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AGRI Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON AGRICULTURE AND AGRI-FOOD

COMITÉ PERMANENT DE L'AGRICULTURE ET DE L'AGROALIMENTAIRE

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le jeudi 4 octobre 2001

• 0904

[Traduction]

Le président (M. Charles Hubbard (Miramichi, Lib.)): Bonjour. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, notre comité participe à une séance d'information avec le Conseil canadien des cervidés.

Nous accueillons ce matin M. Dennis Schmidt et M. Serge Buy qui sont ici à Ottawa cette semaine dans le cadre des réunions de leur conseil.

• 0905

Nous nous excusons d'avoir répondu si tard à votre demande, mais notre comité ne s'est constitué que cette semaine. Nous tenions à vous rencontrer. D'ailleurs, par suite de l'invitation que vous nous avez lancée cette semaine, bien des gens sont allés voir votre kiosque. Des membres du comité, comme Carol, s'intéressent à la question depuis déjà un certain temps.

Chaque témoin dispose d'une dizaine de minutes pour ses remarques liminaires; il y aura ensuite une période de questions.

Soyez les bienvenus. Qui voudrait commencer?

M. Serge Buy (directeur général, Conseil canadien des cervidés): Merci beaucoup, monsieur le président.

Le Conseil canadien des cervidés est une organisation représentant les éleveurs de wapitis et de cerfs de tout le Canada, du Yukon aux Maritimes.

Nous remercions les députés qui se sont joints à nous lors de la réception qui s'est tenue mardi soir sur la colline du Parlement. Nous vous en savons gré. Cela témoigne de l'appui qu'accordent les députés à l'industrie agricole.

Notre secteur a participé à la diversification...

Le président: Serge, je vous rappelle que nous travaillons dans les deux langues officielles. Lorsque la greffière m'a indiqué comment prononcer votre nom, j'ai compris que votre langue maternelle était le français. Marcel est du Québec. N'hésitez pas à parler dans l'une ou l'autre des langues officielles.

M. Serge Buy: Merci, monsieur le président.

Notre secteur a participé à l'effort de diversification de l'agriculture au Canada. Nous existons au pays depuis plus de 20 ans. Nous avons relevé des défis dans le passé et nous savons que nous devrons en relever d'autres à l'avenir. Mais comme l'a dit le ministre Vanclief mardi soir, même si notre secteur connaît des difficultés, son avenir est brillant, et c'est ce qui nous motive.

[Français]

La première phase de développement de l'industrie est maintenant dépassée. Nous avons commencé d'abord à avoir de plus en plus d'animaux, à augmenter le nombre d'animaux dans nos industries pour pouvoir répondre à la demande pour le bois de velours, qui venait de l'Asie spécifiquement, et pour obtenir une masse critique qui est nécessaire pour atteindre les marchés de la viande que nous avons obtenus plus récemment.

Mous faisons maintenant du développement des produits de la viande. Nous faisons aussi du développement pour le bois de velours. Nous faisons la transformation de produits de bois de velours pour les marchés internationaux.

[Traduction]

Nous tentons actuellement de pénétrer le marché nord-américain.

Je vous présente M. Dennis Schmidt qui vous décrira un peu les antécédents de notre secteur. M. Schmidt est notre président sortant. Il a aussi été président de l'Association des éleveurs de cerfs et de wapitis de l'Ontario; il a aussi siégé au conseil d'administration de l'Association des éleveurs de wapitis de l'Amérique du Nord et à bien d'autres conseils de notre secteur.

M. Dennis Schmidt (président sortant, Conseil canadien des cervidés): Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, j'aimerais vous faire un bref historique du secteur de l'élevage des cervidés. Bien des gens croient que c'est un secteur tout nouveau, et, au Canada, c'est le cas. Ce n'est que ces 25 dernières années qu'il a pris de l'essor. À l'échelle mondiale, toutefois, on élève des cervidés depuis 2 000 ans; c'est donc un secteur très bien établi.

Le secteur des cervidés au Canada représente environ 2 500 fermes. Il y a environ 65 000 wapitis surtout dans les provinces de l'Ouest. Dans l'Est, on élève surtout des cerfs rouges et des daims. On trouve le cerf de Virginie un peu partout au pays; ils sont au total environ 110 000 à l'heure actuelle. La valeur approximative de tout ce gibier est de 400 millions de dollars.

Les fermes où on élève des cerfs rouges et des wapitis produisent surtout du bois de velours. Le cerf rouge produit aussi de la viande, tout comme le daim. Les cerfs de Virginie, eux, ne sont encore pour l'instant que des reproducteurs.

Au cas où vous l'ignoriez, un bois de velours est celui que nous récoltons à une étape particulière de la croissance des bois, lesquels sont récoltés en entier. Le bois de velours est utilisé en Orient depuis plus de 2 000 ans à des fins médicinales. En Amérique du Nord, on s'en sert surtout dans les cas d'arthrite et d'ostéoporose.

• 0910

C'est un marché très lucratif pour notre secteur. C'est un bon choix comme bétail de remplacement, car ces animaux sont indigènes au Canada et ne nécessitent pas d'abris supplémentaires. Ils sont bien adaptés au climat. Il était donc devenu très rentable d'élever des wapitis dans le passé. Comme d'autres secteurs, nous connaissons des hauts et des bas, mais dans l'ensemble, l'avenir s'annonce bien.

Récemment, nous avons eu des problèmes avec la maladie débilitante chronique des cervidés, qu'on trouve en Saskatchewan à l'heure actuelle. Le principal problème, c'est que cette maladie fait partie de la même famille d'encéphalopathie spongiforme transmissible que l'encéphalopathie spongieuse des bovins et la tremblante du mouton; elle a donc souvent fait les manchettes, ce qui a nui à notre secteur.

La maladie débilitante chronique des cervidés a été décelée pour la première fois chez des cerfs-mulets dans un centre de recherche du Colorado. Malheureusement, on a remis ces animaux en liberté à la fin de l'étude et on en a même donné à des élevages de gibier. D'autres se sont retrouvés dans des zoos, dont le zoo de Toronto, où on a dû les abattre. La maladie est apparue pour la première fois au Canada en 1996 lorsqu'on a trouvé un animal infecté en Saskatchewan. En 1998, un autre cas a été signalé.

À ce moment-là, notre conseil a communiqué avec l'ACIA pour lui demander de créer un programme d'éradication et pour faire de cette maladie une maladie à déclaration obligatoire afin qu'elle soit éliminée du Canada. Grâce aux programmes de notre secteur, nous avons pu retracer les origines de cette maladie aux États-Unis et déterminer qu'il se pouvait que ce soit un seul animal importé au Canada à la fin des années 80 qui ait été à la source de la contamination au Canada. Nous nous sommes alors dit qu'en agissant sans tarder, il était possible d'éradiquer la maladie complètement du troupeau.

En l'an 2000, peu de temps après nos rencontres de consultation avec l'ACIA, un troisième cas a été signalé; c'est à ce moment que nous avons amorcé l'abattage intégral des troupeaux contaminés. Jusqu'à présent, nous avons abattu 6 700 bêtes, dont seulement 150 étaient contaminées. Nous faisons le suivi du retraçage en aval, et l'ACIA est d'avis que nous maîtrisons la situation. Avec un peu de chance, la situation devrait être réglée d'ici la fin de l'année, à moins que de nouveaux cas ne soient signalés.

Ce qui nous a beaucoup aidés, c'est notre réseau de traçabilité dans le cadre duquel tous les animaux qui sont déplacés doivent l'être conformément à un permis de transport de l'ACIA. Lorsque les premiers cas se sont déclarés, nous avons pu retracer tous les endroits, toutes les fermes à gibier, où chaque animal avait été. Cela nous permet d'éradiquer la maladie très efficacement.

Par ailleurs, notre secteur a mis en place le marquage des bois de cervidés. À partir d'un simple morceau de bois, à n'importe quelle étape de la transformation, nous pouvons retracer l'animal dont il provient. À cet égard, nous avons des longueurs d'avance par rapport aux États-Unis. Dans le secteur américain, il n'y a pas de traçabilité; ils tentent de se doter d'un réseau tant bien que mal. Nous espérons donc régler la situation d'ici la fin de l'année et avoir alors les troupeaux les plus sains de l'Amérique du Nord.

