La Chambre reprend l'étude du projet de loi , dont le comité a fait rapport avec des propositions d'amendement.
:
Madame la Présidente, c'est avec plaisir que je prends la parole aujourd'hui à propos du projet de loi , Loi prévoyant une procédure accélérée et sans frais de suspension de casier judiciaire pour la possession simple de cannabis. Je vais partager mon temps de parole avec le député d'.
Je tiens d'abord à dire très clairement que le Parti conservateur et le ont déclaré catégoriquement qu'ils n'ont pas l'intention de revenir sur la légalisation de la possession de marijuana. Cette affaire est réglée.
Ce que nous allons faire, par contre, en ce qui concerne le projet de loi est de lui apporter des corrections. Comme nous le savons, cette mesure législative a été adoptée l'an dernier, il y a de cela plusieurs mois. Je me souviens avoir dit à ce moment-là que je n'appuyais pas le projet de loi pour diverses raisons que j'avais précisées publiquement, notamment pour des questions liées au passage à la frontière.
J'estimais en outre qu'il y avait une certaine hypocrisie dans ce projet de loi, en ce qui concerne plus précisément la possession de cannabis chez les jeunes. Je pensais également que les corps policiers n'étaient pas prêts pour l'entrée en vigueur de la mesure législative puisqu'ils avaient besoin d'outils pour mettre en application ses dispositions portant sur la conduite avec facultés affaiblies par la drogue. Je me suis entretenu avec un grand nombre de jeunes dans ma circonscription et j'ai toujours certaines inquiétudes sur la question générale du risque que la marijuana soit une drogue d'introduction à d'autres drogues.
Ces préoccupations sont encore valables. Elles n’ont pas disparu. Cependant, cette loi est en vigueur maintenant; nous ne pouvons rien y changer. J’ai la ferme intention de la protéger afin qu’on ne l’abroge pas.
J’ajouterai que mon rôle à titre de porte-parole pour les anciens combattants m’a permis de comprendre les effets qu’a la marijuana sur ses utilisateurs et sur leurs familles. La marijuana a aidé bien des gens à cesser de consommer des opioïdes. Quand je siégeais au Comité permanent des anciens combattants et que je parcourais le pays pour parler à des vétérans et à leurs familles, on m'a souvent dit que les opioïdes étouffaient beaucoup d’émotions et de sentiments chez les vétérans, mais que dès qu’ils passaient à la marijuana, ils réussissaient à s’ouvrir. La marijuana cause moins de paranoïa que les opioïdes. Ces vétérans peuvent désormais fonctionner socialement et aussi au sein de leur famille. Je suis devenu un grand partisan de la marijuana à des fins médicales pour nos vétérans lorsque j’étais porte-parole pour les anciens combattants.
Je dirai aussi que, dans ma famille, la marijuana est devenue précieuse pour mon cousin, qui souffre d’épilepsie. Quand il fumait de la marijuana à des fins médicales, ses crises s’atténuaient et devenaient moins fréquentes.
Ces expériences m’ont vraiment amené à réviser ma position, particulièrement sur la question de la marijuana à des fins médicales. Je suis un ardent défenseur de ce projet de loi. Comme je l’ai dit plus tôt, nous n’avons pas l’intention d’abroger cette mesure législative. Maintenant qu’elle est adoptée, nous n’allons pas revenir en arrière.
Le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd’hui est également important. Ceux qui ont été accusés de possession simple sont vraiment pénalisés. Depuis plus de trois ans que je suis député, des membres du public viennent à mon bureau pour me décrire les torts qu’une accusation de possession simple a causés dans leur vie. Ils ne peuvent pas traverser la frontière, par exemple. En outre, il est coûteux de demander la suspension d’un casier judiciaire, lequel les empêche d’obtenir un emploi.
Je suis prêt à appuyer cette version du projet de loi. Je comprends cependant qu’il comporte des lacunes. Je vous dirai franchement qu’au fil des ans, il est arrivé régulièrement que des projets de loi déposés par les libéraux présentent des lacunes. C’est pourquoi on a renvoyé ce projet de loi au comité.
Les conservateurs ont proposé plusieurs amendements, et certains d’entre eux ont été rejetés. D’autres amendements ont été proposés plus récemment. En fin de compte, nous cherchons à adopter une loi qui conviendra aux Canadiens, car ce projet de loi a suscité quelques préoccupations.
Pour vous expliquer le contexte, il propose de modifier le processus de réhabilitation des Canadiens condamnés pour possession de marijuana et d’éliminer les frais qui y sont associés. Bien des gens à qui j’ai parlé trouvaient ces frais plutôt élevés. Dans bien des cas, il s’agissait de Canadiens à faible revenu et de résidants de ma circonscription qui n’avaient tout simplement pas les moyens de débourser un tel montant. Par conséquent, ces frais seront annulés pour une condamnation antérieure de possession de marijuana.
Le projet de loi a été présenté en octobre 2018. Il vise à aider les Canadiens qui ont un casier judiciaire pour quelque chose qui est maintenant légal, sans qu’ils aient à subir le temps d’attente habituel avant de payer les frais associés à une suspension de casier. Le fait que le cannabis soit maintenant légal est un élément important du projet de loi. Les personnes ayant été condamnées pour possession simple devraient donc pouvoir bénéficier d’une suspension accélérée du casier.
Habituellement, les contrevenants doivent attendre de cinq à dix ans, selon le type de condamnation, après avoir purgé leur peine, et le coût d’une demande est de 631 $. Le projet de loi modifierait la Loi sur le casier judiciaire et fait référence à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, au Règlement sur les stupéfiants et à la Loi sur la défense nationale.
Comme je l’ai dit, lorsque le projet de loi a été renvoyé au comité, plusieurs préoccupations ont été soulevées. Dans son témoignage, l’Association canadienne des policiers a proposé deux amendements, demandant à la Commission des libérations conditionnelles de conserver une certaine latitude et le pouvoir discrétionnaire de mener des enquêtes et de veiller à ce que le petit nombre de demandes de récidivistes soit examiné avec soin. Ainsi, ces personnes ne pourraient pas profiter d’un processus qui ne leur est de toute évidence pas destiné. Comme je l’ai dit, cet amendement important a été proposé par l’Association canadienne des policiers.
