La Chambre reprend l'étude, interrompue le 5 mars, de la motion.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi d'intervenir aujourd'hui afin d'appuyer mon collègue, le député de .
Il s'agit d'une question d'une grande importance pour moi en tant que député, mais aussi en tant que secrétaire parlementaire du ministre des Affaires parlementaires. Je suis très heureux d'avoir la possibilité de prendre quelques minutes pour m'exprimer sur cette motion, car elle porte à la fois sur les droits de la personne et sur le rôle que le Canada joue, grâce à sa position unique, dans la défense de ceux qui sont persécutés en raison de leurs croyances religieuses.
Nul besoin de rappeler que le gouvernement fait entendre sa voix haut et fort quand il s'agit de liberté de religion ou de croyance dans le monde. Protéger et promouvoir ce droit universel font partie intégrante des éléments essentiels de notre politique étrangère. Le a d'ailleurs fait remarquer ce qui suit:
Notre gouvernement reconnaît les liens cruciaux et historiques entre le respect du pluralisme religieux et le développement même de la démocratie.
À cette fin, le gouvernement a toujours parlé haut et fort, et avec beaucoup d'empathie.
Durant la toute dernière Assemblée générale des Nations Unies, le a coparrainé une rencontre annexe de haut niveau sur le thème « La liberté de religion ou de croyance — un choix personnel ».
En décembre dernier, le Canada a organisé — dans les locaux du Haut-Commissariat du Canada à Londres —, conjointement avec le Royaume-Uni et Wilton Park, la troisième réunion du Processus d'Istanbul visant à examiner les pratiques exemplaires de la mise en oeuvre nationale de la résolution 16/18 du Conseil des droits de l'homme visant à lutter contre l'intolérance et à promouvoir la liberté de religion ou de conviction universelle grâce à la coopération interconfessionnelle.
Nous sommes fiers d'avoir coparrainé les résolutions de lutte contre l'intolérance religieuse du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies et de l'Assemblée générale des Nations Unies, présentées par l'Union européenne.
La répression de la liberté de religion est un phénomène très répandu et il prend de l'ampleur. Nous sommes très préoccupés par la situation dans diverses régions du monde où des gens — les ahmadis,les baha'is, les Chaldéens, les chrétiens, les coptes, les adeptes du Falun Gong, les juifs, les musulmans, les Rohingyas, les soufis et les zoroastriens, entre autres — ont de la difficulté à rendre un culte à leur Dieu et à pratiquer leur religion en paix. Nous condamnons vivement toutes les attaques perpétrées contre des lieux de culte, qu'il s'agisse de temples, de synagogues, de tombeaux, de mosquées, de gurdwaras ou d'églises. Le Canada ne peut pas fermer les yeux sur des actes aussi lâches et il ne le fera pas. Il est extrêmement important que tout le monde puisse pratiquer sa foi en toute sécurité.
Nous défendons la liberté de religion sans relâche et avec détermination.
Comme d'autres l'ont déjà dit, nous avons créé le Bureau de la liberté de religion, qui relève du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Sous la direction d'Andrew Bennett, le premier ambassadeur de la liberté de religion du Canada, le bureau fera la promotion de la liberté de religion et de croyance en tant que droit humain fondamental. Il encouragera la protection des minorités religieuses et fera, dans le monde entier, la promotion des valeurs canadiennes que sont le pluralisme et la tolérance.
Le bureau adoptera des politiques et des programmes visant à protéger et à promouvoir la liberté de religion et de croyance, et fera la promotion des valeurs canadiennes que sont le pluralisme et la tolérance à l'étranger. Autrement dit, il véhiculera les valeurs fondamentales de la société canadienne et montrera à la Terre entière que nous sommes déterminés à faire en sorte qu'un jour tout le monde jouisse des droits et des privilèges propres à une société libre et démocratique.
Non seulement le gouvernement a créé le Bureau de la liberté de religion, il continuera à défendre ceux qui tentent de faire avancer les choses dans le monde. C'est pourquoi nous avons créé le prix John Diefenbaker pour la défense de la liberté et des droits de la personne pour rendre hommage à ceux qui ont fait preuve d'un leadership exceptionnel pour défendre les droits de la personne et la liberté.
Comme les députés le savent peut-être, l'an dernier, le prix a été décerné à Shahbaz Bhatti, défenseur infatigable des minorités religieuses dans son pays, le Pakistan. Tragiquement, M. Bhatti a payé le prix ultime pour son dévouement et son courage. Toutefois, sa vie doit servir à démontrer que, malgré les risques, nous devons défendre les droits des persécutés et donner une voix à ceux qui n'en ont pas.
Le monde doit entendre cette voix, aujourd'hui plus que jamais. Le Canada dénonce constamment la discrimination et les violations de libertés, notamment de la liberté de religion. Nous continuerons de défendre ce qui est juste, et non ce qui est facile, et de défendre le principe de la liberté de religion et de conscience au Canada et ailleurs dans le monde.
Je remercie la Chambre de me donner l'occasion de discuter de la présente motion, que je suis très fier d'appuyer.
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Monsieur le Président, le caractère hautement électoraliste de l'initiative législative à l'étude à la Chambre ouvre la voie à une réflexion. Cette dernière porte sur les manoeuvres visant à éluder du débat public les matières capitales s'inscrivant dans le cadre de l'édiction et l'application des politiques étatiques, au profit de sujets choisis en raison de leur potentiel d'endoctrinement et d'engourdissement des masses.
