La Chambre reprend l'étude, interrompue le 28 mars, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Monsieur le Président, j'appuie le projet de loi, mais j'appuie surtout son renvoi au comité. Il s'agit d'une nette amélioration par rapport au statu quo, mais il a tout de même fallu huit ans au gouvernement actuel, malgré les pressions exercées par les libéraux, pour changer la réglementation sur l'innocuité des médicaments et la façon d'aborder cette question.
Quoi qu'il en soit, les conservateurs ont présenté ce projet de loi. Nous souscrivons à certaines dispositions, mais nous estimons que cette mesure législative laisse encore à désirer. Nous aimerions que le projet de loi traite aussi de certains autres aspects. La ministre a elle-même déclaré à la Chambre, lorsqu'elle a présenté le projet de loi, qu'elle était disposée à envisager des amendements. Nous la prenons donc au mot et nous aimerions que la mesure législative soit renvoyée au comité. Nous espérons que la ministre tiendra parole et qu'elle prendra en compte les amendements que nous présenterons.
Voici certains des éléments que nous aimons dans le projet de loi.
Selon nous, le ministre devrait avoir depuis longtemps le pouvoir de rappeler des médicaments. Le ministre doit pouvoir rappeler des médicaments sans avoir à d'abord obtenir l'approbation du fabricant. Jusqu'ici, le ministre devait obtenir l'approbation du fabricant avant de rappeler un médicament ou même de dire qu'il entraînait des effets secondaires graves. La version révisée de l'article visé dit dorénavant: « S'il estime qu'un produit thérapeutique peut présenter un risque grave de préjudice à la santé humaine [...] ». C'est très bien ainsi, et nous voyons d'un bon oeil que ces pouvoirs soient conférés au ministre.
Jusqu'à maintenant, le ministre devait surmonter les réticences des entreprises à divulguer l'information concernée. Désormais, il pourra les obliger à fournir toute l'information sur les médicaments pour lesquels il souhaite obtenir un avis de conformité ou qui sont déjà sur le marché; il pourra également en ordonner le rappel. Même si elle peut sembler aller de soi, cette disposition est très importante, car seul le fabricant d'un médicament en connaît la composition, peut retracer les activités de recherche ayant mené à sa création et sait dans quel contexte se sont effectués les essais cliniques. Il est donc essentiel qu'il soit tenue de fournir l'information qu'on lui demande.
Nous voyons aussi d'un bon oeil que le ministre puisse obliger un fournisseur de soins de santé ou un pharmacien à signaler les réactions indésirables aux médicaments comportant un risque. Je suis moi-même médecin, et je peux dire aux députés que cette information n'était pas évidente à obtenir, parce qu'il fallait que les médecins prennent le temps, après avoir passé la journée à voir des patients, de remplir toutes sortes de rapports. Dans certains cas, on parle de quasiment deux heures par jour. Maintenant qu'ils pourront remplir tous ces formulaires par voie électronique, ce sera plus facile pour eux, et ils se feront moins tirer l'oreille.
Le pouvoir qu'aura le ministre d'imposer des conditions aux autorisations de commercialisation et d'ordonner la modification des étiquettes est aussi très importante, car c'est la sécurité des patients qui en sera rehaussée. Même s'il s'agit à notre avis d'un élément important, nous invitons quand même le ministre à ne pas agir précipitamment, car l'on ne pourra faire diligence afin d'obtenir l'information voulue.
Les amendes pouvant atteindre 5 millions de dollars par jour pour les entreprises qui refuseront de rappeler un médicament ou d'observer les mesures d'application de la loi prises par le ministre figurent aussi au nombre des modifications positives.
Les députés constateront que nous sommes très favorables au projet de loi. Toutefois, avant que celui-ci ne soit présenté, je travaillais à la rédaction d'un projet de loi sur le même sujet. En effet, après huit ans d'attente, nous nous sommes lassés d'espérer une intervention du gouvernement. J'ai donc invité des experts à des tables rondes pour discuter de la question. Voici ce qui viendrait renforcer le projet de loi selon ces experts: une meilleure protection des patients, une réglementation appropriée, ainsi qu'une surveillance des médicaments avant et après leur mise en marché.
Le projet de loi devrait être axé sur le principe de précaution, selon lequel le ministre devrait détenir le pouvoir d'ordonner le rappel d'un médicament ou de refuser de délivrer un avis de conformité, s'il a des motifs raisonnables de croire que le produit pourrait causer du tort, ce qui est sa principale préoccupation. Des « motifs raisonnables » suffisent. Le ministre devrait pouvoir, en toute légitimité, prendre de telles mesures en invoquant des « motifs raisonnables ». Les pouvoirs du ministre ne devraient pas se limiter aux vendeurs du produit, parce qu'on sait que dans certains secteurs, les fabricants et les vendeurs ne sont pas les mêmes personnes.
En effet, les fabricants possèdent des divisions chargées de la fabrication des médicaments et d'autres qui les distribuent sous différents noms. Lorsque le ministre procède au rappel d'un médicament, il est donc important qu'il tienne compte de toute la chaîne de production, plutôt que de se limiter au fabricant.
Je pense que, actuellement, l'évaluation du préjudice est laissée à l'interprétation de chacun. Prenons, par exemple, le cas récent d'un produit contraceptif qui ne fonctionnait pas. Personne n'a cru nécessaire de ne pas accorder un avis de conformité pour ce produit ou de le rappeler. Les gens se sont dit qu'on ne pouvait pas parler de réactions indésirables dans le cas d'un contraceptif qui ne marche pas et qui fait en sorte qu'une femme tombe enceinte. Il n'y avait pas de préjudice grave, selon eux, puisque la grossesse est un choix de style de vie. Je pense qu'on a fait alors une interprétation très restreinte de ce qu'est un préjudice. Si une femme prend un contraceptif, c'est qu'elle ne souhaite pas tomber enceinte. Si elle tombe quand même enceinte, il s'agit d'une réaction indésirable. Je crois que la capacité de définir ce qu'est un préjudice devrait être plus clairement énoncée pour deux raisons: premièrement, pour protéger le patient et deuxièmement, pour protéger la ministre contre les réactions des entreprises. Il ne doit y avoir aucune ambiguïté quant au sens du mot préjudice, tel qu'employé par elle ou dans la loi. Il faut que ce soit clairement énoncé selon des critères objectifs, et non subjectifs. Ces critères doivent être choisis en tenant compte de nos connaissances sur les risques et les préjudices associés aux produits pharmaceutiques. La ministre serait ainsi protégée et disposerait de pouvoirs plus importants.
Par ailleurs, nous savons qu'il est impossible de déceler tous les effets indésirables d'un médicament simplement avec des essais cliniques. Pour effectuer de tels essais, on administre le médicament à un échantillon de personnes qui ont été sélectionnées. On détermine ainsi quelles sont les réactions néfastes ou indésirables causées par le médicament au sein de l'échantillon en question. Mais, lorsque le médicament est administré à beaucoup plus de personnes, dans la population en général, il peut provoquer d'autres réactions chez certaines gens. Des réactions indésirables qui ne s'étaient pas manifestées au sein de l'échantillon retenu pour l'essai clinique peuvent apparaître dans la population en général. Par conséquent, la ministre doit pouvoir rappeler temporairement un médicament pour faire des essais supplémentaires, même s'il a fait l'objet d'un avis de conformité, lorsque, grâce au nouveau système de déclaration obligatoire par les médecins et les pharmaciens, on détecte, au bout d'un an ou de six mois, des réactions indésirables et imprévues qui n'étaient pas apparues lors des essais cliniques. Alors, une fois appliqué le principe de précaution, le ministère peut étudier le médicament et soit le remettre sur le marché si des changements y ont été apportés, soit le retirer définitivement des tablettes avant que d'autres préjudices ne surviennent.
Il est dans l'intérêt de la ministre que la loi définisse clairement ses pouvoirs, de manière à la protéger contre d'éventuelles poursuites judiciaires ou d'autres conséquences. Voilà une disposition importante que nous souhaiterions voir incluse dans le projet de loi.
Le vérificateur général a souligné à maintes reprises le manque de transparence du processus décisionnel de Santé Canada. En effet, Santé Canada publie très peu de renseignements sur les médicaments et les dispositifs médicaux à risque élevé pour lesquels un avis de conformité a été demandé. Quand une telle demande est refusée, Santé Canada ne nous dit pas pourquoi. Et si cet organisme établit un avis de conformité indiquant qu'un médicament est généralement sécuritaire, il ne donne pas son opinion à son sujet. Il arrive que des cliniciens aient certaines préoccupations à propos d'un médicament. Dans ce cas, Santé Canada devrait en informer le public, afin que les pharmaciens, les prescripteurs et les patients soient conscients des réticences qui existent. À titre d'exemple, le ministre et le ministère pourraient trouver préoccupants certains effets secondaires potentiels mais décider d'approuver tout de même le médicament. Cet aspect figurait dans l'ancien projet de loi numéro , mais je remarque qu'il a été éliminé. Je me demande pourquoi, puisqu'il s'agissait d'une excellente disposition, qui avait notre appui et répondait aux souhaits du vérificateur général. Ce serait une façon de rendre la réglementation de Santé Canada et les données sur l'innocuité des médicaments plus transparentes.
On ne peut pas rester muets sous prétexte que les fabricants craignent que nous révélions leurs secrets commerciaux. Ce n'est pas révéler des secrets commerciaux que de dire que, à notre avis, le médicament pourrait poser certains problèmes bien qu'il ait été approuvé. Il est important de divulguer ces renseignements. L'Europe le fait, d'ailleurs: l'agence européenne du médicament communique les opinions négatives à propos d'un médicament, même si elle choisit de l'autoriser parce que, à son avis, les effets bénéfiques surpassent les risques.
La loi devrait exiger que l'on enregistre les données des essais cliniques. Ces données devraient être mises à la disposition des médecins, des patients et des pharmaciens afin qu'ils puissent connaître les résultats des essais cliniques. Je sais que le gouvernement pense qu'en procédant ainsi, nous dévoilerions des secrets industriels. Cependant, c'est exactement de cette façon que l'Agence européenne des médicaments procède.
Il n'est pas nécessaire, lorsqu'on présente des données liées aux essais cliniques, de dévoiler des renseignements commerciaux de nature exclusive à propos du médicament lui-même, ni les secrets industriels qui lui sont propres. L'objectif est de garantir la sécurité des patients, un aspect auquel Santé Canada attache une très grande importance, à juste titre d'ailleurs. Il est donc absolument nécessaire de publier régulièrement des rapports complets sur les essais précliniques et postcliniques ainsi que sur les activités de surveillance, mais cela n'est pas prévu dans le projet de loi. L'Agence européenne des médicaments procède déjà de cette façon, et elle envisage également d'accroître la portée de ces données en ajoutant, de façon anonyme et sans désigner quiconque par son nom, les réactions générales des patients aux médicaments. On veut divulguer toute l'information disponible pour que les gens connaissent parfaitement les faits. Par ailleurs, la FDA vient tout de juste d'indiquer qu'elle a l'intention de faire la même chose.
Le Canada est très en retard par rapport à l'Europe et aux États-Unis en ce qui concerne la sécurité des patients, la divulgation complète des renseignements et l'obtention de toute l'information nécessaire auprès des fabricants, qui ne semblent pas s'inquiéter outre mesure de la question des renseignements commerciaux de nature exclusive, car ils savent ce qu'ils doivent indiquer et ne pas indiquer. Les renseignements cliniques ne sont pas des secrets industriels de nature exclusive. Par contre, la formule des médicaments et les facteurs à l'origine de l'innovation, eux, sont des secrets industriels, mais ce n'est pas le cas des essais cliniques ou des données connexes.
Il est important que la ministre renforce le projet de loi en y intégrant ces aspects et qu'il soit question de tous les aspects des excellentes recherches indépendantes, et pas seulement des recherches menées par les fabricants. Un organisme indépendant devrait se pencher sur ces essais cliniques, et non pas uniquement Santé Canada. Encore une fois, c'est ce que l'Europe fait, et la FDA a signalé son intention de faire de même. Il faut procéder ainsi pour garantir la sécurité publique et fournir de bons renseignements fondés sur des données probantes.
Nous aimerions que Santé Canada fasse preuve d'une plus grande transparence en ce qui concerne les raisons pour lesquelles elle délivre des avis de conformité pour certains médicaments, mais pas pour d'autres. Quelles sont les raisons? Une fois de plus, nous devons connaître ces raisons en ce qui concerne certains médicaments. Les gens lisent au sujet des médicaments, et lorsqu'ils apprennent que d'autres pays utilisent certains médicaments, ils se demandent pourquoi les Canadiens, eux, ne peuvent pas les obtenir. Ils se demandent pourquoi ils ne peuvent pas avoir accès à certains médicaments, qui pourraient leur sauver la vie, par exemple.
De bons renseignements aident les gens à comprendre pourquoi certaines décisions sont prises. Cependant, à l'heure actuelle, nous ne savons pas du tout pourquoi Santé Canada approuve ou non un médicament donné, pourquoi la vente de certains médicaments est suspendue et pourquoi certains médicaments demeurent sur le marché même si l'on constate qu'ils causent des réactions indésirables dans d'autres pays. Nous croyons que l'éclaircissement de ces points permettrait d'améliorer le projet de loi.
Il est toujours très utile de divulguer de l'information au nom de la sécurité publique. Il faut que, au moment d'approuver un médicament, Santé Canada agisse d'abord et avant tout de manière à ce que la population ait l'assurance qu'il prend les bonnes décisions, en toute objectivité et en fonction des preuves cliniques. Je pense que, à l'heure actuelle, la population et les personnes qui prescrivent des médicaments se méfient énormément de Santé Canada parce qu'il ne fait pas preuve de transparence à certains égards.
Pourquoi le projet de loi permettrait-il au gouvernement et au Cabinet d'imposer des règles rigoureuses, qui favoriseraient la protection des données des fabricants en vertu de la Loi sur les aliments et drogues? Nous ne croyons pas que cela devrait être autorisé.
Dans certains cas, des gens ont demandé des médicaments particuliers, mais le gouvernement leur a répondu que, en raison de la Loi sur les aliments et drogues, il n'était pas possible de faire certaines choses. Toutefois, la Cour suprême du Canada a statué très clairement que, en vertu de l'article 7 de la Charte, le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne passe avant toute loi. La sécurité des patients devrait donc être l'objectif principal du projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Nous nous opposons au changement à la Loi sur les aliments et drogues prévu dans le projet de loi et qui vise à protéger les données des fabricants. Cette modification ne devrait servir qu'à protéger les données exclusives. Le gouvernement devrait protéger les patients canadiens.
Le Parti libéral est d'avis que ce projet de loi se fait attendre depuis longtemps. Le projet de loi contient de bonnes mesures que nous approuvons et qui devraient donc être adoptées, afin d'accroître la sécurité des patients et de permettre aux personnes qui prescrivent des produits thérapeutiques de mieux connaître ceux-ci.
