:
Monsieur le Président, nous nous retrouvons aujourd'hui au Parlement, berceau de la démocratie, pour débattre d'une motion que j'ai déposée en Chambre au nom de l'opposition officielle et à titre de porte-parole libéral en matière de défense nationale, sur l'avenir de la mission canadienne en Afghanistan. Il est important de relever le premier attendu de cette motion.
Forts de notre position, nous sommes un gouvernement en attente. Étant donné que nous avons même initié cette mission, nous avons la crédibilité pour en parler. En aucune façon, personne, des deux côtés de la Chambre, ne remet en question le courage et le travail exceptionnel de nos hommes et de nos femmes. Malheureusement, nous avons maintenant perdu 54 soldats. Nos prières et nos pensées sont avec eux. En fait, nous devons saluer le courage de l'ensemble des troupes.
Je commence ce débat aujourd'hui, et j'ai l'honneur de partager le temps dont je dispose avec le chef du Parti libéral du Canada, le député de .
Il faut expliquer le contexte de cette motion. Comme je l'ai dit, nous avons initié cette mission — tout d'abord à Kaboul et par la suite à Kandahar —, et nous sommes le seul parti qui puisse aspirer au pouvoir lors des prochaines élections. Nous voulons prendre au mot le . En effet, il a dit que le Parlement devra se demander ce qu'il adviendra de cette mission après février 2009. Le problème, c'est que nous ne croyons pas ce gouvernement et que nous avons un extrêmement faible qui se met les pieds dans les plats une fois par jour. Quand on regarde la télévision, quand on écoute les nouvelles, on a le sentiment qu'il change d'idée comme il change de chemise. En raison de ces contradictions, je pense que nos troupes, leurs familles et l'ensemble des Canadiens ont le droit de savoir ce qui se passe.
Notre parti appuie sans condition cette mission jusqu'en février 2009. Nous savons que nos hommes et nos femmes font un travail exceptionnel. Cependant, nous pensons que nous devons mettre beaucoup plus l'accent sur le développement, que nous avons un rôle à jouer sur le plan diplomatique et que si nous travaillons avec un menu à la carte, comme ce gouvernement le fait, la mission est vouée à l'échec.
À l'origine, dans la mission que nous nous étions donnée, nous voulions appliquer ce qu'on appelle les 3 D: développement, diplomatie et défense. Cela nous aurait aidés.
Toutefois, il est important que le peuple canadien sache à quoi s'attendre, qu'il puisse comprendre qu'il s'agit d'une mission internationale et que nous travaillons main dans la main avec les forces de l'OTAN. Forts d'une résolution au Conseil de sécurité, nous avons décidé de participer pour que le peuple afghan puisse voir la lumière au bout du tunnel. C'est important. Cependant, nous ne croyons pas ce gouvernement. La façon dont il se comporte au nom de la mission en Afghanistan éveille en nous énormément d'inquiétudes. Il existe une citation intéressante de M. Hiram Johnson, gouverneur de la Californie au début du XXe siècle. Il disait:
[Traduction]
La première victime d'une guerre, c'est toujours la vérité. Nous sommes inquiets des agissements du gouvernement à l'heure actuelle, de sa façon de promouvoir la mission même et d'annoncer en grande pompe l'acquisition de tout cet équipement. Le gouvernement dépense des milliards de dollars pour acquérir de l'équipement dont nous sommes censés avoir besoin pour la mission. Toutefois, l'équipement ne sera pas livré avant février 2009. Même dans l'hypothèse où l'on appuie la mission et souhaite acquérir cet équipement, à quoi sert-il de dépenser des milliards de dollars sans avoir préparé de livre blanc ni de plan quelconque?
On affirme que notre présence en Afghanistan nécessite l'acquisition de chars et d'hélicoptères, entre autres. Or, lorsque l'on jette un coup d'oeil sur les dates de livraison, on constate que les hélicoptères seront prêts en 2010. Il semble que les chars, outre ceux que nous louons, seront prêts à la fin de 2008.
Nous pensons que cette mission est importante et que les hommes et les femmes qui y participent devraient avoir tout l'équipement dont ils ont besoin. En fait, le général Hillier a lui-même été très clair au commencement de la mission. Il a dit: « Nous disposons du meilleur équipement qui soit et le gouvernement actuel nous fournit ce dont nous avons besoin. » C'était à l'époque du gouvernement libéral. Il faudra donc trouver d'autres raisons pour justifier toutes ces dépenses d'équipement.
Comme les députés s'en souviendront, nous avions annoncé l'acquisition de nouvel équipement pour nos troupes dans le cadre de notre plan de restructuration, mais notre démarche était un peu plus transparente. Notre ministre de la Défense nationale n'était pas un ancien marchand d'armes, ni un lobbyiste qui faisait la promotion d'un certain équipement et qui devait voir à ce qu'il soit celui utilisé par les troupes.
[Français]
Il faut qu'il y ait apparence de justice. Il ne doit pas y avoir de conflit d'intérêts ou apparence de conflit d'intérêts.
Le problème actuel, c'est que le est tellement faible que même les chroniqueurs se demandent maintenant jusqu'à quand il sera .
Pendant ce temps, il y a une mission en Afghanistan. Des hommes et des femmes se battent pour la démocratie, pour libérer et accompagner le peuple afghan. Toutefois, nous ne savons pas à quoi nous en tenir. Chaque fois que nous regardons la télévision, que nous écoutons la radio ou que nous lisons les journaux, nous avons l'impression qu'on peut rester en Afghanistan pendant 10 ans ou 15 ans. Nous avons aussi l'impression qu'en une journée, on nous dit une chose et son contraire en même temps.
Dans ce dossier, la clarté est nécessaire. Il est important qu'un gouvernement responsable envoie des messages clairs aux institutions internationales. Le Parti libéral du Canada appuie l'approche multilatérale. Contrairement au , qui aurait aimé que les Canadiens soient présents en Irak, nous avons décidé d'aller en Afghanistan en raison d'une résolution du Conseil de sécurité.
Nous avons travaillé avec nos alliés de l'OTAN, et c'était une approche multilatérale. C'est l'ensemble des communautés internationales qui a décidé qu'on devait régler cette situation en Afghanistan. Cela correspondait à des valeurs canadiennes importantes. À la lumière de cela, il était évidemment essentiel d'y participer. Et nous, nous y avons donné suite. Souvenez-vous que notre collègue — ex-leader par intérim, député de Toronto, ministre de la Défense et ministre des Affaires étrangères exceptionnel — avait fait des annonces à l'époque.
D'autres de nos collègues ont aussi travaillé en ce sens. Cela a toujours été extrêmement respectueux. Nous avions l'avantage d'être clairs: nous donnions une date butoir. Nous disions que ce n'était pas une mission canadienne, mais que nous allions y participer.
Il y a tant de contradictions. L'actuel est un fardeau, à cause de ses frasques. Il dit maintenant qu'on aura besoin de chars d'assaut. Non seulement on contribue à ce manque de clarté, mais on joue sur des terrains extrêmement glissants.
Quant à l'utilisation actuelle des chars d'assaut contre une guérilla, la plupart des experts diront que non seulement cela provoque un enlisement et une escalade de la violence, mais que ce n'est pas nécessaire. Même l'armée allemande a changé les chenilles de ses chars pour des roues, parce qu'elle sait qu'afin de protéger les troupes et de jouer un rôle de développement, on n'arrive pas dans des villages avec des chars d'assaut en disant: bienvenue, j'arrive, on vous aime. On savait que les LAV3 de l'époque, les véhicules blindés, étaient suffisants pour protéger nos troupes. On doit se poser des questions à sujet. Pourquoi veut-on avoir des chars d'assaut?
Je sais que mon temps de parole est limité, mais il est important de mentionner que le but de cette mission est important. Bien qu'essentielle, cette mission doit aussi avoir une date limite. Nous serons toujours là sur le plan du développement et le plan diplomatique. Nous pourrons aussi jouer un rôle de conseiller, comme nous l'avons toujours fait. C'est important de dire qu'on ne veut pas tomber dans cette foulée à la Bush par rapport à l'Irak.
En ce qui concerne les chars d'assaut, le général Hillier a lui-même dit:
[Traduction]
« C'était un boulet pour notre armée. Nous investissons maintenant près de un milliard de dollars dans ces chars, alors que ce n'est pas nécessaire. »
[Français]
La semaine prochaine, je serai à Bruxelles. J'y accompagnerai le à un forum de l'OTAN. Nous parlerons de toutes ces questions. Toutefois, j'espère que la Chambre prendra la décision qui représente le souhait des Canadiens, soit d'appuyer la mission mais d'y mettre un terme en février 2009. Je demande à la Chambre de voter en faveur de cette motion.
:
Monsieur le Président, avant de commencer mon intervention, comme l'a fait le député de , au nom de l'opposition officielle et du caucus libéral...
[Traduction]
Je tiens à offrir mes sincères condoléances à la famille, aux amis et aux camarades du soldat qui est mort hier en Afghanistan.
J'interviens aujourd'hui au nom de l'ensemble des Canadiens pour exiger que le et le fassent preuve de clarté et de responsabilité.
Les soldats canadiens sont chargés d'une mission difficile en Afghanistan, dans un contexte des plus dangereux. Aujourd'hui, il faut dire que le courage dont ils font preuve honore le Canada et je sais que j'exprime le sentiment de tous les députés lorsque je dis que les militaires canadiens ont notre soutien total et indéfectible.
Toutefois, les événements qui ont lieu en Afghanistan font ressortir un autre point, un point qui suscite d'énormes préoccupations à la Chambre. Il faut se pencher sur la clarté du gouvernement. Le gouvernement dira-t-il aux Canadiens environ combien de temps il envisage de maintenir nos forces de combat à Kandahar?
Un gouvernement libéral mettrait fin dès février 2009 au rôle de combat que joue actuellement le Canada à Kandahar et il informerait immédiatement l'OTAN de sa position. Le gouvernement conservateur n'a pas fait preuve d'une telle clarté. Au contraire, nous n'avons entendu que des versions contradictoires et des ambigüités.
[Français]
Le gouvernement libéral mettra fin à la mission de combat du Canada à Kandahar dès février 2009 et annoncera immédiatement cette position à l'OTAN.
Nous attendons toujours que ce gouvernement conservateur fasse preuve d'une telle clarté. Cependant, tout ce qu'on obtient de lui, ce sont des déclarations ambiguës et contradictoires. En février, nous apprenons que les forces armées se préparent à prolonger notre mission de combat à Kandahar au moins jusqu'en 2011. Un peu plus tard, le déclare que le Canada restera en Afghanistan jusqu'à ce que les progrès accomplis soient irréversibles. Plus tard encore, il nous dit que le Canada pourrait bien se retirer en 2010, mais seulement si certaines conditions sont remplies. Ces conditions nous font étrangement penser à celles que veut imposer le président George W. Bush avant de mettre fin à la guerre en Irak, une guerre dans laquelle notre actuel aurait bien voulu entraîner le Canada.
Le refuse de comprendre que les Canadiens ne veulent pas d'une guerre illimitée. De plus, sous l'actuel gouvernement, c'est bien à cela que ressemble la présente campagne en Afghanistan. Voilà maintenant que nous apprenons que le Cabinet n'a même pas parlé de cette question et qu'il ne compte pas le faire avant l'an prochain, au plus tôt. Comme nous l'a dit le député de , les armements commandés par le pour la mission de Kandahar ne seront même pas disponibles avant février 2009.
[Traduction]
Il y a trop de réponses différentes à la même question essentielle: quel est le plan du gouvernement en ce qui concerne les Forces canadiennes en Afghanistan? Les Canadiens méritent une réponse claire à cette question.
Les Canadiens s'attendent à ce que la mission canadienne à Kandahar se termine en février 2009, mais le gouvernement demeure délibérément ambigu sur ce point. Nous devons faire preuve de clarté envers les Canadiens et envers nos alliés.
Tant et aussi longtemps que nos alliés de l'OTAN croiront que la durée de l'engagement du Canada à Kandahar est illimitée, ils ne se prépareront pas à notre départ.
En février 2009, le Canada aura respecté ses obligations envers l'OTAN dans le Sud de l'Afghanistan. Nous aurons servi le peuple afghan pendant sept ans. Nous l'aurons fait en jouant un rôle de combat complet pendant trois ans, dans la région la plus dangereuse du pays. Cela aura été un des rôles de combat militaires les plus longs que nous aurons joués.
À moins que le gouvernement du Canada n'expose clairement à nos alliés ses plans à l'égard de l'Afghanistan, le Canada se retrouvera dans une situation insoutenable à la fin de son mandat actuel, en février 2009.
Le gouvernement doit dès maintenant dire à nos alliés de commencer à planifier la relève pour cette mission dans le Sud de l'Afghanistan. Nous devons à nos soldats de planifier sans délai le transfert à d'autres du contrôle et de l'exécution de cette mission.
En refusant de nous dire clairement quels sont ses plans militaires en Afghanistan, le gouvernement conservateur détourne notre attention du débat plus large, celui de déterminer si nous pouvons réussir dans une certaine mesure à rétablir la paix dans ce pays.
Les interventions militaires ne peuvent régler à elles seules le problème en Afghanistan. Le principal but du Canada à Kandahar devrait être de conquérir le coeur et l'esprit des Afghans. Nous ne conquerrons certainement pas leur coeur et leur esprit en leur disant que nous sommes dans leur pays pour exercer des représailles, comme le l'a dit récemment.
Pour que cette Chambre puisse débattre le plus efficacement possible de la meilleure façon de poursuivre la mission à Kandahar, nous avons besoin de transparence de la part du quant à la date à laquelle cette mission prendra fin.
Je promets aujourd'hui à la Chambre qu'un gouvernement libéral ne prolongera pas le volet militaire de la mission canadienne en Afghanistan au-delà de février 2009. Un gouvernement libéral informera immédiatement les alliés du Canada à l'OTAN de cette décision.
[Français]
Cette Chambre doit avoir en main tous les éléments nécessaires pour pouvoir, le mieux possible, débattre de la meilleure manière de poursuivre notre mission à Kandahar.
Pour cela, le premier ministre doit nous dire clairement quand cette mission va se terminer.
Quant à moi, je prends, devant la Chambre, l'engagement suivant: un gouvernement libéral ne prolongera pas, après février 2009, la mission de combat du Canada en Afghanistan.
Un gouvernement libéral annoncera immédiatement cette décision à nos alliés de l'OTAN.
[Traduction]
Pour le bien de l'Afghanistan et pour le bien des soldats canadiens, je demande au de faire cette même promesse en appuyant la motion d'aujourd'hui. Je lui demande de dire clairement à la Chambre et à nos alliés que le Canada mettra fin au volet militaire de sa mission en Afghanistan à la fin de notre mission actuelle, en février 2009.
[Français]
Pour le bien de l'Afghanistan, pour le bien de nos forces armées, j'en appelle au premier ministre: qu'il fasse sien cet engagement et qu'il appuie la motion d'aujourd'hui.
Qu'il dise clairement à cette Chambre et à nos alliés que le Canada cessera sa mission de combat en Afghanistan en février 2009, comme prévu.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je voudrais moi aussi, au nom du gouvernement, offrir nos condoléances à la famille et aux amis du soldat qui a perdu la vie en Afghanistan hier. Nous tous attristés par cet événement.