Il a aussi été question de rétablir le pouvoir de la Commission des libérations conditionnelles de mener des enquêtes pour évaluer la conduite du demandeur depuis la date de sa condamnation. Il s’agit d’un aspect important. Souvent, le comportement d’une personne peut changer très rapidement, et ce qui n'était qu'une infraction de possession simple peut évoluer vers d’autres activités criminelles. La Commission des libérations conditionnelles, de l’avis non seulement de l’association des policiers, mais certainement des députés de ce côté-ci de la Chambre, devait avoir ce pouvoir discrétionnaire et disposer de cette information pour déterminer d’autres peines ou justification, au besoin.
Un des amendements importants proposés pour ce projet de loi a été adopté. Il permet à un individu de demander la suspension de son casier judiciaire en vertu de la loi, même s’il a des amendes impayées, ce qui viendrait alourdir le fardeau financier en raison de la perte de revenus. Cela crée également un précédent indésirable quant au caractère obligatoire du paiement des amendes.
Un amendement proposé par nos collègues conservateurs a été rejeté. Il aurait permis de présenter des demandes de suspension de casier par l’entremise d’un portail en ligne. Dans l’état actuel de la technologie, tout passe par le numérique. Nous étions d’avis que cette disposition était importante.
En conclusion, nous allons appuyer le projet de loi à cette étape, malgré quelques inquiétudes, pour faire en sorte que les Canadiens ayant commis ce type d'infractions mineures puissent en tirer parti.
:
Madame la Présidente, je remercie mon collègue de son discours.
Lors de l’étude en comité, un point a été soulevé. Je comprends que les conservateurs s’opposent à la radiation. Ils ont des raisons sur lesquelles je ne suis pas forcément d’accord, mais je comprends leur raisonnement.
Cela étant dit, nous sommes d'accord avec eux sur une chose, tout au moins les députés qui siègent au Comité permanent de la sécurité publique et nationale, c’est qu’il a beaucoup été question de mécanisme automatique. Dans l’état actuel des choses, dans le projet de loi et dans le système de suspension de casier tout court, le fardeau repose sur les citoyens.
Dans un cas normal, on pourrait comprendre qu’on mette le fardeau sur les citoyens pour obtenir tous les documents et payer d’autres frais qui ne sont pas nécessairement du ressort du fédéral, mais qui sont rattachés à l’obtention de certains documents. Par contre, dans une situation comme celle-ci, alors qu'on parle de rectifier le tir pour un geste qui est maintenant légal, c’est un peu injuste.
Son collègue de , si je ne me trompe pas, parlait justement, en comité, de l’exemple de San Francisco qui a mis en place un logiciel d’intelligence artificielle pour trouver les dossiers.
Mon collègue est-il d’accord que le gouvernement aurait pu mettre un peu plus d’efforts et mettre en œuvre un mécanisme rendant le processus automatique, plutôt que d'obliger les gens à courir à gauche et à droite pour obtenir des documents qui sont très mal gérés à l’heure actuelle?
:
Madame la Présidente, je serai heureux de parler du projet de loi . Toutefois, avant de le faire, je tiens à féliciter tous mes concitoyens albertains qui célèbrent la Journée d’affranchissement de la taxe sur le carbone. Je tiens également à remercier le nouveau gouvernement provincial de l’Alberta d’avoir tenu sa promesse, ce dont mes collègues d’en face sont incapables. Ils peuvent peut-être attendre la traduction. Le gouvernement albertain a tenu sa promesse électorale d’abroger ce projet de loi. Je profite également de l’occasion pour souhaiter un joyeux anniversaire à notre nouveau premier ministre, Jason Kenney.
Le projet de loi prévoit essentiellement la suspension rapide et sans frais du casier judiciaire de ceux qui ont été condamnés pour possession de marijuana. Il propose d’apporter des changements au processus de pardon afin de lever les frais pour les condamnations pour possession antérieures. Il aidera les Canadiens qui ont été criminalisés pour possession de marijuana, qui est maintenant légale, il éliminera le temps d’attente habituel et modifiera aussi d’autres lois.
De façon générale, nous appuyons le projet de loi, mais je dois dire que je suis d’accord avec mon collègue de la circonscription de Victoria, et c’est une blague de père, lorsqu’il a parlé de demi-mesure. Nous appuierons le projet de loi. Il n’est pas parfait, mais il s’agit d’un pas en avant. Je suis certain que lorsque les conservateurs seront de retour au pouvoir, nous prendrons le temps de corriger les lacunes de cette mesure.
En comité, les conservateurs ont présenté plusieurs amendements valables, dont je vais parler maintenant.
Premièrement, nous avons proposé un amendement pour que les demandes de suspension de casier judiciaire puissent être faites dans un portail en ligne, de manière à ce que ce soit plus facile et plus économique pour les Canadiens. Malheureusement, les libéraux ont voté contre cet amendement.
Nous avons proposé un amendement pour permettre au demandeur dont le dossier concernant une infraction a été supprimé de signer une déclaration sous serment où il explique ce qui s'est passé et il atteste qu'il est admissible. Cela aurait amélioré l'équité procédurale, à propos de laquelle plusieurs témoins ont formulé des critiques. Le comité a adopté cet amendement, mais les libéraux ont voté contre à une étape subséquente.
Nous avons proposé un amendement pour redonner à la Commission nationale des libérations conditionnelles le pouvoir de mener des enquêtes pour déterminer quelle a été la conduite du demandeur depuis qu'il a commis l'infraction lui ayant valu un casier judiciaire. Malheureusement, les libéraux ont voté contre.
Nous avons proposé un amendement pour que la Commission nationale des libérations conditionnelles ait le pouvoir de faire enquête sur tout facteur qu'elle estime devoir prendre en considération pour éviter que la suspension du casier judiciaire ne jette le discrédit sur l'administration de la justice. Les libéraux ont aussi voté contre cet amendement lors des travaux du comité.
Enfin, nous avons proposé un amendement pour que la Commission nationale des libérations conditionnelles inclue dans son rapport annuel une section sur les résultats obtenus dans l'application de la loi et sur les coûts en ayant découlé. Cet amendement a été retenu.
L'Association canadienne des policiers a elle aussi présenté un amendement, et nous espérons que les libéraux l'envisageront. Elle demande que la Commission des libérations conditionnelles conserve un pouvoir limité de mener des enquêtes afin que le petit nombre de demandes provenant de récidivistes soient examinées avec soin. Cela permettrait de s'assurer que ces individus ne chercheraient pas à profiter d’un processus qui n’a clairement pas été établi à leur intention.
Le projet de loi comporte certaines répercussions financières.
