a) les femmes et tous les membres des Forces armées canadiennes ont placé leur confiance dans le présent gouvernement, s’attendant à ce qu’il agisse face aux allégations d’inconduite sexuelle;
b) le chef de cabinet du premier ministre a été informé d’une allégation de harcèlement sexuel précise contre le général Jonathan Vance il y a trois ans;
c) le premier ministre affirme que cette allégation de harcèlement sexuel n’a jamais été portée à son attention;
d) le premier ministre a déclaré que les personnes en position d’autorité ont le devoir d’agir en cas d’allégations,
la Chambre demande au premier ministre de congédier son chef de cabinet pour avoir omis de l’informer d’une grave allégation de harcèlement sexuel aux plus hauts échelons des Forces armées canadiennes et pour avoir été complice de la dissimulation de la vérité aux Canadiens.
— Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je vais entamer le débat aujourd'hui sur la motion de l'opposition et, pour être honnête, c'est un sujet que j'aurais préféré ne pas avoir à soulever. En ce moment, le pays est confronté à de nombreuses questions très importantes et urgentes, comme les vaccins, le fait que nous n'en avons pas assez et que le gouvernement envoie des messages très contradictoires à ce sujet. Il y a aussi des questions comme l'économie et les emplois, et le fait que les libéraux n'ont aucun plan pour assurer notre avenir.
La confiance que les Canadiens peuvent avoir dans leur gouvernement est à la base de ces questions et bien d'autres; la certitude que le leur dit la vérité; la certitude que le premier ministre agit dans leur intérêt et non dans son intérêt personnel; la certitude que, lorsque des personnes occupant les plus hautes fonctions posent des gestes répréhensibles, elles doivent rendre des comptes.
Voilà pourquoi nous débattons aujourd’hui des mesures prises par le , son cabinet et le pour camoufler les allégations d’inconduite sexuelle contre le chef d'état-major de la Défense et du fait qu'il faut faire la lumière sur cette affaire afin que les responsables rendent des comptes pour que les gestes reprochés ne surviennent plus jamais.
Les Canadiens en uniforme, hommes ou femmes, qui sont au service de notre pays chaque jour avec honneur et intégrité doivent souvent sacrifier leur vie, leur santé mentale, leur équilibre émotionnel et leur santé physique. Ils renoncent à du temps qu'ils auraient passé avec les membres de leur famille et avec leurs amis.
Les femmes dans les forces armées, ces femmes qui portent l'uniforme, elles font un sacrifice unique. Elles se privent d'un temps précieux auprès de leurs propres enfants, qui sont parfois en très bas âge. Elles vont même parfois jusqu'à abandonner l'idée de devenir mère. Ces femmes font tellement de sacrifices pour servir notre pays, elles sont en droit de s'attendre à ce que le gouvernement leur rende la pareille avec autant d'intégrité et d'honneur. Les Canadiennes en uniforme font confiance au gouvernement pour les protéger du harcèlement, de l'inconduite sexuelle et de l'abus d'autorité de leurs supérieurs. Le gouvernement libéral a échoué sur toute la ligne au cours des dernières années et cela est d'une tristesse absolue.
Aujourd'hui, nous allons parler de ce qui s'est passé, des personnes qui étaient au courant et de celles qui devraient être tenues responsables. Nous savons que le était au courant. Dans son témoignage, l'ombudsman dit avoir fait part d'allégations précises d'inconduite sexuelle au ministre de la Défense nationale en 2018. Nous savons que le ministre de la Défense nationale a fait la sourde oreille à ce moment-là et répondu qu'il ne voulait pas en entendre parler. Chose incroyable, il a même refusé de parler à nouveau à l'ombudsman. Je suis certaine que, tout au long de la journée, il sera question de bien d'autres choses que le ministre de la Défense nationale a faite ou n'a pas faites.
Toutefois, je me concentrerai pour l'instant sur ce qui s'est passé au Cabinet du premier ministre, la plus haute instance du pays, et qui devrait être tenu responsable de la dissimulation de ces graves allégations.
On nous demande de croire que le n'était pas au courant. Il a dit aux Canadiens, aux médias et à la Chambre qu'il ne savait rien de ces allégations jusqu'à tout récemment, soit il y a quelques mois, lorsque nous avons tous appris leur existence. Le conseiller principal du premier ministre a témoigné qu'il le savait, de même que la cheffe de cabinet du premier ministre, Katie Telford, mais apparemment, personne n'en a informé le premier ministre. Ils n'ont pas fait part de cette importante information au premier ministre. Voilà , semble-t-il, ce qu'il faudrait croire.
Pour bien situer le contexte, et c'est un aspect important, souvenons-nous qu'en mars 2018 le et son cabinet savaient que le fait qu'il avait touché de manière inappropriée une femme en 2000 allait sortir au grand jour. Je me souviens personnellement du printemps de 2018. C'était un secret de polichinelle à Ottawa. Il y avait un article écrit par une jeune journaliste rapportant en détail la très mauvaise expérience qu'elle avait vécue lors de sa rencontre avec le premier ministre, qui avait alors 28 ans, au festival Kokanee. Puisque nous étions aussi nombreux à être au fait de cet article, le premier ministre et son cabinet l'étaient sûrement aussi.
Il savait sûrement que, tôt ou tard, cette histoire serait rendue publique et lui attirerait des questions. Nous devons tenir compte de ce contexte et nous demander quel était l'état d'esprit du à l'époque et à quoi il pouvait penser. Il s'est peut-être dit que, s'il congédiait le général Vance à cause d'allégations d'inconduite sexuelle, il devrait se plier lui-même aux mêmes exigences quand les preuves de sa conduite odieuse seraient révélées.
Je suis certaine que le se serait trouvé devant un choix très difficile s'il avait été au courant des allégations d'inconduite sexuelle contre le général Vance: il aurait dû choisir entre démettre de ses fonctions le chef d'état-major de la Défense à cause de ses gestes et faire fi des allégations pour se protéger. Quand on l'a confronté à propos des incidents de tripotage, le premier ministre a contourné la question en disant que certaines femmes ne ressentent pas les choses de la même façon. Il s'est accordé un passe-droit pour ses gestes, prouvant du même coup qu'il est loin d'être féministe, puisque c'est faire preuve d'une misogynie tout à fait classique que de blâmer la femme et de ne pas la prendre au sérieux. Quand on regarde la situation avec du recul, on comprend pourquoi le premier ministre aurait pu, tout en étant informé des allégations concernant le général Vance, choisir de les dissimuler.
Dans ce même contexte, examinons l'affirmation du selon laquelle il ne savait rien et tout le monde autour de lui était au courant, mais l'a tenu dans l'ignorance. Supposons que ce soit raisonnable, même si j'estime que ce n'est pas crédible. Cela signifierait que la cheffe de cabinet du premier ministre, Katie Telford, était au courant et qu'elle ne lui a rien dit. Cela signifierait que Katie Telford était au fait des allégations et qu'elle a pourtant permis au premier ministre de procéder comme si de rien n'était entre 2018 et 2020, et non seulement de féliciter publiquement le général Vance pour son excellent travail dans le cadre de l'opération Honour, mais aussi de faire de lui le chef d'état-major de la Défense ayant occupé ses fonctions le plus longtemps et de lui accorder une augmentation de 50 000 $. À mon avis, il n'est tout simplement pas crédible qu'une cheffe de cabinet compétente permette à son patron, le premier ministre du Canada, de se mettre dans une position aussi vulnérable et de s'exposer au risque d'être grandement embarrassé, d'être discrédité et de ne pas être cru. Si c'était vrai et si j'étais le premier ministre, je me poserais la question suivante: avec des amis comme Katie Telford, qui a besoin d'ennemis? Je serais furieux contre elle, mais je remarque que le premier ministre ne semble pas très furieux, n'est-ce pas?
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Madame la Présidente, quelque chose dans toute cette histoire sonne faux, mais comme c'est la version du , nous allons lui demander d'agir en conséquence, car, selon ses propres paroles, ceux qui sont « en position d'autorité » et qui sont au courant d'allégations de nature sexuelle « ont le devoir d'agir. » Nous demandons au premier ministre d'agir par rapport au fait qu'apparemment, Katie Telford était au courant, mais n'a rien fait.
En revanche, si le était au courant et qu'il ne l'admet pas, il doit faire preuve de courage sans plus tarder et admettre qu'il était au courant, mais qu'il n'a pas voulu passer à l'action. Pourquoi? Pour se protéger lui-même.
Une tendance se dessine avec le . Nous l'avons constaté dans l'affaire SNC-Lavalin, où il a nié devant tout le pays qu'il savait qu'il y avait eu ingérence politique. Il l'a nié à plus d'une reprise et a affirmé qu'il ne s'était pas ingéré dans le dossier. Il est apparu clairement qu'il y avait eu ingérence politique lorsque nous avons entendu les conversations enregistrées. Tout comme dans l'affaire de camouflage entourant le général Vance, l'ingérence dans l'affaire SNC profitait au premier ministre, parce qu'il se souciait des votes. À l'issue de l'ignoble affaire SNC-Lavalin, deux femmes très intelligentes et compétentes ont été mises à l'écart, la députée de et Jane Philipot, l'ancienne ministre de la Santé, et le premier ministre s'en est sorti honorablement, du moins dans son propre esprit.
J'espère que nous n'avons pas affaire aujourd'hui à une autre situation où le a voulu se protéger à tout prix, si bien que non seulement il a manqué à son devoir de protéger les femmes dans les forces armées, mais, au final, une autre femme compétente, Katie Telford, paiera pour ses erreurs. Il ne faut pas s'y méprendre; la réputation de cette femme est maintenant ternie. Comprenons-nous bien, si elle a camouflé l'affaire, elle mérite d'être renvoyée, mais si ce n'est pas le cas, et si le premier ministre ne dit pas la vérité, alors il doit dire la vérité sur ce qu'il a fait, et pour une fois dans sa carrière de premier ministre, sinon dans sa vie, il devrait peut-être assumer ses responsabilités pour les faussetés qu'il a dites, pour sa conduite et pour son opération de camouflage.
Winston Churchill a dit: « Je n'écoute plus ce que les gens disent, je regarde simplement ce qu'ils font. Le comportement ne ment pas. » Je crois que c'est l'attitude que nous devons avoir à l'égard du , qui se dit féministe. Ses actions disent le contraire. Les Canadiennes observent son comportement, tout comme les femmes et les hommes dans les forces armées. Les femmes dans son propre parti, y compris celles qui travaillent pour lui, ont vu comment il se comporte, ou si elles n'ont rien remarqué, elles devraient l'observer plus attentivement. Les conservateurs ont certainement vu comment il se comporte...
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Madame la Présidente, je veux remercier la leader adjointe de ses excellentes observations et d'avoir présenté une motion aujourd'hui. Nous mettons le au pied du mur, afin d'apprendre ce qu'il savait ou ne savait pas.
Je veux tout d'abord dire à ceux qui servent notre pays sous les drapeaux qu'à l'évidence, le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes sont aux prises avec un problème grave et permanent d'inconduite sexuelle. Nous exigeons beaucoup des militaires. Ils servent dans les Forces armées canadiennes au quotidien, et ils ont fait le serment de protéger chacun de nous. Il revient aux députés de faire de leur mieux pour que les militaires puissent exercer leur métier de façon sûre. Ils ne doivent donc pas être soumis à du harcèlement sexuel en milieu de travail.
Quand nos fils et nos filles, nos sœurs et nos frères, nos mères et nos pères servent notre pays, ils ne devraient jamais être soumis à du harcèlement sexuel. Cette culture malsaine doit changer. C'est pourquoi le chef du Parti conservateur a proposé, il y a plus de deux mois, un plan d'action que le gouvernement pourrait suivre pour obtenir de véritables résultats.
Comme l'a dit notre chef, nous ordonnerions la tenue d'une enquête indépendante sur les cas d'inconduite sexuelle à l'échelle des forces armées. Tous les échelons seraient visés. Pendant l'enquête, toute promotion et augmentation de salaire des officiers généraux serait suspendue. Après avoir éliminé tous les problèmes, il serait possible d'accorder des promotions voulues.
Nous adopterions des politiques pour que les plaintes futures d'inconduite sexuelle soient déposées auprès d'un organisme externe véritablement indépendant et n'ayant aucun lien avec la chaîne de commandement. Pour changer la culture et mettre en place une véritable société égalitaire au sein des Forces armées canadiennes, nous présenterions des politiques permettant une meilleure représentation des femmes et d'autres Canadiens sous-représentés dans les échelons supérieurs, et ce, dans tous les services: l'aviation, l'armée et la marine.
Nous devons faire en sorte que les femmes et les hommes qui servent notre pays puissent le faire avec honneur et sans compromis. Pour y arriver, il faut établir un environnement sûr et encourager les femmes à occuper des postes de commandement.
Il ne fait aucun doute que l'objectif de la motion à l'étude est la reddition de comptes. Nous savons déjà que le a reçu des preuves de harcèlement sexuel impliquant l'ancien chef d'état-major de la Défense, le général à la retraite Jonathan Vance. Or, au lieu d'examiner ces preuves et d'intervenir, comme l'y obligent ses fonctions et la Loi sur la défense nationale, le ministre les a rejetées. Ce faisant, il a manqué à son devoir envers les membres des Forces armées canadiennes.
À maintes occasions, le ministre a dit avoir confié les allégations à sa cheffe de cabinet. À l'époque, il y a trois ans, il s'agissait de Zita Astravas. C'était le 1er mars 2018. Comme nous l'avons appris au comité de la défense nationale il y a à peine deux semaines, Mme Astravas a alors relayé cette information à la cheffe de cabinet du , Katie Telford. Puis, Katie Telford a demandé à Elder Marques, qui était alors conseiller principal du premier ministre, de communiquer avec l'ancien ombudsman militaire, Gary Walbourne, de même qu'avec l'ancien greffier du Conseil privé, Michael Wernick, qui a également témoigné devant le comité, ainsi qu'avec Janine Sherman, sous-secrétaire du Cabinet.
Le comité a entendu de nombreux témoignages. Ces allégations et les conséquences qu'elles ont entraînées ont fait couler beaucoup d'encre dans les médias.
Aujourd'hui, il faut trouver à qui incombe la responsabilité pour la façon dont Katie Telford a traité cette information. À titre de cheffe adjointe, la députée de a déclaré que si on se fie à la version du , cela signifie que Katie Telford a omis de communiquer de l'information cruciale au sujet du militaire le plus haut gradé au pays, le général Vance. Or, comme ce dernier jouissait de la cote de sécurité très secrète, il était potentiellement compromis et pouvait aisément être victime de chantage étant donné les allégations d'inconduite sexuelle dont il faisait l'objet.
Si Mme Telford n'a pas informé le de la situation, elle a bel et bien empêché de vérifier si le chef d'état-major de la Défense — qui relevait uniquement de deux personnes, soit le et le  — s'était effectivement conduit de façon déshonorable et si sa capacité de servir le Canada était gravement compromise. Par conséquent, si on croit que Katie Telford a manqué à son obligation d'informer le , elle doit alors être congédiée. Toutefois, bien franchement, nous mettons Justin Trudeau au pied du mur. Personnellement, je ne crois pas que Katie Telford ait omis de communiquer cette information au premier ministre.
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Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui au sujet de la motion de l'opposition pour discuter de nos efforts en vue de prévenir les inconduites sexuelles dans les Forces armées canadiennes et au ministère de la Défense nationale et en vue de remédier à ces inconduites.
[Français]
Je veux parler de ces efforts mis en lumière lors de l'annonce de la semaine dernière concernant une nouvelle étude externe complète et indépendante, ainsi qu'une nouvelle organisation consacrée à la mise en place des conditions d'un changement de culture durable dans l'ensemble de l'institution.
