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Monsieur le Président, je remercie le député du travail qu'il a accompli au sein du comité.
Pour ce qui est de la motion no 1, j'attire l'attention de la Chambre des communes sur ce que fait au juste cet amendement. Il porte sur les dispositions relatives au vote des secrétaires parlementaires et des ministres sur des questions dans lesquelles ils détiennent un intérêt commercial ou financier direct. Le député a demandé pourquoi nous estimons nécessaire de maintenir les dispositions à cet égard dans le projet de loi. Il existe plusieurs raisons, mais la plus évidente est que, si un membre du Cabinet ou un secrétaire parlementaire détient un intérêt financier dans un secteur particulier ou dans une certaine entreprise, il ne devrait pas pouvoir se servir de sa charge à la Chambre des communes pour favoriser cet intérêt.
Le légiste de la Chambre a plaidé de manière très intéressante et convaincante en faveur du contraire. À son avis, l'amendement empiète sur l'autonomie des députés et leurs privilèges parlementaires. Nous, par contre, sommes d'un avis opposé.
Le paragraphe 6(2), tel que proposé à l'origine par le gouvernement, aurait interdit expressément à tout ministre ou secrétaire parlementaire de participer à un débat ou à un vote sur une question « à l'égard de laquelle il pourrait se trouver dans une situation de conflit d'intérêts ». La disposition est un élément crucial du régime relatif aux conflits d'intérêts que nous tentons de codifier dans la Loi sur la responsabilité. Elle s'appuie, en partie, sur une disposition analogue du Code régissant les conflits d'intérêts des députés qui fait partie du Règlement de la Chambre des communes.
On trouve déjà ces dispositions dans le Règlement de la Chambre des communes de sorte qu'à notre avis, elles devraient être codifiées directement dans une loi. C'est ce que cherchait à accomplir la Loi sur la responsabilité au départ. Elle devait regrouper les règles de la Chambre des communes sous une même loi, codifiée, pour qu'on puisse mieux les appliquer.
En l'absence d'une pareille disposition, le ministre ou le secrétaire parlementaire pourrait voter même si cela le mettait dans une situation de conflit d'intérêts et si le commissaire à l'éthique lui avait ordonné de s'abstenir de voter. En d'autres mots, il pourrait se présenter à la Chambre des communes en faisant fi des instructions explicites reçues du commissaire à l'éthique et voter sur une question dans laquelle il détient un intérêt financier direct.
De plus, en l'absence d'une pareille interdiction, le ministre ou le secrétaire parlementaire qui a voté au sujet d'une question qui le mettrait dans une situation de conflit d'intérêts ne pourrait faire l'objet d'une plainte, puisqu'il n'aurait pas enfreint la loi. En d'autres mots, il pourrait voter à la Chambre des communes au sujet d'une question qui est directement liée à ses intérêts financiers personnels sans qu'un autre député puisse déposer une plainte à son sujet auprès du commissaire à l'éthique parce que rien, dans la loi, ne l'interdirait.
C'est pourquoi nous avons présenté l'amendement, c'est-à-dire la motion no 1. Nous continuons de le défendre. C'est ce qu'il convient de faire. Nous encourageons tous les députés à l'appuyer.
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Monsieur le Président, si l'on examine les amendements, soit les motions n
os 6 et 7, il est curieux que, dans la motion n
o 6 que cherche à retirer le gouvernement, nous éliminons l'exigence selon laquelle le commissaire est tenu de déposer des rapports dans les deux Chambres du Parlement au sujet de pareilles questions. Je suis certes très curieux de connaître la raison pour laquelle on estime devoir le faire. Je parle de la motion n
o 6.
Dans la motion no 7, on confère au commissaire des pouvoirs étendus qui s'ajoutent à celui qu'il a déjà d'exclure des personnes qui, autrement, n'auraient pas pu s'enregistrer comme lobbyistes. Je ne puis que vous rappeler les paroles prononcées par le premier ministre quand il a déclaré publiquement qu'un membre bénévole de son équipe de transition tomberait sous le coup du projet de loi sur la responsabilité imputabilité et qu'il ne conviendrait pas que cette personne s'enregistre comme lobbyiste pour cinq ans. On en a beaucoup parlé, à savoir si cette personne était le bouc émissaire ou je ne sais trop quoi encore, et on a mentionné cette disposition pour illustrer la grande rigueur de la loi.
Toutefois, la motion no 7 semble prévoir une exception pour ce genre de situation. Bien que je ne milite pas forcément contre la disposition, j'estime curieux qu'après avoir monté cette affaire en épingle pour illustrer la rigueur de la loi, une exemption serait ensuite permise sur ordre du commissaire. Je trouve cela très étrange.
De plus, tant qu'à avoir la parole dans ce débat, j'ajouterais que l'amendement libéral proposé devrait faire en sorte que les restrictions interdisant le lobbying pour une période de cinq ans ne visent pas simplement le personnel du ministre, les titulaires de charges publiques et leurs principaux employés, mais également les parlementaires de haut rang qui ont une charge officielle dans l'opposition et leurs employés politiques ou stratégiques pour une période de cinq ans, dans le but avoué d'interdire, s'il y avait un changement de gouvernement, que le leader de l'opposition à la Chambre, le chef du parti, le chef adjoint, le whip et leurs employés supérieurs puissent aussi s'enregistrer comme lobbyistes, que ce soit pour trois ou cinq ans, puisque nous débattons encore de la durée.
Il serait logique que, si le gouvernement, qui était auparavant l'opposition, tenait vraiment à exclure l'argent de la politique, en ce sens qu'il permet d'exercer une influence, il interdise de se lancer dans le lobbying et de profiter des contacts qu'on a au gouvernement. Si le gouvernement y tenait vraiment, il aurait selon moi accepté l'amendement proposé par l'opposition pour faire en sorte qu'il y ait un certain équilibre.
Après tout, il faut faire en sorte que les échanges entre les postes d'influence politique et l'industrie du lobbying dont ont si souvent parlé le premier ministre et le président du Conseil du Trésor ne se fassent pas dans un seul sens. Il faut qu'il y ait un certain équilibre. Si l'on veut atteindre l'objectif déclaré du gouvernement, cet équilibre est absolument essentiel.
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Monsieur le Président, nous discutons du projet de loi C-2, plus précisément du groupe d'amendements n
o 1, qui regroupe les amendements 1, 2 à 4, 6, 7 et 9 si ma mémoire est bonne. Je prendrai la parole à ce sujet.
D'entrée de jeu, je parlerai de l'étude du projet de loi C-2 et des problèmes que nous avons eus. Si je m'éloigne du sujet, je suis certain que vous me ramènerez dans le droit chemin.
Si beaucoup d'amendements sont présentés aujourd'hui à cette étape, c'est surtout à cause de la précipitation avec laquelle s'est faite l'étude du projet de loi C-2. Nous avons disposé de très peu de temps. J'ai commandé une étude à la Bibliothèque à propos de projets de loi comparables, soit des projets de loi de 300 articles et plus. J'y ai appris que la durée moyenne des études de ces projets de loi depuis 1988 était approximativement de 200 jours. De notre côté, nous avons eu plus ou moins 40 jours pour étudier le projet de loi C-2, ce qui démontre la précipitation avec laquelle cette étude a été faite. Il est évident que plusieurs points de ce projet de loi devront être améliorés; plusieurs témoins l'ont souligné lorsqu'ils sont venus nous rencontrer.
Aujourd'hui, à la lecture des amendements proposés, force est de constater que ce projet de loi est perfectible et qu'il devra être amélioré. Il est aussi très important de rappeler — ce que notre leader a fait de façon très éloquente lors d'un point de presse hier — les propos de la vérificatrice générale par rapport au scandale des commandites. Ils ont un lien direct avec ce projet de loi.
À propos du scandale des commandites, Mme Fraser disait, devant le juge Gomery et en conférence de presse, que toutes les règles avaient été contournées. Ces règles existaient mais elles ont été contournées. Le fait que, par le biais du président du Conseil du Trésor, le gouvernement nous présente un projet de loi sur la responsabilité est une bonne chose en soi. Réaffirmer certaines règles existantes est une bonne chose en soi, mais le plus important, c'est de voir s'il y aura une volonté gouvernementale de respecter ces codes de conduites et ces codes de reddition de comptes qui sont devant nous aujourd'hui. Nous le verrons par l'expérience et par l'exemple.
Il est très important de rappeler que les règles existaient et qu'elles ont été contournées. C'est uniquement et seulement la volonté gouvernementale qui nous rappellera si ces règles ne seront pas contournées dans le cadre du projet de loi C-2.
On pourra voir assez rapidement la volonté du gouvernement dans l'application du projet de loi C-2.
La première motion, présentée par le président du Conseil du Trésor, se lit comme suit:
— Que le projet de loi C-2, à l'article 2, soit modifié par substitution, à la ligne 12, page 6, de ce qui suit:
« (2) Il est interdit à tout ministre, ministre d’État ou secrétaire parlementaire de participer, en tant que membre du Sénat ou de la Chambre des communes, à un débat ou à un vote sur une question à l’égard de laquelle il pourrait se trouver dans une situation de conflit d’intérêts. »
À l'origine, c'était dans le projet de loi. Les membres du comité ont défait cet article pour l'effacer du projet de loi et les conservateurs veulent réintroduire cette partie de la loi. C'est intéressant, mais je pose la question suivante: l'esprit de la loi s'adresse-t-il uniquement aux ministres, aux ministres d'État ou aux secrétaires parlementaires, ou si cette partie de la loi s'applique aussi aux députés gouvernementaux, aux députés conservateurs?
Je vois que le président du Conseil du Trésor est présent; ce qui suit peut être intéressant pour lui ainsi que pour le whip. Il est utile de rappeler que la semaine dernière, le député de Simcoe-Nord a déposé un projet de loi du Parti conservateur, demandant au gouvernement fédéral de débloquer des fonds pour réaliser une étude de faisabilité sur un tronçon fluvial pour encourager le tourisme. Bizarrement, en naviguant dans son site Internet, on a remarqué que ce député conservateur était propriétaire du principal hôtel sur ce tronçon touristique.
De plus, on a remarqué que sa famille était propriétaire de cette installation depuis cinq générations, soit depuis 1884.
Est-ce donc une norme qui s'appliquera de façon élastique ou de façon très rigoureuse? Que va-t-on permettre? Si l'on se demande à quel député je fais référence: c'est le député de Simcoe-Nord, à titre d'information. Il a déposé un projet de loi en vertu duquel, à tout le moins, il semble être en conflit d'intérêts.
Si le Parti conservateur nous confirme que cela respecte l'esprit du projet de loi C-2, que le conseiller à l'éthique est favorable à cela et que tout est en règle, nous, du Bloc québécois, analyserons de nouveau notre position et peut-être appuierons-nous le député. Toutefois, lorsqu'on veut être plus blanc que blanc, plus pur que pur et qu'à la première occasion, un de nos députés dépose un projet de loi qui va à l'encontre du principe et de l'esprit du projet de loi C-2, on peut peut-être se poser la question de savoir comment on appliquera la loi dans le futur.
En parlant du futur, un autre amendement dans le premier bloc d'amendements nous pose problème. Sûrement que le président du Conseil du Trésor saura éliminer nos inquiétudes qui sont d'après moi légitimes en ce moment. Il s'agit de la motion no 4. Cela porte sur le paragraphe 67(1), à la page 33 du projet de loi — car il faut comparer les comparables —, l'article est actuellement libellé ainsi:
Dans les cinq ans qui suivent la sanction de la présente loi, un examen approfondi des dispositions et de l’application de la présente loi doit être fait par le comité [...]
L'amendement qu'on veut nous proposer au paragraphe 67(1) apporterait la modification suivante:
Dans les cinq ans qui suivent la date d'entrée en vigueur du présent article [...]
Pourquoi changer quelque chose qui n'a pas l'air d'être tellement important? Au lieu de dire qu'on veut étudier la loi cinq ans après la sanction de la présente loi, on nous parle de cinq ans après la sanction du paragraphe 67(1) de la loi. Heureusement que nous avons des experts qui sont et rigoureux et performants et attentionnés, pour nous faire remarquer des petits détails qui peuvent sembler anodins en apparence, mais très importants dans la pratique.
Nous avons toujours dit que nous appuyions le principe et la philosophie du projet de loi C-2. Nous voulions être favorables à une plus grande reddition de comptes et à tous ces aspects de la loi. Toutefois, aucune loi n'est parfaite. Je mets au défi les députés de cette Chambre de nous montrer des lois parfaites. Il était donc très important de pouvoir réévaluer après cinq ans non pas tout le projet de loi C-2, mais la partie portant sur les actes répréhensibles. C'est pour cette raison que nous voulions, après cinq ans, comme dans le cadre de la Loi sur la protection de l'environnement et de plusieurs autres lois, que le comité puisse réévaluer ce qui avait bien fonctionné pour le mettre en place et continuer sa mise en application. Cependant, si des aspects avaient moins bien fonctionné, il fallait pouvoir les réévaluer.
Si nous adoptions l'amendement no 4, le gouvernement pourrait dire que le projet de loi C-2 serait mis en application demain matin, sauf le paragraphe 67(1). Il pourrait décider de mettre ce paragraphe en vigueur dans quatre ou cinq ans. Cela signifierait que la loi ne serait révisée que selon la volonté du gouvernement.
En comité — les conservateurs ont voté en faveur de cet amendement pour réviser la loi après cinq ans —, on nous a dit qu'effectivement, il pourrait y avoir des lacunes et que des choses pourraient devoir être corrigées. Qu'est-ce que sous-entend cette modification? Après explication, peut-être que nous serons convaincus. Pourquoi prendre un libellé correct, que l'on retrouve dans d'autres lois, qui dit qu'après cinq ans on va réviser la loi, et pourquoi le modifier pour dire qu'on va réévaluer cette loi cinq ans après l'entrée en vigueur du paragraphe 67(1)? Que voulait-on dire?
Généralement, on ne dépose pas des amendements juste pour le plaisir. On a d'autres choses à faire.
On s'assure que les amendements soient déposés pour corriger ou pour améliorer le projet de loi. Peut-être, à certaines occasions, le fait-on pour détourner l'attention de certains gains qu'on est convaincu d'avoir faits en comité. Par un petit mot, par un petit tour de passe-passe, on réussit à effacer ce gain.
Nous ne pourrons pas appuyer des amendements qui restreindraient la possibilité de réviser la loi. Nous poserons des questions jusqu'à ce que nous obtenions les réponses, à savoir: quelle était l'intention sous-entendue de ces modifications?