Le ministère de la Sécurité publique et le estiment que le coût du projet de loi sera d'approximativement 2 millions de dollars. Ils n'ont pas mené d'étude exhaustive à ce sujet, mais c'est là leur estimation. Le ministre a choisi un drôle de moment pour avancer une telle estimation, presque en même temps que le Sénat a forcé l'adoption du projet de loi , qui vise à rétablir en douce le registre des armes d'épaule.
Je rappelle aux gens que le gouvernement libéral, et plus particulièrement Allan Rock, avait dit il y a des années que le coût du registre des armes d'épaule s'élèverait à seulement 2 millions de dollars. Il a fini par coûter plus de 1 milliard de dollars. En tout, il a coûté approximativement 1,3 milliard de dollars aux contribuables canadiens. Qu'a fait le gouvernement libéral de l'époque quand il a constaté cette erreur monumentale? Tout comme le gouvernement libéral actuel le fait aujourd'hui lorsqu'on le confronte à toutes ses erreurs et son incompétence, il a rejeté le blâme sur d'autres. Il a blâmé les provinces et les propriétaires d'armes à feu.
[Le député s'exprime en latin et fournit un texte en anglais dont voici la traduction:]
Je crains les Grecs, même lorsqu'ils font des cadeaux.
[Le député s'exprime en latin et fournit un texte en anglais dont voici la traduction:]
Je crains les libéraux, même lorsqu'ils promettent qu'il n'en coûtera pas plus de 2 millions de dollars.
[Traduction]
Apparemment, le gouvernement n'a pas fait une étude adéquate des coûts et des échéanciers. Auparavant, les frais étaient de 631 $ et, si j'ai bien compris, ils avaient été haussés en 2012 sur les conseils des fonctionnaires, selon qui ce montant correspondait au coût général d'une suspension de casier judiciaire. Or, le gouvernement dit maintenant qu'il s'attend à ce que ce montant soit de 250 $. D'où vient cette somme, 250 $ tout juste? Nous ne le savons pas parce que les libéraux n'ont pas fait leurs devoirs à ce sujet.
Il faut actuellement de 5 à 10 ans pour obtenir une suspension, mais le a dit qu'il ne pouvait pas fournir d'échéancier. Il a précisé que l'essentiel n'avait pas été de définir les coûts ou l'échéancier en vue d'aider les Canadiens, mais bien de déposer le projet de loi. Il ne s'agissait pas d'en arriver à une solution pour aider les Canadiens, mais bien d'annoncer le dépôt de ce projet de loi.
Cela me porte à demander: pourquoi maintenant? Le gouvernement a également dit qu'il s'agit d'une transformation fondamentale. Or, s'il s'agit d'une transformation critique et fondamentale, je me demande pourquoi il a attendu jusqu'aux trois dernières semaines pour inscrire le projet de loi à l'ordre du jour. De toute évidence, il expédie le processus pour des raisons politiques.
J'ai examiné les plans ministériels. Je rappelle que ces plans sont signés par un ministre et déposés à la Chambre. Ce n'est pas seulement de la propagande pour jeter de la poudre aux yeux. Ce sont des documents qui ont été déposés à la Chambre et qui présentent les plans du gouvernement pour les ministères.
Je vous présente les objectifs des libéraux pour cette année. Le pourcentage des suspensions de casiers qui sont traitées dans le délai fixé est de 95 %, mais le affirme qu'il n'y a pas d'échéancier. Pourquoi s'engager à atteindre l'objectif de 95 % et déposer ces chiffres à la Chambre tout en disant aux Canadiens qu'ils ne savent pas en quoi ce sera utile? Je ne sais pas si les libéraux sont perdus, s'ils ignorent ce qu'ils font avec leurs plans ministériels ou s'ils sont simplement de mauvaise foi.
Je remarque également que les plans ministériels pour l'exercice 2019-2020 concernant la Commission des libérations conditionnelles portent sur trois ans. Si l'on tient compte d'un taux d'inflation de 2 % à peine, cela signifie que le gouvernement réduira le financement accordé à la Commission des libérations conditionnelles de 8,6 %. Il est possible de constater ces réductions dans les plans ministériels, présentés à la Chambre pour faire état des prévisions à long terme.
Lorsque le député de a présenté un amendement en comité pour autoriser la soumission de demandes en ligne, la Commission des libérations conditionnelles a signalé aux députés qu'en raison de contraintes techniques, ce ne serait pas possible. Apparemment, la Commission n'a pas les moyens de développer cette technologie, mais, parallèlement, nous irons de l'avant avec ce nouveau processus en vue de traiter pas moins de 250 000 demandes.
Il suffit d'examiner les plans ministériels de la Commission des libérations conditionnelles, qui doivent entre autres faire état des effectifs, pour voir que pas un seul corps chaud n'a été ajouté par rapport à l'exercice 2016-2017. L'année prochaine, elle comptera cinq employés de plus que l'an dernier. La Commission devra traiter jusqu'à 250 000 demandes sans personnel supplémentaire. Comment le gouvernement peut-il croire que la Commission sera en mesure d'absorber ce surcroît de travail sans l'aide de ressources supplémentaires, sans compter un budget amputé de 8,6 %?
Si la présentation de ce projet de loi est aussi essentielle que le le dit, et si le projet de loi est si transformationnel, pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas prévu un financement à long terme dans les plans ministériels? On n’en fait même pas mention dans le plan ministériel du ministre de la Sécurité publique. Je rappelle aux députés que toutes les demandes de pardon relatives à la criminalisation injuste des activités homosexuelles seront aussi traitées en même temps, sans aucune ressource supplémentaire.
Cette information est tirée du plan ministériel de la Commission des libérations conditionnelles, qui a été approuvé par le . On indique que le nombre de demandes qui devraient être reçues cette année et l’an prochain demeure le même. Or, il y aura toutes les demandes liées à la criminalisation injuste des activités homosexuelles, qui remonte à loin, puis les demandes de pardon liées à la possession de cannabis, que 250 000 Canadiens pourraient présenter. Le gouvernement ne prévoit ni ressources ni effectifs supplémentaires, et il a même affirmé qu’il n’y aurait pas d’augmentation du nombre de demandes comparativement à l’année dernière.
Encore une fois, je me demande à quel point les députés libéraux prennent cela au sérieux. Ils disent que ce projet de loi est transformationnel et crucial, mais comme tant d’autres choses, ils le laissent de côté jusqu’à la dernière seconde avant d'en précipiter l'adoption. Cherchent-ils à le faire adopter à toute vapeur uniquement à des fins politiques? Tout porte à croire que oui. S’ils se souciaient vraiment des Canadiens, ils auraient présenté ce projet de loi en même temps qu’ils ont légalisé le cannabis. Ils auraient peut-être alors pris le temps d’examiner les amendements proposés par notre parti, par le NPD ou par les membres des forces de l’ordre.