Nous reconnaissons que nos efforts passés ont échoué. De graves allégations contre de hauts dirigeants militaires ont jeté une ombre sur l'ensemble des Forces armées canadiennes et du ministère de la Défense nationale. Nous reconnaissons que nos efforts n'ont pas résolu pleinement les problèmes soulevés par les survivants ni obtenu les résultats qu'ils méritaient.
[Traduction]
Nous avons la responsabilité de veiller à ce que les Canadiens travaillent dans un environnement où ils sont traités avec dignité et respect. Nous prenons cette responsabilité très au sérieux. Cela dit, je tiens à prendre un instant pour répondre aux récentes accusations concernant le et aux allégations contre le général Vance, ancien chef d'état-major de la Défense.
Quand le ministre a rencontré l'ombudsman des Forces armées canadiennes de l'époque le 1er mars 2018, M. Walbourne a soulevé la question des allégations portées contre le général Vance à la toute fin de la rencontre, sans toutefois préciser exactement quelle était la teneur de ces allégations. Il n'est pas entré dans les détails. Par respect pour l'intégrité et l'indépendance du processus d'enquête, le ministre a ordonné à l'ombudsman de transmettre les allégations aux autorités compétentes. L'affaire a été communiquée au Bureau du Conseil privé, qui est directement responsable des nominations par le gouverneur en conseil, y compris la nomination du chef d'état-major de la Défense.
Une enquête juste et équitable sur les allégations d'actes répréhensibles est fondamentale pour notre système de justice. C'est un élément fondamental de notre conception de la démocratie. Il ne doit jamais y avoir d'ingérence politique, réelle ou apparente, dans de telles enquêtes. Les mesures prises par le ministre sont les mêmes que celles qui ont été prises par le gouvernement conservateur précédent. En réalité, le chef de l'opposition a pris les mêmes mesures quand il a entendu des rumeurs d'inconduites sexuelles concernant le général Vance avant sa nomination au poste de chef d'état-major de la Défense.
Au cours des derniers mois, nous avons entendu le récit atroce d'autres personnes qui ont été victimes d'inconduite sexuelle dans l'exercice de leurs fonctions. Cela veut dire que de graves problèmes minent notre culture organisationnelle. D'ailleurs, nous avons souligné la nécessité d'instaurer un changement généralisé et durable. Un grand nombre de survivants et de personnes touchées ont communiqué avec moi personnellement, et je tiens à les remercier de dénoncer la situation et d'avoir raconté ce qu'ils ont vécu. Cela contribue à faire progresser les choses. Nous écoutons ces personnes et nous agissons.
Comme l'a annoncé le ministre jeudi dernier, l'ancienne juge de la Cour suprême, Mme Louise Arbour, a accepté de diriger un nouvel examen externe indépendant et complet des politiques et de la culture de notre organisation. Cet exercice prendra appui sur les efforts déployés précédemment, notamment le rapport Deschamps.
À l'issue de cet examen, Mme Arbour formulera des recommandations cruciales tangibles à savoir comment nous pouvons mieux protéger nos gens et créer des conditions favorables à un changement de culture durable. Nous espérons en particulier que Mme Arbour nous fournira conseils et recommandations au sujet de l'établissement d'un mécanisme externe indépendant pour porter plainte, c'est-à -dire un mécanisme qui ne fait pas partie de la chaîne de commandement et qui répondra aux besoins des victimes d'inconduite sexuelle dans le milieu de la défense nationale. Nous espérons également que Mme Arbour nous aidera à faire en sorte que notre système de justice militaire puisse traiter adéquatement les plaintes en mettant l'accent sur l'intérêt des survivants.
Nous renforcerons nos structures existantes, tant du côté militaire que du côté civil, y compris le Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle, de manière à susciter une plus grande confiance parmi les personnes qui ont besoin d'aide. Nous examinerons le système d'évaluation du rendement et de promotion au sein des Forces armées canadiennes en portant une attention particulière à la façon dont notre organisation choisit et forme ses dirigeants.
Cet élément de leadership est très important. En fait, il est essentiel. Comme on l'a vu dans les médias, le gouvernement conservateur précédent a décidé de nommer le général Vance au poste de chef d'état-major de la Défense, alors qu'il faisait l'objet d'une enquête pour agression sexuelle par le Service national des enquêtes des Forces canadiennes et que l'actuel chef de l'opposition était au courant de ces rumeurs.
Alors que les conservateurs étaient sur le point de nommer le candidat de leur choix à la tête des Forces armées canadiennes, le commandant qui dirigeait l'enquête sur le général Vance a déclaré subir des pressions pour abandonner l'enquête. Des pressions de la part de qui? Qui était à l'origine de ces pressions? Le gouvernement conservateur a-t-il fait pression pour que l'enquête soit close, afin de laisser la voie libre au général Vance? Ce sont des questions importantes auxquelles j'espère que mes collègues répondront, mais je m'égare.
J'ai parlé de Mme Arbour un peu plus tôt. Elle nous fournira des recommandations cruciales et concrètes sur la manière de mieux protéger nos gens et de créer les conditions d'un changement de culture durable. Elle fera ce travail de manière transparente et indépendante de la chaîne de commandement, avec la contribution des interlocuteurs appropriés à l'intérieur et à l'extérieur de la Défense nationale. Elle évaluera nos progrès dans l'application des recommandations du rapport Deschamps et nous aidera à poursuivre ces efforts. Tout au long du processus, elle sera en mesure de nous fournir des recommandations provisoires, auxquelles nous donnerons suite au fur et à mesure qu'elles nous parviendront.
En plus de l'examen mené par Mme Arbour, nous avons mis sur pied une nouvelle structure au sein de l'Équipe de la Défense qui sera chargée de créer les conditions permettant une transformation de la culture dans l'ensemble de l'institution. Ces travaux sont déjà commencés. Nous savons qu'il existe des aspects problématiques au sein de la culture militaire qui peuvent favoriser les inconduites sexuelles et d'autres comportements néfastes. On parle des valeurs, des croyances et des comportements qui mettent à l'avant-plan la dureté et l'agressivité aux dépens de l'intelligence émotionnelle et de la coopération.
Ce pan de notre culture est complètement inacceptable. Il rend l'organisation moins efficace et moins fiable. Il effrite la confiance de la population envers l'institution et, plus important encore, il fait du mal à ceux qui ont choisi de porter l'uniforme et de consacrer leur vie à assurer notre sécurité.
Sous la gouverne de la lieutenante-générale Jennie Carignan, cheffe de la conduite professionnelle et de la culture, la nouvelle structure cherchera des solutions pour éliminer ces éléments toxiques de la culture militaire canadienne en s'appuyant sur les pratiques exemplaires et sur les conseils d'experts, d'intervenants et de personnes qui ont une expérience concrète, autant au sein des Forces canadiennes qu'à l'extérieur de celles-ci. La nouvelle structure sera chargée d'unifier, d'intégrer et de coordonner les efforts en cours et notamment de veiller à ce que les mesures intérimaires recommandées par Mme Arbour soient pleinement prises en compte immédiatement. Ultimement, elles proposeront des mesures concrètes en vue de prévenir les inconduites sexuelles et d'autres comportements néfastes.
La tâche qui a été confiée à cette nouvelle organisation de même que les efforts de Mme Arbour tiennent compte du fait que l'inconduite sexuelle ne se produit pas dans une bulle et qu'elle ne constitue pas le seul comportement néfaste pouvant laisser des traces indélébiles. Si nous voulons apporter des changements durables, il nous faut tenir compte du problème dans son ensemble.
Nous devons examiner les problèmes systémiques comme les abus de pouvoir, la discrimination, les préjugés et les stéréotypes négatifs, et nous attaquer à chacun de façon appropriée. Nous devons nous débarrasser de la notion désuète et toxique de ce que signifie être un guerrier, car une telle attitude peut engendrer ces valeurs et ces comportements néfastes. Nous devons transformer la culture des forces armées de fond en comble et mettre en place des structures appropriées de dénonciation et d'enquête pour traiter les incidents dès qu'ils se produisent.
Nous sommes déterminés à bâtir une culture d'inclusion à l'échelle de l'organisation de la défense. Grâce à ces nouvelles initiatives, nous prenons des mesures concrètes pour prévenir l'inconduite sexuelle et les autres comportements néfastes en examinant nos structures actuelles, ainsi que les valeurs et les comportements propres à notre institution.
Nous nous assurons que tous les membres de notre équipe sont traités avec dignité et respect en toute circonstance. Nous savons aussi que nous devons faire plus pour accompagner les victimes. C’est la raison pour laquelle, dans le budget de 2021, notre gouvernement investit plus de 236 millions de dollars dans nos systèmes de soutien, afin que les allégations d’inconduite sexuelle puissent être examinées en toute indépendance et que le système de justice militaire soit mieux en mesure de traiter les cas de harcèlement et de violence fondée sur le sexe. Dans cette optique, nous prévoyons d’élargir la portée des centres d’intervention sur l’inconduite sexuelle, partout au Canada. De cette façon, les militaires et les anciens combattants qui ont été victimes de traumatisme sexuel pendant leur service pourront avoir accès aux ressources et au soutien dont ils ont besoin.
Nous avons reçu des témoignages de victimes de traumatisme sexuel pendant leur service, et nous savons que les difficultés qu'ils éprouvent sont différentes de ceux des survivants d’autres formes de traumatisme subi au combat. C’est la raison pour laquelle les centres d’intervention sur l’inconduite sexuelle jouent un rôle très important. Depuis 2015, ils sont le principal recours de ceux et celles qui, dans notre organisation, ont été victimes d’inconduite sexuelle. Ils offrent à tous ceux qui en ont besoin un soutien confidentiel et du counseling 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et ils fonctionnent en toute indépendance de la chaîne de commandement militaire.
La Dre Denise Preston et les membres de son équipe guident les militaires parmi tous les services de soutien qui leur sont offerts, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du ministère. Ils les aident à choisir les mécanismes adéquats pour signaler des cas d’inconduite sexuelle, notamment une équipe de liaison militaire composée d’un officier de liaison de la police militaire, d’un conseiller militaire spécial et d’un officier de liaison militaire. Cette équipe travaille exclusivement pour le centre d’intervention sur l’inconduite sexuelle, et ses membres sont des experts dans leur domaine. Ils peuvent donner aux militaires des conseils sur la façon de déposer une plainte et sur la façon dont est menée une enquête, et ils peuvent aider la victime à faire un signalement, le cas échéant.
Le centre d’intervention sur l’inconduite sexuelle peut également nommer un conseiller attitré pour aider les victimes pendant tout le processus, y compris pour les défendre, les accompagner à des rendez-vous et les aider dans leur milieu de travail. Mais ce n’est qu’une partie de ce que le centre fait.
En effet, le personnel du centre travaille également avec les victimes pour élaborer de nouveaux programmes et mettre en place une stratégie nationale pour les survivants, et il joue un rôle consultatif important en donnant des avis et en faisant des recommandations sur les politiques et programmes du ministère.
Pour accompagner tous ces efforts, le budget de 2021 accorde les crédits nécessaires à l’élaboration d’un nouveau programme de soutien par les pairs. Au cours des prochaines semaines et des prochains mois, nous allons travailler avec Anciens Combattants Canada, des professionnels, des professionnels de la santé mentale et d’anciennes victimes pour lancer ce programme qui comprendra des services de soutien en ligne et en personne, selon les meilleures pratiques établies, et qui sera accessible à tous les membres des Forces armées canadiennes et à tous les anciens combattants qui ont été victimes d’inconduite sexuelle.
Enfin, ces crédits permettront de poursuivre les efforts visant à mettre en œuvre la déclaration des droits des victimes dans notre système de justice militaire.
Nous avons beaucoup travaillé avec les groupes de victimes et nous allons bientôt mettre en ligne un questionnaire à l’intention des employés du ministère de la Défense nationale et des membres des Forces armées canadiennes, dont les réponses resteront anonymes. Grâce à tout ce travail, nous pourrons effectuer les changements qui sont nécessaires pour moderniser notre système de justice militaire, conformément aux engagements pris dans le projet de loi . Nous sommes résolus à faire en sorte que le système de justice militaire adopte une approche centrée sur les victimes et qu’il prenne véritablement en compte le témoignage des victimes et des survivants. Nous avons déjà fait beaucoup de progrès dans la mise en œuvre du projet de loi C-77 et nous avons l’intention de poursuivre dans ce sens.
Nous voulons nous assurer que les victimes ont accès aux meilleurs services de soutien, et cela sera possible grâce aux crédits prévus dans le budget de 2021. Nous savons qu’à cause de lacunes dans nos politiques institutionnelles, nous n'avons pas été à la hauteur des attentes que nos membres avaient placées en nous. Nous n’avons pas su les protéger, comme nous en avions la responsabilité. Nous sommes conscients que les valeurs que nous chérissons ne correspondent pas toujours à l’expérience que vivent nos membres.
Tous les militaires, comme tous les Canadiens, ont le droit de travailler dans un environnement exempt de harcèlement et de discrimination, un environnement où ils sont traités avec respect et dignité, un environnement où ils sont appréciés pour leurs compétences. Pour autant, les derniers mois nous ont montré que nous avons encore beaucoup à faire pour qu’un tel environnement soit une réalité.
Aux victimes je tiens à exprimer mes regrets les plus sincères. Nous vous avons écoutées, et nous continuons de vous écouter. Nos efforts doivent porter sur les causes du problème. Nous ne pouvons pas nous contenter de traiter le problème de l’inconduite sexuelle au cas par cas. Nous avons également appris qu’il ne suffit pas d’imposer un changement culturel d’une telle ampleur. Il faut que chacun d’entre nous comprenne véritablement ce qui, dans notre culture, est la source du problème. Il faut déployer de vastes efforts soutenus pour éliminer les obstacles systémiques qui nous empêchent d’aller de l’avant.
Je sais que de nombreuses personnes sont sceptiques quant à nos efforts, à juste titre. Trop de dégâts ont été causés. Beaucoup trop de gens ont été touchés.
[Français]
Toutefois, je promets que nous ferons ce qu'il faut pour transformer la culture de nos Forces armées canadiennes et pour aller à la racine de l'inconduite sexuelle et d'autres comportements toxiques.
Je veux aussi être claire: les mesures annoncées la semaine dernière par le ministre ne sont que les premières étapes basées sur les conclusions de l'examen approfondi externe et indépendant.
Sous les efforts de la cheffe de la conduite professionnelle et de la culture et sous les recommandations et l'expertise d'autres personnes dédiées à la transformation culturelle, nous allons continuer à faire avancer les choses.
Nous ferons tout ce qu'il faut pour rétablir la confiance, et nous continuerons à travailler pour une véritable culture de dignité et de respect pour tous ceux et celles qui servent dans les forces.
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Madame la Présidente, je vous indique d'entrée de jeu que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Nous avons pris connaissance de la motion déposée par les conservateurs, et je ne peux pas dire que nous avons été surpris qu'une telle motion soit déposée. Depuis des semaines, nous allons de déception en déception quant à l'inaction du gouvernement ou à sa volonté de mettre le couvercle sur la marmite. Pourtant, cette histoire ne cesse de prendre de l'ampleur.
Tout a commencé lorsque le a été approché par l'ombudsman des Forces armées canadiennes. Ce dernier lui a fait part d'un problème en lien avec son chef d'état-major et il lui a dit être en possession de courriels et de preuves concernant les gestes de nature sexuelle inappropriés posés par son chef d'état-major.