Je parlerai aujourd'hui de la motion, qui stipule que les opérations de combat dans le Sud de l'Afghanistan devront prendre fin en février 2009. Cette enceinte est le lieu des débats raisonnables, mais, à mon avis, cette motion est la pire forme de politique partisane et mesquine qu'on ait vue à la Chambre.
Le député de et le Parti libéral veulent compromettre la sécurité et la vie même de nos courageux soldats, hommes et femmes, qui risquent leur vie pour apporter espoir et liberté à la population afghane.
Tous les députés savent qu'il n'y a pas que des Canadiens qui suivent ce débat. Il n'y a pas que des Canadiens qui entendent la date qui a été avancée. Voilà une preuve de faiblesse incroyable, une preuve de vulnérabilité. Les talibans peuvent maintenant crier victoire. C'est inacceptable.
Je souligne en passant que l'engagement du gouvernement du Canada envers la reconstruction et la sécurité de l'Afghanistan ne se limite pas au Sud de ce pays.
L'Afghanistan est le principal bénéficiaire de l'aide au développement canadienne. La contribution du Canada à la reconstruction et au développement de ce pays améliore les conditions de vie de milliers d'Afghans. Les efforts de nos soldats, de nos diplomates et de nos spécialistes du développement permettent d'apporter des changements positifs dans un environnement très difficile. Nous réalisons des progrès tangibles.
Je partagerai avec la Chambre certaines des réalisations rendues possibles grâce à notre contribution.
Le Canada compte parmi les cinq plus importants donateurs du Fonds d'affectation spéciale pour la reconstruction de l'Afghanistan, un mécanisme multilatéral qui contribue à assurer le paiement régulier du salaire de plus de 270 000 fonctionnaires, y compris 144 000 enseignants. Le gouvernement afghan tire notamment une grande fierté du fait que plus de 6 millions d'enfants étaient retournés à l'école en date du mois dernier, comparativement à 5,4 millions l'année dernière. Près de 35 p. 100 de tous les élèves sont des filles. C'est une grande réussite. Par comparaison, en 2001, seulement 700 000 enfants allaient à l'école et aucune fille ne faisait partie de ce nombre.
La et moi sommes allés en Afghanistan la semaine dernière. Nous avons rencontré le ministre de l'Éducation, un homme fort éloquent. D'autres députés l'ont certainement rencontré lors de son passage à Ottawa il y a moins d'un an. Il n'avait que des bons mots à dire au sujet de la contribution du Canada au retour des enfants à l'école en payant les salaires des enseignants, en formant ceux-ci, qui peuvent, à leur tour, transmettre leur savoir aux enfants afin qu'ils puissent aspirer à une vie meilleure.
Un autre élément du programme de reconstruction qui a dépassé nos attentes est le Mécanisme de microfinancement et de soutien en Afghanistan, communément appelé MISFA. Au 28 février 2007, plus de 325 000 Afghans, dont presque les trois quarts sont des femmes, avaient obtenu de petits prêts et des services financiers. Tous les mois, le programme atteint une moyenne de 10 000 nouveaux clients. La semaine dernière, la ministre et moi avons rencontré un groupe de ces femmes.
Tel est l'espoir que nous donnons à ces femmes. Toutes ne seront pas des entrepreneures, mais nous avons rencontré un certain nombre d'entre elles qui le sont. J'ai parlé à une femme d'âge mûr qui n'avait aucun espoir sous les talibans. Cette femme fabrique des habits et autres vêtements. Son mari travaille pour elle, en compagnie des 14 autres membres de sa famille. Elle fait vivre toute sa famille grâce à un petit prêt qui lui a été consenti avec l'appui du gouvernement canadien.
D'autres femmes fabriquent de la poterie, de la vaisselle, des aliments préparés. Il y a donc toutes sortes de petites entreprises à domicile qui n'auraient jamais pu être créées sous le régime des talibans, qui n'auraient jamais pu obtenir du financement sans l'intervention de pays comme le Canada et d'autres donateurs.
Par l'entremise de l'ACDI, le gouvernement du Canada est également fier d'être un partenaire digne de confiance dans le Programme de solidarité nationale, qui a été des plus utiles dans la province de Kandahar et ailleurs en Afghanistan. On compte 16 000 conseils de développement communautaires, dont les membres sont élus par les villageois, qui décident quels projets devraient être financés. Ces conseils décident où les fonds de l'ACDI et d'autres pays donateurs seront dépensés.
Le ministre Zia, que nous avons rencontré, nous a dit que les insurgés n'avaient ciblé aucun de ces projets, qui ont été entrepris à la suite d'une décision d'un conseil local. Voilà le genre de réussite qui est nécessaire pour créer un environnement propice à la réalisation de ces projets. Le ministre Zia nous a rencontrés lors d'une réunion de l'un de ces conseils de développement locaux, qui oeuvrait à 40 kilomètres environ à l'extérieur des barbelés.
La et moi sommes allés hors des barbelés, dans une zone où les Canadiens et les civils n'auraient pas osé s'aventurer il y a un ou deux ans. Nous nous sommes réunis avec le conseil local et avons discuté avec lui de ses projets. Il faut que ces projets continuent. Nous nous sommes justement employés à les rendre possibles.
Bien sûr, il faut une présence militaire pour créer le climat de sécurité nécessaire à la réalisation de tels projets. Ce sont des projets d'irrigation des terres pour qu'on y fasse de nouvelles cultures. C'est ainsi qu'on résoudra le problème de l'opium. Il y a de l'eau, mais tant que nous ne fournissons pas l'argent nécessaire pour apporter cette eau dans les champs, de manière à ce qu'on puisse y cultiver autre chose, nous n'arriverons pas à nous débarrasser de la culture de l'opium.
Le Canada appuie des projets qui sont en train de changer l'existence des Afghans. Il s'agit tantôt d'aider l'UNICEF à mettre sur pied une clinique pour les mères à Kandahar, tantôt de financer des projets visant à remplacer la culture du pavot un peu partout au pays. Les efforts du Canada ont un effet bien tangible sur le sort des gens.
Il est remarquable d'entendre le Parti libéral nous parler de trouver un meilleur équilibre entre l'aide au développement et l'effort militaire. Les militaires canadiens ont pris part à quelques-uns des plus grands conflits du siècle. Nous, les Canadiens, attachons de l'importance au sort des gens qui vivent hors de nos frontières. Nous pensons qu'il vaut la peine de lutter pour les libertés issues de la démocratie.
Aux yeux des libéraux, les gens qui bénéficient de l'aide du Canada en Afghanistan ne sont que des statistiques. Les libéraux sont incapables de voir qu'au-delà des chiffres, ce sont bel et bien des millions de jeunes filles en chair et en os qui vont à l'école. Elles ont chacune un nom, un visage et l'espoir d'un meilleur avenir que ce que la vie leur a réservé dans le passé. L'aide du Canada n'est pas destinée à des statistiques. Nous aidons des êtres humains, qui ne méritent rien de moins que ce que nous avons: un abri, de la nourriture, de l'eau et les moyens de nourrir leur famille. Pourquoi les libéraux croient-ils que les Afghans méritent d'être abandonnés?
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Monsieur le Président, j'ai une observation à faire et une question à poser. Au début de ses observations, le député a laissé entendre aux députés et aux Canadiens que, en tenant ce débat, nous manquions en quelque sorte de loyauté envers nos troupes et nous encouragions les talibans.
Je lui dirais que, avec un tel raisonnement, nous ne pourrions jamais, au comité, demander au chef d'état-major de la Défense si le rythme des opérations de nos troupes est insatisfaisant. Nous ne pourrions jamais demander à ceux qui dirigent nos opérations quels succès ils remportent dans le cadre de la mission. Ces renseignements seront toujours cachés sous prétexte que nous encouragerions l'ennemi.
Je dirais aux députés que, en tant que membres de cette institution démocratique, nous aurons perdu cette guerre aujourd'hui si nous laissons les talibans influer sur la nature des débats à la Chambre des communes. Nous ne devrions jamais tolérer cela.
Cette motion reconnaît que nos troupes qui participent à ces missions sont parfois déployées au-delà de leurs limites. Comme notre chef l'a dit, nous sommes engagés là-bas depuis fort longtemps. Il est raisonnable que nous tenions un débat à ce sujet.
Je voudrais que le député nous donne le point de vue de son ministère. Si le commandant des forces déployées dans le Sud de l'Afghanistan venait témoigner à la Chambre ou au comité, dirait-il que l'ACDI apporte l'aide nécessaire pour que l'on puisse mener une opération anti-insurrectionnelle?
Il semble que nous n'apportions pas l'aide nécessaire pour le faire et, bien que nous puissions affirmer que nous avons connu des succès, ces derniers ne sont pas suffisants pour nous permettre de gagner ce qui constitue plus une opération anti-insurrectionnelle qu'une véritable opération militaire, car cela nécessite une approche d'aide, de diplomatie, de gouvernance et une victoire contre le trafic d'opium, la corruption et tous les autres problèmes qui affligent le gouvernement afghan.
Si cette approche n'est pas coordonnée, nous ne réussirons jamais, car il n'est pas question ici d'une opération militaire. Notre chef l'a dit clairement dans son allocution et cela va au coeur...
:
Monsieur le Président, d'abord je tiens à dire que que nous déplorons la perte d'un soldat dévoué, d'un fier Canadien. Un membre des forces d'opérations spéciales canadiennes a perdu la vie à la suite d'un accident en Afghanistan.
Son décès attriste profondément sa famille et ses amis. Au nom du gouvernement du Canada, je leur offre mes sincères condoléances. Nos pensées et nos prières les accompagnent.
C'est avec fierté et reconnaissance que les Canadiens sont unis derrière les Forces canadiennes. Nous saluons le courage et l'engagement de nos militaires. On n'oubliera jamais leur sacrifice.
Si nous débattons de cette motion aujourd'hui, c'est parce que le Parti libéral du Canada juge approprié de renoncer à la mission dans laquelle le Canada s'est d'abord engagé. Il semble que même dans l'opposition les libéraux sont déterminés à suivre l'exemple de leur nouveau chef et à faire les choses à moitié. Est-ce cela que nous voulons comme couronnement de notre mission en Afghanistan? Nous contenter d'avoir fait les choses à moitié?
Je trouve intéressant de voir que le chef adjoint de l'opposition, le député d', pense autrement. Voyons voir ce qu'il a dit au sujet de cette mission il y a quelques mois. Il a dit, et je cite:
J'ai appris que tout développement en Afghanistan était impossible tant que le pays n'est pas sécurisé. Les écoles et les hôpitaux que l'on construit le jour se font détruire la nuit si les militaires ne sont pas là pour les protéger.
Le Parti libéral est-il prêt à abandonner les enfants et les patients même si nous n'avons pas stabilisé la situation sécuritaire d'ici 2009? Voici ce qu'a dit le chef adjoint:
Des pays comme le Canada ne peuvent être en sécurité si nous laissons l'Afghanistan échouer [...], devenir une base pour des attaques terroristes.
Le Parti libéral est-il maintenant prêt à risquer que l'Afghanistan redevienne une terre d'accueil pour les terroristes? Le chef adjoint a également dit ce qui suit:
Notre parti doit défendre les droits de la personne partout et assumer des tâches difficiles lorsqu'elles s'imposent [...] Vous nous demandez de faire quelque chose de difficile, et nous pouvons le faire. C'est ce que nous faisons en Afghanistan. Cela s'inscrit dans la grande tradition de notre pays et c'est le genre de pays que nous voulons.
Le Parti libéral est-il maintenant prêt à compromettre les droits de la personne et les traditions de notre pays?
Il est allé plus loin. Il a placé la mission sous le sceau de son propre parti l'été dernier lorsqu'il a déclaré ce qui suit:
Les libéraux ne doivent pas oublier qu'il s'agit d'une mission libérale. Nous sommes en Afghanistan grâce au leadership des deux gouvernements libéraux précédents [...] Notre parti ne peut, par opportunisme politique, tourner le dos à ce qui est juste et à ce en quoi nous croyons.
Enfin, le chef adjoint du Parti libéral nous a dit que nous ne devrions pas partir tant que le travail n'est pas terminé.
En 2009, est-ce que les Canadiens vont dire que nous n'avons pas fait le travail? Nous parlons de l'avenir d'un pays et de quelque 30 millions de personnes, des gens comme nous, sauf que nous avons la chance de vivre au Canada.
À cette période-ci de l'année, pendant que bon nombre de Canadiens sont passionnés par les séries éliminatoires de la LNH ou sont préoccupés par leurs déclarations de revenus, les Afghans doivent composer avec des préoccupations beaucoup plus fondamentales. Est-ce que leurs filles pourront se rendre à l'école sans danger aujourd'hui? Est-ce que leurs récoltes vont survivre à la sécheresse cette année? Peuvent-ils avoir l'assurance que les talibans qui se sont enfuis de leur village il y a quelques mois ne reviendront pas?
Des vies humaines sont en jeu. La motion présentée aujourd'hui avec précipitation, qui invite la Chambre à demander au gouvernement de mettre fin aux opérations des Forces canadiennes en Afghanistan en février 2009, nous demande de prendre une décision extrêmement importante sans disposer des renseignements suffisants et sans pouvoir procéder aux analyses qui s'imposent.
Il est clair que nous nous sommes engagés jusqu'en février 2009. Les députés ont approuvé cette date. Pour cette raison, il faut la prendre au sérieux.
Cependant, toute proposition de prolongation de notre mission militaire en Afghanistan au-delà de février 2009 ou d'interruption de cette mission doit être analysée avec un soin extrême, après une évaluation poussée du travail que nous et nos alliés avons fait jusqu'à maintenant et avec une préoccupation sincère pour le sort du peuple afghan.
Par respect pour le vote que les parlementaires ont pris en mai 2006, j'affirme que nous ne devons pas rendre un jugement précipité à la Chambre aujourd'hui.
Nous avons présenté à la Chambre une motion visant à prolonger notre mission actuelle en Afghanistan jusqu'en février 2009. Le gouvernement a affirmé clairement que s'il voulait prolonger à nouveau la mission, il s'adresserait au Parlement et cela est toujours notre position.
[Français]
Il ne fait aucun doute que cette mission entraîne des coûts. Tragiquement, elle a coûté la vie à des Canadiens. En fait, les coûts encourus par le Canada font partie des éléments cruciaux de l'équation lorsque nous évaluons la viabilité de cette mission pour le Canada au cours des années à venir.
Cependant, les coûts ne représentent qu'une partie de l'équation. Les hommes et les femmes actuellement exposés à des dangers en Afghanistan le comprennent très bien.
[Traduction]
Ils comprennent que, lorsque nous évaluons la mission, il nous faut tenir compte de ses raisons et de la possibilité de changer les choses.
Les raisons de la mission sont assez claires. Le gouvernement de l'Afghanistan a demandé notre aide. Nos alliés et nos partenaires dépendent de notre contribution. La mission a été autorisée par les Nations Unies et est dirigée par l'OTAN. Disons-le simplement, la stabilité future de l'Afghanistan se répercute sur la sécurité du monde et du Canada.
