(1) tous les députés de la Chambre, peu importe les désaccords qu’ils peuvent avoir au sujet de la mission en Afghanistan, appuient les hommes et les femmes qui servent avec courage dans les Forces canadiennes
(2) le gouvernement a admis que le problème qui sévit en Afghanistan requiert une solution non militaire;
(3) la mission contre-insurrectionnelle que nous y exécutons actuellement ne convient pas aux Forces canadiennes;
(4) le gouvernement n’a pas défini ce qui constituerait une « victoire » ni élaboré de stratégie de retrait pour cette mission contre-insurrectionnelle;
par conséquent, la Chambre condamne le gouvernement et l’exhorte à aviser immédiatement l’OTAN de son intention d’amorcer dès maintenant le retrait sécuritaire des Forces canadiennes de leur mission contre-insurrectionnelle en Afghanistan; exige que le Canada emploie ses ressources à aider le peuple afghan à trouver une solution diplomatique et réitère son engagement à l'égard de la reconstruction et du développement.
— Monsieur le Président, je vais partager mon temps avec le député de .
[Traduction]
D'emblée, j'exprime encore une fois nos condoléances aux proches des soldats et membres du personnel qui sont décédés, Canadiens et ressortissants d'autres pays, sans oublier les innombrables Afghans qui ont également perdu la vie.
Aujourd'hui, le NPD a présenté à la Chambre une motion demandant au gouvernement d'entreprendre dès maintenant, de manière sûre et sécuritaire, le retrait des Forces canadiennes de la mission contre-insurrectionnelle en Afghanistan, d'employer ses ressources au développement et à la reconstruction de l'Afghanistan, ainsi que de faciliter un règlement diplomatique du conflit.
Si nous adoptons cette position, c'est que notre mission de combat actuelle en Afghanistan n'est pas fondée, et que deux années supplémentaires de participation à une mission non fondée, c'est deux années de trop car toute prolongation implique la perte d'innombrables vies humaines.
La semaine dernière, je suis intervenu pour m'opposer à la motion libérale qui confirmait la décision des conservateurs de prolonger la mission de deux années supplémentaires. Il y a un an, les libéraux se sont opposés à la prolongation de la mission jusqu'en 2009, mais ils ont changé leur fusil d'épaule. Leur motion équivalait à une bénédiction du plan conservateur. C'est pourquoi le NPD s'y est opposé.
J'ai dit à cette occasion que lorsqu'un parti en arrive à la conclusion qu'une mission n'est pas fondée, il ne peut en toute honnêteté dire aux soldats canadiens de la poursuivre pendant deux années de plus.
[Français]
Selon nous, deux ans de plus dans une mauvaise mission en Afghanistan, c'est deux ans de trop. Nous croyons fortement que nos troupes doivent pouvoir avoir confiance en leur Parlement. Elles doivent avoir bon espoir que le Parlement autorisera leur déploiement au bon moment pour les bonnes raisons.
[Traduction]
Nos soldats doivent avoir la certitude que le Parlement reconsidérera sa stratégie militaire s’il constate qu’elle ne permettra pas d’atteindre l’objectif visé. Notre parti prend très au sérieux leur espoir en ce sens. Or, nous estimons que la mission actuelle fait fausse route, et c’est pourquoi nous n’avons cessé de réclamer le retrait de nos troupes. Nous l’avons fait à plusieurs occasions, et nous en faisons aujourd’hui la demande officielle à la Chambre.
Et les choses vont continuer d’empirer. Nous sommes engagés dans une bataille contre des insurgés pour les tuer. Il y a un déséquilibre fondamental entre ce que nous dépensons respectivement sur les fronts militaire, humanitaire et du développement. Nous assistons à une détérioration de la situation des droits de la personne et à une escalade de la guerre.
Pourquoi s’obstiner à prolonger cette mission désastreuse quand il est évident que de plus en plus de civils afghans souffriront et que de plus en plus d’insurgés seront recrutés?
La position du NPD sur la mission militaire en Afghanistan est claire. En réalité, une mission contre-insurrectionnelle à la Bush comme celle-ci peut carrément empêcher les Afghans d’accéder à une paix durable et de voir s’atténuer l’abominable pauvreté qui afflige leur pays.
Notre mission en Afghanistan est déséquilibrée et se ramène essentiellement à un combat contre des insurgés, de sorte que, naturellement, la situation humanitaire, comme nous le savons tous d’après les nouvelles qui nous parviennent, ne s’y améliore pas, ce qu’illustre bien le nombre croissant de réfugiés, pour ne citer que cet exemple.
Les libéraux comme les conservateurs ont admis que le conflit en Afghanistan requiert une solution non militaire, et pourtant, ils pensent que nos soldats devraient continuer à s’y battre pendant deux autres années. Ils savent que notre stratégie est vouée à l’échec, et ils se refusent quand même à rappeler nos troupes dès maintenant. Il s’agit là d’une position irresponsable, qui est d’ailleurs contraire au respect que nous devons à nos hommes et à nos femmes en uniforme.
Il est temps de chercher à régler ce conflit par la voie diplomatique et de réitérer notre engagement à l'égard de la reconstruction et du développement. Il faudra pour cela nous engager dans des négociations de paix avec l’appui de la communauté internationale.
[Français]
Le retrait sécuritaire et résolu de nos troupes, en consultation avec nos alliés, est maintenant nécessaire. En même temps, il faut concentrer dès maintenant nos efforts pour développer une nouvelle approche du rôle du Canada en Afghanistan. Cela commence par l'ouverture d'un dialogue avec les pays qui se sont engagés à aider les gens en Afghanistan. Nous devons tous travailler ensemble afin d'établir la paix, le développement et la justice. Notre approche doit respecter et engager les organismes, les groupes et les gouvernements à l'échelle locale en Afghanistan.
Le Canada doit puiser dans son expérience pour amener la diplomatie, l'aide et la reconstruction que les Canadiens et les Québécois veulent voir en Afghanistan. Cela doit commencer par un cessez-le-feu et ce, dès que possible. Faire preuve de leadership en Afghanistan signifie travailler avec nos alliés européens de l'OTAN et d'autres pays, afin d'influencer les Américains pour les convaincre de mettre fin à leur campagne d'éradication du pavot et de cesser d'appuyer la position du Pakistan vis-à-vis les talibans.
[Traduction]
Faire preuve de leadership en Afghanistan, cela veut dire prendre des mesures concrètes en vue d’entamer des négociations de paix, ce que nous ne pouvons pas faire efficacement tout en faisant la guerre.
Chris Alexander, un ex-ambassadeur du Canada en Afghanistan, aujourd’hui important émissaire de l’ONU dans ce pays, a déclaré que l’absence de proposition de paix en Afghanistan alimente le conflit. Gordon Smith, un ancien diplomate canadien de haut rang et directeur du département d’études mondiales à l’Université de Victoria, a appelé la communauté internationale à déployer de sérieux efforts pour s’engager dans des négociations de paix ouvertes et globales. C’est précisément ce que réclame le NPD.
Les parlementaires se doivent, par respect pour nos soldats et les citoyens de notre pays, d’agir correctement en Afghanistan. Le temps est venu de rappeler nos troupes de cette mission contre-insurrectionnelle, d'employer nos ressources à trouver une solution diplomatique et de redonner au Canada sa réputation et sa crédibilité plutôt que de tout gaspiller en prolongeant cette mission vaine et vouée à l’échec.
:
Monsieur le Président, je prends de nouveau la parole en tant que mère et grand-mère, en tant que députée ayant visité l’Afghanistan avec le Comité de la défense de la Chambre des communes et en tant que personne ayant eu l’occasion de s’entretenir avec de nombreux Canadiens qui servent dans la province de Kandahar.
J’ai été très impressionnée par le calibre, la détermination et l’engagement de ces hommes et de ces femmes que nous avons envoyés à Kandahar pour participer à cette mission.
Je me souviens tout particulièrement d’un entretien que j’ai eu avec un spécialiste de la logistique, le long de la route de Kandahar, qui approvisionnait les bases avancées. Il m’a parlé de ce qu’il avait fait au sein des Forces canadiennes et de ses autres missions. Il avait servi dans le cadre d’un grand nombre de missions pour le Canada. Il en était à sa seconde affectation en Afghanistan. Il m’a expliqué avoir vu et avoir fait des choses dans ce pays qu’il n’aurait jamais pu imaginer. Il m’a dit que tout ce qu’il voulait, c’était rentrer chez lui. Ce témoignage a eu énormément de retentissements sur moi, comme toutes les autres conversations que j’ai eues avec des militaires au terrain d’aviation de Kandahar.
Je prends aussi la parole en qualité de parlementaire qui désire faire écho aux préoccupations et à l’opposition de millions de Canadiens qui estiment que cette guerre ternit l’image de notre pays.
Malheureusement, 54 soldats et un diplomate canadiens ont été tués dans cette guerre et tous leurs compatriotes partagent la douleur de leurs familles à qui ils adressent leurs condoléances.
En janvier 2007, le nombre d’incidents violents a plus que doublé par rapport à janvier 2006. Quinze mille familles du Sud ont été déplacées à cause des opérations militaires. Les camps de personnes déplacées à l’intérieur du pays sont pleins à craquer. L’aide et la nourriture qui leur parviennent sont insuffisants. Les pensionnaires de ces camps vivent dans des conditions déplorables.
Les critères de réussite de l’intervention en Afghanistan n’ont jamais été définis, ni par le gouvernement libéral qui nous a entraînés dans cette mission contre-insurrectionnelle, ni par le gouvernement conservateur. On ne devrait jamais mesurer le succès par le nombre d’insurgés tués, pas plus qu’il ne faudrait considérer comme un progrès l’augmentation du nombre de soldats déployés sur le terrain.
Le succès de la mission devrait correspondre à des améliorations tangibles constatées dans la qualité de vie du peuple afghan, comme l’accès à l’eau potable, à des installations médicales, à l’électricité ainsi qu’à un environnement sûr et sain.
Le conflit s’aggrave. Il est évident que le gouvernement ne veut pas que les Canadiens s’en rendent compte, mais les choses sont en train d’empirer. Il ne faut pas s’étonner que cette mission soit en voie d’échouer étant donné la stratégie de lutte contre des insurgés qui connaîtront toujours mieux le terrain que nous et dont les stratégies de recrutement sont renforcées par le combat que nous leur menons, et sans compter qu’ils peuvent se réfugier dans un pays voisin.
Des Afghans, des Canadiens, des mères, des pères, des soeurs et des frères meurent dans cette guerre insensée. Les députés doivent se souvenir que chacune des victimes de la guerre est la soeur, le frère, le fils, la fille, l'amoureux ou l'amoureuse de quelqu'un.
Le gouvernement et le reconnaissent que la guerre en Afghanistan ne se réglera pas par les armes, mais ils poursuivent cette mission malavisée avec des frappes aériennes et des fusils. Pendant qu'ils continuent sur cette voie sans issue, aveuglés par leur idéologie, ce sont nos soldats et le peuple afghan qui souffrent.
Pourquoi les conservateurs refusent-ils d'abandonner cette futile stratégie? J'ai posé cette même question il y a presque un an lors du débat sur la prolongation de la mission. Est-ce simplement parce qu'ils n'ont pas l'imagination ni les moyens voulus pour concevoir une meilleure stratégie?
Ce qui me met le plus en colère et ce que je considère comme le plus tragique dans tout cela, c'est qu'ils ont eu d'innombrables occasions d'agir différemment et de jouer un rôle constructif plutôt que destructif en Afghanistan.
Il y a un an, j'ai demandé au gouvernement de se pencher sur le caractère inadéquat de l'accord sur le transfert de prisonniers conclu avec l'Afghanistan. C'était ma première question à la Chambre le premier jour où le Parlement a siégé. J'ai demandé au gouvernement de mettre fin à la pratique erronée consistant à remettre des prisonniers aux mains d'autorités qui, nous le savions, selon toute vraisemblance les tortureraient et les maltraiteraient.
Les allégations qui sont faites maintenant, selon lesquelles des prisonniers transférés par des soldats canadiens aux autorités afghanes ont été torturés et maltraités, auraient pu être évitées. C'est une honte pour notre pays, une honte pour notre gouvernement et une honte pour le .
Le gouvernement et le ministre ont induit la Chambre en erreur à propos du transfert de détenus afghans, au mépris total de leurs responsabilités en matière de droits de la personne et de dignité humaine. Nombre d'experts ont dit au gouvernement que c'est une violation du droit international. Je les ai entendus le dire au ministre au comité. Cela représente une rupture dans l'histoire de la politique étrangère du Canada.
Le ministre a comparu devant le Comité des affaires étrangères hier soir, mais cela n'a fait qu'accroître la confusion. Le affirme maintenant qu'il a conclu un nouvel arrangement avec les autorités afghanes. Toutefois, le n'en a pas été informé et le chef d'état-major de la Défense a affirmé qu'il n'en savait rien non plus. Ce sont pourtant eux qui seraient chargés de les mettre en oeuvre. La confusion et le désordre sont énormes et le gouvernement ne semble pas très bien savoir ce qu'il fait.
Le Canada a toujours été à l'avant-garde des questions liées aux droits de la personne, et par son inaction, le gouvernement a malheureusement terni la réputation du pays. Le gouvernement savait depuis plus d'un an que l'entente liée au transfert des prisonniers laissait à désirer, mais il n'a rien fait avant que le Globe and Mail ne rapporte la chose en première page pendant plusieurs jours.
Nous avons acheté plus de 100 nouveaux chars d'assaut, mais plutôt que d'intensifier notre offensive en augmentant le nombre de chars et de troupes, nous pourrions faire ce que nous faisons le mieux en tant que pays, c'est-à-dire tenter de trouver des solutions créatives pour ramener la paix et la sécurité en Afghanistan. Ce sont les problèmes politiques et non les problèmes militaires qui sont au coeur du conflit afghan. Tous les experts s'entendent là-dessus. Il faut donc reconnaître qu'il est urgent de mener des négociations de paix à haut niveau pour mettre un terme à la violence en Afghanistan.
Le Canada pourrait assumer le leadership afin d'assurer l'appui de la communauté internationale aux négociations de paix. Le Canada a inventé les notions du maintien et du rétablissement de la paix, mais nous n'avons pas fait beaucoup d'efforts en Afghanistan pour analyser, soutenir ou favoriser les efforts dans ce sens.
