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FISH Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON FISHERIES AND OCEANS

COMITÉ PERMANENT DES PÊCHES ET DES OCÉANS

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le jeudi 2 avril 1998

• 1547

[Traduction]

Le président (M. George S. Baker (Gander—Grand Falls, Lib.)): La séance est ouverte.

Nous entendrons aujourd'hui des témoins de la côte Ouest. Le sujet est évidemment la récente déclaration faite par le gouvernement du Canada au sujet du saumon coho. Nous sommes honorés de la présence du directeur de la Direction de la recherche sur les pêches du MPO, M. Mike Henderson, qui restera avec nous, ici à Ottawa, pendant cette séance.

Comme vous le savez également, nos délibérations sont radiodiffusées sur bande FM et sont évidemment suivies par les médias. C'est ainsi que cela se passe à Ottawa ces temps-ci. Les réunions du comité sont généralement suivies par les médias ainsi que par le ministère, bien entendu, notamment par le cabinet du ministre, si bien qu'en plus du compte rendu officiel, les délibérations sont diffusées simultanément sur bande FM.

Je me demande si l'on pourrait faire le tour de chaque table, à Ottawa comme à Vancouver, et demander aux témoins de se présenter et de dire quel organisme ils représentent. Nous commencerons à Ottawa par M. Young. Pourriez-vous prononcer votre nom lentement et dire quel organisme vous représentez?

M. John Young (West Coast Sustainability Association): Je m'appelle John Young et je représente la West Coast Sustainability Association.

M. Russ Helberg (président, Coastal Communities Network et maire de Port Hardy): Je m'appelle Russ Helberg. Je suis maire de Port Hardy et président du Coastal Communities Network pour la côte du Pacifique.

Mme Christine Hunt (première vice-présidente, Native Brotherhood of B.C.): Je m'appelle Christine Hunt et je suis la première vice-présidente de la Native Brotherhood of B.C.

M. John Radosevic (United Fishermen and Allied Workers Union (CAW)): Je m'appelle John Radosevic. Je suis président de la United Fishermen and Allied Workers Union, CAW.

M. Wilf Caron (vice-président, Area G Troll Fishery Association): Je m'appelle Wilf Caron. Je suis vice-président de la Area G Troll Fishery Association et membre du conseil d'administration du West Coast Vancouver Island Nuu-Chah-Nulth Tribal Council Regional Aquatic Management Board.

Le président: Je donne la parole à nos témoins qui sont en Colombie-Britannique.

M. John Sutcliffe (organisateur, United Food and Allied Workers Union (CAW)): John Sutcliffe, employé de l'UFAWU et membre de divers conseils consultatifs sur les pêches, notamment de la section sud de la Commission du saumon du Pacifique.

• 1550

Mme Mae Burrows (directrice générale, T. Buck Suzuki Environmental Foundation): Je m'appelle Mae Burrows et je suis directrice générale de la T. Buck Suzuki Environmental Foundation, qui lutte en faveur de la protection de l'habitat du poisson et de la qualité de l'eau, avec l'aide des habitants des régions côtières.

M. John Stevens (vice-président, United Fishermen and Allied Workers Union): Je m'appelle John Stevens. Je suis vice-président de la UFAWU et de la T. Buck Suzuki Environmental Foundation, et je suis également pêcheur.

M. Peter Stoffer (Sackville—Eastern Shore, NPD): Je suis Peter Stoffer, député néo-démocrate de la circonscription de Sackville—Eastern Shore, en Nouvelle-Écosse.

Le président: Et ce sont là tous les témoins présents en Colombie-Britannique, monsieur Stoffer?

M. Peter Stoffer: Oui.

Le président: Nous allons commencer comme suit: nous entendrons les témoignages ici à Ottawa, puis ceux de la Colombie-Britannique et nous passerons ensuite à la période des questions. Nous tenons à vous permettre d'exprimer vos opinions, parce que c'est précisément l'objet de cette réunion; de la sorte, le comité et le ministère ainsi que les médias pourront analyser vos déclarations.

Nous pourrions peut-être commencer par M. Young, puis nous passerons la parole à M. Caron. Monsieur Young.

M. John Young: Merci. Je tiens tout d'abord à remercier le président et les membres du comité de nous avoir donné l'occasion de témoigner. Je sais que nous n'avons pas prévenu longtemps d'avance. L'urgence de la situation de nos stocks de saumon coho sur la côte Ouest justifie manifestement notre présence ici et nous vous sommes très reconnaissants de nous avoir donné cette occasion. Nous vous en remercions.

Je crois que nous serons tous très brefs. Je me contenterai de vous exposer brièvement certaines de nos préoccupations, qui sont partagées par un certain nombre d'habitants des localités côtières de la Colombie-Britannique.

Notre principale préoccupation concerne ce que l'on a appelé la crise biologique qui, comme nous le reconnaissons probablement tous, touche nos stocks de saumon coho. Ils baissent à vive allure depuis plusieurs années et le ministre a parlé de crise du coho le 21 février, si je ne me trompe, c'est-à-dire il y a un tout petit plus d'un mois.

Cette situation est due principalement à quelques facteurs dont certains d'entre eux relèvent du contrôle des pouvoirs publics ou des flottilles de pêche alors que d'autres sont liés à des événements naturels ou fortuits—je crois que le premier ministre a notamment parlé de la tempête de verglas—comme la survie des océans. Les facteurs qui relèvent du contrôle des êtres humains sont les activités des flottilles de pêche, les politiques et les programmes gouvernementaux ainsi que les traités internationaux.

Les politiques gouvernementales sur la protection et la revalorisation des habitats et les négociations avec les États-Unis concernant le Traité sur le saumon sont deux facteurs essentiels; il faudra résoudre les difficultés à cet égard et faire preuve d'une volonté et d'un leadership vigoureux afin d'enrayer la crise du saumon coho et de rétablir la santé des stocks de coho et des autres stocks, ce qui aidera également bien entendu nos collectivités côtières.

Comme représentant de l'association, je crois que nous sommes tous d'accord que la pêche de la côte Ouest amorce actuellement ce que je considère comme un virage critique. Dans de très brefs délais, nous serons appelés à prendre des décisions sinon la pêche de la côte Ouest et nos collectivités côtières finiront par se retrouver dans une situation analogue à celle de la côte Est. Vous venez de publier un rapport très fouillé et, à mon avis, très impressionnant et très percutant sur la pêche de la côte Est. Il explique la situation dans laquelle se retrouvent cette pêche et ces collectivités ainsi que le rôle que le MPO a joué dans ce contexte.

Les habitants de la côte Ouest—aussi bien les Premières nations que les collectivités côtières et les flottilles de pêche commerciale, les travailleurs syndiqués et non syndiqués de ce secteur et les écologistes—craignent fort que, si le ministère des Pêches et des Océans emprunte la voie qu'il envisage d'emprunter, à en juger d'après le télégramme envoyé par son ministre et son ministère, nous finissions par nous trouver dans une situation très semblable à celle des pêcheurs de la côte Est. Ce n'est toutefois pas une issue inéluctable mais nous en sommes arrivés à un tournant critique où nous avons le choix entre deux solutions dont l'une nous permettrait, grâce à une ferme volonté d'engagement et à des investissements considérables dans la ressource et dans nos collectivités côtières, de rétablir des stocks importants le long de notre côte, dans nos cours d'eau et dans les océans, ce qui contribuerait beaucoup à une certaine relance économique de nos collectivités.

• 1555

La position que nous adoptons et qui a été adoptée d'une façon très originale par une alliance qui s'est formée assez spontanément au cours des dernières semaines pour essayer d'enrayer la crise du coho, est que nous ne pouvons pas accepter et nous n'accepterons pas un autre scénario catastrophe analogue à celui de la côte Est. Ce n'est pas inéluctable.

De nombreuses critiques ont été examinées avec une certaine impartialité dans le rapport sur la pêche de la côte Est mais elles étaient néanmoins terriblement sévères à l'égard de la manière dont le MPO a géré cette pêche. Un des reproches qui nous a frappés est que le ministère n'a pas écouté les collectivités côtières. Il n'a pas écouté les avis éclairés des pêcheurs et des habitants des localités côtières, qui pratiquent généralement la pêche depuis plusieurs générations et connaissent à fond les lieux de pêche et leur collectivité.

Nous l'avons lu. Les pêcheurs de la côte Ouest ont d'ailleurs la même impression. Je pense que toutes les personnes ici présentes et tous les autres participants à cette vidéoconférence partagent cet avis. Nous savons que le ministère a entamé un processus de consultation afin d'examiner immédiatement le problème du coho. Il organise des assemblées dans des dizaines de localités, et c'est tout à son honneur.

Nous craignons toutefois que les choses se passent de la même façon qu'elles se sont passées en ce qui concerne le plan Mifflin. Au cours des consultations qui avaient été organisées à cette occasion, on a écouté l'avis de tous et on a pris bonne note de la vive réticence des intéressés à l'égard du plan Mifflin mais celui-ci a de toute façon été imposé de force aux collectivités concernées.

Compte tenu des commentaires que le ministre a faits il y a deux ou trois semaines, nous avons certaines inquiétudes. En effet, il a en fait déjà annoncé son projet concernant le coho. Il a en fait annoncé sa version et sa vision et c'est lui qui décidera en fin de compte comment la campagne de pêche de 1998 se déroulera. D'après un article paru dans le Globe and Mail de la semaine dernière, on prévoit au bas mot une réduction de 50 p. 100 des quotas de pêche au saumon et les mesures de conservation les plus strictes qui soient.

Personne ne conteste la nécessité de prendre des mesures de conservation. Les membres de l'alliance qui s'est formée essaient toutefois d'établir ce que nous appelons un plan de pêche prudent à l'égard du coho pour 1998 qui permettrait de continuer à exploiter les stocks viables tout en préservant ceux de coho.

Nous espérons qu'il sera prêt d'ici la troisième semaine d'avril. Nous espérons pouvoir le présenter au ministère des Pêches et des Océans, en faire un des éléments moteurs qui influencera le plan de pêche pour 1998 qui sera adopté et probablement annoncé par le ministère au cours de la première semaine de mai.

Le reproche que les pêcheurs de la côte Est ont fait au ministère, à savoir qu'il ne les écoute pas, a trouvé écho sur la côte Ouest... Monsieur Baker, j'ai entendu vos commentaires à l'émission As it Happens il y a deux ou trois semaines. Ils étaient très éloquents et manifestement sincères. Le ministère les a entendus. Le ministre ne peut pas ne pas les avoir entendus.

Ce qui est inquiétant, c'est que le jour où le rapport a été rendu public, le ministre a donné l'impression d'essayer davantage de défendre le ministère que de vouloir accepter le rapport et ses recommandations. Cette attitude nous a inquiétés mais cela ne veut pas dire qu'il n'a pas eu le temps de réfléchir sérieusement à ces recommandations et de comprendre que le ministère se doit de faire bénéficier le processus décisionnel des compétences et de l'expérience des habitants des collectivités côtières dans ce domaine.

Le mémoire que je vous ai remis contient notamment le titre suivant: «De meilleures décisions pour le poisson et les pêcheurs qui vivent de sa capture». Il s'agit de profiter de l'occasion et de l'alliance qui s'est formée autour du saumon coho pour essayer de prendre des décisions plus judicieuses pour les habitants des régions côtières et le poisson qui a toujours été leur moyen de subsistance.

Bien que nous soyons tous très sincères au sujet de la crise du coho, et je sais que le ministre l'est également et que les fonctionnaires du ministère se préoccupent beaucoup de la survie et de l'amélioration de la situation de cette espèce, nous craignons par ailleurs que cela ne constitue pour le ministère l'occasion d'appliquer un programme similaire à un programme de privatisation, c'est-à-dire qui consiste à éliminer les flottilles de petits bateaux et à encourager une concentration de la propriété de la ressource dont l'exploitation serait sous le contrôle d'entreprises de plus en plus grandes.

Le ministre a par ailleurs fait allusion à la possibilité d'instaurer un programme de rachat, ce qui nous préoccupe. Nous ne sommes pas nécessairement opposés à un tel programme, pour autant qu'il soit soigneusement ciblé. Il faudrait consulter au préalable toutes les collectivités—celles qui sont dotées de flottilles de petits bateaux et celles qui sont dotées de flottilles de gros bateaux. Par conséquent, nous craignons que si l'on met en oeuvre un programme de rachat et que les possibilités de pêche sont réduites de façon draconienne, voire quasi éliminées pour la prochaine saison de pêche, les entreprises les plus vulnérables de ce secteur disparaissent.

Parmi les bateaux qui ont quitté la flottille à la suite du plan Mifflin, 63 p. 100 sont de petits bateaux. Nous craignons fort que cela dépasse 80 p. 100 si l'on crée un plan Mifflin déguisé en quelque sorte sous les traits d'une tentative de solution à la crise du coho.

Le président: Monsieur Young, je me demande si vous ne pourriez pas parler un peu moins vite parce que nous faisons également interpréter en français pour la radio FM.

M. John Young: Je m'emballe un peu quand je parle de ces choses-là. Je m'excuse. Je parlerai plus lentement.

Ce qui nous préoccupe, c'est que la réaction à la crise du coho puisse cacher en fait une deuxième phase du plan Mifflin, sans tenir compte nécessairement de toutes les conséquences sociales et économiques d'une telle initiative.

C'est depuis toujours la flottille de petits bateaux de pêche qui subvient aux besoins de nos collectivités et il en sera toujours ainsi. Si cette flottille disparaît, ces collectivités disparaîtront également. Il faut absolument éviter une telle extrémité.

