techniques les plus perfectionnées du monde pour l'exploitation des richesses naturelles.

Ce que vous ne pouvez pas voir sur cette image, et vous ne devez pas le voir non plus, c'est la câble de cabestan à partir de l'arpenteur. Cela montre à quel point on a réduit la nécessité d'abattre des arbres pour la prospection pétrolière et gazière à cause des innovations technologiques.

Pour le forage des puits, les méthodes de forage sont maintenant beaucoup plus efficaces parce que les trépans sont plus durables, ce qui a réduit le temps nécessaire pour forer les puits. Comme nous pouvons maintenant avoir des forages horizontaux et dirigés, cela a réduit le nombre de puits qui doivent être forés, tout en augmentant le rendement de chaque puits, et cela a aussi amélioré les produits du forage comme les boues de forage, qui améliorent le rendement de chaque activité de forage.

• 1130

Vous pouvez voir ici un forage dirigé et horizontal. À la gauche, vous avez un puits vertical traditionnel qui descend tout droit. Ensuite, vous avez une opération de forage dirigée. Vous pouvez voir que ce n'est pas en ligne droite. Ensuite, il y a un forage horizontal.

Bien entendu, ces deux derniers genres de forage permettent d'aller là où on ne pourrait pas forer sans cette technologie à cause de l'environnement. Le puits horizontal permet de tirer beaucoup plus de la formation productrice qu'un puits traditionnel parce que la ligne horizontale du puits traverse la partie du roc qui contient le pétrole et le gaz, ce qui réduit considérablement le nombre de puits qu'il faut forer et, bien sûr, les perturbations en surface.

C'est là une technologie extrêmement utile pour l'exploitation des ressources chez nous et qui est certainement exportable également.

C'est la même chose pour ce qui est des forages extracôtiers. Vous voyez la méthode utilisée selon que l'eau devient de plus en plus profonde. Cela va des faibles profondeurs aux installations qui reposent au fond de l'eau à 100 mètres de profondeur, en passant par les installations auto-élévatrices, c'est la troisième—et les plateformes semi-submersibles et flottantes, en eau profonde.

La plateforme Hibernia est, bien entendu, ancrée au fond l'eau, à environ 100 mètres de profondeur, et forte à environ 3 000 mètres en dessous de la surface.

La technologie utilisée pour l'achèvement et l'entretien de même que les appareils de mesure et l'informatique permettent, encore une fois, une bien meilleure exploitation de la ressource en assurant une surveillance et un contrôle constants de la production.

La production d'Hibernia a récemment ralenti par rapport à la phase initiale pour permettre d'optimiser l'exploitation à long terme de cette ressource.

Quelle est l'incidence économique de la technologie? Plus de 5 milliards de dollars de revenus annuels et 20 000 emplois peuvent être directement attribués à la technologie. Bien entendu, c'est dans le secteur de la sidérurgie qu'il y a des retombées économiques indirectes. Vous avez vu les forages horizontaux et l'utilisation d'acier flexible qui permet de changer l'orientation du trépan à des milliers de mètres sous terre. Il y a également des retombées dans le secteur de l'équipement de construction. Il y a aussi l'équipement d'entretien—Roger vous parlera d'entreprises comme Fracmaster—qui permet d'améliorer le rendement en ouvrant des formations poreuses à très grandes profondeurs, ainsi que les hélicoptères dont l'industrie se sert pour l'équipement sismique héliporté, etc.

Encore une fois, toutefois, toute cette technologie peut être utilisée chez nous et elle est également exportable.

La majeure partie de cette technologie sert également à réduire les incidences sur l'environnement, que ce soit en réduisant la superficie perturbée, en produisant des boues non toxiques ou en offrant des appareils de forage moins énergivores qui réduisent la quantité d'énergie utilisée de même que les émissions de gaz à effet de serre.

Voici un hélicoptère transportant du matériel sismique. Il n'est plus nécessaire de l'acheminer par camion une fois que la surface a été nivelée.

Enfin, toute la technologie mise au point par l'industrie est, bien entendu, conforme aux normes établies par les autorités provinciales et fédérales ainsi que l'industrie pour assurer la sécurité et la protection de l'environnement. L'application des meilleures méthodes est importante pour le secteur pétrolier et gazier.

Étant donné ce qui se passe du côté de la production extracôtière, je me dois de vous montrer une installation extracôtière—ce n'est pas Hibernia, je le précise—car c'est certainement l'un des résultats que la technologie a produit dans le secteur pétrolier et gazier au Canada.

Merci beaucoup, monsieur le président.

Le président: Sommes-nous des chefs de file mondiaux ou nous classons-nous premier, deuxième, ou troisième...?

M. Chris Pierce: Nous sommes certainement des chefs de file mondiaux.

Le président: Pour que tout le monde le sache bien, nous allons avoir un déjeuner de travail. Des sandwichs et d'autres choses à manger nous serons apportés un peu plus tard.

• 1135

Si personne n'y voit d'inconvénient, comme nous en sommes au pétrole, nous allons passer à la Petroleum Services Association et ce sera ensuite le tour de l'Association charbonnière canadienne.

Est-ce d'accord, Don?

M. Don Downing (président, Association charbonnière canadienne): Oui, monsieur.

Le président: D'accord.

Je tiens à rappeler aux témoins qu'ils doivent se limiter à cinq à dix minutes afin que nous ayons beaucoup de temps pour leur poser des questions et discuter avec eux.

Monsieur Soucy.

M. Roger Soucy (président, Petroleum Services Association of Canada): Merci, monsieur le président. Membres du comité, mesdames et messieurs, je vous remercie de m'avoir invité à parler de cette question importante.

Dans ce genre d'exposés devant le gouvernement et d'autres intéressés, le secteur des services suit généralement les entreprises productrices et notre association soeur, l'Association pétrolière du Canada. Nous avons donc appris à être succincts, car la plupart du temps, nos confrères abordent un bon nombre des sujets dont nous voulons parler. J'éviterais donc les répétions.

La Petroleum Services Association of Canada, qui a été établie en 1981, représente 200 entreprises qui se livrent à tout un éventail d'activités qui consistent à fournir des produits et des services aux producteurs de pétrole et de gaz. C'est nous qui nous salissons les mains. Ces entreprises représentent environ 80 p. 100 de l'emploi dans ce secteur, soit plus de 20 000 travailleurs et à peu près 75 à 80 p. 100 du volume des transactions, qui se chiffrent à plus de 8 milliards de dollars.

L'activité pétrolière canadienne se situe au deuxième rang dans le monde. Seuls les États-Unis nous dépassent. En 1997, les États-Unis ont foré environ 26 200 puits, contre 16 500 pour le Canada. Par contre, en 1985, l'année record du dernier cycle, les États-Unis ont foré 70 800 puits contre 12 000 pour le Canada.

L'industrie pétrolière canadienne dans son ensemble a changé énormément depuis 15 ans. J'ai souvent dit que si nous forions encore les puits de la même façon qu'au début des années 80, l'industrie ne serait plus très présente. En effet, il coûte relativement cher au Canada de trouver et de produire du pétrole et du gaz par rapport à un pays comme l'Arabie saoudite où il suffit pratiquement de planter un bâton dans le sol pour en faire jaillir du pétrole. Les changements sont largement attribuables à la technologie.

Par le passé, les grandes entreprises pétrolières étaient les principales instigatrices des progrès technologiques. Elles continuent à y jouer un rôle surtout en ce qui concerne l'exploitation des sables bitumineux, mais les grandes compagnies productrices ont réduit leur présence du côté des activités conventionnelles, au profit du secteur des services. Les compagnies productrices ont réduit leur personnel technique interne et ce sont maintenant les entreprises de service qui doivent fournir les spécialistes.

Pour ce qui est de l'équipement et du traitement, les entreprises de service ont davantage tendance à mettre au point et fabriquer de nouvelles générations de produits que ce n'était le cas par le passé. Il faut toutefois signaler qu'elles continuent de collaborer avec d'autres entreprises et surtout les compagnies productrices clientes.

La forme de partenariat qui a sans doute été la plus importante dans notre secteur ces derniers temps a été la création de Petroleum Technology Alliance Canada. PTAC est une association sans but lucratif fondée pour favoriser une collaboration technologique dans le secteur du pétrole et du gaz. Cette association offre une structure qui facilite la collaboration sur le plan technologique. Elle réunit les parties prenantes pour voir quels sont les secteurs où la technologie peut améliorer les résultats et voir quels sont les projets de recherche permettant de résoudre les problèmes ainsi que pour promouvoir la participation de l'industrie à la recherche qui en résulte.

Le secteur des services aux gisements pétroliers est sur le marché international depuis de nombreuses années. Toutefois, sa vigueur dépendait généralement de celle de ses membres plutôt que des efforts déployés globalement par ce secteur. La situation commence à changer. Davantage d'entreprises constatent l'avantage d'être présentes sur de multiples marchés pour compenser les hauts et les bas du marché canadien. De plus, lorsqu'une entreprise examine son potentiel de croissance, il faut qu'elle explore d'autres marchés à un moment donné.

Comme les entreprises de service canadiennes ne sont pas très importantes si on les compare aux normes internationales, elles veulent rarement s'engager dans une guerre des prix sur de nouveaux marchés avec de grosses entreprises bien établies. Elles ont tendance à rechercher des débouchés et des créneaux dans les domaines où leur compétence ou la technologie leur confèrent un avantage. La technologie mise au point pour répondre à la situation au Canada se révèle souvent très utile et très souhaitable à l'étranger. Les entreprises canadiennes sont également disposées à travailler avec des sociétés locales et, le cas échéant, à transférer leur technologie à des conditions mutuellement avantageuses.

Notre industrie n'a pas tellement l'habitude de réclamer de l'aide au gouvernement fédéral. Néanmoins, lorsqu'elle s'aventure sur le marché international, nos entreprises examinent les avantages qu'offrent des organismes comme l'ACDI et la SEE ainsi que des programmes comme le Programme de développement des marchés d'exportation et d'autres.

• 1140

Au Canada, l'un des programmes les plus utiles pour aider les PME à développer leur technologie est le Programme d'aide à la recherche industrielle, ou PARI, du Conseil national de recherches. C'est un programme administré par des spécialistes de l'industrie locale qui comprennent la technologie et ses applications. Les conseillers technologiques industriels peuvent apporter beaucoup d'aide à ceux qui en ont besoin, et c'était également un programme relativement simple à administrer pour les entreprises.

Pour conclure, le Canada a d'excellentes capacités dans le secteur du service pétrolier. Il doit maintenir et même élargir cette capacité de façon à pouvoir continuer à produire du pétrole et du gaz de façon rentable.

Merci, monsieur le président.

Le président: Merci, monsieur Soucy.

Nous allons passer à Don Downing, de l'Association charbonnière canadienne. L'association pétrolière lui a peut-être saboté ses effets. On n'arrive pas à sortir les diapositives.

M. Don Downing (président, Association charbonnière canadienne): Ce ne serait pas la première fois, monsieur le président.

Je vous remercie de m'avoir invité, une fois de plus, à prendre la parole devant le comité. Comme les producteurs de pétrole, nous ne parlerons pas du changement climatique aujourd'hui. Il s'agit d'une présentation orientée vers la technologie, mais j'aimerais pouvoir revenir sur le changement climatique et, à ce moment-là, je contesterais certains des arguments avancés par l'association gazière.

