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INST Rapport du Comité

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CHAPITRE 5 : POSSIBILITÉS D'INVESTISSEMENT STRATÉGIQUE DANS LA S. ET T.

            Après s’être penché sur le système d’innovation, le Comité a commencé à examiner certains des grands vecteurs de l’innovation au XXIe siècle. Ces investissements majeurs en S. et T. sont importants pour la prospérité à long terme du pays. Le gouvernement fédéral a déjà financé certains projets et il en étudie d’autres. Le ministre de l’Industrie a fait état du processus et des critères servant à l’évaluation des différentes initiatives de S. et T. aux fins du financement.

Permettez-moi d’énoncer quelques principes. Chose certaine, le premier principe est qu’il est de notre devoir d’appuyer l’excellence en R. et D. Le principe du mérite devrait présider à l’examen des demandes présentées, qu’il s’agisse du CNR, du CRSNG ou des centres d’excellence ou plus récemment, car son profil a été assez visible, de la FCI, la Fondation canadienne pour l’innovation. Toutes les décisions concernant l’ensemble de ces programmes sont prises indépendamment de ma personne, des membres du Cabinet, des députés du Parlement et du gouvernement en général […] lorsqu’on a des fonds […] Au lieu de cela, nous pourrions demander à un panel d’expert — dans le cas de Génome Canada, un panel constitué de spécialistes internationaux — de nous fournir leur meilleur avis en se fondant sur les demandes présentées pour nous aider à déterminer où ces investissements stratégiques devraient se faire au Canada. C’est ainsi que nous avons procédé en ce qui concerne le programme spatial ou […] le laboratoire de recherche sur les neutrons. Ce sont là des décisions qui seront prises par le Cabinet spécifiquement parce qu’il s’agit de grands projets uniques. Tous les autres font l’objet d’une prise de décisions indépendante.

[L’honorable Brian Tobin, ministre de l’Industrie; 3, 16:00-16:05]

            Le Comité n’a pas eu le temps d’examiner toutes les grandes possibilités d’investissement dans la S. et T. au Canada, mais il a réussi à prendre connaissance d’un certain nombre d’initiatives importantes en ce qui concerne : un plan à long terme pour l’astronomie, la biotechnologie, la génomique, la nanotechnologie, une proposition visant un nouveau générateur de neutrons et le projet de rayonnement synchrotron. Certaines de ces initiatives sont mieux connues que d’autres, mais toutes sont importantes pour l’avenir du pays. Le ministre des Finances en reconnaît également l’importance :

Tout est une question de moment opportun […] je vais vous citer Paul Martin qui parlait de l’avenir de l’économie d’innovation au Canada. Il parlait des technologies de transformation et observait : « … et c’est là qu’on trouvera la nouvelle économie véritable … des nouvelles technologies qui viendront en série … des nouvelles technologies qui arriveront vague après vague. Cette tendance permet de prévoir l’émergence d’innombrables domaines entièrement nouveaux de technologie industrielle, technologie de l’information et biotechnologie aujourd’hui, piles à combustibles, nanotechnologie et génomique demain. »

[Peter A. Hackett, Conseil national de recherches du Canada; 16, 9:52]

            En examinant ces propositions, le Comité s’est interrogé au sujet de l’actuel mécanisme d’examen des investissements importants en S. et T., particulièrement ceux qui ont une composante internationale. C’était notamment le cas du plan à long terme proposé pour l’astronomie.

Le Plan à long terme pour l’astronomie

            Le Comité a eu la chance de recevoir un exposé éclairant sur une grande proposition ou initiative canadienne ayant une nette dimension internationale. Élaboré par un comité d’experts, le Plan à long terme pour l’astronomie et l’astrophysique reflète le consensus et l’appui de toute la collectivité astronomique. Il tire parti des atouts scientifiques et techniques du Canada de manière à lui permettre de continuer à exercer son leadership international en astronomie. Le Comité a appris que le Plan à long terme a reçu publiquement l’appui des principales parties prenantes, y compris les présidents de tous les organismes gouvernementaux qui subventionnent l’astronomie au Canada : le Conseil national de recherches; l’Agence spatiale canadienne; le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie; les présidents des universités canadiennes qui font de la recherche en astronomie; les chefs de file de l’industrie canadienne; et les chefs de file dans le domaine de la sensibilisation du public à l’éducation et aux sciences. Il bénéficie d’un très large appui.

