a) prenne note de l’importance d’une presse libre et indépendante pour une démocratie en santé;
b) exprime sa conviction que des acteurs engagés dans la politique partisane ne devraient pas choisir, en pleine année électorale, les gagnants et les perdants dans le secteur des médias;
c) condamne l’inclusion d’Unifor, un groupe qui a défendu et qui continue de défendre des positions politiques partisanes, dans le comité qui supervisera la distribution des 600 millions de dollars consacrés à l’aide aux médias;
d) demande au gouvernement de cesser immédiatement ses manœuvres destinées à lui donner avantage aux prochaines élections et de remplacer son plan d’aide aux médias par une proposition qui ne permet pas au gouvernement de choisir des gagnants et des perdants.
— Madame la Présidente, c'est avec beaucoup de plaisir que je prends la parole aujourd'hui sur ce sujet qui, évidemment, me touche personnellement. Je confesse tout de suite mon conflit d'intérêts, ayant été journaliste pendant 20 ans. Il est donc probable que je sache de quoi je parle. Le point fondamental est l'importance d'assurer l'indépendance et la liberté de la presse.
[Traduction]
Madame la Présidente, j’ai le plaisir de vous informer que je compte partager mon temps avec le député de , qui est lui aussi un ancien journaliste. Je suis sûr qu’il parlera de son expérience. Je rappelle qu’il était présent à l’intronisation de Robert Stanfield et de Pierre Elliott Trudeau lorsqu’ils ont été élus chefs de parti. Il était aussi correspondant pendant la guerre du Vietnam. Il a été mon professeur, et je me souviens très bien de la célèbre interview qu’il a faite de sir John A. Macdonald. Elle a été un jalon marquant dans l’histoire du journalisme. C’est une plaisanterie, il ne faudrait pas me citer là-dessus.
[Français]
Aujourd’hui, il est question de la liberté de la presse et de l’indépendance de la presse. Le gouvernement libéral a fait sien son projet de vouloir octroyer près de 600 millions de dollars, provenant des contribuables, à certains médias qu’il va lui-même choisir. Tout cela à quelques mois à peine du déclenchement d’une élection. À première vue, c’est une ingérence politique partisane inacceptable en lien avec un des fondements principaux de notre démocratie, c’est-à-dire l’indépendance journalistique. Comme je l’ai mentionné en introduction, j’ai été journaliste pendant 20 ans. Je sais donc de quoi je parle.
Puisque j'ai travaillé comme journaliste pendant plusieurs années, je sais que des gens tentent parfois d’influencer le journaliste en lui présentant leurs idées et en expliquant pourquoi elles sont bonnes. Je n’ai aucun problème avec cela. Par contre, ce n’est pas le cas lorsqu’ils viennent lui dire qu’il est probable qu’ils puissent lui donner quelques millions de dollars pour aider son entreprise.
Les journalistes sont des êtres humains. Dire qu’ils peuvent être indépendants par rapport à une proposition semblable, c’est absolument impossible. C’est pourquoi j’estime que l’action du gouvernement libéral est tout à fait inadéquate envers les journalistes et qu'elle menace sévèrement l’indépendance journalistique, d’autant plus que leur projet de 600 millions de dollars ne règle absolument pas le problème de fond des médias.
Quel est le plan libéral? C’est de prendre 600 millions de dollars qui proviennent des contribuables et d'aider les médias qui sont en crise actuellement. Nous reconnaissons que, en raison des changements technologiques, les médias font face à une crise. Moi-même, je ne me souviens pas de la dernière fois où j’ai payé de ma poche pour avoir accès à de l’information en achetant un journal. Pourquoi? Parce que j’ai toujours accès gratuitement à l’information sur mon téléphone intelligent. J'y ai accès à la minute près.
C’est une réalité différente à laquelle il faut faire face. Pour le faire, le gouvernement libéral a choisi de prendre l’argent des contribuables et de l'investir dans les entreprises de presse qu’il va choisir lui-même.
Selon nous, ce n’est pas la bonne chose à faire. Non seulement le gouvernement s’octroie le choix des gagnants, c'est-à-dire de ceux qui vont recevoir l’argent des contribuables, mais cela ne règle pas le problème de fond des médias traditionnels, particulièrement des médias écrits qui font face à cette nouvelle réalité voulant que les gens s’abreuvent d’information sans avoir à payer. C'est ainsi que l'on faisait à l'époque. Je me souviens très bien d'avoir livré Le Soleil quand j’étais enfant, il y a environ 40 ans. Le journal était épais le mercredi et il l’était bien plus encore le samedi. Aujourd’hui, Le Soleil, publié à Québec, est pas mal plus mince qu’il ne l’était à l'époque, et cela n'a rien à voir avec les changements climatiques.
Il faut donc faire attention à cela. Selon nous, c’est un diachylon que l’on met sur une plaie ouverte, mais cela ne permet pas de régler le problème de base. Cela est un problème, mais ce n’est rien comparativement au problème que le gouvernement libéral a créé de toutes pièces en nommant à une table ronde un groupe politiquement partisan et engagé qui s’est donné la mission d’attaquer férocement l’opposition officielle — Unifor. Les gens qui participent à la table ronde doivent décider qui a raison et qui a tort, qui va recevoir les millions de dollars et qui ne les recevra pas.
Qu'est-ce qu'Unifor? C’est un syndicat qui, dit-on, représente plus de 12 000 personnes qui travaillent dans les médias. Cependant, ce n’est pas le seul syndicat qui représente les gens qui travaillent dans les médias.
Le 14 novembre dernier, à 16 h 40, ces gens ont publié un gazouillis très évocateur qui va vraiment au fond des choses et qui démontre le programme politique partisan du gouvernement libéral qui se cache derrière l'aide aux médias. Cette aide sera apportée grâce à des centaines de millions de dollars provenant des contribuables.
Le 14 novembre dernier, à 16 h 40 — l’heure est importante — le président d’Unifor, Jerry Dias, a publié le gazouillis suivant:
[Traduction]
« Le conseil exécutif national d'Unifor commence aujourd'hui sa planification en prévision des élections fédérales »
[Français]
Je ne peux pas montrer la photo qui a été publiée, mais il s'agit d'une photo en noir et blanc où l'on voit les cinq dirigeants principaux d'Unifor. Cela reprend exactement, au moyen de la même plateforme, ce que Maclean's avait publié quelques jours plus tôt.
[Traduction]
On peut y lire: « La résistance: Voici le pire cauchemar de [...] », suivi du nom du chef de l'opposition.
[Français]
En fait, le nom du chef de l'opposition y était inscrit, mais je ne peux pas le dire à la Chambre.
Unifor s'est engagé en politique de façon partisane, contre l’opposition officielle. Or il représente les journalistes. Ils sont choisis par le gouvernement libéral pour siéger au comité qui va leur dire comment faire pour choisir ceux qui vont gagner des centaines de millions de dollars. À l'évidence, cela n’a aucun rapport.
J’ai dit tout à l’heure que l'heure était importante. En effet, c'est le 14 novembre à 16 h 40 que Jerry Dias a publié son gazouillis qui évoquait clairement qu’il était en campagne électorale contre l’opposition officielle. À 17 h 46, soit environ une heure plus tard, David Akin, un journaliste d’honneur, a tout de suite réagi brutalement en se distanciant de son syndicat, Unifor.
[Traduction]
« Je suis membre de ce syndicat, conformément aux conditions de mon emploi, et je ne saurais dire à quel point cette idée est stupide pour un syndicat qui représente des journalistes. »
[Français]
C'est la réaction d'un homme d'honneur, d'un journaliste intègre et digne qui comprend que son représentant syndical n'a pas à s'ingérer dans le débat politique parce qu'il est journaliste. Comme journaliste, on doit être neutre, objectif et indépendant à l'égard du pouvoir politique, de quelque nature qu'il soit et peu importe le parti. Or, dans le cas présent, Unifor s'est engagé dans l'arène politique sans même consulter ses propres membres. Cela aussi, c'est insultant.
C'est pourquoi nous dénonçons férocement cette approche et, surtout, le fait que le gouvernement libéral est allé choisir, parmi les centaines de syndicats canadiens qui représentent les journalistes, celui qui s'était directement engagé à être le pire cauchemar du . On ne peut pas être plus partisan que cela ou compromettre davantage l'indépendance journalistique. C'est exactement ce que les libéraux ont fait.
Heureusement, des gens chevronnés se sont distancés de cela. Selon Chantal Hébert, bien connue dans le monde politique et dans le monde journalistique, nombreux sont ceux, parmi les chroniqueurs politiques, qui craignent que ce soit une pilule empoisonnée qui finira par faire plus de mal que de bien au secteur de l'information.
D'autres ont aussi pris la parole. Selon Andrew Potter, collaborateur universitaire de l'Université McGill et correspondant à CBC, c'est en réalité pire que quiconque aurait pu l'imaginer. Il dit qu'un organisme indépendant composé entièrement de syndicats et de lobbyistes du secteur, c'est un vrai désastre.
Andrew Coyne, pour sa part, a écrit qu'il est maintenant tout à fait clair, si ce n'était pas déjà le cas, que c'est la menace la plus sérieuse pour l'indépendance de la presse dans ce pays, et ce, depuis des décennies.
Cette stratégie libérale va-t-elle vraiment aider les médias? Non. On nomme des amis du Parti libéral et des ennemis du chef de l'opposition au comité qui choisira les gagnants et les perdants dans l'octroi des 600 millions de dollars que le gouvernement veut envoyer aux médias sans toutefois régler le problème fondamental auquel ceux-ci sont confrontés. Cette stratégie démontre à quel point l'éthique du Parti libéral est élastique.
