La Chambre reprend l'étude de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Madame la Présidente, nous sommes aujourd'hui rassemblés pour parler à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi .
D'entrée de jeu, nous devons dire que nous avons de sérieuses réserves sur ce projet de loi. J'aurai l'occasion un peu plus tard de parler plus en détail des pouvoirs majeurs accordés au CRTC, du flou sur certaines questions importantes, ainsi que du fait qu'on ne règle pas les problèmes essentiels touchant directement la diffusion de l'information et le contexte actuel plus moderne des géants du Web et des médias sociaux. Je reviendrai également sur le peu de considération accordée au français dans cette nouvelle législation, ce qui nous a surpris — et déçu — de la part du .
Tout d'abord, comprenons-nous bien. Il va de soi que nous sommes en faveur d'une révision de la Loi sur la radiodiffusion au Canada. En effet, la dernière révision a eu lieu il y a 28 ans. Internet existait dans certains milieux universitaires et dans certaines réalités comme au ministère de la Défense nationale, mais ne faisait pas partie de notre quotidien comme c'est le cas actuellement.
Il y a 28 ans, lorsque l'on parlait de Google, ceux qui connaissaient un peu l'anglais savaient à quoi l'on faisait référence, mais cela s'arrêtait là. Il y a 28 ans, si l'on avait mentionné Facebook à nos enfants, à nos voisins ou à nos amis, ils nous auraient regardés bizarrement en nous demandant de quoi on parlait. Il est donc normal qu'après 28 ans, la Loi sur la radiodiffusion soit révisée.
Cependant, ce qui est décevant, c'est qu'on ne va pas au fond des choses sur ces questions importantes que sont par exemple les géants du Web et les médias sociaux. C'est cela qui nous déçoit parce que, tant qu'à passer le peigne dans une loi 28 ans plus tard, autant le faire correctement et ne pas reporter à plus tard le règlement de certaines questions, particulièrement celles-là.
Il faut donc que, après 28 ans, la Loi sur la radiodiffusion soit mise à jour, c'est-à-dire révisée et modifiée en conséquence. De plus, nous, les conservateurs, sommes d'accord sur le principe d'équité concernant les géants du Web et les médias sociaux. En effet, il faut de l'équité entre ceux qui paient et utilisent ces services en ligne et ceux qui paient et utilisent les services dits traditionnels, comme le câble. Il faut donc cette équité et que les taxes soient payées en conséquence et de façon équitable.
Ce sont ces deux principes qui nous guident: oui, nous sommes d'accord pour réviser la Loi sur la radiodiffusion et oui, il faut s'attaquer aux nouvelles réalités et respecter le principe d'équité. Je vais maintenant aborder les sujets qui nous préoccupent par rapport à cela.
Dans un premier temps, parlons de la question du français. Même si le et moi pouvons avoir de profondes divergences sur certaines questions, il est une chose sur laquelle je ne saurai être en désaccord avec lui: l'importance du français. D'ailleurs, la Chambre a tenu un débat exploratoire sur cette question à notre initiative, durant lequel le ministre avait justement plaidé pour l'amour que nous avons tous du français, pour que nous le défendions tous et pour que nous le préservions au Canada. Cela s'applique particulièrement à Montréal où, par sa nature même et le fait que nous sommes 7 à 8 millions de francophones dans un océan de près de 350 millions d'anglophones en Amérique du Nord, il est normal que le français soit jugé digne d'être toujours préservé.
S'il est un vecteur qui permet la protection du français, Dieu sait que c'est bel et bien la radiodiffusion, la Toile et la communication. Pourtant, ce projet de loi ne fait pas la part belle au français, ce qui est décevant. Le français est mentionné précisément à deux reprises dans ce projet de loi. Avant de lire, cependant, je vais mettre mes lunettes, car j'ai beau parler, encore faut-il savoir lire et, tant qu'à lire, autant lire correctement. J'ai 56 ans et il faut que je m'assume pleinement. J'ai des cheveux blancs, j'ai des rides et cela vient aussi avec des lunettes. Je vais arrêter de dire des niaiseries et redevenir sérieux.
La seule et unique mesure pour accroître la place du français se trouverait à la version révisée proposée de l'alinéa 3(1)k) de la Loi, selon laquelle « une gamme de services de radiodiffusion en français et en anglais doit être progressivement offerte à tous les Canadiens » au fur et à mesure de la disponibilité des moyens. Or, ce libellé n'est rien de plus qu'un vœu pieu, bien que le gouvernement se targue qu'il fait tout pour protéger le français. On ne peut guère dire dans le cas présent que cela est écrit noir sur blanc et accompagné d'actions concrètes.
Pour nous, cette situation est inacceptable, et cela représente une approche beaucoup trop vague pour la protection du français.
Ce n’est pas rien, alors que le débat sur l'importance du français a présentement cours au Québec et au Canada et alors qu'on attend que ce gouvernement dépose enfin une nouvelle mouture de la Loi sur les langues officielles. Plutôt que d'honorer et de respecter ses engagements relativement à cette loi, le gouvernement a décidé de publier un livre blanc. On sait ce qu'est un livre blanc: quand on le lit, il n'y a que des pages blanches, parce qu'il ne propose aucune mesure concrète pour le sujet traité.
Nous aurions souhaité un peu plus de muscle, dans ce projet de loi. Malheureusement, ce n'est pas ce à quoi nous nous attendions. Par contre, nous reconnaissons et nous saluons le fait qu'il y a des mesures proactives concernant les Autochtones, les personnes racisées et les membres de la communauté LGBTQ2. Nous sommes d'accord sur tout cela.
Par contre, nous estimons que le français aurait eu droit à la même attention qui a été portée aux communautés autochtones. Pour la petite histoire, j'ajouterai que, en 1984, j'ai commencé à faire de la radio à la station de radio CIHW-FM100,3 à Wendake; je suis donc tout à fait conscient de l'importance des radios et de la radiodiffusion pour les communautés autochtones.
Par ailleurs, nous estimons que cela ne règle pas la question des géants du Web et des médias sociaux. Sincèrement, on se serait attendu à un minimum de lignes directrices, de cadres et d'équité relativement aux géants du Web et aux médias sociaux.