            Le Comité a appris que le Canada joue un rôle de premier plan sur la scène mondiale dans le domaine de l’astronomie et de l’astrophysique, et que ce secteur de recherche est sur le point de fournir des réponses à certaines questions fondamentales.

Pour commencer, j'aimerais vous donner une idée de la situation de cette discipline à l'échelle internationale et du rôle dominant que joue le Canada dans le monde. Grâce aux progrès technologiques des dernières décennies, dont un grand nombre sont à mettre au crédit de Canadiens, l'astronomie est sur le point de réécrire toute l'histoire du monde. Nos télescopes les plus puissants, par exemple le télescope spatial Hubble, nous donnent une image de l'univers lorsqu’il avait la moitié de son âge actuel. Nous serons bientôt à même de remonter encore plus loin dans le temps et de répondre à des questions fondamentales qui n'ont jamais cessé de piquer la curiosité des êtres humains. Comment l'univers structuré qui nous entoure a-t-il vu le jour? À quand remontent l'apparition de la lumière et la naissance des étoiles et des galaxies? Comment l'univers a-t-il évolué et quel est son sort ultime? Quand les premiers éléments de la vie sont-ils apparus? La vie — et avec elle, la civilisation — existe-t-elle ailleurs dans l'univers? Quelle est la place de l'humanité dans cette histoire du cosmos? [Russell A. Taylor, Coalition pour l’astronomie au Canada; 6, 9:25]

            Des témoins ont informé le Comité que la mise au point d’une nouvelle génération de télescopes exigera la collaboration internationale. Le Canada est un joueur important sur la scène mondiale et, dans le secteur canadien des sciences et de la technologie, l’astronomie devance toutes les disciplines en termes d’impact international.

Ce sont ces questions et beaucoup d’autres qui impulsent l'élaboration de la prochaine génération de télescopes au sol et dans l'espace. Ces télescopes seront tellement puissants et pousseront tellement loin les technologies actuelles qu'aucun pays n'a les ressources nécessaires pour les concevoir tout seul. L'astronomie entre dans une ère d'internationalisation où des groupes de pays développés travaillent ensemble et regroupent leurs ressources pour élaborer et construire des installations qui redéfinissent la notion de «fin du fin». Le Canada est un joueur important dans ces projets internationaux. La plupart des Canadiens savent que leur pays est un leader mondial en science et en technologie mais, dans l’ensemble des disciplines scientifiques, le Canada compte pour environ 5 % de la recherche mondiale. L'impact relatif d'une discipline sur la scène internationale se mesure par le nombre de références aux recherches publiées dans les ouvrages de nos collègues étrangers et d’autres chercheurs. En science et technologie canadiennes, l'astronomie est en tête de toutes les disciplines sur le plan de l'impact international. […] L'impact de l'astronomie canadienne, par astronome, fait de notre pays le troisième joueur le plus important dans ce domaine d'études, précédé par les États-Unis et le Royaume-Uni. Nous devançons tous les autres grands pays qui appuient la science et la technologie, bien que le niveau de financement du Canada par habitant en astronomie soit le plus faible parmi les pays membres du G-7 et de l’OCDE, en fait, sept fois moins qu'aux États-Unis et cinq fois moins qu'au Royaume-Uni. [Russell A. Taylor; 6, 9:26]

            Le Comité a déjà adopté une motion proposant que le gouvernement fédéral appuie le financement de 160 millions de dollars du Plan à long terme.

Le Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologie de la Chambre des communes accorde son entier appui au Plan à long terme pour l’astronomie et l’astrophysique. Le Plan à long terme propose d’accorder un supplément de 16,4 millions de dollars par an pendant 10 ans, 164 millions de dollars en tout, au Centre national de recherches du Canada (CNRC) et au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG).

