propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je me lève aujourd'hui en cette Chambre pour nos anciens combattants et nos vétérans. Ces personnes qui défendent nos valeurs de par le monde méritent bien sûr d'avoir l'appui du gouvernement pour faire en sorte que lorsqu'ils traversent des périodes difficiles après leur retour — je pense à nos vétérans de l'ère moderne —, on puisse leur accorder le soutien approprié, surtout s'ils sont blessés.
Aujourd'hui, nous allons poursuivre l'étude de l'important projet de loi , qui en est à l'étape de la deuxième lecture. Son adoption représente beaucoup pour nos anciens combattants. Le gouvernement a accepté d'injecter une somme de 2 milliards de dollars pour justement venir en aide à nos vétérans. Je pense entre autres à ceux de l'ère moderne, ceux qui reviennent de l'Afghanistan blessés. Il est de notre responsabilité de nous assurer que ces gens, s'ils ont cette malchance, n'aient au moins pas de problèmes sur le plan financier dans le futur.
Quelles sont les statistiques? Nous offrons des services à environ 140 000 anciens combattants et vétérans. De ce nombre, 65 000 sont des vétérans de la Seconde Guerre mondiale ou de la guerre de Corée. En outre, la moyenne d'âge de ces gens de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée est de 87 ans. Il y a aussi ceux d'après la guerre de Corée, dont la moyenne d'âge est de 57 ans, et nous offrons des services à environ 67 000 d'entre eux. Bien sûr sont inclus dans cette catégorie les vétérans de l'ère moderne qui ont autour de 20, 25 ou 30 ans et qui reviennent de l'Afghanistan.
Ces vétérans de l'ère moderne, on peut concevoir qu'ils ont des besoins différents de ceux de la guerre de Corée ou de la Seconde Guerre mondiale, dont la moyenne d'âge est de 87 ans, comme je le mentionnais il y a quelques minutes. Pourquoi ont-ils des besoins différents? Ils sont jeunes, et lorsqu'ils reviennent blessés, leur objectif est de revenir à la vie civile, d'avoir un nouvel emploi adapté à leur nouvelle réalité — je fais un lien avec les blessures physiques ou psychologiques qu'ils peuvent avoir. Il faut dès lors que les services qu'on leur offre tiennent compte de cette nouvelle réalité —, qui n'existait pas auparavant.
Que recevaient nos anciens combattants avant? Dans le passé, nos anciens combattants recevaient une pension d'invalidité, des avantages médicaux, bien sûr, pour assurer leur autonomie et également des soins de longue durée en fonction des besoins qu'ils ont à cet égard.
Aujourd'hui, nos « nouveaux » anciens combattants, ceux de l'ère moderne, ont des besoins complètement différents. En 2005, dans la sagesse du Parlement, on a voté une nouvelle charte pour nos anciens combattants. Cela a été voté unanimement en tenant compte de ces nouveaux besoins. La réalité de ces gens est différente: ils veulent se réadapter, pouvoir revenir à la vie civile et continuer à s'épanouir. Et nous offrions un ensemble de nouveaux services liés à cette nouvelle réalité.
Malgré le fait que cette nouvelle charte ait été votée unanimement, on a dit à nos vétérans, à nos associations qui les représentent, que ce serait une charte évolutive. Dans les faits, nous avons été à l'écoute, et aujourd'hui, compte tenu de ceux qui reviennent blessés, on a constaté que cette nouvelle charte comportait des lacunes qu'il fallait corriger.
Qui avons-nous écouté? Nous avons écouté les sept associations qui les représentent. Je pense entre autres à la Légion royale canadienne, à l'Association canadienne des vétérans pour le maintien de la paix et à différents groupes qui représentent nos anciens combattants. Nous avons également écouté nos anciens combattants eux-mêmes et l'ombudsman, qui a partagé avec nous des points de vue. Nous avons aussi écouté les parlementaires, qui ont formulé des commentaires sur les changements qui devraient être apportés. Nous avons aussi écouté nos militaires en Afghanistan. D'ailleurs, je me suis rendu en Afghanistan où j'ai eu l'occasion d'entendre le point de vue de nos militaires par rapport au paiement forfaitaire, sur lequel je vais donner plus de détails dans quelques minutes.
