La Chambre reprend l'étude, interrompue le 15 avril, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Monsieur le Président, je suis ravi de vous voir occuper le fauteuil parce que discuter du droit de réparer me rappelle l'époque où je travaillais au comité de l'industrie comme attaché politique. Je crois que vous siégiez au comité de l'industrie à l'époque, il y a environ 10 ans, alors qu'on débattait d'un autre projet de loi sur le droit de réparer, soit celui du député de , donc le débat sur la question me rappelle des souvenirs.
Je suis heureux de pouvoir poursuivre les observations que j'avais entamées. J'avais commencé un discours, que je peux maintenant poursuivre. Je crois qu'il me reste six minutes. Je poursuis un discours que j'avais commencé précédemment, et il y a eu un changement important dans ma vie depuis que j'ai commencé ce discours: j'ai acheté une tondeuse à siège pour tondre ma pelouse, ce qui influencera certainement mon point de vue sur le droit de réparer. Je tiens à remercier le député de de ses bons conseils au sujet de cet achat. C'était le modèle le moins cher que j'ai pu trouver, mais il vaut tout de même plus que la voiture que je conduis.
Comme je le disais, un projet de loi a été présenté auparavant à la Chambre par le député de qui traitait spécifiquement de la question du droit de réparer les véhicules. À l'époque, je travaillais pour le député d' à titre d'attaché politique, et d'autres députés qui sont toujours à la Chambre ont participé à ce débat. Ce sujet était toujours une source de tension. D'une part, il y a l'argument selon lequel les gens devraient avoir le droit de réparer leur propre bien et d'avoir accès à l'information dont ils ont besoin pour assurer le bon fonctionnement de ce qui leur appartient. D'autre part, il y a les préoccupations des fabricants concernant des choses comme la rétroingénierie et le fait que la communication de certains types d'informations pourrait créer des problèmes de propriété intellectuelle qui vont au-delà de la simple question de la réparation.
Il y a des considérations concurrentes, mais je pense que ces considérations peuvent aussi être bien équilibrées. En principe, j'appuie l'idée que les gens devraient pouvoir réparer leurs propres biens. Il s'agit d'une attente raisonnable de la part du propriétaire d'un véhicule, d'un tracteur ou d'une machine agricole, entre autres. Je pense que cette attente est compatible avec l'attente tout aussi raisonnable que les gens ne puissent pas faire de la rétroingénierie et tirer profit de l'accès aux codes de réparation et à d'autres informations. Comment pouvons-nous concilier ces considérations?
Lors de la législature en question, il y a plus de 10 ans, on a adopté le projet de loi sur le droit de réparer à l'étape de la deuxième lecture. L'étude en comité avait suscité pas mal de discussions entre les intervenants, lesquelles ont abouti à la création d'une entente volontaire qui a facilité la communication de renseignements et qui a fait l'affaire de tous les joueurs, les manufacturiers de même que les associations de réparation. Cela s'est produit parce que les députés ont exprimé leur appui de principe, mais aussi parce que l'on a bien exploré les enjeux et qu'il y a eu communion d'idées, ce qui a permis d'accomplir des progrès.
Je félicite le député de de soulever de nouveau le débat sur la question. La discussion mérite d'être tenue, d'autant plus que la portée du projet de loi va au-delà des voitures et couvre un éventail plus vaste de questions concernant la réparation et l'équipement. Je reconnais la nécessité du débat et la légitimité des principes en jeu. J'appuie volontiers le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture et j'attends avec impatience l'étude approfondie du dossier qui aura lieu en comité. Encore une fois, les conservateurs appuient le principe selon lequel on devrait être en mesure, soi-même, par des moyens raisonnables, de réparer les biens que l'on a achetés, pour qu'ils continuent de fonctionner. Nous reconnaissons également les enjeux entourant la propriété intellectuelle, lesquels exigent une réponse sérieuse et équilibrée.
Je suis heureux d'appuyer le projet de loi à cette étape-ci du processus et j'attends avec impatience les travaux du comité dans ce dossier.
[Français]
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Madame la Présidente, depuis les dernières semaines et les derniers mois, quand je me lève à la Chambre ou que je m'assois à Longueuil pour prendre la parole à la Chambre, je ne suis habituellement pas content. Il y a toutes sortes de questions et de problèmes qui ne font pas mon affaire et sur lesquels on n'avance pas assez vite, notamment au chapitre du logement, de la santé et des aînés. Toutefois, aujourd'hui, je suis relativement content.
Je trouve que le projet de loi qui est à l'étude est un pas dans la bonne direction. Ce matin, je suis content de prendre la parole sur cet enjeu qui me touche un peu. En effet, en tant que comédien, les questions liées au droit d'auteur me tiennent aussi à cœur. Je prends donc la parole pour dire que je suis en faveur du projet de loi parce que l'utilisation abusive de la Loi sur le droit d'auteur pour empêcher la réparation d'objets électroniques est immorale. En outre, cela coûte cher aux consommateurs et a des effets terribles sur l'environnement.
Le projet de loi C-272 vient modifier la Loi sur le droit d'auteur pour faire en sorte que la Loi « ne s'applique pas à la personne qui contourne la mesure technique de protection qui contrôle l'accès à un programme d'ordinateur dans le seul but d'effectuer tout diagnostic, tout entretien ou toute réparation sur un produit auquel il est intégré. » On pense tout de suite aux téléphones, aux tondeuses à gazon, aux laveuses, même aux tracteurs.
La Loi sur le droit d'auteur vise à permettre aux créateurs de vivre de leur art, de même qu'à protéger leur œuvre contre la copie ou un usage qu'ils n'approuvent pas. C'est une loi importante. Comme je l'ai dit plus tôt, en tant que comédien, je suis particulièrement sensible au fait de protéger tant les sources de revenus des artistes que leurs droits sur leurs créations, sur leur art en fait.
Curieusement, la Loi sur le droit d'auteur s'applique aussi aux concepteurs de programmes informatiques, en particulier lorsque l'œuvre est protégée des pirates par ce que l'on appelle un verrou numérique. La Loi interdit de casser ce verrou pour reproduire ou altérer l'œuvre sans le consentement de celui qui possède les droits d'auteur. On ne peut qu'être d'accord sur cela. Par contre, comme les logiciels sont aussi couverts par la Loi sur le droit d'auteur, les entreprises ont décidé de l'utiliser pour empêcher les réparateurs de contourner le verrou informatique. Cela a pour effet de rendre plusieurs objets irréparables.
La grande majorité des produits d'aujourd'hui ont des composants électroniques, on le voit évidemment partout, mais plusieurs entreprises ont inclus un dispositif numérique pour empêcher la réparation du produit à moins d'en avoir expressément reçu les codes par la compagnie. Selon ces fabricants, un réparateur qui contourne un verrou numérique pour réparer un téléphone, une automobile ou un tracteur sans le consentement de la compagnie commet une infraction à la Loi sur le droit d'auteur. Il devient donc impossible pour un citoyen de faire réparer un objet qui lui appartient et qui est brisé ou déréglé, à moins d'aller chez un agent de la compagnie. Là encore, il faut que la compagnie accepte de réparer le produit.
Dans plusieurs cas, les compagnies refusent de réparer leurs propres produits pour forcer les clients à racheter un produit neuf. Cela fait partie de ce que l'on appelle l'obsolescence programmée. C'est une source de gaspillage éhontée et, surtout, inutile. C'est mauvais pour le portefeuille des consommateurs et c'est évidemment désastreux pour l'environnement.
Prenons l'exemple d'Apple. Cette compagnie a breveté l'ensemble des pièces de ses téléphones pour s'assurer que personne ne pourra produire des pièces de rechange. Ce n'est pas des farces. Elle a aussi verrouillé ses logiciels d'exploitation pour empêcher les réparateurs de contourner les verrous sous peine de poursuite en vertu de la Loi sur le droit d'auteur.
Donc, si un consommateur a un téléphone défectueux, la seule façon de le faire réparer est d'aller dans un magasin d'Apple ou chez un détaillant autorisé d'Apple. Là encore, la compagnie n'accepte de réparer qu'un nombre vraiment limité de pièces.
On dit souvent aux consommateurs que le téléphone est irréparable ou qu'il doit être remplacé parce que Apple fait le choix de ne pas effectuer les réparations tout en sachant que personne d'autre n'a le droit d'effectuer les réparations que la compagnie elle-même refuse de faire. C'est en fait un genre de monopole de la réparation.
Si un consommateur a un problème avec son téléphone intelligent et qu'il choisit de le faire ouvrir par un réparateur non autorisé pour effectuer un diagnostic, il ne pourra plus le faire réparer et ne pourra donc même plus le faire remplacer selon la garantie parce qu'il l'aura fait réparer ailleurs et que cela viole les conditions d'Apple. C'est quand même fascinant.
En passant, au dernier trimestre, la compagnie Apple a fait un bénéfice net de 28 milliards de dollars. Quand on y pense un instant, l'obsolescence programmée est quand même un concept particulièrement immoral. On fabrique un produit en sachant à l'avance qu'il va ultimement briser, puis on s'assure de le rendre irréparable pour en vendre plus et pour faire plus d'argent. C'est inacceptable.
On empêche les consommateurs de réparer leurs biens eux-mêmes ou de payer quelqu'un quelques dizaines de dollars pour réparer un produit qui en vaut des centaines. Tout cela est fait dans le but de remplir les carnets de commandes et les poches des actionnaires. Cet aspect de la société de consommation est simplement incompatible avec la protection de l'environnement. On ne peut pas, dans un monde fini, favoriser une consommation infinie qui ne peut même pas être mitigée par la réutilisation ou par la réparation. La nécessité — j'insiste sur le mot « nécessité » — de protéger l'environnement pour les générations futures rend importants tous les gestes et toutes les initiatives, qu'elles soient petites ou grandes.
Ce projet de loi ne vise ni l'élimination des énergies fossiles ou des sables bitumineux ni l'adoption de mesures visant le respect des cibles de réduction des gaz à effet de serre — d'ailleurs, elles n'arrêtent pas de changer —, mais il n'en demeure pas moins un projet de loi important. Chaque geste compte réellement. J'encourage mes collègues à adopter rapidement le projet de loi.
Comme je l'ai dit, chaque geste compte, si petit soit-il. J'aimerais prendre un instant pour rappeler à mes collègues que l'on peut faire beaucoup plus pour lutter contre l'obsolescence programmée. Par exemple, de l'autre côté de l'Atlantique, l'Union européenne a adopté une directive demandant que ses États membres modifient leurs lois pour que les produits soient classés selon leur capacité à être réparés. Depuis janvier, en France, les produits ont une étiquette sur laquelle est indiqué l'indice de réparabilité.
En gros, les produits électroniques, comme les téléphones intelligents, les ordinateurs et les téléviseurs, ainsi que les électroménagers, comme les laveuses, les sécheuses ou les tondeuses à gazon, affichent maintenant une note sur 10. Cette note indique aux consommateurs quelles possibilités s'offrent à eux lorsque vient le temps de faire réparer l'objet en question.
Une telle mesure aide évidemment les consommateurs à faire des choix éclairés. Cela a aussi pour effet de mettre les entreprises en compétition entre elles, afin qu'elles fabriquent des produits plus durables, puisque les consommateurs connaissent enfin la durabilité des produits qu'ils achètent. D'ici deux ans, les autres pays européens devraient également adopter le genre de mesures prises par la France.
Le projet de loi modifiant la Loi sur le droit d'auteur permet de boucher un trou important et de régler une partie du problème de l'obsolescence programmée. Or il faut aller plus loin. Les solutions, comme celles dont je viens de parler, existent déjà. L'obsolescence programmée est un des grands problèmes de notre société, car cela crée beaucoup de pollution. Comme c'est très important de lutter contre les gaz à effet de serre, le projet de loi est important.
Selon le cabinet ABI Research, 720 millions de téléphones portables sont jetés chaque année dans le monde. Alors que, partout sur la planète, des gens se procurent leur premier téléphone portable, environ 60 % des 1,2 milliard d'unités vendues annuellement le sont pour remplacer des téléphones jetés. Si l'on ne fait rien pour lutter contre l'obsolescence programmée, on peut imaginer ce que ce sera lorsque tout le monde, ou presque, aura un téléphone intelligent.
Chaque année, entre 30 millions et 55 millions de tonnes de déchets électroniques sont enfouis. C'est une catastrophe. À titre de comparaison, 55 millions de tonnes de déchets électroniques, c'est plus de mille fois le poids du Titanic. C'est inacceptable.
Il y a donc urgence d'agir en vue de protéger notre planète. Presque tout le monde s'entend là-dessus. On ne peut pas continuer comme cela. Laissons à nos enfants et à nos petits-enfants un air plus sain, une eau plus claire et des sols plus fertiles, et non une immense montagne de déchets.
J'invite mes collègues à adopter rapidement le projet de loi. Toutefois, nous ne devons pas nous arrêter là, nous pouvons aller beaucoup plus loin. Pour sauver l'avenir de l'humanité, chaque petit pas doit immédiatement être suivi d'un autre.
[Traduction]
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Madame la Présidente, je suis reconnaissant de pouvoir prendre la parole à distance aujourd'hui à propos de ce projet de loi important. Avant de commencer, je voudrais cependant souligner la nouvelle tragique que nous avons apprise la semaine dernière concernant les restes de 215 enfants qui ont été découverts au pensionnat autochtone de Kamloops. Je suis attristé de cette découverte et j'envoie mes prières à la Première Nation Tk'emlúps te Secwepemc, de même qu'à toutes les communautés autochtones au Canada.
Je vais maintenant parler du projet de loi dont nous sommes saisis. Le rythme accéléré de la numérisation de l'économie et l'utilisation de logiciels pour un nombre grandissant de produits de consommation courante ont transformé la relation qu'entretiennent les consommateurs avec la propriété et le contrôle de beaucoup de leurs achats. Divers produits de consommation, des électroménagers jusqu'aux automobiles, qui n'étaient auparavant que mécaniques et électriques, sont maintenant truffés de logiciels. Ces transformations technologiques peuvent rendre les produits plus utiles et mieux adaptés aux besoins des consommateurs. Cependant, les logiciels qui contrôlent les composants de ces produits sont protégés par des droits d'auteur, ce qui réduit dans une certaine mesure la capacité des consommateurs, notamment, de réparer leurs produits comme ils l'ont toujours fait lorsque ceux-ci fonctionnent mal.
La Loi sur le droit d'auteur protège les logiciels afin d'encourager l'innovation et les investissements. Elle accorde aux titulaires de droits d'auteur la possibilité d'utiliser des mesures techniques de protection, aussi appelées verrous numériques, pour protéger le logiciel contre les accès et les copies non autorisés, ainsi que les violations des droits. À l'origine, les verrous numériques étaient présentés comme un outil qui encouragerait les industries de la création à offrir leurs produits sous forme numérique. Ils sont maintenant beaucoup utilisés dans les divers secteurs de l'économie pour protéger les logiciels intégrés à des produits, notamment dans le secteur manufacturier. Bien que je sois convaincu de l'importance juridique des mesures techniques de protection, je crois aussi que la Loi sur le droit d'auteur devrait prévoir des exceptions pour les situations où ces protections nuisent aux intérêts légitimes des consommateurs parce qu'elles les empêchent d'entretenir et de réparer les produits dont ils sont propriétaires.
À l'heure actuelle, une personne qui contourne les mesures techniques de protection d'un produit dans le but de le réparer contrevient à la Loi sur le droit d'auteur. La Loi prévoit déjà des exceptions qui permettent de contourner les mesures techniques de protection pour différentes raisons, notamment pour rendre des programmes d'ordinateur interopérables, pour mener des recherches sur le chiffrement et pour déverrouiller un téléphone cellulaire lorsqu'on change de service de télécommunications, pour ne donner que quelques exemples. Il serait logique, je crois, d'ajouter à la Loi sur le droit d'auteur une nouvelle exception qui permettrait de contourner les mesures techniques de protection dans le but de réparer un produit.
Le récent examen parlementaire de la Loi sur le droit d'auteur a attiré l'attention sur la situation. La recommandation 19 du rapport de 2019 du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie, intitulé « Examen prévu par la loi de la Loi sur le droit d'auteur », demande des mesures pour permettre aux Canadiens de contourner les mesures techniques de protection prévues dans la Loi sur le droit d'auteur dans le but de réparer, d'entretenir et d'adapter des appareils dans lesquels sont intégrés des logiciels. Faciliter la réparation est un défi de politique publique à multiples facettes qui pourrait nécessiter d'autres mesures législatives. Cependant, j'appuie le renvoi du projet de loi au Comité parce qu'il propose d'aborder la seule question qui relève clairement de la compétence fédérale: la Loi sur le droit d'auteur.
Le projet de loi ne résoudrait pas tous les problèmes des consommateurs en matière de réparation, mais il constitue un pas important dans la bonne direction. Je vais voter en faveur du renvoi du projet de loi C-272 au Comité parce que je crois que la suppression des restrictions relatives aux réparations imposées par la Loi sur le droit d’auteur aura pour effet que toute autre mesure introduite par les provinces et les territoires à l'appui des réparations sera plus efficace.
Si le projet de loi est renvoyé au Comité pour une étude plus approfondie, en tant que parlementaires, nous devons veiller à ce que toutes les informations et les faits soient mis en lumière sur la question du droit d'auteur et des réparations. Les faits garantiront que l'exception concernant les mesures techniques de protection à des fins de réparation, sur laquelle le Parlement tranchera, sera la meilleure option possible. Il s'agira d'une exception qui permettra d'équilibrer toutes les considérations et les intérêts variés qui entrent en jeu dans ce dossier.
Nous devons nous assurer que l'exception sert les intérêts des Canadiens voulant plus de choix et de facilité en ce qui concerne les réparations, mais aussi que les mesures de protection appropriées sont en place pour préserver la sécurité des produits électroniques.
Supprimer les restrictions relatives aux réparations imposées par la Loi sur le droit d'auteur pourrait accroître la compétitivité des ateliers de réparation indépendants. Nous devons stimuler l'entrepreneuriat de toutes les façons possibles pour relancer l'économie après la pandémie.
Aider les consommateurs à faire réparer plus facilement leurs produits, comme le propose le projet de loi , pourrait aussi contribuer à réduire les déchets électroniques. En effet, d'après un rapport des Nations unies, le Canada a généré 725 000 tonnes de déchets électroniques en 2014.
Selon une étude commandée par Open Media, 75 % des Canadiens ont jeté ou remplacé un dispositif brisé qui aurait pu être réparé. L'étude a également révélé que le tiers des répondants a affirmé que la réparation du produit coûtait extrêmement cher, ce qui les a forcés à en acheter un nouveau.
Toutefois, la Loi sur le droit d'auteur n'est pas responsable de tous les déchets électroniques. Autoriser le contournement d'une mesure technique de protection, comme le propose le projet de loi , permettrait de pouvoir réparer plus facilement les produits, au lieu de les remplacer. Cela ne pourrait que contribuer à réduire les déchets électroniques produits au Canada.
Enfin, j'espère qu'une telle exception aux fins de réparation, comme le prévoit le projet de loi , aiderait les groupes marginalisés depuis longtemps à obtenir un meilleur accès aux services de réparation, et les collectivités rurales et éloignées à avoir accès à davantage de services de réparation.
En terminant, je suis en faveur de cette modification importante à la Loi sur le droit d'auteur visant à faciliter la réparation des produits. J'ai hâte de discuter davantage de cette question afin que nous puissions nous assurer qu'une telle modification n'aura pas de conséquences imprévues.
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Madame la Présidente, c'est pour moi un privilège de prendre la parole à la Chambre des communes au sujet de la mesure législative sur le droit de réparer dont nous sommes saisis.
La semaine dernière, j'ai parlé au téléphone avec M. Jackson, qui est propriétaire d'un tracteur John Deere. Il s'inquiétait notamment de l'importance des systèmes électroniques dans le tracteur et de son incapacité à y accéder et à les réparer. Nous avons longuement discuté du droit de réparer. Je l'ai écouté avec intérêt.
Il a entre autres soulevé le fait que l'agriculteur y entre beaucoup de données. Les technologies agricoles modernes utilisent les coordonnées GPS, les taux de semis, les échantillons du sol et toutes sortes de choses. Cette information est entrée dans le système du tracteur, qui calcule, lorsque l'agriculteur démarre une nouvelle culture, la quantité de fertilisant à épandre, la vitesse d'exécution, le taux de semis et le poids des semences qu'il utilise par acre. Toutes les données de ce type sont incluses.
Il s'agit essentiellement de la propriété intellectuelle de l'agriculteur. C'était aussi l'avis de M. Jackson. C'est sa recette de semences, sa recette de production agricole. Pour que le tracteur et le semoir suivent sa recette, il doit entrer beaucoup de données. Il trouve préoccupant de ne pas pouvoir accéder au logiciel de son tracteur, qui envoie la plupart de ses données au fabricant.
Lorsque ces nouvelles technologies ont fait leur arrivée, il programmait le semoir pour qu'il effectue les tâches d'ensemencement et de fertilisation. Aujourd'hui, lorsqu'un agriculteur achète un tracteur ou un semoir neuf, il peut indiquer qu'il sème de l'orge en appuyant sur un bouton, et la machine s'occupe du reste. Le système lui suggère un mélange par défaut. Les fabricants de tracteurs et de semoirs ont utilisé les données entrées par les agriculteurs au cours des dernières décennies pour proposer un mélange générique de semences qui est efficace. Les fabricants peuvent dire que les données de 100 000 agriculteurs ont alimenté leur système.
Toutefois, cela ne semble pas être donnant, donnant. Certes, les agriculteurs semblent entrer beaucoup de données, et les fabricants s'efforcent de mettre au point des programmes à cette fin, mais si la machine d'un agriculteur tombe en panne, il doit attendre que le fabricant se présente et, ensuite, payer la note. Les fabricants tiennent les agriculteurs à leur merci. Les agriculteurs ont 24 jours pour ensemencer leurs terres et ils ne peuvent pas vraiment se permettre trois jours d'attente.
Voilà ce sur quoi M. Jackson a insisté durant notre entretien sur le droit de réparer. C'était une conversation intéressante. Toute cette histoire illustre bien l'équilibre que le gouvernement doit trouver pour régir la relation entre les consommateurs et les fabricants. De plus en plus, lorsque nous achetons des produits ou des technologies, ce ne sont pas les choses que nous pouvons voir et toucher qui ont de la valeur, mais bien les logiciels qui les font fonctionner.