• 1600

Un autre aspect de la question, que le ministre a abordé de façon très partiale hier, concerne l'aide accordée, dans le cadre du programme de transition, aux personnes qui sont dans le besoin à cause des difficultés engendrées par le plan Mifflin et par les revers que connaît l'industrie.

Le ministre a annoncé hier l'octroi d'une aide aux pêcheurs commerciaux de saumon et c'est une initiative très appréciée. C'est ce qu'un certain nombre de personnes préconisent depuis un certain temps. Cependant, tous les intervenants, à part peut-être le cabinet du ministre et ses fonctionnaires, estiment que cette somme de 7,8 millions de dollars est insuffisante.

La moitié de cette somme est constituée de prêts aux petites entreprises, qui seront octroyés à un taux dépassant de 4 p. 100 le taux préférentiel, ce qui n'aide pas nécessairement beaucoup les personnes dans le besoin. La plupart d'entre nous ont en effet déjà de la difficulté à rembourser leurs emprunts au taux préférentiel. C'est donc une façon étrange d'aider des personnes dont la situation financière est extrêmement précaire. Par conséquent, si c'est incontestablement un signe que le ministre a compris qu'un programme de transition était souhaité et nécessaire, il semble que ce soit nettement insuffisant. Cette initiative constitue toutefois un bon point de départ et nous en félicitons le ministre.

Enfin, je dirais que l'avenir peut être extrêmement prometteur pour la pêche dans notre région, qu'il n'est pas nécessaire d'attendre en espérant et en priant pour que la morue réapparaisse, mais qu'en faisant preuve de volonté et de leadership, nous arriverons à conclure un traité équitable qui empêchera désormais les Alaskiens de détruire nos stocks de saumon et que l'on pourra reconstituer ceux-ci en faisant des investissements importants dans l'aménagement et la protection de l'habitat, que ce soit au palier provincial ou au palier fédéral... J'estime que la crise est d'une envergure suffisante pour justifier la mobilisation de ressources considérables par les deux paliers de gouvernement, dans le but de rétablir l'habitat du saumon et d'assurer le retour de millions de poissons dans nos cours d'eau et dans nos collectivités, ce qui aurait des retombées éminemment positives pour plusieurs générations à venir.

Je pense que le sentiment d'urgence qui m'a incité à vous implorer de me permettre de venir témoigner aujourd'hui est ressenti d'une extrémité à l'autre de la côte. C'est que nous avons l'impression que d'ici très peu de temps, on prendra des décisions qui détermineront si nous nous engagerons dans une voie qui aura des conséquences déplorables et tragiques ou si nous emprunterons une voie remplie d'espoir et de promesses pour l'avenir. Nous souhaitons ardemment que l'on optera pour la deuxième solution et nous ferons tout notre possible pour épauler le ministre, le gouvernement ou n'importe quel autre gouvernement—provincial, fédéral, libéral, réformiste—pour assurer un avenir durable et prometteur à nos collectivités côtières.

Merci.

Le président: Merci, monsieur Young.

M. Young est le porte-parole de la West Coast Sustainability Association. Je crois que c'est le nom exact.

Je me demande si nous ne pourrions pas passer la parole à un des autres témoins ici présents à Ottawa. Donnez tout simplement votre nom et celui de l'organisme que vous représentez pour que les auditeurs sachent qui vous êtes. Après cela, nous donnerons la parole aux témoins qui sont en Colombie-Britannique et nous procéderons de la même façon.

M. Russ Helberg: Je m'appelle Russ Helberg, et je suis le maire de Port Hardy et le président du Pacific Coastal Communities Network.

Monsieur le président, je vous remercie d'avoir accepté de nous entendre à aussi bref délai de préavis. J'ai écouté la conférence de presse que vous avez donnée ce matin au sujet des constatations que vous avez faites sur la côte Ouest et je tiens à vous féliciter d'écouter aussi attentivement. À en juger d'après le plaisir que certains d'entre vous semblaient éprouver là-bas, je me disais que vous auriez peut-être négligé de tenir compte de certains témoignages mais vous n'en avez pas oublié un seul, ce qui est excellent. Je suis très satisfait. J'attends impatiemment le rapport scientifique sur la gestion des pêches, parce qu'il s'attaquera aux problèmes à long terme.

Nous apprécions évidemment le fait que le rapport se présente en deux parties parce que cela indique que vous êtes conscients de la gravité et de l'urgence de la situation en ce qui concerne le coho. Les recommandations que vous avez faites aideront beaucoup à résoudre cette crise. J'espère seulement que le ministre les acceptera sans tarder et qu'il les mettra en application, parce que le problème est que la situation est bel et bien critique et qu'il ne reste plus que deux ou trois mois avant que l'on n'annonce les plans de pêche. Il faut redresser la barre, sinon nous aurons un problème d'envergure sur les bras.

Pour l'instant, comme John l'a indiqué, on dirait que le ministre compte prendre des mesures très strictes et que l'on fermera pour ainsi dire complètement la pêche du saumon.

J'ai eu une conversation avec David Suzuki la semaine dernière et il est très rassurant de constater que les groupes écologistes officiels ont reconnu le fait que si la collectivité n'est pas en bonne santé et n'est pas économiquement viable, l'environnement en subit les conséquences, parce que la population fait preuve d'un peu moins de discernement dans le choix des aliments qu'elle récolte lorsque les temps sont durs. Par conséquent, nous avons convenu tous les deux qu'il fallait essayer de s'assurer que les collectivités demeurent en bonne santé et qu'elles ne perdent pas l'environnement de vue.

• 1605

Je crois que c'est possible, car si l'on opte le moindrement pour le genre de formule que le ministre semble recommander, bien des petites collectivités se retrouveront dans une situation catastrophique. Nous avons connu de mauvaises saisons de pêche au saumon et on en prévoit encore deux autres. La pêche au hareng n'a pas été très bonne cette année. Comme vous le savez pour la plupart, bien des pêcheurs cumulent les permis. Ils peuvent tenir le coup lorsqu'ils sont confrontés à un mauvais régime de pêche mais ils commencent à être sérieusement en difficulté lorsque deux ou trois mauvais régimes sévissent simultanément. Ce sont surtout les exploitants de petits bateaux, les propriétaires exploitants, qui constituent la majorité dans les petites collectivités qui seront le plus durement touchées. Ils n'ont pas les reins assez solides pour survivre à une ou deux mauvaises saisons supplémentaires.

Nous recommandons vivement que le gouvernement du Canada conclue sans plus tarder un traité sur le saumon du Pacifique avec le gouvernement des États-Unis. Nous recommandons que le ministère écoute l'alliance sur le coho. Nous allons proposer ce que nous considérons comme une formule de rechange très efficace pour tenter de résoudre la crise du coho et nous apprécierions vivement que vous l'examiniez avec beaucoup d'attention.

Nous recommandons en outre que le ministre rétablisse immédiatement le programme de levés cartographiques et de recensement des stocks, pour manifester sa bonne foi. Notre premier ministre était en ville hier soir et il y est encore aujourd'hui. Il préconise la même formule que nous.

L'assemblée générale annuelle du Coastal Community Network commence demain soir et il durera deux jours et demi. Deux ou trois d'entre vous y assisteront. Nous demanderons aux représentants des 420 000 membres de recommander à la direction diverses approches pour l'année prochaine. La plupart de ces recommandations porteront sur la crise du coho.

Les habitants de la côte Ouest sont convaincus d'avoir affaire à une industrie en expansion. Les recommandations du comité permanent nous plaisent. Nous ne voulons pas nous retrouver dans le même pétrin que la côte Est. Nous voulons une solution à court terme, assortie d'une clause d'extinction, nous voulons savoir combien de temps durera la période de transition. Ensuite, nous poursuivrons nos activités.

Merci encore de nous avoir écoutés. Nous attendons une réaction positive de la part du gouvernement.

Merci.

Mme Christine Hunt: Je suis la première vice-présidente de la Native Brotherhood of British Columbia et membre de la Commission du saumon du Pacifique.

Je voudrais préconiser principalement des solutions constructives pour la pêche de la côte Ouest. Comme vous l'avez entendu, nous avons formé cette alliance qui regroupe les groupes environnementaux et les organismes qui représentent les pêcheurs commerciaux. Des représentants du secteur de la pêche sportive ont assisté à une de nos réunions. Nous essayons d'élaborer un plan de conservation du coho qui fasse l'affaire de tous pour cette année.

Les Premières nations de la Colombie-Britannique sont disposées à renoncer à la part de cohos qui leur revient en vertu d'un droit garanti par le paragraphe 35(1) de la Constitution, afin de faire leur part des efforts de conservation. Nous espérons que toutes les parties concernées nous imiteront. Nous devons tous renoncer à une partie de nos prérogatives cette année dans un but de conservation.

Nous élaborons ce plan tous ensemble. Les personnes qui le prépareront sont des pêcheurs chevronnés. Certains d'entre eux pêchent depuis 50 ou 60 ans dans leur région. Nous comptons choisir des représentants des diverses régions pour élaborer un plan qui permettra de protéger le coho et de faire de la pêche sélective du saumon sockeye.

• 1610

Il est impératif de faire en sorte que le Traité sur le saumon du Pacifique règle le problème de la surpêche en Alaska. La Native Brotherhood of British Columbia est en train d'organiser des réunions avec ses homologues de l'Alaska à la fin de ce mois ou au début du mois prochain pour voir s'il est possible de trouver un terrain d'entente afin qu'ils puissent inciter leurs gouvernements à faciliter la signature de ce traité. Par conséquent, nous faisons notre part pour essayer de faire progresser ce traité.

Il est nécessaire que le gouvernement fédéral prenne des engagements à l'égard de l'habitat. Depuis la dernière fois que je suis venu ici, c'est-à-dire depuis le mois d'octobre, deux membres de ma collectivité se sont pendus. Il s'agit de deux jeunes hommes, l'un âgé de 21 ans et l'autre de 22 ans, qui ne voyaient aucune lumière au bout du tunnel. Ces jeunes hommes pêchaient. Au cours d'une des cérémonies funéraires, on nous a parlé d'un de ces jeunes hommes dont les jours les plus heureux avaient été ceux où il pêchait avec son père, mais il savait qu'il ne remonterait jamais sur le pont d'un bateau à cause des événements survenus dernièrement dans l'industrie de la pêche.

Notre collectivité continue de souffrir parce qu'il est maintenant question de suicide collectif chez des jeunes gens qui ne voient pas la lumière au bout du tunnel. Ils ne voient que le désespoir. Leurs pères ont perdu leurs bateaux et leurs permis. Ils ne pêcheront plus. On se demande même si nous aurons droit à notre part de poisson nécessaire pour assurer notre subsistance au cours de l'hiver.

Étant donné que nous sommes les représentants politiques de Port Hardy, nous faisons tout notre possible pour réagir et pour mettre un terme à cette situation. J'estime qu'une stratégie d'emploi de transition, pour autant qu'elle soit efficace, permettrait aux jeunes de reprendre espoir. Il ne peut pas s'agir d'emplois à court terme donnant droit au salaire minimum et n'offrant aucune perspective d'avenir. Il faut qu'elle permette aux habitants de ma localité de recevoir une formation, il faut que ce soit une stratégie efficace.

C'est tout ce que j'avais à dire. Merci.

Le président: Merci.

M. John Radosevic: Je suis président de la United Fishermen and Allied Workers Union, CAW. Je tiens à remercier le comité pour cette réunion d'urgence à bref délai de préavis. J'apprécie le rapport qui est paru ce matin ainsi que vos recommandations.

Je tiens à signaler que l'engagement que prend notre organisation au nom d'un grand nombre de titulaires de permis, de mousses et de travailleurs et travailleuses des usines de transformation est un engagement sérieux d'essayer d'élaborer des plans de pêche avec la collaboration d'autres représentants des collectivités côtières, du secteur commercial, du secteur de la pêche sportive, si nous arrivons à le faire participer, des groupes écologistes et de la collectivité autochtone. Cet engagement consiste à créer une pêche qui soit à la fois soucieuse de la conservation et de la protection du coho tout en nous permettant de survivre grâce à l'exploitation des stocks qui sont exploitables.

Cependant, nous voulons nous assurer qu'après avoir franchi toutes ces étapes et après avoir fait tous les sacrifices que nous avons faits et que nous avons l'intention de continuer de faire, ceux-ci n'auront pas été vains. Nous sommes très préoccupés par les déclarations du ministre et du ministère des Pêches et des Océans et par une insistance excessive à mon sens sur le problème des prises accidentelles, tout en prétendant s'intéresser à la conservation—la conservation dans la conservation. On ne met pas l'accent sur les problèmes majeurs.

À mon avis, un des problèmes majeurs est la surpêche faite en Alaska. Les chiffres et les statistiques en témoignent. Il ne fait aucun doute que dans les régions nordiques, ce sont les Alaskiens qui posent le plus gros problème de surpêche. Les pêcheurs canadiens affirment qu'il faut éviter de pratiquer une pêche axée sur le coho alors que les Américains, de leur côté, en capturent des quantités énormes.

• 1615

Nous constatons en outre que le ministère des Pêches, au lieu d'essayer de résoudre les problèmes de destruction des habitats, laisse la situation se détériorer sans broncher. Il ne s'agit pas d'un engagement sérieux. L'improvisation, le bénévolat et autres approches analogues sont utiles mais on voit ce que cela donne. Les résultats ne sont pas fameux. On ne sauve pas le poisson.