La mission ne vise pas uniquement à aider les Afghans, elle vise à assurer la paix et la sécurité dans le monde.
Ainsi, comme le l'a fait remarquer à Montréal, il y a quelques semaines: six millions d'enfants afghans, dont un tiers de filles, vont maintenant à l'école, comparativement à 700 000, tous des garçons, en 2001; 6 000 kilomètres de routes ont été construites ou réparées; 2 500 villages ont l'électricité pour la première fois; et 80 p. 100 des Afghans ont maintenant accès à des soins de santé de base, comparativement à seulement 8 p. 100 en 2001.
Qu'arriverait-il si nous retirions les forces canadiennes?
La sécurité doit régner pour qu'il y ait des activités de développement et de reconstruction. Ces activités doivent se poursuivre pour que le peuple afghan ait confiance que son gouvernement démocratiquement élu s'occupera de lui.
Cette mission est un effort pancanadien intégré et, par surcroît, elle s'inscrit dans le cadre d'une mission multinationale plus vaste. Nous sommes en Afghanistan avec 36 autres pays. Il est clair que nous ne sommes pas les seuls à porter le fardeau de cette mission. En fait, la Pologne, l'Australie et les États-Unis, entre autres, viennent tout juste d'accroître leur contribution.
Grâce en partie aux efforts du , des progrès importants ont été réalisés pour le renforcement de nos efforts collectifs dans le Sud de l'Afghanistan. En fait, pas plus tard que la semaine dernière, le ministre a rencontré les ministres de la Défense des autres pays qui travaillent avec nous dans le Sud de l'Afghanistan. Nous faisons partie d'une équipe multinationale, une équipe qui compte sur nous.
Bien des gens ne saisissent pas l'ampleur des répercussions qu'aurait la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui, qui vise à couler dans le béton la date limite de février 2009. En adoptant cette motion, nous laisserions tomber nos alliés et nos partenaires dans cette mission. Bien simplement, nous manquerions à notre responsabilité d'assurer la sécurité internationale et, au bout du compte, la sécurité chez nous, au Canada.
Non seulement nous avons des partenaires internationaux qui comptent sur nous, mais aussi, ce qui est plus important encore, la vie de citoyens afghans est en jeu.
Fixer maintenant une date limite pour le retrait des Forces canadiennes enverrait un message clair et dangereux aux talibans. Pour l'amour du peuple afghan, notre mission ne peut pas être mesurée simplement en fonction du nombre d'années ou de mois que nous y avons investis. Ce n'est pas là un indicateur de succès, mais simplement une marque sur le calendrier.
Nous ne devrions pas imposer des dates limites artificielles qui ne tiennent pas compte des progrès réalisés vers l'atteinte des objectifs convenus en matière de développement et de sécurité. Cette mission doit être mesurée en fonction de l'impact que nous avons et que nous continuerons d'avoir sur la population afghane et sur la population canadienne.
[Français]
Nous ne pouvons prendre à la légère la motion que nous débattons aujourd'hui. Le gouvernement prendra une décision réfléchie concernant cette question extrêmement importante. Notre décision sera fondée sur des délibérations importantes. Nous allons aussi permettre aux Canadiens et au Parlement de s'exprimer convenablement sur la question.
:
Monsieur le Président, j'aimerais répondre aux observations du secrétaire parlementaire. Il semble qu'il n'ait pas suffisamment prêté attention aux termes de notre mission.
Les députés d'en face prétendent à tort que nous voulons abandonner l'Afghanistan. Pourtant, au paragraphe 5 de la résolution, nous précisons très clairement, comme le ferait toute personne sensée, que l'engagement du Canada à l'égard de la reconstruction, des démarches diplomatiques et j'ajouterais même des contributions militaires à la consolidation de la sécurité en Afghanistan pourrait aller au-delà de février 2009 sous un gouvernement libéral. Il s'agit de déterminer si cet engagement comprend des opérations de combat indirectes dans le Sud de l'Afghanistan. Voilà pour le premier point que je tenais à faire valoir.
Deuxièmement, le secrétaire parlementaire fait comme si la date limite a été imposée par ce côté-ci de la Chambre. Je rappellerais au député que c'est le gouvernement qui a proposé la date limite de février 2009. De ce côté-ci de la Chambre, nous pensons simplement qu'une date limite doit être respectée.
Je ferais d'ailleurs remarquer que, lorsque la date limite a été proposée à la Chambre en mai 2006, de ce côté-ci, nous avons disposé de six heures pour débattre de cette question essentielle à la sécurité nationale.
Si le gouvernement présente une autre motion visant à prolonger la mission, je demanderais simplement au secrétaire parlementaire d'accorder suffisamment de temps aux Canadiens et à la Chambre pour en débattre convenablement, contrairement à la dernière fois, où le débat fut si court que le Canada n'a pas eu le temps de saisir toute la gravité de la situation.
Qu'a-t-on dit à propos de l'avenir de la mission et de la prolongation de celle-ci lors des réunions tenues avec les alliés du Canada la semaine dernière, à Québec? Les Canadiens ont le droit de connaître les engagements que prend le gouvernement du Canada dans le cadre de la mission.
Je me demande si le secrétaire parlementaire pourrait nous dire quelles discussions nous entretenons avec nos alliés à propos de la prolongation de la mission.
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Monsieur le Président, tout d'abord, le Bloc québécois et moi-même voulons, nous aussi, offrir nos condoléances à l'ensemble des familles des soldats décédés en sol afghan.
Au départ, je voudrais aussi enlever une chose qui entrave le parcours du Bloc québécois. Je vous avoue qu'on est très très tannés de se faire dire, chaque fois qu'on pose une question sur un mandat de la mission, qu'on n'appuie pas la mission ou qu'on n'appuie pas les soldats sur le terrain. C'est là une approche entièrement « bushienne », du nom du président Bush, qui dit tout le temps aux gens que ceux qui ne sont pas avec lui sont contre lui.
Je voudrais rappeler à mes collègues conservateurs que nous sommes ici dans un parlement. Un parlement n'exprime pas qu'un seul point de vue. Le gouvernement a droit à son point de vue, mais l'opposition y a droit également. Les libéraux ont droit à leur point de vue, tout comme le Bloc québécois et le NPD. Nous sommes élus par des gens qui nous envoient ici pour les représenter. Alors, c'est un peu normal qu'on n'ait pas la même approche et qu'on ne considère pas la question tout le temps sous le même angle. L'opposition et le Bloc québécois sont un peu fatigués d'entendre certains propos. Chaque fois qu'on questionne le gouvernement, chaque fois qu'on présente une motion ou un projet de loi qui ne va pas dans le sens de la politique gouvernementale, on se faire dire qu'on n'appuie pas les troupes. Ce n'est pas cela du tout. Il faut respecter l'ensemble des points de vue de la Chambre, essayer le plus possible d'arriver à un consensus et, par la suite, on tranche la question par un vote. C'est cela la démocratie.
Donc, aujourd'hui, nous avons un peu notre voyage et nous sommes un peu tannés de nous faire dire à chaque fois que nous n'appuyons pas les troupes. Nous les appuyons, et même avec la motion devant nous aujourd'hui, nous allons continuer de les appuyer. Cependant, en politique — je rappelle cela au gouvernement —, ce sont les autorités civiles qui décident des agissements des forces armées d'un pays. Quand cela ne fonctionne pas ainsi, ce n'est pas compliqué, c'est parce que ce n'est plus une démocratie. La journée où on aura ici 308 députés conservateurs, nous vivrons dans une dictature. Ce n'est pas bien compliqué, et j'espère que nous n'en arriverons jamais là. C'est pour cela que les parlements sont habilités à régler ces questions et sont composés de la façon dont ils sont composés, soit avec un gouvernement et une opposition. Il faut respecter le point de vue de l'ensemble des partis qui forment ce Parlement.
J'aimerais faire quelques rappels historiques. Premièrement, les gens se demandent comment il se fait qu'on ait des soldats canadiens sur le sol afghan. Il faut rappeler toute la situation. C'est important parce qu'il faut toujours répéter comment cela est arrivé. Ce n'est pas compliqué, c'est arrivé suite aux attaques sur le World Trade Center et le Pentagone. Le gouvernement américain a très fortement réagi et l'ONU a aussi réagi. Le lendemain ou le surlendemain, l'ONU a déclaré que le gouvernement américain avait le droit d'utiliser la légitime défense. Le lendemain également, l'OTAN — qui est une alliance militaire et politique — a invoqué pour la première fois l'article 5 de sa constitution qui dit qu'une attaque contre l'un de ses membres est une attaque contre tous.
C'est à partir de ce moment-là que le gouvernement libéral de l'époque et le Bloc québécois ont dit qu'il était tout à fait légitime et surtout légal internationalement d'envoyer des soldats là-bas. Cela a commencé ainsi, sous commandement américain, avec l'opération Enduring Freedom. Les gens sont allés en Afghanistan pour chasser les talibans du pouvoir, pour faire en sorte que cela ne puisse plus se reproduire. Il y avait en effet beaucoup de camps d'entraînement terroristes et il fallait régler cette question une fois pour toutes. Le Canada, comme beaucoup d'autres pays, a dit qu'il allait accompagner les Américains là-bas. Il n'y a pas de problème pour nous, contrairement à ce qui se passe en Irak. Là, on avait un mandat de l'ONU et un de l'OTAN. Donc, il était tout à fait légitime de se rendre là-bas.
L'opération Enduring Freedom a commencé et les Américains se sont dit qu'il fallait d'abord stabiliser la capitale. Ils ont donc stabilisé Kaboul. Nous les avons aidés à le faire. On avait des troupes à cet endroit. De plus, l'OTAN est de plus en plus entré en ligne de compte. Il y a eu des discussions entre l'ensemble des alliés et tout le monde semblait se dire que l'OTAN devrait être l'organisme dirigeant l'ensemble de l'opération. C'est ce qui a commencé à se faire. Aussitôt que Kaboul a été stabilisé, l'OTAN a commencé à prendre le contrôle et, par la suite, elle a décidé d'aller dans le sens inverse de l'aiguille d'une boussole pour ce qui est des points cardinaux. Je m'explique. Les forces de l'OTAN ont commencé par stabiliser le nord. L'OTAN a pris le contrôle par la suite.
Elles ont stabilisé l'ouest, et l'OTAN a pris le contrôle par la suite. Elles ont stabilisé le sud, et l'OTAN a pris le contrôle par la suite. Depuis juillet dernier, l'OTAN a pris le total contrôle de l'Afghanistan. C'est sûr que les Américains y sont toujours, mais il y a une espèce de division de la tâche. Toutefois, tout le monde accepte le fait que l'OTAN détient actuellement le mandat. On participe présentement à une opération de l'OTAN. Voilà pourquoi les troupes canadiennes sont sur le sol de l'Afghanistan.
Eu égard à ce qui passe à Kandahar depuis qu'on y est, il y a un problème. Il y a une limite à une opération militaire, et le gouvernement conservateur ne l'a pas compris. Il a beaucoup trop mis l'accent sur l'opération militaire.
Des gens disent qu'on a un raisonnement simpliste lorsqu'on parle de l'approche dite des trois D — la politique officielle du gouvernement — , soit la défense, la diplomatie et le développement, et qu'on dit avoir 2 500 soldats sur le terrain là-bas.
En ce qui concerne le développement, on a six personnes qui s'occupent des projets de développement à l'ACDI. Qu'on ne nous dise pas que c'est faux, car on y était et on nous l'a dit quand j'ai posé la question pour savoir combien de personnes sur le terrain étaient assignés aux programmes de l'ACDI et de développement.
En ce qui a trait à la diplomatie et aux Affaires étrangères, on a aussi six personnes.
Je crois donc que ce n'est pas exagéré quand on dit qu'il y a vraiment un déséquilibre dans cette mission, un très fort déséquilibre. Tout ce qui s'ensuit nous donne raison.
Pensons à l'escalade militaire. Le ministre nous avait dit qu'il n'y aurait pas de tanks là-bas. Pourtant, que s'est-il passé? Il n'y a pas que les tanks. En effet, on justifie tout le temps l'achat. On en est rendu à 21 milliards de dollars d'achats. On justifie souvent ces achats en disant que c'est pour l'Afghanistan.
On pourrait parler des avions de transport stratégique C-17. Mes collègues ont en parlé. Avant, il nous en coûtait peut-être 50 ou 100 millions de dollars par année pour les louer. Maintenant, cela nous en coûte 3,4 milliards de dollars, et les retombées économiques ont mal été orchestrées. En effet, encore une fois, le Québec en est victime sur le plan de ces contrats. Il y a donc une escalade militaire.
En premier, on a envoyé des tanks. Et bizarrement, après la tenue d'une réunion à Québec avec les responsables militaires du Sud de l'Afghanistan, dont des Hollandais soit-dit en passant, le ministre a déclaré qu'on allait dorénavant louer de nos amis allemands, mais aussi acheter de nos amis hollandais. Probablement que le deal s'est fait lors de cette réunion. Ces discussions ont dû avoir lieu à Québec. Soudainement, les tanks arrivent, et cela coûte 650 millions de dollars. Nous, les contribuables canadiens et québécois, il nous reste juste à payer. Il n'y a donc nul doute au sujet de l'escalade militaire.
La question du Pakistan est aussi problématique. Lorsqu'on dit qu'il y a une détérioration, c'est parce qu'on est incapables de coincer bien souvent les talibans. Aussitôt que cela se met à chauffer, ils se réfugient dans l'oasis pakistanaise. J'appelle cela ainsi, car lorsque leurs troupes sont exténuées, la ligne de démarcation est tellement poreuse qu'elles entrent au Pakistan sans problème. Les troupes de l'OTAN, comme les troupes canadiennes, ne peuvent alors pas les suivre sur le terrain au Pakistan puisque, normalement, ce pays est un allié dans cette guerre. Pourtant, elles ont beaucoup de difficultés, intentionnellement ou non, à contrôler cette frontière. Le Pakistan représente donc un énorme problème.
En outre, on ne va nulle part avec la culture du pavot. C'est un problème fondamental en Afghanistan. Pourtant, on le dit depuis des mois: il faut régler cette question. Mais le gouvernement ne cesse de nous bombarder avec l'importance des militaires pour chasser les talibans. Pendant ce temps, ces derniers encouragent cette culture. Ils se nourrissent et se financent grâce à elle. Encore une fois, la mauvaise perception des alliés et du Canada à ce sujet suggère l'éradication ou les épandages chimiques pour détruire les cultures.
Que fait-on après cela? Que dit-on à un paysan qui en retire une petite part? Car ce n'est pas lui qui en profite le plus — lui qui en fait la culture —, ce sont les intermédiaires qui viennent après lui. Que dit-on alors à ce paysan? Qu'on s'excuse, mais que cet après-midi, grâce à nos dizaines de tracteurs dans son champ, c'en sera fini du pavot?
Des gens ont commencé à se dire que si on voulait les jeter dans les bras des talibans, il n'y avait pas de meilleure façon. Les talibans leur diront qu'ils sont prêts à les protéger et à payer pour leur culture. Il faut donc régler ce problème, d'autant plus qu'il entraîne de la corruption et le financement du régime taliban. La façon de le régler, ce n'est certainement pas l'éradication. Par exemple, il faudra davantage chercher à trouver comment on pourrait utiliser cette culture pour alimenter l'industrie pharmaceutique de façon légale. Le groupe Senlis Council a fait une très bonne étude à ce sujet.
