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FINA Rapport du Comité

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CHAPITRE DEUX : LES JEUNES ÉTUDIANTS

A. Statistiques

Afin de se préparer à entrer sur le marché du travail comme employés ou entrepreneurs, les jeunes étudient dans des établissements d’enseignement secondaire et – peut-être aussi – postsecondaire. Selon leur domaine d’études, ils participeront à des programmes de stage, y compris comme apprentis.

1. Étudiants des niveaux secondaire et postsecondaire

D’après le Manuel pour le programme d'indicateurs pancanadiens de l'éducation de Statistique Canada, étant donné que de plus en plus de métiers et de professions font appel à des technologies de pointe ou requièrent des compétences spécialisées, beaucoup de programmes d’apprentissage des métiers ou de formation professionnelle ne sont ouverts qu’aux titulaires de diplômes d’études secondaires, ce qui n’était pas le cas auparavant. De plus en plus, les étudiants doivent terminer avec succès leurs études secondaires pour atteindre leurs objectifs liés au marché du travail.

Le « taux de décrochage » représente le pourcentage de jeunes de 20 à 24 ans qui n’ont pas obtenu leur diplôme d’études secondaires et qui ne poursuivent pas d’études. Comme le montre la figure 1, au Canada, le taux de décrochage n’a cessé de reculer depuis au moins 1991 – première année pour laquelle ces données ont été rendues publiques –, passant de 16,6 % cette année-là à 7,4 % en 2012.

Figure 1 – Taux de décrochage des élèves de niveau secondaire, Canada, années scolaires 1990–1991 à 2011–2012

Figure 1 – Taux de décrochage des élèves
          de niveau secondaire, Canada,
          années scolaires 1990–1991 à 2011–2012

Nota :         Une année scolaire s’étend de septembre à avril.

Source :     Statistique Canada, Enquête sur la population active 2012, totalisations spéciales.

Les titulaires d’un diplôme d’études secondaires admissibles peuvent s’inscrire à des programmes dans des établissements postsecondaires. Comme l’indique le Manuel pour le programme d'indicateurs pancanadiens de l'éducation, les universités offrent le plus souvent des programmes de premier cycle menant à l’obtention d’un baccalauréat, alors que les programmes de maîtrise demandent habituellement deux années d’études supplémentaires et que les doctorats exigent généralement de trois à cinq années d’études de plus, ainsi que des travaux de recherche et la rédaction d’une thèse. Les programmes collégiaux se concentrent normalement sur des métiers ou des professions spécifiques qui mènent à l’obtention de diplômes, de certificats ou d’attestations, plutôt qu’à des grades universitaires. Le terme « collèges » désigne divers types d’établissements, dont les collèges régionaux, les collèges communautaires et les instituts. Au Québec, les programmes se concentrant sur des métiers ou des professions spécifiques sont habituellement dispensés par les collèges d’enseignement général et professionnel (cégeps) et au niveau secondaire. Les cégeps offrent aussi des programmes préuniversitaires qui sont généralement obligatoires afin d’entamer des études universitaires.

Les données de Statistique Canada indiquent que de 2000–2001 à 2011–2012, les effectifs postsecondaires ont augmenté de manière constante, le nombre d’étudiants inscrits dans les universités et les collèges ayant progressé annuellement, en moyenne, de 3,7 % et de 2,7 % respectivement pendant cette période. Ainsi, on comptait près de 2 millions d’étudiants dans les établissements postsecondaires en 2011–2012. De ce nombre, environ 63,3 % étaient inscrits dans une université et 36,7 % dans un collège, comme le montre le tableau 1.

Tableau 1 – Effectifs postsecondaires, excluant les apprentis, Canada, selon le type d’institution et le groupe de programmes, 2011–2012

Classification pancanadienne type de l’éducation

Total

Université

Collège

Deuxième cycle de l’enseignement secondaire

39 297

7 026

32 271

Formation postsecondaire – générale

175 116

60 654

114 465

Formation postsecondaire – professionnelle ou technique

486 594

26 901

459 684

Baccalauréat ou équivalent

921 192

891 897

29 295

Maîtrise, résidence ou équivalent

149 502

149 463

39

Doctorat ou équivalent

49 335

49 335

S.O.

Autre éducation

175 167

78 468

96 696

Total

1 996 200

1 263 750

732 450

Nota :         « Deuxième cycle de l’enseignement secondaire » inclut les programmes non postsecondaires d’éducation et d’acquisition de compétences de base dispensés dans les établissements postsecondaires.

                  « Formation postsecondaire – générale » inclut les programmes préparatoires à la formation professionnelle, technique ou préuniversitaire, les programmes préuniversitaires, les programmes préparatoires au premier cycle, certains programmes de premier cycle qui ne mènent pas à un baccalauréat et d’autres programmes.

                  « Formation postsecondaire – professionnelle ou technique » fait référence à deux groupes : les programmes de compétences postsecondaires qui ne sont pas des programmes d’apprentissage, préuniversitaires, de premier cycle ou d’études supérieures; ainsi que certains programmes de premier cycle qui mènent habituellement à un cheminement de carrière précis et au marché du travail.

                  « Baccalauréat ou équivalent » inclut les programmes postérieurs au baccalauréat excluant les études supérieures, des programmes préparatoires aux études supérieures et d’autres programmes.

Ces données sont aléatoirement arrondies à un multiple de 3 pour des questions de confidentialité.

« S.O. » signifie sans objet.

Source :     Statistique Canada, Tableau 477-0035, « Effectifs postsecondaires, selon le type de programme, genre de sanction d’études et Classification pancanadienne type de l’éducation (CPCTE), » CANSIM (base de données), consulté le 3 avril 2014.

Comme le montre le tableau 1, en 2011–2012, 86,3 % des étudiants d’université – soit près de 1,1 million de personnes – étaient inscrits dans des programmes de baccalauréat, de maîtrise ou de doctorat, alors que les 13,7 % restants étaient inscrits dans d’autres programmes d’études postsecondaires, de deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou encore dans d’autres programmes d’éducation. Cette année-là, 62,8 % des étudiants de niveau collégial – soit près de 460 000 personnes – étaient inscrits dans des programmes de formation professionnelle ou technique; le reste, soit 37,2 %, étaient inscrits dans des programmes de formation postsecondaire générale, de deuxième cycle de l’enseignement secondaire, de baccalauréat et d’études supérieures ou dans d’autres programmes d’éducation. Les données de Statistique Canada révèlent que pour l’ensemble de cette année, 73,4 % des étudiants de niveau postsecondaire étudiaient à temps plein; les taux de fréquentation à temps plein dans les universités et les collèges étaient d’ailleurs semblables.

