:
Madame la Présidente, je propose que le troisième rapport du Comité spécial sur la réforme électorale, présenté le jeudi 1
er décembre 2016, soit adopté.
D'entrée de jeu, madame la Présidente, je signale que je partagerai mon temps de parole avec mon collègue de , qui a accompli un excellent travail dans ce dossier. Il est appuyé par des dizaines de milliers de Canadiens qui ont aussi ouvert leur coeur, donné leur avis et exprimé leurs espoirs et leurs aspirations à l'égard de cette question, du principe fondamental selon lequel, lorsqu'on vote pour quelque chose, on l'obtient et que, lorsqu'on dépose un bulletin de vote dans la boîte de scrutin pour exprimer un souhait pour l'avenir — ce que représente un vote — et qu'une promesse a été faite, cette promesse sera tenue.
Depuis au moins 18 ou 20 mois, nous assistons à la longue et plutôt pénible saga entourant la réforme électorale au sein du gouvernement, dans laquelle nous avons eu la chance d'intervenir. Nous avons encore l'occasion d'accomplir quelque chose de tout à fait remarquable pour raviver l'espoir des Canadiens et la confiance qu'ils ont envers leurs élus, leur gouvernement et la façon de travailler au Parlement.
Ce que nous cherchons peut-être à faire aujourd'hui, en proposant ce vote, c'est de pousser les libéraux à respecter leur promesse. Certains disent que c'est l'une des choses les plus difficiles à accomplir en politique. L'expérience nous montre que c'est effectivement parfois difficile, mais j'ai bon espoir, comme beaucoup de Canadiens, que ce sera possible. Bien des députés parmi nous se sont lancés en politique avant tout pour défendre les intérêts de leurs concitoyens en respectant leur parole, sans faire de promesses à la légère.
Ce n'est pas ce qui s'est produit jusqu'à présent dans ce dossier. Passons en revue le fil des événements, qui est assez long. Pendant la campagne électorale, puis après les élections, le a clairement promis à maintes reprises — des centaines de fois, en fait — que les élections de 2015 seraient les dernières à se faire selon le mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour. Il a tant de fois répété cette promesse que les Canadiens la connaissent par coeur. Le premier ministre n'est d'ailleurs pas le seul à l'avoir faite: tous les libéraux qui se sont portés candidats, tous les libéraux qui ont été élus ont promis la même chose au cours de la campagne électorale.
Les députés néo-démocrates, conservateurs, bloquistes et du Parti vert se sont prêtés à l'exercice de bonne foi, non pas par naïveté ou par ignorance, mais simplement parce qu'il allait de soi qu'une promesse aussi clairement énoncée et réitérée tant de fois par le dirigeant d'un pays valait quelque chose. Il s'agit ni plus ni moins de la réforme électorale elle-même, l'idée de donner du poids au vote de chaque Canadien, peu importe sa circonscription. C'est là un élément crucial du dialogue, pour que les gens votent, non pas guidés par des considérations stratégiques, le cynisme ou la crainte, mais simplement animés par leur volonté et leur choix de candidat, et pour que leur vote compte.
Presque toutes les démocraties qui fonctionnent bien ont fait évoluer leur mode de scrutin afin de le rendre plus efficace et d'éviter des situations comme celle vécue lors des dernières élections où, parmi les 18 millions de votes exprimés, moins de la moitié sont allés à un député élu. En moyenne, il a fallu 38 000 votes pour élire un candidat libéral, 20 000 votes de plus pour élire un candidat conservateur, encore 20 000 votes de plus pour élire un candidat néo-démocrate ou bloquiste et plus de 600 000 votes ont été requis pour que le Parti vert n'obtienne qu'un seul siège. Avec un écart allant de 38 000 à 600 000, l'injustice du système est telle qu'elle n'échapperait même pas à un jeune enfant.
Nous avons mis sur pied le comité sur la réforme électorale, dont les membres, soit dit en passant, représentent proportionnellement les votes des Canadiens aux dernières élections. Le comité a fait un excellent travail. Il a visité l'ensemble des provinces et des territoires du pays. Il a organisé des séances à micro ouvert et des assemblées publiques. Il a écouté tous les experts que nous avons pu inviter, qui provenaient du Canada et des quatre coins du monde, sur la meilleure façon de faire progresser le pays vers la réalisation de cette promesse faite par le , prise pendant la campagne électorale par les néo-démocrates et le Parti vert et alors défendue par 63 % des députés, un engagement solennel envers les Canadiens. Nous avons rédigé le rapport le plus complet sur le régime démocratique canadien de l'histoire du pays. Voilà qui n'est pas mal du tout.
Malheureusement, le gouvernement a d'abord réagi au rapport de façon plutôt indigne, si je peux m'exprimer ainsi, ce qui ne nous a pas empêchés de persister. Soudainement, après un remaniement ministériel et la nomination d'une nouvelle ministre, une lettre de mandat est en quelque sorte tombée du ciel. Elle brisait cette promesse comme si les mandats provenaient du Cabinet du et non de leur source réelle, c'est-à-dire les électeurs. C'est la seule et unique source; il ne devrait jamais y en avoir d'autres. Je tiens à le rappeler à tous mes amis du Cabinet du premier ministre. Il ne faut pas oublier pour qui cette Chambre travaille vraiment: ce n'est pas pour un certain conseiller non élu du premier ministre, peu importe à quand remonte leur lien d'amitié, mais pour les gens qui ont élu les députés.
L'appui de la population pour la représentation proportionnelle était absolument évident. Tous les membres du comité ont été forcés de le reconnaître, car cela sautait aux yeux. Quatre-vingt-dix pour cent des experts qui ont témoigné ont affirmé qu'il fallait que l'on adopte un système proportionnel si l'on souhaitait que chaque vote compte et que la volonté des électeurs soit représentée à la Chambre des communes.
Plusieurs systèmes de représentation proportionnelle pourraient fonctionner au Canada, autant dans les régions rurales que dans les régions urbaines, qui respecteraient en plus la répartition géographique et les orientations politiques du pays. Quatre-vingt-huit pour cent des Canadiens qui ont participé aux consultations, écrit au comité ou rempli le sondage en ligne ont également affirmé qu'ils étaient pour un système proportionnel. Quatre-vingt-dix pour cent des experts et 88 % des Canadiens qui se sont exprimés ont confirmé leur appui. Or, quand les libéraux ont brisé leur promesse de manière tout à fait cynique, les prétextes qu'a fournis le dans les jours suivant l'annonce ont été étonnants et quelque peu dérangeants.
D'abord, il a tenu des propos alarmistes. Le slogan électoral du Parti libéral parlait d'espoir et de travail acharné. Toutefois, le choisit maintenant de semer la peur en laissant entendre que des extrémistes pourraient se faufiler parmi nous si nous adoptions un système proportionnel. Les Néerlandais viennent de prouver que ce n'est pas le cas. Un extrémiste s'est porté candidat à la direction du pays et c'est la représentation proportionnelle qui l'a empêché de prendre le pouvoir comme l'a fait ailleurs la droite alternative.
Il a ensuite invoqué l'instabilité mondiale, probablement en référence à Donald Trump. Je rappelle pourtant à mes collègues libéraux que les Américains aussi organisent un scrutin uninominal à un tour.
Il a ensuite prétendu que le consensus n'était pas assez vaste. Il faut croire que 90 % des spécialistes et 88 % des Canadiens, ce n'est pas assez vaste à son goût. C'est à ce moment qu'un électeur de Kitchener a lancé une pétition électronique, la no E-616, que j'ai moi-même parrainée et soumise à la Chambre et qui disait qu'il fallait absolument aller de l'avant. Les 132 000 signatures qu'elle comportait en ont fait la plus grosse pétition de l'histoire du pays.
Après toutes ces excuses, un remaniement ministériel, un mandat écourté et une promesse manquée, le a fini par déclarer qu'au fond, cette décision lui revenait et qu'il avait fait son choix. Si on me demande mon avis, je crois qu'il voulait montrer par là qu'il ne s'en laisserait imposer par personne, sauf que cela ne lui a servi au contraire qu'à prouver qu'il avait tort sur toute la ligne. Cette décision ne lui revient pas à lui; elle revient au Parlement.
Je sais que bon nombre de mes collègues libéraux ont envoyé des lettres d'excuses aux électeurs de leur circonscription ou alors publié des lettres d'opinions dans les journaux pour faire savoir aux gens qu'ils étaient navrés d'avoir été obligés de rompre une de leurs promesses et qu'ils auraient sincèrement souhaité que la réforme électorale aboutisse. Je sais aussi qu'ils n'ont jamais été appelés à se prononcer dans le cadre d'un vote. Que je sache, personne n'a jamais demandé aux membres du caucus libéral: « Qui veut qu'on trahisse ainsi nos engagements? Qui souhaite au contraire qu'on tienne parole? » Le Parlement n'a jamais organisé de vote sur cette question non plus. Il n'a même jamais eu l'occasion de débattre de cette initiative et de permettre à 63 % des députés d'honorer leur promesse en faisant en sorte que chaque vote compte.
Ce rapport nous permettra justement de tenir le vote qui n'a jamais eu lieu. Il permettra de poursuivre la conversation. Il permettra enfin — c'est du moins l'objectif avoué — d'entamer les négociations avec le gouvernement, comme l'a fait la Colombie-Britannique encore dernièrement et, qui sait, peut-être même de s'entendre. Quand plus de 60 % des électeurs disent qu'ils veulent aller dans telle ou telle direction, les politiciens avisés et dotés d'un sens certain de l'éthique comprennent qu'ils sont mieux de les écouter. Nous saurons dans quelques heures ce qu'il en est exactement.