Je m'oppose à cette mission justement parce qu'elle ne réussit pas à assurer la protection de nos militaires ni celle des Afghans. Je m'y oppose également parce qu'elle ne sera jamais profitable à qui que ce soit et que les frappes aériennes de l'OTAN ne pourront jamais ramener la paix en Afghanistan.
Les libéraux ont présenté une motion qui proposait le maintien de cette mission malavisée jusqu'en 2009. Si cette mission ne convient pas, nous devons prendre immédiatement des mesures pour y mettre fin. La motion du NPD précise ce qui ne semble être clair que dans l'esprit des néo-démocrates à la Chambre. Il n'y a pas de solution militaire à ce conflit et le Canada doit donc commencer dès maintenant à changer de cap.
:
Monsieur le Président, je partage mon temps de parole aujourd’hui avec le député de .
Je suis honorée de prendre la parole à la Chambre pour parler de notre mission en Afghanistan et pour dénoncer cette motion irresponsable et immorale.
Je suis également très fière de pouvoir me porter à la défense de nos militaires, nos travailleurs humanitaires et nos diplomates qui effectuent réellement du bon travail pour la population afghane.
Je voudrais signaler aux députés certaines des améliorations apportées à la situation des droits des femmes en Afghanistan et expliquer comment le Canada joue un rôle de premier plan.
Avant de parler des réussites, permettez-moi de décrire brièvement comment vivaient les femmes en Afghanistan il y a six ans, sous le régime des talibans.
Il n’était pas rare que des femmes soient battues par des membres de la police religieuse des talibans, simplement parce qu’on leur voyait un peu la peau. Les femmes n’avaient pas le droit de travailler. De même, une femme n’avait pas le droit de sortir sans être accompagnée d’un homme. Malheureusement, on sait que dans certains cas, les os d’une femme se fracturaient lors de l’accouchement. Comme elles ne pouvaient pas sortir, elles n’étaient jamais exposées au soleil qui procure la vitamine D dont la structure osseuse a besoin.
Pour empirer les choses, les femmes n’avaient pas le droit d’être médecins et celles qui l’étaient se voyaient interdites de pratiquer pas les talibans. Les femmes n’avaient pas accès aux soins de santé. Elles ne pouvaient pas voter. Elles ne pouvaient pas se porter candidates à une charge publique. Elles ne pouvaient pas exprimer leurs opinions. Elles ne pouvaient pas être propriétaires de terrains. Elles ne pouvaient pas exploiter une entreprise. Malheureusement, les jeunes filles n’avaient pas le droit à l’instruction, sous le régime des talibans. Cette situation a duré 30 ans. Une partie considérable de la population afghane ne sait ni lire ni écrire. J’ai aussi été troublée d’apprendre que, sous le régime des talibans, on pouvait donner sa fille pour rembourser une dette.
Grâce à nos militaires, nos diplomates et nos travailleurs humanitaires ainsi qu’à la solide détermination des Afghans, la situation change.
Je suis rentrée d’Afghanistan il y a à peu près deux semaines. Ayant été présente sur le terrain où j’ai échangé avec tant de femmes et d’enfants, j’ai été renversée de voir ce que fait la présence militaire pour favoriser leur croissance et leur développement. J’ai été scandalisée et je n’arrivais pas à croire que le NPD puisse même songer à proposer notre retrait de l’Afghanistan.
Les députés néo-démocrates aiment prétendre qu'ils appuient les droits des femmes. C'est tout à fait contradictoire. Ils aiment également passer pour les défenseurs des droits fondamentaux de la personne. Que croient-ils que nous faisons en Afghanistan? Les Afghans ne peuvent espérer développer leur pays s'ils n'ont pas la sécurité. Le NPD affirme que notre présence militaire n'a pas empêché les comportements criminels ou meurtriers et que nous devrions donc quitter les lieux puisque rien ne changera. C'est complètement ridicule.
À mon avis, le NPD est un parti composé d'hypocrites, de néophytes qui ne comprennent pas que le développement passe par la sécurité. Ils disent qu'ils appuient nos troupes, mais pas notre mission. Le peuple afghan, nos troupes, nos travailleurs humanitaires et nos diplomates; notre mission englobe tout cela. Cela montre bien que le NPD, comme les libéraux, ne voient pas tous les progrès réalisés pour les femmes afghanes.
En février, j'ai rencontré Mme Siddiqi, la députée du Parlement afghan, dont j'ai parlé plus tôt. Elle vient de donner naissance à son premier enfant, un garçon, et je la félicite. Elle a été une ardente défenseure des droits des femmes en Afghanistan. J'ai peine à comprendre comment elle fait pour être aussi forte, et je l'admire beaucoup. Sa tête a été mise à prix pour 500 000 $, car elle croit en ce qu'elle fait, elle croit en ce que la communauté internationale fait pour l'Afghanistan et elle défend les droits des femmes. Si sa tête a été mise à prix, c'est uniquement parce que les talibans veulent l'éliminer du seul fait qu'elle est une femme membre de la classe politique.
Comment les députés néo-démocrates, qui se vantent du nombre de femmes dans leur caucus, peuvent-ils regarder cette femme dans les yeux et lui dire qu'ils ne vont pas l'aider, qu'ils veulent que nos troupes rentrent à la maison et qu'ils vont l'abandonner au moment où elle a le plus besoin d'aide?
Ce n'est pas ainsi que les conservateurs font les choses, et ce n'est certainement pas ainsi que les Canadiens font les choses. Nous ne nous défilons pas lorsque les choses se corsent.
Lorsque j'entends les néo-démocrates et les libéraux remettre en question notre présence en Afghanistan, je suis toujours ébahie par leur manque fondamental de compréhension ou d'appréciation de tout le bien que nous faisons. Lorsque je pense aux raisons de notre présence en Afghanistan, je pense aux objectifs de notre mission, qui ont été clairement établis dès le départ.
Le but de notre mission est de contribuer à l’enracinement de la démocratie dans ce pays et d’apporter un soutien à ses habitants, eux qui ont vécu 30 ans de conflit et d’oppression et qui ont sollicité notre aide. Ils nous ont demandé d’être présents en Afghanistan pour les aider à reconstruire leur pays.
Lors de mon séjour à Kaboul, il y a tout juste quelques semaines, j’y ai rencontré une veuve provenant d’une des provinces rurales de cette partie du pays. Elle avait voyagé pendant plus de sept heures pour venir me rencontrer, d’ailleurs pas en automobile. Elle avait huit enfants, quatre filles et quatre garçons. Son époux, comme bien d’autres, a été tué par les talibans. La famille s’est appauvrie, puisqu’on interdisait alors aux femmes de travailler. Cette dame était si pauvre qu’elle n’avait pas les moyens de garder ses enfants, de sorte qu’elle a dû placer ses quatre filles à l’orphelinat pour les empêcher de mourir de faim.
Quand la communauté internationale a libéré la région de Kaboul de l’emprise des talibans et lancé des projets de microfinancement, cette femme a obtenu un micro-prêt d’un organisme financé en partie par le Canada, le principal bailleur de fonds du programme de microfinancement en Afghanistan. Elle a acheté une vache, puis l’a utilisée pour produire du lait. Elle fabrique de la crème, du yogourt et du fromage qu’elle vend maintenant au marché local. Elle a remboursé le prêt et acheté une autre vache. Aujourd’hui, elle a suffisamment d’argent pour faire vivre sa famille. Elle m’a dit qu’à la fin de ce mois-ci, elle serait en mesure de retirer ses filles de l’orphelinat et, pour la première fois, de les envoyer à l’école.
Voilà une preuve de progrès. Si nous quittons l’Afghanistan, comme le suggère le NPD et comme le laissent entendre les libéraux, les talibans reviendront tout simplement et mettront fin à ce progrès. Sous un régime taliban, les femmes ne pourraient pas exploiter leur propre entreprise, et les filles ne pourraient pas non plus aller à l’école. Je me demande s’il y a quelqu’un au NPD qui soit conscient de ce genre de conséquence. Sans sécurité, de tels exemples de réussite seraient impossibles. N’oublions pas que 5,4 millions d’enfants afghans, dont un tiers de filles, fréquentent maintenant l’école.
J’ai eu l’occasion de visiter une école lors de mon séjour en Afghanistan. Au moins 20 jeunes filles, toutes âgées d’environ 13 ans, fréquentaient l’école pour la première fois. Que m’ont-elles dit? Les seuls mots qu’elles pouvaient prononcer en anglais étaient « thank you ». Quelle incroyable expérience ce fut pour moi. Ces fillettes sont appelées à former une nouvelle génération de jeunes femmes instruites qui contribueront à la bonne marche de leur pays. Qu’arrivera-t-il à ces jeunes filles, selon le NPD, si nous laissons les talibans reprendre le pouvoir?
Il est temps qu’on cesse de faire de grandes déclarations pour dire qu’on soutient nos troupes, mais pas la mission. Les troupes et la mission sont une seule et même chose. La communauté internationale croit en cette mission, qui est sanctionnée par l’ONU et dirigée par l’OTAN. Soixante pays ont participé à l’élaboration du plan pour l’Afghanistan. Le gouvernement afghan nous a demandé d’être présents sur place pour l’aider à mettre en oeuvre ce plan.
En terminant, permettez-moi de citer une députée, qui a déclaré ce qui suit:
Il ne s'agit pas de savoir si nous devrions être en Afghanistan. La réponse est oui. Nous devons y être […]
Qui a dit cela? C’est l’ancienne chef du NPD, l’actuelle porte-parole du NPD en matière d’affaires étrangères et députée de . Je suis d’accord avec elle. Nous nous devons d’y être. Peut-être que les membres de son caucus devraient l’écouter.
:
Monsieur le Président, mes honorables collègues, je déclare aujourd'hui, sans hésitation, que je n'appuierai pas la motion présentée par le député de . Cette motion s'appuie sur des hypothèses erronées. Elle présuppose que le développement et la diplomatie peuvent être menés à bien à Kandahar sans le support indispensable des Forces armées canadiennes.
Dans l'« Afghan Compact » que nous avons signé conjointement avec le gouvernement afghan et les membres de la communauté internationale il y a plus d'un an, nous avons reconnu que le succès de cette mission nécessiterait des efforts sur trois fronts: la sécurité, la gouvernance et le développement. Le document affirmait que le progrès sur chacun de ces trois aspects serait crucial et qu'il devrait se réaliser de façon simultanée.
En fait, le document qualifie ces trois aspects de « critiques » et d'« interdépendants ». Ajoutons que la sécurité, la gouvernance et le développement sont les piliers de la mission, ce qui implique qu'ensemble, ils soutiennent la mission. Or, si vous abattez l'un de ces piliers, la mission s'effondrera.
C'est parce que nous poursuivons nos efforts sur ces trois fronts que nous faisons des progrès en Afghanistan. Les infrastructures sont reconstruites; l'économie progresse aussi; le gouvernement établit son autorité et les femmes et les enfants jouissent d'un liberté qu'ils ne connaissaient pas auparavant. Ces signes de progrès sont le résultat de la sécurité que procurent nos troupes.
[Traduction]
Par conséquent, lorsque le député de propose que l'on mette fin à la contribution des Forces canadiennes à cette mission, il propose aussi de miner les efforts de diplomatie et de développement en Afghanistan.
Cela dit, voyons un peu ce que d'autres Canadiens ont à dire sur cette question. Des personnes de toutes les régions du pays expriment leur appréciation à l'égard des efforts faits par les Forces canadiennes. Un jeune garçon de Bedford, en Nouvelle-Écosse, a écrit ceci à nos soldats en Afghanistan:
J'ai 10 ans et je suis en cinquième année. Ce que je veux dire, c'est que ce soir je suis à la maison, où j'ai un livre, mon lecteur de jeux vidéo et ma famille. Je suis très confortable. Je sais que vous n'êtes pas à la maison, que vous êtes loin de vos affaires et que vous êtes très inconfortables. Je veux vous dire merci, en mon nom et au nom de ma famille, pour tout ce que vous faites. Soyez prudents.
Voici un court message en provenance de Bradford, Ontario, qui va droit au but:
Merci beaucoup. L'Afghanistan reçoit maintenant l'aide dont il a besoin pour devenir un pays meilleur et plus sûr. Mesdames et messieurs, vous êtes extraordinaires.
J'ai aussi le message suivant, qui provient de Vancouver, en Colombie-Britannique:
J'éprouve parfois une grande frustration. Je vois la désolation et la pauvreté dans les rues, et je me demande pourquoi le gouvernement a choisi d'envoyer nos braves soldats participer à une guerre à l'étranger, alors que nous avons tellement de causes désespérées ici. Puis, je me rends compte qu'il y a des luttes que seuls des soldats peuvent mener et des luttes que seuls les civils peuvent mener. Je vous remercie de mener une lutte que je ne peux pas mener [...] Je crois fermement à l'importance de défendre la liberté.
Une personne de Winnipeg, au Manitoba, dit:
J'ai regardé le nouveau dévoilement du Monument commémoratif du Canada à Vimy et j'ai été particulièrement ému lorsque la caméra nous a montré la foule et que l'on a vu un soldat — peut-être retraité — qui tenait une photo de membres de sa famille habillés en militaires de la Première Guerre mondiale, qui étaient peut-être des survivants de Vimy. Notre pays a une longue tradition d'aide, même s'il arrive parfois que des Canadiens doivent sacrifier leur vie. Vous tous qui faites partie de nos forces armées méritez notre gratitude, notre respect. Merci.
Une autre personne du Yukon dit ceci:
Vous formez tous la vraie « Équipe Canada »! Il n'y a pas de mots pour exprimer ma grande gratitude face au courage que vous démontrez et au sacrifice personnel que vous faites en servant notre pays. Tout ce que je peux vous offrir, c'est un merci sincère, du fond du coeur.
Ce sont là des messages qui ont été envoyés à nos soldats en Afghanistan. Ils ont tous été écrits au cours des derniers mois.
[Français]
Les Canadiens comprennent que la sécurité que les Forces canadiennes sont en train d'établir en Afghanistan est liée, en définitive, à la sécurité que nous avons ici, au Canada. Ils comprennent que les efforts diplomatiques et de développement qui améliorent la vie des Afghans sont justement rendus possibles par notre présence militaire. Ils comprennent que, dans le monde d'aujourd'hui, certaines tâches nécessitent malheureusement la force militaire. Ils comprennent que cette mission s'inscrit dans une longue tradition canadienne qui consiste à porter secours aux peuples en difficulté. Au bout du compte, les Canadiens ne souhaitent qu'une chose: leur dire merci.