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Monsieur le Président, c'est comme le tome 2 d'un film, mais version édulcorée et moins intéressante.
Nous avons été — comment dirais-je...
Une voix: Bousculés.
M. Benoît Sauvageau: Nous avons été bousculés — merci —pendant toute l'étude du projet de loi C-2. J'avais uniquement le mot fast track à la bouche, mais je ne voulais pas le sortir. Nous avons donc été bousculés, autant les témoins que le personnel qui travaillait de près ou de loin au Comité législatif chargé du projet de loi C-2. Nous, les députés, avons été bousculés de l'étape 1 à la version finale, incluant l'étude article par article du projet de loi C-2. De plus, nous avons essayé de démontrer, dans la mesure du possible, notre bonne foi pour faire avancer de façon constructive le projet de loi, mais ce n'était pas toujours bien perçu par le parti gouvernemental.
Pour ce qui est des amendements, c'est toujours à peu près le même topo. Toutefois ce qu'il y a de particulier, c'est que c'est à l'image canadienne, c'est à l'image de la Chambre des communes. Or ce qu'on a fait un peu plus à huis clos en comité — même si c'était télédiffusé, les gens ne le voyaient pas de façon aussi évidente —, ce que le gouvernement conservateur a fait depuis le début au Comité législatif chargé du projet de loi C-2, c'est qu'il reconduit, donc reproduit, cette méthode aujourd'hui, à la Chambre des communes, en déposant une trentaine d'amendements à la dernière minute, à la sauvette.
Il me semble que c'est normal de poser des questions. On en posait en comité, on se faisait taxer de mauvaise foi. On pose des questions aujourd'hui, on se fait accuser de vouloir retarder la procédure ou l'on ne nous répond pas.
Une révision de cinq ans était prévue à la suite de l'adoption de la loi. On nous dit que non, ce n'est plus à l'adoption de la loi, mais à l'adoption d'un article de loi. Pourquoi? La question me semble légitime. Nous ne pouvons pas avoir de réponse à cette question, et nous deviendrons en conséquence des gens de mauvaise foi.
À l'intention du député qui vient de me poser la question, je dis que nous avons, au modèle Chambre des communes, un plan agrandi de ce qui s'est passé au Comité législatif chargé du projet de loi C-2, et je pense que la journée qui débute sera à cette image, malheureusement.
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Monsieur le Président, je vais dire quelques mots au sujet du premier groupe d'amendements de cette étape du projet de loi C-2. Je constate qu'il a été décidé de supprimer certains des amendements et d'en accepter d'autres, pour ensuite les regrouper d'une façon apparemment logique. Je n'ai rien à redire contre cette méthode d'approche qui est logique et naturelle.
Je suis cependant vexé par certains des propos de mon collègue du Bloc. Pour examiner le projet de loi C-2 comme il convient et à sa juste valeur, nous devons nous appuyer sur le même niveau d'information et, espérons-le, sur le même niveau de vérité et de faits. Je constate que mon collègue ne laisse jamais passer une occasion de commencer ses exposés par des réflections sarcastiques et même avec un certain niveau d'impertinence à l'égard des membres du comité. Il cherche à insinuer ou à essayer de démontrer qu'il a fait l'objet d'un préjudice qui l'aurait empêché de faire son travail correctement.
Je pense qu'il convient de préciser que les témoins qui voulaient être entendus ont eu tout le temps nécessaire pour le faire. En fait, à un certain point, le comité s'est retrouvé à cours de témoins. Il n'a pas pu utiliser toutes les heures réservées et, en général, les députés épuisaient toutes leurs questions avant la fin de la période de questions prévue pour les témoins.
C'est pourquoi, toute insinuation à l'effet que le temps limité pendant lequel nous avons examiné le projet de loi avait été amputé ne peut être qu'une tentative d'induire le public en erreur. Nous devrions entreprendre cette étude en toute honnêteté et d'une façon directe, en tenant compte de tous les faits.
Le projet de loi C-2 porte notamment sur la transparence et l'éthique. Il serait justement contraire à l'éthique d'insinuer que quiconque se serait vu refuser le droit d'étudier le projet de loi d'une façon adéquate et consciencieuse.
Les néo-démocrates ne trouvent rien à redire de la nature technique de certains amendements qui sont proposés dans le premier groupe et qui portent sur la loi régissant les conflits d'intérêts. Comme je l'ai dit, nous les examinons par thème. Le premier, dans le cadre du projet de loi C-2, vise à codifier le Code régissant les conflits d'intérêts des députés. On insérera de la sorte le code dans la loi afin de lui donner un caractère exécutoire, plutôt que d'être de simples lignes directrices, et on en élargit la portée de manière à y inclure les ministres d'État.
Le NPD n'y est pas opposé. Notre parti estime qu'il existe de nombreux exemples dans l'histoire récente, au cours de la dernière législature et peut-être même de la législature actuelle, où il aurait été logique d'élargir la portée du Code régissant les conflits d'intérêts de manière à ce qu'il s'applique à plus de personnes.
Il faudrait expliquer aux députés que le grand public s'intéresse vivement au projet de loi C-2 et à son adoption rapide. Il y a une certaine logique dans nos efforts visant à faire franchir au projet de loi toutes les étapes à la Chambre des communes durant la présente session. Certains sont opposés à des principes fondamentaux du projet de loi, surtout à la partie portant sur le financement des campagnes électorales à laquelle nous en viendrons plus tard.
Un des partis politiques prétend qu'il s'agit d'un complot pour le désavantager. La loi n'est pas rédigée dans l'intérêt sectaire d'un des quatre partis politiques représentés à la Chambre des communes. Tous les partis politiques ont fait témoigner leurs directeur exécutif et leur président. Aucun n'a prétendu qu'il devrait disposer de privilèges spéciaux ou qu'on devrait rédiger la loi en tenant compte de l'intérêt d'un parti en particulier. Nous avons rédigé le projet de loi dans l'intérêt de tous et nous l'appliquons de manière égale, équitable et universelle.
Il ne faudrait pas retarder l'application du projet de loi pour permettre à un parti politique de satisfaire sa cupidité. Je parle de cupidité parce que le seul problème du parti est le fait qu'il exige 950 $ de frais d'inscription des délégués à la convention. Le problème n'existerait pas s'il n'essayait pas de faire de l'argent avec sa convention.
Les néo-démocrates vont aussi tenir une convention cet automne. Les droits d'inscription à la convention sont de 135 $. En fait, si la personne s'y prend suffisamment d'avance, elle n'aura que 95 $ à acquitter. L'autre parti est l'architecte de ses propres maux, comme d'habitude.
Je préviens les libéraux que s'ils envisagent de comploter avec le Sénat dominé par leur parti en vue de retarder, de bloquer, de miner ou de saboter le projet de loi à l'étude, nous les dénoncerons à la Chambre des communes et à l'extérieur. Nous le crierons sur les toits les plus élevés et nous les condamnerons pour...
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Monsieur le Président, nous parlons des amendements. C'est la première occasion que nous avons d'aborder les amendements au projet de loi C-2 à la Chambre des communes à l'étape du rapport. Il est important de définir le contexte du débat qui aura lieu. Des ennemis du projet de loi complotent pour miner sa mise en oeuvre. Il faut révéler cet état de choses avec la même franchise dont parlait mon collègue du Bloc lorsqu'il essayait d'accuser les autres partis de bafouer son droit d'étudier le projet de loi de manière approfondie.
Je ne pense pas que le Sénat ait besoin de plus de temps que nous pour étudier ce projet de loi. Nous avons retroussé nos manches et nous avons accompli le boulot ingrat, si je puis m'exprimer ainsi. Nous avons fait des heures supplémentaires. Nous avons travaillé tard le soir. Une semaine pour entendre les témoins et une semaine pour l'étape de l'étude en comité, voilà tout ce dont le Sénat a besoin.
Je suis déçu d'entendre des députés libéraux dire que nous devrions poursuivre l'étude l'automne, voire l'hiver prochain. Un sénateur libéral du Manitoba prétend qu'il n'est pas irréaliste que le Sénat procède à une analyse approfondie d'ici Noël ou après.
C'est le genre de propos saboteurs qu'ont tenus plus tôt également des députés du Bloc, qui estiment qu'on devrait entendre des témoins jusqu'au printemps. C'est insensé. Nous savons tous ce qu'il faut faire. Ce n'est pas si difficile. L'honnêteté et l'éthique ne sont pas des concepts sur lesquels nous devons partir de zéro. Nous savons la différence entre le bien et le mal.
Il y a des gens qui sont tellement habitués au favoritisme débridé et aux pots-de-vin, qui sont des disciples d'Allan J. et des individus comme lui. Ils ne connaissent rien d'autre. Il y a des gens qui ne peuvent survivre dans un climat de transparence et de responsabilisation. Ils étouffent dans ce climat. C'est poison pour eux.
Nous nous employons à créer un cadre où les normes éthiques l'emportent. Nous nous employons à créer un climat où les normes éthiques dominent. Le problème avec la culture du secret, c'est qu'elle a permis à la corruption non seulement de fleurir, mais de tout dominer. Cette ère est révolue.
La première série d'amendements proposés à l'étape du rapport du projet de loi C-2 jette les bases d'une toute nouvelle ère. C'est comme passer de l'âge mésozoïque à un autre âge.
Je compte que nous pourrons en finir avec tout cela dès le début, que le député du Bloc nous épargnera ses coups bas et que les libéraux nous feront grâce de leur grandiose histoire révisionniste.
J'ai lu un communiqué du Parti libéral publié dans l'Ouest du Canada où on lit que le NPD a voté contre sa proposition de rappel, contre sa proposition relative au changement d'affiliation. C'est faux. Le changement d'affiliation a été jugé irrecevable. Personne n'a voté pour ou contre parce que cela a été jugé irrecevable. C'est une pure invention. C'est...
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Monsieur le Président, j'aurais deux points à faire valoir au sujet des propos tenus par la personne qui m'a précédé. L'un est de nature générale et l'autre, de nature plus particulière.
Il est vrai que le projet de loi a franchi l'étape de l'étude en comité à toute vapeur. Presque chaque témoin expert des différents secteurs a prévenu le comité qu'il fallait qu'il prenne son temps parce qu'il s'agissait d'un texte long et complexe. Il touche à des douzaines de lois différentes et aurait certaines conséquences graves selon de nombreux témoins. Ce sont là simplement les témoignages que nous avons entendus.
Le comité est allé de l'avant à un rythme effréné. Plusieurs témoins ont été regroupés à certaines heures, ce qui était frustrant pour eux et leur donnait l'impression qu'on ne les écoutait pas vraiment.
Par conséquent, il est incontestable que, bien que nous ayons examiné rapidement et avec efficacité la plus grande partie du projet de loi, de nombreux témoins, dont Arthur Kroeger, le doyen des hauts fonctionnaires d'Ottawa, estimaient qu'il faudrait que le comité prenne tout l'automne prochain pour en faire un examen convenable.
L'autre question soulevée par le député concerne l'amendement que j'ai déposé au sujet des transfuges. Il a tout à fait raison. La présidence du comité a effectivement jugé l'amendement irrecevable. J'ai ensuite demandé le vote pour faire casser la décision de la présidence, de manière à ce que l'amendement soit examiné. Les néo-démocrates se sont alliés au parti au pouvoir pour ne pas renverser la décision de la présidence. En fait, c'est comme s'ils avaient voté contre l'amendement.
Je n'ai rien à redire des députés qui sont opposés à l'amendement, mais ma motion visant à renverser la décision de la présidence qui jugeait l'amendement irrecevable a été mise aux voix et rejetée. Voilà les faits. Cependant, nous sommes ici pour débattre du projet de loi.
Continuons d'en faire l'étude article par article et d'en débattre et cessons, peut-être, de faire des discours de nature plus générale.
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Monsieur le Président, je vous suis reconnaissant de me permettre de prendre la parole au sujet de ce très important texte législatif, au sujet duquel l'actuel premier ministre et son parti ont fait campagne avec persistance, chaque jour, tout au long de la campagne électorale, obtenant l'appui de Canadiens répartis d'un bout à l'autre du pays en vue de remédier aux manquements éthiques dont nous avons été témoins au sein du gouvernement fédéral pendant longtemps, particulièrement au cours des 13 dernières années.
L'actuel Parlement a pu, grâce au comité législatif chargé d'examiner le projet de loi C-2, éplucher un texte de loi fort volumineux à portée très vaste. Si je ne m'abuse, nous avons analysé plus de 280 amendements. À vrai dire, j'ai été très scandalisé et attristé d'entendre certains propos aujourd'hui. La démocratie semble en prendre pour son rhume. Tous semblaient travailler ensemble de bonne foi, puis tout à coup, si l'un d'entre eux perd le débat sur un amendement ou n'a pas gain de cause au sein du comité, il se met à s'en prendre aux motifs des autres plutôt que d'accepter les accommodements si courants dans une société démocratique.
Durant mes six années comme député, j'ai pu observer trois comités législatifs indépendants. Il y eut d'abord le comité législatif chargé d'examiner le projet de loi C-36, après les événements du 11 septembre. Ensuite, il y a eu le comité législatif chargé d'examiner le projet de loi C-38, traitant du mariage entre personnes de même sexe. Enfin, nous venons tout juste de voir à l'oeuvre le comité législatif chargé d'examiner le projet de loi C-2, c'est-à-dire la Loi fédérale sur la responsabilité. Parmi les trois, celui-ci est vraiment sorti des rangs comme un modèle.
Mercredi soir dernier, lorsque le comité a fini l'étude article par article du projet de loi, nous avons assisté à un moment intéressant. Nous avons fait un tour de table durant lequel chacun des députés présentés, donc chacun des quatre libéraux, des deux bloquistes, du néo-démocrate et des cinq conservateurs, a pu dire ce qu'il pensait du comité. Je n'en ai pas entendu un seul à ce moment-là déplorer le processus suivi, la vitesse à laquelle les témoins ont été entendus. Nul n'a dit que nous n'avions pas fait un examen complet de la question ou que le ministre n'avait pas fait son travail.
