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Madame la Présidente, je suis ravi de participer au débat sur le projet de loi , Loi établissant la Commission d’examen et de traitement des plaintes du public. Cette commission remplacerait l'actuelle Commission civile d’examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC. Cette commission ne ferait pas que changer de nom. Les dispositions législatives changeraient également.
La commission jouerait un rôle élargi, car elle recevrait et traiterait aussi les plaintes concernant les activités de l’Agence des services frontaliers du Canada ou ASFC. Cela aura une incidence dans ma collectivité, Langley, car c'est la GRC qui lui fournit ses services de police. De plus, il s’agit d’une collectivité frontalière où se trouve un poste frontalier entre la ville canadienne d’Aldergrove et la ville étatsunienne de Lynden.
De nombreux membres de ma collectivité ont des amis et de la parenté dans l’État de Washington. Je fais partie de ces personnes. Quatre de mes petits-enfants vivent à Lynden, dans l’État de Washington. En voiture, ce n’est qu’à 45 minutes de ma résidence, à Langley, si l’on ne tient pas compte du temps d’attente à la frontière, qui est parfois long, parfois très court.
Au cours des centaines de fois où j’ai franchi la frontière entre Aldergrove et Lynden, je n’ai jamais eu de mauvaises interactions avec un agent de l’ASFC. Je peux dire la même chose au sujet de la GRC. Je n’ai pas eu autant d’interactions avec des membres de la GRC, mais elles ont toujours été bonnes et constructives. J’éprouve énormément de respect envers les gens qui travaillent pour les deux organismes.
Les policiers et les gardes-frontières de notre pays travaillent en première ligne pour assurer la sécurité publique. Nous leur devons beaucoup. Je garde le souvenir de Shaelyn Yang, une sergente de la GRC de Burnaby, qui a été poignardée à mort le 18 octobre, il y a un peu plus d’un mois, en tentant de sauver la vie d’un itinérant. La sergente Yang se trouvait dans un parc municipal, en compagnie d’un agent chargé de faire appliquer les règlements de la Ville de Burnaby, afin de remettre un avis d’éviction à une personne qui campait dans un parc public. En arrivant sur place, la sergente Yang a remarqué que l’homme faisait, de toute évidence, une surdose. Elle est entrée dans la tente avec une trousse de naloxone. Elle n’en est pas ressortie vivante.
Je ne connaissais pas du tout l'agente Yang, mais je connais des gens qui l'ont connue, qui ont travaillé avec elle, qui se sont entraînés avec elle et qui l'aimaient. Sa mort rappelle à ses collègues et à nous tous que travailler en première ligne, que ce soit au sein de la GRC ou d'autres services de police au Canada, est dangereux. Je remercie tous les policiers et tous les autres travailleurs de première ligne d'être au service de leur collectivité. Nous leur devons toute notre gratitude. Nous leur sommes reconnaissants de leur service.
C'est dans ce contexte que je veux maintenant me joindre au débat sur les plaintes contre la GRC. Lorsque je siégeais au Comité permanent de la sécurité publique et nationale, j'ai entendu de nombreux témoins parler des manquements de la GRC et d'autres services de police au pays.
L'année dernière, nous avons étudié le racisme systémique présumé au sein de la GRC. L'étude a été aussi exhaustive qu'épuisante. Il y a eu 19 réunions. Nous avons accueilli 53 témoins. L'étude a abouti à un rapport de 125 pages et à 42 recommandations. Nous avons entendu des organismes communautaires qui fournissent des services aux communautés autochtones ou qui défendent leurs intérêts. Nous avons entendu des universitaires travaillant dans les domaines du droit, de l'application de la loi et des services sociaux. Nous avons entendu des gens œuvrant après de personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale ou de toxicomanie. De plus, nous avons bien sûr entendu des représentants de divers services de police.
