La Chambre reprend l'étude, interrompue le 6 octobre, de la motion et de l'amendement.
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Monsieur le Président, j'évoquais hier le danger pressant que représente la progression de l'EIIL dans la région. Aujourd'hui, je traiterai de la menace qui plane sur notre pays et sur d'autres États de l'Occident.
Les députés qui n'ont pas conscience du danger pressant que court notre pays n'ont qu'à effectuer une recherche dans les médias sociaux pour y trouver de nombreuses preuves de la volonté de répandre l'ignoble idéologie de l'EIIL au Canada.
Je suis fort préoccupée à l'idée que l'expansion de l'EIIL incite des Occidentaux, y compris des citoyens canadiens, à se radicaliser jusqu'à la violence. On sait que des Canadiens sont allés dans des zones de conflit pour prendre part à des activités liées au terrorisme — combats sur le front, financement, planification stratégique, diffusion de propagande sur Internet, etc.
L'EIIL est parvenu à accroître ses forces vives en recrutant des milliers de combattants étrangers, dont bon nombre sont originaires de l'Europe centrale ou de l'Asie centrale. Dernièrement, les médias ont rapporté le décès de Farah Mohamed Shirdon, de Calgary, et celui de Mohamud Mohamed Mohamud, tous deux morts en combattant pour l'EIIL.
Notre pays reconnaît que cette croissance de l'EIIL au moyen du recrutement de combattants étrangers est un grave problème sur lequel nous avons déjà commencé à nous pencher. C'est pour cela que nous avons coparrainé la résolution 2178 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Nous avons aussi mis en oeuvre plusieurs instruments législatifs indispensables, comme la Loi sur la lutte contre le terrorisme, qui a créé de nouvelles infractions visant ceux qui quittent ou qui tentent de quitter le Canada en vue de commettre certaines infractions liées au terrorisme. La Loi renforçant la citoyenneté canadienne, qui est maintenant en vigueur, permet de révoquer la citoyenneté canadienne des détenteurs d'une double citoyenneté s'ils sont reconnus coupables d'actes terroristes.
Cependant, comme le gouvernement irakien élu démocratiquement l'a admis en demandant de l'aide pour maîtriser la croissance de l'EIIL, si on laisse cette organisation mener ses activités au grand jour et qu'on ne fait rien pour freiner l'expansion du territoire qu'elle contrôle, nos alliés et nous ne tiendrons pas compte de la source véritable de la menace qui pèse sur nos frontières collectives. C'est pourquoi, après mûre réflexion, le gouvernement a présenté la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Je m'en voudrais de ne pas parler, entre autres raisons pour appuyer la présente motion, du traitement réservé aux femmes dans l'idéologie de l'EIIL.
Un rapport des Nations Unies donne un aperçu des atrocités inquiétantes commises par l'EIIL. Par ses actions, il a gravé dans son idéologie une conception sous-humaine de la femme. L'EIIL a vendu des centaines de femmes et de filles comme esclaves sexuelles pour tenter de donner aux acheteurs l'envie de joindre leurs rangs. Elles ont été données à l'EIIL ou ont été victimes de traite des personnes et vendues dans des marchés.
Des femmes ayant une carrière professionnelle ont aussi été ciblées et exécutées. Par exemple, l'EIIL a tué sur la place publique une avocate spécialiste des droits de la personne à Mossoul, après qu'un tribunal soi-disant islamique ait jugé qu'elle avait abandonné l'islam. Samira Salih al-Nuaimi a été arrêtée chez elle le 17 septembre après avoir prétendument publié sur Facebook des messages critiquant la destruction de sites religieux par des militants à Mossoul. Selon la Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Irak, Mme al-Nuaimi a été jugée coupable d'apostasie par un prétendu tribunal de la charia, au terme duquel elle a été torturée pendant cinq jours avant que des militants ne la condamnent à l'exécution publique.
On a également rapporté que l'EIIL entendait obliger quatre millions de femmes et de filles de la région de Mossoul à subir une mutilation génitale. Cela vient s'ajouter, bien sûr, aux milliers de viols, aux innombrables cas de mariage forcé et à la suppression totale des droits des femmes de recevoir une éducation et de participer à l'activité économique et politique.
La façon dont l'EIIL traite les femmes va bien au-delà de la simple notion de misogynie contre laquelle nous avons l'habitude de lutter dans la culture occidentale. Puisque ce groupe a pu attirer des combattants de pays occidentaux et qu'il a manifestement des sympathisants dans ces pays, il menace l'égalité des femmes dans les sociétés libres du monde entier.
Cela dit, je n'ai pas peur de ces lâches, qui considèrent la femme comme une sous-espèce, un mal nécessaire ne servant qu'à la procréation, ou comme un objet que l'on peut violer et échanger avec les ignorants qui défendent leur cause. Je n'ai pas peur, car les paroles de notre hymne national ne sont pas des paroles creuses. Nos courageux militaires ont toujours « protégé nos foyers et nos droits » des menaces envers notre pays et notre population.
Cette motion donne la réponse claire et précise du Canada à la menace que pose l'EIIL pour la communauté internationale. Nous poursuivrons le déploiement d'au plus 26 membres des Forces canadiennes, qui conseilleront les forces de sécurité irakiennes; il n'y aura pas de mission de combat terrestre. Nous participerons avec nos alliés à des frappes aériennes contre l'EIIL dans le but de limiter ses capacités sur le plan de l'exploitation de bases au grand jour et de freiner l'expansion continue de son territoire. Nous fournirons un appareil de ravitaillement en vol, deux avions de surveillance Aurora, ainsi que les équipes et le personnel de soutien nécessaires, et ce, pour une période de six mois.
Nous sommes prêts à relever ce défi et capables de le faire. Nos investissements, énoncés dans la Stratégie de défense Le Canada d'abord, visent à bâtir des forces armées modernes et de premier ordre pour relever les défis de notre génération. Le gouvernement continue de respecter ce plan en fournissant à nos militaires l'équipement qui leur permet d'améliorer leurs opérations.
Nous chercherons à empêcher le financement de l'EIIL et l'arrivée des combattants étrangers en Irak et en Syrie, et nous fournirons du soutien diplomatique à l'Irak pour l'aider à fonder un gouvernement inclusif sur les plans religieux et éthique.
En appuyant la motion du gouvernement, le Parlement indique aux Canadiens qu'il accepte que, sans le déploiement d'une force puissante et directe, la menace que représente l'EIIL pour la paix et la sécurité internationales, y compris pour les communautés canadiennes, continuera de croître.
En appuyant la motion à l'étude, nous indiquons aux Canadiens que nous comprenons l'ampleur des atrocités commises par le groupe terroriste. Nous signalons notre appui aux dirigeants irakiens par nos efforts concertés pour bloquer l'offensive barbare de l'EIIL et mettre fin aux dérives sectaires qui menacent la sécurité à long terme de l'Irak. Nous montrons aux Canadiens que nous sommes prêts à épauler en leur nom nos alliés qui se sont engagés à contrer cette menace. Nous leur signalons notre appui à une mission clairement définie, que nous sommes capables de mener à bien, et jumelée à la prestation d'aide humanitaire dans la région.
En appuyant cette motion, nous indiquons aux Canadiens que, devant les avancées réalisées par l'EIIL, nous allons agir plutôt que d'esquiver le problème.
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Monsieur le Président, je vais séparer mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureux de prendre la parole sur cette motion aujourd'hui. Elle expose la position du et du gouvernement quant au rôle que nous devons jouer en tant que Canadiens pour lutter contre l'EIIL, les atrocités qu'il inflige aux autres, surtout aux Syriens et aux Irakiens, et le désir de cette organisation de faire subir ces mêmes horreurs à de nombreux pays occidentaux, dont le Canada.
J'ai écouté une grande partie du débat d'hier. Je ne pense pas que ce soit pratique courante chez les députés, mais j'ai lu les discours que je n'ai pas entendus hier soir dans le hansard.
Je tiens tout d'abord à féliciter tous les députés d'avoir tenu un débat très sérieux, ce qui est plutôt rare dans cette enceinte. Un député d'en face a fait une déclaration étrange. Le député d' a laissé entendre que les libéraux ne comprennent pas que nous avons une bonne armée. C'est tout à fait faux, et nous appuyons nos militaires. Le ministre a répété que le gouvernement ne peut pas rester les bras croisés, insinuant que c'est ce que les deux partis de l'opposition veulent qu'il fasse. C'est faux également. Dans l'ensemble, c'était un excellent débat, au cours duquel un grand nombre d'excellents points ont été soulevés.
Mes collègues, le député de et la députée de , ont fait valoir de bons arguments sur les nombreuses autres façons dont nous pourrions contribuer aux efforts plutôt que de déployer les CF-18, notamment en offrant du transport aérien stratégique, des fournitures médicales, du soutien aux réfugiés, et des conseillers militaires, qui sont déjà sur place. Ils soutenaient que le déploiement de CF-18 n'est pas la seule option.
Comme je l'ai mentionné il y a quelques instants, ce qui m'ennuie un peu, c'est que le gouvernement essaie de dire que ceux qui n'appuient pas la motion — et je ne suis pas d'accord pour le moment pour qu'on envoie des CF-18 — ne veulent pas que les mesures qui s'imposent soient prises.
Absolument personne de ce côté-ci ne prétend que l'EIIL ne représente pas une menace à la paix et à la stabilité dans le monde. Il constitue bel et bien une menace. Je vais même féliciter le pour certains des points qu'il a soulevées dans ses observations hier. Il a décrit à quel point l'EIIL est une énorme menace et a fait savoir que l'organisation souhaite instaurer un climat d'instabilité dans le monde entier. Je ne répéterai pas ce qu'il a dit, mais tous ceux qui veulent prendre connaissance des points qu'il a soulevés peuvent lire le hansard.
Soyons clairs: l'inaction n'est pas une option. Mon parti ne préconise pas l'inaction. Il est nécessaire d'agir, mais notre opposition au déploiement de CF-18 n'équivaut pas à de l'inaction. Il pourrait même être préférable, sur le plan stratégique, de faire autre chose en Irak. Je m'explique.