Bien que nous appuyions le projet de loi, nous y voyons un autre exemple des mesures législatives nonchalantes du gouvernement.
:
Madame la Présidente, je suis désolé pour mon collègue. Je vais tenter de faire mon discours rapidement afin qu'il puisse également ajouter ses propos au débat d'aujourd'hui.
Cela me fait plaisir de prendre la parole au nom des Sherbrookois au sujet du projet de loi , qui s'inscrit dans la question plus large de la légalisation du cannabis. Il est important de s'assurer que les gens qui ont été condamnés pour possession simple peuvent effacer cela de leur casier judiciaire. Maintenant qu'il s'agit d'un produit légal, je pense que tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut prévenir toute injustice à l'égard de ceux qui ont un casier judiciaire lié à cette infraction.
Tous mes collègues ont probablement eu des discussions avec des concitoyens qui ont des casiers judiciaires. Ils connaissent très bien les barrières auxquelles sont confrontés ces Canadiens. Oui, il est quand même important que les individus qui contreviennent au Code criminel en subissent les conséquences, mais dans le cas où on parle d'un produit illégal qui est devenu légal, il va de soi qu'on reconnaisse cette injustice pour éviter que ces personnes continuent de se heurter à des barrières dans la vie de tous les jours. Sur le principe, je pense que tout le monde peut s'entendre. C'est sur la façon de régler cette injustice que nous sommes nettement en désaccord avec le gouvernement.
D'ailleurs, dans son histoire, le gouvernement du Canada a tenté à plusieurs reprises de régler des injustices semblables, s'y prenant de différentes façons. Au NPD, nous aurions aimé que l'injustice liée à la possession simple de cannabis soit réglée en radiant le casier judiciaire des individus qui sont aux prises avec cela aujourd'hui. C'est ce qu'on a fait dans d'autres cas d'injustices historiques où le Code criminel contenait des dispositions aberrantes qui n'avaient plus aucun sens.
Alors, ceux qui ont encore un casier judiciaire lié à cette infraction méritent que leur casier soit radié, c'est-à-dire effacé complètement, de telle sorte qu'il ne soit pas possible de retracer cette condamnation, comme si le crime n'avait jamais été commis. On doit reconnaître cette injustice historique liée à une infraction qui n'en est plus une aujourd'hui. C'est une chose qui est maintenant tout à fait acceptée et légale dans notre société.
L'approche du NPD diverge donc totalement de celle du gouvernement libéral concernant le projet de loi . Ce dernier a choisi d'emprunter la voie de la suspension du casier, mais le mot « suspension » est nettement différent du mot « radiation », notamment quant à l'application et à l'effet de cette mesure. Le gouvernement a décidé de suspendre le casier judiciaire des gens qui ont été reconnus coupables de possession simple de cannabis, et nous estimons que cela n'est pas suffisant. De toute évidence, c'est une approche qui ne fonctionnera pas bien et qui ne rendra pas justice aux gens concernés. Cela démontre un manque d'ambition de la part du gouvernement.
Comme le mentionnait mon collègue, le gouvernement a décidé de faire le strict minimum. Le ministre a dit lui-même que la suspension automatique était une procédure trop compliquée pour lui. Imaginons à quel point la radiation d'un dossier doit être compliquée pour lui et son ministère.
Bref, le gouvernement libéral manque d'ambition. Il aurait dû corriger cette injustice, et ce, bien avant les derniers jours de séance de cette législature. Il aurait pu inclure cela dans le projet de loi ou, à tout le moins, dans un processus parallèle, car l'un ne va pas sans l'autre. La légalisation aurait dû être assortie d'un certain processus de pardon et de suspension du casier, même si idéalement, les casiers devraient être radiés. Tout cela aurait dû faire partie de la même mesure ou, à tout le moins, être fait en même temps lorsqu'on a décidé de légaliser le cannabis, compte tenu de l'importance de cette question.
De toute évidence, le gouvernement a raté son coup, et il est obligé d'essayer de corriger la situation et de faire tout ce qu'il peut à la dernière minute pour satisfaire les nombreux électeurs, nos concitoyens, que cela touche. Dans Sherbrooke, j'en ai vu. J'ai entendu un témoignage, pas plus tard que le mois dernier, d'une personne qui était intéressée par la question, parce que cela la touchait personnellement. Elle était déçue de l'approche du gouvernement libéral, qui instaure simplement un système de suspension, alors que notre collègue de avait fait une proposition très claire sous la forme d'un projet de loi. Le gouvernement aurait pu tout simplement l'adopter et le tour aurait été joué. Il a plutôt décidé de poursuivre dans la même veine en faisant le strict minimum. Le gouvernement veut en faire le moins possible. De toute évidence, il y a là un manque d'ambition.
Je lisais tantôt la citation d'un témoin qui disait, en comité, que c'était mieux que rien. Toutefois, il disait également que, mieux que rien, c'était très peu demander au Parlement. En effet, on s'attend à ce que le Parlement fasse le mieux possible, qu'il fasse tout en son pouvoir pour rendre la situation la meilleure possible, et non qu'il fasse le strict minimum et que ce soit mieux que rien. Je pense que ce n'est pas ce que les Canadiens attendent de notre travail. Compte tenu des témoignages entendus en comité, l'approche du gouvernement est très décevante aujourd'hui. Bien que les preuves aient été devant lui et que les témoins aient été entendus, il a maintenu cette approche, tête baissée, et il ne veut rien entendre ni corriger la situation. Je suis vraiment déçu de devoir dire m'opposer à ce projet de loi étant donné que ce n'est pas la solution qui aurait dû être envisagée et mise en avant par le gouvernement libéral. C'est carrément une erreur de sa part.