Il y a six jours, tous s'estimaient très satisfaits du processus suivi. Les gens se disaient heureux de la diligence raisonnable avec laquelle le comité a mené ses travaux. En fait, tout au long des travaux du comité, nous avons siégé pendant 24 heures chaque semaine et nous nous sommes attaqué à des questions très difficiles. Tout au long de ces travaux, j'ai cru que le comité était un modèle de la façon dont peut fonctionner un gouvernement minoritaire. Nous verrons ce qui arrive durant le reste de la journée et de la semaine. Cependant, le comité législatif a fort bien illustré comment un petit comité législatif qui a sa dynamique propre peut faciliter le fonctionnement d'un gouvernement minoritaire parce que chaque parti a proposé des amendements. Chaque parti en a gagnés quelques-uns et en a perdus d'autres. C'est la démocratie à l'oeuvre.
Tout à coup, nous revenons à la Chambre, à l'étape du rapport, et nous entendons des personnes comme le député de Vancouver Quadra et certains bloquistes affirmer que le comité est allé trop vite et que les gens n'ont pas eu l'occasion de présenter des amendements et d'avoir un débat éclairé. En réalité, comme l'a dit le député de Winnipeg-Centre, pas un seul témoin ne s'est présenté devant le comité pour dire qu'il avait besoin de plus de temps pour se préparer, qu'il lui fallait une semaine de plus pour y réfléchir ou qu'il avait besoin de se regrouper et de rencontrer des avocats pour obtenir des conseils précis sur la façon d'exposer certaines idées. Tout a semblé se dérouler avec beaucoup d'efficacité. Des membres du comité méritent des applaudissements, notamment la députée de Notre-Dame-de-Grâce—Lachine, celui de Vancouver Quadra et le député de Winnipeg-Centre.
Puisque j'en ai l'occasion, je lève mon chapeau à mon collègue de Nepean—Carleton, le secrétaire parlementaire du Président du Conseil du Trésor, pour l'excellent travail qu'il a accompli à l'égard du projet de loi.
Le projet de loi C-2 est un texte extrêmement compliqué. Il met fin à beaucoup de situations qu'ont pendant des années déplorées les Canadiens au sujet de notre régime parlementaire. Il confère plus de pouvoirs à des mandataires indépendants du Parlement. Il accroît la transparence et la reddition de comptes à l'intention des députés. Il traite de questions comme les lobbyistes et l'obligation de rendre des comptes, la réforme du financement des campagnes électorales et d'importantes réformes aux méthodes d'approvisionnement, qui relèvent de ma responsabilité en tant que secrétaire parlementaire du ministre des Travaux publics. Cette importante loi est complexe et vaste, et tous les Canadiens sont ravis de l'incroyable travail accompli par le député de Nepean—Carleton.
Le débat porte maintenant sur le groupe no 1, soit les motions nos 1 à 3, 6, 7 et 9. C’est sur la motion no 9 en particulier que je m’arrête brièvement.
La motion no 9 vise à supprimer les paragraphes 41.4 et 41.5 de l’article 99 du projet de loi C-2 concernant les fiducies des députés. Aux termes de ces dispositions, un comité de la Chambre des communes peut émettre une opinion déterminant si un député a enfreint les nouvelles règles sur les fiducies, ce qui constituera désormais un acte criminel. Aucune poursuite ne peut commencer tant que le comité n’a pas rendu son avis ou, au plus tard, pas avant 30 jours de séance. Si une poursuite commence plus tard, l’avocat doit remettre l’avis du comité au juge d’instance qui doit le prendre en considération avant de rendre sa décision.
Nous proposons cet amendement pour plusieurs raisons importantes. Premièrement, nous sommes d’avis que ces dispositions sont contraires au principe fondamental qui sous-tend les dispositions sur le directeur des poursuites pénales du projet de loi C-2, c’est-à-dire, la nécessité de veiller à ce que les poursuites ne fassent pas l’objet d’une ingérence politique, ni apparente ni réelle. En retardant le début des poursuites et en exigeant que l’avocat présente l’avis du comité en tant qu’élément de preuve au cours d’un procès au criminel, ces dispositions contredisent le principe essentiel de l’indépendance en matière de poursuites.
Deuxièmement, le député accusé d’avoir enfreint les nouvelles règles sur les fiducies a droit à un procès équitable. Ces dispositions obligeraient le juge d’instance à prendre en considération l’avis du comité pour déterminer si le député est coupable. Un juge pourrait ainsi être tenu de prendre en considération un élément de preuve qui serait autrement inadmissible dans un procès au criminel, ce qui risquerait de compromettre l’équité du procès.
Troisièmement, il existe un lien entre le Parlement et les tribunaux. Le fait d’exiger qu’un juge prenne en considération l’avis du comité pour déterminer si un député est coupable d’un crime nuirait au moins à la perception d’impartialité et d’indépendance du tribunal. La séparation des pouvoirs entre le Parlement et les tribunaux fait partie intégrante du régime constitutionnel du Canada et elle est essentielle au maintien de la confiance de la population dans notre système de justice.
C’est à cause de ces trois principes fondamentaux que nous proposons de supprimer les paragraphes 41.4 et 41.5 de l’article 99 par voie de la motion no 9 du gouvernement.
Certains de mes collègues s’arrêteront sur d’autres articles, mais je rappelle à la Chambre que le projet de loi C-2, aussi bien en tant que mesure législative que démarche que nous avons adoptée, illustre bien comment fonctionne le Parlement canadien. Nous avons établi un comité législatif indépendant. Tous ceux qui voulaient débattre le projet de loi ont pu le faire. Le comité a autorisé la présentation d’amendements et je pense qu’il en a étudié 280 ou 290. Chaque parti a vu certains de ses amendements acceptés et d’autres refusés. Nous avons eu l’occasion de montrer comment le Parlement peut fonctionner quand chacun travaille pour le bien public et non pour son propre gain politique. Le projet de loi C-2 restera comme un véritable présage des bonnes choses à venir dans cette législature, si nous gardons confiance.
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Monsieur le Président, je souhaite formuler des commentaires d'ordre général qui concernent l'ensemble du débat.
Le discours du secrétaire parlementaire a été passablement bref et il a dit que les amendements de ce groupe servaient essentiellement à faire du ménage. Je vois les choses autrement. De fait, la motion no 5, qui a été jugée irrecevable, est révélatrice d'une certaine façon de penser.
L'étape du rapport sert notamment à permettre aux députés qui ne siégeaient pas au comité de proposer des amendements et de débattre de certains changements apportés au projet de loi. Ces députés n'ont pas eu l'occasion d'entendre tous les témoins et il se peut qu'ils aient passablement de travail à faire après avoir constaté la nature des changements proposés à l'étape du rapport.
Même si le comité a terminé la semaine dernière l'étude du projet de loi, les amendements qui nous sont soumis aujourd'hui n'ont été inscrits au Feuilleton des avis qu'hier à 18 heures. Des 30 amendements proposés à l'origine, 24 seulement subsistent. Les députés n'ont pu prendre connaissance des amendements qu'après minuit. Jusqu'à hier, le Feuilleton des avis ne contenait qu'un seul amendement à l'étape du rapport, qui avait trait à la Commission canadienne du blé. Nous aurions pu agir de la sorte s'il n'y avait eu qu'un petit nombre d'amendements. Cependant, nous avons maintenant devant nous un très grand nombre d'amendements, la plupart d'entre eux venant des ministériels.
Le gouvernement a proposé 20 amendements à ce projet de loi. Pourquoi l'a-t-il fait aussi tardivement? Nous parlons du projet de loi fédéral sur la responsabilité. Il vise à promouvoir l'ouverture et la transparence. Or, ce qui se passe maintenant à la Chambre ne ressemble pas à un processus ouvert et transparent. L'article 41.4 proposé a été totalement supprimé. Pourtant cette disposition a été fortement recommandée au comité par le conseiller juridique de la Chambre, et le comité l'avait adoptée. Le gouvernement a changé d'idée et présenté la motion no 9, qui supprime entièrement l'article 41.4.
Il faut obtenir des explications sur les raisons qui amènent le gouvernement à faire ce changement. Des explications sont probablement dues aux députés -- si je peux me permettre d'employer ce mot de mauvais aloi -- quant aux raisons qui amènent le gouvernement ou l'auteur de la motion à faire de tels changements. Il est intéressant de constater qu'on n'a entendu absolument aucun commentaire sur les motions du groupe no 1, qui regroupe sept amendements. Cela signifie essentiellement que les autres députés à la Chambre n'ont aucun renseignement complémentaire.
Le député de Winnipeg-Centre a dit, essentiellement, que tout le travail avait été fait et qu'il ne restait plus qu'à l'accepter. Nous savons que tout le temps qu'a duré l'étude du projet de loi au comité, le député néo-démocrate recevait ses ordres du gouvernement. Je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi le député n'a pas soulevé certaines des questions que d'autres députés avaient posées sur la raison d'être de certains de ces amendements. Je ne suis pas sûr qu'il ait été conscient de leur existence. Il n'a pas parlé de ces amendements dans son intervention. Il voulait plutôt en finir avec le débat.
Je crois que personne ici ne veut empêcher l'adoption de ce projet de loi. Avant que la Chambre commence ses travaux, le matin, nous avons une prière qui parle de bonnes lois et de sages décisions. Il y a des éléments dans ce projet de loi qui ne correspondent pas aux meilleurs conseils qui ont été donnés au comité ou aux amendements que le comité a formulés en prenant en considération tout le travail accompli. Le gouvernement fait fi de tout cela et supprime des dispositions complètes. Il nous doit des explications. C'est une demande raisonnable. Ce n'est pas de l'obstructionnisme. En fait, cela relève de la bonne pratique parlementaire.
Il y a lieu de s'interroger sur les motivations du député lorsqu'il semble dire que des députés auraient en fait d'autres motifs que de chercher à comprendre la raison d'être des détails et de s'efforcer d'adopter de bonnes lois. Je m'en tiendrais à cela.
Je suis heureux que le ministre ait offert de retirer la motion no 4 sur l'examen après cinq ans. Cette offre a d'ailleurs été acceptée par la Chambre. Il me semble qu'au cours de l'étude des motions applicables au projet de loi dans sa version approuvée par le comité et soumise à la Chambre à l'étape du rapport, la formulation employée nous oblige souvent à chercher l'aiguille dans la botte de foin puisque l'on répète inutilement tout l'article ou plusieurs lignes. Je pense que le député du Bloc essayait simplement de souligner que la modification ne visait qu'un seul mot.
La motion no 4 vise simplement à indiquer que l'examen aura lieu cinq ans après l'entrée en vigueur de l'article plutôt que cinq ans après la sanction. Nous avons vécu une situation analogue avec le projet de loi C-11, sur la divulgation. Au cours de la dernière législature, après deux ou trois années de travail de la part de tous les partis, le projet de loi C-11 a reçu la sanction royale. C'est désormais une loi canadienne, mais elle n'est pas en vigueur parce qu'elle n'a jamais été édictée par le gouvernement. Nous allons découvrir, à mesure que nous progresserons dans le présent débat, que certains amendements du projet de loi C-2 auraient pour effet de modifier le projet de loi C-11, qui n'a cependant jamais été édicté. Le projet de loi C-11 adopté au cours de la dernière législature devra être édicté avant que le projet de loi C-2 puisse totalement entrer en vigueur parce qu'on ne peut pas modifier une loi qui n'est pas en vigueur au Canada.
Comme notre collègue vient de le dire, le projet de loi contient beaucoup d'articles et bon nombre d'amendements ont été débattus. Nous savons que le gouvernement a la possibilité et le droit de faire des changements à l'étape du rapport, même si la question a déjà été complètement réglée en comité. C'est un privilège que les députés de l'opposition n'ont pas.
Le gouvernement peut décider de dire au comité qu'il n'est pas d'accord et peut supprimer des articles complets, ce qui a été fait au moyen de la motion no 9. Si le gouvernement a l'intention de faire preuve d'ouverture et de transparence relativement aux dispositions du projet de loi C-2, j'espère qu'il nous expliquera, lorsque nous passerons aux autres groupes de motions, l'objectif, l'intention ou l'effet de chaque amendement proposé dans les groupes de motions que le Président nous a présentés.
Le groupe no 1 comprend six motions qui auraient dû être commentées. Si ce ne sont que des motions de rectification, on aurait dû préciser qu'elles ne portaient que sur des problèmes mineurs ou des rectifications de la traduction.
Le groupe no 2 comprend neuf motions, le groupe no 3 en comprend six et le groupe no 4 en comprend trois. Il serait beaucoup plus facile de débattre si le gouvernement voulait bien expliquer la nature, l'intention et l'effet de chaque motion proposée. Si les motionnaires n'ont pas assez de dix minutes pour tout expliquer, je serai très heureux de donner le consentement unanime pour prolonger le temps de parole du porte-parole du gouvernement. S'il avait deux ou trois minutes pour expliquer convenablement chaque motion, il pourrait faire son travail et être vraiment ouvert et transparent au sujet du projet de loi C-2.
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Monsieur le Président, je voudrais signaler à mon collègue deux choses qui vont à l'encontre de ce qu'il a laissé entendre dans son discours.
Il a dit tout d'abord qu'en soumettant les amendements très tardivement, le gouvernement plaçait peut-être les députés, qui n'avaient pas eu la chance de siéger au comité, dans une situation désavantageuse étant donné qu'ils n'ont vu les modifications qu'après minuit, hier soir.
Je voudrais signaler que sur les 30 amendements soumis, 10 venaient des partis de l'opposition. Ainsi, le député n'a absolument pas raison d'affirmer que ce n'est que le gouvernement qui a essayé de circonvenir le processus démocratique en soumettant des amendements au dernier moment.
Ensuite, je dois également m'opposer à la suggestion de mon collègue selon laquelle le gouvernement n'a pas parlé de ces amendements. Le secrétaire parlementaire du président du Conseil du Trésor a été très bref dans son introduction, mais le président du Conseil du Trésor lui-même a parlé des motions nos 1, 3 et 6. Le secrétaire parlementaire du ministre des Travaux publics vient de parler dans son discours de la motion no 9. Je me reporte maintenant à la motion no 7, qui a été mentionnée plus tôt par l'un de mes collègues.
Même si je ne m'oppose pas à la décision du Président, je tiens à signaler que les motions nos 5 et 7 étaient tout à fait complémentaires, car elles portaient sur la capacité d'un membre de l'équipe de transition de contester la décision du commissaire au lobbying si, en fait, la décision visait à imposer à ce membre de l'équipe de transition l'interdiction pendant cinq ans de faire du lobbying.
En ce qui concerne les motions nos 5 et 7, l'une portait sur l'équipe de transition précédente et l'autre sur les équipes de transition futures. J'ignore au juste pourquoi la décision du Président en exclut une, mais pas l'autre, mais soit.