Ailleurs dans le monde, en Grande-Bretagne par exemple, le premier ministre a convoqué les chefs de l'opposition pour les informer de la situation. On ne peut pas en dire autant au Canada. Pourquoi? Nous faisons partie d'une coalition. Les CF-18 ont déjà été déployés. Nous exerçons déjà notre force militaire en procédant à des frappes aériennes. Le combat a commencé. Notre matériel militaire est-il en bon état? Qui sait. Comment se portent nos soldats? Nous avons déjà fait plus que notre juste part en Afghanistan. Nous avons demandé aux hommes et femmes en uniforme de participer à une rotation, parfois même jusqu'à quatre reprises.
Est-il juste de leur demander de repartir si tôt ou devrions-nous plutôt employer d'autres stratégies, toujours dans la coalition, qui nous permettraient de contribuer davantage à la stratégie générale en remplissant d'autres rôles? Nous pourrions par exemple offrir de l'aide humanitaire, de l'aide aux réfugiés et des fournitures médicales, ou encore envoyer plus de conseillers sur le terrain. Pas moyen de le savoir, parce que les chefs des partis de l'opposition n'ont pas suffisamment d'information pour savoir si la décision du gouvernement est la bonne. Il faut que nous ayons une vue d'ensemble.
La coalition, ou bien le président des États-Unis, nous a-t-elle demandé d'envoyer six CF-18 à l'exclusion de toute autre action? Il est vrai que le gouvernement prend d'autres mesures — comme l'annonce d'hier des 10 millions de dollars et de l'aide qu'il envoie dans la région —, mais nous a-t-on explicitement demandé de déployer nos CF-18? Personne ne le sait. Personne au gouvernement ne nous l'a dit explicitement.
Le fait est que, compte tenu de nos finances, si nous consacrons tout notre matériel et nos ressources humaines à une région, il est concevable que en ayons moins à déployer ailleurs. C'est pourquoi nous n'avons pas une bonne vue de la stratégie dans son ensemble; le n'a pas informé les chefs de l'opposition comme il aurait dû le faire.
Certains ont essayé de faire valoir que mon parti n'a pas confiance en nos militaires. En fait, nous avons confiance en eux. Nous avons la plus haute estime pour l'armée canadienne et ses capacités, et ses membres n'ont cessé de prouver qu'ils possèdent bel et bien ces capacités sur différents théâtres des opérations, partout dans le monde.
J'aimerais également revenir sur les propos tenus hier par Hillary Clinton, qui a une très vaste expérience en matière d'affaires étrangères. Elle a aussi abordé les deux aspects de la question, déclarant ce qui suit:
Je pense qu'il est crucial, en fait, je dirais même qu'il est essentiel, de mener une intervention militaire pour empêcher l'État islamique de progresser davantage et d'occuper un territoire plus grand.
Elle a raison. Nous savons qu'une intervention militaire est bel et bien en cours, mais est-ce que nos CF-18 doivent participer à cette intervention, ou serait-il préférable que nous fassions autre chose en parallèle?
Elle a également déclaré qu'il ne suffit pas de mener une intervention militaire, et elle a affirmé, lorsqu'elle a décrit la lutte que nous menons contre les djihadistes islamistes, qu'il s'agit d'un engagement à long terme. Elle a tout à fait raison sur ce point.
Nous participons à cette lutte. Nous savions, lorsque l'intervention de 30 jours a été annoncée, que la situation ne serait pas réglée en 30 jours ou en six mois. Nous avons déjà été confrontés à certains problèmes similaires par le passé, que ce soit dans le cadre de la mission en Irak, à laquelle nous n'avons pas participé, ou encore dans le cadre de notre mission en Afghanistan. Nous savons qu'il s'agit d'un engagement à long terme. Je ne peux pas affirmer que c'est le cas pour tout le monde, mais nous, nous sommes certes prêts à ce que le Canada participe aux efforts visant à lutter contre ce fléau qui nous touche tous.
Hier, j'ai parlé à une personne qui a servi dans l'armée pendant 30 ans. Pour des raisons de sécurité, je ne répéterai pas ses propos, mais essentiellement, ce qu'il a dit, c'est que nous devrions jouer un rôle de soutien et non participer aux combats. C'est ce que nous proposons, en gros.
J'aimerais aussi aborder un autre aspect. Cette lutte ne se déroule pas uniquement en Syrie et en Irak. Des individus radicalisés quittent le Canada, les États-Unis et la Grande-Bretagne et reviennent dans ces pays avec des passeports. Ces personnes posent un risque sur le plan intérieur et nous devons prendre des mesures à leur endroit. Le gouvernement doit également établir une stratégie afin de déterminer comment le Canada peut aborder le problème posé par cette radicalisation, qui représente une menace importante pour notre pays.
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Monsieur le Président, soyons clairs, le Parti libéral est d'avis que le Canada a un rôle à jouer relativement à la situation actuelle en Irak.
Les Canadiens partout au pays sont préoccupés par les nouvelles qui leur parviennent par Internet ou d'autres médias. Nous devons reconnaître que les Canadiens, dans leur ensemble, forment une société attentionnée et compatissante qui croit à la démocratie, à la liberté et à la primauté du droit. Cela ne fait absolument aucun doute. Ils veulent également que le gouvernement prenne de bonnes décisions réfléchies et solides. C'est là que le n'est pas à la hauteur. Il a été incapable de jouer cartes sur table. Il n'a pas été capable de justifier ses actions.
Le Parti libéral est disposé à entendre le plan d'action du gouvernement, mais il n'a pas pu obtenir de réponse aux nombreuses questions qu'il lui a posées. Je vais passer en revue plusieurs de ces questions.
Depuis le premier jour, nous, au Parti libéral, préconisons la tenue de plus amples débats sur cet enjeu à la Chambre des communes, des débats dans le cadre desquels les députés auraient la possibilité de participer à la discussion sur un enjeu mondial important nécessitant l'intervention de nos forces armées.
Je parle un peu en connaissance de cause, puisque j'ai eu le privilège d'être membre des Forces canadiennes. J'ose croire que tous les députés appuient nos militaires. C'est certainement le cas du Parti libéral. Compte tenu de la formation qui lui est donnée et des compétences qu'il possède, le personnel militaire canadien est un des meilleurs au monde. Cela ne fait aucun doute. Nous sommes tous fiers de chacun des membres des Forces canadiennes. Le gouvernement doit appuyer nos militaires de façon très concrète.
Depuis le début de la présente session, nous préconisons la tenue d'un débat. Nous devons discuter de ce qui se passe en Irak. Le gouvernement semble avoir une idée fixe: les frappes aériennes. Il ne semble pas avoir envisagé d'autres options, ce qui est une erreur de sa part. Il semble que les députés conservateurs aient rejeté d'emblée toutes les autres options, ce qui est extrêmement dommage. Les Canadiens souhaitent que nous jouions un rôle en Irak, mais la décision prise par le n'est pas la bonne. Il n'a pas été en mesure de la justifier.
Les députés libéraux ont appuyé la décision de confier des fonctions consultatives à certains de nos militaires pendant 30 jours. C'est ce qui nous distingue du Nouveau Parti démocratique. Le Parti libéral n'hésite pas à s'attaquer au problème, tout en gardant l'esprit ouvert. Le Parti libéral comprend les enjeux complexes qui touchent actuellement l'Irak et le Moyen-Orient. Ces enjeux ont de profondes répercussions sur le monde entier.
J'ai écouté de nombreux conservateurs parler du comportement sauvage de l'EIIL et des choses terribles qu'il fait subir à des gens en Irak à l'heure actuelle. Les actes de ce groupe sont criminels. Pour plusieurs, c'est totalement inouï. Ils parlent de personnes massacrées, de femmes vendues comme esclaves sexuelles et des ignominies que l'EIIL fait subir à des enfants et à des bébés. Ce sont tous des arguments convaincants, qui plaident en faveur d'une forme de contribution de la part du Canada. Au Parti libéral, nous reconnaissons que le Canada doit effectivement jouer un rôle, mais nous ne croyons pas que le gouvernement a convaincu qui que ce soit en affirmant que ce rôle devrait prendre la forme de frappes aériennes.
Nous ne sommes pas moins choqués que le gouvernement par le comportement horrible de l'EIIL et des individus impliqués dans cette organisation. Nous ne condamnons pas moins que lui les actes commis, mais il existe diverses manières de les combattre. Nous pourrions envisager d'autres contributions de la part de nos forces armées, mais la mentalité du gouvernement consiste à dire que les gens qui sont contre les frappes aériennes sont contre l'idée de combattre l'EIIL, ce qui n'est tout simplement pas le cas, du moins pas dans le Parti libéral.
Selon moi, la vaste majorité croit, à l'instar du Parti libéral, que nous devons agir. Nous avons besoin de réponses de la part du gouvernement. Il y a toute une liste de questions. En voici quelques-unes. Quel est l'objectif canadien dans la mission de frappes aériennes? Quels moyens compte-t-on prendre pour atteindre l'objectif? Quel est le coût total du déploiement proposé des CF-18? Il serait important d'en avoir au moins une idée approximative. Qui commandera la mission?
Au sujet de la durée du déploiement, le gouvernement demandera-t-il de nouveau l'appui du Parlement si la mission doit être prolongée, comme les libéraux prévoient qu'elle le sera? Quelles autres options de participation militaire canadienne le a-t-il considérées? En a-t-il seulement considéré d'autres? Pourquoi ont-elles été rejetées?
Pour ce qui est de l'envoi d'aide humanitaire au lieu d'une contribution militaire, quelles options le a-t-il considérées? En a-t-il au moins considéré une? Pourquoi les a-t-il exclues? Les coûts supplémentaires de la mission de combat réduiront-ils la quantité d'aide humanitaire que le gouvernement fournira? Je crois que c'est une question de la plus haute importance à laquelle nous devons obtenir une réponse.
Combien d'aide humanitaire et d'assistance technique le Canada prévoit-il fournir à l'Irak, à la Turquie, au Liban et à la Jordanie au cours des six prochains mois? Combien d'aide humanitaire et d'assistance technique le Canada prévoit-il fournir aux organismes internationaux et aux ONG oeuvrant dans la région, au cours des six prochains mois? Voilà des questions tout à fait judicieuses.
Jeudi soir dernier, nous avons appris que le allait faire une déclaration le lendemain matin. Vendredi, le a annoncé sommairement quelle était l'intention du gouvernement du Canada. Puis le a réagi et a soulevé des questions qui figurent parmi celles que je viens de poser.