Je ne mâcherai pas mes mots. Si l'on ne règle pas le problème de l'interception par les Alaskiens sur la côte Nord et si l'on ne prend pas d'urgence les mesures nécessaires pour protéger l'habitat qui subsiste, les Canadiens auront beau réduire l'effort de pêche, cela ne sauvera pas le poisson. Si l'on ne prend pas sans trop tarder certaines mesures pour répondre aux besoins des habitants des diverses collectivités de toute la région côtière, le poisson disparaîtra et les habitants aussi.

Pour vous donner une idée de la gravité du problème, je vous signale que sur toute la côte sud de la Colombie-Britannique, le nombre de cohos tués s'élevait à environ 50 000 ou moins. Comparez cela par exemple aux 165 000 cohos capturés par les pêcheurs sportifs et aux plus de 500 000 cohos se dirigeant vers le Canada qui sont interceptés sur la côte Nord par les Alaskiens.

On aurait beau supprimer complètement l'effort de pêche canadien dans le Sud, que l'on n'arriverait pas à sauver plus de 50 000 cohos. Si l'on examine ce qui s'est passé, alors que l'on avait accordé une limite de 165 000 cohos aux pêcheurs commerciaux, ils n'en ont capturé que 50 000. D'après les chiffres publiés par le MPO, nous avons réduit la mortalité prévue de 300 000 à environ 200 000 ou 205 000.

C'est grâce aux efforts des pêcheurs commerciaux. Cela indique que, si on leur en fournit l'occasion, les pêcheurs peuvent être et seront capables de réduire leurs prises et d'éviter de capturer du poisson en difficulté. Ils savent ce qu'il faut faire. Ils utilisent des engins sélectifs, des périodes de fermeture, des fermetures de zones et toutes sortes d'autres moyens. Nous savons comment capturer le poisson que nous devons capturer et nous savons comment éviter de capturer celui que nous ne sommes pas censés capturer. Nous essayons de trouver l'occasion de le prouver et nous voulons que le MPO nous écoute.

Nous exhortons le ministre à changer de cap. Ce qui nous tracasse le plus, c'est la possibilité qu'il ne tienne pas compte des recommandations du comité permanent et que le ministère continue d'agir comme il l'a fait jusqu'à présent sur la côte Est. Nous craignons terriblement qu'il n'écoute pas les solutions raisonnables proposées par les pêcheurs des collectivités côtières.

Nous l'exhortons à prendre un engagement vigoureux à l'égard du Traité sur le saumon du Pacifique qui est indispensable si l'on veut mettre un frein à la surpêche en Alaska. Il ne s'agit pas uniquement du traité final, qui prendra peut-être un certain temps à se concrétiser, mais aussi d'ententes provisoires. Nous le prions également de prendre un engagement sérieux à l'égard de l'habitat. Nous lui demandons d'avoir une certaine compassion pour le poisson et pour les habitants de cette région.

Il existe beaucoup d'analogies entre la façon dont le ministère procède en Colombie-Britannique et celle dont il a procédé sur la côte Est mais nous percevons également des différences énormes du fait que notre habitat peut être renouvelé. Nous pouvons reconstituer les stocks si nous passons immédiatement à l'action.

Nous avons du pain sur la planche. Nous avons cependant beaucoup de personnes à notre disposition pour nous aider. Tout ce qui manque, c'est la volonté de les mettre au travail et de rétablir les remontes de poissons et les stocks. Nous vous demandons de nous aider à transmettre au ministre le message que nous éprouvons beaucoup de difficultés à lui communiquer.

Le président: Merci.

M. Wilf Caron: Merci, monsieur le président, de nous avoir donné l'occasion de vous présenter notre pétition. Comme on vous l'a déjà dit, nous formons une alliance à la recherche de solutions. Je suis d'accord avec mes collègues. Mon témoignage est celui d'un pêcheur, ce qui lui donnera une perspective légèrement différente.

Le nombre total de permis pour la zone où je pêche s'élève à environ 450. Je tiens à vous rappeler qu'il ne s'agit pas seulement d'un simple bout de papier. Chacun de ces 450 permis correspond à une entité commerciale séparée entourée d'une infrastructure propre et d'une certaine infrastructure de soutien, dans la collectivité où elle est établie.

• 1620

Le coho a toujours été le poisson de base de la pêche à la traîne au moyen d'une ligne garnie d'hameçons. Les autres espèces de poissons vont et viennent selon les fluctuations des stocks mais le coho a toujours été l'espèce de base. Au fil des ans, et surtout depuis le début des négociations concernant le Traité sur le saumon du Pacifique, on demande aux pêcheurs de la côte sud de la Colombie-Britannique de réduire leurs prises pour apaiser les craintes des Américains au sujet du coho, et nous l'avons fait. Les divers ministres des Pêches qui se sont succédé nous ont priés d'accepter ce sacrifice à court terme pour en retirer un bénéfice à long terme. Les types de pêches qui représentaient nos moyens de subsistance ont maintenant disparu et la pollution des océans a de graves répercussions sur toutes les autres espèces susceptibles de nous permettre de gagner notre croûte. Il ne nous reste désormais plus rien. Nos attentes ont été réduites à néant.

Si l'on demande un effort supplémentaire aux pêcheurs commerciaux, les trois piliers de la doctrine du ministre, à savoir la conservation, la conservation et la conservation—qu'il a cités à plusieurs reprises devant les journalistes et en public—doivent s'appliquer à tous les utilisateurs et pas uniquement aux pêcheurs commerciaux qui participent à l'exploitation de cette espèce unique.

Afin de pouvoir proposer certaines solutions constructives, nous avons créé un conseil de gestion expérimental sur la côte ouest de l'île de Vancouver, où j'habite. Il est composé de représentants d'un nombre croissant de participants à la récolte de toutes les ressources marines. Nous avons formé une alliance avec le Conseil tribal Nuu-Chah-Nulth. Par chance, la zone de pêche à laquelle mon permis correspond coïncide à peu près avec la région géographique sur laquelle portent ces revendications fondées sur les traités. En outre, il existe encore d'autres permis pour diverses espèces pêchées dans cette zone. C'est une vision pour l'avenir.

Nous avons des divergences d'opinions au sujet de certaines de vos recommandations, mais j'estime que cette alliance témoigne du genre de collaboration que l'on peut susciter quand un certain nombre de personnes de bonne volonté, ayant une vision pour l'avenir, acceptent de s'asseoir autour d'une table et de discuter. Le ministère, le ministre et la province ont parlé d'attitude positive et d'ambition. Cette démarche a fait l'objet d'éloges et d'une certaine approbation.

De nombreux problèmes se posent mais nous cherchons des solutions. Nous invitons tous les gens de bonne volonté à se joindre à nous et nous pensons que la pétition que nous vous avons remise aujourd'hui aidera beaucoup à résoudre certains de ces problèmes.

Merci beaucoup.

Le président: Merci beaucoup.

Nous allons maintenant céder la parole aux témoins qui sont en Colombie-Britannique. C'est M. Stoffer qui prendra le relais. Vous pourriez peut-être demander à chacun des témoins qui sont près de vous de se présenter à tour de rôle.

M. Peter Stoffer: Merci beaucoup, monsieur le président. Nous présenterons les trois témoins en commençant par Mme Mae Burrows, porte-parole de la T. Buck Suzuki Environmental Foundation.

Mme Mae Burrows: J'ai déjà eu le plaisir de témoigner quand vous vous êtes réunis à Steveston et je suis heureuse de pouvoir témoigner à nouveau aujourd'hui. Je vous remercie infiniment pour vos travaux et votre rapport. Ils ont incontestablement contribué à exprimer certaines des préoccupations les plus graves des milieux de la pêche et des milieux écologistes de la côte Ouest.

• 1625

Je travaille pour un organisme appelé T. Buck Suzuki Environmental Foundation. Il n'existe aucun lien entre nous et la David Suzuki Foundation, même si nous poursuivons les mêmes objectifs. Buck Suzuki était un pêcheur du Fraser et un écologiste qui luttait pour la protection de la qualité de l'eau et des habitats dans les années 50, bien avant que l'écologisme n'ait acquis l'importance qu'il a à l'heure actuelle.

Les habitants des localités de pêcheurs protègent l'habitat et la qualité de l'eau depuis très longtemps, parce que leur gagne-pain en dépend littéralement.

C'est le cas aujourd'hui encore en ce qui concerne la menace qui pèse sur le coho. Je vous exhorte à examiner le problème de la protection de l'habitat du coho et à lui accorder une très forte priorité dans le programme visant à enrayer cette crise.

Pour ceux et celles qui ne connaissent pas la Colombie-Britannique aussi bien que nous, je rappelle que la migration du coho s'étend à toute la province. Les cohos remontent à 500 miles des eaux côtières où ils passent leur vie adulte. Ils ont besoin de frayères et de zones d'élevage de juvéniles. Les frayères doivent se trouver dans de l'eau pure et froide, exempte de sédimentation. Les cohos ont également besoin de très petites rivières car ce sont des poissons particulièrement vulnérables à cet égard. Ils passent deux années de leur vie dans leur cours d'eau natal avant de descendre vers la mer où ils passent leur vie adulte. Ils vivent dans de très petits cours d'eau, souvent de moins d'un mètre de large.

Par conséquent, la sédimentation, la température et la qualité de l'eau de ces cours d'eau sont des facteurs extrêmement importants. C'est pourquoi le coho est une espèce particulièrement vulnérable, qui est extrêmement menacée par la destruction des habitats. Le saumon est déjà un poisson spécial et parmi les diverses espèces de saumons, celle-ci l'est particulièrement.

La toute récente politique du ministère des Pêches et des Océans m'inquiète énormément car elle prouve que le MPO n'a aucun contrôle sur les activités dommageables comme l'exploitation forestière et le développement urbain, parce que celles-ci relèvent de la compétence du gouvernement provincial et des administrations municipales, et que la Loi sur les pêches n'est applicable qu'en cas d'infraction.

Si cela signifie que l'on «décroche»—si je puis me permettre ce jeu de mots—aux échelons supérieurs du gouvernement, qui a notamment des responsabilités en matière de protection de l'habitat du coho, cela ne va plus. Le gouvernement fédéral a la responsabilité légale et morale d'appliquer la Loi sur les pêches mais il ne le fait pas.

Ainsi, dans les services de police, qui sont également censés faire respecter la loi, il existe des programmes très efficaces permettant aux agents de police d'arrêter les automobilistes qui font de l'excès de vitesse et qui mettent la vie d'autrui en danger. Des accusations sont portées contre ces personnes. On leur donne une contravention. La répression est visible. Ceux et celles qui se font arrêter pour conduite en état d'ébriété font l'objet d'accusations; ils doivent se présenter devant le tribunal et payer une amende. Il en est de même pour les automobilistes qui brûlent un feu rouge. On les attrape, on porte des accusations contre eux et ils doivent passer au tribunal; la population est au courant de leur comportement et leur famille aussi.

Le MPO assume de bien piètre façon ses responsabilités fiduciaires et légales en matière d'application de la Loi fédérale sur les pêches. Nous avons justement intenté des poursuites contre lui parce que nous voulons savoir quelles accusations il a portées. La plupart des délits contre l'environnement concernent l'habitat du coho. Je pense que le MPO a de la difficulté à nous fournir une liste des accusations. Bien des personnes estiment que c'est précisément parce que le ministère ne porte pas les accusations et n'impose pas les amendes nécessaires pour dissuader ceux et celles qui détruisent l'habitat du poisson et polluent l'eau que l'on se retrouve dans une telle situation.

Nous vous demandons d'examiner de près les dommages causés à l'habitat du poisson et les responsabilités du ministère des Pêches et des Océans en matière d'application des lois et règlements. Voyons ce qui se passe au-delà de l'île de Vancouver, dans le centre de la région côtière et même dans les eaux intérieures, dans le Dawson Creek, qui est un des cours d'eau les plus productifs de cette région, voire de la Colombie-Britannique, en ce qui concerne le coho.

Le ministère des Pêches et des Océans a la responsabilité d'être sur place et de s'assurer que le code des pratiques forestières est respecté. Dans la négative, si l'on construit des chemins sans respecter les règles et si la sédimentation remblaie ces petits cours d'eau à saumon coho et que nous perdons du poisson, c'est le ministère des Pêches et des Océans qui doit intervenir, mais il ne le fait pas.

• 1630

Pour ce qui est de porter des accusations contre les grands pollueurs, nous lui avons demandé à maintes reprises, en tant que citoyens, de poursuivre le District régional de Vancouver pour pollution par déversement des eaux usées, et il ne l'a pas fait. Cette situation est due en partie à un problème d'effectifs. Vous l'avez signalé dans votre rapport et j'en suis bien consciente. Par contre, lorsque j'ai participé à la réunion du Comité permanent de l'environnement, le 25 février, il est ressorti clairement que les effectifs étaient tellement bas que le ministère donnait au personnel régional l'instruction de ne faire respecter que telle loi ou tel règlement concernant la pollution. Du fait que le ministère ne dispose pas d'un personnel suffisant pour faire respecter toutes les lois, il en choisit une ou deux à des fins stratégiques. Quelle mascarade! C'est le genre de problème au sujet duquel nous voudrions que vous fassiez des recommandations dans la prochaine partie de votre rapport.

On omet bien souvent de s'intéresser aux principaux responsables des dégâts et on accuse les pêcheurs, qui se trouvent tout en fin de cycle, de détruire le coho. Des dégâts bien plus importants sont causés avant cela.