Plutôt que de se pencher sur ce cas, de le prendre au sérieux et d'étudier les documents, le ministre de la Défense a décidé qu'il ne voulait rien savoir de cette histoire. Il a donc décidé de fermer les yeux ou de détourner le regard. C'est à ce moment que le problème a commencé. En effet, habituellement, lorsqu'une personne présente des données et des faits inquiétants aux autorités, elle s'attend à ce que tout se passe bien et elle a bon espoir que les autorités vont prendre les mesures nécessaires pour régler le problème.
Quelles ont été les conséquences? Le ministre de la Défense nationale a refusé de tenir d'autres rencontres avec l'ombudsman de l'époque M. Gary Walbourne, et ce, jusqu'à la fin du mandat de celui-ci, c'est-à -dire jusqu'à ce qu'il quitte son poste. Le ministre a préféré détourner le regard et tout faire pour éviter d'avoir à faire face à la situation. Pendant trois ans, il a donc toléré que le général Vance demeure en poste, malgré les allégations qui lui avaient été présentées. Pire que cela, il lui a même accordé une augmentation de salaire.
Quand l'histoire a été publiée dans les médias et que tout le monde a commencé à comprendre ce qui s'était passé, le ministre a dit que l'ombudsman n'était pas allé voir la bonne personne. Il a donc commencé par blâmer l'ombudsman. Il semble que l'ombudsman n'aurait pas dû aller voir le ministre pour lui parler de son chef d'état-major.
Or l'ombudsman nous a dit que la seule personne qu'il pouvait aller voir, c'est le ministre de la Défense. Cela a ensuite été démontré par l'ombudsman suivant. Ce dernier a dit qu'il aurait fait exactement la même chose s'il avait été à la place de son prédécesseur. Le ministre était donc dans le trouble. Par la suite, le ministre a prétendu qu'il n'était pas au courant de la nature sexuelle des allégations.
De son côté, le gouvernement n'a pas fait mieux. Le a, lui aussi, prétendu qu'il n'était pas au courant. Toutefois, on a fini par se rendre compte que des employés du Bureau du Conseil privé et du Cabinet du premier ministre étaient au courant. Ensuite, le premier ministre a répété qu'il n'était pas au courant, mais que nous avions eu raison de dire que son cabinet était au courant. Finalement, le premier ministre n'était pas au courant, mais son cabinet et le Bureau du Conseil privé étaient au courant. Le premier ministre nous a ensuite précisé que son cabinet et lui n'étaient pas au courant de la nature sexuelle des allégations. Cela a encore une fois été démenti par la suite.
Malheureusement, pour l'instant, il s'agit d'une histoire de cafouillage, puisque la version du gouvernement change en même temps que les choses évoluent. On en apprend davantage au fur et à mesure. Même s'il s'avère que d'autres personnes étaient au courant, la situation n'est toujours pas réglée.
Je vais faire un résumé de la situation. Le ministre de la Défense nationale était au courant, puisque l'ombudsman lui a fait part de la situation. Toutefois, le ministre a refusé d'étudier les documents, de prendre des mesures concrètes et de mener une enquête. Le chef de cabinet du ministre de la Défense était au courant. Le greffier du Conseil privé était au courant. Elder Marques, un conseiller du premier ministre, était au courant. La cheffe de cabinet du premier ministre était au courant. C'est ce que nous avons appris à la suite du témoignage d'Elder Marques, puisque c'est elle qui l'aurait mis au courant. Tous ces gens étaient au courant, mais le premier ministre ne l'était pas.
Quand les libéraux présentent les choses de cette façon, il devient de plus en plus difficile de les croire, surtout quand ils essaient par toutes sortes de moyens d'empêcher les témoins de témoigner aux comités.
Cette semaine, la réunion que devait tenir le Comité permanent de la défense a été annulée unilatéralement par la présidente du Comité. Avant cela, on a vu la partie gouvernementale faire de l'obstruction dans le but de faire perdre un maximum de temps au Comité pour éviter que la cheffe de cabinet vienne témoigner et dire ce qu'elle savait.
Chaque fois que nous invitons un nouveau témoin, nous apprenons qu'une autre personne était aussi au courant des faits. En fait, nous sommes peut-être rendus à la dernière étape avant d'apprendre que le le savait aussi. Mme Telford n'aurait peut-être pas eu le choix de nous dire que le premier ministre était au courant ou bien de se parjurer. Tout pointe dans cette direction. Il devient de moins en moins crédible de croire que le premier ministre n'était pas au courant alors que tout le monde l'était. En fait, leur affaire commence à manquer de crédibilité.
Pour ce qui est de la crédibilité, il faut d'abord et avant tout revenir au . Quand nous lui avons demandé pourquoi il n'avait pas agi et pris connaissance de l'information qui lui avait été présentée, il a répondu que c'était parce qu'il ne voulait pas faire de l'ingérence politique. Selon lui, cela aurait été de l'ingérence politique de prendre connaissance de la documentation et des éléments de preuve qui lui avaient été présentés. C'est sa version des faits.
Pourtant, lorsque nous avons invité l'actuel ombudsman et son prédécesseur, tous deux ont dit que cela n'aurait absolument pas été de l'ingérence politique de prendre connaissance d'une information qui était portée à son attention. C'est tout à fait le contraire. Nous avons aussi demandé au Service national des enquêtes des Forces canadiennes s'il s'agissait d'ingérence politique lorsqu'on prend connaissance des informations et on nous a répondu non.
Après cela, le ministre a dit que ce n'était pas à lui de mener l'enquête. Remarquons qu'on a encore un peu changé de version. On dit que regarder les documents est de l'ingérence et on dit ensuite que demander une enquête est aussi de l'ingérence. On prétend donc que regarder des documents, c'est faire une enquête. Ce raisonnement est un peu tordu, mais voilà ce que sont les raisonnements libéraux présentement.
On considère maintenant que regarder les documents, c'est faire l'enquête. On ne considère même plus la possibilité de regarder les documents et de demander une enquête. On confond l'ingérence avec toutes sortes de termes et de toute sorte de façons.
Nous avons présenté toutes ces versions libérales tordues aux différents intervenants du Comité, notamment le Service national des enquêtes des Forces canadiennes et, chaque fois, on nous a répondu qu'il ne s'agissait absolument pas d'ingérence lorsqu'on regarde des documents ou qu'on demande une enquête. La seule ingérence qu'il pourrait y avoir serait de vouloir s'ingérer dans une enquête dans le but de nuire à celle-ci.
En ne faisant pas son travail, on peut dire que le ministre a nui à l'enquête et a empêché qu'il y ait un dénouement à la situation pour qu'on puisse faire la lumière sur cette affaire.
Après avoir essayé de blâmer tout le monde sauf eux-mêmes, les libéraux essaient finalement d'utiliser l'ingérence comme prétexte pour ne rien faire et ne pas régler le problème. Le ministre n'a rien fait tout comme il n'avait rien fait avec le rapport de la juge Deschamps. Ce rapport avait été déposé sur son bureau en 2015, il y a six ans, et les recommandations de ce rapport n'ont toujours pas été mises en place.
Ce qui est frustrant, c'est que, la semaine passée, le gouvernement a cherché à faire un gros show de boucane pour faire oublier tout cela à tout le monde en annonçant qu'il allait nommer la juge Arbour pour faire à peu près le même travail que la juge Deschamps avait fait il y a six ans. Grosso modo, on recommence à zéro et on balaie tout cela sous le tapis. C'est frustrant parce qu'il y aurait moyen d'appliquer dès maintenant les recommandations du rapport Deschamps. À la place, on pellette encore en avant et on essaie de faire croire qu'on fait des choses alors que, finalement, rien ne se fait. Au bout du compte, le ministre refuse d'admettre qu'il est responsable de la situation.
Cela sent vraiment la panique. Le gouvernement prétend faire une révolution en faisant la même chose qu'il avait faite il y a six ans. Au bout du compte, il n'y a absolument rien qui a été appliqué. En fait, après avoir fait semblant qu'ils n'étaient pas au courant, les libéraux du gouvernement, tout comme le ministre, tentent de blâmer tout le monde sauf eux-mêmes. Maintenant qu'ils sont acculés au mur, ils blâment le système et sont incapables de prendre la responsabilité de leur inaction. C'est profondément décevant.
Je suis persuadé que lorsque les membres des Forces armées canadiennes, tout comme les citoyens et les citoyennes, constatent cette inaction, voire cette tolérance du gouvernement envers les gens qui posent de tels gestes, à la suite des blâmes...
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Madame la Présidente, nous sommes ici aujourd'hui en raison de ce qui est probablement la situation la plus déplorable depuis l'arrivée au pouvoir de ce gouvernement. Si elle n'est pas la plus déplorable, elle fait partie des plus déplorables.
D'abord, il est triste de penser que des hommes et des femmes, qui font partie de nos forces armées et qui sont là pour nous protéger, sont victimes de harcèlement sexuel ou de toutes sortes d'attitudes qui sont inacceptables dans une société qui se respecte. Il est triste de penser que ces jeunes femmes et ces jeunes hommes sont des victimes.
Non seulement cela est triste, mais il est également inacceptable que ces officiers censés diriger les forces armées se livrent à de tels comportements. Ce n'est pas acceptable, et ce qu'ils font vivre à ces gens est horrible. Nous n'avons pas le droit de tolérer cela.
Finalement, après avoir été triste et inacceptable, la situation est honteuse. Elle l'est, parce qu'on a ici un gouvernement qui ne voit rien, qui ne veut rien voir et qui ne fait rien.
On a le rapport de la juge Deschamps depuis 2015. Cela fait six ans qu'on sait qu'il y a des choses à faire. Or, on ne les a pas faites. On a pris le beau rapport, on l'a mis sur une tablette, et on l'a oublié. La responsabilité ministérielle a un drôle de sens au sein de ce gouvernement.
Je siège à un comité où la Chambre des communes, le 25 mars, a ordonné à des individus de comparaître pour témoigner de choses qu'ils savent, et des ministres de ce gouvernement donnent ordre à leurs employés de ne pas obéir aux ordres de la Chambre, de ne pas se présenter pour témoigner. Des ministres décident que c'est à eux d'y aller et que c'est cela, le principe de la responsabilité ministérielle: devoir répondre à la place des gens qui travaillent pour eux. Or, ce n'est pas cela, la responsabilité ministérielle. On ne peut pas répondre à des questions dont on ne connaît pas les réponses, parce que ce sont les employés qui les connaissent. Cela est manifeste. C'est le gros bon sens. La responsabilité ministérielle, c'est ce dont nous parlons aujourd'hui.
Les conservateurs demandent, et je les comprends, que le congédie sa cheffe de cabinet. Cela ne semble pas avoir de bon sens. Toutefois, si l'on suit la logique du premier ministre, c'est là que cela nous mène.
Le premier ministre dit qu'il n'est au courant de rien. On sait maintenant que le ministre des Finances le savait, que le greffier du Conseil privé le savait, et que sa cheffe de cabinet le savait. En fait, on sait que tout le monde le savait, à part lui.
De plus, le premier ministre n'a pas toujours offert la même version. Si l'on suit celle en vertu de laquelle sa cheffe de cabinet ne lui aurait pas dit ce qui s'était passé, alors qu'on sait à quel point c'est grave, la logique voudrait bien sûr qu'il la congédie. Or, il ne l'a pas fait. Je ne pense pas que le premier ministre soit « nono ». Je lui accorde un minimum d'intelligence et de capacité à gérer les affaires de l'État. Comment se fait-il alors qu'il n'ait pas congédié sa cheffe de cabinet, qui lui aurait caché une affaire aussi importante?
La seule explication que je peux trouver est qu'elle ne le lui a pas caché. Il le savait, mais il n'a pas pris ses responsabilités, comme il le fait tout le temps. Lors du scandale UNIS, il a envoyé son ministre des Finances sous les roues de l'autobus. Là , c'est peut-être le qui devrait aller rejoindre l'ancien ministre des Finances.
La cheffe de cabinet fait son travail. Je ne trouve pas sympathique qu'elle fût au courant de l'affaire et que rien ne se soit passé. Cependant, je pense que ce n'est pas tant sa faute à elle que celle du premier ministre. Ultimement, de qui est-ce vraiment la faute lorsque l'on regarde l'ensemble des faits connus jusqu'à maintenant?
La situation était inacceptable, je ne reviendrai pas là -dessus. Toutefois, il y a l'ombudsman qui a été saisi de cette situation. Ce n'est pas rien: la personne est allée voir l'ombudsman qui, lui, est allé voir le ministre de la Défense nationale. Ce dernier lui a dit qu'il ne voulait pas voir ni entendre cela, que cette affaire l'achalait, qu'il ne savait pas trop quoi en faire. Nous avons ici l'antithèse de la responsabilité ministérielle.
La personne responsable de ce qui se passe dans l'organisme qu'il chapeaute, c'est le ministre. C'était le travail du ministre de s'interroger sur le fait que le chef d'état-major faisait l'objet d'accusations de comportements inadéquats. Il aurait donc fallu qu'il suspende le chef d'état-major, avec solde s'il le fallait, et qu'il mène enquête, aille au fond des choses et prenne les mesures qui auraient dû être prises.
Se cacher en disant qu'on ne veut rien savoir, qu'on n'est pas la bonne personne à qui en parler et qu'il faudrait plutôt aller voir quelqu'un d'autre — on ne sait trop qui, où, quand ni comment — est surprenant. Il se passe quelque chose de grave au sein du ministère de la Défense et dans les Forces armées canadiennes. Le ministre devrait faire son travail au lieu de faire la sourde oreille et de jouer à cache-cache.
Le joue à cache-cache lui aussi. C'est à qui se cachera derrière l'autre. Les versions changent de semaine en semaine. Encore une fois, je comprends la motion des conservateurs. Il est un peu exaspérant de se faire dire des choses comme cela. On croirait des enfants: ce n'est pas moi, c'est l'autre, je ne le savais pas, elle ne me l'avait pas dit. Si elle ne l'a pas dit, il faut la congédier.
C'est le premier ministre et son ministre de la Défense nationale que je veux entendre sur ce qui s'est vraiment passé. J'aimerais qu'ils essaient de concilier les différentes versions qu'ils nous ont données jusqu'à maintenant. Comme peuvent-ils ne pas l'avoir su pour ensuite l'avoir su juste un peu, mais pas tout à fait, ni qui, comment, où et combien? Comment cela se peut-il? Comment peut-on changer d'idée comme on change de chemise?
J'aimerais entendre le premier ministre. J'aimerais savoir comment il se fait qu'il n'ait pas congédié sa cheffe de cabinet si elle lui a vraiment caché une situation comme celle-là . C'est prendre les députés et la population pour des valises, car c'est grave, ce qui se passe dans les Forces armées canadiennes. Il faut réagir et, encore une fois, je comprends la motion des conservateurs.
Malheureusement, le Bloc québécois risque de voter contre cette motion. Ce n'est pas parce que la situation est inintéressante: elle est grave. Il s'agit d'un des plus gros scandales de ce gouvernement qui est au pouvoir depuis six ans. Il y en a d'autres et on pourrait en parler longtemps. Cependant, la personne qui doit rendre des comptes en vertu du principe de la responsabilité ministérielle, c'est le ministre de la Défense nationale. C'est lui qui est à la tête de ce ministère, c'est lui qui gère ses composantes, dont les Forces armées canadiennes, c'est lui qui doit rendre des comptes. Le premier ministre doit lui aussi rendre des comptes. Son ministre et lui doivent cesser de se cacher comme des enfants l'un derrière l'autre et derrière leurs employés.