Parlant de droit de réparer, ma machine à laver est tombée en panne l'autre jour. Comme j'ai quatre enfants à la maison, une machine à laver est un appareil indispensable. À vrai dire, c'est la carte de circuits qui contrôle le moteur qui est tombée en panne. J'ai fini par obtenir une nouvelle carte de commande, mais il est utile de pouvoir réparer ces choses; cela nous fait gagner du temps. En un après-midi, j'ai pu démonter l'unité, la remonter, puis la remettre en marche.
En ce qui a trait à la mesure législative sur le droit de réparer, si je me souviens bien, l'expression vient du secteur agricole et de celui des tracteurs, mais aussi du secteur de l'automobile. Lorsque le gouvernement a exigé l'installation de dispositifs antipollution à bord des véhicules, cette technologie était coûteuse. Les fabricants s'y sont pas mal opposés. Une fois le dispositif adopté, les fabricants ont affirmé qu'il s'agissait d'une technologie brevetée et qu'ils voulaient en garder le contrôle. Ils ne voulaient pas la perdre. Ainsi, de nombreuses mesures ont été mises en place pour protéger cette technologie.
Le gouvernement a cependant adopté une mesure législative sur le droit de réparer en faisant valoir que c'était lié aux émissions. Peu importe où se trouve le véhicule dans le monde, nous devons être en mesure de faire réparer ces dispositifs antipollution.
Au fil du temps, des protocoles ont été mis en place comme les systèmes de diagnostic embarqué OBD1 et OBD2. Chaque véhicule est équipé d’un connecteur sous le tableau de bord. Il doit être dans un rayon de 30 centimètres de l’axe central. Ce connecteur doit respecter de nombreuses normes. Les premiers connecteurs avaient jusqu’à 27 broches, il me semble, maintenant ils n’en ont plus que 3 ou 4. Le protocole est normalisé pour les communications par ordinateur. Quel que soit le fabricant qui a conçu l’outil diagnostique, les prises sont toutes exactement identiques et elles communiquent avec le véhicule, en vertu des mesures législatives sur le droit de réparer.
Dans les années 1980 et 1990, il existait jusqu’à 50 prises différentes pour brancher les analyseurs embarqués. Aujourd’hui, c’est la même prise pour tous les systèmes, qui doivent tous respecter le protocole normalisé. Cela a été rendu possible grâce aux mesures législatives sur le droit de réparer qui ont été mises en place il y a plusieurs générations.
La mécanique aéronautique est probablement à l’origine de ce type de technologie, mais aujourd’hui la technologie informatisée — qui était un défi à relever dans le secteur automobile dans les années 1980 et 1990 — est partout: dans nos machines à laver, dans nos cellulaires, dans nos tracteurs et même dans nos cafetières. Ces objets ont été programmés informatiquement et ils peuvent se connecter à nos téléphones.
Récemment, mon père a changé son ouvre-porte de garage. Son nouvel appareil est connecté au WiFi et il offre plein d'options géniales. Il est de plus en plus fréquent que les nouveaux appareils se connectent au WiFi et nous devons savoir comment utiliser cette technologie. Pour certaines catégories de produits, les fabricants sont très ouverts à fournir des informations sur la programmation de leurs produits pour les faire fonctionner tandis que pour certaines autres catégories de produits, les fabricants ne divulguent rien. Voilà la réalité.
Ces jours-ci, je vis la frustration de changer mon iPad. Apparemment, la mise à niveau du modèle de iPad que j'utilise n'est plus offerte par Apple. Pourtant, j'ai expliqué aux techniciens des TI à qui j'ai parlé que j'aime mon iPad. Le nouveau modèle qu'on me propose est plus gros et plus épais. En outre, je vais devoir télécharger à nouveau toutes les applications et m'habituer à un nouvel appareil. Je ne suis pas très à l'aise avec le changement.
J'ai demandé aux techniciens si je pouvais conserver mon vieux iPad et ils m'ont dit que ce n'était pas possible parce que les logiciels n'étaient plus mis à jour et que cela posait un risque en matière de sécurité. En effet, puisque les pirates informatiques sont de plus en plus habiles, mon vieux iPad ne pourrait pas résister à leurs attaques. Par conséquent, je dois me procurer un nouvel appareil. Le droit de réparer permettrait à une troisième partie de faire les mises à niveau de mon vieil iPad et de le maintenir à jour.
Le projet de loi contribuerait à atteindre un véritable équilibre. Je suis vraiment désireux d'entendre ce que les témoins au comité auront à dire, si ce projet de loi est renvoyé au comité. C'est toujours difficile. De plus en plus, quand on achète du matériel, on n'achète pas seulement l'équipement, mais aussi les logiciels et la technologie qui y sont associés. La plupart des gros engins modernes utilisés dans la construction sont connectés à l'usine. Toutes les données entrées dans un engin y sont renvoyées. C'est comme ça. Lorsqu’on achète un article, on y entre des données et ces données reviennent souvent au fabricant, qui les vend ou les utilise pour élaborer la prochaine génération du même article.
À mesure qu'on introduit l'automatisation, les données qu'on entre dans une machine sont utilisées dans la version automatisée de l'appareil. Il faut que ce soit donnant, donnant. Si les entreprises utilisent nos données, nous devrions pouvoir réparer les vieux appareils et mettre à jour les données antérieures.
J'appuie ce projet de loi, je serai heureux qu'il soit renvoyé au comité et j'ai hâte d'entendre les discussions qui s'y dérouleront.
[Français]
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Madame la Présidente, je suis très heureuse de prendre la parole au sujet du projet de loi . En fait, quand j'ai vu qu'il traitait de la Loi sur le droit d'auteur, je me suis dit que je serais vraiment dans mon élément. Étant moi-même autrice-compositrice de chansons, je porte la voix de milliers de mes semblables, et je me suis dit que nous allions enfin pouvoir débattre de l'importance des créateurs qui, mine de rien, habitent un large espace de vie de notre quotidien, divertissent nos têtes et nos cœurs, nous entraînent dans le rêve et l'émotion et nous emmènent dans des réflexions profondes de l'existence. Les créateurs musicaux, par exemple, placent à nos oreilles des mots et des messages qui influencent nos priorités et nos choix de société. Ils participent ainsi grandement à l'évolution et à l'orientation que prend le futur. Je m'en serais voulu de ne pas, à tout le moins, en faire mention ici.
À la lecture du projet de loi très pertinent de notre collègue d'en face, je me suis évidemment dit qu'on parlait d'autre chose. C'est un peu loin de ce que j'imaginais. Ce n'est donc que partie remise en ce qui concerne la protection des droits d'auteur de chansons, de théâtre, de musique, d'écriture, de mise en scène. Que mes amis artistes et créateurs m'entendent: je serai au front pour cela aussi, car il y a beaucoup à faire dans ce volet du droit d'auteur, qui souffre financièrement de la lenteur législative de ce gouvernement.
Cela dit, revenons à nos moutons. La Loi sur le droit d'auteur vise à permettre aux créateurs de vivre de leur art, de même qu'à protéger leurs œuvres contre la copie ou un usage qu'ils n'approuvent pas. Or, aussi étonnant que cela puisse paraître, et je l'ai découvert tout récemment, la Loi s'applique aussi aux concepteurs de programmes informatiques, par exemple, et c'est ce qui nous amène à ce très pertinent projet de loi C-272.
Contrairement au principe fondamental du droit d'auteur lié à la rémunération du créateur suite à son usage universel, comme c'est le cas des chansons, par exemple, la Loi ne s'applique pas lorsqu'il est question d'un réfrigérateur, d'une laveuse, d'une sécheuse ou de matériel informatique.
Ce projet de loi propose donc que la personne qui contourne la mesure technique de protection qui contrôle l'accès à un programme d'ordinateur dans le seul but d'effectuer un diagnostic, un entretien ou une réparation sur un produit auquel il est intégré ne soit pas soumise à l'actuelle Loi sur le droit d'auteur et qu'elle ne soit pas coupable. C'est pour cette raison que le Bloc québécois appuie ce projet de loi. Nous en appelons au gros bon sens, et, quand cela a du gros bon sens, nous en sommes.
Également, des nuances importantes doivent absolument être considérées et corrigées au sujet de la Loi actuelle, incidemment. Lorsque l'œuvre est protégée des pirates par un verrou numérique, la Loi interdit de casser ce verrou pour reproduire ou altérer l'œuvre sans le consentement de celui qui possède les droits d'auteur, et c'est très bien.
Voilà ce qui est moins acceptable: comme les logiciels sont aussi couverts par la Loi sur le droit d'auteur, plusieurs entreprises ont décidé de l'utiliser pour empêcher un réparateur de contourner le verrou informatique, rendant plusieurs objets irréparables. Lorsqu'un produit de consommation contient des composantes électroniques, et c'est le cas d'à peu près tout aujourd'hui, plusieurs entreprises y ont inclus un dispositif numérique pour empêcher leur réparation, à moins d'en avoir expressément reçu les codes par la compagnie. Selon ces fabricants, un réparateur qui contourne le verrou numérique pour réparer un téléphone, une automobile ou un tracteur, et ce, sans le consentement de la compagnie, commet une infraction à la Loi sur le droit d'auteur. Je tombe en bas de ma chaise.
Il devient alors impossible de réparer un objet qui nous appartient, qui est brisé ou déréglé, à moins d'aller chez un agent de la compagnie. C'est là que le bât blesse, mais encore faut-il que la compagnie accepte de réparer l'objet. Dans plusieurs cas, elle s'y refuse pour nous forcer à acheter un produit neuf. C'est ce qu'on appelle l'obsolescence programmée, et cet état de fait est une source de gaspillage terrible, tant sur le plan financier qu'environnemental. C'est un désastre pour l'environnement.
Prenons le temps de regarder en arrière. Je n'ai pas besoin d'aller très loin pour trouver des exemples. Nous n'avons jamais manqué de rien, chez nous. Mes parents se sont épris d'une grande maison au bord du fleuve et l'ont transformée en petit hôtel. Pour ce faire, mon père et mon grand-père ont vendu leur goélette, non sans regret, pour se permettre l'achat de la maison en question. Je raconte cela parce que le contexte permet de comprendre beaucoup ce dont nous parlons aujourd'hui. Les temps ont changé, mais est-ce pour le mieux? Ce ne l'est pas toujours.
Avant l'hôtel, mon père et mon grand-père étaient capitaines de goélettes sur le Saint-Laurent. Le rôle de ces précieuses goélettes était notamment d'approvisionner la Côte-Nord, puisque les routes et les chemins de fer, à l'époque, ne s'y rendaient pas. Pour les gens du Nord, comme mon père les appelait, l'importance des goélettes, ces bateaux que nous avons construits et qui nous appartenaient, était capitale. Sur le Saint-Laurent, les goélettes étaient nombreuses à faire le trajet de Montréal à Sept-Îles, puis jusqu'à Saint-Pierre-et-Miquelon.
C'était tout un événement, car chacun espérait la livraison de la chose tant convoitée qu'il attendait, que ce soit du sucre ou de la farine, du courrier, des instruments aratoires permettant l'autonomie alimentaire ou, bien sûr, un réfrigérateur, un grille-pain ou une cuisinière électrique pour le villageois qui avait le privilège d'avoir l'électricité.
Il était donc essentiel que la longévité de tous ces appareils soit au rendez-vous, car l'approvisionnement était ardu et jamais assuré. J'ai pensé que cela nous ferait plaisir de voir une belle photo de goélettes. Il y a quelques reflets, mais je crois...
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À l'ordre. Je suis désolée d'interrompre la députée. Nous apprécions énormément la photo qu'elle nous montre, mais l'honorable députée sait qu'il est interdit d'utiliser des accessoires à la Chambre.
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C'est intemporel, madame la Présidente, et je vous prie de m'excuser. Comparons cette situation avec celle d'aujourd'hui.
Lorsque j'avais à peine 6 ans, je me rappelle que mon père avait acheté un lave-vaisselle d'occasion pour notre petit hôtel. Il m'avait dit qu'il en avait acheté un deuxième, identique, mais hors d'usage, afin de pouvoir réparer le premier au cas où il se briserait. Je ne dirai pas mon âge, mais, qu'on le croie ou non, ce lave-vaisselle a survécu à mon père. Il est encore en service et je peux jurer que nous n'en avons pas trouvé de meilleur pour le remplacer. Évidemment et fort heureusement, il n'est soumis à aucun code d'obsolescence, car nous aurions sinon accumulé plusieurs amendes aux termes de la loi. Comme cet appareil sert encore notre cause et respecte très largement les normes commerciales de température de l'eau pour la désinfection, nous le gardons et le réparons. Le plus important, c'est qu'il ne pollue pas la planète.
Cette parenthèse nous fait bien comprendre ce que le projet de loi vient corriger. Pour le Bloc québécois, ce projet de loi est une mesure intéressante qui confirme que nous avons le droit de réparer et de faire réparer les biens qui nous appartiennent. Les réparateurs, qu'ils soient mécaniciens, informaticiens ou anciens capitaines de goélette devenus hôteliers, ne s'exposeront plus à des poursuites pour atteinte au droit d'auteur.
Ce projet de loi sera particulièrement utile en région, où les compagnies ne comptent souvent pas d'agent, ce qui rend la réparation des biens carrément impossible. En corrigeant une disposition de la Loi sur le droit d'auteur qui était utilisée par les fabricants afin d'empêcher la réparation de leurs produits, le projet de loi vient concrétiser le droit de réparer les objets qu'on possède. Cela contribuera grandement à la protection de l'environnement, qui n'en peut plus d'accumuler des centaines de milliers de tonnes de ferraille, d'appareils informatiques et cellulaires, de réfrigérateurs et de grille-pain, des objets dont on aurait pu prolonger la vie, n'eût été cette disposition aberrante de la Loi, laquelle sert l'argent plus que la logique et l'environnement.
La planète entreprend un virage vert qui est indéniable et absolument essentiel pour la suite du monde. Cette loi forcera peut-être les entreprises à revenir à une méthode qui assure la pérennité des appareils. Ces derniers seront peut-être plus chers à produire ou à acheter, mais ils seront plus durables et donc moins polluants. Le projet de loi est un pas dans la bonne direction pour contraindre les entreprises à adopter cette mesure et le Bloc québécois l'appuie.
[Traduction]
:
Madame la Présidente, avons-nous le droit de réparer les choses que nous achetons, ou sommes-nous obligés de les rapporter à celui qui nous les a vendues et de le payer pour qu'il les répare? C'est une question qu'on se pose depuis longtemps.
Nombre de vendeurs incluent dans leur modèle d'affaires ou leurs plans d'ingénierie un système qui oblige les acheteurs à retourner à l'endroit où ils ont acheté un produit ou un service et à payer pour l'entretien et les réparations. Cela permet au vendeur d'avoir une source de revenus stable et d'améliorer ses produits. En revanche, cela empêche l'acheteur d'aller voir ailleurs pour obtenir des réparations à meilleur marché. C'est un problème épineux.
D'habitude, les vendeurs s'y prennent de deux façons pour exercer leurs droits exclusifs à l'égard de la réparation d'un produit. Premièrement, on peut inclure dans la garantie ou dans le contrat de vente une disposition qui indique, par exemple, que l'acheteur peut acheter une voiture à un prix donné, mais que la garantie ne sera honorée que si l'acheteur fait entretenir la voiture par le vendeur. On peut inclure dans le contrat ou l'entente d'achat une disposition selon laquelle l'acheteur peut acheter un tracteur au prix initial à condition qu'il le fasse réparer par le vendeur. Ces ententes contractuelles font partie des moyens utilisés.
L'autre manière, c'est d'intégrer aux produits des mesures techniques de protection. Il s'agit d'un phénomène particulièrement nouveau, car il y a 30 ou 40 ans, les produits n'étaient pas vraiment dotés de technologies numériques qui pouvaient être cryptées ou dont l'exclusivité pouvait être protégée par des techniques de codage. De nos jours, presque tous les produits que nous achetons contiennent des composants technologiques. À l'avenir, la technologie intégrée aux produits que nous achetons — qu'il s'agisse d'automobiles, de laveuses et sécheuses ou de grille-pain — aura plus d'importance que le matériel lui-même ou l'étain, le fer ou l'aluminium dont ils seront fabriqués. Les entreprises, devenues très astucieuses, ont donc commencé à inclure des mesures techniques de protection dans leurs produits afin qu'elles détiennent le pouvoir exclusif d'entretenir et de réparer leurs produits.
Il existe deux courants de pensée extrêmes sur la manière de gérer cette tension entre l'acheteur qui veut réparer lui-même son produit et le vendeur qui veut le réparer pour l'acheteur. Je vais les passer en revue très rapidement. D'une part, certains soutiennent que le gouvernement devrait obliger les vendeurs à cesser d'inscrire des mesures techniques de protection ou des clauses d'exclusivité dans leurs contrats de vente et d'entretien. D'autre part, certains prétendent qu'il faut maintenir le statu quo, obligeant ainsi les acheteurs à respecter les mesures techniques de protection et à continuer de se tourner vers le vendeur pour effectuer les réparations et l'entretien. Ces deux solutions obligeraient le gouvernement à imposer à une partie la volonté de l'autre.
Je crois au régime de la libre entreprise, où le gouvernement exerce le moins de contraintes possible. À la lecture du projet de loi , présenté par le député de sur le droit de réparer, je conclus que le député partage mon point de vue. Son projet de loi n'interdit ni les mesures techniques de protection ni les efforts des consommateurs visant à contourner ces mesures. Plutôt, il légaliserait simplement la création de technologies permettant de contourner ces mesures techniques de protection de sorte que les consommateurs puissent tenter de réparer le produit eux-mêmes.
Par exemple, si une personne achète un tracteur auquel le fabricant a intégré une mesure technique qui empêche le consommateur de moderniser ou d'entretenir ce tracteur, la loi en vigueur à l'heure actuelle interdit à cette personne d'acheter un produit permettant de contourner la mesure technique de protection.
Selon la formulation actuelle de l'article 41 de la Loi sur le droit d'auteur, le consommateur qui achète un produit pour contourner les mesures techniques de protection enfreint la loi. Or, le projet de loi propose de lever cette interdiction. Ainsi, le fabricant du tracteur pourrait toujours intégrer une mesure technique de protection pour empêcher le consommateur de faire lui-même l'entretien du tracteur, mais le consommateur aurait le droit légal d'acheter un autre produit qui lui permettrait de contourner la mesure technique de protection.
Autrement dit, le projet de loi laisserait aux consommateurs et aux marchands le soin de déterminer eux-mêmes les conditions de leur entente contractuelle. Il continuerait d'autoriser les entreprises à mettre en place des mesures visant à leur réserver le droit exclusif de réparer les produits qu'ils vendent, mais il autoriserait également le consommateur à contourner ces mesures de protection. À mon avis, c'est la bonne solution, car nous devrions, autant que possible, laisser les consommateurs et les marchands concernés prendre les décisions entourant leurs transactions commerciales et limiter autant que possible l'intervention du gouvernement dans ces décisions volontaires.
Par exemple, il devrait être légal qu'un concessionnaire automobile inscrive au contrat de vente que l'entretien de la voiture devra se faire chez lui pour que la garantie demeure valide. Par contre, si cette clause ne convient pas à l'acheteur, il peut décider d'acheter une voiture ailleurs. C'est tout le génie du libre marché.
L'acheteur peut se dire: « Je ne veux pas être obligé d'aller toujours chez le concessionnaire pour l'entretien de ma voiture. Je préfère aller chez Jane, ma garagiste, parce qu'elle fait du meilleur boulot. Je veux pouvoir faire entretenir ma voiture chez elle et je n'achèterai pas ma voiture chez un concessionnaire dont la garantie sera invalidée si je ne fais pas faire l'entretien chez lui; je vais choisir un autre concessionnaire dont la garantie ne comprend pas ce genre de clause. »
Cela donne au consommateur la liberté de faire des choix en toute connaissance de cause lorsqu'il souhaite acheter un produit. Qu'il s'agisse d'un téléphone intelligent, d'une automobile, d'une laveuse ou d'une sécheuse, ou encore d'un tracteur de ferme, l'acheteur a la possibilité de choisir s'il veut faire son achat auprès d'un vendeur qui exige qu'on ait recours à ses services pour l'entretien du produit en question.
En même temps, le vendeur a la possibilité d'intégrer au produit vendu une mesure technique visant à empêcher quiconque, à part lui, de le réparer. Il n'y a rien dans ce projet de loi qui l'empêcherait de le faire. Par contre, si le projet de loi est adopté, l'État ne se chargerait plus d'assurer le respect des mesures techniques de protection, ce qui est une bonne chose, à mon avis.
Nous devrions jouir d'un marché libre et ouvert où les gens se démarquent en ayant le meilleur produit plutôt que le meilleur avocat, où ils peuvent volontairement travailler en échange d'un salaire, puisque le paiement sur la production et les intérêts sur l'investissement sont des principes qui permettent à tout le monde de bien vivre en faisant ce qui est bon, d'où toute l'ingéniosité du régime de marché. Si quelqu'un a des pommes et veut une orange, que j'ai des oranges et que je veux une pomme, nous faisons un échange, et nous avons tous les deux des pommes et des oranges, mais nous en ressortons avantagés parce que nous avons tous les deux quelque chose qui vaut plus pour nous que ce que nous avions au départ.
Ce qui vaut dans ce simple échange de pommes et d'oranges vaut aussi pour des produits plus complexes, par exemple de l'équipement agricole informatisé, des téléphones intelligents ou d'autres appareils. En tant que consommateurs, nous prenons le temps de faire des recherches. Nous vérifions les conditions d'achat d'un produit, puis nous prenons une décision. Si nous n'aimons pas les conditions établies par un vendeur, nous pouvons aller en voir un autre.
Je félicite le député de . Je crois qu'il a trouvé la meilleure solution dans le cadre de la législation fédérale, solution qui permet aux acheteurs de biens et de services d'optimiser autant que possible leur rôle quand ils acquièrent un produit, et il élimine toute intervention inutile de l'État afin que les acheteurs et les vendeurs puissent faire des affaires et arriver d'eux-mêmes au meilleur résultat possible.