La ministre a déclaré que le projet de loi pourrait faire l'objet d'amendements. Comme je viens de le dire, nous proposons cinq amendements qui permettraient de renforcer le projet de loi. Nous approuvons de grands pans du projet de loi et souhaitons qu'il soit renvoyé au comité. Nous espérons que la ministre tiendra parole et qu'elle permettra la présentation d'amendements afin que la mesure législative puisse être approuvée à l'unanimité à la Chambre, car il y va des intérêts supérieurs et de la sécurité des patients.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , qui propose de modifier la Loi sur les aliments et drogues afin de mieux protéger les Canadiens contre les médicaments pouvant être dangereux.
Depuis les trois ans que je siège au Comité mixte permanent d'examen de la réglementation, j'ai pu constater à quel point il est important d'examiner minutieusement et régulièrement les règlements d'application. Souvent, les résultats à l'issue d'un tel exercice peuvent être assez surprenants, et c'est certainement évident dans le cas de la Loi sur les aliments et drogues. Voilà pourquoi j'estime que les modifications proposées dans le projet de loi C-17 revêtent une importance cruciale pour les Canadiens.
Pour souligner ce point, j'aimerais donner un exemple. Aux termes de la loi actuelle, si un médicament ou un instrument médical présente un risque inacceptable pour la santé du patient, seul le fabricant du médicament ou de l'instrument médical peut lancer un rappel, et ce, seulement après avoir été mis au courant de l'existence d'un risque. Autrement dit, selon notre régime législatif actuel, c'est au fabricant de déterminer s'il y a, oui ou non, un risque assez grave pour la santé pour justifier un rappel. Santé Canada joue un rôle secondaire. La loi en vigueur exige que le fabricant avise Santé Canada de sa décision seulement après coup.
Mais ce n'est pas tout. Aux termes de la législation en vigueur, le gouvernement ne peut intervenir pour ordonner à un fabricant de rappeler un médicament ou un instrument médical qui est dangereux. La législation actuelle prend une tournure encore plus bizarre, car la ministre de la Santé peut procéder à un rappel lorsqu'il s'agit d'un aliment jugé dangereux pour le public, comme une tablette de chocolat. Bref, la ministre de la Santé peut ordonner un rappel dans le cas d'aliments dangereux, mais pas dans le cas de médicaments dangereux. Selon moi, cette situation est tout à fait inacceptable.
Le projet de loi propose de remédier à cette situation en conférant à la ministre de la Santé un pouvoir de rappel obligatoire pour contraindre le fabricant à rappeler un médicament ou un instrument médical si on en vient à déterminer que ce produit pose un risque grave ou imminent pour la santé. Ainsi, le gouvernement a le pouvoir de lancer un rappel, au lieu de s'en remettre au fabricant ou d'exiger que Santé Canada négocie avec l'industrie alors que la santé et la sécurité des Canadiens sont en jeu.
Je devrais également mentionner qu'en vertu de cette disposition relative aux rappels, toute personne qui vend un médicament ou un instrument médical rappelé et qui sait qu'il fait l'objet d'un rappel peut être reconnue coupable d'une infraction. Le projet de loi prévoit également une disposition qui exempte la personne de cette peine, une exemption qui permet à Santé Canada d'autoriser la vente conditionnelle ou inconditionnelle d'un produit rappelé. Pourquoi cette disposition est-elle sensée? Elle l'est parce qu'il est concevable que, dans certaines circonstances, un patient puisse avoir un besoin médical que ne peut satisfaire aucun autre produit que le médicament rappelé.
Je devrais également signaler qu'en vertu des nouvelles mesures de rappel, aucun changement ne limite la capacité du fabricant de procéder à un retrait volontaire de ses produits. Toutefois, si un fabricant n'agit pas rapidement et de façon décisive, la ministre de la Santé disposerait de nouveaux pouvoirs lui permettant de mieux protéger la santé et la sécurité des Canadiens.
Dernièrement, j'ai rencontré un électeur qui m'a expliqué l'importance du contrôle de la qualité des bandelettes d'analyse de la glycémie. Ces bandelettes permettent de déterminer la quantité d'insuline à injecter et peuvent causer la mort d'un patient si elles comportent de graves lacunes. La nécessité de protéger davantage les Canadiens à cet égard ainsi qu'à de nombreux autres égards revêt une grande importance, et c'est la raison pour laquelle j'appuierai ce projet de loi. La santé et la sécurité des familles canadiennes doivent absolument passer en premier, et nous devons prendre au sérieux les graves risques liés à l'étape de la fabrication.
Alors que j'étudiais le projet de loi tard hier soir, j'ai été vivement frappé par le nombre de familles canadiennes qui ont perdu un être cher à la suite de la consommation d'un médicament dangereux. En effet, l'un de nos collègues à la Chambre sait fort bien à quel point le projet de loi C-17 est nécessaire. En fait, plus j'étudiais ce domaine, plus la nécessité d'adopter ce projet de loi est devenue évidente.
Selon moi, ce projet de loi aurait dû voir le jour bien avant. Il est tout simplement inacceptable de laisser à la discrétion des fabricants la décision de retirer ou non du marché des médicaments qui pourraient présenter un risque pour les patients.
Pour vous donner une idée, les présentes mesures sont tellement dépassées que les amendes prévues en vertu de la loi sont de 5 000 $, tandis qu'en vertu du projet de loi les amendes peuvent s'élever jusqu'à 5 millions de dollars par jour. Dans certaines circonstances très graves, des peines de prison peuvent même être imposées. Je prétends que les Canadiens ont besoin de telles protections.
Avant de terminer, voici un bref rappel de l'histoire en la matière que je juge également pertinent, et je suis persuadé que bon nombre de députés aimeraient l'entendre. La Loi sur les aliments et drogues du Canada a été adoptée en 1920. Des modifications considérables y ont été apportées en 1947. La loi a de nouveau été modifiée dans les années 1960, après qu'un dangereux médicament, qui était approuvé à l'époque, a tué ou handicapé des milliers de bébés.
Je suis d'avis que le projet de loi , qui modifie la Loi sur les aliments et drogues, aurait dû être adopté depuis longtemps. Protéger les Canadiens contre des produits thérapeutiques non sécuritaires sans délai et sans lourdeurs administratives devrait être une priorité de tous les députés.
J'aimerais également ajouter que la a affirmé être ouverte aux amendements au projet de loi , si des propositions peuvent contribuer à mieux protéger les patients Canadiens.
Du point de vue de la réglementation, les mesures relatives au rappel obligatoire proposées dans le présent projet de loi sont conformes aux mesures relatives au rappel obligatoire de produits thérapeutiques dans d'autres pays, y compris les États-Unis et l'Union européenne.
Je dis qu'il est temps que le Canada se joigne à la liste de pays qui ont des mesures législatives sur le rappel obligatoire, et j'invite donc tous les députés à se joindre à moi pour appuyer le projet de loi . Je remercie tous les députés d'avoir pris le temps d'écouter ce que j'avais à dire sur ce projet de loi.
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Monsieur le Président, c'est un honneur et un plaisir pour moi de prendre position aujourd'hui à la Chambre en faveur de la Loi de Vanessa.
Comme mon collègue d' l'a mentionné, ce projet de loi rend obligatoire le signalement des réactions indésirables graves aux médicaments pour veiller à ce que les médecins et les patients connaissent les nouveaux risques. Il prévoit également de lourdes amendes à imposer aux entreprises qui mettent les Canadiens en danger. J'encourage tous les députés à appuyer le renvoi du projet de loi au comité pour que l'on puisse progresser dans l'important dossier de l'innocuité des médicaments et mieux protéger les patients canadiens.
Mes observations porteront surtout sur l'importance que les établissements de soins de santé signalent les réactions indésirables graves aux médicaments et les incidents liés aux instruments médicaux, ainsi que sur la façon dont ces signalements amélioreront notre capacité de régler les problèmes de santé et contribueront à assurer la sécurité des Canadiens.
Les députés comprennent que les médicaments n'ont pas toujours que des effets bénéfiques pour les patients et peuvent parfois avoir des effets secondaires imprévus et indésirables. Ces effets secondaires, mieux connus sous le nom de réactions indésirables, peuvent parfois poser des risques très graves pour la santé. Dans le projet de loi, ce qu'on entend par réactions indésirables graves à des médicaments, ce sont des effets où le patient doit être hospitalisé, qui mettent souvent sa vie en danger ou le rendent invalide de façon permanente.
On estime que jusqu'à 25 % des visites à l'urgence et des admissions à l'hôpital sont attribuables à des réactions indésirables aux médicaments; c'est un chiffre impressionnant qui étonne la plupart d'entre nous. C'est pourquoi je crois qu'il est approprié d'avoir nommé cette mesure législative loi de Vanessa, en mémoire de la fille du député d', qui est tragiquement décédée d'une crise cardiaque alors qu'elle prenait des médicaments d'ordonnance qui ont par la suite été jugés dangereux et retirés du marché.
Le projet de loi obligerait certains établissements de soins de santé à signaler à Santé Canada les réactions indésirables graves aux médicaments ou les incidents liés aux instruments médicaux. Ces renseignements permettraient à Santé Canada de prendre les mesures nécessaires pour prévenir d'autres préjudices associés à ces produits. Comme je l'ai dit, bien que chaque année un nombre important de Canadiens soient admis dans les hôpitaux à la suite de réactions indésirables à des médicaments — 25 %, je le répète —, ces renseignements importants au sujet des médicaments et des instruments médicaux ne se rendent pas toujours jusqu'à Santé Canada. Il s'agit d'une question préoccupante que les législateurs peuvent aider à régler.
Notre pays est doté d'un des systèmes d'approbation des médicaments les plus rigoureux au monde. Avant que les médicaments ne soient mis en marché, le ministère vérifie leur innocuité, leur qualité et leur efficacité. Cet examen se fonde habituellement sur des données scientifiques provenant d'études et d'observations recueillies dans le cadre d'essais cliniques.
Les essais cliniques constituent une étape importante de la mise au point des médicaments et des instruments médicaux, et nous avons toutes les raisons d'avoir confiance en la science. Toutefois, les études préalables à la mise en marché des médicaments ne peuvent pas tout révéler à leur sujet. Lorsqu'un médicament ou un instrument médical est introduit dans le monde réel, il peut entraîner des résultats qui diffèrent de ceux observés dans un milieu d'essai clinique contrôlé. En fait, certains problèmes graves ne peuvent être connus qu'après la mise en marché d'un instrument médical ou d'un médicament.
Il est donc essentiel de poursuivre la surveillance de l'utilisation des médicaments et des instruments médicaux sur le marché, et que les renseignements sur les réactions indésirables graves soient signalés à Santé Canada en temps opportun. En vertu de la loi actuelle — et c'est intéressant —, seuls les fabricants et les promoteurs d'essais cliniques sont tenus de signaler les réactions indésirables graves aux médicaments. Ils ne reçoivent toutefois pas les rapports sur certaines réactions indésirables graves et ne peuvent pas signaler les incidents au ministère s'ils n'en sont pas informés.
Je vais rendre à César ce qui appartient à César. Au cours des cinq dernières années, davantage de réactions indésirables aux médicaments ont été déclarées à Santé Canada. Malheureusement, en dépit de ces progrès, on estime que moins de 10 % des réactions indésirables aux médicaments sont déclarées. Cette sous-déclaration d'information importante relative à l'innocuité pose un grave problème, car elle limite la capacité de Santé Canada de déceler très tôt les éventuels problèmes d'innocuité d'un produit et d'intervenir rapidement pour éviter que d'autres personnes ne subissent un préjudice.
On a déjà pris des mesures pour remédier au problème de sous-déclaration en informant les professionnels de la santé non seulement de l'importance de la déclaration, mais aussi de la façon de déclarer correctement les renseignements à Santé Canada. On a également pris des mesures préventives en présentant de nouveaux formulaires simplifiés et des formulaires électroniques de déclaration. Le fait de consacrer inutilement des ressources en santé à un système trop complexe crée un problème en soi; il est donc judicieux d'étouffer le problème dans l'oeuf. Santé Canada a également collaboré avec des organismes de normalisation, comme Agrément Canada, pour aider les établissements de santé à normaliser leur processus de déclaration. Même si cette mesure a porté ses fruits, ce n'est pas encore assez. Nous devons faire mieux.
Avec la Loi de Vanessa, nous consoliderons la déclaration des réactions indésirables graves aux médicaments et des incidents liés à des instruments médicaux, et nous fournirons les outils nécessaires pour réagir aux médicaments dangereux.
Permettez-moi de donner quelques exemples pour illustrer comment les patients peuvent bénéficier de ces renseignements sur l'innocuité et comment le projet de loi appuierait ces mesures.
Lorsque Santé Canada reçoit de l'information importante au sujet d'un médicament ou d'un instrument médical, il prend les mesures nécessaires pour éviter tout préjudice. Santé Canada pourrait signaler aux professionnels de la santé tout nouveau préjudice et les informer des mesures à prendre pour l'atténuer, ou exiger que le fabricant modifie l'étiquetage afin d'ajouter un mise en garde.
Nous savons que beaucoup de réactions indésirables graves aux médicaments peuvent être évitées. En prenant des mesures pour prévenir les réactions indésirables et contrer les menaces à la santé et à la sécurité avant qu'une hospitalisation soit nécessaire, on libère de précieuses ressources hospitalières.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, nous savons fort bien que les établissements de soins de santé sont très occupés et nous n'avons pas l'intention d'imposer un fardeau inutile à un système de soins de santé déjà surchargé. Voilà pourquoi nous sommes résolument déterminés à tenir d'autres consultations avec les établissements de soins de santé, ainsi qu'avec les gouvernements provinciaux et territoriaux.
Dans le projet de loi, on s'engage clairement à élaborer des règlements qui préciseront quelle information est requise, comment la déclarer et quels établissements de soins de santé sont tenus de la fournir.
Seuls les établissements de soins de santé les mieux placés pour améliorer la quantité et la qualité des signalements seraient soumis aux exigences de signalement. Seuls les renseignements utiles sur les risques liés à une drogue ou à un instrument médical seront recueillis de manière efficace et dans un délai raisonnable. Tout cela, toujours dans une optique visant à obtenir l'information voulue de la façon la moins contraignante possible.
D'ailleurs, le projet de loi contient un engagement explicite selon lequel les exigences de signalement tiendront compte des systèmes de gestion de l'information existants, pour éviter d'imposer un fardeau administratif inutile. Cela mènera à l'élaboration d'un système de signalement sensé qui met l'accent non seulement sur l'augmentation de la quantité des données recueillies, mais aussi sur la qualité de celles-ci.
Il importe que Santé Canada continue de surveiller les médicaments et les instruments médicaux une fois qu'ils sont sur le marché. L'information que les établissements de soins de santé fourniront sur les réactions indésirables graves aux médicaments permettront à Santé Canada d'évaluer l'équilibre entre les bienfaits et les risques d'un médicament offert sur le marché. Surtout, elle favorisera le repérage rapide des risques pour la santé et l'intervention précoce en vue d'éviter les préjudices futurs.
La priorité du gouvernement est la santé et la sécurité des familles canadiennes. Le resserrement des exigences de signalement relatives aux médicaments et aux instruments médicaux protégera mieux les Canadiens et leur famille de préjudices évitables.
Ces importantes mesures doivent être prises, et j'espère que la Loi de Vanessa bénéficiera de l'appui de tous les partis pour que nous puissions agir de manière concertée afin de mieux protéger les Canadiens.