Selon une des versions que j'ai, le ministre de la Défense nationale est allé jusqu'à dire que les allégations contre le général Vance n'avaient pas vraiment d'importance. Si de telles allégations n'ont pas d'importance pour le ministre de la Défense, je ne sais pas ce qui est important pour lui. Encore une fois, la chose qu'il devait faire quand il a su, quand l'ombudsman est venu le voir, c'était de se lever et de se tenir debout comme un ministre responsable et de dire à l'ombudsman de lui laisser le dossier dans les mains, qu'il s'en occuperait et que cela ne se passerait pas comme cela tant qu'il serait ministre de la Défense nationale. Voilà ce qu'il aurait dû dire. Cependant, ce n'est pas ce qu'il a dit, préférant plutôt ne pas écouter l'ombudsman. Aujourd'hui, il en paie le prix, puisque tout le gouvernement est aux prises avec un scandale déplorable parce que personne n'a voulu prendre ses responsabilités.
Pour toutes ces raisons, j'annonce que nous allons voter contre cette motion même si, encore une fois, la situation est tout ce qu'il y a de plus déplorable et mérite d'être sanctionnée. J'aimerais que le premier ministre et le ministre de la Défense acceptent de venir témoigner et que nous ayons un compte rendu détaillé, exact, clair et cohérent de ce qui s'est passé. Nous ne voulons plus de cachotteries, plus de faux-fuyants, plus d'histoires dignes d'enfants dans une cour d'école, comme ces « je ne l'ai pas vu », « je l'ai vu à peu près », « je ne le savais pas », « l'ombudsman me l'a dit, mais il ne m'a pas tout dit », « il ne m'a pas dit que c'était vraiment grave », « il m'a dit qu'on ne savait pas trop ». Je veux un ministre et un premier ministre responsable.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
J’ai passé les derniers mois, en tant que membre du Comité permanent de la condition féminine, à entendre les témoignages percutants de nombreuses survivantes sur ce qu’elles ont vécu au sein des Forces armées canadiennes. Malheureusement, j’ai aussi entendu des personnes en position de pouvoir affirmer que les systèmes qui ont laissé tomber tant de femmes sont en place et qu’ils fonctionnent. Nous avons entendu ces deux choses de façon contradictoire.
Au début de l’année, après avoir entendu de courageuses militaires raconter publiquement leur histoire, je me suis sentie obligée de présenter une motion au comité de la condition féminine pour lancer une étude sur l’inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes. Je savais que le comité de la défense étudiait en détail ce qui s’est passé concernant le refus du de donner suite aux allégations contre le général Vance et ce qui a mal tourné dans le processus. Avec ma motion, le comité de la condition féminine se concentrerait sur les femmes. Nous les écouterions et nous nous efforcerions de réunir les éléments dont elles ont besoin pour pouvoir vraiment servir leur pays sur un pied d’égalité avec les hommes.
Nous avons entendu des témoignages bouleversants. Nous avons pris connaissance de détails déchirants. Nous avons entendu des témoins se contredire ouvertement et des dirigeants nier l'existence d'un problème. Cependant, certains étaient prêts à œuvrer pour le changement. Il y a tant de gens qui m'ont écrit parce qu'ils souhaitent désespérément que je contribue à ce changement, et je désire désespérément exaucer leur souhait. Toutefois, est-ce que la motion présentée aujourd'hui leur donnera ce qu'ils méritent et ce dont ils ont besoin? Non, je ne le crois pas. Qu'on ne se méprenne pas: je crois sincèrement qu'il faut discuter ouvertement de l'inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes. Il nous incombe, tant à la Chambre qu'aux comités, de chercher à établir une nouvelle culture pour les militaires. C'est pourquoi j'ai présenté une motion à ce sujet au comité de la condition féminine.
L'inconduite sexuelle dans les Forces canadiennes constitue essentiellement un problème d'égalité. Tant que la culture d'inconduite sexuelle est tolérée et subsiste, les hommes et les femmes ne pourront pas servir sur un pied d'égalité. Mes collègues néo-démocrates et moi ne pouvons pas appuyer la motion conservatrice parce qu'elle absoudrait le et le pour ne pas avoir agi en 2018 et avoir attendu jusqu'à maintenant pour le faire, et qu'elle rejetterait tout le blâme sur une seule femme.
Le comité de la défense a besoin d'entendre la cheffe de cabinet du . Le fait d'entendre un dernier témoin ne retardera pas indûment le travail du comité, surtout si le résultat est que le ou le premier ministre prendra enfin ses responsabilités. Faire porter le chapeau à une seule femme n'est pas correct. Le système démocratique canadien permet d'élire des responsables politiques qui doivent assumer des responsabilités. Je ne peux pas exprimer à quel point je suis déçue de voir qu'une situation signalée par une femme courageuse qui essayait de se faire entendre et de demander justice s'est transformée en une compétition entre les libéraux et les conservateurs pour déterminer qui sont les pires lorsqu'il s'agit de suivre un processus d'enquête — un processus qui est manifestement inefficace. Lorsque les libéraux et les conservateurs débattent pour savoir qui a laissé tomber les survivants en premier ou qui les a laissé tomber le plus, ils ne servent pas les intérêts des survivants.
Je suis très fière de siéger au Parlement et de travailler aux côtés du député d' dans ce dossier. Le député siège au comité de la défense et je veux citer des propos qu'il a tenus lors de la réunion de vendredi dernier parce que je ne pourrais pas mieux dire:
Nous avons laissé tomber les survivants d'agressions sexuelles dans l'armée canadienne. Nous les avons tous laissés tomber en ne mettant pas en place des politiques non seulement pour les soutenir — car il faut s'attaquer à la cause profonde du problème —, mais aussi pour changer la culture et empêcher qu'il y ait un nombre aussi anormalement élevé de victimes d'agressions sexuelles dans l'armée canadienne.
En ce qui concerne la question de l'inconduite sexuelle, la confiance dans le leadership des Forces canadiennes et du gouvernement est rompue. À moins qu'elle ne soit rétablie, les femmes des forces armées ne pourront pas croire qu'un véritable changement se produira. Les dirigeants politiques doivent montrer qu'ils comprennent la gravité de l'inconduite sexuelle et qu'ils prendront des mesures pour y remédier. Malheureusement, jusqu'à maintenant, nous attendons encore de voir ce leadership et ces mesures.
En fait, aucune mesure n’a été prise contre le général Vance quand il a été visé par plusieurs allégations d’inconduite sexuelle. Au lieu de cela, les conservateurs l’ont nommé chef d'état-major de la Défense et les libéraux ont prolongé son mandat à ce poste et fait à son égard une évaluation de rendement positive qui lui a valu une augmentation de salaire. Les conservateurs lui ont confié la direction de l’opération Honour, qui devait venir à bout de l’inconduite sexuelle. Les libéraux l’ont laissé encore trois années à la tête du programme après avoir été informés des allégations d’inconduite sexuelle.
Le n’a pris aucune responsabilité après que l’ombudsman militaire lui a présenté des preuves de l’inconduite sexuelle du général Vance. En fait, il a refusé d’en prendre connaissance et a renvoyé le dossier au Cabinet du premier ministre, mais il n’y a pas eu d’enquête et le général Vance est resté à son poste. On a beau nous dire que les procédures ont été suivies, les faits sont là .
Le gouvernement n’a pas suivi les principales recommandations du rapport de 2015 de la juge Deschamps, il n’a pas tenu compte du rapport du vérificateur général de 2018 et il n’a pas donné suite au rapport du Comité permanent de la condition féminine de 2019 sur le même sujet. La question est maintenant de savoir s’il écoutera les recommandations d’un deuxième examen sur l’inconduite sexuelle et s’il y donnera suite.
Le gouvernement a enchaîné groupes d’étude, groupes de travail et comités, et il y ajoute maintenant un examen. Il cherche à faire diversion. J’ai le plus grand respect pour la juge Louise Arbour et n’ai aucun doute sur l’utilité de sa contribution, mais on pourrait déjà suivre les recommandations formulées par la juge Deschamps. On accorde enfin au problème de l’inconduite sexuelle l’attention qu’il mérite. J’ai écouté des femmes anciennes membres ou membres actuelles des Forces armées canadiennes, et elles espèrent que des mesures seront prises maintenant. Je suis étonnée qu’après ce qu’elles ont vécu et vivent actuellement, elles continuent de garder autant d’espoir. Elles disent clairement que nous n’avons pas besoin d’autres rapports, d’autres groupes d’étude ou d’autres vaines excuses ou promesses. Tout ce que peut faire le gouvernement maintenant, c’est agir. Le gouvernement n’a jamais vu de problème qu’il ne puisse régler avec un rapport. Il croit qu’avec une ou deux études, le problème est réglé.
Nous savons tous, et j’espère que les députés ministériels le savent aussi, que des mesures s’imposent pour régler ce problème. Je tiens à dire aux députés conservateurs que le renvoi de Mme Telford ne réglera pas ce problème non plus. Seuls la volonté, le leadership et le courage politiques d’agir entraîneront le changement dont nos militaires, hommes et femmes, des Forces canadiennes ont besoin et qu’ils méritent.
Au cœur de ce scandale et de ce problème, il y a le pouvoir. Aung San Suu Kyi a dit que ce n’est pas le pouvoir, mais la peur qui corrompt, que la peur de perdre le pouvoir corrompt ceux qui l’exercent et la peur du fléau du pouvoir corrompt ceux qui y sont assujettis. Nous avons un gouvernement prêt à tout pour rester au pouvoir, qui se cachera derrière les autres et derrière des processus, qui trouvera tous les prétextes pour ne pas prendre ses responsabilités parce que cela pourrait limiter son pouvoir ou qu’il risquerait de le perdre. Nous avons un leadership au sommet de la structure de commandement des Forces armées canadiennes qui se croyait intouchable, et je ne parle pas seulement du général Vance, mais de toute la culture et des générations qui ont vu s’étendre son emprise et ce fléau du pouvoir.
Il semble impossible de changer cette culture à présent, car tellement de personnes y ont été assujetties. Ce pouvoir a infecté toutes les relations et tous les milieux de travail. L’inconduite sexuelle est une question de pouvoir, de peur et de représailles, mais il est évident pour moi que plus nous nous accrochons au pouvoir dans le seul but de demeurer au pouvoir, plus nous perdons. La seule solution pour nous est de redistribuer ce pouvoir. Le chemin de l’égalité dans les Forces armées canadiennes, pour que les femmes puissent servir leur pays sur un pied d’égalité, passe par un partage du pouvoir entre tous. Un changement de culture doit s’opérer dans deux institutions: les Forces armées canadiennes et le Parlement canadien. Quand le parti conservateur présentera une motion en ce sens, je l’appuierai.
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Madame la Présidente, cela ne me fait pas plaisir de participer à ce débat aujourd’hui, je suis vraiment déçue que les libéraux n’aient simplement pas fait ce qu’il fallait, soit de maintenir le Comité pour qu’il accomplisse le travail qui doit y être fait. Le Comité de la défense nationale devait accueillir Katie Telford. Au lieu de cela, nous sommes à la Chambre en train de tenir ce débat. Pourquoi? Je suppose que c’est une question à laquelle seule la présidente du Comité de la défense nationale peut répondre.
Je sais que certains de mes concitoyens se demandent peut-être pourquoi le Comité de la défense doit entendre la cheffe de cabinet du , Katie Telford. Voici pourquoi. Nous devons savoir qui est responsable de l’échec de l’enquête sur l’allégation portée en 2018 contre le général Vance, puisque cet échec a permis qu’il reste en poste pendant trois années de plus. Un autre facteur est le fait que le premier ministre lui-même a fortement suggéré que sa cheffe de cabinet connaît la réponse à cette question même. Par conséquent, cela devrait se passer en comité, en lui laissant la liberté de faire son travail.
Au lieu de cela, la Chambre est saisie aujourd’hui d’une motion conservatrice qui demande au gouvernement du Canada de renvoyer une femme qui détient peut-être des renseignements très importants, mais qui ne détient pas le pouvoir. Où est ce pouvoir? Entre les mains du et du .
Au cours des dernières semaines, la Chambre a été le théâtre d’un débat qui se résume trop souvent à une joute fascinante entre les libéraux et les conservateurs pour savoir qui a fait le pire et qui est le plus à blâmer. C’est une discussion qui ne devrait tout simplement pas avoir lieu. La discussion devrait porter sur la question suivante: de quoi les femmes qui servent dans l’armée canadienne ont-elles besoin maintenant pour être en sécurité et dans quel délai pouvons-nous leur fournir ce dont elles ont besoin? L’enjeu qui nous occupe est l’inconduite sexuelle dans les Forces canadiennes, qui se produit trop souvent et à laquelle l’état-major n’a pas réussi à mettre fin. Les femmes qui servent dans les Forces armées canadiennes n’ont pas été en sécurité et continuent de ne pas l’être.
Ces femmes courageuses ont répondu à l’appel des Forces armées canadiennes parce qu’elles croient au service pour notre pays, elles sont prêtes à risquer leur vie et leur intégrité physique pour nous, elles veulent protéger ce pays, notre pays. Elles mettent littéralement leur vie entre nos mains, de parlementaires. Si la décision est prise ici, elles doivent y aller. Si le prend une décision, elles doivent s’y tenir.
Ces femmes courageuses, dont la vie est déjà en danger en raison de leur service, espèrent entendre ici un débat sérieux sur les mesures que le Parlement prendra pour mettre fin à la violence sexuelle qu’elles subissent dans leurs rangs. La solution qu’on propose aujourd’hui est de renvoyer une femme qui travaille pour le . S’il vous plaît, dites-moi que nous pouvons faire mieux. Ce sont ces femmes qui nous demandent de changer les choses, de ne pas argumenter sans arrêt, mais d’agir, de ne plus faire de promesses, de cesser de nous engager à mener des études, mais de faire quelque chose.
En tant que femme ayant subi de la violence sexuelle, croyez-moi, je ne voulais pas d’un autre rapport. Je voulais savoir que quelqu’un se lèverait pour y mettre fin, se tiendrait solidaire à mes côtés pour que je ne sois pas seule à faire face à ces horribles défis. Les femmes qui nous servent dans l’armée canadienne ont dû faire face à la violence et à l’inconduite sexuelle, puis on leur a demandé de se retrouver dans des situations, que ce soit dans une zone de guerre ou au cœur d’une catastrophe naturelle, où elles ont besoin de l’appui de leur équipe. À chaque pas qu’elles font, elles doivent compter sur leur équipe et cela demande de la confiance.
Trop souvent, la réalité que vivent trop de femmes militaires est qu’elles ont dû faire confiance à la personne même qui les a agressées. La confiance est un luxe qu’elles n’avaient pas.
Des générations et des générations de femmes dans l’armée ont fait leur travail, même quand que leur confiance fondamentale et leurs droits de la personne étaient bafoués, et la Chambre se demande si c’est le actuel ou le précédent qui a posé le plus de problèmes, ou était-ce l’actuel ou le précédent? À ce stade, cela m’est égal. Ce qui m’importe, ce sont les mesures que les femmes dans l’armée nous demandent de prendre.
Le débat d’aujourd’hui devrait porter sur l’égalité. Tant que le gouvernement canadien ne reconnaît pas qu'une culture qui tolère l’inconduite sexuelle reste en place et signifie qu’une femme ne peut pas servir sur un pied d’égalité avec les hommes, nous devrions tous arrêter ce que nous faisons et nous attacher à rendre le système sûr. Le licenciement de la cheffe de cabinet du ne résoudra pas ce problème.
Tous les parlementaires devraient réfléchir sérieusement au fait que le gouvernement conservateur a nommé le général Vance à la fonction qu’il occupait et lui a confié la direction de l’opération Honour, puis les libéraux l’ont promu. Ils ont tous ignoré les rumeurs qu’ils entendaient. Ces rumeurs courent toujours.