Je ferai référence aujourd'hui à certaines notions, entre autres, les marques de commerce et la démarche politique mise en avant par les conservateurs au cours de ce dernier mandat. Je parlerai également des publics cibles et du lobbying qui en découle et qui est à la base de nombreuses modifications et mesures législatives mises en avant ces dernières années.
On conviendra avec moi que les conservateurs sont en mode « damage control », à l'heure actuelle, et que la cote du pays est en chute libre auprès des instances internationales, dont les Nations Unies, pour ne mentionner que celle-là.
Au cours des deux dernières années, on a vu des rapporteurs de l'ONU se présenter à quelques reprises au pays et recevoir un accueil glacial, des rapporteurs en matière de sécurité alimentaire, d'habitation et de logement. Ce sont des questions sociales d'envergure. Ce genre de mesures est éludé du débat et ne fait pas l'objet de discussions à la Chambre ni d'amendements raisonnables de la part du gouvernement.
Comme on l'a vu au cours des derniers mois, le tape-à-l'oeil prime. On a porté à mon attention des rumeurs quant à l'existence possible d'une téléréalité qui porterait sur l'immigration au pays et sur bien d'autres sujets d'abord choisis en vertu de leur caractère hautement spectaculaire et présentés à grand renfort de publicité.
Je traiterai également de la publicité propre au plan de développement économique du pays, nos plans d'action économique, devrais-je dire, dont les publicités sont diffusées aux heures de grande écoute. Bref, tout est prévu. C'est du media operation. On tente de présenter des gens souriants.
Si on examine les publicités qui traitent du plan d'action économique du pays, on pourrait presque penser que le Canada nous vendra du gazon en rouleau, puisque tout ce qu'on voit c'est de la verdure, des arbres, des gens qui sourient et des gens qui s'abreuvent à même les cours d'eau et font du canot. Bref, on se demande même si la tangente verte a été empruntée par le gouvernement, lorsqu'on sait que l'essor économique au pays repose réellement, d'abord et avant tout, sur l'extraction des ressources naturelles. C'est ce moteur qui a été mis en avant. Ce projet de loi ne fait pas exception. On tente de plaire à une tranche bien précise de la population, avec des vues électoralistes.
Les conservateurs ont fait des études de marché avant de faire de telles initiatives pour s'assurer, d'abord et avant tout, que cela répondait à des besoins déjà exprimés par une tranche de la population et pour plaire à un secteur de l'électorat canadien ayant déjà démontré une attirance envers ces sujets, mais également pour plaire à certains nouveaux arrivants.
J'aurais un message bien particulier pour les nouveaux arrivants. En fait, leur allégeance et leur foi importent très peu aux conservateurs. C'est d'abord sur leurs assises économiques qu'on se base afin d'évaluer leur venue au Canada. C'est ce que je leur dis aujourd'hui.
La liberté de religion des nouveaux arrivants, il ne faut pas se berner, est déjà enchâssée dans la Constitution. C'est un des backbones de notre pays. C'est simplement réitéré. C'est une vérité de La Palice, puisqu'on réitère des éléments bien ancrés dans la tradition canadienne.
Bien que la mise en valeur d'idéaux inclusifs se doit d'être une constante sur le plan de l'édiction des politiques publiques, l'aspect ostentatoire du projet de loi soumis à notre attention laisse entrevoir les visées électoralistes et les idées préconçues caractérisant nombre d'initiatives mises en avant par ce gouvernement qui clame sa majorité à outrance.
Lorsqu'on insiste un peu trop sur sa majorité, qu'on tente de se vendre ou qu'on se vante à outrance, cela cache le plus souvent un manque de confiance ou, à tout le moins, une certaine faille dans son argumentaire.
C'est un réflexe de juriste praticien du droit de déceler ces failles dans un argumentaire et de continuer à taper de façon incessante afin de l'agrandir et d'en exposer véritablement les tenants et aboutissants, ainsi que les motivations derrière de tels projets de loi et de telles modifications.
Les conservateurs conçoivent l'action politique à l'instar de la mise en marché de produits, c'est-à-dire en élaborant des plans de marketing visant à séduire le public cible. On l'a déjà vu par le passé. D'ailleurs, plusieurs sorties publiques du gouvernement sont associées à un certain potentiel médiatique. Nous le voyons souvent — pour parler de mon propre dossier — dans le domaine aborigène. Lorsque des réunions historiques sont tenues, on s'assure toujours d'avoir de bons représentants conciliants et dociles, en vue de faire des photographies qui paraîtront bien et qui permettront de faire la mise en marché du produit et de vendre le tout à des fins mercantiles. C'est hautement répréhensible et ne se limite pas simplement à la liberté de religion ou au domaine aborigène, mais à bien d'autres domaines.
Également, on l'a vu avec les avions de chasse à une certaine époque où des photos avaient été prises. Maintenant que les conservateurs sont dans l'eau chaude sur ce dossier précis, je dirais que les photographies se font plus rares. Il reste qu'à une certaine époque, on les mettait en avant. Bref, ce dossier ne fait pas exception.
Pour ce qui est de réitérer la liberté de religion au pays, c'est superfétatoire et déjà bien ancré. Cela a pour but de mousser un programme, et surtout, de détourner l'attention du public des matières vitales, essentielles et identitaires très fortes qui se déroulent en ce moment.