L'espoir fait vivre. Je montais les marches du Parlement aujourd'hui, passant à côté de nombreux groupes scolaires et des milliers de jeunes qui viennent visiter cet endroit. Nous venons tout juste de voir mon collègue de présenter un projet de loi fruit du concours « Crée ton Canada ». Lors de la dernière campagne électorale, le s'est adressé très efficacement, je crois, aux jeunes. Il a également parlé aux Canadiens devenus cyniques à l'égard du dernier gouvernement et las de celui-ci. Il a dit que nous devrions espérer plus et nous attendre à plus.
J'ai consulté le site liberal.ca ce matin pour vérifier si la promesse de faire de l'élection de 2015 la dernière organisée selon un scrutin uninominal majoritaire à un tour est toujours là. Elle y est, sous le slogan « Changer ensemble ». On y dit que les libéraux prendraient des décisions fondées sur des données probantes et que les conservateurs avaient perdu la confiance des Canadiens parce qu'ils ont rompu leurs promesses.
Voici l'occasion pour le gouvernement de se racheter. J'ai tenu plus d'une vingtaine d'assemblées publiques et d'activités partout au pays au cours des six dernières semaines. Nous avons échangé avec les Canadiens. Ils ne sont pas aussi cyniques que certaines personnes au sein du Cabinet de premier ministre. Ils ont plus d'espoir. Ils s'attendent à plus et veulent plus de leur gouvernement. Ils veulent que les choses se concrétisent. Ils appuient les témoignages que le comité a entendu, à savoir que nous pouvons faire en sorte que chaque vote compte, que nous pouvons avoir de l'intégrité dans nos politiques, et que nous pouvons être plus exigeants envers nous-mêmes.
Je suis impatient d'obtenir l'appui de mes collègues libéraux, car je sais que, dans les circonscriptions qu'ils représentent et que j'ai visitées au cours des dernières semaines, c'est aussi ce que réclament les citoyens.
:
Madame la Présidente, je voudrais d'abord et avant tout remercier mon collègue de du travail fantastique qu'il a fait. Il mène ce dossier de main de maître depuis un certain temps, puisque ce processus était effectivement assez long.
Cela me fait extrêmement plaisir de me lever aujourd'hui à la Chambre. C'est tout un honneur de parler de cet enjeu, parce qu'il n'y a pas d'enjeu plus important que le fondement de notre démocratie. Les électeurs et les électrices peuvent participer au processus électoral, ce qui nous permet de composer un Parlement reflétant la pluralité des opinions de la société et d'avoir une démocratie qui soit la plus équitable possible par rapport au choix des citoyens et des citoyennes.
C'est la promesse qu'a faite le Parti libéral du Canada lors des dernières élections. Ce n'était pas une petite promesse concernant un changement de règlement ou un changement administratif. Les libéraux avaient promis un changement historique visant à améliorer notre démocratie afin d'avoir un Parlement plus représentatif et plus respectueux du message envoyé par les électeurs et les électrices.
Cette promesse répétée des centaines de fois, voire mille fois, les citoyens et les citoyennes y ont cru. Nous aussi, nous y avons cru de bonne foi. Quand le chef du Parti libéral, qui est devenu le du pays, nous dit que l'élection de 2015 était la dernière à employer le mode de scrutin actuel, nous avons toutes les raisons d'y croire. Quand, en plus, il donne explicitement à la ministre responsable de la réforme démocratique le mandat d'accomplir ce changement-là, nous y croyons encore. Quand cela fait partie intégrante du discours du Trône, nous y croyons encore. Quand c'est le mandat du comité parlementaire d'accomplir ce changement-là, nous y croyons encore. Malheureusement, aujourd'hui, le Parti libéral nous dit, ainsi qu'à l'ensemble des citoyens, que nous n'aurions pas dû le croire. En fait, peut-être que les libéraux eux-mêmes n'y ont jamais cru.
De la part d'un gouvernement qui, dans sa plateforme, avait dit qu'il allait rétablir le lien de confiance entre les citoyens et leurs institutions démocratiques, c'est une gifle au visage. C'est extrêmement grave, parce que cela a des conséquences profondes sur le niveau de cynisme des gens que nous côtoyons dans nos circonscriptions, dans nos communautés, dans nos villes et dans nos villages.
À la suite du reniement de la promesse libérale par le , beaucoup de gens nous ont demandé ce qu'il fallait faire pour que les politiciens tiennent leurs promesses. C'est grave, parce que les libéraux viennent de semer ou de confirmer un doute que beaucoup de gens avaient.
Nous, nous adhérons au principe de l'espérance et du respect de la parole donnée. Que vaut la parole d'un politicien libéral, aujourd'hui? C'est difficile de continuer en disant qu'on peut leur faire confiance. Nous rappelons aux gens que le Parti libéral n'a pas respecté sa parole sur un enjeu qui touche le coeur même de notre démocratie.
Le système actuel, qui a un nom horrible en français, soit le scrutin uninominal majoritaire à un tour — on dirait une girafe dessinée par un comité —, n'est presque plus du tout utilisé dans les autres démocraties occidentales, parce qu'il crée des distorsions très graves entre le choix fait par les gens le jour des élections et la représentation à la Chambre, au Parlement. Avec 40 % des votes, le Parti conservateur, en 2011, a réussi à créer un gouvernement majoritaire avec 55 % des sièges. Ainsi, une minorité peut créer un gouvernement majoritaire qui, pendant quatre ans, peut pratiquement faire tout ce qu'il veut. Nous avons vu le bulldozer passer.
Les députés du NPD, du Parti vert, du Bloc québécois et du Parti libéral, à l'époque, disaient que cela n'avait pas de sens et qu'il fallait changer le système. De plus, 63 % des gens ont voté pour des partis qui voulaient un mode de scrutin plus proportionnel.
Une fois arrivé au pouvoir — devinons avec quoi: 39 % des votes, 55 % des sièges —, et au bout du processus, le Parti libéral va virer sa veste de bord, trahir sa promesse et finalement dire que c'est bien correct comme cela.
Cela a des conséquences et nous pensons que nous avons de meilleurs gouvernements avec des modes de scrutin proportionnel. C'est d'ailleurs le cas dans 85 % des pays de l'OCDE. Ce n'est pas quelque chose de farfelu ou de compliqué que les gens ne seraient pas capables de comprendre. C'est simple, cela fonctionne et c'est basé sur un principe que n'importe quel enfant du primaire pourrait comprendre. Si un parti obtient à peu près 20 % des votes, il devrait avoir à peu près 20 % des députés. Il me semble que c'est logique. En plus, c'est ce que les gens veulent.
On a créé un comité parlementaire pour étudier la question. Grâce à la proposition du NPD, ce comité a reflété davantage les choix exprimés par les gens en 2015. On a donné le mandat à ce comité d'étudier les changements qu'on pourrait effectuer au mode de scrutin et quelles seraient les options de rechange possibles. On a entendu beaucoup de choses. Comme mon collègue le disait tantôt, à peu près 90 % des experts se sont prononcés en faveur d'un mode de scrutin proportionnel. Parmi les citoyens venus nous voir, 87 ou 88 % d'entre eux ont dit être en faveur d'un mode de scrutin proportionnel.
Le comité a fait un sondage en ligne et 23 000 personnes ont répondu. Soixante-douze pour cent des gens ont indiqué être en faveur d'un mode de scrutin proportionnel. Les libéraux ont fait leur espèce de site bizarroïde MaDémocratie.ca avec des questions plantées d'avance, complètement alambiquées, pas du tout scientifiques. Malgré cela, les gens ont dit qu'ils voulaient un mode de scrutin proportionnel.
À la fin du processus, les quatre partis de l'opposition impliqués dans l'étude se sont parlés. On a mis de l'eau dans notre vin. On a accepté le principe d'un référendum qui était cher pour deux autres partis de l'opposition, le Bloc et le Parti conservateur. Le comité a produit un rapport majoritaire qui, devinons quoi, plaidait pour pour un référendum sur un mode de scrutin proportionnel.
Alors aujourd'hui, le gouvernement libéral a du front tout le tour de la tête, bien franchement. Je ne voudrais pas utiliser des propos non parlementaires, mais disons qu'il vient de nous sortir une imprécision préfabriquée ou une inexactitude planifiée en disant qu'il n'y avait pas de consensus. C'est de la bouillie pour les chats. C'est une manière d'essayer de se sortir d'une promesse brisée qui était extrêmement chère au coeur de milliers et de centaines de milliers de Québécois et de Canadiens partout au pays.
Il y avait un consensus. Le seul problème est que ce consensus ne faisait pas l'affaire du Parti libéral. C'est ce qui se passe aujourd'hui. Maintenant, avec ce vote que nous aurons à la Chambre, au Parlement, sur le rapport majoritaire du comité sur l'étude de la réforme démocratique, l'ensemble des députés libéraux ici présents ont la chance de se lever, de respecter leur parole et de respecter la volonté de leurs électeurs et de leurs électrices. On est généreux comme cela. On leur offre la possibilité d'une rédemption démocratique. Qu'ils respectent leur parole, le choix des électeurs et des électrices et le consensus de notre société. Les gens, d'une manière écrasante, ont dit qu'ils ne voulaient plus de cet ancien système inéquitable, injuste et archaïque. Ils ont dit vouloir un vrai changement, soit un système qui respecte leur vote et où tous les votes comptent.
Alors, demain, à la Chambre, nous aurons la possibilité de respecter la volonté populaire, de respecter la parole donnée , de respecter la promesse électorale et d'aller de l'avant avec un nouveau mode de scrutin proportionnel.
:
Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui pour discuter de la motion présentée par le député de .
Je veux commencer par remercier tous les députés du Comité spécial sur la réforme électorale de l'excellent travail qu'ils ont fait dans la production du rapport.