Le tableau 2 fait ressortir que les trois domaines d’études universitaires les plus populaires en 2011–2012 étaient : les sciences humaines; le commerce, la gestion et l’administration publique; les sciences sociales et de comportements et le droit. Cette tendance existe au moins depuis 1999–2000, première année pour laquelle ces données ont été rendues publiques. Dans les collèges, les trois domaines d’études les plus populaires depuis 2004–2005 sont : les sciences humaines; le commerce, la gestion et l’administration publique; la santé, les parcs, la récréation et le conditionnement physique.

Tableau 2 – Effectifs postsecondaires, excluant les apprentis, Canada, selon le type d’institution et le domaine d’études, 2011–2012

Programme d’enseignement

Total

Université

Collège

Sciences humaines

365 070

218 415

146 655

Commerce, gestion et administration publique

350 415

216 486

133 929

Sciences sociales et de comportements et droit

260 175

215 868

44 304

Santé, parcs, récréation et conditionnement physique

230 124

143 829

86 292

Architecture, génie et services connexes

190 398

108 837

81 561

Sciences physiques et de la vie et technologies

101 709

96 522

5 187

Éducation

101 517

84 543

16 974

Arts visuels et d’interprétation, et technologie des communications

84 951

49 521

35 433

Mathématiques, informatique et sciences de l'information

60 177

38 715

21 462

Services personnels, de protection et de transport

41 379

6 084

35 292

Agriculture, ressources naturelles et conservation

28 332

19 797

8 535

Perfectionnement et initiation aux loisirs

25 245

4 698

20 547

Autres programmes d’enseignement

156 708

60 432

96 276

Total

1 996 200

1 263 750

732 450

Source :     Statistique Canada, Tableau 477-0029, « Effectifs postsecondaires, selon le type de programme, genre de sanction d’études, Classification des programmes d’enseignement, regroupement principal (CPE_RP), régime d’études et sexe », CANSIM (base de données), consulté le 3 avril 2014.

2. Apprentissage et autres types de stages

Un stagiaire, un apprenti, un étudiant d’un programme coopératif ou un résident est un étudiant qui complète un programme d’éducation, la plupart du temps postsecondaire, et qui travaille dans une entreprise – ou y fait un stage – comme l’exige son programme de formation. Les stagiaires et les résidents – comme les médecins – font le plus souvent leur stage à la fin de leur programme d’études, alors que les étudiants d’un programme coopératif – comme en informatique – alternent les sessions académiques et les stages en entreprise. Les apprentis – qui se dirigent généralement vers un métier spécialisé, comme électricien ou charpentier – alternent eux aussi les sessions académiques et les stages. Ces stages sont pour eux l’occasion d’acquérir de l’expérience pratique, d’en apprendre plus sur la nature exacte de certains types de travail et milieux professionnels, et de savoir quelles sont les compétences requises. Qui plus est, les stagiaires sont souvent encadrés par des « mentors ».

Le Système d'information sur les apprentis inscrits de Statistique Canada fournit des données sur le nombre de personnes inscrites dans un programme d’apprentissage ainsi que sur le groupe professionnel auquel elles appartiennent. Comme le montre la figure 2, entre 2000–2011, le nombre d’apprentis a augmenté à un taux annuel moyen de 7,2 %, passant de 199 074 en 2000 à 426 285 en 2011. Durant cette période, la proportion de femmes a crû également, passant de 8,8 % en 2000 à 13,7 % en 2011. Selon Statistique Canada, les trois métiers les plus populaires en 2011 étaient ceux d’électricien, avec 64 842 étudiants, de charpentier, avec 50 829 étudiants, et de plombier, tuyauteur et monteur de conduites de vapeur, avec 44 319 étudiants.

Figure 2 – Apprentis inscrits, Canada, nombre total et selon le sexe, 2000–2011

Figure 2 – Apprentis inscrits,
          Canada, nombre total et selon le sexe, 2000–2011

Source :     Statistique Canada, Tableau 477-0053, « Formation des apprentis inscrits, les inscriptions, selon le groupe d’âge, sexe, et les grands groupes d’occupation », CANSIM (base de données), consulté le 3 avril 2014.

Le Système d'information sur les étudiants postsecondaires de Statistique Canada fournit des données sur certains types d’étudiants, notamment ceux inscrits dans des programmes de résidence dans le domaine de la santé. Selon Statistique Canada, le nombre de personnes inscrites dans des programmes de résidence en santé a augmenté chaque année depuis 2000–2001, passant de 7 881 cette année-là à 14 337 en 2011–2012. Les données sur le nombre de stagiaires ou d’étudiants inscrits dans des programmes coopératifs ne sont pas disponibles.

B. Aides fédérales

Le gouvernement fédéral vient en aide aux étudiants par l’intermédiaire d’un ensemble de mesures fiscales, de prêts, de bourses, de subventions et de transferts aux provinces et aux territoires.

1. Mesures fiscales pour les particuliers

En plus des initiatives fiscales provinciales et territoriales, le gouvernement fédéral a mis en place diverses mesures fiscales destinées à aider les étudiants et possiblement leurs parents. Voici quelques-unes de ces mesures :

  • le montant relatif aux études, qui est un crédit d’impôt non remboursable de 400 $ par mois d’études à temps plein et de 120 $ par mois d’études à temps partiel. Selon le ministère des Finances, les projections de dépenses fédérales à ce chapitre pour 2013 étaient de 205 millions de dollars;
  • un crédit d’impôt non remboursable pour frais de scolarité admissibles. Les projections de dépenses fédérales à ce chapitre pour 2013 s’établissaient à 320 millions de dollars;
  • le montant pour manuels, qui est un crédit d’impôt non remboursable de 65 $ par mois d’études à temps plein et de 20 $ par mois d’études à temps partiel. Les projections de dépenses fédérales à ce chapitre pour 2013 étaient de 33 millions de dollars;
  • un crédit d’impôt non remboursable pour les intérêts payés sur les prêts étudiants. Les projections de dépenses fédérales à ce chapitre pour 2013 étaient de 45 millions de dollars;
  • une déduction pour outils visant les gens de métier salariés et les apprentis mécaniciens. Les projections de dépenses fédérales à ce chapitre pour 2013 étaient de 4 millions de dollars;
  • les bourses d’études, qui ne sont pas imposables. Les projections de dépenses fédérales à ce chapitre pour 2013 s’établissaient à 44 millions de dollars.

Pour l’année 2013, les projections de dépenses fédérales au titre du montant relatif aux études, des frais de scolarité admissibles et du montant pour manuels étaient de 545 millions de dollars en transferts aux parents admissibles, et de 505 millions de dollars en reports d’une année précédente pour les contribuables.