Nous avons également écouté les suggestions des représentants des comités permanents et du Groupe consultatif sur la Nouvelle Charte des anciens combattants sur les changements à apporter.
Nous avons dit que c'était un document évolutif. Le gouvernement a écouté ce qu'on lui a dit et il a décidé d'apporter des changements à cette charte, afin de répondre aux besoins des militaires et des vétérans de l'ère moderne.
Qu'allons-nous changer à cette Nouvelle Charte des anciens combattants? Il y a trois changements, mais ils entraînent quatre changements.
Le premier changement concerne l'allocation de revenu. L'objectif fondamental est de faire en sorte que le vétéran suive un programme de réadaptation afin de pouvoir revenir à la vie civile, occuper un nouvel emploi tenant compte de son handicap et s'épanouir. Lorsqu'un vétéran de l'ère moderne revient de l'Afghanistan blessé, l'allocation qui lui est accordée, s'il suit le programme de réadaptation, équivaut à 75 p. 100 de son salaire. Cependant, le bas salarié reçoit environ 26 000 $, ce qui n'est pas suffisant. Il fallait apporter des correctifs, car certains de ces vétérans ont une famille et de jeunes enfants.
Voici ce que fera le projet de loi . Les 75 p. 100 du salaire vont maintenant tenir compte, au minimum, du salaire du caporal, de telle sorte qu'un ancien combattant qui revient blessé de l'Afghanistan recevra au minimum 40 000 $ par année, tant et aussi longtemps qu'il suivra son programme de réadaptation.
Le deuxième changement a trait à un changement de l'allocation mensuelle permanente. On a constaté que les montants accordés à ceux qui revenaient gravement blessés et qui n'étaient pas en mesure de retourner au travail étaient insuffisants. Actuellement, ceux qui reviennent au pays reçoivent, en fonction de la gravité de leurs blessures, une allocation variant de 536 $ à 1 639 $ par mois. Ceux qui ne pourront pas revenir au travail parce qu'ils sont blessés trop gravement recevront, pour le reste de leur vie, une somme supplémentaire de 1 000 $ par mois.
Le minimum que pourra recevoir quelqu'un qui est gravement blessé et qui ne peut pas revenir au travail à cause de l'importance de ses blessures sera de 58 000 $ par année, jusqu'à l'âge de 65 ans.
En 2005, lorsque la loi a été votée unanimement, on a constaté que la Nouvelle Charte des anciens combattants ne tenait pas compte des blessures antérieures des anciens combattants. Cela sera corrigé: on tiendra également compte de ces blessures, de telle sorte que 3 500 d'entre eux recevront dorénavant des contributions allant de 536 $ à 1 609 $ par mois, montant qui vient d'ailleurs d'être indexé. Ces 3 500 personnes pourront maintenant profiter de cette nouvelle mesure.
Parlons maintenant du paiement forfaitaire. À tort, il a circulé pendant plusieurs mois une rumeur selon laquelle le gouvernement n'accordait qu'un montant forfaitaire de 276 $ aux anciens combattants qui revenaient blessés de l'Afghanistan et qu'il ne s'en occupait plus par la suite. Or c'est faux. Les deux premiers avantages dont je viens de parler sont offerts à nos anciens combattants, en plus du troisième, soit le paiement forfaitaire.
Selon des critiques, souvent, les gens n'étaient pas en mesure de bien gérer ce montant de 276 $ qu'ils recevaient en compensation de leurs blessures. On a fait une vérification, et 69 p. 100 des anciens combattants étaient satisfaits, mais 31 p. 100 ne l'étaient pas et auraient préféré recevoir une compensation sous une autre forme.
On a analysé en profondeur les cas de ces 31 p. 100. On a constaté qu'il s'agissait souvent de gens ayant des problèmes de santé mentale ou souffrant du syndrome de stress post-traumatique opérationnel.
En me rendant en Afghanistan, j'ai fait part à nos militaires de ce que je m'apprêtais à changer pour être plus flexible. Un de nos militaires m'a prié de leur donner le plus de flexibilité possible. Je suis revenu en avion en me disant que j'irais plus loin que ce que j'avais prévu pour m'assurer de répondre aux besoins de nos vétérans de l'ère moderne qui peuvent revenir blessés d'Afghanistan.