On va continuer à marginaliser les gens qui ont un casier judiciaire aujourd'hui. Bien que ce soit gratuit, ils n'auront peut-être pas la capacité, les ressources ou les moyens financiers de se rendre au bout du processus nécessaire à la suspension de leur casier judiciaire. Comme je le disais tantôt, on a décidé que cela ne se ferait pas automatiquement. Les personnes concernées devront donc suivre quand même une procédure, envoyer leur demande et peut-être même prendre des données biométriques pour satisfaire aux nombreuses exigences liées au pardon ou à la suspension de leur casier. Il est donc évident que cela va laisser de côté des gens marginalisés, qui ne sont peut-être même pas au courant de ces changements. Certaines personnes ne lisent pas les journaux tous les matins et ne sauront peut-être pas que cela s'offre à eux. Si le gouvernement avait vraiment été ambitieux et conséquent avec la légalisation de la marijuana, il aurait rendu cela automatique, à tout le moins, puisqu'il ne choisit pas l'option que nous préférions, la radiation des casiers judiciaires.
Je suis vraiment déçu, parce que je m'attendais à plus. Je m'attendais à une intention gouvernementale réelle de corriger cette injustice. Ce n'est pas normal que les citoyens qui ne feront pas leur demande de suspension après la légalisation et après l'adoption du projet de loi C-93, s'il est adopté, se retrouvent encore avec les barrières d'un casier judiciaire. Le crime qu'ils ont commis est tout à fait légal et normalisé aujourd'hui dans la société. C'est vraiment une injustice flagrante. Cette injustice va perdurer parce que le gouvernement n'a pas adopté la bonne approche.
Certains de nos concitoyens, comme celui que j'ai rencontré chez moi, dans Sherbrooke, seront encore dans la précarité. Ce sont des gens qui auraient bien besoin d'un petit coup de pouce de la part du gouvernement. Ils sont encore mis de côté et marginalisés, alors que ce sont ceux qu'on devrait aider le plus.
Je trouvais important de pouvoir ajouter ma voix et expliquer la raison pour laquelle je dois m'opposer à ce projet de loi aujourd'hui. C'est, de toute évidence, une mauvaise décision du gouvernement, qui ne va vraiment pas dans la bonne direction. C'est une déception totale pour moi et pour beaucoup de mes concitoyens de Sherbrooke.
:
Madame la Présidente, je ne prends pas souvent la parole à la Chambre, mais le projet de loi est une mesure législative très intéressante. En toute honnêteté, je pense que le projet de loi est le fruit de bonnes intentions. Le gouvernement a vu un problème qu'il avait créé à cause d'une loi antérieure et il a dit qu'il devait le régler.
Nous devrions revenir à l'origine du problème, soit que les libéraux ont précipité l'adoption d'une mesure législative. Ils ont essayé désespérément de respecter les échéanciers qu'ils s'étaient imposés et qui n'auraient pas dû être. En toute honnêteté, les libéraux ont fait des promesses et ont réalisé qu'ils ne pouvaient pas les tenir. Ensuite, pour essayer de tenir leurs promesses, ils ont rédigé un très mauvais projet de loi. Bien sûr, je parle du projet de loi qui a légalisé la marijuana.
Comme certains de mes collègues l'ont dit, le jury ne s'est pas encore prononcé. Cela n'est pas l'impression que j'ai, mais certaines personnes disent qu'il s'est bel et bien prononcé sur question de la marijuana, à savoir si elle est une drogue d'introduction. Selon mon expérience personnelle avec des membres de ma famille, je dirais que la marijuana est certainement une drogue d'introduction. Je ne pense pas que nous constatons toutes les ramifications de la légalisation de la marijuana.
Cet après-midi, nous discutons du projet de loi parce que le gouvernement tente de trouver une solution miracle à une mesure législative boiteuse visant à légaliser la marijuana. En définitive, on se retrouverait avec une toute nouvelle catégorie de suspension de casier judiciaire, qu'on ne pourrait pas facilement annuler et qu'on pourrait accorder automatiquement sans connaître les antécédents d'une personne.
Imaginons une personne accusée de possession de marijuana. Pour le pauvre adolescent innocent qui s'est fait prendre à fumer de la marijuana et qui fait face à des accusations, je suis tout à fait d'accord pour rayer cette infraction de son casier judiciaire. Toutefois, je crois que les personnes qui font sans cesse face à des accusations ou qui font passer leurs accusations de vente de marijuana à des accusations de possession simple ne devraient pas obtenir automatiquement un pardon.
C'est une bonne chose qu'il y ait des élections en octobre. Idéalement, à ce moment-là, on changera de gouvernement. Le nouveau gouvernement sera capable de corriger certaines des lacunes présentes dans les projets de loi et . Espérons que ce soient les conservateurs qui formeront le nouveau gouvernement. Ainsi, nous serons en mesure d'insuffler un peu de bon sens et de pragmatisme pour gérer cette situation malheureuse.
Pour l'essentiel, nous sommes favorables à la réhabilitation accélérée. Nous pensons qu'il s'agit d'une bonne idée. Ce projet de loi contient quand même du bon. Je ne fais pas partie du comité, mais je crois comprendre que même si les libéraux n'ont pas accepté tous nos amendements, ils en ont retenu deux qui vont améliorer l'équité procédurale du projet de loi. Grâce à ces amendements, la Commission des libérations conditionnelles sera tenue d'inclure un examen du programme dans son rapport annuel. Si nous sommes élus en octobre — et si la justice existe en ce bas monde, ce sera le cas —, nous serons en mesure de réexaminer ce projet de loi dans un an.
Tout le monde fait des erreurs. On constate que le gouvernement a commis une erreur en légalisant la marijuana. Toutefois, nous sommes censés apprendre de nos erreurs; après tout, c'est ce que nous essayons d'enseigner à nos enfants. Nous devrions apprendre de nos propres erreurs.
Malheureusement, le , empressé de respecter les échéanciers politiques qu'il s'était lui-même fixés, n'a rien fait pour répondre aux nombreuses préoccupations que cette loi sur le cannabis a suscité auprès des municipalités, des organismes d'application de la loi, des employeurs, des scientifiques et des médecins. Je suis ici pour dire que dans ma circonscription, Stormont—Dundas—South Glengarry, nous subissons les conséquences de la légalisation de la marijuana.
Dans ma circonscription, des agents de police m'ont dit qu'ils ne savaient pas quoi faire avec cet équipement. Ils se demandent s'il sert à établir la conduite avec facultés affaiblies ou autre chose. Même perplexité chez les employeurs, qui lèvent les yeux au ciel et se demandent comment gérer l'application de l'épouvantable projet de loi sur la légalisation de la marijuana. Ils me disent que, pendant les pauses, les gens vont fumer un joint. Que peut faire un employeur, puisque c'est légal? C'est la confusion totale qui règne.