Quelque chose de profondément mauvais se passe. Arrêtez de demander aux femmes militaires de blâmer un groupe plutôt qu'un autre. En fait, pouvons-nous tous ici cesser de parler de blâme? Il est temps que nous nous mobilisions et que nous parlions d’action, d’une action concrète qui fait savoir aux femmes servant dans les forces armées que nous, les parlementaires, sommes solidaires d’elles.
Il ne s’agit pas d’un autre rapport. Il faut agir. Il faut mettre en œuvre les recommandations présentées et écouter la voix des femmes militaires qui ont subi l’inconduite sexuelle et la subissent encore. Elles peuvent nous guider. Je crois que les femmes extraordinaires qui servent dans les Forces armées canadiennes ont besoin d’entendre que nous tous, à la Chambre, reconnaissons la réalité qu’elles vivent.
Si j’étais le ou le , je dirais ceci: au nom de générations de parlementaires, je présente nos excuses à toutes les femmes qui ont servi dans les Forces canadiennes aujourd’hui et par le passé et qui ont été victimes de violence sexuelle. Nous sommes désolés de n’avoir pas pris au sérieux ce que vous viviez, d’être restés là à entendre les rumeurs de violence sexuelle et de les avoir ignorées parce que nous avions trop peur d’agir. Nous sommes désolés qu’alors que nous vous demandons tant, vous deviez encore travailler dans un endroit où vous n’êtes pas en sécurité à cause de notre silence. Nous sommes désolés et je m’engage à faire quelque chose à ce sujet.
J’aimerais parler de mesures réactives, car nous le devons aux femmes des Forces armées canadiennes. De nombreuses personnes ont souligné aujourd’hui quand les gouvernements conservateur et libéral avaient pris des décisions. C’est un bilan absolument dévastateur et il montre combien de fois ces femmes qui portent l’uniforme ont été trahies.
Nous sommes mis devant les faits. Le 26 avril, le ministère de la Défense nationale a déposé au Parlement un rapport contenant des statistiques sur l’opération Honour. Il y a eu 581 signalements d’agression sexuelle au cours des cinq dernières années. Il y a eu 221 incidents de harcèlement sexuel enregistrés au cours de la même période. Ce sont ceux qui ont été signalés. Nous ne savons pas combien sont passés sous silence.
Tout ce que je sais au fond de moi, c’est que lorsque nous voyons quelque chose, nous devons agir. Voilà ce qu’est l’action pour moi. Cessez de vous cacher en disant: « Il n’était pas évident qu’il s’agissait d’inconduite sexuelle. » Toute personne en position de pouvoir qui est incertaine doit se renseigner et supposer le pire. Soyez soulagés si ce n’est pas le pire, mais arrêtez de vous cacher derrière le silence de l’ignorance, car cela détruit littéralement les gens.
Comprenez que nos systèmes au Canada, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des forces armées, sont conçus pour soutenir les personnes en position de pouvoir et non celles qui sont vulnérables. Nous sommes programmés pour éviter les choses qui nous mettent mal à l’aise. Si quelqu’un est en position de pouvoir et n’est pas mal à l’aise, je lui garantis qu’il s’y prend mal.
Changez les systèmes militaires internes. Si nous voulons éradiquer la violence sexuelle, le gouvernement doit mettre en place des systèmes qui garantissent que le pouvoir est entre les mains des victimes. Mettez en place des soutiens et faites-le maintenant. Trop d’anciennes combattantes m’ont raconté des histoires qui me tiennent éveillée la nuit. Elles signalent des cas de violence sexuelle et doivent ensuite retravailler avec cette personne. C’est inacceptable, mais cela se produit pourtant.
Les femmes dans les forces armées ont des droits fondamentaux. Elles devraient pouvoir compter sur le fait que les dirigeants comprennent l’inconduite sexuelle et prendront des mesures contre elle. Nous le leur devons, car elles travaillent très fort pour nous.
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Monsieur le Président, je compte partager mon temps de parole avec le leader parlementaire du Parti conservateur.
J’aimerais aujourd’hui aborder trois sujets. Premièrement, celui de la responsabilité, dont vient de parler la députée qui m’a précédé. Deuxièmement, celui des mesures que nous devons prendre pour comprendre les lacunes du système et l'améliorer, et troisièmement, celui du leadership et du manque flagrant de leadership face à cette situation.
S’agissant de la responsabilité, je parlerai de celle du et de celle du .
Le gouvernement a fait de longs discours sur la responsabilité ministérielle. Je suis d’accord. Être responsable signifie, entre autres, assumer la responsabilité d’un ministère, d’un bureau ou d'un personnel.
S’agissant du , il est responsable de l’intégralité du ministère et est notamment le superviseur direct du chef d’état-major de la Défense et de l’ombudsman. Il a parlé en long et en large de la nécessité de ne pas intervenir politiquement et de respecter l’indépendance des enquêtes. Je suis tout à fait d’accord. J’ai personnellement dénoncé vivement les interventions politiques de l’actuel dans des poursuites judiciaires qui devaient rester indépendantes, je veux parler de l’affaire SNC-Lavalin, et j’estime que c’était une grave faute qu’il n’aurait jamais dû commettre.
Pour autant, dans l’affaire dont nous discutons aujourd’hui, le ministre a oublié que, en tant que superviseur direct du chef d’état-major de la Défense et de l’ombudsman, cela dépasse l’horizon politique. De plus, il y a une différence fondamentale entre le fait de s’assurer que l’enquête a bien lieu et le fait d’intervenir dans ladite enquête, ou même de mener l’enquête soi-même.
La secrétaire parlementaire a dit tout à l’heure, à l’instar d’autres députés libéraux, que le gouvernement libéral avait apparemment suivi le même processus que l’ancien gouvernement conservateur. C’est absolument faux.
Sous l’ancien gouvernement conservateur, le Service national des enquêtes des Forces canadiennes et le conseiller à la sécurité nationale étaient tous les deux intervenus et des enquêtes avaient eu lieu en réponse à des rumeurs. Ce n’est pas du tout ce qui s’est produit avec le gouvernement libéral, qui s’est contenté de refiler le brûlot au Bureau du Conseil privé et au greffier du Conseil privé. Il n’y a rien eu d’autre, à part le fait qu’une plainte a été déposée devant l’ombudsman. La seule chose qui s’est produite, c’est que le chef d’état-major de la Défense a vu son mandat prolongé et son salaire augmenté, ce qui a fait de lui le chef d'état-major de la Défense ayant occupé ses fonctions le plus longtemps.
Pour résumer, le a admis le 12 mars en comité qu’il était responsable du fait que ces allégations n’avaient pas fait l’objet d’une enquête; le ministre est donc responsable. Mais ce que nous dénonçons aujourd’hui, dans le cadre de cette motion, c’est le manque de responsabilité du Cabinet du premier ministre.
J’ai eu l’honneur et le privilège de commander des centaines d’excellents militaires. J’ai été chef d’état-major en Afghanistan et en Irak et j’ai occupé d’autres fonctions importantes. Je rappelais constamment à mon personnel de me tenir informé pour que je puisse faire correctement mon travail. Je me souviens que je leur disais: « Pour pouvoir empêcher les choses de s’envenimer, je dois être informé. Si je ne le suis pas, je ne peux rien faire. » Quand j’étais chef d’état-major, mon premier devoir était d’informer mon supérieur, le commandant, et c’est précisément ce dont il est question aujourd’hui.
En fait, nous savons tous que, dans cette affaire, le bureau du , le Bureau du Conseil privé, le Cabinet du premier ministre et la cheffe de cabinet du premier ministre étaient tous au courant des allégations d’inconduite sexuelle, mais on voudrait nous faire croire que le , lui, ne l’était pas. À partir de là , il n’y a que deux conclusions possibles: soit le premier ministre n’était pas au courant de ces allégations, soit sa cheffe de cabinet a omis de l’informer. Dans un cas comme dans l’autre, cela témoigne de l’incompétence du Cabinet du premier ministre, et, en attendant, les victimes d’inconduite sexuelle au sein des Forces armées canadiennes pâtissent de ces manques de leadership.
J’aimerais maintenant dire quelques mots sur ce qui va se passer maintenant, et pourquoi cette incapacité à obliger les responsables à rendre des comptes a un impact si important sur les membres des Forces armées canadiennes.
Je suis en contact avec un grand nombre d’anciens collègues au sein des forces armées. Ce qu’ils veulent avant tout, c’est que les responsables politiques et militaires soient tenus de rendre des comptes. Ils craignent que, si nous ne réglons pas les problèmes et que nous n’en cernons pas les causes, nous soyons incapables d’aller de l’avant. Nous aurons beau instaurer un processus, si la haute direction — les dirigeants politiques surtout — refuse d’agir, je ne vois pas comment les choses pourront changer.
On en a déjà parlé. Les Forces armées canadiennes ont eu le rapport Deschamps. J’en faisais encore partie quand il a été présenté. Franchement, j’avais été horrifié par la longueur et le niveau de détail de ce rapport. L’une de mes premières réactions, à l’époque, avait été d’en parler à mes collègues féminines pour leur demander si c’était vrai, s’il y avait autant de cas d’inconduite sexuelle dans les forces armées.
Très franchement, j'avais été choqué et déçu de voir qu’on tolérait encore ce genre de choses parmi les hauts gradés des Forces armées canadiennes. Je ne peux que parler des postes que j’ai occupés, et je peux vous assurer que j’ai fait tout ce que je pouvais, mais en même temps, je reconnais que j’aurais dû faire plus pour créer un environnement dans lequel les gens n’auraient pas eu peur de dénoncer tout type d'inconduite.
En fin de compte, notre débat se résume à ceci: si des allégations contre quelqu’un comme le chef d’état-major de la Défense ne font pas l’objet d’une enquête en bonne et due forme, nous ne pourrons pas aller de l’avant. Il ne s’agit pas de prononcer un verdict de culpabilité ou d’innocence, mais plutôt de faire une enquête en bonne et due forme. C’est cette opération de camouflage qui est à l’origine de tous les problèmes.
Je suis d’accord avec la députée qui m’a précédé pour dire que ce sont le et le qui sont les responsables ultimes. Toutefois, en l'occurrence, si nous devons croire le premier ministre lorsqu’il nous dit qu’il n’était pas au courant, il doit maintenant faire preuve de leadership, prendre les décisions difficiles et écarter ceux qui l’empêchent de s’acquitter de ses responsabilités de premier ministre.
C’est une question de confiance et de responsabilité. Les membres des Forces armées canadiennes, notamment les victimes d’inconduite et de harcèlement sexuels, doivent pouvoir avoir confiance dans leurs dirigeants politiques et militaires lorsque ces derniers affirment que cela ne se reproduira plus.
Je suis d’accord avec la députée de pour dire qu’il faut prendre d’autres mesures. D’abord, les dirigeants, en l’occurrence le , doivent faire preuve de leadership et déterminer les causes de ce cafouillage au sujet du chef d’état-major de la Défense.
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Monsieur le Président, c'est avec beaucoup d'émotion que je participe au débat, puisqu'il y est question des Forces armées canadiennes.
Si nous avons le privilège de vivre dans un pays libre et démocratique, c'est parce que des hommes et des femmes assurent sa sécurité en servant dans les forces armées et parce que des femmes et des hommes se sont battus dans des guerres horribles afin que nous puissions vivre dans un pays libre. Mon père, qui aura bientôt 98 ans, et des millions d'autres personnes ont servi durant la Seconde Guerre mondiale; ils ont libéré l'humanité entière.
Dans l'armée canadienne et dans toutes les armées, il faut que la confiance soit instituée et réelle. Si, par malheur, la confiance est brisée, nos hommes et nos femmes ne peuvent plus servir avec autant de passion et d'engagement, puisqu'ils se demandent pour qui ils travaillent et pour qui ils servent. C'est particulièrement le cas des femmes qui travaillent dans ce milieu et qui sont victimes de harcèlement. Pour elles, la blessure est encore plus profonde.
Nous sommes réunis ici aujourd'hui pour parler de la confiance que les Canadiens doivent avoir en leur armée et de la confiance que les militaires doivent avoir envers leurs chefs. Si nous sommes rassemblés, c'est parce qu'on a constaté des failles importantes dans les plus hauts échelons du Canada, qu'il s'agisse de l'armée ou du gouvernement. Nous cherchons à savoir qui savait quoi et depuis quand.
Nous faisons malheureusement référence au scandale entourant le général Vance. Ce dernier est actuellement la cible d'allégations de harcèlement sexuel envers des femmes militaires. D'un côté, l'ancien chef de l'état-major de l'armée canadienne aurait donc failli à ses fonctions. De l'autre, le chef du gouvernement a dit une chose, mais cela a été contredit par sa cheffe de cabinet. Pour que la confiance règne, il faut faire la lumière sur la situation.
Que s'est-il donc passé? Il y a trois ans, soit le 1er mars 2018, l'ombudsman de l'armée canadienne a informé le que le chef de l'état-major canadien, le général Vance, faisait l'objet d'allégations — le mot est important. Il ne s'agit pas de rumeurs ou de ouï-dire, mais bien des allégations de comportements inappropriés et de harcèlement sexuel envers des femmes militaires sous son autorité.
Le lendemain, soit le 2 mars 2018, un courriel du Conseil privé du Canada a été envoyé au bureau du premier ministre pour l'informer des allégations de harcèlement sexuel contre le général Vance.
Trois ans plus tard, l'affaire a éclaté au grand jour après qu'un média a divulgué l'affaire. À la Chambre, les premiers mots du ont été qu'il l'avait appris en écoutant la télévision. Je ne veux pas dire que le premier ministre est un menteur, mais, selon ses dires, il n'était pas au courant. Il s'agit de la première version des faits.
Par la suite, il a dit que les gens de son bureau étaient au courant qu'une enquête était en cours. La deuxième version des faits comprend donc une modification. La semaine dernière, le premier ministre a dit à la Chambre que personne à son cabinet n’était au courant qu'il s'agissait d'une affaire de harcèlement sexuel. Les faits ne concordent pas.
Le premier ministre affirme que personne à son Cabinet n'était au courant. Or un courriel du 2 mars 2018 confirme que sa cheffe de cabinet était au courant des allégations de harcèlement sexuel. C'est l'un ou l'autre: on ne peut pas croire le premier ministre si l’on croit la cheffe de cabinet et l'on ne peut pas croire le courriel au sujet de la cheffe de cabinet si l'on croit le premier ministre.
J'ai beaucoup de respect pour le député de , qui est aussi le chef de notre gouvernement. Je dis « notre gouvernement », puisque nous sommes tous des citoyens canadiens et qu'il est à la tête du gouvernement actuel. Or les faits ne concordent pas, les versions ne concordent pas. Les preuves sont là , mais elles ne concordent pas avec ce qu'il dit. Le gouvernement actuel est au pouvoir depuis six ans. Non seulement le général Vance est demeuré en poste même s'il fait l'objet d'une enquête depuis trois ans, mais on lui a accordé une augmentation de salaire et l’on a renouvelé son mandat. C'est de cette façon que le gouvernement a décidé d'agir en lien avec des cas d'agression sexuelle sur des femmes militaires.
Depuis que c'est sorti, on a également vu un exercice de dissimulation tout à fait imbuvable de la part des libéraux et de certains complices; nous en parlerons plus tard. On a vu au Comité permanent de la défense nationale beaucoup de ce qu'on appelle de l'obstruction systématique, c'est-à -dire qu'on parle pendant une durée excessive afin d'empêcher l'action précise.