[Traduction]
Si les députés remettent encore en question la nécessité de la tâche des Forces canadiennes d'assurer la sécurité en Afghanistan, ils n'ont pas besoin d'écouter ce que les Canadiens disent. Des experts — des experts diplomatiques en fait —reconnaissent aussi les contributions essentielles des Forces canadiennes en Afghanistan. Nigel Fisher, qui est à la tête d'UNICEF Canada, a déclaré la semaine dernière qu'il fallait une forte présence militaire internationale à l'heure actuelle et que cette présence serait nécessaire pour plusieurs années.
J'aimerais donner un exemple probant de la façon dont le travail de nos soldats améliore la vie quotidienne des Afghans. Depuis deux semaines, les soldats canadiens participent à l'opération « Achille », la plus importante opération de la FIAS à ce jour avec les forces de sécurité afghanes. L'objectif de l'opération « Achille » est de perturber le plan des talibans et d'instaurer la sécurité dans la région de la vallée de Sangin, zone de la province d'Helmand qui borde la province de Kandahar.
Pour les citoyens afghans, la sécurité et, malheureusement, l'insécurité ont une incidence très concrète. Par exemple, tout juste au nord de la vallée de Sangin se trouvent le barrage et la centrale électrique de Kajaki. Le barrage de Kajaki est le plus grand d'Afghanistan et il représente la source principale d'hydroélectricité pour le Sud du pays. Des centaines de milliers d'Afghans qui résident à Kandahar, entre autres, dépendent de ce barrage pour l'électricité et l'eau.
À l'automne et au début du printemps, la puissance de sortie du barrage était vacillante, mais les efforts de la FIAS ont permis de maintenir l'approvisionnement en électricité à Kandahar. On peut maintenant procéder aux travaux de remise en état du barrage. Ce projet vise à quasiment doubler la puissance électrique du barrage et à tripler la capacité d'irrigation dans la région. Le projet du barrage Kajaki devrait profiter à près de deux millions d'Afghans.
Les retombées économiques et sociales d'un tel projet seront énormes, mais le projet ne pourra aller de l'avant que si la FIAS respecte son engagement d'assurer la sécurité nécessaire pour que les ingénieurs et les ouvriers fassent leur travail. Quand les députés parlent de retirer les Forces canadiennes d'Afghanistan aujourd'hui, ils risquent de mettre en péril d'innombrables projets comme celui-là.
Aucun travail de reconstruction et de développement ne peut avoir lieu si les forces ne sont pas sur place pour assurer la sécurité. Nous ne voulons pas laisser les Afghans sans chauffage, sans eau et sans éclairage et nous ne voulons certainement pas les laisser vivre dans une région qui retomberait aux mains d'insurgés meurtriers. Nous ne voulons pas qu'il y ait d'autres bombes dans les marchés, d'autres mines cachées mesquinement sur le bord des routes, d'autres bandits armés qui terrorisent les rues, mais c'est exactement ce qui arrivera si nous retirons les Forces canadiennes.
[Français]
Si nous retirons nos troupes maintenant, l'insécurité qui en résultera aura des effets dévastateurs. Par égard pour le peuple afghan et pour les Canadiens qui veulent l'aider, je ne peux pas appuyer cette motion.
:
Monsieur le Président, je dois admettre que la motion présentée par le Nouveau Parti démocratique me laisse quelque peu perplexe. Je me demande pourquoi, après avoir voté contre une motion qui aurait fixé une date précise pour la fin de notre mission de combat, ce parti présenterait une motion qui, il le sait, ne sera pas approuvée par la Chambre. Il le fait évidemment pour des raisons idéologiques qui m'échappent ou pour des raisons partisanes afin de limiter quelque peu les dégâts provoqués par son vote contre la motion libérale mardi dernier.
Comme nous le savons bien, en mai 2006, le Parlement a voté en faveur du prolongement de la mission du Canada dans le Sud de l'Afghanistan jusqu'en février 2009. Le gouvernement conservateur s'est hâté de faire adopter cette motion à la Chambre et a donné aux parlementaires peu d'information à son sujet et seulement six heures pour en discuter. Le désir du d'utiliser ce très important dossier a des fins politiques a joué un rôle déterminant dans la façon dont le Parti conservateur a piloté cette motion.
Comme je l'ai dit auparavant, le Parlement a voté mardi dernier sur une motion qui visait à garantir que la date de départ de 2009 était respectée. Les députés du Nouveau Parti démocratique ont exprimé clairement leur opinion sur la mission canadienne en Afghanistan. Il est évident qu'ils veulent que la mission de combat dans le Sud de l'Afghanistan prenne fin.
Les néo-démocrates avaient donc un choix à faire mardi dernier. Ils pouvaient voter en faveur de cette motion des libéraux et envoyer ainsi un message clair réclamant la fin de notre mission de combat dans le Sud de l'Afghanistan au plus tard à la fin de février 2009.
Je dois signaler, monsieur le Président, que je partage mon temps de parole avec le député de .
Il va de soi que, si la motion libérale avait été adoptée, les Canadiens sauraient avec certitude quand cette mission se terminerait. Nos alliés de l'OTAN sauraient avec certitude quelles mesures devraient être prises si des renforts venant d'un autre pays s'avéraient nécessaires. Le gouvernement et la population de l'Afghanistan sauraient aussi quand notre rôle de combat se terminerait. Cela ne signifie pas que notre mission se terminerait à la fin de février 2009, mais que notre rôle de combat se terminerait.
Mais cela ne s'est pas fait, parce que le NPD a choisi d'appuyer le gouvernement conservateur en votant contre la motion. Le NPD sait bien que nos troupes resteront en Afghanistan jusqu'en 2009. Tant que les néo-démocrates continueront à voter du côté des conservateurs et à contrer ainsi nos efforts pour fixer une date limite à notre mission de combat, notre rôle restera le même jusqu'en 2009. Et ce n'est certainement pas le gouvernement qui présentera une motion visant à mettre un terme à cette mission de combat avant 2009.
Étant donné l'attitude du NPD, il se pourrait même que le gouvernement présente une motion visant à prolonger cette mission de combat au-delà de 2009. Évidemment, cela signifie que le gouvernement serait ainsi libre de poursuivre la mission telle quelle bien après 2009, s'il choisit cette voie.
Aujourd'hui, le NPD présente une motion qui demande au Canada de manquer à sa parole donnée à l'Afghanistan, comme je le disais, et à nos partenaires de l'OTAN. Il sait que cette motion n'a aucune chance d'être adoptée. Je dois dire, à mon grand regret, que c'est absolument irréaliste et irresponsable, de la part du NPD, de présenter cette motion.
Quoi qu'on pense de la manière dont la mission a été prolongée jusqu'en 2009 ou de la gestion de cette mission par le gouvernement conservateur, il demeure que le Canada a pris un engagement international envers la population et le gouvernement de l'Afghanistan, ses alliés de l'OTAN et le reste du monde. Un tel engagement ne peut pas être pris à la légère. Aucun parti politique responsable ne devrait faire fi d'un engagement international signé par le Canada et approuvé par le Parlement.
Je n'ai pas apprécié la façon dont le gouvernement conservateur a fait adopter à toute vapeur la prolongation de la mission. J'ai d'ailleurs voté contre cette prolongation, mais il n'en demeure pas moins que nous ne pouvons revenir sur la parole donnée à l'Afghanistan par l'entremise du gouvernement légitime du Canada.
Il faut informer nos alliés de l'OTAN. Advenant l'adoption de la motion, il serait presque impossible de faire en sorte que les Forces canadiennes soient remplacées dès le lendemain de leur départ, comme la motion l'exige. Il faut donner un préavis à l'OTAN et à nos autres alliés. Nous devons collaborer avec eux pour trouver une solution.
L'attitude du NPD illustre clairement son intention de laisser libre jeu au gouvernement conservateur, comme il l'a fait lors de la dernière campagne électorale, même si le résultat final est absolument contraire aux politiques et aux valeurs qu'il prétend défendre. Lors des dernières élections, un gouvernement conservateur de droite a pris le pouvoir. Les députés néo-démocrates ont rejeté la motion libérale en appuyant le gouvernement conservateur et ils ont ainsi donné carte blanche à ce gouvernement à l'égard d'une mission dont la durée n'a pas été précisée et qui pourrait se prolonger au-delà de 2009.
Les néo-démocrates peuvent critiquer la mission et ils peuvent dire qu'il faut retirer les troupes immédiatement, mais lorsqu'ils appuient le gouvernement conservateur et risquent de ce fait de prolonger indéfiniment la mission, le reste de leur discours sonne faux. Leurs actes démentent leurs paroles. Le NPD ne respecte pas les obligations qui incombent à tout parti politique responsable.
Le NPD ne lutte pas de façon efficace pour ce que les Canadiens souhaitent obtenir. De toute évidence, les néo-démocrates ne respectent pas la parole qu'a donnée le Canada à la communauté internationale. Ils ont eu la chance de faire front commun avec le Parti libéral et le Bloc québécois pour envoyer au gouvernement conservateur un message clair au nom des Canadiens, mais ils ne l'ont pas fait. Ils ont fait une erreur.
Maintenant, ils tentent de réparer le dommage politique qu'ils ont pu se causer dans les circonscriptions qu'ils représentent. Le NPD a décidé de courir le risque de prolonger au-delà de 2009 une mission à laquelle il s'était initialement opposé. Compte tenu de la positon du NPD à l'égard de cette mission, je n'arrive pas à comprendre pourquoi il a réagi comme il l'a fait à l'égard de la motion libérale.
Un gouvernement libéral s'engagerait clairement à mettre fin, dès 2009, au rôle de combat que joue le Canada à Kandahar et il informerait immédiatement l'OTAN de son échéancier de façon à lui permettre de trouver des troupes de remplacement convenables. Dans les circonstances, nous estimons que c'est l'approche la plus responsable et qu'elle établit un équilibre entre la position du NPD et celle du Parti conservateur, qui sont aux antipodes. Par conséquent, je voterai contre cette motion.
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Monsieur le Président, je ne sais pas trop par où commencer pour répondre aux commentaires du député de .
Pour ce qui est de la motion libérale dont nous avons été saisis lundi soir et qui a été mise aux voix, elle aurait eu pour effet de maintenir, sans rien changer, l'opération de nettoyage, la mission contre-insurrectionnelle, à laquelle le député a dit s'opposer, la mission même contre laquelle il a voté l'année dernière.
Il a accusé les conservateurs de n'avoir donné qu'un avis de six heures avant la tenue du débat sur la mission en Afghanistan; pourtant, son propre gouvernement, le gouvernement libéral à qui nous devons notre participation à cette mission anti-insurrectionnelle, a prévenu les militaires canadiens seulement 45 minutes à l'avance qu'ils allaient participer à cette mission, contrairement à l'avis que les libéraux avaient reçu des hauts gradés de l'armée canadienne.
Ne nous y trompons pas. C'est une mission libérale. Jusqu'à il y a un ou deux mois, elle était menée conformément au mandat que le gouvernement libéral avait donné aux Forces armées canadiennes et qui était de mener une opération de nettoyage anti-insurrectionnelle.
J'aimerais poser quelques questions au député de . D'abord, il est sûrement gêné par son propre caucus, quand on pense que la motion de l'année dernière a été adoptée par seulement quatre voix et qu'un grand nombre de libéraux ne se sont pas présentés à la Chambre des communes pour se prononcer sur la prolongation de la mission. Ensuite, comment répond-il aux questions concernant l'entente sur le transfert des détenus alors que, encore une fois, cette entente a été signée sous la direction du , qui continue de la défendre, même...
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Monsieur le Président, je suis ravi de participer au débat d'aujourd'hui. Je dois dire qu'il est intéressant d'entendre le chahut des conservateurs et des néo-démocrates.
La motion du NPD n'est pas réaliste. Si les néo-démocrates avaient fait un tant soit peu de recherche, ils auraient sûrement fait ce constat. Il n'est pas réaliste de laisser entendre que nous pourrions nous retirer immédiatement de l'Afghanistan. Nous ne pouvons tout simplement pas sortir 2 500 militaires de Kandahar du jour au lendemain. Nous ne pouvons faire cela sans informer nos alliés et sans les aviser de ce que nous, de ce côté-ci de la Chambre, préconisons depuis le commencement, c'est-à-dire que nous voulons que cette rotation prenne fin en février 2009, comme l'indiquait notre motion.
Dans le cadre de la rotation de 2003, nous nous occupions de la sécurité à Kaboul. Dès le début de notre mission, nous avons cherché parmi nos alliés un remplaçant pour la fin de l'année. La Turquie a répondu à l'appel.
Si nous adoptions la position du NPD, nous nous retirerions tout simplement avec ou sans remplaçant. Les conservateurs, quant à eux, ne veulent pas chercher de remplaçant. En fait, en votant contre la motion libérale l'autre jour, le NPD joue le jeu des conservateurs.
J'ai entendu un peu plus tôt des conservateurs marmonner en arrière-plan que nous devrions prolonger notre mission au-delà de février 2009. Si le gouvernement conservateur était honnête, il dirait clairement qu'il a l'intention de rester plus longtemps et les Canadiens sauraient à quoi s'en tenir. Nous ne savons pas vraiment où se situe le gouvernement, car le NPD a soutenu les conservateurs l'autre soir en disant qu'il n'allait pas nécessairement appuyer l'échéance de février 2009.
Je suis quelque peu surpris de la position du NPD. Les néo-démocrates disent appuyer le développement. Je signalerai que depuis 2001, des millions d'enfants afghans sont retournés à l'école. Comme j'ai visité Kandahar et Kaboul en mai 2006, je peux confirmer que des jeunes filles fréquentent l'école. En fait, il y a maintenant cinq millions d'enfants, y compris des jeunes filles, qui vont à l'école, qui apprennent des métiers et qui reçoivent une éducation. Sous les talibans, moins de 1 million d'enfants allaient à l'école. C'est toute une réussite.
Selon le NPD, nous devrions dire que nous appuyons ces initiatives, mais que nous refusons de les appuyer en ce moment en laissant nos troupes en Afghanistan. Pourtant, leur présence est nécessaire pour poursuivre les travaux essentiels de développement. Du moins, c'est la position du Parti libéral, mais cette position exclut également toute prolongation de la mission au-delà de février 2009. Il est possible que nous finissions par jouer un rôle bien différent en Afghanistan.