Je rappelle que le Parti libéral dirige le Canada depuis bientôt quatre ans et que c'est la cinquième fois que ce gouvernement fait l'objet d'une enquête du commissaire à l'éthique. Jamais, dans l'histoire de notre pays, le premier ministre en poste n'a fait l'objet d'une enquête qui s'est conclue par des condamnations pour avoir enfreint les règles d'éthique.
À mon point de vue, cette tentative de distribuer 600 millions de dollars aux médias sans les aider convenablement et, surtout, en nommant des partisans libéraux qui sont contre nous au comité qui sera chargé de distribuer ces fonds, démontre que les libéraux ont une éthique élastique.
C'est la même chose dans le cas du fameux scandale SNC-Lavalin. Lorsque la décision avait été prise de façon honnête, intègre et dégagée par le système judiciaire, comme prescrit par la loi, les libéraux se sont ingérés dans le système judiciaire à des fins partisanes, parce qu'ils n'étaient pas contents de la décision et parce que le disait qu'il était un député de Montréal et qu'il devait être réélu. Ce sont les mots exacts prononcés par le et ses sbires.
Ces exemples déshonorants démontrent que ce gouvernement a une éthique très élastique. L'exemple que nous soulevons dans la motion d'aujourd'hui le démontre encore plus, puisque les libéraux nomment à un comité dit indépendant un groupe ultrapartisan, Unifor, qui s'est donné comme mission de détruire le chef de l'opposition officielle en disant qu'il était le pire cauchemar des conservateurs. C'est tout à fait inacceptable. C'est pourquoi nous demandons aux députés d'appuyer cette motion qui vise à préserver l'indépendance journalistique.
:
Madame la Présidente, je remercie le député de Québec de son intervention, sauf pour ce qu’il a dit au tout début.
Le premier ministre Pierre Trudeau a eu le bon sens de ne pas vouloir s’immiscer dans les chambres de la nation. Son fils n’a pas la sagesse, la sagacité, la perspicacité, l’intuition ou l’intelligence de comprendre que l’État n’a rien à faire dans les salles de nouvelles de la nation.
Nous savons que le libéral peut réciter par cœur une explication compliquée de l’informatique quantique, mais il nous a donné la preuve qu’il n’a aucun respect pour l’indépendance pourtant essentielle du quatrième pouvoir. Je vais en faire un bref rappel qui sera consigné au hansard, à l’intention du premier ministre, de ses acolytes et même du nouveau .
Jadis, le royaume britannique comprenait trois états : le clergé, la noblesse et le peuple. Au fil du temps et avec l’évolution de la démocratie parlementaire, on en était arrivé à donner le statut de quatrième état, ou quatrième pouvoir, à la presse puis à la radio et enfin à la télévision. Dans ce quatrième état, il y avait les chroniqueurs indépendants, les protecteurs et les défenseurs des faits et de la vérité, les arbitres de la confiance du public, et finalement des analystes et commentateurs des trois autres états : la Couronne, les tribunaux et le gouvernement. Puis soudain, à la fin du siècle dernier, le journalisme traditionnel, au sens où nous l’entendions, a commencé à connaître de graves difficultés.
Ces difficultés, c’était la technologie, les publics fragmentés, les recettes publicitaires tout aussi fragmentées, et l’abandon par les nouvelles générations des journaux traditionnels et des bulletins de nouvelles radiodiffusés à heures fixes. Au même moment, les gens se tournaient de plus en plus vers les sources d’information numériques, vers les blogues numériques et vers des médias sociaux et antisociaux non réglementés.
L’industrie canadienne de l’information a commencé à s’effondrer. Les journaux ont réduit leurs effectifs, bon nombre de travailleurs ont été licenciés et des tentatives de consolidation ont échoué. Des dizaines de journaux ont disparu. La production de vraies nouvelles locales, nationales et internationales a été réduite à une peau de chagrin, décimant ainsi les salles de nouvelles de la radio et la télévision.
On ne réglera pas la crise que connaît l’industrie canadienne de l’information en prenant des mesures de mitigation ponctuelles, comme le propose — en cette année électorale — le gouvernement libéral dans son plan d'aide aux journaux en difficulté, car ces journaux sont des dinosaures de la presse écrite, malgré ce qu'en dit le .
On trouvera la solution avec le temps. Les salles de nouvelles de la presse écrite et du monde de la radiodiffusion peuvent s’adapter et subsister en se transformant en plateformes numériques durables et lucratives. Pour favoriser l'avènement au Canada de ces plateformes de journalisme numériques indépendantes, le gouvernement devra modifier sa politique et assurer l'adoption de règles équitables dans l’industrie de l’information. Cependant, comment une organisation peut-elle être vraiment indépendante si elle est tributaire de subventions du gouvernement, d’allégements fiscaux accordés temporairement grâce à une caisse noire ou d’une aide financière directe ?
Il ne faut pas oublier que ces centaines de millions de dollars, près de 600 millions, ne seront versés qu’aux organisations journalistiques canadiennes admissibles, c'est-à-dire celles qui auront d’abord fait une demande d’aide financière et auront été jugées admissibles, selon un concept tout à fait typique de l’État providence des libéraux. Il s'agit là d'un concept sentencieux qui permet de conférer à certaines organisations le label bureaucratique d’organisation journalistique admise. Pour être admissible, une salle de nouvelles doit employer au moins deux journalistes qui travaillent un minimum de 26 heures par semaine pendant au moins 40 semaines consécutives. De plus, le groupe d'experts déterminera également l’admissibilité d’une organisation selon l'acceptabilité subjective des nouvelles générées par une salle de nouvelles.
Le gouvernement libéral va aussi décider, par l’intermédiaire de ce groupe, quels journaux en difficulté recevront de l’argent et lesquels n’en recevront pas. C’est un concept épouvantable, un concept scandaleux, qui viole les principes fondamentaux du journalisme indépendant. Mais le pire, c’est que ce comité disparate a été créé sans aucune consultation préalable. Son plus grave défaut est bien sûr l’inclusion d’Unifor, un syndicat qui n’a cessé de clamer qu’il serait le pire cauchemar du pendant la prochaine campagne électorale.
Au cours des dernières semaines, nous avons entendu des protestations d’un grand nombre des 12 000 journalistes en exercice qu’Unifor prétend représenter, des journalistes qui ont été forcés d’adhérer et de payer des cotisations à un syndicat qui sape le journalisme indépendant. Unifor mis à part, nous avons aussi entendu des protestations de journalistes représentés par d’autres syndicats qui ont été choisis parmi les huit associations du groupe libéral. Par exemple, la présidente de l’Association canadienne des journalistes a dit qu’elle avait appris que son organisation faisait partie du comité par la proclamation du gouvernement, sans avoir été consultée au préalable, et elle s’est dite préoccupée du fait que les décisions du comité ne seront pas transparentes et finales mais qu’elles seront sujettes à l’approbation du Cabinet libéral.
Les journalistes qui sont représentés par leur organisation au sein de ce comité ne sont pas les seuls à dénoncer la décision malavisée des libéraux de choisir les gagnants et les perdants de l’industrie canadienne de l’information. Le chroniqueur Andrew Coyne, par exemple, a fait remarquer que le plan libéral exclut tous ceux qui ne font pas partie de l’industrie canadienne de l’information telle qu’elle existe actuellement, et qu’il vise « non pas l’avenir, mais le passé de l’industrie de l’information; non pas les jeunes pousses dynamiques qui auraient des chances de sauver l’industrie mais les dinosaures dépassés qui sont en train de la mettre à mort ».
Le fondateur et rédacteur de The Logic, l’une de ces jeunes pousses dynamiques, David Skok, déplore que le statut à temps plein des journalistes qui est exigé pour le financement ne tienne pas compte du rôle crucial que jouent les journalistes pigistes dans l’écosystème de l’information. M. Skok a fait remarquer dans un éditorial que, « selon Statistique Canada, il y avait en 2016 environ 12 000 personnes qui se disaient « journalistes de profession ». De ce nombre, on peut raisonnablement en déduire que le nombre de personnes qui ne sont pas employées à plein temps dans une salle de nouvelles est de plusieurs milliers ».
Chantal Hébert, dont le principal employeur est le Toronto Star, sera très certainement jugée admissible aux largesses des libéraux. Mais cela ne l’a pas empêchée de dire que « le programme d'un demi-milliard de dollars des libéraux ne réglera pas la crise [qui sévit dans les salles de nouvelles]. Il est fort possible qu'il ne fasse que repousser l'inévitable. » Et Mme Hébert d’ajouter que « [...] parmi les chroniqueurs politiques, plusieurs craignent qu'il s'agisse d'un cadeau empoisonné qui finira par faire plus de mal que de bien à l'industrie de l'information ».
D’autres personnalités importantes se sont fait entendre. Par exemple, Andrew Potter, de l’Université McGill, a écrit : « C’est encore pire que ce qu’on aurait pu imaginer. « Un organe indépendant » composé uniquement de syndicats et de lobbyistes de l’industrie, c’est une catastrophe ».
Jen Gerson, chroniqueur à CBC et pour le magazine Maclean's, a publié un gazouillis disant: « Si ces associations ou syndicats étaient dignes de gérer ce comité “indépendant”, elles l’auraient déjà dénoncé ».
Dans un gazouillis, Aaron Wudrick, de la Fédération canadienne des contribuables, a déclaré ceci: « Croyez-moi, cela ne va pas stopper l’érosion de la confiance envers les médias. Au contraire, et ça commence déjà ».