Le président: Nous avons l'intention de revenir sur cette question et nous vous inviterons certainement à venir nous en parler.

M. Don Downing: L'histoire fait remonter au 17e siècle l'utilisation de charbon local dans les provinces Maritimes. La production et l'utilisation du charbon ont continuellement joué un rôle important dans l'économie du Canada depuis cette époque.

Au cours de sa longue histoire, notre industrie a connu de profonds changements, dont un grand nombre ont été liés au progrès technologique et à l'innovation. Au début du siècle, le charbon servait surtout au chauffage domestique, au transport ferroviaire et maritime, au chauffage des chaudières industrielles de toutes sortes et à la fabrication de l'acier. Peu après le milieu du siècle, le charbon a toutefois cessé d'être utilisé pour toutes ces applications, sauf la sidérurgie.

La production et l'utilisation du charbon au Canada ont suivi cette tendance. La production nationale a atteint son point culminant en 1950, avec 18 millions de tonnes, tandis que la consommation atteignait un niveau record de 44 millions de tonnes au cours de la même année. La production et la consommation ont chuté à compter de 1950. Néanmoins, dès la fin des années 60, une nouvelle ère a commencé pour le charbon canadien avec la construction de grosses centrales électriques alimentées au charbon et l'émergence d'un nouveau marché pour le charbon métallurgique de haute qualité en Asie.

L'industrie charbonnière canadienne a battu, chaque année, de nouveaux records. En 1997, elle a produit 78,5 millions de tonnes de charbon. La production a donc plus que quadruplé depuis 40 ans. La consommation a atteint 500 millions de tonnes, au Canada, et nous avons exporté près de 38 millions de tonnes, surtout à partir de la côte Ouest. Nous importons également un peu de charbon dans le sud de l'Ontario et le Nouveau-Brunswick.

Voilà le contexte d'une brève discussion portant sur les industries basées sur le savoir et la technologie dans le secteur des ressources naturelles et surtout le charbon. Je vais limiter mon propos aux activités en amont soit l'extraction et le transport. Il y a beaucoup de changement sur le plan de l'utilisation du charbon pour la production d'électricité et d'acier, mais je n'en parlerai pas aujourd'hui.

Pour ce qui est de l'extraction du charbon, les progrès technologiques se reflètent dans les tendances de la productivité et du coût à la tonne du charbon produit. Depuis 1990, le coût à la tonne a nettement baissé.

La diapositive suivante montre le coût de l'énergie par tonne de charbon produit au Canada. Depuis sept ans, le coût total à la tonne a nettement diminué tant en dollars actuels qu'en dollars constants. C'est une tendance qui se maintient depuis 20 ans.

La diapositive suivante montre que la production a augmenté. La productivité a également été en hausse. Si vous prenez l'ensemble de l'industrie canadienne, un niveau de plus de 8 000 tonnes par personne nous place dans la même catégorie que les États-Unis et l'Australie, c'est-à-dire dans le peloton de tête. Si vous prenez uniquement les mines de l'Ouest du pays, c'est-à-dire la Colombie-Britannique, l'Alberta et la Saskatchewan, comme vous pouvez le voir sur la diapositive suivante, cela représente plus de 10 000 tonnes par personne. L'Alberta et la Saskatchewan réunies produisent 15 000 tonnes par personne. Elles arrivent au premier rang mondial comme grande région productrice et sur le plan de la productivité.

• 1145

Les progrès effectués par les Canadiens dans les géosystèmes, c'est-à-dire dans les programmes informatisés de géologie, de conception des mines et de planification de celles-ci, sont parmi les meilleurs au monde. Ce qu'offrent les Canadiens dans ces secteurs vient concurrencer directement les produits et les services des Américains, des Australiens et des Britanniques. Les programmes canadiens sont utilisés un peu partout au Canada et forment même la base du programme de génie offert actuellement à l'Université de l'Alberta.

Les compagnies canadiennes sont également les chefs de file dans la mise au point de systèmes de positionnement global par satellite utilisés dans les mines. Le système de positionnement global est évidemment utilisé dans bien des secteurs de transport un peu partout dans le monde, mais les compagnies canadiennes sont les premières à avoir appliqué le système de positionnement global à l'exploitation des mines à ciel ouvert au Canada. Le SPG mis au point au Canada a été utilisé pour les commandes de sondage et d'excavation et pour le routage des camions.

L'équipement lourd—comme les gros camions—est aujourd'hui couramment équipé d'appareils de surveillance électronique. Vous voyez sur cette diapositive-ci l'une des grandes pelles excavatrices utilisées dans l'Ouest du Canada. Ces machines sont haute de quatre étages et sont parmi les plus grandes du monde.

Le défi, dans les mines, c'était de saisir les données de surveillance en direct, de les communiquer et de les analyser. Les Canadiens ont été les pionniers dans la transmission des données minières, et l'on pense notamment aux installations électroniques qui se trouvent maintenant dans tout l'équipement dont nous parlons. En fait, les grandes mines sont à mettre au point des réseaux locaux qui lient leurs machines les unes aux autres ainsi qu'à leurs bureaux, voire à leur administration centrale, qu'elle soit située à Calgary, Vancouver, ou Edmonton, par exemple.

Les mines de charbon participent à la mise au point de réseaux locaux destinés à la transmission de données à partir de l'équipement d'exploitation jusqu'aux analystes situés dans les bureaux, mais je dois admettre que ce sont les mines de sable bitumineux qui sont actuellement les chefs de file. Vous voyez sur cette diapositive-ci quelqu'un qui examine les données en direct.

Les compagnies canadiennes ont également conclu des contrats de développement communs avec des fabricants d'équipement. Même si la plupart du matériel minier à grand rendement, comme les camions et les pelles, est fabriqué à l'extérieur du Canada, c'est au Canada que se font l'essai des prototypes et la spécialisation. Les fabricants d'équipement comme O & K, Caterpillar, P & H et Haulpac, qui sont tous nord-américains et européens, ont conclu des contrats de développement communs qui permettent d'élaborer de nouveaux modèles d'équipement particulièrement adaptés aux besoins canadiens.

C'est d'ailleurs la taille du parc d'équipement lourd au Canada qui a ouvert de nouvelles perspectives. La taille de la population canadienne ainsi que les perspectives de croissance dans le secteur des mines à ciel ouvert sont telles que les fabricants sont disposés à faire faire au Canada la mise au point de la technologie. J'avoue également que le potentiel de croissance dans les mines de sable bitumineux sera certainement bénéfique à l'exploitation des mines à ciel ouvert au Canada, puisque c'est le potentiel de croissance dans le parc minier qui attire les fabricants.

Il se fait également d'autres recherches minières visant les matériaux résistant à l'usure et la mise au point de matériaux résistant à l'abrasion et destinés à l'équipement minier. Cette recherche vise à augmenter la vie utile et le rendement des carrosseries de camion, des dentures de pelle et des pneus. D'ailleurs, les compagnies canadiennes ont joint leurs efforts de recherche à ceux du Conseil national de recherches et du Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie.

Les houillères travaillent également les unes avec les autres dans des secteurs où elles n'ont pas d'intérêt particulier. Je cite en exemple le groupe SMART, groupe technologique de recherche sur l'exploitation minière à ciel ouvert, formé essentiellement de houillères et de compagnies d'exploitation des sables bitumineux, auquel s'est jointe la compagnie Iron Ore de l'est du Canada. Les entreprises d'exploitation du charbon collaborent également avec les universités et les fabricants d'équipement, tout en faisant du transfert de technologie.

La plus grande partie du charbon extrait au Canada et l'ensemble du charbon qui doit être exporté doivent être traités avant d'être expédiés. Vous voyez ici une usine typique de traitement du charbon dans une mine de l'Ouest du Canada. Le contrôle des procédés est la partie intégrée de l'exploitation qui permet d'optimiser l'extraction et la spécification du produit, de même qu'optimiser la gestion de l'énergie et réduire les coûts.

On fait actuellement des percées dans ce domaine avec de nouveaux systèmes de contrôleur programmable et de commande numérique directe. Ces applications pavent la voie aux usines complètement automatisées et sont utilisées pour les étapes de démarrage, d'arrêt et de remise en marché en séquence de même que pour le suivi et le contrôle des procédés. Le contrôle des procédés dans le circuit de flottation du charbon fait appel à des systèmes de suivi utilisant la cendre nucléaire. Lorsqu'on parle de cendre, il s'agit d'impuretés se retrouvant dans le charbon.

• 1150

Au moins une mine s'est associée au gouvernement provincial, à CANMET, qui est le laboratoire fédéral, et à des concepteurs d'équipement en vue de mettre au point des systèmes de contrôle des procédés qui intégreraient le suivi de la cendre en direct en utilisant le système de suivi de la cendre nucléaire dans les systèmes d'exploitation générale de l'usine. Ce type d'intégration des systèmes pourra être une première dans le monde. Ce travail a permis également à quelques nouveautés canadiennes de voir le jour.

Allons rapidement du côté du transport: Les marchandises en vrac et les chemins de fer ont toujours fortement dépendu les uns des autres. Nous dépendons donc de la technologie la plus moderne qui soit en matière de transport. General Electric, située à London, en Ontario, est un des grands fournisseurs de cette toute nouvelle énorme locomotive.

En outre, les systèmes les plus récents de gestion et de répartition du trafic font appel à la compétence des Canadiens. CP Rail a ouvert récemment un bureau à Calgary qui est un des chefs de file mondiaux dans ce domaine et qui illustre le dernier cri de la technique.

Abordons maintenant la formation nécessaire à l'utilisation d'équipement de cette taille. Nous avons assisté à l'émergence de la technologie de simulation qui, vous le savez peut-être, est utilisée en aéronautique et pour l'entraînement au pilotage. Cette technologie est utilisée maintenant dans l'entraînement à l'équipement lourd dans les compagnies canadiennes. Ces applications ont permis de rendre l'exploitation plus sécuritaire et d'abaisser les coûts d'exploitation.

La plupart des applications dont nous avons parlé ressemblent aux types de progrès effectués dans la technologie informatisée et numérique utilisée par les producteurs de pétrole. Mais là où les Canadiens font figure de pionnier, c'est dans leur application au secteur minier. Fait intéressant à noter, la plupart de ces percées et de ces applications proviennent des petites et moyennes entreprises canadiennes. Elles sont sans doute une pépinière d'innovations et de créativité.

Le président: Merci, monsieur Downing.

Passons aux questions de M. Stinson. Celui-ci ou ses collègues vous demanderont certainement où est fabriqué l'équipement utilisé dans ce secteur et si le Canada tire de l'arrière ou non en termes de formation, etc. Monsieur Stinson, allez-y.

M. Darrel Stinson (Okanagan—Shuswap, Réf.): Je m'adresserai d'abord à l'Association canadienne du gaz.

Dans votre mémoire, vous comparez avec soin la R-D qui se fait au Canada et dans les autres pays. Vous dites que l'on dépense quatre fois plus aux États-Unis qu'au Canada, dix fois plus en Grande-Bretagne, quinze fois plus en France et cinq fois plus au Japon. Quel est le niveau de production du Canada par rapport à celui de ces autres pays?