            De l’avis du Comité, le Plan constitue une excellente proposition, mais le processus d’examen en vue de déterminer l’opportunité de le financer n’est pas suffisamment inclusif et on devrait disposer de plus amples renseignements à son sujet. Le problème constaté à l’égard du processus d’examen/d’approbation du Plan touche également tous les grands projets de S. et T. Étant donné l’importance croissante de la collaboration internationale dans le cadre d’installations et de projets scientifiques d’envergure, ainsi que le nombre de projets de « mégascience » qui devront être évalués en vue d’un financement, la nécessité d’un meilleur processus d’examen constitue une priorité et le Comité recommande par conséquent :

7. Que le gouvernement du Canada élabore un processus consultatif définitif pour les grands projets scientifiques, particulièrement ceux qui ont une dimension internationale.

La biotechnologie

            Il est souvent question de la biotechnologie dans la presse, et le ministre de l’Industrie a signalé l’importance de cette discipline pour le Canada.

La biotechnologie est aussi une technologie habilitante pour l’avenir. Ce savoir scientifique essentiel engendrera de nouvelles manières de faire face aux défis de l’environnement, suscitera une croissance dans des secteurs industriels existants et en devenir, permettra l’apparition de nouveaux médicaments et nous donnera les moyens de prévenir les maladies. C’est comme cela que l’on imagine un pays qui sait comment faire les choses – un Canada de l’avenir qui sera innovateur et davantage intégré. [L’honorable Brian Tobin; 3, 15:40]

            Cette technologie concerne l’application de la science et du génie à l’utilisation directe d’organismes vivants ou de parties ou produits d’organismes vivants dans leur état naturel ou un état modifié. Même si l’humanité a recours depuis des siècles à la biotechnologie, ce n’est que depuis une trentaine d’années que des découvertes majeures permettent d’en exploiter le vaste potentiel.

Cela ne fait que 30 ans que nos chercheurs ont découvert la recombinaison de l’ADN. Aujourd’hui, la recombinaison de l’ADN n’est qu’une technique mais elle est à l’origine de toute l’industrie de la biotechnologie […] La première découverte de la biotechnologie qui a été faite au Canada et qui a, d’après moi, profité à la population a été celle de l’insuline humaine. L’on peut dire que l’insuline humaine a été la première application du génie génétique. Cela remonte à 1982. Depuis lors, on a découvert de nombreux traitements biopharmaceutiques pour le sida et pour d’autres maladies et il y a de nombreux projets en cours dans ce domaine. [Barry D. McLennan, Coalition pour la recherche biomédicale et en santé; 17, 10:43]

Les retombées éventuelles à long terme de la biotechnologie sont énormes, mais déjà on peut en observer de nombreuses applications.

Je vais maintenant parler un peu des avantages. De l’autre côté de la ville, nous travaillons depuis 20 ans à élaborer des vaccins à partir des glycoprotéines. Ces vaccins viennent d’être mis en marché et d’être utilisés au Royaume-Uni. […] Je pourrais parler des 1 000 vies que l’on sauvera dans le monde d’ici 2015 grâce à ce vaccin […] Les enfants sont les derniers récepteurs de la méningite. Avec ce vaccin, nous allons réussir à éradiquer complètement cette maladie de la planète, et c’est là le véritable avantage que représente cette découverte biotechnologique. Cette même technologie permet de s’attaquer à sept autres maladies enfantines. La recherche est en cours. Ce sera commercialisé prochainement.

Je vais passer aux avantages pour l’environnement […] Nous avons créé des puces à ADN pour détecter les éléments pathogènes de l’eau à un coût raisonnable. L’on peut maintenant déceler avec une puce à 5 $ le cryptosporidium parvum, etc.

Nous avons entendu parler de Walkerton. Deux jours après que Walkerton a fait les manchettes, j’avais le mémoire du Dr Malcolm Perry sur mon bureau. Il travaille à l’Institut des sciences biologiques et il m’a dit : «J’ai la réponse, je travaille sur cette question depuis 20 ans. » Nous étudions maintenant un vaccin contre l’E. coli 0157:H7 qui va être mis au point par l’agence VIDO de l’Université de la Saskatchewan.