Nous étions chargés de répondre à la question de savoir s'il y avait du racisme systémique au sein des services policiers au Canada. Comme d'habitude, la première tâche a consisté à définir les termes. Un de nos témoins, Alain Babineau, consultant en matière d'application de la loi, défenseur de la justice sociale et ancien membre de la GRC, nous a fourni une définition pratique. En citant le sénateur Sinclair, il a dit: « Le racisme systémique se produit lorsque le système lui-même est basé et fondé sur des croyances, des philosophies et des pensées racistes et qu'il a mis en place des politiques et des pratiques qui forcent littéralement même les personnes non racistes à agir de manière raciste. »
J'ai rencontré de nombreux policiers. D'ailleurs, un membre de ma famille est un agent de la GRC. J'ai fait mes études de droit avec plusieurs anciens agents de la GRC qui sont ensuite devenus avocats et avec qui j'ai noué des amitiés durables. J'ai des collègues qui ont fait de longues carrières dans les forces de l'ordre avant de siéger aux Communes. Je fréquente la même église que plusieurs agents de la GRC, et je peux assurer aux députés qu'aucun d'entre eux n'est raciste. Ce sont tous des gens honnêtes, des travailleurs dévoués et des citoyens respectueux des lois qui n'ont à cœur que l'intérêt supérieur de leur collectivité, de leurs voisins et de leur pays.
Dans le rapport du comité de la sécurité publique, nous n'avons pas cherché à établir si des gens sont racistes au sein de la GRC. Les faits sont clairs: nous sommes aux prises avec des problèmes de société. Ce n'est pas un problème qui touche uniquement la GRC, l'Agence des services frontaliers du Canada ou le service de police de Vancouver. Le problème se situe dans notre société.
Lorsqu'il est question de racisme, nous pourrions être tentés de pointer du doigt les autres, les Pères de la Confédération et les pensionnats indiens en disant que ce n'était pas nous. Nous pourrions songer au rôle de nos ancêtres dans l'esclavage et dire la même chose. Nous n'étions pas là.
Parmi les exemples plus récents, nous pourrions parler de la taxe d'entrée imposée aux Chinois et dire que c'était avant notre temps. L'affaire du Komagata Maru s'est produite encore plus récemment, à Vancouver. Les forces de l'ordre ont forcé un navire à faire demi-tour et à retourner en Inde.
Si nous le voulions, nous pourrions trouver des exemples actuels et pointer du doigt la GRC, mais cela ne nous mènera nulle part. Ce n'est certainement pas ainsi que nous trouverons des solutions au racisme. Nous savons que nous faisons tous partie de la société. Nous sommes tous le produit de notre histoire commune. Nous sommes tous dans le même bateau, pour ainsi dire, mais le bon côté de cela est que nous faisons tous également partie de la solution.
C'est dans cette optique que j'espère que les gens liront le rapport du comité de la sécurité publique. J'espère vraiment qu'ils le liront. Le rapport s'intitule simplement « Racisme systémique au sein des services policiers au Canada ».
Nous voici aujourd'hui en train de parler du projet de loi , Loi établissant la Commission d’examen et de traitement des plaintes du public. Ce projet de loi est étayé par le rapport dont je viens de parler et que le comité de la sécurité publique a produit l'an dernier.
J'ai mentionné que le rapport contient 42 recommandations. Parmi elles, cinq traitent de ce que nous appelons, selon la loi actuelle, la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC. Les témoignages que le comité a entendus ont clairement démontré l'existence d'un problème. La structure actuelle d'examen et de traitement des plaintes est dysfonctionnelle et doit être corrigée.
Des témoins ont soulevé des préoccupations quant à la transparence du processus disciplinaire de la GRC. Par exemple, nous avons entendu le professeur Christian Leuprecht, du Collège militaire royal, nous dire que la GRC devrait être tenue de rendre publiques toutes les décisions disciplinaires. Cela va dans le sens de la transparence.
Le professeur Samuels-Wortley, de l'Université Carleton, a souligné que la transparence des processus disciplinaires applicables aux policiers qui commettent des inconduites est nécessaire afin de maintenir la confiance du public à l'égard du système. Nous voulons savoir ce qui se passe.
Alain Babineau et l'honorable Michel Bastarache ont laissé entendre que la GRC ne semble pas être capable de s'attaquer à la discrimination au sein même de l'organisation, ce qui signifie que le changement doit venir de l'extérieur.
Tous ces témoignages, présentés au comité de la sécurité publique, nous ont amenés à formuler 42 recommandations. Je vais en citer seulement trois.
La première recommandation était que le gouvernement du Canada précise et renforce le mandat de la Commission civile d’examen et de traitement des plaintes, ou la commission des plaintes du public. Nous ne songions pas alors à remanier la commission au complet et à la rebaptiser, mais il peut bien en être ainsi.