La politique gouvernementale concernant les pêches peut pousser les travailleurs à la faillite. Elle peut détruire de petites collectivités. Si le ministère des Pêches et des Océans ne change pas de tactique en ce qui concerne l'application des politiques sur l'habitat, on ne fera rien pour protéger l'environnement et le poisson.

En tant qu'écologiste et que mère, je demande aux membres du comité, qui sont des personnes de bonne foi, d'insister beaucoup sur les problèmes d'habitat associés à cette crise du coho et d'essayer d'y trouver des solutions tout au long de l'été et même après.

Merci.

M. John Sutcliffe: Merci, mesdames et messieurs, de me donner l'occasion de venir témoigner aujourd'hui.

Lorsque vous êtes venus sur la côte Ouest, il ne faisait aucun doute qu'une crise du coho se préparait. Certaines personnes en étaient probablement conscientes; je suis certain que c'était le cas au moment où les fonctionnaires du MPO ont commencé à préparer leur stratégie à cet égard. Par contre, je suis convaincu que vous n'en avez pas entendu parler à ce moment-là et par conséquent, j'estime que la présente occasion est importante parce que, dans le deuxième rapport, qui paraîtra incessamment d'après ce que vous dites, ces grandes questions de principe revêtiront une actualité toute particulière, étant donné qu'il faudra trouver des solutions à la crise du coho au cours de cette saison-ci.

Vous avez entendu plusieurs personnes exprimer leurs préoccupations, que nous partageons d'ailleurs tous. On craint en effet que la crise du coho, dont personne ne nie l'évidence, servira de prétexte à la réalisation d'un programme concernant la pêche sur cette côte et la ressource proprement dite, programme qui, comme nous avons pu le constater à l'occasion de la table ronde sur la politique visant le Pacifique, n'a pas grand-chose à voir avec la viabilité de notre pêche ou de notre ressource.

La solution de facilité qui consiste à limiter les répercussions de la pêche et à faire semblant de régler le problème de cette façon tout en poursuivant le programme catastrophique de destruction et de réorganisation de la flottille de pêche, avec toutes les retombées qu'il aura pour les collectivités côtières, sans essayer sérieusement de protéger la ressource, pose un problème que nous voudrions voir disparaître immédiatement.

Des questions comme les conditions d'octroi des permis et la réorganisation de la flottille doivent être examinées de très près, de même que le projet de révision des programmes concernant la pêche de la côte Ouest, de façon à en faire une petite pêche industrielle concentrée. Ce programme entraîne le déplacement des pêcheurs. Il a des conséquences catastrophiques pour les collectivités côtières et ne fait rien pour la pêche. Aucune pêche industrielle n'a jamais contribué à sauver une espèce.

Nous nous réjouissons de voir si le gouvernement saisira l'occasion que peut offrir la crise du coho pour essayer d'examiner de façon rationnelle les problèmes de rentabilité de la flottille—ce qu'une alliance d'organisations non gouvernementales est disposée à faire, d'après plusieurs témoignages—et pour s'attaquer sérieusement aux problèmes qui concernent la ressource proprement dite.

• 1635

Vous ne vous attaquez pas à ces problèmes et vous vous contentez de maintenir le plan catastrophique de réduction de la flottille actuelle et de donner ainsi l'impression d'essayer de régler les problèmes de surcapacité en rachetant les engins des entreprises à peine rentables dans le cadre de ce plan malsain auquel, soit dit en passant, personne ne s'est opposé.

C'est ainsi que l'on a procédé. On essaie de marginaliser au lieu de s'efforcer de rendre les flottilles rentables, de renouveler la ressource et de s'arranger pour que cette pêche soit plus facile à gérer. En fin de compte, le plan que M. Mifflin a proposé et auquel, je présume, le ministre actuel continue d'adhérer, n'a rien à voir avec la conservation.

Il faut modifier les politiques d'octroi des permis; cette crise et la façon dont la pêche a été menée cette saison nous en fournissent d'ailleurs l'occasion. Je crois sincèrement que le programme du MPO—qu'il ne faut pas confondre avec une vision dont notre pêche a grand besoin—sera démasqué cette fois-ci.

Je vous implore d'insister sur ces problèmes généraux dans votre deuxième rapport et de voir ce que l'on peut faire pour convaincre le MPO de changer de tactique face à la crise du coho en 1998 et en 1999, car la situation n'aura pas changé.

Merci beaucoup.

M. John Stevens: Bonjour. Je m'appelle John Stevens et j'apprécie le fait d'avoir l'occasion de vous parler aujourd'hui. Je n'ai pas eu le temps de préparer un mémoire parce que j'ai travaillé sur mon bateau jusqu'à la dernière minute. Je viens d'arrêter pour venir ici. J'ai toutefois quelques commentaires à faire qui pourraient vous être utiles.

Je voudrais parler du saumon coho. Je voudrais faire des commentaires au sujet de la déclaration que le ministre des Pêches a faite hier à la Chambre, si je comprends bien. De toute apparence, il a félicité M. Mifflin pour son plan qui, selon lui, a accru les revenus des pêcheurs de cette région.

Je suis absolument outré par cette déclaration. Je suis la preuve vivante que l'industrie de la pêche et que les gens d'ici sont dans une situation financière très précaire. Personnellement, j'ai dû emprunter beaucoup d'argent, et mettre ma maison en garantie, pour survivre l'hiver dernier. J'ai emprunté plus de 30 000 $. Par conséquent, lorsque le ministre des Pêches, qui est censé être mon porte-parole, fait des déclarations de ce genre, il vous ment et il ment à tous les Canadiens.

Pour en revenir au problème du coho, si ce problème se pose en Colombie-Britannique, c'est que cette espèce est mal gérée depuis tout un temps. Cette crise peut devenir aussi catastrophique que celle qui a frappé la côte Est. Les fonctionnaires du MPO, les cadres supérieurs et les divers ministres des Pêches, jusqu'à Jack Davis, savaient que cette crise nous pendait au nez et pourtant rien n'a été fait pour essayer de l'enrayer.

La solution dont nous avons en fait besoin au Canada passe par l'établissement de nouvelles relations entre le gouvernement fédéral et les habitants de la côte Ouest et d'autres régions de pêche qui essaient de gagner leur vie. On ne nous écoute pas du tout. Comme l'ont signalé tous les autres témoins, il existe de nombreuses solutions mais il faut qu'Ottawa prenne des décisions qui en facilitent l'application. Toutes les solutions qui seront tentées par le gouvernement fédéral cette année seront du gaspillage pur et simple si nous ne sommes pas consultés.

Le meilleur conseil que je puisse donner au gouvernement fédéral, c'est de réunir le plus d'argent possible et de décider de réparer les dégâts sur la côte Ouest. Il faut toutefois mettre le pouvoir de décider comment cet argent sera dépensé entre les mains des gens d'ici. Il ne faut pas laisser cette prérogative aux bureaucrates ou au ministre des Pêches. Nous pouvons faire le travail nous-mêmes. Nous avons les personnes, la volonté et les capacités nécessaires.

Merci beaucoup.

M. Peter Stoffer: Bien. Je vous rends l'antenne, monsieur.

Le président: Bien. Merci. Je crois que vous avez transmis clairement le message.

Nous pouvons peut-être passer aux questions de certains de nos collègues, à moins que M. Stoffer n'ait des questions à poser.

Je donne d'abord la parole à M. Carmen Provenzano, de l'Ontario.

M. Carmen Provenzano (Sault Ste. Marie, Lib.): Merci, monsieur le président.

• 1640

Il est incontestable que les exposés qui ont été faits aujourd'hui nous donnent amplement de quoi réfléchir. Monsieur le président et chers collègues, je trouve particulièrement intéressants les commentaires que certains témoins ont fait au sujet de l'habitat du poisson, de sa destruction, surtout l'appel qu'ils ont lancé en faveur de l'adoption de mesures d'urgence pour essayer de régler ce problème. Je suppose qu'il s'agit de prendre certaines mesures correctives ainsi que certaines mesures de protection tout en faisant le nécessaire pour pouvoir appliquer de façon plus efficace nos lois et règlements actuels.

Nous nous sommes à mon avis efforcés d'écouter attentivement tous les témoins de façon à pouvoir accorder à leurs opinions toute la considération qu'elles méritent et à en tenir compte dans nos recommandations.

En ce qui concerne l'habitat du poisson, je crois que deux ou trois des personnes qui ont témoigné aujourd'hui, et surtout vous, monsieur Radosevic, critiquent depuis un certain temps les initiatives du gouvernement fédéral et du MPO dans ce domaine. Il va sans dire que ces derniers ont consacré beaucoup d'argent à la protection de l'habitat du poisson. Je crois que vous devez bien admettre, monsieur Radosevic, ainsi que l'autre témoin de Colombie-Britannique, que si ces efforts n'ont peut-être pas été suffisants, il reste qu'ils sont réels. Nous sommes bel et bien conscients des pressions exercées sur nous pour que nous intervenions.

Dans ce domaine, la compétence est partagée entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux. Je crois que vous le reconnaissez. La question est de savoir quelles pressions vous, et les différents groupes représentés ici, avez exercées sur le gouvernement provincial pour l'inciter à prendre les mesures nécessaires pour protéger l'habitat du poisson et pour faire respecter les lois et règlements. Pouvez-vous nous le dire pour nous éclairer? Rejetez-vous toute la faute sur le MPO ou partageons-nous la responsabilité avec la province? Quel genre de lobbying avez-vous fait auprès de la province de la Colombie-Britannique pour qu'elle essaie de résoudre ces problèmes et quel genre de réponse avez-vous obtenue?

Le président: Je me demande si les témoins pourraient donner leur nom avant de répondre, pour que les auditeurs sachent qui parle.

Allez-y, monsieur Radosevic.

M. John Radosevic: Merci. John Radosevic du syndicat des pêcheurs.

Je trouve la question pertinente. Nous critiquons la gestion du MPO sur la côte Ouest. Vous dites qu'il a dépensé beaucoup d'argent. Il l'a fait effectivement et il a pris quelques mesures pour protéger l'habitat mais c'est nettement insuffisant. Ce n'est pas une question d'opinion personnelle. Les résultats sont visibles et ils indiquent que ce n'est pas suffisant.

La compétence est effectivement partagée. Le ministère des Pêches est responsable de l'amélioration de l'habitat du poisson. Il est entre autres responsable de l'application des lois et règlements et de l'évaluation des stocks. Nous le disons depuis des années et nous essayons de faire comprendre que les ponctions continuelles dans le budget dont le ministère des Pêches dispose pour l'application des lois, la recherche scientifique et bien d'autres activités finiront par avoir des répercussions négatives. Il faudra peut-être attendre la dégradation des océans et d'autres problèmes complexes qui ont aussi une incidence sur le poisson pour remettre ces activités à l'honneur.

• 1645

Nous savons que la survie de l'océan représente une grande partie de notre problème mais cela s'est traduit, comme ce fut déjà le cas à maintes reprises et comme nos antécédents en témoignent, par la nécessité de faire un sacrifice à court terme pour en tirer un bénéfice à long terme. Nous tenons à ce que le poisson retourne vers les frayères, même s'il faut réduire nos efforts de pêche, parce que c'est notre avenir qui en dépend. Ce n'est pas un raisonnement purement abstrait. Les faits témoignent clairement de ce que nous avons fait autrefois et nous ferons encore exactement la même chose maintenant. Nous devons nous assurer que les géniteurs peuvent remonter dans les frayères et survivre.

Vous avez demandé quel genre de pressions nous exercions sur le gouvernement provincial. Nous l'avons exhorté à collaborer avec divers organismes et groupes pour essayer de protéger l'habitat, et il a réagi. En fait, j'ai assisté il y a quelques jours à peine à une réunion sur la relance des pêches. Nous essayons d'obtenir plus d'argent pour le programme provincial de relance des pêches. Nous encourageons le gouvernement provincial à collaborer avec les collectivités côtières, les organisations de pêcheurs, les groupes autochtones et les groupes écologistes. C'est d'ailleurs ce qu'il fait et...

Mme Mae Burrows: Je voudrais répondre également.

Excusez-moi, John. Je pensais que vous aviez fini et je voulais profiter d'une pause.

M. John Radosevic: C'est ce qu'il fait et nous l'encourageons à faire davantage. Il a injecté dans les programmes des fonds supplémentaires auxquels pourrait venir s'ajouter l'argent que la compagnie d'électricité et d'autres entreprises semblent également prêtes à investir.

Ce qui nous manque, c'est une volonté semblable de collaborer avec nous de la part du ministère des Pêches et des Océans. Au lieu de proposer des programmes d'envergure de relance des pêches, auxquels participeraient les collectivités et tous les intéressés, tel que nous le préconisons, il sabre dans certaines dépenses dans ces secteurs.

Nous avons beaucoup parlé du programme de formation et de recensement de l'habitat parce que c'est un cas symptomatique. Ce n'est qu'un des nombreux exemples que l'on peut citer pour prouver qu'au lieu de collaborer avec la population et avec nous, et malgré toutes nos supplications, le ministère des Pêches fait le contraire.

Je crois donc avoir répondu à votre question sur les initiatives que nous avons prises. Que ferons-nous à l'avenir? Nous ferons davantage. Nous devons exhorter le ministère des Pêches et des Océans à prendre des engagements fermes et nous continuerons de solliciter le concours de la province.

M. Carmen Provenzano: Monsieur le président, madame Burrows voudrait faire des commentaires sur cette question.

Le président: Allez-y.

Mme Mae Burrows: Votre question porte sur le partage des compétences et j'estime qu'il est très important de signaler que, si c'est effectivement le cas, le gouvernement fédéral n'assume pas ses responsabilités. C'est d'ailleurs une habitude chez lui.