Le comité a tenu 57 réunions dans l'ensemble des provinces et des territoires, a entendu 196 témoins, a reçu et examiné 574 mémoires, a consulté plus de 22 000 Canadiens dans le cadre d'un processus de consultation en ligne et a reçu 172 rapports de députés qui avaient organisé leur propre assemblée publique pour recueillir les opinions de leurs concitoyens, dont les miens.
Leur rapport, intitulé « Renforcer la démocratie au Canada: principes, processus et mobilisation citoyenne en vue d'une réforme électorale », représente un ajout important à l'étude de la réforme électorale au Canada et comprend de nombreuses recommandations importantes pour améliorer le système électoral.
Je remercie également tous les témoins experts, le personnel dévoué et infatigable du comité et les milliers de Canadiens qui ont participé à cet exercice de démocratie très important. L'ampleur du travail qu'ils ont fait est impressionnante et fait honneur à notre système démocratique.
Au cours de l'été et de l'automne 2016, le gouvernement a quant à lui tenu de vastes consultations sur cette importante question. Il a été élu après s'être engagé à écouter la population canadienne. L'ancienne et son secrétaire parlementaire ont également parcouru le pays pendant cette période afin d'organiser des événements communautaires dans chaque province et territoire.
Le gouvernement a lancé un outil en ligne novateur pour échanger avec les Canadiens et en apprendre davantage au sujet des éléments de la démocratie canadienne auxquels ils tiennent le plus. Ce site Web, MaDémocratie.ca, a aidé le gouvernement non seulement à dialoguer avec le plus de personnes possible, mais il lui a aussi fourni des données statistiquement valables relatives à la recherche sur l'opinion publique. Chaque ménage canadien a été invité à participer, et plus de 360 000 personnes ont pris le temps d'exprimer leurs opinions sur la démocratie. Nous les remercions de leur contribution. Il est rare qu'un gouvernement soit en mesure de prendre part à un dialogue national aussi important.
Le système électoral est une composante fondamentale de tout système démocratique. Par conséquent, je pense que les députés conviendront que tout grand changement devant être apporté à la manière dont nous votons doit recevoir l'appui général des Canadiens.
Comme on l'a annoncé le 1er février dernier, ces efforts de consultation ont révélé que nous n'avons pas le large consensus qu'il faudrait pour remplacer le mode de scrutin actuel ou choisir un nouveau mode de scrutin.
Nous avons appris que les Canadiens accordent une grande valeur au lien direct qui unit les députés et les gens qu'ils représentent, ainsi qu'à la capacité de ces derniers d'exiger des comptes directement de leur représentant élu.
En conséquence, le gouvernement a pris et va continuer de prendre des mesures concrètes afin de promouvoir, de concert avec tous les parlementaires, les cinq principes du mandat du comité spécial. Ces principes sont l'efficacité et la légitimité, la participation, l'accessibilité et l'inclusion, l'intégrité et la représentation locale.
Dans son rapport publié après les élections de 2015, l'ancien directeur général des élections a fait un certain nombre de recommandations en vue de l'actualisation de la Loi électorale du Canada. Le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre examine ces recommandations actuellement. Jusqu'à présent, deux rapports provisoires ont été présentés, et d'autres commentaires sont attendus.
Nous avons franchi une autre étape importante en vue de promouvoir les principes en présentant le projet de loi , Loi modifiant la Loi électorale du Canada. Cette mesure législative vise à accroître l'inclusion et la participation électorale en faisant tomber les obstacles qui découragent les Canadiens de voter. Elle vise également à rehausser la confiance dans l'intégrité des élections au Canada.
Le projet de loi aborde un grand nombre des préoccupations que les Canadiens ont exprimées à la suite des changements apportés par la Loi sur l'intégrité des élections du gouvernement précédent. Le projet de loi C-33 témoigne de la volonté du gouvernement d'aider tous les membres de la société, dont les jeunes, les aînés, les Autochtones, les nouveaux Canadiens, les Canadiens handicapés et les Canadiens moins favorisés, à participer au processus démocratique.
Pour revenir au travail du comité spécial, je signale que ce dernier a formulé un certain nombre de recommandations importantes ne se limitant pas à des changements fondamentaux au système électoral. Je parlerai maintenant de certaines d'entre elles.
Commençons par la troisième recommandation du comité, qui demande au gouvernement de ne pas mettre en oeuvre le vote obligatoire pour l'instant. À l'instar du comité, le gouvernement croit que le vote obligatoire n'est pas la solution qui convient à l'heure actuelle. Toutefois, nous tenons à prendre des mesures pour favoriser la participation civique et améliorer les connaissances civiques afin d'accroître le taux de participation aux élections fédérales futures.
Le projet de loi cherche à accroître la participation électorale en réduisant les obstacles liés à l'identification des électeurs, en élargissant le mandat du directeur général des élections afin qu'il puisse mener de vastes campagnes de sensibilisation, et en créant un registre national des futurs électeurs.
En outre, le gouvernement continuera de chercher des moyens de supprimer les obstacles à la participation et d'accroître la participation électorale. Il le fera en collaborant avec ses partenaires et tous les Canadiens. Son travail s'appuiera sur les recommandations du directeur général des élections et du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
Dans une autre recommandation, la recommandation no 4, le comité conseille de ne pas mettre en oeuvre le vote en ligne à l’heure actuelle. Encore une fois, nous sommes d'accord, et bien que les Canadiens qui ont participé au sondage sur MaDémocratie.ca aient convenu que le vote en ligne augmenterait la participation électorale, leur appui était sous réserve d'obtenir la ferme assurance qu'un tel système ne serait pas vulnérable à des manipulations par des pirates informatiques. Les experts qui ont témoigné devant le comité ont également exprimé des préoccupations semblables.
Les recommandations 5 et 6 demandent qu’Élections Canada explore l’utilisation d’outils technologiques qui permettraient d’améliorer l’accessibilité du vote, particulièrement pour les personnes handicapées, tout en assurant l’intégrité de l’entièreté du processus électoral. L'ancien directeur général des élections avait formulé des recommandations semblables, et le gouvernement étudiera celles-ci attentivement à la lumière des délibérations du comité de la procédure. Nous envisagerons aussi d'organiser des consultations menées par la sur les mesures plus générales pour aider les Canadiens handicapés à participer à la démocratie du pays.
La recommandation 8 appelle le gouvernement à modifier la Loi électorale du Canada pour créer un incitatif financier qui encouragera les partis politiques à présenter plus de candidates. Le gouvernement reconnaît qu'il faut faire davantage pour appuyer la participation des femmes à la vie démocratique du Canada, et nous exhortons tous les partis à activement recruter et encourager des candidates et à leur fournir un appui. Le gouvernement est déterminé à accroître les mesures déjà en place ainsi qu'à envisager des approches novatrices pour atteindre cet objectif.
Par exemple, l'an dernier, Condition féminine Canada a lancé un appel de propositions en vue de financer des projets visant à créer des espaces publics inclusifs pour accroître la participation des femmes, y compris les femmes autochtones, à la vie démocratique du Canada. L’appel comprenait deux thèmes: outiller les femmes pour la vie politique afin de promouvoir la participation des femmes à la vie politique; et outiller les femmes pour l’action communautaire afin d’améliorer la situation des femmes en amplifiant leur voix et en augmentant leur participation civique. En tout, 14 projets ont été approuvés depuis le printemps 2016, représentant un investissement de 8,7 millions de dollars sur trois ans.
La recommandation 9 du rapport du comité spécial demande au gouvernement d'inscrire les jeunes sur le Registre national des électeurs avant qu'ils ne soient en âge de voter. Le gouvernement est très favorable à cette recommandation, si bien que nous avons déjà ajouté un Registre national des futurs électeurs dans le projet de loi .
Les Canadiens nous ont dit qu'ils veulent encourager les jeunes à voter. Or, selon des recherches, les jeunes qui ont voté lors d'une élection sont plus susceptibles d'en faire une habitude tout au long de leur vie. Le directeur général des élections a recommandé de préparer les jeunes à voter. On pourrait le faire en permettant aux jeunes de s'inscrire à l'avance. Les modifications à la Loi électorale du Canada prévues dans le projet de loi permettraient à Élections Canada de se rendre dans les écoles et d'autres établissements pour amener les jeunes à s'inscrire en vue des élections. Les jeunes Canadiens de 14 à 17 ans pourraient ainsi s'inscrire à l'avance et avoir accès à des sources d'information sur la démocratie, les élections et le mode de scrutin au Canada. Dès l'âge de 18 ans, ils seraient automatiquement inscrits au Registre national des électeurs et seraient prêts pour leur tout premier vote si important.
La 10e recommandation du comité porte sur un aspect similaire. On recommande d'accorder à Élections Canada le mandat d’encourager la participation électorale. Nous souscrivons à cette recommandation, car le manque d'information peut s'avérer un obstacle de taille à la participation électorale. En raison de mesures législatives adoptées par le gouvernement précédent, les programmes éducatifs du directeur général des élections ne peuvent s'adresser qu'aux élèves du primaire jusqu'à la 12e année. Le directeur général des élections a recommandé que son mandat soit élargi afin que les programmes éducatifs s'adressent à tous les Canadiens. Nous sommes d'accord, et c'est pour cela que le gouvernement a inclus dans le projet de loi une mesure pour permettre au directeur général des élections de mettre en oeuvre des programmes éducatifs non partisans destinés à informer tous les Canadiens.
Lors de la tournée nationale de mobilisation sur la réforme électorale, les Canadiens ont dit qu'ils voulaient que de plus amples mesures soient prises pour améliorer l'éducation civique et accroître les connaissances des citoyens au sujet de la démocratie canadienne. Ils veulent que le processus de vote soit simplifié. De plus, ils souhaitent qu'il soit plus facile d'obtenir des renseignements sur le vote et sur le processus démocratique, et ils veulent s'assurer que le plus grand nombre de Canadiens possible qui ont le droit de voter ont l'occasion de le faire.