J'aimerais maintenant aborder rapidement l'avenir de la venaison dans notre secteur. Avec l'augmentation de la demande en Europe, les perspectives sont très prometteuses, comme elles le sont aux États-Unis, en dépit d'un léger ralentissement dans les produits de viande fraîche en raison des événements que nous connaissons. Notre principal problème est l'absence de chaînes de distribution au Canada; nous tentons actuellement de régler ce problème et de trouver des abattoirs qui peuvent recevoir du gibier. Il y a très peu d'abattoirs conformes aux normes européennes et pouvant traiter du gibier qui sera expédié sur les marchés européens. Nous nous penchons aussi sur cette question afin d'améliorer les perspectives pour la venaison.

Le marché des bois de velours a été très bon pour notre industrie. Malheureusement, la Corée a interdit provisoirement l'importation du produit canadien jusqu'à ce que nous ayons réglé le problème de la MDC. Il s'agit d'un dossier où nous aurions besoin d'aide étant donné que la Corée refuse jusqu'à maintenant de rencontrer l'ACIA et de négocier l'ouverture de son marché. Nous avons pris une foule de mesures et nous aimerions qu'ils nous rencontrent et qu'ils nous expliquent à tout le moins ce qu'il nous faudrait faire pour obtenir la réouverture du marché.

Nos relations avec l'Agence canadienne d'inspection des aliments sont vraiment excellentes. Nous n'avons que des louanges à faire à ses fonctionnaires. Ils ont mis un peu de temps à agir pour enrayer la maladie, mais depuis nous travaillons en très étroite collaboration avec eux. L'industrie a beaucoup participé à l'élaboration d'un plan d'action, et je ne saurais trop insister sur le travail que l'ACIA a fait de concert avec l'industrie.

• 0915

L'autre dossier qui préoccupe notre industrie, en ce qui concerne Agriculture Canada, c'est le programme de protection du revenu agricole. Nous ne demandons pas de nouvelles mesures d'aide financière, si l'on veut, pour nous aider à traverser cette période difficile, mais nous aimerions que nos demandes au titre du programme soient examinées plus judicieusement. Nous comptons actuellement beaucoup de nouveaux producteurs, et il est très difficile pour les nouveaux venus de devenir admissibles au programme et de satisfaire à ses exigences. Le problème ne touche pas que notre secteur, mais bien tous les types d'entreprises agricoles. Dans notre secteur, la majeure partie des producteurs en sont au stade où ils bâtissent leur entreprise, ou ils établissent leurs troupeaux, si bien qu'ils n'ont pas la feuille de route de cinq ans qu'il faut remplir pour être admissibles au programme.

Je crois savoir qu'on est en train de revoir le programme pour y apporter des modifications, mais nous vous serions reconnaissants de tout ce que vous pourriez faire pour nous aider à cet égard car les efforts à ce chapitre profiteront, non pas seulement à notre secteur, mais à toutes les entreprises agricoles.

Je m'arrête là pour redonner la parole à Serge.

M. Serge Buy: Comme l'a indiqué M. Schmidt, la réouverture du marché coréen est certainement une de nos grandes préoccupations à l'heure actuelle, et c'est un dossier où nos députés pourraient certainement nous donner un coup de main, en faisant appel à leurs homologues coréens, à supposer qu'ils aient des contacts avec eux, ou encore au ministre du Commerce international, M. Pettigrew, pour en arriver à un effort concerté en vue de négocier la réouverture de ce marché.

Pour ce qui est de faire connaître les produits des cervidés, d'élaborer des propositions pour améliorer les débouchés et de mettre au point des produits publicitaires, notre industrie essaie justement de voir ce qui pourrait être fait à cet égard, et nous demanderons l'aide d'Agriculture Canada pour l'élaboration de documents. Nous demandons également un rajustement des programmes existants, comme le programme de protection du revenu agricole dont Dennis a parlé, afin qu'ils servent mieux notre industrie.

Nous croyons savoir que votre comité va se rendre dans les différentes régions du Canada. Nous vous invitons, quand vous serez dans l'Ouest, à visiter un élevage et l'usine de transformation que nous avons choisie. Ce serait formidable que vous puissiez prendre le temps de faire cette visite puisque vous seriez vraiment à même de comprendre la nature de notre activité.

Merci, monsieur le président.

Le président: Merci, Serge.

Carol sera la première à vous poser des questions.

Mme Carol Skelton (Saskatoon—Rosetown—Biggar, Alliance canadienne): Merci, monsieur le président.

Merci, Serge et Dennis, de votre présence ici ce matin.

J'ai une question à vous poser. À la réception l'autre soir, le ministre de l'Agriculture avait indiqué que vous obtiendriez des fonds dans deux ou trois jours. Avez-vous effectivement reçu des fonds du gouvernement canadien, et pouvez-vous nous parler de cela?

M. Serge Buy: Nous croyons savoir que nous avons effectivement reçu des fonds. Nous avions demandé une aide financière pour envoyer une délégation commerciale en Corée. Nous voulions aussi des fonds pour l'élaboration de brochures destinées à la Corée, y compris pour la traduction de documents en coréen, et pour la création d'un site Web sur les questions sanitaires.

On nous a refusé les fonds que nous avions demandés pour la création du site Web, mais on nous en a accordé pour les brochures et pour la mission en Corée et en Nouvelle-Zélande. Il semble qu'on ait aussi approuvé la production d'une vidéo sur l'élevage des wapitis qui avait été proposée par une autre association d'éleveurs de cervidés.

Mme Carol Skelton: Très bien. Merci beaucoup. Je suis très heureuse d'apprendre qu'il a tenu promesse. Comme il n'y a pas eu d'annonce hier, je n'en avais pas entendu parler.

J'ai une autre question. Le ministre Pettigrew était à la réception l'autre soir. Avez-vous eu une rencontre officielle avec le ministre pour discuter de la question commerciale?

M. Serge Buy: Non. Pour l'instant, nous travaillons principalement par l'entremise de l'ACIA, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, et de ses délégués commerciaux. Nous savons bien que l'ACIA est une agence scientifique sous l'égide d'Agriculture Canada. Elle s'occupe des questions liées à l'inspection et à l'état sanitaire de nos produits tant à l'importation qu'à l'exportation.

Nous sommes toutefois rendus au stade où nous pouvons certainement traiter avec le ministère du Commerce international, et nous étions très heureux de voir M. Pettigrew à la réception. Il s'est engagé à rencontrer son homologue coréen dans les deux semaines pour lui en parler. Il a d'ailleurs dit qu'il se rendrait là-bas non pas une fois, mais deux fois. Il nous a demandé de lui présenter des arguments pour qu'il puisse les soumettre à son homologue coréen, et nous allons certainement donner suite à sa requête dans les jours à venir.

• 0920

Notre principale préoccupation est de ramener la Corée à la table. L'ACIA a rencontré les Coréens au mois de mai, et ils ont tout simplement opposé une fin de non-recevoir à l'idée de poursuivre les discussions ou encore même d'établir un échéancier.

Il nous semble que cela n'est vraiment pas acceptable, et nous voulons nous assurer que les Coréens reviennent à la table et qu'ils négocient vraiment avec notre gouvernement pour en arriver à un plan d'action qui permettrait à nos producteurs de prendre toutes les mesures qui seront exigées d'eux.

M. Dennis Schmidt: Si vous le permettez, j'ajouterais simplement que l'offre intérieure en Corée est très considérable. D'après ce que nous en savons, ses producteurs exercent beaucoup de pression pour qu'on ne rouvre pas le marché coréen, l'occasion étant trop belle pour ne pas la saisir.

Mme Carol Skelton: Cela aura aussi pour effet de faire baisser les prix, bien entendu.