2. Prêts, bourses et subventions pour les particuliers

En plus des prêts, des bourses ou des subventions pour études accordés par les provinces et les territoires ainsi que des bourses et du soutien aux études pour les Canadiens d’origine autochtone qu’offre le gouvernement fédéral, il y a le Programme canadien de prêts aux étudiants (PCPE) destiné aux étudiants admissibles à des prêts provinciaux. Les prêts consentis dans le cadre du PCPE du gouvernement fédéral, qui varient selon les provinces et les territoires, peuvent être complétés par une série de subventions fédérales. Dans certains cas, la dette peut être annulée et des facilités de remboursement peuvent aussi être accordées.

Selon le Secrétariat du Conseil du Trésor, en 2012–2013, le gouvernement fédéral a octroyé 872,1 millions de dollars en nouveaux prêts, en vertu de la Loi fédérale sur l’aide financière aux étudiants, mais a déboursé 2,6 milliards de dollars au titre des anciens et nouveaux prêts combinés. Par ailleurs, selon Emploi et Développement social, les emprunteurs ont profité de bonifications d’intérêts évaluées à 113,0 millions de dollars pour cette année-là.

En outre, d’après les Comptes publics du Canada 2012–2013, 680,2 millions de dollars en bourses fédérales ont été versés cette année-là à des étudiants issus de familles à faible revenu et de familles à revenu moyen, à des étudiants ayant des personnes à charge, à des étudiants à temps partiel et à des étudiants ayant une incapacité permanente.

Par ailleurs, le gouvernement fédéral accorde les subventions suivantes pour les apprentis :

Comme l’indiquent les Comptes publics du Canada 2012–2013, les dépenses fédérales au titre des subventions destinées aux apprentis se sont élevées à 101,7 millions de dollars pour cette année-là.

Dans le budget fédéral de 2014, le gouvernement a annoncé la création de prêts sans intérêt – pouvant aller jusqu’à 4 000 $ par période de formation technique – pour les apprentis inscrits à leur première formation d’apprentis dans un métier désigné du Sceau rouge. On s’attend à ce qu’au moins 26 000 apprentis par année se prévalent de cette mesure, ce qui représente plus de 100 millions de dollars en prêts par année.

3. Transferts aux provinces et aux territoires

Grâce au Transfert canadien en matière de programmes sociaux (TCPS), le gouvernement fédéral accorde du financement aux provinces et aux territoires pour soutenir l’éducation postsecondaire, l’aide sociale et les services sociaux, ainsi que le développement de la petite enfance, l’apprentissage et la garde des jeunes enfants. Le TCPS est calculé selon un montant égal par habitant. D’après le ministère des Finances du Canada, en 2013–2014, le gouvernement fédéral devrait transférer 12,2 milliards de dollars aux provinces et aux territoires au titre du TCPS.

C. Points de vue des témoins sur les obstacles auxquels se heurtent les étudiants de niveau postsecondaire

Les témoins qui ont comparu devant le Comité ont fait état d’un certain nombre de problèmes concernant l’éducation postsecondaire, qui sont susceptibles d’avoir des répercussions sur les possibilités d’apprentissage des jeunes et, de ce fait, sur leur emploi futur. Ils se sont particulièrement concentrés sur la disparité des compétences, l’information à la disposition des étudiants, l’accessibilité aux études et le financement du système d’éducation postsecondaire.

1. Disparité des compétences

Lors de son intervention devant le Comité, Emploi et Développement social Canada a indiqué que même si le niveau de scolarisation au Canada se compare avantageusement à celui d’autres pays, les employeurs s’inquiètent du fait qu’un nombre insuffisant d’étudiants choisissent des domaines où la demande de main-d’œuvre est forte, comme les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques (STIM). Abondant dans ce sens, la Chambre de commerce du Canada a précisé qu’il y a à la fois trop peu d’étudiants inscrits à des programmes d’apprentissage et de formation dans des métiers spécialisés et un manque de diplômés d’universités et de collèges dans plusieurs domaines, dont le génie, la physique et l’informatique.

S’exprimant à propos de la disparité des compétences, Polytechnics Canada a déclaré que ses membres ont noté un accroissement du nombre d’étudiants qui sont des débutants en mal d’insertion (DMI) et que l’organisation décrit comme étant « parfois sous-employés, parfois surqualifiés ou en général dont les compétences ne correspondent pas aux besoins des employeurs ». Elle a ajouté que pour cette raison les membres de son organisation ont créé des programmes de certificats d’études supérieures conçus spécialement pour aider les DMI à acquérir des compétences leur permettant d’améliorer leur employabilité; malheureusement, compte tenu de la popularité de ces programmes, beaucoup de candidats admissibles sont refusés à cause du manque de places.

Parlons Sciences a indiqué que de plus en plus de professions pour lesquelles la demande de main-d’œuvre est forte requièrent des compétences en STIM, mais qu’il y a trop peu de diplômés d’études secondaires maîtrisant ces compétences. Pour illustrer son propos, l’organisme a précisé que moins de 20 % de ces diplômés ont suivi un cours de physique, par exemple.

En ce qui concerne la reconnaissance des crédits par l’ensemble des établissements d’enseignement, Polytechnics Canada a fait valoir que la nécessité de négocier la reconnaissance des crédits avec chaque université individuellement a pour effet de limiter la mobilité étudiante.

2. Informations relatives aux possibilités d’études postsecondaires et aux débouchés sur le marché du travail

Dans le mémoire qu’il a déposé devant le Comité, le Forum canadien sur l’apprentissage a fait valoir que les conseils prodigués aux étudiants qui choisissent leur programme d’études postsecondaires et leur cheminement de carrière sont inadéquats; à cause de cela, certains étudiants se rendent compte de leurs aptitudes et de leurs intérêts qu’une fois arrivés à l’université, ce qui peut se conclure par une perte de temps et de ressources. Dans le même ordre d’idées, dans le mémoire qu’il a soumis au Comité, l’organisme Parlons Sciences a indiqué que les jeunes ignorent souvent que des compétences en STIM sont requises dans un large éventail de professions; lorsqu’ils en prennent conscience, plusieurs opportunités sont déjà perdues. En outre, Parlons Sciences a ajouté que trop peu de parents – environ 20 % – discutent avec leurs enfants des possibilités d’emplois et de carrières ainsi que des prérequis qui s’y rattachent.

L’Association des collèges communautaires du Canada et Polytechnics Canada ont dit au Comité qu’il n’y a pas assez d’informations disponibles sur le marché du travail pour aider les étudiants à choisir un programme de formation et un cheminement de carrière qui les conduiront vers des emplois où les besoins de main-d’œuvre sont importants.