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Madame la Présidente, je suis fier de parler du projet de loi d'initiative parlementaire que je parraine, le projet de loi , et je suis ravi à la perspective de sa prochaine mise aux voix. Ce sujet a suscité mon intérêt en raison des nombreux aspects de nos vies qu'il concerne, qu'il s'agisse d'agriculture, d'alimentation, d'environnement, de réduction des déchets envoyés aux sites d'enfouissement, des droits des consommateurs ou de la libre disposition des biens que l'on acquiert.
J'espère que cette mesure législative suscitera une discussion plus approfondie sur le droit de réparer. Cette question non partisane touche les préoccupations des citoyens urbains et ruraux, des jeunes et des vieux, des calés en technologie et des technophobes. Elle nous touche tous. Je suis ravi de la réaction positive que le projet de loi suscite de la part de tous les partis et j'espère qu'il fera l'objet d'une discussion approfondie en comité.
Le projet de loi C-272 répond à certaines préoccupations plus fréquentes au cours de la dernière décennie, selon lesquelles la Loi sur le droit d'auteur est utilisée et interprétée dans des domaines qui dépassent largement sa portée. En particulier, ces préoccupations portent sur les dispositions du droit d'auteur qui peuvent empêcher la réparation d'appareils et de systèmes numériques, même lorsque rien n'est copié ou distribué. La technologie numérique qui nous entoure étant de moins en moins chère, elle est de plus en plus intégrée dans notre vie quotidienne, et la Loi sur le droit d'auteur régit les logiciels que l'on trouve dans ces systèmes.
À titre d'exemple, la technologie n'a pas beaucoup changé dans les réfrigérateurs au cours des dernières décennies, mais on peut maintenant se procurer un réfrigérateur avec un ordinateur à l'intérieur ou des écrans tactiles numériques sur le devant. Cet ordinateur, plus précisément le logiciel intégré, est protégé par la Loi sur le droit d'auteur. Il fait fonctionner et gère le réfrigérateur et ses systèmes.
Toutefois, un fabricant peut décider de ne pas autoriser la réparation ou le remplacement d'un filtre, d'un compresseur ou d'une autre pièce sans qu'un code, un mot de passe ou une autorisation spécifique ne soit entré dans le système. Un tel refus de la part du fabricant vise parfois à s'assurer que seuls les techniciens agréés effectuent les réparations ou à empêcher l'installation de pièces de rechange. Toutefois, si une personne effectue cette réparation elle-même en contournant les mesures de protection technologiques mises en place et force le système à accepter la réparation, elle pourrait être accusée d'avoir enfreint une loi fédérale, soit la Loi sur le droit d'auteur.
Le besoin d'effectuer des réparations peut être encore plus grand dans des régions rurales ou éloignées, où il est plus difficile d'avoir rapidement accès à un concessionnaire ou un fabricant. Les mesures techniques de protection peuvent involontairement empêcher des ateliers de réparation indépendants ou des bricoleurs de procéder à des réparations. Elles peuvent même empêcher qu'on procède à des réparations après que le fabricant ait fait faillite, et ce même s'il est impossible de procéder autrement, car ces réparations enfreindraient quand même la Loi sur le droit d'auteur. Cela va à l'encontre de tout ce que les Canadiens comprennent d'instinct lorsqu'ils achètent quelque chose. Le projet de loi vise à éviter de telles situations en ajoutant une exception très ciblée afin de permettre aux consommateurs de contourner les mesures techniques de protection, mais dans le seul but d’effectuer un diagnostic, un entretien ou une réparation.
Aucune de ces mesures de protection du droit d'auteur ne devrait poser problème lorsqu'il s'agit de réparations, et la Loi sur le droit d'auteur ne vise aucunement les réparations physiques d'appareils. Interpréter la loi en ce sens a pour effet de sortir complètement de la notion de droit d'auteur et de fausser l'usage de la loi. Dans ce contexte, la Loi sur le droit d'auteur est devenue désuète. Le contournement des mesures techniques de protection prévu dans le projet de loi ne vise que les diagnostics, les entretiens ou les réparations. Tout autre contournement resterait illégal en vertu de la Loi sur le droit d'auteur.
Des habitants de ma circonscription, des Canadiens en général et même des habitants d'autres pays m'ont dit vouloir qu'on adopte ce projet de loi. Je les remercie de leur soutien.
Je remercie aussi les membres de mon personnel pour tous les efforts qu'ils ont consacrés à ce projet de loi, et plus particulièrement Andrew Cowie, sans qui je ne serais pas ici aujourd'hui pour en parler.
Je remercie aussi les députés qui sont intervenus aujourd'hui dans cette première heure de débat. Je serai heureux de discuter d'amendements qui pourraient renforcer ce projet de loi et ses effets au comité.
:
Comme il est 12 h 1, la période réservée au débat est écoulée. Par conséquent, le vote porte sur la motion.
[Français]
Si un député d'un parti reconnu présent à la Chambre désire demander un vote par appel nominal ou que la motion soit adoptée avec dissidence, je l'invite à se lever et à l'indiquer à la présidence.
L'honorable député de Kingston et les Îles a la parole.
[Traduction]
:
Madame la Présidente, je demande un vote par appel nominal.
[Français]
:
Conformément à l'ordre adopté le lundi 25 janvier, le vote par appel nominal est différé jusqu'au mercredi 2 juin, à la fin de la période prévue pour les questions orales.
La Chambre reprend l'étude, interrompue le 16 avril, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la troisième fois et adopté.
:
Madame la Présidente, je remercie la Chambre de me donner l'occasion de poursuivre mes remarques au sujet du projet de loi .
[Traduction]
Je suis membre du comité de la justice. De nombreux témoins nous ont dit qu'il faut clarifier la définition que le projet de loi donne des thérapies de conversion. Nous avons entendu à maintes reprises des avocats nous dire que la définition est trop large et imprécise et que le projet de loi manque de clarté. En outre, des chefs religieux, comme le cardinal Collins, qui est le chef spirituel de 2 millions de Canadiens, considèrent que le projet de loi dépasse l'objectif déclaré d'interdire les thérapies coercitives. D'autres témoins ont affirmé que des discussions de bonne foi avec des conseillers pleins de bienveillance leur ont littéralement sauvé la vie, car elles les ont aidés à y voir clair, grâce à du soutien et du temps, mais sans qu'un résultat soit attendu ou privilégié.
Vu tous les témoignages entendus — que j'ai, pour la plupart, mentionnés lors de mon autre intervention —, pourquoi ne pas clarifier le libellé du projet de loi? Pourquoi ne pas préciser que les discussions non coercitives, qui sont menées de bonne foi n'encourraient pas une sanction pénale? Pourquoi pas? Est-ce parce que le prétend qu'il est superflu de le faire? C'est superflu? Vraiment? Comment peut-on juger superflu d'apporter une précision réclamée avec ardeur par autant de témoins? Pourquoi ne pas rassurer les gens, si c'est implicite, comme le dit le ? La réponse la plus simple est souvent la bonne. Le ministre et le gouvernement libéral ne veulent pas les rassurer ni leur donner cette protection.
Ce projet de loi prévoit des sanctions pénales pouvant entraîner des peines d'emprisonnement de cinq ans. En qualité de parlementaires, il est de notre devoir de rédiger des lois précises pour les juges et tous les Canadiens. Le droit pénal devrait avoir le seuil de précision le plus élevé pour éviter toute confusion ou ambiguïté.
L'une de mes filles est conseillère scolaire. Je veux m'assurer qu'elle et les milliers d'autres conseillers qui travaillent sans relâche dans tout le pays puissent continuer à discuter en toute sécurité avec les élèves sans enfreindre la loi.
C'est une solution facile. Les conservateurs ont proposé un simple amendement visant à ajouter la mention « pour plus de certitude » à la définition de la thérapie de conversion. Notre amendement reprenait le libellé du site Web du ministère de la Justice afin que les enseignants, les conseillers scolaires, les conseillers en pastorale, les chefs religieux, les médecins, les professionnels de la santé mentale, les amis et la famille puissent apporter leur soutien, sans crainte de sanction pénale, aux personnes qui leur demandent conseil et qui se questionnent sur leur orientation sexuelle, leurs sentiments sexuels ou leur expression et identité sexuelles.
L'explication donnée par un membre libéral au sein du Comité était que la liste figurant dans notre amendement, à savoir « tels que... les enseignants, les conseillers scolaires », etc. va à l'encontre du principe et de l'interprétation législative selon lesquels l'inclusion de certains entraîne l'exclusion d'autres personnes. En tant qu'ancienne avocate plaidante et juge de droit administratif, je peux dire que les listes m'ont toujours été utiles pour interpréter et appliquer la loi. Quant à la règle d'interprétation expressio unius est exclusio alterius, elle ne s'applique tout simplement pas lorsqu'une liste comporte un préfixe comme « tels que ». « Tels que » signifie que la liste n'est pas exhaustive.
C’est une question assez élémentaire. Pourquoi le gouvernement libéral ne soutient-il pas son propre site Web sur la justice? Pourquoi a-t-il modifié son libellé? Ce sont les libéraux qui jouent au jeu du chat et de la souris avec de vraies vies et de vraies luttes, en essayant encore une fois de forcer les députés à voter contre ce projet de loi en raison de son manque de précision, pour ensuite prétendre faussement que ceux qui ont voté contre sont donc pour la thérapie de conversion coercitive. C’est intentionnellement insultant et indigne de cette chambre. En éliminant toute confusion, notre amendement aurait éliminé tout doute et suscité un large soutien.
Une dernière préoccupation: lors de la dernière réunion du Comité de la justice, avant l’examen article par article en décembre, les membres ont été informés que 260 mémoires étaient encore en cours de traduction et qu’ils ne seraient disponibles qu’après le vote sur les amendements. Les ignorer est un manque de respect et va à l’encontre de nos valeurs démocratiques. Cela aurait pu modifier le résultat même de nos délibérations article par article.
J’espère qu’après avoir assimilé ces mémoires dans les mois qui ont suivi, nous, des deux côtés de l’allée, reconnaîtrons l’importance de condamner les pratiques nuisibles de manière claire et ciblée. Réduisons la souffrance et reconnaissons-la en interdisant les thérapies de conversion coercitives, mais n’augmentons pas la souffrance en ignorant autant de mémoires et de témoins.
Nous devons aimer et protéger tous les Canadiens: aucun Canadien ne doit être laissé pour compte. Je mets le gouvernement au défi d’éclaircir le libellé de ce projet de loi, ou du moins d’être honnête avec les Canadiens quant à l’intention qui le sous-tend. Laissons de côté la politisation blessante et inutile et accueillons l’inclusion.
:
Madame la Présidente, bien que j’aie normalement une bonne relation avec la députée de , je suis déçu de ses propos d’aujourd’hui.
Je veux attirer son attention sur la disposition « Il est entendu » qui a été ajoutée à la définition de l’article 320.101 proposé. On y lit: « Il est entendu que la présente définition ne vise pas les pratiques, traitements ou services qui se rapportent à l’exploration et au développement d’une identité personnelle intégrée sans privilégier une quelconque orientation sexuelle, identité de genre ou expression de genre. »
En quoi s’agit-il d’une définition vague qui empêcherait de quelque façon que ce soit les conseillers de parler aux enfants de leur orientation et de leur identité sexuelles? Elle précise simplement que le fait d’offrir une conversation de soutien et d’affirmation n’est pas couvert par ce projet de loi.
:
Madame la Présidente, j’ai beaucoup de respect pour mon collègue. Nous avons travaillé ensemble dans de nombreux dossiers.
Je veux qu’il soit clair que je suis contre la pratique des thérapies coercitives ou des thérapies de conversion. Je ne suis pas d'accord avec cela. Le député et moi sommes tous deux membres du Comité de la justice. La plupart des témoins, d'où qu'ils viennent, étaient contre cette pratique. Ce qu’ils voulaient, c’était un énoncé clair, et non une définition trop large ou imprécise, sur ce que cela signifie exactement, et ils n’étaient pas d’avis que ce projet de loi offrait cela. Les uns après les autres, qu’il s’agisse de personnes qui ont exploré cette question ou d’avocats qui étudient la loi, les témoins ont réclamé une plus grande certitude, et c’est ce que les conservateurs demandent, y compris la définition figurant sur le site Web de la justice et dans notre amendement.
:
Madame la Présidente, je vais être honnête. Lorsque j’entends les conservateurs dire qu’ils sont contre les thérapies de conversion, mais que la définition est vague, cela est vide de sens. Tout ce que cela signifie, c’est qu’ils essaient de se couvrir. Ils disent qu’ils sont contre, mais que la définition doit être plus précise. Ils disent essentiellement qu’ils s’opposent à une version différente de ce qu’ils croient être la thérapie de conversion, et non à ce que les survivants disent ce qu’elle est réellement.
La députée n’a pas répondu à la question précédente. Le député d’ a demandé précisément pourquoi la députée de considère que la définition qu’il a lue est vague alors qu’il a décrit en détail la définition contenue dans le projet de loi. Peut-elle répondre à sa question?
:
Madame la Présidente, je voudrais d’abord dire que je trouve la façon dont cette question a été formulée profondément insultante et inutile dans un débat parlementaire, ce que nous voyons souvent de la part du député. Ce n’est pas le moment de jouer à ce genre de jeux. Il s’agit de la vie de personnes. Les gens souffrent. Je fais partie du Comité de la justice, et j’ai écouté les témoins; le député ne l’a pas fait.
Nous, au comité, avons entendu dans les témoignages des souffrances réelles, mais des souffrances de plus d’une catégorie de personnes. Nous avons entendu la souffrance de personnes qui avaient subi des thérapies coercitives qui, selon elles, les avaient blessées profondément, peut-être pour la vie, mais nous avons aussi entendu des témoins qui ont dit que des conversations menées de bonne foi par des conseillers ou des chefs religieux leur avaient en fait sauvé la vie. Il faut faire preuve d’un certain équilibre lorsqu’on examine un projet de loi dans cette Chambre.
[Français]
:
Madame la Présidente, lorsque j'entends parler de thérapies de conversion, cela me vire à l'envers parce que l'orientation sexuelle n'est pas choisie. Je n'ai pas choisi d'être hétérosexuelle, pas plus qu'un homosexuel a choisi de l'être. Il est né ainsi, c'est son bagage génétique et il lui a été donné par ses parents.
Le fait d'avoir un soutien psychologique parce qu'on se sent mal, c'est normal. Cependant, est-ce que les gens veulent vraiment une conversion, un changement de bagage génétique? Comment est-ce possible sans conséquences psychologiques, sans anxiété et sans dépression?
[Traduction]
:
Madame la Présidente, je ne suis pas sûre qu’il y avait une question. J’ai dit très clairement que je suis contre les thérapies de conversion coercitives. Je l’ai dit dès le début. Je cherche simplement à ce que le projet de loi soit plus clair. Il est erroné de laisser entendre que je suis pour cette pratique.
[Français]
:
Madame la Présidente, je suis très heureuse d'avoir un texte ce matin, parce que je suis très émotive et estomaquée, comme ma collègue.
Je suis heureuse aujourd'hui de parler du projet de loi à l'étape de la troisième lecture, un projet de loi qui modifie le Code criminel en lien avec les thérapies de conversion. Selon moi, ce projet de loi doit faire consensus pour obtenir tout le respect et la protection que les personnes LGBTQ+ méritent. L'égalité entre les citoyennes et les citoyens est une valeur fondamentale au Québec et j'ose espérer qu'elle l'est aussi d'un océan à l'autre. C'est inaliénable.
Les pratiques qui nient le droit à l'existence dans le respect de son identité profonde doivent être dénoncées. Nous sommes en 2021. Historiquement, le Québec a été un chef de file en matière de protection des droits. En effet, depuis 1977, la Charte des droits et libertés de la personne du Québec reconnaît l'orientation sexuelle comme motif prohibé de discrimination. De plus, en 2002, le ministre péquiste de la Justice a obtenu de l'Assemblée nationale du Québec qu'elle institue l'union civile, permettant ainsi l'union des couples de même sexe.
Le projet de loi dont nous débattons propose l'amendement d'une série d'articles du Code criminel dans le but de créer des infractions, toutes relatives à la pratique de thérapies de conversion. Le mot « pratique » est très important dans ceci. Ce projet de loi est identique au projet de loi C-8 déposé en mars 2020 et mort au Feuilleton à la prorogation du Parlement. J'ose espérer que le projet de loi C-6 sera adopté par tous les députés à la Chambre en cette 43e législature, car on n'a plus de temps à perdre.
Qu'est-ce qu'une thérapie de conversion? C'est une pratique, un traitement ou un service qui vise à rendre une personne hétérosexuelle ou cisgenre, ou à réprimer ou à réduire toute attirance sexuelle non hétérosexuelle ou tout comportement jugé anormal. C'est épouvantable!
Je nous invite à nous mettre, ne serait-ce que quelques secondes, à la place d'une personne vulnérable pour mesurer toute l'ampleur de cette violence sur son identité, ainsi que la détresse que cela peut causer. Il m'est inconcevable que, encore aujourd'hui, il existe ce type de traitement dans le but de plaire à des parents ou à une organisation et d'obtenir leur acceptation. Voyons donc!
Au Québec, le respect de l'identité de genre et de l'orientation sexuelle de chacun constitue une valeur à laquelle la pratique des thérapies de conversion fait violence. Dans notre société si inclusive et respectueuse — j'ose l'espérer — des droits de la personne, qui sommes-nous pour juger de ce qui est bon chez une personne et tenter de la convaincre d'être différente?
Comme les spécialistes le disent, les thérapies de conversion relèvent de la pseudoscience. Non seulement elles sont dangereuses et dégradantes, mais elles sont inefficaces, comme l'ont démontré de nombreuses études. Selon l'Organisation mondiale de la santé, ces pratiques constituent « une grave menace pour la santé et les droits des personnes touchées ». Selon la Société canadienne de psychologie, « la thérapie de conversion, ou thérapie réparatrice, peut avoir des conséquences négatives telles que l'angoisse, l'anxiété, la dépression, une image négative de soi, un sentiment d'échec personnel, la difficulté à entretenir des relations, et des dysfonctions sexuelles ». C'est très grave.
D'ailleurs, cinq provinces canadiennes et un territoire ont déjà interdit les thérapies de conversion, soit le Manitoba, l'Ontario, la Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince-Édouard, le Québec et le Yukon. Il ne faut pas oublier les Villes de Vancouver, d'Edmonton et de Calgary. Dans le monde, l'Albanie, le Brésil, l'Équateur, les îles Fidji, l'Allemagne, Malte, la Suisse et Taïwan ont interdit ce genre de thérapie. C'est aussi le cas dans plus de 20 États et 80 villes des États-Unis. Malheureusement, on peut suivre une thérapie de conversion au Canada, mais cela est fait dans le silence. Quand je dis cela aux gens de ma circonscription, Laurentides—Labelle, ils sont surpris que cela existe encore aujourd'hui. Il faut dénoncer ce genre de thérapie et il faut agir.
J'aimerais parler d'un cas qui a été médiatisé, soit le cas de Gabriel Nadeau.
Gabriel était membre d'une communauté protestante pentecôtiste. Il a eu recours aux thérapies de conversion à trois reprises.
Afin de faire ressentir à mes collègues ce que j'ai personnellement ressenti lorsque j'ai appris son histoire, je vais citer Gabriel.
Quatre personnes me tenaient physiquement pendant que le « prophète » me criait dans les oreilles pendant une demi-heure en demandant au démon de sortir, et qu’on me faisait boire de « l’huile d’olive sainte ».
Il a ajouté:
Tout le monde dans mon entourage me disait qu’on pouvait changer mon orientation sexuelle. J’ai tout essayé... sans succès bien sûr. Le déclic s’est fait entre 18 et 19 ans... Maintenant, j’accepte mon orientation et je suis fier d’être gai.
Peut-on imaginer tout ce qu'il a vécu?
Les membres de son groupe croyaient que l'homosexualité était un esprit maléfique, un démon. Gabriel a mentionné qu'il était au courant de cela et qu'il le croyait lui-même. L'exorcisme était une technique utilisée lors de la thérapie.
Je continue la citation.
Je pense que ça a été la phase la plus difficile pour moi, même au-delà de l’exorcisme. C’est, en fait, le rejet de moi-même qui s’en est suivi, de complètement être dégoûté par moi-même et vouloir changer absolument et être désespéré, chaque jour [...]. C’était vraiment épouvantable.
Gabriel Nadeau a aussi mentionné ce qui suit:
J’ai commencé à m’accepter et j’ai découvert que ce n’était pas tout le temps nécessaire de se conformer à ce que les autres veulent ou pensent, que ce soit pour ma sexualité ou pour le reste. C’est extraordinaire, je ne retournerais jamais à cette prison religieuse.
Aujourd'hui, je tiens à saluer le courage dont il a fait preuve pour partager son histoire et son vécu, aussi traumatisant soit-il. En partageant son histoire, il a amené la société et les élus, c'est-à-dire les députés, à réfléchir et à mettre des mots et des images sur les violences que peuvent vivre les Québécois et les Canadiens qui ont recours aux thérapies de conversion. Je tiens à remercier Gabriel et à lui dire que nous pensons à lui.
Heureusement, les sociétés québécoise et canadienne, aussi distinctes soient-elles, ont beaucoup en commun, notamment sur le plan des valeurs. Le Québec et le Canada sont d'accord sur un certain nombre de sujets et adoptent des politiques concordantes, qui vont dans le sens du progrès des droits.
À titre de porte-parole du Bloc québécois en matière de vivre-ensemble, je tiens aujourd'hui à souligner l'initiative du gouvernement du Québec en matière de protection des droits de la personne, plus précisément la loi 70, qui a permis de mettre fin aux thérapies de conversion au Québec.
Le 17 mai dernier était la Journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie. Le thème de cette année était « Plusieurs portent leurs couleurs sans le vouloir. » Partout dans le monde, les personnes de la communauté LGBTQ2S+ sont encore victimes de violences psychologique, physique et sexuelle partout dans le monde.
Rappelons que ce projet de loi veut mettre fin aux thérapies de conversion qui sont des violences psychologiques terribles, nullement appuyées sur des fondements scientifiques.