M. Dennis Schmidt: Oui.

Mme Carol Skelton: Ayant moi-même un troupeau qui n'a pas été infecté par la MDC, je sais que l'Agence canadienne d'inspection des aliments, une fois qu'elle a eu augmenté son effectif et tout le reste, a agi très rapidement. Pensez-vous que si elle s'était simplement concentrée sur le retraçage et qu'elle avait attendu pour abattre les animaux que le processus aurait été accéléré? Il semble que, dès qu'on établissait un lien avec un élevage, on s'empressait d'abattre tous les animaux du troupeau, puis...

M. Dennis Schmidt: Le problème tient au fait qu'il fallait d'abord faire les examens pour savoir jusqu'où il fallait ensuite remonter. Le plus malheureux dans toute cette affaire, c'est que l'effectif était de beaucoup inférieur à ce qu'il aurait dû être et qu'on n'a pas pu agir de façon rapide, si bien que le processus a traîné en longueur. Nous sommes en mesure de retracer les animaux, mais il faut savoir lesquels ont été infectés pour pouvoir ensuite remonter à l'élevage suivant et poursuivre le retraçage. C'est en fait au laboratoire qu'on ne suffisait pas à la tâche, et on n'avait pas non plus suffisamment d'agents sur le terrain pour pouvoir abattre rapidement les animaux.

Tout cela a retardé le processus, mais je crois savoir qu'on a recruté de nouveaux employés depuis et qu'on a agrandi le laboratoire, si bien que le travail est en bonne voie. On nous a donné l'assurance que tous les échantillons auront été examinés d'ici à la fin de l'année. Parce que nous en sommes maintenant à la deuxième étape du retraçage, il n'y a pas eu... Quel est le terme qu'on utilise pour dire que tous les animaux étaient au stade subclinique? Nous sommes d'avis que nous avons maintenant retracé tous les animaux. Il y en aura peut-être encore quelques-uns qui n'auront pas été repérés au deuxième palier, mais nous espérons bien que non. Plus nous pourrons obtenir les résultats rapidement, plus nous pourrons agir rapidement pour clore ce dossier.

Mme Carol Skelton: Que je sache, l'industrie des cervidés est l'une des plus réglementées au Canada pour ce qui est de l'état sanitaire des animaux.

M. Dennis Schmidt: En effet.

Mme Carol Skelton: C'est quelque chose que j'ai été à même de constater depuis que nous avons commencé à nous intéresser à cette industrie. Quels autres moyens l'Agence canadienne d'inspection des aliments pourrait-elle mettre en oeuvre pour continuer à garantir aux consommateurs la qualité du produit que nous leur offrons? Y a-t-il d'autres moyens qui pourraient être mis en oeuvre?

M. Dennis Schmidt: Tous les tests qui ont été effectués jusqu'à maintenant, sur les bois, sur la viande, etc., montrent que la maladie ne traverse pas la barrière des espèces, pour ainsi dire. Nous aimerions toutefois, en tant qu'industrie, qu'il y ait davantage de tests pour que le degré de confiance soit encore plus élevé.

Comme vous le dites, les tests effectués au Canada et aux États-Unis jusqu'à maintenant montrent tous que la maladie est encore moins susceptible que la tremblante du mouton de traverser la frontière des espèces, mais nous aimerions que d'autres tests soient effectués pour convaincre la communauté internationale que la maladie se limite aux cervidés. Nous estimons qu'il serait important d'avoir cette assurance, surtout pour ce qui est des bois de velours. À notre avis, il n'y a pas suffisamment de tests qui ont été effectués sur les bois pour qu'il n'y ait plus aucun doute possible à cet égard.

Le président: Il ne vous reste qu'une minute. Voulez-vous que nous passions à quelqu'un d'autre? Il vaut peut-être mieux que je revienne à vous plus tard?

Mme Carol Skelton: Vous pouvez donner la parole à quelqu'un d'autre.

Le président: Marcel.

[Français]

M. Marcel Gagnon (Champlain, BQ): Merci, monsieur le président.

Il est fort intéressant de voir que vous avez déjà l'expérience de l'élevage du wapiti. Ce type de cervidé est en progression, et l'expérience est bonne. Vous dites qu'on a déjà 2 500 éleveurs, surtout dans l'Ouest, si j'ai bien compris. Est-ce qu'il y a aussi des éleveurs dans l'Est du pays, c'est-à-dire au Québec?

M. Serge Buy: En fait, il y a 2 500 éleveurs au Canada. Je dirais qu'au Québec, il y a environ 300 à 400 éleveurs de cerfs rouges, en grande majorité des cerfs de Virginie, des wapitis et des daims, ce qu'on appelle fallow deer en anglais. On a un grand nombre de membres en Ontario. On en a même dans les Maritimes. On en a au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse et on a un membre à l'Île-du-Prince-Édouard. Nous sommes à peu près partout au Canada, comme je l'ai dit, du Yukon à la Nouvelle-Écosse. Au Québec, nous avons entre 300 et 400 membres.

• 0925

M. Marcel Gagnon: C'est donc un animal qui s'adapte très bien à nos conditions, et vous voyez des possibilités d'expansion partout au pays. Vous avez mentionné les possibilités ou les difficultés que vous avez à exporter vers la Corée, entre autres. M. Schmidt a mentionné qu'il y avait quand même de très bons débouchés ici, à l'intérieur. Est-ce que ces débouchés intérieurs offrent à l'industrie de nouvelles possibilités d'expansion?

M. Serge Buy: J'aimerais prendre quelques secondes pour vous donner un exemple de l'industrie des cervidés. La Nouvelle-Zélande est certainement le meilleur exemple. La Nouvelle-Zélande, qui a commencé l'élevage dans les années 1950 avec quelques animaux pris dans la nature et amenés sur des fermes, en est maintenant à 2,2 millions de cervidés en ferme. C'est le troisième élevage d'exportation de ce pays. La Nouvelle-Zélande exporte des agneaux ou du mouton, du boeuf et du cerf. C'est sa troisième exportation au niveau des animaux pour la viande et pour les produits tel que le bois de velours.

Au Canada, pour les marchés intérieurs, il y a une possibilité de croissance, qui reste à faire, évidemment. Il y a certaines recherches dans les chaînes de distribution qui doivent se faire. Il y a aussi une sorte de promotion qui doit être faite pour les produits. Je suis persuadé que certains d'entre vous n'ont pas entendu parler des bois de velours avant aujourd'hui, ce qui est un problème. C'est un produit qui est reconnu en Asie depuis plus de 2 000 ans. C'est un produit qui a bien fait ses preuves. Il a été reconnu en Russie et dans différents autres pays. Maintenant, en Amérique du Nord, cela commence à prendre de plus en plus d'expansion. On le retrouve même dans certaines chaînes, d'après ce qu'on m'a dit. Je ne peux pas vérifier, mais je sais qu'il y a certains produits dans les Wal-Mart et dans les Loblaws. C'est quelque chose qui commence à prendre de plus en plus d'expansion. Donc, nous sommes satisfaits de ce côté-là, mais il y en a encore plus à faire. Je pense que le marché canadien pourrait certainement en prendre de plus en plus.

M. Marcel Gagnon: De quelle façon les viandes de ce type d'animal se comparent-elles aux autres viandes en termes de cholestérol, par exemple? Est-ce avantageux comparativement au boeuf qu'on connaît?

M. Serge Buy: Tout à fait. Le taux de cholestérol dans la viande de ces animaux est très bas. Il y a très peu de gras. Cela se compare à la poitrine de poulet sans peau, par exemple. Cela se compare très, très bien au niveau de la santé. Il y a même des médecins qui recommandent de manger de la venaison étant donné que c'est bon pour la santé. Donc, en effet, c'est un produit qui est très prisé pour ces qualités-là.

M. Marcel Gagnon: Une des difficultés que je vois, c'est le contrôle de la maladie. On semble avoir assez bien cerné la maladie, mais il y a quand même un risque. Est-ce que le fait que ce sont des animaux que l'on retrouve en abondance à l'état sauvage—je parle entre autres du cerf—chez nous et ailleurs, pose une difficulté particulière, ou si les troupeaux sont assez bien isolés des troupeaux que l'on retrouve à l'état sauvage pour qu'on puisse contrôler la maladie? En d'autres mots, est-ce que nos cerfs qu'on retrouve à l'état sauvage sont atteints de la maladie dont on parle?