Vous signalez que le MPO a dépensé beaucoup d'argent. Le plus souvent, cet argent a été consacré à des programmes d'alevinage et autres programmes analogues alors qu'aucune volonté d'appliquer la Loi fédérale sur les pêches n'a été manifestée. Et c'est la question importante que vous êtes en train d'examiner.

Le ministère fédéral n'aurait pas eu besoin de beaucoup d'argent ni de beaucoup de personnel pour porter, par exemple, des accusations contre le District régional de Vancouver pour les rejets d'eaux usées non traitées dans l'estuaire du Fraser. Des milliards de litres d'eaux usées non traitées sont déversés dans l'estuaire et ce sont les citoyens qui ont fait l'analyse et qui ont payé les études nécessaires.

Nous avons supplié le ministère des Pêches et des Océans d'appliquer la Loi sur les pêches qui interdit ce genre de déversement. L'estuaire du Fraser est un habitat de tout premier ordre pour le coho; il produit des milliards d'alevins chaque année mais le ministère des Pêches et des Océans n'a porté aucune accusation et n'a même pas... Nous l'avons supplié d'intervenir, après avoir porté des accusations contre le District régional de Vancouver pour les milliards de litres d'eaux usées non traitées qui sont rejetées dans cet estuaire qui est un habitat de premier ordre. Nous avons demandé au ministère de publier un communiqué déclarant qu'il estime que le DRV ne devrait pas déverser ces eaux usées dans l'estuaire, mais il ne l'a même pas fait.

Par conséquent, il a dépensé de l'argent mais il n'a pas adopté l'attitude qu'il fallait. Non seulement le gouvernement fédéral ne fait-il pas beaucoup d'efforts pour faire appliquer sa Loi sur les pêches par son ministère mais nous constatons depuis deux ou trois ans que celui-ci a plutôt tendance à faire preuve d'encore plus de laxisme à cet égard, ce qui est très alarmant. Il ne fait plus autant de mises en garde qu'autrefois.

J'avais l'habitude d'examiner diverses propositions de l'industrie, qu'il s'agisse de l'industrie forestière, minière, ou d'une autre, et j'avais souvent l'occasion de constater que les agents des services de protection de l'habitat du MPO avertissaient les auteurs des projets que, s'ils allaient de l'avant, cela irait à l'encontre de la Loi fédérale sur les pêches et qu'ils entendraient parler du ministère. Ce genre d'intervention vigoureuse de la part des agents de protection de l'habitat a disparu, et c'est inadmissible.

• 1650

Quand vous ajoutez à cela ce que dit le ministère dans ses «directives administratives»—à savoir que le gouvernement fédéral donne aux services régionaux l'instruction de ne pas porter d'accusations dans certains domaines—cela finit par provoquer une crise comme celle du coho. Les poissons meurent à cause des produits toxiques; ils suffoquent à mort; ils ne survivent pas dans nos cours d'eau. Qu'essaie-t-on de faire pour atténuer le problème? On essaie de faire disparaître les collectivités côtières et les pêcheurs. C'est inadmissible.

M. Carmen Provenzano: J'ai une question supplémentaire. J'ai d'ailleurs pris note de la façon dont M. Radosevic s'exprime. Il dit que nous ne sauvons pas le poisson et qu'il est nécessaire de prendre des mesures d'urgence pour protéger son habitat, sinon «le poisson et les habitants de cette région disparaîtront». C'est très inquiétant.

Monsieur Radosevic, pourriez-vous nous citer quelques mesures d'urgence qui ont été prises par la province jusqu'à présent pour essayer de régler les problèmes que vous nous avez signalés? En bref, qu'a fait la province?

M. John Young: Avant que John ne réponde, je tiens à signaler très rapidement que je comprends votre question et qu'elle est pertinente. En ce qui concerne la gravité de la crise biologique et du drame humain auxquels nos collectivités côtières font face, je comprends le désir du député ministériel de signaler les responsabilités de la province et j'estime que c'est tout à fait de bonne guerre. Le ministre l'a déjà fait et le gouvernement de la Colombie-Britannique aussi: les deux paliers de gouvernement ne cessent de se poser des questions sur les responsabilités de chacun.

Les habitants des collectivités côtières et le poisson se fichent pas mal de savoir qui est responsable. Ils veulent que l'on fasse un effort concerté, que l'on établisse un programme cohérent et que l'on fasse dans l'habitat un investissement qui protégera le poisson et les personnes dont il constitue le moyen de subsistance. Par conséquent, j'estime qu'il est important de déterminer les responsabilités de chacun. Il est important que les deux paliers de gouvernement assument leurs responsabilités.

Il n'est pas particulièrement utile de discuter et d'ergoter pour savoir sur qui nous exerçons ces pressions ou auprès de qui nous faisons du lobbying. Tous les témoins ici présents ont rencontré des représentants du gouvernement et les ont priés de faire tout leur possible pour investir dans la protection de l'habitat. Par conséquent, je suis désolé, mais je ne crois pas...

Le président: Avez-vous quelque chose à ajouter?

Vous pouvez poser une dernière question, monsieur Provenzano.

M. Carmen Provenzano: Je répète que la raison de mes questions est de m'assurer que nous avons une bonne vue d'ensemble des problèmes. Il est parfois question de problèmes causés par la construction de chemins, par l'exploitation forestière ou de problèmes tels que le déversement d'eaux d'égout dans les cours d'eau, et c'est bien entendu principalement la responsabilité de la province de la Colombie-Britannique d'y trouver une solution.

Les membres du comité ne peuvent pas se cacher la tête dans le sable et faire semblant d'ignorer le fait que ces questions-là relèvent de la responsabilité de la province. Je voudrais savoir quelles mesures d'urgence la province a prises jusqu'à présent dans le but d'essayer de régler cette situation. Voilà ce que je voudrais savoir.

M. John Radosevic: La province a effectivement pris certaines mesures d'urgence. Les médias et les rapports indiquent clairement que la province a montré l'exemple en essayant notamment de mettre un terme à la surpêche en Alaska, sans recevoir beaucoup d'aide du gouvernement fédéral. Voilà une mesure d'urgence.

Par contre, il y a trois ou quatre semaines, le ministère des Pêches a publié un rapport, qui se trouve sur le bureau là-bas et qui expose pour la première fois avec clarté l'étendue exacte des dégâts que nos stocks ont subis. Nous ne nous chamaillons plus comme l'année dernière, à l'occasion de tous les incidents qui ont entouré l'affaire du traversier et de toutes les autres discussions dans lesquelles nous accusions les Américains de nous voler notre gagne-pain. Il est maintenant évident qu'en plus de nous voler de l'argent, ils nous volaient nos stocks de géniteurs.

Il n'est pas nécessaire d'aller fouiller bien loin. Vous savez très bien quelle est notre position en ce qui concerne les responsabilités du gouvernement provincial par rapport à celles du gouvernement fédéral dans ce domaine.

En ce qui concerne l'habitat, je vous ai signalé que la province a répondu à nos appels et c'étaient les mêmes appels que ceux que nous avions lancés au gouvernement fédéral. Nous leur avons en effet demandé à tous les deux de prendre les mesures nécessaires pour collaborer avec les collectivités, avec nous, et pour avoir recours aux services de nos chômeurs et faire tout le nécessaire pour que ces personnes-là travaillent à la reconstitution des stocks.

C'est une requête parfaitement raisonnable et la province y répond. Que fait-elle? Je prévois que d'ici très peu de temps, elle engagera un certain nombre de personnes pour commencer à remettre en état les habitats qui relèvent de sa compétence, voire de celle du gouvernement fédéral; le travail sera fait par les habitants de notre région et il sera financé dans le cadre du programme de relance des pêches.

Je ne suis pas aussi sûr que le gouvernement fédéral répondra à nos appels de quelque façon que ce soit qui puisse nous aider.

• 1655

Nous exhortons le ministre fédéral à prendre ses responsabilités au sérieux et à s'assurer que le poisson—qui, ne l'oublions pas, relève de sa compétence, en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par la Constitution et qu'il tient d'ailleurs mordicus à conserver—relève toujours effectivement de sa compétence. L'amélioration des stocks et l'application des lois et règlements relèvent de sa compétence et nous l'exhortons à reconnaître ses responsabilités. Nous ferons ce que nous avons à faire avec la province et j'ai déjà dit tout ce que je pouvais dire au sujet du genre de collaboration que nous avions avec elle.

Le président: Merci. Bien entendu, votre argumentation est basée sur le fait que la loi sur l'assainissement de l'eau, la Loi sur les pêches et la Loi sur les contaminants de l'environnement sont toutes des lois fédérales et qu'en cas d'infraction à la Loi sur les pêches, il faudrait bien entendu porter des accusations en conséquence.

M. John Radosevic: C'est exact.

Le président: Passons la parole à M. Easter, qui est le deuxième sur la liste. Ce sera ensuite le tour de M. Duncan.

M. Wayne Easter (Malpeque, Lib.): Merci, monsieur le président.

Je suis entièrement d'accord avec John Young: il faut que nous restions dans le sujet. Je voudrais d'abord faire une remarque à John Stevens. Je ne tiens pas à entamer une discussion à ce sujet; je voudrais seulement vous envoyer un exemplaire du hansard pour que vous sachiez exactement ce que le ministre a dit hier. Il a constamment parlé du fait que les prix étaient bas, que les pêcheurs étaient en difficulté et que leurs revenus avaient baissé. Il a dit en gros—je ne me souviens pas de ses propos exacts, mais j'étais présent—que la situation financière des pêcheurs aurait été pire sans le plan Mifflin. Essayons par conséquent d'être rigoureusement exacts. Ce n'est pas une accusation, mais je tenais à rectifier.

En ce qui concerne le Traité sur le saumon du Pacifique, je crois que nous reconnaissons tous qu'il s'agit là d'une affaire très sérieuse. Je crois que les négociateurs se sont rencontrés hier et avant-hier. Le rapport Strangway et Ruckelshaus nous éclaire un peu et le gouvernement fédéral ne ménage pas ses efforts dans ce domaine. Tout ce que je peux dire, c'est que tous les intervenants, y compris la Colombie-Britannique et le gouvernement fédéral, se sont efforcés de trouver ensemble une solution.

En ce qui concerne l'objet principal de vos préoccupations, le MPO a entamé un processus de consultation pour essayer d'établir un plan d'action intégré sur le coho mais j'ai besoin de savoir ce que vous reprochez à l'approche du ministère, pourquoi la vôtre est la bonne et comment concilier les deux.

M. Russ Helberg: Je crois que l'approche du gouvernement était tout à fait correcte au début, quand il a commencé à instaurer un processus consultatif auprès des divers organismes concernés. Nous nous en sommes réjouis et nous avons immédiatement sonné le rassemblement des organismes de la province pour commencer à discuter d'un moyen de faire des recommandations qui se tiennent. Nous sommes sur le point d'y arriver.

Ce qui nous a dérangés, c'est la décision de toute apparence prématurée du ministre quant à l'issue du processus de consultation—c'est-à-dire qu'il a parlé de réduire la pêche alors que nous proposerions des périodes d'ouverture différentes, l'utilisation d'engins différents, voire une limite de prises, par exemple. Ce sont des solutions passablement différentes et nous voulons seulement nous assurer que le ministère garde l'esprit ouvert et est disposé à nous écouter.

Nous respecterons son délai. Notre réponse sera prête bien avant le mois de mai, c'est-à-dire l'échéance qu'il a fixée. Il pourra par conséquent l'examiner et elle ne lui sera pas soumise à la dernière minute. Tout le monde aura l'occasion de l'examiner et de faire des recommandations raisonnables.

M. Wayne Easter: Je voudrais poser une question à Christine.

Vous avez fait allusion aux types d'engins ou aux différentes méthodes de capture et John Radosevic a également parlé d'engins sélectifs. J'ai assisté à la conférence de la FAO sur les types d'engins à St. John's, à Terre-Neuve, et j'ai été impressionné d'apprendre qu'il est possible de faire de la pêche très sélective, même lorsqu'il s'agit d'espèces très semblables. John, je me demande si vous pourriez m'expliquer avec un peu plus de précision comment des types d'engins sélectifs pourraient régler le problème, dans le cadre de l'approche que vous nous demandez d'adopter.

Vous avez dit ensuite—et je crois que c'est important—que vous vouliez seulement avoir l'occasion de prouver que les solutions que vous recommandez seront efficaces et que le MPO vous écoute. Je voudrais que vous nous donniez des renseignements un peu plus précis à ce sujet et que vous fassiez si possible le lien avec le type d'engins.

Il me restera encore une autre question.

• 1700

Le président: John Radosevic.

M. John Radosevic: Je n'ai aucune difficulté à reconnaître que je ne suis pas la personne la plus compétente pour en parler. Je peux vous en parler. Je peux vous donner une idée générale. Je connais assez la pêche pour le faire. Par contre, d'ici une dizaine de jours, nous tiendrons une réunion à laquelle participeront certains des meilleurs experts en pêche de toute la côte, pour tous les types d'engins. Le but de cette réunion est précisément de discuter de cela. Quand nous aurons fini, vous me poserez à nouveau la question et je vous remettrai une liste des mesures possibles.

L'année dernière, nous avons notamment réduit nos prises de 165 000 à environ 50 000, ce qui donne une indication de ce que nous pouvons faire. J'ai parlé de périodes de fermeture et de fermeture de la pêche dans certaines zones. Les pêcheurs doivent connaître ce genre de choses. Si vous voulez attraper du poisson, il faut savoir où et quand le capturer. De même, si vous voulez savoir que faire pour ne pas le capturer, il faut savoir où il sera et à quel moment. C'est la même chose. Je crois que les pêcheurs savent faire cela. Il n'est pas nécessaire de fermer des pêches rentables comme celle du sockeye.