M. Shahrzad Rahbar: Pour ce qui est de la production du gaz naturel, le Canada arrive au second rang. Le Japon ne produit en effet aucun gaz.

M. Darrel Stinson: Mais d'après ce que vous dites, tous ces pays ont dépensé plus que nous en R-D.

M. Shahrzad Rahbar: Oui. C'est parce que ce sont de grands pays consommateurs. Dans le cas des Japonais, ils se sont rendu compte que même s'ils ne produisaient pas cette ressource naturelle, ils l'utilisaient et dépensaient beaucoup d'argent pour l'importer. Ils ont donc décidé de l'utiliser de façon efficace. Le Japon ne produit donc pas cette ressource, mais dépense de l'argent pour mieux l'utiliser.

M. Bruno Carella: Monsieur le président, permettez-moi d'ajouter que c'est justement la raison pour laquelle nous avons insisté dans notre exposé sur la demande et la technologie d'utilisation finale. Nous avons pensé que ce facteur pourrait agir sur le marché amont.

M. Darrel Stinson: Je comprends. Dois-je comprendre aussi que le gouvernement ou l'industrie elle-même devrait mettre encore plus la main à la pâte?

M. Shahrzad Rahbar: Ils devraient le faire en collaboration. Le secteur aval de notre industrie a été assez actif. Regardez le tableau 1 qui montre la contribution de chaque secteur. Ce que nous voulons démontrer, c'est que si l'on recherche l'élargissement des applications des utilisations finales, il faudra que l'industrie et le gouvernement injectent tous deux des fonds. Nous croyons également à la nécessité qu'une entité consultative fasse le lien entre l'industrie et le gouvernement.

Plus loin, dans mon exposé, j'ai décrit les transformations qui survenaient actuellement dans notre industrie et qui imposaient certaines pressions sur la mise au point concertée de technologies d'utilisation finale, à cause de la nature éventuellement compétitive de notre entreprise.

M. Darrel Stinson: J'en arrive donc à mon autre question. Dans le même paragraphe, ou presque, vous affirmez que la décision de l'Office nationale de l'énergie d'empêcher des compagnies d'acheminement du gaz telles que la TransCanada PipeLines et la West Coast Energy de participer à la R-D axée sur le marché avait sérieusement réduit les possibilités de coordonner des programmes financés par l'administration centrale. Si je creuse un peu plus votre affirmation, j'en viens presque à la conclusion qu'il y aurait une guerre de territoire d'un gouvernement à l'autre ou qu'il y aurait chevauchement des règlements.

• 1155

M. Shahrzad Rahbar: Pas du tout. Ce qui se passe, c'est qu'étant donné que cette ressource naturelle a connu une croissance sans précédent de son marché, on peut difficilement identifier ceux qui sont directement responsables de la croissance du marché d'utilisation finale, essentiellement. Nous avons vu les entreprises de distribution manifester de l'intérêt pour la croissance du marché d'utilisation finale. Les entreprises manufacturières canadiennes, petites et grandes, vendent des mécanismes ou la technologie d'utilisation, dans la mesure où ils peuvent contribuer à l'innovation, mais nous expliquons dans notre mémoire que la fragmentation au sein de notre industrie peut avoir un impact négatif et que le secteur amont de l'industrie a tendance à ne pas voir que l'utilisation et la croissance de l'utilisation peuvent s'appliquer directement à leur entreprise.

Le président: La parole est à Roy Cullen.

M. Roy Cullen (Etobicoke-Nord, Lib.): Merci, monsieur le président, et merci aux témoins.

Lorsque quelques-uns d'entre vous commencent par dire que ce n'est pas une question de changement climatique, mais une question de technologie, vous ne pensez pas, je suppose, que ces questions sont sans rapport. Du moins je l'espère. On surestime parfois la technologie lorsqu'il s'agit de présenter des solutions, mais elle doit tout de même faire partie de la solution.

En ce qui concerne la R-D, nous savons qu'au Canada nous avons les politiques fiscales les plus progressives au monde et pourtant le secteur privé ne compense pas vraiment ce fait autant qu'il le pourrait. Je me demande si vous avez des commentaires à ce sujet.

Commençons par l'Association canadienne du gaz. La question de l'échange de droits d'émissions est maintenant plus d'actualité. Je pense que la plupart d'entre nous ici comprennent le concept de l'échange de droits d'émissions. Pourriez-vous nous parler de la façon dont l'échange de droits d'émissions se fera au Canada? Quelles sont vos opinions sur la situation à l'échelle nationale et internationale? Que faut-il pour faire passer cette partie du programme du concept à la réalité?

Si j'ai bien compris, on commence à parler davantage de la possibilité de faire de l'exploration pétrolière et gazière au large de l'Île de Vancouver, ou on pourrait se demander s'il y a lieu d'entreprendre une telle exploration sur la côte Ouest. Pourriez-vous m'expliquer si c'est une question d'actualité et ce que vous en pensez.

M. Bruno Carella: Je peux répondre à vos deux premières questions. Premièrement, en ce qui concerne la politique fiscale, je tiens seulement à mentionner que nous avons discuté de la question avec des représentants du ministère des Finances parce qu'ils nous avaient demandé pourquoi notre industrie ne profitait pas beaucoup des taux de déduction pour amortissement qui sont offerts. Nos membres trouvent ces taux difficiles à utiliser. On ne les utilise pas parce qu'ils ne donnent pas un rendement que les entreprises recherchent. Nous avons déterminé cela avec les représentants du ministère des Finances il y a environ deux mois et nous allons travailler avec eux cette année pour voir quelles modifications pourraient être proposées aux taux de déduction pour amortissement, dans le prochain budget, il faut l'espérer, afin qu'ils conviennent aux entreprises.

Pour ce qui est de l'échange des droits d'émissions, l'essentiel est que l'industrie doit reconnaître qu'il faut agir rapidement. La plupart des personnes présentes ici voient l'échange de droits d'émissions comme une solution, à mon avis. Il est évidemment important d'établir un bon processus de consultation qui inclut les membres de l'industrie tant à l'étape préliminaire qu'à l'étape ministérielle, mais la première chose à faire, je crois, est de reconnaître que l'industrie doit agir rapidement. Certaines mesures prises actuellement par l'industrie ne constituent peut-être pas des solutions sages pour les entreprises, si vous voulez, mais leur but est l'économie d'énergie. De plus, si vous accordez cette reconnaissance, je pense que vous verrez beaucoup plus de réductions et beaucoup plus d'efforts à cet égard. Je pense que c'est la solution.

• 1200

M. Chris Pierce: Pour répondre à votre première question, monsieur Cullen, je dirai catégoriquement qu'en ce qui concerne le changement climatique, nous croyons que les efforts du gouvernement fédéral et des Canadiens dépendront de la technologie, ainsi que de tout ce que chacun d'entre nous fera pour améliorer le rendement énergétique. Je voulais seulement signaler que pendant ces six ou huit minutes aujourd'hui, il est davantage question d'une manière générale de la technologie.

Pour ce qui est des dépenses, je tiens à souligner le fait que ce qui est remarquable, entre autres, dans l'industrie du pétrole et du gaz, c'est qu'on y investit énormément dans le développement technologique. Dans la plupart des cas, on n'a pas recours à l'argent du gouvernement pour les projets de ce genre.

Comme Roger l'a fait remarquer, lui aussi, à peu près tous les progrès réalisés dans le secteur du gaz et du pétrole sont axés sur la technologie, et cette industrie est la plus grande source d'investissement de capitaux au pays après l'habitation. L'industrie dépense des sommes énormes et s'intéresse toujours de près à la technologie pour augmenter la production des gisements de pétrole et de gaz. Auparavant, seul 25 p. 100 du gisement pouvait être exploité, mais grâce à la technologie moderne, ce chiffre est maintenant d'environ 50 p. 100.

Au chapitre des échanges de droits d'émissions, nous sommes en faveur des pourparlers sur les mesures internationales dans ce domaine. Comme semble d'ailleurs le reconnaître le gouvernement dans son budget fédéral, il est très important que le Canada ne s'engage trop tôt dans des discussions sur les échanges de droits d'émissions à l'échelle nationale, car la mise en place d'un régime national d'échange de droits d'émissions isolerait le Canada du reste du monde.

Une telle mesure n'aurait aucun effet positif et tuerait dans l'oeuf la croissance économique au Canada. Nous devons trouver le moyen de nous intégrer à un régime international d'échange de droits d'émissions dans lequel, comme Bruno l'a mentionné, seront reconnus certaines des nos exportations, dont la technologie et les marchandises brutes, qui aident à réduire les émissions de gaz à effet de serre ailleurs au monde.

Parlons maintenant de l'île de Vancouver. Le premier ministre de la Colombie-Britannique a mentionné récemment la possibilité de projets au large des côtes de cette province. Dieu sait si l'industrie a été prête à faire de l'exploration lorsqu'elle en a eu l'occasion.

Nous avons actuellement un projet en cours au banc Georges, sur la côte Est, pour déterminer si un moratoire sera imposé dans cette région sur les activités d'exploration. En tout cas, nous savons qu'au large de l'île de Vancouver, il y aura sans aucun doute des inquiétudes quant au caractère délicat de l'environnement de cette région, entre autres, et même s'il semble possible de démarrer des projets, il s'agit probablement d'une entreprise à long terme.

M. Roy Cullen: Merci.

La cogénération est l'un de mes dadas. Je l'ai surtout examinée sous l'angle de l'utilisation de la biomasse par l'industrie des produits forestiers pour exploiter certaines possibilités de cogénération, mais les projets de cogénération alimentés au gaz jouent également, me semble-t-il, un rôle très utile.

Les services publics se sont-ils montrés intéressés aux projets de cogénération, dans vos consultations partout au Canada? Certains sont-ils plus intéressés que d'autres ou se sont-ils dit très intéressés à la cogénération à titre de moyen d'augmenter accessoirement leur capacité de production?

M. Shahrzad Rahbar: Jusqu'à présent, la cogénération a toujours été une activité de dilettante qui n'a pas été étudiée à fond. Nous estimons que c'est un excellent moyen de réunir le gaz et l'électricité en un seul produit énergétique. Grâce à cette convergence, la cogénération pourrait connaître une énorme croissance, et ce, pour un certain nombre de raisons d'ordre économique; premièrement, ces projets deviendraient rapidement rentables et, deuxièmement, l'investissement est relativement faible comparé aux autres formes de production. Nous prévoyons donc que la cogénération augmentera.

Nous comptons parmi nos membres les principaux fabricants qui fournissent l'équipement et, d'après ce qu'ils m'ont dit, les gens parlent beaucoup, mais les commandes se font attendre. De la même façon, ces fabricants ne s'attendent pas à recevoir un grand nombre de commandes avant 2002, parce qu'il existe encore un surplus d'électricité. Toutefois, ils se préparent, et nous constatons que ces fabricants investissent des sommes énormes dans le développement de la technologie.

Par exemple, Pratt et Whitney a dépensé près de 17 p. 100 de toutes ses recettes—et ces recettes sont énormes—à rendre plus robustes les techniques de cogénération. Même si ces techniques sont avantageuses, comparées à d'autres, elles sont encore relativement délicates, mais le secteur privé dépense beaucoup d'argent à les consolider. Nous ne croyons pas que la cogénération augmentera à court terme. Nous ne constatons pas à l'heure actuelle des grands projets dans ce domaine, mais il y a des démonstrations partout au pays.