M. Serge Buy: Vous avez posé une bonne question. Si je peux me permettre d'y répondre, oui, en effet nous pensons que les fermes sont assez bien isolées. Nous avons des clôtures très hautes qui permettent de bien isoler les fermes des agriculteurs. D'ailleurs, comme Mme Skelton vous l'a dit un peu plus tôt, notre industrie est l'une des mieux réglementées au Canada au niveau de la santé et à tous les autres niveaux aussi. Nous trouvons même de temps en temps qu'elle l'est trop. Nous avons donc plusieurs réglementations de ce côté-là.

J'aimerais mentionner une petite chose. En avril, en Saskatchewan, la maladie a été trouvée dans un cerf mulet à l'état sauvage. Un deuxième cerf malade a été trouvé au mois de juin dans une région très spécifique de la Saskatchewan, à cinq kilomètres de rayon. Le ministère des ressources naturelles de la Saskatchewan continue à faire une éradication totale là-bas. Donc, je ne pense pas qu'il y ait un problème. Les deux animaux étaient d'ailleurs reliés au niveau génétique. On ne pense pas qu'il y ait de problème de ce côté-là.

• 0930

M. Marcel Gagnon: Cela prouve l'importance d'être capable de cerner la maladie et de l'enrayer le plus rapidement possible à l'intérieur des troupeaux pour ne pas qu'elle se répande. Je pense, entre autres, à l'abondance de cerfs à l'état sauvage qu'il y a au Québec. C'est devenu presque une épidémie dans certaines régions, par exemple dans l'île d'Anticosti et et dans l'Est du Québec. Il serait important que la maladie n'entre pas dans ces troupeaux-là parce que cela pourrait être catastrophique pour votre élevage.

M. Serge Buy: Tout à fait.

Le président: Merci.

[Traduction]

Larry.

M. Larry McCormick (Hastings—Frontenac—Lennox and Addington, Lib.): Merci, monsieur le président, et merci à vous, messieurs, pour votre présence ici aujourd'hui et pour la réception de l'autre soir. Je suis sûr que nous l'avons tous appréciée.

Les produits du wapiti sont connus en Orient depuis des milliers d'années, tout comme ceux du cerf sans doute. La Corée du Sud a un certain cheptel, mais la taille du pays est telle que le cheptel doit être assez petit, ou du moins plus petit que le nôtre. Je me demande où ils s'approvisionnent maintenant. Enfin, la Nouvelle-Zélande est un producteur, un important producteur, mais je suis sûr qu'elle avait déjà bien d'autres clients.

Ma question comporte donc deux volets: Où la Corée du Sud s'approvisionne-t-elle maintenant et combien de pays sont des producteurs importants?

M. Dennis Schmidt: Nous avons bien sûr des producteurs importants ici en Amérique du Nord, mais la Nouvelle-Zélande a de loin la production la plus importante. Je crois que le cheptel de cerfs d'élevage dépasse 1,8 million.

Il est maintenant de 2,2 millions? Il ne cesse de croître.

La Chine et la Russie sont sans doute les autres pays qui ont une présence importante sur le marché. La Corée est un consommateur important, mais elle sert aussi d'intermédiaire pour la majeure partie du velours qui transite par son territoire. On en consomme beaucoup en Corée, mais une bonne quantité est aussi destinée à d'autres pays.

Le marché néo-zélandais est double. On y produit surtout du cerf rouge, si bien qu'on met l'accent sur la production de viande, mais pas toujours. Tout dépend du prix du velours: quand il est élevé, c'est sur ce produit que se concentre l'activité, mais quand il baisse, on envoie davantage d'animaux à l'abattoir. La Nouvelle-Zélande n'a donc pas eu de mal à combler le manque à gagner.

Nous avons toutefois un avantage du fait que les Coréens préfèrent les bois plus gros, ce que nous produisons. Si donc nous pouvons en produire davantage, nous pourrons supplanter le produit néo-zélandais. Au fur et à mesure que nos troupeaux augmentent ici en Amérique du Nord, nous n'avons pas de mal à supplanter le produit néo-zélandais, si bien que les éleveurs néo-zélandais se concentrent plutôt sur la production de viande.

La production en Orient suffit donc amplement; c'est tout simplement qu'on n'y produit pas les gros bois, qui sont les plus recherchés, comme ceux du wapiti nord-américain... ou russe, mais le système de livraison étant ce qu'il est en Russie, la qualité du produit laisse souvent à désirer quand il arrive à destination.

Notre produit est donc celui qui est le plus recherché dans le monde, mais il nous faut accroître nos troupeaux pour pouvoir nous assurer une plus grande part du marché.

M. Larry McCormick: Merci.

J'ai déjà entendu dire qu'au moins 70 p. 100 de la valeur du wapiti tenait à ses bois, au velours qui les recouvre—sans doute plus encore, comme le dit mon collègue—et qu'au moins 70 p. 100 de ce que nous exportions allait en Corée du Sud, comme vous dites.

Les États-Unis ont des élevages de wapitis, mais l'étiquette de la maladie chronique débilitante ne leur est pas accolée.

M. Dennis Schmidt: Oui, elle l'est. Leurs frontières sont aussi fermées.

M. Larry McCormick: Je ne veux pas anticiper sur la question de mon collègue M. Merrifield, qui sera sans doute le prochain intervenant—il est producteur lui aussi—mais puis-je vous demander où va le produit canadien à l'heure actuelle?

M. Dennis Schmidt: C'est là une bonne question. Le produit continue à être vendu, mais à un prix bien plus bas. J'ai ici un graphique qui illustre le prix moyen pour les 30 dernières années. Il variait entre 65 $ et 70 $ la livre environ. Il n'est plus que de 20 $ à 30 $ la livre.

Le velours est acheté et envoyé à Hong Kong. D'après ce que j'en sais, il est ensuite envoyé en Chine, où on le mêle au velours d'animaux indigènes, après quoi il retourne à Hong Kong où il est vendu à la Corée comme du velours provenant de Chine. Tout le monde semble être au courant, y compris le gouvernement de la Corée. Notre velours se retrouve donc là-bas au bout du compte, mais entre-temps il y a des intermédiaires qui font des profits énormes, alors que l'éleveur canadien est durement touché.

M. Larry McCormick: Je crois que je vais partager mon temps de parole avec les éleveurs. Vous pourrez ajouter ce qui me reste à leur temps de parole—à moins qu'un de mes collègues ait une question à poser maintenant.

• 0935

Le président: Il reste très peu de temps de toute façon.

M. Larry McCormick: Merci, monsieur le président.

Le président: Rick, c'est à votre tour.

M. Rick Borotsik (Brandon—Souris, PC/RD): Merci, monsieur le président.

J'ai une question simple dont je devrais connaître la réponse. Comment la MDC est-elle transmise d'un animal à un autre?

M. Dennis Schmidt: Les paris sont ouverts.

M. Rick Borotsik: Ah, bon—donc je n'aurais pas dû connaître la réponse à cette question. Je me sens beaucoup mieux.

M. Dennis Schmidt: Nous pensons que la transmission se fait surtout de façon latérale. Mais dans un espace à forte concentration, comme c'était le cas au centre de recherche du Colorado où, pour les fins de la recherche, on avait entassé un grand nombre d'animaux dans un très petit enclos si bien que le sol lui-même en était devenu contaminé, pensons-nous, la maladie pourrait en fait être transmise à d'autres animaux qui seraient placés dans le même enclos si l'espace n'était pas bien désinfecté au préalable.

Il y a en fait beaucoup d'études en cours sur ce type de transmission aux États-Unis. On a fait exprès de placer des animaux dans ces enclos très contaminés. Il y a presque cinq ans que les animaux sont là et, d'après le dernier rapport en date, il n'y a aucun signe de la maladie.

M. Rick Borotsik: Comment se fait la transmission entre cervidés? Est-ce par la salive?

M. Dennis Schmidt: Il semble bien que oui. C'est ce que nous croyons, mais nous n'avons encore aucune preuve absolue. On est toujours...