Que faire? Aggraver le problème avec le projet de loi ? Si le gouvernement avait pris son temps et ne s'était pas imposé ce délai à tout prix et, au lieu de cela, avait fait du bon travail quand est venu le temps de rédiger le projet de loi , nous n'aurions pas ce problème aujourd'hui. Beaucoup d'avis nous avaient été donnés par les agents de police, les employeurs et tous les syndicats pour que le projet de loi C-45 soit bien conçu. Le gouvernement n'en a fait qu'à sa tête, et nous sommes maintenant obligés d'essayer de régler le problème que nous pose le projet de loi C-93.
Comme je l'ai dit, le projet de loi part d'une bonne intention et comprend certaines mesures judicieuses. Nous convenons qu'une personne qui n'a eu qu'une seule accusation ne devrait pas avoir de casier judiciaire, et nous voudrions en faciliter la suppression.
D'après ce que me disent des membres du comité, le gouvernement a refusé d'écouter les suggestions. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi il n'a pas voulu écouter la suggestion faite au nom de l'Association canadienne des policiers, qui, à mon avis, est une suggestion raisonnable pour améliorer le projet de loi, c'est-à-dire que la Commission des libérations conditionnelles conserve une certaine latitude et le pouvoir discrétionnaire de faire des enquêtes et de veiller à ce que le petit nombre de demandes faites par des récidivistes soient vérifiées pour que ces personnes ne profitent pas d'un processus qui ne leur est clairement pas destiné.
L'Association canadienne des policiers est constamment confrontée à ce problème. Elle a de l'expérience, et nous devrions l'écouter. C'était un amendement formidable. Je souhaiterais que quelqu'un du côté ministériel explique pourquoi le gouvernement n'a pas l'intention d'inclure cet amendement dans la mesure législative. C'est un amendement éminemment raisonnable qui serait très utile. Pourtant, il a été rejeté au comité, où les libéraux sont majoritaires.
Je crois comprendre que d'autres amendements ont été rejetés. L'un d'eux visait à rétablir le pouvoir de se renseigner pour déterminer le comportement de l'auteur de la demande depuis la date de la condamnation. Disons qu'une personne a commis une erreur lorsqu'elle avait 15 ans et n'a connu aucun problème depuis. Je pourrais très facilement comprendre que l'on accorde un pardon à cette personne. Toutefois, si cette personne a de terribles antécédents comprenant introduction par effraction, vente de marijuana et d'autres choses du genre, lui accorderait-on tout de même un pardon? En vertu du projet de loi, on n'aurait pas le choix parce que le gouvernement a rejeté cet amendement.
Bref, je vais appuyer le projet de loi, mais il n'est pas à la hauteur de ce qu'il devrait être. En vérité, le gouvernement aurait dû prendre son temps. Pourquoi présenter ce projet de loi à la Chambre à la dernière minute? Parce que le gouvernement était trop occupé avec ses autres priorités et ne semblait pas s'en soucier. Or, soudainement, il veut faire adopter ce projet de loi à toute vapeur à la dernière minute. Je ne crois pas que cet endroit devrait fonctionner ainsi.
:
Madame la Présidente, j'interviens aujourd'hui au sujet de la proposition du gouvernement d'accorder une réhabilitation aux personnes qui se sont retrouvées avec un casier judiciaire pour possession simple de cannabis avant la légalisation de la marijuana. Nous estimons que le gouvernement aurait pu présenter un meilleur projet de loi de façon générale, mais nous l'avons appuyé au bout du compte, car nous nous sommes dit qu'il était temps d'adopter une nouvelle approche en matière de marijuana. Nous avons jugé que c'était sommes toute une bonne idée de faire de la marijuana un produit réglementé et d'éviter que des vies soient ruinées pour de simples cas de possession de
pot.
Le problème actuel, c'est que plus de 400 000 Canadiens se sont retrouvés avec un casier judiciaire pour possession simple de cannabis, parfois juste avant sa légalisation. Par contraste, certaines personnes possèdent actuellement la même petite quantité de marijuana, mais elles n'ont pas de casier judiciaire. Que faire? C'est une question d'équité envers les personnes qui traînent encore un casier judiciaire en raison d'une ancienne infraction qui est devenue tout à fait légale et qui ne pose plus problème.
Nous savons que les casiers judiciaires posent toutes sortes d’obstacles. Dans certains cas, ils entravent l’accès au logement. Ils représentent aussi un obstacle pour les gens qui souhaitent faire du bénévolat dans leur collectivité et soutenir les organismes locaux qui dépendent des bénévoles. Les casiers judiciaires entravent les déplacements, ce qui revêt parfois une certaine importance sur le plan de l’emploi, surtout s’ils empêchent de se rendre aux États-Unis. Nous savons très bien que les autorités à la frontière peuvent demander aux gens s’ils ont fumé du cannabis. Si la réponse est « oui », ces personnes se verront probablement refuser l’entrée. Ce peut être un problème non seulement pour les gens dont l’emploi les oblige à traverser la frontière, mais aussi pour ceux qui cherchent un emploi. Nous savons que les casiers judiciaires, même pour une infraction comme la possession simple de cannabis, ont été et sont encore un obstacle à l’obtention d’un emploi. Nous voulons que les gens puissent trouver un emploi et subvenir à leurs besoins. Il est absurde qu’ils ne puissent pas le faire parce qu’ils se sont fait prendre avec un gramme ou deux de cannabis dans les années 1980 ou 1990, voire il y a deux ans, alors que c’était encore illégal.
L'idée derrière le projet de loi est notamment de tenter d'éliminer ces obstacles. La question est de savoir si le projet de loi utilise tous les outils adéquats à la disposition du gouvernement et s'il atteindra son objectif. C'est là que nous croyons que le gouvernement a lamentablement échoué à adopter une approche qui permettra de mener la tâche à bien, non seulement de la bonne façon pour les gens touchés, mais aussi de la façon la plus efficace et la moins coûteuse en général. Le gouvernement a proposé de tenter d'alléger une partie du fardeau qui découle du fait d'avoir un casier judiciaire pour une condamnation de possession simple de pot en accélérant l'octroi d'un pardon, que l'on appelle parfois une « suspension du casier judiciaire ».
Cette mesure pose quelques problèmes. Notamment, il est question de beaucoup de gens et d'une infraction qui n'est vraiment pas très grave. Cette approche exige que les gens amorcent eux-mêmes le processus, ce qui signifie qu'ils doivent savoir qu'ils y ont accès. Ensuite, ils doivent l'amorcer eux-mêmes. Ils pourraient avoir besoin de conseils juridiques en cours de route, ce qui peut être coûteux et donc, bien franchement, inaccessible pour certaines personnes, notamment parmi les plus marginalisées.