J'invite donc tous mes collègues, surtout mes collègues conservateurs qui tentent d'apporter des modifications qui pourront être faites ultérieurement, à agir d'ici la fin de cette session. Nous devons cesser de repousser ce moment et passer au vote pour défendre et protéger les personnes de la communauté LGBTQ2S+ canadiennes et québécoises. Nous ne devons pas retarder l'adoption du projet de loi, mais voter en sa faveur. Je le demande. Personne ne mérite de souffrir inutilement et de porter des cicatrices à vie.
Nous avons le devoir de protéger les vulnérables. C'est pour cela que j'ai choisi la politique. D'ailleurs, je tiens à le mentionner, le 15 juin, il n'y a pas si longtemps, le chef conservateur s'engageait sur Twitter: « Laissez-moi être sans équivoque, les thérapies de conversion n'ont pas leur place au Canada et devraient être abolies. Point à la ligne [...] je m’engage à combattre cette pratique inacceptable et blessante. Je ne ferai aucun compromis là-dessus. » On verra si sa parole vaut quelque chose jusqu'aux actes.
Rappelons que, selon une récente enquête officielle, 47 000 hommes canadiens appartenant à une minorité sexuelle ont été soumis à une thérapie de conversion. Il ne s'agit pas de 2 000 ou de 5 000, mais bien de 47 000 hommes.
Au Bloc québécois, nous sommes fiers d'être des alliés historiques de la communauté LGBTQ2S+. Tous mes collègues sont prêts depuis longtemps à mettre fin à cette violence des pratiques de conversion, ici et maintenant, afin qu'aucune personne issue de la diversité sexuelle et de genre n'ait à se convertir, car nous les aimons et nous les célébrons.
En terminant, je ne sais pas si mes chers collègues ont regardé le film intitulé Boy Erased, ou Garçon effacé en français. Franchement, j'ai pu mettre des images sur comment se passent les thérapies de conversion pour une personne et pour une famille et comprendre leur impact. En fait, j'ai eu des frissons, une grande prise de conscience et c'était terrifiant. J'ai demandé à mes enfants de le regarder. Ensuite, on s'en est parlé. La première chose qu'ils m'ont dite a été: « Maman, c'est un fait vécu. Quand était-ce? » Je leur ai répondu que c'était il n'y a pas longtemps et que cela se faisait encore. Ce film paru en 2018 est basé sur les mémoires de Garrard Conley, auteur et activiste de 35 ans. Il raconte l'expérience traumatisante et violente de sa thérapie de conversion qui était imposée par ses parents. Ce n'était pas sa volonté. J'invite mes collègues à le regarder puisque cette adaptation a été un puissant moyen de sensibilisation pour ma famille et moi.
Au fond, tout tourne autour de cela: éduquer, s'informer, comprendre l'autre. Peu importe notre identité de genre ou notre orientation sexuelle, nous sommes beaux et belles dans notre diversité.
Je suis heureuse de dire que le Bloc québécois est résolument engagé depuis toujours dans la protection et la promotion des droits et libertés des citoyennes et des citoyens du Québec. Je suis très fière d'appartenir à une formation politique qui partage mes valeurs et qui a toujours été un allié dans le combat contre la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle, le genre ou l'expression de genre.
D'emblée, j'ai demandé à ce que l'on se lève et que l'on ose. Il faut que le projet de loi , d'ici la fin de la session parlementaire, puisse être chose du passé. Il est, à mon avis, déjà tard. Cependant, comme nous le disons, il n'est jamais trop tard.
[Traduction]
:
Madame la Présidente, je tiens à remercier la députée pour la passion dont elle fait preuve, en en parlant si clairement et en représentant la voix de ceux qui ont été touchés par les thérapies de conversion. Je suis particulièrement d’accord avec elle pour dire que nous devons adopter le projet de loi avant la fin de la session. Je sais que je l’ai certainement demandé de mon côté de la Chambre, car c’est important. Je la remercie également pour la recommandation concernant ce film. Je vais le regarder, car je n’en ai pas entendu parler.
Je voudrais revenir sur les commentaires de la députée concernant le et la déclaration qu’il a faite en juin de l’année dernière, lorsqu’il a dit qu’il était contre ce projet. Les conservateurs ont essayé d’utiliser la question de la définition et du fait qu’elle n’est pas assez détaillée. Personnellement, je considère que c’est un faux-fuyant. J’y vois une excuse pour éviter de voter pour quelque chose qu’ils prétendent défendre avec passion, surtout lorsqu’il s’agit de certains groupes démographiques dans notre pays.
La députée pourrait-elle nous dire pourquoi les conservateurs s’acharnent tant sur la question de la définition?
[Français]
:
Madame la Présidente, je remercie mon collègue.
Disons les vraies choses. Lorsqu'un projet de loi est précis et attendu et qu'il recueille une grande adhésion, même auprès du chef du parti en question, mais qu'il y a, parmi les députés de ce parti politique, des zones grises ou des chocs de valeurs, l'option suivante s'impose alors: retarder l'étude du projet de loi, faire de l'obstruction systématique et trouver un moyen d'étirer la sauce pour que, en 2021, on puisse dire que cela n'a pas eu lieu.
Après le projet de loi C-8 et le projet de loi C-6, combien d'autres devrons-nous étudier? Il faut que cela s'arrête.
Il y aura peut-être un vote libre, mais je suis convaincue que le projet de loi C-6 sera adopté. Il faut cesser l'obstruction et inscrire le projet de loi à nos travaux parlementaires d'ici la fin de la session, afin que le Sénat puisse également l'étudier et l'adopter.
[Traduction]
:
Madame la Présidente, je suis en grande partie d'accord avec la députée.
J'ai suivi de près les travaux du comité sur ce projet de loi et j'ai beaucoup apprécié les interventions du député bloquiste de . Il s'est lui aussi dit préoccupé par la définition telle qu'elle a été modifiée. Ce n'était donc pas que les députés conservateurs qui exprimaient des doutes, le député bloquiste qui siège au comité l'a fait aussi. Il a voté contre un amendement du NPD visant à ajouter l'expression de genre. Voici ce que le député du Bloc a dit au comité:
Disons qu'un petit garçon de 8 ans, le matin avant d'aller à l'école, décide de porter une robe. Peut-être que sa mère dira oui, peut-être qu'elle dira non. Quoi qu'il en soit, si nous retenons cette définition, la mère qui dirait à son fils qu'elle ne veut pas qu'il porte une robe et qui l'obligerait à porter un pantalon commettrait un acte criminel. C'est la définition que nous nous apprêtons à adopter, et j'y vois un problème.
Ce sont les propres mots du député bloquiste de , qui représente le Bloc au comité et qui s'inquiétait à propos de la définition et a entendu les témoins. Ce même député a proposé une motion visant à retarder l'étude article par article pour que les mémoires écrits qui avaient été soumis puissent être étudiés par le comité.
La députée a-t-elle les mêmes préoccupations que son collègue du Bloc en ce qui concerne la référence à l'expression de genre et à d'autres aspects de la définition ainsi qu'au manque d'intérêt porté aux mémoires écrits?
[Français]
:
Madame la Présidente, je remercie mon collègue de sa question.
En fait, à plusieurs reprises, on a nommé, précisé et dicté ce que comprend la proposition qui est à l'étude aujourd'hui. Le rôle d'un comité est d'entrer dans les fins détails et d'analyser les choses de fond en comble pour pouvoir passer à l'action. Comme je l'ai mentionné clairement dans mon discours, il faut mettre fin à la possibilité qu'un parent ou qu'une organisation religieuse impose une thérapie de conversion.
Il y a un minimum. Pour le moment, il est clair que l'on doit vraiment cesser cette imposition. On l'a relu tantôt. Une fois rendue à l'âge adulte, la personne pourra faire un choix volontaire. Il est clairement inscrit dans le projet de loi que c'est cela l'infraction.
On essaie d'aller très loin et d'étirer la sauce pour faire mourir ce projet de loi au Feuilleton...
:
À l'ordre. Je cède la parole à la députée de Vancouver-Est.
[Traduction]
:
Madame la Présidente, il ne fait aucun doute que les thérapies de conversion visent à changer les personnes ayant des orientations sexuelles et des identités sexuelles différentes, ce qui est inacceptable. À elles seules, les nouvelles lois ne suffiront pas à réparer les torts déjà causés par les thérapies de conversion ni à lutter contre la haine qui sous-tend ces programmes.
La députée convient-elle que le gouvernement doit financer le renforcement des capacités au sein de la communauté des personnes de diverses orientations et identités sexuelles afin que celle-ci puisse résoudre les difficultés auxquelles elle se heurte?
[Français]
:
Madame la Présidente, il est clair qu'une fois que ce projet de loi sera adopté, nous devrons penser à la réparation et aux fautes qui ont été commises, parce que le temps est compté.
Comme au Québec, nos obligations auraient déjà dû être reconnues. Nous avons parlé de la pandémie et des enjeux liés à la santé mentale. Il y a 47 000 personnes qui ont vécu cela. En tant que société, nous devons nous assurer que ces gens se sentent bien et sont heureux. Je suis tout à fait d'accord avec ma collègue.
[Traduction]
:
Madame la Présidente, ce qui est notamment intéressant, c'est que le député du Bloc qui siégeait au comité à ce moment-là a indiqué qu'il estimait que la définition manquait de précision. Il a déclaré ceci:
À titre d'exemple, personnellement, je n'ai pas vu grand-chose qui permette de clarifier la définition proposée à l'article 5 du projet de loi. Je suis vraiment inquiet de cette définition. Tous les témoins que nous avons entendus, quels que soient leurs horizons, s'entendent pour dire que la définition n'est pas claire. Manifestement, il faudrait que nous y réfléchissions tous.
Lorsque je pratiquais, on considérait le législateur comme le bon Dieu. Or là, je trouve que nous agissons un peu de façon brouillonne en procédant à l'étude article par article du projet de loi alors que nous n'avons pas encore eu le temps de lire les mémoires, les réflexions et les commentaires que les citoyens nous ont envoyés.
Pour toutes ces raisons, je propose que nous reportions l'étude article par article à une séance qui aura lieu après la reprise des travaux en janvier.
La députée n'est-elle pas d'accord avec son collègue, qui estime que nous devrions réaliser une étude plus approfondie afin que le comité puisse examiner tous les mémoires?
[Français]
:
Madame la Présidente, comme première expérience dans cette législature, on se rend compte qu'en comité des éléments sont proposés et qu'il y en a d'autres qui s'ajoutent au fur et à mesure.
Cependant, il ne faut jamais oublier la base d'où on est parti. L'objectif était d'apporter une modification pour que devienne une infraction le fait qu'un parent ou une entité religieuse oblige un mineur à suivre une thérapie de conversion sous prétexte que celui-ci n'est pas venu au monde ainsi et que le démon le hante. Voyons donc.
En siégeant au Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, j'ai remarqué, qu'il soit question de Pornhub ou des conflits d'intérêts, que l'on ouvre toujours une grande porte.
Il ne faut jamais oublier que, quand on étire le temps, les projets de loi meurent au Feuilleton et malheureusement, nous n'avançons pas. Cela me fait honte d'être dans ce Parlement et de laisser cela mourir au Feuilleton.
:
Madame la Présidente, je remercie ma collègue de Laurentides—Labelle de son excellente intervention, qui était très humaine et très touchante, comme on la connaît.
Le chef du Bloc québécois a déclaré que « le plus tôt les personnes LGBTQ2 peuvent choisir tout le respect qu'elles méritent, au même titre que toutes les autres, le plus tôt cela est possible, le plus tôt cela doit se produire. »
Le projet de loi est actuellement à l'étape de la troisième lecture. Selon ma collègue, quel est ce sentiment d'urgence qui nous habite?
Nous sommes au mois de juin et le Parlement fermera sous peu. Nous savons que les libéraux veulent terriblement tenir des élections. La preuve, c'est qu'ils ont adopté un projet de loi sous bâillon pour réformer la Loi électorale du Canada.
Est-ce que ma collègue est habitée par ce sentiment d'urgence? A-t-elle confiance que ce projet de loi sera adopté dans la présente législature?
:
Madame la Présidente, je suis tout à fait d'accord. Si on veut démontrer du respect et de la compassion des années antérieures, il faut agir maintenant. Nous sommes dans un blitz de fin de session, nous en sommes capables et c'est une question de volonté politique.
[Traduction]
:
Madame la Présidente, je suis très heureux d’intervenir dans le débat sur le projet de loi , enfin. Nous voici, plus d’un an après son dépôt, à tenir un dernier débat sur la version définitive du projet de loi C-6 dont la Chambre est saisie en vue d’un dernier vote. Cela fait déjà plus d’un an qu'on permet à cette pratique haineuse et néfaste de se poursuivre.
Espérons que le fait que le projet de loi ait été présenté à la Chambre pour être débattu a permis de faire la lumière sur ces soi-disant thérapies de conversion qui se déroulent dans l'ombre. Entretemps, de nombreuses provinces et administrations locales ont promulgué leurs propres interdictions.
[Français]
:
Madame la Présidente, j'invoque le Règlement. J'aimerais bien entendre les propos de mon collègue, mais l'interprétation ne fonctionne pas.
[Traduction]
:
L’interprétation ne fonctionne pas. Essayons à nouveau.
Le député d’ a la parole.
:
Madame la Présidente, je vais recommencer, en supposant que le chronomètre a été arrêté.
Je suis très heureux d’intervenir dans le débat sur le projet de loi , enfin. Nous voici, plus d’un an après son dépôt, à tenir un dernier débat sur la version définitive du projet de loi dont la Chambre est saisie en vue d’un dernier vote. Cela fait déjà plus d’un an qu'on permet à cette pratique haineuse et néfaste de se poursuivre.
Espérons que le fait que le projet de loi ait été présenté à la Chambre pour être débattu a permis de faire la lumière sur ces soi-disant thérapies de conversion qui se déroulent dans l'ombre. Entretemps, de nombreuses provinces et administrations locales ont promulgué leurs propres interdictions.
Espérons que ce débat se conclura aujourd’hui pour que nous puissions passer rapidement au vote et envoyer le projet de loi à l’autre endroit, même si ce dernier a la fâcheuse habitude de torpiller les projets de loi sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre par des tactiques dilatoires.
:
Madame la Présidente, j’invoque le Règlement. Je suis désolée d’interrompre mon collègue, mais je crois qu’il avait une motion de consentement unanime à présenter au début de son intervention. Je voulais savoir si le député allait la présenter.
:
Le député d’Esquimalt-Saanich-Sooke a la parole.
:
Madame la Présidente, je remercie la whip du NPD de me rappeler que je dois demander le consentement pour partager mon temps de parole avec la députée de .
:
Le député a-t-il le consentement unanime?
Des voix: D’accord.
Le député d’Esquimalt-Saanich-Sooke a la parole.
:
Madame la Présidente, tous les experts ont conclu que les thérapies de conversion sont frauduleuses et nuisibles. Elles ne sont sanctionnées par aucun organisme professionnel, et de nombreux Canadiens s’étonnent que cette pratique ait encore cours au Canada. Cependant, nous avons entendu des témoignages poignants au comité de la justice qui ont confirmé que la thérapie de conversion est encore pratiquée à la fois dans ce que j’appellerais sa forme traditionnelle, axée sur l’orientation sexuelle, et dans une nouvelle forme qui soutient que les personnes transgenres, non binaires ou de diverses identités de genre devraient être convaincues d’abandonner leur identité personnelle.
Les néo-démocrates et la quasi-totalité de la communauté des personnes ayant des orientations sexuelles et des identités de genre différentes réclament depuis longtemps une interdiction totale de la thérapie de conversion sous toutes ses formes. Nous avons devant nous, après les amendements apportés en comité, un projet de loi qui s’approche d’une interdiction complète, aussi près que possible sans en être une.
Le a déclaré à maintes reprises qu’il ne va pas de l’avant avec une interdiction complète, car il craint qu’elle ne survive pas à une contestation fondée sur la Charte, au motif qu’elle limiterait le droit d’adultes consentants de choisir librement de se soumettre à une thérapie de conversion.
Selon un autre argument, une interdiction complète survivrait probablement à une contestation fondée sur la Charte, car de solides précédents juridiques stipulent que personne ne peut consentir à être victime d’une fraude ou d’un préjudice. Le parallèle le plus clair dans le Code criminel est le cas des clubs de combat, qui demeurent illégaux, car personne ne peut consentir, aussi librement soit-il, à subir des blessures physiques. Par conséquent, si la preuve est indéniable que la thérapie de conversion est intrinsèquement frauduleuse et nuisible, les mêmes principes juridiques devraient s’appliquer.
Qu’est-ce qui est interdit dans le projet de loi ? La disposition la plus sévère du projet de loi est une interdiction complète pour les mineurs, qui couvre l’infraction consistant à conduire un mineur à l’extérieur du pays pour qu’il y subisse une thérapie de conversion, une pratique beaucoup plus courante que la plupart des Canadiens ne le supposent.
Grandir dans une société qui demeure hétéronormative et intolérante à l’égard de toute remise en question des normes binaires cisgenres est déjà assez difficile pour les jeunes queers sans qu’ils soient contraints de suivre une thérapie dont le but est de les amener à nier qui ils sont vraiment.
Le projet de loi n’instaure pas une interdiction complète des thérapies de conversion, mais il établit une interdiction effective de cette pratique, car il interdit de manière générale ce que l’on pourrait appeler les pratiques commerciales entourant les thérapies de conversion. Ainsi, il sera interdit de réclamer de l'argent en échange d'une thérapie de conversion ou d’en tirer profit, de même que d’en faire la publicité, payée ou non.
En travaillant de concert en comité, nous avons renforcé le projet de loi , même si les conservateurs se comportent comme si aucun amendement n’y avait été examiné. Nous avons notamment amélioré le libellé original du projet de loi, qui proposait d’interdire de faire suivre une thérapie de conversion « à une personne contre son gré ». Ce libellé était vague et, que je sache, sans équivalent ailleurs dans le Code criminel. J’ai proposé de changer le libellé de sorte qu'il soit interdit de faire suivre une thérapie de conversion « à une personne sans son consentement », et cet amendement a été adopté.
L’expression « sans son consentement » inscrit clairement l’interdiction des thérapies de conversion dans l'interprétation jurisprudentielle bien établie et bien comprise de ce qui constitue ou non un consentement en droit canadien. J’ai été déçu qu’un deuxième amendement, qui visait à préciser les limites du consentement dans le cas des thérapies de conversion, soit rejeté. Il est évident qu’il ne saurait y avoir de consentement lorsque sont exercés les types de pressions mentionnés par presque tous les survivants dont nous avons entendu le témoignage pour les pousser à suivre des thérapies.
La deuxième amélioration importante apportée par le comité de la justice est l'élargissement de la définition des thérapies de conversion pour y inclure l’identité de genre et l’expression de genre. Le libellé du projet de loi devient ainsi conforme aux lois existantes sur les droits de la personne et aux dispositions du Code criminel sur les crimes haineux dans leur version modifiée par le projet de loi . C’est important, car les nouvelles formes de thérapies de conversion que je mentionnais visent des personnes transgenres et de diverses identités de genre, le but étant de les amener à nier leur identité de genre en prétendant les aider à « s’adapter ».
Un troisième changement au projet de loi apporté en comité a permis d'ajouter une disposition à la définition afin de préciser ce qui n’est pas visé par l’interdiction, ce que les conservateurs disent avoir voulu, mais qu’ils ignorent certainement maintenant que c’est dans le projet de loi.
Il est maintenant évident que le projet de loi n’interdit pas les séances de counseling de bonne foi. Permettez-moi de citer de nouveau la définition exacte, comme je l’ai fait dans ma question plus tôt, car elle ne pourrait être plus claire. Cette définition « ne vise pas les pratiques, les traitements ou les services qui se rapportent à l’exploration et au développement d’une identité personnelle intégrée sans privilégier une quelconque orientation sexuelle, identité de genre ou expression de genre ». Voilà exactement ce que dit le projet de loi.
Les opposants au projet de loi continuent d’insister sur le fait que la mesure législative empêchera les conversations entre parents et enfants ou entre des ministres du culte et leurs fidèles sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre. Il n’en est rien. Ces conversations ne seront visées que si elles s’inscrivent dans des efforts soutenus visant à changer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne dans le cadre d’une pratique ou d’un service définis par le projet de loi. Il serait fort exagéré de qualifier de pratique, de service ou de thérapie les efforts déployés par des parents ou des ministres du culte pour « essayer de faire changer d’idée leurs enfants ».
La véhémence du débat sur le projet de loi en ce qui concerne l’identité de genre s'explique certainement par le fait que les Canadiens transgenres et de diverses identités de genre font l’objet de plus de discrimination que tout autre groupe au Canada. Cette discrimination se traduit par des taux de chômage élevés, des difficultés à trouver un logement et des taux de violence élevés. Par exemple, rien qu’au cours de l’année écoulée, deux Canadiennes ont été assassinées uniquement parce qu’elles étaient transgenres.
Pendant les audiences en comité, j’ai eu droit personnellement à une vague de haine sur les réseaux sociaux, ce qui m’a montré le degré d’hostilité généralement exprimé envers les personnes transgenres et de diverses identités de genre dans notre pays. Dans le tombereau d’insultes que j’ai reçues, j’étais accusé de m’ingérer dans les droits des parents et même d’être favorable à la mutilation d’enfants et, le plus absurde, d’être à la solde des grandes sociétés pharmaceutiques, apparemment parce que la transition passe par la prise d’hormones. Cette accusation est particulièrement injustifiée, car j'ai passé toute ma vie publique à me battre pour réduire le pouvoir des sociétés pharmaceutiques en préconisant de raccourcir la durée des brevets, de recourir davantage aux médicaments génériques, d’acheter en gros pour réduire les coûts et, enfin, d’établir un régime universel d’assurance-médicaments.
Ces insultes ont également inclus des menaces directes de violence à mon égard. Toutefois, je me répète que la haine dont j'ai été témoin, et dont je serai inévitablement de nouveau la cible après mon discours d’aujourd’hui, ne m’a donné qu’un petit aperçu de ce que les Canadiens transgenres et de diverses identités de genre subissent au quotidien.