David Akin, journaliste de Global News, qui est souvent assis dans la tribune au-dessus de nous, a invité le président du syndicat Unifor, Jerry Diaz, à venir le rencontrer avec des membres d’Unifor qui sont aussi membres de la tribune de la presse parlementaire. David a écrit sur Twitter: « Je propose d’organiser la réunion. Vous verrez par vous-même tous les dommages que vous nous causez, à nous et aux entreprises qui nous emploient, à notre crédibilité, et vous constaterez que vous êtes très mal informé ».
Le ne peut pas justifier ce sauvetage de 600 millions de dollars dans une année électorale, parce qu’il n’a aucune idée de ce qui se passera après la période de subventions, ce qui est inacceptable. C’est un véritable gaspillage de deniers publics, car une intervention de l’État doit avoir pour objectif non seulement la survie à court terme de la presse écrite mais aussi la durabilité du journalisme numérique qui est en pleine évolution.
Comme je l’ai dit tout à l’heure, la transformation et la survie de plateformes canadiennes de journalisme robustes et indépendantes exigent une réorientation de la politique et une volonté gouvernementale, mais comment des organisations peuvent-elles être indépendantes si elles dépendent de subventions, d’échappatoires fiscales temporaires ou d’aides financières directes du gouvernement?
:
Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député d'.
J'aimerais profiter de l'occasion pour rappeler à la Chambre l'importance d'une presse libre et indépendante pour une saine démocratie. Je ne le dirai jamais assez: une presse bien portante et indépendante constitue l'une des pierres d'assise de toute démocratie. Toutefois, la presse est en danger, ce qui représente un risque pour nous tous.
Au Canada et ailleurs dans le monde, l'industrie des médias d'information lutte pour sa survie. Elle est au bord de l'asphyxie, étant donné la diminution constante des revenus publicitaires et, plus récemment, la façon radicalement différente dont les gens consomment les nouvelles. Nous devons nous sortir la tête du sable, car ces changements viendront éroder notre processus démocratique avant longtemps.
J'ai moi-même été témoin de ce qui arrive dans des régimes autoritaires lorsqu'on empêche la presse de se faire entendre: les minorités sont ignorées ou, pire, punies en raison de ce qu'elles sont, on empêche les opposants au gouvernement de parler ou on les réduit au silence, et les gens vivent dans la peur de ce que le gouvernement peut leur faire. Ce n'est pas un monde dans lequel les Canadiens, moi y compris, veulent vivre.
La crise que traversent les médias canadiens a atteint un sommet dans les dernières années: on ne compte plus les mises à pied, des journaux autrefois forts et dynamiques ont fermé les uns après les autres et de nombreuses villes et localités se sont retrouvées sans journalistes locaux ni organes de presse. Depuis 2009, les quotidiens et les journaux communautaires ont dû composer avec une baisse de 48 % des revenus publicitaires. La moitié de leurs revenus se sont tout simplement volatilisés en 10 petites années. Toutes les industries auraient de la difficulté à se relever de ce genre de pertes.
Pas plus tard que la semaine dernière, le Hamilton Spectator a annoncé qu'il mettra fin à ses activités d'impression et aux opérations de la salle du courrier et qu'il allait probablement vendre son immeuble. On parle de la perte de 73 emplois à temps plein et de 105 emplois à temps partiel dans la région. Ce qui est tout aussi troublant, c'est la disparition du contenu local dans un marché médiatique d'envergure.
L'histoire ne s'arrête pas là. Partout dans le monde, les gens ont changé leur façon de s'informer. L'apparition des médias sociaux et des téléphones cellulaires a complètement bouleversé les marchés traditionnels. Les Canadiens n'attendent plus leur journal du matin, structuré et révisé par des pairs, pour prendre connaissance des nouvelles de la journée. De plus en plus de gens comptent sur les médias sociaux — Facebook, Twitter, Google, et j'en passe — pour se tenir au courant. Toutefois, ces plateformes ne respectent pas du tout les mêmes normes que les médias d'information. La vérification des renseignements, la recherche et la fiabilité des sources ont été mises de côté pour obtenir rapidement des clics ou dans un but qui n'est pas toujours noble. Ces plateformes n'ont tout simplement ni les ressources ni l'expertise nécessaires pour faire des reportages fouillés qui obligent les sociétés, les organismes et les gouvernements à rendre des comptes.
Nous savons que la tribune de la presse à Ottawa compte de moins en moins de membres et qu'elle n'est qu'une fraction de ce qu'elle a déjà été. Elle n'a plus les ressources pour contester le gouvernement et l'opposition comme elle le faisait auparavant.
Étant donné que les géants du Web offrent gratuitement de l'information, les Canadiens n'hésitent pas à se désabonner des médias d'information. Non seulement les médias d'information ont vu leurs recettes publicitaires, qui constituent en soi une partie importante de leur modèle de revenus, chuter considérablement, mais ils ont dû aussi faire concurrence à de nouveaux joueurs dans l'industrie qui ne suivent pas les mêmes règles. Étant donné que ces entreprises sont aux prises avec de nombreuses difficultés, il ne leur reste que deux options: tenter de s'adapter ou fermer carrément boutique. Malheureusement, il semble qu'elles choisissent la deuxième option.
Cela ne se limite pas aux quotidiens. Les journaux communautaires, un essentiel pour nos quartiers et une source d'information cruciale pour les collectivités canadiennes, sont aux prises avec les mêmes problèmes. Depuis 2009, 32 % des quotidiens et 19 % des journaux communautaires ont cessé leurs activités. Ceux qui restent ont dû s'adapter, une dure réalité. Compressions de personnel, diminution des tirages et fusions sont quelques-unes des solutions auxquelles les journaux ont dû se résigner pour survivre.
Toutes ces disparitions et réorganisations de journaux ont eu un énorme effet sur les emplois au Canada. Depuis 2006, près du quart de l'effectif des journaux a été mis à pied, ce qui représente presque 10 000 emplois. Au cours des trois dernières années seulement, ce sont plus de 600 emplois qui ont disparu dans ce domaine, ce qui veut dire que les Canadiens ne reçoivent plus l'information dont ils ont besoin pour faire fonctionner leur pays, leur province ou leur ville. Les procès ne sont plus couverts et il n'y a plus d'information sur les conseillers en place ni sur les quartiers. Les gens ne sont plus au courant de ce qui se passe dans leur quartier. Dans le meilleur des cas, un bref article sera parfois publié dans un grand journal. Cette situation nous fait du tort à tous.
[Français]
Avec un cycle de nouvelles de 24 heures et une quantité infinie d'informations à portée de la main, il semble étrange que des millions de Canadiens ne puissent pas savoir ce qui se passe au coin de la rue.
Comment pouvons-nous, en tant que Canadiens, faire les bons choix concernant nos gouvernements lorsque nous ne savons même pas ce qui se passe? Comment peut-on résoudre un problème si on ne sait pas qu'il existe?
[Traduction]
Comme moins de nouvelles exactes sont publiées, les fausses nouvelles se répandent encore plus rapidement, sans parler du fait qu'il y a des gens et des organisations qui essaient de profiter des Canadiens en les bombardant quotidiennement de ces fausses nouvelles. Le mouvement antivaccination et l'idée selon laquelle la terre est plate ont pris de l'ampleur parce que les milieux des fausses nouvelles répandent de l'information qui n'a pas été analysée de façon critique. La menace des fausses nouvelles se répandant comme une traînée de poudre pèse constamment sur de nombreux pays, dont le Canada, et elle est aggravée par le manque de journaliste pouvant obliger les gens à rendre des comptes.
C'est pour cette raison que le gouvernement libéral estimait qu'il fallait agir. Notre investissement de 595 millions de dollars sous forme de crédits d'impôt dans les médias canadiens sur les cinq prochaines années va contribuer à remettre l'industrie des médias sur pied au pays. Le gouvernement a créé un groupe qui comprend non seulement des éditeurs, mais aussi des journalistes et d'autres travailleurs du secteur. Ce groupe comprend des représentants des médias francophones et des médias ethniques.
Les Canadiens ont le droit de savoir ce qui se passe au pays et à l'étranger, mais il semble que les députés conservateurs aient encore une dent contre les journalistes et contre la vérité. Je ne peux pas parler au nom des autres députés, mais, pour ma part, j'ai rencontré beaucoup de journalistes et aucun n'est influençable ou ne peut être acheté par un gouvernement, mais les conservateurs veulent suivre la voie pavée par Doug Ford et ils tentent de nous convaincre que les journalistes sont nos ennemis. Les employés du parti ont affirmé, au sujet des médias, qu'ils allaient « viser la jugulaire ».
L'opposition est encore déconnectée d'avec les Canadiens. Les journalistes et les médias jouent un rôle fondamental au pays. Les Canadiens le savent et les conservateurs aussi devraient le savoir. Traiter les journalistes de fossiles, c'est leur manquer de respect et c'est manquer de respect envers les Canadiens. Les députés d'en face continuent de s'imaginer qu'ils sont entourés d'ennemis et qu'il y a des complots partout. Bientôt, ils voudront qu'on cloue les avions au sol en raison des traînées chimiques ou ils nous diront que les scientifiques se concertent pour les attaquer.
Deux principes fondamentaux ont guidé l'élaboration de ces politiques: premièrement, les mécanismes de soutien de l'industrie de l'information doivent être indépendants du gouvernement du Canada; deuxièmement, ces mécanismes doivent soutenir la création de contenu original.
En conclusion, il ne fait aucun doute que le gouvernement est responsable d’assurer la santé de la démocratie. Je suis fier d’être membre d’un parti convaincu qu’il est nécessaire d’investir dans les gens, contrairement au parti d’en face, qui veut rester les bras croisés ou pire encore, qui envisage de faire des compressions dans notre industrie de l’information.