Mon collègue serait-il d'accord pour dire que même si le premier ministre a dit clairement et sans équivoque dans ses déclarations qu'aucun membre d'une équipe de transition du gouvernement ne pourrait faire du lobbying au sein du gouvernement pendant cinq ans, cet amendement, qui donnerait aux membres de l'équipe de transition les mêmes recours, les mêmes droits d'appel que tout autre titulaire d'une charge publique, est juste et équitable?
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Monsieur le Président, certaines choses sont évidentes, et je pense que d'autres seraient aussi de cet avis, alors peut-être que la réponse est non.
Pour ce qui est de la remarque du député à savoir qu'il y a détournement du processus démocratique, je suppose que, étant donné que les libéraux ont proposé deux amendements et que le NPD, je crois, en a proposé quatre, cela en laisse 24 pour le gouvernement.
Une voix: Cinq.
M. Paul Szabo: D'accord. Disons que c'est un nombre considérable.
Le député devrait savoir que le gouvernement a l'autorisation unique de proposer des amendements qui seraient irrecevables s'ils venaient d'autres députés. C'est le projet de loi du ministre et il peut apporter de tels amendements et dire essentiellement au comité qu'il rejette sa position et qu'il ira dans une autre direction.
J'ai vu ce genre de chose lors de l'étude du projet de loi sur les techniques de reproduction. En effet, quelques dispositions de cette mesure législative avaient été changées du tout au tout. Je suis conscient de cela.
Je ne souscris pas à l'idée du détournement, mais je crois que, bien que plusieurs orateurs puissent parler de chacune des motions au cours de la journée, il incombe au motionnaire de faire une déclaration à la Chambre au début du débat sur la motion pour expliquer le but de la motion. Par exemple, la motion no 1 n'est qu'une motion de forme, pas de problème; la motion no 2 est une question de traduction, pas de problème; pour la motion no 3, nous ne sommes pas d'accord avec le comité et nous avons décidé de supprimer cette disposition, et nous supprimons aussi cette autre disposition parce qu'elle est répétitive.
De telles explications sur la raison d'être des amendements pourraient aider les autres orateurs qui essaient de participer au processus démocratique. Ils pourraient au moins ainsi se fonder sur ces explications pour formuler leurs propres remarques, au lieu de parler sans être en connaissance de cause.
Afin d'assurer l'ouverture et la transparence du débat, je demande que le motionnaire fasse un bref résumé dans le cas des motions de forme et de celles qui ne sont pas controversées et qu'il explique la raison des changements dans le cas des autres motions. Si nous procédons de cette façon, je crois que tous les députés et l'ensemble des Canadiens pourront profiter de ce débat.
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Monsieur le Président, je suis très fier d'avoir, en compagnie d'autres députés, fait partie du comité d'étude du projet de loi C-2, la loi sur la responsabilité. Je pense que nous avons effectué un travail remarquable pour les Canadiens.
Les témoignages entendus et le travail fait nous ont permis d'examiner en détail les questions portant sur la responsabilité. Nous avons entendu beaucoup de témoignages et avons oeuvré pour faire avancer le projet de loi. Les députés de tous les partis ont fait beaucoup de sacrifices pour que ce projet de loi franchisse l'étape de l'étude en comité.
Ce projet de loi, qui est la grande priorité de notre gouvernement, s'est fait trop longtemps attendre. Les Canadiens réclamaient une responsabilisation accrue de la part des titulaires de charges publiques et du Parlement, une plus grande reddition de comptes de la façon dont l'argent de leurs impôts est dépensé et plus de transparence dans la gestion du processus démocratique. Au bout du compte, le projet de loi permet d'atteindre tous ces objectifs.
Je veux parler de la motion no 9 qui est très importante. Je demande à tous les députés de l'étudier en raison de ses répercussions sur des droits et des questions fondamentaux touchant même les députés.
Les modifications apportées par l'ajout de deux dispositions, à savoir les articles 41.4 et 41.5, aux nouvelles règles relatives aux fonds détenus en fiducie qui s'appliquent aux députés et dont on propose l'insertion dans la Loi sur le Parlement du Canada soulèvent de sérieuses question d'orientation juridique sur l'indépendance des poursuites par rapport à l'influence politique, ainsi que de sérieuses questions au plan de la Charte des droits et libertés concernant la possibilité d'obtenir une instruction équitable. Elles soulèvent aussi des préoccupations d'ordre constitutionnel et du point de vue de la répartition des compétences. C'est pour ces raisons que le gouvernement a proposé de rejeter ces amendements.
Pour être clair, je recommande à tous les députés d'étudier très attentivement cet amendement, car il est loin d'être mineur.
L'amendement de l'article 41.4 exigerait que:
Quiconque... a des motifs raisonnables de croire que l'infraction visée à l'article 41.1 a été commise en informe par écrit le comité de la Chambre des communes désigné pour étudier ces questions.
Cet article interdit aux députés d'accepter des avantages ou des revenus d'un fonds de fiducie établie en raison de leur fonction de député et les empêche d'échapper à cette règle.
Le comité peut ensuite émettre une opinion sur la question. Il examinerait les faits de l'espèce, puis donnerait son avis. Le nouveau paragraphe 41.4(4) prévoit que dans le cadre d’une poursuite criminelle engagée pour une telle infraction, le poursuivant remet au juge copie de l’avis du comité, en l'occurrence un comité de la Chambre. Il est important de noter ici le libellé exact: «afin que le juge puisse le prendre en considération pour décider si une infraction a été commise».
En outre, le second amendement, en l'occurrence l'article 41.5, propose un processus similaire pour les infractions à l'article 41.3, et autorise le commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique à donner des ordres concernant le traitement des fiducies de députés, avec la même exigence que j'ai mentionnée plus tôt au paragraphe 41.4(4) qui dispose: « afin que le juge puisse [...] prendre en considération [l'avis du comité] pour décider si une infraction a été commise ».
De toute évidence, il est très clair, même à la lecture du libellé, que ces amendements soulèvent de sérieuses préoccupations sur les plans juridique, politique et constitutionnel.
D'abord et avant tout, les amendements sont tout à fait incompatibles avec le principe fondamental sur lequel reposent les dispositions concernant le nouveau poste de directeur des poursuites pénales dans le projet de loi C-2, Loi fédérale sur la responsabilité. Ce principe fondamental est en l'occurrence la nécessité d'assurer que les poursuites judiciaires sont libres de toute ingérence politique. C'est cette perception d'ingérence politique, c'est-à-dire l'idée que les politiciens peuvent en quelque sorte influencer une décision judiciaire, qui a mené à la création d'un poste de directeur des poursuites pénales. Ce principe est également à l'origine de nombre des mesures que le gouvernement a prévues dans la Loi fédérale sur la responsabilité.
Il va sans dire que j'espère que tous les députés conviendront avec moi qu'il ne doit pas y avoir d'ingérence politique dans le processus judiciaire. J'estime que c'est vraiment élémentaire. Or, dans la forme actuelle du projet de loi, cet amendement permettrait précisément une telle ingérence.
Deuxièmement, les amendements risquent sérieusement de violer le droit d'un député accusé d'une infraction d'obtenir un procès impartial, droit que lui garantit la Charte. En tant que Canadiens nous avons tous, même ceux d'entre nous qui sont députés, droit à un procès impartial aux termes de la Charte canadienne des droits et libertés.
En exigeant qu'un juge prenne en considération l'avis d'un comité parlementaire sur la culpabilité ou l'innocence d'un député, les amendements obligeraient ce juge à déroger aux garanties procédurales prévues notamment dans la Charte, car cela reviendrait à demander à un tribunal criminel d'examiner une preuve qui serait normalement inadmissible parce qu'elle constitue du ouï-dire ou une opinion, ou d'examiner un témoignage antérieur incriminant, comme un témoignage que le député accusé aurait été contraint de livrer au comité. En termes clairs, ces amendements auraient une incidence sur les droits garantis aux députés par la Charte, y compris le droit à un procès équitable.
Enfin, en troisième lieu, l'amendement compromettrait la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. La Cour suprême du Canada a toujours confirmé et a souvent déclaré qu'il s'agit d'un principe constitutionnel fondamental. À la Chambre, nous savons tous qu'il y a une séparation entre les pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif. Il est essentiel de préserver cette séparation pour assurer l'essor de la démocratie et l'équité de notre système. C'est un principe constitutionnel de base.
Sous sa forme actuelle, l'amendement compromettrait à tout le moins l'apparence d'impartialité et d'indépendance du judiciaire, un autre principe fondamental découlant de la Constitution. Pour ces raisons, je demande à tous les députés d'envisager de supprimer les articles 41.4 et 41.5, qui figurent à l'article 99 du projet de loi.
Pour résumer, l'indépendance du judiciaire, le droit des députés à un procès équitable, qui est garanti par la Charte, et la séparation des pouvoirs judiciaire, exécutif et législatif de notre gouvernement sont toutes des valeurs fondamentales auxquelles nous tenons très fort. Je demande à tous les députés d'en tenir compte lorsqu'ils se pencheront sur la motion no 9.
J'exhorte les députés à adopter la motion car, sinon, nous risquons de priver les parlementaires de certains de leurs droits et de compromettre l'indépendance du judiciaire dans notre pays.
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Monsieur le Président, à titre deuxième membre du comité représentant mon parti, il m'importe vraiment de prendre la parole, aujourd'hui, sur le projet de loi C-2 et sur les amendements qu'on nous a présentés très tard hier soir.
De plus, je dois parler du processus du comité. En effet, en plus de 13 ans passés à la Chambre des communes, je n'ai jamais vu un processus aussi bousculé que dans le comité qui étudiait la Loi sur la responsabilité. Je peux aussi ajouter que des gens sont très mécontents de ne pas avoir pu témoigner au comité. J'ai reçu plusieurs lettres de plusieurs témoins qui m'ont écrit pour me confier qu'ils voulaient témoigner au comité, mais qu'il leur avait été impossible de le faire en si peu de temps, d'écrire un mémoire en 24 heures. Ainsi, pour toutes sortes de raisons, plusieurs individus, groupes et associations n'ont pas pu venir témoigner à notre comité, parce qu'on leur imposait d'énormes limites de temps. Comme le disait plus tôt mon collègue du Parti libéral, on a rassemblé certains groupes, mais on leur a donné si peu de temps. Par exemple cinq groupes différents disposaient d'un total de 10 minutes pour faire leur présentation. Et l'on surveillait tellement le chronomètre lorsque nous posions nos questions que le travail dans ces conditions entraînait un stress épouvantable. Je n'avais jamais vu cela ici.
C'est un projet de loi assez volumineux, comme on le sait; on le voit. On nous disait, à la Bibliothèque, qu'un projet de loi de cette ampleur impose normalement quelque 200 heures de comité; et nous l'avons fait en deux semaines.
Je suis donc très, très heureuse que le président du Conseil du Trésor ait retiré la motion no 4. En plus, il faut comprendre que cette motion se rapportait strictement à la partie éthique qu'il faudra revoir dans cinq ans. Je suis donc très heureuse qu'il l'ait retirée. En effet, je suis certaine qu'on va trouver, d'ici à cinq ans, une foule de problèmes dans ce projet de loi, parce qu'on l'aura fait à toute vitesse.
Néanmoins, nous avons coopéré. Nous avons apporté des amendements importants, et tous les partis politiques ont coopéré. Cependant je ne sais pas pourquoi on nous a envoyé les amendements à la dernière minute, encore hier soir. On dirait que c'est pour nous précipiter. Nous en avons plusieurs à examiner, à étudier, et nous travaillons encore à toute vitesse pour que ce projet de loi passe subito presto.
C'est déplorable, parce que nous devons accomplir un travail important et sérieux, et nous allons faire de notre mieux. En même temps, je constate l'ampleur de ce projet de loi et je veux faire part de mes inquiétudes face à son application éventuelle. En effet, nous l'avons étudié tellement rapidement que je crains que nous n'éprouvions certaines difficultés à appliquer la loi.
Avec le temps, on verra peut-être que des parties de ce projet de loi ne seront pas fonctionnelles, parce que nous n'aurons peut-être pas eu le temps de bien l'étudier.
Cela étant dit, je veux parler de deux motions qui posent problème au Bloc québécois. Dans ce premier groupe de motions nos 1, 2, 3, 6, 7 et 9, il y a les motions nos 6 et 9. Je vous explique pourquoi.
Premièrement, je vais lire la motion no 6, qui se trouve à la page 80 de notre projet de loi, soit à l'article 80, section 11.2. Je vous en fais lecture:
La présentation des rapports du commissaire au Parlement s’effectue par remise au président du Sénat et à celui de la Chambre des communes pour dépôt devant leurs chambres respectives.
On nous retirerait nos droits de parlementaires par cet article.
De plus, dans la motion no 9, on enlève un paragraphe au complet, le paragraphe 41.4 (1), et l'on supprimerait un paragraphe complet, qui édicte ceci:
Quiconque, y compris le commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique, a des motifs raisonnables [...]
Je ne vous le lirai pas au complet, mais à la fin, encore une fois, on nous mentionne que nous ne pourrions pas être saisis de cette situation devant la Chambre des communes. On parle du juridique et du parlementaire et l'on dit que nous ne devons pas nous placer en situation de conflit d'intérêts. Je m'excuse, mais nous avons été élus à la Chambre des communes pour légiférer, sur la base de la confiance de notre population; et nous sommes ici pour prendre des décisions.
Nous ne sommes pas ici pour parler pour ne rien dire. Les comités sont extrêmement importants et le travail qui s'y fait, s'y fait normalement, de façon apolitique, si je peux m'exprimer ainsi, surtout dans une situation où il est question d'éthique. Je pense que les parlementaires de cette Chambre sont capables de mettre de côté le politique et d'étudier une situation qui peut parfois être complexe.
Ensuite, si nous enlèvons ce paragraphe au complet, nous nous exposons à de longues et coûteuses poursuites jurdiciaires alors qu'on aurait pu passer par un des comités de la Chambre des communes. Nous déciderons lequel. Ce comité pourrait déjà évaluer la situation. C'est pour cela que nous sommes élus, nous sommes là pour justement nous assurer que les choses se font correctement. Étudions-le d'abord en comité. Si le comité juge qu'il y a matière à poursuite, il pourra faire une recommandation. Toutefois, cette recommandation ne serait pas légale. Ce serait l'avis d'un comité de la Chambre des communes. Par la suite, s'il y a poursuite judiciaire, le juge prendra sa décision en se basant non seulement l'avis d'un comité, mais en se basant sur des faits réels car nous aussi nous aurons fait une première étude là-dessus.