Bien que ces suggestions aient été prises en compte dans les mesures proposées dans le projet de loi que j'ai mentionnées plus tôt, le projet de loi comporte de nombreuses autres mesures qui témoignent des efforts que nous aimerions déployer afin d'améliorer la participation au processus démocratique au Canada. Premièrement, le projet de loi permettrait au directeur général des élections d'autoriser l'utilisation de la carte d'information de l'électeur comme pièce d'identité. Élections Canada avait lancé un projet pilote relativement à l'utilisation de cette carte comme pièce d'identité en 2010 et, lors de l'élection générale de 2011, environ 900 000 Canadiens, à plus de 5 600 bureaux de scrutin, étaient en mesure d'utiliser cette carte comme pièce d'identité. Cette initiative a été particulièrement pratique dans les bureaux de scrutin situés dans les foyers de soins de longue durée et dans les foyers pour personnes âgées.
Malheureusement, en raison de la Loi sur l'intégrité des élections adoptée par l'ancien gouvernement, les Canadiens n'ont pas pu utiliser leur carte d'information de l'électeur comme pièce d'identité pour l'élection de 2015. L'automne dernier, le directeur général des élections a recommandé au comité de la procédure et des affaires de la Chambre de rétablir l'autorisation d'utiliser cette carte. Il a dit que cette mesure serait particulièrement utile pour trois groupes d'électeurs qui ont souvent de la difficulté à prouver leur lieu de résidence: les jeunes, les personnes âgées et les Autochtones.
Permettre de nouveau l'utilisation de la carte d'information de l'électeur habiliterait davantage de Canadiens à voter.
Deuxièmement, le projet de loi ramènerait la possibilité d'avoir recours à un répondant. Ainsi, un citoyen canadien pourrait agir à titre de répondant pour permettre à une autre personne de voter. Avant la Loi sur l'intégrité des élections, un électeur canadien admissible pouvait être le répondant d'une personne qui devait prouver son identité et son lieu de résidence, mais qui n'avait pas de pièce d'identité adéquate en main. Les limites concernant le recours à un répondant ont créé des obstacles importants à l'exercice du droit de vote.
Une enquête menée par Statistique Canada l'année dernière estimait à 172 000 le nombre de Canadiens ayant affirmé ne pas avoir pu voter parce qu'ils n'avaient pas de pièce d'identité adéquate. C'est un problème qui touche particulièrement les Autochtones des réserves et les sans-abri.
Troisièmement, le projet de loi aidera Élections Canada à nettoyer les données du Registre national des électeurs. Il s'agit d'une demande du directeur général des élections, qui souhaite obtenir plus d'outils pour améliorer le registre. S'il est adopté, le projet de loi accordera à Élections Canada de nouvelles ressources pour affiner les données du registre et rendre son utilisation plus efficace.
Quatrièmement, le projet de loi améliorera la confiance du public envers l'intégrité des élections en répondant aux préoccupations soulevées quant à l'indépendance du commissaire aux élections fédérales en raison de la Loi sur l'intégrité des élections. Le commissaire est un fonctionnaire non partisan qui est responsable des enquêtes sur les manquements potentiels liés à l'exercice du droit de vote, comme la fraude électorale et les irrégularités financières. Il veille au respect des dispositions de la Loi électorale du Canada.
Auparavant, de 1974 à 2014, le directeur général des élections nommait le commissaire, et ce dernier relevait de lui, au sein d'Élections Canada. Aux termes de la Loi sur l'intégrité des élections du gouvernement précédent, le commissaire a été transféré au bureau du directeur des poursuites pénales. Des Canadiens nous ont dit, lors des consultations sur la réforme électorale, qu'ils redoutaient que le commissaire ait moins d'indépendance. Le projet de loi améliorera la confiance en l'intégrité du régime électoral en clarifiant la situation.
Enfin, on estime que le projet de loi étendra le droit de vote à plus d'un million de Canadiens vivant à l'étranger. Aujourd'hui, les Canadiens qui vivent à l'étranger peuvent seulement voter dans les cinq ans après avoir quitté le Canada, à condition qu'ils aient l'intention d'y revenir. Ces restrictions sont actuellement contestées devant la Cour suprême du Canada. Le projet de loi éliminerait un obstacle à l'exercice du droit de vote pour les Canadiens qui, même s'ils choisissent de vivre à l'étranger, se soucient de l'avenir du pays et désirent se faire entendre. Cette proposition n'a pas d'incidence sur les électeurs qui sont membres des Forces armées canadiennes, car ils ont déjà le plein droit de vote, indépendamment du lieu où ils sont affectés.
J’aimerais parler brièvement du mandat de la en ce qui concerne la protection du système électoral contre les cyberattaques. De concert avec ses collègues le et le , la ministre a demandé au Centre de la sécurité des télécommunications d’analyser sans attendre les risques qui pèsent sur le système électoral et de produire à ce sujet un rapport public. De plus, nous demanderons au Centre de conseiller les partis politiques sur les pratiques exemplaires à suivre en matière de cybersécurité.
En conclusion, le gouvernement apprécie énormément le travail accompli par le comité spécial par rapport à la réforme électorale et aux autres enjeux importants qu’il a soulevés dans le cadre de son étude. Nous sommes toujours résolus à renforcer les institutions et les processus démocratiques du Canada. Le projet de loi lèverait des obstacles que doivent surmonter les gens pour voter, il encouragerait la participation et il uniformiserait les règles que doivent suivre les partis politiques. Nous cherchons en outre à protéger le processus électoral canadien des cybermenaces et à renforcer la transparence du système de financement politique.
Pourquoi prendre ces mesures? C'est parce que les Canadiens ont à coeur leurs institutions démocratiques, que le monde entier envie. Les Canadiens ont confiance dans le système d'ici, qui jouit d’une renommée mondiale. Le gouvernement reste déterminé à améliorer, à renforcer et à protéger la démocratie. L’action du Comité spécial sur la réforme électorale est une contribution majeure à ces efforts.
:
Madame la Présidente, je ne suis pas d'accord avec un des points soulevés par le secrétaire parlementaire. Il a indiqué qu'il n'y avait pas vraiment de consensus et qu'il serait irresponsable d'aller de l'avant dans ces conditions. La recommandation 12 du rapport montre que c'est inexact. Elle dit:
Le Comité reconnaît que, de ceux qui voulaient du changement, la grande majorité des témoignages était en faveur de la représentation proportionnelle [...] Par conséquent, le Comité recommande:
Que le gouvernement organise un référendum dans lequel le système actuel est sur le bulletin de vote;
que le référendum propose l'implantation d'un système électoral proportionnel qui atteint une note de 5 ou moins sur l'indice 'Gallagher';
que le gouvernement complète la conception du système électoral alternatif proposé au référendum avant le début de la campagne référendaire.
Il en ressort que lorsqu'on est insatisfait du statu quo, comme c'était le cas de nombreux Canadiens, on cherche la solution de rechange qui obtient le plus d'appui. De façon générale, cette solution était la proportionnalité. Il en existe différentes sortes; c'est au gouvernement qu'il revient de choisir. Après tout, c'est lui qui rédige les politiques et qui ne cherche pas à obtenir l'unanimité sur les questions avant d'y donner suite. Il cherche l'assentiment de la majorité.
En conséquence, le gouvernement aurait décidé s'il y avait lieu d'opter pour le vote unique transférable, qui est un type de proportionnalité, ou encore pour un autre mode, celui de la proportionnalité multinominale. C'est ce que le gouvernement aurait choisi. Il aurait ensuite soumis cette question aux électeurs canadiens, qui auraient voté oui ou non.
Voilà la façon de déterminer si la majorité des Canadiens y est favorable, et c'est la majorité qui décide. Elle aurait à se prononcer avant que nous puissions aller de l'avant. Un gouvernement élu avec 39 % des voix n'est sûrement pas placé pour faire valoir qu'il est nécessaire de dégager un consensus pour faire quoi que ce soit. On ne réussit jamais à s'entendre sur l'identité des personnes qui devraient siéger ici. Il arrive qu'un parti obtienne plus de 50 % des voix, mais le vote ne fait jamais l'objet d'un consensus.
Les délibérations du Comité spécial sur la réforme électorale ont pris fin il y a près de six mois exactement, le 1er décembre dernier. Son rapport a rallié l’appui d’une majorité des membres du comité, notamment de quatre sur cinq des partis qui y étaient représentés, ce qui constitue un très large consensus.
Le comité s’est employé à élaborer une proposition qui permettrait au gouvernement de respecter l’engagement qu’il a fait pendant la campagne électorale de 2015, engagement qu’il a réitéré dans le Discours du Trône, à savoir que « les élections de 2015 seront les dernières à être organisées selon le système électoral majoritaire à un tour », à la seule condition que le nouveau système électoral soit approuvé au préalable par la population canadienne, à l’occasion d’un référendum.
Si nos recommandations avaient été retenues, un nouveau système électoral aurait pu être conçu au printemps 2017, adopté par référendum pendant l’été et, sous réserve de son approbation par la population canadienne, mis en œuvre à temps pour les élections de 2019, de sorte que le aurait respecté sa promesse électorale.
Le comité était bien conscient que les Canadiens n’appuyaient pas massivement un système électoral en particulier. Toutefois, au cours de nos délibérations et à la suite des sondages électroniques que nous avons menés, y compris une dizaine de sondages nationaux, deux constatations se sont imposées à nous.
Premièrement, même s’ils ne constituaient peut-être pas la majorité, les Canadiens qui voulaient modifier le système électoral privilégiaient une certaine forme de proportionnalité.
Deuxièmement, en soumettant le nouveau système à un référendum national, que ce soit un nouveau système électoral proportionnel ou le système actuellement en vigueur, c’est le système qui remporterait le plus de voix qui serait considéré comme le système légitime à utiliser pour les élections de 2019.