• 1205

M. Chris Pierce: La cogénération est intimement liée à la déréglementation de l'électricité; plus rapide sera cette déréglementation, plus les projets de cogénération à petite échelle deviendront viables. À l'heure actuelle, le Canada exporte du gaz naturel pour approvisionner des centrales de cogénération des États-Unis, car la déréglementation est un peu plus avancée chez notre voisin du Sud. Dans notre secteur, nous avons actuellement certains problèmes, entre autres la quantité de gaz naturel qui est brûlé à la torche dans l'Ouest canadien. Une des façons de régler ces problèmes serait de permettre une production d'électricité à faible échelle qui accroîtra l'efficacité de notre secteur tout en réduisant certaines émissions, dont celles de gaz carbonique.

M. Donald Downing: Je tiens à rappeler qu'il est également possible de produire de la vapeur à partir d'autres carburants et on trouve également, près des parcs industriels, des centrales bien établies alimentées au charbon. Il faut tenir compte et de la demande d'électricité et de la demande de vapeur industrielle. À l'heure actuelle, en Alberta, par exemple, on estime qu'on ne pourrait produire que 800 mégawatts d'électricité supplémentaires. Si toute cette production venait de la cogénération, on pourrait probablement répondre également à toute la demande en vapeur industrielle de la province.

Même dans un contexte nord-américain, tout cela dépendra dans une large mesure de la demande régionale en vapeur industrielle et en électricité. À l'heure actuelle, les centrales alimentées au bois sont probablement exploitées en fonction d'endroits bien précis quant au brûlage de la biomasse et à l'utilisation de la vapeur. Mais dans certaines régions, la production d'électricité ne fera que compliquer les choses pour les sites industriels. Que vont-ils en faire? Sera-t-il possible de vendre cette électricité dans un marché concurrentiel s'il n'y a plus de réglementation?

Nous avons également constaté qu'une fois l'électricité déréglementée, on ne sait pas trop bien comment les producteurs pourront utiliser le coût de l'électricité dans la concurrence qu'ils se livrent les uns aux autres. En Alberta, par exemple, on estime que le coût de l'électricité produite à partir du charbon pourrait connaître une diminution spectaculaire si la concurrence est suffisamment importante, car puisque les centrales n'ont jamais eu à lutter pour leur part du marché, on n'a pas optimisé leurs opérations. Cela compliquera d'autant la demande en électricité nouvelle produite à partir du gaz.

Le président: Donnons maintenant la parole à Bruno, et nous verrons ensuite.

M. Bruno Carella: J'aimerais tracer un parallèle entre cette question de la cogénération et votre observation sur le régime fiscal. Nous sommes inquiets de ce que le régime fiscal canadien ne favorise peut-être pas la cogénération. Il se pourrait que des centrales soient établies dans l'État de Washington plutôt qu'en Colombie-Britannique en raison du régime fiscal. Cela vient en grande partie de l'imprécision du libellé et des règles relatives à la production de vapeur, règles qui sont essentielles et dont nous aimerions discuter avec le ministère des Finances.

Le président: Nous vous donnerons un autre tour plus tard, Roy.

M. Roy Cullen: Bien sûr.

Le président: Pierre sera le prochain, mais faisons d'abord une pause de cinq minutes pour aller chercher un sandwich et quelque chose à boire, puis nous reviendrons à la table.

• 1208




• 1215

Le président: Si tout le monde est d'accord, nous allons commencer et continuer nos délibérations en mangeant.

[Français]

Monsieur de Savoye.

M. Pierre de Savoye (Portneuf, BQ): Lorsqu'on parle de combustible, on pense aux gaz à effet de serre, ce qui, comme plusieurs d'entre vous l'ont mentionné, pourrait faire l'objet d'un autre débat. Il est cependant difficile de ne pas en tenir compte quand même aujourd'hui.

Par ailleurs, plusieurs d'entre vous ont mentionné l'importance d'un partenariat avec le gouvernement, et c'est l'angle sous lequel je vais aborder mes questions. Mais auparavant, je voudrais féliciter M. Pierce parce qu'il a compris qu'un grand nombre de députés, en fait le quart de la députation fédérale, sont francophones et qu'à un moment, le tiers des députés autour de cette table étaient francophones. Vous avez choisi de respecter ce fait et vous avez bien fait. Je vous en félicite.

Je voudrais aussi dire aux autres qu'il est toujours possible de faire parvenir leur mémoire à l'avance au service de traduction de la Chambre des communes pour le faire traduire s'ils n'ont pas les moyens de le faire eux-mêmes. Mais je crois comprendre que dans ce cas-ci, l'Association canadienne des producteurs pétroliers en avait les moyens.

Cela dit, j'ai trois questions. L'une sera adressée à l'Association des producteurs pétroliers, la deuxième à l'Association canadienne du gaz, et la dernière à l'Association charbonnière. Je vais poser les trois questions et vous pourrez ensuite y répondre à tour de rôle.

Tout d'abord, on parle de partenariats avec le gouvernement. Je voudrais savoir si le projet Hibernia est rentable actuellement et s'il le sera à l'avenir.

Deuxièmement, je m'adresse à l'Association canadienne du gaz au sujet du pipeline de l'Île de Sable ainsi que des recherches faites à l'Île de Sable. Ces recherches de gaz ont été financées, dans une certaine mesure, par les contribuables canadiens. Actuellement, certains ont l'impression que les Américains sont les seuls à profiter des fruits de cette recherche. Comment se positionne le contribuable canadien? Qu'est-ce que le gouvernement canadien retire de ces investissements sur l'Île de Sable?

Finalement, j'ai une question pour l'Association charbonnière. Le charbon étant un combustible davantage polluant que d'autres combustibles, quel est son avenir dans l'économie canadienne?

Le président: Monsieur Pierce.

M. Chris Pierce: Merci, monsieur de Savoye, pour votre compliment concernant la traduction. Je voudrais dire que c'est un Franco-Albertain qui a fait la traduction.

M. Pierre de Savoye: Mon père est Franco-Albertain.

M. Chris Pierce: Ah, oui? C'est peut-être un cousin de M. Chrétien.

Mais je pense qu'il vaut mieux que je parle en anglais.

M. Pierre de Savoye: Faites comme bon vous semble.

[Traduction]

M. Chris Pierce: Pour ce qui est du projet Hibernia, il y a bien sûr le projet lui-même, mais il faut également le situer dans le contexte de l'industrie à laquelle il appartient. En 1979, lorsqu'on a commencé à discuter de ce projet, personne ne pouvait dire si ce projet serait viable ou non. Il ne fait plus aucun doute maintenant que non seulement le projet sera rentable—et il faudrait voir si le gouvernement fédéral décidera de vendre ou non ses intérêts, parce que ces intérêts continueront maintenant d'accumuler de la valeur...

Non seulement ce projet sera rentable, même dans le contexte actuel des prix qui, à notre avis, ne durera pas bien longtemps, mais Terre-Neuve s'est maintenant dotée d'une industrie. Il y a maintenant des projets bien concrets, comme le projet Terra Nova, d'autres seront créés prochainement, comme le projet White Rose, et une nouvelle saison d'étude sismique et d'exploration commencera bientôt à Terre-Neuve.

• 1220

Terre-Neuve et son économie vont connaître des changements révolutionnaires. Il ne faut donc pas voir Hibernia purement et simplement comme un projet.

Il en va de même du projet de l'île de Sable. C'est un projet qui rapportera de l'argent au gouvernement de la Nouvelle-Écosse. Il sera également profitable aux éléments de la province qui obtiendront des services, c'est-à-dire les utilisateurs du secteur industriel et plus tard, j'en suis sûr, du secteur résidentiel. Mais mieux encore, si ce projet crée une plate-forme permettant d'autres activités d'exploration et de mise en valeur au large de la Nouvelle-Écosse, il ne s'agira plus seulement d'un projet, mais de toute une industrie qui se développera dans la province.

M. Bruno Carella: Merci, Chris. Je suis d'accord avec vous.

Je me dois de dire d'abord que notre industrie favorisait une élaboration bien adaptée des projets de l'île de Sable et nous sommes persuadés que la commission mixte d'examen public a bien fait son travail.

Pour ce qui est de l'expansion du marché et des services au secteur résidentiel, comme Chris l'a mentionné, il existe des rapports, que vous avez sans doute consultés, quant aux systèmes de distribution qui seront mis sur pied en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick. Mais pour ce qui est de l'aspect purement technologique des projets de l'île de Sable, Chris est probablement plus près que moi des sources et de la technologie de production. Malheureusement, nous ne sommes pas en mesure de discuter de ces technologies, mais Chris a probablement bien répondu à cette question pour nous.

[Français]

M. Pierre de Savoye: Merci.

[Traduction]

M. Don Downing: Comme je l'ai dit dans mes remarques, au sujet de l'avenir du charbon, les deux principales utilisations du charbon dans une économie moderne sont la production d'électricité et la fabrication d'acier.

Voyons d'abord ce qu'il en est de l'industrie sidérurgique au Canada. Grâce à l'utilisation de hauts fourneaux dans des usines sidérurgiques intégrées, on peut produire toute une gamme de produits qui ne pourraient être obtenus à l'heure actuelle au moyen d'autres technologies. Il est donc probable que l'utilisation de charbon dans les hauts fourneaux demeurera encore un certain temps importante dans la sidérurgie canadienne et internationale. L'industrie sidérurgique fait des progrès technologiques. C'est une industrie elle-même très concurrentielle. Les effets environnementaux de la production d'acier continueront de diminuer, comme cela a été le cas au cours des dernières décennies.

On continuera d'utiliser du charbon pour produire de l'électricité dans le contexte de la déréglementation des marchés nord-américains et internationaux de l'électricité. On continuera sans doute à exercer des pressions pour que la combustion du charbon dégage de moins en moins d'émissions. Nous avons réglé le problème des émissions de matières particulières, nous avons réglé le problème des émissions de bioxyde de soufre et nous réglerons celui des émissions de bioxyde de carbone que dégagent les diverses formes de combustion du charbon. Toutefois, nous faisons chaque année des progrès technologiques dans l'amélioration de l'utilisation du charbon.

Les nouvelles grandes centrales canadiennes—en Nouvelle- Écosse, au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan et en Alberta—sont alimentées au charbon. Elles ont été construites au milieu des années 90. Ces centrales produiront de l'électricité pendant encore 30 ou 40 ans, mais si les marchés de l'électricité sont concurrentiels, ces centrales devront continuer d'appliquer des normes élevées en matière d'environnement tout en étant compétitives du point de vue économique.

[Français]

M. Pierre de Savoye: Merci, monsieur le président. Je vous prie de m'excuser, mais j'ai un autre rendez-vous.

Le président: Vous êtes tout excusé. Merci, Pierre.

[Traduction]

Ovid, s'il vous plaît.

M. Ovid Jackson (Bruce—Grey, Lib.): Monsieur le président, on a dit qu'il y a certains progrès pour ce qui est d'éliminer certains contaminants, qu'il s'agisse du soufre ou d'autres types de contaminants qui sortent des tuyaux d'échappement ou des cheminées d'usine lorsqu'on utilise du carburant fossile ou qu'on l'extrait du sol.