Souvent, les matières identitaires sont abordées en catimini ou dans l'obscurité. On garde les citoyens à une certaine distance de ces matières, et on tente de détourner leur attention, un peu comme la téléréalité. Plutôt que d'alimenter les gens et de leur fournir du matériel à réflexion, on préfère leur fournir du « prémâché ». On met simplement un repas au micro-onde en disant que c'est servi et qu'il ne faut pas trop se remuer les méninges, car on a déjà tout préparé.
Bref, c'est un peu ce que l'on voit dans le dossier sur la liberté de religion. On indique ce sur quoi la population devrait se concentrer plutôt que de mettre l'accent sur l'extraction des sables bitumineux et bien d'autres matières potentiellement incendiaires, pour ne pas faire de jeu de mots, de nature sociale, environnementale ou culturelle. Les bastions de notre identité sont véritablement en jeu aujourd'hui.
Enfin, le détournement d'une forte question identitaire en vue de l'obtention de gains politiques à court terme ne fait que masquer de nombreux écarts éthiques et témoigne du programme tendancieux dictant les orientations économique et gouvernementale du pays.
Sachant pertinemment que les citoyens canadiens sont au fait que la liberté de religion est déjà enchâssée et que c'est un des bastions de l'identité ici au pays, il y a de fortes chances que cette initiative portant sur la liberté de religion vise d'abord et avant tout à plaire aux nouveaux arrivants, qui ne seraient pas nécessairement au parfum quant au caractère déjà solide que ce type de matière revêt au Canada.
Comme je l'indiquais, le message est que finalement, la confession de ces nouveaux arrivants importe très peu aux conservateurs. D'abord et avant tout, leurs assises économiques vont influer sur leur acceptation à titre de nouveau citoyen du Canada. C'est dommage de penser ainsi, mais c'est la manière dont c'est abordé en 2013.
Je vous soumets le tout humblement.
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Monsieur le Président, la motion du député de est valable et vaut la peine d'être appuyée par l'ensemble des députés. Elle fait ressortir quelques éléments qui méritent qu'on s'y attarde dans un lieu de débat tel que la présente enceinte.
Ma présentation se fera en deux volets. Le premier traitera de l'incidence de la motion en tant que déclaration présentant un idéal de la part du Canada. Le deuxième traitera de son positionnement dans notre politique étrangère.
La société canadienne est une société pluraliste — beaucoup plus, monsieur le Président, que lorsque vous et moi étions enfants. La religion se partageait alors essentiellement entre les fois catholique et protestante. De nos jours, c'est beaucoup plus multidimensionnel. Prenons par exemple la circonscription que je représente. À l'angle du chemin Markham et de l'autoroute 401 se trouve, à gauche, le lieu de culte arménien, et à droite, le centre culturel taïwanais. Un peu plus loin sur le même chemin se trouve une énorme communauté évangélique, où littéralement des centaines de gens font leurs dévotions le dimanche matin. Du côté gauche se trouve une importante communauté tamil. Du côté droit se trouve l'Armée du Salut. Un peu plus loin à gauche se dresse une énorme mosquée.
Pareille situation peut inconsciemment faire comprendre à notre propre société qu'il faut être ouvert au pluralisme. Il ne suffit pas d'y croire, d'en parler, de considérer que c'est une bonne idée et de simplement se tolérer les uns les autres; il faut aussi encourager fortement le pluralisme, et s'investir dans notre société. Dans ma circonscription, un grand nombre de mes électeurs viennent de sociétés où l'on ne croit pas à cette approche. On considère plutôt que si une religion est dominante, il faut abolir ou proscrire toutes les autres religions au pays.
La motion présente un idéal visant tout particulièrement notre société.
Le deuxième point, c'est la place de celui-ci dans le grand éventail des droits de la personne, considérant la façon dont nous défendons les droits de la personne dans le cadre de nos relations internationales. Nous pourrions littéralement faire une tournée mondiale. L'initiative du gouvernement, surtout celle du Bureau de la liberté de religion, est importante. Il reste à savoir comment ce bureau interagira sur un pied d'égalité avec d'autres initiatives tout aussi importantes, surtout celles concernant la défense des droits.
Les conflits concernant les droits religieux sont complexes. Par exemple, cette semaine, nous recevons une délégation du Myanmar. Certains d'entre nous étaient en visite dans ce pays le mois dernier. Au Myanmar, un conflit oppose les musulmans et les bouddhistes. C'est un pays où la pauvreté et la corruption sont omniprésentes. Est-ce un conflit ethnique, économique ou religieux?
La relation des Kurdes avec l'Iran semble être source de conflit. S'agit-il d'un conflit religieux, ou bien cela a-t-il un lien avec les aspirations des Kurdes, qui souhaitent avoir leur propre pays, bien qu'ils soient aussi de confession musulmane? Dans le même ordre d'idées, en Iran, il y a des tensions entre les chiites et les sunnites. Encore ici, l'influence de l'Iran et de l'Irak est manifeste. La seule chose sur laquelle ces deux pays semblent s'entendre, c'est le désir d'expulser les chrétiens hors de leurs frontières.
M. Brian Jean: Il y a aussi le cas des baha'is.
L'hon. John McKay: Les baha'is sont un autre exemple.