Comme je le disais d'entrée de jeu, et tout le monde le reconnaît, il y a 28 ans, lorsqu'on parlait du Web, il fallait d'abord connaître un peu l'anglais pour savoir qu'on faisait référence à une toile. Le Web ne faisait pas partie du discours usuel. Tant qu'à rafraîchir la Loi sur la radiodiffusion, il faut donc que le gouvernement attaque directement la question des médias sociaux et des géants du Web.
Dans le cas présent, nous estimons que ce projet de loi ne règle pas les problèmes majeurs qui ont été générés par l'arrivée de cette nouvelle réalité. Il va sans dire que nous sommes d'accord sur ce qui arrive. Il faut faire attention et se détromper: il n'est pas question pour nous de dire que cette réalité n’existe pas, nous ne sommes pas contre celle-ci. Au contraire, elle existe et il faut juste réglementer tout cela correctement.
Souvent, la meilleure réglementation est celle qui permet et protège la liberté d'expression, mais dans un cadre équitable. Les règles doivent s'appliquer à chacun, tous autant que nous sommes. Il ne faut pas créer deux classes de diffusion d'information où quelques radiodiffuseurs auraient certaines obligations, alors que d'autres, comme les diffuseurs sur le Web par exemple, seraient soumis à d'autres types de réglementations. Il faut une équité dans tout cela, et, malheureusement, le gouvernement ne l'a pas fait pleinement.
Je mentionnais tout à l'heure les pouvoirs inhérents au CRTC. Nous avons de très sérieuses réserves là-dessus, puisque cela donne un vaste pouvoir discrétionnaire au CRTC pour définir ce qu'est une entreprise en ligne et obliger de telles entreprises à effectuer des dépenses pour produire et diffuser du contenu canadien.
Bien sûr, nous reconnaissons que le CRTC a un rôle à jouer pour s'assurer que tout se passe correctement, mais, de la façon dont le projet de loi actuel est rédigé, nous estimons que beaucoup trop de pouvoirs sont accordés à cela. Nous n’avons rien contre le CRTC, mais, si l'on donne tous les pouvoirs à cet organisme, il faut lui donner les moyens de ses ambitions. De plus, cela donne une structure qui fait que cela peut être long avant que des résultats puissent être appliqués. Le bien commun n'est donc pas très bien servi, dans tout cela.
Après cette deuxième étape de l'étude du projet de loi, un comité parlementaire se penchera là-dessus et proposera des amendements. Notre porte-parole dans ce domaine fera des propositions pour aller dans le sens qui nous intéresse, qui est de rafraîchir la Loi sur la radiodiffusion.
Nous sommes évidemment en faveur du principe d'équité, mais encore faut-il que ces deux éléments se retrouvent à l'intérieur du projet de loi. Ce n'est pas tout à fait ce que nous voyons actuellement. Nous souhaitons que les améliorations et les amendements que nous proposerons lors de l'étude en comité parlementaire soient acceptés par le gouvernement.
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Madame la Présidente, c’est avec plaisir que je parle de la modernisation de cette loi. Comme mon collègue, le député de , l’a dit plus tôt, il faut absolument la moderniser.
Comme nous l’avons entendu, elle est en place depuis 1991, et elle n’a jamais été modernisée depuis. Avec tous les changements que connaît le monde numérique, et je pense que la liste est très longue, il ne fait aucun doute que la Loi sur la radiodiffusion doit être modernisée afin qu'elle corresponde aux normes de 2020. Je n’ai pas pu m’empêcher de rire quand le député de a déclaré tout à l’heure que le projet de loi propose une solution de 1995 à un problème de 2020.
Nous avons quelques réserves…
M. Charlie Angus: Vous n’avez pas mentionné la partie sur le King of Kensington.
M. John Brassard: Ainsi que quand il a parlé de l'émission King of Kensington.
Madame la Présidente, nous émettons des réserves au sujet du projet de loi. Il comporte de bonnes choses, comme toutes les mesures législatives, mais d’autres choses aussi qui sont certainement sources d’injustice et doivent être corrigées. De nombreuses études ont été faites au fil des années sur la modernisation de la Loi sur la radiodiffusion.
En fait, tout dernièrement, le Groupe d’examen du cadre législatif en matière de radiodiffusion et de télécommunications, qui a publié un rapport en 2020, a formulé une recommandation. Ce groupe, créé il y a quelques années, devait examiner des mesures législatives clés qui régissent notre secteur des communications. Dans ce rapport, il formule 97 recommandations qui visent, entre autres, à soutenir la création, la production et la découvrabilité de contenu canadien, et à améliorer les droits des consommateurs dans le monde numérique.
Dans le rapport toujours, le groupe d’examen parle précisément, tout comme le projet de loi évidemment, des plateformes en ligne. Il parle des contributions financières des radiodiffuseurs et des entreprises en ligne, et d’une mise à jour de la politique du Canada en matière de radiodiffusion et de réglementation. Il préconise aussi d’accroître les pouvoirs du CRTC.
Pour nous, il s’agit probablement d’un des passages les plus préoccupants du projet de loi, le fait qu’il peut imposer des pénalités administratives pécuniaires pour des infractions à certaines dispositions de la loi, comme des infractions à des règlements ou des ordonnances prises en vertu de la loi, comme diffuser lorsque c’est interdit ou ne pas communiquer certains renseignements. Le CRTC y gagnera en pouvoir à de nombreux égards. Le projet de loi prévoit aussi la surveillance du paysage canadien de la radiodiffusion.
Certains éléments du projet de loi doivent être retravaillés. Voici un élément qui n'est pas traité dans le projet de loi, et je tiens à m’arrêter longuement dessus. J’ai eu l’occasion dernièrement de rencontrer les journaux Metroland, qui font partie du groupe Torstar. Ils se portaient à la défense du contenu numérique en ligne.
Comme les députés le savent, l’iniquité qui est créée, la disparité dans le contenu numérique en ligne, est importante pour ces producteurs de contenu. Souvent, beaucoup de ces histoires finiront sur Facebook ou même Google, et une grande partie des recettes publicitaires qui sont créées ne reviennent pas aux fournisseurs de contenu. Cela veut dire que le paysage du contenu numérique a beaucoup changé dans ce pays à cause d’acteurs comme Facebook et Google. Facebook et Google profitent énormément de ce contenu qui est fourni, mais pas les fournisseurs de contenu, ce qui crée un problème de taille.