Si le NPD et, naturellement, les conservateurs, avaient bien écouté lorsque nous avons expliqué notre position, ils auraient entendu que nous avons également dit que cette mission de l'OTAN manque de ressources et de soutien. Au Kosovo, parmi les contingents internationaux destinés à soutenir la mission, un soldat sur vingt était canadien. En Bosnie et en Afghanistan, la proportion n'est que de un sur deux. Il faut faire mieux. D'ici là, la motion dont nous sommes saisis ne contient aucune idée constructive, n'est pas réaliste et sera rejetée, compte tenu de la position du gouvernement et de notre propre position.
Entre-temps, que pourrions-nous bien faire? De ce côté-ci de la Chambre, nous avons beaucoup parlé de mettre davantage l'accent sur le développement, surtout à long terme. À court terme, nous réussissons à construire des cliniques et des écoles. Cependant, deux ou trois mois plus tard, celles-ci sont incendiées et détruites. Avec nos alliés, nous devons mettre au point une stratégie à long terme.
Pour le moment, 26 pays sont présents en Afghanistan, mais seulement six d'entre eux participent pleinement. Certains pays comme l'Allemagne ont signé des accords d'engagement, mais les autres doivent maintenant faire leur part. Ce n'est pas une mission exclusivement canadienne. C'est une mission de l'OTAN, ce qui veut dire que tous doivent participer à la guerre, de même qu'à la reconstruction et au développement de l'Afghanistan.
Il n'y a probablement pas un seul député dans cette enceinte qui n'appuie pas les Forces canadiennes. Pas un seul. Pourtant, nous devons nous dire qu'il n'est pas réaliste de présumer que cette mission, qui sera déjà la plus longue de l'histoire du Canada, pourra se poursuivre indéfiniment. Je crains que le gouvernement ne veuille la prolonger encore plus longtemps.
Le gouvernement et le NPD devraient appuyer la position libérale, à savoir que l'on devrait recourir davantage à la diplomatie. Nous devrions travailler avec nos alliés de l'OTAN et veiller à ce qu'ils fassent pleinement leur part, ce qui n'est pas le cas actuellement. Les députés néo-démocrates savent que nos alliés ne font pas pleinement leur part. Le gouvernement le sait aussi. Or, le NPD propose tout simplement que nous partions. De toute évidence, les succès que nous avons remportés, notamment dans le Nord de l'Afghanistan, seraient sérieusement menacés. Notre départ laisserait le champ libre aux talibans.
N'oublions pas non plus qu'il y a une grande instabilité dans la région de Kandahar, entre autres. Il y a de plus en plus d'instabilité dans la région pashtoune où les talibans afghans remportent des succès marqués. En raison du caractère malheureusement poreux de la frontière pakistanaise, où sont pourtant massés 80 000 soldats pakistanais, cette région est un point chaud. Il n'y a pas de point chaud dans le nord, à Kaboul, à Hérat et ailleurs. Nous savons qu'il y a de l'instabilité dans cette région en particulier ainsi que dans la région voisine d'Hermand, où sont les Britanniques.
Je suis tout à fait d'accord là-dessus, nous devons examiner notre approche stratégique. Nous devons examiner ce que nous faisons en remplissant cette mission. Jusqu'en février 2009, nous avons clairement besoin de soutenir nos troupes sur le terrain. Nous devons accroître nos efforts diplomatiques auprès de l'OTAN, du Pakistan et d'autres pays. Nous devons favoriser davantage la reddition de comptes et le redéveloppement à plus long terme. Cela revêt une importance capitale. Nous devons continuer de mettre davantage l'accent là-dessus.
Il y a sept millions d'enfants qui ne vont toujours pas à l'école en Afghanistan. Je pense que nous pouvons faire mieux avec nos alliés et le gouvernement afghan. C'est quelque chose que nous devons continuer de faire. Si nous voulons que tous les enfants et les jeunes femmes puissent s'instruire et que soient maintenus les programmes de micro-crédit qui existent et qui remportent des succès actuellement en Afghanistan, nous devons veiller à ce que ces programmes ne disparaissent pas. Encore une fois, ce n'est pas uniquement une mission canadienne.
Il est très important de mieux coordonner nos actions avec nos alliés sur le terrain, tant au niveau militaire et diplomatique qu'au niveau du développement. C'est là la position que le Parti libéral continue de maintenir. Nous devons voir à ce que le gouvernement intervienne sur les deux fronts. Il est clair qu'il intervient au niveau militaire, mais il doit redoubler d'efforts au niveau du développement et de la diplomatie. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons nous assurer que les gens auxquels nous voulions venir en aide auront un avenir meilleur. Je ne connais personne à la Chambre qui veuille que les talibans ou les disciples d'Al-Qaïda reprennent le contrôle de l'Afghanistan.
Il est évident que nous avons des approches différentes. Le gouvernement a sa façon de voir les choses et nous avons la nôtre. Le NPD nous présente aujourd'hui son point de vue à ce sujet. À mon avis, il est important que nous puissions, en fin de compte, non pas étaler nos désaccords, mais plutôt démontrer que nous sommes unis à la fois sur le terrain et au niveau des pressions diplomatiques qui doivent être exercées sur nos alliés de l'OTAN. Ces pays doivent faire leur part. Nous devons établir une rotation. Plus nous retarderons à le faire, plus nous nous exposerons à ce que le gouvernement revienne à la Chambre pour dire que la mission devra être prolongée parce qu'il n'y a pas de système de rotation en place.
C'est la raison pour laquelle nous avons immédiatement prévu une rotation en 2003 et la Turquie a pris la relève en 2004. Je ne vois rien d'irréaliste là-dedans. Je n'ai rien entendu de tel non plus quand je me suis entretenu avec nos soldats à Kandahar. Ces derniers s'attendent à partir à un moment donné et à laisser la place à d'autres dans le cadre d'une rotation.
En conclusion, le Parti libéral n'appuiera pas la motion. Nous continuerons toutefois d'appuyer le travail de nos militaires sur le terrain et tous les efforts diplomatiques.
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Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je tiens à dire que vais partager mon temps avec mon honorable collègue de .
Dans ce type de débat, je commence toujours par des mises en garde. Le gouvernement conservateur actuel a beaucoup tendance à dire que lorsqu'on ne partage pas son avis, c'est parce qu'on ne soutient par les troupes. Or, c'est tout à fait faux. Je veux réexpliquer, comme je l'ai fait la semaine dernière, l'importance de ce type de débat. Les forces armées dans les pays démocratiques sont sous l'autorité des gouvernements. C'est donc important que, lorsqu'on a des décisions à prendre sur leur avenir, ce soit les autorités civiles et les Parlements démocratiques qui décident de cet avenir. Et dans les Parlements démocratiques, les députés d'un même parti ne font pas toujours front commun.
À mon avis, il faut respecter les composantes de chacun de ces Parlements, et le Parlement canadien ne fait pas exception à cela. Il faut respecter qu'en ce Parlement, il y a quatre partis politiques, dont les membres sont élus par une base démocratique. Il n'y a donc personne en cette Chambre qui a un statut spécial de député: on est tous élus par une base qui a une perception, un philosophie et qui nous demande aussi de les véhiculer à cet endroit propice qu'est le Parlement. Je dis donc tout le temps, en commençant la discussion, qu'il ne faut pas condamner des individus ou des partis parce qu'ils ne soutiennent pas nos troupes, puisque c'est nous qui décidons de l'avenir des Forces canadiennes, autant en Afghanistan que sur les théâtres d'opérations internationaux. De spécifier cela au départ m'apparaissait important.
D'autre part, j'ai beaucoup d'amis au Nouveau Parti démocratique et dans tous les partis. Néanmoins, à un moment donné, on est parfois obligés de leur dire bien amicalement qu'on ne partage pas leur point de vue. C'est ce que je vais essayer de faire ici, aujourd'hui, bien qu'il y ait des choses dans la motion qui me plaisent. Ce que je viens de mentionner y est notamment spécifié: peu importe les désaccords, on partage tous le même but en cette Chambre: essayer de diriger un pays, de sorte qu'on respecte nos engagements internationaux, qu'on respecte également le droit de parole et qu'on respecte la démocratie.
En ce qui a trait à la motion du NPD, le Bloc québécois ne peut pas l'appuyer. Pour notre part, nous avons une certaine logique, parce que nous avons adopté certaines positions politiques tout au long de ce débat. Au départ, nous avions dit être favorables à la mission, et on est allé là-bas. Ensuite, lorsque le gouvernement conservateur est arrivé au pouvoir, il a fait un débat qui était, à notre avis, très limité, très bref, et qui a permis la prolongation. Or nous avions posé un certain nombre de questions comme: quelle est la stratégie de sortie? Quel équipement aurons-nous? Comment les rotations s'effectueront-elles? Nous avions donc beaucoup de questions qui avaient d'ailleurs été mises en avant par l'actuel lorsqu'il était dans l'opposition officielle. Et nous n'avons eu aucune réponse.
Je vais donc rappeler à ceux qui nous écoutent que le Bloc québécois avait dit non à la prolongation. Par la suite, les événements se succédant, on a constaté qu'il fallait changer le mandat de cette mission. À cet égard, mes collègues du Bloc et moi-même convenons tous du fait qu'un rééquilibrage de la mission est nécessaire. Cela ne doit plus être uniquement une mission militaire. Les composantes développement et reconstruction sont en ce moment, de notre point de vue, plus importantes encore que l'aspect militaire. Je ne dis pas que l'aspect militaire ne fait pas son travail, mais en vertu de la tendance actuelle, nous constatons une militarisation. Voilà pourquoi, la semaine dernière, nous avons appuyé la motion du Parti libéral qui suggérait qu'on mette fin aux opérations de combat en février 2009. Nous croyons qu'il est encore bon de garder les militaires sur place, car c'est important. Toutefois, on veut que ce rééquilibrage se fasse le plus vite possible.
Actuellement, le problème par rapport à la motion du NPD, c'est la précipitation. De fait, souhaite un retrait immédiat des troupes. Pour être allé en Afghanistan à deux reprises, je puis vous dire que c'est toute une entreprise que d'y emmener tout le matériel, tous ces hommes et toutes ces femmes. C'est vraiment quelque chose qu'on ne peut pas changer du jour au lendemain. De fait, nous ne pouvons pas dire que nous fermons les livres et que nous quittons. Je ne parle pas juste de la question du transport, mais aussi de la perception internationale.
Par exemple, après avoir signé un contrat établissant que l'on doit rembourser une hypothèque tous les mois ou que l'on doit faire un paiement mensuel pour une voiture, si l'on décide de ne plus ce faire, il faudra en assumer les conséquences. En affaires internationales, c'est la même chose. Lorsqu'on s'engage auprès de ses alliés à ce faire jusqu'à une certaine date, par la suite, on ne peut plus dire qu'un imprévu s'est produit et qu'on ne peut plus continuer. Un pays agirait ainsi: il perdrait sa crédibilité.
Cela suscite aussi, dans l'imaginaire des gens, l'image d'une défaite et d'une fuite. À partir du moment où l'on quitte à l'improviste, alors que cela n'était pas prévu, nos adversaires talibans ou ceux d'ailleurs, comme Al-Qaïda, proclameront une grande victoire. Nous aurons alors une défaite à notre compte, et ce sera la fuite. Or, nous ne sommes pas en faveur de la précipitation.
Maintenant, en ce qui concerne le fait de quitter en février 2009, par exemple, je veux rappeler à la Chambre que l'OTAN et les 10 autres pays qui nous accompagnent là-bas représentent une alliance. En effet, les gens doivent partager l'effort le plus possible.
La première fois que je suis allé en Afghanistan, j'ai été très surpris de constater que les Allemands, dans le nord de l'Afghanistan, devaient rentrer au camp à partir de 20 heures, alors que je sais que ce n'est pas le cas pour les Canadiens dans le sud, à Kandahar.
Il y a donc un prix à payer si l'on est dans une certaine situation géographique en Afghanistan. C'est le Canada qui paie actuellement le fort prix, et ce, pas seulement financièrement — et cela, c'est l'autre problème.
Il y a beaucoup de discussions à l'OTAN. J'y passe beaucoup de temps. J'assiste à trois ou quatre réunions par année. Il y a un problème de financement commun à l'OTAN. Autrement dit, les gens qui s'en vont en Afghanistan sous l'égide de l'OTAN paient leur part. Ils paient juste ce qu'ils ont à payer, tels le déplacement, l'équipement et le matériel militaire. Cela signifie que lorsqu'ils sont dans une zone de combat, comme à Kandahar, la facture est beaucoup plus élevée que s'ils étaient dans une zone où il ne se passe absolument rien. Je ne veux pas dénigrer le travail des autres. Toutefois, je tiens à dire que, autant sur le plan du financement que sur celui du coût des vies à payer, ce n'est pas toujours aux mêmes de fournir l'effort.
C'est à ce sujet que je veux essayer de convaincre mes collègues: en avisant nos alliés de l'OTAN de notre départ pendant ces deux prochaines années, ils auront alors le temps de se demander qui remplacera dorénavant les Canadiens.
Je ne dis pas non plus que les Canadiens — on ne le sait pas encore — vont plier bagages à Kandahar et vont tous s'en aller. Les volets développement et reconstruction sont toujours importants pour nous. Toutefois, ce n'est pas seulement aux Canadiens de payer la note financière et le prix en vies humaines. Ce n'est pas toujours aux Canadiens d'assumer l'entièreté de cette tâche. C'est un débat très important sur lequel nous voulons revenir régulièrement.
Après avoir parlé du rééquilibrage, je pourrais parler aussi de toute la question des prisonniers. Le gouvernement a décidé de rester en Afghanistan jusqu'en février 2009. On est favorables à l'arrêt des opérations de combat à partir de cette date. Toutefois, entre-temps, on demandera un rééquilibrage de la mission sur les plans du développement et de la reconstruction.
D'ailleurs les statistiques sont éloquentes à ce sujet: 1,8 milliard de dollars a été investi dans l'aspect militaire jusqu'à maintenant et 300 millions de dollars ont été investis dans la reconstruction et le développement. C'est nettement insuffisant. Il y a un déséquilibre sur le plan de l'effort financier. On est quand même au-dessus de la limite selon la moyenne établie là-bas. Sauf erreur, pour 1 $ investi en développement et reconstruction, 9 $ sont investis dans l'aspect militaire, alors que la proportion du Canada est celle-ci: pour 1 $ investi en développement et reconstruction, 6 $ sont investis dans l'aspect militaire.