En Syrie, un conflit oppose les chiites et les sunnites, mais il y en a un autre entre les alaouites et le reste du pays, ainsi qu'entre les chrétiens et les Druzes. Est-ce la manifestation d'un conflit ethnique, économique ou religieux?
Si on passe maintenant à Israël, il y a dans ce pays un conflit entre le judaïsme et l'Islam. En Égypte, les choses ne vont pas très bien pour les coptes, malgré ce qu'on appelle le printemps arabe. Même si les Frères musulmans aimeraient probablement éliminer les chrétiens de cette partie du monde, il s'agit là encore d'un conflit ethnique et économique.
Bien que je félicite le gouvernement des efforts qu'il déploie pour attirer l'attention sur ces conflits et pour parler de leur aspect religieux, j'ignore quelle approche il adoptera pour aborder de façon cohérente et respectueuse les autres aspects de ces conflits, qu'ils soient ethniques, raciaux ou religieux. Si nous nous concentrons uniquement sur l'aspect religieux des conflits, je me demande si cela fera avancer les choses ou si cela ne servira tout simplement à rien.
Monsieur le Président, comme vous le savez, je remplace actuellement le député de , qui est beaucoup plus éloquent que moi. S'il avait pu être présent aujourd'hui, il aurait lui-même exprimé son opinion. Selon lui, cette motion ne va tout simplement pas assez loin. Je cite:
La motion M-382 ne mentionne aucun des autres droits fondamentaux de la personne énoncés à l'article 18 de la Déclaration universelle des droits de l'homme et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, les deux documents expressément mentionnés dans cette motion. On pense à la liberté d'expression, au droit de se rassembler paisiblement, au droit de se marier — ou de choisir de ne pas se marier —, à la libre participation à la société civile et à la liberté de participer aux affaires publiques de son pays, au droit à un niveau de vie adéquat, au droit d'être à l'abri de toute discrimination fondée sur la race, le sexe ou l'orientation sexuelle. En effet, cette motion semble inutilement limitée quand on la compare aux documents internationaux mêmes qu'elle mentionne. Monsieur le Président, je tiens à souligner que j'appuie cette motion sans hésitation parce que le principe de la liberté de religion doit incontestablement être l'un des principes fondamentaux de la politique étrangère canadienne. Il s'agit d'un droit fondamental qu'il faut promouvoir comme tel.
Il poursuit en exprimant une réserve importante:
Toutefois, monsieur le Président, notre politique étrangère doit adopter une perspective plus vaste. En effet, nous ne devons pas faire en sorte qu'un droit de la personne soit plus important que tous les autres.
Je suis d'accord avec lui à cet égard. Il ne faut pas faire passer un droit avant tous les autres. Notre propre situation est plutôt particulière à cet égard, car nous vivons dans une société que je qualifierais de post-chrétienne, ou pluraliste. De 20 % à 25 % de notre population affirme ne s'identifier à rien en particulier. La promotion, la compréhension et l'application du pluralisme est donc essentielle au succès de notre société.
Les députés qui présentent cette motion ont raison, en ce sens que tout en reconnaissant que nous formons une société post-chrétienne pluraliste, nous devrions continuer de reconnaître l'importance de la foi en tant que composante essentielle de la vie de bien des gens, non seulement dans notre société, mais aussi dans le contexte plus large de la politique étrangère.
Bon nombre des conflits dont j'ai parlé il y a quelques instants sont intimement liés au système de croyances et de valeurs des gens et à leur culture. Cet sorte d'aveuglement occidental face à l'importance de la foi dans la vie des gens de ces pays, qui sont nombreux à venir s'installer ici, est pour le moins naïf.
Comme je l'ai dit, la motion présente un idéal. Elle est importante, et il faut l'appuyer. Je félicite le député de l'avoir présentée, et j'espère que d'autres députés se rendront compte que la liberté de religion est, en fait, quelque chose que l'on doit mettre en pratique.
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J'appuie cette excellente motion. Je suis généralement d'accord avec ce que dit mon collègue concernant ce dossier et bien d'autres. Aujourd'hui, toutefois, je m'élève contre ce qu'il a dit en parlant au nom d'un autre député, qui ne pouvait être présent aujourd'hui. Je conteste l'affirmation qu'il s'agit d'un droit parmi bien d'autres.
Je maintiens que la liberté de religion, de conscience et de pensée, y compris le droit d'être athée et de ne croire en aucune religion, constitue un droit fondamental et que tous les autres droits en découlent. Si on ne peut croire en ce qui semble être la vérité, ce qui, pour une personne croyante, est la parole même de Dieu, si on ne peut exprimer cette conviction et tenter de convaincre les autres d'abandonner ce que l'on considère être une croyance erronée afin d'embrasser notre croyance, alors aucune autre liberté n'a de sens. Il s'agit de la croyance fondamentale.
J'ai toujours cru cela. Sur le plan personnel, je m'intéresse vivement à la liberté de religion et à la religion en général. Cet intérêt découle peut-être de mes origines. Mon père a été élevé dans la religion baptiste et ma mère était juive. J'ai été élevé dans la foi unitarienne. Je dis parfois à la blague que je suis peut-être le seul fondamentaliste unitarien au monde. Pour moi, il est très important d'examiner les autres fois et de tenter de comprendre ce que leurs adeptes ont à dire, partant du principe que chacune d'entre elles est digne d'intérêt.