Quand j’ai rencontré Metroland, Shaun et Elise ont attiré mon attention sur certains sujets de préoccupation. J’espère, et j’écris une lettre en appui à leur demande, que le gouvernement adoptera assez rapidement certaines des solutions qu’ils proposent pour uniformiser les règles du jeu. Le projet de loi ne répond pas aux préoccupations des fournisseurs de contenu numérique.
Leur souci, évidemment, est de préserver une industrie du journalisme fonctionnelle. D’après eux, les citoyens du monde entier demandent un journalisme et un journalisme d’enquête de qualité. Néanmoins, la capacité des organes de presse de continuer de fournir des informations essentielles est menacée par le pouvoir du marché et le traitement réglementaire préférentiel qui est accordé aux grandes plateformes d’information numérique. Les gouvernements démocratiques reconnaissent les failles dans le marché des nouvelles, et ils s’efforcent maintenant de mettre en œuvre des politiques pour y remédier.
L’autre jour, j’étais en communication par Zoom avec les nouveaux propriétaires de Torstar, également propriétaires de Metroland Media. Tous les dirigeants communautaires qui participaient à cet appel ont parlé du rôle du journalisme, de la place de la vérité et du besoin d'équilibre, notamment dans le cas du journalisme local. Nous avons eu une discussion très intéressante à ce sujet parce que, nous le voyons dans l’évolution des plateformes de médias sociaux, il y a de la désinformation. Cela nous ramène à la question de la confiance dans le contenu fourni par les producteurs numériques.
La France, l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Australie ont déjà adopté des règlements. En fait, on me dit qu’aujourd’hui même, l’Australie a adopté une loi pour uniformiser les règles du jeu. Encore une fois, le projet de loi , quant à lui, ne traite d’aucun de ces problèmes. La loi australienne vise à réduire les effets du pouvoir sur le marché des plateformes et à rétablir l’équilibre et l’équité sur le marché de la publicité numérique et de la diffusion numérique des nouvelles, ce que souhaitent précisément les représentants de Metroland que j’ai rencontrés.
D’autres pays, dont les États-Unis, analysent à présent comment ces plateformes numériques dominent le marché et ils préparent des réformes de la réglementation ainsi que des lois. Ils lancent aussi des procédures au titre de la législation antitrust afin de contrer la domination qu’exercent ces plateformes sur le marché. L’espoir est de continuer cette discussion ici, au Canada, et d’arriver à un règlement ou à une loi qui remédie à cette iniquité. Nombre de nos alliés, pas sur le plan militaire, mais plutôt de pays qui partagent notre optique en ce qui concerne le numérique, s’engagent dans ce processus, et nous devons leur emboîter le pas.
De toute évidence, le public reste grand consommateur de nouvelles, pas seulement sur les plans local et national, mais aussi de contenu numérique. Il faut donc des nouvelles plus crédibles et professionnelles pour répondre à cette hausse de la demande. Il fut un temps où il n’y avait pas de médias sociaux au Canada et, bien sûr, les nouvelles provenaient de sources et de journalistes respectables. Il y a une demande en ligne pour ce même type de nouvelles mais, dans certains cas, l'information ne correspond pas à ce qui est important et, dans bien des cas, aux faits.
Par conséquent, il devient crucial pour protéger la vérité de soutenir des règles du jeu équitables en ce qui concerne le contenu numérique et ses producteurs, et c’est ce dont les représentants de Metroland parlent. Ils parlent des failles du marché parce que le marché est inéquitable. Ils m’ont rappelé que le marché ne joue pas son rôle quand les participants au marché ne produisent pas un résultat optimal sur le plan économique et social à cause de facteurs extérieurs au marché. Des obstacles réglementaires à l’entrée ou le pouvoir du marché en sont des exemples.
Les failles du marché peuvent prendre diverses formes et plusieurs d’entre elles s’appliquent au marché de la publicité et des nouvelles numériques au Canada. La faille la plus criante qu’ils ont mentionnée résulte du pouvoir sur le marché de Google et Facebook, ce dont je parlais plus tôt. Google et Facebook, disent-ils, exercent en réalité un duopole sur le marché de la publicité numérique au Canada et dans les pays comparables. Ces plateformes ont segmenté le marché entre la recherche, dans le cas de Google, et les médias sociaux, dans le cas de Facebook, ce qui limite la concurrence directe entre les deux.
Je sais que j’ai beaucoup parlé d’uniformiser les règles du jeu numériques pour aider les producteurs de contenu locaux, mais ma crainte et mon espoir, c’est que le gouvernement reconnaisse cette iniquité et s’attache à élaborer un règlement ou une loi qui leur permette ainsi qu’aux personnes qui travaillent pour eux de recevoir une juste rémunération, pas seulement du point de vue financier ou du revenu, mais aussi du point de vue de la publicité, parce que c'est important pour la viabilité, la durabilité et la légitimité du secteur des nouvelles au Canada.
Je répondrai volontiers à toute question.
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Madame la Présidente, je suis heureux d'avoir l'occasion de participer au débat sur un sujet qui influe vraiment sur la culture canadienne, sur la place que nous pensons occuper sur le marché mondial et sur notre identité en tant que Canadiens.
La Loi sur la radiodiffusion n’a pas été renouvelée ou examinée depuis 28 ans. Il est donc temps que nous nous y attelions. Le problème est que, comme souvent, le gouvernement libéral a présenté un projet de loi qui est tellement boiteux que les conservateurs à la Chambre, qui souhaitent faire les choses comme il se doit, ne peuvent pas l’appuyer. Je vais passer en revue certaines de ses lacunes, car elles sont importantes, mais surtout, si nous parlons d’examiner la Loi sur la radiodiffusion, c’est parce que tout l’environnement de la radiodiffusion a changé.