Nous ne nous sommes pas encore satisfaits. Nous croyons qu'un meilleur équilibrage est nécessaire. Tout le monde l'a dit. Les généraux de l'OTAN l'ont dit également. On ne peut pas gagner ce conflit uniquement grâce au volet militaire. Si l'on s'entête à ce sujet, on finira par perdre ce combat.
C'est pour cela que le Bloc québécois ne veut pas d'un départ précipité. Il veut donner une chance à la mission au cours des deux prochaines années. D'ici là, il faut faire en sorte de travailler continuellement et durement pour essayer de rééquilibrer cette mission.
Il s'agissait grosso modo de la position du Bloc québécois. Naturellement, je dois dire à mes amis du NPD qu'aujourd'hui, on ne pourra pas appuyer leur motion.
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Monsieur le Président, cette question de l'Afghanistan et de la participation du Canada en Afghanistan est troublante. Moi non plus, je n'aime pas la guerre. Toutefois, dès le départ, j'étais d'accord avec le fait que le Canada y participe, sachant qu'il y aurait des soldats du Québec qui iraient en Afghanistan.
Il me semblait qu'on ne pouvait pas ne pas continuer la réaction des Américains à la suite des événements du 11 septembre, une réaction justifiée par l'OTAN et les Nations Unies. Il est vrai que la source, c'est cela. Toutefois, il est aussi vrai que nous avons vu ce qu'étaient les exactions de toutes sortes du régime taliban, qui avait appuyé Al-Qaïda.
Je n'ai pas beaucoup de temps alors je continuerai en disant que le Bloc québécois s'est opposé à la poursuite jusqu'en 2009, compte tenu du manque d'information, compte tenu de la façon presque brutale, sur le plan de la démocratie, par laquelle nous avons été obligés de voter à si courte échéance pour un enjeu qui était si important.
En réalité, je pense que la très grande partie des Québécois et des Canadiens sont d'accord avec la participation du Canada à l'opération qui se déroule en Afghanistan. Là où on a commencé à avoir de plus grands problèmes — je le rappelle parce que je le sais —, c'est lorsque le général Hillier a demandé lui-même que ce soit le Canada qui assume le gros de la défense et de la reconstruction avec l'armée dans la région de Kandahar.
Je regrette infiniment que le NPD n'ait pas appuyé la dernière motion des libéraux, une motion que nous avons appuyée. En ce moment, grâce aux divers moyens que nous possédons, nous pourrions être en train de convaincre les partenaires de l'OTAN que ce sont d'autres pays qui doivent à leur tour être responsables des régions les plus dangereuses. Je le rappelle, c'est une mission de l'OTAN, c'est une mission des Nations Unies.
Nous savons tous que ce ne sera pas gagné de façon militaire, mais bien par la reconstruction et le développement dans la sécurité. Alors, on n'a pas le choix: il faut assurer cette sécurité. Toutefois, il faut aussi s'assurer qu'il y a un équilibre entre les efforts qu'on fait pour la sécurité et les efforts qu'on met en temps, en ressources et en argent pour la reconstruction, le développement et la démocratie. Les problèmes sont nombreux.
Au comité où nous étudions cette question de l'Afghanistan, nous avons reçu plusieurs experts qui ont fait état de tous les problèmes qui existent. Franchement, dans l'ensemble, le portrait ne permet pas de penser que dans deux ans, le gouvernement afghan pourra prendre la direction totale du pays, en assurer sa défense, la reconstruction et surtout la démocratie et la chasse aux corrompus et à la corruption. On nous a dit à répétition que le problème majeur est le manque d'institutions viables, de justice, de policiers, la pénétration de la corruption partout, en commençant par le gouvernement ou même dans le système de justice, comme nous l'ont dit quelques experts aujourd'hui. Il faut que la population voie de l'espoir.
Or il faut comprendre que cette population — et plusieurs sondages le démontrent — préfère les foreigners. En effet, les Canadiens ne sont pas vus comme étant différents des étrangers. Cependant, cette population n'est pas certaine qu'ils vont rester. Je comprends cet argument et je le trouve important. C'est pour cette raison que j'étais d'accord avec la motion des libéraux. Il faudra rester pour assurer la reconstruction, le développement et la sécurité.
Ce n'est pas au Canada seul d'assumer la tâche de l'OTAN dans la région périlleuse de Kandahar. Le partenariat qui existe à l'OTAN ne peut résister. On dit aux Canadiens qu'ils ne peuvent pas quitter Kandahar pour une autre région parce que le doute s'installerait chez les talibans et dans la population, et l'OTAN devrait alors fournir des efforts supplémentaires ou faire face à de graves problèmes.
La stratégie est extrêmement importante et les talibans, appuyés par le puissant service secret pakistanais — c'est ce qui a été répété à de multiples reprises —, sont certainement conscients de cela. Je regrette infiniment qu'on nous ait proposé d'amorcer dès maintenant un retrait sécuritaire des Forces canadiennes, ce que je pense impossible. J'aimerais bien entendre ma collègue qui est au Comité permanent de la défense nationale dire que c'est possible.
En ce moment, il n'est pas possible d'annoncer que nous nous en allons. C'est sur ce plan qu'un travail politique doit être fait. On aurait pu le faire ensemble, politiquement, dans les associations internationales et partout où il y a des parlementaires. On aurait pu dire que nous resterons pour la reconstruction et le développement, mais que c'est à d'autres d'aller dans le Sud, dans les régions dangereuses. Je pense que dans un partenariat de l'OTAN, cela pourrait se faire. N'oublions pas que pour les Nations Unies et l'OTAN, l'Afghanistan est une première. On essaie de trouver de vrais moyens pour aider un pays dans cette situation — et Dieu sait qu'il y en a plusieurs — à se reconstruire et à se prendre en main. Oui, nous sommes de cet avis, mais nous ne voulons pas que le Canada, à lui seul, assume ce qui devrait être assumé par l'ensemble de l'OTAN.
Avant de terminer, je tiens à dire à quel point il y a du travail à faire avant que l'Afghanistan ne soit capable de se prendre en main. La reconstruction, qui est à peine commencée, et le développement économique sont nécessaires, mais la priorité est au développement démocratique. Le gouvernement est un gouvernement faible, qui encourt plusieurs reproches de corruption. Il est bien difficile de mettre fin à la corruption quand on a la réputation d'être corrompu. Comme le disait un expert qui a témoigné en comité, il faut que le gouvernement fasse le ménage pour être viable et pour aider vraiment le pays. Il est fondamental de trouver une solution au problème de la corruption, surtout en ce qui a trait à l'argent provenant de la drogue et d'ailleurs, y compris notre argent qui n'accomplit pas toujours les tâches auxquelles il est destiné.
En ce qui concerne la drogue, le Bloc a proposé — et plusieurs l'ont aussi fait — qu'on achète les récoltes pour fabriquer des médicaments. J'ai même entendu un expert dire qu'on devrait tout simplement les acheter pour ne pas qu'elles servent. Combien cela coûterait-il? Il coûterait bien moins cher d'acheter les récoltes que de faire face aux inconvénients que cela entraîne. Si les paysans produisent cela, c'est qu'ils n'ont pas d'autres moyens. Ce n'est pas à eux que revient l'argent de ces récoltes. Le gros de l'argent de ces récoltes profite aux intermédiaires et, sans doute, aux seigneurs de la guerre.
Certains disent que si on achète la récolte du paysan, quelqu'en soit l'usage qu'on en fera, ce dernier aura de l'argent en attendant qu'on trouve des moyens. Des moyens existent et il faut aussi les développer, comme la production de fruits, entre autres. Par ailleurs, on sait que cela prend des routes. Il y a donc à faire un important travail de reconstruction, de développement et de lutte à la corruption. Pour cela, il faut une coordination de l'aide. Le Bloc a proposé qu'il y ait un représentant des Nations Unies. Cette coordination de l'aide s'est trouvée très profitable dans d'autre pays pour que l'argent travaille de façon efficace.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Comme je viens du milieu juridique, j'aimerais aborder certaines questions qui ont été soulevées, notamment ces derniers mois, concernant la responsabilité du Canada en vertu du droit international et les risques que nous courons à cause de la façon dont nous traitons les prisonniers en Afghanistan.
Le droit international décrit de manière assez explicite, dans la Convention de Genève, comment traiter les prisonniers. Elle est révolue depuis longtemps l'époque où il était acceptable en temps de guerre de tuer des opposants en toutes circonstances, y compris lorsqu'on les avait capturés et qu'ils n'étaient pas susceptibles de participer à un autre combat. Nous n'en sommes plus là et la convention que nous avons établie avec nos alliés internationaux est assez explicite quant à ce que nous sommes censés faire. Il ne fait aucun doute que nous ne respectons pas la convention.
Nous avons vu tout le ridicule de la situation hier, durant la réunion du comité. Le a littéralement pondu une politique à la sauvette à la fin de la réunion. Étant donné l'histoire et la réputation du Canada sur la scène internationale, c'est tout simplement indéfendable et embarrassant.
Il y a quelques semaines, j'étais à Vimy pour la commémoration de cette bataille qui revêt une grande importance pour notre pays sur le plan militaire. Nous devrions examiner comment nous traitions les prisonniers de guerre à cette époque, il y a 90 ans. Nous ne les remettions pas à d'autres en toute connaissance de cause.
Le gouvernement, du au en passant par le , a nié les faits. Tous ces gens ont affirmé qu'ils ne savaient pas vraiment ce qui se passait. Ce n'est pas vrai. C'est aussi simple que cela. Nous savons pertinemment ce qui se passe même si nous essayons de le cacher à la population canadienne. Nous savons ce qui se passe.
Je repense à la manière dont nos soldats se conduisaient il y a 90 ans à Vimy et à la manière dont ils traitaient les prisonniers. De nos jours, le gouvernement et les dirigeants militaires, que j'inclus là-dedans, violent effrontément le droit international. Ils font fi de leurs responsabilités.
Il y a un impératif historique au Canada dont le gouvernement ne tient pas compte. Le a tenté de justifier notre incompétence en disant que ce sont eux les méchants. Pensons un peu à la logique de ce qu'il est en train de dire. Il dit que puisque ce sont des méchants, nous aussi devrions être méchants. Aucun politicien canadien, et encore moins le ministre, devrait invoquer l'argument selon lequel la fin justifie les moyens.
Nous avons la responsabilité — la responsabilité historique — d'agir vertueusement. Nous ne devons jamais permettre à notre politique publique, à notre politique extérieure et à notre politique militaire de s'abaisser au niveau des politiques de ceux que nous combattons, jamais. Nous ne pouvons nous permettre de descendre aussi bas.
C'est pourtant ce qui se passe. Nous avons lu quelques-unes des lettres aux rédacteurs publiées dans des journaux un peu partout au pays et le ministre nous a sorti ce même argument. Il dit que ce sont des méchants, qu'ils assassinent des hommes, des femmes et des enfants et que nous ne sommes donc pas tenus de les traiter humainement. Bien évidemment, cela suppose que nous avons emprisonné les bonnes personnes, ce qui est bien sûr une fausse supposition, quoiqu'il en soit. On nous dit qu'on ne devrait pas s'en faire si la force ou l'État à qui nous transférons des prisonniers torturera ces derniers et risque même de les exécuter sommairement. On ne devrait pas se préoccuper de cela. Ce n'est pas notre problème.
Sauf que c'est notre problème. C'est notre responsabilité. C'est notre responsabilité juridique en vertu du droit international, des conventions que nous avons signées il y a déjà plusieurs décennies. Ce n'est rien de nouveau. Nous avons cette responsabilité depuis que nous avons signé ces conventions et, aujourd'hui, nous nous en déchargeons.
J'aimerais exprimer tout particulièrement la colère que j'ai ressentie envers le quand il a dit à plusieurs reprises à la Chambre, tout comme d'autres ministres de la Couronne, que, en formulant ces allégations, nous exposons nos soldats, nos troupes, à des accusations de crime contre l'humanité et de crime de guerre.
Je tiens à ce que le et son gouvernement comprennent bien. Nous ne parlons pas ici de nos troupes, mais bien du gouvernement. Si, comme je le crois, nous avons dépassé les limites de l'acceptable, alors nous avons aidé et soutenu la torture. Nous le savons. Nous aidons les tortionnaires et les soutenons. Nous avons passé les bornes. Je le pense, mais ce ne sont pas nos soldats qui font cela, c'est le gouvernement.
Au départ, le gouvernement n'a pas conclu les ententes nécessaires et, lorsqu'il a découvert, il y a des mois, sinon des années, comment étaient traités les prisonniers, il n'a pas réagi.
Par conséquent, il s'est rendu complice. Le gouvernement est complice, pas nos soldats. Nos soldats font leur travail comme le leur ordonnent leurs supérieurs. Ils ne sont pas responsables. Le gouvernement est responsable.
Comment en sommes-nous arrivés là? Nous fermons les yeux sur la situation, ce qui fait que nous nous retrouvons dans ce genre de dilemme, qui résulte de la nature même de la mission.
Il était intéressant d'entendre un des députés de Calgary déclarer, dans ses questions et observations, que c'était une nouvelle expérience. Nous entendons la même chose de la part des bloquistes. Mais ce n'est pas le cas. D'autres gouvernements et d'autres pays ont tenté de lutter contre des insurrections. Ils l'ont essayé à plusieurs reprises dans ce pays-là.
Nous pouvons remonter à Alexandre le Grand, si nous le voulons, et jusqu'aux Britanniques, dans les années 1860, et aux Américains, plus récemment. Nous pouvons voir toutes les insurrections que nous avons tenté de mater, que ce soit sur une base idéologique ou économique, mais cela ne marche pas.
L'essence même de la mission la voue à l'échec. Nous pouvons partir de la Seconde Guerre mondiale et passer en revue toutes les insurrections survenues depuis. Il y a eu, à ma connaissance, une seule exception et c'est l'insurrection en Malaisie que les Britanniques ont réprimée au moyen d'horribles tactiques.
On pourrait soutenir qu'ils ont finalement réussi, mais cette exception mise à part, il n'y a pas eu un seul cas de réussite. Le meilleur exemple nous est évidemment donné par le Vietnam, et c'est cette expérience que nous reproduisons. Nous répétons le Vietnam. Nous pourrions aussi donner l'exemple de l'Irak et c'est ce que nous reproduisons.
En faisant cela, nous refusons de voir la réalité et nous nous plaçons dans une situation où nous enfreignons le droit international. La réputation du Canada en souffrira pendant des décennies.
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Monsieur le Président, c’est pour moi un plaisir de prendre la parole pour appuyer la motion à l’étude.