Cela dit, un rayon complet de la bibliothèque de mon bureau contient des ouvrages consacrés exclusivement à la religion. J'ai apporté certains de ces ouvrages à la Chambre aujourd'hui. J'ai deux exemplaires du Coran — un sous forme de versets et l'autre rédigé en prose —, une Bible et un Livre de Mormon. Ma bibliothèque compte aussi une rangée complète d'ouvrages sur le bouddhisme, dont un, excellent, est intitulé L'Enseignement du Bouddha et a été rédigé par un moine théravadin, Walpola Rahula. Selon mes notes, j'ai lu cet ouvrage en 1988.
En 2001, j'ai fait ma toute première déclaration de député sur la persécution, par le gouvernement chinois, des adeptes du Falun Gun. En 2010-2011, j'ai présidé la Coalition parlementaire canadienne de lutte contre l'antisémitisme, laquelle était chargée notamment d'examiner la possibilité que le Canada préside une réunion internationale sur l'antisémitisme.
Depuis cinq ans, je préside le Sous-comité des droits de la personne de la Chambre des communes, ce qui me donne l'occasion d'examiner la très grande variété de violations des droits de la personne qui se produisent un peu partout dans le monde. Nous avons l'embarras du choix. Toutefois, avec le consentement de tous les partis, le comité a convenu de se pencher, entre autres choses, sur les cas de persécution en Birmanie, qui sont attribuables à des motifs en partie ethniques, en partie religieux; la persécution des coptes en Égypte — nous sommes d'ailleurs en train d'examiner un rapport provisoire sur cette question; la persécution des chrétiens dans un certain nombre d'États musulmans; la persécution des bouddhistes tibétains — dont on pourrait dire qu'elle est religieuse ou nationale; pour ma part, je crois que c'est un amalgame des deux; la persécution des adeptes du Falun Gun; ainsi que la persécution de divers groupes religieux, dont les chrétiens, les juifs, les baha'is et les adeptes d'autres formes de l'islam en Iran, question sur laquelle notre comité s'est penché pendant un certain temps.
Tout cela m'amène à porter mon attention sur l'alinéa (b)(i) de la motion présentée par mon collègue de Lambton—Kent—Middlesex, qui se lit comme suit:
L'alinéa (b)(i) exhorte le gouvernement du Canada à:
encourager [...] l'opposition aux lois qui utilisent la « diffamation des religions » et le « blasphème », tant au niveau national qu'international, pour persécuter les membres de minorités religieuses,
Pour le reste de mon intervention, j'aimerais soulever sept points afin d'expliquer pourquoi il s'agit d'une excellente proposition et pourquoi nous devrions nous opposer à cette idée.
Tout d'abord, d'après mon expérience, il semble clair que la persécution religieuse est la forme la plus fréquente et la plus répandue d'atteinte aux droits de la personne. Certes, les violations des droits prennent beaucoup d'autres formes. Elles peuvent être fondées sur la race ou le sexe, cibler des minorités sexuelles ou des minorités nationales. Mais parmi toutes les persécutions, c'est la persécution religieuse qui touche le plus de gens dans le monde. Elle cible les personnes qui pratiquent une religion que l'État n'approuve pas ou qui tentent de convertir d'autres gens à leur foi contre la volonté de l'État.
Deuxièmement, toutes les principales religions, de même que certaines religions moins répandues comme la foi baha'ie, sont la cible de persécutions plus ou moins graves dans certaines régions du monde. La seule exception qui me vient à l'esprit, c'est la religion shinto, qui n'est pratiquée qu'au Japon.
Troisièmement, si nous nous donnons pour objectif de trouver des coupables, il faudra reconnaître que toutes les grandes religions répriment ou ont réprimé d'autres religions par le passé.
Partout dans le monde, les athées comptent parmi les pires oppresseurs des minorités religieuses. À titre d'exemple, j'aimerais attirer l'attention de la Chambre sur la Corée du Nord, un régime athée, et sur la République populaire de Chine, qui opprime les chrétiens, les bouddhistes tibétains, les Musulmans de la région ouïghoure et les adeptes du Falun Gong. L'athéisme représente probablement la plus grande source d'atteintes aux droits de la personne. Il suffit de se rappeler la Russie sous le régime de Staline et le Cambodge sous Pol Pot, pour ne nommer que ceux-là.
L'inverse est aussi vrai, et c'est un point important. Les croyants ont beaucoup fait pour que les adeptes d'autres religions puissent pratiquer leur foi. On en a un exemple flagrant quand on parcourt l'avenue des Gentils Vertueux, à Jérusalem et qu'on voit tous ceux qui y sont commémorés. Cette liste comprend des représentants de toutes les religions, dont beaucoup de chrétiens et quelques musulmans, ainsi que des athées et des gens qui n'appartenaient à aucune religion.
Dans le cadre d'un débat comme celui d'aujourd'hui, je ne crois pas qu'on doive chercher à déterminer quels groupes sont attaqués ou doivent être défendus. Il faut plutôt comprendre le principe en cause.