J’avais l’intention, au départ, de relire la recommandation 12 du rapport que je viens de citer pour illustrer ce point.
Mais cette recommandation a été rejetée par le premier ministre, qui a annoncé le 1er février qu’il n’avait pas l’intention de tenir une promesse que, jusqu’à ce moment-là, il considérait comme un engagement sacré. Interrogée à CBC le 2 février, une source libérale anonyme a expliqué en ces termes pourquoi le premier ministre avait changé d’avis. « Il n’avait pas un avis définitif là-dessus… et avec le temps, il en est arrivé à penser que la représentation proportionnelle n’était pas du tout ce qu’il fallait pour un pays caractérisé par sa grande superficie et sa diversité régionale et culturelle. »
Il était ouvert au concept de la proportionnelle, mais les faits l’ont fait changer d’avis. Je me demande quels faits sont apparus pendant nos délibérations qui l’ont fait changer d’avis. Il nous le dira peut-être un de ces jours. Je pense qu’il y a une explication à ce revirement du .
Voici une explication qui me paraît plus juste.
Je pense que le voulait vraiment modifier le système électoral, mais qu’il n’était pas prêt à opter pour un autre système que celui qu’il préfère, à savoir le scrutin préférentiel. Il l’a dit clairement pendant la période des questions le 1er février, en disant:
Comme les députés le savent, j’ai une préférence de longue date pour un mode de scrutin préférentiel. Le [NPD] veut une la représentation proportionnelle. L’opposition officielle souhaite la tenue d’un référendum. Il n’y a pas de consensus.
Il n’y a pas de voie claire à suivre.
Il y avait pourtant bel et bien un consensus pour tenir un référendum sur la représentation proportionnelle. La seule chose qui n’était pas envisageable, car les Canadiens n’en voulaient absolument pas, c’était le mode de scrutin préférentiel. Alors le a ramassé ses billes et il est rentré chez lui.
Imaginons un instant que les remarques du au sujet de l’impasse dans laquelle se trouvait le comité aient vraiment reflété la réalité. Autrement dit, imaginons que le comité se soit vraiment retrouvé dans une impasse, et que le NPD et le Parti vert aient présenté un rapport dissident recommandant la proportionnelle, pour que ces deux partis puissent gagner des sièges supplémentaires? Imaginons que les arguments des conservateurs en faveur d’un référendum aient été contrecarrés par les libéraux, qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour les présenter comme une façon de préserver le statu quo, c’est-à-dire un système électoral qui optimise le nombre de sièges remportés par les conservateurs?
Dans un tel scénario, où chaque parti défend ses propres intérêts, le aurait pu défendre une position d’équivalence morale. Il aurait pu dire qu’il n’était pas pire que les autres partis en préconisant le système électoral qui avantageait son propre parti aux prochaines élections. Je cite, pour mémoire, une étude examinée par le comité, qui indiquait que le scrutin préférentiel aurait donné en moyenne, en conservant les mêmes préférences des électeurs, 19 sièges de plus aux libéraux aux élections des 20 dernières années, mais qu’il y aurait plus d’équivalence. Les néo-démocrates veulent un système qui leur donnera plus de sièges. Les conservateurs veulent un système qui leur donnera plus de sièges. Les libéraux veulent la même chose.
Selon ce scénario, la mise en œuvre d’un scrutin préférentiel à temps pour les élections de 2019 n’aurait pas semblé aussi moralement indéfendable dans un univers où, premièrement, il n’existe aucun consensus parmi les Canadiens pour un nouveau système électoral et que, par conséquent, le gouvernement ne peut pas s’inspirer de la volonté des Canadiens; deuxièmement, chaque parti ne défend que ses propres intérêts électoraux et troisièmement, la promesse la plus claire qui avait été faite pendant la campagne électorale de 2015 était que, quoi qu’il advienne, les élections de 2019 seraient organisées selon un système qui devait être différent du système uninominal majoritaire à un tour. Je pense que c’est parce qu’il voulait vraiment concrétiser ce scénario que le n’a cessé de répéter, pendant toute une année, qu’il avait pris un engagement, qu’il allait le tenir et qu’il n’était pas du genre à renoncer facilement à ses engagements, quel qu’en soit le prix.
Finalement, avec ce scénario, si on s’apercevait, après avoir mené des consultations nationales sur la réforme électorale, qu’il ne restait plus assez de temps au directeur général des élections pour mettre en œuvre un nouveau système nécessitant un redécoupage électoral, il aurait alors été quasiment impossible d’introduire quelque forme de proportionnelle que ce soit étant donné qu’il faut environ deux ans pour procéder à un redécoupage électoral. Le gouvernement aurait donc pu annoncer, à peu près à cette date, dans le cadre d’un nouveau projet de loi, qu’on n’avait pas assez de temps pour mettre en place autre chose qu’un système à scrutin préférentiel. Le gouvernement a fait une promesse, en disant qu’elle était sacrée et qu’il ne reviendrait pas là-dessus. Il a dit que le peuple lui en avait donné le mandat. De cette façon, en 2019, il aurait eu un système en place qui aurait assuré aux libéraux un autre gouvernement majoritaire avec à peine 35 % du vote populaire ou un gouvernement minoritaire avec peine 30 %.
La mise en œuvre d’un mode de scrutin préférentiel était manifestement ce que le espérait. Et c’est dans cette optique qu’il a commencé à faire valoir ses arguments. Dans un pays comme le Canada, le scrutin préférentiel est supérieur à la proportionnelle.
Par exemple, c’est ce que le a déclaré aux étudiants à l'Université de New York, le 21 avril de l'an dernier. Il a dit en substance: « Nous voulons que notre gouvernement et notre Parlement reflètent tout un éventail d’opinions. Vous êtes d’accord avec moi? Bien sûr. Nous sommes tous d’accord là-dessus. Il y a plusieurs façons d’atteindre cet objectif. On peut avoir 50 partis différents à la Chambre des communes [un scénario catastrophe relevant d'une stratégie de communication débridée, je suppose], chacun représentant un point de vue différent pour bien représenter la diversité du pays, ou plutôt un moins grand nombre de partis qui réussissent mieux à représenter un vaste éventail d’opinions et de points de vue différents. Qu’est-ce qu'on veut privilégier: la différence ou l’accommodement et l’inclusion? Je ne vais pas vous donner la réponse, mais j’ai mon opinion à moi en tant que chef d’un parti libéral rassembleur qui valorise la diversité. »
En fait, vue sous cet angle, la promesse faite par le lorsqu’il a présenté pour la première fois sa proposition de réforme électorale en juin 2015 apparaît maintenant comme une promesse adroitement formulée, qui donne l’impression qu’il est ouvert à la proportionnelle alors qu’en réalité il y est totalement opposé. Et on se rendra compte par la suite que ce n’était qu’un leurre.
En juin 2015, il a dit: « Nous devons avoir l’assurance que notre droit de vote compte, chaque fois que nous l’exerçons. Chaque vote doit compter. Or, ma proposition a pour but d’assurer que chaque vote compte. Nous nous engageons à faire en sorte que l’élection de 2015 sera la dernière à utiliser notre système uninominal majoritaire à un tour. Ainsi, dans le cadre d’un processus d’engagement national, nous nous assurerons que des mesures de réforme électorale -- comme les bulletins de vote hiérarchisés, la représentation proportionnelle [...] -- soient entièrement et équitablement examinées et considérées. »
Cette promesse a été faite pour que chaque vote compte. Ce sont les mots qu’il a employés, « s'assurer que chaque vote compte ». C’est aussi la phrase qui a été répétée dans le discours du Trône.
Cette phrase signifie une seule chose dans le contexte de la représentation proportionnelle, à savoir que notre vote permet d’élire un député du parti qui a notre préférence, lequel joue ensuite son rôle à la Chambre des communes. C’est tout à fait différent du scrutin préférentiel, selon lequel notre deuxième et notre troisième choix sont pris en compte pour la constitution d’un parti rassembleur.
En juin 2015, seuls quelques observateurs avaient remarqué que quelque chose ne tournait pas rond dans le message. L'un d'entre eux, John Geddes, a mentionné, à la suite d'une entrevue avec le chef du troisième parti de l'époque, le actuel:
Il n'est pas possible de donner un poids égal aux divers éléments qui figurent sur cette courte liste d'idées en vue d'une réforme [...] Des spécialistes indiquent que ces deux systèmes n'ont pas grand-chose en commun. Loin d'être des variantes d'un même thème en vue d'une réforme, ce sont des propositions entièrement distinctes, et chacune est conçue pour régler un différent problème perçu.
Pour le dire clairement, un scrutin préférentiel et un scrutin proportionnel sont deux solutions différentes à deux problèmes différents que nous ne devons pas présenter comme des solutions de rechange au même problème.
Il a ensuite cité Jonathan Rose, un professeur de sciences politiques à l'Université Queen's qui était le spécialiste lors de l'Assemblée des citoyens de l'Ontario sur la réforme électorale, il y a une dizaine d'années. M. Rose a dit: « Trudeau a choisi deux modèles très différents. Je crois que c'est un peu déroutant; ces modèles ne sont pas équivalents. »
Geddes a ensuite paraphrasé les propos de M. Rose en disant:
[M. Rose affirme] que la représentation proportionnelle vise principalement à régler le problème des petits partis qui ne réussissent pas à gagner un nombre de sièges qui reflètent leur part du suffrage. Le vote préférentiel ou alternatif est conçu, selon ses dires, pour « conférer une légitimité » au candidat gagnant dans une circonscription donnée.
Ces deux personnes ont compris cela avant l'élection générale, mais la plupart des gens ne s'en sont pas rendu compte.