Le rôle du Canada en Afghanistan inspire un malaise de plus en plus profond aux Canadiens. Les informations en soirée nous montre ce qui se passe: une déstabilisation de plus en plus poussée, une action contre-insurrectionnelle croissante de notre part, l’insurrection du côté afghan, des civils tués et de plus en plus de morts parmi les Canadiens.
Jusqu’à maintenant, 54 soldats et un diplomate canadiens ont perdu la vie en Afghanistan. C’est un drame effroyable pour toutes ces familles et ces collectivités, et ce sont des pertes de vie importantes. Par ailleurs, nous n’entendons même pas parler des pertes de vie chez les Afghans. Je ne peux même pas donner de chiffre à la Chambre. J’ignore si quelqu’un possède ce renseignement, mais le nombre doit être très élevé.
Il est actuellement question d’un problème qui a été soulevé par notre porte-parole en matière de défense il y a un an et qui est maintenant confirmé. Il s’agit du transfert de prisonniers.
Alors que les Pays-Bas ont assuré la protection des prisonniers capturés par leurs troupes, les prisonniers qui ont été pris par les troupes canadiennes ont été exposés à la torture et aux mauvais traitements. Voici que les Canadiens participent à une mission de lutte contre le terrorisme, mais la violence s’aggrave, les morts augmentent, la déstabilisation s’accentue, et nous facilitons la torture et la violation d’accords internationaux comme la Convention de Genève.
Que se passe-t-il? Dans quelle voie notre pays s’est-il engagé? Est-ce là l’engagement international du Canada? Est-ce à cela que notre pays aspire? Je crois que les Canadiens en sont profondément troublés.
Mes électeurs, dans la circonscription de , m’ont parlé de la question, et beaucoup sont très troublés par cette guerre. Ils veulent savoir pendant combien de temps nous resterons là-bas, combien encore mourront, combien seront blessés. De plus en plus, ils me disent que le Canada doit se retirer.
Il y a même des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale qui m’ont dit qu’ils sont allés à la guerre, certes, mais que cette guerre-ci, ce n’est pas la même chose, que nous n’avons rien à faire là-bas. Il est certain que les Canadiens sont très inquiets.
Beaucoup de nos militaires sont blessés en Afghanistan. Nous entendons moins parler des blessures et de leurs impacts sur la vie de soldats touchés. Le fils d'un de mes bons amis est allé en Afghanistan. Il est très fier de faire partie des Forces canadiennes. Il terminait sa deuxième affectation en Afghanistan quand il marché sur une mine. Je suis très heureux de vous dire qu'il a survécu, mais sa vie est à jamais changé. Je tiens à dire à la Chambre qu'il n'a jamais remis en question sa mission. Il est très fier d'être dans les forces. Il n'a pas encore remis en question sa mission et il est fier de servir son pays.
Par contre, en notre qualité de députés, il nous incombe de remettre en question cette mission et d'en débattre. Quand nous envoyons nos militaires en situation de danger, nous devons nous assurer de poser les questions difficiles qu'ils ne peuvent poser eux-mêmes. Je crois que ce débat est sain et qu'il est normal d'avoir des différences d'opinion. Cependant, j'accepte mal la diabolisation qui entoure certaines divergences d'opinion quant au rôle du Canada en Afghanistan.
Je veux préciser que c'est le gouvernement précédent qui nous a engagés dans cette mission de combat, cette mission de recherche et de destruction qui contraste avec notre rôle habituel de maintien de la paix en Afghanistan. À l'origine, nous participions à une mission anti-terroriste sous le commandement des États-Unis, mais il s'agit maintenant d'une mission de l'OTAN.
Il y a un an, l'actuel gouvernement a fait adopter à la hâte une motion visant à prolonger cette mission jusqu'en 2009. À l'époque, le NPD et le Bloc québécois avaient voté contre cette motion, comme certains députés libéraux. Malheureusement, la motion a été adoptée par une marge de quatre voix, et l'engagement du Canada dans le cadre de l'actuelle mission a été prolongé jusqu'en 2009. Qui sait ce compte faire le gouvernement quant à une éventuelle prolongation de la mission, car nous n'arrivons pas à obtenir des réponses claires.
[Français]
La position de mon parti est claire et connue. Le gouvernement n'a aucune stratégie politique claire pour établir une paix durable en Afghanistan. Le NPD croit que depuis le début de la mission en Afghanistan, ni l'ancien gouvernement libéral, ni le gouvernement conservateur actuel n'a fait preuve de diligence raisonnable avant d'engager les Forces canadiennes dans ce combat. Notre parti demande le retrait des Forces canadiennes de la mission anti-insurrectionnelle. Le retrait devrait commencer aussitôt que possible, en collaboration avec nos partenaires internationaux pour assurer une transition sécuritaire et sans heurts.
[Traduction]
Nous voulons aviser immédiatement l'OTAN que nous avons déjà fait un énorme sacrifice, un sacrifice hors de proportion, et que nous ne pouvons continuer de faire ce sacrifice hors de proportion sans avoir d'objectif clair, de critère d'évaluation des progrès ou de résultat clair pour cette mission. En fait, je dirais même que nous allons dans la mauvaise direction et que la situation va de mal en pis.
Nous ne sommes pas en faveur de la poursuite de cette mission antiterroriste dans sa forme actuelle, pendant deux autres longues années, comme mes collègues du Parti libéral proposaient de le faire avec leur motion de la semaine dernière. Ce n'est pas acceptable.
Évidemment, un redéploiement prendrait du temps. Certains députés ont dit que nous ne pouvions par rapatrier nos troupes en un clin d'oeil. C'est évident, mais ce que notre motion propose, c'est de prendre la décision de modifier notre rôle et d'abandonner cette mission. Nous pourrions ensuite planifier notre désengagement de cette mission une étape à la fois et sans danger, puis jouer un nouveau rôle plus constructif en Afghanistan.
[Français]
Des problèmes politiques et non pas militaires sont au coeur de ce conflit, et les solutions sont politiques et diplomatiques. Néanmoins, nous ne voulons pas abandonner l'Afghanistan.
[Traduction]
D'autres intervenants ont parlé avec fierté de certaines de nos réussites en Afghanistan. Il ne fait aucun doute à mon esprit que nous avons accompli certaines choses, mais je crois que nos accomplissements se constatent surtout dans la partie nord du pays, où nos troupes jouent surtout un rôle de maintien de la paix, et non dans les endroits où les bombes de l'OTAN détruisent des maisons et où l'instabilité et la violence vont en s'accroissant. Je crois que nous pouvons continuer à fournir de l'aide là où se trouvent plusieurs des autres forces de l'OTAN. Par contre, la situation étant ce qu'elle est dans le Sud, je crois que la présence de l'OTAN et de ses bombes ne fera qu'augmenter la violence.
Notre motion porte sur un retrait sans danger de notre mission anti-insurrectionnelle en Afghanistan. Je crois que nous pouvons planifier ce retrait de façon à assurer la sécurité de nos troupes et à ne pas déstabiliser le Sud. Notre motion appelle également le Canada à se concentrer sur ses efforts d'aide aux Afghans, à trouver une solution diplomatique et à réitérer son engagement envers la reconstruction et le développement.
Si nous voulons la paix, nous devons promouvoir la paix. Si nous voulons gagner le coeur des Afghans, la meilleure chose que nous pouvons faire est de leur donner de la nourriture au lieu de la violence.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Le succès de la mission de l'ONU en Afghanistan, laquelle consiste à assurer la sécurité, à favoriser la bonne gouvernance et à fournir de l'aide au développement, est important tant pour les Afghans que pour les Canadiens.
Pour les Afghans, c'est l'occasion de mettre derrière eux une réalité historique de violence, de tyrannie et d'oppression et d'envisager un avenir caractérisé par la liberté, la démocratie, la primauté du droit et les droits de la personne.
Pour les Canadiens, un État afghan stable où l'extrémisme n'a plus droit de cité signifie une sécurité internationale accrue et, partant, une plus grande sécurité chez nous.
La mission de la FIAS dirigée par l'OTAN bénéficie d'un solide appui de la communauté internationale, comme en fait foi le mandat confié par le Conseil de sécurité de l'ONU. Notre présence là-bas a pour but d'aider le gouvernement afghan à réaliser les objectifs énoncés dans le Pacte pour l'Afghanistan, lequel fixe des repères clairs pour guider les progrès. Les objectifs énoncés dans le pacte sont ceux que poursuit le Canada.
Le Pacte pour l'Afghanistan a été élaboré avec soin en faisant appel à la collaboration du gouvernement de l'Afghanistan et de plus de 60 États ou organismes internationaux.
Le pacte énonce en détail les résultats attendus, des repères, des délais d'exécution et des obligations réciproques applicables jusqu'en 2011, afin de donner plus de cohésion aux efforts du gouvernement de l'Afghanistan et de la communauté internationale. Il précise les priorités du gouvernement de l'Afghanistan en vue de l’accélération du développement, de l’accroissement de la sécurité, du contrôle du commerce de la drogue et du renforcement de la gouvernance en définissant trois grands axes d'intervention essentiels et complémentaires, soit la sécurité et la stabilité, la gouvernance, laquelle englobe la primauté du droit, les droits de la personne et la lutte contre la corruption, et le développement socioéconomique.
En vertu de ce pacte, la communauté internationale ainsi que le gouvernement de l'Afghanistan et l'ONU s'engagent à réaliser des progrès dans ces trois domaines.
Le Canada travaille en étroite collaboration avec le gouvernement de l'Afghanistan afin de l'aider à réaliser ce que prévoient les points de repère à l'égard de chacun de ces grands axes. Nous travaillons également en étroite collaboration avec les Nations Unies et avec les 36 autres pays qui contribuent à la FIAS. Ceux-ci sont des partenaires de confiance que l'on apprécie dans le cadre de nos activités en Afghanistan. Il s'agit d'un effort collectif.
Il est rassurant de savoir qu'on peut mesurer les progrès effectivement réalisés en Afghanistan, que ce soit dans les domaines de l'accroissement de la sécurité, de l'établissement d'institutions démocratiques et d'infrastructures publiques ou encore de l'aide humanitaire et de l'aide au développement. Tout cela serait perdu, si l'on ordonnait un retrait immédiat et permettait aux talibans de regagner leur mainmise.
Jetons un coup d'oeil aux progrès réalisés sur le plan politique. Tous les Canadiens peuvent être fiers des progrès que nos efforts collectifs ont permis de réaliser jusqu'à présent.
Premièrement, en matière de démocratie. Les élections présidentielles de 2004 ont constitué un point tournant dans la transition de l'Afghanistan vers la viabilité comme État démocratique. Le premier Parlement de l'Afghanistan en plus de trois décennies a commencé ses travaux en décembre 2005.
En deuxième lieu, sur le plan de la gouvernance. Les progrès sont visibles dans d'autres secteurs également. La gouvernance, la primauté du droit et les droits de la personne constituent l'un des fondements du Pacte pour l'Afghanistan. Le Canada aide à renforcer la gouvernance en Afghanistan en soutenant la formation de juges et de procureurs, en favorisant un processus transparent et fondé sur la compétence pour la nomination des cadres supérieurs comme les chefs de police, en appuyant la réforme et le développement des institutions juridiques de l'Afghanistan et en améliorant l'accès au système de justice grâce à l'aide juridique.
En 2006, nous avons pu constater des progrès mesurables sur le plan de la gouvernance en Afghanistan: confirmation d'une Cour suprême afghane; lancement d'un plan d'action afghan pour la paix, la réconciliation et la justice; création d'un groupe d'experts de haut niveau pour garantir la transparence et l'obligation redditionnelle dans les nominations à de hautes fonctions gouvernementales et judiciaires, y compris celles de gouverneur et de chef de police.
En troisième lieu, on constate des progrès en matière de droits de la personne. Pour l'Afghanistan, le Canada a accordé la priorité non seulement à la gouvernance, mais à la promotion et à la protection des droits de la personne. Selon nous, les Afghans ne devraient être assujettis ni à la peur, ni à la tyrannie dans leur vie quotidienne.
Nous avons clairement affirmé notre attachement à la liberté d'expression et à la liberté de religion et nos efforts en ce sens nous valent des résultats concrets. Des défis restent à surmonter. La violence et la discrimination à l'égard des femmes et des filles continuent d'exister, surtout dans les régions rurales. Les femmes qui participent à la vie politique, qui revendiquent et qui travaillent risquent d'être intimidées. Il continue d'exister d'importants obstacles à la liberté d'expression, en dépit de progrès continus.
L'Afghanistan a constitutionnalisé les notions de droits de la personne, d'égalité des hommes et des femmes, et de pluralité ethnique. Avec l'aide financière du Canada, l'Afghanistan s'efforce d'être mieux en mesure de se conformer à ses obligations en matière de droits de la personne.
Penchons-nous maintenant sur les progrès sur les plans économique et social. L'aide canadienne prendra la forme de nourriture, d'eau et de produits de base. Elle vise également les écoles, les villages et les collectivités, ainsi que le microcrédit destiné aux particuliers, surtout les femmes, pour leur permettre de lancer des petites entreprises, d'assurer leur propre subsistance et celle de leur famille et de maîtriser leur avenir. Le Canada fournit également une aide alimentaire ponctuelle et des occasions de perfectionnement professionnel à des veuves et à leurs familles.
Et qu'allons-nous faire de plus? Le a annoncé récemment que le Canada fournira 200 millions de dollars de plus pour la reconstruction et le développement. Cette somme vient s'ajouter au montant d'environ 100 millions de dollars par année que nous affectons aux activités de développement, ce qui fait du Canada l'un des principaux pays donateurs en Afghanistan. Ces montants aident à financer une vaste gamme de programmes du Canada et des Nations Unies qui ont une importance critique, y compris des activités liées au développement des forces policières et à la lutte contre les stupéfiants.
Les progrès réalisés en Afghanistan depuis le renversement des talibans sont remarquables. Là où régnait une totale tyrannie, il y a la démocratie. Là où les femmes étaient brutalement opprimées, les filles peuvent maintenant aller à l'école et les femmes sont autorisées à lancer leur propre entreprise. Là où le gouvernement engendrait la haine, l'intolérance et le terrorisme, il peut maintenant faire naître la sécurité, le développement et l'espoir. En somme, grâce aux efforts canadiens, à la détermination de l'Afghanistan et à l'appui de la communauté internationale, la vie s'améliore pour les Afghans ordinaires.