L'un ne va pas sans l'autre et l'un ne nuit pas à l'autre, au contraire. C'est un avis et le juge pourrait demander avis à d'autres. Il pourrait demander à un comité de s'asseoir et il pourrait faire faire des études au privé. Cela va nous coûter encore davantage d'argent alors que nous pouvons très bien, ici, trouver l'instance qui pourrait étudier cette situation-là.
Une question assez importante se pose aussi. Me Walsh, qui est le protecteur de nos droits de parlementaires, est venu témoigner au comité. Il a fait des recommandations fort importantes. Il nous a dit que cet article nuirait à nos droits de parlementaires et nous retirerait des droits déjà existants. Par la suite, si on retire ces articles-là, les parlementaires ne voudront plus rien dire quant au projet de loi. Nous n'aurons plus de rôle à jouer en cette Chambre. Sur le plan de l'éthique, cela veut dire que nous, parlementaires, ne sommes pas assez intelligents pour faire des recommandations.
Par le passé, nous avons prouvé que nous étions capables de faire un travail sérieux en comité et d'étudier des dossiers importants, dont ceux-ci. En effet, il y a quand même beaucoup de choses dans cette loi. Il n'y a pas que l'éthique. Il y a toute la partie sur le financement des partis politiques. Je considère donc qu'on nous enlève des droits et c'est pourquoi, pour nous, les motions nos 6 et 9 ne devraient pas être là.
M. Walsh ne nous a pas fait des recommandations en l'air, au contraire. Il est venu nous voir. D'ailleurs, nous avons dû forcer la note pour que M. Walsh vienne siéger au comité pendant trois ans pour que nous puissions avoir l'heure juste. Les conservateurs ne le souhaitaient pas. C'est M. Walsh, lorsqu'il est venu au comité, qui nous a alertés. Il nous a dit qu'il était le gardien des droits des parlementaires et des droits de cette Chambre. Il venait nous prévenir que nous allions enlever des droits fondamentaux aux parlementaires. Nous sommes encore en train de le faire. Je me souviens très bien qu'en comité, nous avions voté contre des amendements de ce genre car nous trouvions que cela n'avait pas de sens de nous enlever des droits en tant que parlementaires.
Aujourd'hui, avec ces deux nouvelles motions, on ramène devant la Chambre quelque chose avec quoi nous n'étions pas d'accord au départ.
Évidemment, j'aurais apprécié que le président du Conseil du Trésor retire ces deux motions, ce qui nous aurait permis de travailler ensemble et de conserver — je dis bien conserver — nos droits de parlementaires et de pouvoir continuer à faire notre travail ici, en tant que personnes responsables, élues et en personnes honnêtes.
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Monsieur le Président, en ce qui a trait aux inquiétudes de mon collègue, je dirai d'abord que M. Walsh n'a pas d'affiliation politique. Il est vraiment le haut responsable de nos droits et il est avocat. Oui, il était au comité avec plusieurs avocats-conseils, présents pour l'aider.
Pour rassurer mon collègue, je lirai le paragraphe 41.4(4):
Dans le cadre d'une poursuite engagée en application de l'article 41.1, le poursuivant remet au juge copie de l'avis du comité afin que le juge puisse le prendre en considération pour décider si une infraction a été commise.
Le juge doit étudier. Le juge n'a pas d'obligation. Il peut établir si c'est une infraction ou non, selon le cas. Personnellement, je ne vois aucun problème à cela.
Le problème, c'est qu'on nous retire nos droits de parlementaires. Toutefois, le juge a les mains libres. Ce n'est pas parce que nous faisons un rapport que le juge n'aura pas les mains libres pour décider si oui ou non il y a infraction. À ce moment, on entrera dans la partie légale et législative.
Un comité est parfaitement capable d'étudier un dossier et de voir s'il y a vraiment un problème. Nous ne sommes pas des avocats, nous sommes des parlementaires. En tant que parlementaires, notre premier devoir est d'établir s'il y a un cas, s'il y a une situation où l'éthique a été rompue, s'il y a eu une erreur ou si quelqu'un a volontairement posé un geste contraire à l'éthique. Lorsque le comité fera rapport, il le remettra à un juge. Le juge prendra la décision, pas nous. Nous faisons un premier jet, nous posons un premier regard sur une situation. Un comité peut très bien établir qu'il n'y a pas eu d'infraction. Ainsi, cela n'a pas besoin d'aller devant le juge.
Cela sera moins coûteux, parce que c'est notre rôle en tant que parlementaire. Si, chaque fois qu'il y a possibilité que quelque chose ait été contraire à l'éthique cela doit aller directement devant un juge, ce sera interminable. Une panoplie d'avocats s'en mêlera. Il faut tenir compte des coûts reliés à cela. Il faut voir cela dans son ensemble, et non seulement par petites parties de paragraphes.
Je voudrais que cet article demeure dans le projet de loi, afin de permettre aux parlementaires de bien jouer leur rôle, et de le jouer à fond. L'un n'entre pas en conflit avec l'autre, bien au contraire. Selon moi, l'un et l'autre sont complémentaires. Comme je l'ai mentionné plus tôt, j'aimerais conserver l'entièreté de cet article.
C'est la même chose pour la motion no 6, où on nous enlève nos droits de parlementaires. Je m'oppose à cela.
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Monsieur le Président, je souhaite faire quelques brèves observations au sujet du paragraphe de 41.4(4). En ce qui concerne la possibilité de poursuites après que le comité ait examiné la question, je signale l'importance du libellé des paragraphes 41.4(4) et 41.5(4). Le paragraphe 41.4(4) stipule:
Dans le cadre d'une poursuite engagée en application de l'article 41.1, le poursuivant remet au juge copie de l'avis du comité afin que le juge puisse le prendre en considération pour décider si une infraction a été commise.
J'ai deux graves préoccupations concernant ce paragraphe. Tout d'abord, le caractère obligatoire du droit du poursuivant à déterminer comment il ou elle devrait intenter les poursuites en demandant un rapport précis qui prouverait la culpabilité ou l'innocence.
Cela soulèvera toutes sortes de questions en regard de la Loi sur la preuve au Canada en ce qui concerne le contre-interrogatoire sur les rapports, notamment. Je crois qu'il réduit très sérieusement la capacité du poursuivant à intenter des poursuites et il peut aussi lui causer des difficultés.
L'autre point est beaucoup plus sérieux.
-- En effet, le juge devra « prendre en considération » l'avis du comité pour décider si une infraction a été commise.
Le comité ne se fonde pas sur des règles de preuve formelles. Il peut entendre toutes sortes de témoignages, que ce soit du ouï-dire, des avis, que ce soit admissible en vertu des règles strictes de droit pénal ou non. La façon dont le comité forme ensuite son avis n'est probablement pas, à plusieurs égards, conforme à la procédure pénale.
Le juge doit ensuite étudier une preuve qui ne lui a pas été soumise selon les règles appropriées qui s'appliqueraient dans tout autre contexte. Il doit juger si une personne est coupable ou innocente en se fondant sur une preuve qui est loin d'être satisfaisante.
Même si le paragraphe stipulait que le poursuivant peut remettre une copie de l'avis ou que le juge peut le prendre en considération, ce serait, à mon sens, tout à fait irrégulier qu'un juge le fasse. Si la preuve quant à la culpabilité ou l'innocence de la personne accusée est pertinente, le poursuivant devrait être tenu de la produire au procès, conformément aux règles de la preuve.
Je dirais qu'en ce qui a trait à la tenu d'un procès équitable, la disposition soulève un grave problème en regard de la Charte des droits et des libertés. Deuxièmement, le fait d'obliger un juge, un représentant du pouvoir judiciaire, à prendre en considération le rapport du comité, qui exerce une fonction parlementaire très différente, soulève également un grave problème.
J'en ai parlé à d'autres députés de la Chambre. Je crois qu'une solution à ce problème est peut-être en cours d'élaboration. Je voulais faire part de mes préoccupations. Le député libéral voudra peut-être aborder officiellement cette question, si c'est possible.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole sur le premier groupe de motions, mais je voudrais parler de façon un peu plus générale parce que j'ai de graves préoccupations en ce qui concerne le projet de loi en général.
Pour commencer, je félicite le comité de son travail. Il a travaillé très fort et a fait du mieux qu'il a pu dans les circonstances très pressantes qui lui ont été imposées. Je pense personnellement que tout cela a été rédigé tant pour des raisons politiques qu'aux fins des dispositions relatives à la responsabilisation.
J'estime que c'est un mauvais projet de loi. C'est une réaction excessive à ce qui a été perçu comme des problèmes de responsabilité et non à la réalité. L'objet du projet de loi est certes louable, mais nous devons aborder sérieusement la question. J'estime que le projet de loi entraînerait de graves conséquences à long terme pour le processus politique au Canada s'il était adopté.
Je dirai une chose à propos du député de Winnipeg-Centre. Il n'a pas caché le fait d'utiliser les dispositions financières du projet de loi comme une attaque contre l'opposition officielle et la capacité de ce parti de se financer selon la bonne vieille méthode de financement. De bien des façons, tous les partis se sont financés de la même manière, à l'aide des dons des sociétés et des syndicats, et de limites plus élevées.
Il semble que, selon l'une des prémisses du projet de loi, tout fonctionnaire ou tout politicien est considéré de prime abord comme un escroc et que le projet de loi doit nécessairement être exclusif. Je n'étais pas d'accord lorsque mon gouvernement a choisi de limiter autant qu'il l'a fait le droit des entreprises et des syndicats de contribuer au processus politique. Il s'agit là, selon moi, d'une grave erreur.
Pourquoi exclure complètement les entreprises et les syndicats du processus politique? Si nous souhaitons un régime démocratique qui fonctionne bien, alors nous souhaitons qu'il soit inclusif. L'important n'est pas de savoir exactement d'où provient l'argent lorsque les contributions sont plafonnées à un montant donné, que ce soit 5 000 $ ou tout autre montant, mais de faire en sorte que l'argent soit dépensé de façon transparente. Les exclusions proposées, selon moi, font du tort à notre régime démocratique à long terme.
Je n'ai rien contre les contributions de syndicats au NPD. C'est une bonne chose, selon moi. Je ne m'oppose pas à ce que les banques contribuent au Parti libéral et au Parti conservateur. En le faisant, elles participent au processus politique et s'en rendent responsables. Ce qui importe, c'est d'assurer une bonne comptabilité des dépenses. Durant les campagnes électorales, des limites de dépense s'appliquent aussi bien aux candidats qu'aux partis nationaux. Par conséquent, des mesures de contrôle importantes sont déjà établies.
J'en parle parce que je m'inquiète beaucoup des conséquences à long terme pour notre démocratie canadienne, compte tenu des exclusions proposées dans le projet de loi C-2.
Pour ce qui est de certains des commentaires du député de Winnipeg-Centre, j'estime qu'il existe une volonté de faire adopter ces mesures assez rapidement pour nuire à la campagne à la direction du parti de l'opposition officielle et de l'empêcher, en modifiant ainsi les règles à mi-parcours, de tenir un congrès démocratique en toute sérénité. Bon nombre d'entre nous seront touchés, et je suis du nombre, puisque nous avons déjà financé le parti d'une façon ou d'une autre.
Nous devons nous demander s'il y a vraiment des gens qui pensent que le fait d'ajouter ces limitations et de rendre plus difficile la course à la direction de l'un des grands partis de notre pays rendra le Canada plus démocratique. La démocratie en sera-t-elle améliorée? Est-ce bien ce que nous souhaitons? Je ne crois pas que l'on favorise la démocratie en introduisant ces limites à mi-parcours.
Les débats sur les idées, voilà l’enjeu de la politique et du leadership. Les partis politiques sont censés servir à débattre des idées et des politiques à proposer. Les avis sur ces idées peuvent diverger, mais il faut que les partis politiques aient la possibilité de se financer. De façon ouverte et transparente, bien entendu. Il y a eu des problèmes par le passé, et je ne le nie pas. En réalité, je ne crois pas avoir jamais reçu d’argent d’entreprises ou de syndicats.
Si nous poursuivons dans cette voie, je crains ce qui risque d’arriver d’ici 10 ou 20 ans. Il se trouve qu’il y a une course à la direction du Parti libéral en ce moment, mais cela finira par arriver dans les autres partis également. Devant certaines propositions du projet de loi, il y a lieu de craindre pour l’avenir de notre démocratie.
J’ai dit ce que j’avais à dire des syndicats et des entreprises. Mais le projet de loi omet de façon flagrante d’encadrer le financement par des tiers. Ce phénomène existe, et ce que j’observe aux États-Unis m’inspire des craintes. Je ne veux pas que, au Canada, des tiers financent des attaques publicitaires et de la publicité négative pendant les campagnes électorales, comme cela se fait aux États-Unis. Je ne veux rien de tel au Canada, mais comme le financement par des tiers est autorisé, je crains que cela n’arrive. Cela m’inquiète, et c’est une préoccupation que je soulève.
Mon autre grande préoccupation porte sur la responsabilisation au sein du gouvernement lui-même. Les incidents qui ont donné lieu à l’enquête Gomery n’auraient jamais dû se produire, j’en conviens. J’estime néanmoins, et c’est une opinion strictement personnelle, que, si on est en affaire, il faut risquer de l’argent. Si on veut parvenir à l’efficacité dans une entreprise et ses activités, il faut risquer un peu d’argent pour le faire. Si des problèmes surgissent, des accusations seront portées et les responsables devront répondre de leurs actes.
Étant donné l’orientation adoptée par le gouvernement, je crains ce qui arrivera plus tard. J’avoue que le gouvernement libéral a déjà opté pour la même orientation, et j’estime qu’il faisait fausse route également. Nous dépensons beaucoup pour les vérificateurs et les comptables en partant de l’idée que tout ce qui bouge est malhonnête. Nous dépensons 3 $ pour en récupérer un seul au lieu de dépenser l’argent efficacement en réalisant des projets et en appliquant des programmes qui veulent dire quelque chose pour les gens. Cela m’inquiète.
Les ministères cherchent maintenant comment obtenir des résultats en se souciant de ce qu’on en pensera. Dans le même esprit, certains d’entre eux engagent des consultants parce qu’ils se demandent s’ils pourront rendre compte de la façon dont l’argent a été dépensé. Cela ne permet pas d’avoir un gouvernement efficace.