Personnellement, j'ai quand même 13 ans de vie politique active comme élu à l'Assemblée nationale et à la Chambre des communes. Je ne me souviens pas, en 13 ans, d'avoir vu une présidente de comité suspendre la tenue d'une réunion 13 minutes avant que ce comité commence à travailler. C'est peut-être déjà arrivé, mais si c'est le cas, je ne m'en souviens pas. Malheureusement, hier, on a vu cela, alors que la députée libérale de , présidente du Comité permanent de la défense nationale, a décidé d'annuler la rencontre du Comité qui était prévue. C'est inacceptable.
Également, la semaine dernière, nous avons vu le gouvernement annoncer avec beaucoup de fierté qu'il allait mettre sur pied une enquête pour savoir ce qui se passe dans l'armée canadienne concernant les cas de harcèlement. Le travail a déjà été fait. Il y a six ans, notre gouvernement avait institué une enquête confiée à une juge de la Cour suprême. C'est d'ailleurs avec beaucoup d'assurance qu'elle avait déposé son rapport en mars 2015, il y a déjà de cela six ans, lequel était dévastateur pour la situation qui se vivait au sein de l'armée canadienne et qui interpellait les gouvernements à l'action. Six ans plus tard, quelles mesures ont été prises par le gouvernement? Aucune, mais, la semaine dernière, il a décidé de refaire le travail que le comité a fait il y a six ans. C'est un aveu d'impuissance. D'ailleurs, cette démonstration a été complètement condamnée par tout le monde. Tous les observateurs ont dit que cette approche du gouvernement n'avait pas de bon sens.
Aujourd'hui, notre motion demande le départ de la cheffe de cabinet du premier ministre. En effet, il est essentiel d'avoir confiance en nos autorités et d'avoir confiance en l'état-major. L'état-major a été particulièrement ébranlé par la situation actuelle. Dans ma circonscription, il y a des milliers de militaires postés à la base militaire de Valcartier qui m'en parlent et qui n'aiment pas voir ce qui se passe, mais qui veulent aller au fond des choses.
D'un côté, le dit que personne n'était au courant, mais de l'autre, on a un courriel qui dit exactement le contraire. Quand on souhaite que la cheffe de cabinet du premier ministre aille témoigner au Comité, on ferme le Comité pour ne pas qu'elle vienne.
Les Canadiens méritent des réponses très claires. C'est pourquoi, la semaine dernière, la a déposé une question de privilège pour savoir si le premier ministre a induit la Chambre en erreur. La présidence est en train d'analyser la situation.
Hier, mon vis-à -vis ministériel, mon ami le député d', a fait une défense vigoureuse pendant plus de 50 minutes. Le temps ne me dérange pas. Néanmoins, les libéraux sont toujours prêts à nous attaquer en disant que nous parlons sans arrêt et que nous faisons perdre du temps de travail. Je ne dis pas qu'on a fait perdre le temps, mais je suis content de voir qu'il a saisi cette occasion pour s'exprimer, c'est correct, c'est à cela que servent les débats.
Nous avons également vu le Bloc québécois, par la voix du député de , dire qu'il était en faveur de cette enquête et qu'il fallait aller au fond des choses. Là s'arrêtent les bons mots que j'ai pour mes estimés collègues du Bloc québécois.
À deux reprises, dans cette affaire-là , ils ont été du mauvais côté de l'histoire. Le 12 avril 2021, au Comité permanent de la défense nationale, le député de a voté avec les libéraux pour mettre un terme à l'enquête parlementaire qui avait lieu au Comité. Que les libéraux ne veuillent pas qu'on fasse enquête, on peut les comprendre. Ce n'est pas digne, ce n'est pas noble, mais on peut les comprendre. Voilà que, le 12 avril 2021, le Bloc québécois a donné la main aux libéraux pour empêcher le comité parlementaire de faire un travail au sujet de cet enjeu très important; c'est désolant.
On comprend aussi que, le 9 février 2021, toujours au Comité permanent de la défense nationale, c'est le député de cette fois-là qui a collaboré avec les libéraux pour réduire le nombre de journées prévues de cinq à trois et s'était opposé à ce que la cheffe de cabinet du ministre de la Défense nationale, Mme Zita Astravas puisse témoigner. Si on veut aller au fond des choses, pourquoi le Bloc québécois a appuyé les libéraux deux fois en comité parlementaire, une fois pour mettre le couvercle sur la marmite et une fois pour réduire le temps d'enquête et empêcher de parler quelqu'un qui aurait peut-être des choses intéressantes à dire? C'est décevant de la part des députés du Bloc québécois. C'est décevant qu'ils aient offert cette collaboration au gouvernement.
Ce n'est pas sans rappeler que le 10 mars 2020, on s'en souviendra, les bloquistes et les libéraux ont voté ensemble, main dans la main, pour empêcher le commissaire à l'éthique de venir témoigner au comité de l'éthique concernant le « Rapport Trudeau II ». Le Bloc québécois, main dans la main avec les libéraux, avait muselé le commissaire à l'éthique pour ne pas qu'il témoigne.
C'est pourquoi nous, les conservateurs, voulons aller au fond des choses et souhaitons que cette motion soit adoptée.
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Monsieur le Président, j'aimerais partager mon temps de parole avec la députée d'.
Chaque membre de l'Équipe de la Défense a droit à un lieu de travail qui le traite avec respect et dignité. Inversement, il est de la responsabilité de chaque membre de l'Équipe de la Défense, peu importe son rang, sa position ou son titre, même le plus haut gradé, de transmettre ce même respect et cette même dignité à ceux qui l'entourent. Nous avons cependant constaté que cette attente n'est pas suffisante.
Sans action rapide et décisive, sans application rigoureuse, sans responsabilisation, le harcèlement et l'inconduite sexuelle au sein de l'Équipe de la Défense ne seront jamais vraiment éliminés. Cela exige une réflexion honnête pour examiner les domaines dans lesquels nos politiques et nos initiatives ont échoué. Il faut apprendre de ceux que nous avons laissés tomber, il faut les écouter et apporter des changements qui tiennent vraiment compte de nos gens, de leurs besoins et de leurs divers antécédents.
La semaine dernière, le ministre de la Défense nationale a annoncé le lancement d'un examen externe indépendant et complet de son ministère et des Forces armées canadiennes. Je suis reconnaissante d'avoir l'occasion de prendre la parole aujourd'hui pour discuter des détails de cet examen, en quoi il consistera, comment il sera mené et ce qu'il signifie pour l'Équipe de la Défense.
Il existe un besoin pressant de responsabilisation et d'examen à tous les niveaux des Forces armées canadiennes et du ministère de la Défense nationale, non seulement d'individu à individu, de grade à grade, mais aussi au niveau organisationnel, en examinant les politiques et les pratiques de l'Équipe de la Défense et en évaluant leur efficacité à éliminer l'inconduite et le harcèlement sexuels.
L'examen qui a été annoncé la semaine dernière va jouer un rôle crucial dans cette analyse. Il vise plusieurs objectifs. Nous voulons savoir pourquoi le harcèlement et l'inconduite sexuelle persistent au sein des Forces armées canadiennes, malgré des efforts considérables et concertés pour les éliminer. Nous voulons savoir quels sont les obstacles qui font qu'il est difficile de signaler un comportement inapproprié. Nous voulons savoir si la réponse est adéquate lorsque des rapports d’inconduite sont faits. Nous voulons que cette information soit utilisée pour formuler des recommandations sur la prévention et l'éradication du harcèlement et de l'inconduite sexuelle dans nos forces armées, une fois pour toutes.
Le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes ont choisi Mme Louise Arbour pour diriger l'examen des politiques et de la culture de l'Équipe de la Défense. L'examen de Mme Arbour s'appuiera sur le rapport publié par l'ancienne juge Marie Deschamps, mais ce n'est pas du tout la même chose. Le rapport de Mme Deschamps a formulé 10 recommandations clés pour aborder et éliminer l'inconduite et le harcèlement sexuels, mais ce n'était pourtant pas suffisant.
Depuis, l'Équipe de la Défense a pris plusieurs mesures importantes pour mettre en œuvre les recommandations de Mme Deschamps. Par contre, l'examen de Mme Arbour s'appuiera sur l'important travail de Mme Deschamps et examinera les problèmes dans une perspective plus large, afin d'aider l'Équipe de la Défense à tracer la voie à suivre.
L'expérience de Mme Arbour en tant qu'ancienne juge de la Cour suprême la place dans une position idéale pour mener à bien cet examen en toute impartialité. Elle travaillera indépendamment de la hiérarchie des Forces armées canadiennes et du ministère de la Défense nationale, et ce, afin de préserver sa neutralité et pour s'assurer que l'important travail que nous demandons à Mme Arbour ne subira aucune influence politique. Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que ce serait inapproprié. Mes honorables collègues ne sont-ils pas d'accord avec moi?
L'examen de Mme Arbour portera sur les politiques, les procédures et les pratiques de l'Équipe de la Défense. Elle tentera de trouver où se trouvent les lacunes dans les efforts que déploie l'Équipe de la Défense pour aborder la question de l'inconduite et du harcèlement sexuels et pour éliminer ce type de comportement. Elle déterminera la manière dont ces efforts doivent être renforcés et améliorés.
Dans le cadre de son examen, elle tiendra compte de tous les examens indépendants pertinents concernant le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes. Cela inclut l'évaluation des progrès de l'Équipe de la Défense dans l'application des recommandations du rapport de la juge Deschamps. Cette évaluation sera coordonnée avec l'honorable Morris J. Fish, qui dirige l'examen en cours de la Loi sur la défense nationale. Les rapports du vérificateur général ainsi que d'autres vérifications internes devront être pris en considération. Elle devra examiner leurs conclusions et leurs recommandations.
En plus de devoir tenir compte de ces examens existants, elle évaluera également les pratiques organisationnelles qui, si elles sont réévaluées efficacement, pourraient aider à prévenir les incidents d'inconduite sexuelle. Il s'agit notamment des systèmes de recrutement, de formation, d'évaluation du rendement, d'affectation et de promotion des Forces armées canadiennes.
Elle évaluera également les politiques, les procédures et les pratiques du système de justice militaire qui traitent du harcèlement et de l'inconduite sexuelle.
Plus important encore, l'examen sera fondé sur les opinions, les comptes rendus et les expériences des membres actuels et anciens de l'Équipe de la Défense. Tous les membres concernés de l'Équipe de la Défense méritent que leur voix soit entendue. Ceux qui souhaitent partager leurs expériences seront invités à apporter leur contribution à l'examen de Mme Arbour. Tous leurs noms resteront anonymes. Mme Arbour mènera son examen sans faire référence à des cas spécifiques de harcèlement ou d'inconduite sexuelle, afin de préserver leur confidentialité.
Son examen sera axé sur les femmes et les membres de la communauté LGBTQ2+, afin que l'Équipe de la Défense comprenne mieux leurs perspectives et leurs expériences. Elle travaillera en coordination avec le Groupe consultatif sur le racisme systémique, la discrimination, les préjugés LGBTQ2, la discrimination sexuelle et la suprématie blanche, afin de réduire tout chevauchement involontaire des efforts menés.
Mme Arbour rassemblera tous ces témoignages pour identifier les signes que la culture de l'Équipe de la Défense favorise le silence et la complicité, comment la peur des représailles agit comme un obstacle au signalement du harcèlement et de l'inconduite sexuelle, ainsi que toute indication que les politiques de l'Équipe de la Défense ont été appliquées de manière incohérente dans l'ensemble de l'organisation, comme dans le cas de l'influence politique lors de la nomination du général Jonathan Vance en 2015. En effet, même en présence de rumeurs à son sujet et d'une enquête active du Service national des enquêtes des Forces canadiennes, le parti d'en face a quand même nommé Jonathan Vance chef d'état-major de la Défense. Tous ces facteurs contribueront à éclairer les recommandations de Mme Arbour au ministre, au sous-ministre et au chef d'état-major de la Défense.
L'imputabilité et la transparence sont les clés du changement de culture et de l'élimination de l'inconduite et du harcèlement sexuels au sein de l'Équipe de la Défense. Ce sont les principes qui guideront l'examen de Mme Arbour. Elle fournira au des rapports d'étape mensuels, ainsi que des évaluations et des recommandations provisoires. Toutes ces évaluations seront rendues publiques, ainsi que les rapports d'examen préliminaire et final de Mme Arbour.
Ses rapports comprendront une évaluation des politiques et des procédures de l'Équipe de la Défense, les causes et les effets des obstacles au signalement des comportements inappropriés, son examen du Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle, y compris son mandat et ses activités, son indépendance par rapport à la chaîne de commandement et sa réponse lorsque des incidents d'inconduite sexuelle sont signalés.
Elle formulera également des recommandations clés sur les points suivants: prévenir et éliminer le harcèlement et l'inconduite sexuelle au sein de l'Équipe de la Défense; comment éliminer les obstacles au signalement; établissement d'un organisme de surveillance externe dédié à la résolution de ce type d'incident.
Une fois que Mme Arbour aura communiqué son examen préliminaire à l'organisation, le ministre, la sous-ministre et le chef d'état-major de la Défense auront 30 jours pour répondre à ses conclusions et recommandations. Leurs réponses et le rapport d'examen final de Mme Arbour seront tous rendus publics.
C'est ainsi que nous créons le changement nécessaire que...
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Monsieur le Président, cet après-midi, je partagerai mon temps de parole avec la députée d’.
Le sujet de notre discussion revêt une importance capitale. Nous parlons bien sûr de la situation découlant d’une épidémie de cas d’inconduite sexuelle dans les Forces canadiennes et de l’incapacité du gouvernement à y remédier.
Nous savons qu’en 2015, le rapport Deschamps a été publié, et après son arrivée au pouvoir en 2015, le gouvernement actuel aurait pu donner suite à toutes les recommandations qu'avait formulées la juge à la retraite Deschamps, de la Cour suprême, en ce qui concerne l’inconduite sexuelle dans les Forces canadiennes.
Nous voici six ans plus tard, et en plein cœur d’une crise politique, le gouvernement libéral propose un nouvel examen mené par une autre juge de la Cour suprême à la retraite sur l’inconduite sexuelle dans les Forces canadiennes.
En 2018, l’ombudsman des FAC a été mis au courant d’allégations d’inconduite sexuelle commises par le chef d’état-major de la Défense de l’époque, le militaire le plus haut gradé des Forces canadiennes, celui qui est au sommet de la chaîne de commandement. L’ombudsman a alors fait part de ces graves allégations au ministre responsable, le .
Quand l’ombudsman a informé le ministre que cette plainte et ces allégations portaient sur des actes de nature sexuelle, qu’il s’agissait d’inconduite sexuelle, le l’a écouté, puis il a balayé l’information du revers de la main. Après cette rencontre, il s’est quand même assuré de la transmettre au cabinet du premier ministre. Nous savons par des documents que la cheffe de cabinet du premier ministre, Mme Katie Telford, a été informée que ces allégations faisaient état d’inconduite sexuelle de la part du chef d’état-major de la Défense, le plus haut gradé du Canada, à l'endroit d'une de ses subordonnées.
Le chef d’état-major n'aurait pu commettre d’abus de confiance ou d’infraction plus grave contre nos concitoyens qui se sont engagés à servir. Les membres des Forces canadiennes servent le pays en acceptant ce qu’on appelle une obligation illimitée de service. Autrement dit, ils peuvent recevoir légalement des ordres qui les mettent en danger et qui pourraient leur coûter la vie au service du Canada. Lorsqu’ils prêtent serment et acceptent une telle obligation, ils s’attendent, avec raison, non seulement à être protégés par tous les moyens possibles par la chaîne de commandement et par le chef d’état-major de la Défense, mais aussi à ce que le dirigeant de la chaîne de commandement, le plus haut gradé du Canada, ne fasse rien qui puisse leur causer du tort ou leur infliger des préjudices irréparables. Ils ne s'attendent certainement pas à ce qu’un membre de la chaîne de commandement commette des actes de nature sexuelle forcément inappropriés.