Dans notre projet de loi, les gens auront maintenant des options par rapport au paiement forfaitaire. S'il est préférable pour un individu de l'avoir en argent comptant, il pourra l'avoir. Si un autre vétéran préfère plutôt que l'on étende ce montant sur un certain nombre d'années, on va pouvoir le faire. S'il veut l'avoir sur cinq ans, 10 ans, 20 ans ou 25 ans, ça va être possible. Il aura un paiement annuel tant et aussi longtemps qu'il voudra l'avoir, en fonction du nombre d'années qu'il choisira. Cela pourrait aussi être un mélange des deux. Cela veut dire qu'une partie de la somme serait en argent comptant et une partie serait répartie sur le nombre d'années choisi par notre vétéran moderne qui préférerait cela. Ces trois changements au projet de loi vont répondre beaucoup mieux aux besoins de nos vétérans de l'ère moderne.
Toutefois, nous n'avons pas fait que cela, cette année. Comme je l'ai dit, nous avons été à l'écoute de nos anciens combattants. Nous avons corrigé un élément dans le cas de ceux qui souffrent de la sclérose latérale amyotrophique. Avant, chaque cas était analysé individuellement, et tout le monde n'avait pas droit à tous les services. On a décidé de corriger cela, et maintenant, ceux qui reçoivent un diagnostic de sclérose latérale amyotrophique bénéficieront de tous les services que le ministère offre à nos anciens combattants.
D'autre part, il y a aussi l'agent Orange. Les gens voulaient qu'on prolonge d'un an la période d'admissibilité au paiement ex gratia de 20 000 $. Peu avant Noël, je me suis donc rendu à Fredericton pour confirmer que notre gouvernement prolongeait la période d'une autre année. De plus, les veuves, qui n'étaient pas admissibles antérieurement, vont maintenant être totalement admissibles à ce paiement ex gratia de 20 000 $. Je ne peux pas exprimer à quel point ces personnes étaient heureuses de la décision de notre gouvernement.
L'autre priorité est d'améliorer nos services, de s'assurer d'être davantage efficients dans la délivrance de services que nous offrons à nos anciens combattants. Entre autres, d'ici la fin mars, nous allons réduire du tiers le temps qu'il faut en matière de délai de traitement pour être plus efficaces auprès de nos anciens combattants.
On a également mis en place un nouveau système d'appels téléphoniques. Maintenant, 80 p. 100 de nos anciens combattants qui appellent chez nous obtiennent une réponse dans un délai de deux minutes.
Nous allons aussi améliorer l'accroissement de gestionnaires de cas. Ceux qui reviennent d'Afghanistan veulent avoir des réponses rapides. On a ajouté 20 gestionnaires de cas sur le terrain, et en moins de deux semaines, nos vétérans de l'ère moderne sont en mesure d'avoir des réponses sur leur programme de réadaptation.
Nous allons aussi rendre nos intervenants de première ligne au sein du ministère davantage décisionnels pour être plus rapides dans la délivrance de nos décisions en matière de services à nos anciens combattants. D'ailleurs, ça va continuer ainsi puisque mon engagement est de suivre de près l'évolution des besoins de nos militaires et de nos anciens combattants, ainsi que de demeurer près de nos associations qui les représentent.
Aujourd'hui, on franchit une première étape. Mon ministère est le seul à avoir obtenu 2 milliards de dollars de plus non prévus à l'origine au budget pour pouvoir répondre aux besoins de nos vétérans de l'ère moderne et de s'assurer que c'est adapté à leur réalité.
Nous allons continuer à travailler avec les organismes et les groupes consultatifs. Je veux aussi remercier les parlementaires de la Chambre. D'ailleurs, puisqu'on parle d'élections probables dans un avenir très prochain, il est important que nos vétérans de l'ère moderne et nos anciens combattants n'en fassent pas les frais. Il faut que ce projet de loi soit adopté avant l'adoption du budget, et que nos militaires qui pourraient revenir blessés ou encore tous ceux qui deviennent des vétérans obtiennent les services de notre ministère des Anciens combattants et de ce gouvernement.
Je remercie les députés de leur appui.
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Monsieur le Président, je veux parler aujourd'hui du projet de loi .