L'argument, qui a deux significations différentes selon l'auditoire, constituait l'appât. La substitution devait venir une fois que la preuve de l'absence de consensus aurait été faite, que l'intérêt des autres partis serait ressorti au cours des audiences du comité spécial et que l'option de la représentation proportionnelle ne serait plus possible faute de temps. Le pourrait alors passer à l'étape suivante, en se montrant à la fois réticent et résolu, et ainsi prouver qu'il respecterait toujours ses promesses, même si cela l'obligeait à adopter un mode de scrutin préférentiel, un mode qui, comme par hasard, assurerait à son parti 19 sièges de plus en moyenne lors d'élections dans un contexte normal.
Quand on y regarde de plus près, on constate que le a toujours beaucoup tenu au scrutin préférentiel, pour des raisons que j'ai déjà exposées, et n'a jamais sincèrement envisagé la représentation proportionnelle. J'ai ici un exemple qui le montre bien: une lettre de Kiel Dixon, un membre de l'équipe chargée de la correspondance du — de la correspondance du Parti libéral de l'époque en fait —, en date du 19 décembre 2014. Il venait d'y avoir un vote sur la réforme électorale à la Chambre et le avait voté contre.
M. Dixon écrit ce qui suit:
[Notre chef, le premier ministre actuel,] croit qu'il est important d'adopter une approche en matière de réforme électorale qui est fondée sur des données probantes, plutôt qu'une approche idéologique, et de tenir compte de toutes les options possibles. En outre, il n'appuie pas la représentation proportionnelle, car il croit profondément que chacun des députés doit représenter des Canadiens en chair et en os et de véritables collectivités, et non simplement le parti politique qui l'a nommé à la Chambre des communes.
Plus loin, M. Dixon fait une comparaison avec la course à la direction du Parti libéral:
Cette course à la direction a été tout à fait unique et l'une des plus ouvertes dans l'histoire du Canada [...] le système traditionnel, soit le scrutin majoritaire uninominal à un tour, a été remplacé par un scrutin préférentiel, afin d'accorder plus de choix aux Canadiens. Dans le cadre de ce scrutin, les électeurs classent les candidats par ordre de préférence, et le gagnant éventuel doit obtenir plus de 50 % des suffrages exprimés. Si ce mode de scrutin était utilisé lors des élections générales, les députés devraient obtenir l'appui de la majorité des résidants de leur circonscription, au-delà de leur électorat traditionnel, ce qui donnerait lieu à un gouvernement plus représentatif. Il est aussi important d'envisager des options comme le mode de scrutin préférentiel pour veiller à ce que toute une gamme de réformes soit présentée.
Déjà, en 2014, le avait indiqué ne pas être intéressé par le scrutin proportionnel. D'ailleurs, il n'a jamais été disposé à envisager ce mode de scrutin. C'était sa position jusqu'à ce qu'il soit en mesure de brouiller un peu les cartes en donnant l'impression d'être ouvert au scrutin proportionnel, mais sans jamais se déclarer ouvertement en faveur de l'idée. Il a donc établi une série de marqueurs visant à lui permettre de s'orienter vers un système qui permettrait aux libéraux d'obtenir davantage de sièges avec le même nombre de votes des électeurs canadiens. Le premier ministre souhaitait modifier le mode de scrutin de façon à favoriser les libéraux à chaque élection.
Le scrutin préférentiel aurait permis aux libéraux d'obtenir de meilleurs résultats qu'en 2011, une élection désastreuse pour eux, et de remporter une victoire encore plus écrasante en 2015. Ce mode de scrutin leur permettrait invariablement de faire meilleure figure lors des élections alors qu'il désavantagerait évidemment tous les autres partis. Les votes exprimés seraient réorganisés d'une façon qui, de toute évidence, n'intéresse pas les Canadiens. En effet, lors de nos consultations, les Canadiens ont systématiquement répété ne pas vouloir envisager le scrutin préférentiel.
Je profite du temps de parole qu'il me reste pour préciser que je ne suis pas contre le scrutin préférentiel dans cette enceinte. J'ai moi même conçu le système de scrutin préférentiel pour l'élection du Président de la Chambre des communes et j'ai participé à la conception du système de scrutin préférentiel pour l'élection du chef du Parti conservateur. J'ai aussi élaboré le système de scrutin préférentiel pour l'élection des conseillers nationaux au Conseil national du Parti conservateur. Enfin, lorsqu'il y aura un référendum dans un an à la ville de Kingston sur le scrutin préférentiel pour l'élection des conseillers municipaux, je crois que j'appuierai l'idée. Une partie de la ville de Kingston se trouve dans ma circonscription.
Dans tous ces exemples, il n'y a pas de régime des partis qui mènerait à un scénario catastrophe à la Chambre des communes. Voici ce qui arrive toutefois lorsqu'un régime des partis est en place: certains partis, en général au centre, sont avantagés et remportent plus de sièges. Le phénomène se répète à maintes reprises, circonscription après circonscription. Ainsi, un parti prédomine.
C'est ce qui est arrivé en Australie à l'adoption de ce régime. Le mode de fonctionnement immuable profite au parti libéral de ce pays depuis un siècle maintenant, principalement aux dépens du parti travailliste. Il a eu un effet concret et profond sur les intérêts politiques de l'Australie.
Qu'on me comprenne bien: j'aime l'Australie. Presque tout de ce pays me plaît. Toutefois, ce régime n'aurait pas dû être adopté en 1918 par un gouvernement qui a saisi l'occasion de pouvoir se perpétuer, point final.
Le principal objectif d'organiser un référendum, et d'ainsi retirer ce type de décisions des mains des politiciens, est d'éviter le conflit d'intérêts qui touche tous les députés. Nous pouvons tous déterminer qui sera avantagé par quel régime. Une seule solution s'impose: il faut tenir un référendum sur l'établissement d'un régime qui a des chances raisonnables de l'emporter parce qu'il semble bénéficier de l'appui le plus important. Toute autre approche est une perte de temps.
C'est la solution logique et c'est aussi ce qu'a proposé le comité. Je l'appuie. J'espère que tous les députés appuieront le rapport du comité lorsque cette question sera mise aux voix plus tard aujourd'hui.
:
Madame la Présidente, je suis content de pouvoir prendre la parole sur cette question.
Je voudrais remercier le gouvernement de nous avoir informés de l'existence de ce débat. Comme c'est un débat qui a été initié par le NPD, j'aurais quand même apprécié que l'information vienne de ce parti. J'imagine que le tir pourra être corrigé la prochaine fois.
Comme cela a été dit, le système actuel présente un important problème, soit la distorsion majeure qui existe entre les votes exprimés aux élections, la proportion du pouvoir obtenu par les partis et la proportion des députés de chaque parti qui sont élus par la suite. C'est pourquoi la réforme du mode de scrutin, qui pourrait apporter un élément de proportionnalité, devrait aller de soi.
Le système actuel fonctionnait bien à l'époque où nous étions dans un bipartisme, soit l'alternance entre deux partis représentés à la Chambre. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle la Chambre est disposée ainsi. Nous ne sommes pas dans un hémicycle, qui permettrait davantage de collégialité; il y a plutôt deux rangées de banquettes et les gens s'affrontent. C'est donc conçu en fonction du bipartisme.
Toutefois, ce n'est plus la réalité qu'on observe aujourd'hui. Seulement à la Chambre, ici, il y a cinq partis. Le système actuel est désuet, et c'est pourquoi, lorsque j'ai lu la promesse électorale du Parti libéral de réformer le mode de scrutin, j'en ai déduit tout de suite que c'était pour s'attaquer à cela, puisque cela devait être fait. Cela va de soi.
C'est aussi pour cela qu'on a mis sur pied le Comité spécial sur la réforme électorale. Grâce à l'initiative du NPD, la députée du Parti vert et un député du Bloc québécois ont pu siéger à ce comité spécial. Cela a été accepté à la Chambre, et j'applaudis à cette initiative. J'ai eu la chance de faire partie de ce comité lors des tournées, et je peux dire que nous avons travaillé fort. Nous dormions très peu, car nous avions un horaire chargé et c'était très intense. Il y avait beaucoup de déplacements et de rencontres. Nous avons beaucoup appris de cette expérience. Le consensus qui s'est dégagé des consultations que nous avons menées, c'est le désir de réformer le mode de scrutin afin de réduire l'écart entre le pourcentage de votes exprimés et le pourcentage de sièges obtenus. Cela doit être fait, car il se dégage vraiment un consensus à ce sujet.
Le comité a travaillé fort à ce sujet et a réussi à déposer un mémoire très intéressant qui allait en ce sens. Ce qui m'a vraiment étonné, toutefois, c'est que les députés du Parti libéral qui siégeaient à ce comité s'y soient opposés. C'est rare qu'il y a une telle collaboration, mais c'est tout de même une question fondamentale. Nous avons eu l'approbation des députés du Parti conservateur, du NPD, du Parti vert et même du Bloc québécois. En fait, nous n'avons même pas fait de rapport dissident, tellement nous étions en accord sur le rapport du comité. Tout au long des consultations, les députés libéraux semblaient appuyer ce vers quoi nous nous dirigions. J'ai donc été déçu de voir le recul des députés de ce parti.
Pendant les consultations, la disait qu'elle faisait confiance au comité, qu'elle était convaincue qu'il produirait un bon rapport et qu'on irait de l'avant. Chaque fois que nous la questionnions à la Chambre sur son désir de réformer le mode de scrutin pour y ajouter un élément de proportionnalité, elle nous faisait jouer la cassette, jusqu'au moment où elle a vu dans quelle direction allait le rapport du comité. À ce moment, elle a même eu des propos durs concernant le travail du comité. Elle s'est excusée par la suite, mais le message avait quand même été envoyé: cela n'allait pas dans le sens de ce que voulait vraiment le Parti libéral. Cela allait seulement dans le sens de sa promesse électorale, et ce n'était pas suffisant.