Beaucoup de ceux qui s’opposent au projet de loi ont utilisé ce que j’appelle l'argument fallacieux de la détransition. Pour être clair, je ne nie pas la validité des histoires des personnes qui ont choisi de faire une détransition, mais les opposants au projet de loi se servent de celles-ci pour déformer les faits en ce qui concerne le nombre de personnes qui choisissent d'en faire une et les raisons pour lesquelles elles le font. Des études réalisées par des professionnels et ayant fait l'objet d'examens par des pairs au Royaume-Uni et en Scandinavie nous ont appris que très peu de personnes transgenres choisissent d'effectuer une détransition par la suite. Ces deux grandes études indiquent que moins de 5 personnes sur 1 000 ont effectué une détransition, et, fait plus intéressant encore, les deux études indiquent que la plupart de ces personnes l'ont fait non pas parce que la transition ne leur avait pas convenu, mais plutôt parce qu’elles n’avaient pas obtenu le soutien de leur famille, de leurs amis et de la collectivité dans laquelle elles vivent et travaillent au cours de celle-ci.
Les critiques du projet de loi semblent sous-entendre qu'il empêcherait la prestation de conseils concernant la détransition, alors que ce n’est absolument pas le cas. Il est fallacieux de brandir la détransition comme argument contre de loi , car je suis plutôt sûr que celle-ci n’a rien à voir avec l’interdiction proposée de la thérapie de conversion dans la plupart des cas; c’est un argument qui vise la validité même des Canadiens transgenres.
Je dirai, charitablement, que je trouve que ces arguments contre le projet de loi sont au moins parallèles, sinon identiques, à ceux qui continuent de causer du tort aux Canadiens transgenres et de diverses identités de genre, et ils démontrent pourquoi nous avons besoin de cette interdiction. Certains pourraient se demander pourquoi un tel projet de loi est même nécessaire, étant donné que la thérapie de conversion est déjà universellement condamnée comme étant frauduleuse et nuisible. À cela, je répéterai que c'est parce que, comme de nombreux députés l’ont souligné, des études montrent que littéralement des dizaines de milliers de Canadiens ont été soumis à cette pratique.
Il est important d’écouter les survivants de la thérapie de conversion; ce n’est qu’alors que nous pouvons comprendre la nécessité de ce projet de loi. Encore une fois, je tiens à remercier personnellement deux survivants, Erika Muse et Matt Ashcroft, qui ont passé beaucoup de temps avec moi pour m’aider à mieux comprendre les horreurs qu’ils ont subies et leur chemin difficile vers la guérison.
Sur une note personnelle, je répéterai qu'au cours de ma vie, j’ai été témoin de progrès dans les attitudes envers certains membres de la communauté des personnes ayant des orientations sexuelles et des identités sexuelles différentes, mais nous avons un chemin beaucoup plus long à parcourir lorsqu’il s’agit des personnes transgenres et de diverses identités de genre. L’interdiction de la thérapie de conversion signifie en réalité ceci: nous savons qu’il est impossible de changer l’orientation sexuelle ainsi que l’identité et l’expression de genre d’une personne, et essayer de changer ou de réprimer l'identité d'une personne est nuisible. Cessons de littéralement torturer des jeunes Canadiens parce qu’ils sont qui ils sont. Mettons un terme à...
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Je dois demander au député de continuer de présenter ses arguments pendant la période des questions et observations.
La députée de Saanich-Gulf Islands a la parole.
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Madame la Présidente, je tiens à remercier le député d’ de défendre ainsi les droits des personnes LGBTQ+ et bispirituelles. Je suis horrifiée par la violence qu’il subit parce qu’il défend les droits des transgenres.
J’ai un seul problème avec le projet de loi : pourquoi qualifions-nous de thérapie ce qui est de toute évidence une torture? N’est-il pas temps de cesser d’appeler les pensionnats des écoles et de dire ce qu’ils étaient vraiment? N’est-il pas temps de parler de violence et de torture, au lieu de thérapies de conversion?
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Madame la Présidente, je suis tout à fait d’accord avec la députée. Je la remercie, car mon temps d’intervention est écoulé, de faire le parallèle avec ce qui est arrivé dans les pensionnats. Je partage, évidemment, son sentiment d’horreur et je pense comme elle que nous devons agir résolument après la découverte faite à Kamloops dont la nouvelle nous est parvenue cette semaine.
Toutes les études professionnelles montrent que les thérapies de conversion entraînent des dépressions, des actes d’automutilation, des tentatives de suicide et de nombreux décès par suicide. Cette pratique ne s’appuie sur aucune donnée scientifique. Il n’y a donc aucune raison de continuer de parler de thérapie et d’autant plus de raisons de les interdire.
:
Madame la Présidente, je soumettrai deux points au député. Le premier concerne la définition de ce qui constitue une pratique. Le terme « pratique » n’est pas défini dans le Code criminel. Un des problèmes de l’ambiguïté qui persiste et la raison pour laquelle des citoyens s’inquiètent de l’incidence que ce projet de loi aurait sur des conversations privées sur des questions relatives à la sexualité, par exemple, est que la référence à un traitement, une pratique ou un service pourrait inclure des choses qui n’entrent pas dans un contexte pseudo-thérapeutique.
Je demande également au député pourquoi il s’est opposé à l’examen de tous les mémoires avant l’étude article par article. Les législateurs ne devraient-ils pas avoir l’humilité de reconnaître qu’il pourrait y avoir de nouveaux éléments dans ces mémoires et qu’il convient...
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Le député d’Esquimalt-Saanich-Sooke a la parole.
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Madame la Présidente, cette question venant d’un conservateur illustre bien ce que les conservateurs sont en train de faire. Ils cherchent continuellement à brouiller les cartes en parlant de termes et de définitions.
Ce que le projet de loi vise à interdire est très clair, et ce sont les efforts soutenus pour amener une personne à changer ou à réprimer son orientation sexuelle et son identité de genre. L’objet du projet de loi ne fait aucun doute, pas plus que sa teneur.
:
Madame la Présidente, je veux remercier mon collègue de son travail de pionnier et de ses efforts dans ce dossier.
Comme nous le savons tous, ou comme nous devrions tous le savoir, les personnes transgenres sont parmi les personnes les plus durement touchées par la violence au Canada. Je me demande si mon collègue pourrait nous expliquer dans quelle mesure ce projet de loi nous permettra de nous attaquer à cette réalité violente, à laquelle sont confrontées tant de personnes transgenres pour la simple raison qu'elles sont transgenres, c'est-à-dire qu'elles sont elles-mêmes. J'espère que tous les parlementaires peuvent adhérer à l'idée qu'il nous faille une mesure législative pour permettre aux Canadiens de vivre leur vie tels qu'ils sont.
:
Madame la Présidente, je remercie la députée de ses bons mots.
Le simple fait que les soi-disant thérapies de conversion puissent se poursuivre au pays contribue à l'homophobie, à la transphobie et à la biphobie, ainsi qu'aux difficultés que ces personnes vivent au quotidien, parce qu'on leur laisse entendre qu'elles sont illégitimes et qu'elles doivent changer. En définissant clairement qu'en tant que Canadiens, nous acceptons les personnes pour qui elles sont et nous ne cherchons pas à nier leur identité, nous ferions un important pas en avant pour lutter contre l'homophobie et la transphobie.
:
Madame la Présidente, je suis ici pour parler du projet de loi , un projet de loi sur les thérapies de conversion et leurs effets parfois mortels.
Avant de commencer mon intervention, je ne peux m’empêcher de prendre le temps de reconnaître le profond chagrin et la douleur qui règnent partout au Canada à la suite de la découverte dans une école de notre pays d’une fosse commune contenant 215 corps d’enfants. De nombreux aînés m’ont dit que la première chose à faire pour composer avec cette situation est de veiller à aider ces merveilleux bébés à rejoindre en toute sécurité les bras de leurs ancêtres. Je suis donc ici à la Chambre des communes pour dire que nous voyons ces précieux enfants et leurs êtres chers qui se battent pour garantir qu’ils ne seront plus jamais réduits au silence. Je dis: « S’il vous plaît, rentrez chez vous retrouver les bras aimants de ceux qui vous y attendent et sachez que nous continuerons à faire ce qui doit être fait. » Nous les aimons, nous les voyons; nous leur disons de rentrer à la maison et d’être entourés d’amour.
Trop longtemps, le Canada n’a pas écouté les survivants des pensionnats et les êtres chers des survivants qui nous ont raconté encore et encore les choses horribles dont ils ont été témoins. « Valeur » est un mot clé aujourd’hui. Il faut arrêter de se battre contre ces enfants devant les tribunaux. Ils n’auront pas de deuxième enfance. Combien d’enfants autochtones devraient perdre leur enfance? C’en est assez de demander aux collectivités autochtones de choisir entre l’eau potable et d’autres besoins essentiels. Pourquoi demanderait-on à quiconque de choisir l’un ou l’autre? C’en est assez d’obliger les Autochtones à se battre pour que leurs droits fondamentaux soient respectés, des droits dont jouissent tous les autres Canadiens.
C’en est assez des mécanismes paternalistes profondément ancrés au sein des ministères des Services aux Autochtones et des Relations Couronne-Autochtones qui font que des collectivités autochtones continuent d’être mal servies et de manquer de ressources et que l’autodétermination est bloquée à chaque détour du processus.
La laideur de notre histoire coloniale est difficile à entendre. Cependant, elle est encore bien plus difficile à vivre. Voilà pourquoi j’invite tous les non-Autochtones à prêter une oreille attentive et à travailler à la réconciliation en tant qu’alliés, ce qui signifie vraiment d’accueillir et d’amplifier les voix des peuples et des collectivités autochtones au Canada.
Je tiens à remercier ma grand-mère, Minnie, qui a fréquenté le pensionnat de Lejac. Elle en est revenue brisée et elle a travaillé fort pour construire quelque chose de mieux. Je vois le travail de ma famille extraordinaire, qui travaille si fort chaque jour pour ramener la culture et la partager avec les enfants, et je lui en suis très reconnaissante.
À ma nièce Daisy qui, après que ma sœur lui eut expliqué pourquoi nous portions tous la couleur orange, lui a dit: « S’il te plaît, ne les laisse pas m’emmener au pensionnat », je tiens aussi à lui dire: « Nous allons tous travailler très fort, ma puce, pour garantir que cela n’arrive jamais ». Quel soulagement que, contrairement aux parents et aux membres de la famille autochtone du passé, nous n’avons pas à être arrêtés ou battus simplement pour revendiquer le droit de la protéger.
Je vais maintenant revenir au projet de loi , un projet de loi si important.
Je crois que l’amour est l’amour et que notre sexualité, notre identité et notre expression de genre sont un spectre et que la célébration de tous sur ce spectre est un élément essentiel pour construire la communauté et notre pays. Je suis aussi une mère et une grand-mère. Je me souviens de la naissance de mon premier enfant et de l’immense honneur que j’ai ressenti en sachant que cet être était un cadeau pour moi, que mon travail consistait à faire une seule chose, soit faire de mon mieux chaque jour pour l’aimer exactement comme il est. Selon moi, la plus belle expression de la parentalité, c’est celle de l’amour inconditionnel.
J’ai parfois de la difficulté avec mes enfants. Ils sont eux-mêmes, il peut parfois être difficile d’apprendre à les connaître, tandis qu’ils apprennent eux-mêmes à se connaître. Quand c’est difficile, je me rappelle que mon travail prioritaire est d’être leur socle d’amour et que lorsqu’ils vont dans le monde et font face aux défis qui les attendent, quand ils me regardent, ils voient quelqu’un qui les aime et qui croit en eux.
Je dis souvent à mes enfants qu’ils sont la meilleure partie de ma vie, car pour moi, ils le sont. Quant aux petits-enfants, eh bien, c’est un tout autre niveau de relation d’amour.
C’est à cela que je pense quand j’évoque un projet de loi qui criminaliserait explicitement le fait de soumettre un mineur à une thérapie de conversion, de conduire un mineur à l’extérieur du Canada pour y suivre une thérapie de conversion, de soumettre des adultes à une thérapie de conversion contre leur gré et l’entreprise de la thérapie de conversion visant à la fois les mineurs et les adultes. Cela comprendrait la criminalisation de la publicité du service et du fait de facturer pour le service ou d’en tirer profit.
Permettez-moi simplement de dire que je suis absolument horrifiée que quelqu’un ait déjà favorisé, ou payé pour essayer de convaincre une âme que ce qu’elle est est inacceptable. Des adolescents qui envisagent une transition sont soumis à une thérapie d’affirmation corporelle qui tente de leur dire qu’ils devraient aimer le corps avec lequel ils sont nés au lieu d’affirmer qu’ils peuvent être qui ils veulent être et qui ils se sentent au plus profond d’eux-mêmes.
Qui sommes-nous pour dire à quiconque, et encore moins à un adolescent en pleine croissance d’accepter son corps tel qu’il est, alors que cet adolescent sait que son corps ne correspond pas à son identité de genre et qu’il s’est senti mal dans son corps toute sa vie? La thérapie d’affirmation corporelle est une erreur et doit être incluse dans cette interdiction des thérapies de conversion.
La réalité, c’est que nous baignons dans une culture où la haine envers la communauté ayant diverses orientations sexuelles et identités et expressions de genre, ou OSIGEG, se rencontre encore trop souvent. Les jeunes savent qui ils sont, mais ils sont terrifiés à l’idée que s’ils disent quelque chose, ils perdront l’assise de leur amour propre. Certains le font. Certaines personnes disent qui elles sont, quitte à en perdre leur assise. Nous devons continuer à en parler au nom de ces belles personnes. Elles ont besoin de savoir que les choses s’améliorent et qu’il y a beaucoup de gens qui ont de l’amour dans leur cœur et qui sont prêts à les aimer et à les accepter.
Toute forme de thérapie de conversion, à mon avis, est mortelle parce qu’elle vise à changer l’intégrité et l’essence d’une personne. C’est une blessure que je ne peux même pas imaginer. Certaines personnes se font dire qu’elles sont fondamentalement mauvaises et elles sont laissées à elles-mêmes par ceux qui étaient censés les aimer. Je tiens à dire officiellement que les membres de la communauté OSIGEG n’ont pas besoin d’être réparés et qu’il est impossible de changer l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’expression de genre d’une personne au moyen d’un counseling ou d’une thérapie de conversion parce qu’il n’y a rien qui cloche chez elle. Nous savons que ces tentatives de thérapie de conversion, qui ne sont en fait que de la torture, et toutes les tentatives visant à modifier l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’expression de genre d’une personne sont nuisibles. Tous les actes d’homophobie et de transphobie mènent à la dépression, à l’isolement social, à l’automutilation et même au suicide.
Quelqu'un qui a parlé tout à l'heure de ce projet de loi a dit que la communauté OSIGEG est résiliente. Malgré toute la haine qui existe dans le monde, cette communauté est résiliente. J’en ai été témoin. Les nombreux événements annuels de la fierté dans ma circonscription en sont un excellent exemple. Ces personnes sont aimantes et fortes. Je leur en suis très reconnaissante. Je veux mettre fin à la haine au Canada contre laquelle cette communauté doit se montrer résiliente.
J’espère qu’en adoptant ce projet de loi à la Chambre et au Sénat, nous mettrons fin à cette pratique horrible qui cause tant de tort aux gens. J’espère que nous nous efforcerons tous de trouver de l’amour les uns pour les autres. La vie est belle, mais elle est aussi difficile. L’identité d'une personne un ne devrait pas l’obliger à être encore plus résiliente ou à s'endurcir encore plus pour simplement exister dans le monde. Rien dans ce projet de loi n’empêche les parents de discuter avec leurs enfants de questions d’orientation sexuelle, d’identité de genre ou d’expression de genre. Il n’empêche tout simplement pas le dialogue.
Les raisonnements hypothétiques des conservateurs sont décevants. Voici ce que je leur répondrais. Que se passerait-il si nous perdions un autre membre de la communauté des personnes ayant diverses orientations sexuelles et identités de genre par le suicide parce qu’on lui a dit que son identité n’était pas acceptable? Je préfère m’abandonner à cette crainte et m’efforcer de sauver des vies, parce que pour moi, ces vies sont plus précieuses et plus importantes que ma crainte. À mon avis, ce projet de loi indique que le Canada commence à interdire de tirer un revenu de la thérapie de conversion et d’appliquer cette thérapie.
Récemment, j’ai eu l’occasion de participer à un événement virtuel organisé par mon collègue d’ pour souligner la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Je lui suis très reconnaissante d’avoir pris ce dossier en main et d’y travailler si fort. J’ai demandé ce que je devrais faire pour être la meilleure alliée possible. Je n’oublierai jamais la réponse de Brian Chang. Il m’a répondu que les alliés devraient annoncer partout qu’ils le sont. Nous ne pouvons pas nous contenter d’y penser, mais nous devons faire tout ce que nous pouvons pour que les gens voient que nous sommes leurs alliés. J’ai fait de mon mieux pour être une bonne alliée, une alliée qui n’est pas passive, mais qui offre son aide et qui y travaille aussi fort que possible. Je chercherai toujours à obtenir des commentaires, car je sais que nous pouvons toujours améliorer ce que nous faisons.
Il est difficile de reconnaître que nous vivons encore dans un monde où la communauté des personnes ayant diverses orientations sexuelles et identités de genre n’est pas en sécurité. C'est devenu très évident dans ma circonscription en décembre 2020, lorsqu’un jeune a affiché un site Web et a ensuite présenté une exposition à la galerie d'art de la vallée de Comox. Mackai Sharp a eu le courage de décrire l’homophobie qu’il a subie dans sa collectivité. Il a intitulé son projet « Suicide-toi ». J’espère que ce titre nous remplira tous d’horreur.
La haine est un message qui fait croire aux gens qu’ils ne sont pas ce qu’ils devraient être et qu’ils n’ont pas leur place dans la société. Je veux que le Canada mette un terme à l’homophobie, à la biphobie et à la transphobie. Je veux que le Canada dise clairement aux membres de la communauté des personnes ayant diverses orientations sexuelles et identités de genre: « L’amour est beau. Vous êtes importants. Votre identité compte. Votre sexualité compte. Vos pronoms sont importants. Votre identité est importante. »
[Français]
:
Madame la Présidente, j'aimerais avoir l'opinion de ma collègue. Tantôt, son collègue du NPD a indiqué que le projet de loi n'interdisait pas complètement les thérapies de conversion, lesquelles vont demeurer légales pour les adultes consentants. Le projet de loi en interdit l'application forcée à une personne mineure, ainsi que la publicité, la commercialisation et autres.
Ma collègue pourrait-elle me dire si elle pense que le projet de loi aurait dû aller plus loin et interdire complètement les thérapies de conversion?
[Traduction]
:
Madame la Présidente, je crois que ce projet de loi vise à interdire la thérapie de conversion. Nous devons continuer à combattre contre cette thérapie et veiller à ce que personne ne puisse attribuer une fausse interprétation à ce projet de loi. Il faut que nous y veillions, parce qu’il se passe tellement de choses abusives derrière les portes closes. Chaque fois que nous entendons dire à une personne que son identité n’est pas acceptable, elle perd confiance en soi, et nous devrions défendre cette personne en soutenant qu’il est très nocif de parler de cette façon.
Je suis tout à fait d’accord que si les gens veulent poser des questions et discuter avec une personne de confiance sur des enjeux qui les préoccupent, tant qu’ils reçoivent de l’appui, ce n’est pas du tout de la thérapie de conversion. Je remercie beaucoup mon collègue d’avoir posé cette question. Lorsque nous nous penchons sur les problèmes des groupes qui ont été opprimés et blessés, nous devons toujours nous interroger et poursuivre le combat.
:
Madame la Présidente, je remercie la députée de ses nombreuses observations importantes. Je suis d’accord à propos de bon nombre d’entre elles.
J’aimerais revenir sur une question que j’ai posée à son collègue au sujet de la présentation de mémoires écrits. Ma question comportait deux parties, et j’ai obtenu une réponse uniquement pour la première.
De nombreux groupes d’intervenants ont présenté des mémoires au comité, et plusieurs de ces mémoires n’ont été remis aux membres que le jour même. Le député du Bloc, avec qui j’étais d’accord, a dit qu’en refusant de retarder l’étude article par article pour permettre l’examen de ces mémoires écrits, le comité ne faisait pas preuve d’un grand respect pour le travail des gens qui avaient étudié le projet de loi et soumis des suggestions. Étant donné que la Chambre n'a été saisie à nouveau du projet de loi que cinq mois plus tard, le comité aurait eu suffisamment de temps pour examiner ces mémoires.
Pourquoi le NPD a-t-il voté contre l’examen des nombreux mémoires qui ont été soumis avant de procéder à l’étude article par article? Il y a beaucoup de détails dans ce projet de loi. Ces mémoires pourraient nous éclairer sur la façon dont les choses pourraient être améliorées, élargies ou ajustées d’une façon ou d’une autre.
Pourquoi le NPD ne voulait-il pas que ces mémoires écrits soient pris en considération?
:
Madame la Présidente, je rappelle au député que des amendements ont été apportés au projet de loi pour dissiper certaines des préoccupations soulevées. Je dirais qu’il est malheureux que ce projet de loi franchisse les étapes si lentement à la Chambre, en grande partie à cause des interruptions des conservateurs et des libéraux. Des personnes ayant diverses orientations sexuelles et identités de genre meurent à cause de ces pratiques terribles. Il n’est pas acceptable, au Canada, de rejeter des personnes en raison de qui elles sont. Ces personnes ont le droit d’exister et de vivre en toute sécurité. Le projet de loi amorce ce processus de façon importante. Nous devons passer aux étapes suivantes.
:
Madame la Présidente, je crois que le gouvernement a accordé la priorité à ce projet de loi. Nous avons eu un nombre considérable de mesures législatives liées à la pandémie et au budget, mais nous voulons que le projet de loi soit adopté.
La députée peut-elle nous dire à quel point il est important de laisser les partis de l’opposition intervenir, mais aussi de prendre en considération l’adoption de cette importante mesure législative?
:
Madame la Présidente, je suis tout à fait d’accord avec le député. La Chambre doit adopter ce projet de loi le plus rapidement possible. Il est important de sauver des vies.
[Français]
:
Madame la Présidente, j'aimerais informer la Chambre que je partagerai mon temps de parole avec mon collègue de .
Je suis très heureuse de pouvoir m’exprimer cet après-midi en lien avec le projet de loi qui est devant nous aujourd’hui. C'est un projet de loi pertinent et de la plus grande importance et qui, sans exagérer, a le potentiel de sauver des vies.