Cette recommandation implique la présentation d'un projet de loi prescrivant un délai dans lequel le commissaire de la GRC devra répondre aux rapports de la commission. Elle implique aussi que la commission publie ses conclusions et ses recommandations. Tout cela va dans le sens de la transparence.
La deuxième recommandation était que le gouvernement du Canada rende le processus d'examen plus accessible et transparent en simplifiant le processus de plainte. La troisième recommandation était de faire en sorte que le processus d'examen favorise la participation significative et engagée des Autochtones. N'oublions pas que l'étude visait à déterminer s'il y avait du racisme systémique au sein de la GRC.
Est-ce que le projet de loi , dont nous débattons en ce moment, peut relever ces défis? La réponse est oui, en grande partie. Cette mesure législative, qui crée la nouvelle Commission d’examen et de traitement des plaintes du public, à bien des égards semblable à la commission actuelle, imposerait des délais dans le traitement des plaintes. C'est une des préoccupations qui ont été soulevées au comité.
Ce projet de loi exigerait aussi la mise en œuvre de programmes d'éducation et de formation afin que le public comprenne mieux le processus. Voilà un autre aspect dont on s'est plaint aux membres du comité.
Il explique comment les plaintes seraient présentées, en quoi consisterait le processus d'enquête et d'examen, puis qu'un rapport annuel serait remis au ministre, qui le présenterait ensuite au Parlement. Ce rapport devra contenir des données sur le respect des normes de service concernant les délais ainsi que sur le nombre de plaintes et leur nature afin que l'on puisse élaborer des politiques fondées sur des données fiables.
Le projet de loi renferme aussi beaucoup de détails sur les renseignements que la commission doit considérer comme confidentiels afin de protéger les plaignants et pour des motifs de sécurité.
La commission pourra instruire une audience, assigner des témoins et les contraindre à produire des documents au même titre qu'une cour supérieure d'archives. La commission pourra aussi recommander des mesures disciplinaires, mais ne pourra pas les exécuter.
Le projet de loi semble atteindre ses buts sans problème. Nous allons l'appuyer à l'étape de la deuxième lecture. J'ai hâte de l'examiner en détail au comité et d'entendre les experts.
Quand il est question de surveillance du travail des policiers — une surveillance que les policiers assurent eux-mêmes — et de la surveillance du travail des agents frontaliers quand celle-ci peut entraîner des mesures disciplinaires, il faut se demander si ces agences disposent de ressources adéquates pour faire leur travail. On sait que les services de police de partout au pays sont aux prises avec des difficultés de recrutement et de rétention, comme presque tous les secteurs de l'économie. Alors que des policiers chevronnés s'en vont et que le nombre de recrues est insuffisant, on en demande davantage aux services de police.
Le recrutement des policiers est à la baisse et la criminalité est à la hausse. Les crimes violents ont augmenté de 32 % depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement libéral, en 2015. L'an dernier, il y a eu 125 000 crimes violents de plus qu'en 2015. Les taux de criminalité sont donc à la hausse, et on en attend davantage des services de police. Il faut donc voir à ce qu'ils aient des ressources adéquates.
Nous avons des statistiques semblables au sujet de l'Agence des services frontaliers du Canada. Celle-ci connaît une pénurie de personnel. Des agents prennent leur retraite, il n'y a pas assez de recrues pour les remplacer, et le travail qu'on demande à l'Agence augmente.
Une autre étude récemment réalisée par le comité de la sécurité publique porte sur les armes à feu et les gangs. Nous avons appris que la plupart des armes à feu utilisées dans les crimes violents au Canada sont des armes de poing importées en contrebande des États‑Unis. L'un des témoins a énoncé une évidence. Nous vivons à côté de la société qui fabrique le plus d'armes à feu au monde, et nous partageons avec elle la plus longue frontière non défendue. Cela représente un grand défi pour nous, et nous nous fions beaucoup à l'Agence des services frontaliers du Canada pour intercepter les armes à feu qui sont introduites en contrebande au pays. Ce n'est pas un problème facile à résoudre.
Je suis conscient que le débat porte sur le projet de loi , mais j'aimerais parler brièvement du projet de loi . Le projet de loi , qui rendrait illégal le fait de posséder une arme de poing au Canada, plus illégal que ce l'est à l'heure actuelle, ne résoudra pas le problème parce que — pour énoncer un truisme — les auteurs de crimes violents possèdent déjà des armes à feu illégales. C'est donc dire que le projet de loi ne permettra pas d'accomplir grand-chose. Assurément, il n'accroîtra pas la sécurité des Canadiens. Il ne fait que réprouver les propriétaires légitimes d'armes à feu et les tireurs sportifs formés et licenciés qui sont de bons et d'honnêtes citoyens.