J'ai plusieurs questions à poser. Avez-vous établi un repère quant aux types de contaminants qui résultent actuellement de l'exploration, tant dans le cas du pétrole que du charbon, et appliquez-vous certaines normes pour réduire ces contaminants? Faites-vous de la R-D pour réduire la production des gaz à effet de serre qui viennent de l'activité minière?

• 1225

Le Toronto Star a également publié récemment un article sur les raffineries qui utilisaient des techniques archaïques. L'article portait surtout sur l'Ontario. On y disait que le carburant que nous vendons au Canada n'est pas aussi propre que celui d'autres pays. En fait, c'est l'une des raisons pour lesquelles il y avait tant de contaminants, de brouillard photochimique et d'autres problèmes dans les grandes villes. Fait- on des recherches pour trouver de nouveaux moyens de produire le carburant ou d'éliminer les contaminants dangereux qui sont à la source de problèmes environnementaux?

Et enfin, nous avons eu le conflit du MMT. Le MMT, c'est bien sûr un additif qui est ajouté à l'essence à moteur, de la même façon qu'on utilisait auparavant du plomb, pour améliorer le taux d'octane et le taux de compression afin que nos moteurs soient plus puissants. Existe-t-il d'autres substances qui pourraient remplacer le MMT tout en permettant aux systèmes de diagnostic de bord de bien fonctionner?

Nous parlons beaucoup de technologie. Mais si les systèmes de diagnostic de bord ne répondent plus, les communications ne se font plus. Dans de tels cas, ces systèmes deviennent rapidement inutilisables et les émissions des pots d'échappement sont polluantes. Je me demande s'il existe des substances de rechange pour régler ce problème.

M. Chris Pierce: Tout d'abord, monsieur Jackson, si vous parlez des contaminants associés aux émissions provenant de l'utilisation de pétrole et de gaz, je puis vous dire que l'industrie du pétrole et du gaz est probablement l'une des plus réglementées—sinon la plus réglementée—en matière d'environnement dans tout le pays. Nous ne nous en plaignons pas, mais nous croyons néanmoins qu'il faut éviter les chevauchements, c'est-à-dire qu'une même activité soit réglementée par deux ou trois ordres de gouvernement. Nous prenons volontiers toutes les mesures nécessaires pour produire du pétrole et du gaz naturel de façon responsable, du point de vue environnemental.

Pour ce qui est des contaminants, nous faisons partie de toute une gamme de groupes multipartites fédéraux et provinciaux dont l'objectif est de surveiller et de réduire les polluants atmosphériques. Il y a en Alberta un groupe multipartite, la Clean Air Strategic Alliance, qui consacre actuellement ses efforts à étudier la question du torchage du gaz, des éléments que cette pratique émet dans l'air, les effets de ces éléments et les moyens de réduire ceux d'entre eux qui sont nuisibles.

Dans le cas des gaz à effet de serre, il importe de se souvenir que le CO2 lui-même n'est pas un contaminant, même s'il est le principal gaz à effet de serre. Le seul problème que pose le CO2, c'est sa concentration dans l'atmosphère, mais on croit généralement qu'il est mauvais d'émettre du CO2. Le CO2 lui-même n'a rien de dangereux. Le public confond la question des émissions de CO2 avec celle des émissions de NOx ou de COV, ou encore avec les émissions que vous avez mentionnées pour le sud-ouest de l'Ontario.

Enfin, puisque nous consacrons des quantités importantes de ressources à réduire les émissions et les contaminants, nous devons reconnaître qu'il n'y a pas de solutions parfaites. Par exemple, nous pourrons peut-être régler certains problèmes en interdisant le MMT. Par contre, les substances qui le remplaceront augmenteront peut-être les émissions de CO2. La compagnie Suncor, en Alberta, a dépensé des centaines de millions de dollars pour réduire, entre autres choses, les émissions de SO2 de ses activités dans le nord de la province. Mais en réduisant ses émissions de SO2, elle augmente nécessairement un peu ses émissions de CO2.

Toutes ces questions d'environnement et d'émissions doivent être examinées sous un angle holistique. Il ne faut pas croire qu'il y aura des solutions simples sans effet sur d'autres éléments. Mais nous sommes prêts à relever ce défi et nous continuerons de le faire au sein des divers groupes multipartites. Nous dépensons des sommes importantes pour cela chaque année.

M. Don Downing: Un mot au sujet des émissions de l'industrie minière, de manière générale, lorsque le charbon est du genre où l'on trouve beaucoup de méthane en place, ce qui est surtout le cas dans l'est du Canada, on trouve des rassemblements de méthane. La Société de développement du Cap-Breton dispose d'un processus qui rassemble le méthane et le canalise ensuite vers une station de génération de la Nova Scotia Power qui se trouve non loin de là. Ce qui empêche l'émission de méthane, qui est, si vous voulez, un gaz à effet de serre plus fort que le dioxyde de carbone.

• 1230

Les mines elles-mêmes s'emploient surtout à abaisser leurs coûts unitaires, ce qui a pour effet d'abaisser les émissions sur la base des unités de production. Chose certaine, dans un secteur aussi concurrentiel, c'est une vraie nécessité. Les tableaux I qu'on vous a montrés plus tôt indiquent dans quelle mesure les entreprises continuent d'abaisser leurs coûts énergétiques sur une base d'unité de production.

Pour ce qui est de la combustion du charbon, je pense que les normes relatives à la qualité de l'air sont généralement élevées au Canada. Les émissions admissibles de dioxyde de soufre vont baisser à l'avenir. La technologie ou les carburants à teneur plus faible en soufre vont contribuer à régler ce problème.

Mais j'aimerais répondre à une observation qu'a faite l'Association des producteurs pétroliers. Il y a des compromis à faire si l'on veut abaisser le niveau de CO2 dans la combustion des combustibles fossiles. Parfois on augmente le dioxyde de carbone. C'est parce qu'on se sert souvent du calcaire pour capter le soufre. Il y a donc un compromis à faire ici, et il faut y voir à court terme aussi.

De manière générale, les sociétés hydroélectriques sont en avance sur le processus réglementaire pour ce qui est de contrôler les émissions de tous genres.

Le président: Me permettez-vous une question supplémentaire sur ce sujet? L'Association charbonnière canadienne investit-elle dans la R-D dans son propre intérêt, et ce, en collaboration avec les sociétés hydroélectriques de telle sorte que les effluents de ces usines atténuent les effets de la production charbonnière? Dans quelle mesure votre industrie investit-elle dans la recherche? Est- ce que c'est le secteur minier qui investit ou travaillez-vous en collaboration avec les sociétés de service public pour ce qui est des effluents?

M. Don Downing: L'Association charbonnière compte parmi ses membres des sociétés minières aussi bien que des sociétés hydroélectriques. Les sociétés hydroélectriques ont tendance à concentrer leurs programmes et plans de recherche du côté de l'Association canadienne de l'électricité. Là où il y a collaboration étroite entre sociétés minières et hydroélectriques, c'est surtout dans l'Ouest canadien où les sociétés hydroélectriques retiennent en fait les services des sociétés minières pour faire le travail minier. C'est une situation unique. Il y a là beaucoup de recherche conjointe entre les deux organisations pour trouver du charbon d'une certaine qualité, et cela a un effet sur l'efficience de la combustion, le problème de la liquidation des cendres et des constituants dans les émissions. Il y a donc quelque chose qui se fait de ce côté.

M. Ovid Jackson: Je cherche encore à comprendre tout cela. Par exemple, il y a des pays qui ont apparemment un charbon qui ne contient pas beaucoup de soufre. Je crois savoir, par exemple, que les Américains achètent beaucoup de charbon de la Colombie pour cette raison. Comment notre charbon et notre gaz se comportent-ils pour ce qui est de la teneur en soufre?

C'est la même question, est-ce qu'on fait quelque chose? Est- ce qu'il y a un moyen scientifique de retirer le soufre compte tenu du fait qu'on a beaucoup de charbon, et effectuons-nous une certaine R-D pour nous assurer que notre charbon est comparable à celui de nos concurrents et que nous pourrions en fait l'utiliser?

M. Don Downing: D'abord le charbon. Le charbon de l'Ouest canadien, étant donné son âge, étant donné son origine géologique et tout le reste, présente une faible teneur en soufre. Sa teneur en soufre est plus faible que le charbon de Colombie, par exemple. Dans le monde, c'est l'un des charbons qui présentent l'une des plus faibles teneurs en soufre.

Dans l'est du Canada, en Ontario et au Nouveau-Brunswick, on consomme du charbon importé. Il peut présenter une teneur en soufre plus élevée. La Société d'énergie du Nouveau-Brunswick a un type particulier de station de génération qui peut capter le soufre. On y utilise une technologie à lit fluidisé. On injecte le calcaire directement dans le processus de combustion. Le soufre est capté dès ce moment. Puis on peut le retirer et le mettre dans des étangs à résidus. Il n'y a pas d'émissions dans l'atmosphère.

• 1235

Dans le sud de l'Ontario, les grosses usines utilisent soit du charbon à faible teneur en soufre ou encore une technologie de lavage. Il s'agit d'un procédé mécanique qui permet d'enlever l'anhydride sulfureux des gaz de combustion. Le résidu est ensuite entreposé sous forme solide à côté de la station.

Il y a donc des solutions technologiques. Elles sont bien connues et on les utilise depuis longtemps. Nous avons également la possibilité d'utiliser du charbon canadien à faible teneur en soufre.

M. Ovid Jackson: Une des grandes solutions technologiques est simplement de construire des cheminées plus hautes qui dispersent mieux les gaz, si bien qu'on les respire moins.

M. Donald Downing: Oui, pendant un certain nombre d'années, c'est la solution qu'on choisissait. Nous avons la cheminée la plus haute du monde, à Sudbury. À l'époque, on pensait que c'était une bonne solution. Cela n'a pas duré tellement longtemps.

M. Ovid Jackson: Les gaz se répandent plus loin dans le pays.

Merci, monsieur le président.

Le président: Merci, monsieur Jackson. Monsieur Chatters, je vous en prie.

M. David Chatters (Athabasca, Réf.): Merci, monsieur le président. J'ai de nombreuses questions à poser. Je regrette que tous ces groupes comparaissent ensemble, car le sujet aurait mérité une discussion approfondie avec chacun d'entre eux.

Il semble qu'aujourd'hui on ait tendance à discuter surtout des émissions en dépit du développement de nouvelles technologies et de leur incidence sur le Canada rural. Il me semble que nous nous sommes peut-être un peu écartés de ce sujet.

J'ai deux questions d'ordre assez général; il me semble que dans le secteur des ressources naturelles, les industries qui utilisent des combustibles fossiles, nous avons développé et utilisé des technologies incroyables, mais le plus souvent, ces technologies ont servi à améliorer l'efficacité et la compétitivité de ces industries dans le reste du monde. En ce qui concerne le Canada rural, elles ont eu plutôt pour effet de réduire le nombre des emplois, simplement à cause de la technologie minière, du matériel qui permet de déplacer des milliers de tonnes de matériaux beaucoup plus rapidement et avec beaucoup moins de main-d'oeuvre que jamais auparavant. Même dans le secteur de la prospection et du développement du pétrole et du gaz, on n'emploie plus aujourd'hui autant d'ouvriers que jadis. C'est un problème, et j'aimerais avoir votre opinion.