L’ostéoporose. Nous avons lancé une petite entreprise qui produit une hormone parathyroïde synthétique. […] Cette nouvelle technologie ne se contente pas de réparer l’os, elle le reconstruit. Bien sûr, il faudra encore plusieurs années de mise au point et beaucoup d’argent pour commercialiser cette technologie, mais nous travaillons dans cette direction.

Pour parler encore d’avantages, sur le plan économique, il faut parler de l’Institut de recherche en biotechnologie de Montréal, qui est une pépinière de petites entreprises. Il s’occupe, je crois, à l’heure actuelle, d’une vingtaine de petites entreprises. Elles ont 260 employés. Il y a parmi elles des entreprises qui sont venues des États-Unis et d’Europe. [Peter A. Hackett; 17, 11:07]

            Entre autres avantages, la biotechnologie contribue à empêcher la fuite des cerveaux et crée de la richesse pour les Canadiens. C’est l’un des secteurs qui croissent le plus rapidement au Canada.

La biotechnologie peut donc contribuer à stopper la fuite des cerveaux, à créer des emplois et, en fin de compte, à améliorer la santé individuelle et économique des Canadiens … La biotechnologie intéresse de nombreux secteurs économiques. Il y a lieu de noter qu’au Canada, les activités dans le domaine de la biotechnologie sont principalement concentrées dans la santé humaine et animale; elles représentent 46 % de l’activité industrielle, près de 87 % de l’investissement dans la R. et D., et c’est le secteur qui crée le plus d’emplois à l’heure actuelle dans notre économie. [Barry D. McLennan; 17, 10:43]

Le gouvernement fédéral appuie fortement la biotechnologie, et le Comité encourage activement ce soutien.

Nous sommes un petit pays, mais nous sommes au deuxième rang pour ce qui est du nombre de sociétés qui ont recours à la biotechnologie. Par habitant, nous arrivons au deuxième rang dans le monde […] et nous tenons beaucoup à dire que le gouvernement nous appuie. Le gouvernement fédéral a déjà mis sur pied un certain nombre de programmes très importants. Il y a la Fondation canadienne pour l’innovation, le programme des chaires de recherche du Canada, les instituts de recherche en santé du Canada et, plus récemment, Génome Canada. Ce sont là des programmes fédéraux fantastiques qui donnent la possibilité à tous les chercheurs canadiens de profiter de cette initiative. Je félicite et remercie le gouvernement d’avoir pris ces décisions stratégiques très importantes. [Barry D. McLennan; 17, 10:43]

            Le Comité a appris que la biotechnologie est en train de fusionner avec d’autres technologies et que cette convergence pourrait bien transformer notre économie.

Nous sommes à la veille de connaître une autre révolution. La biologie est en passe de se transformer en une science fondée sur l’information. C’est cela la génomique. Nous assistons à la convergence de la biotechnologie et de la technologie de l’information. Nous assistons à la convergence des biotechnologies avec la technologie des matériaux, et la biotechnologie va avoir des répercussions sur tous les secteurs de l’économie. Cette nouvelle économie est uniquement fondée sur la R. et D. La R. et D. est l’alpha et l’oméga de la bioéconomie et la bioéconomie est l’avenir de la biotechnologie. [Peter A. Hackett; 17, 11:00]

            Les avancées en biotechnologie s’accélèrent, et des témoins se demandent si les Canadiens sont prêts à relever le défi de la course mondiale dans ce domaine.

La biotechnologie se développe à un rythme de plus en plus rapide, mais cela nous pose un défi, parce que cela nous amène à nous demander, en tant que nation et en tant que peuple, et c’est même là le titre de notre mémoire, si les Canadiens sont prêts à répondre aux défis que pose cette course mondiale dans le domaine de la biotechnologie. Pouvons-nous rivaliser avec les autres? Allons-nous consacrer à ce domaine des ressources suffisantes pour être compétitifs?

[Barry D. McLennan; 17, 10:48]

À ces questions, le Comité répond par l’affirmative.