Le a indiqué clairement la position des libéraux. Il a insisté sur l'importance, pour le Canada, de jouer un rôle dans ce qui se passe en Irak, et il a expliqué pourquoi le manque à son devoir envers les Canadiens en n'étant pas plus transparent et honnête à propos de ce qui se passe et de ce que fera le gouvernement.
Le gouvernement se montre peu enclin à collaborer avec l'opposition et les députés libéraux. Certes, le porte-parole en matière d'affaires étrangères a pu se rendre en Irak. On constate quelques exemples de bonne volonté, mais ils sont rares. Est-ce parce que les députés du gouvernement ont peur de répondre aux questions qu'on leur pose? Le Canada pourrait peut-être envisager d'autres plans d'action qui mettraient les Forces armées à contribution. Ce sont des points importants.
L'EIIL met en péril la sécurité de la région et du monde entier. Cette organisation assassine des membres des minorités ethniques et religieuses en Irak et en Syrie. Elle tue des civils innocents, des travailleurs humanitaires et des journalistes. Ces gestes atroces sont amplement documentés. Le Canada doit faire sa part pour répondre à la crise humanitaire et contrer la menace qui plane sur la sécurité mondiale.
Quand le gouvernement envisage de déployer les militaires canadiens, il doit clairement définir l'ensemble de la mission et le rôle précis qu'y jouera le Canada.
Je terminerai mes observations pendant les questions et réponses.
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Monsieur le Président, je voudrais dire d’entrée de jeu que je partagerai mon temps de parole avec le , le député de Selkirk—Interlake.
Le débat que nous avons entamé est particulièrement grave. Certes, on voudrait ne jamais devoir faire la guerre, mais il arrive qu'un pays doive décider si la nécessité et l’urgence de défendre son mode de vie l’emportent sur les risques que comporte une telle décision. L’EIIL représente indéniablement un danger réel pour le Canada et pour nos alliés. La motion qui a été présentée à la Chambre est claire et précise et elle propose des mesures concrètes et pondérées pour parer à une situation extrêmement grave.
L’EIIL est le mal à l’état pur. Je ne saurais trouver les mots pour décrire l’ampleur de sa dépravation et le niveau de cruauté qu’il inflige à l’humanité. Certains, pourtant, semblent prêts à accepter cette nouvelle réalité. Dans notre village planétaire, le terrorisme ne connaît pas de frontières, et c’est faire preuve d’un déni profond de la réalité que de proférer des platitudes ou d’essayer de calmer les esprits en prônant l’acceptation ou la tolérance de ce genre de comportement.
Malheureusement, ou heureusement, tout dépend du point de vue, notre gouvernement ne peut pas se permettre le luxe de l’indécision, de l’inaction ou du déni de la réalité. C’est bien de faire de beaux discours et de respecter la ligne du parti, mais face au terrorisme, nous avons la responsabilité de prendre les armes pour lutter contre ce déferlement tyrannique et pour essayer de l’endiguer complètement. La grande majorité des Canadiens ont la chance de ne pas vivre dans la peur et la terreur, parce que nos hommes et nos femmes en uniforme sont toujours prêts à défendre notre mode de vie, chez nous et à l’étranger. Nous ne pouvons pas attendre que les autres pays fassent la guerre à notre place, nous devons être à leurs côtés. Et c’est ce que nous allons faire parce que, face à la menace, nous n’avons jamais hésité à prendre les armes.
On parle également beaucoup, dans la presse, de l’épidémie d’Ebola, qui est un véritable fléau. Mais il faut bien comprendre que l’EIIL est lui aussi un fléau, qui sème la mort partout où il passe et qui constitue une véritable menace pour l’humanité.
Le mode de vie dont nous jouissons, au Canada, nous ne devons pas le tenir pour acquis. Nous avons dû consentir pour cela d’énormes sacrifices, notamment sur les champs de bataille où sont restés certains de nos illustres ancêtres. Selon beaucoup d’historiens, notre pays a en effet pris naissance sur le champ de bataille de Vimy. À cette époque comme maintenant, nos citoyens les plus illustres ont accepté de traverser cette terrible épreuve pour défendre notre mode de vie. C’est grâce à leur sacrifice que nous pouvons aujourd’hui vivre dans le respect des valeurs qui nous sont chères.
Il est dangereux de se réfugier dans la complaisance, et quand les autres font appel à nous, nous devons réagir et faire notre part. En ma qualité de ministre de la Défense, j’ai eu l’occasion de voir, de visu, les sacrifices consentis au nom du Canada. Rien ne peut dissuader davantage de faire la guerre que d’assister à une cérémonie d’adieu ou à une cérémonie de rapatriement, quand on voit les familles éplorées assister au retour d’êtres chers. C’est l’amour de la patrie porté à son paroxysme, et je ne saurai passer sous silence les sacrifices consentis par ceux qui ont été blessés sur le champ de bataille, alors qu'ils défendaient le Canada.
Les enjeux sont considérables. Notre liberté est précieuse, et les liens qui sont forgés à l’étranger, en période de conflit, sont généralement des liens solides. Nous en avons tous des exemples. Nous avons tous entendu des soldats raconter les sacrifices incroyables qui ont été consentis. Mais certains ne sont plus là parce qu’ils ont fait le sacrifice de leur vie. Et si on peut apporter un peu de réconfort aux familles des victimes, c’est en leur disant que leur être cher n’est pas mort pour rien.
Existe-t-il une cause plus noble? En Afghanistan, par exemple, nous avons constaté que, grâce à nos efforts, les fillettes pouvaient désormais aller à l’école et les femmes, participer au processus démocratique et à l’économie du pays. Et grâce à notre engagement, en tant que pays libre et démocratique, nous avons mis en marche un changement radical, quoique fragile, de la culture de ce pays. C’est là le résultat des efforts déployés par de nombreux pays, et ce sont là les objectifs qu’il faut atteindre pour faire changer les choses au Moyen-Orient.
Certains députés ont fait mention de pays comme le Darfour, où on a compté un grand nombre de morts. Ce sont ces mêmes factions, celles qui étaient à l’origine de toute cette destruction, qui réapparaissent aujourd’hui pour envoyer une menace directe ou indirecte au Canada. Nous ne les laisserons pas faire.
Certains députés voudraient qu’on prolonge le débat, alors que nos alliés traditionnels sont déjà sur le terrain.
Tous les conflits sont de véritables tragédies, mais la faction dont il s’agit aujourd’hui, l’État islamique en Irak et au Levant, l’EIIL, incite à la destruction de notre mode de vie, dans le monde occidental.
Ne vous y trompez pas. Il s’agit de menaces actuelles et réelles. Ce n’est pas une guerre contre les musulmans. Ce n’est pas une guerre entre la chrétienté et l’islam. C’est une intervention visant à rétablir un minimum de sécurité, face à un groupe qui dénature une religion et en déforme les principes et qui commet des actes de violence contre les populations de la région. Et cette violence est également perpétrée dans d’autres pays, notamment jusque dans les foyers des Canadiens, par l’intermédiaire d’Internet. L’État islamique en Irak et au Levant pratique une perversion délibérée de la foi musulmane, par des actes de violence tellement extrêmes que même Al-Qaïda a pris la peine de s’en dissocier.
Soyons clairs. Nous avons des preuves suffisantes pour nous porter à la défense du Canada. L’EIIL cible les travailleurs humanitaires, les journalistes et les civils. Des millions de personnes ont été déplacées, dans des souffrances considérables. Ce groupe menace de recourir au génocide, au viol, à la prise d’otages et à la mise en esclavage, et c’est une menace qui vise aussi bien notre pays que les leurs.
Un pays démocratique nous a demandé de prêter main-forte, et c’est un motif supplémentaire qui justifie notre intervention.
Les membres de l’EIIL par contre n’ont montré aucune tolérance, aucune connaissance ni aucune considération pour les principes démocratiques, ne s’appuyant que sur leur vision tordue du monde. Ils en sont arrivés à se livrer dans cette région à des actes d’une barbarie et d’une brutalité folles, peu communes dans l’histoire de l’humanité. Leurs agissements ne se comparent qu’à ce qu’il y a eu de pire dans l’histoire du monde.
L’EIIL mène une guerre brutale et inhumaine, et s'attaque sans distinction aux femmes et aux enfants, aux musulmans et aux chrétiens. On ne peut laisser aller sans broncher une organisation qui prétend exercer une autorité religieuse sur les musulmans du monde entier et qui cherche à prendre le contrôle de toutes les régions habitées par les musulmans, dans un dessein diabolique, et à étendre sa domination dans tout le monde civilisé.
[Français]
La liberté religieuse est une valeur canadienne fondamentale que nous protégeons et que nous préconisons dans le monde entier.
[Traduction]
Outre notre collaboration militaire, nous avons fourni une aide humanitaire de dizaines de millions de dollars. Nous n’avons pas fait l’un ou l’autre, mais les deux. En fait, la Canada figure parmi les principaux donateurs, ce dont nous pouvons, une fois de plus, être fiers.
Nous avons également fourni une aide au moyen de l’immigration. Des milliers de personnes ont été libérées, parce qu’elles avaient été déplacées et vulnérabilisées dans ce conflit.
Nous devons encore une fois placer notre confiance dans nos concitoyens qui portent l’uniforme des Forces canadiennes et nous voulons que les Canadiens sachent que la décision n’a pas été prise à la légère et que nous sommes sûrs d’avoir pris la bonne décision. Nous ne pouvons remercier suffisamment les hommes et les femmes qui portent l’uniforme. Comme d’autres intervenants l’ont dit, il faut faire preuve d'une extrême prudence et beaucoup réfléchir avant d'envoyer des soldats risquer leur vie. Ce n'est donc pas avec gaîté de coeur que nous demandons aux courageux membres des Forces canadiennes de défendre notre nation, notre mode vie, nos principes ainsi que nos droits et libertés au Canada et à l’étranger.
Toutefois, notre gouvernement prend cette responsabilité au sérieux. Nous croyons que les parlementaires doivent avoir et ont véritablement la possibilité, dans ce débat, d’aider à mesurer soigneusement le recours à la force et l’action. Voilà donc pourquoi nous avons ajouté une journée au débat et pourquoi nous faisons de cette question une motion de confiance.