Je suis reconnaissant du temps qui m'a été alloué pour parler d'un projet de loi aussi important et je suis prête à répondre aux questions.
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Monsieur le Président, d'entrée de jeu, j'aimerais dire que je partagerai mon temps de parole avec ma collègue de .
Je veux aussi prendre le temps de saluer le courage de mon collègue d', avec qui j'ai eu la chance de travailler en comité. Selon moi, le fait qu'il ait pris le temps de partager son vécu est non seulement très touchant, mais aussi très important. Le vécu personnel a son importance quand on veut faire progresser un tel dossier. Cela va au-delà de la politique.
Comme l'ont dit mes collègues, le NPD appuiera le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. On reconnaît qu'il s'agit d'un pas dans la bonne direction. D'ailleurs, plusieurs de mes collègues l'ont dit ce matin. On reconnaît aussi l'importance d'envoyer le projet de loi au comité, afin d'entendre certains témoins qui n'ont peut-être pas été suffisamment consultés. Je pense entre autres à l'Association des infirmières et infirmiers du Canada, selon laquelle les travailleurs de première ligne qui font face à des défis médicaux dans les communautés n'ont pas été suffisamment consultés. Ce sera une belle occasion pour nous d'entendre le témoignage de ces gens et de peut-être présenter des amendements.
Il faut malheureusement reconnaître qu'on attend cela depuis très longtemps. En effet, le dépôt de ce projet de loi a quand même tarder un peu. Comme je l'ai dit plus tôt, lorsque j'ai posé une question à mon collègue, je siégeais au Comité permanent des comptes publics en 2011. On y avait étudié le rapport du vérificateur général qui avait soulevé le problème de l'innocuité des médicaments, et le fait que le délai était trop long entre le moment où l'information était reçue par le ministère de la Santé et le moment où elle était partagée avec le public. Dans certains cas, le délai était de deux ans, ce qui est beaucoup trop long.
Je me souviens des différents témoignages entendus. Il ne semblait pas y avoir une volonté très claire de la part du gouvernement à ce moment. Toutefois, il faut aussi voir le côté positif, comme l'expression anglaise le dit: better late than never. En effet, le projet de loi a maintenant été présenté, et on croit que c'est un pas dans la bonne direction. Il faut le reconnaître ça.
Dans ce dossier, il faut se pencher sur plusieurs éléments en ce qui a trait à l'innocuité des médicaments. On en parlera plus en profondeur. C'est un dossier extrêmement important. Dans le cas de la salubrité des aliments, il y a eu des dossiers explosifs, comme celui du rappel de produits de XL Foods, par exemple. Il s'agit d'un dossier qui touche directement la sécurité quotidienne de milliers de citoyens au Canada.
Quand on considère l'utilisation d'un médicament, on veut s'assurer que les gens peuvent veiller à leur santé en toute sécurité, comme dans le cas de l'alimentation. Les gens prennent des médicaments pour se soigner, et non pas pour avoir des problèmes supplémentaires. C'est très important de s'assurer de pouvoir exiger des rappels dans des entreprises qui ont des médicaments inadéquats. Il faut aussi que l'information soit transmise. C'est un point tellement important. Ce qu'on a constaté, et ce qu'on constate malheureusement encore souvent, se situe sur le plan de la transparence et de la transmission de l'information.
Par exemple, une proposition du NPD par rapport à ce dossier et à ce projet de loi, est liée à la divulgation publique des résultats des essais cliniques. On sait qu'il y a encore beaucoup de lacunes par rapport à l'information rendue publique et partagée avec la population. Je pense que ça pose un important problème, parce qu'on considère que les gens qui vont consulter un médecin et obtiennent une prescription sont souvent dans l'ignorance. On se fie à l'expertise du médecin et à l'information souvent très rudimentaire qu'on possède.
C'est encore plus important de nos jours, parce qu'avec Internet et toute l'information qui circule, beaucoup de gens peuvent tomber dans le piège d'essayer de trouver l'information eux-mêmes. Si le gouvernement leur offrait de l'information provenant de sources sûres telles que le ministère, cela pourrait grandement les rassurer. Ainsi, les citoyens sauraient que cette information venant du gouvernement est fiable, sûre et complète. Pour l'instant, il y a encore beaucoup de travail à faire à cet égard.
En parlant d'information et de transparence, il s'agit aussi de la salubrité des aliments. Je n'aime pas trop faire cette comparaison, car ce sont deux dossiers différents. Cependant, ils se ressemblent quand même, car le gouvernement et le ministre doivent assumer certaines responsabilités. Par exemple, dans le dossier du rappel de XL Foods, c'étaient les Américains qui avaient découvert l'insalubrité. À cet égard, ce projet de loi contient un élément extrêmement important: il fait en sorte que même les effets négatifs de médicaments décelés à l'étranger puissent pousser la ministre à ordonner un rappel.
L'information transmise aux États-Unis ou en Europe, par exemple, nous démontre que beaucoup de médicaments sont utilisés partout dans le monde. Alors, il ne faut pas se limiter à notre vécu, il faut bénéficier de ce qui a été constaté ailleurs.
Ce projet de loi est un pas dans la bonne direction, encore une fois. C'est un thème récurrent que de se servir de l'information qui a été découverte, constatée et décernée ailleurs pour prendre des décisions importantes concernant l'innocuité des médicaments au Canada.
Le travail de ma collègue de a aussi un lien important avec ce dossier, puisqu'elle a présenté le projet de loi concernant les pénuries de médicaments. À première vue, les pénuries de médicaments ne semblent pas avoir d'impact direct sur l'innocuité des médicaments, mais j'ose dire que oui.
D'abord, cela touche au thème de la transparence et de la transmission de l'information. Quand la population, non seulement les patients, mais aussi les médecins, n'est pas dotée d'information complète en ce qui concerne les pénuries de médicaments, un problème que visait à régler le projet de loi de ma collègue, cela pose problème, parce qu'on doit boucher les trous avec d'autres médicaments, dont certains moins connus peuvent comporter des risques. En situation d'urgence, on utilise ces médicaments sans nécessairement en appréhender tous les effets secondaires parfois négatifs.
Il faut comprendre l'importance de ce type d'amélioration. Je sais qu'un député du gouvernement pourrait me répondre qu'il y a eu une certaine ouverture de la la semaine passée dans ce dossier, qui se disait prête à étudier le dossier des pénuries de médicaments. Toutefois, une proposition concrète a été faite par notre équipe et une de nos collègues du NPD, et cette proposition peut grandement améliorer l'ensemble du système pharmaceutique au Canada.
Ce sont évidemment les gouvernements provinciaux qui ont la responsabilité première d'assurer le bon fonctionnement du système de santé. Les gens ont beaucoup de préoccupations par rapport aux médicaments. Il leur importe d'avoir de bonnes informations et de s'assurer que notre système de prescription aide les citoyens à être soignés et non à subir des effets négatifs. C'est une préoccupation importante chez la population, et il est important de prendre des mesures telles que ce projet de loi pour assurer la sécurité de la population.
Malgré certaines lacunes et préoccupations, ce projet de loi est quand même un pas dans la bonne direction sur lequel on peut s'entendre, tous partis confondus, afin d'améliorer notre système de santé. Après tout, notre système de santé publique est l'une des pierres angulaires de notre société. Alors, tout pas dans la bonne direction pour l'améliorer doit être appuyé.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de prendre la parole à la Chambre au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur les aliments et drogues.
Comme certains l'ont dit à la Chambre, le NPD appuie le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture, car nous sommes convaincus qu'il apporterait plusieurs améliorations importantes aux lois en vigueur assurant l'innocuité des médicaments.
Le projet de loi permettrait au gouvernement d'exiger le rappel de médicaments ou d'ordonner à un distributeur de prendre des mesures correctives afin de régler les problèmes liés à ses produits. Il permettrait également au ministre de la Santé d'ordonner à un fabricant ou à un importateur de modifier l'étiquette d'un médicament pour mettre à jour les renseignements sur les effets secondaires ou sur les risques qu'il représente pour la santé; d'ordonner l'évaluation d'un médicament et d'exiger une copie des résultats; enfin, d'obliger les fabricants à tenir à jour les renseignements disponibles au Canada sur les risques pour la santé associés à leurs produits, même si ces risques ont été décelés à l'étranger.
À notre avis, ce projet de loi est un pas dans la bonne direction pour protéger la santé des Canadiens et éliminer les lacunes dans la législation relative à l'innocuité des médicaments. Plus particulièrement, le projet de loi conférerait au ministre de la Santé le pouvoir nécessaire depuis longtemps d'exiger le rappel de médicaments dangereux et la tenue d'essais supplémentaires sur des médicaments qui semblent poser un risque pour la santé.
Nous croyons cependant qu'il ne va pas assez loin. Nous aurions souhaité que la planification relative à la sécurité des médicaments aille au-delà de ce qui s'y trouve.
Comme je le disais, le Canada a besoin d'un plan global de sécurité des médicaments afin que les Canadiens sachent que les médicaments qu'ils prennent sont sans danger. Les Canadiens ont besoin qu'on leur explique en termes simples ce qui fait que leurs médicaments sont sûrs, notamment en ce qui concerne les essais dont ils font l'objet et l'étiquetage.
Pour mettre les choses brièvement en contexte, nous savons que, chaque année, 150 000 Canadiens ont une réaction indésirable grave à un médicament sur ordonnance. Seulement en 2013, nous avons été témoins de plusieurs incidents touchant la sécurité des médicaments, comme les traitements de chimiothérapie mal dosés qui ont été administrés à plus de 1 200 patients de l'Ontario et du Nouveau-Brunswick.
La France a interdit le produit Diane 35 en janvier 2013 parce qu'il avait causé la mort de quatre Français, mais Santé Canada n'a jamais donné suite à l'affaire et a refusé de faire le moindre suivi afin que les Canadiens soient au courant des risques. Au Canada, l'utilisation non conforme du médicament contre l'acné Diane 35 a été la cause de neuf réactions indésirables ayant provoqué la mort.
Il y a aussi le fabricant de médicaments Apotex, qui a été montré du doigt par la FDA à cause de lacunes touchant le contrôle de la qualité et de manquements répétés dans deux de ses usines de la région de Toronto. Apparemment, Santé Canada semble faire peu de cas de ces avertissements, même si aucun inspecteur ne s'est rendu dans les installations visées depuis 2011.
Enfin, bon nombre de mes collègues et moi-même avons porté un incident à l'attention de la ministre, un incident qui a inquiété de beaucoup de Canadiens, et surtout de Canadiennes.
On sait part exemple qu'il y a eu de nombreux rappels volontaires touchant des médicaments bien connus servant à traiter les problèmes cardiaques, l'hypertension, les infections et les maladies mentales. Mais, comme je le disais à l'instant, les Canadiennes ont été particulièrement inquiètes d'apprendre que la pilule contraceptive Alysena 28 et cinq autres pilules contraceptives bien connues avaient fait l'objet soit d'un rappel volontaire, soit d'un avertissement de sécurité grave. Il s'agit du Diane 35, du Yaz, du Yazmin, de l'Esme 28 et du Freya 28.
Malgré les avertissements et même si de nombreuses Canadiennes ont fait état, que ce soit dans les médias sociaux ou traditionnels, des problèmes qu'elles vivaient ou dont elles entendaient parler relativement à ces médicaments, le gouvernement a tardé avant d'agir et d'ordonner un rappel.
Nous savons que la plupart des risques associés aux médicaments sur ordonnance sont découverts une fois que les médicaments en question sont sur le marché. Près du cinquième des nouvelles substances actives approuvées par Santé Canada de 1995 à 2010 ont par la suite fait l'objet d'avertissements de sécurité graves. Quoi qu'il en soit, Santé Canada se refuse toujours à obliger les fabricants à rendre publiques les études menées après la mise en marché des médicaments.
Nous savons en outre que les aînés sont cinq fois plus susceptibles d'être hospitalisés pour une réaction indésirable à un médicament que les autres Canadiens. Selon une étude menée dernièrement, les réactions indésirables mènent en effet à l'hospitalisation de 1 Canadien sur 1 000, mais de 1 aîné sur 200.
Nous savons aussi que les aînés prennent souvent plus de médicaments que les autres, ce qui prouve que nous avons besoin d'un meilleur système d'évaluation et de surveillance pour mieux prévenir les réactions indésirables.
Nous avons également entendu le point de vue du vérificateur général à ce sujet. En 2011, il a publié un rapport sur la réglementation des médicaments par Santé Canada. Voici ce qu'il avait alors déclaré:
Le ministère ne procède pas, en temps opportun, à ses activités de réglementation, sauf en ce qui concerne la revue de deux types de présentations de nouveaux médicaments. En particulier, il tarde à évaluer les problèmes potentiels concernant l’innocuité des médicaments. En effet, il peut prendre plus de deux ans pour terminer l’évaluation de ce type de problèmes et communiquer à la population de nouveaux renseignements sur l’innocuité des médicaments visés.
Dans ce rapport, le vérificateur général a aussi soulevé d'autres préoccupations au sujet de notre système de réglementation.
J'aimerais revenir sur les longs délais d'approbation des médicaments qui sont nécessaires et se sont révélés très utiles pour certaines personnes et en profiter pour attirer l'attention sur un médicament en particulier, le RU-486. Malheureusement, beaucoup trop de gens n'ont pas pris la peine de lire la documentation à ce sujet. Ce médicament fait partie intégrante des choix en matière de reproduction, y compris l'avortement médical, qui sont offerts aux femmes un peu partout dans le monde, notamment aux États-Unis et dans 56 autres pays. Nous savons que Santé Canada met beaucoup trop de temps à approuver ce médicament. Même s'il a été prouvé que ce médicament présente des avantages, il n'a pas encore été approuvé. Lorsqu'il le sera, le Canada fera partie des nombreux pays qui partagent ses vues et qui sont déterminés à veiller à ce que les femmes aient accès aux médicaments dont elles ont besoin.
Nous reconnaissons qu'il s'agit d'un premier pas important dans la bonne direction. Toutefois, le gouvernement doit se montrer plus proactif quand il s'agit d'assurer l'innocuité des médicaments et de faciliter l'accès aux médicaments.
J'aimerais parler d'un domaine dans lequel le leadership du gouvernement fédéral fait malheureusement défaut. Je pense ici au resserrement de l'assurance-maladie et de l'assurance-médicaments destinées aux membres des Premières Nations. J'ai justement rencontré, hier des dirigeants de la Première Nation de Fisher River, au Manitoba; j'ai aussi parlé à d'autres dirigeants qui s'inquiètent grandement des coupes apportées dans les services de santé non assurés, y compris les médicaments. Ce phénomène accroît malheureusement la vulnérabilité d'un nombre croissant de membres des Premières Nations, y compris des aînés, puisqu'ils n'ont pas accès au soutien médical dont ils auraient besoin pour une santé optimale. Je trouve particulièrement inquiétant que ces coupes frappent une population déjà durement touchée par la pauvreté, des gens qui, dans bien des cas, ont un accès restreint à des services médicaux, des médecins ou des infirmières. Je trouve très alarmant de voir que, si le gouvernement s'engage, d'un côté, à accroître la sécurité des médicaments, de l'autre côté, il réduit les services de santé non assurés destinés aux Premières Nations et, du fait même, l'accès aux médicaments.