Polytechnics Canada et l’Association des collèges communautaires du Canada se sont dites préoccupées que les parents et les conseillers pédagogiques aient un préjugé défavorable à l’égard des écoles polytechniques et des collèges. Selon elles, ces préjugés traduisent un manque de connaissance des programmes dispensés par ces établissements et des débouchés qu’ils offrent.

Tammy Schirle – professeure à l’Université Wilfrid Laurier, qui a comparu à titre personnel – considérait que les attentes des jeunes qui suivent actuellement des études postsecondaires ne cadrent pas avec la réalité. Elle a fait remarquer que les étudiants s’attendent, aussitôt après avoir obtenu leur diplôme de premier cycle, à trouver un emploi sûr et à figurer dans le palmarès des 5 à 10 % des Canadiens les mieux rémunérés.

3. Accessibilité aux études

Plusieurs témoins ayant comparu devant le Comité, l’Alliance canadienne des associations étudiantes, la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, la Fédération étudiante universitaire du Québec et l’University of Toronto Students Union, ont indiqué que la hausse des frais de scolarité a créé un certain nombre de problèmes susceptibles de nuire à l’intégration des étudiants sur le marché du travail. La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants a précisé que les frais de scolarité moyens sont passés de 4 700 $ pour l’année scolaire 2008‑2009 à 5 700 $ pour l’année scolaire 2013‑2014.

Toujours selon la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, en juillet 2012, 1,1 million de personnes devaient rembourser des emprunts contractés dans le cadre du Programme canadien des prêts aux étudiants, plus de 50 % d’entre elles avaient commencé à le faire et, parmi ce nombre, 17 % étaient dans l’incapacité de faire les paiements complets requis. Elle a indiqué que les niveaux élevés d’endettement des étudiants vont de pair avec des taux élevés de chômage et de sous-emploi et que cela se solde par des pertes de salaires et des occasions manquées. La Fédération étudiante universitaire du Québec a fait remarquer qu’au Québec, les étudiants qui choisissent de s’endetter pour payer leurs études sont moins susceptibles que les autres de poursuivre des études supérieures.

La Fédération étudiante universitaire du Québec a aussi précisé qu’entre 1980 et 2009, à cause de la hausse des frais de scolarité et des niveaux d’endettement, la proportion des étudiants québécois travaillant à temps plein a augmenté. Citant des travaux de recherche qu’elle avait menés en 2009, elle a indiqué que 44 % de ces étudiants avaient déclaré que leur emploi avait un impact négatif sur leur rendement scolaire, et que 32 % avaient affirmé qu’à cause de cet emploi, il leur fallait plus de temps pour mener à terme leurs études.

De même, l’Alliance canadienne des associations étudiantes a fait remarquer que, contrairement au coût des études, le niveau de l’aide financière fédérale offerte aux étudiants n’a pas bougé depuis une décennie, de sorte qu’un nombre croissant d’étudiants travaillent pendant leurs études. Elle a ajouté que ceux qui reçoivent des fonds dans le cadre du Programme canadien des prêts aux étudiants ne sont pas motivés à chercher un emploi payant puisqu’ils courent le risque de voir leur aide financière réduite dès lors qu’ils gagnent plus de 100 $ par semaine.

Selon l’University of Toronto Students Union, alors que les frais de scolarité ont continué d’augmenter, le taux de rendement de la formation universitaire de premier cycle a diminué. Elle a précisé que même si ceux qui possèdent un diplôme de premier cycle gagnent 30 % de plus que ceux qui ont un diplôme d’études secondaires, tous les autres facteurs demeurant inchangés, depuis 10 ans, les salaires des détenteurs de diplômes universitaires ont augmenté de 8 %, tandis que ceux des personnes ayant terminé leurs études secondaires ou ayant obtenu un diplôme collégial ont augmenté de 13 %.

Pour ce qui est des crédits d’impôt, des transferts et des régimes d’avantages sociaux conçus pour aider les jeunes, Tammy Schirle a fait remarquer que ces jeunes, précisément, ne savent parfois pas comment profiter des nombreuses aides à leur disposition.

4. Financement du système d’éducation postsecondaire

Polytechnics Canada a déclaré devant le Comité qu’il y a un manque de transparence au niveau provincial dans la façon dont les fonds qui sont transférés aux provinces et aux territoires dans le cadre du TCPS sont répartis entre les différents établissements et programmes; selon l’organisation, cela pourrait faire en sorte que les programmes très demandés soient financés inadéquatement. Elle a aussi laissé entendre que les universités, dont le financement dépend du nombre d’inscriptions, sont peu enclines à refuser des étudiants dans des programmes qui ne leur conviennent peut-être pas.

D. Points de vue des témoins concernant les solutions visant les étudiants de niveau postsecondaire

Les témoins qui ont comparu devant le Comité ont proposé une série de solutions pour aider les étudiants de niveau postsecondaire et, souhaitons-le, améliorer leurs perspectives d’emploi. Ils ont notamment parlé de l’information sur le marché du travail, de la sensibilisation des jeunes aux choix d’études et de carrières, de l’aide financière et de l’administration du système d’éducation postsecondaire.

1. Information sur le marché du travail

Plusieurs témoins, notamment le Congrès du travail du Canada, Polytechnics Canada, l’Association des collèges communautaires du Canada et la Chambre de commerce du Canada, ainsi que l’Association des universités et collèges du Canada, par l’intermédiaire de son mémoire déposé au Comité, ont proposé que le gouvernement fédéral compile et fournisse de l’information plus détaillée sur le marché du travail à l’intention : des jeunes, afin de les aider à la fois à savoir dans quels secteurs la demande de main-d’œuvre est forte et à prendre des décisions éclairées concernant leurs études et leur cheminement de carrière; des employeurs, afin de leur permettre de « rejoindre » les jeunes qui possèdent les titres de compétences et les qualifications qu’ils recherchent; et des établissements d’enseignement, pour les appuyer dans la conception de programmes adaptés.

Plusieurs témoins ont plaidé en faveur d’une augmentation du financement accordé à Statistique Canada afin d’améliorer l’information sur le marché du travail. Dans son mémoire au Comité, Polytechnics Canada a proposé que l’on améliore l’Enquête sur le milieu de travail et les employés, alors que l’Association des collèges communautaires du Canada a quant à elle suggéré – dans son mémoire au Comité – que l’on recueille davantage de données sur les collèges et instituts publics par l’intermédiaire du Système d’information sur l’éducation postsecondaire. Par ailleurs, dans son mémoire au Comité, l’Association des universités et collèges du Canada s’est dite en faveur de l’analyse de l’information relative aux besoins des entreprises en ce qui a trait au marché du travail recueillie dans le cadre du Sondage sur le lieu de travail de 2012. Enfin, dans le mémoire de Polytechnics Canada et le mémoire présenté par l’Association des collèges communautaires du Canada, on a demandé la réactivation de l’Enquête auprès des jeunes en transition de Statistique Canada, enquête qui permettrait de compiler des données plus approfondies et plus complètes sur l’intégration des jeunes au marché du travail.