Nous sommes passés d’un environnement où les formes de communication numériques étaient pratiquement inconnues à un environnement où nous avons des plateformes numériques qui, en fait, remettent en question le rôle des radiodiffuseurs traditionnels au Canada. Nous devons bien faire les choses, parce que l’enjeu est de taille. Ce qui est en jeu, c’est le contenu canadien et l'assurance que nous nous reconnaissions, en tant que Canadiens, dans les produits que nous voyons à la télévision, dans les services de diffusion en continu et dans les films. Il est important aussi que nous reconnaissions que des personnes et des entreprises canadiennes qui produisent du très bon contenu et, dans la plupart des cas, du contenu canadien, ne sont pas remboursées ou rémunérées pour ce contenu.
Je commencerai par souligner que ce projet de loi, et c’est un de ses aspects positifs, ajoutera des entreprises en ligne à notre régime de radiodiffusion. Le but est d'englober tout ce qui se diffuse en ligne et de l’inclure dans la réglementation et les régimes législatifs que nous mettons en place. Nous ne voulons pas que les radiodiffuseurs traditionnels, qui suivent déjà un ensemble de règles, soient désavantagés si toute une série d’autres fournisseurs de contenu en ligne suivent un autre ensemble de règles ou, la plupart du temps, aucune règle. Nous voulons bien faire les choses.
L’un des problèmes de ce projet de loi, c’est qu’il ne traite pas de la monétisation du contenu de certains des plus grands fournisseurs de contenu en ligne, les Facebook et les Google de ce monde. J’ai rencontré dernièrement Ken Goudswaard et Carly Ferguson, de l’Abbotsford News, notre journal local. Il s’agit d’un excellent journal qui traite des enjeux locaux auxquels nos concitoyens s’intéressent.
Lors de notre rencontre, ils m’ont tout de suite mentionné la Loi sur la radiodiffusion et le fait qu’ils travaillent dans un milieu où les gros joueurs, comme Facebook et Google, profitent d’eux. J’ai demandé ce qu’ils voulaient dire, même si j’en avais déjà une petite idée. Ils m’ont répondu qu’ils diffusent du contenu entièrement canadien dans notre collectivité, la ville d’Abbotsford. Ce sont eux qui paient les journalistes, les gens qui font le montage et tous ceux qui travaillent au journal. Ce sont eux qui paient pour tout cela. Ils affichent ensuite ce contenu en ligne, et Facebook et Google font de la publicité à partir de ce contenu sans compenser l’Abbotsford News. En fait, ils se font un beau cadeau.
Ce sont les plus grosses sociétés au monde. Elles comptent également parmi les plus prospères. Elles ne partagent pas leur richesse et les revenus que nos producteurs de contenu local mériteraient à juste titre. C’est l’une des lacunes de ce projet de loi. Il ne relève pas adéquatement ce défi.
J’ai dit à Ken et Carly que je défends leurs intérêts. Nous, les conservateurs, les défendons à la Chambre. Nous tenons à ce que ceux qui offrent du contenu, du contenu canadien, au Canada, soient adéquatement rémunérés et que d’autres ne s’enrichissent pas sur leur dos.
De plus, ce projet de loi ne décrit pas clairement les pouvoirs qui seraient accordés au CRTC. Mon collègue a soulevé ce problème plus tôt, à juste titre, en ce sens qu’une grande partie des décisions sont prises par le gouverneur en conseil. Pour les Canadiens qui se demandent qui est le gouverneur en conseil, c’est en fait le — et le Cabinet —, qui peut simplement, de façon arbitraire, décider de ce que nous allons faire et des montants d’argent à consacrer au contenu canadien.
Comme les députés le savent, au Canada, les radiodiffuseurs doivent investir dans le contenu canadien. Ils n’ont pas le choix. Nous, les Canadiens voulons nous voir dans les produits du contenu en ligne et dans ceux de nos médias de diffusion. Ils se sont engagés à diffuser entre 25 et 40 % de contenu canadien. Ils doivent aussi verser 5 % de leurs revenus au Fonds des médias du Canada, un fonds distinct qui aide les producteurs de contenu canadien à offrir du contenu canadien sans faire faillite.
Ces mécanismes de soutien sont en place pour les radiodiffuseurs canadiens, les radiodiffuseurs conventionnels, mais les producteurs de contenu en ligne et les services de diffusion en continu, les plateformes numériques, ne sont pas partie intégrante de ce régime de radiodiffusion. Or, nous voulons nous assurer que ces plateformes respectent les mêmes règles que nos radiodiffuseurs nationaux.
Malheureusement, le Cabinet et le CRTC ont le pouvoir de changer cela, mais le genre d’exigences qui seraient imposées à nos services de diffusion en continu n'est pas établi clairement. Il n’y a pas de certitude, et si j’étais à la tête d’un de ces services, je me dirais que tant que les autorités canadiennes ne m’ont pas indiqué clairement combien je devrais investir exactement dans le contenu canadien et combien cela me coûterait, je devrais probablement attendre pour investir davantage, ce qui n’est pas une bonne chose pour le Canada.
Il faut reconnaître que des entreprises comme Netflix, Crave et Amazon Prime investissent déjà dans le contenu canadien, mais elles ne sont pas assujetties aux mêmes règles que nos radiodiffuseurs et fournisseurs de contenu canadiens, et cela doit changer. Ce que nous faisons, c’est uniformiser les règles du jeu. Malheureusement, nous ne savons pas quelles sont ces règles.
Dans les faits, le gouvernement dit qu’il faut lui faire confiance. Quand avons-nous entendu cela auparavant de la part du ? L’ironie, c’est que le gouvernement libéral présente le projet de loi , qui contient des modifications à la Loi sur la radiodiffusion censées améliorer le contenu canadien, tout cela pour bien faire comprendre que nous sommes Canadiens, que nous avons une identité canadienne et que nous voulons nous reconnaître dans ce contenu.
Cependant, c’est ce même qui a déclaré publiquement que le Canada ne reposait sur aucun aspect fondamental commun. Les députés se souviennent-ils quand il a dit cela? Nous n’avons pas d’aspect fondamental commun, mais nous voulons du contenu canadien. Les députés sont à même de constater les nombreuses lacunes du projet de loi. Nous devons aborder la Loi sur la radiodiffusion étape par étape, d’une manière qui répond exactement aux besoins des Canadiens.