La génomique

            L’une des plus grandes percées scientifiques des dernières années est la carte provisoire du génome humain3, qui vient d’être achevée. On a signalé au Comité certains progrès au Canada dans ce domaine. À long terme, les avantages éventuels de la génomique sont stupéfiants, entre autres dans des secteurs comme les maladies héréditaires, la vulnérabilité aux substances cancérigènes présentes dans l’environnement et l’amélioration de la santé humaine. Ces avancées en génomique s’accompagneront de nombreuses possibilités d’innovation.

[L]a cartographie du génome humain est manifestement un événement important dans l’histoire de l’humanité d’un point de vue scientifique et devrait profiter à l’humanité plutôt que seulement à des particuliers en quête de profits. [L’honorable Brian Tobin; 3, 17:10]

            En 1999, on a constitué Génome Canada en tant qu’organisme sans but lucratif dans le cadre de la Stratégie en matière de biotechnologie, d’Industrie Canada. Génome Canada a pour objectif d’appuyer la recherche nationale en génomique. Sont mis à contribution l’industrie, le gouvernement, les organismes d’État, les hôpitaux et les universités. Génome Canada coordonnera la recherche touchant les domaines suivants, mais sans y être limitée : 1) la génomique et la protéomique, 2) le génotypage, 3) la bioinformatique, 4) le développement de nouvelles technologies, et 5) les répercussions sur les plans éthique, juridique et social. Génome Canada a obtenu 160 millions de dollars dans le cadre du Budget fédéral 2000, et une subvention additionnelle de 140 millions de dollars en février 2001. Des fonds en provenance de trois sources — la Fondation canadienne pour l’innovation, le secteur privé et les gouvernements provinciaux — viendront compléter les 300 millions de dollars alloués par le gouvernement fédéral et fourniront à Génome Canada l’ensemble des fonds dont l’organisme aura besoin pour financer ses projets au cours de ses cinq prochaines années.

Le 28 février dernier, j’annonçais en effet une subvention supplémentaire de 140 millions de dollars à l’initiative Génome Canada, ce qui porte à 300 millions de dollars le financement accordé jusqu’ici à cet organisme. Cette contribution pourrait avoir pour effet d’entraîner, d’ici au 1er avril 2005, des contributions supplémentaires de l’ordre de 320 millions de dollars venant, cette fois, d’autres partenaires. [L’honorable Brian Tobin; 3, 15:45]

            Bien que peu de fonds aient été consacrés à la génomique par le passé, le Comité se félicite du soutien que le gouvernement accorde maintenant à cette initiative de recherche très importante qui peut profiter au Canada et aux Canadiens. On a signalé au Comité que Génome Canada allait faire face à un certain nombre de défis au cours des prochaines années, et le Comité s’attend à ce qu’il les relève.

[N]otre défi de la prochaine année, et peut-être des 18 prochains mois, est d’abord de passer du sixième rang au troisième rang en nombre de publications, parce que si les publications augmentent en nombre tout en demeurant de la même qualité, le Canada en entier sera définitivement un joueur majeur dans certains créneaux, dans certaines niches. Le deuxième défi est d’établir des partenariats internationaux. C’est déjà commencé; nous avons actuellement une liste de 17 projets auxquels participent les meilleurs chercheurs canadiens, qui sont compétitifs à l’échelle internationale, et c’est à nous maintenant d’établir ces partenariats avec des collaborateurs étrangers. Finalement, le dernier défi, c’est que le financement de Génome Canada soit aussi à la disposition de l’industrie. Nous espérons, au cours de la prochaine année, avoir de plus en plus de sociétés de biotechnologie canadiennes susceptibles d’obtenir du financement du Génome Canada en collaboration avec les universités.

[Martin Godbout, Génome Canada; 16, 9:25]

Des témoins ont informé le Comité des nombreux résultats excellents obtenus par Génome Canada dans sa première année d’opération.