D'autre part, pour avoir fréquenté les réunions de l'OTAN, je sais qu'il y a beaucoup de discussions entre l'OTAN et l'Union européenne pour établir, si on remplace le champ de pavot d'un paysan par un champ de patates ou de tomates, si une partie des récoltes pourra être écoulée sur le marché européen. Il s'agit là des discussions entre l'OTAN et l'Union européenne. C'est sensé, parce que si on remplace le pavot par des tomates, on ne sera peut-être pas capable de les vendre en raison d'un petit marché intérieur, d'un manque d'argent ou du fait que ça ne rapporte rien. Si on vend cinq tomates au marché alors qu'on veut en vendre cinq caisses, il est impossible de s'en sortir financièrement. Cependant, si l'Union européenne et l'OTAN s'en mêlent et consacrent une partie de leurs marchés intérieurs à cela, on peut y arriver.
Il y a également la question des caveat, soit des règles d'engagement. Il y a eu d'énormes problèmes à ce sujet chez nos alliés. Le Canada n'a aucune règle d'exception. Les troupes canadiennes patrouillent donc 24 heures sur 24 et font toutes sortes d'opérations. À ma grande surprise, lorsqu'à l'invitation de l'OTAN je suis allé à Faizabad dans le nord de l'Afghanistan, les troupes allemandes m'on dit: « Monsieur Bachand, il est 8 heures, il faut rentrer au camp. » J'ai alors demandé pourquoi il fallait rentrer au camp à 8 heures. Elles m'ont répondu que leur Parlement donnait l'ordre de rentrer au camp à 8 heures.
Monsieur le Président, vous me ferez signe pour me dire combien de temps il me reste, parce que je ne veux pas vous voir vous impatienter.
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Dans ce cas, monsieur le Président, je reformulerai ma phrase.
Le député de est allé dans le nord de l'Afghanistan. À 8 heures, ce pauvre député s'est fait dire que nous devions rentrer au camp. C'est ce que dit la règle d'exception de leur parlement: à 8 heures, il faut revenir à la base. Je me suis dit que cela n'avait pas de bon sens. Pourquoi les soldats canadiens n'ont pas de règles d'exception et que l'ensemble de nos alliés en ont? Présentement, on travaille beaucoup à ce sujet.
Nous avons beaucoup de difficultés avec le gouvernement Karzaï, il faut l'avouer. M. Karzaï est surnommé « le maire de Kaboul ». Cela veut dire que les gens ne lui reconnaissent aucune autorité à l'extérieur de Kaboul. Donc, c'est très difficile d'établir son autorité. Au fur et à mesure qu'on s'éloigne de la capitale, son autorité diminue continuellement. Ce sont les seigneurs de la guerre et les chefs de clans qui décident comment cela se passera. Certains gouverneurs — probablement plusieurs —, c'est un fait connu, sont corrompus par le commerce illicite. Même des membres du Parlement afghan sont reconnus comme étant des membres influents du commerce illicite de la drogue. Cela engendre beaucoup de problèmes. Plusieurs civils sont morts. Dans une opération militaire, lorsqu'on voit que des bombardements sont faits sans distinction entre les civils et les talibans, cela entraîne des conséquences. La population se révolte contre cela. La population a l'impression d'être devant une armée d'occupation et non pas une armée qui vient pour les libérer. C'est une armée qui ne fait pas assez de nuances entre les civils et les talibans.
La question des prisonniers est un point très important. D'ailleurs, on a demandé la démission du ministre à ce sujet, parce qu'il a induit la Chambre en erreur. Et cela continue. Lorsque nos militaires font des prisonniers, ils les remettent aux autorités afghanes. On reçoit des rapports du département d'État américain qui démontrent clairement que la torture est une pratique courante là-bas. Des gens se font arracher les ongles d'orteils ou les ongles de doigts ou se font couper les doigts. Là-bas, les femmes sont des esclaves sexuelles. Elles sont mêlées aux prisonniers, tout comme le sont les enfants. Cela est écrit dans le rapport du département d'État. Ce n'est pas le député de qui le dit, c'est le département d'État des États-Unis.
Il y a un grave danger pour les soldats canadiens qui prêtent leur concours à cela. Le ministre est complice de cela. Le gouvernement canadien pourrait être poursuivi devant les tribunaux internationaux et peut-être même devant le Tribunal pénal international, dont il est signataire. Il pourrait être poursuivi. Le Président de la Chambre pourrait aussi être poursuivi. Quelqu'un peut étendre la responsabilité de cette affaire à l'ensemble du Parlement. Donc, il y a des dangers. Lorsque le Bloc québécois parle de ce genre de choses, on lui dit qu'il n'appuie pas les troupes. Comme je l'ai dit au début de mon intervention, ce qui nous agace continuellement, c'est que chaque fois qu'on propose une petite modification, on nous dit qu'on n'appuie pas les troupes.
Je me suis rendu deux fois en Afghanistan et j'y ai rencontré le général Richards, qui est le général en charge de l'OTAN. Lui-même disait que si on ne change pas et si on maintien l'approche militaire, d'ici six ou sept mois, on perdra 70 p. 100 de la population. En effet, la population aimera mieux être du côté des talibans que d'être du côté d'une telle armée, surtout lorsqu'on pense aux exactions que je viens de mentionner.
Le Bloc demande depuis longtemps un changement dans cette mission. On en a des preuves: 1,8 milliard de dollars a été investi au niveau militaire et 300 millions de dollars ont été investis au niveau du développement. On peut en parler du développement. Plus tôt, j'ai parlé du nombre de gens qui assument des responsabilités. Ils font signer des contrats à des entreprises afghanes et il n'y a aucune reddition de comptes. On donne 100 000 $ à un individu et on lui demande de creuser un puits dans un village. Au bout d'un an, personne n'a vérifié si le puits avait été creusé. Qu'ont-ils fait avec cette somme d'argent?
On a d'immenses problèmes et il faut envisager des solutions. Au lieu de s'attarder à ces problèmes, ce gouvernement veut acheter plus de tanks et envoyer plus de troupes. C'est la politique extérieure du qui prévoit cela. On se colle tout le temps sur George W. Bush et on lui dit qu'on est avec lui. On dit à nos alliés européens qu'on appuie les Américains, ce qui les indispose.
C'est arrivé à plusieurs reprises. Il y a eu la guerre du Liban et beaucoup d'autres politiques que ce met de l'avant et qui viennent briser le multilatéralisme, ce pour quoi le Canada était reconnu depuis longtemps. Qu'est-ce qui faisait la force du Canada? C'était d'abord les Casques bleus et, ensuite, le fait qu'il trouvait des solutions. En effet, le Canada avait des portes d'entrées partout en Europe. Aujourd'hui, on se colle sur les Américains et on prend au mot ce que George Bush lorsqu'il dit qu'on est avec lui ou contre lui. Le Canada a décidé d'être avec le président américain et d'être, naturellement, contre les autres. Bien sûr, ce n'est pas appliqué comme cela, mais moi je vois la réticence des 27 nations quand on va à l'OTAN. Beaucoup disent ne pas reconnaître le Canada. Nous, nous pensons qu'au fond, l'approche multilatérale du Canada est bonne. À partir du moment où elle n'y est plus, arrivent les problèmes. On devient isolé et on devient presque esclave du gouvernement américain. On le voit avec les contrats militaires. On envoie des milliards de dollars au sud de notre frontière, sans même rien exiger. Pourtant, nous sommes l'acheteur, c'est nous qui signons le chèque.
On a beaucoup à faire. Pourquoi ne pas demander à un haut représentant de l'ONU de coordonner l'ensemble de la question? Pourquoi le ne demande-t-il pas cela? Pourquoi ne demande-t-il pas une conférence internationale? A-t-il peur d'indisposer ses amis américains? Qu'il demande une conférence internationale avec l'Iran et tous les pays des alentours, comme l'Inde et le Pakistan. Il faut trouver aussi des solutions diplomatiques. Il faut se servir du troisième D. Il ne suffit pas de fermer les yeux et de dire que le Pakistan est notre allié et qu'on le laisse faire, alors qu'il donne continuellement refuge aux talibans.
Nous allons donc appuyer la motion. Nous étions d'accord pour poursuivre la mission jusqu'en 2009, et la motion dit bien qu'on continue les opérations militaires jusqu'en 2009. On a essayé de faire comprendre depuis très longtemps à ce gouvernement qu'il devait changer le mandat de la mission et il ne veut pas nous écouter. La solution est donc devant nous. On va se rendre jusqu'en février 2009 et après cela, les opérations militaires devront se terminer. Le Bloc québécois pense que c'est une sage position. Nous allons appuyer cette motion.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Le NPD soutient nos troupes. Le parti se joint à tous les députés et à tous les Canadiens en exprimant ses condoléances pour toutes ces vies perdues, y compris dans le tragique incident d'hier. Nous sympathisons avec les familles et les camarades de ceux qui sont tombés, et nos prières les accompagnent.
Nos jeunes hommes et femmes perdent la vie dans une mission futile qui, en outre, est un échec. Combien d'autres vies seront perdues avant que les partis à la Chambre en viennent à entendre raison?
Le NPD n'appuie pas la motion. Pourquoi? Parce qu'elle prolonge, en Afghanistan, une mission de combat à la George Bush. Les libéraux et leur girouette de chef ne semblent pas comprendre les enjeux critiques avec lesquels le pays doit composer sur la question de l'Afghanistan. Il y a un an, les libéraux ont voté à la fois pour et contre la motion visant le prolongement de cette mission. L'actuel avait voté pour et l'actuel avait voté contre. Aujourd'hui, en présentant cette motion, les libéraux approuvent la prolongation de deux ans de la mission et le plan de match du pour l'Afghanistan.
De son côté, il y a un an, le NPD s'était opposé à la prolongation de la mission. Si les libéraux avaient écouté les néo-démocrates à l'époque, nous serions maintenant en train d'accomplir une mission de reconstruction, d'aide et de redéveloppement, plutôt qu'une mission de combat et de contre-insurrection. Les libéraux prétendent maintenant être d'accord avec les néo-démocrates pour dire que la mission actuelle est mal orientée. Dans ce cas, pourquoi attendre deux ans avant de retirer nos troupes?
Les faits sont clairs. Les libéraux nous ont entraînés dans cette mission à l'époque où elle était dirigée directement par la Maison-Blanche. On l'appelait alors « opération Enduring Freedom ». Les libéraux n'ont jamais consulté ni les Canadiens, ni le Parlement.
Ce qu'il y avait d'inacceptable dans cette mission continuera à être inacceptable durant les deux prochaines années, et cela ne fera qu'empirer. Nous mènerons une contre-insurrection avec ordre de tuer, dans un contexte de déséquilibre entre dépenses militaires et aide humanitaire et de détérioration des conditions de vie. Pourquoi poursuivre encore cette mission lamentable?
[Français]
De prolonger cette mission, ce n'est pas responsable. Il ne s'agit pas d'une démonstration de leadership. C'est un manque de respect envers les femmes et les hommes en uniforme. Ces hommes et ces femmes des forces armées mettent leur vie en danger quotidiennement en Afghanistan. Ils méritent de savoir que les députés réfléchissent sérieusement au sujet de la mission dans laquelle ils sont engagés.
Nos troupes ont besoin d'être confiantes dans la mission. Elles ont besoin de savoir que les déploiements militaires se feront au bon moment et pour les bonnes raisons. Elles ont aussi besoin de savoir que la stratégie militaire sera revue et reconsidérée si elle n'est pas le bon choix pour en arriver à faire le travail nécessaire.
[Traduction]
Un parti qui est parvenu à la conclusion qu'une mission n'est pas justifiée ne peut pas, en toute conscience, aller dire à nos soldats qu'ils doivent poursuivre cette mission pendant encore deux ans. Il doit rapatrier les troupes canadiennes à la première occasion.
Il est important d'appuyer nos troupes par tous les moyens pour bien s'assurer que la mission est appropriée, que les militaires touchent une solde convenable et qu'ils pourront bénéficier d'un appui tout au long de leur vie, comme nous l'avons proposé dans notre motion sur les anciens combattants d'abord.
La position du NPD sur la mission de combat en Afghanistan est très claire. Il s'agit d'une mission contre-insurrectionnelle à la Bush qui n'apporte ni une paix durable ni une amélioration des conditions de vie. C'est une mission déséquilibrée et très fortement axée sur une vigoureuse contre-insurrection. La situation humanitaire ne s'améliore tout simplement pas, et l'on ne peut pas gagner par la voie militaire.
[Français]
Le Canada doit faire preuve de leadership et s'efforcer de trouver des solutions pratiques.
Le retrait sécuritaire et résolu de nos troupes, en consultation avec nos alliés, est maintenant nécessaire. En même temps, il faut faire dès maintenant un effort concentré pour développer une nouvelle approche quant au rôle du Canada en Afghanistan.
Cela commence en ouvrant un dialogue avec les pays qui se sont engagés à aider les gens en Afghanistan. Nous devons travailler ensemble afin d'établir la paix, le développement et la justice.
Notre approche doit respecter et engager les organismes, les groupes et les gouvernements à l'échelle locale en Afghanistan.
Il faut que le Canada utilise son expérience pour y amener la diplomatie, l'aide et la reconstruction que les Canadiens et les Québécois veulent voir en Afghanistan. Il faut que cela commence avec un cessez-le-feu aussitôt que possible.
[Traduction]
Faire preuve leadership en Afghanistan, cela veut dire amener les protagonistes à négocier un accord de paix. Selon Chris Alexander, ancien ambassadeur du Canada en Afghanistan qui est aujourd'hui représentant principal de l’ONU en Afghanistan, l’absence d’un accord de paix en Afghanistan attise le conflit. Gordon Smith, ancien haut diplomate canadien et directeur du Global Studies Centre de l’Université de Victoria, a interpellé la communauté internationale pour l’inciter à déployer de sérieux efforts dans le but de mener des négociations de paix inclusives et exhaustives. Voilà ce que doit faire le Canada. Or, tant que nos forces participeront à l'offensive dans le Sud du pays, il ne pourra pas s'y employer.
Permettez-moi de proposer, dans l'espoir de trouver un terrain d'entente, l'amendement qui suit afin de déterminer si la Chambre accepterait de prendre les mesures qui s'imposent. L'amendement dirait ceci: « Que la motion soit modifiée en supprimant les mots suivant les mots “opérations de combat dans le Sud de l'Afghanistan” pour les remplacer par ce qui suit: “la Chambre demande au gouvernement d'entreprendre dès maintenant, de manière sûre et sécuritaire, le retrait des Forces canadiennes de la mission contre-insurrectionnelle en Afghanistan et demande au gouvernement d'aviser immédiatement l'OTAN de cette décision”. »
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Monsieur le Président, je tiens moi aussi à exprimer mes condoléances et ma sympathie, de même que celles de mon parti, à la famille et aux amis du soldat qui est décédé hier en Afghanistan, ainsi qu'aux familles des 53 autres soldats et du diplomate canadien qui ont aussi perdu la vie dans ce pays.