Le dernier point que je veux faire valoir, c’est qu’il n’est aucunement question de taxer les grands. Les Facebook et les Google de ce monde ne paient toujours pas d’impôts au Canada. Est-ce que Netflix, Crave, Amazon Prime, Spotify et les autres paient des impôts au Canada? Non, mais le contenu qu’ils diffusent ici, au Canada, génère une croissance importante de leurs revenus.
C’est une question d’équité. Le projet de loi n’est pas équitable, et c’est pour cette raison que les conservateurs voteront contre.
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Madame la Présidente, comment peut-on donner suite aux observations de la députée de ? Je félicite sa belle-fille d’avoir obtenu un rôle dans
Star Trek: Discovery. Je suis certain qu’il y a beaucoup d’amateurs qui surveilleront avec grand intérêt quel personnage elle incarne.
C’est un honneur pour moi d’intervenir à la Chambre aujourd’hui pour participer au débat sur le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la radiodiffusion et apportant des modifications connexes et corrélatives à d’autres lois.
Comme le député d’ l’a dit, il comporte des lacunes fondamentales, dont l’une concerne le gouverneur en conseil. Lorsqu'on examine le projet de loi, une chose saute immédiatement aux yeux: le pouvoir qu'aura le gouverneur en conseil. Le cabinet du ministre et le Cabinet détiendraient beaucoup de pouvoir lorsqu’il s’agirait de prendre des décisions concernant le contenu canadien et les services de radiodiffusion, et c’est là une lacune fondamentale du projet de loi.
Ce qui ressort également à la lecture du projet de loi, c’est la définition assez large d’« entreprise en ligne ». Je pense que c’est ce que les gens recherchaient.
Une autre question que mes électeurs m’ont soumise et dont nous aurons le temps de parler davantage porte sur les pouvoirs accrus accordés au CRTC. Lorsqu’il est question de la disponibilité des services en ligne, de la radiodiffusion et des nouvelles, la plupart des Canadiens aimeraient voir moins de pouvoirs dans la bulle d’Ottawa et au CRTC et plus de pouvoirs partout ailleurs au pays, car les gens aimeraient avoir plus d’options.
Selon moi, et je crois que de nombreux députés en conviendront, attendre 28 ans pour mettre à jour une loi, c’est beaucoup de temps. Le député de a dit qu’il avait trois ans lorsque cette loi a été présentée pour la première fois, et il n’a pas manqué de mentionner certains excellents musiciens de l’époque. Les temps ont changé, et il faut maintenant débattre de la façon dont nous allons faire des affaires en utilisant les services en ligne de Facebook et de Netflix.
Qu’allons-nous faire? Comment allons-nous nous y prendre? Les députés d’en face ont parlé de ce à quoi devraient ressembler les impôts pour les très grandes sociétés, et le député d’ a très bien cerné la question lorsqu’il a dit que les entreprises qui viennent au Canada s’attendent à être traitées équitablement. C’est quelque chose que nous devrions garder à l’esprit au moment de l’examen de ce projet de loi.
Nous avons parlé d’avoir du contenu canadien et de veiller à ce que les règles du jeu soient équitables en ce qui concerne les services de nouvelles. Je pense que l’autre question dont nous devons parler, c’est la façon dont les petites entreprises en ligne et les services de nouvelles font concurrence aux services en ligne plus importants. Cela aussi doit être corrigé.
Certaines petites entreprises font concurrence à des organismes financés par le Trésor public. Le député de a dit, à juste titre, que certaines de ces petites publications locales essaient de concurrencer Radio-Canada en ligne, et que Radio-Canada a un bon journal en ligne. Le député de a dit que le gouvernement venait d’actualiser sa présence en ligne, ce qui est merveilleux, mais cette présence en ligne fait maintenant concurrence à de plus petits journaux en ligne. C’est très difficile pour elles de soutenir la concurrence, parce qu’elles n’ont pas les ressources dont disposent les grandes entreprises comme Radio-Canada, CTV ou Global. Nous devons également en tenir compte lorsque nous cherchons des moyens de nous assurer que les petites publications sont concurrentielles. Beaucoup de Canadiens d’un bout à l’autre du pays veulent voir de la concurrence dans le domaine de la radiodiffusion en ligne et avoir plus de choix et d’options lorsque vient le temps de s'informer ou d'écouter des émissions en ligne.
Nous devons également discuter de la façon dont nous allons nous assurer que l’information en ligne est exacte. Cette conversation est importante de nos jours. Certains députés d’en face ont parlé de fausses nouvelles, ou peu importe comment ils les appellent, mais je pense qu’il nous incombe également de veiller à ce que nous respections le décorum à la Chambre lorsque nous débattons de projets de loi. Évitons de soulever des questions qui ne sont pas liées au projet de loi et de lancer des attaques personnelles pendant ces discours. Ce n'est pas digne de ce que les parlementaires et nos électeurs attendent de nous. Nous avons besoin d’un plus haut niveau de discussion dans cette enceinte.
Je m’attends à ce que cela continue et à ce que nous relevions la barre du décorum à la Chambre pour nous assurer que, lorsque nous tenons des débats sur des projets de loi importants, nous nous en tenions aux faits et au débat en cours. Nous devons laisser les sentiments personnels et partisans de côté lorsque nous avons ces conversations. Je ferai de mon mieux pour que le décorum règne dans cette enceinte chaque fois que je prendrai la parole au sujet de projets de loi importants.
Lorsqu’on a des conversations sur le projet de loi , il peut y avoir des situations intéressantes. Ce projet de loi tant attendu est le résultat du rapport Yale sur le cadre des communications au Canada déposé en février 2020. Les 97 recommandations du rapport portent sur les médias sociaux, le droit d’auteur, la taxation des géants du Web et les frais de publicité pour assurer la durabilité des médias traditionnels. Le projet de loi se limite à la modernisation de la Loi sur la radiodiffusion, qui consiste essentiellement, comme je l’ai dit plus tôt, à introduire une définition très large du commerce en ligne, à assurer la diffusion de contenu culturel et à donner au CRTC un vaste pouvoir discrétionnaire pour réglementer quant au pourcentage de contenu canadien, exiger des contributions financières et imposer des amendes.