Cinquièmement, les religions expliquent le fonctionnement de l'univers. Il est possible que toutes les religions aient tort, mais objectivement, il est impossible qu'elles aient toutes raison. Le véritable débat porte sur la façon dont nous, les législateurs, tenons compte de cette situation et traitons avec ceux qui se sentent moralement obligés de défendre leur propre version de la vérité et de s'exprimer au nom de celle-ci. Cela comprend plus particulièrement la façon dont nous réagissons à toute tentative de convertir les membres d'une religion donnée à une autre religion.
Pour bien illustrer mon propos, je tiens à souligner qu'il est possible que deux des ouvrages que j'ai apportés avec moi aujourd'hui, en l'occurrence le Coran et le Livre de Mormon, fassent fausse route, mais qu'il est impossible que les deux énoncent la vérité. Il se peut donc que ceux qui ont adopté l'une de ces doctrines se sentent obligés de convertir les membres de l'autre groupe confessionnel et perçoivent même cette tâche comme étant leur plus important devoir moral. Or, ils ne peuvent y parvenir qu'en disant aux membres de l'autre groupe confessionnel que ce en quoi ils croient est faux, étant donné que cela ne correspond pas à leurs propres croyances. Il est impossible pour eux de faire cela.
Cela dit, le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a envisagé la possibilité de rendre cette pratique illégale et a tenté d'intégrer aux lois internationales une interdiction de s'engager à s'acquitter personnellement d'un tel devoir moral.
Le 27 mars 2008, le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a adopté une résolution qui, je tiens à le souligner, n'a pas été appuyée par le Canada. Voici ce qu'on peut lire au point 12: « [...] chacun a droit à la liberté de religion et [...] l'exercice de ce droit comporte des obligations et des responsabilités particulières et peut donc être soumis à certaines restrictions, mais uniquement celles qui sont prévues par la loi et nécessaires au respect des droits ou de la réputation d'autrui ». On entend par là les autres religions.
Pour ce qui est « des droits ou de la réputation d'autrui », on ne peut pas dire que la religion pratiquée par autrui est fausse parce qu'elle ne correspond pas à sa propre religion. On parle ici de l'emprisonnement et même, dans certains cas, de l'exécution de personnes qui ne font que pratiquer leur propre religion, comme ils s'y sentent obligés par la loi divine, et du fait que le droit international autorise cette forme d'oppression. Le Canada doit s'élever contre cette pratique.
C'est ce que je pense, et j'espère que tous les députés à la Chambre pensent aussi la même chose. Je tiens à souligner que si c'est le cas, nous ne serons pas seuls. En 2009, une autre résolution similaire a été dénoncée par plus de 200 organisations de la société civile de 46 pays, y compris des membres de groupes musulmans, chrétiens, juifs, laïques, humanistes et athées, et depuis ce temps, il y a eu d'autres condamnations similaires.
Pour conclure, si quelqu'un pense que la vérité absolue se trouve dans ses croyances, qu'il s'agisse d'une personne religieuse qui croit en la parole de Dieu ou d'une personne athée qui se fonde sur la logique et la raison et juge que toutes les croyances religieuses sont fausses, alors cette personne doit forcément croire aussi que, dans une société qui favorise la liberté de croyance, ses propres convictions finiront par l'emporter sur celles des autres. Dans ce cas, cette personne doit croire qu'il n'y a pas lieu d'opprimer les autres, puisque ce serait contre-productif.
J'encourage donc tous les députés à voter en faveur de cette motion.
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Monsieur le Président, nous avons une drôle de motion sous les yeux ce matin, pour fins de discussion. Enfin, plutôt que d'utiliser l'expression « drôle de motion », je devrais peut-être utiliser l'expression « curieuse motion ».
Je vais relire les premières lignes de la motion et, probablement comme moi, mes collègues se demanderont pourquoi nous débattons d'une telle motion ce matin. Nous pouvons lire ceci:
Que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement devrait: a) aux fins de la politique canadienne en matière d’affaires étrangères, continuer à reconnaître que [...]
Nul n'a besoin d'avoir fait des études linguistiques très poussées pour comprendre que « continuer à reconnaître que » signifie que cela se fait déjà. Si besoin était, nous pourrions peut-être réaffirmer le besoin de dire que nous devons continuer de faire ce que nous faisons déjà, mais il me semble qu'il y a là un quiproquo. Je poursuis la lecture de la motion:
[...] continuer à reconnaître que (i) chacun a droit à la liberté de religion et de conscience, y compris la liberté de changer de religion ou de croyance et la liberté de manifester sa religion ou sa conviction par l'enseignement, le culte [...]
À mon avis, cela est déjà garanti par la Charte. Un peu plus loin, on y dit:
[...] continuer à reconnaître que [...] (iii) l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l'homme et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques doit être appuyé [...]
Il s'agit donc de continuer d'appuyer, ce que nous faisons déjà.
Voici ce qui est ensuite écrit dans le texte de cette motion:
[...] b) encourager (i) l’opposition aux lois qui utilisent la « diffamation des religions »[...] pour persécuter les membres de minorités religieuses, (ii) le signalement, par les missions canadiennes à l’étranger, des incidents de violence fondée sur les croyances religieuses [...] (iv) le maintien d’un dialogue régulier avec les gouvernements concernés pour faire de la question de la persécution fondée sur les croyances religieuses une priorité, (v) les ambassades canadiennes à tenter de communiquer avec les organismes des droits de la personne pour recueillir des renseignements sur les abus en matière de droits de la personne.