Je présente ces quelques points de vue, car il faut les faire valoir. Je m’inquiète de l’orientation que traduit le projet de loi à l’étude. Je crains ses conséquences pour le processus politique et pour la capacité de l’appareil gouvernemental à accomplir efficacement son travail dans l’intérêt des Canadiens.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je parle aujourd'hui du projet de loi C-2. Je vais parler de deux points particuliers.
Nous venons d'entendre les attaques lancées par le député de Malpeque contre le député de Winnipeg-Centre. Nous avons aussi entendu sa diatribe sur la Commission canadienne du blé et ce qu'il en pense. Je vais revenir sur deux ou trois de ses propos. En parlant de la sollicitation de fonds pour des partis politiques, il a demandé que tout le monde soit inclus. Il veut que tout le monde reçoive le même traitement. Il a aussi dit que les exclusions portent atteinte à la démocratie; or, il est intéressant de noter qu'il veut soustraire la Commission canadienne du blé à l'application des dispositions du projet de loi qui concernent l'accès à l'information. Il faut dire qu'il serait tragique que la Chambre fasse cela.
Je tiens à remercier le député de Winnipeg-Centre d'avoir proposé l'amendement au comité et de l'avoir défendu fermement, car nous croyons que cet amendement est important.
Les libéraux ont été au pouvoir pendant 13 ans, et pendant 13 ans ils nous ont caché des choses. Nous sommes au courant, car nous avons fini par constater les effets de chacune de ces cachotteries. Finalement, le scandale et la corruption ont éclaté au grand jour, comme l'ont vu tous les Canadiens, mais je crois que c'est au sujet de la Commission canadienne du blé que les libéraux ont caché le plus de choses.
Monsieur le Président, je sais que vous êtes relativement jeune, mais vous avez dû entendre parler de cela dans les années 1990. Tout le monde en Saskatchewan sait qu'à une certaine époque, l'actuel leader du Parti libéral à la Chambre était le responsable de la Commission canadienne du blé. Il fût un temps où la Commission canadienne du blé, la GRC, le ministère des Douanes et Revenu Canada se sont unis contre certains agriculteurs. On ne comptait plus les perquisitions faites en pleine nuit dans des exploitations agricoles. Dans un cas, des gens sont rentrés de l'hôpital l'après-midi et en pleine nuit des fonctionnaires gouvernementaux ont envahi leur ferme pour tenter de saisir leurs camions et leurs céréales parce que ces agriculteurs avaient eu le courage de transporter un chargement de céréales de l'autre côté de la frontière.
Les choses ont mal tourné. Une douzaine d'agriculteurs ont été jetés en prison. Le problème, c'est que personne n'a pu savoir ce qui s'était passé. On n'a pu obtenir de précisions en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Les agriculteurs ne savent toujours pas qui a fait quoi, comment le scénario a été monté et pourquoi ils ont été jetés en prison.
Et ce n'est pas tout. Les agriculteurs ont mis en cause les dépenses de la Commission canadienne du blé au fil des ans. Ils n'ont pour ainsi dire obtenu aucun renseignement sur ces dépenses. Le député de Malpeque a dit que la Commission canadienne du blé publiait des rapports annuels. C'est vrai, mais ces rapports sont devenus pour ainsi dire indéchiffrables, c'est-à-dire qu'il est impossible d'y voir comment la commission dépense l'argent des agriculteurs.
J'estime nécessaire de signaler que c'est l'argent des agriculteurs que la Commission canadienne du blé dépense. La commission s'accapare les céréales, les vend, puis elle restitue aux producteurs ce qui reste du produit des ventes lorsqu'elle a payé ses frais. Elle dépense 70 millions de dollars par année en frais administratifs et elle restitue ou est censée restituer le reste aux agriculteurs. Ceux-ci n'ont aucun moyen de vérifier les chiffres, car il leur est impossible de déterminer ce que fait la commission derrière des portes closes.
Les agriculteurs ont mis en cause les frais administratifs, qui atteignent 70 millions de dollars annuellement. Ils ont mis en cause la constitution et la gestion des fonds spéciaux et des fonds pour éventualités. Je ne sais pas si les députés le savent, mais il existe un fonds constitué des chèques non encaissés par les agriculteurs. La commission met de côté les chèques non encaissés, puis les place dans un autre fonds après six ans. Elle dépense cet argent. Les agriculteurs n'ont aucun moyen de savoir à quoi cet argent est dépensé. En fait, je crois que les agriculteurs n'ont aucun moyen de savoir s'il certains des chèques versés dans ce fonds leur appartiennent.
Les agriculteurs de l'Ouest canadien doivent pouvoir obtenir, en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, des renseignements sur la Commission canadienne du blé, une agence gouvernementale régie par la loi et ayant un mandat du gouvernement canadien. Il y a une Loi sur la Commission canadienne du blé. Il y a un ministre responsable de la Commission canadienne du blé. Celle-ci est une agence gouvernementale, c'est indéniable. Pendant longtemps, les libéraux ont empêché les agriculteurs de savoir ce qui s'y passait. Il est crucial que nous ayons accès à cette information.
Je tiens à remercier de nouveau le député de Winnipeg-Centre d'avoir eu le courage de proposer l'inclusion de la Commission canadienne du blé dans les dispositions du projet de loi se rattachant à la Loi sur l'accès à l'information. Il ne fait aucun doute que quiconque a le souci de l'équité et de la responsabilité appuierait volontiers de telles dispositions.
Il y a un certain nombre de choses qui me dérangent vraiment beaucoup. Je me demande, par exemple, de quoi les libéraux ont peur? Pourquoi le député de Malpeque craint-il tant que les agriculteurs sachent ce qui se passe au sein de la Commission canadienne du blé? Cette peur s'explique sans doute par le fait que les libéraux savent qu'il vaut mieux pour eux, après 13 années au pouvoir, que les agriculteurs n'apprennent jamais ce qui se brassait à la commission et quel rôle les libéraux y ont joué. On sait que ce rôle était plutôt important. On sait qu'ils ont exercé une influence considérable sur la commission au fil des ans. On sait également que partout où leur influence s'est fait sentir au pays au cours des 13 dernières années, cela n'a pas rendu service aux Canadiens.
Ma question est donc la suivante. De quoi ont-ils donc si peur? Que craignent-ils que les agriculteurs découvrent s'ils avaient accès aux renseignements généraux de la Commission canadienne du blé?
Je tiens à préciser que la disposition relative à l'accès à l'information protège l'information commercialement sensible. Ce n'est pas comme si les agriculteurs, la concurrence ou n'importe qui allait pouvoir prendre connaissance de renseignements entourant les contrats commerciaux. Cela est exclu. C'est de renseignements généraux et du travail qu'accomplit la commission qu'il s'agit.
Je tiens à féliciter encore une fois le député de Winnipeg-Centre, à le remercier d'avoir inclus la Commission canadienne du blé dans les dispositions renvoyant à la Loi sur l'accès à l'information et à l'encourager à continuer d'appuyer cette disposition.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je m'exprime en cette Chambre. Peut-être réussirai-je, comme le font souvent les femmes, à ramener un peu de mesure dans toutes ces discussions.
Voyons d'abord l'évolution de ce projet de loi. Comme il est question d'un projet de loi sur la responsabilité, on ne peut qu'être frappé par la façon dont on a enlevé des pouvoirs au comité parlementaire en précipitant le débat et en aboutissant à des modifications qui réduiront le pouvoir des parlementaires.
En tant que parlementaire, je prends mes responsabilités à coeur. Les citoyens de Trois-Rivières m'ont fait confiance. Pour moi, il est important de garantir la démocratie en ce Parlement. Les comités en sont un jalon important.
Le Bloc québécois sera favorable au principe de ce projet de loi. D'ailleurs, depuis quelques mois, il a proposé de nombreuses recommandations afin d'améliorer l'actuel cadre de la responsabilité.
Le Bloc québécois a fait ses devoirs et a déposé 72 recommandations à la suite de la Commission Gomery. Ces 72 recommandations étaient rendues nécessaires à cause de tous les problèmes d'éthique qui ont été vécus. Nous désirions retrouver l'argent des commandites, donner des pouvoirs et des ressources aux haut fonctionnaires du Parlement, amender la Loi sur l'accès à l'information et la Loi sur l’enregistrement des lobbyistes, et protéger les dénonciateurs. Tous ces sujets sont traités par ce projet de loi. Malheureusement, certains le sont avec un peu moins de bonheur.
Parlons entre autres d'éthique. L'éthique a certainement été au coeur de la dernière campagne électorale. Le scandale des commandites a été révélé par le Bloc québécois. Ce dernier a constamment alerté la population à ce sujet, ce qui a permis de chasser les libéraux du pouvoir.
Que nous a dit la population en élisant un gouvernement conservateur minoritaire? Elle a dit que ce gouvernement devait assainir les moeurs politiques et amener une responsabilité dans ce Parlement. Toutefois, on peut se demander pourquoi il est nécessaire de le faire à toute vapeur et d'aller si rapidement.
Le Bloc québécois a des critiques importantes à formuler sur l'adoption de ce projet de loi, qui est crucial, qui est très attendu par la population et qui aurait mérité un examen plus prolongé. Où est l'urgence? On est en droit de se poser la question.
La Commission Gomery a produit un ensemble de recommandations qui doivent être implantées, c'est certain. Toutefois, devant tous les abus réalisés, nous pouvons constater que le problème n'est pas causé par un manque de règles, mais plutôt par le fait que ces règles ne sont pas respectées. Or que nous propose ce projet de loi? Il nous propose de nouvelles règles.
De l'avis du Bloc, le projet de loi a des faiblesses à cet égard, dans la mesure où on ne voit pas le processus. Cet amendement de révision tous les cinq ans, auquel vient de consentir le Bloc québécois, pourra certainement apporter un début de solution.
Dans cinq ans, peut-être aurons-nous les mêmes discussions, à savoir que nous avons en effet beaucoup de règles, mais que le moyen d'éviter qu'elles soient contournées n'est pas là et qu'il a besoin d'être revu.
La responsabilité demande beaucoup de transparence. On peut se demander comment on peut dénoncer un abus s'il n'est pas connu. C'est la raison pour laquelle le Bloc demandait une réforme de la Loi sur l'accès à l'information. Celui qui possède l'information détient le pouvoir. Pour le Bloc, il est important que toute l'information soit accessible. De plus, il est important que toutes les fondations et les sociétés d'État soient assujetties à cette Loi sur l'accès à l'information.
On ne peut pas être transparent à moitié, au quart ou au huitième. Lorsqu'on parle de transparence, on doit s'assurer que tous les éléments sont présents pour que les parlementaires, et surtout les comités du Parlement, puissent en débattre et amener des solutions. En effet, la nature humaine étant ce quelle est, on sait très bien qu'il y aura toujours des individus pour se faufiler entre les mailles du filet. C'est ainsi qu'on se retrouve avec des abus considérables.
Il y a aussi un autre aspect fort peu traité et qui me semble crucial. Il s'agit vraiment de la volonté réelle des parlementaires ministériels et de tous les parlementaires de cette Chambre d'intervenir et de changer les choses. Je suis députée depuis deux ans en cette Chambre. Nous constatons que, par le truchement d'un ensemble de lois adoptées, de dépôts de rapports de comité, la volonté politique est absente. Les choses ne changent pas. On déclenche à nouveau des élections et nous nous retrouvons toujours saisis des mêmes problèmes.
De plus, dans ce projet de loi, le gouvernement a refusé d'augmenter les peines pour ceux qui contreviennent à la Loi sur l'éthique. Pour nous, c'est un manque de transparence et cela aurait été certainement une façon de faire qui aurait permis d'éviter les abus. Il est important que ce projet de loi soit débattu en cette Chambre. Dommage qu'il soit débattu aussi rapidement. Même des élus de la France, récemment en visite au Canada, nous disaient qu'ils regardent ce qui se passe en cette Chambre, à quel point eux aussi avaient des difficultés sur le plan de la responsabilité et de l'imputabilité, et à quel point nous aurions pu servir de modèle. Il semble toutefois que nous manquons une belle occasion d'aller au fond des choses, parce que nous y allons en superficie et beaucoup trop rapidement.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole à cette étape pour parler du groupe d'amendements n
o 1, qui enlève certains pouvoirs à certains comités.
J'ai eu le plaisir de siéger à la fois au Comité législatif chargé du projet de loi C-2 et au Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique. J'ai dit que j'avais eu « le plaisir », mais, j'aurais dû dire plutôt que j'ai eu l'expérience d'y travailler. En effet, j'avoue que ce n'était pas toujours plaisant.
Hier, par ailleurs, nous avons eu le plaisir de recevoir le ministre de la Justice et procureur général du Canada, au Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique. Il est arrivé avec quelques réticences face au projet de loi sur la transparence du commissaire à l'information, et il nous a demandé de faire un projet de loi. Évidemment, ce n'était pas notre intention, parce que cette tâche est dévolue au gouvernement. Parfois certains d'entre nous ont élaboré des projets de loi d'initiative parlementaire, ce qui est correct, mais on ne peut pas en faire qui impliquent une dépense monétaire. Semble-t-il qu'un projet de loi sur la transparence impliquerait beaucoup de frais pour ce gouvernement.
Le ministre nous a alors dit de poursuivre nos études et nos rapports, de moderniser et de renforcer la loi qui a été faite en 1987. Quand je lui ai demandé s'il avait établi un calendrier pour cette loi, il ne m'a pas répondu. On sait ce que cela vaut: il n'avait pas de calendrier.
Savez-vous pourquoi il n'a pas fixé de calendrier? Parce qu'il n'a pas de volonté politique. Qu'aurait-il fait s'il avait eu la volonté politique de faire une vraie loi sur la transparence, une vraie loi sur l'accès à l'information publique, donc de vraiment la moderniser et la renforcer? Il aurait agi exactement de la même manière que pour le projet de loi C-2: il l'aurait faite lui-même et il l'aurait soumise à un comité législatif. D'ailleurs, pour le projet de loi C-2, il a étiré son élastique jusqu'au bout, si je puis dire. Non seulement il avait de la volonté politique, mais elle atteignait à l'arrogance. On l'a vu et senti, chacun s'en est plaint entre nous. En effet, le calendrier était beaucoup trop serré. Les témoins défilaient à un train d'enfer et nous n'avions pas le temps de réfléchir à ce qu'on disait. Nous n'avions pas le temps de lire les documents précieux qu'on nous offrait. Nous n'avons pas eu le temps de faire des recherches, de comparer et de nous renseigner davantage. Jamais. Ce comité a siégé jusqu'à 45 heures en une seule semaine. Et puis, nous leur avons dit ce que je redis maintenant: attention! Nous allons si vite que nous bâtirons un projet de loi imparfait et plein de trous. La preuve en est que le ministre, à nouveau, vient à peine d'apporter un amendement de dernière minute pour le parfaire. Alors on le sait, ce projet de loi sera imparfait.