Bref, c'est un grand pas dans la bonne direction. Mais le gouvernement doit aussi faire preuve de leadership au chapitre de l'innocuité des médicaments et de l'assurance-médicaments, et reconnaître qu'il a un rôle essentiel à jouer pour assurer la sécurité des citoyens. L'opposition officielle, le NPD, parle au nom des nombreux Canadiens qui demandent au gouvernement fédéral de poser enfin des gestes concrets.
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Monsieur le Président, je suis ravie d'intervenir à l'appui du projet de loi , qui protégerait non seulement les patients, mais tous les Canadiens des médicaments qui, même homologués et consommés conformément à leur posologie, peuvent causer la mort.
Il est rare de constater une telle unanimité dans cette enceinte relativement à un projet de loi d'initiative ministérielle. Cette importante mesure législative vise à modifier la Loi sur les aliments et drogues. Le gouvernement a pris une décision courageuse. Le devrait avoir le droit de rappeler un médicament dangereux. C'était déjà une évidence en 1962, lorsque le Parlement du Canada a découvert qu'il lui fallait une loi spéciale pour faire retirer la thalidomide des tablettes. Depuis un demi-siècle, rien n'a changé. Le ministre de la Santé n'a pas le pouvoir de rappeler un médicament réputé dangereux. C'est tout à fait incroyable. La situation n'est pas attribuable aux parlementaires ni aux ministres de la Santé, qui ont souvent demandé pourquoi ce pouvoir leur échappait, mais plutôt à l'emprise malsaine et quelque peu criminelle que les lobbys pharmaceutiques exercent sur les gouvernements du monde entier.
J'appuierai le projet de loi , mais je proposerai des amendements afin de le renforcer.
Je tiens par ailleurs à rendre hommage à deux personnes. La première, c'est la du Canada. Le projet de loi pourrait être beaucoup plus musclé, c'est vrai, mais il a fallu du courage pour qu'il en arrive à l'étape de la deuxième lecture.
Je dois rendre hommage, comme tous l'ont mentionné, au député d', dont l'expérience personnelle est maintenant bien connue. Cette mesure législative, la loi de Vanessa, porte le nom de sa fille. Aucun mot ne peut exprimer la profondeur de mon admiration et de ma gratitude pour ce député.
La situation du député et celle de bien d'autres met en lumière une menace bien réelle. J'ai regardé les statistiques pour le Canada, mais je vais prendre celles pour les États-Unis. Aux États-Unis, environ 100 000 personnes meurent chaque année d'avoir pris un médicament tel que prescrit. Il y a beaucoup de risques associés aux médicaments d'ordonnance. Les antidouleurs peuvent créer une dépendance. Certains utilisent les médicaments d'ordonnance à des fins autres que celles auxquelles ils sont prescrits. Les Canadiens consomment à peu près les mêmes médicaments. Le nombre de Canadiens qui meurent chaque année d'avoir pris un médicament prescrit par un médecin en qui ils avaient confiance, sans mise en garde sur les effets secondaires ou potentiellement mortels, se comptent par milliers.
Dans le cas du député d', sa fille, Vanessa Charlotte Young, a pris le médicament Prepulsid selon la dose prescrite pour un trouble somme toute mineur. Ses parents l'accompagnaient à tous ses rendez-vous chez le médecin. Il n'a jamais été question d'un effet secondaire pouvant entraîner la mort. Aucun parent en connaissance de cause ne permettait à son enfant de prendre ce médicament.
Le député d' est l'auteur d'un livre magnifique intitulé Death By Prescription. Dans le livre, il raconte avoir cherché de l'information sur Prepulsid sur le site Web de Johnson & Johnson après le décès de sa fille. Il a trouvé d'autres histoires en ligne et a découvert que des enquêtes sur le médicament avaient permis de lui associer 80 décès. Le médecin ne le savait pas lorsqu'il a prescrit le médicament. Les parents ne le savaient pas. La jeune Vanessa ne le savait sûrement pas.
Le projet de loi fait la lumière sur un problème très répandu, mais il n'est qu'un début de solution. Quand on pense à la revente de drogue, on ne pense pas en général à un crime économique. C'est ce dont il s'agit ici. Lorsqu'un cadre de société pharmaceutique décide de ne pas avertir le qu'un médicament pose problème, que des personnes pourraient en mourir, parce que ses marges de profit sont élevées, cela devrait être considéré comme criminel. Si ce cadre décide de déclarer que toutes les études faites sur le médicament relèvent du secret industriel, qu'elles sont confidentielles et ne devraient jamais être publiées, cela devrait être considéré comme criminel. Cette mesure législative propose des mesures pour criminaliser ce genre d'agissements.
Beaucoup de députés auront sans doute lu La constance du jardinier ou vu le film du même nom. J'ai toujours été frappée par le fait que la partie la plus importante de cet ouvrage de fiction de John le Carré est l'observation que l'auteur fait dans l'avis de non-responsabilité juridique afin de se protéger contre toute poursuite de la part d'une entreprise pharmaceutique. Je le cite:
Je peux vous dire une chose, cependant: au fur et à mesure que je m'enfonçais dans la jungle de l'industrie pharmaceutique, je me rendais compte que mon récit était aussi éloigné de la réalité qu'une carte postale de vacances peut l'être des lieux visités.
Nous nous penchons sur un processus sérieusement corrompu. Je ne parle pas des personnes qui y sont associées, mais nous avons un réel problème si les grandes entreprises pharmaceutiques du monde disposent d'un pouvoir tel sur les responsables de la réglementation qu'elles peuvent éviter les rappels automatiques de médicaments ou l'évaluation adéquate des médicaments avant leur homologation.
Pour trouver des solutions, nous pouvons nous tourner vers un organisme extraordinaire, le groupe Therapeutics Initiative, qui exerce ses activités depuis l'Université de la Colombie-Britannique. Cet organisme fait quelque chose qui est malheureusement trop rare. Il a adopté un code de déontologie très strict et refuse systématiquement les faveurs, les voyages ou les cadeaux d'entreprises pharmaceutiques. Il examine les ensembles de données du ministère de la Santé de la Colombie-Britannique qu'il a l'autorisation de voir, détermine si les produits pharmaceutiques dont on propose l'utilisation dans le système de soins de santé de la Colombie-Britannique feront plus de bien que de mal et conseille le gouvernement à cet égard. Il lui est arrivé à plusieurs reprises d'aboutir à des conclusions différentes de celles de Santé Canada.
Quelles sont les dispositions du projet de loi qu'il faut renforcer? Quelques-uns de mes collègues l'ont déjà mentionné. En deux mots, nous devons viser la transparence. En passant, le Journal de l'Association médicale canadienne a publié le 13 mai dernier une excellente analyse du projet de loi intitulée « Regulating prescription drugs for patient safety: Does Bill go far enough? ». J'en recommande la lecture aux députés. On y trouve d'excellentes pistes d'amélioration du projet de loi.
L'une des chose que cet article signale, comme d'autres l'ont fait, c'est que tous les essais de médicaments devraient être enregistrés et que les résultats de ces essais devraient être rendus publics. Cet article du Journal de l'Association médicale canadienne recommande aussi que nous rendions publique la décision de Santé Canada de ne pas homologuer un médicament lorsqu'il juge que celui-ci n'est pas sécuritaire. Les organismes de réglementation en matière de santé ne devraient plus craindre les réactions de l'industrie pharmaceutique lorsqu'ils avertissent les citoyens de leur pays qu'un médicament peut avoir des effets secondaires très graves présentant un risque pour la vie et la santé. Par conséquent, une plus grande transparence est nécessaire, et j'espère que le comité en tiendra compte.
Le deuxième aspect est l'article 31.2 du projet de loi, qui ferait passer le montant maximal des amendes à 5 millions de dollars. Cela semble élevé jusqu'à ce qu'on examine les règlements récents de poursuites contre des sociétés pharmaceutiques. Voici une liste qui couvre les dernières années, depuis 2008. Depuis 2012, la société GlaxoSmithKline s'est vue imposer des amendes de 3 milliards de dollars pour fraude et promotion illégale du Paxil, du Wellbutrin et de l'Avandia. Cela met en perspective l'amende de 5 millions de dollars prévue dans le projet de loi. Depuis 2008, la société Merck a versé 1,6 milliard de dollars en amendes et règlements pour avoir versé des pots-de-vin à des fournisseurs de soins de santé. Depuis 2009, la société Eli Lilly a versé 1,3 milliard de dollars pour la promotion illégale du Zyprexa.
La liste des amendes importantes est très longue. Johnson & Johnson a dû payer une amende de 81 millions de dollars pour avoir fait une publicité non conforme à l'étiquetage du Topomax, un médicament contre l'épilepsie. Allergan s'est fait imposer une amende de 81 millions de dollars pour avoir fait le même genre de publicité à propos du botox. En 2010, Novartis a reçu une amende de 422,5 millions de dollars pour avoir fait une publicité non conforme à l'étiquetage du Trileptal. La liste est plus longue que le temps qui m'est alloué pour mon bref discours. J'espère que tous les députés comprennent que, bien que 5 millions de dollars soit une grosse somme pour nous, c'est de la menue monnaie pour les grandes sociétés pharmaceutiques. Nous devons augmenter les sanctions.
Pendant le temps qu'il me reste, je voudrais proposer que, à la fin de la période de questions et observations qui suivra mon intervention, et puisque tous les députés de tous les partis qui se sont exprimés jusqu'à maintenant au sujet de ce projet de loi appuient son adoption et veulent qu'il soit renvoyé au comité, nous demandions le consentement unanime de la Chambre pour approuver cet excellent projet de loi et travailler à le rendre meilleur.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , car ce débat à l'étape de la deuxième lecture me donne l'occasion de parler des principes du projet de loi avant que le comité n'en soit saisi.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais simplement signaler que, même si nous donnons des numéros aux projets de loi, celui-ci s'appelle la « Loi de Vanessa » en reconnaissance du travail admirable qu'un de nos collègues d'en face, le député d', a effectué pour accroître l'innocuité des médicaments. Il a travaillé d'arrache-pied, non seulement dans sa circonscription mais aussi au niveau national, d'un bout à l'autre du pays. Il est tout à fait approprié que ce projet de loi soit baptisé Loi de Vanessa car il nous rappelle à tous ce qui peut arriver lorsque la loi ne garantit pas suffisamment l'innocuité des médicaments.
Je me réjouis de voir que la Chambre discute de ce texte. Certains de mes collègues m’ont dit que des ministériels ne comprenaient pas pourquoi le projet de loi n’était pas adopté plus rapidement. Je vais commencer par répondre à cela, car c’est toujours le même refrain qu’on nous sert.
Le gouvernement a présenté ce projet de loi en décembre dernier, si je me souviens bien, mais ce n'est qu'en mars qu'il a été mis à l'étude à la Chambre. C'était d'ailleurs un vendredi après-midi, si bien que la discussion s'est limitée à une heure environ. C'est la seule fois que nous avons eu l'occasion d'en discuter. Il est par conséquent ridicule de vouloir maintenant précipiter son adoption ou de laisser entendre que l'opposition fait de l'obstruction. Il n'y a rien de plus éloigné de la réalité, puisque c'est le gouvernement lui-même qui a tardé à soumettre ce projet de loi à la discussion.
Nous ne cessons de répéter que le projet de loi devrait être renvoyé au comité, mais je sais que certains de mes collègues tiennent à prendre la parole à l'étape de la deuxième lecture pour parler du principe qui sous-tend la mesure législative, et c'est tout à fait normal. J'espère que le Comité permanent de la santé en sera rapidement saisi et qu’il pourra convoquer des témoins et examiner ce texte de façon plus approfondie.
C'était ce que je voulais dire avant d'entrer dans le vif du sujet. Je trouve insupportable d'entendre toujours les mêmes excuses pour justifier la lenteur du processus, alors que c'est le calendrier fixé par le gouvernement qui a empêché la Chambre d'examiner ce projet de loi plus tôt.
Nous avons eu très peu de discussions sur ce projet de loi, c'est la réalité, et nous avons donc besoin d'en débattre à l'étape de la deuxième lecture. La deuxième lecture est faite pour ça. Pour permettre à tous les députés de discuter du principe sous-tendant un projet de loi et d'en avoir une idée un peu plus précise, avant qu'il ne soit renvoyé au comité pour y être décortiqué article par article.
C'est donc avec un grand plaisir que je prends la parole au cours de ce débat de deuxième lecture du projet de loi , qui vise à modifier la Loi sur les aliments et drogues.
Je tiens à rappeler qu'un certain nombre de mes collègues ainsi que moi-même, en tant que porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé, avons dit publiquement que ce projet de loi contribuera à mieux protéger la santé des Canadiens et à combler certaines lacunes de la législation actuelle en matière de sécurité des médicaments. Nous attendions ce projet de loi depuis longtemps, et quand je dis « longtemps », je veux dire plusieurs décennies.
J’ai lu un article il y a deux ou trois mois dans le Canadian Medical Association Journal, qui était écrit par Matthew Herder, Elaine Gibson, Janice Graham, Joel Lexchin et Barbara Mintzes, qui habite d’ailleurs dans ma circonscription, Vancouver-Est. Cet article était une analyse très intéressante du projet de loi.
Les auteurs commencent par rappeler ce que les gens ont probablement oublié, car c'est quelque chose qui s'est passé il y a bien longtemps mais qui a eu un effet considérable sur la vie des enfants, des familles et de tous les Canadiens de l'époque. Les auteurs commencent donc par rappeler que le Canada a été le dernier pays industrialisé à retirer la thalidomide du marché, et que pour cela, il a fallu une loi du Parlement. Cela se passait en 1962. Certains d'entre nous se souviennent des conséquences dévastatrices et catastrophiques de l'utilisation de ce médicament, pour les enfants et leur famille. C'est donc incroyable qu'il ait fallu adopter une loi du Parlement pour retirer ce médicament du marché. En fait, les deux fabricants l'ont retiré volontairement en mars 1962.
Malheureusement, cette loi n'a pas donné au directeur de la santé publique le pouvoir de rappeler unilatéralement des médicaments, même si les fonctionnaires reconnaissaient qu'on ne pouvait pas uniquement compter sur la bonne volonté du fabricant pour retirer lui-même le médicament du marché.
Nous nous retrouvons donc, plus de 50 ans plus tard, avec la même lacune béante dans la Loi sur les aliments et drogues. Nous avons encore un énorme problème en matière de sécurité des médicaments. Certes, Santé Canada possède des pouvoirs de réglementation. Il est censé analyser les nouveaux médicaments avant d'en approuver la commercialisation. Mais ce qui est absolument renversant, c'est que le gouvernement fédéral n'a jamais eu le pouvoir de rappeler un médicament. Il doit négocier pour y parvenir.
Il y a eu de nombreux exemples, au fil des ans, qui nous ont montré que l'absence d'un contrôle fondé sur le principe de précaution peut avoir des conséquences très graves, voire mortelles. Nous nous réjouissons que le projet de loi confère au ministre le pouvoir de rappeler des médicaments. Il lui donne d'ailleurs des pouvoirs considérables, ce qui est très important.