À mon avis, il faut reconnaître que, dans bien des cas, les personnes condamnées pour possession simple de cannabis font partie des gens les plus marginalisés au pays. Il s'agit plus particulièrement de personnes racialisées. Par exemple, nous savons que le taux de condamnation est beaucoup plus élevé chez les Noirs et les Autochtones qu'au sein des autres communautés et groupes raciaux du Canada. On parle de gens marginalisés et, pourtant, ce processus exigera que les Canadiens condamnés pour possession simple de cannabis aient les ressources financières nécessaires pour obtenir des conseils juridiques, surtout si la décision ne leur est pas favorable.
Dans ce contexte, c'est insensé. Il aurait été plus logique d'instaurer un processus informatisé et automatique, qui n'obligerait pas les personnes visées à présenter une demande. Ainsi, il ne serait plus nécessaire d'être au courant de l'existence de ce processus. En effet, le gouvernement saurait quelles personnes sont visées par de telles condamnations, ce qui éviterait à celles-ci de présenter une demande.
Outre la lourdeur du processus, la suspension de casier présente un autre problème. Cela dit, sur la question de la lourdeur du processus, j'ajouterai que le Comité permanent de la sécurité publique a publié un rapport unanime — donc, tous les partis étaient d'accord — dans lequel il dit que le processus de pardon au Canada est inutilement compliqué, long et inefficace. Plus de 400 000 personnes environ au pays ont été accusées de possession simple de marijuana et pourraient vouloir faire une demande, ce qui viendra alourdir le fardeau imposé au système. Comme l'a souligné le député d'Edmonton-Ouest avec raison, et il me posera peut-être une question à ce sujet plus tard, ni le plan ministériel ni le budget n'affectent de ressources supplémentaires pour faire face à cette augmentation prévue des demandes de pardon.
Le processus est inutilement lourd. Il va demander du temps. Il faudra que les gens soient au courant de la possibilité et fassent la demande de leur propre initiative. Certains vont peut-être devoir payer pour obtenir des conseils juridiques. Au bout du compte, si on leur demande ouvertement — à la frontière, en entrevue ou ailleurs — s'ils ont déjà été reconnus coupables d'une telle accusation, ils vont tout de même devoir répondre par l'affirmative puisque, même si le pardon permet de retirer l'accusation des bases de données les plus couramment utilisées, la condamnation, le casier, reste dans un certain nombre d'autres bases de données. Les renseignements peuvent être communiqués à d'autres pays. Ils peuvent être communiqués entre organismes gouvernementaux ou corps policiers. Il reste donc possible que l'existence du casier soit communiquée, d'une façon ou d'une autre, et empêche une personne de voyager ou d'obtenir un emploi.
Ce que mon collègue de Victoria a proposé à juste titre comme solution de rechange dans son projet de loi d'initiative parlementaire est un régime de radiation. Si le gouvernement radiait le casier judiciaire, il n'existerait plus. Cela signifie que si on demandait aux gens s'ils ont déjà été condamnés pour possession simple de marijuana, ils pourraient honnêtement dire non, parce que la radiation leur offre cette possibilité.
À la Chambre, certaines choses sont parfois stipulées. Même s'il est un peu plus de 16 heures, si la Chambre décidait qu'il est 20 heures, nous pourrions ajourner. La Chambre peut le faire. De la même façon, une radiation considère essentiellement que l'infraction n'a jamais été commise, ce qui n'est pas le cas d'un pardon. Si nous voulons vraiment que les gens qui ont été reconnus coupables de possession simple de marijuana n'aient plus jamais à s'inquiéter du poids de leur accusation pour le reste de leur vie, qu'elle date 1980, des années 1990 ou d'il y a quelques années, il faut opter pour la radiation.
Je trouve frustrant que le gouvernement n'ait pas choisi cette approche. Je m'explique toujours mal pourquoi il a agi ainsi. Honnêtement, aucune des raisons invoquées ne m'a convaincu. Je ne sais pas même si quelqu'un ressort gagnant de tout cela, à vrai dire. Qui gagne à ce que le pays se dote d'une procédure accélérée de suspension du casier judiciaire qui ne fait que la moitié du travail, en plus de constituer un réel défi administratif pour la Commission des libérations conditionnelles, alors que, s'il avait opté pour la radiation des infractions, aucun de ces défis ne se serait posé et nous aurions pu mieux répondre aux besoins des Canadiens reconnus coupables de possession simple de cannabis sans avoir à ajouter de ressources? Cette avenue aurait été moins coûteuse et plus efficace que la suspension accélérée du casier judiciaire et elle aurait été plus équitable pour les personnes visées. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement ne l'a pas retenue. C'est ce qui fait que j'aurai beaucoup de mal à appuyer ce projet de loi. Il ne fera pas le travail et il coûtera plus cher. Juste à le dire à voix haute, on sait qu'il s'agit d'un choix douteux. À moins qu'on me donne une raison susceptible de me convaincre que les pardons octroyés au moyen d'une procédure accélérée valent mieux que les radiations, je continuerai à me demander pourquoi le gouvernement n'a pas choisi cette voie.
Ce n'est pas faute d'avoir préparé le terrain. Aussitôt que le gouvernement a présenté son projet de loi sur la légalisation de la marijuana, le NPD a attiré l'attention sur l'injustice que subiraient les personnes ayant déjà été reconnues coupables de possession simple de cannabis. Les personnes qui entrent en possession de cannabis depuis que la loi est en vigueur n'ont rien à craindre. Le Canada a décrété que cette substance était légale et qu'elle ne posait plus problème, mais les personnes qui en avaient en leur possession quelques années auparavant sont encore dans le pétrin. Le gouvernement savait que ce problème lui pendait au bout du nez. Nous lui avons demandé d'y voir en même temps qu'il légalisait le cannabis, mais il n'en a rien fait. Pourquoi choisir une avenue plus coûteuse et moins efficace?
:
Madame la Présidente, je me joins aujourd’hui au débat sur le projet de loi , d'autant plus que nous avons pris du retard. J’étais censé prendre la parole il y a un certain temps, mais comme c’est souvent le cas à la Chambre, nous avons été retardés. Je dois donc reporter mon appel téléphonique avec mon ami Wolf Solkin, un ancien combattant de 96 ans de Sainte-Anne-de-Bellevue, au Québec. Si Wolf nous regarde, je l’appellerai après mon intervention.