Déjà, en juillet 2000, cinq centres au Canada étaient incorporés avec leur conseil administratif respectif. Dès le mois de septembre 2000, un inventaire de plus de 275 projets avait été soumis dans les cinq centres de génomique du Canada. En novembre, les cinq centres nous ont soumis 73 lettres d’intention qui correspondaient à 73 projets à grande échelle. Ces 73 projets ont été évalués par un comité de pairs de la scène internationale. Le 26 janvier 2001, les cinq centres de génomique nous ont soumis chacun un plan d’affaires. Le total des projets soumis dans les cinq plans d’affaires étaient de 31 projets pour un investissement maximum d’au-delà de 600 millions de dollars. […] Le 22 mars 2001, il y a moins d’un mois, le conseil d’administration de Génome Canada a retenu 17 projets dans l’ensemble du Canada, dans les cinq secteurs d’application : la santé, l’environnement, la foresterie, les pêches et l’agriculture, pour un total de 270 millions de dollars, dont 135 millions de dollars proviendront de Génome Canada et 135 millions de dollars proviendront des provinces.

[Martin Godbout; 16, 9:20]

            Le Comité était très heureux de constater que les gouvernements fédéral et provinciaux soutiennent activement une initiative de recherche d’importance aussi cruciale. Il espère qu’il y aura davantage de collaborations de ce type en ce qui concerne les investissements en S. et T.

La nanotechnologie

            L’une des principales technologies de l’avenir sera la nanotechnologie. En termes très simples, elle consiste à fabriquer des machines ultra-petites chargées d’accomplir certaines tâches. Mais la nanotechnologie pourrait transformer de nombreux aspects de la société. Dans une large mesure, elle en est à ses balbutiements et bon nombre de ses applications ou bien dépassent l’imagination, ou bien sont encore du domaine de la science-fiction.

Qu’est-ce donc que la nanotechnologie? C’est le point de rencontre entre les sciences de la vie et les sciences physiques, une technologie qui permettra un jour de construire des ordinateurs plus rapides, des robots plus intelligents, et même des sondes microscopiques qui pourront accomplir des tâches dans le corps humain. Pour vous donner une idée, un nanomètre, c’est un milliardième de mètre, c’est-à-dire environ quatre atomes côte à côte. C’est un domaine qui permet de fabriquer quelque chose à la limite absolue du fondamental. [Peter A. Hackett; 16, 9:56]

L’un des témoins a expliqué cette technologie en des termes très concrets :

Nous sommes tous des produits de la nanotechnologie. Nous fonctionnons tous parce que nos mécanismes biologiques qui se sont développés au cours de millénaires sont très efficaces et très sélectifs. La biologie nous enseigne beaucoup sur les mécanismes moléculaires qui accomplissent des fonctions de génie, et nous devons appliquer ces connaissances et cette démarche au monde des matériaux et de la micro-électronique. [Peter A. Hackett; 16, 9:56]

            Le Comité a été troublé d’apprendre que d’autres pays investissent déjà massivement dans cette technologie révolutionnaire, alors que le Canada est encore au stade de la réflexion.

[En 1997] les États-Unis, l’Europe et le Japon ont chacun dépensé 180 millions de dollars dans le secteur de la nanotechnologie. Pour l’an 2002, le président Bush demande un budget de 485 millions de dollars. Le Japon vient d’annoncer un programme de 410 millions de dollars. À Osaka, 61 compagnies japonaises sont en train de créer un institut de nanotechnologie. Dans l’État de New York, IBM contribue cette année au financement d’un centre d’excellence en nanotechnologie. En Suisse, l’effort national est bien intégré, 24 millions pour la recherche fondamentale et 55 millions pour la commercialisation. En Allemagne, plusieurs projets sur une large échelle sont en cours, y compris un programme de 100 millions de dollars pour la commercialisation. [Peter A. Hackett; 16, 9:55]

Pour ce qui est de la nanotechnologie, nous y travaillons. Nous avons été saisis de la question. Je ne voudrais pas devancer le processus, mais nous nous y intéressons beaucoup. [L’honorable Brian Tobin; 3, 17:12]

De toute évidence, le gouvernement doit intervenir.