En signalant notre intention de retirer nos troupes, nous risquons de voir les talibans détruire tout ce que nous avons fait. Nous savons très bien à quoi la vie ressemblait sous le régime taliban. Il est crucial pour l'avenir de l'Afghanistan d'empêcher ce régime de se consolider de nouveau. Abandonner prématurément l'Afghanistan représenterait un virage sans précédent par rapport à la tradition canadienne qui consiste à promouvoir activement une paix durable.
Ce n'est que si la sécurité règne en Afghanistan que les travailleurs humanitaires et les spécialistes du développement pourront aider les Afghans. Ce n'est que si la sécurité règne que nous pourrons renforcer les premières étapes fragiles de la gouvernance démocratique et de la primauté du droit. Ce n'est que si la sécurité règne que nous pourrons bien enraciner les droits de la personne en Afghanistan, les protéger sur le plan juridique et les faire respecter publiquement.
C'est pourquoi le gouvernement continue de soutenir le déploiement des Forces canadiennes dans la région instable du Sud de l'Afghanistan. Grâce aux compétences, au professionnalisme et au courage de nos soldats, la paix qui règne presque partout au pays s'étend maintenant à de grandes parties de la province de Kandahar.
Nous en sommes à consolider ces acquis sur le plan de la sécurité et nous en profitons aussi pour contribuer davantage au bien-être des citoyens, pour réaliser des projets de reconstruction, pour bâtir des écoles, pour encourager la création de petites entreprises et pour exécuter des programmes axés sur la gouvernance.
Toutefois, le coût de l'échec ou de l'abandon serait élevé. La pauvreté du pays, le trafic de la drogue, les forces antigouvernementales violentes dans le Sud, tout cela représente un problème immense pour le peuple afghan. Cela présente aussi une menace grave et constante pour la paix et la stabilité, non seulement dans la région, mais également — comme nous l'avons vu il y a cinq ans — dans le reste du monde, notre continent compris.
Il y a deux jours, un ministre britannique a déclaré qu'imposer une date limite à notre mission, ou en l'occurrence retirer nos troupes immédiatement, enverrait le mauvais message à ceux qui s'opposent par la violence aux progrès de l'Afghanistan. Je suis d'accord et j'ajouterais que ce genre de décision enverrait le mauvais message au sujet du Canada au reste du monde.
Si nous abandonnons l'Afghanistan, nous abdiquons les valeurs canadiennes que nous prônons avec fierté partout au monde. Nous abandonnons nos amis et alliés et tous ceux qui se dévouent pour aider les Afghans à avoir un avenir meilleur.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole au sujet de la participation du Canada en Afghanistan. J’apprécie l’occasion qui m’est donnée, mais je ne vais certainement pas appuyer la motion du NPD.
Renoncer à notre engagement et retirer nos troupes de l’Afghanistan aujourd’hui serait totalement irresponsable, prématuré et dévastateur pour l’ensemble de la mission.
Comme mes collègues le savent, les hommes et les femmes qui se battent sous le drapeau canadien font partie d’une équipe dévouée représentant les 37 pays membres de la Force internationale d’assistance à la sécurité. Nous sommes là bas sous mandat de l’ONU et sous commandement de l’OTAN.
Grâce à l’approche intégrée civilo-militaire, qui mise sur les compétences et la formation de Canadiens représentant tous les secteurs du gouvernement, nous avons réalisés des progrès notoires. Nous sommes investis d’un devoir moral. Des générations durant, des Canadiens désintéressés se sont mis au service d’autres peuples dans le besoin. C’est là un puissant héritage que nous entretenons aujourd’hui encore en partenariat avec nos amis et alliés.
Les motifs de la présence canadienne en Afghanistan ont été expliqués à maintes reprises. Nous sommes là bas parce que nos intérêts nationaux sont menacés. Nous sommes en Afghanistan parce que nos alliés ont besoin de notre aide. Nous sommes en Afghanistan parce que les Afghans, qui sont négligés depuis tant d’années et qui souffrent des conséquences de longs conflits, nous ont demandé d’aller les aider.
Avant d’envisager de rompre nos engagements internationaux, nous devons nous rendre compte de ce que nous allons laisser derrière nous. L’Afghanistan n’a pas connu de stabilité véritable depuis plus d’une génération. Les infrastructures de base et les services publics, comme l’eau potable, les soins médicaux et les écoles n’existent pas vraiment dans ce pays, mais les Afghans sont un peuple résilient déterminé à se bâtir un meilleur avenir.
Malheureusement, les Canadiens ne sont que trop conscients de l’existence d’une minorité d’Afghans qui ne veulent pas de notre aide, de ces insurgés fanatiques qui font tout pour réduire à néant les bienfaits du Canada, de la communauté internationale et des Afghans qui travaillent très fort pour obtenir de bons résultats.
Les extrémistes talibans, qui contrôlaient jadis le pays d’une main de fer, n’ont jamais cessé d’intriguer pour retrouver leur mainmise. Ils attendent que nous renoncions à notre engagement. Ils sont déterminés à terroriser d’innocents Afghans. Ils n’hésitent pas à exécuter brutalement et publiquement ceux qui se dressent contre eux.
Ils sont prêts à recourir à n’importe quel moyen, comme les bombes artisanales et les kamikazes, pour mettre nos militaires en danger et annihiler les progrès dont les Afghans ont bénéficié. Ils cherchent à saper les efforts et la crédibilité du gouvernement afghan et de la communauté internationale.
Le voilà notre ennemi!
Voilà pourquoi les Forces canadiennes constituent toujours un élément vital de la mission en Afghanistan. Les Canadiens aident les Afghans et leur gouvernement élu à faire des progrès dans leur lutte contre un adversaire fourbe.
Nos amis et nos alliés nous accompagnent dans nos efforts. Ils comptent désormais sur les Forces canadiennes. Grâce à leur expertise, leurs compétences, leur formation et leur équipement de pointe, les Forces canadiennes sont parmi les mieux outillées au monde.
En tant que président du Comité permanent de la défense nationale, j'ai eu l'occasion de me rendre en Afghanistan à la fin de janvier. Nos amis, nos alliés et les Afghans eux-mêmes nous ont alors dit à plusieurs reprises combien la contribution des Forces canadiennes était utile dans ce pays. L'optimisme qui règne là-bas actuellement est en grande partie attribuable aux Forces canadiennes.
Nos militaires font bénéficier leurs homologues afghans de leur formation et de leur savoir, de manière à aider l'Afghanistan à se doter de ses propres moyens. Les Afghans souhaitent ardemment prendre en main leur propre sécurité. Ils ont l'intention de se bâtir un avenir qui repose sur la sécurité et la stabilité.
Les Forces canadiennes, leurs partenaires étrangers et les forces de sécurité afghanes collaborent pour rétablir la sécurité dans le Sud de l'Afghanistan. Quel que soit le déni que certains s'efforcent d'opposer à cette réalité, le progrès et le développement ne pourront se poursuivre que si la sécurité est maintenue.
On ne peut pas ignorer l'espoir des Afghans et l'avenir prometteur qu'ils envisagent. Lorsque j'étais en Afghanistan, j'ai entendu les Afghans m'en parler et j'ai pu voir la sincérité dans leur regard.
Cette mission est bel et bien guidée par des mains afghanes. Les Afghans développent leur pays selon leur culture et leurs besoins. C'est pourquoi des Canadiens et des aînés afghans se réunissent régulièrement dans le cadre des chouras.
Lors de notre passage en Afghanistan, nous avons pu entendre un exposé de l'adjudant Henley, qui prend part à des réunions de choura. Il nous a très bien renseignés sur le travail formidable qu'il accomplit.
Ces priorités découlent du Pacte pour l'Afghanistan, un accord d'une durée de cinq ans entre l'Afghanistan et ses 60 partenaires étrangers, qui a été signé en janvier 2006. Des objectifs bien précis sont prévus dans cet accord sur le plan de la sécurité, de la gouvernance et du développement. L'atteinte de ces objectifs est encadrée par un échéancier. En signant le pacte, la communauté internationale, dont le Canada, s'est engagée à fournir au gouvernement d'Afghanistan les ressources et l'aide dont il a besoin.
Comme le l'a déclaré hier devant le Comité des affaires étrangères, on fait des progrès sur plusieurs fronts par rapport aux objectifs énoncés dans le Pacte pour l'Afghanistan. Il a parlé des progrès suivants.
L'armée nationale afghane, que le Canada contribue à former et à rendre plus professionnelle, avance à grands pas dans la voie du renforcement de ses effectifs et devrait bientôt disposer de 70 000 soldats, comme le prévoit le pacte. Dans la province de Kandahar, les villages sont désormais desservis par une nouvelle infrastructure routière de quelque 150 kilomètres, comprenant quatre ponts, et par une ligne d'énergie électrique de 50 kilomètres doublée de dix transformateurs et de 42 génératrices, autant de progrès rendus possibles grâce à l'aide du Canada. En outre, la province de Kandahar peut maintenant compter sur plus de 1 000 nouveaux puits, 8 000 pompes manuelles, quatre grands réservoirs d'eau ainsi que sur un réseau d'approvisionnement en eau de plusieurs kilomètres, grâce aussi à l'appui du Canada.
La poursuite de ces progrès dépend de notre capacité à maintenir l'appui que nous avons promis et, bien sûr, de l'établissement de la sécurité et de la stabilité dans le Sud de l'Afghanistan. Le développement et la reconstruction sont impossibles s'il n'y a pas de sécurité. C'est pour cela que l'approche du Canada à l'égard de la mission en Afghanistan fait intervenir des diplomates, des militaires et des policiers ainsi que des agents de développement et des agents de correction. Ces intervenants ont tous un rôle essentiel à jouer pendant la période de transition dans ce pays.
Les Forces canadiennes, l'Agence canadienne de développement international, le ministère des Affaires étrangères, le Service correctionnel du Canada, entre autres, forment ce que le a raison d'appeler une véritable Équipe Canada. Ces institutions abordent les défis qu'elles ont à relever dans le cadre d'une approche intégrée en mettant à contribution leurs talents respectifs.
Les fonctionnaires de notre ambassade fournissent au gouvernement afghan et aux représentants étrangers des avis dans des dossiers ordinaires. De plus, le Canada épaule le gouvernement afghan grâce à l'apport d'un groupe de 50 conseillers stratégiques. Ces conseillers, qui sont des fonctionnaires militaires et civils du MDN et de l'ACDI, fournissent un soutien à la planification aux ministres du gouvernement afghan de manière à les aider à atteindre les buts de la stratégie de développement national de l'Afghanistan.
S'étant engagé à apporter une contribution de quelque 1 milliard de dollars pour des projets de reconstruction et de développement en Afghanistan, le Canada est l'un des plus grands donateurs au chapitre de l'aide au développement. En février notre gouvernement a annoncé une contribution additionnelle de 200 millions de dollars sur deux ans.
Les Canadiens ont hâte de voir des progrès et il est naturel qu'ils réclament des preuves concrètes sous la forme de nouveaux hôpitaux, de nouvelles cliniques, de classes remplies d'élèves et de puits regorgeant d'eau propre, mais ils doivent être patients. Les véritables progrès, les preuves du développement, sont difficiles à quantifier dans un pays décimé par des décennies de conflit.
Les députés à la Chambre ont entendu parler des milliers de kilomètres de route qui existent maintenant en Afghanistan. Ils sont au courant des efforts faits par les Forces canadiennes depuis l'automne dernier afin d'achever la construction de la route Summit, qui est une route à deux voies qui reliera le district de Panjwayi à l'autoroute Un.
La route Summit n'est que d'une longueur d'environ quatre kilomètres, mais elle fera une énorme différence dans la vie des Afghans. Ce bout de route permettra aux gens de se rendre au marché pour y vendre et y acheter des denrées. Cette route améliorera aussi la sécurité en permettant à la force de sécurité nationale afghane d'avoir accès plus rapidement aux secteurs problème. Cette route favorisera la réunification d'une nation, en permettant aux gens de rendre visite à leurs amis et aux membres de leur famille dans tout le pays. Ce qui est encore plus important, c'est que la route Summit est l'illustration de la capacité du gouvernement afghan de répondre aux besoins de sa population.
Les Canadiens peuvent être très fiers de tout ce qui a été accompli grâce à la route Summit. Des équipes de construction locales ont travaillé avec des membres du génie de combat canadien pour construire la route, pendant que nos soldats assuraient leur protection. Ce n'est qu'un exemple parmi bien d'autres qui montrent la contribution importante des Forces canadiennes en Afghanistan. Un soldat nous a dit que ce bout de route avait été obtenu avec du sang canadien et qu'il est maintenant en train d'être payé avec des dollars canadiens.
C'est grâce à nos efforts en matière de sécurité que la vie renaît dans des endroits qui, jusqu'à maintenant, semblaient désertés. L'activité reprend dans les villages, et les collectivités s'animent et veulent devenir prospères. Être prospère signifie que les enfants vivent au delà de l'âge de cinq ans, qu'ils vont à l'école et qu'ils vont aider à bâtir un avenir meilleur en Afghanistan.
Il faut faire preuve de patience lorsqu'on évalue les progrès accomplis en Afghanistan. Je m'adresse à ceux qui nous critiquent, à ceux qui pensent que le Canada devrait abandonner l'Afghanistan, et je leur demande de regarder les progrès accomplis. Je suis d'accord que ces progrès ne correspondent pas à nos attentes ici au Canada, mais il s'agit de l'Afghanistan. Après des années de guerre et de pauvreté, les Afghans sont en train de défier tous ceux qui s'opposent à eux et ils sont en train d'opter pour une nouvelle orientation, pour la liberté et pour la démocratie.
Le Canada a joué un rôle important dans le changement des attentes des Afghans pour l'avenir. Nous avons travaillé pour faire naître l'espoir là où il n'y avait que du désespoir. Le Canada a assumé le rôle qui est le sien dans le monde. Nous apportons une contribution. Par conséquent, je ne peux appuyer la motion dont la Chambre est saisie aujourd'hui.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je voudrais commencer ce discours sur une note personnelle. Mon père était un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale. Mes deux grands-pères ont combattu dans cette guerre. L’un d’eux a été décoré pour bravoure sur le champ de bataille. Il avait en fait été gazé pendant la Première Guerre mondiale. Il n’aurait pas du tout été embarrassé. J’entends siffler de l’autre coté. En fait, j’ai moi-même connu le danger, non parmi les militaires, mais dans une zone de conflit.