2. Connaissance des choix d’études et de carrières

Plusieurs témoins ayant comparu devant le Comité étaient d’avis que le gouvernement fédéral devrait encourager les parents et les enfants à un âge précoce à commencer à penser aux parcours pédagogique et professionnel à suivre. L’Association des collèges communautaires du Canada a proposé que le gouvernement lance une campagne nationale d’information sur les différents types de carrières qui s’offrent aux étudiants. Elle a aussi dit que tous les établissements d’enseignement postsecondaire devraient être tenus de publier de l’information concernant la situation sur le marché du travail des diplômés récents afin d’éclairer les étudiants potentiels sur les débouchés possibles. Par ailleurs, la Chambre de commerce du Canada et Tammy Schirle ont proposé que les jeunes soient exposés à l’information sur le marché du travail à un âge plus précoce, comme à l’école secondaire.

Pour faciliter l’accès à un éventail plus large de possibilités d’études postsecondaires et de carrières, dans son mémoire au Comité, Parlons Sciences a invité le gouvernement fédéral à travailler avec elle dans le but d’offrir des programmes qui pousseront les élèves du secondaire à développer leurs compétences en STIM.

3. Aides financières

L’Alliance canadienne des associations étudiantes a expliqué au Comité que pour favoriser la transition des étudiants vers le marché du travail, il faudrait modifier le Programme canadien des prêts aux étudiants afin d’y supprimer la limite de 100 $ de revenus hebdomadaires au-delà de laquelle l’aide financière est réduite.

Afin d’encourager les étudiants à travailler davantage durant les mois d’été et moins durant l’année scolaire, la Fédération étudiante universitaire du Québec a demandé une augmentation du financement pour le programme d’emplois d’été d’Emploi-Québec. Elle a aussi proposé que les organismes fédéraux subventionnaires disposent de ressources supplémentaires afin d’inciter les étudiants des cycles supérieurs à se concentrer sur leurs études.

Dans son mémoire au Comité, Parlons Sciences a indiqué qu’il facilite le développement de compétences en leadership, en gestion et en communication en donnant la possibilité aux étudiants de niveau postsecondaire de faire du bénévolat pour acquérir ces compétences. L’organisme a toutefois précisé que des ressources supplémentaires sont nécessaires pour améliorer les possibilités offertes.

Tammy Schirle a plaidé en faveur d’une transparence et d’une simplicité accrues à l’égard des crédits d’impôt, des subventions et autres mesures destinées à aider les jeunes, et elle a proposé la création d’une commission chargée de déterminer comment simplifier le régime fiscal et de transferts et le rendre plus transparent.

4. Administration du système d’éducation postsecondaire

Dans son mémoire au Comité, Polytechnics Canada a proposé qu’une partie du financement consacré à l’éducation postsecondaire destiné aux provinces dans le cadre du TCPS soit allouée aux écoles polytechniques afin d’appuyer leurs programmes en forte demande. Toujours dans ce mémoire, Polytechnics Canada a fait valoir que les provinces devraient être tenues de divulguer l’information sur la manière dont elles distribuent les fonds qu’elles reçoivent au titre du TCPS, ainsi que les résultats obtenus par les établissements financés.

Dans le mémoire qu’elle a déposé devant le Comité, l’Association des universités et collèges du Canada a préconisé, dans son mémoire, que le gouvernement fédéral facilite des échanges continus entre les établissements d’enseignement postsecondaire, les gouvernements provinciaux et les employeurs pour favoriser le partage de données sur les besoins du marché du travail et la façon de les combler. Parlons Sciences a défendu la création d’une agence fédérale de l’éducation qui s’occuperait à la fois de la coordination des politiques en matière d’éducation et de la planification à long terme.

Compte tenu de l’absence de défaillances claires du marché et le rendement élevé des études de niveau postsecondaire, Tammy Schirle a mis le gouvernement en garde contre toute intervention sur le « marché des compétences ».

Enfin, à propos de la mobilité étudiante, Polytechnics Canada a déclaré que les efforts devraient se concentrer sur la création d’un système national de transfert de crédits.

E. Points de vue des témoins sur les difficultés auxquelles se heurtent les apprentis et autres types de stagiaires

Alors qu’ils s’exprimaient devant le Comité au sujet des programmes d’apprentissage et autres types de stages, les témoins ont insisté sur les idées préconçues entourant l’apprentissage et les métiers spécialisés, les obstacles à des formations en apprentissage réussies et les stages non rémunérés.

1. Perceptions concernant l’apprentissage et les métiers spécialisés

Les témoins ont parlé des idées reçues au sujet de l’apprentissage et des métiers spécialisés, dont le Forum canadien sur l’apprentissage, qui a cité une étude qu’il a réalisée en 2013. Selon cette étude, 53 % des jeunes ont déclaré que l’université était leur premier choix pour ce qui est des études postsecondaires, alors que moins de 20 % ont dit préférer suivre un programme d’apprentissage. Par ailleurs, le Conference Board du Canada a indiqué que bien que la demande des employeurs pour des gens de métier spécialisés ait augmenté ces dernières années, l’offre n’a pas suivi. Selon ces témoins, les jeunes ont des préjugés défavorables à l’égard des programmes d’apprentissage et des métiers spécialisés. Dans le même ordre d’idées, Emploi et Développement social Canada a ajouté que les employeurs craignent que les métiers spécialisés ne figurent pas parmi les choix de carrière de prédilection des jeunes.

Citant l’étude – mentionnée précédemment – menée en 2013 par le Forum canadien sur l’apprentissage, la Merit Contractors Association a indiqué qu’au cours des dernières années, les perceptions à l’égard des carrières dans les métiers spécialisés se sont améliorées chez les jeunes de 15 à 17 ans; cela étant dit, les parents, les conseillers d’orientation et les amis de ces jeunes tentent de les dissuader de s’engager dans de telles carrières.

Enfin, le Forum canadien sur l’apprentissage et la Merit Contractors Association ont affirmé qu’on incite les étudiants ayant un faible rendement scolaire à s’orienter vers les programmes d’apprentissage et les métiers spécialisés; mais selon eux, ces programmes exigent maintenant de solides aptitudes en mathématiques, en sciences, en langues et en communication.