On dénote une petite faiblesse dans cette motion, soit l'emploi du terme « encourager », qui me semble nettement trop faible dans ce genre de situation.
Voilà donc une série de révélations contenues dans cette motion, qui réaffirme ce que nous savions déjà en grande partie ou en totalité, et ce que nous faisions déjà, je l'espère. Peut-on m'expliquer alors le besoin de politiser le concept des libertés de religion, comme de toute autre liberté, d'ailleurs? Ces libertés n'ont-elles pas justement la caractéristique de se vouloir universelles?
Les grandes périodes de l'histoire de nos sociétés occidentales ont largement contribué à asseoir ces principes fondamentaux dans notre modernité. La plupart du temps, ces réflexions étaient l'objet d'études de philosophes, et non pas de politiciens. Pour le plaisir de retrouver les origines de ces libertés, replongeons quelques instants au coeur des étapes qui furent à l'origine de nos concepts de liberté moderne.
Chez les Grecs, Platon, que certains considéraient comme le père de la philosophie, bien qu'il eût des prédécesseurs, avait déjà écrit que le seul moyen d'organiser le bonheur public était l'application du principe d'égalité. Il y avait déjà là, en esprit du moins, les germes de ces grandes libertés.
Nicolas de Cues, précurseur de l'humanisme, fut rendu célèbre, quant à lui, pour avoir été le premier à décréter que les hommes naissent libres et égaux. Bien sûr, le siècle des Lumières a vu se lever Voltaire qui, par ses écrits sur la tolérance religieuse, expliquait déjà ce grand principe universel en disant: « Ne fait pas ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît ». Or, dit-il, on ne voit pas comment, suivant ce principe, un homme pourrait dire à un autre: « Crois ce que je crois et ce que tu ne peux croire ou tu périras. »
Pourtant, l'histoire jusqu'à nos jours est remplie de ces situations inacceptables où des gens souffrent et meurent parce que d'autres croient posséder la vérité. D'ailleurs, il n'y a rien de plus dangereux que quelqu'un qui croit posséder la vérité, et ce, peu importe l'organisation à laquelle il appartient. Ainsi, partout dans le monde, au nom de la vérité religieuse, on détruit des temples, on interdit la construction de minarets, on confisque des biens, on procède à du nettoyage ethnique et, pire encore, on enlève, on viole et on tue son semblable.
Il n'existe pas un citoyen mû par l'esprit humaniste ou religieux qui puisse soutenir de telles actions. Toutes les grandes religions, lorsqu'elles ne sont pas instrumentalisées, condamnent ces actions qui vont à l'encontre du sentiment d'amour et de respect envers le prochain. Je me risquerais même à dire que chez nous, à tout le moins, cet enjeu fait l'unanimité. D'où l'idée de se demander pourquoi avoir déposé cette motion ce matin.
Je reviendrai sur la motion qui nous occupe aujourd'hui. Pourquoi les conservateurs jugent-ils nécessaire de politiser un enjeu qui fait consensus, voire l'unanimité?
En 2011, ils avaient promis de créer, au sein du ministère des Affaires étrangères, un bureau de la liberté de religion ayant comme mandat de lutter contre la persécution religieuse dans le monde. C'est tout un défi! De quelle façon cela sera-t-il fait? Personne ne semble le savoir de façon très précise. Il y aurait, m'a-t-on dit, trois grands axes de travail, dont le premier serait d'assurer la protection et la défense des minorités religieuses menacées. Le deuxième serait de lutter contre la haine religieuse et l'intolérance. Enfin, le troisième serait de promouvoir à l'étranger les valeurs canadiennes de pluralisme et de tolérance.
J'ai hâte de voir les portions du budget attribuées à des mesures aussi importantes. On ne peut pas se contenter de présenter des motions qui jettent de la poudre aux yeux, s'il n'y a pas une réelle intention d'agir par la suite. Soyons clairs, cependant: personne ne peut être contre la vertu.
Par contre, on peut s'inquiéter de l'influence de la droite religieuse au sein du Parti conservateur et, par voie de conséquence, au sein du gouvernement ou au sein même de ce nouveau bureau. Je n'oserais pas faire un lien direct entre les deux éléments, mais il est quand même curieux de constater que, dans une décision rendue récemment, le gouvernement conservateur a réduit le financement accordé à l'embauche d'aumôniers non chrétiens dans les prisons. Charité bien ordonnée commence par soi-même, disait-on dans ma jeunesse. Avant de faire la leçon aux autres, nous devrions nous assurer d'être un modèle crédible.
De plus, l'étanchéité entre ce bureau et le ministère des Affaires étrangères reste à démontrer. S'il fallait que le gouvernement décide de centrer sa politique étrangère sur la liberté de religion, il ne saurait le faire à l'exclusion des autres droits.
Ici encore, le siècle des Lumières nous a ouvert les yeux, ou la voie, grâce aux écrits de John Locke. Ce dernier expliquait admirablement bien la nécessité de séparer l'église de l'État. Suivant son principe de contrat social, Locke affirmait qu'un gouvernement n'a pas d'autorité en ce qui relève de la conscience individuelle, puisque une personne rationnelle ne peut pas en confier le contrôle à un gouvernement. Pour Locke, cette conscience individuelle est un droit naturel qui doit être défendu contre toute autorité gouvernementale.