Au cours d’une période maximale de six mois, nos forces mèneront des frappes aériennes contre l’EIIL, aux côtés de nos alliés et de nos partenaires, dont des États arabes, dans des attaques pouvant regrouper jusqu’à neuf aéronefs auxquels seront affectés des éléments de soutien. L’aide humanitaire se poursuivra. Notre contribution sera importante et elle aura une incidence. Comme toujours, nous ferons notre part avec fierté et avec le sens du devoir.
Naturellement et comme cela est toujours le cas, le Parlement du Canada sera informé des coûts différentiels.
Le déploiement actuel de 69 membres des Forces qui jouent déjà un rôle consultatif sans mission de combat sera maintenu. Comme le l’a dit, nous ne participerons à aucune mission de combat au sol. Nous nous engageons dans cette mission en collaboration avec nos alliés les plus proches et dans l’objectif absolu de sécuriser la région.
Le dévouement et la détermination des hommes et des femmes en uniforme dont nous avons été témoins jusqu’à maintenant sont et ont toujours été une source d’inspiration pour nous. Nous avons une longue et riche tradition pour ce qui est de protéger nos valeurs et ceux que nous comptons parmi nos amis et nos alliés les plus proches.
Il y aurait des chemins plus faciles à prendre, mais nous ne nous défilerons pas devant le devoir à accomplir. Nous ferons ce qui est juste; nous honorerons notre glorieux passé et nous protégerons notre précieux avenir.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole à la Chambre au sujet de la participation du Canada à la mission de combat contre l'EIIL. Je dois dire que je suis extrêmement déçu des partis de l'opposition. Ils ont pris position avant même que ne commence le débat. D'entrée de jeu, ils se sont opposés à cette mission et ils ne veulent pas d'un débat logique avant de se prononcer sur la motion.
Comme on l'a déjà dit clairement, le soi-disant État islamique en Irak et au Levant, l'EIIL, constitue une menace pour la sécurité locale, régionale et internationale. La progression brutale des terroristes de l'EIIL a créé une grave crise humanitaire et une atteinte à la sécurité en Irak et dans les pays voisins. Leur prise de contrôle du territoire a entraîné des déplacements massifs et a forcé plus de 1 million d'Irakiens à abandonner leurs foyers et leurs collectivités. Nous sommes bien au courant des crimes ignobles et atroces que l'EIIL a commis.
Les Nations Unies dénoncent les crimes de l'EIIL, notamment la persécution de minorités ethniques et religieuses et l'assassinat de milliers d'innocents, hommes, femmes et enfants. Bien entendu, l'EIIL s'est aussi vanté d'avoir décapité des journalistes et des travailleurs humanitaires. Si rien n'est fait, la menace posée par l'EIIL prendra de l'ampleur, ce qui déstabilisera davantage le Moyen-Orient et entraînera plus d'hostilité au sein de la population.
Nous savons que ces terroristes cherchent à nuire au Canada et à ses alliés. La direction de l’EIIL réclame que des attentats soient perpétrés contre le Canada et des Canadiens. Combien de temps encore le Canada devrait-il attendre avant d’agir? Si cela ne tenait qu’aux chefs du Parti libéral et du NPD, les Canadiens n’agiraient jamais.
Notre gouvernement ne restera pas en retrait. Nous prenons les mesures qui s’imposent.
Depuis la fin août, les Forces armées canadiennes ont acheminé des fournitures militaires indispensables aux forces irakiennes qui luttent contre l’État islamique sur le terrain. Plus de 1,6 million de livres de fournitures militaires données par l’Albanie et la République tchèque ont été livrées en l’espace de 25 vols. Nous avons également déployé des forces d’opérations spéciales pour conseiller et aider les forces irakiennes, en particulier les peshmergas kurdes. Nous avons annoncé hier que leur déploiement initial de 30 jours serait prolongé pendant un maximum de six mois.
Le a annoncé vendredi que le gouvernement prendra les mesures supplémentaires suivantes. Une force de frappe comprenant jusqu’à six chasseurs CF-18 Hornet, avec leurs membres d’équipage et le soutien logistique connexe, sera déployée pour mener des attaques aériennes contre des cibles de l’EIIL en Irak, en coopération avec nos partenaires de la coalition. En plus, un avion de ravitaillement CC-150 Polaris et jusqu’à deux aéronefs de surveillance aérienne CP-140 Aurora seront déployés pour leurs capacités de reconnaissance et de soutien.
Cette force comprendra également des capacités de transport aérien ainsi qu’une équipe de soutien composée de plusieurs centaines de personnes, qui contribueront au commandement, au contrôle ainsi qu’au soutien logistique, en plus d’appuyer les combats aériens de la coalition.
Ces déploiements démontrent que le Canada assume sa part du fardeau international de la lutte contre la menace que représente l’EIIL. Nous savons qu’il est possible que les membres de nos forces qui ont été déployés courent des risques, mais je peux garantir qu’ils sont prêts et qu'ils seront à la hauteur de cette tâche. Ils ont reçu un entraînement exceptionnel et sont équipés selon les normes les plus élevées. Les membres des Forces armées canadiennes sont les plus vaillants de nos concitoyens, et je sais que nous pourrons encore une fois être fiers de leur héroïsme et de leur bravoure.
Comme je l’ai expliqué hier à la Chambre, cette opération en est encore à un stade préliminaire. Nous allons continuer à collaborer étroitement avec nos alliés pour évaluer les opérations et les événements à mesure qu’ils se déroulent.
Je vais ajouter quelques mots sur nos alliés dans cette opération. Au cours des derniers mois, une large coalition de plus de 40 pays s’est formée. Ils comprennent tous la nécessité vitale de faire face à l’EIIL. Notre plus proche allié et partenaire de défense, les États-Unis, est à la tête de cette coalition. Les États-Unis mènent des frappes aériennes contre l’EIIL depuis maintenant deux mois et ils ont intensifié leur campagne aérienne au cours des deux dernières semaines. Cependant, les États-Unis ne sont plus seuls, et d’autres pays se joignent chaque jour à eux dans la lutte.
La France et le Royaume-Uni ont déjà mené des frappes aériennes et détruit des installations et des armes de l’EIIL. Dix pays arabes ont également apporté leur soutien. L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Jordanie et Bahreïn participent déjà aux frappes aériennes. L’Australie s’est engagée à fournir un soutien militaire direct, comprenant 600 personnes et huit chasseurs F-18 Super Hornet.
Bon nombre de nos alliés au sein de l'OTAN prendront également part à des opérations de combat. Les Pays-Bas enverront 6 avions de chasse F-16, ainsi que 2 autres avions en réserve, et déploieront 250 pilotes et membres du personnel de soutien. La Belgique enverra 6 avions de chasse F-16 et déploiera 8 pilotes et 120 employés de soutien. Le Danemark enverra 7 avions de chasse F-16 et déploiera 250 pilotes et employés de soutien. L'Allemagne déploiera des parachutistes pour fournir des armes aux combattants kurdes et les entraîner. Des armes et des munitions sont envoyées par divers pays, dont l'Italie, l'Estonie et la Hongrie.
La communauté internationale répond à l'appel, et le Canada doit en faire autant.
Je vais terminer mon intervention sur cette note. La violence dont fait preuve l’EIIL n'a tout simplement pas sa place dans le monde moderne. Qui aurait pu même imaginer il y a deux ans qu'une telle situation se produirait? Le mépris profond de l’EIIL à l'égard de la vie humaine dépasse l'entendement et choque avec raison les Canadiens.
Nous ne prenons pas de décisions sous l'effet de la colère ou par désir de vengeance. Nous savons que cela nous mènerait directement à la catastrophe. L’intervention mesurée et très soigneusement réfléchie du gouvernement est conforme à l'intention du Canada de contribuer à la paix et à la sécurité sur la scène internationale.
Nous sommes citoyens du monde, et le gouvernement agit en ce sens. L’EIIL frappe sans discernement et se moque des frontières. Ce groupe terroriste menace de gagner encore du terrain et menace directement la sécurité de notre pays. Il est temps de passer à l'action; il est temps pour la communauté internationale d’intervenir. Autrement, comme l'opposition l’a dit, nous en subirons un jour les graves conséquences. Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de laisser le Moyen-Orient vivre la répression, le bain de sang et les atrocités qui en résulteraient. Nous ne pouvons tout simplement pas ignorer la menace directe que représente l’EIIL pour le Canada, nos alliés occidentaux et nos valeurs.
Le gouvernement est prêt à lutter contre cette menace à sa source. Les Canadiens conviennent qu'une intervention militaire est dans notre intérêt national. Nous devons passer à l'action et nous le ferons. Nous demandons à tous les Canadiens d’appuyer la motion du gouvernement.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat sur cette motion. Notre devoir le plus important, à titre de députés, c'est d'examiner les mesures prises par le gouvernement, car ces actions mettraient nos militaires en danger.
Je tiens à dire clairement qu'à l'heure actuelle, des mesures concrètes ont déjà été mises en place pour lutter contre l'EIIL, contre les gens qui commettent les atrocités dont viennent de parler les députés d'en face. Ces gestes choquent et inquiètent tout autant les députés de ce côté-ci de la Chambre.
Actuellement, sur le plan militaire, environ 60 pays font partie d'une coalition, mais ils n'ont pas tous décidé de faire participer leurs forces armées. Les États-Unis, la France et l'Australie interviennent avec des forces massives. En fait, les six avions et les 600 personnes que propose d'envoyer le gouvernement représentent une très petite partie des ressources qui seront utilisées pour les bombardements.
Cette semaine, le sous-comité des droits internationaux de la personne a écouté le témoignage du révérend Majed El Shafie, de l'organisme One Free World International, le groupe qui a amené des députés, notamment conservateurs, jusqu'à la limite de la zone de combat en Irak. Selon M. El Shafie, ce que le président de l'Irak et les dirigeants kurdes réclament, ce ne sont pas des bombes, mais bien une aide humanitaire pour les centaines de milliers de personnes déplacées dans leur pays.