En tout cas, au niveau de la production même du pétrole et du gaz, depuis un certain temps on assiste au Canada à un déclin de la production de pétrole conventionnel. Je me demande ce que nous réserve l'avenir.

Est-ce qu'il y a une technologie en préparation qui permettra d'extraire plus de pétrole des formations? Est-ce qu'à un moment donné on peut s'attendre à ce que ce déclin de la production se stabilise, s'attendre à ce qu'on puisse rester au même niveau de production pendant un certain nombre d'années? J'aimerais avoir votre opinion.

Troisièmement, j'ai été déçu quand aucun d'entre vous n'a répondu à la question du député du Bloc sur l'île de Sable et sur les retombées de ce projet pour le Canada. On a dit que ce gaz était expédié vers les marchés du nord-est des États-Unis, ce qui prive dans une certaine mesure les Canadiens de cet avantage.

J'ai été déçu également quand aucun d'entre vous n'a observé que chaque baril, chaque pied cube de gaz produit au Canada est une ressource qui appartient aux Canadiens, et qu'une redevance substantielle est versée sur chaque unité de production. En fait, l'industrie emploie énormément de Canadiens, et personne n'a relevé ce fait. Cela m'a beaucoup déçu.

C'est probablement suffisant.

Le président: Vous vous êtes bien fait comprendre.

M. David Chatters: Je tiens à le préciser. Il est important de noter que ce gaz, où qu'il soit expédié, est du gaz canadien et que le bénéfice revient aux Canadiens.

Le président: Monsieur Soucy.

M. Roger Soucy: Il y a un aspect dont le dernier député n'a pas parlé dans son intervention, et il s'agit du soufre qu'on enlève du gaz. En fait, on enlève pratiquement la totalité du soufre qui est présent dans le gaz naturel. C'est un produit secondaire. Le Canada est le premier ou le second producteur de soufre destiné aux engrais dans le monde. On enlève donc virtuellement la totalité du soufre présent dans le gaz naturel, on enlève tout ce qu'il est possible d'enlever. Le soufre est en fait un sous-produit qui est vendu, ce qui représente une valeur ajoutée.

En ce qui concerne la question des emplois, cela a une véritable incidence sur le secteur des services, parce que c'est là qu'on trouve les emplois avant et pendant la production—dans le secteur traditionnel, du moins.

• 1240

Contrairement aux sociétés de production—mes chiffres ne sont peut-être pas très précis—il y a probablement 80 p. 100 des employés qui travaillent dans des tours à bureaux au centre-ville de Calgary, et 20 p. 100 sur le terrain. Dans le secteur des services, c'est l'inverse: 80 p. 100 des employés travaillent sur le terrain. Des 25 000 à 30 000 employés du secteur des services, environ 5 000 travaillent dans une tour à bureaux. Les autres travaillent un peu partout dans l'ouest du pays, pour l'instant, du sud-ouest du Manitoba jusqu'au nord-est de la Colombie-Britannique.

Nous avons presque récupéré tous les emplois—du moins, c'est là où nous en étions en 1997—qui ont été perdus pendant le fléchissement de 1986. C'est en 1985 que le secteur des services pétroliers de l'ouest du Canada a connu son apogée en matière d'emplois, et nous avons presque atteint de nouveau ce niveau. Les avantages technologiques que nous avions à l'origine, comme vous l'avez indiqué à juste titre, ont entraîné une diminution des emplois. Mais avec le nombre de puits que nous forons actuellement—en 1992, nous avons foré environ 4 500 puits et, l'an dernier, 16 500 puits—nous sommes au point où nous avons du mal à trouver du personnel pour combler nos emplois.

M. David Chatters: Mais cela est attribuable uniquement à une activité accrue. L'effectif, ou la création d'emplois par baril de pétrole ou par pied cube de gaz, doit diminuer. Il y a une entreprise pétrolière à Calgary qui exploite tous ses puits dans le nord-est de l'Alberta à distance, à partir d'une tour à bureaux à Calgary. Elle peut fermer des puits ou modifier le niveau de production sans avoir besoin d'un seul homme sur le terrain. Combien d'emplois a-t-on ainsi éliminés?

M. Roger Soucy: Si nous n'agissions pas ainsi, il nous faudrait fermer boutique, parce que nous sommes en concurrence avec le pétrole du Moyen-Orient qui coûte à peine 2 $ ou 3 $ à produire, et même moins que ça dans certains cas, alors que nos coûts de production sont pas mal plus élevés. Nous devons donc compenser le prix par le volume, et nous devons le faire en recourant à la technologie. C'est ce qui a fait du Canada un des chefs de file de la technologie dans le secteur traditionnel; nous avons dû le faire pour survivre.

Toutefois, je crois pouvoir dire que, compte tenu du haut niveau d'activité actuel, nous avons pu récupérer la plupart des emplois qui existaient pendant les sommets précédents.

M. Chris Pierce: Je ferai suite à cette remarque, monsieur Chatters, en ajoutant que c'est grâce à la technologie que le secteur a pu aller là où l'économie ne le lui permettait pas. Malgré les prix qui prévalent depuis un mois, environ, l'activité en matière de pétrole lourd s'est accrue dans des régions de la Saskatchewan, par exemple, ce qui était impossible avant, lorsqu'on comptait uniquement sur l'économie.

Avec l'extraction pétrolière accrue grâce à l'usage de la vapeur, et ainsi de suite, le nombre d'emplois par baril n'augmente peut-être pas, mais le nombre de barils produits, lui, augmente. De plus, les emplois sont généralement plus spécialisés.

Ainsi, dans le passé, Roger a lutté pour faire reconnaître le niveau de compétences dont on a besoin dans le secteur des services, qui est beaucoup plus élevé que ce qu'il était dans le passé.

Pour ce qui est de la question du Bloc, je suis désolé de n'avoir pas été clair, mais lorsque j'ai dit «argent de la Nouvelle-Écosse», c'est ce que je voulais dire, et je voulais aussi parler de l'industrie néo-écossaise qui naîtra de ce projet.

M. Shahrzad Rahbar: J'aimerais revenir à la dernière question. Je vous remercie d'avoir précisé que le gaz est dépouillé de son soufre. Mais nous avons aussi déterminé d'où proviennent les émissions dans notre secteur. Plus de 70 p. 100 des rejets du secteur gazier proviennent de l'utilisation. Voilà pourquoi nous estimons qu'il faut se pencher sur l'utilisation pour réduire les rejets qui en proviennent.

• 1245

En matière de production, nous avons fait un inventaire des rejets atmosphériques en 1990 et en 1995 et nous avons déterminé que, pour ce qui est de la production, de la transmission et de la distribution, nos membres ont réduit leurs rejets de 17 p. 100 par unité de production. Le gaz naturel ne représente toutefois qu'une petite partie des rejets. Le soufre n'est pas très important mais le bioxyde de carbone l'est, et l'utilisation pourrait permettre la réduction des rejets provenant de la production de gaz naturel, même si notre bilan est assez bon lorsqu'on le compare aux autres combustibles fossiles.

On a entrepris des activités, mais les connaissances sont déjà très grandes à ce chapitre au Canada. Certaines de nos universités ont d'excellents programmes. Le Centre for Advanced Combustion Technology, à Kingston, fait de l'excellent travail en matière de brûleurs industriels à faible taux d'émission de NOx dont les rejets de NOx sont réduits sans toutefois que cela entraîne une augmentation des émissions de monoxyde ou de bioxyde de carbone.

On fait aussi de l'excellent travail à l'Université de la Colombie-Britannique, ainsi que dans des laboratoires privés tels que l'Institut canadien de recherche du gaz, à Toronto, et le Centre des technologies de gaz naturel, au Québec, qui tentent de concevoir des technologies d'utilisation finale pour améliorer l'efficacité. Les chaudières à haute efficacité qu'on trouve dans bon nombre de nos foyers aujourd'hui ont été conçues par le secteur gazier il y a une quinzaine d'années.

M. Bruno Carella: J'aimerais faire une remarque générale sur la dernière question. Le secteur gazier a été très actif dans le programme de conversion des régions rurales au gaz naturel et, pour ce faire, il a profité de sommes d'argent accordées pour les infrastructures il y a quelques années. L'expansion des entreprises gazières dans les régions rurales du Canada a permis la distribution d'énergie peu coûteuse dans des régions du pays qui, du coup, pouvaient alors faire l'objet d'investissements étrangers dans de nouvelles usines ou devenir le foyer de nouvelles industries. C'est une remarque plutôt générale, mais il m'apparaît important que nous puissions livrer de l'énergie propre, peu coûteuse et efficace dans toutes les régions du Canada.

Le président: Roger.

M. Roger Soucy: J'aimerais faire une dernière remarque. Je suis dans le secteur depuis 1978 et, depuis, j'entends les gens prédire la disparition du secteur traditionnel du gaz et du pétrole. Moi, j'attends encore que cela se produise, et je ne crois pas que je serai témoin de cette disparition avant que mes enfants trouvent eux-mêmes du travail dans cette industrie.

Nous produisons autant de pétrole et de gaz aujourd'hui, de façon traditionnelle, que nous ne l'avons jamais fait. Les gens ne le comprennent pas, parce qu'on produit maintenant beaucoup de brut synthétique et que cette production est en pleine croissance. Le pourcentage de production traditionnelle par rapport à l'ensemble diminue, mais c'est seulement parce qu'il y a une augmentation de la production de pétrole synthétique semblable à celui provenant des sables bitumineux.

Il ne fait aucun doute que nous devons travailler extrêmement fort pour maintenir ces niveaux de production, et que, un jour, ils baisseront. Mais j'attends encore que cela se produise, et j'attends depuis près de 20 ans.

M. David Chatters: Vous dites que la production de pétrole traditionnelle ne baisse pas au Canada.

M. Roger Soucy: Pas encore. Nous produisons près de 2 millions et demi de barils par jour.

M. Chris Pierce: C'est plutôt déroutant, parce qu'il y a différentes catégories de réserves prouvées et de réserves probables, mais notre production est à son niveau actuel et a même commencé à augmenter récemment parce que nous avons de meilleures techniques d'extraction du pétrole. Il y a des années, on a prédit le déclin du secteur car, à l'époque, nous ne pouvions extraire que 25 p. 100 du pétrole d'un gisement. Maintenant, avec des technologies améliorées, nous pouvons en extraire près de la moitié. Mais ce n'est encore que la moitié, et on peut donc encore s'améliorer.

M. David Chatters: Je vous ai vu hocher de la tête lorsqu'on a dit que, avec les technologies à venir, on pourrait même dépasser les 50 p. 100. Nous avons fait beaucoup avec le forage horizontal, l'injection de gaz et tout le reste, mais comment fera-t-on pour passer de 50 p. 100 à 70 p. 100?