Wolf a de quoi inspirer tous les Canadiens. Il a 96 ans. Il a participé à la libération des Pays-Bas. Aujourd’hui, il défend les intérêts des anciens combattants et de ses camarades de l’hôpital de Sainte-Anne-de-Bellevue, un hôpital dont j’ai facilité le transfert au gouvernement du Québec en ma qualité de ministre. Cependant, le service n'y est pas à la hauteur de nos attentes. Nous tentons de résoudre les préoccupations que Wolf a soulevées; c'est pourquoi je serai avec lui dans un instant.
Lorsque j'étais ministre des Anciens Combattants, je n'ai abordé la question du cannabis que sous l'angle de la consommation à des fins médicales chez les anciens combattants. Le projet de loi vise à accélérer le processus de suspension du casier judiciaire dans les cas de possession simple de cannabis. En fait, ce n'est qu'un autre exemple des lacunes de la légalisation du cannabis par le gouvernement. À l'approche des élections de l'automne, c'est littéralement le seul dossier auquel le pourra se référer en disant qu'il a tenu promesse.
Monsieur le Président, pour respecter cette promesse électorale, le a fixé des échéances trop serrées, ce qui a souvent donné lieu à des décisions stratégiques malavisées, et nous avons dû composer avec les conséquences. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres. Cela ne veut pas dire que nous ferons marche arrière en automne, quand les conservateurs formeront le gouvernement. La marijuana demeurera légale. Cependant, nous tenterons de répondre à certaines des préoccupations en matière de sécurité publique, par exemple celles soulevées par les pédiatres et l'Association médicale canadienne, entre autres.
Cela surprendra peut-être certains des députés libéraux qui ne siégeaient pas ici lors de la dernière législature, mais moi et de nombreux autres députés conservateurs, y compris mon collègue de Kootenay, David Wilks, un ancien agent de la GRC, étions en faveur de la décriminalisation de la marijuana. Contrairement aux libéraux, nous ne préconisions pas une légalisation complète et hâtive. Nous recommandions plutôt l'instauration d'un système de contraventions dont l'application aurait relevé des forces de l'ordre. Les libéraux ont laissé entendre qu'un tel système serait fort problématique, mais ce ne serait pas le cas. À bien des égards, il aurait permis aux forces de l'ordre de s'occuper de la situation de manière non officielle tout en faisant conserver à la marijuana son statut de drogue contrôlée et illégale, en conformité avec nos obligations aux termes des traités internationaux que nous avons signés. C'est l'approche que bon nombre d'entre nous prônaient parce qu'une nouvelle approche s'imposait en matière de cannabis. Beaucoup d'entre nous en étaient conscients. Nous ne voulions pas que des jeunes fassent l'objet de sanctions pénales graves, mais nous ne désirions pas non plus passer sous silence les risques pour la santé publique associés à cette drogue. C'est une drogue légère qui entraîne moins de complications et de conséquences néfastes que beaucoup d'autres. Cependant, ne nous leurrons pas: elle pose certains problèmes sur les plans de la politique publique et de la santé publique. Je veux donc remercier mon ancien collègue, David Wilks, et les autres personnes qui ont participé à cette discussion importante.
Nous ne ferons pas marche arrière, comme le chef du Parti conservateur l'a clairement dit. Nous allons cependant tenter de répondre aux préoccupations soulevées par l'Agence des services frontaliers du Canada au sujet des problèmes à la frontière, et par rapport à la santé publique, notamment sur les jeunes et l'incidence du cannabis sur leur cerveau en développement. Personnellement, en tant que père et député ayant étudié la question pendant de nombreuses années au Parlement, j'ai été un peu déçu qu'il n'y ait pas de lignes directrices pour les personnes âgées de 18 ans ou même plus âgées. Voilà le genre de débats que nous devrions probablement avoir, au lieu des politiques publiques souvent malavisées du gouvernement.
Je vais soulever quelques réserves quant au projet de loi. Rien ne révèle davantage la piètre planification du gouvernement que le nombre de projets de loi substantiels qui sont encore au Feuilleton alors qu'il reste moins de 20 jours à la présente législature. Les libéraux nous obligent maintenant à siéger jusqu'à minuit tous les soirs pour traiter précipitamment de choses qu'ils prétendent être des priorités, comme le projet de loi , le projet de loi sur les services à l'enfance chez les Autochtones et bien d'autres encore. Après quatre ans, ces projets de loi sont étudiés durant les dernières semaines de cette législature, ce qui prouve qu'ils ne sont pas prioritaires.
Ma principale préoccupation tient au fait que le projet de loi créerait une nouvelle catégorie de suspension de casier. Il existe un processus normal de pardon et de suspension de casier, mais le projet de loi prévoit une procédure accélérée et sans frais dans un cas particulier.
Je ne crois pas que les libéraux ont expliqué en quoi cette procédure accélérée sert l'intérêt public. Ils ne se sont pas justifiés lorsqu'ils ont rejeté le projet de loi sur la radiation présenté par mon collègue et ami du NPD, le député de . De nombreux députés conservateurs avaient voté en faveur de ce projet de loi néo-démocrate, et souhaitaient qu'un débat ait lieu sur la suspension du casier judiciaire. Pourquoi? Parce que l'un des problèmes majeurs qui découlent de l'empressement des libéraux à légaliser la marijuana, c'est la question de la frontière.
Les Canadiens n'en sont peut-être pas conscients — et il s'agit d'un grave problème dans des endroits comme Windsor ou la Colombie-Britannique —, mais si un agent de l'immigration et des douanes des États-Unis leur demande s'ils consomment de la marijuana et qu'ils répondent par l'affirmative, ils pourraient être interdits d'accès. Cette situation risque de nuire à la liberté économique et aux perspectives d'emploi de ceux qui se rendent aux États-Unis pour des motifs liés au travail. Même auprès du président Obama, avec qui le entretenait une bromance, selon ses propres dires, le gouvernement n'a jamais pu obtenir l'assurance que les douaniers américains allaient cesser de poser cette question de contrôle. Il s'agissait pourtant d'une proposition assez modeste.
À la lumière de cela, la radiation est en fait une meilleure avenue, parce que les États-Unis ne reconnaissent pas la suspension du casier. Si nous souhaitons créer une catégorie spéciale, nous devrions tenir une discussion plus large sur la radiation pour tenir compte du risque que les États-Unis ne soient pas en accord. Le