2. Obstacles à des apprentissages réussis

Dans le mémoire qu’il a soumis au Comité, le Forum canadien sur l’apprentissage a souligné que la formation des apprentis est à la merci d’une mauvaise conjoncture économique; en effet, étant donné que la plupart de ces formations se font dans de petites et moyennes entreprises dont la capacité financière est limitée, ces entreprises licencieront d’abord les apprentis non certifiés en période de difficultés.

La Progressive Contractors Association of Canada a identifié un certain nombre d’obstacles qui empêchent les gens qui le souhaitent d’apprendre un métier spécialisé, comme le coût, la proximité des employeurs et des fournisseurs de formation ainsi que la situation familiale. Elle a également fait remarquer que plusieurs provinces imposent des exigences, comme des ratios compagnons-apprentis élevés, des frais supplémentaires et des obstacles bureaucratiques. La Merit Contractors Association a déploré le manque de souplesse des écoles de métiers, qui n’offrent pas nécessairement des cours d’été ou du soir et limitent, de ce fait, la quantité de formation dispensée.

Selon le Forum canadien sur l’apprentissage, les jeunes ayant un métier spécialisé peuvent trouver que la demande pour leurs compétences varie beaucoup d’une région du pays à l’autre. Selon lui, il faut indiquer à ces jeunes où se trouvent les emplois qu’ils recherchent.

Unifor a laissé entendre qu’il y a une pénurie d’occasions d’apprentissage dans le secteur manufacturier, en partie parce que les travailleurs âgés gardent leur emploi plus longtemps que prévu. Cela étant dit, il a fait remarquer que le manque d’emplois disponibles dans ce secteur pourrait aussi expliquer la situation.

Enfin, l’Institut C.D. Howe a affirmé que la réglementation applicable aux apprentissages change selon les provinces. Selon lui, ces différences pourraient être un frein à la mobilité des jeunes.

3. Stages non rémunérés

Lorsqu’ils ont comparu devant le Comité, Statistique Canada, le Centre canadien de politiques alternatives et la Canadian Intern Association ont souligné le manque de données sur les stages au Canada. D’autres témoins ont dit que les stages non rémunérés sont de plus en plus une pratique courante. Selon la Canadian Intern Association, le Congès du travail du Canada, la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants et l’University of Toronto Students Union, on dénombre jusqu’à 300 000 stagiaires non rémunérés par année au Canada. Pour le Centre canadien de politiques alternatives, la tendance consistant à ne pas payer les stagiaires illustre la situation de plus en plus précaire des jeunes sur le marché du travail et le fait que certains employeurs en profitent. Par ailleurs, la Canadian Intern Association a dit craindre que les stages non rémunérés aient pour effet d’exercer des pressions à la baisse sur les salaires des autres travailleurs, entraînent une augmentation du chômage des jeunes et finissent par remplacer les postes rémunérés.

La Canadian Intern Association, la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, l’Alliance canadienne des associations étudiantes, l’University of Toronto Students Union et Avantage Carrière ont déclaré que les stages non rémunérés créent une certaine inégalité des chances entre les étudiants. Par exemple, de leur point de vue, ces stages sont acceptés davantage par des étudiants relativement bien nantis, alors que les étudiants plus endettés sont moins enclins à travailler gratuitement pendant une longue période, de sorte que des occasions de perfectionnement leur échappent et que leurs compétences en pâtissent.

La Canadian Intern Association et l’University of Toronto Students Union ont mentionné que, dans un certain sens, les stages non rémunérés témoignent d’une inégalité entre les sexes, puisque les secteurs dans lesquels ces stages sont les plus fréquents sont dominés par les femmes. Elles ont notamment parlé des milieux du journalisme, de la nutrition, du travail social, du marketing, des relations publiques et de la mode. La Fédération étudiante universitaire du Québec a indiqué que les domaines dans lesquels les stages non rémunérés sont les plus fréquents au Québec sont ceux de l’enseignement, des soins infirmiers et de la psychologie.

L’University of Toronto Students Union a avancé que la réglementation entourant les stages est limitée au Canada, qu’elle diffère d’une province à l’autre et qu’elle est peu appliquée. Elle a aussi indiqué que les stagiaires non rémunérés hésitent à se plaindre de leur situation de peur que leur nom soit mis sur une liste noire.

S’exprimant au sujet de la compétence fédérale, la Canadian Intern Association a fait observer que le Code canadien du travail ne contient aucune disposition concernant les stages; elle a ajouté qu’un certain nombre de provinces, dont la Colombie-Britannique, l’Ontario et le Québec ont émis des lignes directrices d’interprétation afin de préciser le statut des stagiaires. Aussi, la Canadian Intern Association a déclaré que le flou entourant le statut des stagiaires au niveau fédéral a des conséquences fâcheuses, et fait, notamment en sorte que les stagiaires ne peuvent demander des prestations d’assurance-emploi ni cotiser à ce régime ou au Régime de pensions du Canada, et qu’ils ne bénéficient d’aucune protection en matière de santé et sécurité au travail. Pour finir, elle a dénoncé l’absence de mesures visant à dissuader les employeurs d’offrir des stages non rémunérés.

F. Point de vue des témoins sur les solutions applicables aux apprentis et autres types de stagiaires

Les témoins ont proposé plusieurs mesures qui, selon eux, permettraient de surmonter les obstacles auxquels se butent les apprentis et autres types de stagiaires. Ils ont parlé en particulier de l’information sur l’apprentissage et les métiers spécialisés, des aides financières et de diverses initiatives, ainsi que des mesures réglementaires et autres concernant les stages rémunérés et non rémunérés.

1. Information sur l’apprentissage et les métiers spécialisés

La Merit Contractors Association a dit au Comité que les gouvernements devraient établir des partenariats avec l’industrie pour améliorer l’image qu’ont les métiers spécialisés non seulement chez les jeunes, mais aussi chez les parents, les enseignants et les conseillers d’orientation. Comme exemple d’initiative que les gouvernements pourraient appuyer, elle a parlé de leur programme de sensibilisation à la formation professionnelle et technologique, qui permet aux enseignants et aux conseillers d’orientation de visiter des chantiers de construction afin de mieux comprendre en quoi consistent les métiers spécialisés. Dans le mémoire qu’il a remis au Comité, le Forum canadien sur l’apprentissage s’est également dit en faveur d’une meilleure sensibilisation – des étudiants, des parents, des enseignants et des conseillers d’orientation – au sujet des conditions d’admission aux programmes d’apprentissage et de formation dans un métier spécialisé.

Dans son mémoire au Comité, le Forum canadien sur l’apprentissage a émis l’avis que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer pour s’assurer que toutes les possibilités d’études postsecondaires – y compris dans les métiers spécialisés – sont évaluées de manière juste et équitable par les étudiants. Il a également pressé le gouvernement fédéral de déterminer le besoin des employeurs dans les différents types de métiers spécialisés, par région et par localité.