Par exemple, la pêche est fermée depuis quelques années dans la rivière Skeena où plus d'un million de saumons sockeye, une espèce qui peut être récoltée, ont été perdus; on les a laissés pourrir au fond de la rivière. Cela représente des pertes de plusieurs millions de dollars. Les pêcheurs ont perdu des dizaines de millions de dollars parce que le ministère des Pêches ne savait pas comment empêcher le coho et le steelhead de se faire prendre dans leurs filets. Ces deux espèces ont effectivement évité nos filets mais il a fallu pour cela sacrifier plus d'un million de poissons sur une période de plusieurs années; en outre, cette situation a causé des problèmes de maladie dans le stock de saumon sockeye.

Vous empêchez non seulement la pêche du coho mais aussi celle du sockeye. L'année dernière, certains pêcheurs ont pêché illégalement. Ils en avaient par-dessus la tête. Ils sont sortis et ils ont pris leurs boîtes bleues qui servent à conserver le poisson vivant. Ils sont allés sur la rivière et ils ont pêché et ont prouvé au ministre comment on pouvait procéder. Des accusations ont été portées contre eux à ce sujet. On pêche pendant la journée. On ne pêche pas à certaines périodes de l'année. On prend certaines précautions. On apprend aux mousses comment manipuler le poisson pour ne pas le tuer involontairement quand on le ramène dans les filets. Toutes sortes de mesures sont possibles.

Ce que nous voulons dire, c'est que nous prenons un engagement important, celui de collaborer avec plusieurs groupes avec lesquels nous ne l'avions encore jamais fait pour essayer de profiter des compétences des personnes qui connaissent parfaitement les règles du jeu afin de pouvoir établir une liste exhaustive des mesures que l'on peut prendre pour sauver le coho tout en continuant à capturer le poisson dont nous avons besoin pour vivre.

Le président: Wilf Caron.

M. Wilf Caron: Monsieur Easter, j'ai une réponse qui concerne directement la pêche sélective. En 1997, on a imposé aux pêcheurs à la traîne une limite sur les prises fortuites de coho. Nous avons renoncé à environ un tiers de notre total des prises admissibles de saumon chinook parce que le ministère n'a pas examiné honnêtement l'efficacité de notre régime de pêche et de l'usage sélectif des engins.

Au sein de notre flottille de pêche, nous avions établi un réseau bénévole dans le but d'éviter les concentrations de cohos. Cette mesure a été tellement efficace que l'année dernière, pour l'ensemble de la saison de pêche, nous avons pris moins de la moitié du nombre de cohos prévu dans les estimations du ministère sur la mortalité. C'est la preuve que nous sommes très sélectifs.

Je crois que grâce à l'utilisation de mesures telles que l'usage d'hameçons sans ardillon, nous avons remis à l'eau un plus grand nombre de poissons vivants. C'est un exemple de sélectivité.

Le président: Merci, John. Wilf.

M. Peter Stoffer: Monsieur le président, M. Stevens voudrait répondre au premier commentaire de M. Easter.

M. John Stevens: Oui, monsieur Easter. J'ai sous les yeux la preuve que ce que j'ai dit est exact. J'ai un exemplaire du hansard et je maintiens ce que j'ai dit. Les pêcheurs ont en réalité moins d'argent en poche à cause du plan Mifflin.

Ce plan nous a privés de la possibilité de pêcher tout le long de la côte. Maintenant, je suis confiné à une seule zone avec le seul permis que je détiens. Si je capture un peu plus de poisson dans une zone, cela ne compense pas celui que je perds parce que je ne peux pas pêcher tout le long de la côte. Pour pêcher tout le long de la côte, il faut acheter un autre permis, c'est-à-dire investir environ 100 000 $, ce qu'aucun d'entre nous n'a les moyens de faire, parce que nous sommes tous fauchés.

Je maintiens ce que j'ai dit.

M. Wayne Easter: Je ne tiens pas à me lancer dans une discussion à ce sujet, monsieur le président. J'ai parlé de ce que le ministre avait dit; j'ai signalé qu'il avait dit que la situation aurait pu être pire. Je ne tiens pas à ce que l'on me pousse à m'écarter du sujet.

• 1705

J'ai une autre question à poser. Elle s'adresse en fait à Christine Hunt, mais je tiens également à connaître les dates de la réunion en question, si vous pouvez nous les donner à un moment ou l'autre, John. Pourriez-vous les communiquer à mon bureau? D'après les renseignements qui ont été donnés à la réunion de la FAO, je suis étonné des résultats que l'usage sélectif des engins peut produire. Que l'on pêche en eaux profondes ou en eaux peu profondes, de jour ou de nuit, c'est une question importante et nous aimerions beaucoup obtenir ce renseignement.

Christine, vous avez parlé de renonciation à certains droits pour la conservation du coho. Ce que je voudrais savoir, c'est combien de Premières nations participeraient à ce genre de projet. Y a-t-il d'autres conditions?

Mme Christine Hunt: Pour autant que je sache, les dirigeants de la Aboriginal Peoples' Fisheries Commission ont assisté à une réunion des différents secteurs, sans représentants du MPO. Il s'agissait de pêcheurs qui pêchent pendant la montaison et ce sont eux qui ont dit qu'ils renonceraient à leur part pour cette année. En ce qui concerne les gens qui pêchent le long de la côte, je ne sais pas au juste comment on fera plus au nord de la Nass et de la Skeena mais je sais que vers le sud, à partir de mon village—le nord de l'île de Vancouver, le sud et le long du Fraser—les Autochtones sont disposés à renoncer à leur part des prises pour cette année.

J'ai une réponse à une question que vous avez posée au sujet du processus du MPO et de notre processus non gouvernemental. Je tiens à vous rappeler que certains d'entre nous continuent de se sentir profondément trahis et sont très blasés après la table ronde qui a eu lieu avant que le plan Mifflin ne soit mis en oeuvre. Ils ont participé à ces longues discussions préparatoires à l'élaboration du plan Mifflin et tout cela pour des prunes, parce qu'on n'a pas tenu compte du tout des recommandations des vrais pêcheurs.

Par conséquent, je dirais que dans notre groupe d'organisations non gouvernementales, nous avons l'intention de prendre nos précautions et de faire quelque chose pendant que le MPO traîne la jambe. Lorsque le ministère décidera de tenir la prochaine réunion, nous serons prêts à présenter le plan que nos pêcheurs, grâce à leur connaissance ancestrale de la côte, seront en mesure de proposer. Ce savoir ancestral est parfois nettement supérieur à toutes les connaissances que la science peut nous apporter.

Le président: Avant de passer la parole à M. Duncan, j'ai aperçu M. Stoffer faire des gestes il y a un certain temps. Je voudrais savoir s'il souhaite poser des questions ou s'il veut attendre la fin.

Je vous signale, mesdames et messieurs, que, comme vous le savez, M. Easter est le secrétaire parlementaire du ministre des Pêches et des Océans.

Monsieur Stoffer.

• 1710

M. Peter Stoffer: J'ai une toute petite question à poser à M. Russ Helberg. En ce qui concerne le maintien d'un programme d'aide, sous une forme ou une autre, je voudrais savoir combien de temps ce programme pourrait durer, d'après lui. Peut-il me dire combien d'argent cela représenterait, à son avis?

M. Russ Helberg: Nous pensons qu'il serait possible de réaliser le programme de transition en trois ans. Ce serait un délai serré, mais ce serait possible. Il ne sert à rien de le faire durer indéfiniment.

Par ailleurs, d'après nos estimations initiales, le coût total sera d'environ 400 millions de dollars.

M. Peter Stoffer: Bien. Merci.

Le président: Merci.

Monsieur Radosevic, avant que vous ne partiez, je voudrais des explications au sujet d'une des assertions que vous avez faites. Est-il bien exact que vous avez réduit volontairement vos prises de 50 000 cohos dans le cadre de la pêche commerciale? Le chiffre que vous avez cité à propos des interceptions—ce qui est, dans la plupart des cas, évidemment illégal d'après le droit international reconnu par les États-Unis—sont-elles effectivement huit fois plus élevées que les 50 000 poissons que vous avez évité de capturer? Autrement dit, se chiffrent-elles à 400 000? Est-ce bien ce que vous avez dit?

M. John Radosevic: C'est en réalité davantage que cela pour cette année. Au cours des dernières années, la moyenne a été de 800 000. Je crois que c'était un peu moins que cela cette année, environ 500 000.

Le président: Je donne la parole à M. Duncan.

M. John Duncan (île de Vancouver-Nord, Réf.): Je m'excuse d'avoir dû m'absenter pendant un certain temps. J'ai dû faire deux ou trois interviews et Newsworld n'attend pas.

Si je comprends bien, vous êtes là pour parler du plan de pêche et des préoccupations que vous avez au sujet du coho. Le seul aspect du problème qui reste encore un peu flou dans mon esprit est celui qui concerne la pêche sportive. Vous en avez peut-être parlé pendant que j'étais absent mais pouvez-vous me dire si ce secteur est d'accord avec vous en ce qui concerne le coho?

M. John Radosevic: Nous sommes précisément en train d'essayer de le savoir. Les représentants des pêcheurs sportifs ont participé aux réunions avec nous. C'est de toute évidence un sujet très délicat et on ne peut pas répondre à toutes ces questions pour l'instant. Tout ce que je peux vous dire, c'est que notre organisation envisage la possibilité d'une réduction des prises et des prises accidentelles, mais peut-être pas une pêche axée sur certaines espèces seulement.

Ce sont des choses dont il faut parler. Les participants forment un groupe très hétérogène qui s'efforce de trouver des solutions.

M. John Duncan: Je sais que vous êtes préoccupés par certains des signaux que vous envoie le ministre. Je me demande quel genre de signal il vous donne en ce qui concerne la pêche sportive.

M. John Radosevic: C'est une des questions qui nous préoccupent. Nous essayons de trouver une solution canadienne. Je viens de signaler que le secteur de la pêche sportive a fait trois fois plus de prises que le secteur de la pêche commerciale dans la zone sud l'année dernière.

Le président: Elles se chiffraient à 165 000.

M. John Radosevic: Oui, 165 000 par rapport à environ 50 000; ce sont les chiffres initiaux. Le MPO aura peut-être des chiffres différents mais ils devraient être relativement semblables.

Je tenais à signaler que ce n'est pas le plus gros problème. Le problème majeur, c'est le fait que, indépendamment de la pêche sportive, des filets et de tous les autres facteurs, l'habitat se détériore beaucoup.

Si vous voulez, je vous remettrai une copie des lettres que nous avons envoyées il y a plusieurs années pour faire savoir au ministère qu'il fallait examiner tel ou tel problème, qu'il fallait prendre des mesures, faire quelque chose. Maintenant, même si l'on reconstruit l'habitat, il faudra environ quatre ans avant de commencer à ressentir les effets des mesures qui seront prises. Si vous aviez pris ces mesures il y a quatre ans, quand nous avons commencé à les réclamer, l'habitat ne serait pas aussi dégradé qu'il ne l'est à l'heure actuelle.

Les principaux problèmes sont la pêche en Alaska et la détérioration de l'habitat; nous voulons bien entendu que l'on mette les gens à contribution pour restaurer l'habitat. Il est tout à fait normal que ce soient les personnes qui récoltent le poisson qui rétablissent également les remontes, et qu'elles participent à l'application de toute la solution et pas seulement d'une partie.

M. John Duncan: D'accord.

J'ai une deuxième question pour vous, monsieur Radosevic. Si l'échéance pour s'entendre sur une solution typiquement canadienne est fixée au 15 mai, cela nous donne-t-il le temps de conclure une entente sur des quotas provisoires? Comment pouvons-nous conclure une entente avec les États-Unis sur des quotas provisoires dans un tel délai?

M. John Radosevic: C'est une question très intéressante. Vous abordez toutes les questions qui me tiennent à coeur parce que c'est le genre de déclaration que nous faisions il y a environ un an. Je crois que le gouvernement a fait la sourde oreille à ce moment-là. À mon avis, il ne nous a pas donné une réponse appropriée au sujet des problèmes qui se posent à propos du traité.

Un processus a peut-être enfin été amorcé. Nous avons quelques mois de retard et par conséquent les délais sont très serrés.

• 1715

Pour répondre très brièvement, je dirais que je ne le sais pas. Par contre, si on ne fait pas cela, je doute personnellement que l'on arrive à trouver un moyen de sauver quelques remontes de cohos cette année. Si on ne le faisait pas, les conséquences seraient trop graves et nous devons par conséquent conclure les ententes provisoires en attendant les ententes à long terme, parce que je pense que personne n'est disposé à accepter toutes sortes de prétextes politiques fallacieux, par exemple. Si le poisson commence à disparaître, on désignera des coupables. Nous serons considérés comme les coupables, avec les Américains. Nous voulons éviter cela. Je ne pense pas que dans quatre ans, vous fassiez une tournée en Colombie-Britannique pour nous annoncer que le MPO a eu des problèmes en ce qui concerne notamment la gestion des stocks de coho et que c'est la catastrophe. Je tiens à régler le problème avant qu'il n'ait pris de telles proportions.