Ce matin, en me préparant à ce débat, j'ai relu les observations que j'avais faites le 17 mai dernier, au moment où la Chambre examinait la possibilité de prolonger cette mission bancale à Kandahar. Le Nouveau Parti démocratique avait voté contre cette prolongation.
J'avais alors dit que si nous devions mettre en danger la vie de Canadiens, il était de notre devoir de déterminer clairement un certain nombre de points et de nous poser les questions suivantes. Est-ce une mission qui est nécessaire? Est-ce une mission qui peut réussir, qui a des chances de succès? Faisons-nous tout en notre pouvoir pour assurer la sécurité et le bien-être de nos militaires?
Je prends à nouveau la parole aujourd'hui en qualité de porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière de défense, mais aussi à titre de mère de trois fils, de grand-mère et de citoyenne canadienne. Deux de mes fils sont agents de police. Ils s'exposent chaque jour à des risques dans l'une des plus grandes villes du Canada. Je comprends la fierté, mais je comprends aussi le malaise et la crainte que les familles concernées ressentent lorsque le gouvernement met nos soldats canadiens en danger.
Ces gens accomplissent les tâches que nous, en tant que gouvernement et nation, leur avons demandé d'accomplir. Mes craintes de l'époque au sujet de cette mission anti-insurrectionnelle malavisée sont encore plus fondées aujourd'hui. Ni le gouvernement libéral précédent, qui nous a fait participer à cette mission dans le cadre de l'opération Enduring Freedom, ni le gouvernement conservateur actuel, qui a prolongé cette mission anti-insurrectionnelle, n'ont fait preuve de diligence raisonnable.
Tous les Canadiens sont en droit de s'attendre à ce qu'on fasse preuve de diligence raisonnable et qu'on comprenne bien la situation dans laquelle nous plaçons nos soldats avant de les envoyer prendre part à une mission dangereuse.
La situation en Afghanistan est incroyablement complexe. Les menaces vont bien au-delà des talibans. Les forces des seigneurs de la guerre qui contrôlent toujours les milices en Afghanistan, les éléments criminels là-bas, la frontière perméable avec le Pakistan, le fait que les insurgés peuvent se déplacer de part et d'autre de la frontière en toute impunité, les éléments criminels impliqués dans la culture du pavot en Afghanistan, tout cela contribue à un environnement non sécuritaire.
Les Forces canadiennes sont déjà sollicitées au maximum. Les soldats font déjà plusieurs affectations allant jusqu'à neuf mois en Afghanistan. Lorsque le est entré en fonction, l'an dernier, on lui a dit que les Forces canadiennes étaient capables de déployer une seconde force opérationnelle terrestre de 1 200 soldats. Le ministre nous dit maintenant que ce n'est pas le cas.
Le gouvernement doit clairement démontrer aux Canadiens que les Forces canadiennes peuvent répondre à toute situation pouvant survenir au pays pendant que cette mission draine notre capacité d'intervention.
Les Olympiques de 2010 à Vancouver approchent. Cet événement s'accompagne de besoins en sécurité bien réels. Le ministre a été mis au courant de ces besoins comme de ceux des Forces canadiennes. À tout moment au pays, il pourrait se produire des inondations ou des tempêtes de verglas, comme celle dont nous avons déjà été témoins au Québec, des incidents nécessitant l'aide des hommes et des femmes des Forces canadiennes.
Nous avons constaté une escalade bien réelle de cette mission anti-insurrectionnelle en Afghanistan au cours de la dernière année. Le gouvernement a acheté 100 nouveaux chars d'assaut. Des plans de circonstances sont en place pour l'envoi de CF-18. Nous avons vu des plans de la Défense nationale prévoyant des rotations jusqu'en 2011. J'ai demandé à maintes reprises au gouvernement de corriger les problèmes que pose l'entente de transfert de prisonniers à l'Afghanistan.
J'ai demandé à maintes reprises au ministre et au de corriger l'entente sur le transfert des détenus et le ministre m'a toujours répondu que cette entente ne posait aucun problème. Or, quelle est la situation à l'heure actuelle? Après quatre enquêtes distinctes sur le transfert de détenus, le gouvernement refuse toujours de modifier l'entente. Il continue de dire qu'elle ne pose aucun problème, même si le ministre a dû s'excuser devant la Chambre d'avoir induit les Canadiens en erreur concernant le rôle de la Croix-Rouge internationale dans le cadre de cette entente.
L'une des principales difficultés réside dans le fait que, ni le gouvernement libéral précédent, ni le gouvernement conservateur, n'ont énoncé de critères de réussite pour notre intervention en Afghanistan. Le fait est que de jeunes soldats canadiens sont tués et blessés de plus en plus fréquemment dans le cadre d'une mission de combat qui, en plus d'être inutile, prend l'allure d'un échec.
Combien de pertes devons-nous encore subir avant que le gouvernement n'entende raison? On ne peut mesurer les progrès par le nombre d'insurgés tués ou le nombre de soldats étrangers déployés. On ne peut évaluer les progrès qu'en fonction des résultats tangibles au bénéfice de la population de l'Afghanistan: eau potable, électricité, paix et sécurité, amélioration de la qualité de vie des Afghans, fin de l'incertitude, disparition des blindés des collines de l'Afghanistan.
C'est la raison pour laquelle le chef du NPD a proposé un amendement selon lequel le retrait des Canadiens participant à cette mission anti-insurrectionnelle serait amorcé le plus rapidement possible. Nous devons envisager une nouvelle approche et nous devons le faire immédiatement. Il nous faut des solutions pratiques, de sorte que le Canada puisse agir comme chef de file dans la promotion de la paix en Afghanistan.
Nous devons collaborer avec d'autres pays du monde pour favoriser le développement et instaurer la justice en Afghanistan. Nous devons faire appel à notre expérience et à nos compétences. Nos militaires canadiens sont très instruits et bien entraînés. En tant que Canadiens, nous devons faire appel à ces compétences et à cette expérience pour favoriser la diplomatie et les négociations de paix qui garantiront la paix et la sécurité d'une façon durable à la population de l'Afghanistan.
C'est la seule façon intelligente d'agir. Chaque fois que la mission de la FIAS cause la mort d'un autre jeune afghan, les talibans gagnent des sympathisants et nous faisons grossir la vague des insurgés.
Comme je l'ai dit plus tôt, j'ai examiné la motion à l'étude comme députée, comme citoyenne du Canada, comme mère et comme grand-mère. Je tiens à rappeler à tous les députés que c'est de la vie de vraies personnes dont nous parlons. Des vies de Canadiens et des vies d'Afghans sont en jeu dans nos délibérations. Ni moi, ni mon parti ne pouvons appuyer cette mission anti-insurrectionnelle. Nous allons voter contre la motion.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Tout d'abord, j'aimerais offrir mes sincères condoléances à la famille du jeune soldat que nous avons perdu mercredi. Nos pensées et nos prières accompagnent cette famille ainsi que toutes les familles des jeunes hommes et des jeunes femmes qui ont donné leur vie dans cette longue bataille.
Depuis que le gouvernement a voté afin de prolonger notre engagement en Afghanistan, ce ne fut pas une année tranquille. Comme nous le savons tous, c'était un vote que le gouvernement ne considérait pas suffisamment important pour tenir un débat approfondi; en effet, à cette époque, personne ne se faisait d'illusions quant à la nature du vote. Il s'agissait d'un stratagème partisan de bas étage, une façon de laisser entendre aux Canadiens que le Parti libéral faisait preuve de laxisme envers les talibans, le terrorisme et toute une gamme de menaces visant la liberté et la démocratie dans le monde.
Peu de temps après ce vote, j'ai assisté à une cérémonie à Surrey et j'ai eu l'occasion de discuter du vote avec certains électeurs. Je mentionne cette cérémonie, car elle a une signification très spéciale à la lumière du vote en question. C'était une cérémonie d'installation de pierres tombales commémoratives sur les tombes de nos anciens combattants qui, pour une raison ou une autre, sont morts sans reconnaissance, sans qu'on reconnaisse leur participation à de grandes batailles pour notre beau pays. Il existe des milliers de ces soldats, de ces héros canadiens qui reposent sans reconnaissance dans des cimetières aux quatre coins du pays.
Je suis fier de dire que ce sont deux électeurs de ma circonscription, M. Andy Block et M. Marc Searle, agent de la GRC, qui ont attiré l'attention du grand public sur cette situation. Cela nous a rappelé les sacrifices incroyables qu'ont faits les générations avant nous. Cela nous a aussi révélé les sacrifices extraordinaires de nos soldats en Afghanistan aujourd'hui. Il nous est apparu clair que la défense de la démocratie et des libertés dont nous jouissons tous les jours au Canada est une chose très sérieuse, une question de vie ou de mort en fait.
Les citoyens nous font confiance à nous, législateurs, pour prendre des décisions au sujet d'engagements comme celui en Afghanistan. Ils nous font confiance parce qu'ils croient que nous ne prendrons pas de décisions simplistes pour des motifs partisans.
Quand j'ai parlé à mes électeurs ce jour-là et quand je leur ai parlé après ce vote, je leur ai expliqué pourquoi j'avais voté contre cette mission. Le gouvernement veut faire croire aux gens que les libéraux ne tiennent pas autant à la liberté que lui. Il veut leur faire croire que les libéraux comme moi pensent que ce n'est pas une bonne chose que nos soldats combattent en Afghanistan et que nous sommes assez naïfs pour croire que les institutions démocratiques peuvent être établies avant que nos soldats aient combattu pour assurer la sûreté des écoles et des rues ainsi que l'accès à l'eau courante.
Bien sûr, nous savons que nous devons avant tout combattre précisément ceux qui ne veulent pas que nous construisions des écoles, donnions accès à l'eau courante et mettions en place les infrastructures fiables caractéristiques des localités qui fonctionnent bien. C'est bien évident; et c'est justement là où je veux en venir. Il est facile de décider d'intervenir dans un pays comme celui-là, mais il n'est pas facile de savoir quel est le meilleur moment pour se retirer - voilà pourquoi, dès le départ, nous devrions envisager un plan d'engagement qui comporte trois volets: la défense, le développement et la diplomatie. Chacun de ces volets a ses propres critères, requiert sa propre stratégie et a son propre échéancier. Aucun ne peut être considéré indépendamment des autres.
Nous avons passé beaucoup de temps à parler du volet de la défense -- tant à la Chambre qu'en dehors de la Chambre. Nous avons parlé des dollars et même parfois des cents qui sont investis dans cette mission, mais nous n'avons même pas passé une fraction du temps à parler de ce que nous faisons en matière de développement et de diplomatie en Afghanistan. Là où je veux en venir, c'est que nous devrions déterminer quelles sont les cibles mesurables à atteindre pour en arriver à une démocratie fonctionnelle.
Nous maintenons, et j'en suis heureux, notre engagement à l'égard de la population afghane et de la reconstruction de sa société. Une démocratie émergente doit être assujettie aux mêmes normes que les autres.
Comme dans tant de batailles dans lesquelles on s'engage et qui ont tôt fait de se transformer en guerre, il faut définir les normes de développement et de démocratie qui sont applicables. Il faut ensuite voir comment les exigences peuvent être satisfaites en occasionnant le moins d'effusion de sang possible. Une fois ces exigences remplies, il ne nous reste plus qu'à nous retirer et à laisser le gouvernement gouverner et la démocratie s'épanouir.
Tant la structure que l'objet de la mission en Afghanistan ont changé. L'équilibre délicat entre la diplomatie, le développement et la défense a été rompu. Fait plus inquiétant, le gouvernement refuse de prévoir une stratégie de retrait ou encore de fixer une date limite.
Le a même déclaré que le déploiement des Forces canadiennes en Afghanistan pourraient durer jusqu'à 15 années, ce qui a pour effet de limiter la capacité du Canada de mener des missions de maintien de la paix dans d'autres régions du monde, au Darfour ou en Haïti par exemple.
Cet engagement militaire compte déjà parmi les plus longs de notre histoire. Sa durée dépasse celle de la guerre des Boers, de la Première Guerre mondiale, de la Seconde Guerre mondiale, de la crise de Suez et de la guerre de Corée. Dans chacun de ces cas, on a pu mettre fin à la guerre ou à l'incident par un traité ou par une reddition sans condition.
La situation est différente en Afghanistan, où l'insurrection est fomentée tant par les terroristes talibans que par des gens pour qui les troupes de l'OTAN sont essentiellement des forces d'occupation. On ne fait que renforcer leur conviction en envoyant plus de chars d'assaut.
Il faut réévaluer la mission en cours et se concentrer davantage sur l'entraînement de l'armée nationale afghane et sur la formation d'équipes provinciales de reconstruction supplémentaires.
Il faut également tenir des audiences parlementaires auxquelles le gouvernement conservateur participera pleinement afin que les Canadiens puissent obtenir, par l'intermédiaire de leurs parlementaires, des renseignements cruciaux sur la mission et en évaluer les objectifs.
Si l'on veut obtenir des résultats qui vont faire progresser l'Afghanistan, il faut absolument former l'armée afghane, doter la bureaucratie afghane des connaissances et des outils nécessaires pour créer un gouvernement responsable et investir dans les infrastructures essentielles.
Le gouvernement n'a pas parlé beaucoup de tous ces moyens d'action. C'est peut-être parce que débattre des vraies questions ne lui offre pas la possibilité de se faire du capital politique.
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Monsieur le Président, j'aimerais avant tout exprimer mes condoléances aux familles et aux proches des soldats canadiens morts au combat depuis le début de la mission.
C'est un privilège pour moi de prendre la parole aujourd'hui. Je n'ai aucun doute que tous les députés de la Chambre, les habitants de Churchill et tous les Canadiens se joignent à moi pour rendre hommage aux courageux jeunes hommes et femmes en uniforme.
J'aimerais aussi dire combien je suis heureuse de pouvoir participer au débat sur la mission du Canada en Afghanistan, qui est la question la plus importante pour les Canadiens, autant sur le plan intellectuel qu'émotionnel. De surcroît, le nombre croissant de décès depuis que nos soldats occupent la région au Sud de Kandahar, où sévissent les conflits, souligne l'importance d'un dialogue constructif entre parlementaires, comme le débat sur la motion dont nous sommes saisis, au sujet de notre rôle actuel et de notre plan pour l'avenir en Afghanistan.
Afin de pleinement contribuer au débat au sujet de la mission, je tiens à expliquer pourquoi, à mon avis, notre mission est importante pour les Canadiens, les Afghans et le monde entier.
Les événements horribles survenus le matin du 11 septembre 2001 ont eu un impact indéniable non seulement sur les États-Unis, mais aussi sur le Canada. Nous avons dû modifier nos politiques intérieures et étrangères à la suite de ces événements qui, de l'aveu de beaucoup de gens, reflètent les réalités changeantes du monde dans lequel nous vivons aujourd'hui.
Quand les attentats du 11 septembre ont eu lieu, le monde a pris conscience que l'instabilité en Afghanistan menaçait le monde entier. Les Talibans hébergeaient sciemment des groupes terroristes comme le réseau Al-Qaïda d'Oussama ben Laden.