• 1250

M. Chris Pierce: Ce qu'il y a de merveilleux dans notre secteur, et il est bien que votre comité le souligne, c'est sa créativité sans fin. On ne peut prédire aujourd'hui ce que seront les technologies de demain, tout comme le type sur le poteau à ressort il y a 100 ans n'avait pas la moindre idée de ce que serait l'industrie aujourd'hui. Comme l'a dit Roger, si notre secteur comptait encore sur les techniques qu'on utilisait lorsqu'il a commencé à y travailler, le secteur n'existerait plus aujourd'hui. À quoi réagit le secteur? Aux forces du marché. Lorsque ces forces du marché suscitent la créativité et l'innovation technologique, on peut tirer davantage de profit des ressources et, en même temps, réduire les rejets polluants.

Le président: Roy, vous avez une question complémentaire?

M. Roy Cullen: Merci, monsieur le président.

Je suis allé en Russie en 1990 pour le secteur des forêts; on m'a alors dit que dans le domaine pétrolier, là-bas, on perd beaucoup des pipelines... Les volumes sont effarants. Je présume qu'on ne connaît pas encore là-bas les technologies telles que le forage horizontal. Il me semble que ce pays présente d'immenses possibilités pour les techniques gazières et pétrolières du Canada. Mais je me demande aussi comment on pourrait conclure de telles ententes, parce que, en dernière analyse, le pétrole et le gaz russes seront en concurrence avec ceux des producteurs canadiens. Comment votre industrie conclut-elle de telles ententes? Est-ce que cela fait partie de contrat de vente de technologie, ou est-ce que cela se fait plutôt dans des coentreprises où vous auriez des intérêts dans la capacité de production? Comment cela se fait-il?

M. Chris Pierce: En ce qui concerne les gazoducs... Je sais que Jack Jenkins, de TransCanada PipeLines, est ici. Les connaissances et les compétences canadiennes ont ceci de bien: on trouve des pipelines canadiens dans des projets en Amérique du Sud, où ils servent au transport du gaz naturel jusqu'à Santiago et permettent ainsi de réduire les problèmes de pollution atmosphérique dans les villes...

En général, nous participons à des coentreprises. Dans le cas d'un produit comme le gaz naturel, cela ne touche pas notre compétitivité, parce que nous n'exportons de gaz naturel que sur le marché nord-américain, et non pas sur le marché mondial. Mais si nous pouvons exporter la technologie qui permettra à d'autres pays d'améliorer le rendement environnemental de la production, c'est bon pour notre économie et pour l'environnement.

M. Roy Cullen: Moi je parle plutôt du pétrole en Russie.

M. Chris Pierce: Il en va de même pour la production de pétrole, nos entreprises sont de plus en plus actives ailleurs dans le monde, et pas seulement les grandes sociétés, mais aussi les petites entreprises canadiennes. La Russie présente certaines difficultés en raison de l'état du droit et de la réglementation de l'économie. Les grandes sociétés occidentales craignent de ne pouvoir surmonter ces obstacles pour l'instant. Mais le secteur pétrolier canadien est l'un de ceux qui ouvrent la voie dans le reste du monde.

Le président: Monsieur Soucy.

M. Roger Soucy: Le secteur des services joue un rôle particulier. En fait, il a pénétré le marché international bien avant les producteurs canadiens. Il a su s'adapter à ces nouveaux marchés. Plus précisément, en Russie, la plus belle réussite canadienne est celle de Canadian Fracmaster Ltd., qui a été l'une des premières sociétés à pénétrer ce marché et à conclure une entente de partage de production, l'un des premières pour une entreprise de services pétroliers probablement dans le monde.

M. David Chatters: On paie cette entreprise en pétrole?

M. Roger Soucy: C'est exact. C'est ainsi qu'elle a commencé. De plus en plus, en Russie, on offre des services dans le cadre de contrats d'achat de services, la façon habituelle de procéder pour le secteur des services. Fracmaster et d'autres font aussi la même chose en Chine, où ils ont apporté leur technologie en disant: «Donnez-nous un gisement exploité comme projet de démonstration, et un nombre donné de puits; nous avons déterminé que nous pouvons augmenter la production et, pour ce faire, nous garderons une partie de l'augmentation de la production jusqu'à ce que vous soyez satisfaits et que vous soyez prêts à nous payer en dollars plutôt qu'en pétrole».

• 1255

Il y a aussi des contrats traditionnels de services contre rémunération. Des entreprises ont aussi franchisé des exploitations au Moyen-Orient, par exemple, où elles ont offert leur technologie à une entreprise locale sous forme de franchise. L'entreprise locale connaît les clients, connaît la région et peut profiter de la technologie canadienne en échange de redevances.

Il y a donc toute une gamme de possibilités qui s'offrent au secteur des services, et les entreprises canadiennes réussissent très bien à tirer leur épingle du jeu, quelles que soient les circonstances.

Le président: Monsieur Carella.

M. Bruno Carella: Je suis d'accord. Les entreprises canadiennes ont connu beaucoup de succès, autant les grandes sociétés que les petites entreprises, et les missions commerciales dirigées par le gouvernement aident. Il faudrait peut-être toutefois une façon d'offrir une solution canadienne clé en main, d'offrir un ensemble comprenant la production, le transport, la fourniture, la distribution, la fabrication d'équipement, de chaudières, etc., aux pays étrangers. C'est une possibilité qu'il faudrait envisager.

M. Roy Cullen: Oui. Merci.

Mon intuition me dit que nous devrions breveter et vendre ces technologies. Je sais qu'on a examiné cette question lorsque nous avons envisagé de construire une usine de pâte à papier en Russie. Pour se faire, nous avons dû, pendant les huit premières années, vendre environ 80 p. 100 de la production à l'étranger pour obtenir une devise forte; cette pâte à papier était offerte à l'étranger sur les marchés des produits de base. Il semble donc qu'on a beaucoup de pain sur la planche si on veut aider ces pays à acquérir des connaissances technologiques.

Je m'adresse maintenant aux représentants de la Petroleum Services Association; vous avez déjà répondu à ma question, en quelque sorte. Mais lorsque j'ai lu votre mémoire, j'ai vu que votre association s'occupe de toute une gamme d'activités. Mais quelle est précisément votre mission? Vous avez parlé d'une alliance, l'Alliance canadienne de la technologie pétrolière, et vous avez indiqué que vous avez ouvert la voie vers les marchés d'exportation. Votre tableau indique qu'il y a beaucoup de services différents, mais votre principale mission est-elle la promotion de votre secteur ou plutôt d'aider les entreprises canadiennes à commercialiser leurs services au Canada et à l'étranger?

M. Roger Soucy: Nous faisons les deux. Le rôle premier de notre association est un rôle de promotion. C'est Petro-Trade, la Petroleum Services Trading Association of Canada, qui s'occupe de la mise en marché internationale. C'est une entité distincte, notre pendant à but non lucratif. Son mandat est de faire la promotion des entreprises canadiennes à l'échelle internationale. Nous jouons donc les deux rôles, mais dans deux organismes distincts afin qu'il n'y ait pas de conflits.

M. Roy Cullen: Cet autre organisme participe-t-il aux missions de l'Équipe Canada? A-t-elle déjà participé à de telles missions?

M. Roger Soucy: Il y a deux semaines, je suis allé à Trinidad dans le cadre d'une importante mission canadienne, en fait, la plus grande mission commerciale d'un pays étranger à Trinidad. C'était une mission des secteurs gaziers et pétroliers. Mon homologue qui dirige Petro-Trade a participé à la dernière mission commerciale du Canada en Amérique du Sud et au Mexique. Nous participons donc à ces missions.

M. Roy Cullen: Et avez-vous remporté des succès? Équipe Canada s'est rendue en Amérique du Sud, ainsi qu'en Extrême-Orient: Y participez-vous? Ces missions ont-elles été fructueuses pour vous?

M. Roger Soucy: Le succès se mesure à l'échelle internationale et—c'est caractéristique—par apports différentiels, sur une longue période.

• 1300

Dans mes commentaires je mentionne également que le secteur canadien des services de champs pétroliers est relativement restreint, au regard des normes internationales. Les entreprises canadiennes de services les plus importantes—comme Fracmaster, par exemple—ont des effectifs approximatifs de 1 200 personnes disséminées dans le monde, avec des recettes de 700 à 800 millions de dollars ce qui, sur la scène internationale, ne représente pas grand-chose. Ce n'est pas à la force du poignet qu'elles doivent se tailler une place sur le marché, mais en ciblant leurs efforts. Il leur faut beaucoup de flair pour décider dans quelles entreprises ils se lancent et comment ils vont procéder. Ce sont des connaissances spéciales qui ne s'acquièrent qu'avec beaucoup de temps et d'efforts.

M. Roy Cullen: Quel est le grand spécialiste mondial du forage horizontal et dirigé? Est-ce une société canadienne?

M. Roger Soucy: C'est une question sur laquelle il n'est pas facile de s'entendre: nous n'avons pas inventé le forage horizontal, mais c'est dans l'Ouest du Canada que nous l'avons perfectionné.

Très souvent nous sommes d'excellents innovateurs, à l'instar d'ailleurs des Japonais. C'est dû partiellement au fait que les gens qui sont à la tête de ces petites sociétés sont des bricoleurs: l'intuition leur dit qu'il existe une meilleure façon de procéder, et ils rafistolent un appareil jusqu'à ce que celui-ci devienne plus performant. C'est ainsi que tout a commencé, mais de nos jours c'est un peu plus complexe.

De tels progrès ont été réalisés qu'il est difficile de dire quels sont les meneurs du jeu. Il ne faudrait certes pas sous-estimer les Américains, car ils poursuivent toutes leurs entreprises avec une telle énergie que lorsqu'ils n'arrivent pas à arriver bon premier, ils ne peuvent supporter d'en laisser trop longtemps la gloire à d'autres. Ce qu'ils ne peuvent accaparer par leur talent, ils l'acquerront en espèces sonnantes et trébuchantes. C'est en tout cas ce qui se passe souvent.

M. Chris Pierce: Comme pour toute chose canadienne, il y a place pour nous et nos sociétés qui ne se taillent pas la part du lion, comme certaines grosses sociétés américaines. Et quand les sociétés canadiennes vont à l'étranger pour essayer de trouver un créneau intéressant, elles bénéficient peut-être d'un peu plus de sympathie et on leur attribue sans doute de meilleures intentions que certains autres, qui frappent à la même porte; c'est ce qu'on pourrait appeler le dividende canadien. Tous ces mêmes avantages se retrouvent dans notre industrie.

M. Roy Cullen: Tel a été mon expérience dans des endroits comme la Russie et la Chine.

J'ai une question à poser à celui qui aura envie d'y répondre. Les ressources en énergie et en recherche que vous appliquez à la conservation ou à l'efficacité énergétiques... prenez l'exemple de l'Ontario Hydro: ils ont lancé de grandes campagnes pour encourager la conservation de l'énergie, mais c'est probablement dans leur intérêt d'agir ainsi, peut-être pour éviter d'avoir à augmenter leur capacité. Il y a peut-être un autre motif plus altruiste, mais...

Dans votre propre secteur, qu'il s'agisse du pétrole, du gaz ou du charbon, le même dilemme se présente peut être. De quel oeil voyez-vous la conservation et l'efficacité énergétiques? J'ai l'impression qu'au Canada, et dans le reste du monde, il se perd beaucoup d'énergie et de chaleur. Il serait bon que nous améliorions notre performance sur ce terrain, mais ce n'est peut être pas dans votre intérêt commercial. Auriez-vous des arguments convaincants pour nous détromper?