Revenons en arrière pour un instant. Les députés se souviennent-ils de l'expression « dommages collatéraux »? Le Parlement et d'autres entités gouvernementales emploient souvent des expressions à la mode. Pensons par exemple à « libre-échange ». Le libre-échange a fait l'objet d'un vaste débat dans les années 1980. L'expression sonnait bien. Dans le cas des deux guerres du Golfe, lorsque les États-Unis larguaient des missiles et des bombes, l'expression à la mode était « dommages collatéraux ». Or, les dommages collatéraux, ce sont des hommes, des femmes et des enfants. Une attaque ciblée implique nécessairement un certain risque de dommages collatéraux.
Lorsque les Étatsuniens sont repartis, à la fin de la guerre du Golfe, la région est devenue instable. Auparavant, Saddam Hussein, un sunnite dont la tribu était environ quatre fois moins nombreuse dans la région que celle des chiites, avait installé ses partisans sunnites dans l'armée. Quand les États-Unis et leurs alliés l'ont délogé, déstabilisant ainsi la région, il a fini par être remplacé par un premier ministre chiite qui a voulu se venger des atrocités commises par les troupes de Saddam Hussein. On affirme que ce premier ministre ne payait pas l'armée à temps et qu'il l'humiliait.
Lorsque quelques milliers de combattants de l'EIIL ont franchi la frontière, cinq divisions de soldats irakiens ont déposé leurs armes. À cause du climat d'instabilité régnant dans la région, beaucoup de ces personnes ont joint les rangs de l'EIIL, sans comprendre les horribles conséquences de ce geste, car ils croyaient qu'ils obtiendraient ainsi un traitement plus équitable de la part du gouvernement. Depuis, le premier ministre en question a été délogé.
J'avise la Chambre, monsieur le Président, que je partage mon temps de parole avec le député de .
L'EIIL exploite l'instabilité causée par ce vide et les nombreuses années de guerre tribale opposant les sunnites aux chiites.
Aujourd'hui et précédemment, des témoignages nous ont appris que l'EIIL, qui est une ramification d'Al-Qaïda, est beaucoup mieux organisé que tous les groupes terroristes que nous avons rencontrés jusqu'à maintenant. L'autre jour, notre chef signalait à la Chambre que les Nord-Américains combattent une forme ou une autre de l'EIIL depuis plus de 10 ans. L'organisme a profité du vide créé et aussi de certaines personnes qui, si elles avaient mûrement réfléchi à leurs gestes, ne s'y seraient pas jointes.
Nous avons rarement entendu parler d'une situation aussi horrible. Le seul endroit auquel je peux penser qui puisse être comparable en termes d'atrocités est la République démocratique du Congo.
Le révérend El Shafie a dit au comité que l'hiver arrivera dans quatre ou cinq semaines et que les gens n'ont même pas d'abris. Les quelques centaines de millions, peut-être même les milliards, de dollars que le Canada consacrera aux missions de bombardement devraient plutôt être mis au service de la population qui souffre dans ce pays. Il serait plus utile d'aller là -bas pour construire des abris et apporter des médicaments, des vêtements d'hiver et ce dont les gens ont besoin.
Les gens ont été forcés d'abandonner leur maison. On leur a donné le choix, mais ils ne croyaient pas à cette branche odieuse de l'islam. Je suis heureux d'entendre le gouvernement dire qu'il ne s'agit pas de l'islam tel que le monde le connaît. C'est un groupe de gens qui, un peu comme l'a fait Oussama ben Laden, se servent du mot « djihad » pour justifier des actes horribles. Ceux qui connaissent un peu l'islam savent que le terme « djihad » signifie simplement défendre sa religion lorsqu'elle est menacée. Cela ne signifie pas qu'il faut aller poser les gestes dont il est question ici.
Il est très important de rappeler aux Canadiens qui nous regardent que 1,2 million de musulmans vivent au Canada. De temps à autre, je rencontre quelqu'un qui est mal informé, qui dit que les musulmans essaient de s'emparer du pays ou autre chose du genre. Je rappelle alors à cette personne qu'il y a 32 millions d'autres Canadiens. Quand voit-on dans le journal qu'un musulman a attaqué quelqu'un, commis un vol ou cambriolé une banque au Canada? Cela est extrêmement rare parce que les musulmans sont de fervents croyants et qu'ils sont fidèles à l'islam.
De toute façon, comme je viens de le dire, il n'est pas question ici d'islam. L'État islamique en Irak et au Levant est un groupe terrible, et je ne peux penser à aucun autre nom à donner à ses membres à part « monstres », parce que ce qu'ils font est carrément monstrueux. Je peux comprendre les députés d'en face, qui ont le pouvoir, donc la capacité d'envoyer des avions, voire des troupes sur le terrain — même si, à leur décharge, ils n'ont encore rien dit en ce sens, mais disons que c'est ce que nous craignons —, de vouloir faire quelque chose pour mettre un terme à des crimes aussi atroces.
N'oublions pas, cependant, que nous faisons partie d'une coalition regroupant 60 pays. Trois ou quatre des meilleures armées du monde sont avec nous et sont prêtes à se lancer dans cette mission. Tous ces pays n'ont pas besoin que le Canada se joigne aux bombardements, ils ont besoin que le Canada fasse sa part. Je suis tout à fait d'avis que le Canada doit participer à cet effort commun. Mais je suis surtout d'avis qu'il doit multiplier les actions sur le front humanitaire, parce que les tourments qui attendent tous ces déplacés constituera sans doute l'une des pages les plus sombres de notre histoire. On les a déjà terrorisés au point de les obliger à quitter leur domicile. Parmi eux, beaucoup ont vu leurs frères, leur père, leurs oncles et leurs cousins se faire tuer ou subir toutes sortes d'atrocités.
Personne ne dit que rien de tout ça n'est vraiment arrivé. Nous disons que le Canada pourrait peut-être prendre un peu de recul, attendre avant de s'engager militairement et offrir plutôt à ses alliés d'acheminer de l'aide humanitaire, de fournir du soutien et de transporter des armes. Nous fournissons déjà des armes aux combattants qui tentent de protéger leurs terres, et c'est très bien ainsi. Mais pour l'heure, il faut bien prendre le temps de se demander si on veut envoyer nos soldats dans une zone de guerre qui a tout pour devenir un véritable bourbier. C'est ce qui est arrivé en Irak. C'est aussi ce qui est arrivé en Afghanistan, où 40 000 Canadiens ont été dépêchés. Nous en payons encore le prix, d'ailleurs, quand on pense à tous ces militaires qui sont aujourd'hui en état de stress post-traumatique ou encore aux 150 soldats et au diplomate canadiens qui ont perdu la vie.
Je vais terminer en lançant un appel au gouvernement: prenons un peu de recul et rappelons-nous que nos solutions ne se limitent pas à faire la guerre et à lancer des frappes aériennes. Concentrons-nous plutôt sur l'aide humanitaire, car les besoins sont là .
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Monsieur le Président, je veux d'abord contextualiser mes remarques en disant que cet engagement militaire n'a été approuvé ni par l'ONU ni par l'OTAN.
L'Irak possède la cinquième réserve de pétrole prouvée au monde, ce qui peut expliquer bien des choses dans le cadre de ce conflit. D'ailleurs, la production de pétrole a presque doublé depuis que Saddam Hussein a quitté le pouvoir. Enfin, concernant le groupe barbare dont on parle aujourd'hui, je n'utiliserai pas le mot « État ». Comme le font les Français, je vais l'appeler DAESH, soit l'acronyme en arabe.
Le a une lorgnette très restreinte à travers laquelle il ne voit les problèmes que du point de vue économique. On cherche seulement à se venger d'actes qui sont, il faut le dire, extrêmement répréhensibles. Soyons clairs: les meurtres et la façon dont cette organisation traite les cadavres, on n'aime pas plus cela que les gens de l'autre côté. C'est inacceptable.
Toutefois, une chose m'a vraiment surpris dans le discours du . Il a admis que la motion qu'il a déposée ne réglera rien. Autrement dit, on fait quelque chose pour le plaisir parce qu'on se sent obligé. Par contre, du même souffle, il admet que cela ne réglera rien. Il faut donc d'abord se demander si on doit faire quelque chose qui ne réglera rien.
Cette espèce de pensée magique est inadmissible. On ne peut pas espérer régler les choses cette fois en répétant les mêmes erreurs du passé. Je doute que cela fonctionne, car la situation ne se dégrade pas depuis deux ans, mais depuis des décennies. On va répéter les mêmes recettes en espérant que les choses iront un peu mieux cette fois, mais cela ne reflète pas la réalité sur le terrain.
Certaines personnes ont osé dire que prendre un rôle de soutien à l'aide humanitaire équivalait à se mettre sur les lignes de côté et que ce n'était pas très honorable. Or combien de gens dépendent de cette aide humanitaire? Est-ce qu'on pense qu'il est facile d'apporter de l'aide humanitaire en situation de conflit? Le plus important, c'est d'avoir une vision à long terme de cette aide humanitaire. Il ne s'agit pas seulement de soulager les besoins d'aujourd'hui, de demain ou de la semaine prochaine; l'aide humanitaire doit être perçue comme le premier pas vers une solution durable dans cet espace géopolitique.
Le problème persiste depuis des années. On a essayé toutes sortes de solutions, surtout militaires, et on recommence. Si c'était la première fois, on pourrait plaider l'ignorance, mais ce n'est pas le cas, et la situation empire chaque fois. On ne fait que changer les acronymes de l'adversaire.
De ce côté-ci de la Chambre, il n'est pas question de regarder le train passer. Il faut prendre le bon train, pas celui qui va nous amener, dans cinq ou dix ans, à un autre débat du même genre, où d'autres gens répéteront les mêmes choses et ne régleront assurément pas le problème. Pourtant, on n'a jamais eu autant de connaissances dans l'histoire de l'humanité. Malheureusement, on ne les utilise pas. On doit comprendre ce qui se passe et non seulement réagir.
L'action militaire ne peut régler le problème à elle seule, on le sait. Pourtant, c'est encore la dynamique adoptée par la Chambre. On sait qu'il devra y avoir des changements sociaux, économiques et politiques à long terme. Si on ne fait que répéter le passé, on ira tout droit vers l'échec, encore une fois.
Par exemple, aujourd'hui même, les Américains bombardent les islamistes dans la ville de Kobané, à la frontière de la Syrie et de la Turquie. Cela n'est que partiellement utile. Ils bombardent le jour, mais cela ne fonctionne pas. Ils n'y arrivent pas parce que les troupes sont légères et mobiles. C'est déjà presque un échec. Cela se passe à la frontière turque. Environ 140 000 personnes ont quitté cette ville pour aller en Turquie.