Mais il y a aussi d'autres aspects du projet de loi qui sont très importants. Je vais donner un aperçu plus vaste.
Je viens de citer un article du Canadian Medical Association Journal, dont les auteurs se disent en faveur du projet de loi , mais recommandent d'examiner de près au moins six éléments cruciaux dans le but de les incorporer au projet de loi. Ces gens-là sont des spécialistes qui s’y connaissent en sécurité des médicaments au Canada. Ils ont analysé non seulement le contenu de ce projet de loi, mais aussi la situation au Canada dans ce domaine. Je me propose de passer en revue chacun de ces éléments.
Pour situer le problème dans son contexte, j'aimerais simplement rappeler que le vérificateur général, en 2011, avisait déjà les consommateurs, le gouvernement et les législateurs que nous sommes que les consommateurs n'avaient pas accès assez rapidement aux mises en garde concernant des médicaments, parce que Santé Canada tardait toujours à prendre des mesures à partir du moment où un problème avait été identifié. L'affaire était grave, et il a fallu que le vérificateur général lui-même dénonce publiquement ce problème de sécurité des médicaments, et le délai excessif qu'il fallait à Santé Canada pour prendre des mesures. Le vérificateur général faisait également remarquer que les gens devaient parfois attendre plus de deux ans avant que Santé Canada ait terminé l'analyse de la sécurité d’un médicament et publie des mises en garde sur les risques qu'il comporte, alors que ce médicament était déjà sur le marché.
Comme le faisait remarquer le vérificateur général intérimaire à l'époque, deux ans, c'est trop long, et nous sommes tout à fait d'accord avec lui.
Ce même rapport de vérification de 2011 constatait aussi des lacunes sur le plan de l'information sur les médicaments. En fait, les Canadiens ignorent complètement ce que fait Santé Canada en matière de sécurité des médicaments, et, depuis longtemps, on se pose des questions sur les essais cliniques et sur le manque d'informations qui en découlent.
Il faut savoir que dans beaucoup d'autres pays les informations relatives aux essais cliniques sont fournies aux chercheurs, aux médecins et aux consommateurs afin qu'ils soient en mesure de se renseigner sur un produit en particulier, ce qui est très important.
Je sais que la ministre a récemment promis de fournir davantage d'informations. C'est un pas dans la bonne direction, mais il faut aussi que cela soit inscrit dans la loi afin d'assurer la transparence des travaux effectués par Santé Canada.
Qu'avons-nous à cacher? Rien. Et ces informations sont cruciales pour la santé la sécurité des Canadiens et pour la communauté médicale. Elles sont aussi cruciales pour les chercheurs qui analysent les nouveaux produits qui arrivent sur le marché et qui doivent faire l'objet d'essais cliniques.
Nous devrions toujours jouer la carte de la transparence, de la responsabilité et du principe de précaution. Si cela doit se traduire par des procédures ou des formalités un peu plus compliquées pour les fabricants, tant pis. L'objectif primordial doit être la sécurité des malades et des médicaments. Le projet de loi est certainement un pas dans la bonne direction, mais il y a encore beaucoup à faire.
Voilà donc un certain nombre d'autres questions qui seront, je l'espère, examinées par le comité. Même si le projet de loi oblige les établissements de soins de santé à signaler des réactions indésirables graves, ce que nous devons analyser, ce n'est pas tant les réactions indésirables que la capacité de Santé Canada d'y donner suite, et le projet de loi ne règle pas ce problème.
Il y a un énorme problème lié à la sécurité, aux réactions indésirables et au genre de processus mis en place pour veiller à ce que Santé Canada donne suite aux rapports reçus afin d’assurer une certaine continuité. Nous avons besoin d’un processus sans failles, qui soit clair et transparent pour les Canadiens. Ainsi, les gens qui s’intéressent à cette question sauront qu’ils n’ont pas à creuser de plus en plus profondément pour trouver quelques renseignements par-ci ou par-là et que, lorsque des réactions indésirables sont signalées, des mesures seront prises en conséquence. Ces choses devraient aller de soi, elles devraient faire partie intégrante du processus de Santé Canada. Malheureusement, nous avons pu constater les lacunes d’un système qui est en quelque sorte devenu un assemblage d’éléments disparates et qui ne fait tout simplement pas l’affaire. Pour les Canadiens, ce n’est pas un bon modèle pour assurer l'innocuité des médicaments.
Un aspect du projet de loi doit être examiné de près, soit le fait qu’il ne change rien à l’inaction de Santé Canada lors de la réception des rapports relatifs aux réactions indésirables. De plus, le projet de loi n’aborde pas la question des médicaments prescrits aux adultes à des fins autres que celles qui sont prévues et qui peuvent, de ce fait, entraîner des risques.
Le projet de loi traite des médicaments prescrits aux enfants à des fins non prévues, ce qui représente un pas dans la bonne direction. Comme nous le savons, cette pratique signifie qu’un médicament est utilisé pour traiter une maladie autre que celle qu’il est censé guérir. Souvent, cette pratique est parfaitement justifiée. Toutefois, il est vraiment important qu’elle fasse l’objet d’une surveillance. Cette question nécessite un examen sérieux.
J’ai parlé de l’accès aux renseignements publics, des essais auxquels les médicaments sont soumis et de la nécessité d’en prévoir davantage pour décider si un produit est sûr ou non. Voilà quelques-unes des questions qu’il faudra approfondir au comité. Nous devons examiner le système élément par élément pour déterminer où se trouvent les grandes lacunes. Nous devrons soumettre les fonctionnaires responsables à un interrogatoire très serré à ce sujet. Aucun d’entre nous n’a une connaissance vraiment spécialisée de ce domaine, mais nous essaierons de naviguer du mieux que nous pourrons. Ensuite, nous nous pencherons sur le projet de loi et le comparerons au processus que nous aurons cerné afin de savoir où sont les points faibles et ce qui manque dans le projet de loi. J’ai déjà noté quelques lacunes.
L’étiquetage est certainement une autre question importante. Nous croyons fermement qu’il faut établir un bien meilleur système de communication entre les médecins, les pharmaciens et les patients afin de signaler les risques. Si nous avons un bon système et savons qu’il y a des risques au moment où des réactions indésirables sont signalées, que pouvons-nous faire pour améliorer la communication des renseignements concernant ces risques, soit par voie d’étiquetage soit par un autre moyen proposé par la communauté médicale?
En fait, cette question a beaucoup retenu l’attention du Comité permanent de la santé ces derniers mois. Nous avons examiné tout le problème des médicaments d’ordonnance et les différentes manières dont ils peuvent être mal utilisés ou mal prescrits.
Les médicaments peuvent sauver des vies et aider les gens à guérir, mais ils peuvent aussi tuer s’ils ne sont pas utilisés comme ils le doivent. Nous avons entendu beaucoup d’histoires sur les médicaments d’ordonnance, l’insuffisance de l’information communiquée, les méthodes de vente très énergiques des sociétés pharmaceutiques et le manque de transparence et de renseignements sur les risques ou les réactions indésirables.
Malheureusement, il y a beaucoup trop de tragédies. Il y a beaucoup trop de cas de personnes qui souffrent de réactions indésirables à des médicaments d’ordonnance prescrits à tort et à travers ou, pire encore, de surdoses mortelles.
Cela est très important. En fait, nous avons besoin d’une sorte de base de données nationale permettant une communication efficace entre les différentes parties du système de santé. Nous avons un système complexe, mais le gouvernement fédéral a un rôle à jouer en faisant preuve de leadership et en exerçant une surveillance générale sur la sécurité des patients et des médicaments.
La prestation des services de santé relève des provinces, de sorte que beaucoup de joueurs interviennent. En fin de compte, nous avons besoin d’une certaine responsabilité fédérale. J’ai constaté avec plaisir que la a compris et a dit clairement qu’il faut affronter ce problème, mais il nous reste encore un long parcours à faire, non seulement au sujet de la sécurité des médicaments, mais aussi dans les domaines de la surveillance des soins de santé et des communications entre les différents éléments du système.
Joel Lexchin, de l’Université York, est un grand expert de la sécurité des médicaments qui comparaît devant le Comité permanent de la santé depuis que j’y siège. Il estime que le projet de loi améliore la législation canadienne sur l'innocuité des médicaments, mais il a dit craindre que les mesures proposées n’aillent pas assez loin. Pour lui, les Canadiens ont encore besoin d’en savoir davantage sur le processus d’évaluation qui permet de déterminer si un produit pharmaceutique est assez sûr pour être vendu au Canada.
J’attends avec intérêt l’étude du projet de loi au comité. Nous l’appuyons au stade de la deuxième lecture, qui constitue une première étape importante, mais il faudra faire davantage. J’espère que, quand le projet de loi ira au comité, nous pourrons l’examiner de bonne foi pour déterminer les éléments valables, les approuver et les renvoyer à la Chambre des communes pour adoption. Toutefois, j’espère aussi que nous l’examinerons avec un œil critique. C’est pour cela que nous sommes ici.
Malheureusement, j’ai pu constater ces dernières années que les amendements sont rejetés d’office au comité pour la seule raison qu’ils sont proposés par l’opposition. J’espère vraiment que cela n’arrivera pas. Je sais que certains de nos collègues se soucient énormément de ce projet de loi et qu’en fin de compte, nous voulons tous faire adopter les meilleures mesures législatives possibles.
J’exhorte les députés, une fois que le projet de loi aura été renvoyé au comité, à juger les choses selon leur valeur et à faire ce qu’il faut pour améliorer le projet de loi et apaiser quelques-unes des préoccupations exprimées. Cette mesure bénéficie généralement d’un large appui, mais elle comporte des problèmes. Essayons de les résoudre. Travaillons de bonne foi pour améliorer le plus possible ce projet de loi. Nous aurons alors fait du bon travail.
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Monsieur le Président, j'ai l'honneur de me lever aujourd'hui pour discuter du projet de loi , ou la Loi de Vanessa, comme on la connaît à la Chambre.
J'aimerais dire que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
De toute évidence, ce projet de loi mérite d'être appuyé, du moins pour un débat supplémentaire en comité. Même si les étapes fondamentales et nécessaires ont été faites, il y a quand même des lacunes. Ma collègue l'a dit clairement.
Parlons du projet de loi. Pourquoi aurait-on besoin de ce projet de loi? Je me rappelle très bien un événement survenu assez récemment au Nouveau-Brunswick, et qui démontre où ce projet de loi aurait tout son impact. D'ailleurs, c'est aussi arrivé en Ontario. Des médicaments dilués, destinés à la chimiothérapie, avaient été administrés. Si je me rappelle bien les faits, au-delà de 1 000 patients avaient reçus ce médicament dilué qui ne respectait pas les normes. Les patients concernés méritaient beaucoup plus d'information que ce qui était disponible à l'époque.
Il faut de la transparence. Le plus d'information que les patients, les citoyens, les pharmaciens et les médecins ont, le mieux c'est pour tout le monde. On doit avoir des renseignements fiables. Je ne veux pas que ce soit comme aux États-Unis où on a commercialisé les médicaments au point où on vend un produit pour qu'il soit rentable pour la compagnie pharmaceutique.
L'objectif, c'est que la santé des Canadiens prime sur tout. Pour avoir une bonne santé, il n'y a rien de mieux que de se défendre soi-même. L'individu devrait avoir le choix. Je pense que mes collègues du côté du gouvernement pourraient très bien comprendre que, fondamentalement, c'est un choix individuel que de savoir quels médicaments peuvent mieux nous protéger et ce, en collaboration avec les pharmaciens, les médecins et le gouvernement, porteur de renseignements et qui devrait être la source de transparence.
On parle ici d'une collaboration entre les experts dans le domaine et l'individu qui doit faire des choix qui lui semblent les meilleurs. Il faut des renseignements. Le problème en ce moment, c'est que la transparence est inadéquate. Le projet de loi devant nous aujourd'hui soulève beaucoup de questions, à savoir si la transparence, qui sera disponible à la suite de l'adoption de ce projet de loi, sera suffisante. On veut faire des choix éclairés. Les Canadiens ont de moins en moins confiance en leur gouvernement; ils se demandent si ce dernier leur fournit les renseignements nécessaires.
On parle de congédier 28 000 fonctionnaires fédéraux. On sait très bien que ça aura un impact sur les services. On a congédié plusieurs scientifiques et plusieurs employés de première ligne qui prennent les appels de personnes voulant obtenir des renseignements. Le gouvernement devrait être là pour rendre service aux citoyens. Les contribuables ont payé pour ce qu'on a devant nous et ils devraient en bénéficier. Quand des projets de loi sont déposés par le gouvernement sans être suffisamment financés,et qu'il n'y a pas assez de main-d'oeuvre pour l'étudier et l'appliquer, on n'a pas assez de renseignements à fournir à nos citoyens.
Fondamentalement, le problème que j'ai avec le gouvernement, c'est qu'il ne comprend pas la relation qui existe entre les ressources gouvernementales et le partage de renseignements avec les citoyens ou la transparence vis-à-vis de ces derniers.
Dans ce cas-ci, c'est justement pour cela que je crois qu'il faut aller en comité. Il faut faire le point sur le manque de ressources. On n'arrête pas de réduire les ressources au fédéral. On n'arrête pas d'augmenter les crédits d'impôt pour des compagnies qui n'en ont pas besoin, comme les banques, par exemple. Ces compagnies semblent en bénéficier énormément. J'estime qu'elles sont capables de payer leurs propres experts.
Lorsqu'il s'agit de questions fondamentales comme la santé, le choix de médicaments et le choix de services médicaux sur lesquels le citoyen dépend, celui-ci n'a souvent pas les renseignements nécessaires, et il doit faire ses propres recherches.
On veut voir une meilleure collaboration avec les pharmaciens. Les pharmaciens sont ouverts; ils veulent discuter des produits. Malheureusement, même après l'adoption du projet de loi devant nous, les pharmaciens n'auront pas suffisamment de renseignements pour bien expliquer à leurs clients l'intérêt de chaque médicament.
Les essais cliniques seront toujours tout à fait opaques. Les pharmaciens ne connaîtront pas les résultats des essais cliniques effectués par les compagnies, qui souvent privées. Ils essaient d'avoir confiance, mais il n'y a rien de mieux qu'une transparence ouverte et publique sur laquelle les gens puissent se fier.
Malheureusement, ce projet de loi ne va pas suffisamment loin pour assurer cette transparence et cette collaboration. Pourtant, dans une démocratie, cela est fondamental afin qu'un choix éclairé puisse se faire. Le projet de loi mérite-t-il d'être défait pour cette raison? Je crois qu'il mérite d'être envoyé en comité afin qu'il soit débattu davantage. Ainsi, les gens qui travaillent dans le domaine et les patients qui ont besoin de services et qui ont leur mot à dire pourront proposer leurs idées pour améliorer le projet de loi.
Si le gouvernement était sérieux, il aurait déposé ce projet de loi bien avant aujourd'hui. On se rappelle qu'il l'avait finalement déposé au mois de décembre, à la suite des pressions de l'opposition. Toutefois, on en a très peu débattu, soit moins d'une heure à la Chambre des communes. Aujourd'hui, le gouvernement le ramène finalement. On comprend qu'il veuille le mettre en place rapidement, mais s'il était si pressé, il aurait pu le présenter bien avant aujourd'hui.