M. Shahrzad Rahbar: Permettez-moi de vous répondre pour exposer le point de vue de mon secteur: nous acheminons du gaz, mais si paradoxal que cela paraisse, en conservant l'énergie on semble vouloir acheminer moins de gaz, mais en réalité c'est dans l'intérêt de notre secteur que de le conserver. En effet, dans le cas du gaz, nos membres du secteur des services ne font pas leurs bénéfices en vendant du gaz, mais en le transportant et en le distribuant.

Le gaz étant principalement utilisé pour le chauffage, il y a une grande différence entre la consommation d'été et celle de l'hiver: le gazoduc, plein en hiver, ne suffit parfois pas aux besoins, mais en été il est presque vide. Plus nous parvenons à diminuer la consommation maximale et à rééquilibrer...

Notre secteur, pour des raisons de gestion de la demande, a tout intérêt à conserver l'énergie, ce qui explique pourquoi nous avons encouragé, dès les années 1970 les chaudières à haut rendement, bien avant que la réduction des gaz polluants et le souci pour l'environnement ne deviennent l'objet d'une telle attention. À l'heure actuelle, bien entendu, la question des gaz polluants est devenue prioritaire pour notre secteur.

Le secteur de la distribution du gaz a donc tout intérêt maintenant à vouloir conserver l'énergie.

M. Chris Pierce: On peut en dire autant des secteurs en amont: si nous consommons moins d'énergie pour extraire le produit du sol nous dépensons moins, de sorte qu'un bon rendement de l'énergie promet également un bon rendement financier.

• 1305

Les efforts de l'ACPP en matière de conservation ou d'efficacité de l'énergie, ne se sont pas limités à la simple extraction du pétrole. Depuis cinq ans nous faisons campagne dans les écoles canadiennes, en essayant d'amener les enfants à faire, avec leurs parents, une vérification énergétique de leurs logements, pour réduire leur consommation d'énergie.

Les secteurs du pétrole et du gaz n'ont aucun intérêt à encourager le gaspillage des hydrocarbures, aux fins d'amener la croissance économique qui peut fort bien s'accommoder d'une utilisation meilleure et plus efficace de l'énergie. Ce n'est pas cela que vise l'augmentation de la demande mondiale, et nous sommes certainement favorables aux efforts visant à encourager une utilisation efficace de l'énergie.

M. Roy Cullen: Je sais que le temps presse, mais j'aimerais poser une question de plus. Si quelqu'un d'autre veut poser une question, je suis d'accord.

Certains proposent que le gouvernement fédéral, compte tenu des objectifs qu'il s'est fixés à Kyoto, devrait envisager les incitations fiscales et autres instruments économiques de façon à rétablir l'équilibre entre les ressources renouvelables et non renouvelables. Il existe à l'heure actuelle diverses dispositions fiscales pour les actions accréditives, des déductions pour amortissement accéléré et toutes sortes d'autres mesures fiscales qui semblent avoir évolué en grande partie, si je comprends bien, pour aligner le secteur des ressources renouvelables avec celui des ressources non renouvelables.

Quelle est votre opinion sur ce point? Est-ce là une mesure que le gouvernement devrait prendre? Quel est votre point de vue là-dessus? Est-ce une bonne politique? Quels seraient les obstacles, ou les inconvénients?

M. Chris Pierce: Nous n'avons pas d'objection à étendre certaines des dispositions visant à favoriser l'exploitation des ressources pétrolières et gazières du Canada à des sources d'énergie renouvelables.

Mais d'après les prévisions les plus optimistes, l'énergie non renouvelable, si elle se développait, ne pourrait couvrir, à l'avenir, que 5 p. 100 de nos besoins énergétiques. Il importe vraiment de bien se rendre compte que pour parvenir aux objectifs proposés à Kyoto la réponse ne se trouve ni dans les hydrocarbures ni dans l'énergie renouvelable. Ce dont il est question, c'est de savoir quelle sera la part des diverses sortes d'énergie dans l'ensemble: le pétrole, le gaz naturel et le charbon y figureront certainement en bonne place, mais l'énergie renouvelable aura également un rôle à jouer.

Mais nous ne voudrions pas voir accréditer l'idée que veulent répandre vos collègues du Comité sur l'environnement, à savoir que les secteurs pétrolier et gazier reçoivent une manne de «subventions».

C'est là une idée fausse: ce qui s'est passé, c'est qu'il y a un régime fiscal différent pour l'exploitation d'une ressource que pour une usine de production. C'est généralement le gouvernement d'une province, ou parfois, dans le cas d'une extraction au large des côtes, les gouvernements fédéral et provinciaux qui, en partenariat mixte ou en prêtant des capitaux-risque aux propriétaires de cette ressource, veulent faciliter l'exploitation de celle-ci. Mais nous nous inscrivons en faux contre l'idée que le secteur pétrolier et gazier est particulièrement gâté en matière de subventions.

M. Bruno Carella: Nous sommes en faveur d'un régime fiscal favorable à l'équipement à haut rendement énergétique. Notre association a contracté des alliances avec les groupes de l'énergie solaire et éolienne pour essayer de collaborer avec eux, de leur présenter nos PDG et de leur demander de collaborer avec nous pour trouver des solutions réalistes à certains des problèmes environnementaux.

Comme vous le savez, les combustibles fossiles sont avantageux, fiables, renouvelables et propres. Entre les deux, il sera possible à l'avenir de mettre au point un hybride que ce soit grâce à la technologie ou au prix. On aurait donc un hybride quelconque tant que nous n'aurons pas trouvé de solution à plus long terme. Nous appuyons pleinement ce genre d'initiative.

M. Don Downing: J'aimerais dire quelques mots à ce sujet. Je pense que si les gouvernements fédéral et provinciaux jugent approprié de faire la promotion d'une forme particulière de technologie énergétique, nous espérons que ce sera à l'intérieur d'un cadre stratégique global pour tout le pays, qui mettra en rapport l'investissement total dans les énergies de rechange vis-à- vis des risques pour l'environnement. Il faut en tenir compte au niveau de la planification économique globale du pays.

• 1310

En outre, notre économie en est une de marché, ce qu'il faut respecter. Il serait dangereux que le gouvernement fasse le choix d'entreprises ou de secteurs qui sortiront gagnants ou perdants au cours des années à venir. Cela n'a pas réussi par le passé et je ne pense pas que cela réussisse à l'avenir.

Le président: Merci, monsieur Downing.

Dave, vouliez-vous ajouter un commentaire?

M. David Chatters: Oui, j'ai encore un commentaire.

Les nouvelles semblent bonnes dans chacun de vos secteurs. Il n'existe pas, à mon avis, d'industries ailleurs au monde qui aient investi autant dans la R-D de nouvelles technologies que les industries d'exploitation des ressources naturelles. Néanmoins, de façon générale, pour la population, et même pour le gouvernement, les industries d'exploitation des ressources naturelles sont considérées une menace pour l'environnement; c'est l'impression qui persiste.

Vous avez dit qu'il ne fallait pas que le gouvernement fasse de choix. Or le gouvernement a accordé des subventions au secteur de l'éthanol. L'industrie existe grâce à une taxe d'accise de 8c., une subvention. Le gouvernement achète actuellement l'énergie éolienne à trois fois le taux courant, en guise de mesure de relations publiques. Qu'allez-vous faire pour modifier l'image dont vous semblez avoir héritée et dont vous semblez incapables de vous débarrasser?

Vous avez consacré des milliards de dollars à vous procurer des technologies qui vous permettent de devenir plus efficaces et plus propres. J'ai travaillé pendant 20 ans dans la prospection du pétrole. Les progrès technologiques sont étonnants quand on songe au forage horizontal, aux satellites, aux outils de forage hydraulique, etc.

Quant à l'industrie de la houille, quiconque se l'imagine encore comme un mineur au visage noirci qui sort de terre avec une lanterne sur son casque devrait aller voir EPCOR, la nouvelle usine hydroélectrique d'Edmonton à Genesee. On ne voit jamais sortir quoi que ce soit d'une cheminée. C'est propre et c'est efficace. C'est vraiment étonnant ce qu'on a réalisé avec la houille. Toutefois, vous semblez incapables de vous débarrasser de cette image de mauvais garçons de l'environnement.

M. Bruno Carella: Nous essayons de le faire. Nous faisons passer de la publicité, mais il faut faire plus que de rédiger des pubs. Il faut communiquer constamment avec les comités gouvernementaux et avec les fonctionnaires. Il y a également les principaux intéressés, les groupes d'intérêts spéciaux auxquels nous parlons beaucoup par l'entremise des associations. Il y a des conférences, des ateliers, des groupes organisés par CERI. Je sais que Chris y a assisté, c'est très populaire. Nous tentons constamment d'améliorer notre image. Nous faisons certainement les efforts nécessaires.

M. Chris Pierce: Oui, il faut noter que nous avons fait l'an dernier un sondage national d'opinion publique que nous sommes justement en train de mettre à jour et nous serions enchantés de revenir ici faire part des résultats aux membres du comité. Il se peut que ce sondage soit particulièrement pertinent dans le cadre de vos discussions sur les changements climatiques.

La population canadienne croit qu'il y a toute une gamme de technologies en préparation dans le secteur du pétrole et du gaz et nos premières impressions sont que depuis un an, alors que nous avons été plusieurs à participer à des campagnes d'information publique, l'opinion du public à l'égard de l'industrie s'est en fait améliorée. Ce ne sont que de petits pas, certainement, et vous avez parfaitement raison qu'il faut surmonter notre image dans certains milieux, mais nous nous sommes certainement engagés à faire tout ce que nous pouvons pour y arriver.

Le président: C'est tout, David?

M. David Chatters: Oui.

Le président: Merci. Nos collègues ont posé d'excellentes questions.

Avant de clore la réunion, j'aimerais faire une observation. Évidemment, il y a différents degrés d'intervention gouvernementale au sein de votre industrie. Qu'elle porte sur les exportations ou sur la R-D ici au pays, cette interaction doit être au point pour que tous les Canadiens profitent de la création d'emplois qui en découle.

• 1315

Le travail de notre comité consiste à déterminer quelles politiques gouvernementales doivent être modifiées ou bonifiées pour vous permettre d'être en mesure de nous aider à créer des emplois. Mieux réfléchir et travailler plus efficacement ne coûte pas nécessairement de l'argent. En vous écoutant, je constate qu'il y a un certain degré de collaboration à l'intérieur de vos secteurs dans le but de partager et de travailler ensemble. J'ai constaté cela jeudi dernier lors de notre table ronde avec les intervenants du secteur des minéraux et des métaux; cette même fragmentation existe, mais il y a un certain échange d'idées, entre autres choses. J'espère que dans la mesure du possible vous allez faire la promotion de ces aspects-là aussi—c'est-à-dire un plus grand échange d'idées et plus de collaboration—car au bout du compte, tout le monde en profitera.

Cela étant dit, je vous remercie de votre participation aujourd'hui. Nous allons aborder la question du changement climatique en mai, au début du mois de juin ou bien à l'automne, et nous espérons revoir certains d'entre vous à ce moment-là.

Je lève donc la séance. Nous rencontrerons les intervenants du secteur forestier ici jeudi prochain.