Le gouvernement s’est lancé à l’action pour régler les problèmes auxquels se heurtent les médias canadiens. Nous sommes convaincus de la nécessité d’investir dans cette industrie et de la soutenir pour que les Canadiens soient adéquatement informés. Nous avons lancé ces initiatives parce que nous reconnaissons que la force et l’indépendance de la presse sont des éléments vitaux de la santé de la démocratie. Nous devons préserver l’indépendance de la presse sur toutes les plateformes. À l'ère des fausses nouvelles, qui se répandent sans aucune restriction, l'aide financière que nous accorderons garantira aux Canadiens un accès aux informations fiables dont notre pays a besoin.
Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de m’adresser à vous et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Madame la Présidente, si je prends la parole aujourd'hui, c'est pour parler de l'importance que le gouvernement attache à la santé de la démocratie, qui ne saurait exister sans une presse libre et indépendante. Les gens doivent pouvoir faire entendre leurs voix dans une démocratie: des voix diversifiées, dissidentes et dynamiques. Ceux d’entre nous qui ont un siège à la Chambre doivent parler au nom des personnes qui n'ont pas de tribune, même lorsqu'elles ont un ton peu engageant.
Personne ne doute qu’une saine démocratie exige une industrie des médias d’information solide et indépendante, et nous convenons tous qu’avec les technologies d’aujourd’hui, les Canadiens accèdent à l’information différemment et sous diverses formes. De nombreux lecteurs changent leurs habitudes et obtiennent leur information en ligne.
Selon le Baromètre de la confiance Edelman de 2018, 65 % des Canadiens s’inquiètent que de la fausse information ou de fausses nouvelles soient utilisées comme arme. Ce sont les nouvelles réalités auxquelles nous devons faire face à la Chambre et au sein du gouvernement. L’avènement des fausses nouvelles a incité le gouvernement à agir pour que la démocratie demeure bien servie par un journalisme éclairé et fiable.
Les mesures de soutien que nous avons élaborées font en sorte que la presse au Canada demeurera active, professionnelle, fiable et indépendante et que, grâce à un journalisme responsable, les Canadiens seront toujours au courant des événements qui façonnent notre pays. Comme l’a déclaré le : « Qu’il s’agisse de demander des comptes aux gouvernements ou de s’impliquer dans une cause locale, les Canadiens comptent sur l’industrie du journalisme pour faire la lumière sur ce qui est important — et ces mesures aideront l’industrie à continuer de le faire. »
Sans ces journalistes indépendants, il est beaucoup plus facile pour l’opposition de faire passer de fausses nouvelles, comme les publicités négatives actuellement payées à l’aide de fonds publics par le gouvernement de Doug Ford. Voilà pourquoi les conservateurs dénigrent avec véhémence les journalistes. Cependant, contrairement aux conservateurs, notre gouvernement n’a pas peur de rendre des comptes aux Canadiens.
Après le budget de 2019, il y a eu un point de presse au cours duquel quelqu’un a demandé si ce fonds allait simplement faire en sorte que les médias disent ce que les libéraux veulent qu’ils disent. Le y était, et je crois qu’il a répondu qu’il aimerait bien que les médias disent exactement ce qu’il veut, mais que ce n’est pas ainsi qu’une presse indépendante fonctionne. C’est au cœur de notre démarche ici.
À cette fin, nous avons annoncé une série de mesures qui, ensemble, viendraient appuyer le système canadien d’information, un pilier de notre démocratie. Deux principes fondamentaux nous ont guidés dans l’élaboration de ces mesures de soutien. Premièrement, nous choisissons d’appuyer les nouvelles d’une manière indépendante, en raison de tous les principes que proclame notre démocratie. Bref, nous croyons fondamentalement que les journalistes ne devraient pas craindre de voir le financement qui leur est accordé fondre simplement parce qu’ils ne sont pas d’accord avec nous. Deuxièmement, il faut valoriser la création de contenus originaux.
La première de ces mesures a été présentée dans le budget de 2018; le gouvernement insistait sur le fait qu’il appuyait les nouvelles locales dans les communautés actuellement mal desservies par les médias d’information canadiens. À une époque où les fausses nouvelles sont monnaie courante, tous les Canadiens méritent d’avoir accès à des renseignements fiables.
Prenons de front la question des fausses nouvelles. Récemment, les conservateurs ont essayé de faire croire une histoire complètement fausse portant sur les récentes annonces du gouvernement. Je veux prendre le temps qu’il me reste pour aborder ces questions de front.
C’est un fait que le 22 mai 2019, le a annoncé le lancement de l’Initiative de journalisme local, qui prévoit un financement total de 50 millions de dollars sur cinq ans pour soutenir la création d’un journalisme civique original qui répond aux besoins diversifiés des communautés mal desservies du Canada.
C’est aussi un fait que, pour protéger l’indépendance de la presse, sept organismes sans but lucratif représentant différents segments de l’industrie de l’information administreront l’initiative. Ces organismes embaucheront d’autres journalistes ou entreprendront des projets pour donner plus de visibilité à leurs nouvelles dans les communautés mal desservies, répondant ainsi au besoin de journalisme civique local dans ces communautés. Le contenu produit dans le cadre de cette initiative sera mis à la disposition des médias au moyen de la licence Creative Commons afin que les Canadiens soient mieux informés, peu importe la plateforme sur laquelle ils consomment leurs nouvelles.
D’autres mesures de soutien ont été annoncées dans le budget de 2019, et le gouvernement a proposé trois nouvelles initiatives pour appuyer le journalisme canadien, soit permettre aux organisations médiatiques sans but lucratif de recevoir des dons de bienfaisance et d’émettre des reçus officiels de dons, établir un nouveau crédit d’impôt remboursable pour la main-d’œuvre à l’intention des organisations médiatiques admissibles et créer un crédit d’impôt temporaire non remboursable pour les abonnements aux médias numériques canadiens.
C’est un fait qu’un groupe d’experts indépendants formulera des recommandations sur les critères d’admissibilité aux mesures fiscales afin qu’elles soient efficaces, transparentes et équitables.
Huit associations représentant des journalistes canadiens ont été invitées à soumettre le nom d’un candidat pour participer aux travaux du groupe d’experts indépendants. Malheureusement, les conservateurs se sont opposés à l’une de ces associations et ont communiqué de faux renseignements selon lesquels ces associations décideront d’une façon ou d’une autre qui recevra du financement. Heureusement, notre gouvernement ne croit pas à une façon aussi draconienne de partager l’information ou d’organiser un système destiné à protéger l’indépendance des médias.
En fait, ces associations ont été choisies parce qu’elles représentent la majorité des éditeurs de médias d’information et des journalistes canadiens. Le groupe d’experts indépendant sera en mesure d’examiner les points de vue de tierces parties, y compris les intervenants de l’industrie.
Nous savons pertinemment que les Canadiens auront un meilleur accès à un journalisme informé et fiable grâce à ces mesures clés.
Le fait que les conservateurs soient menacés par un groupe indépendant d’éditeurs de médias d’information et de journalistes est révélateur du genre de gouvernement qu’ils avaient sous M. Harper et du genre de gouvernement qu’ils pourraient être. C’est le même genre de crainte qu’ils avaient à l’égard des scientifiques et des personnes qui pensaient différemment et qui pouvaient leur demander des comptes. Les gens peuvent nous demander des comptes et c’est pour cette raison qu’il nous est toujours possible de mieux faire.
Au cours de la dernière semaine, les conservateurs se sont vivement opposés à la nomination d’Unifor au groupe d’experts sur le journalisme local. Unifor est un syndicat indépendant qui représente 12 000 travailleurs des médias partout au pays. Il apportera à ce groupe une expertise indispensable sur l’intégrité des médias, la liberté d’information et les droits des travailleurs.
Le gouvernement est déterminé à améliorer les normes et les conditions de travail pour tous les journalistes du pays, tout en faisant la promotion de la liberté de presse.
Nous reconnaissons et apprécions l’importance de la presse indépendante pour une démocratie saine, et l’ajout d’Unifor au groupe d’experts ne fait que renforcer ce principe.
Ne nous trompons pas en présumant qu’il y a une solution facile à la suite des importantes compressions imposées aux médias par le gouvernement Harper — on parle de coupures de 150 millions de dollars dans le seul cas de CBC/Radio-Canada. Le chef de l’opposition officielle a déjà déclaré que des centaines de millions de dollars de compressions seront imposées à CBC/Radio-Canada si les conservateurs forment le gouvernement.
Le gouvernement Harper a également affecté des ressources considérables à la surveillance des médias indépendants. Cette surveillance va à l’encontre de l’indépendance même de ces médias. Le gouvernement précédent était obsédé par le contrôle du message et il s’est livré à une vaste surveillance des médias. En revanche, notre gouvernement a établi une relation ouverte avec la presse.
Au Canada, l’écosystème des médias d’information subit d’énormes pressions, et c’est pourquoi nous prenons cette question au sérieux.
Examinons le changement de l’écosystème médiatique depuis 2019.
Vingt pour cent des quotidiens et des journaux communautaires ont cessé leurs activités. Cela signifie qu’au total, 276 collectivités canadiennes utilisent d’autres sources d’information pour suivre l'actualité qui les intéresse. De plus, nous ne tenons pas compte des nombreuses organisations médiatiques canadiennes qui ont dû réduire leurs effectifs et adapter leurs activités pour demeurer en activité en raison des compressions draconiennes de leur financement qui ont causé des dommages presque irréversibles.