Quand les citoyens exigent un service de leur gouvernement, ce dernier doit être à l'écoute, au lieu de toujours adopter des règlements et des lois qui leur nuisent. Par exemple, quand le gouvernement a modifié la Loi sur la protection des eaux navigables, cela a beaucoup nui à l'industrie de la pêche dans ma région. Au lieu de passer ce temps à nuire aux citoyens de mon comté, on aurait pu adopter des projets de loi qui rassemblaient tous les gens de la Chambre, qui auraient mérité notre attention et qui auraient mérité d'être adoptés le plus rapidement possible.
Par exemple, on aurait pu aborder des questions de santé. On doit absolument prendre soin de nos citoyens. Ils s'attendent à ce que la Chambre des communes soit au rendez-vous pour s'assurer qu'ils ont tous les services qu'ils méritent. On doit absolument penser aux citoyens. Lorsque certains individus sont portés à prendre des médicaments dilués, mal prescrits ou carrément non réglementaires, il n'y a rien de mieux que de renseigner les citoyens, les pharmaciens et les médecins, pour qu'ils soient au courant des essais précis qui ont été effectués, des raisons pour lesquelles les médicaments fournis par les compagnies pharmaceutiques sont sur le marché et de leur utilité.
Les citoyens doivent savoir que les médicaments qu'ils prennent ont été approuvés et qu'ils sont adaptés à leurs besoins. Or ils n'ont pas ces renseignements. Après l'adoption du projet de loi devant nous, un individu aurait toujours de la difficulté à comprendre l'utilité de son médicament.
On veut faire confiance à nos médecins, à nos pharmaciens, à nos infirmières et au gouvernement. Toutefois, pour le faire, à la base, les Canadiens doivent savoir que le gouvernement leur fournit tous les renseignements possibles.
C'est pourquoi la transparence des essais cliniques est un élément essentiel, et plusieurs intervenants qui sont venus témoigner l'exigent. Ils veulent plus de transparence.
Tout le monde serait gagnant si le gouvernement faisait davantage preuve de transparence, et ce serait un bon début s'il le faisait dans le projet de loi devant nous.
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Monsieur le Président, aujourd'hui, on parle du projet de loi . Mon premier commentaire est le suivant: enfin!
Enfin, la société pourra mieux protéger ses citoyens. Enfin, le gouvernement aura le pouvoir d'exiger le rappel de médicaments. Enfin, le gouvernement aura le pouvoir d'ordonner à un fabricant de modifier les étiquettes quant aux effets secondaires d'un médicament. Enfin, le gouvernement pourra ordonner l'évaluation des médicaments. Enfin, le gouvernement pourra obliger les fabricants à tenir à jour les renseignements disponibles. Ce n'est pas trop tôt!
Quand le profit est en jeu, je ne crois pas aux approches volontaires. Tout à l'heure, mon collègue a parlé de la tragédie de Walkerton. On pourrait aussi parler du rappel de XL Foods. Il y a aussi des exemples douloureux liés au déraillement d'un train à Lac-Mégantic, l'an dernier.
Pour chacun des députés de la Chambre et pour les gens qui nous regardent, le bien le plus précieux est la santé. C'est d'ailleurs ce que l'on souhaite aux autres lors de la nouvelle année. C'est la raison pour laquelle je considère que le projet de loi est un pas dans la bonne direction. Je crois qu'on doit mettre en avant ce projet de loi, mais qu'on doit aussi l'étudier attentivement.
En gros, le projet de loi explique que nous avons besoin d'un meilleur effort de coordination en ce qui a trait à l'administration de la santé. C'est en ce sens que le projet de loi constitue un pas dans la bonne direction. Il nous faut une vision globale de la santé et une approche globale de la pharmaceutique au service des êtres humains. C'est ce qu'il nous faut.
Dans ma circonscription, une entreprise fait des tests. Il s'agit de inVentiv Health Clinique, pour ne pas la nommer. Cette entreprise fait des recherches cliniques, et j'ai eu le plaisir de la visiter. J'ai été sensibilisé à l'importance des tests cliniques effectués par les fabricants pharmaceutiques. Dans l'ère de la mondialisation, des tests cliniques sont faits un peu partout dans le monde, notamment au Canada. Ce qui est déplorable, c'est que la rigueur de ces tests est variable selon les pays et les compagnies.
Un législation comme celle-ci, qui demande une plus grande responsabilité de la part des fabricants, va peut-être faire en sorte qu'il y aura une plus grande rigueur lors des tests cliniques, entres autres. Peut-être que cela permettra aussi de ramener au Canada certains contrats présentement donnés à l'extérieur. Ce serait bénéfique pour les entreprises canadiennes. Ce sera peut-être un effet intéressant du projet de loi. On pourra ainsi offrir aux Canadiens des standards d'évaluation des médicaments plus élevés, notamment dans la phase clinique.
Il faut aussi parler de la qualité de fabrication et de la chaîne de distribution des médicaments. On ne peut pas passer sous silence la gestion des pénuries de médicaments. Finalement, il faut parler de la transparence. Beaucoup de mes collègues ont parlé de la transparence et de son importance. De plus en plus, le monde pharmaceutique est d'une complexité incroyable. C'est tout un défi que doit relever l'industrie pharmaceutique en proposant de nouveaux médicaments pour améliorer notre santé, celle de nos enfants et celle de nos voisins. Gérer cette complexité est de plus en plus difficile. C'est pour cette raison que les médecins et les pharmaciens, ceux à qui l'on fait confiance lorsque l'on a des problèmes de santé, doivent avoir en main un maximum d'information concernant les produits qu'ils prescrivent.
Ils veulent notre bien, nous voulons notre bien et tout le monde désire la santé. Étant donné l'environnement complexe d'aujourd'hui en matière de médication, une transparence accrue va nécessairement aider les spécialistes à prendre les meilleures décisions possibles, et c'est ce que nous souhaitons tous et chacun. Évidemment, pour ce qui est d'une vision globale de la médication, il y a deux côtés à la médaille.
Je voudrais prendre un très court instant pour parler de traitements expérimentaux. Une jeune femme, mère de famille, de ma circonscription est atteinte d'un cancer des ovaires et ne répond plus aux traitements traditionnels. Autant on veut protéger l'ensemble des Canadiens des effets secondaires et des études plus ou moins obscures au moyen de ce projet de loi, autant on veut aider cette dame de ma circonscription, mère de deux enfants, qui désire avoir accès à des médicaments expérimentaux qui n'ont pas traversé toutes les phases cliniques ni passé tous les tests. Si je parle de cela, c'est parce que je trouve important qu'on comprenne à quel point l'univers de la médication est complexe, aujourd'hui.
C'est pourquoi je suis content que ce projet de loi soit devant nous. C'est aussi pourquoi j'estime que nous devons prendre le temps d'en débattre correctement et de le considérer comme une première étape vers une meilleure utilisation de la médication dans notre société. Enfin, c'est aussi pourquoi je parle de l'importance d'une réflexion globale sur l'utilisation de la médication, plutôt que d'une réflexion sur un seul aspect à la fois pour essayer de corriger un petit problème, car quand on essaie ensuite d'agencer tous les aspects, cela ne se fait pas toujours très bien.
Je demande donc à la Chambre, non seulement de continuer l'étude de ce projet de loi, mais aussi de le faire d'une façon globale, afin d'éviter de rendre technique un processus qui doit être plus holistique.
Nous voulons considérer la complexité de la question, mais pour ce faire, il faut absolument que nous ayons un plan global. Il faut non seulement être capable d'éclairer nos spécialistes, mais il faut également que l'ensemble des Canadiens sachent dans quel bateau ils s'embarquent quand ils prennent leurs médicaments. Pour soigner un mal de tête, cela peut aller. Cependant, il arrive que, même pour soigner un mal de tête, si on prend trop d'un médicament donné, il peut y avoir des contre-indications sévères.
On doit pouvoir donner aux gens les outils qui leur permettent d'avoir une discussion intelligente avec leur spécialiste. Ce dernier doit, à son tour, avoir l'information pertinente et être capable de voir l'ensemble des relations entre les divers produits que nous avons besoin de prendre, surtout lorsqu'il s'agit de médication chez les personnes âgées, par exemple. Plus on prend de médicaments, plus l'interaction devient importante.
C'est pourquoi nous considérons qu'il s'agit d'un pas dans la bonne direction. Nous allons proposer des amendements en comité exigeant une transparence accrue. Aussi, nous voudrions un meilleur système de communication entre les divers intervenants de façon à ce que chacun d'entre nous et tous les professionnels aient les outils nécessaires pour prendre la meilleure décision possible.
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Monsieur le Président, j’accorde un intérêt spécial aux politiques et dispositions législatives et réglementaires fédérales qui régissent le secteur pharmaceutique. La partie ouest de Montréal, dont une bonne part est englobée dans la circonscription de Lac-Saint-Louis, accueille les installations de bien des grandes pharmaceutiques et fournisseurs d’instruments médicaux qui, à eux tous, emploient beaucoup de mes électeurs. Par conséquent, j’ai la chance d’être informé régulièrement des problèmes qui touchent cette industrie. Des électeurs communiquent aussi avec moi pour me faire part de leurs préoccupations sur des questions comme le coût et l’innocuité des médicaments.
Les libéraux sont favorables au renvoi du projet de loi au Comité de la santé pour qu’il puisse l’examiner et l’améliorer. Selon que le gouvernement acceptera ou non des amendements importants à l’étape du comité, nous saurons s’il prend au sérieux la sécurité des Canadiens qui consomment des produits pharmaceutiques.
Soit dit en passant, je félicite le député d’ qui a réclamé inlassablement une meilleure sécurité des médicaments au Canada. J’ai été témoin de ses interventions au Comité de la santé, et je peux témoigner de sa ténacité et de ses compétences dans ce dossier.
Il n’en demeure pas moins que le projet de loi est une réaction tardive à un problème qui réclame notre attention depuis le tout début du mandat du gouvernement conservateur.
Un élément fondamental de la Stratégie nationale sur les produits pharmaceutiques lancée en 2004 consistait à « renforcer l'évaluation de l'innocuité et de l'efficacité des médicaments “dans la réalité” » pour assurer une meilleure surveillance des médicaments d’ordonnance.
Une mesure antérieure qui s’attaquait au problème, le projet de loi , languissait au Feuilleton lorsque le gouvernement, violant sa propre loi sur les élections à dates fixes, a déclenché les élections de 2008. C’était il y a six ans. Les Canadiens voudraient savoir pourquoi le gouvernement a mis tellement de temps à s’attaquer à ce problème crucial.
Venons-en au projet de loi. Que tend à faire le projet de loi ? Il vise les médicaments d’ordonnance et en vente libre, les vaccins, les thérapies géniques et les instruments médicaux. Ses principaux éléments sont les suivants.
Premièrement, le projet de loi prévoit pour les établissements de soins de santé, ce qui veut sans doute dire les hôpitaux, la déclaration obligatoire des réactions nuisibles des médicaments chez les patients pour que le gouvernement sache s’il y a lieu de réévaluer l’innocuité des médicaments.
Deuxièmement, le projet de loi donnerait au gouvernement le pouvoir de rappeler les médicaments dangereux sans entendre au préalable le point de vue du fabricant et sans être obligé de négocier le rappel avec lui, pourvu que le « estime qu’un produit thérapeutique présente un risque grave ou imminent de préjudice à la santé… » Chose étonnante, le gouvernement ne possède pas encore ce pouvoir à l’égard des produits thérapeutiques comme les médicaments. Par contre, il peut rappeler des jouets, des outils, des produits de nettoyage, des vêtements et des aliments qui sont mauvais, ce qu’il fait du reste avec un degré variable d’efficacité. Rien de tel pour les médicaments dangereux. À l’heure actuelle, les rappels de médicaments sont laissés à la discrétion des fabricants et des distributeurs. Difficile à croire, mais c’est vrai.
Troisièmement, le projet de loi non seulement confère au gouvernement le pouvoir de rappeler des médicaments, mais il prévoit aussi des peines plus lourdes pour la commercialisation de produits pharmaceutiques dangereux, y compris des peines d’emprisonnement et de nouvelles amendes qui peuvent atteindre 5 millions de dollars par jour, au lieu des 5 000 $ prévus actuellement.
Quatrièmement, le projet de loi autorise le à ordonner à toute personne de lui fournir les renseignements relevant d’elle au sujet d’un produit thérapeutique qui, selon lui, peut « présenter un risque grave de préjudice à la santé humaine », s’il croit que ces renseignements sont « nécessaires pour décider si tel est le cas ».
Cinquièmement, le projet de loi tend à autoriser le , « s’il l’estime nécessaire pour prévenir un préjudice à la santé », à ordonner la modification de l’étiquette ou de l’emballage d’un produit.
Enfin, le projet de loi autoriserait le ministre à ordonner à celui qui détient une autorisation relative à un produit thérapeutique de faire des évaluations et de lui en communiquer les résultats et, afin d’améliorer la compréhension des effets d’un produit sur la santé et la sécurité, de compiler des renseignements, de mener des essais ou des études ou de surveiller l’expérience portant sur le produit thérapeutique.
Le projet de loi semble avoir d’importantes lacunes qui risquent d’en compromettre l’efficacité.
D’abord, la définition de « produit thérapeutique » ne comprend pas les produits de santé naturels au sens du Règlement sur les produits de santé naturels.
De plus, les intervenants s'inquiètent de savoir ce qu'on entend par « établissement de soins de santé désigné » dans le projet de loi. L'expression vise-t-elle seulement les hôpitaux, ou englobe-t-elle également les cliniques et les cabinets de médecine familiale?
Par ailleurs, le projet de loi établit-il la distinction entre les détaillants de produits thérapeutiques et les titulaires d'autorisation relative à un produit thérapeutique, tout en soulignant le fait que dans le marché complexe d'aujourd'hui, il peut s'agir d'entités différentes.
Soit dit en passant, une autorisation relative à un produit thérapeutique:
[...] permet l'importation, la vente, la publicité, la fabrication, la préparation, la conservation, l'emballage, l'étiquetage, l'emmagasinage ou l'examen d'un produit thérapeutique.
Pour illustrer la distinction, je vais citer un passage d'un article paru dans le Journal de l'Association médicale canadienne:
[...] l'entreprise qui détient l'autorisation du marché peut [...] octroyer une licence de distribution à une autre entreprise.
Un exemple survenu dans le passé nous démontre pourquoi la distinction est importante et pourquoi le projet de loi doit couvrir tant les détaillants que les titulaires d'une autorisation. Lorsque, dans les années 1960, on soupçonnait la thalidomide d'être dangereuse, les fabricants ont fini par la retirer du marché au terme de négociations avec Santé Canada, le genre de négociations auquel ce projet de loi mettrait probablement fin. Toutefois, il y avait encore des échantillons gratuits dans les cabinets de médecin de partout au pays, la distribution de ces échantillons étant la principale forme de distribution de médicaments. Santé Canada n'avait pas légalement le pouvoir de juguler ou de contenir ce problème.
Le pouvoir que confie le projet de loi à la ministre d'exiger le rappel de médicaments ou la suspension d'une licence semble se limiter aux détaillants seulement. Selon le journal de l'AMC, le :
[...] devrait avoir le pouvoir d'émettre des suspensions et des rappels à ces deux groupes.