Les hommes et les femmes qui servent dans les Forces armées canadiennes méritent d’avoir un système s'inspirant du modèle recommandé dans le rapport Deschamps de mars 2015; un système qui leur donne l’assurance de pouvoir servir leur pays sans avoir à subir d’inconduite sexuelle, de harcèlement, de crimes et d’autres actes de nature sexuelle, notamment de la part d'une personne de la chaîne de commandement et de plus hauts gradés qu'eux.
Le déséquilibre du pouvoir dans l’armée est évidemment un exemple type parce qu’il est codifié dans la hiérarchie militaire, le chef d’état-major de la Défense étant au sommet de la pyramide.
Quand les plaintes déposées auprès de l’ombudsman en 2018 ont été communiquées à la cheffe de cabinet du , des mesures s’imposaient. Le Cabinet du premier ministre devait intervenir. Qui plus est, le cabinet du premier ministre n’avait pas donné suite aux recommandations de 2015.
Ces recommandations ont été formulées à la lumière d'années d’expérience, au cours desquelles les victimes et les survivants ont enduré les failles du système en place dans les Forces armées canadiennes, mais le gouvernement n’y a pas donné suite.
Ensuite, devant ces nouvelles allégations, le gouvernement n’a toujours rien fait. Pire encore, le a déclaré ne pas avoir été informé de cette plainte et que son cabinet ne savait pas qu’elle était de nature sexuelle et qu’il s’agissait d’une allégation s'inscrivant dans la foulée du mouvement #MoiAussi. Or, les faits démentent tout simplement cette affirmation. Nous savons que Mme Telford connaissait la nature de ces allégations.
Si on croit le , cela signifie que sa cheffe de cabinet a orchestré, avec le , un camouflage afin de le protéger et de protéger l’agresseur — la personne accusée d’avoir commis ces infractions — qui était alors chef d’état-major de la Défense. C’est inacceptable.
Il est inacceptable qu'on attende tout de ceux et celles qui servent le pays sous les drapeaux, y compris qu'ils risquent leur vie, mais que la reddition de comptes, ou son absence, de la part du gouvernement n'entraîne même pas le renvoi d’une seule personne pour avoir dissimulé cette inconduite sexuelle.
Les femmes et les hommes qui servent dans les Forces armées canadiennes méritent mieux. Nous le leur devons. Nous leur devons de mettre en œuvre les recommandations du rapport rendu en 2015 par la juge Deschamps, ancienne juge de la Cour suprême, avant de nous lancer dans un autre examen. Commençons par appliquer ces recommandations-ci. C’est ce qui est responsable. C’est montrer que nous écoutons, que nous agissons, que nous défendons les victimes, les femmes et les hommes qui ont porté plainte et celles et ceux qui ne l’ont pas fait.
Nous savons que ne rien faire parce que personne ne dit rien revient à une approbation tacite des gestes qui sont posés derrière des portes closes. Nous l’avons vu avec la suspension et la démission de hauts gradés canadiens.
Les Forces armées canadiennes sont immensément fières et nous devrions, en tant que Canadiens, être tellement fiers des femmes et des hommes qui servent et qui ont servi sous les drapeaux. C’est assurément le moins que nous puissions faire. Nous devons exiger des comptes de celles et ceux qui occupent les plus hautes fonctions dans ce pays.
Si la cheffe de cabinet du a orchestré une dissimulation des faits ou y a participé pour protéger son patron, le premier ministre, et pour protéger le chef d’état-major de la Défense, afin d’éviter une situation politique embarrassante, le premier ministre doit la renvoyer. Ensuite, le doit nous expliquer ce qu’il est prêt à faire et comment il entend rendre des comptes pour ce qui est arrivé.
Les recommandations du rapport de 2015 sont claires. L'inaction du gouvernement au vu des preuves que l’ombudsman lui a communiquées et ce qu’il a fait pour dissimuler l’affaire, tout cela est désastreux. C'est une tache au dossier du gouvernement et une honte pour les victimes et les survivants qui ont porté plainte.
Nous sommes tous très fiers, et je le suis personnellement, des femmes et des hommes qui portent l’uniforme. Cependant, nous devons démontrer cette fierté par nos actions. Nous devons montrer que cette organisation, ces femmes et ces hommes méritent d’être protégés, qu’ils valent la peine que l’on donne suite au rapport de 2015, que le gouvernement cesse de jeter de la poudre aux yeux et qu'il fasse vraiment quelque chose. Il est déraisonnable de demander un nouveau rapport sans prendre de mesures à la suite du premier rapport, celui de 2015. Nous devons au moins cela aux victimes.
Il est temps de montrer notre fierté et de tenir notre engagement envers les hommes et les femmes qui servent dans les Forces armées canadiennes, comme ils tiennent tous les jours leur engagement envers nous. Le gouvernement doit donc prendre des mesures pour que les personnes qui ont caché de graves allégations d’inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes rendent des comptes. C’est le strict minimum que nous pouvons faire pour les femmes et les hommes des Forces armées canadiennes, et c’est pourquoi nous voterons en faveur de cette motion.
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Monsieur le Président, je tiens à remercier mon excellent collègue de qui non seulement a été élu député fédéral, mais a aussi servi dans les Forces armées canadiennes. Je remercie tous ceux qui ont servi.
Je suis sincèrement honorée d'intervenir au sujet de l'importante motion de l'opposition. Ayant servi en tant que présidente du comité de la condition féminine au cours de la 42e législature et une partie de la 43e législature, et en tant qu'ancienne ministre du cabinet fantôme en matière de condition féminine et d'égalité des genres, j'affirme que cette motion est cruciale.
L'enquête sur le général Vance, le traitement des femmes et des hommes au sein des Forces armées canadiennes et la culture d'inconduite sexuelle doivent faire l'objet d'un examen approfondi. Il faut aller à l'échelon le plus élevé et c'est exactement ce que nous proposons aujourd'hui. La motion se lit comme suit:
a) les femmes et tous les membres des Forces armées canadiennes ont placé leur confiance dans le présent gouvernement, s’attendant à ce qu’il agisse face aux allégations d’inconduite sexuelle;
b) le chef de cabinet du premier ministre a été informé d’une allégation de harcèlement sexuel précise contre le général Jonathan Vance il y a trois ans;
c) le premier ministre affirme que cette allégation de harcèlement sexuel n’a jamais été portée à son attention;
d) le premier ministre a déclaré que les personnes en position d’autorité ont le devoir d’agir en cas d’allégations, la Chambre demande au premier ministre de congédier son chef de cabinet pour avoir omis de l’informer d’une grave allégation de harcèlement sexuel aux plus hauts échelons des Forces armées canadiennes et pour avoir été complice de la dissimulation de la vérité aux Canadiens.
On peut parler de la chronologie des événements, ce que beaucoup de députés feront dans leur intervention sur la motion d'aujourd'hui. Ils vont mentionner la promotion du général Vance et les enquêtes précédentes, mais, le plus important, c'est qu'ils parleront du fait que le plus haut cabinet du pays était au courant des allégations et que rien n'a été fait.
Tout d'abord, lorsque nous avons commencé à entendre parler de ces allégations il y a plusieurs mois à la suite de reportages dans les médias, le a indiqué que son cabinet ne savait rien. Après le témoignage présenté au comité de la défense par un ancien conseiller du Cabinet du premier ministre, nous savons que ce n'est pas vrai. Katie Telford, la cheffe de cabinet du premier ministre, était au courant des allégations et de leur caractère sexuel. La personne qui a dit avoir eu une relation intime avec le général Vance était consciente de son état d'esprit, de sa vision personnelle de son poste et de son statut au sein des Forces armées canadiennes et du leadership au Canada. Elle s'est présentée pour parler de ce qu'elle a vu et de ce qu'elle a pensé.
Le 22 avril, David Pugliese a publié un article sur le fait qu'un comité de la Chambre des communes a été informé que le général Vance s'est vanté d'être « intouchable » et que la police militaire ne pouvait rien contre lui. L'article dit ceci:
L'ancien soldat en chef du Canada s'est vanté d'être intouchable et de « posséder » la police militaire qui enquête sur les allégations d'inconduite sexuelle faites contre lui.
À la suite du témoignage de l'ombudsman militaire Gary Walbourne en 2018, nous savons qu'une allégation de comportement inapproprié a été faite contre le général et que la cheffe de cabinet Katie Telford et le étaient tous deux au courant de ce fait. Bien que le affirme que personne ne savait qu'il s'agissait d'un moment #MoiAussi, les fils de courriel le réfutent. Le harcèlement sexuel correspond bien à un moment #MoiAussi.
J'aimerais revenir sur mon rôle de présidente du comité de la condition féminine et sur les travaux que nous avons effectués dans le cadre d'une étude dont le rapport a été publié en juin 2019. Malheureusement, ni le gouvernement ni le n'ont fourni de réponse à ce sujet. Ils disposaient de 120 jours pour présenter leur réponse. Il nous a manqué quelques jours parce que des élections ont été déclenchées. Par conséquent, nous n'avons jamais reçu de réponse à ce rapport. Je serais très curieuse de savoir ce que le ministre de la Défense aurait à dire à ce propos.
Je vais vous faire part d'un témoignage et vous dire à quel point c'est une vraie négligence qu'on n’ait jamais donné suite à une allégation portée devant le plus haut cabinet du pays. Je veux parler de l'opération Honour. Tout au long de l'étude sur la question du traitement des femmes au ministère de la Défense nationale, nous avons beaucoup entendu parler de ce programme et du fait qu'il était assorti d'un mandat clair. Je cite:
1.6. L’opération HONOUR est la mission visant à éliminer l’inconduite sexuelle au sein des FAC. Elle repose sur les principes suivants:
a. tous les membres qui servent leur pays méritent d’être traités avec dignité et respect — tout recul sur ce plan est simplement inacceptable;
b. toute attitude ou tout comportement qui mine la camaraderie, la cohésion et la confiance des militaires en service menace la réussite opérationnelle à long terme des FAC.
1.7. L’opération HONOUR vise à réaliser un changement positif de culture institutionnelle au sein des Forces armées canadiennes par quatre axes d’intervention:
a. comprendre la question de l’inconduite sexuelle;
b. intervenir de façon plus décisive en cas d’incidents;
c. soutenir les personnes affectées plus efficacement;
d. prévenir les incidents.
En juin 2018, le général Vance a déclaré ceci au Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense:
Les dirigeants doivent favoriser le changement en offrant une vision et un exemple personnel cohérents qui donnent aux subalternes le pouvoir et l'inspiration pour établir les conditions requises pour éliminer l'inconduite sexuelle.
Quand on réécoute ces mots dans le contexte actuel, il y a de quoi se demander qui tenait véritablement les rênes.
On peut lire ce qui suit dans la section « Instruction sur l'intervention des témoins » du manuel de l'opération Honour:
L'instruction dans l'unité sur l'intervention des témoins aide les membres des [Forces armées canadiennes] à reconnaître l'inconduite et le harcèlement sexuels et à y réagir de façon décisive lorsqu'ils en sont témoins. Ce programme montre aux témoins et aux dirigeants que, s'ils n'agissent pas devant un incident d'inconduite sexuelle, ils perpétuent les comportements incriminés. Le programme explique également le pouvoir qu'ont les témoins et les dirigeants de prendre des mesures positives pour mettre fin aux comportements sexuels dommageables et inappropriés et soutenir les membres des FAC. Bref, cela montre pourquoi il est essentiel que les témoins d'un acte d'inconduite sexuel dénoncent la situation plutôt que de rester silencieux.
Ce qu'il y a de plus ironique dans tout cela, c'est que ce programme a été lancé par le général Vance. Le programme qui nous conseille sur la façon de procéder quand quelqu'un est victime d'inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes était dirigé par le général Vance. Nous avons entendu le témoignage de beaucoup d'anciens membres des forces armées, qui nous ont parlé de leur séjour et de leurs expériences dans l'armée. Je tiens à le souligner, parce que c'est une question de confiance et de reddition de comptes pour le gouvernement, qui doit nous garantir que cela ne se reproduira jamais plus.
Lorsqu'elle a témoigné devant le comité, Paula MacDonald, ancienne membre des Forces armées canadiennes, a dit ce qui suit:
Pendant mon instruction de base, j'ai téléphoné au Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle des Forces armées canadiennes pour leur demander de m'aider. Ils n'ont rien fait de plus que ce que l'ombudsman aurait fait, c'est-à -dire que pour la résolution des problèmes, ils m'ont renvoyée aux mécanismes des Forces armées canadiennes pour qu'ils s'occupent des mauvais traitements, et donc, aux individus qui me harcelaient sexuellement. Il est impossible de résoudre les problèmes avec les gens qui vous les causent.
Paula ne fait plus partie des Forces armées canadiennes, mais elle continue d'avoir des conversations avec les militaires à propos de ces enjeux. Pendant son témoignage, elle a aussi dit ceci:
C'est encore ainsi. Je leur ai posé la question, et je surveille les changements afin de voir comment les choses évoluent. Le Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle retourne toujours l'information à la chaîne de commandement. Les individus qui occupent les postes directement liés aux incidents qui sont, d'après moi, des atteintes aux droits de la personne… Ils ont procédé à un remaniement et les ont placés dans des postes liés à l'opération Honour.
Pour Paula MacDonald, la résolution du problème passe par une restructuration permettant aux gens d'adresser « directement les rapports au , par opposition à la chaîne de commandement, pour assurer le respect complet des politiques et des mesures de lutte contre le harcèlement ».
Nous savons, en nous penchant sur cela, qu'il en a beaucoup été question. Il y a eu beaucoup de changements et de sensibilisation aux comportements sociaux au cours des dernières années. Nous en sommes conscients. Je m'arrête au fait que nous ne faisons rien en ce moment à propos d'une situation qui a des effets négatifs sur les hommes et les femmes dans les Forces armées canadiennes alors que nous devrions en faire plus.
Je veux citer quelque chose que M. Alan Okros a dit au comité. Voici:
Une autre expression courante parmi les jeunes Canadiens ces jours-ci, c'est « vérifie ton privilège ». Une vieille expression en vogue chez les officiers militaires, c'est « le grade s'accompagne de certains privilèges ». C'est un choc culturel.
C’est important. En tant que députés, nous savons qu’il y a un problème avec les rapports. Pourquoi? C’est parce qu’ils n’aboutissent jamais à rien. Nous avons étudié la question et nous avons parlé de la violence faite aux femmes. Nous avons parlé de harcèlement sexuel en milieu de travail et du mouvement #MoiAussi. Même lorsque cela se rend au plus haut niveau du gouvernement, lorsque cela se rend au Cabinet du premier ministre, rien n’est fait.
Au sujet du général Vance, la majore Brennan a dit que, d’après son expérience, dans de nombreux domaines, la loi ne s’appliquait pas à lui. Lorsqu’une personne comme le général Vance est responsable d’un programme, pourquoi les gens ne penseraient-ils pas qu’ils n’ont pas d’autre option que de s’adresser au ou au Cabinet du ? Sachant que rien ne va plus, ils n’ont pas d’autre choix.