Afin d'assurer la stabilité au Moyen-Orient et en Afghanistan, le Conseil de sécurité des Nations Unies a autorisé la création de la Force internationale d'assistance à la sécurité. Cette force, mandatée par les Nations Unies, serait composée de soldats des pays de l'OTAN, dont le Canada.
Sous la direction d'un gouvernement libéral, les Canadiens ont entrepris une mission d'espoir. Grâce à celle-ci, un État déchu pourrait reprendre ses forces, les Afghanes pourraient jouir de droits et avoir accès à l'éducation, et tous les Afghans auraient de nouvelles possibilités et vivraient en paix.
Afin de mener à bien notre mission en Afghanistan, le gouvernement libéral l'a axée sur une approche 3D: diplomatie, défense et développement.
Partout au pays, les Canadiens sont d'avis que c'est la meilleure orientation, puisque la mission ne saurait être accomplie en concentrant les efforts et l'argent avant tout sur son volet militaire. Nous devons prendre acte de notre partenariat sincère avec le gouvernement Karzaï et nous y investir pleinement. Grâce à la diplomatie, nous pouvons consolider les liens et aider les Afghans à mettre sur pied leur démocratie naissante.
Sur le terrain, nous devons poursuivre nos grands efforts pour gagner la confiance et le respect des Afghans. Ainsi, nous devons évidemment leur ouvrir des perspectives économiques et leur fournir de l'aide au développement pour favoriser la reconstruction de leur pays.
Cependant, les Canadiens doivent aussi comprendre les difficultés et les risques inhérents à une mission aussi complexe.
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, nous avons assisté à une brusque augmentation du nombre de décès, qui se produisent dans la vaste majorité des cas lors de combats ou d'attentats à la bombe commis par les insurgés. Voilà pourquoi il est absolument essentiel de fournir aux Forces canadiennes tous les moyens dont elles ont besoin pour faire leur travail. Nous ne devons pas les exposer inutilement au danger.
Les efforts du Canada en Afghanistan donnent des résultats extraordinaires. Je me souviens à cet égard de ce qu'a dit le président Hamid Karzaï lors de sa visite, l'année dernière. Il a fait l'éloge des soldats et des travailleurs humanitaires canadiens. Voici ce qu'il a déclaré lors d'une entrevue accordée au réseau anglais de Radio-Canada:
Votre présence militaire est une nécessité. Sans cela, nous ne serions pas capables de maintenir l'unité de notre pays. Vos activités de reconstruction sont nécessaires parce qu'elles nous ouvrent des perspectives économiques, créent des emplois et améliorent notre qualité de vie [...]
Le président a exprimé sa plus profonde gratitude envers le Canada, pour son aide, sa coopération et son dévouement à la cause de la stabilité et du développement de son pays ravagé. Cependant, il a rappelé lors de sa visite sa foi inébranlable en une approche équilibrée pour résoudre les problèmes.
La politique étrangère équilibrée des libéraux sur la question afghane était claire pour les soldats canadiens qui devaient aller se battre ainsi que pour leurs familles et les gens de leur milieu qui suivaient leur mission à distance.
De notre côté de la Chambre, nous sommes en mesure d'évaluer la différence entre cette initiative et l'orientation ambiguë et peu judicieuse que le gouvernement conservateur actuel semble vouloir adopter. Je pense notamment à cette proposition scandaleuse de soumettre les parlementaires à un vote sur une possible prolongation de deux ans de cette mission après seulement six heures de débat à la Chambre.
Dans le discours qu'il a prononcé à la Chambre le 17 mai 2006, le a parlé d'autres pays de l'OTAN, comme les Pays-Bas et le Royaume-Uni, qui étaient prêts à collaborer à la mission interarmées. Toutefois, le premier ministre pourrait peut-être prendre exemple sur nos homologues danois qui ont participé à un débat très constructif qui s'est étendu sur 10 semaines, alors que nous n'avons eu droit qu'à six heures de débat et un préavis de 36 heures avant le vote.
Notre engagement militaire doit prendre fin en février 2009. Comme toujours, le Canada respectera l'engagement qu'il a pris à l'égard de la communauté internationale et du peuple afghan et ne se retirera pas avant le temps, comme bon nombre de personnes l'ont demandé à plusieurs reprises.
Les députés de notre côté de la Chambre sont d'avis que le gouvernement conservateur ne pousse pas les autres pays de l'OTAN à faire leur juste part dans le cadre des efforts militaires et de reconstruction dans la région instable de Kandahar. Pire encore, il y a deux semaines, le , un conservateur, a affirmé que le Canada serait présent en Afghanistan jusqu'en 2009 et que les conservateurs réévalueraient l'an prochain la possibilité de prolonger la mission. Le ministre a maintenant admis que la question n'a même pas fait l'objet de discussions au Cabinet.
L'incompétence du ministre est une insulte pour les Canadiens, et je dirais même qu'elle remet en question la crédibilité générale du ministre. Je sais que les électeurs de ma circonscription attendent davantage de leur gouvernement en matière de politiques étrangères et de défense. Ils veulent un leadership solide, pas des déclarations imprécises et contradictoires comme celles que le gouvernement a faites jusqu'à présent.
Les libéraux appuient les militaires canadiens sans réserve. À notre avis, pour appuyer nos militaires, il faut assurer un leadership clair et responsable dans le dossier de l'Afghanistan. Par respect pour nos courageux soldats et leurs familles, nous demandons que le gouvernement conservateur commence à prendre cette mission au sérieux et qu'il cesse d'induire la Chambre ainsi que nos soldats et leurs familles en erreur.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre pour parler encore une fois de l'Afghanistan.
J'aurais presque préféré prendre la parole pour poser une question à la personne que nous venons d'entendre et qui a dit que c'est au Cabinet qu'il incombe de décider si nous participons ou non à la mission en Afghanistan. Je suis heureux que nous ayons un qui a soumis cette question au Parlement. Bien que ce ne soit pas notre gouvernement qui ait envoyé nos troupes là-bas, nous avons appuyé cette initiative. Nous reconnaissons aussi que cette question ne relève pas exclusivement du Cabinet. Tous les parlementaires devraient avoir voix au chapitre.
J'aurai le plaisir aujourd'hui de partager mon temps de parole avec le député de .
J'ai le privilège d'assumer diverses fonctions au Parlement, notamment celle de président du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international. Je veux féliciter les députés de tous les partis qui siègent à ce comité. Encore une fois, nous avons aujourd'hui la chance d'examiner la question de l'Afghanistan et du rôle du Canada dans ce pays.
Il est important que nous ayons ce genre de débat. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que nous nous penchons sur cette question. Il est important que les Canadiens aient le plus d'information possible sur ce que font nos troupes en Afghanistan. Ce n'est pas une mission que nos soldats et notre gouvernement prennent à la légère. Nous voulons nous assurer que nous faisons des progrès, et c'est effectivement le cas, et il est bon que les Canadiens puissent l'entendre aujourd'hui.
Premièrement, les Canadiens devraient être fiers des hommes et des femmes de nos forces armées, qui ne servent pas seulement le Canada en Afghanistan, mais aussi l'OTAN et les Nations Unies. L'Afghanistan est un pays qui vient d'être ravagé par des années de guerre et de destruction. C'est un pays en quête d'espoir. Ses habitants comprennent, dans une certaine mesure, ce qu'est une démocratie et veulent essayer de faire de l'Afghanistan un pays démocratique.
Dans notre pays, nous savons que la démocratie n'est pas associée uniquement à des élections générales, mais aussi à des droits, à des valeurs, à des principes et à la primauté du droit. La démocratie, c'est tout cela. Les Canadiens veulent que les pays et les régions partout dans le monde, plus particulièrement l'Afghanistan, jouissent de ces mêmes droits et de ces mêmes avantages.
Le Canada ne ménage pas ses efforts pour soutenir ce processus. Non seulement nous travaillons fort pour donner un soutien à nos forces armées, à notre défense et à nos troupes, mais nous travaillons très fort pour que les Afghans jouissent des mêmes droits que les Canadiens.
Nos soldats, nos agents de développement et nos diplomates aident les Afghans à satisfaire leurs aspirations légitimes à la paix et à la sécurité, ainsi qu'à la garantie d'un meilleur avenir pour leur pays et pour leurs enfants.
La population afghane a accompli des progrès impressionnants depuis la chute du régime des talibans et nous devons saisir toutes les occasions de veiller à ce que les Canadiens soient au courant du rôle qu'ils jouent dans ces succès.
Aujourd'hui, j'aimerais parler aux députés de ce que le Canada fait pour contribuer au développement de l'Afghanistan et pour soutenir ce développement.
Beaucoup de discours ont été prononcés et il y en aura d'autres, mais je souhaite aborder expressément un des enjeux que notre comité a étudiés, à savoir les changements très clairs qui sont survenus dans la vie des femmes de l'Afghanistan. Je vais vous parler très brièvement cet après-midi des résultats concrets que nous avons obtenus en faveur des afghanes.
Nous savons que ces femmes assument la part du lion de la responsabilité de s'occuper de la santé et des besoins en matière d'éducation de leurs familles. Dans de nombreux endroits, les hommes, les maris, sont partis travailler ailleurs, et c'est donc sur les mères et les femmes des collectivités qu'une bonne partie du fardeau retombe.
Lorsque les femmes ont la possibilité de participer davantage à la vie de leurs collectivités, les progrès sur les plans du développement s'accélèrent et leurs familles en bénéficient encore plus. Voilà pourquoi l'aide canadienne au développement assigne une priorité élevée à la réalisation de l'égalité des femmes.
En Afghanistan, le Canada a aidé plus de 300 000 personnes, dont 72 p. 100 sont des femmes, à obtenir de petits prêts et des services financiers pour lancer leur propre entreprise, leur microentreprise ou pour acheter des outils de sorte qu'elles puissent, ne serait-ce que de manière rudimentaire, s'adonner à l'agriculture pour subvenir aux besoins de leurs familles.
Un autre projet canadien vise la rénovation de jusqu'à 4 000 écoles communautaires. Pour la première fois, de nombreuses jeunes filles sont en mesure de fréquenter ces écoles. Les activités parascolaires que suscitent ces écoles permettent aux enfants et aux membres de leur collectivité de s'occuper utilement et d'améliorer ainsi leur sort. Pour toutes ces écoles, 9 000 enseignants seront formés. Le projet, qui vise essentiellement l'éducation des jeunes filles, dispose d'un budget de 14,5 millions de dollars.
Si le gouvernement favorise ce genre d'intervention, c'est parce que nous reconnaissons l'importance de veiller à ce que garçons et filles, hommes et femmes aient accès au genre d'éducation qui est nécessaire à long terme. Il ne s'agit pas tout simplement de faire en sorte qu'ils fréquentent l'école, mais d'assurer une solution à long terme qui permettra une augmentation de productivité dans un pays où elle a stagné durant si longtemps.
L'automne dernier, la a annoncé un autre projet, doté d'un budget de 5 millions de dollars, qui visait à venir en aide à 1 500 femmes afghanes dans le développement d'activités horticoles domestiques. En cultivant des fruits et des légumes, ces femmes améliorent le régime alimentaire familial, contribuent au revenu familial, créent un revenu et deviennent à nouveau productives.
Les Canadiens encouragent les femmes à participer au développement local. Dans les diverses régions de l'Afghanistan, plus de 16 000 conseils de développement communautaire ont été élus. Dans bien des cas, c'est l'occasion pour des femmes de participer pour la première fois comme membres à part entière de tels conseils, de prendre des décisions importantes et de jouer un rôle dans la mise en oeuvre de projets visant, par exemple, à améliorer la santé publique en Afghanistan. Également, ce sont les femmes qui prennent des décisions concernant les programmes scolaires et l'éducation dans leurs collectivités.
Le Canada s'efforce de sensibiliser la population afghane aux droits des femmes. Encore une fois, il ne s'agit pas tout simplement d'instruire les enfants. Nous souhaitons que les Afghans sachent ce qui est acceptable en matière de droits de la femme. Nous avons aidé à ouvrir des centres où les femmes peuvent obtenir des avis juridiques, être hébergées, alphabétisées ou obtenir des services de santé.
Nous appuyons la démocratisation de l'Afghanistan. Le pays a adopté une nouvelle constitution. Il a tenu des élections présidentielles et parlementaires.
Je ne sais pas au juste quel est le pourcentage de femmes qui siègent à notre Parlement. L'autre jour, bon nombre de personnes portaient des épinglettes pour revendiquer l'élection d'un plus grand nombre de femmes. Je sais que 25 p. 100 des parlementaires de l'Afghanistan sont des femmes, un pourcentage plus élevé qu'au Canada. En participant au Parlement, les femmes montrent qu'elles ont leur place en démocratie.
Nous favorisons l'éducation des filles. Aujourd'hui, 5,5 millions d'enfants afghans vont à l'école. Les filles représentent le tiers de ce nombre. Pour l'Afghanistan, c'est du jamais vu.
Ces initiatives montrent les mesures très concrètes que prennent les Canadiens en Afghanistan pour faciliter la reconstruction du pays. Nous sommes encore loin du but.
Aujourd'hui, au comité, un ex-journaliste, spécialiste de l'Afghanistan, M. Van Praagh, a fait la déclaration suivante: « Ce sera une grande défaite, sur un plan plus vaste, pour l'ensemble des démocraties et des pays qui aspirent à la démocratie si nous ne réussissons pas en Afghanistan et si le Canada perd sa crédibilité et l'OTAN, son efficacité.»
Je demande aux députés de réécouter le passage que je vais relire: « Ce sera une grande défaite, sur un plan plus vaste, pour l'ensemble des démocraties et des pays qui aspirent à la démocratie [...]. »
Pourquoi sur un plan plus vaste? Parce qu'on parle de promouvoir les droits et libertés, la démocratie, les valeurs et les principes que nous avons à coeur ici, et cette entreprise se soldera par un échec si les Canadiens et l'OTAN perdent leur crédibilité en Afghanistan.
Nous pouvons changer les choses là-bas. Le Canada a toujours cherché les endroits où il pourrait améliorer les choses. C'est bien beau de parler d'envoyer de l'aide ici et là, mais lorsque nous sommes dans un pays où nous pouvons changer les choses et, lorsque nous le faisons, assurons-nous de continuer dans cette voie. Veillons à poursuivre notre excellent travail.
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Monsieur le Président, c'est un honneur et un privilège pour moi de prendre la parole aujourd'hui sur cette motion. J'apprécie que mon collègue, le député de , partage son temps de parole avec moi et me donne cette chance.
Je veux d'abord parler du plus grand privilège et du plus grand honneur qu'on m'ait fait en près de 14 années de vie parlementaire. C'est même probablement le plus grand privilège que j'aie eu dans ma vie. Je parle de ma visite en Afghanistan, quand j'ai passé Noël et le lendemain de Noël en compagnie de nos soldats qui devaient célébrer cette fête en Afghanistan.
Pourquoi est-ce que je considère cela comme un si grand privilège? Parce que je crois passionnément que le plus grand cadeau qu'un citoyen puisse faire à son pays est de le servir en temps de guerre. Le plus grand sacrifice qu'un citoyen et sa famille puissent faire pour leur pays est de mettre leur vie ou la vie de leur proche en danger pour défendre des valeurs comme la liberté et la démocratie. Ce sont des avantages que nous avons gagnés au prix du sacrifice de milliers d'entre nous, par le passé. C'est pourquoi c'était pour moi un tel privilège que de passer Noël en Afghanistan.