Enfin, dans son mémoire déposé devant le Comité, la Marche des dix sous du Canada a plaidé en faveur de programmes et d’initiatives qui favorisent la participation des jeunes à la formation en apprentissage.

2. Aides financières et autres initiatives

Plusieurs témoins ont expliqué devant le Comité comment le gouvernement fédéral pourrait s’y prendre pour mieux appuyer les apprentis et autres stagiaires. Par exemple, afin d’encourager les projets qui permettent aux PME de mieux aider les apprentis en mettant en commun les ressources pédagogiques et administratives, le Forum canadien sur l’apprentissage a proposé, – dans son mémoire déposé devant le Comité – que le gouvernement accorde des incitatifs financiers aux PME, sous la forme de subventions ou de crédits d’impôt.

La Merit Contractors Association a demandé que les programmes de préapprentissage et les programmes passerelles soient admissibles à la Subvention canadienne pour l’emploi proposée, alors que dans son mémoire au Comité, le Forum canadien sur l’apprentissage s’est dit en faveur d’occasions supplémentaires de combler le manque de compétences chez les étudiants susceptibles de suivre une formation en apprentissage ou d’apprendre un métier spécialisé.

La Chambre de commerce du Canada a parlé de l’approche allemande en matière d’apprentissage et a plaidé en faveur d’une approche concertée entre les employeurs, les établissements d’enseignement, les gouvernements et les syndicats afin d’aider les PME à embaucher et à former des apprentis.

Compte tenu du manque d’incitatifs financiers offerts aux écoles secondaires pour qu’elles proposent des programmes de formation dans les métiers de la construction, la Merit Contractors Association a invité le gouvernement fédéral à accorder des fonds à ces établissements afin qu’ils achètent et installent l’équipement et les infrastructures nécessaires pour dispenser de tels programmes.

Habitat pour l’humanité, un organisme qui travaille en partenariat avec les collèges, les écoles de métiers, les centres de compétences et les écoles secondaires dans le but de donner aux étudiants l’occasion d’acquérir de l’expérience dans un métier spécialisé, s’est dit favorable à ce que le gouvernement finance des initiatives de cette nature.

Dans le but d’améliorer la mobilité des jeunes travailleurs, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante et l’Institut C.D. Howe ont encouragé le gouvernement fédéral à œuvrer en faveur d’une plus grande harmonisation et d’une reconnaissance accrue des programmes d’apprentissage entre les provinces, tandis que la Progressive Contractors Association of Canada s’est dite en faveur d’une plus grande mobilité entre les différents domaines de formation, selon un modèle semblable au système d’apprentissage allemand.

3. Mesures réglementaires et autres concernant les stages rémunérés et non rémunérés

La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, Avantage Carrière et l’University of Toronto Students Union, ainsi que l’Association canadienne des collèges communautaires, par l’intermédiaire de son mémoire au Comité, ont proposé que le gouvernement fédéral s’efforce d’établir des normes nationales exécutoires concernant les stages, qui soient applicables dans l’ensemble des provinces et territoires.

Selon le Centre canadien de politiques alternatives, il faudrait modifier le Code canadien du travail pour interdire les stages non rémunérés dans les entreprises régies par le gouvernement fédéral. La Canadian Intern Association a également plaidé en faveur d’une modification du Code canadien du travail, notamment de deux manières : en interdisant les stages non rémunérés qui ne font pas partie d’un programme académique; en s’assurant que les stagiaires sont protégés par des normes d’emploi minimales prévues par le Code. Par ailleurs, elle a plaidé en faveur de lignes directrices d’interprétation afin de préciser que le terme « employé » figurant dans le Code désigne aussi les stagiaires, car cela permettrait de s’assurer que ces personnes sont assujetties à la législation fédérale en matière de santé et de sécurité. Enfin, elle s’est dite favorable à l’adoption, dans le cadre du Programme du travail d’Emploi et Développement social Canada et de l’Agence du revenu du Canada, de stratégies de mise en œuvre qui garantiraient le respect des lignes directrices d’interprétation proposées concernant le terme « employé ».

Le Centre canadien de politiques alternatives, la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants et l’University of Toronto Students Union ont indiqué que le gouvernement fédéral devait prêcher par l’exemple et mettre un terme aux stages non rémunérés.

La Canadian Intern Association, le Centre canadien de politiques alternatives, la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants et l’University of Toronto Students Union ont plaidé en faveur de la collecte de données sur les stages, notamment pour savoir s’ils sont rémunérés ou pas, les secteurs dans lesquels ils sont offerts, la répartition selon le sexe et les offres d’emploi vers lesquels ils débouchent. Afin de faciliter la collecte de ces données, la Canadian Intern Association et le Centre canadien de politiques alternatives ont proposé que des questions en ce sens soient rajoutées à l’Enquête sur la population active de Statistique Canada.

Plusieurs témoins ont appuyé la création d’offres supplémentaires de stages rémunérés. Par exemple, Avantage Carrière et l’Association des collèges communautaires du Canada, dans le mémoire qu’elle a soumis au Comité, ont pressé le gouvernement fédéral d’offrir plus d’incitatifs financiers aux employeurs pour l’embauche de stagiaires rémunérés, notamment en leur accordant des subventions dans le cadre du Programme Objectif Carrière. De l’avis du Centre canadien de politiques alternatives, pour accroître le nombre de stages rémunérés et d’emplois d’été dans le secteur public, le gouvernement fédéral pourrait fournir des fonds équivalents à ceux versés par les provinces et les municipalités.

Enfin, dans le mémoire qu’elle a soumis au Comité, l’Association des collèges communautaires du Canada propose que les étudiants du niveau collégial puissent avoir accès à des occasions de stages à l’étranger financés par le gouvernement fédéral, comme cela se fait déjà pour les étudiants de niveau universitaire. Aussi, dans son mémoire, l’Association des universités et collèges du Canada se prononce en faveur de la bonification des programmes de mobilité nationale et internationale et d’autres types de stages.

G. Points de vue des témoins sur les obstacles touchant les jeunes défavorisés

Les témoins ont signalé un certain nombre d’obstacles auxquels se butent les jeunes étudiants défavorisés, y compris ceux qui sont Autochtones ou handicapés.

1. Obstacles à l’origine du faible niveau d’instruction chez les jeunes Canadiens autochtones

L’Institut C.D. Howe a informé le Comité que les faibles taux d’achèvement d’études secondaires et d’aptitude à lire, à écrire et à compter dans les réserves – et dans une moindre mesure à l’extérieur des réserves – sont un grave problème qu’il faut corriger, surtout si l’on tient compte du fort taux de croissance de la population autochtone canadienne. De même, l’Assemblée des Premières Nations a souligné que la plupart des jeunes des Premières Nations n’ont pas terminé leurs études secondaires.