Un autre problème est lié à la capacité du gouvernement fédéral de protéger pleinement les Canadiens contre les médicaments dangereux: a-t-il les ressources financières et humaines voulues pour veiller à ce que les médicaments importants pour le Canada soient fabriqués selon des normes strictes de contrôle de la qualité et à ce qu’il y ait un contrôle de qualité dans les installations de fabrication au Canada.
Nous savons que le gouvernement a pratiqué des coupes dans des domaines liés à la protection de l’environnement et de la santé, comme à l’Agence canadienne d’inspection des aliments et à Santé Canada. Ainsi, le budget de 2012 a fait disparaître 275 postes à la Direction générale des produits de santé de Santé Canada, groupe chargé de contrôler l’innocuité et l’efficacité des médicaments d’ordonnance.
Des électeurs m’ont parlé et m’ont écrit parce qu’ils s’inquiètent des conditions qui existent à l’étranger dans les usines qui fabriquent des médicaments, souvent génériques. Leur inquiétude a été éveillée par des informations sur le rappel de médicaments comme l'atorvastatine de Ranbaxy, version générique du Lipitor de Pfizer.
Par exemple, on a trouvé récemment une tablette de 20 milligrammes dans une bouteille scellée de tablettes de 10 milligrammes, ce qui a entraîné le rappel de 64 000 bouteilles. Cet incident est survenu après un autre cas où des particules de verre ont été décelées dans d’autres lots de ce même médicament générique.
À cause de ce genre d’incidents, la FDA américaine a, semble-t-il, accentué sa présence à l’étranger pour vérifier certaines installations. Que fait Santé Canada? Le ministère a-t-il les ressources financières et humaines pour pouvoir faire quoi que ce soit? Collabore-t-il avec la FDA?
Que ce soit aux États-Unis ou au Canada, il nous faut des systèmes de contrôle des médicaments pour dépister les problèmes avant que des produits dangereux ne se retrouvent entre les mains et dans le corps des consommateurs.
Il est évident que le projet de loi marque un progrès, mais nous devons veiller à bloquer toutes les échappatoires qui risquent d’en compromettre l’efficacité. Le Comité de la santé peut se charger de ce travail. Nous devons aussi veiller à ce que le gouvernement, abstraction faite du projet de loi, engage les fonds nécessaires pour garantir que nous ayons au Canada un système sûr pour les médicaments. Le ministère doit évidemment travailler dans cette optique avec la FDA et d’autres partenaires étrangers.
Encore une fois, je félicite le député d’ de ses efforts assidus dans ce dossier. J’ai hâte de voir ce qu’il adviendra du projet de loi au comité.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi au nom de mes électeurs de Surrey-Nord. Avant de commencer, j'aimerais dire que, hier soir, j'ai participé à la cérémonie de remise de diplômes à l'école secondaire Queen Elizabeth dans le cadre de laquelle 310 jeunes gens ont reçu leur diplôme. Je tiens à les féliciter, ainsi que leurs parents, de leur réussite. Il se trouve que j'ai étudié dans cette école secondaire. J'ai obtenu mon diplôme il y a plusieurs années. J'ai pris le vol de nuit pour pouvoir prendre la parole au sujet de cet important projet de loi cet après-midi.
Le projet de loi est un pas dans la bonne direction, car il s'attaque à un problème de taille. Pendant plusieurs années, le NPD, les professionnels de la santé et les organisations de soins de santé ont fait pression sur le gouvernement et je suis heureux de constater que ce dernier prend finalement des mesures pour régler les nombreux problèmes liés à l'innocuité des médicaments. Or, même si le projet de loi est un pas dans la bonne direction, il ne va pas assez loin pour combler les lacunes fondamentales dans la législation canadienne sur l'innocuité des médicaments.
Je suis certain que tous mes collègues à la Chambre conviendront que les Canadiens méritent d'avoir toute l'information dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées au sujet de leurs soins de santé. De plus, je suis certain que nous pouvons tous convenir que tous les Canadiens s'attendent à ce que leurs fournisseurs de soins de santé disposent de toute l'information nécessaire pour prendre les meilleures décisions possible au sujet des soins qu'ils prodiguent, y compris l'information concernant les médicaments qu'ils prescrivent. En réalité, les Canadiens et leurs fournisseurs de soins de santé sont laissés dans l'ignorance lorsqu'il s'agit de décisions importantes concernant leurs soins de santé. Je peux donner de nombreux exemples à la Chambre.
En 2011, le vérificateur général avait prévenu que, parce que Santé Canada tarde à prendre des mesures à l'égard des problèmes potentiels qu'il identifie, les avertissements concernant les médicaments ne sont pas transmis assez rapidement aux consommateurs. Parfois, les gens doivent attendre plus de deux ans avant que Santé Canada termine l'examen de l'innocuité d'un médicament déjà commercialisé et avant qu'il publie des renseignements à jour sur les risques. C'est un processus à rebours. Les Canadiens méritent d'avoir toute l'information au sujet des médicaments avant qu'ils prennent la décision de les utiliser. L'un des principes fondamentaux que nous enseignons à nos enfants c'est de réfléchir avant d'agir. Le processus appliqué par Santé Canada à l'heure actuelle semble encourager exactement le contraire: utiliser un médicament et réfléchir ensuite aux conséquences possibles ou aux effets secondaires. Il faut que cela change.
Il est inacceptable que la majorité des risques associés aux médicaments d'ordonnance soient déterminés après que ces médicaments sont mis à la disposition des consommateurs. Près de 20 % des nouvelles substances actives approuvées par Santé Canada entre 1995 et 2010 ont par la suite fait l'objet d'importantes mises en garde. Cela illustre une fois de plus que nous faisons les choses à l'envers à l'heure actuelle.
Si cela ne suffit pas pour prouver que la législation sur l'innocuité des médicaments doit être modifiée de toute urgence, examinons les principaux incidents liés à l'innocuité des médicaments qui sont survenus en 2013.
Mentionnons par exemple la chimiothérapie diluée qui a été administrée à plus de 1 200 patients en Ontario et au Nouveau-Brunswick, ou encore le rappel visant la pilule contraceptive Alysena 28. Il a fallu une semaine complète pour procéder à ce rappel, et pendant ce temps, de nombreuses femmes canadiennes ont été exposées à un risque de grossesse non désirée. Si cela ne suffit pas encore, rappelons que cinq autres marques de pilules contraceptives populaires ont aussi fait l'objet d'un rappel et d'importantes mises en garde. Je pourrais fournir beaucoup d'autres exemples, mais je crois que les députés constatent qu'une tendance se dégage.
Les Canadiens méritent mieux. Ils méritent d'avoir accès à tous les renseignements dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées en ce qui concerne leur santé. Ils doivent pouvoir s'attendre à être protégés contre les médicaments qui peuvent porter atteinte à leur bien-être.
C'est pour toutes ces raisons que, comme mes collègues, je me réjouis que cette mesure législative ait été présentée. Le projet de loi est un bon moyen d'assurer la mise en oeuvre du plan global d'innocuité des médicaments dont le Canada a désespérément besoin. Les Canadiens doivent avoir l'assurance que les médicaments sont sûrs et ils doivent avoir accès à des renseignements en langage clair qui leur expliquent pourquoi ces médicaments sont sûrs.
Dans sa forme actuelle, le projet de loi permettrait au gouvernement d'exiger le rappel de certains médicaments ou d'ordonner au distributeur de prendre des mesures correctives afin de remédier aux problèmes cernés pour un médicament donné. Il est inquiétant de penser que pour l'instant, le Canada ne peut pas ordonner le rappel obligatoire d'un médicament. Cela signifie que même si un médicament pose de graves risques pour les Canadiens, le gouvernement ne pourrait pas forcer le fabricant à le retirer du marché canadien. Cet aspect du projet de loi donnera au gouvernement le pouvoir de protéger les Canadiens lorsqu'il y a des problèmes d'innocuité des médicaments.
Le projet de loi donnerait également à la le pouvoir d'exiger qu'un fabricant ou un importateur modifie l'étiquette d'un médicament afin de mettre à jour les effets secondaires ou les risques pour la santé qui y sont associés. Il exigerait aussi que les fabricants mettent à jour les renseignements offerts au Canada sur les risques associés au médicament qui ont été décelés dans un autre pays. Toutes ces mesures importantes nous permettront de garantir que les Canadiens ont le plus de renseignements possible sur les médicaments qu'ils s'apprêtent à utiliser.
Les députés de ce côté-ci de la Chambre appuient le projet de loi, mais il faut en faire davantage pour améliorer l'innocuité des médicaments au pays. Le projet de loi laisse bien des lacunes non comblées.
Par exemple, le projet de loi améliorerait l'étiquetage, mais il ne prévoit rien pour faciliter les échanges entre les médecins, les pharmaciens et les patients concernant la communication et la déclaration des risques. Dans le même ordre d'idée, il n'accroîtrait pas l'accès à l'information publique sur les essais cliniques, les essais supplémentaires et les raisons pour lesquelles un médicament n'est pas considéré sûr. La mesure législative prévoit des dispositions sur la déclaration des réactions indésirables graves, mais elle n'oblige aucunement Santé Canada à faire un suivi sur ces déclarations.
Si l'on veut élaborer le plan global sur l'innocuité des médicaments dont le pays a besoin, il faut prendre des mesures supplémentaires et se pencher sur d'autres éléments. Une législation exhaustive sur l'innocuité des médicaments devrait prévoir des pratiques de prescription optimales afin que les médicaments ne soient pris que lorsque que c'est nécessaire et pour les bonnes raisons, et afin d'éviter autant que possible tout effet néfaste et toute interaction de médicaments.
Les Canadiens méritent aussi d'avoir accès aux résultats des essais cliniques. La publication des essais cliniques — tant les résultats concluants que les non concluants — permettrait aux gens de prendre des décisions plus éclairées en matière de soins de santé. Depuis 2007, Santé Canada incite les promoteurs d'essais cliniques à publier leurs données, mais l'agence ne peut pas les contraindre à la transparence; or, il s'agit d'un élément essentiel de toute stratégie globale sur l'innocuité des médicaments.
Je suis heureux que l'on prenne cet important pas pour améliorer l'innocuité des médicaments. Le projet de loi est susceptible de profiter à tous les Canadiens de façon très concrète et surtout aux gens vulnérables, comme les enfants et les aînés. Le projet de loi, dans sa forme actuelle, prépare le terrain pour que des mesures encore plus énergiques soient prises afin de renforcer la législation visant à assurer l'innocuité des médicaments. J'espère sincèrement que le gouvernement examinera attentivement les amendements que mes collègues proposeront en comité afin d'améliorer le projet de loi.
J'aimerais d'ailleurs dire un mot à ce sujet. Au cours des deux ou trois dernières années, le gouvernement a présenté des projets de loi qui se sont rendus à l'étape de l'étude en comité. L'opposition a présenté à maintes et maintes reprises des amendements concrets et valables. Malheureusement, les conservateurs ne semblent pas prêts à accepter quelque recommandation que ce soit, et ce, qu'elle ait été formulée par l'opposition ou par les experts qui ont témoigné au comité. J'exhorte les conservateurs à tenir compte des amendements qui seront présentés à l'étape de l'étude en comité afin d'améliorer cette très importante mesure législative.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de joindre ma voix à celles de mes collègues dans le débat sur l'important projet de loi .
Le débat qu'on tient à la Chambre aujourd'hui est aussi très important. J'ai entendu des députés libéraux remettre en question le fait que les néo-démocrates se lèvent à la Chambre pour prendre position sur le projet de loi et proposer de vive voix des solutions. J'ai entendu des députés conservateurs d'arrière-ban nous crier d'envoyer le projet de loi en comité.
Or je pense qu'ils ont oublié comment les choses se passent en comité depuis que les conservateurs sont majoritaires. Ceux-ci se disent publiquement bien ouverts à recevoir des amendements et à discuter avec les partis de l'opposition pour tenter d'améliorer les projets de loi, mais en comité, quand vient le temps de considérer concrètement des amendements proposés par l'opposition pour essayer d'améliorer le projet de loi, les conservateurs imposent des audiences à huis clos et s'opposent systématiquement à toute idée qui pourrait venir de l'opposition, même si l'idée a été exprimé à maintes reprises par différents experts en la matière, par des groupes et des citoyens qui contactent les différents élus de tous les partis.
Pour le NPD, il est important de prendre le temps de proposer publiquement à la Chambre les amendements et les solutions qu'on souhaite apporter au projet de loi pour en corriger les lacunes, parce qu'il en existe toujours. Aucun projet de loi n'est parfait lorsqu'il est envoyé en comité après l'étape de la deuxième lecture à la Chambre. Depuis trois ans que je suis ici, je n'en ai pas vu un, et je suis certaine que les députés qui sont ici depuis plus longtemps que moi n'ont jamais vu non plus de projets de loi parfaits émaner de la Chambre en deuxième lecture.
Par contre, on amorce ici la réflexion et on prend le temps d'en débattre ensemble. Alors, je trouve cela franchement malheureux de voir mes collègues des autres partis dire qu'on perd notre temps, qu'on devrait envoyer le projet de loi en comité et faire confiance aux membres du comité qui aura à l'étudier. J'aimerais bien pouvoir avoir une confiance aussi aveugle dans le gouvernement, qui a une représentation majoritaire de membres dans tous les comités, mais jusqu'à maintenant, je n'ai eu presque aucune preuve de sa bonne foi.
Malheureusement pour les conservateurs, nous avons la responsabilité de prendre le temps de discuter du projet de loi à la Chambre à l'étape de la deuxième lecture. Il y a du bon, là-dedans. On sait très bien, au NPD, qu'on ne pourra pas arriver à un résultat parfait dans les débats ici en deuxième lecture. Ce sera difficile d'y arriver en comité, mais on a quand même quelques idées à proposer qui ont été mentionnées à plusieurs reprises par certains experts qui ont été consultés et qui se sont prononcés sur le sujet.
Comme cela a été mentionné par certains de mes collègues, le projet de loi touche à une question très importante, soit l'innocuité des médicaments. Les changements qui seraient apportés à la loi actuelle sont attendus depuis longtemps. C'est donc un bon premier pas dans la bonne direction. Le projet de loi dont il est question aujourd'hui permettrait au gouvernement d'exiger le rappel de médicaments ou d'ordonner aux distributeurs de prendre des mesures pour corriger les problèmes associés à leurs produits. Il permettrait aussi au ministre de la Santé d'ordonner à un fabriquant ou à un importateur de modifier l'étiquette d'un médicament pour qu'on puisse avoir l'information la plus à jour possible sur les effets secondaires et les risques pour la santé associés au médicament en question.
Le projet de loi permettrait aussi au ministre de la Santé d'ordonner l'évaluation d'un médicament et la transmission des résultats au ministère et d'obliger les fabricants à tenir à jour les renseignements qui sont disponibles au Canada sur les risques pour la santé associés à leurs produits, même si ces risques ont été décelés à l'étranger.