Je me souviens d'avoir discuté avec des jeunes hommes et des jeunes femmes dans les bases d'opérations avancées. Il y a beaucoup de jeunes hommes et de jeunes femmes qui combattent les talibans. Certains sont venus me voir pour me dire que j'avais dû perdre un pari pour être ainsi forcé de passer Noël avec eux au lieu d'être à la maison avec ma famille. Je leur ai dit que c'était tout le contraire. Mes deux collègues et moi-même, qui avons eu le privilège de rencontrer le chef d'état-major de la Défense, le général Hillier, et d'autres hauts gradés en Afghanistan, avons dû faire des pressions pour pouvoir y aller. Nous voulions y aller pour offrir notre appui indéfectible à nos jeunes femmes et à nos jeunes hommes en uniforme qui font cet excellent travail pour nous.
Quant à l'idée ridicule selon laquelle nous pouvons appuyer les troupes tout en nous opposant à la mission, je puis dire que les jeunes hommes et les jeunes femmes qui sont là bas ne font pas cette distinction. Pourquoi? Parce qu'ils croient sincèrement en ce qu'ils font, et leurs familles aussi. Leurs familles les appuient. Leurs familles s'inquiètent terriblement pour eux, mais elles savent pourquoi ils sont là-bas.
Je crois que nous devrions suivre l'exemple de nos militaires. Si leurs familles et eux sont prêts à faire ce sacrifice, s'ils croient en la mission, qui sommes-nous pour la remettre en question? Ce sont eux qui font les sacrifices.
Lorsque je me suis rendu en Afghanistan à Noël, j'ai fait une promesse. J'ai promis à ces jeunes femmes et à ces jeunes hommes que je diffuserais leur message chaque fois que j'en aurais l'occasion. Je l'ai fait dans ma circonscription. J'ai profité de chaque occasion que j'ai eue, comme aujourd'hui, pour parler des progrès qu'ils réalisent, petit à petit, à force de sueur et de sang. J'ai promis que je rapporterais ce message au Canada, comme l'ont fait mes collègues qui m'ont accompagné dans ce voyage.
J'aimerais citer les paroles célèbres d'Edmund Burke, qui est souvent considéré comme le père du conservatisme moderne. Il a dit: « l'inaction des hommes de bien est tout ce qu'il faut pour que le mal triomphe ». Je crois que cette déclaration pourrait être modernisée pour faire référence aux hommes et aux femmes de bien, mais l'esprit de ces paroles demeure approprié.
Nous ne devrions jamais oublier, au cours de ce débat, la première raison pour laquelle nous avons déployé des soldats en Afghanistan. C'était pour trouver Oussama ben Laden et ses hommes de main afin de les traduire en justice pour avoir si horriblement orchestré et financé les attaques du 11 septembre. Nous avons déployé des soldats en Afghanistan pour nous assurer que ce pays ne serait plus jamais un bastion du terrorisme, un lieu où les terroristes s'entraînent en vue de mener des attaques partout dans le monde.
Comment en sommes-nous venus à oublier cela, à perdre cela de vue? Nous devons nous remémorer les leçons de l'histoire, et c'est ce dont je vais parler dans un instant.
J'aimerais vous lire le passage qui m'irrite le plus dans la motion des libéraux que nous examinons aujourd'hui. Je cite:
[...] la Chambre demande au gouvernement de confirmer que le déploiement militaire actuel du Canada en Afghanistan se poursuivra jusqu’en février 2009, date à laquelle les opérations canadiennes de combat dans le Sud de l’Afghanistan prendront fin;
Pensons-y un peu, essayons d'imaginer ce que cela signifie. Je me considère comme un élève assez novice en ce qui à trait à l'histoire militaire et aux leçons du passé. Pensons à ce qui se serait passé si la Chambre avait adopté, en 1939, une motion disant que nous allions nous battre...
Voyons donc!
Des voix: Oh, oh!
L'hon. Jay Hill: Monsieur le Président, ils n'aiment pas entendre cela, mais c'est la vérité. Ils devraient apprendre de l'histoire.
Imaginons ce qui se serait passé si, en 1939, la Chambre avait déclaré que nous allions nous battre, qu'il fallait traduire en justice les infâmes Adolf Hitler et Benito Mussolini, mais que...
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Vous n'appuyez pas la mission.
Nous estimons que nous participons à une guerre contre le terrorisme, contre des gens abominables, comme c'était le cas durant les deux guerres mondiales. Nous croyons que ces gens doivent être traduits en justice.
Comme j'étais sur le point de le dire, supposons, que, en 1939, la Chambre ait adopté une motion afin que le Canada participe au combat et tente de traduire en justice Adolf Hitler et tous les nazis qui l'appuyaient, mais que notre participation se soit limitée à deux ou trois ans. Imaginons que nous ayons décidé de battre en retraite, de partir, en 1943. Supposons que nous ayons dit que, peu importe si nous avions gagné ou perdu, peu importe si les malfaisants avaient été traduits en justice ou non, nous allions nous en aller. Imaginons cela.
Ces députés affirment croire dans la mission. Mon oeil! La mission vise à traduire des gens en justice. Elle vise à garantir la démocratie et la liberté en Afghanistan. On veut s'assurer que le pays ne servira plus jamais d'assise au terrorisme, de base pour lancer des attaques terroristes partout dans le monde, comme celle qui a coûté la vie à plus de 2 000 personnes dans les tours jumelles, au Pentagone et dans cet avion détourné...
Une voix: Y compris des Canadiens.
L'hon. Jay Hill: ...y compris des Canadiens.
Des pays ont déjà essayé l'isolationnisme, d'autres le pacifisme. Cela ne fonctionne pas quand on doit affronter des gens diaboliques et des régimes diaboliques. Jetons un coup d'oeil à l'histoire.
Est-ce que j'espère que nos alliés de l'OTAN vont participer davantage dans le Sud de l'Afghanistan et s'occuper d'une partie du transport de charges lourdes que nous devons assurer? Bien sûr. Nos soldats aussi. C'est ce qu'ils m'ont dit quand j'y suis allé. C'est ce que nous espérons tous. Je rappelle aux gens qui regardent ce débat aujourd'hui qu'il n'y a là rien de nouveau.
Est-ce que nos ancêtres ont souhaité que les Américains se lancent dans la Première Guerre mondiale avant 1917? Bien sûr. Qu'ont appris les Américains de leur isolationnisme avant 1941 alors que, pendant presque deux ans et demi, le Canada et nos alliés ont combattus les nazis? Ils ont appris, à leur grande horreur avec Pearl Harbour, que l'isolationnisme est inutile quand on a affaire au Mal.
Le NPD a suggéré qu'il était possible de raisonner avec les talibans, de négocier avec Al-Quaïda. C'est ridicule. Ça ne mérite même pas un débat sérieux. Il n'y a qu'une seule façon de combattre le mal, et c'est en mobilisant toutes nos forces, tout notre courage, et ce, à chaque jour, tout en demeurant unis. Si nous laissons place à la tentation d'appuyer cette motion ridicule, c'est le mal qui triomphera.
Les libéraux croient peut-être honnêtement que ce débat et cette motion vont réconforter d'une quelconque façon les hommes et les femmes en Afghanistan, ainsi que les familles affligées de ceux qui ont fait le sacrifice ultime, mais ce n'est pas le cas. Cela ne réconfortera que nos ennemis, les talibans.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de Richmond Hill.
Avant de me lancer dans le débat d'aujourd'hui sur la motion à l'étude, je tiens à offrir mes sincères condoléances aux familles et amis des soldats qui ont payé le prix ultime et qui ont sacrifié leur vie au service de leur pays. Je souhaite aussi un rétablissement complet et rapide à tous ceux qui ont été blessés.
Je m'abstiendrai aujourd'hui de lancer des accusations partisanes. Étant donné l'importance de ce dossier, j'espère qu'en évitant ce genre d'accusations les parlementaires pourront débattre le fond de la motion sans recourir à la surenchère politique pour faire valoir leurs opinions. Ce débat est extrêmement important non seulement pour les Canadiens et les militaires canadiens, mais aussi pour l'Afghanistan et nos partenaires internationaux.
Beaucoup de doutes subsistent aujourd'hui quant à l'avenir et au succès de notre mission en Afghanistan. Les objectifs de l'actuelle mission à Kandahar semblent ambigus et incertains. Les Canadiens s'interrogent sur la stratégie adoptée pour atteindre les buts visés et cherchent des signes concrets de succès. Ils s'interrogent sur la durée de cette mission. Ils s'interrogent sur la transition de sortie. Ces questions méritent très certainement qu'on les aborde concrètement et qu'on y réponde de façon responsable.
Les Canadiens ont appuyé le déploiement initial en Afghanistan. Au départ, le but était d'aider la nation afghane à se débarrasser d'horribles éléments destructeurs et radicaux et de participer à l'établissement d'un régime démocratique qui serait garant d'un véritable développement. Toutefois, les Canadiens s'aperçoivent maintenant que le ton a beaucoup changé par rapport à l'orientation de la mission.
L'approche actuelle ne semble pas fonctionner. Il est indéniable que les talibans gagnent de la popularité et des appuis. Il est indéniable que la production d'opium a plus que doublé au cours de l'année dernière. Force est de constater que les pertes sont encore plus nombreuses chez nos militaires.
J'invite tous les parlementaires qui vont participer à la discussion d'éviter de porter une accusation aussi ridicule que celle que nous avons entendue aujourd'hui, à savoir que le débat que nous tenons blesse nos militaires ou indique un manque de soutien à l'égard de leurs efforts sincères. Les parlementaires et les Canadiens sont extrêmement fiers de leurs soldats et ils les appuient de tout coeur.
C'est précisément pour cela que nous tenons ce débat et que les Canadiens le suivent. C'est en nous montrant responsables et sérieux dans les décisions que nous prenons relativement aux futurs déploiements de nos soldats que nous leur manifestons notre soutien. J'invite donc les députés à s'abstenir de grands discours et à faire en sorte que nous tenions un débat t sain, sérieux et efficace qui honorera le sacrifice de nos soldats et leur zèle au service de notre pays.
Je mets aussi en garde les parlementaires qui voudraient consacrer le temps qui leur est alloué à décrier la cruauté des talibans et de leurs partisans. Les Canadiens sont au courant de la situation. Il ne s'agit pas de déterminer si les talibans sont mauvais. Notre tâche consiste à examiner l'efficacité de l'aide que nous apportons au peuple afghan pour qu'il puisse progresser et prospérer.
Si notre stratégie consiste à faire la chasse aux talibans dans les régions rurales de l'Afghanistan, il faudrait reconnaître que nous n'y arriverons pas et que la stratégie va à l'encontre du but recherché. Nous ne ferions qu'encourager les talibans et alimenter le ressentiment des villageois.
La meilleure approche pour venir à bout des talibans serait de les marginaliser en offrant des solutions de rechange prometteuses aux Afghans, étouffant ainsi toute tentative des talibans d'exploiter la frustration et la colère des villageois. Nous devons axer nos efforts sur la création d'un milieu dynamique et enrichissant où les institutions civiles sont fortes, où les perspectives d'emploi augmentent, où l'expression d'opinions politiques est encouragée et où l'éducation est accessible.
Si nous réduisons cette mission à son expression militaire, il n'y aura pas de gagnants. Si nous en faisons une mission de représailles, nous perdons de vue les véritables objectifs et si nous nous attachons à engager les talibans dans une course à l'armement, comme le ministre l'a dit, la mission sera inefficace et vide de sens. Nos soldats servent honorablement notre pays en Afghanistan depuis cinq ans et cela fera sept ans en 2009.
Nous devons examiner en profondeur nos réalisations jusqu'à maintenant, célébrer nos succès et tirer les leçons qui s'imposent de notre expérience. Il est inacceptable de faire l'autruche et de prétendre que tout va bien.
Nous devons nous poser beaucoup de questions concrètes et sérieuses. Ce questionnement est d'autant plus urgent que le gouvernement reste ambigu et imprécis au sujet de l'avenir de la mission.
Les Canadiens ignorent les intentions du gouvernement en ce qui concerne l'avenir du déploiement de nos troupes. Nous savons tous que le Canada s'est engagé jusqu'en 2009. Nous ignorons cependant ce que le gouvernement compte faire par la suite. Les conservateurs laissent entendre que nous devrions rester en Afghanistan 10 à 15 années de plus. Pourtant, lorsqu'on leur pose des questions directes, ils évitent de répondre clairement.
Par cette motion, nous voulons transmettre un message clair à tous les Canadiens en leur disant comment la Chambre des communes voit l'avenir de cette mission. En votant pour la motion, nous disons clairement que nous tenons à ce que nos troupes quittent le Sud de l'Afghanistan d'ici 2009. En votant contre la motion, les parlementaires ne réussiront qu'à embrouiller les Canadiens et à leur transmettre des signaux ambivalents sur nos intentions. Les Canadiens veulent des réponses à des questions légitimes et sensées. Ils s'attendent à ce que ces questions soient traitées ouvertement et de manière réfléchie. Nous ne voulons pas perdre de vue notre objectif et nous laisser distraire par une idéologie ou une sentimentalité aveugles.
La mission est multidimensionnelle et complexe. Elle doit faire l'objet d'un examen approfondi. Les slogans unidimensionnels et simplistes ne feront pas l'affaire. Il suffit d'étudier l'histoire et d'observer ce qui se passe actuellement dans le monde et en Irak pour constater que les intentions les plus sincères peuvent aboutir à un échec lorsqu'il n'est pas dûment tenu compte des aspects culturels, humanitaires, militaires et économiques. Ce n'est pas un signe de faiblesse que de réfléchir à ces facteurs. C'est un signe de force. Les ignorer ne peut être interprété que comme un signe de faiblesse et de négligence.
Les Canadiens veulent que nous fassions en sorte que nos courageux soldats soient déployés dans des missions de maintien de la paix avec des objectifs bien définis, une stratégie claire et une durée d'engagement ferme. Les Canadiens peuvent également constater que nous devons revoir notre stratégie actuelle et expliquer clairement les limites de notre engagement.
Voilà pourquoi j'appuie la motion.
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Monsieur le Président, j'aimerais d'abord saluer nos courageux militaires, femmes et hommes, qui mettent quotidiennement leur vie en danger en Afghanistan pour servir notre pays.
J'ai visité nos troupes en Afghanistan en mai 2006 et je peux affirmer à la Chambre qu'on n'en trouvera pas de plus dévouées et qu'elles savent clairement quelle est leur tâche là-bas. Je suis convaincu que tous les députés, peu importe leur affiliation politique, appuient nos troupes sur le terrain.
Il faut cependant comprendre le sens de la motion. On y dit clairement que notre engagement militaire à Kandahar pendra fin en février 2009. Rien n'empêche le Canada de mener d'autres activités militaires, diplomatiques ou de développement dans d'autres coins du pays. On parle ici de Kandahar.