Depuis que je suis député, la façon dont les médias d’Edmonton effectuent leurs reportages a changé radicalement. J’avais l’habitude de donner une entrevue au Edmonton Sun et une autre au Edmonton Journal. Puis, environ à mi-mandat, on m’a dit que je n’aurais désormais qu’une seule entrevue à faire. Lorsque je leur ai demandé pourquoi, ils m’ont répondu qu’ils avaient fusionné. Les publications Edmonton Sun et Edmonton Journal occupent maintenant les mêmes bureaux. En conséquence, je ne donne des citations qu’à une personne, puis les journalistes prennent les différentes citations dont ils ont besoin pour façonner l'article qu'ils veulent écrire. Voilà où en sont les choses au pays, il est donc temps que nous agissions.
Le gouvernement reconnaît le rôle vital et indispensable que joue le journalisme dans notre pays. C’est pourquoi nous continuerons de protéger l’indépendance des journalistes, et c’est pourquoi nous sommes prêts à faire les investissements nécessaires et à prendre des mesures pour veiller à ce que les Canadiens continuent d’avoir accès à une couverture médiatique éclairée et fiable qui est nécessaire pour assurer le maintien d’une démocratie.
[Français]
Le domaine journalistique comptait plus de 10 000 postes, mais la plupart ont disparu depuis 2007. Près de 250 quotidiens sont touchés: certains ont dû fermer leurs portes et d'autres ont dû réduire le nombre de leurs journalistes. Dans une telle situation, le gouvernement doit agir, et c'est ce que nous avons fait.
[Traduction]
C’est précisément pourquoi nous prenons ces mesures maintenant.
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec mon collègue le député d’.
Je suis heureux que les masques tombent aujourd'hui, parce qu'on parle d'un sujet qui nous préoccupe depuis belle lurette, au NPD. Cela fait environ huit ans que nous défendons l'information et le contenu culturel au Canada, au Québec en particulier, puisque celui-ci investit beaucoup dans les entreprises qui offrent ce contenu. De plus, en raison du paradigme changeant, il y a beaucoup plus de risques associés aux investissements faits par l'État québécois.
Hier soir, le Gala Québec Cinéma célébrait le talent du réalisateur Ricardo Trogi, de l'actrice Debbie Lynch-White, de l'acteur Martin Dubreuil et de Sara Mishara, directrice photo du film La grande noirceur. L'équipe de Québec Cinéma nous a aussi rappelé que, si le Québec savait si bien se raconter, c'était notamment grâce à des géants comme Jean Beaudin et Jean-Claude Labrecque, décédé la semaine dernière.
Pionnier de la caméra au générique de près d'une centaine de films d'ici et véritable témoin cinématographique de l'évolution de la société québécoise, Jean-Claude Labrecque, considéré comme le cinéaste de la mémoire du Québec, alors qu'il se qualifiait simplement de « chauffeur de kodak », nous aura conduits à bon port, à la hauteur de l'homme qu'il était.
Rendre hommage à Jean-Claude Labrecque, c'est rendre hommage au bâtisseur de ce dont nous avons hérité aujourd'hui. Nous avons hérité d'un système qui nous permet de raconter nos histoires, par la fiction, par des documentaires, mais aussi par les médias d'information. Il nous permet de parler de notre démocratie et de surveiller les agissements de nos politiciens. Or c'est précisément ce qui est en danger actuellement, à cause des guéguerres partisanes et médiocres de la part des deux principaux partis du Canada.
Il y a eu 10 ans d'inaction de la part des conservateurs, 10 ans à faire comme si rien ne s'était passé. Les libéraux sont ensuite arrivés au pouvoir en disant que cela n'avait pas de bon sens et qu'il fallait absolument régler le problème. Pourtant, quatre ans plus tard, ils n'ont strictement rien fait. C'est tout à fait médiocre, parce qu'il s'agit d'un gouvernement qui a peur de l'opposition. Je parle de l'opposition officielle, bien sûr, car les néo-démocrates se battent pour cette cause depuis au moins quatre ans, sinon huit, puisque cette question était moins sous-jacente à l'époque. En très peu de temps, la situation a véritablement tourné au vinaigre.
Il est inadmissible qu'aujourd'hui, 80 % des revenus publicitaires sur Internet s'en aillent aux États-Unis. Tous les législateurs du Canada devraient avoir honte. Il est normal pour une société qui vit dans le Nord, comme la nôtre, d'importer des ananas ou des bananes. Cependant, nous importons maintenant des panneaux publicitaires. N'est-ce pas pitoyable de laisser tous nos investissements en publicité s'en aller ailleurs? C'est une balance commerciale minable. Nous sommes des gens sans colonne, et je le constate constamment. Nous devons nous réveiller et protéger notre industrie. Cela signifie qu'on doit cesser d'être obnubilé par cinq lettres de couleurs différentes parce que c'est la marque la plus aimée aux États-Unis, autant par les républicains que par les démocrates. Il faut se réveiller.
Ce n'est pas la faute de Google si nous sommes des fainéants. Ce n'est pas la faute de Netflix si nous ne lui demandons pas de percevoir la simple TPS, l'abc de la taxation dans notre pays, soit la taxe à la consommation. Les libéraux ne le feront pas, pour des raisons totalement honteuses. C'est parce qu'ils ont peur de se faire dire par les gens d'en face, les conservateurs, qui veulent seulement être élus à la prochaine élection, qu'une taxe Netflix va coûter plus cher. Mon œil! Tous les Canadiens paient la TPS sur les produits qu'ils consomment. C'est normal, on a des choses et des services à payer, mais on n'y arrive pas.
Vous devriez tous avoir honte. Moi, en tout cas, en tant que citoyen d'un pays comme le Canada, j'ai honte qu'on ne soit même pas capable de se tenir debout et d'appliquer notre taxe à la consommation. C'est une immense honte. Le premier problème concerne donc évidemment la TPS.
Aujourd'hui, cela fait quatre ans que le gouvernement niaise et se prend pour un autre. Cela fait quatre ans qu'il fait comme si les conseils des autres n'existaient pas. Cela fait quatre ans qu'il a peur de se faire accuser de taxer Netflix. Voyons donc, Netflix a augmenté sa facture d'à peu près 33 % depuis un an. Il n'y a pas un chat qui chiâle. Les libéraux disent qu'ils ne factureront pas de TPS pour un service comme celui-là. Ils savent que c'est complètement injustifiable, mais ils ne le feront pas. On va leur poser la question à la revue de fin d'année. Cela dit, le et le nous mentent littéralement en nous disant que c'est compliqué d'ajouter des taxes lorsqu'il s'agit d'un service intangible sur Internet. Ils disent qu'ils vont consulter leurs amis des pays du G7 ou du G20. Voyons! C'est une taxe de vente. Qu'est-ce que c'est que cela? Vous nous mentez en pleine face. Ce genre de situation...
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Madame la Présidente, la vérité, c'est qu'on est ici dans un Parlement où, en tant qu'opposition, on est censé pouvoir proposer des choses et avoir une approche constructive. Cela fait 8 ans que je me bats à ce sujet et que le NPD planche sans arrêt pour protéger nos histoires et notre journalisme, pour s'assurer que le niveau du jeu est le même pour tout le monde. Cela n'arrive pas. Nous ne sommes pas les seuls. En janvier 2017, le rapport « Le miroir éclaté », «
Shattered Mirror » en anglais, recommandait ceci:
Recommandation no 1: Améliorer la section 19 et 19(1) de la Loi de l'impôt sur le revenu
On en a parlé. C'est complètement inacceptable que, dans une démocratie occidentale riche comme la nôtre, nous ne soyons pas capables d'ajuster un article de loi dont les annonceurs sur Internet profitent de façon éhontée. En gros, si une compagnie paie pour insérer une publicité dans un magazine américain, elle ne peut pas l'ajouter comme déduction à ses dépenses publicitaires. Elle ne peut pas mettre cela dans une revue américaine ou canadienne, car c'est une dépense inadmissible. Toutefois, mettre une publicité sur Google ou sur Facebook est une dépense admissible. C'est complètement ridicule.
Les conservateurs n'étaient pas mieux. Cette faille existe depuis longtemps, mais les libéraux ne font rien parce qu'ils ont peur de se faire taxer. Ils ne font rien depuis quatre ans alors qu'il s'agit d'un sujet aussi identitaire et grave, qui fait disparaître nos histoires, notre journalisme et potentiellement notre démocratie. On l'a bien dit: plusieurs hebdos qui couvrent nos petites politiques locales, à chacun de nous, dans nos circonscriptions, ferment. Ils ferment parce que les annonceurs peuvent profiter des avantages éhontés comme celui-là. Cette recommandation no 1 du rapport que je viens de citer est paru en janvier 2017. Cela fait deux ans. C'est un expert qui l'a dit. Ce rapport avait été demandé par la . Deux ans plus tard, rien n'a été fait. On n'a même pas encore touché à cet aspect, alors que c'était la première recommandation.
Voici une autre recommandation formulée par le Comité permanent du patrimoine canadien en juin 2017:
1) Le Comité recommande que la ministre du Patrimoine canadien étudie les structures existantes pour créer un nouveau modèle de financement qui s’applique à toutes les plateformes et qui supporterait le contenu journalistique canadien.
Cela fait deux ans. Je rappelle que ce rapport a été balayé du revers de la main avec dédain, tant par la ministre du Patrimoine que par le .
Voici la recommandation no 2 de l'autre rapport, qui date de janvier 2017:
Étendre la TPS/TVH à l’ensemble des revenus d’abonnements pour les informations numériques et des recettes publicitaires pour les entreprises qui ne sont pas admissibles au titre des critères de la nouvelle section 19. Rembourser la TVH/TPS pour celles qui sont admissibles
Rien n'a été fait. C'était en janvier 2017, dans le rapport de M. Greenspon, un journaliste émérite et un expert. Les libéraux n'ont rien fait.