Ce projet de loi inclut aussi quelques amendements, pas beaucoup, à la Loi sur l'accès à l'information. D'ailleurs, c'est pour cela que le ministre de la Justice et procureur général du Canada va s'en contenter.
En effet, les réels changements qu'il voulait faire à la Loi sur l'accès à l'information sont contenus dans le projet de loi C-2. Nous ne devons pas en attendre davantage de ce gouvernement et de ce ministre. À mon humble avis, ce gouvernement ne fera pas d'autre projet de loi sur l'accès à l'information. On sait aussi que le projet de loi C-2 renferme quelques éléments de partisanerie, comme celui de mettre possiblement des bâtons dans les roues du Parti libéral pour sa course au leadership. De plus, comme on le voit maintenant, il enlève même certains pouvoirs à certains comités, ainsi que l'atteste ce groupe d'amendements.
Il faudrait un peu plus d'équilibre dans ce gouvernement. En effet, la Loi sur l'accès à l'information est privée de calendrier.
Le ministre nous a dit de prendre notre temps, de faire des rapports et des analyses, de veiller à le rendre parfait. Nous avons fait suffisamment d'études et de rapports. Je pourrais les déposer ici, la pile s'élèverait certainement sur un ou deux pieds.
Il faut comprendre qu'aucune volonté politique n'appuie la Loi sur l'accès à l'information. C'est tellement vrai qu'hier, à notre comité, alors que nous discutions de notre plan d'action automnal et que nous nous apprêtions à voter une mesure qui nous aurait permis de demander au ministre du Travail et ministre de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec de revenir lors de la reprise de nos travaux en septembre, cette fois avec un projet de loi gouvernemental sur l'accès à l'information, qu'est-il arrivé? Les députés conservateurs qui étaient au comité ont monopolisé l'attention.
Le député de Dufferin—Caledon, entre autres, a parlé pendant tout le reste de la réunion. Il restait 10 ou 15 minutes. Il a parlé tout le temps. Il a dit des choses et leur contraire. Il a dit des choses contraires à ce qu'il pense. Les députés étaient contradictoires, parlaient sans arrêt, donnaient des chiffres. Ils disaient n'importe quoi pour utiliser tout le temps afin que nous ne discutions pas d'un projet de loi qui proviendrait du ministère.
Cela est déplorable pour la démocratie et pour la transparence. Parlons-en, de la transparence! Si ce gouvernement n'a pas l'intention de refaire la Loi sur l'accès à l'information, qu'il le dise tout simplement au lieu de faire toutes sortes de ronds de jambes ou d'escamoter de vrais débats. L'un des députés conservateurs a même dit hier en comité — c'est risible — qu'un ministre était aussi un député, et qu'un député était aussi un ministre. Je ne savais pas que j'étais ministre. Je l'ai appris grâce à un collègue du Parti conservateur qui a dit cela en comité.
Comment peut-on s'attendre à ce que ce gouvernement nous propose une vraie loi sur la transparence? J'ai demandé en comité que ce gouvernement propose une Loi sur l'accès à l'information. Cette motion a été rejetée par les députés conservateurs. Par ailleurs, cela avait été demandé en novembre dernier et la motion avait été adoptée à l'unanimité. La même motion qui a été rejetée par les conservateurs en comité, le 15 mai, avait été adoptée à l'unanimité en novembre dernier. Rappelons-nous qu'il y avait même eu une journée d'opposition du Parti conservateur, le 15 novembre dernier, à propos d'une nouvelle Loi sur l'accès à l'information. Qu'est-ce qui a changé entre novembre dernier et maintenant, sinon que ce parti s'est fait élire et qu'il oublie ses promesses électorales les unes après les autres?
Pourtant, le gouvernement conservateur a promis de réformer la Loi sur l'accès à l'information à de nombreuses reprises lors de la dernière campagne électorale. C'est dans leur dernière plateforme électorale. Hier, on a bien vu que ce n'était pas vrai. Il n'y aura pas de nouvelle Loi sur l'accès à l'information.
Ce qui est dommage, c'est qu'un loi sur la responsabilité, c'est bien, c'est correct, même si cette loi est très imparfaite et même si le Bloc québécois a beaucoup de réticences. Ce gouvernement peut s'attendre à ce que le Bloc vote en faveur de ce projet de loi. Mais une loi sur la responsabilité, sans une loi sur la transparence, cela ne fonctionne pas. Cela ne nous éviterait pas un nouveau scandale des commandites, ni d'autres scandales. En effet, ce gouvernement a l'intention d'éviter la transparence. Il ne veut pas être transparent. En ce sens, le projet de loi C-2, malheureusement, n'atteindra pas les buts qu'on pensait qu'il atteindrait.
Le rapport Gomery proposait beaucoup de recommandations, particulièrement une nouvelle loi sur la transparence. On voit que peu de choses ont été retenues dans le projet de loi C-2.
Désormais, lorsqu'on parlera d'une promesse électorale qu'on oublie aussitôt qu'on a été élu, on parlera de « promesse de conservateur ». C'est effectivement cela. On croyait qu'une loi sur la transparence et qu'une Loi sur l'accès à l'information modernisée et renforcée viendraient de ce gouvernement. Hélas non, c'est une « promesse de conservateur ». Il n'y aura pas de nouvelles Loi sur l'accès à l'information.
Ce gouvernement ne cherche pas à éviter un nouveau scandale. Ce n'est pas ce qu'il veut éviter. Sa démarche est partisane, opportuniste et superficielle. Tout ce qu'il veut dire à ses électeurs, la prochaine fois qu'il ira en campagne électorale, c'est qu'il a accompli sa mission, qu'il a fait une loi sur la responsabilité. C'est tout ce qu'il a fait, mais il l'a fait. C'est tout. Voilà!
Quand on voit ce qu'il y a dans ce projet de loi, on s'aperçoit que c'est un pas très timide dans la bonne direction qui n'inclut pas la transparence. Comme je l'ai dit tout à l'heure, la responsabilité sans la transparence, cela ne va pas loin.
Ce projet de loi C-2 est un petit pas en avant, mais un très petit pas, faiblard, qui tremble beaucoup. Toutefois c'est mieux qu'un pas en arrière et, en ce sens, le Bloc québécois appuiera ce projet de loi.
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Monsieur le Président, je voudrais d'abord féliciter ma collègue de Saint-Bruno—Saint-Hubert pour son excellent travail et son excellente présentation.
J'en profite également pour souligner l'excellent travail que notre collègue de Repentigny a accompli au comité. Il a su prendre le temps et avoir la patience d'essayer de faire comprendre au gouvernement, pendant des heures et des heures, qu'il fallait prendre tout le temps nécessaire pour faire un bon travail. Il ne manquait ni de temps ni de patience. Il était même prêt à donner de son temps durant tout l'été afin de pouvoir discuter avec les députés du gouvernement de l'évolution de ce projet de loi sur la responsabilité.
La position du Bloc québécois n'a jamais changé: tant qu'à modifier les moeurs de ce Parlement, autant le faire comme il faut. Cela a toujours été le message livré par le Bloc québécois.
Notre collègue de Repentigny a toujours livré ce même message et invité ses collègues à prendre le temps qu'il fallait pour véritablement changer les moeurs de cette administration, de ce Parlement, et la façon dont fonctionne le gouvernement du Canada, qui, au fil des années, s'est fait un devoir de triturer à peu près toutes les lois et de prendre les biens des contribuables comme si tout lui était acquis.
C'est un peu ce qu'on a fait dans le cadre de ce projet de loi C-2 déposé en cette Chambre. Par contre, il faut que les hommes et les femmes qui nous écoutent essaient de comprendre, monsieur le Président, comment fonctionne le Parlement.
C'est bien de déposer une loi, mais lorsque le gouvernement est minoritaire, un projet de loi qu'il présente doit être étudié en comité et profiter des améliorations suggérées par les partis d'opposition, qui, vous l'aurez compris, détiennent la majorité des sièges aux comités. En effet, dans un gouvernement minoritaire, ce sont les partis d'opposition qui ont la majorité aux comités. Le gouvernement se doit donc de tenir compte de la position de tous les partis, et non faire quelques basses alliances, comme il en a fait avec le Nouveau Parti démocratique, pour essayer d'imposer le projet de loi et d'obtenir quelques petites améliorations pour rendre heureux les gens du NPD et être capable, encore une fois, d'adopter un projet de loi qui ne réglera pas tout le problème.
Quand on analyse un projet de loi présenté au Parlement, il faut savoir d'où il vient. D'où vient ce projet de loi sur la responsabilité? Il est directement lié au scandale des commandites. Pour tous ceux et celles qui sont dans cette Chambre, dont les nouveaux députés, le scandale des commandites est le plus grand scandale à avoir affecté l'administration publique fédérale depuis son existence. Telle est la réalité.
Aujourd'hui, on essaie d'adopter à toute vapeur un projet de loi qui est la base même de tout le fonctionnement du gouvernement canadien. Le scandale qu'a subi la population québécoise, entre autres, mérite qu'on prenne le temps nécessaire pour être en mesure d'adopter un projet de loi qui garantira aux Québécois et aux Québécoises qu'on n'essaiera plus jamais d'acheter leur conscience sociale avec leur propre argent. C'est ce qu'on a essayer de faire. Tel est le drame du scandale des commandites: prendre l'argent de la population et le remettre à des agences de publicité qui, elles, l'ont remis à des partis politiques. C'est ce qu'on veut essayer de faire.
J'encourage mes collègues du Parti conservateur, surtout les nouveaux élus, à relire les textes du rapport Gomery, à relire ce que le juge a mentionné et même à relire les questions qui ont été posées devant la Commission Gomery. Finalement, la réalité se résumait à une culture du silence. Le projet de loi d'aujourd'hui ne mettra pas fin à cela. J'en veux pour preuve ce qu'a dit à ce sujet le commissaire à l'information.
Lors de la dernière législature, je siégeais au comité chargé d'étudier l'accès à l'information et les tâches des autres commissaires. Or, le commissaire à l'information a dit qu'il s'agissait en effet d'une culture du secret. Il n'y avait ni papiers ni textes. C'est d'ailleurs pour cette raison que certains coupables n'ont pas été condamnés: il n'y avait aucun document. On se parlait. Le cabinet de Paul parlait au cabinet de Pierre. Quelque part, tout le monde se parlait au cabinet de Jean. Donc, Pierre, Jean et Jacques y étaient tous. Le problème est qu'il n'y avait pas de textes.
Le commissaire à l'information nous dit, en ce qui a trait au projet de loi sur la responsabilité, de faire attention, car ce projet de loi ne règle pas le coeur du problème de la Commission Gomery et du scandale des commandites. Tout se faisait sans qu'il y ait de documents.
Or, ce projet de loi sur la responsabilité ne règle aucunement ce problème. Donc, vous comprendrez l'inquiétude du Bloc québécois.
Le Parti conservateur a mené sa campagne électorale en disant qu'à son arrivée, il allait faire un grand ménage et déposer un projet de loi qui empêcherait que se reproduise ce qui s'est produit dans le passé.
J'encourage les collègues conservateurs à relire les recommandations du rapport Gomery, lequel a aussi dit que ce projet de loi n'allait pas assez loin. Vous comprendrez donc que le remède que tentait d'administrer le Parti conservateur pour combattre la maladie de la corruption ne règle rien, puisqu'on n'empêche pas la culture du secret. Il n'y aura pas de filières retenues par l'administration, et les fonctionnaires pourront continuer à communiquer entre eux par téléphone sans pour autant devoir le faire par écrit. Or, tel était le drame du scandale des commandites: tout se faisait par téléphone, il n'y avait rien d'écrit.
Lorsque le commissaire à l'information recevait les commandes, autant celles du juge Gomery que celles de tous les ministères, il ne retrouvait pas les documents demandés. C'est ce que le commissaire Reid maintient encore aujourd'hui lorsqu'il dit qu'on ne modifie pas, dans ce projet de loi, ce qui est important, soit le fait que tout est centré sur l'accès à l'information, mais en autant qu'il y a de l'information disponible.
Donc, vous comprendrez pourquoi notre collègue de Repentigny s'est démené comme il l'a fait, de toute son âme et de toute sa conscience, pour essayer de faire comprendre aux autres partis, surtout au Parti conservateur et au NPD, qu'ils ne devaient pas aller trop vite. Il y a des choses très importantes qui ont été décriées et que ce projet de loi ne modifie pas.
La plus importante de ces choses est qu'il faut forcer l'administration à avoir des documents et à conserver tous les documents relatifs à chacun des dossiers, à chacun des programmes. Ce projet de loi ne fait pas cela, tel qu'est venu le dire, entre autres, le commissaire à l'information. Vous ne modifiez pas l'accès à l'information, donc, il n'y a pas d'information disponible, et on ne les oblige à en avoir.
Il faudrait pouvoir faire une réforme en profondeur du malaise qui a été à l'origine du scandale des commandites. Or, ce n'est pas ce que fait le Parti conservateur. Le Parti conservateur fait de la politique, présentement. Il est à la tête d'un gouvernement minoritaire et il espérait bien devenir très rapidement majoritaire, mais cela ne se réalisera pas. Pourquoi? Parce que trop de députés conservateurs ne se rendent pas compte qu'en allant trop vite, ils ne règlent rien.
Évidemment, on ne peut pas être contre la vertu, contre un embryon de règlement. Par contre, ce n'est pas ce qu'ils avaient promis lors de la campagne électorale; ils avaient promis de régler le problème.
Vous aurez sûrement compris pourquoi la position du Bloc québécois était claire, pourquoi notre leader a fait part de la position du Bloc québécois. Ce projet de loi ne réglera pas le vrai problème qui constitue à la fois l'issue et l'origine de tout ce projet de loi, soit le scandale des commandites.
Donc, si on adopte ce projet de loi, il pourrait encore y avoir un scandale des commandites ou un autre scandale où des fonds publics seraient dilapidés à des fins purement partisanes, tout simplement parce que la Loi sur l'accès à l'information n'a pas été modifiée, parce qu'il n'y a pas d'obligations et parce qu'on ne pénalisera pas les fautifs comme le souhaitait le commissaire à l'information. Ce dernier avait entre autres déposé à notre comité, lors de la dernière législature, donc il y a huit mois et non il y a dix ans, un projet de loi qui modifiait la Loi sur l'accès à l'information, et ce, à la demande du comité.