M. Rick Borotsik: J'ai donc une autre question pour laquelle il n'y a peut-être pas non plus de preuve absolue. Combien de temps faut-il attendre pour pouvoir dire que nous sommes exempts de la maladie? Si nous ne savons pas comment elle est transmise, quelle est la durée d'incubation? Pendant combien de temps l'animal peut-il être porteur? Combien de temps faudra-t-il pour que nous puissions dire à la Corée que nous sommes exempts de la maladie?

M. Dennis Schmidt: C'est là une excellente question. L'ACIA, de concert avec l'USDA, a mis au point un modèle et, jusqu'à maintenant, tous les cas de MDC qui ont été repérés correspondent au modèle, à savoir qu'il faut généralement de 18 à 22 mois, en moyenne, pour que la maladie se manifeste. La période d'incubation maximale est généralement de 30 mois, c'est pourquoi nous avons opté pour 36 mois. Tous les animaux qui auraient été exposés pendant les 36 mois précédents sont donc abattus et, à cause de l'incertitude, on a même prolongé de deux ans encore la période de surveillance de ces animaux, la faisant passer à cinq ans ou à 60 mois.

M. Rick Borotsik: Très bien, Dennis. Alors, combien de temps faudra-t-il encore—18 mois encore, 12 mois ou 36 mois—pour que nous puissions dire de façon catégorique, en nous fondant sur ce modèle, que nous sommes maintenant exempts de la maladie?

M. Serge Buy: J'aimerais répondre à cette question, monsieur Borotsik.

Tous les cas de maladie débilitante chronique au Canada venaient d'un animal. Il s'agit d'un animal qui avait été envoyé à un élevage. Tous les animaux atteints par la suite avaient un lien avec l'élevage en question. L'ACIA a entrepris de retracer tous les animaux ayant eu un lien avec l'élevage d'origine pour les abattre. Une fois que tout sera terminé, nous pensons que nous serons exempts de la maladie débilitante chronique puisqu'il n'y a aucun moyen que la maladie se retrouve dans un élevage qui n'aurait pas de lien avec l'élevage initial.

M. Rick Borotsik: D'accord. Cela m'amène à ma question suivante, à savoir le commerce avec la Corée. Si j'ai bien compris, le marché se limite entièrement ou presque à la Corée. Le produit passe peut-être par des chemins sinueux, mais le gros du marché se trouve en Corée. Il me semble que ce dont vous nous parlez aujourd'hui c'est ni plus ni moins une barrière commerciale non tarifaire. La MDC existe, mais la Corée s'en sert comme d'une barrière commerciale non tarifaire. En tant que Canadiens et en tant qu'industrie canadienne, nous devons rétablir l'accès au marché coréen.

J'ai deux questions. Premièrement, cherchez-vous à vous ménager d'autres débouchés? Quel que soit le secteur... Je sais, par exemple, que Murray élève des poules. S'il n'avait qu'un acheteur pour ses poules et que cet acheteur refusait de les lui acheter, Murray se retrouverait avec beaucoup de poules sur les bras qu'il ne pourrait pas vendre. Il déciderait sans doute de cesser d'élever des poules.

Quel autre débouché allez-vous pouvoir trouver à part le marché coréen? Si vous n'en trouvez pas d'autre, qu'allez-vous faire des animaux?

M. Dennis Schmidt: Il y a deux volets à ma réponse. Tout d'abord, pour ce qui est des bois, nous tentons des efforts du côté du marché nord-américain. Comme il s'agit d'un nouveau produit, vous comprendrez que cela ne se fait pas du jour au lendemain. On le retrouve tout de même sur les étagères de beaucoup de magasins d'aliments naturels locaux. Nous avons accru les débouchés, mais nous n'avons pas encore atteint le niveau de ventes qu'il nous faudrait.

M. Rick Borotsik: Quelle est la valeur maximale à laquelle se sont chiffrées vos exportations?

M. Dennis Schmidt: En dollars?

M. Rick Borotsik: Oui.

M. Serge Buy: Nous n'avons pas la réponse à cette question. Il n'existe pas de données là-dessus. Comme le produit est expédié par divers modes, sous diverses formes, il n'existe pas de code permettant de le retrouver dans les données de Statistique Canada. Nous ne pouvons pas obtenir de chiffres exacts de Statistique Canada. Les seuls chiffres que nous avons sont ceux que nous fournissent les éleveurs et les exportateurs, et nous ne pensons pas qu'ils soient fiables. De toute évidence, la valeur des exportations en Asie est considérable.

Je suis désolé, mais nous ne pouvons pas vous donner de chiffre comme tel.

• 0940

M. Dennis Schmidt: Je crois que nous avons environ sept usines de transformation au Canada. Nous cherchons à élargir le marché et à accroître l'offre du produit sur le marché nord-américain, mais cela ne se fait pas du jour au lendemain.

Ensuite, il y a la viande. L'importance du cheptel est telle que l'offre est en fait suffisante pour que nous puissions à tout le moins commencer à répondre à la demande du secteur de la restauration. Ce qui nous pose surtout problème ou ce qui nous retarde, c'est le manque d'abattoirs.

M. Rick Borotsik: Avez-vous vraiment confiance de pouvoir ramener la Corée à la table? Je serais très déçu de constater que nous avons affaire à un marché qui ne veut pas de nous. Dans quelle mesure êtes-vous confiants que, avec l'aide de Pierre Pettigrew et de son ministère du Commerce, vous réussirez à ramener la Corée à la table?

M. Dennis Schmidt: Nous cherchons toujours à être optimistes.

M. Rick Borotsik: Vous êtes du secteur. C'est normal que vous soyez optimistes.

M. Dennis Schmidt: Tout à fait, mais à moins de pouvoir compter sur le gouvernement pour qu'il exerce des pressions, dans le pire des scénarios, il nous faudrait peut-être trois ans. Avec de l'aide, nous espérons toutefois qu'il nous faudra moins de temps puisque nous avons tout fait pour garantir l'innocuité du produit. Il est possible cependant que cela nous prenne trois ans. C'est une éventualité dont nous sommes bien conscients. Aussi nous concentrons nos efforts, non pas sur la réouverture du marché coréen, mais sur la recherche de nouveaux débouchés.

Le président: Monsieur Calder.

M. Murray Calder (Dufferin—Peel—Wellington—Grey, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.

J'ai déjà une certaine expérience des maladies qui touchent les troupeaux de wapitis. À quel type de clôture de périmètre avez-vous recours pour vos élevages? Il semble que la MDC se transmette par le contact de museau à museau. Comme dans le cas de la tuberculose, c'est là un des modes de transmission de la maladie. Si vos élevages ne sont pas entourés d'une clôture électrique à trois dimensions, vos animaux pourraient entrer ainsi en contact avec des animaux sauvages. Existe-t-il des normes sur la façon de clôturer vos périmètres pour assurer la biosécurité?

M. Dennis Schmidt: Chaque province a sa propre réglementation sur ce qu'il convient d'utiliser comme clôture.

M. Murray Calder: Quelle est la norme dans l'industrie?

M. Dennis Schmidt: L'industrie a un code de pratique. Je crois qu'on y recommande une clôture de huit pieds pour les wapitis et...

M. Murray Calder: Mais ce n'est qu'une clôture simple.

M. Dennis Schmidt: C'est une clôture simple, mais il faut comprendre que la maladie débilitante chronique n'est pas une maladie très répandue. Le contact de museau à museau paraît être un mode de transmission peu probable. Il semble que le fait d'être avec des animaux infectés pendant une période prolongée soit un facteur plus important.

Dans les élevages où la maladie se déclare, il faut généralement deux ans pour qu'un autre animal soit infecté. Avec le temps, il y a tout de même un effet boule de neige, le nombre d'animaux infectés allant croissant. La maladie se propage toutefois tellement lentement qu'il n'y a eu qu'un cas en 1996, un autre en 1998, puis un autre en 2000, mais ce n'est que cette année-là que la maladie a enfin commencé à s'implanter. Il faut donc une période d'exposition très longue.