Aujourd'hui, un peu comme l'énorme bavure commise dans l'affaire SNC-Lavalin, ce gouvernement a décidé encore une fois d'improviser. Il a foutu une ligne quelque part dans le projet de loi omnibus en croyant que cela allait passer. Or cela n'a pas passé. Il aurait dû consulter tout le monde. Cela aurait été agréable qu'il ne le cache pas dans un super projet de loi aussi épais qu'un catalogue d'Eaton. Qu'est-ce que cela a donné? Aujourd'hui, on peut voir les pertes d'emplois au Québec. Que les gens soient dans une situation problématique, ce n'est pas leur problème, mais c'est un grave problème pour le Québec.
Ici, encore une fois, un comité a été improvisé à la dernière seconde; il porte à conflit et à accusation par les gens d'en face. Depuis le début, ils savent très bien que les syndicats les haïssent parce qu'ils ont toujours dit qu'ils se foutaient de l'information et de la situation de nos médias ici, au Québec et au Canada.
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Madame la Présidente, je suis heureux d’intervenir au sujet de la motion d’aujourd’hui, car elle porte sur un enjeu de politique publique que je considère comme important. Il s’agit d’une question qui touche l’intérêt public. Je pense qu’à tout le moins, nous sommes tous d’accord pour dire que le fait d’avoir des médias indépendants et bien dotés en ressources est un élément important du bon fonctionnement de toute démocratie. C’est pourquoi il est inquiétant, depuis quelques années, de voir des salles de nouvelles fermer et des journalistes perdre leur emploi à cause des problèmes de revenus des médias plus traditionnels.
Même si les nouvelles circulent plus que jamais sur les médias sociaux, ces derniers ne génèrent pas de contenu. Ils n'écrivent pas d'articles. De moins en moins de journalistes écrivent des articles qui circulent de plus en plus, mais cela ne contribue pas à augmenter la qualité du journalisme. On a simplement affaire à un auditoire plus vaste pour un nombre plus restreint de journalistes.
Le manque de financement, ou l’incapacité des organes de presse d’embaucher des journalistes pour faire de bons reportages d’enquête, pose un sérieux problème. Il s’agit là, à mon avis, d’un problème d’intérêt public. Sur ce point, je suis en désaccord avec le député de qui a maintes fois répété, en gros, que le gouvernement devait ignorer le problème et éviter de s’en mêler, ou que ce n’était pas au moyen d'une politique publique qu'il fallait régler la question. Pourquoi laisser le marché régler ce problème, puisque nous avons eu la preuve de son échec à soutenir le journalisme de qualité? Nous devons trouver une solution. Si le marché peut en proposer une, tant mieux. Ce n’est simplement pas ce que nous constatons, et le temps presse puisque les salles de presse ferment leurs portes les unes après les autres et qu’il y a de moins en moins de gens, au Canada, capables de faire l’excellent travail que font les journalistes.
Au NPD, nous disons qu’il faut agir. C’est ce que nous réclamons depuis longtemps. Nous sommes cependant déçus de voir qu’on nous propose une solution de dernière minute, pour ainsi dire. Le gouvernement libéral fait cette proposition de dernière minute pour commencer enfin, peut-être, à régler un problème qui existe depuis longtemps et qu’on a laissé s’aggraver à ce point. Il est dommage que cette proposition arrive à la fin de la présente législature.
Nous ne sommes pas tous d’accord sur divers points soulevés au cours de ce débat, mais le fait que cette solution suscite autant de controverse est la preuve que nous avons besoin d’un plus long délai pour parvenir à un consensus ou, du moins, à une entente, parmi les partis ici présents. Nous avons besoin de plus de temps pour y arriver. Le fait que cette proposition arrive tardivement, à quelques semaines de l’ajournement, n’augure rien de bon sur notre capacité à trouver une solution qui aurait l’assentiment du plus grand nombre d’acteurs politiques. C’est important.
Le NPD sait depuis belle lurette que l’argent des grandes entreprises a joué un rôle dans les médias, et nous en avons souvent fait les frais par le biais des éditoriaux, des sujets couverts par les médias et des points de vue adoptés. De ce côté-ci de la Chambre, nous savons tous ce que l’argent signifie pour les médias et combien il est frustrant d’y voir des gens qui sont idéologiquement opposés à un point de vue et qui ne souhaitent pas le voir triompher.
Au fil des ans, beaucoup de gens ont fait la manchette des médias. Cette année, nous célébrons le centième anniversaire de la grève générale de Winnipeg. Nous avons entendu beaucoup d’histoires sur la coalition entre les dirigeants d’entreprises et les journaux et sur leurs manœuvres visant à diaboliser les grévistes et à dénaturer leur point de vue. Nous avons également vu ces pratiques se perpétuer depuis 100 ans.
Il y a d’excellents journalistes indépendants. Il a toujours été question d’argent dans l’industrie médiatique. Tant que nous aurons une solution à proposer et que le gouvernement continuera d'offrir des subventions, le NPD n’aura aucune objection à ce que les travailleurs soient invités à la table. Unifor représente plus de 12 000 travailleurs du secteur. Nous savons, parce que nous n’observons pas les syndicats de l’extérieur, que Jerry Dias sait exprimer son opinion, et qu’Unifor, en tant que grand syndicat, peut exprimer son point de vue en période électorale.
Brad Honywill est un réputé journaliste à la retraite qui a travaillé pour la chaîne Sun Media qui, en passant, n’a pas la réputation d’être injuste envers les conservateurs. Les députés ici présents qui connaissent le travail de Sun Media seront d’accord pour dire, s’ils sont honnêtes, que cette chaîne communique les opinions du mouvement conservateur du Canada de manière équitable.
M. Honywill a fait carrière dans cette entreprise de presse. En tant que journaliste à la retraite, il peut s'exprimer au sein de ce groupe avec un sentiment d'indépendance, et c'est très bien. Cela est distinct des activités politiques du syndicat. Il se peut qu'il y ait un malentendu de la part des conservateurs quant au fonctionnement des grandes organisations démocratiques. Toutefois, ce n'est pas la fin du monde qu'Unifor nomme une personne qui a une longue expérience dans l'industrie parmi les huit membres du comité chargé de faire des recommandations sur les règles à suivre et sur la nomination d'un deuxième comité indépendant.
Cela ne veut pas dire que ce soit le meilleur modèle. La situation se détériore depuis des années, comme mon collègue de l'a très bien dit, et je le félicite pour tout le travail qu'il a fait dans ce dossier au fil des années. On voit les difficultés s'aggraver depuis longtemps. Comme ma collègue néo-démocrate de Saskatoon l'a souligné tout à l'heure, si nous en sommes là, c'est à cause d'une sorte de problème structurel au sein de l'industrie. Il s'agit d'une industrie qui, jusqu'à maintenant, a cherché à se financer par des recettes publicitaires. Or, cette source de financement se tarit parce que la publicité se fait de plus en plus dans les nouveaux médias. Lorsque des entreprises ou des annonceurs achètent de la publicité à Facebook, Google ou une autre entreprise Internet, ils n'ont pas à payer la même taxe que s'ils diffusaient leurs messages dans les médias canadiens. Ils n'ont pas à payer la taxe de vente, la TPS. De plus, les médias sociaux proposent déjà un certain nombre d'avantages inhérents quant à la portée et la capacité de ciblage.
De plus, cette politique gouvernementale encourage d’une autre façon les entreprises à annoncer dans ces médias en n’appliquant pas la taxe de vente, ce qui réduit leurs frais de publicité. Les entreprises qui annoncent dans des publications canadiennes peuvent déduire ces frais de leurs revenus imposables, mais elles ne peuvent le faire si elles annoncent dans des publications imprimées américaines ou internationales. Pour ce qui est d’Internet, cependant, même si Facebook et Google sont des entreprises américaines, elles sont traitées comme des entreprises canadiennes. Les annonceurs canadiens peuvent ainsi obtenir le même avantage fiscal pour leurs publicités sur Facebook et Google que celui qu’ils obtiennent quand ils annoncent dans des publications canadiennes.
Ce sont là deux mesures fiscales qui incitent les entreprises à confier leur publicité à des annonceurs étrangers au lieu d’annoncer dans des publications canadiennes. C’est justement ce qui est à l’origine de la crise financière qui force les salles de nouvelles à fermer leurs portes ou à mettre à pied des journalistes et à compter sur une équipe famélique. Ce qui est étrange dans cette proposition, c’est qu’elle ne supprime pas les incitatifs structurels que les politiques gouvernementales ont créés et qui permettent de faire de la publicité auprès d’annonceurs non canadiens en ligne. Pourquoi le gouvernement propose-t-il une solution de fortune en faisant fi de problèmes structurels évidents? Dans leurs recommandations, divers comités parlementaires et groupes d’examen indépendants ont mis le doigt sur le problème, alors pourquoi le gouvernement ne cherche-t-il pas à régler le problème structurel au lieu de proposer cette solution de fortune? Personne ne le sait.
Je ne siège pas ici depuis aussi longtemps que certains collègues, mais il en est question depuis quatre ans. Ce que j’ai constaté, par exemple, quand nous parlons d’assurance-médicaments, c’est que des propositions claires sont proposées quant à la direction à prendre, notamment l’élargissement de la couverture qui permettrait aux Canadiens d’économiser des milliards de dollars par année, mais les libéraux ne sont pas disposés à aller de l’avant. Pourquoi? Parce que cela réduirait les profits de leurs amis du milieu des affaires.