Avant de commencer, je tiens à rendre hommage à tous nos anciens combattants, aux membres de leur famille, à ceux qui sont tombés au combat comme à ceux qui servent encore leur pays. Rien, aucune célébration, aucun éloge, aucun hommage ne pourra rendre justice aux services qu'ils ont rendus et aux sacrifices qu'ils ont faits. Je tiens à ce qu'ils sachent que l'un des plus grands privilèges de ma vie aura consisté à pouvoir les servir et que leurs témoignages de sacrifice, de services rendus et de courage ne sombreront pas dans l'oubli.
Je n'oublierai par exemple jamais les paroles de quelques-uns des Haligoniens qui ont survécu à l'incendie qui a ravagé le NCSM Kootenay, le pire accident de l'histoire de la marine canadienne à survenir en temps de paix. Or, les survivants ont dû se battre pour prouver qu'ils étaient à bord du destroyer et obtenir l'aide du ministère des Anciens Combattants.
Le récit de leurs expériences nous touchent profondément, moi et l'ensemble des Canadiens, et nous rappelle que jamais nous ne réussirons à exprimer à nos anciens combattants toute la gratitude que nous leur devons. Car au lieu de tenter d'honorer nos obligations, nous les laissons trop souvent à leur sort. Par exemple, trop d'anciens combattants blessés ne reçoivent pas les soins dont ils auraient besoin, ni le soutien qu'ils mériteraient. Trop d'anciens combattants n'ont pas d'endroit sûr où dormir la nuit. Nous devrions avoir honte qu'un homme de 92 ans, un de nos anciens combattants, ait un jour dû me tenir ces propos: « Il reste encore beaucoup de choses à faire pour que justice nous soit rendue; mais n'abandonnez pas, parce que nous, de notre côté, n'avons jamais abandonné. »
Je tiens donc à leur présenter mes excuses, parce que, cette année encore, les anciens combattants ont dû accepter de jouer le rôle des héros. Ils ont dû nous amener à voir les injustices et nous pousser à prendre des mesures pour que justice leur soit rendue. Ils ont dû organiser une journée nationale de manifestations afin de supplier que nous leur accordions les soins, l'aide et le respect de la vie privée dont ils ont besoin et que nous leur devons. Nous avons rompu le lien sacré de confiance qui nous unissait à eux, et je tiens à leur dire que je suis profondément désolée.
Nous avons une obligation morale à l'endroit de nos anciens combattants et des membres de leur famille. Nous avons l'obligation d'écouter leurs doléances, de les comprendre et, surtout, d'y donner suite. Bref, nous leur devons les soins que nous leur avons promis et les prestations qu'ils ont gagnées.
En septembre dernier, peu de temps avant que le Parlement ne reprenne ses travaux, le gouvernement a fait une première annonce concernant les anciens combattants. De toute évidence, il ne voulait pas revenir ici devoir répondre aux questions et expliquer pourquoi rien n'avait changé depuis l'entrée en vigueur de la Nouvelle Charte des anciens combattants. Tout au long de l'automne 2010, il a publié au compte-gouttes une série de communiqués, puis, le 17 novembre, le a présenté le projet de loi , la Loi améliorant la Nouvelle Charte des anciens combattants.
La mesure législative proposée, qui réunit plusieurs des annonces faites à l'automne, modifierait la Nouvelle Charte des anciens combattants, ainsi que l'ont réclamé plusieurs organisations d'anciens combattants, dont la Légion royale canadienne, et apporterait des changements au versement de l'indemnité d'invalidité sous forme de paiement forfaitaire. En particulier, le projet de loi modifierait les parties 1 à 3 de la Nouvelle Charte des anciens combattants ainsi que la partie IV de la Loi sur les pensions.
Au nom des anciens combattants, je dois demander pourquoi le gouvernement a attendu quatre ans avant de proposer quelque changement que ce soit à la Nouvelle Charte des anciens combattants, qui, aux dires de tous, est un document évolutif censé être continuellement adapté pour répondre aux besoins en constante évolution des anciens combattants. Je dois également demander pourquoi le ministère des Anciens Combattants n'a pas respecté l'engagement qu'il a fait en 2006 de se pencher, dans un délai de deux ans, sur la question des paiements forfaitaires par rapport à la pension d'invalidité.