Un grand nombre des recommandations du rapport Yale, sur lequel s’appuie le projet de loi , n’ont pas été mises en œuvre, et je pense que nous devrions prendre un peu de recul. C’est pourquoi nous pensons, de ce côté-ci de la Chambre, que le projet de loi rate la cible à certains égards, surtout en ce qui concerne la concentration du pouvoir discrétionnaire au sein du CRTC et du cabinet du . Cela est très préoccupant pour nous. Bon nombre de mes collègues ont également exprimé leur inquiétude. Il doit y avoir de vastes consultations auprès des Canadiens pour savoir ce qu’ils veulent que nous réglementions et pour savoir d’où proviendraient nos achats et le contenu de nos émissions.
Nous voulons qu’il y ait davantage d’émissions d’information et nous voulons du contenu canadien dans notre programmation. Le projet de loi rate toutefois la cible en omettant d’assurer une certaine équité dans le secteur de la radiodiffusion et en omettant de donner une place aux publications des petites et nouvelles entreprises. Je connais plusieurs nouvelles entreprises qui souffriraient de ne pas jouir de chances égales et de devoir faire concurrence à de grandes sociétés comme CBC/Radio-Canada, Global et CTV. Ces entreprises doivent avoir une présence en ligne dès leur création, parce qu’elles en ont besoin.
Tout comme les jeunes employés de mon bureau, je constate qu’il n’y a plus beaucoup de journaux dans le bureau. Nous avons nos téléphones et PressReader et nous allons chercher l’information qui nous intéresse directement en ligne.
Je sais que le Leader-Post de Regina et le Star Phoenix ont de moins en moins d’abonnés en Saskatchewan. Ces journaux travaillent fort pour avoir une présence en ligne parce qu’ils ont compris que les gens s’informent de plus en plus sur les sites Web et les services d’information en ligne.
Nous devons faire de la place aux entreprises en ligne afin qu’elles puissent être concurrentielles. La situation n’est pas aussi équitable que nous le souhaiterions et nous aurions espéré que le projet de loi propose des règles plus équitables.
En ce qui concerne les services en ligne, des entreprises comme Netflix et Facebook devraient payer leur juste part, comme mes collègues d’en face se plaisent à le dire. C’est très bien, mais elles doivent savoir avec certitude, avant de venir exercer leurs activités au Canada, combien leur entreprise paiera en impôts et en redevances, et ce, avant même de venir au Canada. Sans cette certitude, il est très difficile d’attirer de nouvelles entreprises de technologie au Canada, si elles ne savent pas combien elles devront payer.
Cette incertitude et cette concentration du pouvoir entre les mains du CRTC et du cabinet du ministre nous posent des problèmes et soulèvent notre inquiétude. C’est pourquoi nous n’appuierons pas ce projet de loi pour le moment.
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Madame la Présidente, avant d’entamer les discussions sur la réglementation du contenu sur Internet, il faut reconnaître que le Canada compte 38 millions de responsables de la réglementation. On les appelle des clients. Ce sont eux qui décident ce qu’ils regardent. En un clic de souris, ils peuvent choisir le contenu qui correspond à leurs intérêts. Pour la même raison, la capacité de produire un contenu unique et diversifié est plus grande aujourd’hui que jamais. L’avènement d’Internet, loin de limiter la production de contenu canadien, l’a grandement élargie en réduisant sensiblement les coûts de production et de distribution.
Si les députés y réfléchissent bien, le coût de production et de distribution du contenu aujourd’hui est probablement inférieur de 99 % à ce qu’il était il y a seulement 25 ans. Des jeunes de 14 ans peuvent produire leurs propres bandes-annonces sur leur ordinateur portable et les diffuser devant autant de spectateurs qu’ils le veulent, sans dépenser un seul dollar sauf pour l’achat d’un petit logiciel et d’un ordinateur portable pour les concevoir, et la qualité est probablement supérieure à ce qu’Hollywood aurait pu créer il y a à peine quelques décennies.
Ces moyens technologiques ont démocratisé et élargi la portée du contenu. Ils ont permis aux minorités et aux personnes ayant des intérêts particuliers qui ne sont pas ceux de la majorité de rejoindre leurs publics cibles. Autrefois, les gens se bousculaient pour occuper un espace dans un magasin HMV, le magasin de disques du coin ou le Blockbuster local, et si quelqu’un n’était pas parmi les 50 premiers au palmarès, il devait ronger son frein. Même si son produit intéressait 3 % du public, il ne pouvait pas le vendre à qui que ce soit, parce qu’il n’avait aucun moyen de le faire connaître au public et ne pouvait même pas obtenir les capitaux nécessaires pour le produire.
Je reconnais que les changements proposés dans le projet de loi ont du bon. Ils démocratisent le secteur. Ils répartissent le pouvoir et la diversité, ce que nous devrions favoriser et que procure la liberté.
Le gouvernement actuel cherche à élargir sa portée et à étendre ses tentacules sur Internet.
M. Kevin Lamoureux: Bravo!
L’hon. Pierre Poilievre: Le député libéral applaudit, madame la Présidente. De temps en temps, la vraie nature de nos collègues d’en face nous est révélée. Je dis qu’ils veulent étendre leurs tentacules sur Internet, et l’un des députés libéraux les plus en vue applaudit à cette observation. Je le remercie de son honnêteté temporaire, mais néanmoins accidentelle.
Je vais paraphraser Andrew Coyne, qui est loin d’être un conservateur, et qui écrit dans le Globe and Mail, qui est loin d’être une publication conservatrice. M. Coyne signale que le projet de loi C-10 du gouvernement canadien a ouvert la porte à une sérieuse mainmise de la réglementation de l’État sur Internet. Le a exprimé son admiration pour Fidel Castro et pour la dictature en place en Chine communiste; il a tenté de se servir de la pandémie en cours pour s’arroger le pouvoir absolu d’augmenter n’importe quelle taxe, à n’importe quel moment, et de n’importe quel montant, jusqu’en 2022; il a eu recours à une commission des débats pour faire en sorte que Craig Kielburger et d’autres proches du Parti libéral contrôlent le déroulement du débat des chefs; et il a accordé aux médias une subvention avec l’argent des contribuables, puis confié au président d’Unifor, une organisation appuyée par les libéraux, la responsabilité de distribuer cet argent. Chaque fois qu’un tel premier ministre présente un projet de loi visant à étendre le pouvoir de l’État sur Internet, nous devrions être très méfiants.