Dans le dossier des changements climatiques, il y a des mesures concrètes à prendre au Canada pour lutter efficacement contre ceux-ci, mais encore une fois, nous nous heurtons à un mur, parce que les libéraux souhaitent protéger les profits de l’industrie gazière et pétrolière. Ils continuent à leur verser des subventions. Ils ont acheté un vieil oléoduc. Ils n’en ont pas construit un nouveau, mais ils ont dépensé 4,5 milliards de dollars sur un pipeline déjà existant afin de payer les actionnaires de Kinder Morgan, toujours pour protéger les profits de leurs amis du milieu des affaires.
Le modèle qu’on nous propose ici, au lieu de rendre de jeunes entreprises du milieu médiatique admissibles à ce financement, parce que beaucoup de gens s’y intéressent, est un programme qui privilégie les entreprises déjà bien établies du secteur. Ce n’était pas nécessaire. Ce sont les libéraux qui ont pris cette décision, encore une fois, et ce n’est pas par hasard. Cette mesure profite surtout aux grandes sociétés. C’est vraiment une tendance. Malheureusement, cela aura des conséquences. Comme les libéraux ont trop tardé à proposer une véritable solution, il nous sera difficile de parvenir à un consensus avant la prochaine élection. Il serait dommage que cela entraîne une perte de confiance des Canadiens à l’égard des journalistes durant une campagne électorale.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
L’institution de la liberté de la presse est le fondement de toute nation démocratique. C’est le principe selon lequel nous comprenons que les journalistes ou les fonctionnaires enquêtent sur les politiques, les politiciens, les allées et venues, et qu’ils font la lumière sur ce qui se passe dans notre pays en apportant parfois différents points de vue. Nous voulons ainsi nous assurer d’avoir les meilleures politiques publiques et de travailler à l’égalité des chances économiques. Quelle que soit notre allégeance politique, j’espère que nous sommes tous d’accord sur l’importance de l’institution de la liberté de la presse.
Je voudrais comparer l’institution de la liberté de la presse avec ce dont parlait mon collègue, à savoir l’industrie du journalisme. L’institution est différente de l’industrie. L’institution de la liberté de la presse n’implique pas que quelqu’un doive en tirer un profit. Ce dont nous parlons aujourd’hui, c’est de l’ingérence de l’État dans l’industrie de la presse, et nous nous demandons si cette ingérence est appropriée ou non pour assurer la survie de l’institution au Canada.
En 2013, le rapport de PwC intitulé « Online Global Entertainment and Media Outlook 2013-2017 » prévoyait que les revenus des journaux auraient chuté de 20 % en 2017. Cette situation n’est pas attribuable à un manque de lecteurs parmi les consommateurs, mais plutôt à une transition des recettes publicitaires, qui sont passées des médias imprimés aux médias en ligne. Ce ne sera une surprise pour personne à la Chambre, ni parmi les gens qui nous écoutent à la maison, si je vous dis que la façon dont nous consommons l’information a changé radicalement au cours des dernières années. Beaucoup d’entre nous consomment de l’information sur leur téléphone. Nous consommons l’information avec de courts clips vidéos. Nous consommons l’information qui nous arrive par le téléphone.
L’industrie du journalisme au Canada savait, grâce à ses propres prévisions et à des rapports comme celui-ci, que son modèle d’affaires était voué à l’échec. On est en droit de se demander pourquoi les contribuables canadiens devraient renflouer la presse imprimée, un modèle d’affaires qui périclite. Ces entreprises auraient dû savoir, comme toute industrie, qu’elles devaient s’adapter pour survivre. Quiconque possède une entreprise sait que les modèles d’affaires peuvent changer. Par exemple, regardez les compagnies de taxi quand Uber est arrivé. Quand quelque chose perturbe une industrie, il faut s’adapter si on veut survivre.
Nous nous demandons actuellement si le gouvernement devrait payer pour renflouer un modèle d’affaires ou une industrie qui ne fonctionne pas. Malheureusement, la réponse du gouvernement dans ce dossier touche directement à la liberté de presse. N’importe qui, quelle que soit son allégeance politique, doit être conscient de l’importance de cette question. Un parti politique ne devrait pas utiliser l’argent des contribuables de façon à nuire à la liberté de presse au Canada.
Comment cela peut-il se faire? Le a utilisé 600 millions de dollars, ce qui représente beaucoup d’argent qui pourrait servir à payer beaucoup de choses, pour aider un groupe ciblé d’acteurs de l’industrie du journalisme, en fonction de critères que le gouvernement sélectionne lui-même. Si ces acteurs de l’industrie ne sont pas sympathiques au gouvernement au pouvoir, peut-on vraiment les trouver crédibles comme acteurs dans l’institution de la presse libre? C’est la question qu’on est en train de se poser.
Quiconque — libéral, vert ou néo-démocrate — devrait être aussi à l’aise avec un gouvernement conservateur qui choisirait de tels critères qu’avec le gouvernement actuel. Il serait plutôt difficile d’accepter que, disons, Stephen Harper ait le contrôle sur les médias canadiens. Ce qui n’est pas acceptable pour les conservateurs ne devrait pas l’être pour les libéraux, sinon, nous avons un fichu problème. Quelqu’un qui vote pour le NPD ou pour les verts devrait aussi être inquiet de la situation.
Arrêtons de nous demander pendant quelques instants si les contribuables canadiens devraient renflouer une industrie moribonde qui n’a pas réussi à passer au commerce en ligne. Ce qui est en jeu, c’est la crédibilité de toute institution journalistique qui retire de l’argent de ce fonds et de ceux qui choisissent de ne pas le faire ou qui n’y sont pas admissibles. Ceux qui ne reçoivent pas de cet argent pourront-ils concurrencer des gens qui ont maintenant un intérêt partisan — parce que c’est bien de cela qu’on parle, monsieur le Président, d’un intérêt partisan.
Le gouvernement a nommé Unifor pour siéger avec les personnes qui choisiront les critères pour la répartition des fonds. Unifor a déjà lancé une campagne publique, financée par les deniers publics, contre un parti politique représenté à la Chambre. En fin de semaine, dans le cadre des émissions parlant de politique, le chef d’Unifor a dit qu’il devait faire partie de ce groupe parce que, pour lui, c’est une question d’équité. Il a dit que d’autres représentants de l’industrie et des médias avaient déjà appuyé les conservateurs, et que c’était un juste retour des choses qu’il puisse faire la même chose.
Ce dont nous discutons ici, c’est de critères pour déterminer quel acteur partisan est le mieux placé pour influencer l’industrie sur laquelle repose la liberté de la presse au Canada. C’est dégoûtant.
Nous avons eu beaucoup de discussions à la Chambre au sujet de l’influence étrangère dans nos élections, et des fausses nouvelles. Chaque Canadien doit apprendre à évaluer de façon critique l’information présentée comme une nouvelle. Le gouvernement ne peut pas réglementer cela. Bon nombre des acteurs actuels de l’industrie canadienne ont réagi à cette baisse de la qualité du contenu en ligne en tentant de créer leurs propres plateformes médiatiques et en utilisant des « pièges à clics ». Nous n’avons plus beaucoup de journalisme écrit que je qualifierais de journalisme. Il y en a un peu, mais il s’agit en grande partie d’opinions de droite et de gauche. Pourquoi les contribuables canadiens paieraient-ils pour perpétuer une industrie moribonde qui cause un tel fossé dans notre démocratie?
Je sais pourquoi le gouvernement libéral agit de la sorte et pourquoi le NPD l’appuie. Quand on contrôle la presse, on contrôle les gens. C’est de ça qu’on parle. Jerry Dias a dit qu’il avait un compte à régler avec les médias conservateurs. Les gens ne peuvent pas contrôler la presse par l’intermédiaire de l’État. C’est normal de débattre vigoureusement de politique et d’avoir le goût de nous étrangler les uns les autres en raison de nos différends en matière de politique publique. Toutefois, il est honteux de prétendre, d’une manière ou d’une autre, que ce qu’on voit actuellement est autre chose que le contrôle de la presse par l’État.
Les chroniqueurs qui affirment que tout journaliste qui travaille pour une entreprise qui reçoit de l’argent de ce fonds devra travailler 10 fois plus fort pour être crédible ont raison, et ils ont le courage de le dire.
En fin de compte, ce renflouement ne sauvera pas la presse imprimée au Canada. La seule façon de s’en sortir est que ces entreprises trouvent le moyen de faire la transition vers la nouvelle réalité numérique, ce que beaucoup d’entre elles n’ont pas réussi à faire.
Je m’oppose avec la plus grande fermeté à toute forme d’ingérence dans ce dossier. Nous devons avoir une discussion sur le rôle de l’État dans le financement des grands journaux au Canada. Nous devons nous opposer à ce que des acteurs politiques partisans participent à la distribution de l’argent des contribuables pour sauver une industrie sur laquelle repose la liberté d’expression dans notre pays. Je refuse de me lever et de dire, en tant que conservatrice, que je serais ravie d’avoir un tel niveau de contrôle. Non, nous devrions avoir un débat vigoureux qui remet en question ce dogme, qui permet de perpétuer un monopole contrôlé par des acteurs partisans. C’est mal et il faut mettre un terme à une telle pratique.
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Madame la Présidente, nous discutons aujourd’hui d’une proposition du gouvernement qui est vraiment ridicule. Je pense que ma fille de 6 ans pourrait très bien comprendre pourquoi c’est ridicule. Les députés ministériels devraient y arriver aussi. Il s’agit d'une aide de 600 millions de dollars de fonds publics à l’intention de certains journalistes et entreprises médiatiques. La distribution de ces fonds sera décidée par un comité auquel siégera Jerry Dias et la direction d’Unifor. La direction d’Unifor a clairement indiqué qu’elle utilisera les fonds des travailleurs à des fins électorales. Unifor fera campagne pour empêcher les conservateurs de remporter les prochaines élections et pour faire réélire le Parti libéral. Le syndicat a appelé son mouvement anticonservateur « la résistance ».