Pat Stogran, ex-ombudsman des vétérans, a expliqué au Sous-comité des anciens combattants du Sénat que des exemples tels que le manque de mesures opportunes minent la sincérité du refrain de la loyauté envers les anciens combattants. Les libéraux n'ont pas du tout l'intention de retarder l'adoption de ce projet de loi. Ils travailleront pour servir le meilleur intérêt des anciens combattants et des membres des Forces canadiennes et, surtout, pour faire en sorte que ce projet de loi réponde adéquatement à leurs besoins.
Nous voulons nous assurer que le projet de loi , qui comprend des mesures de soutien additionnelles, soit adopté avant que la rumeur d'élections ne se confirme.
Au nom des anciens combattants, je me dois de demander pourquoi le gouvernement n'a pas répondu aux préoccupations des anciens combattants concernant le paiement forfaitaire. Une étude réalisée par le ministère des Anciens Combattants montre pourtant que 31 p. 100 des anciens combattants sont insatisfaits du montant qu'ils ont reçu.
Alors que le ministre a promis d'apporter des améliorations au paiement forfaitaire, le gouvernement s'est contenté de modifier le versement des paiements. En effet, le bénéficiaire a le choix entre un paiement forfaitaire partiel, des paiements annuels partiels répartis sur un nombre d'années prédéterminé ou un paiement forfaitaire unique.
En novembre dernier, j'ai rencontré des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée, des anciens militaires des Forces canadiennes, des réservistes, des membres de la GRC et des commissionnaires à la filiale 362 de la Légion royale canadienne à Saskatoon. Tous ceux que j'ai rencontrés croient que le gouvernement doit immédiatement modifier le système des paiements forfaitaires, car il pose problème. J'ai été profondément attristée d'apprendre que chacune des personnes présentes connaît un ancien combattant qui vit avec un petit revenu et que de nombreux anciens combattants continuent à travailler alors qu'ils ont 70 ou 80 ans parce qu'ils ont besoin de ce revenu.
La Légion royale canadienne aimerait que le ministère règle la question du paiement forfaitaire qui ne dépasse pas 276 000 $ dans l'état actuel des choses. Au Canada, les travailleurs handicapés touchent en moyenne 329 000 $. Les militaires australiens touchent environ 325 000 $ et les militaires britanniques près de 1 million de dollars. La Légion est de l'avis que les personnes qui se blessent en servant leur pays devraient recevoir au minimum le même montant que les travailleurs civils dont la vie a été chamboulée par des circonstances indépendantes de leur volonté.
Ceci dit, le projet de loi propose des modifications importantes: au moins 58 000 $ par année pour les anciens combattants gravement malades ou blessés, c'est-à-dire ceux qui ont des blessures trop graves pour pouvoir retourner sur le marché du travail; au minimum 40 000 $ par année pour les bénéficiaires de l'allocation mensuelle pour pertes de revenu, peu importe quel était leur salaire lorsqu'ils servaient dans les forces armées; une prestation mensuelle supplémentaire de 1 000 $ à vie pour aider les anciens combattants les plus gravement blessés qui ne sont plus en mesure de travailler et un meilleur accès à l'allocation pour déficience permanente et à l'allocation d'incapacité exceptionnelle, afin d'inclure 3 500 bénéficiaires additionnels.
Il faut aussi souligner les points dont on n'a pas tenu compte, selon la Légion: l'augmentation de l'indemnité d'invalidité, de façon à ce qu'elle corresponde à ce que les anciens combattants d'Australie reçoivent et aux dommages-intérêts généraux qui sont accordés par les tribunaux aux travailleurs civils handicapés; l'amélioration de l'indemnité pour frais funéraires et frais d'inhumation; l'amélioration de l'allocation pour perte de revenus afin de fournir 100 p. 100 du revenu gagné avant le renvoi et, dans le cas d'une invalidité permanente, de fournir l'allocation à vie; les gains que le membre des Forces canadiennes aurait touchés au cours de sa carrière devraient être utilisés pour calculer le montant minimal de l'allocation pour perte de revenus; la promotion de la recherche universitaire pour appuyer une approche intégrée de l'élaboration des lignes directrices sur l'admissibilité au droit à la pension d'ACC.