M. John Duncan: C'est là l'essentiel. Ce thème recouvre les trois enjeux que vous avez signalés aujourd'hui.

M. John Radosevic: Absolument.

M. John Duncan: Bien. C'est le message que vous avez à nous communiquer, je pense.

M. John Radosevic: C'est effectivement le message.

Le président: Je me demande si nous pourrions passer la parole à nos témoins qui se trouvent en Colombie-Britannique et leur demander s'ils souhaitent faire des commentaires sur une des questions ou des réponses.

M. Peter Stoffer: Nous avons près de nous M. Sutcliffe, qui peut citer certains chiffres concernant la question que vous avez posée, monsieur le président. Il a les chiffres sous les yeux et peut vous expliquer la situation.

M. John Sutcliffe: En fait, je n'ai que quelques chiffres sur les interceptions dans le sud-est de l'Alaska. John a raison, le MPO a fait une estimation provisoire, qui est d'un peu plus de 500 000 poissons; c'est la meilleure estimation que le ministère possède jusqu'à présent. Dans le Nord, où il pratiquait une pêche ciblée sur le coho, la pêche à la traîne, 160 000 cohos ont été capturés.

Il n'y avait aucune pêche ciblée dans les pêches au filet. En fait, dans les pêches organisées de façon à éviter les prises de coho, on en a capturé environ 20 000. Ces chiffres ont été arrondis.

Par conséquent, alors que l'on a pris environ 200 000 poissons dans le Nord par rapport à une capture d'environ 525 000 à même les stocks du nord de la Colombie-Britannique faite dans le sud-est de l'Alaska, normalement, nous devions pêcher entre 500 000 et 800 000 cohos et le nombre de prises devait être à peu près le même pour les pêcheurs américains; quoiqu'elles puissent être légèrement supérieures certaines années.

J'aurais encore un commentaire à faire sur le Nord, à propos d'une situation à laquelle on a déjà fait allusion aujourd'hui. Cette année, nous sommes confrontés à un énorme problème dans le Nord. Il n'est pas directement lié au coho mais plutôt au sockeye. Par contre, ce problème vient de ce que nous considérons comme les efforts maladroits que faisait le ministère pour régler le problème du steelhead. Il n'essayait pas de régler le problème du coho à ce moment-là, bien que nous lui ayons signalé alors qu'il devait s'agir à notre avis d'un problème de coho plutôt que d'un problème de steelhead. Nous avions raison. Les échappées de sockeyes étaient optimales tandis que celles de cohos posaient un problème. On a commencé à essayer de trouver une solution en ce qui concerne la Skeena.

Voici ce qui s'est passé. En fait, les interceptions de cohos dans le sud-est de l'Alaska nous empêcheront d'exploiter nos stocks abondants de sockeyes. Ils ne sont pas abondants cette année parce que nous n'avons pas pu faire de récolte il y a quatre ans, ce qui a causé une échappée trop élevée dans le bassin de la rivière Babine et déclenché une épizootie. Non seulement a-t-on perdu un million de poissons cette année-là, mais le stock s'est complètement effondré cette année-ci.

Par conséquent, les pêcheurs ont payé en 1994 et ils paient encore cette année puisqu'ils n'ont pas de poisson à capturer. Cela donne une petite idée de la complexité des problèmes de prises accidentelles. Cette situation met par ailleurs en évidence une des principales erreurs de gestion du MPO, qui a des conséquences réellement catastrophiques pour les pêches du Nord pour cette saison.

C'est donc lié au problème du coho mais ce n'est pas exclusivement un problème de coho. Voilà ce que je tenais à préciser. Vous en entendrez encore parler à propos des pêches du nord de la Colombie-Britannique C'est un véritable désastre.

Le président: Bien. Y a-t-il quelqu'un d'autre qui désire faire des commentaires, monsieur Stoffer?

M. Peter Stoffer: Oui, monsieur le président. Mae Burrows de la T. Buck Suzuki Foundation voudrait dire deux ou trois mots.

Mme Mae Burrows: Je voudrais répondre à la question sur la Colombie-Britannique et sur la participation du gouvernement fédéral à la protection de l'habitat du poisson. Cette année, le gouvernement de la Colombie-Britannique s'est attaqué au problème de la rivière Nechako. Il s'agit d'une de nos rivières très importantes, qui abrite du chinook, du sockeye et du coho. Le gouvernement provincial a pris une initiative très audacieuse en annulant la phase finale du projet de Kemano. Depuis plus d'un an, nous supplions le gouvernement fédéral d'assumer ses responsabilités et de participer aux discussions concernant la remise en état de la rivière Nechako, mais nous n'avons pas entendu parler de lui du tout.

• 1720

Comme je l'ai dit, c'était une initiative très audacieuse de la part de la province mais je vous implore une fois de plus de demander au gouvernement fédéral de commencer à participer à la remise en état de la rivière Nechako étant donné qu'une loi annulant ce projet a été mise en place par le gouvernement provincial. Ce serait bon pour le poisson si le gouvernement fédéral intervenait.

Le président: Monsieur Stoffer.

M. Peter Stoffer: C'est tout en ce qui nous concerne, monsieur le président.

Le président: Est-ce qu'un de vos témoins aurait un tout dernier commentaire à faire?

M. Peter Stoffer: Oui, M. Stevens voudrait dire quelques mots.

M. John Stevens: Tout ce que je voudrais dire aux autorités fédérales, c'est qu'en Colombie-Britannique, nous ne ménagerons pas nos efforts pour élaborer des plans de pêche qui nous donnent l'occasion de récolter du poisson. Écoutez au moins nos recommandations et faites usage de l'influence que vous pouvez avoir sur le ministre pour les faire accepter par le MPO. Merci.

Le président: Merci, monsieur Stoffer. Avez-vous un dernier mot à ajouter, monsieur Stoffer?

M. Peter Stoffer: Monsieur le président, il y a encore un témoin qui voudrait parler.

M. John Sutcliffe: Je voudrais faire un dernier petit commentaire.

Il ne s'agit pas de nier l'existence d'une crise du coho mais il y a une chose que l'on a omis de préciser, c'est que l'on ignore la nature et l'ampleur exacts de la crise. On les ignore parce que la science et la capacité du MPO d'évaluer les stocks et de contrôler les prises sont extrêmement limitées, surtout en ce qui concerne les stocks de coho.

Il existe des modèles. On peut faire des hypothèses sur la survie en mer. Il ne fait aucun doute que le nombre d'individus qui survivent en mer est peu élevé mais en ce qui concerne la répartition du poisson, les stocks proprement dits, les taux d'exploitation possibles, nous n'en savons rien. L'évaluation des stocks de coho et les connaissances scientifiques sur cette espèce sont moins précises qu'en ce qui concerne toutes les autres espèces de saumons. Ce n'est probablement pas une coïncidence si c'est l'espèce la plus en difficulté pour le moment.

M. Peter Stoffer: Il ne me reste plus qu'une question, monsieur le président. Le groupe de John Radosevic est-il toujours là?

Le président: Non, ils viennent de partir. Ils avaient un avion à prendre.

M. Peter Stoffer: Très bien.

Je tiens avant tout à remercier tous ceux et celles qui sont venus à Ottawa pour exposer leurs opinions au comité, ainsi que les témoins qui sont ici, en Colombie-Britannique. Ils ont dit des choses très intéressantes et ont très bien exprimé leurs opinions sur la crise qui touche actuellement cette région.

Je tiens également à vous remercier et à remercier M. Bill Farrell, monsieur le président, d'avoir organisé cette séance à la sauvette et d'avoir réuni tous les intervenants pour essayer de résoudre ce problème très grave. Merci infiniment et bien le bonjour de la côte Ouest.

Le président: Avant de terminer, nous tenons à remercier bien entendu M. John Stevens, vice-président de la United Fishermen and Allied Workers Union de Colombie-Britannique; M. John Sutcliffe, organisateur pour la United Fishermen and Allied Workers Union et Mme Mae Burrows, directrice de la T. Buck Suzuki Environmental Foundation. Vous avez tous fait des commentaires très utiles.

Enfin, nous voudrions demander au directeur de la Direction de la recherche sur les pêches du MPO, M. Mike Henderson, de nous dire quelques mots. Monsieur Henderson, avez-vous quelques observations à faire à propos de notre réunion ou d'autre chose?

M. Mike Henderson (directeur, Direction de la recherche sur les pêches, ministère des Pêches et des Océans): Merci, monsieur le président; merci, mesdames et messieurs. Je voudrais faire quelques observations mais je serai bref; je prendrai environ cinq minutes.

Nous possédons une trousse de documentation technique assez détaillée sur le coho de la Colombie-Britannique. Nous pouvons vous la fournir et nous sommes prêts à en discuter avec vous quand vous voudrez.

L'objet principal de mon intervention est de rappeler quelques-uns des faits qui ont été signalés et deux qui ne l'ont pas été, à propos des données techniques qui sont à l'origine des graves inquiétudes que nous avons au sujet du coho. Mes commentaires porteront sur trois sujets différents: premièrement, l'état ou la santé des stocks de coho de la Colombie-Britannique; deuxièmement, les enjeux liés à la mise en valeur et à l'habitat—nous venons d'ailleurs d'entendre plusieurs commentaires au sujet de l'habitat du coho; et enfin, je dirai quelques mots au sujet de ce que nous appelons l'équipe d'intervention régionale pour le coho. C'est une équipe qui élabore les diverses options qui se présentent au ministre pour les décisions à prendre pour 1998.

En ce qui concerne l'état des stocks, la situation est particulièrement préoccupante dans deux zones. L'une est le cours supérieur de la rivière Skeena, dans le nord de la Colombie-Britannique et l'autre se trouve sur la rivière Thompson, qui est un affluent du Fraser. Nous sommes confrontés à un problème de taille à la fois dans une région nord et dans une région sud. Dans ces deux régions, la surpêche est devenue un problème chronique. Ce n'est pas la surpêche qui provoque l'effondrement des stocks et ce n'est pas la surpêche proprement dite qui pose des problèmes de conservation mais il ne fait aucun doute que certains stocks ont été surexploités par rapport à leur capacité d'exploitation à long terme.

• 1725

On s'inquiète au sujet de l'habitat. On a enregistré certaines pertes d'habitats et une certaine dégradation de l'habitat en général. Le dilemme auquel nous sommes actuellement confrontés dans ces deux régions est ce que nous appelons «le déclin de la survie en mer». Je ne me lancerai pas dans des explications très élaborées mais je vais vous citer deux chiffres.

En moyenne, un dixième des jeunes cohos de la Colombie-Britannique qui descendent vers la mer remontent vers les lieux de frai. Par contre, en ce qui concerne la plupart des stocks de la province, dont ceux du Fraser et de la Skeena, un poisson sur 100 remonte de la mer. Cela veut dire que la survie en mer a diminué de dix fois.

Cela signifie par ailleurs que, même si rien d'autre ne change, en l'absence de tout changement concernant l'habitat et de toute autre circonstance atténuant le problème, il faut réduire considérablement la pêche si l'on veut conserver le stock, parce que pour l'instant, il n'est pas aussi productif qu'il devrait l'être, jusqu'à ce que les conditions en mer s'améliorent. Le nombre de poissons disponibles n'est pas aussi élevé que la moyenne.

Dans le nord de la Colombie-Britannique, outre le problème de l'environnement marin se pose également celui de la récolte de saumons coho en Alaska, qui a été signalé par plusieurs témoins aujourd'hui. Aucun doute n'est possible à ce sujet. De nombreux documents le prouvent et c'est un fait connu—aussi bien au Canada qu'aux États-Unis, aussi bien en Colombie-Britannique qu'en Alaska—qu'une grande partie des cohos capturés dans le sud-est de l'Alaska sont d'origine canadienne.

Vous pouvez imaginer le dilemme auquel nous sommes actuellement confrontés. Certains des stocks de coho de la partie supérieure de la Skeena sont très réduits. Ces stocks sont exploités principalement par les pêches alaskiennes et, par conséquent, notre capacité de les préserver et de les reconstituer est dans une certaine mesure tributaire de la collaboration des Alaskiens.

C'est tout ce que je voulais dire pour l'instant au sujet de l'état des stocks mais, comme je l'ai signalé, nous possédons des renseignements très détaillés à ce sujet. Je comprends les témoins qui pensent que le gouvernement ne fait pas assez, mais je vous assure que nous possédons énormément de renseignements sur le coho. Le dilemme auquel nous sommes actuellement confrontés en ce qui concerne certains stocks de coho en Colombie-Britannique ne fait absolument aucun doute. Comme je l'ai dit, je peux vous transmettre des renseignements à ce sujet si vous le désirez.

En ce qui concerne la mise en valeur et l'habitat, nos priorités pour le coho... Il existe quelques grandes installations de production de cohos, des frayères artificielles, qui ont donné d'excellents résultats, surtout dans le sud de la Colombie-Britannique. Par contre, pour essayer de sortir du dilemme actuel, nous voulons compter davantage sur le programme de mise en valeur des salmonidés, de façon à reconstituer ou à accélérer la reconstitution des stocks en déclin ou des stocks de coho dans les régions où nous voulons les conserver. Nous nous intéressons également beaucoup et participons activement à la restauration des habitats du coho qui ont été détruits pour une raison ou pour une autre.

Je tiens à souligner le fait—sans m'attarder sur le sujet—que, comme l'a déjà signalé un témoin, la plupart des stocks de coho viennent des petits cours d'eau. Il existe des milliers de stocks de coho en Colombie-Britannique qui représentent probablement environ 80 p. 100 de la production totale. Par contre, en ce qui concerne le sockeye, la même proportion de la production totale ne correspond qu'à une demi-douzaine de stocks.