Qui les aide? Les aidons-nous de façon suffisante? Permettons-nous aux Kurdes de se défendre correctement? Ah, non! Évidemment, on fait abstraction des problèmes géopolitiques de la région, parce qu'on est à la frontière entre la Turquie et la Syrie. Les Turcs ne veulent pas intervenir parce qu'il s'agit de Kurdes et que s'ils intervenaient, le gouvernement al-Assad considérerait cela comme une déclaration de guerre.
Il y aurait peut-être un travail de diplomatie à faire pour régler la situation. Cela aiderait tout le monde sur cette planète. Toutefois, il semble qu'on ne privilégie pas cette approche. C'est vraiment incroyable.
Il faut examiner le problème dans son ensemble. Il ne faut pas voir l'aide humanitaire comme étant fixée dans le temps. Il faut penser à tout considérer et à aller puiser dans toutes nos connaissances.
C'est pourquoi je dis au qu'il est temps qu'il pense à la sociologie, aux sciences sociales et aux sciences politiques, voire à toutes nos connaissances sur le plan mondial, tant au Canada que partout ailleurs en Occident, et ainsi réfléchir aux façons efficaces d'intervenir afin de ne plus jamais revivre cette situation, où des groupes de fous tranchent des têtes.
Par ailleurs, il est important d'accompagner les populations locales. Ce sont elles qui réussiront à régler le problème, et si nous ne les soutenons pas en vue d'une solution, je peux assurer à la Chambre que nous ne réglerons jamais ce problème.
Ce qui est particulier, c'est que nous tombons dans un piège, car ils ont mis au jour leurs horreurs. Habituellement, on les cache. Cependant, ils les ont rendues publiques, justement parce qu'ils veulent que nous fassions ce que nous sommes en train de faire, soit bombarder. Cela leur permettra de recruter des gens. C'est clair. Ce n'est pas sorcier.
L'organisation Daech n'est pas très forte. Certes, elle est riche, structurée et bien équipée. Par contre, elle est forte de la faiblesse de tout ce qui l'entoure. Le fait que toutes les structures sociales aient été détruites de façon systématique dans cette région lui a permis de croître. Il faut en être conscient. Or, dans le contexte actuel, on ne renforce rien. On continue d'affaiblir toute organisation politique et sociale dans cette région.
Imaginons cela. Une armée irakienne de 200 000 soldats entraînés pendant plus de sept ans par les Américains au coût de 26 milliards de dollars a fui devant un petit groupe de 20 000 personnes qui ne sont même pas des soldats. Il y en a quelques-uns, mais ce sont surtout des militants. Cette armée irakienne se sauve. Cet entraînement est un échec. C'est un échec grave!
C'est pourquoi il est si important d'agir dans le cadre d'un mandat donné par les Nations Unies. Il faut également trouver notre place au sein de cette coalition.
Plusieurs pays sont engagés dans l'aide humanitaire. Je pense que nous devrions nous y intéresser en tant que pays. On ne serait pas seuls. Des pays comme la Norvège, la Suède, l'Espagne, l'Autriche et j'en passe, le font. On pourrait se parler et coaliser cette aide. Il faut penser à demain. On ne peut pas simplement essayer de régler les problèmes actuels.
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Monsieur le Président, avant de commencer, j’aimerais vous faire part de mon intention de partager mon temps avec le .
C’est avec une grande tristesse que je me vois obligé de défendre une motion qui est très claire, contrairement à ce que prétend l’opposition, au sujet d’une autre mission au Moyen-Orient. Comme j’étais secrétaire parlementaire à l’époque où nous avions une mission en Afghanistan, je faisais partie du comité spécial sur l’Afghanistan. Aujourd’hui, je me retrouve à défendre une autre motion dans laquelle nous demandons à nos vaillants soldats de participer à l’éradication d’une organisation meurtrière, afin de l’empêcher de tuer une foule de gens, y compris des femmes et des enfants.
Nous savons que des actes horribles ont été commis. Comme l’a dit le , il est impératif d’anéantir cette organisation. Faute de quoi, elle constituera une menace non seulement pour la région, mais aussi pour le Canada.
Je vais vous parler de mon expérience personnelle dans ce dossier. Je représente une circonscription de la ville de Calgary. Un grand nombre de reportages indiquent que des habitants de Calgary ont été radicalisés par cette horrible organisation et qu’ils sont partis dans la région pour lui prêter main-forte.
Il y a quelques mois, la mère de Damian Clairmont est venue me voir. Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, Damian Clairmont était un jeune de Calgary qui s’est radicalisé et qui est parti faire la guerre en Syrie. Il est mort là -bas. Sa mère est venue me parler de la peine et de la souffrance que sa famille a alors éprouvées. Elle n’en revenait pas que son propre fils se soit radicalisé et soit parti là -bas. Elle ne comprenait pas pourquoi. Nous avons longuement parlé de la façon dont on pourrait mettre un terme à cette radicalisation, de ce qu’il faudrait faire.
Je la félicite vivement. Non seulement elle est venue me voir alors qu’elle pleurait la mort de son fils, mais elle a décidé de tout faire pour stopper cette radicalisation. Elle est en train de constituer un groupe de soutien pour les familles qui ont perdu un enfant à cause de la propagande véhiculée par cette horrible organisation.
Nous participons actuellement à un débat avec l’opposition officielle et le troisième parti, qui nous expliquent pour quels motifs ils ne veulent pas participer à cette intervention. Bien sûr, ils s’intéressent principalement à l’aide humanitaire. Certes, il est très important de fournir de l'aide humanitaire. Nous avons vu comment des gens ont été chassés de leur maison, comment des femmes ont été violées. Le vient d’annoncer que des fonds avaient été débloqués pour du counselling et d’autres services d’aide.
L’aide humanitaire est tout à fait nécessaire. Les deux porte-parole ont indiqué qu’ils s’étaient rendus dans la région et qu’ils avaient vu l'aide prodiguée sur place. Je les crois, d’autant plus que c’est une priorité pour le Canada. Les Canadiens sont très généreux: ils sont toujours disposés à contribuer à l’aide humanitaire, et ils vont continuer.
En revanche, les Canadiens sont alarmés par les reportages qui relatent la folie meurtrière de cette organisation. Comment y mettre un terme? Nous avons entendu, au cours du débat, qu’il y avait une coalition de 40 pays qui ont décidé de conjuguer leurs efforts. Il y en a qui font des raids aériens, d’autres qui fournissent une assistance humanitaire, notamment l’Allemagne, comme le NPD l’a abondamment souligné. C’est vrai que l’Allemagne fournit de l'aide humanitaire.
Le NPD choisit les exemples qui cadrent bien avec son idéologie.
Le a pris la parole pour lire un éditorial rédigé par cette personne. N’importe qui peut le lire. En revanche, beaucoup d’autres éditoriaux soutiennent que l’opposition a tort, mais bien sûr, le chef de l’opposition s’est bien gardé de les mentionner.
La question est celle-ci: comment pouvons-nous mettre un terme aux exactions de ce groupe? Nous avons l’expertise, nous avons les capacités et nous avons les moyens de le faire. C’est la raison pour laquelle, après mûre réflexion, notre gouvernement a décidé de participer aux frappes aériennes en fonction de nos capacités, notamment pour le ravitaillement des avions et la reconnaissance. Dans le passé, nous avons toujours réagi lorsque nos valeurs étaient menacées. Que ce soit lors la Première Guerre mondiale, de la Deuxième Guerre mondiale, du Kosovo, de l’Afghanistan et de la Bosnie, nous avons toujours dit présents. Maintenant, c’est dans cette région qu’il y a un conflit.
On peut trouver toutes sortes d’excuses. Je me suis rendu dans cette région à maintes reprises. J’ai assisté à un grand nombre de conférences avec des amis de l’Irak, pour voir comment nous pouvions aider ce pays. Tous ensemble, nous avons essayé d’aider l’Irak à rétablir la situation. Je me souviens d’avoir assisté à une conférence à Istanbul, et à une autre au Koweït, qui avait été convoquée par des amis et des voisins de l’Irak, et nous étions tous fermement engagés à aider l’Irak à rétablir la situation.
Malgré les efforts que nous avons déployés et malgré tout le reste, il ne sert à rien de reprocher à M. Maliki qui, comme nous le savons, n’était pas très ouvert aux autres, d’avoir créé la situation qui a cours là -bas et qui a déclenché le conflit avec les sunnites et les Kurdes. Tout cela fait dorénavant partie intégrante des événements actuels. Toutefois, nous devons en faire abstraction. Il faut tirer des leçons et comprendre que c’est l’une des raisons pour lesquelles de fortes pressions ont été exercées pour remercier M. Maliki et mettre en place un autre gouvernement qui ferait de la place aux sunnites, aux Kurdes et aux chiites, étant donné que tous ces peuples partagent un même pays, en l'occurrence l'Iraq.
Toutefois, voici où nous en sommes actuellement. Que faisons-nous, aujourd’hui? Pendant que nous discutons aujourd’hui, des combats font rage dans la ville de Kobani, qui est sur le point de tomber aux mains de l’EIIL. Les Kurdes ont lancé un appel, affirmant que si nous n’intervenons pas, il y aura des massacres. On rapporte aujourd’hui que des frappes aériennes sont menées actuellement pour déloger les combattants de l’EIIL. C’est un des choix que nous avons faits pour aider à arrêter ce régime meurtrier d’assassiner des innocents.
Notre motion énonce donc très clairement ce que nous allons faire, la durée de l’intervention, soit six mois, les aéronefs qui seront utilisés et la capacité d’action. Nous avons tous convenu de ce côté-ci de la Chambre qu’il n’y aurait pas de troupes au sol. Nous avons appris que ce sont les gens qui vivent dans cette région qui sont les meilleurs combattants pour assurer leur propre sécurité. Comme c’est leur pays, les Kurdes, les sunnites et les chiites devraient se battre pour leurs droits, qui sont les mêmes que les nôtres. Il est donc naturel pour nous de leur fournir un soutien aérien, mais nous leur fournissons également une aide pour la formation sur le terrain afin qu’ils puissnt continuer de se battre pour conserver leur dignité et garder leurs maisons, ce qui est d’une importance cruciale pour eux.