Le projet de loi , Loi modifiant le Code criminel en lien avec les thérapies de conversion, me touche énormément. Mon fils Nicolas est, entre autres, un étudiant au doctorat en chimie, un sportif, un marin et tant d’autres belles choses. Ce sont des traits qui le caractérisent et qui le distinguent. Mon fils est aussi homosexuel. Je peux dire que je suis fière de vivre dans une société, dans un pays, qui ne caractérise pas les individus en fonction de leur sexe, de leur genre ou de leur orientation. Ce projet de loi touche un sujet très personnel pour moi, et il se peut donc que, à un moment ou à un autre de mon discours, l’émotion prenne le dessus.
Je tenterai tout de même, dans les prochaines minutes, d'illustrer pourquoi le projet de loi C-6 est un excellent projet de loi, mais surtout comment il est véritablement essentiel et, à mon humble avis, qu’il est grand temps que nous légiférions en ce sens.
L’homosexualité a longtemps été considérée comme immorale, déviante, et même criminelle. C'est encore parfois le cas aujourd’hui, nul besoin de citer certains discours déplorables entendus à la Chambre récemment sur le sujet. Certains croient que l’homosexualité n’est pas génétique, que c’est une blessure qui la cause, que c’est influencé par un mauvais esprit, ou encore, qu’il s’agirait d’un trouble de l’intégration de l’identité sexuelle. D’autres sont d’avis que l’homosexualité est un choix, que l'on pourrait donc changer, ou un trouble mental. Il y en a qui prétendent que c’est un péché contre lequel il faut lutter, ou un démon qu’il faut exorciser.
Historiquement, plusieurs moyens ont été utilisés afin de punir ou de guérir l’homosexualité: la bicyclette jusqu’à épuisement, l’usage d’électrodes ou de substances chimiques, ou encore des approches psychanalytiques.
Puis, les années 1990 ont vu naître les thérapies de conversion. Soyons clairs sur ce qu’est une thérapie de conversion. C’est une pratique qui vise à modifier l’orientation sexuelle d’une personne pour la rendre hétérosexuelle; qui vise à réprimer ou à réduire l’attraction ou les comportements sexuels qui sont non hétérosexuels; ou qui vise à changer l’identité de genre d’une personne pour qu’elle corresponde au sexe qui lui a été attribué à la naissance.
Les pratiques de réorientation sexuelle visent à taire en l’individu sa diversité, au profit d’une orientation sexuelle précise: l’hétérosexualité. La question du choix de l’orientation sexuelle s’inscrit dans un système à deux vitesses, et elle n’est, finalement, qu’un argument utilisé pour légitimer le caractère homophobe des pratiques de réorientation sexuelle.
Comment est-ce possible qu’en 2021, après de grandes avancées comme la légalisation du mariage gai et la possibilité d’adopter, les thérapies de conversion existent encore? Voilà pourquoi nous devons légiférer sur le sujet.
Que fait vraiment le projet de loi? On entend, de l’autre côté de la Chambre, les collègues avancer plusieurs inquiétudes en lien avec le projet. Il est donc important de remettre les pendules à l’heure. Si elle est adoptée, la loi interdirait les thérapies de conversion pour les mineurs et rendrait illégal le fait d'envoyer un mineur à l'extérieur du Canada pour suivre une telle thérapie. De plus, il serait interdit d'obliger un adulte à suivre une thérapie de conversion contre son gré.
Finalement, la loi rendrait illégal de tirer profit des thérapies, ou de faire des publicités à leur sujet.
Il faut que ce soit clair pour mes collègues. Il faut voter en bonne connaissance de cause. Les conversations privées entre un parent et son enfant, ou entre deux personnes, ne sont pas et ne seront pas interdites. Venir en aide à une personne qui formule un questionnement lié à son orientation sexuelle est légitime. Cependant, les pistes de solution qui doivent lui être offertes ne devraient pas consister à nier davantage ses attirances envers les personnes du même genre, mais plutôt à lutter contre l’homophobie que la personne aurait intériorisée. C'est la raison pour laquelle nous proposons le projet de loi C-6.
Les thérapies de conversion sont basées sur la fausse prémisse que l'orientation sexuelle ainsi que l'identité et l'expression de genre d'une personne puissent et doivent être changées, afin de se conformer à une vision extrêmement étroite et désuète de ce qui est « naturel » ou « normal ».
Malgré la décriminalisation et la dépathologisation de l'homosexualité, il subsiste des organisations qui offrent des traitements pour « guérir » l'homosexualité. L'offre est même très onéreuse. Ceux qui s'adonnent à des rites, à des prières ou à de l'exorcisme le font généralement dans l'ombre. Ils disent effectuer une délivrance où ils libèrent la personne du démon de l'homosexualité.
Les témoignages recueillis exposent des situations de séquestration, de voies de fait et d'abus physiques et émotionnels flagrants. De plus, il a été démontré que des parents ont manqué à leur obligation d'assurer la sécurité et le développement de leurs enfants en les encourageant à participer à des pratiques de réorientation sexuelle, alors qu'ils savaient que de tierces personnes pouvaient les maltraiter émotionnellement et physiquement.
Plusieurs experts, comme le psychiatre Richard Montoro, affirment que s'adonner à des thérapies de conversion est de l'homophobie et qu'il s'agit d'une grave menace à la santé et aux droits fondamentaux. Elles entraînent des conséquences cognitives et sociales, de l'anxiété, de la dépression, et même des idées suicidaires.
L'Organisation panaméricaine de la santé affirme que les thérapies de conversion n'ont aucun fondement médical. Lors de mes rencontres avec des représentants d'organismes de ma circonscription comme GRIS Estrie et Fière la fête, ces derniers étaient unanimes pour dire qu'il s'agit d'une pratique injustifiable qui devrait être dénoncée et assujettie à des sanctions.
Plutôt que d'accompagner une personne à lutter contre son homosexualité, cela s'effectuant souvent dans un environnement social homophobe et hétérosexiste, il est primordial de la soutenir dans son processus d'acceptation de son orientation sexuelle.
Même si le passé ne peut être changé, j'espère que cette discussion contribuera à faire avancer les droits de la diversité sexuelle et de genre, et ce, dans l'espoir d'une société plus juste. Qu'une personne homosexuelle dise qu'elle est chanceuse parce qu'elle est acceptée par sa famille, ses amis et son milieu, c'est bien, mais nous pourrions faire tellement mieux. Elle ne devrait pas à dire ces choses, car cela démontre qu'il y a un jugement ambiant.
Lorsque j'ai lu la lettre par laquelle mon fils nous apprenait qu'il était gai, j'ai pleuré. J'ai pleuré à cause du monde et de ses préjugés. J'ai pleuré parce que ce monde, qui se dit égalitaire, ne cesse de catégoriser et de placer sur un piédestal l'homme blanc hétérosexuel.
Seulement dans ces trois mots — homme blanc hétérosexuel —, imaginons combien il y a de discrimination. L'actualité des derniers mois nous en a encore donné trop d'exemples. Nous vivons dans une société où les gens différents sont, au mieux, marginalisés et, au pire, violentés ou tués. C'est pour cela que les minorités doivent constamment se battre pour conserver leurs acquis et faire d'autres gains. Malgré nos efforts de vouloir voir les choses changer, serions-nous encore intolérants à la différence?
Espérons que ce vote nous prouvera le contraire. Les thérapies de conversion sont une pratique destructrice, cruelle et mortelle. Elles n'ont pas leur place au Canada ni nulle part ailleurs.
[Traduction]
:
Madame la Présidente, je tiens à remercier ma collègue d’avoir donné à son fils, Nicolas, un foyer si merveilleux, si accueillant et si favorable. Elle a tout à fait raison de dire que les membres de la communauté homosexuelle ne devraient pas avoir à dire qu’ils ont eu de la chance parce qu’ils ont été élevés de cette façon; notre société devrait simplement être ainsi.
J’aimerais donner à la députée un peu plus de temps, en tant que mère d’un fils homosexuel, pour expliquer pourquoi des projets de loi comme celui-ci sont importants pour veiller à réduire cette stigmatisation pour tous les Canadiens et éliminer ces obstacles à l’égalité des chances, parce que l’amour est l’amour et que la personne que l’on aime ne devrait pas déterminer le chemin vers l’égalité au Canada.
:
Madame la Présidente, je remercie ma collègue de me donner le temps de parler un peu plus du projet de loi .
[Français]
En fait, chaque personne devrait avoir la possibilité de vivre comme elle est. On est comme on naît. Vivre dans une société ouverte où l'on accepte tout un chacun tel qu'il est démontre une grande ouverture et ce qui fait la force de nos communautés. À mon avis, la force du Canada, c'est d'accepter les grandes différences et la diversité.
:
Madame la Présidente, je remercie la députée de son témoignage qui dit tout. Je la remercie également d'avoir partagé avec nous un témoignage plus personnel.
Au Québec, en octobre 2020, un projet de loi a été déposé en ce sens. Le ministre de la Justice a dit que les thérapies de conversion étaient une pratique barbare. D'ailleurs, ma collègue en a fait la démonstration au moyen des exemples qu'elle a donnés.
J'aimerais poser une question à ma collègue.
À son avis, pourquoi un tel projet de loi n'a-t-il pas été adopté à l'unanimité?
:
Madame la Présidente, je remercie ma collègue de sa question.
Au fil des ans et des décennies, les mentalités évoluent. Le fait que les communautés LGBTQ2+ fassent plus de sensibilisation et soient plus présentes partout démontre encore une fois l'ouverture de nos concitoyens et de nos concitoyennes. Selon moi, une évolution était nécessaire si l'on voulait faire une place égale à tout un chacun. C'est grâce à la continuité et à la façon de faire les choses que nous en sommes arrivés là. Or il est maintenant plus que temps d'adopter le projet de loi C-6 et de faire en sorte que les thérapies de conversion ne soient plus autorisées au Canada.
[Traduction]
:
Madame la Présidente, je tiens à remercier la députée pour son discours très émouvant. Je tiens particulièrement à la remercier d’avoir partagé avec nous l’histoire personnelle de sa famille. Le projet de loi à l'étude est tellement important pour faire en sorte que chacun soit accepté tel qu’il est. C’est l’objet de ce projet de loi.
En ce qui concerne les thérapies de conversion, les néo-démocrates souhaitent notamment que les thérapies d’affirmation corporelle soient également interdites. La députée est-elle d’accord avec cette prémisse? Si oui, que faut-il faire selon elle pour que le gouvernement aille dans cette direction?
[Français]
:
Madame la Présidente, je remercie ma collègue de son importante question.
Le discours que j'ai prononcé cet après-midi vient du cœur. Chez nous, à la maison, nous vivons tous ensemble et il n'y a aucune différence entre nous. Tout le monde est heureux, nous aimons tout le monde et il n'y a pas de barrières. Ainsi va la vie.
Je vais maintenant revenir sur les thérapies de conversion. Pour aller un peu plus loin par rapport au projet de loi C-6, je dirai que chacun a le droit de vivre comme il est. Chaque personne doit être acceptée par la société telle qu'elle est. Plus nous...
:
Nous reprenons le débat.
Le secrétaire parlementaire du président du Conseil privé de la Reine pour le Canada a la parole.
[Traduction]
:
Madame la Présidente, comme d’autres, j’apprécie les paroles de ma collègue, qui apporte une perspective personnelle très importante. Elle a raison lorsqu’elle affirme que chacun d'entre nous, que nous habitions au Canada ou ailleurs dans le monde, avons le droit d’être qui nous sommes. C’est important. C’est la raison pour laquelle j’appuie le projet de loi . Les thérapies de conversion sont une pratique dégradante qui cible les Canadiens LGBTQ2 vulnérables dans le but de changer leur orientation sexuelle, leur identité de genre ou leur expression de genre. Elles peuvent entraîner un traumatisme à vie.
L’autre jour, j’écoutais mon collègue de et j’ai vraiment aimé ce qu’il a dit. Il a lancé un défi aux personnes qui songent peut-être à voter contre le projet de loi . Je veux répéter textuellement ce qu’il a dit l’autre jour. Je demanderais en particulier aux membres du caucus conservateur d’écouter ce qu’il a dit. Le député de a dit ceci:
[...] je m'attends à ce que chacun des députés s'interroge sur la signification d'un vote contre ce projet de loi. Si un député affirme vouloir voter contre pour une question de conscience, je crois qu'il devrait alors faire une introspection et se demander: « pourquoi voudrais-je perpétuer une injustice à l'égard d'un autre être humain, d'un ami, d'un collègue, d'un membre de ma famille, d'un voisin, d'un électeur ou de quiconque en subirait les conséquences, peut-être jusqu'à en mourir? » Pourquoi ne voudrait-il pas se tenir aux côtés des personnes vulnérables, opprimées, ou stigmatisées, bref, des personnes qui ont le plus besoin de son aide?
J'ai écouté le débat et j'ai entendu toutes sortes d'arguments. À mon avis, il s'agit d'une question qui relève des droits de la personne. Je crois qu'il y a de nombreux députés conservateurs qui comprennent la valeur réelle du projet de loi et je les félicite de défendre cette cause, comme ils le peuvent, auprès de leur caucus. Lorsque la Chambre des communes est unie, cela envoie un message fort à la population, en particulier lorsqu'il est question d'enjeux du genre.
Le projet de loi pourrait avoir d'immenses retombées sur toute la société canadienne. Je peux dire à mes collègues conservateurs la même chose que j'ai dite à mes collègues néo-démocrates: il est temps d'adopter ce projet de loi. Rien ne justifie qu'on retarde indéfiniment l'adoption de cette mesure législative ni qu'on cherche des façons de prolonger le débat à son sujet.
Je crois que le consentement unanime de la Chambre des communes permettrait d'affirmer clairement que nous sommes tous égaux. Lorsqu'ils prennent la parole, les conservateurs semblent être contre les thérapies de conversion. Par contre, ils s'attardent surtout à des questions qui ne me semblent pas pertinentes pour justifier leur refus d'appuyer l'adoption du projet de loi. Les préoccupations qu'ils soulèvent ont déjà toutes trouvé réponse.
Ce projet de loi n’empêcherait pas une personne de continuer à explorer son identité sexuelle, notamment dans le cadre de conversations avec des amis, des membres de sa famille, des enseignants, des travailleurs sociaux, des psychologues, des dirigeants religieux et ainsi de suite. Les membres du caucus conservateur le savent. S’ils ne le savaient pas déjà, ils le savent maintenant. S’ils croient que c’est le cas, ils devraient le dire très clairement, parce qu’en ce moment, ils sont en train de semer le doute.
Les thérapies de conversion se fondent sur le postulat erroné selon lequel l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’expression de genre peuvent et doivent être changées afin de correspondre à une idée étroite de ce qui est normal ou naturel. Voilà pourquoi il est si important qu’en tant que législateurs, nous fassions notre possible pour veiller au respect de l’égalité.
Le projet de loi énonce des mesures parmi les plus progressistes et les plus exhaustives au monde, sur le plan législatif, concernant les thérapies de conversion. Le gouvernement remplit également un engagement électoral relatif aux thérapies de conversion, surtout quand elles visent des mineurs, afin que personne n'y soit soumis. Nous continuerons à travailler avec d’autres intervenants, en particulier avec les provinces et les territoires, pour mettre fin aux thérapies de conversion au Canada.
Dans mon rôle de parlementaire que j’exerce depuis des décennies, j’ai pu constater les répercussions de ces pratiques au sein des communautés. Je pense aux personnes qui sont placées devant cette éventualité et pour qui le suicide devient une option réelle et concrète. Certaines passent malheureusement à l’acte à cause des pressions extérieures et des gens qui leur disent qu’elles ne sont pas normales.
Cela est tout à fait inacceptable. En tant que société, nous devons accepter tous les gens tels qu’ils sont. Nous devons nous efforcer d’envoyer ce message collectivement et cela serait beaucoup plus facile si nous avions l’appui de tous les députés de la Chambre.
Quand je regarde le chemin parcouru, je constate que nous avons accompli de grands progrès, que ce soit par le biais de manifestations, notamment devant l’Assemblée législative du Manitoba, ou des défilés de la fierté qui ne sont plus seulement l’apanage des grandes villes, mais qui ont également lieu dans les petites villes. Il reste toutefois beaucoup à faire. Le projet de loi est un grand pas décisif dans la bonne direction.
Pour répondre aux messages que je reçois de personnes qui me font part de leurs préoccupations, je voudrais leur répéter ce que je viens de dire. Ce projet de loi n’empêchera personne de continuer à explorer son identité sexuelle dans le cadre de conversations avec des amis, des membres de sa famille et ainsi de suite.
J’espère avoir pu éclairer le débat en cours sur cette question. J’exhorte mes amis conservateurs à reconnaître la valeur intrinsèque de ce projet de loi et l’influence que nous pouvons exercer si nous parlons d’une seule et même voix.
:
Madame la Présidente, tout d’abord, les thérapies de conversion sont une violation des droits de la personne, et j’appuie bon nombre des concepts que mon collègue vient de présenter. Il s’agit d’une question posée par un député conservateur à un député libéral au sujet d’une politique provinciale du NPD.
Je crois qu’en 2015, l’Assemblée législative du Manitoba a institué des politiques visant à mettre fin à la pratique des thérapies de conversion. Étant donné que mon collègue est un député de Winnipeg, je me demandais s’il voudrait peut-être parler un peu plus de ce qu’il a soulevé et de la façon dont nous pouvons adopter une politique pour soutenir les droits à l’égalité des chances tout en veillant à ce que d’autres droits soient protégés.
Je me demandais s’il voudrait parler un peu de cela dans le contexte de la loi et de la politique de la province du Manitoba.
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Madame la Présidente, pour moi, ce que cela met en évidence, c’est ce que j’ai déjà dit, à savoir qu’il y a encore beaucoup à faire. Comme ma collègue l’a mentionné au sujet de la province du Manitoba, qu’il s’agisse des provinces, des territoires ou même d’autres parties prenantes, Ottawa peut fournir un soutien et devrait encourager des mesures positives.
Je ne suis pas forcément au courant de tous les détails que la députée demande dans sa question. Je suppose que ma fille le sait, qui est membre de l’Assemblée législative du Manitoba et défend avec ardeur ce dossier. Je ne voudrais pas dire quelque chose et qu’elle me dise plus tard: « Papa, tu t’es trompé ».
[Français]
:
Madame la Présidente, j'écoute le débat depuis tout à l'heure et il y a vraiment eu des témoignages très touchants, notamment celui de l'honorable députée de .
Pour ma part, c'est un peu particulier. Comme certains le savent sans doute, j'étais dans le milieu artistique avant d'être en politique. C'est un milieu qui est plus progressiste que la société en général et, dans ma vie personnelle depuis 30 ans, l'homosexualité et l'acceptation des genres ne sont pas des sujets tabous. Dans ma vie de tous les jours, j'ai dépassé les préoccupations du projet de loi depuis 30 ans et je réfléchis en termes plus avancés.
Puisque nous semblons maintenant accepter le projet de loi C-6, j'aimerais que mon collègue nous dise comment on pourrait rendre la société plus ouverte par rapport à toutes les questions de genre.
[Traduction]
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Madame la Présidente, c’est l’un des avantages de la longévité en tant que parlementaire au fil des ans. J’invite les députés à jeter un coup d’œil sur les débats qui ont eu lieu, et ils constateront une attitude progressiste plus prononcée sur cette question au fil des ans. Certains segments de la société, et la communauté artistique en est un excellent exemple, ont été plus ouverts pendant de nombreuses années, tandis que d’autres ont eu besoin d’être mieux informés et de bénéficier d’un plus grand confort.
Heureusement, nous avons aujourd’hui des bases très solides. Je dirais, comme je l’ai indiqué dans mes commentaires, qu’il y a encore beaucoup à faire. J’insiste sur le fait que le gouvernement national a un rôle de leader national à jouer en travaillant avec les autres parties prenantes sur cette question.
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Madame la Présidente, je suis d’accord avec mon estimé collègue pour dire que la thérapie coercitive ne fonctionne pas. Selon un sondage Nanos, 72 % des Canadiens sont pour une approche attentiste pour conseiller les jeunes, ce qui signifie qu’ils appuient le droit des parents de retarder un traitement médical pour une transition de genre jusqu’à ce que l’enfant soit assez mûr pour en comprendre les conséquences.
Le député croit-il que les parents devraient conserver ce droit de guider leurs jeunes enfants en adoptant une approche attentiste, ou croit-il que des enfants de sept ou huit ans ont la capacité cognitive de comprendre l’impact des inhibiteurs de puberté sur leur santé dans les années à venir?
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Madame la Présidente, le projet de loi traite de cette question. C’est un bon projet de loi, un projet de loi solide, et ma collègue devrait vraiment l’appuyer.
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Madame la Présidente, je suis heureux d’avoir l’occasion de prendre la parole à la Chambre aujourd’hui au sujet de cet enjeu très complexe. Il est complexe, parce que c’est une question très personnelle qui tient à cœur à un grand nombre de Canadiens, et je les comprends tout à fait.
Tout au long de la courte histoire du Canada, de nombreuses personnes LGBTQ ont été gravement et irréversiblement blessées par les effets d’une thérapie de conversion. Bon nombre d’entre elles ont été victimes d’une pratique qui est maintenant considérée comme horrible. Elle repose sur des points de vue erronés et sur les préjugés que subissent les Canadiens LGBTQ.
Je remercie les gens de ma circonscription qui ont respectueusement discuté avec moi de cet enjeu et qui ont appuyé l’interdiction des thérapies de conversion. Je tiens à ce que les gens que je représente et tous les Canadiens sachent que je les appuie. Les thérapies de conversion sont inacceptables. Il faut les interdire.
Le projet de loi me préoccupe toutefois — et des centaines de personnes ont communiqué avec moi ces derniers mois pour me faire part du même genre de préoccupations — parce qu’il ferait beaucoup plus qu’interdire les thérapies de conversion. L’une de ses lacunes fondamentales est de ne pas définir correctement, ce qui devient une habitude du gouvernement, le type de pratiques et de services que le gouvernement tente d’interdire. Sa définition trop étendue risque de criminaliser d’importants services de soutien, ce qui finirait, paradoxalement, par nuire aux personnes que nous essayons de protéger le plus. Je m’explique.