M. Serge Buy: Si vous le permettez, monsieur Calder, quand nous avons fait des examens post mortem des animaux abattus de concert avec l'Agence canadienne d'inspection des aliments, 6 700 animaux environ avaient été abattus. Sur ce nombre, 159 étaient atteints. Dans l'élevage d'origine—qui regroupait quelque 500 animaux—la maladie existait depuis environ 10 ans. Le pourcentage d'infection dans cet élevage était d'un peu plus de 10 p. 100. Ce n'est pas une maladie à transmission rapide. Ce n'est pas une maladie qui se transmet par un simple contact de museau à museau.

Nous faisons entièrement confiance aux mesures prises, tout comme les organismes de réglementation. Autrement, ils en demanderaient davantage. Nous sommes persuadés que les mesures prises par les éleveurs et les différents services sont adéquates dans ce cas-ci.

M. Murray Calder: Je reviens toutefois à ce que vous avez dit en réponse à la question de Rick. Vous ne savez pas de manière certaine comment la maladie est transmise.

M. Dennis Schmidt: Non, mais il suffit de jeter un coup d'oeil à l'historique pour savoir qu'elle ne se transmet pas facilement. Il faut une exposition prolongée. Même dans l'élevage d'origine, l'ACIA a réalisé des études historiques très exhaustives. En remontant le fil, elle a conclu que la maladie s'est en fait installée après que des veaux eurent été exposés à des animaux qui étaient morts dans le même enclos. Ils étaient plus susceptibles de contracter la maladie, mais c'est seulement parce qu'ils y ont été exposés pendant une période prolongée, pendant tout un hiver—ils se trouvaient dans le même enclos que les animaux moribonds—qu'ils sont devenus infectés, et c'est seulement un petit pourcentage d'entre eux qui sont devenus infectés.

• 0945

À la différence d'autres maladies qui se propagent très rapidement, comme la tuberculose, le contact de museau à museau ne pose pas de problème. Il semble qu'il faille une période de contact prolongée, à l'intérieur d'un même enclos, pour que...

M. Murray Calder: Cela pose certainement un gros problème dans le cas de la tuberculose, comme je l'ai appris à mes dépens il y a quelques années.

M. Serge Buy: Si vous le permettez, monsieur, la maladie débilitante chronique est une nouvelle maladie que la science n'a pas encore cernée de façon définitive. Vous parlez de la maladie débilitante chronique et des possibilités. Il y a des possibilités en ce qui concerne la tremblante du mouton et bien d'autres maladies. Pour l'instant, nous devons nous fier à ce que nous dit la science dans l'état actuel des connaissances et aux assurances que nous donnent nos divers gouvernements en ce qui concerne la transmissibilité de ces maladies.

Nous sommes très confiants d'être dans la bonne voie et d'avoir pris les mesures nécessaires pour enrayer la maladie au Canada. Naturellement, aucun de nos éleveurs ne souhaite contaminer la faune, si bien que nous prenons les mesures nécessaires pour éviter cette possibilité.

M. Dennis Schmidt: Je devrais également vous faire remarquer que non seulement la maladie est déclarable dorénavant, mais nous avons mis en place à l'échelle du pays un programme de surveillance qui nous alerterait si jamais la maladie se déclarait dans un autre élevage.

M. Murray Calder: En conclusion, votre industrie envisage-t-elle de se doter de normes dont vous assureriez vous-mêmes le respect? Dans l'industrie de la volaille, par exemple, nous avons un régime d'autosurveillance. Nous avons des normes nationales en ce qui concerne la construction et la gestion des bâtiments. Envisagez-vous quelque chose de semblable pour votre industrie en ce qui a trait à la clôture de périmètre?

M. Dennis Schmidt: Oui, nous avons déjà mis en place à l'échelle du pays le programme d'attestation relative à la MDC. Mais il existe déjà des programmes très complets dans bien des provinces où le cheptel de wapitis se trouve concentré, comme en Alberta et en Saskatchewan. Le gouvernement doit prévoir un régime de permis.

En Alberta, par exemple, il faut satisfaire à certaines exigences. Je ne sais pas ce quelles sont dans chacune des provinces, mais je sais qu'en Alberta, avant même d'accueillir son premier animal, l'éleveur doit faire clôturer tant d'acres à une certaine hauteur—je crois que c'est huit pieds. Il doit aussi disposer de toutes les structures nécessaires. Il doit se soumettre à une inspection avant de pouvoir être autorisé à accueillir même un animal dans son élevage.

La situation varie d'une province à l'autre, mais dans l'Ouest, on a des régimes d'étiquetage obligatoires. Les éleveurs des deux provinces où se retrouve 90 p. 100 du cheptel sont fortement réglementés.

Le président: Merci, Murray.

Rob.

M. Rob Merrifield (Yellowhead, Alliance canadienne): Je suis très soulagé d'apprendre que les baisers pénétrants ne font pas problème parmi les wapitis, pour ce qui est de la MDC, même au Québec. Je n'ai encore jamais vu cela dans mon exploitation. Je ne vois pas la nécessité de clôtures à trois dimensions, mais nous sommes heureux de ne pas avoir affaire à une maladie comme la tuberculose.

La sagesse populaire veut que toute maladie qui ne nous tue pas nous rende plus fort. C'est le cas à mon avis dans l'industrie du wapiti en ce sens que nos normes sont maintenant sans doute les plus rigoureuses qui soient. Nous pouvons retracer l'origine, non pas seulement de la MDC, mais de toute maladie qui pourrait toucher les wapitis jusqu'à l'animal source.

Ce qui m'inquiète, c'est la Corée. Le marché coréen est certainement l'élément moteur de l'industrie. Pour ce qui est maintenant de savoir si nous allons réussir... Je suis heureux d'apprendre que vous avez reçu des fonds pour vous rendre en Corée et en Nouvelle-Zélande afin de tenter de rétablir l'accès à ces marchés, et j'espère que vos efforts porteront fruit. Vous devriez pouvoir avoir gain de cause. Nous savons tous que la Corée continue même aujourd'hui à acheter les bois de nos wapitis; c'est seulement qu'ils y entrent par la porte d'en arrière.

Quoi qu'il en soit, pour que l'industrie puisse croître et devenir très prospère, nous devons en tant que pays et en tant que gouvernement envisager d'investir dans la recherche sur ce produit. Le taux de sensibilisation au produit et à ses avantages n'est que de 2 ou 3 p. 100 en Amérique du Nord. On le voit bien d'après ceux qui sont ici aujourd'hui.

Réussissez-vous à obtenir des fonds de recherche? L'industrie bénéficie-t-elle à l'heure actuelle de fonds de recherche?

M. Serge Buy: Nous recevons une certaine aide au titre de la recherche. Nous en faisons sur divers programmes. Je crois savoir que l'ACIA envisage de faire des essais sur le velours et que Santé Canada a aussi des recherches en cours sur la MDC et sur le produit.

En outre, l'industrie a dépensé des milliers et des milliers de dollars en recherche sur la qualité du velours de même que sur les questions sanitaires. Nous avons déjà amorcé un programme triennal de recherche sur la tuberculose de concert avec l'Agence canadienne d'inspection des aliments. L'industrie dépensera sans doute 180 000 $ en espèces et beaucoup plus en nature pour effectuer diverses recherches.

Nous faisons donc un peu de recherche. Il est certain que nous aimerions en faire plus, mais notre financement est limité. Au moment où le marché n'est pas fameux, il nous est difficile d'investir notre propre argent alors même que l'argent se fait rare.

• 0950

M. Rob Merrifield: Alors la question est celle-ci: demandez-vous plus d'argent, pas seulement pour la recherche sur la sécurité du produit, mais aussi pour la promotion d'une industrie en plein essor qui offre un potentiel phénoménal?

M. Serge Buy: Oui.

M. Rob Merrifield: Ce n'est pas seulement en Amérique du Nord. Même si la recherche se fait ici, il y a d'autres pays en Europe et partout dans le monde qui bénéficieraient des nutriceutiques mis au point par l'industrie.

C'est à cela que je veux en venir. Est-ce ce que nous devrions demander, cela devrait-il être notre objectif, de développer cette industrie nord-américaine?