Le rapport a donc été désavoué par le gouvernement. Le a fait un remaniement ministériel et a nommé une nouvelle ministre à ce poste, qui a tout désavoué, la promesse comme les conclusions du rapport. Cette grande déception a de quoi alimenter le cynisme de la population, évidemment.
À la Chambre, les électeurs qui votent pour des petits partis sont discriminés, parce que la proportion d'élus des petits partis est plus petite que la proportion de votes qu'ils ont récoltés. Je veux souligner une autre discrimination que subissent les gens qui votent pour les petits partis.
La discrimination est double. Les électeurs qui votent pour ces petits partis sont moins représentés à la Chambre. Ils font souvent le choix stratégique de ne pas voter pour les petits partis, car ils se disent que, bien que le petit parti les représenterait mieux, le mode de scrutin actuel fait en sorte que son candidat a moins de chances d'être élue.
L'autre genre de discrimination, c'est le fait qu'il y a deux catégories de députés à la Chambre. En effet, lorsqu'un parti n'a pas 12 députés élus à la Chambre, comme c'est le cas pour le parti de ma collègue de , le Parti Vert, et pour le mien. Ces partis tombent dans une deuxième catégorie où ils subissent vraiment de la discrimination et où leurs députés ont moins de moyens que ceux d'un parti reconnu à la Chambre pour bien effectuer leur travail. En nous faisant subir une telle discrimination, c'est le droit des électeurs qui ont voté pour les petits partis qui est brimé. À mon avis, cela devrait être modifié dans les meilleurs délais. En effet, la situation actuelle est directement contraire aux principes de la démocratie. Je me permets donc de la qualifier de mesure antidémocratique.
Je donnerai des exemples. Premièrement, nous, les députés qui ne faisons pas partie d'un groupe reconnu, sommes exclus des comités. Pourtant, c'est en comité que le vrai travail de bonification des lois se fait. On ne peut que participer à la toute fin du processus, pour proposer des amendements qui seront rapidement débattus avant d'être rejetés ou non. Si le Président juge nos amendements irrecevables, nous ne pouvons pas lui dire respectueusement que nous ne sommes pas d'accord avec lui puisque nous n'avons pas le droit de parole. Ainsi, nous avons moins de moyens pour faire valoir les sensibilités de nos concitoyens. Par exemple, le Bloc québécois porte les dossiers et les intérêts du Québec, et nous aimerions pouvoir les faire valoir davantage à la Chambre, car nous trouvons qu'ils sont mal portés par les autres partis de la Chambre. C'est notre spécificité, or nous ne pouvons pas le faire.
Actuellement, le comité termine le processus entourant le projet de loi , un projet de loi mammouth de 308 pages qui touche plusieurs ministères. Nous ne pouvons pas nous faire entendre, comme le peuvent les autres partis. Les analystes du comité ont dit qu'il s'agissait d'un projet de loi très compliqué, et ils ont préparé un important rapport d'analyse, article par article, pour présenter ce dont il s'agit. Nous avons demandé l'accès au rapport, mais cela nous a été refusé puisque nous ne faisons pas partie du comité.
Nous ne faisons pas partie du comité et nous n'avons pas accès aux documents produits par les analystes, ce qui nous met davantage à l'écart. De plus, comme nous ne formons pas un parti reconnu, nous n'avons pas accès aux fonds permettant d'engager des recherchistes. Évidemment, le gouvernement a accès aux fonctionnaires de l'ensemble des ministères, ce qui lui donne tout un avantage. L'opposition officielle a accès à plus de 10 millions de dollars par année pour engager des recherchistes qui feront un travail d'analyse. Une somme de 10 millions de dollars, c'est quelque chose! Quant au deuxième parti de l'opposition, je crois qu'il a droit à 4 millions de dollars. Nous, nous n'avons droit à rien. Nous n'avons même pas accès aux rapports du comité. Que faisons-nous de nos soirées, de nos nuits et de nos fins de semaine? Nous faisons de l'épluchage.
Le gouvernement présente des rapports et des projets de loi mammouths, ce qui contrevient à une autre de ses promesses électorales. Cela nous donne plus de travail. C'est assez difficile de passer à travers tout cela et d'en faire ressortir les éléments cachés. Un des éléments du projet de loi vise à retirer l'accès des simples députés au directeur parlementaire du budget. Tel que présenté à la Chambre, le projet de loi C-44 ne nous permettra plus de faire des demandes au directeur parlementaire du budget sur des sujets d'intérêt général. Encore une fois, nous subissons davantage de discrimination, ce qui revient à faire preuve de discrimination envers les électeurs qui votent pour un tiers partis.
Heureusement, cet avant-midi, j'ai présenté un amendement à cet effet en comité. Le processus tire à sa fin. Nous avons trouvé une aberration totale dans le projet de loi , qui consiste à donner le statut de mandataire du gouvernement à la Banque de l'infrastructure et, ce qui est pire, à tous les projets privés qui passeront par elle. C'est un recul jamais vu. Jusqu'à maintenant, le gouvernement devait utiliser la clause dérogatoire, comme dans le cas du pont Champlain, pour soustraire les infrastructures aux lois du Québec, comme la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles et la Loi sur la qualité de l'environnement, entre autres. Maintenant, ces projets vont pouvoir passer directement si le gouvernement le veut. C'est grave.
Nous nous sommes tapé les 308 pages sans avoir accès aux documents à la disposition des partis reconnus et sans financement pour la recherche. Nous avons quand même réussi, à force de labeur, à sortir quelque chose de très intéressant, et on n'a pas fini d'en entendre parler.
En étant des députés de deuxième ordre ou de seconde zone, nous ne pouvons pas prendre la parole rapidement à la Chambre sur les projets de loi. Notre temps de parole arrive au 34e rang. Souvent, quand le gouvernement impose un bâillon, nous n'avons tout simplement pas accès à notre temps de parole. C'est une discrimination extrême, parce que nous apportons à la Chambre des propos qu'on n'entendrait pas autrement. Nous représentons les intérêts de la population du Québec. Nous avons quelquefois notre temps de parole juste avant le bâillon. Cette fois, c'est ma collègue et amie de du Parti vert qui en est exclue. C'est une mesure discriminatoire.
À la période des questions, on nous met à la toute fin. Les étudiants et les gens qui viennent assister à la période des questions en ont assez entendu après trois quarts d'heure et, comme il y a souvent du brouhaha à la Chambre, ils partent avant même qu'on pose nos questions. C'est la même chose avec les journalistes. On est donc encore une fois victimes de discrimination.
Je rappelle encore qu'avec le mode de scrutin actuel, le pourcentage d'élus qu'ont les petits partis est nettement inférieur au pourcentage de votes exprimés. Nous sommes victimes de discrimination une première fois. En vertu de la règle des 12 députés, nous en sommes victimes une seconde fois. Nous sommes des élus de seconde zone.
Je souhaite ardemment que ces règles soient revues, d'autant plus que dans le fond, cette convention est basée sur une règle de fonctionnement interne qui dit que dès qu'un groupe parlementaire est composé de 12 élus, on accorde une prime aux officiers du parti, c'est-à-dire au chef, au leader, au président du caucus et au whip.
Nous, les primes ne nous intéressent pas. Ce n'est pas cela que nous demandons. Nous sommes bien d'accord avec le fait de ne pas les avoir si nous sommes moins de douze. Ce que nous demandons, c'est d'avoir des moyens équivalents aux autres députés pour bien défendre les intérêts de nos électeurs.
Cela est d'autant plus choquant que lorsqu'on voit ce qui se passe ailleurs dans le monde, on constate que ce genre de situation n'existe pas. Par exemple, au Parlement de Westminster, dès qu'il y a deux élus, ces derniers sont reconnus comme un parti et ils ont accès à tous les outils que nous réclamons. Au Québec, il y a l'exemple de Québec solidaire qui a aussi accès aux moyens de recherche. J'en profite d'ailleurs pour saluer l'élection de Gabriel Nadeau-Dubois hier. À ma connaissance, le Canada est la seule démocratie dans le monde où il y a une discrimination de ce genre à l'endroit des élus des tiers partis et donc de leurs électeurs. Cela devrait vraiment changer.
Comme je le disais, ce que nous voulons, c'est le respect des électeurs qui votent pour les petits partis. À mon avis, c'est un principe cher au Parti libéral. Dans l'idéologie du libéralisme, si on remonte, par exemple, aux écrits de John Stuart Mill, c'est une vision très britannique et anglo-saxonne. Dans le fond, c'est peut-être les petits groupes qui ont raison, laissons-les parler. C'était une valeur chère au Parti libéral et j'espère qu'il fera des modifications en ce sens.
En conclusion, il y a une autre aberration au Parlement canadien et c'est le fait qu'à l'autre endroit, les gens qui y siègent ne sont pas élus, mais plutôt nommés par le gouvernement, ce qui vient renforcer son pouvoir. Alors que la Chambre haute pourrait servir à mieux représenter les régions, on en fait un outil de renforcement du pouvoir. Quand je parle de l'autre endroit, on l'aura compris, c'est le Sénat. Depuis quelques années, on peut le nommer à la Chambre. Sur ce, je termine mon discours.
:
Madame la Présidente, je suis vraiment fière de participer aujourd'hui à ce débat très important. Je suis aussi vraiment fière de notre rapport, celui du Comité spécial sur la réforme électorale, qui s'intitule « Renforcer la démocratie au Canada : principes, processus et mobilisation citoyenne en vue d'une réforme électorale ».
Nous avons travaillé très fort à ce rapport. Nous étions 12 députés, et nous avons adopté une approche et un esprit très collégiaux tout au long de notre travail.