Le projet de loi interdirait par exemple l’accès libre au counseling qui vise à gérer les comportements sexuels. Contrairement à ce que font tous les établissements professionnels et médicaux en Amérique du Nord, ce projet de loi inclut dans sa définition que la thérapie de conversion s’entend « d’une pratique, d’un traitement ou d’un service qui vise [...] à réprimer ou à réduire [...] tout comportement sexuel non hétérosexuel ».
Nous avons examiné 152 définitions de la thérapie de conversion dans le monde, notamment celles des Nations unies et de tous les gouvernements qui ont adopté une loi ou un règlement sur cet enjeu, et pas une seule ne se rapproche de la définition de thérapie de conversion qui se trouve dans le projet de loi dont nous sommes saisis. Aucun de ces gouvernements n’a inclus dans sa définition une interdiction de fournir des services de counseling en comportement sexuel sans encourager un changement d’orientation. Je tiens à le répéter parce que c’est important. Pas un seul organisme médical ou gouvernemental au monde ne définit la thérapie de conversion de cette façon. Aucun d’entre eux n’inclut dans sa définition une interdiction du counseling sur le comportement sexuel.
C’est très préoccupant, car en réalité, les Canadiens peuvent demander du counseling pour réduire ou changer toutes sortes de comportements, y compris un comportement sexuel. Malheureusement, la définition du gouvernement est rédigée de façon à empêcher l’accès égal au counseling pour les personnes LGBTQ. Aucun conseiller ne serait autorisé à les aider à réprimer ou à réduire un comportement non hétérosexuel.
Par exemple, une personne aux prises avec une dépendance à la pornographie hétérosexuelle ou avec le désir compulsif d’avoir des relations extraconjugales hétérosexuelles peut obtenir du counseling pour gérer cette dépendance sexuelle. Cependant, une personne homosexuelle qui voudrait recevoir du counseling pour gérer ces mêmes comportements n’aurait pas accès à ce soutien. C’est de la discrimination pure et simple. On ne peut empêcher personne d’obtenir le soutien mental ou comportemental qu’il lui faut.
En fait, la plupart des Canadiens sont d’accord. Selon un sondage Nanos mené plus tôt cette année, 91 % des Canadiens appuient le droit des Canadiens d’obtenir les services de counseling de leur choix, quelle que soit leur orientation sexuelle. Ce sont 91 % des Canadiens qui estiment que personne ne devrait être victime de discrimination pour avoir demandé et obtenu de l’aide. Les Canadiens expriment des préoccupations à ce sujet.
Le Comité de la justice a entendu de nombreux témoignages et reçu des dizaines de mémoires d’experts expliquant ce qu’il a appelé un « effet paralysant » selon lequel, peu importe les assurances du gouvernement fédéral, aucun conseiller ne voudrait aider les personnes LGBTQ à gérer leurs comportements de peur d’enfreindre la loi et de compromettre leur carrière. Des témoins ont aussi dit que, même si un conseiller était disposé à fournir discrètement de tels services à la communauté LGBTQ, ces professionnels seraient difficiles à trouver, étant donné que le projet de loi transformerait également en criminel quiconque « fait sciemment de la promotion ou de la publicité pour offrir de la thérapie de conversion ». Par définition, les activités de publicité comprendraient toute recommandation de bouche à oreille, par un parent ou un pasteur, d'un conseiller qui fournit ce type de services.
Cette réalité qui a un effet paralysant sur le counseling a déjà causé de graves inquiétudes à un jeune homme qui a écrit à mon bureau. Dans sa lettre, il précise qu’il est heureux d’être marié à une femme extraordinaire, l’amour de sa vie, et d’être le père de deux beaux enfants, et d’un autre à venir bientôt, mais qu’il est aussi attiré par les hommes.
Afin de trouver la plus grande satisfaction possible dans sa vie conjugale, il a décidé, avec l’appui de son épouse, d’obtenir des conseils pour l’aider à gérer son attirance pour des personnes de même sexe. Il dit que cela a été très avantageux pour lui et sa famille. Il craint que le projet de loi C-6 ait une portée si vaste qu’il criminaliserait le dialogue qu’il a librement cherché à obtenir. Il demande pourquoi on devrait l’empêcher d’avoir accès à l’aide dont il a besoin pour vivre l’identité sexuelle et les relations qu’il choisit.
Il est essentiel que la définition contenue dans le projet de loi corresponde à celle de toutes les autres instances médicales en Amérique du Nord. C’est le rôle du gouvernement d’interdire les mauvaises pratiques, mais non de décider de l’identité ou des comportements d’une personne. Cette liberté doit être laissée à chacun.
J'appuie sans réserve une interdiction qui mette l’accent sur les pratiques médicales préjudiciables, mais non sur la liberté des Canadiens de choisir leurs objectifs.
Je tiens également à parler de la crainte très réelle que le projet de loi nuise au dialogue libre et ouvert entre les parents, les enseignants et le clergé avec les personnes sous leur responsabilité. Je sais d’expérience que les adolescents ont souvent de nombreuses questions concernant la sexualité et le genre, mais le projet de loi permettrait essentiellement à Big Brother de s’immiscer dans la vie des gens à la maison, à l’église, à la synagogue ou à la mosquée, et il interdirait aux parents et aux chefs spirituels de fournir les conseils et l’orientation dont les enfants et les adolescents ont besoin, surtout à une étape de leur vie où ils sont très vulnérables et influençables.
Les parents, en particulier, ont des droits et des responsabilités à l’égard de leurs enfants, y compris le droit de les guider et de les orienter selon leur propre vision du monde. Le projet de loi nous amènerait en terrain dangereux en permettant au gouvernement d’intervenir au sujet de ce que les parents peuvent dire ou non à leurs enfants. Alors que nous devons travailler à une approche impartiale qui protège les droits de la communauté LGBTQ ainsi que les enfants contre d'éventuelles thérapies dangereuses, nous devons aussi protéger le droit de tous les Canadiens d’avoir leur propre point de vue sur la sexualité et d’élever leurs enfants conformément à ce point de vue.
Le comité de la justice a reçu des centaines de mémoires de différents groupes confessionnels, qui ont tous exprimé cette préoccupation. Cependant, je me demande si le a lu un seul de ces mémoires. Ce n’est certainement pas le cas du comité de la justice. J’ai été extrêmement déçu de constater qu’au lieu de prendre le temps d’examiner attentivement le nombre record de mémoires présentés par le public, le gouvernement a décidé d'accélérer l’étude du projet de loi par le comité avant même que ces mémoires puissent être traduits. Le gouvernement ne s’est même pas donné la peine d’examiner les documents ou les témoignages reçus par le comité. Au lieu de cela, le rapport comportait quelques modifications mineures qui ne répondaient aucunement aux préoccupations de ceux qui s’opposent au projet de loi.
C’est pourquoi je suis heureux d’intervenir aujourd’hui pour mettre en lumière les préoccupations des Canadiens auxquelles le gouvernement refuse de donner suite. C’est la raison pour laquelle nous, les conservateurs, avons proposé un amendement au projet de loi qui protégerait ces conversations privées. Notre amendement utilise même certains termes tirés directement du site Web du gouvernement, mais les libéraux ont quand même refusé de l’appuyer.
Je dois poser la question suivante au . S’il était prêt à reconnaître cette préoccupation sur son site Web et à fournir des éclaircissements, pourquoi n’était-il pas disposé à faire de même pour le projet de loi proprement dit?
Nous savons tous les deux qu’une note explicative sur un site Web du gouvernement ne convaincra pas les tribunaux en cas de contestation juridique. Les juges ne consultent pas un site Web lorsqu’ils rendent une décision; ils utiliseront les dispositions comprises dans le projet de loi dont nous débattons aujourd’hui.
Par conséquent, avant que je puisse appuyer le projet de loi, je veux qu’il soit très clair qu’il faut protéger les conversations de bonne foi, pendant lesquelles des opinions sur l’orientation sexuelle, les attirances sexuelles, le comportement sexuel ou l’identité de genre sont exprimées, par exemple, lorsque des enseignants, des conseillers scolaires, des conseillers en pastorale, des chefs religieux, des médecins, des professionnels de la santé mentale, des amis ou des membres de la famille offrent respectueusement du soutien aux personnes en ce qui concerne leur orientation sexuelle, leurs attirances sexuelles ou leur identité de genre.
Enfin, dans le temps qu’il me reste, j’aimerais parler de ce qui est peut-être le plus dommageable dans ce projet de loi, c’est-à-dire l’amalgame de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle. Ce sont deux questions très différentes et le fait de les traiter de la même façon dans ce projet de loi aura sans doute de nombreux effets néfastes sur les Canadiens. Même si le fait de s’identifier comme gai ou lesbienne à un jeune âge peut n’avoir aucune conséquence biologique, il en va autrement pour les personnes qui choisissent de s’identifier comme transgenres, et de façon irréversible si cela s’accompagne d’une transition chimique et chirurgicale.
Rares sont les jeunes enfants qui possèdent la capacité cognitive pour affirmer avec certitude qu’ils sont transgenres; pourtant, le projet de loi ne fait aucune distinction entre un jeune de 17 ans et un enfant de 7 ans. En vertu de ce projet de loi, toute démarche de la part de parents ou de conseillers visant simplement à aider un enfant à se sentir mieux dans son corps ou à exercer une attente vigilante pourrait être considérée comme une infraction criminelle.
N’est-ce pas étrange d’en arriver là, alors que le consentement parental est exigé pour permettre aux enfants de participer à une sortie scolaire ou de se faire tatouer, mais s’il s’agit d’un changement de genre, l’enfant jouirait d’un plein pouvoir de décision?
J’ai trois merveilleux enfants. Ce sont des enfants brillants, mais je peux affirmer à mes collègues que neuf fois sur dix, ils ne savent pas ce qui est le mieux pour eux-mêmes. C’est d’ailleurs pourquoi mon épouse et moi-même sommes leurs gardiens jusqu’à ce qu’ils deviennent des adultes, jusqu’à ce qu’ils atteignent un âge où ils auront la capacité cognitive de prendre des décisions permanentes qui changeront leur vie, comme celle de subir une intervention chirurgicale ou de recevoir des traitements susceptibles d’avoir des répercussions permanentes sur le reste de leur vie. Pourquoi donc adopterions-nous un projet de loi qui permettrait à des enfants d’à peine 5 ans de prendre eux-mêmes ces décisions irréversibles?
Il devient de plus en plus évident que la majorité des enfants qui se posent des questions sur leur identité de genre finissent par se sentir à l’aise avec leur genre biologique et que leur dysphorie a tendance à s’atténuer avec le temps. C’est pourquoi certains professionnels et experts du milieu de la santé ont favorisé l’attente vigilante afin de voir si le malaise ressenti par ces enfants n’est que temporaire ou s’il persiste sur une plus longue période. L’attente vigilante permet aux parents et aux professionnels de comprendre la situation vécue par les enfants qui souffrent de dysphorie de genre et de voir si, au fil du temps, ce malaise s’estompera naturellement ou s’il persistera.
Pourquoi encourager l’attente vigilante? Si un enfant souhaite faire la transition de genre, pourquoi l’en empêcher ou retarder l’intervention? La réalité, c’est que si le malaise de l’enfant s’estompe et que l’enfant finit par s’identifier à son genre biologique, il n’est pas facile de faire marche arrière. De nombreuses thérapies de transition de genre ont des conséquences durables et irréversibles.
Debra Soh est neuroscientifique, chercheuse dans le domaine de la sexualité et titulaire d'un doctorat de l’Université York. Voici ce qu'elle a écrit dans un article pour Quillette, en 2018:
On a amalgamé, à tort, les thérapies qui visent à aider les enfants présentant une dysphorie sexuelle à se sentir à l'aise avec leur sexe biologique (ce qu'on appelle « l'approche thérapeutique » dans les publications de recherche) et les thérapies de conversion. Toutes les études longitudinales qui ont suivi des enfants présentant une dysphorie sexuelle montrent que, pour la majorité d'entre eux, ce sentiment de dysphorie disparaît avant la puberté et qu'ils deviennent des adultes gais plutôt que transgenres.
Les enfants disent « être » du sexe opposé parce que c'est la seule formulation qu'ils connaissent pour dire aux adultes qu'ils souhaitent faire des choses que font les personnes du sexe opposé. Selon des recherches, le fait d'adopter des comportements associés à l'autre sexe laisse souvent présager l'homosexualité chez les hommes. Par ailleurs, des recherches indiquent que, même chez les enfants qui ont un profond sentiment de dysphorie sexuelle, cette dysphorie peut n'être que temporaire.
Rappelons que, dans sa forme actuelle, le projet de loi considère comme impossible ou même mauvais qu'un enfant présentant une dysphorie sexuelle puisse changer d'idée.
Mme Lisa Bildy, avocate au Justice Centre for Constitutional Freedoms, a prévenu le comité de la justice que le projet de loi, tel qu'il est conçu, forcerait l'adoption d'une approche unique lorsqu'un enfant présente une dysphorie sexuelle: il faudrait affirmer immédiatement la prétendue identité sexuelle de l'enfant. Pourtant, comme elle l'a souligné pendant son témoignage, les approches prudentes ne constituent pas le vrai danger. Comme elle le dit:
Une société libre qui respecte les droits individuels, comme est censé l'être le Canada, permettrait aux parents, aux enfants et aux professionnels de la santé de trouver la meilleure voie pour chaque enfant, au lieu de laisser l'État dicter que la transition est la seule option admissible.
Si les députés ne souhaitent pas écouter ce que disent les experts, je les invite à écouter ce que disent les Canadiens.
Selon le sondage Nanos que j'ai mentionné plus tôt, 72 % des Canadiens sont d'avis qu'il vaut mieux attendre un peu et voir ce qui se passera quand on conseille des jeunes qui envisagent de prendre des médicaments qui modifient le corps. Autrement dit, une vaste majorité de Canadiens appuient une approche thérapeutique que le projet de loi à l'étude viendrait interdire.
Il est clair pour moi que la plupart des Canadiens comprennent qu’il est dangereux de faire pression pour que tous les enfants atteints de dysphorie de genre entreprennent sans tarder un processus d’affirmation de genre et de transition. Si nous encourageons tous les enfants aux prises avec des problèmes d’identité de genre à entreprendre un processus de transition, nous courons le risque qu’ils subissent éventuellement des traitements médicaux irréversibles, sans un second examen objectif, cet examen ayant été criminalisé par suite du projet de loi .
Nous aurions intérêt à tirer des leçons des erreurs commises par les pays qui sont à l’avant-garde de ce mouvement.
Pas plus tard qu’en décembre dernier, la Haute Cour de justice britannique a statué que les enfants de moins de 16 ans n’avaient pas la capacité de consentir à des chirurgies de transition qui changent leur vie. Ce jugement arrive à l'issue d’un nombre croissant de poursuites intentées par des personnes qui avaient fait la transition à un jeune âge, avaient fini par regretter leur décision et soutenaient que le gouvernement ne les avait pas protégées adéquatement alors qu'elles étaient vulnérables.
Dans sa décision, la Haute Cour a soutenu que les enfants de moins de 16 ans n’avaient pas la capacité de comprendre les conséquences à long terme de la consommation de médicaments qui bloquent la puberté et leur a interdit de recevoir un tel traitement. D’autres pays européens s’engagent également dans cette voie.
En revanche, au Canada, le projet de loi empêcherait effectivement les jeunes de recevoir de l’aide pour accepter leur sexe biologique, même s’ils le voulaient.
Précisons que l’interdiction prévue dans le projet de loi permettrait à tout mineur d’obtenir du counseling et du soutien pour s’éloigner de son sexe biologique, mais il ne serait pas autorisé à obtenir du counseling qui l’aiderait à s’identifier à son sexe biologique, même s’il le souhaitait.
Nous nous engageons dans une voie dangereuse. C’est une voie que d’autres pays ont déjà empruntée, et ils ont fini par le regretter. Nous devons défendre tous les enfants et tâcher de répondre aux besoins particuliers à chacun. C’est ce que je cherche à faire ici en dénonçant l’approche unidirectionnelle ou uniforme du projet de loi.
Je veux terminer mon discours là où je l’ai commencé, en réitérant que j’appuie l’idée d'interdire les thérapies de conversion, mais comme le fait le projet de loi. Les dispositions ont une portée beaucoup trop vaste et finiront par nuire à ceux-là mêmes que nous essayons de protéger. Tout le monde a le droit d’être traité avec la plus grande dignité et le plus grand respect, mais c’est précisément à cause de ce droit que nous ne devrions pas criminaliser les thérapies valables qui sont conçues pour aider les patients à explorer leur identité sexuelle ou leur identité de genre.
Les intentions du gouvernement avec ce projet de loi sont peut-être louables, mais sa tentative d’éliminer un fléau comporte des lacunes fondamentales et aura des conséquences très néfastes. C’est pourquoi je ne peux appuyer le projet de loi dans sa forme actuelle. J’exhorte le gouvernement à remettre son ouvrage sur le métier et à adopter une mesure législative qui sera dans l’intérêt de la communauté LGBTQ et de tous les Canadiens.
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Le député disposera de 10 minutes pour les questions et les observations après la période des questions orales.
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Monsieur le Président, on répondra aujourd'hui aux questions n
os 610, 612, 613, 619 et 620.
[Texte]
Question no 610 -- M. John Brassard:
En ce qui concerne la Médaille du service en Asie du Sud-Ouest (MSASO), l’Étoile de campagne générale (ECG), la Médaille du service général (MSG) et le Ruban du service en Asie du Sud-Ouest décernés par le ministre de la Défense nationale en reconnaissance du service en Afghanistan: a) combien (i) de MSASO, (ii) d’EGC, (iii) de MSG, (iv) de rubans du service en Asie du Sud-Ouest ont été décernés à ce jour, ventilé par récompense; b) à combien de demandes en vue de l’octroi de la MSASO n’a-t-on toujours pas répondu; c) combien d’années de services sont requises pour être admissible (i) à la MSASO, (ii) à l’ECG, (iii) à la MSG, (iv) au Ruban du service en Asie du Sud-Ouest, ventilées par récompense?
Mme Anita Vandenbeld (secrétaire parlementaire du ministre de la Défense nationale, Lib.):
Monsieur le Président, la Défense nationale s’engage à reconnaitre le service et les sacrifices des braves femmes et hommes en uniforme des Forces armées canadiennes qui ont participé aux opérations militaires du Canada en Afghanistan, et les civils qui les ont appuyés.
Le Régime canadien de distinctions honorifiques reconnaît leur service et leur sacrifice en décernant des médailles de service et de campagne.
En réponse à la partie a) de la question, en date du 31 décembre 2020, la Défense nationale a remis: la Médaille du service en Asie du Sud-Ouest à 12 760 récipiendaires; l’Étoile de campagne générale – ASIE DU SUD-OUEST à 32 646 récipiendaires; la Médaille du service général – ASIE DU SUD-OUEST à 5 867 récipiendaires.
La Défense nationale a récemment modifié sa base de données qui permet de suivre les médailles de service décernées. Les statistiques sur les médailles décernées font désormais l’objet d’un rapport et d’un suivi sur une base annuelle.
L’Étoile de campagne générale et la Médaille du service général sont remises avec un ruban spécifique au théâtre opérationnel ou au type de service reconnu. Par conséquent, le ruban pour l’Asie du Sud-Ouest n’est pas considéré comme une récompense distincte de l’Étoile de campagne générale – ASIE DU SUD-OUEST, ni de la Médaille de service général – ASIE DU SUD-OUEST.
En ce qui concerne la partie b) de la question, la Défense nationale a effectué une recherche dans sa base de données des récompenses et a trouvé une demande en attente pour la Médaille du service en Asie du Sud-Ouest pour un militaire retraité, qui est en cours de traitement.
Au sujet de la partie c), la description officielle, l’admissibilité, les critères et l’historique de la Médaille du service en Asie du Sud-Ouest, de l’Étoile de campagne générale – ASIE DU SUD-OUEST et de la Médaille du service général – ASIE DU SUD-OUEST sont disponibles en ligne aux adresses suivantes: i) www.canada.ca/fr/ministere-defense-nationale/services/medailles/medailles-tableau-index/medaille-service-asie-sud-ouest-msaso.html; ii) www.canada.ca/fr/ministere-defense-nationale/services/medailles/medailles-tableau-index/etoile-campagne-generale-asie-sud-ouest-ecg-aso.html; et iii) www.canada.ca/fr/ministere-defense-nationale/services/medailles/medailles-tableau-index/medaille-service-general-asie-sud-ouest-msg-aso.html
Pour ce qui est de la partie c)iv) comme indiqué précédemment, le ruban pour l’Asie du Sud-Ouest n’est pas considéré comme une récompense distincte de l’Étoile de campagne générale – ASIE DU SUD-OUEST, ni de la Médaille de service général – ASIE DU SUD-OUEST.
Question no 612 -- Mme Karen Vecchio:
En ce qui concerne la réponse initiale du gouvernement et sa réponse révisée à la question Q-373 au Feuilleton: a) quel fonctionnaire a signé la déclaration attestant que la réponse initiale était complète; b) quel fonctionnaire a signé la déclaration attestant que la réponse révisée était complète; c) si un fonctionnaire a signé la déclaration attestant que la réponse révisée était complète, pourquoi la réponse de Sécurité publique Canada à la demande A-2020-00384 faite en vertu de la Loi sur l’accès à l’information indique-t-elle que « Sécurité publique Canada n’a pas été en mesure de trouver de documents »?
M. Joël Lightbound (secrétaire parlementaire du ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, Lib.):
Monsieur le Président, en réponse à la partie a) de la question, le vice-président de la Direction générale du renseignement et de l'exécution de la loi est le fonctionnaire qui a signé la déclaration attestant que la réponse initiale de l’Agence des services frontaliers du Canada était complète.
Le directeur principal des Politiques stratégiques et Affaires gouvernementales est le fonctionnaire qui a signé la déclaration attestant que la réponse initiale de la Gendarmerie royale du Canada était complète.
Concernant les parties b) et c), aucune attestation n’a été produite pour la réponse révisée puisque la révision a été faite sans que les agences n’aient à consulter d’autres documents et sans qu’elles n’aient à faire de nouvelles analyses ou de nouvelles consultations.