M. Serge Buy: Nous avons eu des entretiens avec des représentants d'Agriculture Canada, et nous en sommes fort heureux. Il y avait un malentendu sur la façon d'obtenir ce financement. Le directeur général d'Agriculture Canada, M. Gilles Lavoie, est venu nous rencontrer mardi et nous a expliqué le programme. Ils sont très intéressés à travailler avec notre industrie.

Nous croyons qu'à l'avenir, de l'argent sera probablement débloqué. Nous vous tiendrons certainement au courant, car notre industrie aimerait faire beaucoup plus de promotion et de mise en marché en Amérique du Nord. Nous aimerions obtenir du financement pour tout cela, oui.

M. Rob Merrifield: Avez-vous un plan d'action précis pour la promotion?

M. Serge Buy: Nous sommes en train d'en élaborer un, de concert avec Agriculture Canada.

M. Dennis Schmidt: Dans le passé, c'était plutôt des projets à court terme, des projets pour l'avenir immédiat. Aujourd'hui, nous mettons au point un programme de promotion à long terme. C'est ce que nous nous efforçons de faire actuellement.

M. Rob Merrifield: Nous sommes heureux de l'entendre. Merci.

M. Howard Hilstrom (Selkirk—Interlake, Alliance canadienne): Puis-je reprendre l'une de ses questions?

Le président: Oui, bien sûr.

M. Howard Hilstrom: Nous sommes allés au Manitoba, autour du parc national du Mont-Riding. Nous avons essayé de travailler avec la ministre du Patrimoine, qui est chargée des parcs nationaux, pour ce qui est du problème de tuberculose du wapiti et des troupeaux de bétail qui ne cessent d'être réinfectés année après année.

Avez-vous eu des discussions avec la ministre ou avec ce ministère, en vue de mettre en oeuvre un programme efficace, en particulier pour les parcs nationaux? C'est là qu'on laisse les troupeaux paître presque sans aucune contrainte. Pourriez-vous nous en dire plus long là-dessus? À votre avis, serait-il sage de mettre en place un programme quelconque pour contrôler et réduire l'incidence de la tuberculose parmi les animaux sauvages des parcs nationaux?

M. Dennis Schmidt: Cela préoccupe beaucoup notre conseil. Il est évident que les normes pour le parc ne sont pas les mêmes que pour notre industrie. Dans notre secteur, nous faisons examiner nos troupeaux tout entiers tous les trois ans pour déceler la tuberculose. Nous ne pouvons pas déplacer un animal à moins d'être inscrits à ces programmes. Nous devons avoir des permis. Dans les parcs, ils ont trouvé certains cas de tuberculose parmi les animaux sauvages, mais il semble que l'ACIA ne puisse rien faire à cause des autorités du parc.

Vous avez évoqué l'installation de clôtures électriques et il est certain que je commencerais par là. C'est triste; ils doivent vraiment se pencher sur ce problème. Nous avons adopté des motions pour dire que nous ne voulons pas d'animaux, parce que le gouvernement du Manitoba en a capturé un certain nombre pour les remettre ensuite en liberté dans les fermes à gibier. Depuis maintenant plusieurs années, nous adoptons régulièrement des motions demandant au gouvernement du Manitoba de ne pas remettre en liberté des animaux sauvages qui se mêlent ensuite aux troupeaux de bêtes domestiques.

Nous avons réglé ce problème il y a des années et nous ne voulons pas tout recommencer à cause d'un animal qui nous filerait entre les doigts. Nous estimons que notre troupeau est absolument sain à l'heure actuelle et nous ne voulons pas prendre le moindre risque de réintroduire la maladie provenant d'animaux sauvages. Notre philosophie, au Conseil canadien des cervidés, est d'empêcher tout animal sauvage de s'intégrer à nos troupeaux d'animaux domestiques.

Mme Carol Skelton: Il nous reste encore du temps, Charles?

Le président: Carol, je vais vous redonner la parole.

Mark, vous avez encore quelques questions? Il nous reste de cinq à sept minutes de l'heure que nous avions.

M. Mark Eyking (Sydney—Victoria, Lib.): Oui, j'ai deux questions.

Est-ce que les agriculteurs classiques—par exemple, céréales et boeuf—et surtout ceux qui exploitent des terres marginales ou des terres qui ne sont pas vraiment rentables à l'heure actuelle à cause des conditions météorologiques, peuvent s'adapter assez facilement à ce genre de production? Y a-t-il un marché?

M. Dennis Schmidt: Le marché a toujours été là. Comme je le disais, il nous faudrait faire un peu de promotion pour la venaison et pour développer le marché nord-américain du bois de velours.

Voilà l'extraordinaire: c'est une solution de rechange excellente. Ces animaux sont d'ici. On n'a pas besoin d'abris spéciaux. L'hiver, leur métabolisme ralentit à presque rien. Ils n'ont presque pas besoin d'aliments conservés parce qu'ils sont habitués au climat. Ils ne se reproduisent pas avant l'automne. Les petits ne naissent pas avant que l'herbe n'ait verdi au printemps. C'est un animal idéal tout à fait adapté à notre climat.

• 0955

Pour certains, c'est un problème parce que c'est un animal sauvage, mais n'oubliez pas que les animaux que nous élevons vivent derrière des clôtures depuis des générations, maintenant. J'en ai de ces animaux qui, lorsqu'ils franchissent la barrière, font tout le tour du périmètre clôturé pour pouvoir se retrouver dans l'enclos. Après tout, c'est leur foyer. Les gens ne comprennent pas qu'il s'agit d'un animal domestique, maintenant, et que c'est l'animal d'élevage le plus parfait pour le Canada, pour notre climat.

Pour vous donner une brève idée d'où se trouve le potentiel, en Orient, en médecine chinoise, le bois de velours est le deuxième ingrédient le plus utilisé, juste derrière le ginseng. Sur les 300 millions de personnes en Amérique du Nord à l'heure actuelle, s'il n'y en avait que 180 000 qui se servaient de notre produit, elles consommeraient toute notre production. Il nous faut vraiment nous concentrer là-dessus, mais ça prend du temps. Et aussi un peu d'argent.

M. Mark Eyking: Je me souviens que les tabaculteurs avaient beaucoup de problèmes quand les choses ont changé il y a deux ans et on a mis à leur disposition de l'argent pour les aider à trouver d'autres cultures. Croyez-vous qu'il devrait y avoir un programme pour intéresser d'autres agriculteurs à votre élevage?

M. Dennis Schmidt: Nous apprécions toute aide qu'on peut nous donner. Comprenez bien que nous ne sommes pas venus ici en quêteux.

M. Mark Eyking: Non, non, tout simplement...

M. Dennis Schmidt: En tant qu'industrie, nous voulons tout simplement remettre les choses dans la bonne voie et nous réouvrir le marché serait la chose la plus utile pour nous. Sinon, de l'aide...

M. Serge Buy: Si vous me le permettez, j'aimerais dire quelques mots à ce propos.

Le gouvernement, vers le milieu ou le début des années 90 encourageait la diversification agricole. C'est une bonne chose; cependant, nous voulons aussi nous assurer que les programmes nécessaires seront là.

Simplement nous dire de diversifier et nous laisser ensuite à nos propres moyens pour la commercialisation, la promotion et tout le reste, ce n'est pas tout à fait ce que nous cherchons. Nous voulons la garantie que cela sera suivi par des programmes au niveau de la commercialisation et de la promotion pour être sûrs que quand quelqu'un s'embarquera dans ce genre d'élevage, il y aura des marchés un jour.

M. Mark Eyking: Une autre question, Charles?

Le président: Oui.

M. Mark Eyking: Pour ce qui est des chasseurs un peu partout au pays, y a-t-il un suivi lorsqu'ils tuent un animal sauvage? Doivent-ils passer à... Y a-t-il un système en vigueur au pays à l'heure actuelle qui permettrait de faire le suivi d'un chasseur qui tue un cerf de Virginie?

M. Dennis Schmidt: Toutes les provinces font la collecte de têtes et les envoient pour inspection de la MDC. C'est ainsi qu'on a découvert ce cas en Saskatchewan.