Alors que de l'information est disponible dans d'autres pays, que des scientifiques ont fait des recherches et qu'il y a des cas documentés de problèmes causés par la prise de certains médicaments, ou encore par des interactions médicamenteuses, on ne diffuse pas cette littérature au Canada. Ainsi, les citoyens canadiens doivent faire leur propres recherches s'ils veulent être informés. Cette situation est franchement incompréhensible et franchement aberrante. C'est l'une des améliorations importantes qu'il faut apporter au projet de loi qui nous est présenté aujourd'hui.
Au NPD, on est contents de voir que le gouvernement a enfin écouté les appels des médecins, des professionnels de la santé et des porte-paroles du milieu et du NPD. Notre porte-parole en matière de santé, la députée de , questionne le gouvernement depuis très longtemps déjà. Elle lui met de la pression pour qu'on ait enfin des mesures pour corriger les lacunes du projet de loi actuel.
On est contents de voir un résultat et on appuie le projet de loi en deuxième lecture. On veut qu'il se rende en comité pour qu'on puisse le travailler davantage et y apporter les amendements nécessaires.
Toutefois, on pense que le projet de loi ne va pas encore assez loin. Il y a encore beaucoup de lacunes. Pourtant, chaque année au Canada, 150 000 Canadiens présentent des réactions graves à la suite de la prise de médicaments sur ordonnance. C'est un nombre considérable et ces gens n'ont pas encore accès à toute l'information dont ils ont besoin ni à tous les recours qu'ils pourraient utiliser pour se protéger. Parmi ces 150 000 Canadiens, les personnes âgées sont cinq fois plus susceptibles que le reste de la population d'être hospitalisées à la suite d'une réaction adverse à un médicament.
Selon une étude produite en 2013 par l'Institut canadien d'information sur la santé, une personne âgée sur 200 a été hospitalisée en raison d'une réaction adverse à un médicament, alors que c'est une personne sur 1 000 pour le reste de la population canadienne.
Avant d'être députée, j'ai travaillé quelque temps comme préposée à l'information à la Régie de l'assurance maladie du Québec. Je devais régulièrement répondre aux questions des gens. Ce travail se faisait principalement au téléphone. On avait à expliquer comment fonctionnait le régime public d'assurance maladie et le régime public d'assurance médicaments au Québec. Le NPD aimerait d'ailleurs qu'un tel régime soit instauré à l'échelle nationale. Toutefois, ça fera l'objet d'un autre débat.
J'avais aussi régulièrement des interactions avec des aînés qui m'appelaient pour avoir différents renseignements sur le prix des médicaments ou sur la façon dont fonctionnait le régime public d'assurance médicaments. tel. Ils avaient aussi énormément de questions sur les médicaments qu'ils prenaient. Bien entendu, je n'avais pas les compétences requises pour leur répondre, car je ne suis ni pharmacienne ni professionnelle de la santé. Toutefois, je pouvais constater une certaine détresse chez nos aînés qui, au fil des années, sont amenés à consommer de plus en plus de médicaments pour différentes raisons, et qui n'ont pas toujours l'information dont ils ont besoin. En outre, l'information sur les étiquettes est assez complexe, en plus de n'être pas nécessairement très claire. Quand on est rendu à prendre 6, 8 ou 10 sortes de médicaments en même temps pour différents problèmes de santé, c'est là où il devient crucial d'avoir accès à de l'information claire, précise et à jour, peu importe les sources. Que l'information provienne d'une source internationale ou qu'on ait fait les recherches au Canada, elle doit être diffusée aux Canadiens. On espère voir ça arriver rapidement.
Dans ma circonscription de Portneuf—Jacques-Cartier, la population est vieillissante. Je suis préoccupée par les effets du peu d'information à jour offerte aux citoyens actuellement. Je suis vraiment inquiète des effets que ça pourrait avoir sur la santé des aînés que je représente et sur celle de la population en général.
Au NPD, on a demandé différents amendements qu'on aimerait voir dans le projet de loi . Tout d'abord, on voudrait s'assurer que des pratiques optimales de prescription soient adoptées par les médecins. On veut donc s'assurer que les Canadiens se voient prescrire les médicaments les plus appropriés et en quantité adéquate.
On entend parler de plus en plus de surmédication, que ce soit chez nos aînés ou nos vétérans qui ont besoin d'aide psychologique ou physique, et qui se voient prescrire une grande quantité de médicaments avec plus ou moins d'efficacité. Une grande partie de notre population pourrait bénéficier d'améliorations majeures sur le plan de l'innocuité des médicaments.
Le NPD aimerait aussi qu'une divulgation publique des résultats des essais cliniques soit faite, parce que ce n'est pas le cas actuellement. Cette information sera détenue par Santé Canada, mais elle ne sera pas disponible pour le grand public. On est encore moins bien outillés en tant que Canadiens pour déterminer les effets possibles des différents médicaments sur nous et notre santé.
Je manque malheureusement de temps pour parler des différentes améliorations que le NPD voudrait voir apportées au projet de loi . Je vais simplement mentionner de nouveau qu'on est très fiers de l'appuyer à l'étape de la deuxième lecture. Toutefois, on espère que le travail en comité se fera de bonne foi et qu'on pourra réellement mettre en avant la sécurité et la santé des Canadiens pour en arriver au meilleur projet de loi possible, afin de bien protéger nos citoyens.
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Monsieur le Président, nous avons droit aujourd'hui à un bon débat.
J'aimerais répéter les mesures visées par le projet de loi . Le gouvernement aurait le pouvoir d'exiger le rappel de médicaments ou d'ordonner aux distributeurs de prendre des mesures correctives pour régler les problèmes associés à leurs produits. Il pourrait également ordonner à un fabricant ou à un importateur de modifier l'étiquette d'un médicament pour mettre à jour les renseignements sur les effets secondaires ou les risques qu'il représente pour la santé. Le ministre pourrait ordonner l'évaluation d'un médicament et la transmission des résultats au ministère. Les gens seront très étonnés d'apprendre que cela n'est pas possible à l'heure actuelle. Par ailleurs, le projet de loi accorderait de nouveaux pouvoirs au gouverneur en conseil pour lui permettre de prendre, au besoin, des règlements concernant les critères d'étiquetage et d'autorisation. Le projet de loi exigerait aussi que les fabricants communiquent les risques soulevés dans d'autres pays relativement à leurs médicaments. Enfin, il imposerait de nouvelles sanctions aux fabricants qui omettent de retirer un produit dangereux du marché, notamment des amendes pouvant atteindre 5 millions de dollars par jour et une peine d'emprisonnement; les sanctions seront d'autant plus sévères si le fabricant commet une infraction en pleine connaissance de cause.
Beaucoup de Canadiens seraient surpris d'apprendre que ces mesures ne sont pas en place en ce moment. Il est évident que nous avons besoin d'un plan global concernant les médicaments pour que les Canadiens aient l'assurance que l'utilisation de leurs médicaments ne présente aucun danger et pour qu'ils aient accès à des renseignements, en langage clair, sur l'innocuité de leurs médicaments, y compris sur le processus d'essais et l'étiquetage.
Au Comité de la santé, où je siégeais il y a quelques année, on a entendu à maintes reprises — et c'est encore le cas aujourd'hui — que les gens veulent voir des renseignements les étiquettes, qu'il s'agisse d'OGM ou d'autres choses de ce genre. Ils veulent être informés, contrairement à ce que le gouvernement serait porté à croire parfois. En effet, le gouvernement pense parfois que les gens ne prêtent pas attention à ce qui se dit à la Chambre. Il croit que les gens ne prêtent pas attention aux projets de loi. Au contraire, les Canadiens sont attentifs.
Bien que nous appuyions la mesure législative, d'autres mesures doivent être prises pour améliorer l'innocuité des médicaments. Nous proposerons des amendements visant à améliorer le projet de loi. Je crois comprendre que les libéraux envisagent également de proposer des amendements. C'est la raison pour laquelle nous ne devrions pas nous presser d'adopter les projets de loi. Ces enjeux remontent à de nombreuses années. En 2011, la vérificatrice générale a signalé que les consommateurs ne recevaient pas assez rapidement les avertissements de sécurité concernant leurs produits pharmaceutiques, parce que Santé Canada réagissait lentement aux problèmes potentiels qu'il décelait. C'est l'une des raisons citées par la vérificatrice générale.
Reportons-nous maintenant en 2014, soit trois ans plus tard, et remarquons que nous venons tout juste d'être saisis de ce projet de loi. Si cet enjeu est aussi crucial que l'affirme le gouvernement, pourquoi ne l'a-t-il pas abordé auparavant? Si les libéraux pensent que cet enjeu est crucial, pourquoi ne l'ont-ils pas soulevé pendant les 13 années où ils pouvaient le faire?
Monsieur le Président, j'ai oublié de mentionner plus tôt mon intention de partager mon temps de parole.
Le NPD envisage certainement de proposer des amendements visant à améliorer le projet de loi lorsqu'il aura été renvoyé au comité. En attendant, il est important que la Chambre débatte intelligemment ce projet de loi afin que nous puissions présenter nos idées et que les gens soient au courant de ce qui se passe et des mesures que le gouvernement présente. Le projet de loi est excellent. Pourquoi ne pas laisser les Canadiens en prendre connaissance en tenant ce débat à la Chambre et en leur permettant d'entendre d'autres témoins qui pourraient choisir de faire connaître leurs opinions au comité, que ce soit en lui présentant un mémoire ou en comparaissant devant lui?
Parfois le gouvernement véhicule un certain genre de publicité, et c'est essentiellement ce qui s'est produit. La publicité indique que le gouvernement prend soin du bien-être des Canadiens, mais, comme nous pouvons le constater, le projet de loi a beaucoup de lacunes. Nous savons que, la plupart du temps, lorsqu'un projet de loi est renvoyé à un comité — et mon collègue a parlé de cela un peu plus tôt —, les conservateurs, qui détiennent là aussi la majorité des voix, sont trop souvent impatients de faire adopter la mesure législative sans lui apporter les amendements qui s'imposent. Les conservateurs pensent parfois que les amendements ne sont pas dignes d'intérêt parce qu'ils sont présentés par des membres de l'opposition.
Par conséquent, nous souhaitons que les gens connaissent les amendements que nous proposons et les préoccupations que nous avons à l'égard de ce projet de loi. Nous tenons ce débat aujourd'hui pour que plus de gens soient au courant des amendements nécessaires et pour veiller à ce que le gouvernement agisse en conséquence.
Le vérificateur général a aussi constaté que Santé Canada ne faisait pas preuve de toute la transparence nécessaire. Ainsi, les Canadiens ne sont pas au courant des travaux réalisés par ce ministère dans le domaine de l'innocuité des médicaments. Contrairement à ce qui se passe dans de nombreux pays, Santé Canada ne publie pas non plus les renseignements sur les essais cliniques.
Une de mes soeurs a appris qu'elle était atteinte de la maladie d'Alzheimer à l'âge de 50 ans. Elle a participé à un essai clinique. Nous aurions bien aimé connaître les résultats de cet essai et obtenir de plus amples renseignements à ce sujet.
Si les renseignements sur les essais cliniques étaient rendus publics, ils révéleraient les risques pour la santé et les effets secondaires des médicaments observés pendant leur mise à l'essai. Tous les Canadiens devraient pouvoir obtenir ces renseignements. Je pense aussi que le milieu scientifique se penche là-dessus. Il ne veut pas être tenu dans l'ignorance. Il faut que les renseignements pertinents soient rendus publics.
Ces derniers temps, Santé Canada tarde à communiquer aux Canadiens les renseignements dont ils ont besoin. Il a fallu attendre une semaine complète avant que le rappel volontaire de l'Alysena 28 soit communiqué à Santé Canada et rendu public. Devinez ce qui s'est passé? De nombreuses femmes ont eu une grossesse non désirée. Un recours collectif a été intenté contre la société Apotex à cause de ses pilules contraceptives inefficaces.
Les États-Unis interdisent la commercialisation de ces médicaments. Au Canada, nous entendons parler de leur retrait du marché, mais nous continuons de les administrer à des Canadiens. Nous devons réagir un peu plus promptement et prêter attention à ce qui se passe. Canadiens ou Américains, nous réagissons tous de la même manière aux médicaments.
À l'heure actuelle, il est possible de prescrire des médicaments sans en connaître les effets sur les enfants, les personnes âgées ou les femmes allaitantes parce que le Canada et les autres pays ne partagent pas l'information qu'ils recueillent sur les effets des médicaments et ne demandent pas aux pharmaceutiques de les faire connaître. C'est extrêmement important.
Le NPD n'est pas seul à demander que le projet de loi soit amendé.
Le Dr Joel Lexchin, spécialiste des politiques sur l'innocuité des médicaments à l'Université York, a dit du projet de loi qu'il constituait un pas en avant pour la législation canadienne sur l'innocuité des médicaments. Nous disons essentiellement la même chose.
Le Dr Lexchin a aussi dit craindre que la mesure législative n'aille pas assez loin et que les Canadiens en sachent encore trop peu sur le processus d'évaluation qui détermine si les médicaments sont suffisamment sûrs pour être vendus au Canada.
Écoutons ce qu'il a d'autre à dire sur les améliorations à apporter à cette mesure législative. J'espère que mes collègues d'en face écoutent ce qui doit être amélioré, car cela correspond aux amendements que le NPD présentera au comité.
Il dit que la nouvelle loi sur l'innocuité des médicaments devrait faire en sorte, lorsque le ministre prend une décision sur un produit qui devrait faire l'objet d'autres essais ou être retiré du marché, que tous les documents ayant servi à prendre cette décision soient rendus publics. Tous les renseignements sur l'innocuité et l'efficacité d'un produit qui ont été recueillis, que ce soit pendant la période d'essais cliniques ou une fois que le médicament a été commercialisé, y compris les rapports périodiques de pharmacovigilance, devraient être rendus publics. Quelle importance cela a-t-il? En fait, c'est d'une importante capitale.
Il dit aussi que le ministre devrait être en mesure de prendre des décisions sans consultation préalable auprès des sociétés concernées. Il faut absolument le souligner. Les grandes sociétés pharmaceutiques ont bien trop souvent le gouvernement dans leur manche. On pourrait ainsi régler le problème. Lorsqu'une société est tenue de faire d'autres essais, elle devrait produire un rapport annuel sur l'état de ces essais. De plus, l'ensemble des résultats des essais supplémentaires devraient être rendus publics.
Il dit également que les sociétés qui sont tenues de faire des essais supplémentaires devraient remettre les fonds nécessaires à leur réalisation à un tiers indépendant, par exemple, les Instituts de recherche en santé du Canada. Ces instituts devraient être chargés de choisir les chercheurs, et les données devraient être analysées par une entité complètement indépendante de la société.
Il s'agit de la santé des patients et des Canadiens.
Le gouvernement peut parler tant qu'il veut de la diffusion de messages publicitaires, mais tant qu'il ne se décidera pas, par exemple, à accepter certains amendements que nous avons proposés, nous n'obtiendrons pas le projet de loi idéal qui permettrait de mieux protéger les Canadiens. Nous avons beaucoup entendu parler des campagnes publicitaires du gouvernement. On n'a qu'à penser au Plan d'action économique et aux messages qu'il publie sur Twitter. Mais ce qui compte, c'est que les lois canadiennes protègent vraiment les Canadiens.