Selon le , le projet de loi n'est qu'une première étape dans la réponse aux préoccupations des anciens combattants, mais c'est un bon point de départ. Nous sommes d'accord. Le projet de loi constitue un petit pas en avant, et nous sommes prêts à l'appuyer parce que nos anciens combattants ont besoin d'aide maintenant et parce que le ministre nous garantit que d'autres modifications suivront. Nous espérons que ce premier pas représente un réel changement d'attitude qui permettra de corriger d'autres lacunes.
Ce qui compte vraiment, c'est ce que les anciens combattants et les organisations d'anciens combattants pensent du projet de loi. La présidente nationale, Pat Varga, a déclaré ceci:
Le projet de loi constitue un premier pas dans la bonne direction; il contribue grandement à améliorer la Nouvelle Charte des anciens combattants. On y prend en considération de nombreuses recommandations qui ont été formulées par le Groupe consultatif sur la Nouvelle Charte des anciens combattants et le Comité permanent des anciens combattants de la Chambre des communes. La Légion estime que la Charte nécessite d'autres améliorations, et nous avons hâte de poursuivre un dialogue continu à ce sujet avec [le ministre].
Pierre C. Allard, directeur du Bureau d'entraide, à la Direction nationale, déclare: « Nous sommes prêts à témoigner devant le Comité des anciens combattants et à présenter notre point de vue quant à la voie à suivre. [...] Mais, au bout du compte, nous recommandons fortement que le projet de loi C-55 soit adopté le plus vite possible pour que les anciens combattants et leurs familles puissent profiter des améliorations proposées. »
Le second message dit ceci: « À la condition qu'il ne soit qu'un début, le projet de loi C-55 devrait être adopté le plus vite possible. »
L'Association du Canada des anciens combattants de la guerre du Golfe déclare:
« Nous réclamons votre appui et votre coopération afin que le projet de loi C-55 soit rapidement adopté par le Comité permanent des anciens combattants de la Chambre et au cours des étapes parlementaires suivantes.
Bien que nous pensions tous que le projet de loi ne règle pas tous les problèmes soulevés par la Nouvelle Charte des anciens combattants, il représente cependant une tentative importante pour rectifier les défauts de ladite Charte. Vu qu'il est possible qu'il y ait bientôt des élections, l'avenir du projet de loi C-55 paraît incertain; il pourrait bien mourir au Feuilleton. Nous vous demandons humblement d'envisager de tenir un débat d'une journée sur le projet de loi puis de l'adopter, ce qui donnera alors suffisamment de temps aux membres de tous les groupes concernés pour exprimer leurs préoccupations.
En conclusion, je vous demanderai encore une fois, au nom de tous les anciens combattants, de coopérer afin d'aider nos anciens combattants à recevoir le plus vite possible les prestations fortement bonifiées dont ils ont vraiment besoin. Cela ne se produira pas si le projet de loi C-55 n'est pas rapidement adopté. Je vous en prie, aidez les anciens combattants. »
L'Association canadienne des vétérans des forces de la paix des Nations Unies demande l'adoption rapide du projet de loi C-55. Elle dit qu'elle comprend qu'il y a des changements à apporter à la Nouvelle Charte des anciens combattants et qu'elle espère qu'ils seront apportés un à la fois. Elle affirme également qu'elle appuie complètement la notion selon laquelle la Nouvelle Charte des anciens combattants est un document évolutif.
L'Association canadienne des vétérans pour le maintien de la paix demande la collaboration des députés pour assurer l'adoption du projet de loi C-55. Même si le projet de loi ne corrige pas tous les problèmes de la Nouvelle Charte des anciens combattants, c'est une première étape importante pour corriger les problèmes de la charte. Étant donné que les rumeurs d'élections s'intensifient, l'avenir du projet de loi C-55 semble très incertain, et il pourrait mourir au Feuilleton en cas de déclenchement d'élections.
Bref, comme le ministre, les organisations d'anciens combattants et les anciens combattants, nous croyons que le projet de loi ne répond pas à toutes les exigences que nous avons, mais nous convenons que c'est un petit pas dans la bonne direction qui devrait être pris avant le déclenchement possible d'élections.