Des gens ouvertement partisans ont la responsabilité de distribuer de l’argent aux journalistes, c’est-à-dire de déterminer qui est un journaliste et qui ne l’est pas aux fins de ce financement et de déterminer qui reçoit l’argent et qui n’en reçoit pas.
De ce côté-ci de la Chambre, nous soutenons que, pour défendre une presse indépendante, il faut éviter que des fonds soient octroyés par des personnes ou des entreprises ouvertement partisanes qui font semblant d’appuyer un journalisme non partisan. Cela devrait être très clair. Il est scandaleux d’avoir des gens qui font activement campagne pour un parti en particulier et qui déterminent également qui est journaliste et peut obtenir du financement. C’est plus que scandaleux. Je pense que les députés d’en face comprendraient cela très facilement si c’était nous qui faisions cela.
C’est pourquoi, jusqu’à maintenant, les députés ministériels essaient d’éviter, par tous les moyens possibles, le véritable débat sur la vraie question. Ils soulèvent toutes sortes d’autres arguments pour éviter de parler de leur décision d’avoir des mécanismes partisans pour distribuer les fonds et décider quels journalistes sont admissibles au financement.
Les députés ministériels ont parlé du rôle important que jouent les journalistes dans notre démocratie. Bien sûr, nous sommes tout à fait d’accord avec eux. Cependant, l’outil le plus important dont disposent les journalistes, c'est leur crédibilité. Pourquoi les gens choisissent-ils d’obtenir leurs informations d’organisations médiatiques crédibles plutôt que de blogues? Pourquoi les gens vont-ils sur nationalpost.com plutôt que sur liberal.ca pour obtenir leurs nouvelles? C’est une question de crédibilité. Les gens comprennent. Ils espèrent que lorsqu’ils se tournent vers un média en qui ils ont confiance, ils peuvent s’attendre à ce que l’information soit crédible, exacte et non partisane.
Lorsque le gouvernement intervient en déterminant qui obtient du financement et qui n’en reçoit pas, il mine la perception de crédibilité de la presse par le public. Cela rend donc le travail des journalistes professionnels indépendants beaucoup plus difficile. Le gouvernement mine la confiance du public dans le quatrième pouvoir et il le fait dans son propre intérêt.
Si le gouvernement veut vraiment défendre le travail vital qu'accomplit la presse indépendante, il devrait écouter ce que des membres de la presse ont à dire de cette proposition.
Don Martin de CTV affirme: « L'idée que des associations et des syndicats de presse décident de qui va bénéficier de l'aide du gouvernement suscite un profond malaise. »
De son côté, Andrew Coyne déclare: « Il est maintenant parfaitement clair, si cela ne l'était pas déjà, qu'il s'agit de la plus grave menace à l'indépendance de la presse que ce pays ait connue depuis des décennies ».
Jen Gerson, de la CBC, dit: « Si ces associations ou ces syndicats étaient suffisamment fiables pour gérer ce comité « indépendant », ils dénonceraient déjà cette situation. »
David Akin affirme: « Je suis membre d'Unifor et je n'ai pas eu un mot à dire à ce sujet lorsque je suis entré à @globalnews. Unifor n'a jamais consulté ses membres avant de donner son aval. Si l'on m'avait posé la question, j'aurais fait valoir qu'on ne doit pas accorder de soutien partisan. » Il poursuit en ces termes: « Jerry, je vous invite à venir avec des membres d'Unifor qui sont aussi membres de la Tribune de la presse parlementaire. J'organiserai la rencontre où vous apprendrez directement les immenses dommages que vous faites aux entreprises qui nous emploient et à notre crédibilité, et où vous verrez à quel point vous êtes mal informés. »
Chris Selley, du National Post, affirme de son côté: « En offrant ce sauvetage financier aux médias, les libéraux font entrer les loups dans la bergerie. »
Enfin, Chantal Hébert déclare: « De nombreux chroniqueurs politiques craignent que cette pilule fasse plus de mal que de bien à l'industrie de l'information ».
Voilà une liste impressionnante de journalistes intelligents et sensés qui commentent l'actualité et qui ont une excellente réputation dans la démocratie canadienne.
Si le gouvernement dit qu’il veut défendre des journalistes indépendants comme Don Martin, Jen Gerson, Andrew Coyne, David Akin et Chantal Hébert, il devrait peut-être écouter ces journalistes indépendants, parce qu’ils comprennent que lorsque le gouvernement applique des politiques qui minent la perception de leur crédibilité aux yeux du public, cela rend la tâche plus difficile, et non pas plus facile, aux journalistes indépendants.
Les députés ministériels parlent d’une presse indépendante. Selon eux, le fait qu’Unifor fasse partie d’un groupe qui distribue des fonds publics et détermine quels journalistes reçoivent ou non de l’argent et le fait d’avoir des mécanismes ouvertement partisans qui contrôlent quels journalistes obtiennent ou non des fonds permet de défendre une presse indépendante. C’est très orwellien comme raisonnement. La guerre, c’est la paix; la liberté, c’est l’esclavage; l’ignorance, c’est la force. Il est orwellien de dire que des sympathisants du gouvernement qui distribuent arbitrairement des fonds aux médias de leur choix permettent de maintenir l’indépendance de la presse.
Les Canadiens devraient s’en inquiéter parce que les journalistes, eux, s’en inquiètent. Non seulement il s’agit d’un gaspillage de fonds publics et d'une manoeuvre par laquelle le gouvernement tente de se donner un avantage aux prochaines élections, mais on se trouve à miner l’indépendance de la presse et à lui compliquer la tâche alors qu’elle tente de faire son travail. Il devient plus difficile pour les journalistes de se battre contre les personnes qui remettent en question leur crédibilité.
Jerry Dias, d’Unifor, a répondu qu’il avait droit à sa liberté d’expression. Je conviens que tous les Canadiens ont droit à la liberté d’expression, mais il n’a pas le droit d’utiliser les deniers publics pour défendre ces points de vue.
De plus, nous nous attendons à ce que certains postes dans notre démocratie soient indépendants. Nous nous attendons à ce que les budgets ne servent pas à défendre des politiques ouvertement partisanes. Nous nous attendons à ce que le greffier du Conseil privé ne fasse pas de politique ouvertement partisane — oups! — et nous nous attendons à ce que certaines de ces personnes s’élèvent au-dessus des intérêts électoraux et de ceux des partis. Nous nous attendons certes à ce que les personnes chargées de distribuer des fonds aux journalistes ou de décider quelles organisations recevront l’argent soient indépendantes et distinctes de la classe politique.
Il s’agit de préserver l’indépendance de nos institutions. De ce côté-ci de la Chambre, nous voulons préserver l’indépendance de ces institutions. Il ne suffit pas de le dire; il faut laisser leur indépendance à ces institutions. Nous ne devons pas nous ingérer dans les affaires des journalistes, des fonctionnaires ou des intervenants du système judiciaire, car c'est là un autre problème. Il arrive trop souvent que les libéraux ne respectent pas l’indépendance des institutions canadiennes et s’ingèrent dans leurs affaires, et c’est ce qu’ils font une fois de plus avec les médias.
L’argument du gouvernement est qu’Unifor devrait être représenté parce que cette organisation représente les journalistes. Voici quelques chiffres importants: Unifor est un très grand syndicat, représentant plus de 300 000 personnes, dont environ 12 000 journalistes; moins de 5 % des membres sont des journalistes, alors ce n’est pas une organisation qui parle uniquement et exclusivement pour les journalistes. En fait, les journalistes ne représentent qu’une très petite partie de l’ensemble des membres de l’organisation, et prétendre que Jerry Dias peut parler particulièrement au nom des journalistes dans le contexte des politiques publiques et de la défense des intérêts est un argument loufoque. Il n'est pas étonnant que nous entendions tant de journalistes dénoncer cette situation.
Cela fait partie d’une tendance générale. Le gouvernement libéral s'efforce constamment de faire pencher la balance en sa faveur, au risque de miner l’indépendance de nos institutions. On l’a vu d’abord avec le système électoral, lorsque le gouvernement a voulu changer les choses à son avantage, et ce, sans référendum. Lorsqu'il s'est rendu compte que les résultats des consultations étaient différents de ce qu'il voulait, il a ordonné la tenue d'une autre série de consultations, tentant encore une fois de piper les dés. Le gouvernement a essayé de changer le système électoral à son avantage et il a échoué. Nous avons interpellé le gouvernement à ce sujet.
Le gouvernement a également tenté de modifier le Règlement de la Chambre. Sans l’accord de tous les partis, il a tenté d’imposer un mécanisme de clôture automatique, minant encore une fois le rôle de l’opposition à la Chambre des communes. Le gouvernement a tenté de le faire à plusieurs reprises, mais nous avons réussi à nous y opposer.
Nous avons demandé au gouvernement de mettre un frein à l’ingérence étrangère dans les élections; il a refusé d’agir pour le faire.
Le gouvernement a unilatéralement pris des mesures pour contrôler la structure du débat sur le leadership. Il a fait adopter d’autres modifications à la Loi électorale du Canada qui permettent à des tiers de dépenser plus que les partis politiques pendant la période préélectorale. C’est ce que le gouvernement a fait pour se donner un avantage.
Nous constatons que, dans ses efforts pour miner l’indépendance des médias en laissant des gens carrément partisans décider à quels médias verser les subventions, le gouvernement use encore une fois de manoeuvres pour se donner un avantage.
Le gouvernement ne respecte pas l’indépendance des médias. Il ne respecte pas l’indépendance du Parlement. Il ne respecte pas l’indépendance de l’opposition. C’est pour toutes ces raisons que le gouvernement libéral doit être défait.