Il ne s'agit pas d'une mission exclusivement canadienne. Sous l'égide des Nations Unies, et de l'OTAN en particulier, nous partageons certaines responsabilités avec nos alliés de l'OTAN. Il est important de se rappeler que le gouvernement n'a pas annoncé à l'OTAN qui prendra la relève après notre départ, comme on l'a fait sous le gouvernement libéral précédent, lorsque des troupes turques sont allées remplacer les troupes canadiennes à Kaboul. L'idée est donc d'aviser l'OTAN que quelqu'un d'autre va devoir se dévouer.
Nous n'abandonnons pas l'Afghanistan. Nous ne nous sauvons pas non plus. Nous pourrions même avoir un intérêt différent en Afghanistan après février 2009. Toutefois, tant que nos militaires seront à Kandahar, jusqu'à février 2009, notre chef et les membres de notre parti ont précisé très clairement que nous appuierions nos militaires sur le terrain. Qu'on n'essaie pas de laisser croire le contraire. Nous voulons que ce soit très clair: nous appuyons nos militaires.
Nous tenons à souligner que le Canada a fait beaucoup sur le terrain. Bien que certains de nos alliés de l'OTAN aient imposé des conditions au niveau de leur mandat, de notre côté de la Chambre, nous croyons fermement que le gouvernement doit continuer de pousser nos alliés de l'OTAN à envoyer davantage de militaires sur le terrain et à aider à assumer une partie des responsabilités qui nous incombent dans le cadre de cette mission. Seulement six des vingt-six pays sont prêts à le faire. Ce n'est pas suffisant. Les Canadiens sont prêts à sacrifier leur vie s'il le faut, mais nous ne voulons pas être les seuls à le faire. Ce n'est pas une mission purement canadienne.
Nous devons également nous assurer que le gouvernement exerce davantage de pressions sur le Pakistan. Je me suis rendu au Pakistan à deux reprises, la dernière fois, en février dernier, et j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec les présidents des comités des affaires étrangères du Sénat et de la Chambre du Pakistan. Ces derniers m'ont fait savoir qu'il y avait 80 000 militaires postés le long de la frontière, mais il semble évident que cette frontière est très perméable. Bien sûr, il faut aussi tenir compte des enjeux politiques propres au Pakistan, mais ce pays reconnaît la contribution canadienne. Le Pakistan est beaucoup plus actif qu'il ne l'était dans le passé. Le premier ministre Aziz m'a précisé très clairement qu'ils travaillaient avec leurs alliés, dont le Canada et les États-Unis, afin de tenter de découvrir, capturer et détruire les forces d´Al-Qaïda ou des talibans. Toutefois, nous devons exercer davantage de pressions au niveau diplomatique et le gouvernement peut le faire.
Le problème, c'est que le gouvernement agit essentiellement au niveau militaire, laissant de côté les deux autres aspects qui sont également très importants, soit l'intervention diplomatique et le développement dont je parlerai un peu plus tard.
Nous avons l'occasion d'aider et de former non seulement l'armée nationale afghane, mais, en particulier, la police nationale. En mai 2006, six agents de la GRC et un agent de Charlottetown étaient à pied d'oeuvre à Kandahar, mais cela ne suffit pas. Il existe de nombreuses façons d'aider la police et nous avons la compétence pour le faire. Pour dire les choses franchement, un des problèmes vient de ce qu'on ne paie pas les policiers avec régularité. Il y a également le fait que leur formation et leur motivation laissent à désirer, et il faut remédier à ce problème.
Je le répète, nous assumons notre responsabilité. C'est le gouvernement libéral qui a fait face à la musique après les événements du 11 septembre. Nous sommes en faveur de cette mission. Toute allégation contraire est totalement dénuée de fondement. Ce que nous disons, en vérité, c'est qu'après février 2009, d'autres pays doivent prendre la relève et nous devons envisager d'autres scénarios pour le Canada.
J'ai deux ou trois propositions à faire. Tout d'abord, lorsque notre chef a indiqué très clairement que nous sommes en faveur de cette mission, il a également déclaré que nous ne devons pas oublier le rôle important que nous jouons au sein de la communauté diplomatique et l'action à mener dans ce domaine. Je le redis, nous n'en entendons pas assez parler. Si nous agissons vraiment sur ce plan, nous devons le faire savoir et assurer plus de transparence dans ce dossier.
Nous savons que nous pourrions agir plus énergiquement pour combattre la culture du pavot. Nous savons que l'ACDI pourrait en faire davantage. Nous entendons parler de tous les beaux projets lancés par l'ACDI. Je puis dire qu'à court terme ces projets sont très bons et qu'il est extrêmement important que les jeunes femmes et les jeunes enfants retournent à l'école. Toutefois, nous devons nous interroger sur la durabilité de ces projets car, trois ou quatre mois après la construction de ces bâtiments, il n'est pas rare que nous apprenions qu'ils ont été détruits par des incendies ou par d'autres moyens employés soit par les talibans, soit par les forces d'Al-Qaïda. Nous devons donc élaborer une stratégie davantage axée sur le long terme. Cela me paraît extrêmement important.
Il est incontestable que nous avons eu un nombre plus élevé de victimes que, disons, les Hollandais, qui se trouvent dans une position tout aussi difficile, mais nous n'avons jamais abdiqué nos responsabilités. Quoi qu'il en soit, pourquoi le gouvernement hésite-t-il à exercer des pressions sur nos alliés pour qu'ils acceptent que, au plus tard en février 2009, date que le gouvernement a proposée à la Chambre en mai 2006, nous mettions fin à notre engagement militaire dans cette région et nous procédions à un roulement des effectifs, comme nous l'avons fait précédemment, ce qui ne veut pas dire que nous battions en retraite?
Le a utilisé l'expression « se défiler ». Si ma mémoire est bonne, personne de ce côté-ci de la Chambre n'a jamais dit cela. En fait, je trouve extrêmement offensant qu'on puisse laisse entendre qu'un de nos députés l'ait fait.
Nous estimons cependant que nous ne pouvons pas disposer d'une option militaire si elle n'est pas accompagnée d'une option diplomatique et d'une option de développement. Si nous voulons vraiment améliorer la vie des Afghans, nous devons mieux coordonner toute l'aide au développement qui est apportée en Afghanistan, où environ 44 p. 100 de cette aide ne peut être actuellement utilisée que par cinq ministères importants du gouvernement afghan.
Encore une fois, il y a la question de la reddition de comptes. Où va cet argent? En ce qui concerne notre aide, l'Afghanistan ne fait même pas partie des 25 bénéficiaires de l'ACDI et, pourtant, la majeure partie de notre aide va à ce pays. Si elle doit y être envoyée, nous devons pouvoir définir la nature des projets qui sont menés, expliquer ce qui se passe et quels sont nos objectifs, car nous devons veiller à ce que les fonds soient utilisés à bon escient.
Actuellement, comme la Chambre le sait, nous sommes très actifs par l'entremise de nos équipes de reconstruction provinciale, mais je le répète, l'un ne va pas sans l'autre. Nous avons besoin d'elles sur place.
Je pense que le président Karzaï a été très clair à ce sujet. L'option militaire en elle seule ne résoudra pas le problème. Nous devons collaborer avec nos alliés pour assurer l'efficacité de notre mission. Sans cette collaboration avec nos alliés, et si le gouvernement ne leur précise pas l'importance de cette dernière, l'incertitude demeurera. L'incertitude n'est bonne ni pour les troupes qui servent à l'étranger, ni pour le public canadien. En tant que parlementaires, nous devons faire tous les efforts possibles pour nous assurer que la situation s'améliore.
Je vois des jeunes filles aller à l'école pour la première fois, apprendre à lire et à écrire et acquérir certaines compétences, et ce sont des choses qu'on n'observait pas lors du règne des talibans. Nous voulons garantir que cela continuera éternellement, mais nous ne serons pas en mesure de le faire si nous ne travaillons pas de façon coordonnée avec nos alliés pour y parvenir.
La réaction du gouvernement est que, si nous n'appuyons pas entièrement son orientation, cela signifie que nous ne soutenons pas nos troupes. Ce n'est pas vrai. Nous n'avons de leçon à recevoir de personne pour ce qui est du soutien de notre personnel à l'étranger. Cependant, nous ne nous soustrairons pas à notre devoir et nous ferons savoir très clairement aux Canadiens et à nos alliés qu'ils doivent assumer davantage de responsabilités et qu'ils doivent tous, pas seulement six d'entre eux, mettre fin à ces conditions et participer activement à la mission. Nous leur dirons également qu'il faut agir dans l'intérêt du peuple afghan, ainsi que de notre personnel, qu'il soit militaire ou non.
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Monsieur le Président, tout d'abord je signale que je partagerai le temps dont je dispose avec mon collègue de .
Je désire saluer mes concitoyens de La Pointe-de-l'Île et souligner que dans cette circonscription, il y a une base militaire de laquelle partent tous les objets, y compris les cercueils, hélas, utilisés en Afghanistan.
Je me permets de rappeler que le gouvernement a forcé un débat qui n'a pas permis de poser les questions et d'obtenir les réponses qu'on voulait. Il permettait de continuer le déploiement jusqu'en 2009 et n'a été remporté que par cinq voix. Le gouvernement a pris la Chambre en otage. Nous nous retrouvons dans une situation qui pourrait être meilleure si la consultation des parlementaires avait pu se tenir. En lieu de quoi, on s'est fait imposer, de cette façon, le déploiement jusqu'en 2009. Je ne dis pas que nous aurions dit non, mais nous aurions pu discuter la façon de le faire.
Cette mission n'est pas la seule mission du Canada. Il y a 2 500 soldats à Kandahar sur 37 500 dans tout l'Afghanistan, si mes chiffres sont bons.
Toutefois, cette mission à Kandahar, particulière au Canada, est une mission éprouvante. Le Bloc québécois appuie cette motion libérale qui vise à avertir les alliés et nos collègues qu'en février 2009, les Canadiens se retireront de cette mission. Les opérations canadiennes de combat dans le sud de l'Afghanistan prendront fin en février 2009.
Dans le court temps qui m'est imparti, je tiens surtout à mentionner que le Canada a accordé beaucoup trop d'importance à la mission militaire par rapport à la mission humanitaire et de reconstruction. Alors, pourquoi rappeler cette question? Pour rappeler que cette « guerre » n'est pas une guerre ordinaire. C'est une guerre, en particulier dans le Kandahar, qui se livre contre une guérilla. Une guérilla n'a pas de tanks et n'a pas les mêmes armes de combat. Une guérilla ne peut particulièrement pas se maintenir sans l'appui de la population locale qui réside dans le coin du pays, si bien qu'il est important de rappeler que les Afghans doivent recevoir l'appui et voir la reconstruction qui leur permettent de conserver l'espoir.
Pourquoi cette affirmation? Parce nous avons des signaux. Au Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, nous recevons des témoins depuis un bon moment. Presque tous, à part ceux qui proviennent de l'armée, nous disent que les Afghans sont effectivement en train de perdre espoir.
Pourquoi? Les raisons sont nombreuses. Ce matin, un professeur de l'Université Carleton nous le rappelait. Ils perdent espoir parce que la démocratie et les libertés qu'on leur avaient promises sont menacées, et parce que la corruption est très grande, comme avant celle qui a permis aux talibans de venir en Afghanistan.
Il faut se rappeler histoire. Les talibans ont été chassés par l'armée américaine, par les Canadiens et par les autres. Les talibans ont pu entrer en Afghanistan parce qu'il y avait la corruption des seigneurs de la guerre.
Il y avait la pauvreté de la majorité et la richesse de certains. Pourquoi cette différence? C'est lié à cette corruption, celle qui vient de la mauvaise distribution de l'argent qui est envoyé pour toutes les raisons que l'on sait.
Cet argent passe à travers le filtre de plusieurs profiteurs, si bien que les projets qui sont vraiment réalisés et l'argent qui parvient réellement aux Afghans sont plus rares.
Parlons de la drogue. Il ne faut pas oublier qu'en ce moment, l'Afghanistan contribue pour 90 p. 100 de la production mondiale d'opium. C'est une source extraordinaire de financement pour les talibans et, encore une fois, une source de corruption. Soit dit en passant, ces talibans sont capables de payer les soldats formés par l'armée canadienne et les autres armées plus cher que ne les paie l'armée afghane. Je l'ai entendu dire dans une ambassade canadienne par un responsable militaire qui s'y trouvait.
La liberté de parole et des médias est maintenant menacée et mise en danger par le gouvernement, parce que le Canada est trop dépendant des seigneurs de la guerre — au moment de l'invasion américaine, ces derniers ne contrôlaient que 3 p. 100 du territoire. C'est à cause de la drogue, de l'opium, mais également parce que la culture du pavot rapporte aux agriculteurs, bien que ce soit peu. Douze pour cent de la population s'y adonne. Or, si l'on essaie d'éradiquer cette culture comme c'est la situation en ce moment, on pousse les agriculteurs encore une fois dans les bras des talibans.
Alors, il faut faire autre chose et trouver d'autres moyens. Le Bloc a notamment proposé d'utiliser cette drogue, de l'acheter et de l'utiliser à des fins médicinales. C'est extrêmement important de savoir qu'on doit faire autre chose. Un haut fonctionnaire des Nations Unies disait même qu'il vaudrait mieux l'acheter et la payer que de la laisser corrompre tout le système de l'Afghanistan.
Il y a une autre question extrêmement importante. Il s'agit de l'absence de coordination entre tous ceux qui veulent faire du travail humanitaire — y compris les Canadiens et le gouvernement afghan —, et ceux qui exercent le travail lié à la sécurité.
J'insiste pour dire que l'hiver prochain, lorsque les troupes et les dirigeants des différents niveaux ne seront pas aussi occupés, il faudra penser à transformer ce que font les EPR, les Équipes provinciales de reconstruction. Les soldats ne sont pas formés pour faire du travail humanitaire ou de la reconstruction. Selon de récents rapports, leurs efforts à cet égard se traduisent par des échecs et des problèmes successifs. Les travailleurs humanitaires pourraient donc faire leur travail humanitaire sous la protection des militaires, mais il ne faut pas continuer avec ces EPR.
Il y a donc beaucoup à faire pour redonner espoir aux Afghans. Il faut seulement leur redonner de l'espoir. Il est vrai qu'il faut de la sécurité et qu'on a besoin des soldats. Toutefois, ces derniers ne sont pas le but recherché et ne sont même pas le premier moyen. Le premier moyen est de redonner de l'espoir aux Afghans.
Pour ce faire, il faudra que le Canada ne craigne pas de dire qu'il faut mettre fin à la corruption. Il faut également s'adresser au gouvernement Karzaï. C'est à lui qu'il incombe de nettoyer sa maison pour que les talibans ayant encore des appuis dans la population ne puissent pas revenir, comme ils l'avaient fait la première fois.
Enfin, il faut que le Canada ait le courage d'être extrêmement ferme. Aujourd'hui, on a entendu des témoignages vraiment troublants et extrêmement fermes quant au président Moucharraf. Le Pakistan forme, arme et instruit les talibans. On ne peut laisser aller cette situation.
Il y a donc beaucoup à faire. Le Bloc appuie les soldats qui travaillent là-bas. Toutefois, dans leur intérêt, pour leur santé et leur vie, nous affirmons que le travail militaire doit être au service de la construction et du volet humanitaire.