À cette époque, les conservateurs étaient d'accord, il y avait unanimité. On avait demandé au commissaire à l'information de déposer un projet de loi justement pour qu'il soit en mesure, lui qui doit subir toutes les demandes de tous les ministères lorsqu'un scandale tel que le scandale des commandites éclate, de donner toute l'information et pour que tous les documents soient disponibles. Il a donc déposé un projet de loi lui-même. Pour la première fois, un commissaire déposait lui-même un projet de loi qu'il avait préparé avec ses employés et ses avocats pour nous dire ce qu'il fallait.
Or, ce gouvernement, dans son projet de loi sur la responsabilité, ne tient aucunement compte des recommandations du commissaire à l'information, qui étaient pourtant le noyau de cette affaire.
Vous comprendrez, monsieur le Président, que le Bloc québécois va évidemment appuyer cette mesure. Toutefois, cela ne règle pas le mal, puisque les conservateurs avaient dit qu'ils allaient régler les problèmes des programmes comme celui qui a mené au scandale des commandites. Évidemment, ce projet de loi ne les règle pas.
Nous allons appuyer cette mesure, qui est une bien petite mesure pour un gouvernement qui espère très rapidement devenir majoritaire. Encore une fois, les Québécois et les Québécoises comprendront qu'on a voulu tenter de régler quelque chose, mais que ce n'est qu'un écran de fumée. Ils se fieront donc toujours au Bloc québécois, entre autres au député de Repentigny, pour défendre leurs intérêts.
:
Monsieur le Président, il en aura fallu des heures afin de rendre ce projet acceptable, et je dis bien « acceptable », malgré les concessions accordées aux membres du Bloc québécois qui siègent à ce comité. Je profite d'ailleurs de cette occasion pour leur manifester mon admiration. Je parle des députés de Repentigny et de Saint-Bruno—Saint-Hubert. Ils ont siégé jusqu'à maintenant pendant quelque 42, 43 et même 45 heures par semaine, afin d'étudier ce projet de loi.
Effectivement, plusieurs travailleurs diront que ce n'est rien, puisqu'ils travaillent autant toutes les semaines. Cependant, je parle de 42, 43 et peut-être même 45 heures à étudier ce projet de loi uniquement. Ils devaient tout de même cumuler leur travail de bureau, autant à Ottawa que dans leur comté. Je vous assure qu'ils sont très présents dans leur comté. Je parle des députés du Bloc, bien sûr, car je les connais.
Ce projet de loi, que le gouvernement a accepté de franciser à la suite des demandes répétées du Bloc québécois, a été suggéré en grande partie par la Commission Gomery. Je dis « en grande partie », parce qu'il y a eu ajout de beaucoup d'énoncés redondants inopérants et incontrôlables — l'avenir nous le dira. Il sera difficile à une personne ordinaire de l'interpréter. Et ce sera une autre loi qui fera la fortune des avocats.
Coïncidence peut-être, mais ce matin ce sujet est d'actualité, et le cas qui s'y rapporte est bien celui de Charles Guité. Sa peine est-elle méritée? À mon avis, bien sûr, mais jusqu'à quel niveau un psychologue, surtout militaire, aurait-il évalué son degré de responsabilité? Ce serait intéressant de le savoir pour bâtir une loi, telle que celle que nous présentons aujourd'hui.
La crédibilité de ce projet de loi en serait entachée s'il fallait que ce gouvernement s'en serve comme d'un tremplin électoral. C'est donc dire que c'est dès maintenant, en même temps que la mise en oeuvre de cette loi, que la procédure doit être enclenchée, s'il est sérieux, bien sûr.
Il y a d'autres fonctionnaires comme Charles Guité qui croient que leur devoir les force à la fidélité inconditionnelle. Dans ce cas, il avait été un soldat qui avait appris à exécuter les ordres. Comme soldat, ce n'était pas à lui de poser des questions. Il avait sa mission. Et ce projet de loi devait être la règle qui permettrait d'aller chercher celui ou celle à qui une personne comme Guité ne pouvait poser de questions. Je doute de la capacité de cette loi à faire le travail.
Cependant, comme je le disais au début de mon intervention, nos représentants du Bloc à ce comité ont réussi à faire adopter assez de changements pour éviter de croire que toutes ces heures de travail ont été exécutées inutilement.
La vérificatrice générale sera dans un sens déçue de constater qu'elle n'aura pas encore accès à l'ensemble des fondations et des sociétés d'État, à cause encore une fois du manque de courage politique d'un parti qui a été très brave dans l'opposition et en campagne électorale, mais qui échappe son pantalon au moment de passer aux actes. Si cela peut consoler un peu la vérificatrice générale, je lui dis que le Bloc québécois et moi-même bien sûr sommes tout aussi désappointés.
La vérificatrice générale, telle que je la connais, et qui servira de point de référence pour encore plusieurs années à venir, sera certainement satisfaite de conserver son indépendance politique et, même si encore insuffisants, d'acquérir des pouvoirs additionnels. Elle doit certainement piétiner d'impatience. Même si je n'étais que très peu satisfait de ce projet, je crois que je l'appuierais juste pour continuer d'admirer son travail.
Malheureusement, il n'y a jamais rien de tout rose dans la vie, et ce qui assombrit ce projet, c'est l'absence de sanctions réelles aux contrevenants à la Loi sur l'éthique. Pourtant, le commissaire est tellement contrôlé dans ses fonctions que, lorsqu'il décide de déclarer un contrevenant, c'est parce qu'il n'a réellement, mais réellement pas le choix. Quoi que les membres de ce gouvernement aient à se reprocher ou croient pouvoir se faire reprocher, je ne sais pas, c'est à eux d'en juger.
Ils sont tellement parfaits, ils ne veulent pas mettre Kyoto en oeuvre, mais ce n'est pas leur faute; ce sont les libéraux qui ont pollué. Ils ne veulent pas remettre l'argent de la caisse d'assurance-emploi au milieu; c'est la faute des libéraux qui l'ont pillée. Il ne veulent pas créer l'office de contrôle des prix de l'essence; c'est l'idée du Bloc québécois, et les pétrolières vont peut-être devenir séparatistes un jour.
Ils n'ont certainement pas à s'inquiéter, ils sont tellement parfaits! Et comme les anges, s'ils ne font qu'une petite erreur, comme changer de parti après avoir fait croire aux électeurs que l'autre parti était le diable, ils ne perdent qu'une aile, après tout.
Le commissaire à l'éthique a-t-il réellement tous les pouvoirs et l'indépendance — surtout l'indépendance — nécessaires à l'exécution de sa tâche? Qu'on me permette de ne pas y croire. Les plaintes de citoyens, entre autres, seront encore filtrées par les parlementaires. C'est plus que les ailes qu'ils se font couper.
La population dira, probablement avec raison, que la loi corrigée sur le financement des partis politiques est un beau nuage lancé à la figure de l'électorat. Je ne crois pas qu'elle se trompera de beaucoup.
Il faut être réaliste. Le Québec a fait tous les efforts pour tenter d'assainir la loi sur le financement des partis politiques, mais il se produit toujours quelque chose pour fausser les données. Prenons l'exemple d'un ministre qui annonce une subvention de son gouvernement dans une collectivité. N'est-ce pas un message politique à ceux qui bénéficieront de cette subvention? Pourtant, c'est l'argent des contribuables qui est mis à contribution pour le financement et l'annonce de ce projet. Est-ce comptabilisé dans le financement du parti au pouvoir?
Nous avons un exemple flagrant avec la Loi électorale du Québec qui est une très bonne loi. Dans le dossier du Mont-Orford, il semblerait que les actionnaires, appelés à être les plus grands bénéficiaires de cette privatisation, seraient de très bons financiers du parti au pouvoir. Cette récompense peut-elle être considérée comme un encouragement pour de nouveaux financiers? Encouragera-t-elle tout simplement ces mêmes financiers à continuer de contribuer aussi généreusement? C'est ce que retient la population.
Lorsque cette population comprend qu'on lui a lancé de la poudre aux yeux, comme dans le cas de la présence du Québec à l'UNESCO, la sentence est assez lourde. Il suffit den parler à nos voisins de banquettes.
En ce qui a trait à la Loi sur l'accès à l'information, j'aimerais rappeler à ce gouvernement que, pas plus tard que l'automne dernier, il était partie prenante d'une motion unanime du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique. Cette motion rejetait une suggestion du ministre de la Justice visant à établir un délai pour l'étude de la loi.
Pas plus tard que le mois de janvier dernier, ce parti disait à la page 13 de sa plateforme électorale:
Un gouvernement conservateur:
Appliquera les recommandations du commissaire à l’information sur la réforme de la Loi sur l’accès à l’information.
Notre vision de l'éthique ne change-t-elle pas une fois que nous sommes au pouvoir?
:
La Chambre est-elle prête à se prononcer?
Des voix: Le vote.
Le président suppléant (M. Andrew Scheer): Le vote porte sur la motion no 1. Plaît-il à la Chambre d'adopter la motion?
Des voix: D'accord.
Des voix: Non.
Le président suppléant (M. Andrew Scheer): Que tous ceux qui sont en faveur de la motion veuillent bien dire oui.
Des voix: Oui.
Le président suppléant (M. Andrew Scheer): Que tous ceux qui s'y opposent veuillent bien dire non.
Des voix: Non.
Le président suppléant (M. Andrew Scheer): À mon avis, les non l'emportent.
Et plus de cinq députés s'étant levés:
Le président suppléant (M. Andrew Scheer): Le vote par appel nominal sur la motion no 1 est reporté.
Le vote suivant porte sur la motion no 2. Plaît-il à la Chambre d'adopter la motion?
Des voix: D'accord.
Des voix: Non.
Le président suppléant (M. Andrew Scheer): Que tous ceux qui sont en faveur de la motion veuillent bien dire oui.
Des voix: Oui.
Le président suppléant (M. Andrew Scheer): Que tous ceux qui s'y opposent veuillent bien dire non.
Des voix: Non.
Le président suppléant (M. Andrew Scheer): À mon avis, les oui l'emportent.
Je déclare la motion no 2 adoptée.
(La motion no 2 est adoptée.)
Le président suppléant (M. Andrew Scheer): Le vote suivant porte sur la motion no 3. Plaît-il à la Chambre d'adopter la motion?
Des voix: D'accord.
Des voix: Non.
Le président suppléant (M. Andrew Scheer): Que tous ceux qui sont en faveur de la motion veuillent bien dire oui.
Des voix: Oui.
Le président suppléant (M. Andrew Scheer): Que tous ceux qui s'y opposent veuillent bien dire non.
Des voix: Non.
Le président suppléant (M. Andrew Scheer): À mon avis, les oui l'emportent.
Et plus de cinq députés s'étant levés:
Le président suppléant (M. Andrew Scheer): Le vote par appel nominal sur la motion no 3 est reporté.
Le vote suivant porte sur la motion no 5. Plaît-il à la Chambre d'adopter la motion?
Des voix: D'accord.
(La motion no 5 est adoptée.)
:
Monsieur le Président, je suis fier de me lever aujourd’hui pour parler brièvement des motions dont nous sommes saisis et qui font partie du groupe n
o 2 des amendements à la Loi sur la responsabilité. Je vais décrire rapidement la position du gouvernement sur ces amendements.
D’abord, il y a la motion no 8 proposée par le NPD. Nous sommes disposés à prendre cet amendement en considération. Cette motion prévoit pour le commissaire au lobbying une exemption permanente à l’égard de renseignements obtenus dans le cadre d’une enquête ou créés au cours de l’enquête une fois que cette enquête est terminée. Par exemple, le commissaire au lobbying pourrait mener une enquête sans être harcelé par des demandes d’accès à l’information. Cet amendement me paraît raisonnable. Nous allons l’étudier avec ouverture d’esprit.
Vient ensuite la motion no 13 des libéraux. Nous sommes favorables à cet amendement parce qu’il modifie la définition d’une institution gouvernementale, afin d’inclure seulement les filiales à cent pour cent des sociétés d’État. Les filiales des sociétés d’État qui sont à participation majoritaire supposent une propriété partielle du secteur privé. Nous ne voulons pas que les organisations appartenant au secteur privé soient assujetties à l’accès à l’information. Nous considérons donc que la motion no 13 des libéraux est fort raisonnable et peut recevoir notre appui.
La motion no 14 du NPD supprime l’exemption permanente que prévoit la Loi sur l’accès à l’information pour les documents créés par le vérificateur général. Nous allons nous opposer à cet amendement. Nous ne croyons pas que le vérificateur général devrait être tenu de communiquer tous les documents et notes qu’il crée dans le cadre d’une enquête. Il travaille dans un esprit de transparence et accepte de communiquer tout renseignement pertinent lorsqu’il dépose son rapport à la Chambre des communes. Il est donc inutile que toutes ses notes soient rendues publiques. D’ailleurs, cela pourrait nuire aux libres discussions tenues dans son bureau au cours des vérifications. Nous allons donc nous opposer à la motion no 14 du NPD.
La motion no 17 du NPD ajoute l’APECA à la version anglaise de l’article 165. Or, la motion no 18 du gouvernement vise le même objectif, mais le fait d’une manière plus conforme aux règles de rédaction législative. À notre avis, la motion no 17 du NPD est donc inutile.
Enfin, je m’arrête un peu sur les motions nos 18 et 22, soit les amendements à l’annexe 1 de la Loi sur la protection des renseignements personnels et de la Loi sur l’accès à l’information, qui font suite à l’adoption des motions précédentes. Ces motions méritent d’être débattues. Au cours de l’examen par le comité législatif du projet de loi C-2, le NPD a proposé des motions concernant la définition de « institution fédérale » aux termes de la Loi sur l’accès à l’information. Ces motions ont été adoptées.
La définition de « institution fédérale » a été amendée pour inclure les sociétés d’État mères et leurs filiales, de sorte que leur inscription dans l’annexe de ces lois fait double emploi et n’est plus nécessaire. Pour les supprimer de l’annexe de ces lois, le NPD a proposé des motions qui renferment la liste des sociétés d’État à supprimer. Nous inviterons le NPD à faire des observations sur ces questions. Je devine que nous voudrons débattre les motions nos 18 et 22.
C’était un bref aperçu de la réaction du gouvernement aux motions du groupe no 2. D’une façon générale, nous prévoyons un vif débat et une adoption rapide de la Loi sur la responsabilité.