Je ne comprends donc pas. Certes, il ne fait pas de doute que nous devons fournir une aide humanitaire, et je m’accorde à dire avec mes collègues des deux côtés de la Chambre que l’aide humanitaire est un volet important de notre contribution. Toutefois, comme l’a dit le , lorsque des pompiers sont appelés à combattre un incendie, les ambulanciers se présentent sur les lieux en même temps. les pompiers doivent arriver d'abord pour maîtriser l'incendie. Dans le cas qui nous intéresse ici, l’urgence consiste à empêcher l’EIIL de continuer à tuer des gens, et la seule façon dont nous pouvons y arriver est de nous joindre au combat engagé pour cela.
Le gouvernement propose la bonne chose à faire. Comme je l’ai indiqué, la situation se radicalise, mais le message envoyé est très clair: nous protégeons non seulement la région mais également notre pays.
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Monsieur le Président, j’ai l’honneur de prendre la parole en ce jour important à la Chambre des communes, et je le fais avec un profond sentiment de responsabilité en tant que député.
Comme je l’ai dit à de nombreuses reprises, que ce soit à la Chambre ou ailleurs, l’un des débats les plus importants auxquels un député peut participer est celui qui consiste à décider de confier aux hommes et aux femmes des Forces armées canadiennes une mission dangereuse. C’est une décision qui doit être prise avec circonspection, mais, en tant que chef de file démocratique des puissances moyennes dans le monde, le Canada doit y recourir quand ses valeurs, voire ses libertés sont en danger.
C’est aussi une grande responsabilité pour moi en tant que Canadien, parce que c’est par de telles décisions que nous définissons le type de Canadiens que nous sommes. Sommes-nous des Canadiens comme nos ancêtres qui, représentant un pays jeune et petit, ont répondu à l'appel et contribué de façon beaucoup plus importante que leur nombre aurait pu le laisser présager? Sommes-nous une nation qui ne se donne pas la peine de réagir quand la liberté et la vie des gens sont menacées, en espérant qu’une autre s’en chargera à notre place? Sommes-nous le type de Canadiens qui, à l’ère de la mondialisation, profitent immensément du commerce avec l’un des pays les plus riches du monde, mais qui se laissent endormir par le sentiment de sécurité créé par la distance que nous avons toujours pu garder par rapport à ces conflits?
La Chambre est saisie d’une motion sur la prochaine phase de notre réponse à la menace que représente l’EIIL. Le 5 septembre, le a souligné que la réponse initiale du Canada avait consisté à envoyer des conseillers militaires pour aider les forces irakiennes et kurdes à défendre leurs territoires et pour mettre fin à des massacres de l’ampleur d’un génocide.
Cette mission est maintenant terminée, mais elle a été prolongée. Elle devient une mission canadienne de frappe aérienne.
Mais quelle menace représente l’EIIL?
Tous les Canadiens ont été horrifiés par les reportages que nous avons vus à la télévision: des décapitations des journalistes et de travailleurs humanitaires, la vente de femmes et de jeunes filles à des fins d’esclavage, le viol comme arme de guerre, des massacres à une échelle réellement génocidaire. L’EIIL est un ennemi de la liberté, un ennemi dont le seul credo est la mort et la destruction.
En tant que Canadiens, nous qui faisons partie du monde développé et démocratique, si nous avons appris quelque chose des attentats du 11 septembre 2001, c’est que le fait de se regarder le nombril et de fermer les yeux sur ces menaces parce qu’elles semblent lointaines peut faire en sorte qu’elles finissent par nous affecter directement. Par conséquent, quand nous voyons des enfants touchés par les terribles violences qui ont lieu en Irak et en Syrie, nous devrions également voir les visages de nos propres enfants. Nous ne devons pas permettre à cette menace de s’amplifier, parce que nous avons déjà constaté, malheureusement, que quelques Canadiens radicalisés prennent part à ces actes horribles. Les terroristes de l’EIIL ont déjà menacé le Canada. Vu la vaste étendue de territoire qu’ils ont conquise et le financement qu’ils ont obtenu au cours des derniers mois, ils représentent une menace non seulement pour cette région, mais pour le monde entier.
Nos grandes libertés et notre richesse nationale font en sorte que nous avons le devoir d'aider et d'encourager d'autres pays à avoir les mêmes possibilités. C'est pourquoi j'approuve sans réserve notre nouveau rôle dans le combat contre la menace de l'EIIL. Nous allons prolonger la mission d'entraînement et la mission consultative de certains membres de notre unité de forces spéciales. Nous allons également envoyer des avions de surveillance, un avion de ravitaillement en vol Polaris et jusqu'à six CF-18 rejoindre nos alliés, autant ceux de l'OTAN que nos alliés dans le golfe, afin de repousser l'EIIL.
L'intervention est indiquée car elle a le potentiel d'être efficace. Elle pourra perturber les chaînes d'approvisionnement et de financement de l'EIIL. Elle pourra l'isoler géographiquement et permettre aux forces terrestres nationales de défendre leur propre territoire. Nous avons vu combien le combat se rapproche de la Turquie, notre alliée de l'OTAN.
Les frappes aériennes peuvent jouer un rôle limité mais important, prévenir un génocide et stopper la progression de l'EIIL.
Elles représentent également un risque bien plus faible pour nos militaires. Ceux-ci courent un risque lorsqu'ils sont en vol, mais le risque est limité. Je sais que les hommes et femmes exceptionnels de l'Aviation royale canadienne apprennent à connaître ces risques dans leur entraînement et en viennent à les accepter dans l'exercice de leurs fonctions, en défense de notre pays et de nos valeurs.
Il convient surtout de signaler que ces frappes seront ciblées et précises, conçues de manière à minimiser les dommages collatéraux, autant avant la frappe qu'après. Chaque frappe nous apprend quelque chose; nous pouvons ensuite déterminer si elle a eu des répercussions sur le terrain et si elle a permis de sauver des vies et de repousser l'EIIL.
J'aimerais répondre à certaines des préoccupations soulevées par l'opposition dans le débat qui a eu lieu dans les semaines précédant la mission.
Tout d'abord, l'opposition laisse entendre que le Canada s'empresse de prendre part à des frappes aériennes ou de se lancer en guerre. J'ai entendu quelques députés affirmer cela. Si c'était le cas, nous nous serions joints au premier groupe de pays qui ont procédé à des frappes aériennes.
Le 5 septembre, le a fait connaître notre position, à savoir fournir des conseils pour le premier mois. Il a ajouté que nous parlerions avec nos alliés pour voir ce qui s'imposait par la suite. Le Canada a toujours joué un rôle utile, mais proportionnel à la taille et à la portée de notre pays. C'est ce que nous faisons ici.
Les députés ont également demandé ce que serait notre stratégie de retrait, émettant de telles insinuations et s'en servant comme prétextes pour ne pas appuyer nos alliés dans la lutte contre cette menace.
Le rôle associé aux frappes aériennes est limité. Nos pilotes peuvent retourner et évaluer l'impact de leur dernière mission; ils ne sont pas sur le terrain. Comme le l'a dit à la Chambre, aux termes de cette motion, aucune troupe de combat ne sera déployée sur le terrain.
Par ailleurs, on a soulevé la question de savoir comment mesurer le succès. Là encore, l'idée est que si nous ne pouvons pas mesurer le succès, alors nous ne devrons pas épauler nos alliés ni prêter attention aux cris des milliers de victimes de l'EIIL.
Toutefois, dans le cas des frappes aériennes, comme je l'ai dit, nous pouvons mesurer l'impact de notre rôle dans la région. Nous pouvons déterminer si nous avons réussi à isoler l'EIIL et si nous avons permis aux forces terrestres kurdes ou irakiennes de protéger leurs propres intérêts.
On ne peut que penser aux propos de Winston Churchill, qui a dit: « [...] nul ne peut garantir le succès à la guerre, mais il peut s'efforcer de le mériter. » Devant les horribles actes de violence et de génocide, les forces de la coalition méritent certainement le succès.
Comme le l'a affirmé, il ne s'agit pas de choisir entre une aide humanitaire ou des opérations antiterroristes, mais de combiner les deux. En l'absence de sécurité sur le terrain, comme en témoigne la décapitation tragique survenue la semaine dernière, nous ne pouvons pas offrir de l'aide humanitaire aux gens qui en ont besoin.
On peut comprendre l'opposition du NPD. Après tout, ce parti s'est toujours montré réticent au déploiement des forces canadiennes. Mais ce qui me trouble profondément en tant que parlementaire, c'est non seulement la position du troisième parti, le Parti libéral, dans ce débat, mais aussi son approche à l'égard du débat.
Pour souligner ce fait, je vais citer les propos qu'a tenus ici un autre chef libéral, le 8 septembre 1939.
En réponse à l'appui des conservateurs sur sa motion, le premier ministre King a dit:
Cela prouve combien profondément est ancrée dans le coeur des hommes la détermination de préserver, de maintenir et de défendre la liberté et tout ce que peut procurer cette liberté en fait de joie de vivre. [...] ce sentiment de liberté, si bien ancré dans le coeur humain, [...] doit bien être là le sentiment des citoyens du Canada d'un bout à l'autre de ce vaste pays.
Un « sentiment de liberté, si bien ancré dans le coeur humain », voilà ce qu’a dit le chef libéral en 1939 en réponse à l'appui accordé par le Parti conservateur à la motion qu'il avait présentée à la Chambre concernant le déploiement de femmes et d'hommes lorsque le besoin s'était manifesté.
Nous pouvons comparer cette intervention aux commentaires du présent chef libéral, qui fait preuve de désinvolture en ce qui concerne la menace que représente l’EIIL et qui fait des remarques désobligeantes quant à notre capacité de projection de puissance aux côtés de nos alliés.
Qu’est-il advenu du Parti libéral? Voilà la question que j'aimerais poser à la Chambre. Où est le sentiment de liberté, si bien ancré dans le coeur humain, des libéraux? J'espère qu'ils le trouveront rapidement.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de me joindre au débat aujourd'hui au nom des électeurs de ma circonscription, . Je vais partager mon temps de parole avec le député de , une circonscription voisine de la mienne à Toronto.