Le Centre de neutrons

            Le Canada abrite l’un des 20 centres de neutrons au monde. Ces centres génèrent les neutrons nécessaires à la recherche sur les matériaux. Ce sont des installations ou des outils de R et D essentiels dont l’industrie et les universités font grand usage. Comme le centre de Chalk River approche de la fin de sa durée de vie utile, il faut en construire un autre si l’on entend poursuivre le travail. On semble convenir assez largement dans les milieux de la recherche que l’un des éléments de l’infrastructure scientifique canadienne du XXIe siècle devrait être le centre de neutrons de Chalk River.

Les faisceaux de neutrons servent de sondes pour analyser les matériaux. Ils permettent d'ajouter à nos connaissances. En nous fournissant des renseignements impossibles à obtenir autrement, ils nous permettent d'être compétitifs dans la fabrication et l'exploitation des matériaux par l'industrie et par la société. Ces connaissances sont utilisées par trois composantes de l'infrastructure du savoir au Canada : les universités, qui s'en servent à des fins de formation et de recherche fondamentale; les laboratoires publics, qui font de la recherche fondamentale axée sur les répercussions économiques; et l'industrie comme telle.

[John Root, Conseil national de recherches du Canada; 16, 10:10]

            Aujourd’hui, des milliers de chercheurs recourent à la diffusion de neutrons en physique des matériaux, en chimie, en biologie et en génie. Il faut pour cela des installations spécialisées dotées d’une élite professionnelle et d’un matériel très coûteux.

C'est une ressource très spécialisée. Elle nécessite une équipe locale d'experts capables d’aider les utilisateurs profanes à extraire de la technologie l'information dont ils ont besoin. Comme vous l'avez vu, l'équipe de Chalk River est très restreinte. Ses membres trouvent les perspectives de recherche dans d'autres pays très attrayantes; deux des six membres de mon équipe ont déjà des offres d'emploi fermes en Australie. Deux d'entre eux sont assez âgés et prendront vraisemblablement leur retraite bientôt. Comme il me sera difficile de les remplacer, le personnel nécessaire pour diffuser cette technologie aux Canadiens disparaît. Le risque est là. Ces experts sont nécessaires pour aider les Canadiens à tirer parti des neutrons et la situation actuelle signifie que les Canadiens n'y auront plus accès. D'ici quelques années, l’aptitude du Canada à exploiter l'information tirée des neutrons aura disparu sur l’ensemble du territoire. Il y aura toujours quelques professeurs qui pourront aller travailler dans des laboratoires internationaux et bénéficier de leur savoir-faire, mais comme vous l'avez vu, les experts en recherches neutroniques sont de plus en plus recherchés dans le monde entier. S’ils n’apportent pas leur contribution, les chercheurs canadiens ne seront peut-être pas aussi chaleureusement accueillis dans ces laboratoires internationaux que ceux qui travaillent dans le domaine. Si on n’utilise pas ces technologies de pointe, si on n’apprend pas comment exploiter l'information qu’elles procurent, on ne peut pas réellement tirer parti de l’accès aux sources étrangères. J'estime que vous priveriez le Canada d'un des trois piliers de la technologie de pointe qui étayent la recherche sur les matériaux. [John Root; 16, 10:10]

            Il y a une pénurie de centres de neutrons et certains pays sont en train de remplacer leurs sources de neutrons utilisés dans certains domaines de la recherche avancée.

Des pays partout dans le monde s'affairent à remplacer leurs sources de neutrons — et vous voyez ici la liste de certains des projets actuellement en cours. Des petits pays, des pays non nucléaires, comme l'Australie, la Corée et Taiwan, reconnaissent tous l'apport essentiel des sources de neutrons à la recherche sur les matériaux avancés et sont en train d'en construire. Des projets d'envergure fondés sur un modèle différent pour la production de neutrons sont aussi en cours, notamment aux États-Unis. Ainsi, le projet dit Spalatian Neutron Source, évalué à 2 milliards de dollars, devrait permettre la production de neutrons dès 2007. [John Root; 16, 9:34]

            Le Comité a appris qu’une proposition canadienne d’aménagement d’un centre canadien de neutrons a été présentée au gouvernement fédéral, mais qu’aucune décision n’a encore été prise à ce sujet.