[Traduction]
Comme je viens de le dire, nous formions un comité composé de 12 députés de cinq partis — une composition unique pour un comité — et nous avons vraiment bien travaillé ensemble. Je salue la décision de l’ancienne ministre des Institutions démocratiques, l’actuelle et députée de , qui, par souci d’équité, a souhaité que le Bloc Québécois et le Parti vert participent aux travaux du Comité comme membres à part entière. Elle a même été plus loin — et je dois avouer que je n’aurais jamais cru les libéraux capables de franchir ce pas — en acceptant la demande du NPD voulant que les libéraux concèdent un de leurs sièges pour permettre à deux députés néo-démocrates d’y siéger à part entière, de sorte que le Comité soit composé de cinq libéraux, dont un agissant à titre de président. Je dois admettre que notre président, le député de , a fait un travail extraordinaire. Les membres votants étaient donc répartis comme suit: quatre libéraux, trois conservateurs, deux néo-démocrates, un député bloquiste et une députée du Parti vert.
Nous avons entendu les témoignages de personnes venues de partout au Canada. Nous nous sommes acquittés de notre mandat, et de façon admirable, je crois. Entre la fin juin et le 1er décembre, date à laquelle nous devions déposer notre rapport, nous avons eu plus de 60 réunions. Nous avons entendu des experts, les meilleurs experts en matière de réforme électorale, non seulement du Canada, mais du monde entier. Un grand nombre de spécialistes de la question, parmi les plus réputés au monde, se sont joints à nous par vidéoconférence. Nous avons également entendu des centaines, ou plutôt des milliers, des dizaines de milliers de Canadiens. Cela a mené à un consensus écrasant sur la nécessité, pour le Canada, d’en finir avec le système majoritaire uninominal à un tour.
Avant de passer à l’aspect politique, qui est de toute première importance, j’aimerais aborder brièvement le fond de la question.
J’ai travaillé pendant très longtemps à la réforme électorale. Bien avant d’être députée du Parti vert, j’étais déterminée à voir la fin du système majoritaire uninominal à un tour, et ce, à cause des résultats aberrants qu’il produit. Sur le fond de la question, les travaux du Comité nous ont manifestement appris que ce mode de scrutin ne permet pas au vote exprimé de se refléter dans le nombre de sièges. C’est la façon la plus simple de comprendre les effets pervers du système majoritaire uninominal à un tour. Là où le vote populaire pourrait donner un gouvernement minoritaire, le nombre de sièges produit un gouvernement majoritaire. Quand le pourcentage d’élus ne reflète pas celui du vote exprimé, la démocratie n’y trouve pas son compte.
Comme je l’ai dit, j’ai consacré des années à cette cause, mais il y a toujours beaucoup à apprendre et j’ai beaucoup appris comme membre du Comité spécial sur la réforme électorale. Par exemple, je ne savais pas comment l’Irlande avait hérité d'un système de vote unique transférable. Elle s'est retrouvée avec ce système parce que, lorsque le Parlement de Westminster a décidé en 1921 de lui accorder son propre Parlement, les Britanniques, qui s’inquiétaient pour les droits de la minorité protestante, ne voulaient pas que l’Irlande ait un système majoritaire uninominal à un tour. Ils ne voulaient pas qu'elle ait le même système que le Parlement de Westminster, si bien qu’ils lui ont donné un système de vote unique transférable, un système de représentation proportionnelle qui fonctionne encore bien.
La décision prise en Irlande en 1921 n’est pas étrangère au fait que cette année-là, notre Parlement, le Parlement du Canada, allait charger un comité d’étudier notre système électoral. Ce comité a conclu que le système majoritaire uninominal à un tour ne fonctionnait pas pour le Canada. C’est exact. Depuis 1921, nous le savons. C’est cette année-là qu’un comité a dit que, tant que nous aurions une démocratie avec plus de deux partis — et, depuis les années 1920, le Canada a toujours eu un régime multipartite — le système majoritaire uninominal à un tour ne serait pas favorable à la démocratie canadienne.
Nous avons travaillé fort pour décider alors ce qui améliorerait la démocratie canadienne, et c’est ce qui fait que ce rapport est si historique. Nous avons travaillé pour concrétiser la promesse du discours du Trône et l’engagement du que les élections de 2015 seraient les dernières à être tenues selon le système majoritaire uninominal à un tour. Nous voulions trouver, comme nous en avions le mandat, ce qui allait le remplacer.
Nous avons conclu qu’un système de représentation proportionnelle était ce qu’il fallait au Canada et qu’il pourrait être adapté aux besoins du Canada. Nous avons expressément exclu le genre de représentation proportionnelle utilisée en Israël ou en Italie. Nous avons dit que nous ne recommandions pas un système où nous n’avons que des listes de parti sur lesquelles les électeurs se prononcent. Nous voulons maintenir le lien crucial avec le député local, ainsi que la proportionnalité. En définitive, nous voulons que le vote populaire se reflète dans la répartition des sièges et que les députés soient élus pour représenter leurs concitoyens et qu'ils aient un lien avec la population locale. Il est important que les électeurs le sachent. Nous pourrons avoir les deux formules. C’est ce que notre comité a recommandé. Il a aussi recommandé de valider cela par référendum.
Pour la première fois, nous allons avoir, et nous avons effectivement aujourd’hui, un débat. Je souhaiterais que plus de députés y prennent part. C’est notre première chance, comme Parlement, de parler vraiment du genre de système électoral qui donnerait les meilleurs résultats pour le Canada. Nous savons que chaque député libéral ici a été élu en préconisant un programme qui délaisserait le système majoritaire uninominal à un tour. Je les supplie de ne pas laisser cette promesse tomber dans l’oubli. L’enjeu est trop important.
Depuis très longtemps, les Canadiens savent que le système majoritaire uninominal à un tour a pour résultat pervers de faire que la répartition des sièges ne reflète pas le vote populaire. Il est possible d’avoir — et, de fait, nous avons déjà eu deux fois au Canada — ce que les politologues appellent le « problème du mauvais gagnant ». Le problème du mauvais gagnant, c’est lorsque le parti qui a remporté le plus grand nombre de votes perd les élections. C’est arrivé deux fois au Canada. Mais pas récemment. Par contre, cela peut arriver et arrive effectivement dans les systèmes uninominaux majoritaires à un tour.
Comment être sûr que le vote populaire est reflété dans la composition du Parlement et que nous conservons l’avantage d’élire des députés qui ont fait du porte-à-porte dans la collectivité qui les connaît?
Il y a plusieurs solutions, et plusieurs compromis possibles. C’est le seul endroit où je regrette la façon dont notre comité a travaillé ensemble. En bref, nous avons manqué de temps. Nous avions une échéance ferme: nous devions déposer notre rapport au plus tard le 1er décembre. Je crois — en fait, j'en suis profondément convaincue parce que les 12 députés qui siégeaient au comité sont tous d’excellentes personnes — que, si nous avions eu plus de temps, si on nous avait laissés travailler en vue d'en arriver à un consensus, nous aurions pu nous demander: « Et si nous faisions une petite concession ici? Le problème est-il qu’il faut que nous ayons mis en oeuvre un système de représentation proportionnelle intégrale pour 2019? Et si nous le faisions graduellement, en mettant un petit peu plus d’équité dans notre système électoral pour 2019 et un peu plus encore aux élections suivantes? Cela fonctionnerait-il pour vous? » Nous n’avons jamais pu avoir cette discussion sur ce qui pourrait fonctionner si nous acceptions des compromis.
Mais il n’est pas trop tard pour le compromis. Sur cette motion d’adoption, j’espère certainement que les députés libéraux pourront voter librement, pour qu'ils puissent retourner dire à leurs concitoyens qu’ils ont effectivement voté dans le sens que les électeurs voulaient. Nous savons que les quatre députés de l’Île-du-Prince-Édouard viennent d’avoir un plébiscite en faveur d’une réforme électorale dans leur province. Nous savons que, en Colombie-Britannique, 40 % des électeurs viennent de voter pour le NPD et 17 % pour le Parti vert, et que 57 % des électeurs ont voté, encore une fois, pour les partis qui préconisaient très clairement l’abolition du système majoritaire uninominal à un tour.
Les députés savent ce que les électeurs de leur circonscription voudraient qu'ils fassent relativement à la motion. Je veux cependant exhorter les gens à prendre en considération le fait qu’en votant pour l'adoption du rapport, nous n'entraînerons pas un référendum de force et nous n’obligerons pas le gouvernement à passer à la représentation proportionnelle. Nous allons simplement poursuivre le débat et créer la possibilité de trouver un terrain d'entente, car ce terrain d'entente existe. Qu'il s'agisse de tenir un référendum en 2019, en même temps que le jour du prochain scrutin, de proposer un mode de scrutin à vote unique transférable, comme l'avait recommandé l'ancien directeur général des élections Jean-Pierre Kingsley, de regrouper les circonscriptions dans les vastes régions du pays où cela fonctionne et d’exclure les régions éloignées ou celles où les circonscriptions sont trop vastes, ou d’adopter l'approche du mouvement Représentation équitable au Canada, soit une série de règles électorales qui fonctionnent pour les Canadiens des régions rurales et une autre série de règles qui fonctionnent dans les circonscriptions où la population est plus concentrée, il est possible d’en arriver à des compromis.
Il est toutefois inacceptable de renier une promesse et de ne rien faire pour rétablir le lien de confiance. Les gens risquent de cesser de croire en la démocratie en soi, qu’il suffise de penser aux jeunes qui ont voté pour la première fois et qui ont cru à la promesse du . J’ai l’intime conviction qu'il avait l'intention de la respecter au moment où il l’a faite, et la démocratie ne s’en portera que mieux si nous travaillons tous ensemble pour que cette promesse soit tenue.
[Français]
C'est le moment de tenir cette promesse. Je demande aux députés de voter en faveur de cette motion.