Question no 613 -- M. Chris d'Entremont:
En ce qui concerne le Programme des ports pour petits bateaux du ministère des Pêches et des Océans: a) quel montant a été investi dans l’administration portuaire de Little River, dans le comté de Digby; b) quel montant sera investi au cours des cinq prochaines années?
L’hon. Bernadette Jordan (ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, Lib.):
Monsieur le Président, le Programme des ports pour petits bateaux du ministère des Pêches et des Océans a investi 40 366,50 $ dans l’administration portuaire de Little River, dans le comté de Digby depuis 2019 et jusqu’à et y compris l’exercice 2020-2021; et y investira 50 580 $ au cours des cinq prochaines années, basé sur des ententes de contribution existantes liant l’administration portuaire et le programme.
Notons que l’administration portuaire de Little River a cessé d’exister en 2018, alors qu’elle fut remplacée par le Digby Neck Harbour Authority Association. Les investissements cités dans cette réponse incluent celles effectués ou à être effectués à ces deux entités.
Question no 619 -- M. Warren Steinley:
En ce qui concerne l’installation de quarantaine fédérale située à l'hôtel Hilton sur Dixon Road, près de l’aéroport Pearson de Toronto: a) quelles sommes le gouvernement verse-t-il à l’hôtel pour que ce dernier serve d’installation de quarantaine; b) au total, combien ont coûté les modifications apportées à cet établissement pour en faire une installation de quarantaine, y compris le coût des clôtures et des barrières; c) quelle est la ventilation des dépenses mentionnées en b) par poste budgétaire; d) pourquoi a-t-on choisi cet établissement en particulier pour y aménager une installation de quarantaine?
Mme Jennifer O’Connell (secrétaire parlementaire de la ministre de la Santé, Lib.):
Monsieur le Président, en réponse à la partie a) de la question, le 17 septembre, le gouvernement du Canada a lancé une demande de renseignements, ou DR, pour obtenir les commentaires de l’industrie sur les options possibles et les pratiques exemplaires pour la fourniture de lieux d’hébergement par des tiers ou la gestion des services associés aux sites de quarantaine fédéraux. Aucune autre ventilation des coûts ne peut être publiée pour le moment, car les renseignements nuiraient au processus concurrentiel éventuel à la suite de la DR.
En raison des activités actuelles de passation de marchés, y compris les processus concurrentiels potentiels mentionnés précédemment, la ventilation exacte des coûts ne peut être divulguée publiquement pour le moment.
Concernant la partie b), entre le 1er avril 2020 et le 31 mars 2021, le gouvernement fédéral a dépensé 285 millions de dollars pour améliorer les mesures frontalières et liées aux déplacements ainsi que les sites d’isolement. Ces mesures comprennent: les installations de quarantaine désignées par le gouvernement fédéral partout au Canada; le renforcement du programme national de santé des voyageurs et des frontières, y compris le renforcement de la conformité et de l’application de la loi; des espaces d’isolement volontaire et sécuritaire dans les municipalités; et des initiatives de surveillance accrue pour réduire l’importation et la transmission de la COVID-19 aux points d’entrée.
En raison des activités actuelles de passation de marchés, y compris les processus concurrentiels potentiels, la ventilation exacte des coûts ne peut pas être rendue publique pour le moment.
Concernant la partie c), en raison des activités contractuelles actuelles, y compris les processus concurrentiels potentiels, la ventilation de b) par poste ne peut pas être divulguée publiquement pour le moment.
Concernant la partie d), l’hôtel mentionné a été choisi pour être une installation de quarantaine désignée parce qu’il répondait à un ensemble de critères relatifs aux exigences du site. Chaque installation de quarantaine désignée est choisie en fonction de critères minimaux, y compris la proximité de l’aéroport ou du point d’entrée et d’un hôpital de soins actifs, et la capacité de satisfaire aux exigences de l’Agence de la santé publique du Canada en matière d’hébergement sécuritaire des voyageurs pendant qu’ils terminent leur quarantaine ou leur isolement obligatoire.
Question no 620 -- M. Warren Steinley:
En ce qui concerne les exigences en matière de quarantaine et le reportage de CTV du 12 avril 2021 selon lequel une personne revenant au Canada a contracté la COVID-19 pendant son séjour dans un hôtel de quarantaine et a ensuite contaminé toute sa famille: a) depuis le début du programme, combien de personnes ont contracté la COVID-19 alors qu’elles étaient dans un hôtel ou une installation de quarantaine; b) si le gouvernement ne fait pas le suivi du nombre de personnes qui ont contracté la COVID-19 en séjournant dans un hôtel de quarantaine, pourquoi ne le fait-il pas; et c) lorsqu’une personne reçoit un résultat positif au dépistage de la COVID-19 pendant qu’elle se trouve dans un hôtel ou un établissement de quarantaine, est-il exigé que la chambre ne soit pas mise à la disposition d’autres personnes pendant une certaine période et, le cas échéant, quelle est la période pendant laquelle la chambre doit rester inoccupée, et quand cette exigence a-t-elle été fixée?
Mme Jennifer O’Connell (secrétaire parlementaire de la ministre de la Santé, Lib.):
Monsieur le Président, en réponse à la partie a) de la question, toutes les installations de quarantaine désignées, ou IDQ, par le gouvernement fédéral ont mis en place des mesures strictes de prévention et de contrôle des infections afin de protéger la santé des Canadiens. Il n’y a pas eu de transmission de la COVID-19 dans les IQD au Canada.
Le nombre de personnes qui ont contracté la COVID-19 tout en demeurant dans un lieu d’hébergement autorisé par le gouvernement, ou HAG, n’est pas collecté, car il est impossible de savoir si un individu a été infecté par la COVID-19 dans un HAG, plutôt qu’au cours d’expositions à risque élevé comme les voyages aériens.
Même avec des résultats négatifs valides avant le départ et à l’arrivée, certaines personnes ont par la suite obtenu un résultat positif pendant leur période de quarantaine. Cela s’explique par le fait que la quantité de virus ou la charge virale de la personne testée influe sur le résultat du test. Une faible charge virale, au tout début de la maladie ou pendant la phase de rétablissement, pourrait donner un résultat faussement négatif. Autrement dit, le virus pourrait être présent chez la personne, mais il ne pourrait pas être détecté par des tests effectués à certains stades de la maladie. Par conséquent, il n’est pas étonnant que certains voyageurs obtiennent un résultat positif au test du jour 8.
Les tests aux jours 1 et 8, auparavant le jour 10 sont efficaces pour prévenir les transmissions secondaires. De plus, les voyageurs doivent demeurer en quarantaine pendant toute la période de quarantaine de 14 jours. Leur quarantaine prendra fin seulement lorsqu’ils auront reçu un résultat de test négatif et terminé la quarantaine de 14 jours, et à condition qu’ils n’aient pas développé de symptômes de COVID-19.
Les exigences obligatoires en matière de quarantaine et de dépistage font partie de la stratégie à plusieurs niveaux du gouvernement du Canada visant à prévenir l’introduction et la propagation de la COVID-19 au Canada, et continueront de faire partie des mesures renforcées.
Concernant la partie b) ces renseignements ne sont pas recueillis parce qu’il serait impossible de savoir si une personne a été infectée par la COVID-19 à la suite d’un séjour dans un HAG, plutôt qu’au cours d’expositions à risque élevé comme les voyages aériens.
L’Agence de la santé publique du Canada recueille des résultats positifs dans le cadre du programme de tests à l’arrivée, jour 1 et jour 8, que la personne soit dans un HAG, une IQD ou à la maison.
Au sujet de la partie c), dans les HAG et les IQD, les chambres sont nettoyées à fond quand leurs occupants quittent les lieux, qu’ils soient positifs ou négatifs.
Dans les IQD, la chambre doit être mise hors service et rendue inaccessible pour les autres voyageurs pendant une période de 24 heures.
Dans les HAG, on recommande au personnel d’attendre 24 heures avant d’entrer dans la chambre, ou s’il n’est pas possible d’attendre 24 heures, d’attendre le plus longtemps possible. Les HAG et les IQD doivent répondre à un ensemble de critères qui comprennent le respect des procédures de prévention et de contrôle des infections et le respect des directives de nettoyage. Le personnel doit recevoir une formation sur le nettoyage et la désinfection conformément aux lignes directrices et savoir comment appliquer ces pratiques exemplaires pour nettoyer les espaces publics conformément aux instructions.
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Monsieur le Président, si les questions n
os 607 à 609, 611, 614 à 618 et 621 pouvaient être transformées en ordres de dépôt de documents, les documents seraient déposés immédiatement.
[Texte]
Question no 607 -- Mme Kristina Michaud:
En ce qui concerne la Flamme du centenaire inaugurée le 1er juillet 1967 sur la Colline du Parlement à Ottawa: a) quel combustible est utilisé pour permettre à la flamme de brûler perpétuellement; b) quel est le prix au mètre cube du combustible utilisé et, le cas échéant, quelle quantité de gaz est-elle utilisée annuellement pour faire brûler la flamme; c) quelle est l’estimation de la quantité de gaz à effet de serre émise annuellement par (i) la flamme en tant que telle, (ii) les installations permettant le fonctionnement de celle-ci; d) depuis l’inauguration de la flamme du centenaire en 1967, le gouvernement a-t-il estimé la quantité cumulative de gaz à effet de serre qui ont été rejetés dans l’atmosphère; e) le gouvernement a-t-il acheté des crédits carbone pour compenser ces émissions de gaz à effet de serre et, le cas échéant, peut-il indiquer le montant total déboursé pour compenser les émission de gaz à effets de serre, ventilé par (i) année, (ii) montant annuel déboursé?
(Le document est déposé.)
Question no 608 -- M. Doug Shipley:
En ce qui concerne les budgets supplémentaires des dépenses (A), (B) et (C) pour 2020-2021 et les postes de communication et de marketing pour la COVID-19 sous la rubrique du Bureau Conseil privé: a) quel est le montant total actuel des dépenses pour ce poste; b) quelle est la ventilation de la façon dont ces fonds ont été dépensés, y compris une ventilation détaillée selon (i) le type de dépenses, (ii) le type d’activités de communication et de marketing, (iii) les messages exacts qui sont communiqués; c) quels sont les détails de tous les contrats octroyés au titre de ce poste, y compris (i) le nom des fournisseurs, (ii) le montant, (iii) la date, (iv) la description détaillée des biens ou services, y compris le volume; d) des fonds au titre de ce poste ont-ils été transférés à un autre ministère ou organisme et, le cas échéant, quels sont la ventilation détaillée et les détails des contrats indiquant comment ces fonds ont été dépensés?
(Le document est déposé.)
Question no 609 -- M. John Brassard:
En ce qui concerne les avantages offerts par Anciens Combattants Canada en matière de formation et d’études: a) parmi les demandes d’Allocation pour études et formation à l’intention des vétérans, depuis le 1er avril 2018, (i) combien de vétérans ont demandé l’allocation, (ii) combien de membres des familles des vétérans ont demandé l’allocation, (iii) combien de demandes d’allocation ont été reçues, (iv) combien de demandes ont été refusées, (v) quelle somme a été accordée au total aux vétérans et aux membres de leurs familles, ventilée par exercice; b) dans le cas du Programme de services de réadaptation et d’assistance professionnelle, ventilés par année depuis 2009, (i) combien de vétérans ont présenté une demande au programme, (ii) combien de vétérans ont été acceptés dans le programme, (iii) combien de demandes provenant de vétérans ont été refusées, (iv) quelle somme les services WCG ont-ils reçue pour exécuter le programme, (v) quelle somme la Marche des dix sous a-t-elle reçue pour exécuter le programme?
(Le document est déposé.)
Question no 611 -- Mme Karen Vecchio:
En ce qui concerne les activités du Bureau de la traduction: a) combien d’heures d’interprétation simultanée des délibérations parlementaires a-t-on fournies par année depuis 2016, ventilées par (i) séances du Sénat, (ii) séances de la Chambre des communes, (iii) réunions des comités sénatoriaux, (iv) réunions des comités de la Chambre; b) combien d’employés ont-ils fourni des services d’interprétation simultanée chaque année depuis 2016 (i) des délibérations parlementaires, (ii) au total; c) combien d’interprètes pigistes ont-ils fourni des services d’interprétation simultanée chaque année depuis 2016 (i) des délibérations parlementaires, (ii) au total; d) quelles sont les qualifications professionnelles minimales que doivent avoir les interprètes employés par le Bureau de la traduction, y compris, mais sans s'y limiter, (i) les études, (ii) l’expérience de travail, (iii) l’agrément professionnel, (iv) la cote de sécurité; e) parmi les employés et les pigistes en b) et c), combien respectent les qualifications professionnelles minimales du Bureau de la traduction énumérées en d), ventilé par les qualifications énoncées de d)(i) à (iv); f) à combien estime-t-on le nombre total de Canadiens qui respectent actuellement les qualifications professionnelles minimales du Bureau de la traduction énumérées en d); g) quels sont les profils linguistiques des employés et pigistes énumérés en b) et c), ainsi que du nombre estimatif de Canadiens dont il est question en f), ventilés par combinaisons linguistiques « A » et « B »; h) quel a été le coût des services fournis par les pigistes en interprétation simultanée dont il est question en c), chaque année depuis 2016, ventilé par (i) honoraires professionnels, (ii) transport aérien, (iii) autres modes de transport, (iv) hébergement, (v) repas et faux frais, (vi) autres dépenses, (vii) le montant total; i) quelles sont les dépenses indiquées en h), ventilées par combinaisons linguistiques « A » et « B »; j) quel est le pourcentage des réunions ou séances parlementaires où il y a eu interprétation simultanée pour chaque année depuis 2016 qui ont été considérées comme étant (i) entièrement à distance, (ii) partiellement à distance, et avec ventilation par (A) travaux parlementaires, (B) travaux non parlementaires; k) combien d’employés ou de pigistes en interprétation simultanée ont-ils signalé des blessures professionnelles chaque année depuis 2016, ventilé (i) selon la nature de la blessure, (ii) selon que la réunion ou la délibération était (A) entièrement à distance, (B) partiellement à distance, (C) ni l’un ni l’autre, (iii) selon qu’un congé de maladie était nécessaire et, le cas échéant, combien de jours; l) combien de blessures professionnelles dont il est question en k) se sont-elles produites pendant (i) des séances du Sénat, (ii) des séances de la Chambre des communes, (iii) des réunions des comités sénatoriaux, (iv) des réunions des comités de la Chambre, (v) des réunions du Cabinet ou de ses comités, (vi) des conférences ou autres activités de presses ministérielles; m) quel est l’état d’avancement de la solution d’interprétation clé en main, fondée sur des services de communications numériques conformes à l’ISO, qui, en 2019, devait être prête pour 2021, et quelle est sa date projetée de disponibilité; n) combien de demandes d’interprétation en langues autochtones a-t-on faites chaque année depuis 2016, ventilées par (i) interprétation simultanée parlementaire, (ii) interprétation simultanée non parlementaire, (iii) traduction parlementaire, (iv) traduction non parlementaire; o) quelle est la ventilation des réponses à chaque demande dont il est question de n)(i) à (iv), par (i) combinaison linguistique A, (ii) combinaison linguistique B; p) combien de demandes d’interprétation simultanée parlementaire indiquées en n)(i) ont été (i) satisfaites, (ii) non satisfaites, (iii) annulées; q) combien de jour d’avis a-t-on donnés au départ à chaque demande de service n’ayant pas eu satisfaction, tel qu’indiqué en p)(ii); r) pour chaque demande de service annulée, tel qu’indiqué en p)(iii), (i) combien de temps s’est-il écoulé entre la demande et son annulation, (ii) combien de temps restait-il entre le moment où la demande a été annulée et le moment où le service devait être offert, (iii) à combien s’élèvent les dépenses totales; s) combien de documents a-t-on traduits par moteur de traduction automatique, en tout ou en partie, chaque année depuis 2016, ventilés par combinaisons de langue de départ et de langue d’arrivée; t) combien de documents traduits par moteur de traduction automatique indiqués en s) ont-ils été traduits pour des clients parlementaires, ventilés par catégories de documents, y compris (i) les Débats, les Journaux, le Feuilleton et Feuilleton des avis du Sénat et de la Chambre des communes, (ii) les lois, (iii) les comptes rendus de comités, (iv) les notes d’information de la Bibliothèque du Parlement, (v) les mémoires et notes d’allocution soumis aux comités par les témoins, (vi) la correspondance, (vii) tous les autres documents?
(Le document est déposé.)
Question no 614 -- M. Terry Dowdall:
En ce qui concerne les déplacements du ministre de la Défense nationale, pour chacun des déplacements depuis le 4 novembre 2015: a) quels sont les dates, points de départ et points d’arrivée des déplacements effectués avec un aéronef militaire de recherche et de sauvetage; b) quels sont les dates, points de départ et points d’arrivée des déplacements effectués avec des chauffeurs des Forces armées canadiennes (i) entre l’Aéroport international de Vancouver et sa résidence personnelle, (ii) entre sa résidence personnelle et l’Aéroport international de Vancouver, (iii) entre l’Aéroport international de Vancouver et son bureau de circonscription, (iv) entre son bureau de circonscription et l’Aéroport international de Vancouver, (v) entre son bureau de circonscription et des lieux de réunion avec des résidents de la circonscription, (vi) à destination et en provenance de lieux de rendez-vous personnel, y compris des rendez-vous médicaux, (vii) à destination et en provenance de bureaux ministériels régionaux?
(Le document est déposé.)
Question no 615 -- M. John Brassard:
En ce qui concerne les informations selon lesquelles le gouvernement a couvert les frais liés à la mise en quarantaine de certains voyageurs aériens dans un hôtel désigné ou un autre établissement de quarantaine à leur arrivée au pays: a) depuis l’imposition de la quarantaine obligatoire à l’hôtel, combien de voyageurs arrivant au pays ont vu leurs frais de quarantaine couverts par le gouvernement, ventilés par point d’entrée aéroportuaire; b) sur quels critères précis le gouvernement s’appuie-t-il pour déterminer les voyageurs qui doivent payer leur propre quarantaine à l’hôtel et ceux dont la quarantaine est payée par le gouvernement; c) à combien estime-t-on les dépenses totales du gouvernement pour les frais liés à la mise en quarantaine des voyageurs en a), ventilées par poste et par type de dépense?
(Le document est déposé.)
Question no 616 -- M. Len Webber:
En ce qui concerne les cachets et autres dépenses pour des mannequins utilisés dans des produits médiatiques du gouvernement depuis le 1er octobre 2017, ventilés par ministère, organisme, société d’État ou autre entité publique: a) quel est le montant total des dépenses engagées; b) quels sont les détails de chaque dépense, y compris (i) le fournisseur, (ii) la description du projet ou de la campagne, (iii) la description des produits ou services fournis, (iv) la date et la durée du contrat, (v) le numéro du dossier, (vi) le titre de la publication contenant les photos connexes, le cas échéant, (vii) le site Web pertinent, le cas échéant?
(Le document est déposé.)
Question no 617 -- M. Paul Manly:
En ce qui concerne le financement gouvernemental dans la circonscription de Nanaimo—Ladysmith, entre le 21 octobre 2019 et le 31 mars 2021: a) quels sont les détails de toutes les demandes de fonds, de subventions, de prêts et de garanties d’emprunt reçues, ventilés par (i) le nom de l'organisation(s), (ii) le ministère, organisme gouvernemental ou société d’État, (iii) le programme et sous-programme, le cas échéant, (iv) la date de la demande, (v) le montant demandé, (vi) le montant total des fonds ou du prêt approuvés; b) quels fonds, subventions, prêts et garanties d’emprunt le gouvernement a-t-il émis et pour lesquels une demande directe n’était pas nécessaire, ventilés par le (i) nom de l'organisation(s), (ii) ministère, organisme gouvernemental ou société d’État, (iii) programme et sous-programme, le cas échéant, (vi) montant total des fonds ou du prêt approuvés; c) quels projets ont été financés par des organisations chargées d'octroyer les fonds gouvernementaux, ventilés par le (i) nom de l’organisation bénéficiaire, (ii) nom de l’organisation sous-subventionnaire, (iii) ministère, organisme gouvernemental ou société d’État, (iv) programme et sous-programme, le cas échéant, (v) montant total du financement?
(Le document est déposé.)
Question no 618 -- M. Warren Steinley:
En ce qui concerne les rapports, études, analyses et évaluations (ci-après les produits livrables) réalisés pour le gouvernement, qu’il s’agisse d’un ministère, d’un organisme, d’une société d’État ou d’une autre entité gouvernementale, par McKinsey and Company, Ernst and Young ou PricewaterhouseCoopers depuis le 1er janvier 2016: quels sont les détails de chacun de ces produits livrables, ventilés par entreprise, y compris (i) la date d’achèvement du produit livrable, (ii) le titre, (iii) le résumé des recommandations, (iv) le numéro de dossier, (v) le site Web où le produit livrable peut être consulté en ligne, le cas échéant, (vi) la valeur du contrat lié au produit livrable?
(Le document est déposé.)
Question no 621 -- M. Warren Steinley:
En ce qui concerne le reportage selon lequel le gouvernement aurait menacé le Forum international de la sécurité internationale d'Halifax (FSIH) de lui retirer son financement s’il accordait le prix John McCain pour le leadership dans la fonction publique à Tsai Ing-wen, présidente de Taïwan: a) quels sont les détails de toutes les communications, officielles ou non, entre le gouvernement, y compris les ministres et le personnel exempté, et des représentants du FSIH, dans lesquelles il a été question de Taïwan, depuis le 1er janvier 2020, y compris (i) la date, (ii) les personnes ayant pris part à la communication, (iii) les expéditeurs et les destinataires, s’il y a lieu, (iv) le type de communication (courriel, message texte, conversation, etc.), (v) le résumé des sujets abordés; b) parmi les communications en a), lesquelles ont donné au FHSI l'impression que son financement serait retiré s'il attribuait le prix au président de Taïwan, (i) la personne ayant formulée cette idée a-t-elle été réprimandée par le gouvernement, (ii) cette personne agissait-elle sur les ordres ou les recommandations, officiels ou non, de supérieurs au sein du gouvernement et, le cas échéant, qui étaient les supérieurs formulant les ordres ou les recommandations?
(Le document est déposé.)
[Traduction]
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Monsieur le Président, je demande que les autres questions restent au Feuilleton.