Bon, ç'aurait pu être un hasard... Tout comme les autres maladies à prion, il y en a où c'est un cas pour un million. Cela pourrait n'être que ça. Nous ne le savons pas. Il est vraiment difficile de comprendre comment cet animal aurait pu l'attraper à partir d'une ferme de gibier. Tout d'abord, le terrain de parcours d'un cerf-mulet n'est habituellement que de cinq à dix kilomètres et il n'y a aucun élevage infecté près de là. Il faut faire de 70 à 100 kilomètres, me semble-t-il, avant de trouver un élevage où cette maladie existe. Le cerf-mulet, à cause de sa nature même, ne s'écarte jamais de son territoire.

L'industrie se demande vraiment d'où cela vient. Nous n'osons penser que... Cela existe chez les animaux à l'état sauvage, mais il pourrait s'agir seulement d'un cas fortuit. De toute évidence, on l'a retrouvé, à l'état sauvage, au Colorado. Cela pourrait se trouver partout, pour ce que l'on en sait, mais seulement fortuitement, sans jamais se propager systématiquement. Cette maladie se manifeste seulement dans une zone exiguë. La maladie progresse si lentement qu'elle ne pourrait pas vraiment infecter des animaux laissés à l'état sauvage.

Le président: Merci, Mark.

Je pourrais peut-être profiter d'une trentaine de secondes du temps de Mark et vous demander, à propos de vos troupeaux... Je crois comprendre qu'il y a un enregistrement national. C'est bien cela? Les troupeaux sont enregistrés?

M. Dennis Schmidt: Oui, la santé des animaux. L'ACIA sait où se trouve chaque animal.

Le président: Plus précisément, en ce qui concerne les animaux, sont-ils marqués à l'oreille?

M. Serge Buy: Il y a une plaque d'identité à l'oreille. Ce système s'appelle «santé de l'animal», en vertu de la Loi sur la santé des animaux. Oui, ils sont enregistrés.

Le président: Chaque animal.

Pour ce qui est de votre objectif, je comprends qu'il est essentiel que chaque élevage où se trouve un animal qui montre des signes de cette maladie soit identifié et l'information donnée...

M. Serge Buy: Oui. C'est pour cela qu'il y a un avertissement concernant les États-Unis. Nous avons un système de suivi et pour les animaux et pour les laissez-passer. Nous savons où se trouvent les animaux et où ils sont allés.

Nous avons beaucoup de données. À vrai dire, c'est très réglementé. Fondamentalement, c'est cela qui nous a épargné les problèmes que connaîtront les Américains au cours des prochaines années lorsqu'ils essaieront de se débarrasser de la maladie. Nous pourrons dire que nos troupeaux sont sains à cause des mesures de contrôle. Les Américains ne pourront pas dire la même chose. Mais nous pouvons retracer chaque animal n'importe où, oui.

• 1000

Le président: Donc, chaque élevage a la responsabilité d'avertir l'ACIA si jamais un des animaux manifeste des signes de cette maladie?

M. Dennis Schmidt: Oui, c'est la loi; la maladie est déclarable à l'heure actuelle. Même les vétérinaires doivent la signaler s'ils en détectent des symptômes.

Le président: Je passe la parole à Carol pour une minute.

Mme Carol Skelton: Très rapidement, tout simplement pour vous rassurer, Charlie, nous avons un inventaire des troupeaux. Lorsqu'un animal meurt sur notre ferme, sa tête est envoyée au Collège de médecine vétérinaire. Il y a vérification totale et tout revient en ordre. S'il y a maladie sur la ferme, il y a rapport.

Murray vous demandait quel genre de commercialisation et de promotion nous faisons. La venaison est la viande des rois; en Grande-Bretagne, seuls les rois en mangeaient. On en sert beaucoup dans les restaurants ici, au Canada. En Alberta, il y a tout un marché au niveau de la nourriture pour animaux domestiques. Nous sommes allés de l'avant et les gens paient cher pour donner du bois de velours de wapiti à leurs chiens et leurs chats.

La seule préoccupation que j'avais concernant l'Agence canadienne d'inspection des aliments cette année c'était lorsqu'ils ont permis à certains animaux de l'Alberta de traverser en Saskatchewan. Cela a inquiété les gens de la Saskatchewan et cela m'a inquiétée aussi.

J'ai écrit au ministre de l'Agriculture qui m'a répondu qu'il y avait des règles et des règlements. Mais cela m'a inquiétée parce que notre province a travaillé si fort pour assainir nos troupeaux et rassurer nos consommateurs quant à la sécurité du produit et ensuite on permet à l'Agence canadienne d'inspection des aliments d'aller faire cela. Cela a aidé les gars de l'Alberta parce qu'ils ont vendu quelques animaux, mais cela m'a inquiétée comme productrice et cela a inquiété beaucoup d'autres producteurs en Saskatchewan aussi. C'était ma seule préoccupation.

Je tiens vraiment à vous remercier d'être venus en dire plus long aux Canadiens sur notre merveilleuse industrie.

Mark a parlé de la diversification en Saskatchewan, mais les wapitis étaient là avant la colonisation. C'est pour cela qu'ils se sont adaptés aussi bien à l'environnement et à l'élevage. C'est un animal parfait. Mais lorsque le gouvernement nous encourage à diversifier nos produits, il devrait aider les gens qui ont essayé de faire quelque chose de différent.

[Français]

Le président: Marcel, une petite question.

M. Marcel Gagnon: Merci.

Je veux juste revenir sur le commerce du... Vous nous avez dit que 70 p. 100 des revenus étaient liés à la vente du bois de velours et 30 p. 100 à la chair de l'animal. Est-ce que ce sont les compagnies de produits pharmaceutiques qui achètent le bois de velours? Que faut-il faire pour augmenter les ventes de ce produit? Il me semble que c'est un produit extrêmement intéressant. Quels produits est-ce que cela pourrait remplacer? Où est votre concurrent pour le bois de velours?

M. Serge Buy: Soixante-dix pour cent des revenus, et peut-être même plus dans le cas des wapitis, sont liés au bois de velours. Les revenus d'un éleveur de wapitis proviennent probablement à plus de 80 p. 100 de la vente de bois de velours. Pour les cerfs rouges et les autres, c'est la viande.

Je ne veux pas vous donner de détails sur le bois de velours en tant que produit de remplacement, mais, comme mon collègue l'a dit un peu plus tôt, c'est le deuxième produit utilisé en médecine chinoise, après le gingembre. Le bois de velours est utilisé pour des choses comme l'arthrite. C'est naturel et c'est vendu dans des magasins d'aliments naturels et dans des pharmacies. Comme je l'ai dit, c'est même vendu chez Loblaws maintenant. Mme Skelton a fait un commentaire un peu plus tôt. C'est vendu dans des magasins d'aliments pour animaux. Donc, ça commence à prendre de plus en plus d'ampleur.

Quand on a fait la réception au Parlement, quelques députés nous ont dit qu'ils aimeraient bien essayer cela et nous ont demandé de leur en envoyer. On va certainement leur en envoyer.

M. Marcel Gagnon: Merci.

[Traduction]

Le président: Merci d'être venus.

Autre chose pour conclure, Dennis ou Serge?

M. Dennis Schmidt: Non.

M. Serge Buy: Non, merci.

Le président: Nous en avons certainement appris beaucoup ce matin. Je crois que le comité est maintenant sûr que vous faites un effort vraiment déterminé, de concert avec l'ACIA, pour assurer la santé de votre industrie. Nous vous souhaitons tout le succès possible.

Comme vous l'avez constaté, il y a deux députés ici qui sont très concernés par le sujet.

Marcel, j'ai été plutôt étonné l'autre soir. J'oublie le nom du monsieur, mais il y avait un éleveur de wapitis du Québec qui avait un troupeau d'environ 1 000 têtes. C'est une industrie en pleine croissance au Canada.

• 1005

Nous vous souhaitons bonne chance. Merci d'être venus. Nous espérons qu'on pourra trouver des solutions pour améliorer vos marchés.

Sur ce, je mets fin à cette partie-ci de la séance et nous étudierons le sujet de nos travaux futurs à huis clos.

[Note de la rédaction—La séance se poursuit à huis clos]

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