À cet égard, le NPD veillera à ce que les principes enchâssés dans la Déclaration sur l'élimination de toutes formes d'intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction — proclamée par les Nations Unies — soient défendus. La liberté de conviction, c'est qu'il est également possible pour quelqu'un d'avoir la liberté de ne pas croire et de manifester seul ou avec d'autres cette même conviction.
Le NPD appuie cette motion et veillera à ce que la défense de la liberté religieuse n'entre pas en conflit avec d'autres droits de la personne comme, par exemple, les droits des femmes ou les droits des travailleurs, pour n'en citer que quelques-uns.
Si la liberté de religion avait préséance sur les autres libertés, je m'inquiète déjà de savoir comment ces droits seraient hiérarchisés. Bien humblement, j'avoue avoir toutes les difficultés du monde à établir un ordre de priorité entre liberté religieuse, liberté d'expression et liberté d'association, par exemple. Bon nombre de persécutions subies par nos semblables sont directement liées à des questions religieuses, là où une majorité domine la minorité.
Ce dont nous avons besoin, est-ce vraiment de liberté religieuse ou de protection contre les abus de ces majorités religieuses?
Aucune grande organisation religieuse n'appuie sans réserve l'idée du bureau de la liberté religieuse. Tout comme nous, elles attendent de pouvoir porter un jugement sur le fond et sur l'expérience.
Le défi est ambitieux et l'entreprise est certainement louable. Toutefois, je crains que, derrière des desseins nobles et altruistes, le gouvernement conservateur emprunte le langage des droits de l'homme à des fins électoralistes.
Cependant, aujourd'hui, mes propos demeureront sur le plan des craintes. Je n'entrerai pas dans une diatribe qui viendrait amoindrir l'essence de mes propos.
Monsieur le Président, comme le temps fuit à la vitesse de l'éclair, je m'arrêterai ici. Je vous remercie de votre attention et je vous réitère le plaisir que j'éprouve à participer à la vie démocratique d'une société comme celle à laquelle nous appartenons, où les libertés dont j'ai abondamment parlé sont une réalité quotidienne.
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Monsieur le Président, tout d'abord, je tiens à dire que c'est pour moi un honneur d'avoir présenté ce projet de loi, et d'avoir pu entendre les différents discours tenus à la Chambre à ce sujet. Je remercie également mon collègue de . Non seulement il a appuyé la motion, mais il a également grandement contribué à faire avancer ce dossier.
Comme nous l'avons tous reconnu au cours du débat, le Canada est l'une des plus grandes nations parce qu'il jouit des libertés et de la prospérité qu'il défend dans cette motion, et qu'il souhaite voir dans bon nombre des pays dont nous allons parler. La motion défend les valeurs que la société canadienne tient pour acquises. Cette société est fondée sur le droit d'exprimer ses croyances religieuses sans subir de persécution. C'est une société où les gens peuvent décider d'exprimer certaines croyances religieuses parmi les nombreuses dont nous avons parlé, ou d'en adopter de nouvelles, sans être persécutés. Cette motion concerne la dignité humaine, à laquelle toute personne a droit, quel que soit son pays.
Cette motion ne vise pas à politiser, mais plutôt à nous permettre de comprendre notre responsabilité en tant que Canadiens de nous servir de notre pouvoir de persuasion pour aider les citoyens d'autres pays. Nous n'avons pas d'autorité législative dans d'autres pays, mais nous pouvons collaborer avec d'autres démocraties libres comme les États-Unis, l'Allemagne et les pays européens. Nous pouvons influencer d'autres pays en leur montrant les libertés qui existent au Canada et que nous aimerions qui soient accordées aux citoyens victimes de persécution dans ces endroits.
Je voudrais également souligner la nomination de M. Andrew Bennett au Bureau de la liberté de religion. On lui a confié une responsabilité incroyable, et sa tâche ne sera pas facile.
Quand nous observons ce qui se passe dans le monde, nous constatons que 70 % de la population mondiale vit dans des pays où les religions ou le changement de religion sont soumis à de fortes restrictions. Il y a des gouvernements qui dictent la religion qu'il faut pratiquer et qui persécutent les gens qui s'opposent à leur volonté. Ce n'est pas comme au Canada où les croyances religieuses peuvent provoquer des divergences d'opinions ou des critiques verbales. Dans certains pays, des gens sont battus et torturés, des femmes violées et des personnes assassinées à cause de leurs croyances religieuses ou de leur désir de changer de religion.
Au Canada, la liberté de conscience et de religion a été garantie par un grand nombre de nos pactes, qui ont été mentionnés aujourd'hui. Nous voulons promouvoir les valeurs de la liberté, de la démocratie, du respect des droits de la personne et de la primauté du droit dans d'autres pays afin de protéger leurs citoyens qui ont des croyances différentes et de permettre à ces derniers de bénéficier des mêmes capacités et libertés que nos citoyens.
Je terminerai mon intervention en remerciant les députés qui ont pris la parole. Je veux remercier ceux qui ont affirmé qu'ils appuieraient la motion M-382. J'aimerais remercier M. Andrew Bennett d'avoir accepté de se charger de cette tâche. J'aimerais également remercier le et les autres personnes qui ont pris part à cette initiative, ainsi que le , qui en a fait l'annonce lors de la dernière campagne électorale. Je leur en suis reconnaissant, et j'espère obtenir l'appui de tous les partis politiques de cette grande institution canadienne.