Lorsque nous perdons ces petits cours d'eau, nous perdons une forte proportion de la production. Et c'est très dur... il se produit une série de réactions en chaîne en quelque sorte. La chose la plus importante, c'est qu'il faut être en mesure de contrôler les activités sur terre ainsi que la qualité de l'eau qui se déverse dans ces rivières. C'est en fait le seul moyen d'arriver à protéger la rivière. Il faut protéger toute la zone qui l'entoure.

Et c'est pour cette raison qu'une collaboration étroite avec la province est nécessaire. Nous avons fait dernièrement des progrès considérables, surtout grâce au protocole d'entente sur les problèmes concernant le saumon qui a été signé il y a un certain temps par le Canada et la Colombie-Britannique. Il traite en grande partie de l'habitat du saumon en Colombie-Britannique et nous collaborons activement avec la province dans le cadre d'activités telles que les levés cartographiques SIG et l'identification des principales aires de frai.

Mon dernier commentaire concerne l'équipe régionale d'intervention pour le coho. Elle réunit des scientifiques, des économistes et des spécialistes des communications et de bien d'autres secteurs du ministère. Elle rencontre littéralement des centaines d'intervenants comme des groupes d'intérêt et des représentants des Premières nations, de toute la province.

• 1730

L'objet de ces réunions est avant tout d'expliquer le plus clairement possible les connaissances techniques que nous possédons sur l'état de santé des stocks de coho en Colombie-Britannique et sur la nature du problème actuel. Comme je l'ai dit, nous avons des renseignements à communiquer. Ils se trouvent tous dans ces transparents.

Ensuite, nous voulons connaître les options possibles pour 1998, compte tenu de toutes ces préoccupations. M. Radosevic et d'autres témoins ont parlé de diverses formules qui permettraient, à leur avis, de préserver les stocks de coho et de poursuivre en l'occurrence certains types de pêche. C'est exactement le genre de recommandations et de renseignements que le ministère recevra. Cette équipe consultera, comme je l'ai dit, tous les intervenants de la Colombie-Britannique qui ont des opinions sur le coho et elle rédigera au début de mai un rapport qui sera présenté au ministre des Pêches et des Océans.

C'est tout, monsieur le président.

M. Peter Stoffer: Monsieur le président, nous avons ici deux personnes qui voudraient donner la réplique si possible.

Le président: C'est vous qui êtes le patron là-bas. Allez-y.

M. Peter Stoffer: Je donne d'abord la parole à Mae Burrows.

Mme Mae Burrows: J'ai deux questions à poser à Mike Henderson: je l'ai rencontré et par conséquent, je le connais. J'ai d'ailleurs travaillé avec lui. Mike, il y a deux questions sur lesquelles j'aimerais beaucoup que vous fassiez des commentaires.

Nous sommes tous conscients—vous, nous, et tous les membres du comité—du fait que nous ne savons pas grand-chose au sujet de l'habitat du coho. Il n'a pas été répertorié soigneusement. Il est nécessaire de le protéger. Il est nécessaire de protéger la qualité de l'eau. Il est nécessaire d'améliorer l'habitat et de le restaurer. Par contre, sur la liste des mesures à prendre pour protéger le coho, il faudrait inscrire les projets de levés cartographiques et de recensement de ces rivières. C'est une des recommandations qui ont été faites dans le cadre du développement des pêches communautaires sur lesquelles vous avez beaucoup insisté dans le contexte de la transition économique. Le jour suivant, la crise du coho a été officiellement reconnue et on a annoncé qu'il n'y aurait pas d'argent pour le programme de levés cartographiques et de recensement touchant en particulier les rivières à cohos. Cela semble très contradictoire. Un problème se pose à ce niveau.

Par conséquent, vous pourriez peut-être faire des commentaires sur l'utilité des programmes de levés cartographiques et nous dire ce que nous pouvons faire pour arriver à inciter le gouvernement fédéral à avoir la volonté politique d'encourager et de développer ce genre de travail de recensement, surtout que d'après les renseignements que nous avons, la direction du ministère des Pêches et des Océans n'appuie pas ce projet de levés cartographiques et a peut-être même dit à DRHC qu'il ne fallait pas l'appuyer. Comment pouvons-nous obtenir de l'appui pour ce genre de recensement? Que pensez-vous de l'idée de former les pêcheurs pour accomplir ce genre de travail? Dites-nous comment protéger le coho de manière beaucoup plus préventive grâce à ce travail de recensement.

M. Mike Henderson: Monsieur le président, un travail important sur l'étude de la répartition du coho par levés cartographiques a déjà été effectué, mais j'admets qu'il n'est pas terminé. Je reconnais que le projet auquel madame fait allusion n'était pas subventionné.

Je tiens toutefois à attirer votre attention sur le fait que nous collaborons actuellement avec la province dans le contexte du protocole d'entente Canada-Colombie-Britannique sur le saumon, que vous connaissez bien et qui porte précisément là-dessus. En fait, les deux gouvernements, c'est-à-dire celui de la province de la Colombie-Britannique et le gouvernement du Canada, par l'intermédiaire du ministère des Pêches et des Océans, investissent des sommes d'argent assez importantes dans la centralisation des données de la province et du gouvernement fédéral, dans le but de faire précisément ce qui vous intéresse, à savoir établir notamment des cartes.

Nous connaissons l'emplacement très précis de milliers de stocks de coho en Colombie-Britannique. Cependant, je reconnais qu'une grande partie de ces renseignements ne se trouvent pas sous une forme facile à utiliser pour la plupart des personnes qu'ils intéressent. C'est une des raisons pour lesquelles la province et le gouvernement fédéral ont pris cette décision.

M. Peter Stoffer: Monsieur le président, M. Sutcliffe voudrais dire quelques mots également.

M. John Sutcliffe: J'ai un commentaire à faire, Mike. Vous avez parlé du problème du coho du cours supérieur de la Skeena, qui est bien connu. Vous avez dit qu'il était bien connu en Alaska également. Pourtant, d'après ce que l'on trouve sur Internet et ce que l'on dit ailleurs, l'Alaska affirme ne jamais avoir reçu les renseignements techniques qui lui auraient permis d'être au courant du problème du coho de la Skeena. Pourquoi les Alaskiens n'ont-ils jamais reçu le rapport Holtby? Quel est le problème?

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Ce que l'on nous reproche très souvent, c'est que nos préoccupations ne reposent sur aucune donnée technique. Je ne dis pas que les Alaskiens ont raison, mais il y a un problème à régler. Il n'est certainement pas vrai que le problème est bien connu ou reconnu en Alaska pour le moment.

Le président: Je me demande si vous pourriez terminer, monsieur Henderson. Ensuite, nous donnerons la parole aux témoins pour le mot de la fin, lorsque John Duncan aura fait une déclaration.

M. Mike Henderson: Je peux répondre à la dernière question en 20 ou 30 secondes.

Je vous assure que les spécialistes en Alaska sont au courant du problème qui touche le coho du cours supérieur de la Skeena. Ils sont bel et bien en possession des rapports d'évaluation des stocks qui ont été établis et examinés publiquement par Blair Holtby et d'autres personnes. Je ne peux pas vraiment répondre en ce qui concerne les personnes auxquelles vous faites allusion, parce que je ne les connais pas. Je vous assure toutefois que les spécialistes de l'État de l'Alaska sont parfaitement au courant de l'état des stocks de coho de la rivière Skeena.

Le président: Peter, je me demande si vous avez d'autres témoins qui désirent faire une dernière déclaration.

Je vous donne d'abord la parole, monsieur Duncan.

M. John Duncan: Il semble évident que depuis des années, et nous en avons encore entendu parler au cours de notre tournée sur la côte Ouest, que les personnes qui réussissent à produire beaucoup de poissons, c'est-à-dire certains agents du programme de mise en valeur des salmonidés, ont vu fondre leur budget au fil des ans. Ce sont ces personnes-là—pour la plupart des bénévoles—qui pourraient éventuellement faire beaucoup pour le saumon. On n'envisage pourtant pas de faire appel à eux, ce que je ne comprends pas.

Au cours de notre tournée sur la côte Ouest, on nous a notamment signalé qu'avant l'Expo 86, un effort concerté avait été fait pour avoir beaucoup de cohos à pêcher pour l'occasion, surtout pour les pêcheurs à la ligne, et on a réussi. Je sais que les conditions atmosphériques entre autres ont changé mais cela prouve qu'il est possible d'atteindre un but lorsqu'on y investit les efforts nécessaires.

Je vais vous parler plus particulièrement du Robertson Creek car c'est un cas typique de problèmes causés par El Nino. Nous avons affaire à cet endroit à une macroprédation qui détruira probablement toute montaison importante. Tous les habitants de la côte Ouest savent que la remonte de Robertson Creek est très importante. Le ministère a seulement promis d'étudier le problème au lieu de prendre des mesures énergiques pour essayer de le régler. Je voudrais que vous me disiez pourquoi l'on ne décide pas d'essayer de faire de la prévention contre la prédation. Il existe une solution technique à ce problème; elle pourrait toutefois s'avérer assez coûteuse.

Le président: Je crois que M. Duncan a déjà demandé que le ministre vienne témoigner dès notre retour de congé. Je m'en remets à mes collègues.

Monsieur Duncan, ne voyez-vous aucun inconvénient...

M. John Duncan: Dans ce cas, considérez cela comme une déclaration.

Le président: ... à attendre que le ministre vienne témoigner? M. Duncan, M. Stoffer et M. Bernier l'ont demandé. Tout le monde veut que le ministre vienne témoigner pour nous parler de certains des problèmes très importants qui ont été signalés aujourd'hui.

Qu'étiez-vous sur le point de dire, monsieur Easter?

M. Wayne Easter: Je crois qu'il est injuste d'obliger M. Henderson à parler de politique générale. C'est parfait en ce qui concerne les questions techniques mais, pour ce qui est de la politique générale, elle relève du ministre.

Le président: Nous donnons à nouveau la parole à M. Stoffer pour les toutes dernières remarques, ainsi qu'aux témoins qui sont près de lui et qui voudraient parler.

M. Peter Stoffer: Mae Burrows voudrait faire une toute dernière déclaration, monsieur.

Mme Mae Burrows: Je voudrais demander à Mike Henderson s'il estime qu'il existe des obstacles d'ordre technique qui expliquent le fait qu'à la grande consternation de la population, le ministère des Pêches et des Océans omet d'appliquer la Loi sur les pêches. Est-ce une question d'ordre technique ou une question de principe? Existe-t-il un obstacle d'ordre technique, monsieur Henderson?

Le président: Je n'ai pas tout à fait compris la question. Qu'entendez-vous par obstacle d'ordre technique, madame Burrows?

• 1740

Mme Mae Burrows: Je serai plus directe, car il se fait tard. Existe-t-il des motifs d'ordre technique pour que la Loi sur les pêches ne soit pas appliquée plus souvent qu'elle ne l'est en Colombie-Britannique, pour que l'on ne porte pas davantage d'accusations et qu'on ne traduise pas plus souvent les coupables devant les tribunaux, ou bien est-ce une question de principe? Existe-t-il des obstacles d'ordre technique à l'application des lois et règlements?

Le président: Je regrette, madame Burrows, mais nous allons devoir demander au secrétaire parlementaire, monsieur Easter, de répondre.

Allez-y, monsieur Easter.

M. Wayne Easter: Je ne suis pas en mesure de répondre à cette question. Tout ce que je peux dire, c'est que je suis tout à fait convaincu que le MPO intente des poursuites contre ceux qui commettent des infractions entraînant la destruction de l'habitat.

Je tiens à signaler cependant que nous nous écartons de la procédure parlementaire normale quand des témoins se mettent à poser des questions à d'autres témoins; c'est une situation extraordinaire.

Le président: Madame Burrows, nous inviterons le ministre à comparaître pour répondre aux questions que vous et d'autres témoins ont posées aujourd'hui. Je crois que nous en ferons la demande immédiatement après notre retour de congé, dans deux semaines. Ce sera la première chose que nous ferons.

Je me demande si M. Sutcliffe ou Mme Burrows ont d'autres commentaires à faire. Sinon, il faudra terminer.

M. John Sutcliffe: Je n'ai rien d'autre à dire, si ce n'est que je tiens à remercier le comité de m'avoir donné l'occasion de venir témoigner.

M. Peter Stoffer: Étant originaire de la côte Est, je tiens à ajouter que nous savons maintenant, voire depuis longtemps, qu'il existe un point commun entre la côte Est et la côte Ouest, à savoir que c'est en fin de compte le gouvernement fédéral qui est et a toujours été responsable de la gestion des stocks de poissons, par l'intermédiaire du MPO. Comme nous avons pu le constater aujourd'hui et au cours de certaines réunions antérieures, sa performance dans ce domaine a été lamentable et cela nous coûte des millions d'emplois et des milliards de dollars de frais de réparation.

J'encourage tous les fonctionnaires du MPO à écouter la radio FM aujourd'hui—je suis certain que le ministre n'est pas bien loin—et je conseille au secrétaire parlementaire de prendre cette audience très au sérieux et de comprendre que sur les deux côtes, on est aux prises avec une crise. Les témoins qui ont pris la parole aujourd'hui ont sacrifié beaucoup de temps et dépensé beaucoup d'argent pour venir exprimer leurs préoccupations profondes, et j'espère que leur effort n'aura pas été vain.

Merci.

Le président: Merci, monsieur Stoffer, qui êtes en Colombie-Britannique, et merci à vous, mesdames et messieurs les témoins.

La séance est levée. Vous recevrez vos avis de convocation dans deux semaines.