Je dis cela parce que je trouve très décevant d’entendre, au cours de ce débat, des députés mettre en doute la loyauté de ceux d’entre nous qui posent des questions parce que c’est leur devoir de le faire.
Si l’on considère l’importance de ce que nous faisons ici, je crois que c’est l’essence même de la démocratie et de la liberté que d’autres députés vantent si souvent. Paradoxalement, ils disent que nous ne devrions pas débattre cette question, que nous aidons l’ennemi par quelque mystérieux moyen simplement en en discutant. Rien n’est plus loin de la vérité.
Lorsque nous considérons cette motion et cette mission, il est nécessaire d’établir ce qu’elle vise et ce qu’elle ne vise pas.
La motion vise à ce que nous fassions preuve de responsabilité dans notre action sur la scène internationale. Quand on se rend compte qu’une mission n’atteint pas son but, sur le plan de la lutte contre les insurgés et sur le plan des méthodes mises en œuvre, c’est être responsable que de s’arrêter, de réfléchir et de dire à nos partenaires de l’OTAN qu’il est temps pour nous de nous retirer d’une manière responsable. Voilà ce que vise la motion. Nous ne croyons pas qu’il soit possible d’aboutir à une vraie sécurité en poursuivant dans la voie que nous avons empruntée depuis deux ans à Kandahar et dans le sud de l’Afghanistan.
Les preuves ne cessent de s’accumuler. Ce n’est pas seulement le manque de clarté au sujet des conditions dans lesquelles les prisonniers sont remis aux autorités afghanes. Nous avons été témoins, à la Chambre, de la confusion du gouvernement quant aux moyens d’affronter cette situation. Mais nous avons également des preuves sur le terrain. Le constat est clair. En Afghanistan, les disparités continuent d’augmenter. Aux endroits les plus sûrs, comme Kaboul, les gens avaient ordinairement l’électricité. Aujourd’hui, l’électricité commence à manquer. En même temps, on voit augmenter le nombre des gens qui profitent de l’argent qui coule à flots dans la région.
Nous avons besoin de nous assurer que tout ce que nous faisons, que toutes les mesures prises par notre gouvernement vont profiter au peuple afghan. Jusqu’ici, nous avons concentré nos efforts et nos fonds sur une mission de combat plutôt que sur une mission destinée à rétablir une paix durable.
Il suffit de considérer la situation dans la région de Kandahar pour constater avec tristesse non seulement que des hommes et des femmes membres de nos forces meurent, mais aussi que le conflit s’intensifie dans le secteur. Il y a de toute évidence un déploiement croissant de terroristes, mais quels en sont les motifs? Dans quelle mesure avons-nous réussi à les vaincre? Il semble clair que nos tactiques anti-insurrectionnelles ne marchent pas.
Nous savons que d’autres pays membres de l’OTAN ont eu recours à d’autres tactiques. Considérons les Néerlandais, par exemple, qui ont tenu un débat complet avant de déployer leurs troupes. Ils avaient un mandat clair sur le plan des règles, des responsabilités et de la remise des prisonniers. Leurs règles d’engagement sont complètement différentes des nôtres. La raison en est évidente. Elle est liée à la façon dont nous sommes allés en Afghanistan.
Je voudrais maintenant parler du gouvernement précédent. J'ai entendu plus tôt des députés libéraux dire qu'ils n'ont eu que six heures de préavis avant le débat et le vote du printemps dernier sur la prolongation de la mission. Ceci dit, il est très important de ne pas oublier quelle est l'origine de cette situation.
Le Parti libéral, lorsqu'il était au pouvoir, n'a donné à nos militaires qu'un préavis de 45 minutes lorsqu'il a décidé de les charger de cette mission. C'est parfaitement irresponsable, puisque cela allait à l'encontre des recommandations de nos forces armées.
Il est également important de savoir que, avant les événements horribles du 11 septembre 2001, nos militaires avaient fait des études sur le pire scénario de déploiement de nos troupes. Devinez quoi? La région qu'ils avaient ciblée est exactement celle où nous nous trouvons actuellement.
Les militaires étaient au courant. Ils avaient fait cette analyse et en avaient fait part au gouvernement libéral. C'est un fait bien connu que le gouvernement libéral de l'époque n'a signifié l'engagement du Canada aux États-Unis qu'à titre de concession, parce que nous ne voulions pas déployer des troupes en Irak. Ce n'est pas remis en question. C'est bien connu.
C'est quelque chose que nous devrions garder en mémoire, car nous devons comprendre la situation actuelle et comment nous en sommes arrivés là.
De plus, après avoir pris l'engagement, malgré les conseils de nos militaires, de déployer plus de 2 000 soldats, nous nous sommes retrouvés très en retard. Les autres pays de l'OTAN avaient déjà lancé des missions en Afghanistan. À cause de notre planification nonchalante et de notre mauvaise compréhension de ce dans quoi nous nous embarquions, nous avons abouti à Kandahar.
Ce n'était pas ce que nous avions prévu. Nous avions tout simplement mal compris. Voilà pourquoi nous sommes à Kandahar. Le Parti libéral le sait et les Canadiens le savent.
Nous avons pu constater cette semaine que le Parti libéral tente de se remettre sur pied, de sauver les meubles et de récrire l'histoire, comme notre collègue l'a dit, mais il ne convainc personne. Nous devons savoir ce que nous faisons. Le NPD affirme clairement ce qu'il faut faire, c'est-à-dire aviser nos partenaires de l'OTAN que nous allons nous retirer du Sud de l'Afghanistan et que nous allons redéployer nos ressources d'une façon différente afin d'obtenir de meilleurs résultats.
Ce que nous faisons actuellement ne fonctionne tout simplement pas. Les Canadiens le comprennent et le gouvernement doit le comprendre. Cela n'a rien à voir avec l'appui que nous donnons à nos troupes.
En fait, je soutiens que la réputation des Canadiens qui sont actuellement en Afghanistan est la seule chose qui nous sert. Ce sont ces hommes et ces femmes qui nous rendent crédibles. Malheureusement, ce n'est pas notre gouvernement. Ce n'était pas non plus le Parti libéral auparavant et ce n'était toujours pas ce même parti quand, l'an dernier, 22 de ses députés ont appuyé le gouvernement pour prolonger la mission.
À ceux qui diraient cette semaine que le Nouveau Parti démocratique aurait dû appuyer la motion des libéraux, je réponds que ce n'est pas suffisant parce que, il y a un an, les libéraux ont eu l'occasion de nous faire part de leur position. Cependant, les libéraux n'ont pas de position. Ils n'en avaient pas l'an dernier et ils n'en ont toujours pas cette année; il faut que les Canadiens le sachent.
En dernier lieu, je me penche sur ce qui peut être fait.
Nous pouvons exercer des pressions, comme bon nombre de personnes l'ont déjà fait, pour obtenir ce qu'on appelle généralement un plan de paix global. Il faut discuter de la question maintenant. Tous ceux qui ont participé à une guerre savent que, un jour ou l'autre, elle se termine. Il faut concentrer notre attention là-dessus.
Je conclus en disant ceci. C'est notre parti de l'opposition qui a demandé au gouvernement libéral de l'époque de dire en quoi consisterait la réussite, quelle serait la stratégie de retrait et quels étaient les objectifs visés. Toutes ces questions sont restées sans réponse. Or, il nous fallait des réponses il y a un an. Le gouvernement n'a toujours pas répondu à ces questions. Voilà pourquoi cette motion est responsable.
Elle offrira aux Canadiens une façon de soutenir les Afghans et elle assurera au peuple de l'Afghanistan une paix plus stable et davantage de prospérité.
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Monsieur le Président, j’interviens aujourd’hui pour appuyer la motion du Nouveau Parti démocratique.
En écoutant les observations formulées par les députés des autres partis, particulièrement ceux du Parti libéral, il me semble que nombre d’entre eux ne réalisent pas que nous avons suivi la mauvaise voie en participant à cette mission dans le Sud de l’Afghanistan.
Il est clair également que les libéraux ont fait volte-face sur une question à laquelle les Canadiens attachent énormément d’importance. S’ils avaient été si inquiets pour nos jeunes hommes et nos jeunes femmes en uniforme, l’an dernier, lorsque nous avons vécu un moment très important à la Chambre des communes, celui du vote sur le prolongement de cette mission, leur caucus en entier se serait présenté pour donner l’appui nécessaire à la motion. Ce n’est pas ce qui est arrivé, et nous revoilà à reprendre la même discussion.
Les sondages indiquent que la majorité des Canadiens des quatre coins du pays ne sont pas satisfaits de l’orientation que nous prenons en Afghanistan. La situation ne s’améliore pas aux yeux des Canadiens: ils sont de plus en plus nombreux à dire que la mission est un échec.
Je me suis présenté pour voter l’an dernier. Moi qui étais nouveau député néo-démocrate, dans ma conception du Parlement et de l’importance de notre rôle, je me suis dit qu’il s’imposait que j’exerce mon droit de vote. J’ai voté contre le prolongement de la mission dans le Sud de l’Afghanistan, contre la mission contre-insurrectionnelle à laquelle nous participions, et je suis plus sûr aujourd’hui d’avoir pris la bonne décision.
J’ai pris le temps de lire des articles à ce sujet. J’ai participé à des forums. J’ai discuté avec des gens. J’ai écouté les interventions. J’ai écouté les Canadiens. J’ai fait le bon choix le printemps dernier, le bon choix pour l’Afghanistan, le bon choix pour le Canada et le bon choix pour le monde entier. La lutte contre les insurgés dans le Sud de l’Afghanistan est mauvaise pour l’Afghanistan, pour le Canada et pour le monde entier.
Lorsque nous sommes intervenus en Afghanistan au début, c’était parce que l’Occident tenait à réagir aux événements bouleversants du 11 septembre 2001. Nous pourchassions Oussama ben Laden et les membres d'Al-Qaïda. Nous avons tourné le dos aux talibans qui étaient à négocier à Washington, quelques jours à peine avant l’invasion. Nous sommes intervenus en Afghanistan non pas pour prendre parti dans une guerre, mais pour résoudre un problème dans le pays.
Aujourd’hui, de jeunes Canadiens et Canadiennes sont tués ou mutilés parce que nous avons pris parti dans cette guerre, dans un conflit qui, de l’avis de nos militaires et des experts militaires du monde entier, ne peut être gagnée. Comme dans tous les cas où l’on ne s’attaque pas comme il faut à une insurrection, pour chaque civil que nous tuons, chaque maison que nous détruisons, nous renforçons les talibans. Chaque fois que nous menons une action agressive dans le Sud, nous nous faisons plus d’ennemis que d’amis.
En misant sur des opérations de combat, nous compliquons le travail de ceux, que nous appuyons d’ailleurs tous à la Chambre des communes, qui désirent améliorer le sort du peuple afghan. Pour avoir décidé de mener une opération de guerre, nous avons transformé tous les occidentaux en cibles potentielles.
Notre lutte contre le terrorisme nous transforme ne ennemi aux yeux de ceux, très nombreux, à qui nous pourrions tendre la main. Ceux qui nous perçoivent ainsi ne sont pas tous des talibans. Ce sont des paysans pachtounes. L’été dernier, on nous a dit qu’un grand nombre de combattants auxquels nous avions affaire dans cette province n’étaient pas des talibans, qu’il s’agissait de paysans pachtounes qui s’étaient soulevés à cause du caractère injuste des interventions militaires dans leur province.
Plutôt que d’essayer en vain d’écraser les talibans sur le champ de bataille, nous devrions leur montrer que nous sommes en mesure d’améliorer leur sort et celui de leurs familles. Plutôt que de leur proposer comme choix de mourir ou de survivre mais dans un État criminel, offrons leur de vivre grâce à des efforts de maintien de la paix comme la reconstruction et l’ouverture de débouchés économiques pour l’Afghanistan.
Entendons nous bien! Après une trentaine d’années de guerre, la poursuite du combat est la pire des choses qui puisse arriver à l’Afghanistan. Ne serait ce que pour cette raison, une mission qui s’articule essentiellement autour de la lutte armée ne peut pas être une bonne chose pour ce pays.
Qu’en est il du Canada. Hé bien, depuis la guerre de Corée, nous avons toujours cherché à être des diplomates et des artisans de la paix. Or, cette mission a complètement bouleversé notre tradition à cet égard.
Comment allons nous retrouver notre crédibilité internationale de peuple de diplomates et de casques bleus si nous nous lançons dans ce genre d’aventure militaire? Comment puis-je espérer que mes petits-enfants arboreront fièrement le drapeau canadien dans leurs voyages à travers le monde et soient protégés par ce symbole, si nous nous comportons de la sorte envers d’autres pays, que nous bombardons des villages et que nous lançons sans discrimination des attaques contre l’ennemi?
Cette mission est mauvaise pour le Canada. Tous les Canadiens qui sont tués ou blessés en Afghanistan illustrent autant d’occasions loupées d’améliorer la situation de notre pays. Nous pouvons compter sur des hommes et des femmes courageux en Afghanistan qui nous donnent d’ailleurs tous une bonne idée de ce que sont véritablement nos forces armées. Toutefois, pour le Nouveau Parti démocratique, le problème réside dans la mission qu’on leur a confiée. Les membres du NPD veulent bâtir un Canada meilleur, et nous n’y parviendrons sûrement pas en envoyant des jeunes gens à la mort dans une guerre que nous ne pouvons gagner.
Cette mission est mauvaise pour le monde entier. Il y a 2 000 ans, un célèbre prophète a dit: « Heureux les artisans de la paix, car ils seront appelés fils de Dieu ».
La guerre est le pire gaspillage de ressources créées par l’Homme. Nous avons besoin de dirigeants qui rejettent la guerre et la violence comme moyens de résoudre tous les problèmes. Le Canada devrait être un chef de file sur ce plan, mais nous n’y parviendrons pas si nous estimons que la seule façon d’arriver à des résultats en Afghanistan consiste à lutter contre l’insurrection, à pourchasser agressivement l’ennemi dans ses villages et sur ses exploitations agricoles. Nous devrions montrer au reste du monde ce qu’il est possible de faire grâce à la non-violence. Nous devons chercher à bâtir la confiance en l’Afghanistan. Or, à cause de cette mission, les Canadiens sont en train de détruire cette confiance.
Comme cette mission est mauvaise pour l’Afghanistan, pour le Canada et pour le reste du monde, nous devons l’interrompre pour concentrer nos efforts sur l’aide au peuple afghan, au véritable sens du terme, et cela par le recours à la diplomatie, à la reconstruction et au redéveloppement.