Je cite M. Coyne:
Bien que le gouvernement prétende que le projet de loi ne donnerait pas au CRTC le pouvoir de régir les services de moindre envergure comme BritBox, les médias sociaux comme YouTube ou les sites d'actualités en ligne, aucune disposition précise ne l'empêche et certaines semblent même plutôt le permettre. Par exemple, le projet de loi précise qu'il ne s'applique pas « aux émissions téléversées vers une entreprise en ligne » par un utilisateur du service ni aux « aux entreprises en ligne dont la seule radiodiffusion est celle de telles émissions ». Cela laisse la possibilité au CRTC de réglementer les services qui offrent à la fois du contenu produit par les utilisateurs et du contenu sélectionné et organisé, comme YouTube.
C'est donc dire que nous ouvririons la porte à la possibilité que le CRTC réglemente le genre de contenu que les Canadiens produisent et téléversent chaque jour sur Internet.
Nous allons donner au CRTC, un organisme bureaucratique déjà trop puissant formé de régents anonymes, la possibilité d'étendre son emprise au contenu que la population met sur Internet. Il n'est pas étonnant que le souhaite limiter et réglementer ce genre de contenu. Dans bien des cas, le contenu indépendant téléversé sur Internet par monsieur Tout-le-Monde est le seul endroit, outre la Chambre, où il doit faire face à des critiques. Il n'est pas protégé par l'adoration naïve que lui vouent ses partisans de la tribune de la presse. Il est donc confronté à l'examen scrupuleux du Canadien moyen qui ose le critiquer ou critiquer ses orientations idéologiques ou encore qui ose produire du contenu qui va à l'encontre de sa vision pour la planète.
Le gouvernement refuse de définir des limites claires aux pouvoirs du CRTC et il laisse la porte entrouverte à l'élargissement de ces pouvoirs. La seule raison que nous puissions imaginer, c'est que l'objectif est d'accroître le contrôle sur ce que les Canadiens peuvent regarder, lire, entendre et produire. À cela s'ajoute le fait que le projet de loi donne au Cabinet le pouvoir de donner des ordres au CRTC et de déterminer de quelle façon l'organisme devra appliquer ses nouveaux pouvoirs; les pouvoirs qui font saliver le député d'en face. Les pouvoirs qu'il a acclamés d'un « Bravo! » dès que j'ai parlé de la possibilité qu'il les obtienne.
Nous vivons dans un pays libre. Tous les jours, les Canadiens ordinaires devraient pouvoir se faire entendre haut et fort, et la seule limite quant à l’intensité et à la portée de leur voix devrait dépendre de la volonté des gens de les écouter ou non. Les Canadiens ordinaires devraient pouvoir décider de ce qu’ils aiment en votant avec leurs clics. C’est le genre de liberté que nous devrions leur accorder. Dans le marché des idées, la coercition et l’intimidation de l’État n’ont pas leur place. Les bureaucrates d'un gouvernement sans nom et sans visage n’ont pas à décider qui doit être entendu. Les Canadiens ordinaires devraient avoir la liberté de déterminer cela eux-mêmes.
Même si nous, de ce côté-ci de la Chambre des communes, sommes les seuls à défendre la liberté d’expression, il y a beaucoup de Canadiens qui nous appuient. Nous savons que le ne croit pas à la liberté d’expression. Après un attentat terroriste contre un journal français, on lui a posé des questions sur la liberté de parole en général et sur la liberté d’expression de cette publication en particulier, ce à quoi il a répondu que la liberté d’expression n’est pas illimitée, comme pour laisser entendre que l’attaque contre la publication était en quelque sorte justifiée au motif que ses responsables avaient exercé de façon inappropriée leur liberté d’expression, et que l’État devrait avoir la capacité de limiter cette expression. Il a fait volte-face par la suite, soit dit en passant. Il est arrivé à la Chambre des communes, s’est rétracté, a changé complètement de discours et s’est rendu compte à quel point il s’était humilié en révélant sa véritable pensée aux Canadiens.
Chaque fois que le tente d’exercer un plus grand contrôle sur ce que nous voyons, entendons, lisons et produisons, nous devrions considérer cela comme la proposition d’un homme qui croit en un contrôle étatique fort sur ses citoyens. De ce côté-ci de la Chambre, nous défendrons les anciennes libertés dont nous avons hérité de nos ancêtres et que nous espérons léguer à ceux qui nous suivront.
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Madame la Présidente, c'est un honneur de débattre encore une fois à la Chambre, surtout lorsqu'il s'agit de discuter d'un projet de loi qui prend tout son sens dans le contexte actuel. La façon dont nous interagissons avec le contenu en ligne a beaucoup évoluée depuis l'arrivée de la pandémie de COVID-19.
On n'a qu'à jeter un coup d'œil aux dernières décennies. Je me souviens lorsque j'étais à l'école secondaire, les gens disaient que les nouveaux ordinateurs doublaient de vitesse tous les 90 jours, et l'année d'après, tous les 45 jours. La technologie évolue à une vitesse incroyable, ce qui entraîne des défis et des changements qui doivent être gérés au moyen de lois. J'imagine que le rapport Yale, assorti de ses 97 recommandations, fait partie de la réponse, comme il n'aborde qu'un petit nombre de ces défis.
Maintenant que j'ai parlé des différents défis que nous devons relever et de l'importance d'effectuer des changements, j'aimerais formuler quelques observations au sujet du projet de loi.
Je pense aux propos de certains collègues qui m’ont précédé, notamment à ceux du député de , du député d’, du député de et d’autres, qui ont clairement décrit certains problèmes auxquels nous avons fait face. Dans ma circonscription, il y a des passionnés de politique qui non seulement suivent l’actualité sur les chaînes d’information, mais également nos délibérations sur les projets de loi. Ils ont eu des réactions étonnantes. Quand ce projet de loi a été déposé pour la première fois, certains sont venus me voir pour me demander comment ils peuvent savoir si ce n’est pas simplement une tentative, de la part du gouvernement, d’élargir son pouvoir ou de réglementer la libre pensée ou encore d’imposer un programme d’action dommageable.