Pourquoi cela se retrouve-t-il entre les mains du et de Katie Telford? Nous savons que des gens se sont adressés à eux pour avoir de l’aide. Ils se sont vus dans l’obligation de soumettre la question au Cabinet du premier ministre, qui n’a rien fait. Pour en revenir aux opérations et au haut de la chaîne de commandement des Forces armées canadiennes, la cheffe de cabinet du premier ministre savait et n’a rien dit, selon le premier ministre, alors que lui n’était pas au courant.
En fin de compte, le Cabinet du a laissé tomber les Forces armées canadiennes. Il a laissé tomber les Canadiens et, ultimement, toutes les femmes du Canada. Il a fermé les yeux, mais je crois que quelqu’un là -bas devrait enfin parler et faire preuve d’ouverture à ce sujet.
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Monsieur le Président, je reprends ma présentation.
Le Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle fonctionne indépendamment de la chaîne de commandement militaire et relève directement de la sous-ministre de la Défense nationale. En outre, il n'existe aucun lien hiérarchique de quelque nature que ce soit entre le Centre et les Forces armées canadiennes ou le chef d'état-major de la Défense.
Le Centre n'en reste pas moins à l'écoute des besoins des membres des Forces armées canadiennes. Ses conseillers écoutent sans porter de jugement. Ils consacrent un temps illimité à chaque appel et ils prennent soin de tenir compte des sentiments, des besoins, des inquiétudes et des craintes des personnes qui communiquent avec eux.
Le ministère de la Défense nationale reconnaît que certaines personnes affectées par une inconduite sexuelle ne sont pas prêtes à procéder à un signalement officiel. Le Centre offre donc à ces personnes un endroit vers lequel se tourner. C'est un endroit où elles seront écoutées et pourront trouver des réponses, se faire conseiller et, surtout, obtenir l'aide dont elles ont besoin.
Comme les conseillers du Centre sont des civils, ils ne sont pas tenus par la même obligation de signaler que les militaires. Ainsi, toutes les interactions se font de manière confidentielle, et les militaires peuvent accéder aux services de soutien sans devoir fournir des renseignements d'identification personnelle. Enfin, si une personne décide de signaler officiellement un incident, l'équipe du Centre peut l'aider à entrer en contact avec l'organisation chargée des rapports appropriés, qu'il s’agisse de la police militaire, du Service national des enquêtes des Forces canadiennes ou des autorités locales.
En août 2019, le Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle lançait un nouveau programme de coordination de l'intervention et du soutien. Ce programme offre aux membres des Forces armées canadiennes affectés par l'inconduite sexuelle les services d'un coordonnateur désigné qui les accompagne à chacune des étapes, en leur offrant le soutien et l'aide dont ils ont besoin. Les coordonnateurs désignés aident ainsi les gens à trouver de l'information et offrent des services d'aiguillage. Ils défendent et accompagnent les gens tout au long de leur cheminement dans le système. Ils aident aussi à la prise de mesures d'adaptation au travail, en plus d'offrir d'autres formes d'aide en fonction des besoins des militaires.
Le Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle peut aussi faire appel à une équipe de liaison militaire, qui est formée d'un officier de liaison de la police militaire, d'un conseiller militaire et d'un officier de liaison militaire. Ces membres sont voués au travail du Centre et sont des spécialistes dans leur domaine. Ils peuvent donc donner des conseils aux militaires sur la façon de présenter une plainte ou leur expliquer comment fonctionne le processus d'enquête. Ils peuvent aussi faciliter le signalement si le militaire choisit cette option.
Chaque personne a des besoins uniques, et chaque personne a une situation et des préoccupations qui lui sont propres. Les intervenants du Centre prennent tout cela en compte quand ils offrent du soutien. Ils peuvent aussi mettre les personnes affectées par l'inconduite sexuelle en contact avec un vaste réseau de services partout au pays, qu'il s'agisse de services de santé, d'aumôniers ou de centres régionaux d'aide aux victimes d'agression sexuelle.
Le Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle est là pour guider les gens vers l'aide dont ils ont besoin. De plus, le Centre prépare une stratégie nationale de soutien aux survivants, ainsi que d'autres programmes qui permettront de mieux servir les militaires affectés. Dans tout ce qu'il entreprend, le Centre prend toujours soin de consulter des militaires affectés par l'inconduite sexuelle ainsi que des experts externes. Il s'assure ainsi de répondre aux besoins des personnes qui ont subi un tort et de fonder tous ses programmes sur des données probantes et des pratiques exemplaires.
Le Centre est appuyé par un conseil consultatif externe, qui est composé de tiers indépendants et impartiaux possédant tous une expertise importante et pertinente. Ensemble, ces organisations représentent une mine considérable de connaissances, de points de vue et d'expériences.
Le Centre s'appuie sur cette expertise pour fournir des conseils et des recommandations aux dirigeants de la Défense afin d'aider à façonner les politiques et les programmes qui ciblent l'inconduite sexuelle au sein des Forces armées canadiennes. Ses intervenants offrent également des conseils sur la manière d'évaluer l'efficacité des programmes et d'en rendre compte. Le Centre est un chef de file de la recherche et des pratiques exemplaires en matière de soutien et de stratégies de prévention.
Le Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle répond aussi aux appels des dirigeants et des superviseurs qui souhaitent obtenir des conseils sur la marche à suivre pour intervenir en cas d'incident et offrir du soutien à leur personnel. De plus, dans le cadre de l'entente de règlement définitive pour le règlement du recours collectif FAC-MDN pour inconduite sexuelle, le Centre est responsable de la conception et de la mise en œuvre d'un programme de démarches réparatrices.
Ce programme vise à offrir aux personnes inscrites au recours collectif des options sûres et souples leur permettant de raconter aux dirigeants de la Défense leurs expériences d'inconduite sexuelle et de parler des causes et des répercussions de ces expériences. Le programme permettra à ces personnes de se faire entendre et d'être reconnues. Il permettra d'amorcer le processus visant à rétablir les relations et la confiance qui ont été endommagées. Il contribuera au changement de culture en permettant aux dirigeants de parvenir à une compréhension encore plus grande des conséquences de l'inconduite sexuelle, de leur responsabilité collective à l'égard de la culture actuelle et du rôle qu'ils doivent jouer pour créer le changement.
Le Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle travaille sans relâche pour aider ceux et celles qui sont victimes d'inconduite sexuelle. Son équipe est dévouée et, surtout, est indépendante. Elle constitue l'un des éléments importants du ministère de la Défense nationale pour remédier à ce problème.
Depuis 2015, l'équipe a grandi et évolué pour assumer de plus grandes responsabilités et aider à façonner les interventions des Forces armées en matière d'inconduite sexuelle. Je profite de l'occasion pour remercier tous ses membres des efforts qu'ils ont déployés au bénéfice de toutes les personnes qu'ils ont aidées au cours des six dernières années.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec ma bonne amie la députée d’, avec qui j’ai eu le privilège de travailler sur tellement de dossiers, notamment au sein du comité de la sécurité publique.
Je suis très heureuse d’avoir à nouveau l’occasion de prendre la parole ici sur un sujet qui nous concerne tous, soit le bien-être des membres des Forces armées canadiennes et de ceux qui les soutiennent.
Au cours des derniers mois, les Canadiens ont entendu des récits déchirants de membres des Forces armées canadiennes et de leurs collègues civiles qui ont été la cible de comportements et de traitements et ont vécu des expériences tout à fait inacceptables. Pendant trop longtemps, leurs témoignages ont été ignorés.
Par exemple, en 2015, des députés de l’opposition étaient déjà au courant de rumeurs au sujet du général Vance et cela ne les a pas empêchés de le nommer. Ils l’ont nommé alors qu’il faisait l’objet d’une enquête du Service national des enquêtes des Forces armées canadiennes et l’ont promu au grade le plus élevé des Forces armées canadiennes. L’actuel chef de l’opposition officielle a dit n’avoir pas donné suite aux rumeurs d’inconduite sexuelle visant le général Vance en 2015, prétendant qu’elles faisaient l’objet d’un examen. Je demande à mes collègues conservateurs de nous expliquer pourquoi le général Vance a été promu à ce moment-là et pourquoi l’enquête a soudainement été abandonnée.
Ce que nos militaires ont enduré est inacceptable. Les Forces armées canadiennes sont chargées d’assurer la sécurité des Canadiens au pays et à l’étranger. L’organisation doit davantage aux survivants. Chaque membre des Forces armées canadiennes fait d’énormes sacrifices personnels pour protéger les Canadiens et, peu importe son grade ou son identité de genre, il a le droit inaliénable de servir en sécurité. Nous devons être à la hauteur de cette attente et nous le serons.
Le a toujours suivi les processus qui ont été mis en place lorsque des allégations ont été portées à son attention. Il l’a dit publiquement, à la Chambre, et il continuera de le faire. Toutefois, comme les députés l’ont sans doute entendu de la bouche de mes collègues, le gouvernement prend des mesures importantes pour lutter contre l’inconduite systémique au sein des Forces armées canadiennes afin d’apporter un changement de culture au sein de l’organisation.
La nécessité de changer la culture militaire découle du fait que les expériences vécues par de nombreux membres de l’Équipe de la Défense sont tout à fait contraires aux valeurs professées au sein de l’organisation et par celle-ci, c’est-à -dire les valeurs d’intégrité, d’inclusion et de responsabilité. Cela doit changer, et nous sommes déterminés à y arriver.
Si nous voulons que ce changement soit important, qu’il soit significatif et qu’il dure, nous devons réfléchir honnêtement à ce qui s’est passé. Lorsque nous découvrons des lacunes et des fautes, nous devons en accepter la responsabilité. Lorsque nous pouvons tirer des leçons, nous devons saisir l’occasion de bâtir une meilleure organisation. Lorsque des membres de l’Équipe de la Défense partagent leurs récits et leurs expériences, nous devons écouter très attentivement.
L’objectif final est simple. Il s’agit de veiller à ce que chaque membre de l’Équipe de la Défense, chaque membre des Forces armées canadiennes, soit valorisé et respecté. La culture et la conduite professionnelle de la Défense doivent refléter les valeurs fondamentales et les principes éthiques que nos militaires aspirent à défendre en tant qu’institution nationale, et c’est ce que les membres des Forces armées canadiennes, les anciens combattants, les recrues, les fonctionnaires et les Canadiens méritent et attendent de l’organisation.
Il est clair que les mesures que nous avons déjà prises depuis notre arrivée au pouvoir ne vont pas assez loin et ne vont pas assez vite. C’est pourquoi nous avons annoncé la semaine dernière que Mme Arbour mènera un examen indépendant des Forces armées canadiennes, examen qui comprend la création d’un système de signalement externe indépendant de la chaîne de commandement et qui répond aux besoins des personnes touchées par l’inconduite sexuelle et la violence. C’est aussi pourquoi, dans le budget de 2021, nous avons prévu plus de 236 millions de dollars pour éliminer l’inconduite sexuelle et la violence fondée sur le sexe dans les Forces armées canadiennes, notamment en élargissant la portée du Centre d’intervention sur l’inconduite sexuelle et en offrant un soutien en ligne et en personne entre pairs. Toutes les options visant à assurer un avenir plus sûr aux femmes qui servent dans les Forces armées canadiennes seront envisagées pour changer la culture de masculinité toxique qui existe dans les Forces armées canadiennes.
Jeudi dernier, le a annoncé la création d’une nouvelle organisation pour nous permettre de réaliser cet objectif. Parmi les nombreuses initiatives dont je viens de parler, le ministère de la Défense nationale a nommé la lieutenante-générale Jennie Carignan au poste de cheffe de la conduite professionnelle et de la culture du ministère. Sous sa direction, ce service unifiera, intégrera et coordonnera l’ensemble des politiques, des programmes et des activités qui s’attaquent à l’inconduite systémique et appuient le changement de culture au sein des forces. L’organisation comprendra un nouveau sous-ministre adjoint qui appuiera directement la lieutenante-générale Carignan. L’équipe réunira des membres de tous les grades et de toutes les classifications, de manière à refléter la diversité à laquelle s’attendent les Canadiens. Ne vous y trompez pas. Il ne s’agit pas d’une solution générique préfabriquée à un problème de longue date. Avant que des mesures soient prises, ceux qui travaillent à apporter des changements écouteront activement les témoignages des personnes touchées, des gens de tous les grades, de tous les niveaux et de toutes les régions du pays.
Étant donné qu'un grand nombre de membres de l’Équipe de la Défense ont déjà fait part de leurs expériences et de leurs recommandations, nous n’avons pas à attendre avant de mettre en œuvre un certain nombre de changements fort nécessaires. La lieutenante-générale Carignan et son équipe prendront un certain nombre de mesures pour apporter des changements immédiatement. Pour commencer, ils concluront l’opération Honour. On a déjà beaucoup parlé de mettre fin à cette initiative, mais il vaut la peine de le répéter. La lieutenante-générale Carignan et son équipe examineront toute la recherche menée dans le cadre de l’opération Honour afin que ses conclusions puissent éclairer les efforts de renouvellement de la culture.
Cette nouvelle équipe élaborera également des mécanismes pour mettre en œuvre le Règlement sur la prévention du harcèlement et de la violence dans les lieux de travail prévu dans le projet de loi . Elle appuiera également les efforts continus visant à faire entrer en vigueur les autres dispositions du projet de loi . Cela comprend l’ajout de la Déclaration des droits des victimes à la Loi sur la défense nationale.
Le prochain point à l’ordre du jour constituera à former une équipe pour établir un cadre qui aidera à atteindre un certain nombre d’objectifs à long terme. Ce cadre réharmonisera les responsabilités, les politiques et les programmes qui traitent des éléments d’inconduite systémique à l’échelle de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes. Il simplifiera et améliorera également les mécanismes de signalement des cas d’inconduite, y compris pour les personnes qui ne font pas partie de la chaîne de commandement. Il donnera plus de pouvoirs aux personnes qui ont été victimes d’inconduite et renforcera les mécanismes de soutien. Il améliorera les mécanismes de suivi, depuis les premiers rapports d’inconduite jusqu’à la fermeture des dossiers. Il intégrera également des points de données supplémentaires, comme l’intersectionnalité, les représailles, la satisfaction des membres et le maintien en poste. Enfin, il orientera les efforts déployés par l’institution pour élaborer un cadre de conduite professionnelle et de culture qui s’attaque à tous les types de comportements nuisibles, de préjugés et d’obstacles systémiques.
Beaucoup de travail a déjà été fait au sein du ministère pour créer des milieux de travail sains, sécuritaires et inclusifs. Un grand nombre d’organisations se concentrent sur l’élaboration de programmes et de politiques pour nous orienter dans la bonne direction, qu’il s’agisse de l’analyse comparative entre les sexes plus, du Programme de gestion intégrée des conflits et des plaintes, du Secrétariat de lutte contre le racisme, de la Stratégie de diversité des Forces armées canadiennes, de la Stratégie canadienne de lutte contre le racisme ou du Plan national d’action du Canada consacré aux femmes, à la paix et à la sécurité.
Le groupe sur la conduite professionnelle et la culture est mis sur pied parce qu’il est clair que les efforts antérieurs pour changer la culture n’ont pas donné les résultats escomptés. Avec la création de ce nouveau groupe, l’Équipe de la Défense adopte une approche foncièrement différente, plus holistique et plus cohérente qui permettra aux Forces armées canadiennes de relever les défis complexes auxquels elles font face.
En terminant, je tiens à réitérer notre sincère préoccupation à l’égard du bien-être de chaque membre de l’équipe de Défense canadienne. La création d’un groupe sur la conduite professionnelle et la culture témoigne de notre sincère engagement à protéger les membres des Forces armées canadiennes. Notre gouvernement a montré sa détermination à instaurer un changement de culture durable au sein de l’Équipe de la Défense. C’est notre objectif et nous l’atteindrons.