Au Canada, nous avons nous aussi un projet de construction d'une nouvelle source de neutrons. Depuis plus de dix ans, ceux qui s’intéressent à la dispersion de neutrons réclament la construction d'une nouvelle source améliorée de neutrons qui s'ajouterait à celle que nous avons déjà à Chalk River. Il s'agit du Centre canadien de neutrons. Voici une vue d'en haut d'un grand laboratoire. Voici la source de neutrons. Elle est très petite, de la taille d'un seau environ, et émet des neutrons dans bien des directions pour alimenter plusieurs postes. Le projet coûtera environ 466 millions de dollars, répartis sur une période de six à huit ans, mais le centre aura une durée de vie de 40 ans et soutiendra 20 000 projets de recherche. Il ne s'agit donc pas d'un grand projet scientifique qui ne répondra qu'à une question; il répondra à des milliers de questions et son effet se fera sentir dans tous les secteurs de l'économie canadienne. [John Root; 16, 9:34]

Le (centre de neutrons) que vous avez mentionné est une priorité qui doit faire l'objet d'un examen, mais je ne pense pas que le gouvernement soit prêt, à ce stade, à se prononcer. Nous n'avons pas encore terminé l'évaluation et l'examen qui s'imposent, et nous n'avons pas confronté cette priorité à toutes les autres pour voir laquelle satisfait aux critères de dépenses. [L’honorable Brian Tobin; 3, 16:00]

Donc, le Comité attend.

Le Projet de rayonnement synchrotron

            Le Comité a entendu parler d’une autre installation scientifique importante dont la création remonte à la fin des années 1970. Le 31 mars 1999, les modalités de financement du Projet de rayonnement synchrotron ont été annoncées, la Fondation canadienne pour l’innovation étant le plus gros bailleur de fonds.

À Saskatoon, vous êtes nombreux à le savoir, le projet de rayonnement synchrotron de l'Université de la Saskatchewan permet d'effectuer de la recherche fondamentale sur toute une gamme de produits, des nouveaux médicaments et vaccins aux appareils microscopiques, en passant par des implants et des micropuces plus puissantes pour les micro-ordinateurs. Ce projet est la plus importante initiative qu'ait jamais financée la Fondation canadienne pour l'innovation. En fait, toutes contributions financières confondues, l’investissement global dans ce projet est de l'ordre de 170 millions de dollars. Il est fondé sur le partenariat et c'est le Dr Michael Bancroft qui en assure la supervision. [L’honorable Brian Tobin; 3, 15:47]

            Le rayonnement synchrotron est la lumière produite lorsqu’un faisceau extrêmement rapide de particules chargées (comme des électrons) est courbé dans un champ magnétique. Il couvre le spectre du rayonnement électromagnétique des rayons infra-rouges aux rayons gamma et il constitue la meilleure source de rayons X dont dispose la technologie moderne. Le Canada est actuellement le seul grand pays industriel qui n’ait pas sa propre installation de rayonnement synchrotron. Cet important projet va munir d’un outil inestimable les chercheurs canadiens de nombreux domaines.

Les bénéficiaires pourraient se retrouver dans presque toutes les disciplines scientifiques: biologie, médecine, physique, chimie, géologie, agriculture, biotechnologie, sciences environnementales, exploitation minière et archéologie. […] Il y aura des avantages pour la biotechnologie, la recherche pharmaceutique et la médecine de même que pour la recherche sur les nouveaux matériaux, les technologies de l'information et les microsystèmes, l'exploitation minière, les ressources naturelles et l'environnement. [Walter Davidson, Conseil national de recherches du Canada; 16, 9:40]

Bien que le Projet canadien de rayonnement synchrotron compte tirer à terme 25 % de ses recettes de contrats industriels, il lui manque encore environ 18 % de son capital d’exploitation. Le Comité estime encourageante l’approbation d’installations de R. et D. aussi importantes, mais il se demande comment le projet a pu être financé par le gouvernement s’il manquait une partie des fonds d’exploitation nécessaires.