Cela en dit long sur les grands défis de société qui se posent, surtout quand on voit comment les députés ministériels d’en face se conduisent eux-mêmes et, bien sûr, quand on pense à certains propos tenus par le , que ce soit au sujet de la Chine, d’autres enjeux de société et même de notre pays ou aux commentaires du ministre qui a déposé ce projet de loi. Il y a de quoi être très inquiet.
J’espère que les députés ministériels soulèveront ces préoccupations de manière non équivoque dans le cadre de ce débat à la Chambre. J’ai sous les yeux un document de 14 pages; après en avoir fait lecture, je ne comprends toujours pas quels en sont les objectifs et cela pose problème. C’est notamment pour cette raison que nos concitoyens nous demandent de quoi il s’agit exactement. Ils ont des inquiétudes parce qu’ils n’ont pas confiance dans les intentions énoncées dans le préambule. Cela demande beaucoup de clarification.
Il y a quelques points à examiner, notamment en ce qui concerne l’uniformisation des règles face à la prolifération du contenu numérique. Il est intéressant que nous ayons ce débat aujourd’hui, car il y a quelques jours, il y a eu de beaucoup de discussions aux États-Unis au sujet de Facebook. On se demandait si, face à l’essor considérable de cette entreprise, le gouvernement américain devait prendre des mesures antitrust. J’espère que le ministre suit la situation attentivement et qu’il comprend les gros problèmes que nous risquons d’avoir à cause de la nature évolutive du contenu numérique.
Ce qui me préoccupe beaucoup, c’est l’absence de garantie dans ce projet de loi en ce qui concerne les géants du Web, parce que sont bien des géants, et ils touchent tous les aspects de notre vie. J'ai un téléphone Android, et Google est présent dans toutes les dimensions de ma vie, par exemple lorsque je parle à mes enfants au moment où ils sont au lit le soir alors que je suis ici, à Ottawa, ou lorsque j’exerce mon travail de député.
Il en va de même avec Facebook. Que ne voit-on pas sur Facebook aujourd’hui? Il est certain qu’on s’inquiète beaucoup du fait qu’on n'énonce pas clairement la façon dont on réglerait certaines de ces questions. De plus, les normes qui s’appliqueraient à ces multinationales et les règles que les fournisseurs et les producteurs de contenu nationaux ont ici au Canada ne sont pas clairement énoncées.
Je veux parler de la libération du potentiel du secteur privé. Dans ma circonscription, il y a une collectivité que beaucoup de députés connaissent sous le nom de Drumheller. C'est la capitale mondiale des dinosaures, le cœur des badlands canadiennes. Certes, Drumheller est connue grâce aux dinosaures et au Royal Tyrrell Museum — et j’en profite pour saluer tous ceux qui sont là-bas et font face à toutes ces difficultés liées à la pandémie de COVID-19 —, mais il est également intéressant de voir à quel point cette collectivité a bénéficié de la création de contenu.
Ma femme nous a proposé de regarder la série Netflix Lost in Space, et j’ai eu l’impression de connaître les collines qu'on y voyait. En fait, je n’étais pas allé sur cette planète inconnue, mais j'avais plutôt traversé Drumheller. C'est l'endroit où la série a été tournée et, bien sûr, il y avait des images générées par ordinateur et tout le reste, mais un travail incroyable se fait ici au Canada. Il ne s’agit pas uniquement du contenu canadien tel que nous le voyons parfois dans une production de CBC/Radio-Canada, et je dois dire que, même si beaucoup de gens sont très fiers de certains aspects de ce contenu, je dois avouer que je me demande bien souvent pourquoi l’argent des contribuables sert à cela.
Beaucoup de tournages se font au Canada, que ce soit à Vancouver, dans les Prairies ou à Toronto. Un certain nombre d'émissions de télévision censées se dérouler à New York sont en réalité tournées au centre-ville de Toronto. La quantité de contenu canadien est absolument incroyable, et il faut veiller à libérer totalement les forces du marché pour s’assurer que le Canada est une destination prisée pour ce type d’investissement et pour les emplois qui y sont associés.
Lorsque le était candidat à la direction du parti, j'ai été très heureux qu'il aborde l'un de ces points, à savoir l'élimination de la taxe sur les produits et services sur les plateformes numériques canadiennes comme mécanisme confirmant que les règles du jeu sont les mêmes pour tous. C'est une chose qu'il vaut la peine de mentionner ici.
Je vais aborder un ou deux autres sujets et ensuite terminer par un point très important. Aucune partie de ce projet de loi n’aborde la question du partage des redevances sur le contenu médiatique publié dans les médias numériques. Il n’explique pas comment les plateformes numériques seraient traitées comparativement aux diffuseurs plus conventionnels. Il donnerait des pouvoirs d’exécution complets au CRTC, et comme l’a si bien exprimé le député de , je m’inquiète beaucoup quand de tels pouvoirs sont conférés. Comme l’a mentionné le député d’, il y a énormément d’hésitation quand le ministre a le dernier mot sur une bonne partie des aspects de la gouvernance entourant la production de contenu.
Il y a aussi d’autres préoccupations, mais je ne pense pas que j’aurai le temps de les aborder; je me contenterai donc de terminer avec ceci. Tous les Canadiens devraient se préoccuper de l’éditorial du New York Times — qui a fait l’objet de discussions à la Chambre — concernant l’exploitation d’enfants par des géants du Web comme la plateforme Pornhub de la société MindGeek. Il y a énormément de questions qui doivent être soulevées, mais je n’ai pas le temps de le faire aujourd’hui.
L’exposé du New York Times et une partie des débats qui ont eu lieu par la suite tant ici qu'ailleurs dans le monde visent à permettre de mieux comprendre comment nous pouvons veiller à ce que les plus vulnérables d’entre nous soient protégés. Je terminerai mes remarques ici.