Comme on me l'a dit, « le temps presse. Après l'adoption du projet de loi, nous pourrons commencer à envisager d'apporter d'autres améliorations aux avantages destinés aux anciens combattants. Si nous commençons à demander des changements maintenant, vous savez aussi bien que nous que le projet de loi sera retardé et qu'il y aura plus de réunions. Procédons une étape à la fois, puis nous pourrons aller de l'avant. Nous convenons que c'est une mesure modeste et qu'il faut aller plus loin. »
Bien que le projet de loi bénéficie clairement d'un grand appui, certains anciens combattants affirment que les changements ne sont pas suffisants, par exemple, pour aider nos anciens combattants à combattre la pauvreté et l'itinérance.
À l'Action de grâce, plus de 800 paniers de provisions devaient être livrés aux anciens combattants dans le besoin et à leur famille dans la ville de Calgary seulement. Nous avons absolument besoin de plus d'installations, comme la maison Cockrell, que l'on croit être le premier refuge pour les anciens combattants sans abri, parce qu'il y encore beaucoup d'anciens combattants qui vivent dans les bois et les rues.
Les anciens combattants que j’ai rencontrés durant ma visite à la maison Cockrell voulaient que nous sachions qu’ils ont aimé servir leur pays et qu’ils seraient encore dans la rue si ce n’était de Dave Munro et de Russ Ridley, qui ont contribué à la création de cet important établissement. Dave a expliqué que, lorsqu’il s’est enrôlé, les nouvelles recrues signaient une clause de responsabilité illimitée qui signifiait qu’ils devaient faire tout ce qu’on leur demandait, indépendamment du risque. Dave estime que, compte tenu de l’énormité du sacrifice qu'on leur a demandé, le Canada a une dette envers eux et devrait les aider à se remettre sur pied.
Luke Carmichael était itinérant. Originaire d’Halifax, il est arrivé à Victoria il y a dix ans sans argent en poche et sans endroit où se loger, après avoir servi pendant 19 ans dans les forces armées, notamment à Chypre. Il a vécu pendant sept ans dans une tente et pendant trois ans dans une remorque. Luke a déclaré avoir trouvé une aide dont il avait grandement besoin à la maison Cockrell. Il habite maintenant dans un bel appartement, rangé avec une méticulosité toute militaire, et a retrouvé sa bien-aimée d’il y a 40 ans.
Si la maison Cockrell existe, c’est grâce à des bénévoles comme Angus, Terri et Karl, qui contribuent tous à faire fonctionner l’établissement, à leurs propres frais, très élevés. En dépit du généreux soutien de gens comme Russ Ridley, la maison Cockrell devra obtenir un financement permanent l’année prochaine pour poursuivre son œuvre importante.
Les anciens combattants d’un bout à l’autre du pays veulent des changements concrets. L’un d’eux m’a confié que, parce que le ministère canadien des Anciens Combattants avait tardé à lui verser une indemnité, il s’était retrouvé sans abri. Un autre ancien combattant qui avait reçu un chèque de 40 000 $ dont on lui a ensuite réclamé 28 000 $, a perdu sa maison.
Engageons-nous aujourd’hui à régler tous les problèmes auxquels se heurtent nos anciens combattants. Comme un ancien combattant d’Halifax me le disait: « Il y a ici un grand nombre d’anciens combattants qui souffrent et dont ACC connaît la situation. Il y en a encore davantage dont personne ne sait rien. Ils ne font l’objet d’aucun suivi. » Selon lui, trois jeunes anciens combattants souffrant du syndrome de stress post-traumatique sont morts dans la plus totale solitude. Ils avaient perdu leurs épouses. « Il faut les garder en vie », m’a-t-il dit.
Nos anciens combattants méritent davantage qu’un jour, qu’une semaine du Souvenir. Ils doivent obtenir les soins dont ils ont besoin, être respectés tout au long de leur vie et bénéficier des services de soutien économique, familial et social nécessaires pour pouvoir réintégrer la vie civile ou pour pouvoir s'adapter à une nouvelle vie ou vieillir avec dignité et avec grâce. Ils ne veulent pas entendre des paroles creuses, qui ne sont pas accompagnées de mesures concrètes. Ils méritent qu'on fasse preuve de leadership pour provoquer des changements véritables et que l'on passe à l'action, comme eux l'ont fait de manière si exceptionnelle.