Selon le Dauphin Friendship Centre, certains facteurs, comme l’alcoolisme et la toxicomanie chez les parents, qui sont parfois des séquelles des séjours en pensionnat, et le manque de compétences parentales contribuent aux faibles taux de diplomation au niveau secondaire chez les jeunes Canadiens autochtones. Kiikenomaga Kikenjigewen Employment and Training Services a indiqué que l’enseignement primaire offert dans les collectivités éloignées des Premières Nations ne prépare pas bien les élèves pour le secondaire, et que, n’ayant pas acquis les compétences de base, les jeunes qui obtiennent leur diplôme d’études secondaires sont incapables de terminer des études postsecondaires ou d’obtenir un certificat de formation professionnelle. L’organisme a ajouté qu’en l’absence d’écoles secondaires locales, les jeunes de ces collectivités qui souhaitent terminer leurs études secondaires doivent parfois, à un jeune âge, quitter leur famille et leur milieu pour aller s’installer en ville, où ils peuvent faire face à choc culturel et à des problèmes pour lesquels ils ne bénéficient d’aucun soutien.

Kiikenomaga Kikenjigewen Employment and Training Services a observé que les jeunes des Premières Nations de Matawa qui entreprennent des études postsecondaires se heurtent à des difficultés auxquelles leurs études secondaires ne les ont pas préparés. Dans leur mémoire au Comité, les Battlefords Agency Tribal Chiefs précisent que l’absence de soutien, de transport et de services de garde sont, parmi les Premières Nations membres, les trois principaux obstacles qui empêchent les jeunes désireux de le faire d’entrer sur le marché du travail ou de poursuivre un programme de formation.

Enfin, l’Association des collèges communautaires du Canada a fait remarquer qu’il n’y a pas eu de hausse du financement accordé pour les études postsecondaires des Canadiens autochtones, malgré le nombre croissant de jeunes qui poursuivent des études plus poussées.

2. Obstacles aux études postsecondaires et à la formation des jeunes handicapés

L’Association nationale des étudiant(e)s handicapé(e)s au niveau postsecondaire a informé le Comité que même si leur profil éducatif est en général semblable à celui des personnes non handicapées, les personnes handicapées ont un taux relativement plus faible de participation à des programmes universitaires. Elle a mentionné plusieurs obstacles pouvant nuire à l’accès à l’éducation et à l’emploi des jeunes handicapés poursuivant des études postsecondaires. D’abord, elle a expliqué que les services offerts par les centres d’emplois et de carrières sur les campus sont inadéquats lorsqu’il s’agit d’aider les étudiants handicapés à trouver un emploi, y compris un emploi d’été et un emploi à temps partiel durant l’année scolaire, et ainsi de contribuer au perfectionnement de leurs compétences. Ensuite, elle a fait valoir que certains étudiants handicapés ne peuvent tout simplement pas travailler à temps partiel durant l’année scolaire en raison de leur incapacité ou encore parce que cela entraînerait une réduction de leur allocation de soutien. Enfin, elle a laissé entendre qu’une personne handicapée doit parfois pousser ses études plus loin que des étudiants sans incapacité pour se tailler une place sur le marché du travail, ce qui est encore plus vrai si l’étudiant handicapé n’a pas pu acquérir d’expérience professionnelle durant ses études.

L’Association des collèges communautaires du Canada a mentionné qu’il y a aujourd’hui plus de personnes handicapées dans les collèges et universités qu’avant, et que ces établissements doivent assumer des frais supplémentaires liés aux mesures d’adaptation.

H. Points de vue des témoins sur les solutions pouvant aider les jeunes défavorisés

Les témoins ont proposé toute une gamme de mesures qui, selon eux, aideraient à éliminer les obstacles qui se dressent devant les jeunes étudiants défavorisés, y compris parmi les Canadiens autochtones et les personnes handicapées, et ainsi à améliorer leurs perspectives d’emploi.

1. Soutien aux jeunes personnes défavorisées

L’Association des collèges communautaires du Canada a informé le Comité de certaines mesures conçues spécialement pour accroître la participation des jeunes défavorisés aux études postsecondaires. Elle a proposé, par exemple, d’augmenter le nombre des bourses accordées par l’entremise du PCPE aux jeunes provenant de familles à faible revenu, aux jeunes handicapés ainsi qu’aux jeunes autochtones non inscrits et aux jeunes Métis. Elle s’est dite aussi favorable à la mise en place d’initiatives pour aider les jeunes qui n’ont pas terminé leurs études secondaires à acquérir les notions de sciences et de mathématiques dont ils ont besoin pour entreprendre des études postsecondaires. Enfin, dans son mémoire au Comité, l’Association a proposé que l’on augmente la capacité des collèges de recruter plus de jeunes défavorisés, et notamment que le gouvernement fédéral investisse davantage dans la formation et la certification des personnes enseignant les compétences essentielles dans les collèges.

2. Soutien aux jeunes Canadiens autochtones

Expliquant au Comité qu’il faut faciliter l’accès aux études postsecondaires pour les jeunes Canadiens autochtones, l’Association des collèges communautaires du Canada a demandé des fonds supplémentaires, notamment dans le cadre du programme de soutien postsecondaire administré par Affaires autochtones et Développement du Nord Canada. En outre, elle et l’Assemblée des Premières Nations se sont dites en faveur de l’augmentation de la capacité des organisations bénéficiant du soutien de la Stratégie de formation pour les compétences et l’emploi destinée aux Autochtones d’Emploi et Développement social Canada, car cela leur permettrait d’améliorer les services d’orientation professionnelle, de formation préparatoire à l’emploi et d’acquisition des compétences essentielles. L’Assemblée des Premières Nations a également proposé que l’on accorde plus de ressources pour les services de garde, afin d’aider les chefs de famille monoparentale à suivre ces formations.

Kiikenomaga Kikenjigewen Employment and Training Services a proposé l’adoption de mesures, comme le programme Connexions culturelles pour les jeunes Autochtones, dans le but d’éliminer les obstacles à l’éducation pour ce groupe de jeunes Canadiens.

3. Soutien aux jeunes handicapés

L’Association nationale des étudiant(e)s handicapé(e)s au niveau postsecondaire a proposé que l’on appuie davantage les étudiants handicapés par l’entremise du PCPE, et notamment que l’on augmente le nombre de bourses et qu’on améliore les programmes d’aide au remboursement. Elle a aussi invité le gouvernement fédéral à travailler avec les provinces et les territoires pour coordonner l’aide financière offerte aux étudiants handicapés.