Ce débat est très important. Il n'y a pas décision plus sérieuse dont puisse être saisie la Chambre que celle d'une intervention militaire, la décision d'envoyer des enfants du Canada, nos fils, nos filles, nos épouses, nos époux et nos parents, à la guerre. C'est une des décisions les plus graves que nous ayons à prendre comme parlementaires.
Il y a bien des endroits dangereux dans le monde aujourd'hui. À l'instar de bien d'autres ici, j'ai participé à des missions à l'étranger comme parlementaire. Mais je l'ai fait aussi pendant de nombreuses années avant d'être élue au Parlement. J'ai travaillé auprès de personnes de la République démocratique du Congo, où la violence sexuelle est une arme de guerre horrifiante, un lieu où, selon les estimations, même encore aujourd'hui, plus de 40 000 personnes perdent la vie tous les mois et un plus grand nombre de gens encore voient leur vie détruite parce qu'ils ont dû fuir leur pays ou sont victimes d'exactions de toutes sortes.
Il y a aussi la République centrafricaine où on estime que plus de 5 000 personnes ont été tuées depuis décembre.
Le conflit en Syrie a été très médiatisé. On estime que près de 200 000 personnes ont perdu la vie dans ce pays. La situation a dégénéré en une grave crise humanitaire. De nombreuses personnes se trouvent dans des camps de réfugiés ou cherchent refuge au Liban, en Syrie ou en Irak.
Il y a tout autant de violence dans d'autres pays. Par exemple, l'Arabie saoudite sanctionne la peine de mort. La décapitation est un des moyens d'exécution utilisés dans ce pays. Pas plus tard qu'en août dernier, plus de 20 personnes ont été exécutées par décapitation.
Il existe de nombreux endroits dangereux et violents dans le monde, mais il est vrai que les actes commis par l'EIIL ont particulièrement retenu l'attention des médias, suscité des débats publics et frappé l'imaginaire partout dans le monde, en raison de la violence et des tactiques utilisées par ce groupe, et aussi parce qu'il sait fort bien utiliser les médias sociaux pour semer la terreur.
Plusieurs milliers de personnes ont été tuées. Pour mener sa campagne de terreur, l'EIIL a recours à des tactiques répugnantes, comme la conscription d'enfants et la violence sexuelle. Il a causé le déplacement de nombreuses personnes — plus de 1,8 million de civils en Irak seulement. Qui plus est, environ 5,2 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire.
Qu'on ne s'y trompe pas: les actes commis par l'EIIL sont répréhensibles, horribles et déplorables, et il ne fait aucun doute que les victimes de la campagne de terreur menée par ce groupe ont besoin d'aide.
Les besoins en matière d'aide humanitaire sont immenses. L'ONU en a certainement fait état. En effet, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies a déclaré que les conditions humanitaires continuent de se détériorer en Irak et que 5,2 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire. L'aide doit prendre différentes formes, allant de l'approvisionnement en eau à la satisfaction de besoins fondamentaux, comme un refuge, en passant par les installations sanitaires, l'hygiène et l'accès à la nourriture. Nous sommes en automne et l'hiver approche à grands pas, mais bien des gens se retrouvent sans abri adéquat.
Il y a aussi les unités sanitaires mobiles, plus particulièrement dans les régions difficiles d'accès; la protection des minorités, car les gens qui en font partie sont les plus touchés par les combats; et les interventions tenant compte de la spécificité des sexes, qui visent les femmes et les enfants pouvant être la cible d'agressions sexuelles. Enfin, il faut s'occuper des femmes et des enfants qui sont victimes de la traite des personnes, enlevés et recrutés de force, obligés de participer aux combats ou de se marier, et comme je l'ai mentionné, qui sont victimes de violence sexuelle. Ces enfants n'ont pas seulement des besoins humanitaires fondamentaux; ils doivent aussi être renseignés et suivre une thérapie pour surmonter ces traumatismes.
Les Nations Unies ont déclaré que cette situation équivaut à l'état d'urgence maximale. Si le Canada veut sauver des vies et venir immédiatement en aide aux gens là -bas, la meilleure façon de faire consiste à offrir de l'aide humanitaire aux personnes touchées par les actions de l'EIIL.
Le 24 septembre, les Nations Unies ont adopté la résolution 2178, qui ne préconise pas une intervention militaire. Elle exige plutôt que les États membres des Nations Unies veillent à ce que les personnes qui financent ou appuient des activités terroristes, plus précisément celles de l'EIIL, soient tenues responsables de leurs gestes et traduites en justice. La résolution n'autorise aucune intervention militaire.
Le secrétaire général, Ban Ki-moon, a déclaré qu'à long terme, la principale menace qui guette les terroristes n'est pas le pouvoir des missiles, mais plutôt la politique d'inclusion. De mon côté, j'estime que l'aide militaire ne représente pas le besoin le plus urgent; c'est plutôt l'aide humanitaire qui s'impose de toute urgence.
Les néo-démocrates se demandent donc si l'aide militaire aidera les gens touchés ou leur nuira.
Certains ont laissé entendre que les missions de bombardement des États-Unis ont en fait motivé encore plus de recrues à se joindre à l'EIIL et à participer à son combat. Par conséquent, il y a lieu de se demander si nous aggravons le problème, étant donné que ces combattants se dispersent pour éviter les bombardements et se retrouvent parmi les civils. Créons-nous ainsi un problème plus grave?
En d'autres mots, est-ce qu'une mission de bombardement sera utile ou causera du tort? Quel est le plan? Quel est l'objectif? Comment saurons-nous que nos efforts auront été couronnés de succès? Y aura-t-il des militaires au sol et, le cas échéant, quel est le plan prévu?
C'est bien beau de dire aux Canadiens, ou à la population de n'importe quel pays, que nous larguerons des bombes du haut du ciel et que personne de notre côté ne sera blessé. Or, comme nous l'avons constaté dans le cadre de nombreux conflits, nous nous engageons sur une pente glissante. En effet, la plupart des interventions évoluent rapidement en interventions sur le terrain, car il y a toujours des raisons justifiant qu'on procède ainsi; par exemple, on fait valoir qu'il faut terminer le travail, que nous ne sommes pas assez efficaces ou que nous pouvons faire plus.
Nous devons savoir en quoi consiste ce plan. Quelle sera sa durée? Va-t-il être utile ou causer du tort? Permet-il de répondre adéquatement aux besoins humanitaires?
Nous avons posé de nombreuses questions auxquelles les députés d'en face n'ont pas répondu adéquatement, même s'ils ont livré de nombreux discours passionnés.
Au nom de ma collectivité, Parkdale—High Park, même si je ne veux absolument pas dire que l’opinion publique est unanime, j’affirmerais que, compte tenu des gens qui ont communiqué avec moi par courriel ou par téléphone, ou de ceux qui ont franchi la porte de mon bureau, la grande majorité des électeurs de ma circonscription ne veulent pas que nous nous engagions dans une campagne de bombardement contre l’EIIL. Ils appuient l’idée que nous apportions une aide humanitaire et toute autre aide que nous sommes en mesure de fournir. Ils comprennent la gravité de cette menace, mais ils ne souhaitent pas que nous prenions part à ce qui pourrait être une autre guerre illimitée contre Dieu sait quoi ou qui, en nous demandant qui seront nos alliés, dans combien de temps le conflit prendra fin et en quoi consistera la ligne d’arrivée.
Je suis fière de notre chef, de nos porte-parole dans ce dossier et de notre parti. Lorsque la motion sera mise aux voix, nous voterons contre.
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Monsieur le Président, comme toujours, c'est un honneur pour moi de prendre la parole au nom des braves gens de Davenport, dans la belle ville de Toronto, au sujet de la motion dont nous sommes saisis. Il s'agit essentiellement de la motion et de la décision la plus importante dont le Parlement a été saisi. Elle vise à envoyer des Canadiens en guerre.
Le gouvernement voudrait nous faire croire que les seuls choix qui s'offrent à nous sont sa proposition, sa motion ou l'inaction. Or, je pense qu'il s'est tenu un débat sain ici, aujourd'hui, et que les Canadiens se sont rendu compte que ce n'est pas vrai. Les mesures que devrait prendre le Canada sont très différentes de celles que propose le gouvernement et qu'il veut faire accepter aux Canadiens en leur faisant croire que c'est la bonne solution.
Toutefois, nous devons également tenir compte des voix qui s'élèvent dans nos circonscriptions, de ce que les gens disent sur le terrain et de leurs préoccupations. Je pense parler au nom de nombreuses personnes.
Des gens m'écrivent régulièrement pour me faire part de leurs préoccupations. J'ai cru bon de lire quelques-unes des lettres que j'ai reçues, puisqu'elles permettraient d'apporter un point de vue légèrement différent dans ce débat. Les gens croient souvent que nous ne faisons que défendre des points de vue partisans à la Chambre. Dans le cas du débat actuel, je crois que c'est loin d'être vrai. Il y a des valeurs et des approches différentes. Je suis conscient que je suis membre d'un parti, d'un caucus qui a souvent fait la promotion de la paix, au pays et à l'échelle mondiale. Je suis fier de ce passé. C'est notamment pour cela que je fait partie de ce caucus, et je suis convaincu que c'est aussi le cas de mes collègues du Nouveau Parti démocratique.
J'aimerais lire quelques lettres afin de démontrer clairement que non seulement notre position respecte celle que mon parti a défendue dans le passé, mais aussi celle des Canadiens que nous avons la responsabilité de représenter. Par conséquent, avant que nous prenions une pause pour aborder ces questions autrement dans le cadre de la période des questions, je vais lire ceci: « En tant que citoyen canadien, je fais partie de la majorité qui s'oppose à une participation à ce conflit et qui tient à ce que le Canada poursuive sa tradition de nation dévouée au maintien de la paix. Je crois fermement que le Canada ne devrait pas participer à la guerre en Irak et ne devrait pas y envoyer 6 appareils CF-18 et 600 militaires. Il s'agit d'une guerre civile, on nous a demandé de fournir de l'aide humanitaire, et c'est ce que nous devrions faire. »
Autrement dit, les Canadiens ne remettent pas en question la nécessité, mais la manière d'intervenir. En présentant la motion et en adoptant cette approche, le gouvernement oblige le Canada à abandonner le rôle et les règles d'engagement qu'il adoptait autrefois.