Le projet de loi n'aide pas nos concitoyens, mais nous y reviendrons un autre jour. Aujourd'hui, nous parlons du projet de loi , qui vise à mettre en place la Commission d'examen et de traitement des plaintes du public.
Dans notre rapport sur la violence liée aux armes à feu et aux gangs, nous avons recommandé d'augmenter le financement de l'Agence des services frontaliers du Canada. Si nous voulons améliorer le processus d'examen des plaintes, il est normal que nous fournissions aux travailleurs de l'État les ressources dont ils ont besoin pour bien faire leur travail. Veillons également à ce qu'ils aient suffisamment de ressources humaines et financières pour travailler efficacement.
Comme nous avons beaucoup d'attentes à l'égard des agents frontaliers, ceux-ci devraient donc s'attendre à recevoir l'ensemble des ressources humaines et financières et des outils dont ils ont besoin pour travailler efficacement.
Je tiens à profiter de l'occasion pour remercier les travailleurs de l'Agence des services frontaliers du Canada, y compris les nombreux membres de cette agence qui vivent dans ma circonscription, à Langley. Nous vivons dans une collectivité frontalière. Il y a plusieurs postes frontaliers terrestres, et bon nombre de mes amis travaillent à l'un ou l'autre de ces postes.
J'aimerais aborder un autre sujet relativement à la police. Il y a deux ans, au cours de la 43e législature, le comité de la sécurité a rencontré Me Bastarache, ancien juge de la Cour suprême du Canada. Il était venu nous présenter son rapport intitulé « Rêves brisés, vies brisées ». On avait confié à ce juge à la retraite la tâche peu enviable de distribuer et de débourser aux victimes de harcèlement sexuel au sein de la GRC l'argent octroyé par les tribunaux en vertu du soi-disant accord de règlement de Merlo Davidson, Merlo et Davidson étant les deux plaignants nommés dans cette affaire.
Le rapport du juge condamne vertement la culture de harcèlement sexuel au sein de la GRC. Voici la façon dont il commence:
Depuis plus de 30 ans, on a demandé à plusieurs reprises à la GRC de remédier au harcèlement sexuel.
Le rapport parle ensuite des 3 086 réclamations effectuées au cours de cette période de 30 ans. Me Bastarache et son personnel ont réalisé 644 entrevues auprès de victimes. À l'issue de tout ce travail, quelque 2 034 victimes ont reçu une indemnisation. Le problème est largement répandu. La situation est déplorable.
En lisant le rapport, je me suis demandé si j'avais tort d'être fier de notre service de police national. Dans le cadre des discussions avec Me Bastarache au comité, j'ai raconté une histoire de mon enfance, lorsque ma famille avait assisté au spectacle du Carrousel de la GRC. Mes parents, qui étaient de nouveaux immigrants des Pays‑Bas, nous disaient que l'un des aspects de leur nouveau pays qui les rendaient très fiers était le service de police, ce qui n'est malheureusement pas le cas partout dans le monde.
Me Bastarache m'a dit que, à son avis, il était toujours approprié que nous soyons fiers de la GRC. Elle s'appuie sur une fière tradition et elle peut être remise d'aplomb. Il était toutefois d'avis qu'il faudrait des ressources externes, des influences extérieures, parce que la GRC ne pourrait pas se réformer elle-même.
Je voterai en faveur du projet de loi à l'étape de la deuxième lecture pour qu'il soit renvoyé au comité, qui pourra en faire un examen en profondeur, ligne par ligne. Dans le cadre de cette étude, je vais non seulement me pencher sur les interactions de la GRC avec le public, qui s'attend à ce que la police assure sa sécurité sans causer de tort, mais également sur ce que ferait le projet de loi pour nous orienter vers une amélioration de la culture interne de cette organisation, la GRC, dont nous voulons tous être fiers.
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Madame la Présidente, avant de commencer, je veux simplement informer les députés que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi . Il s'agit d'une mesure législative qui établirait « un organisme indépendant nommé la Commission d’examen et de traitement des plaintes du public » pour « examiner et enquêter sur les plaintes concernant la conduite et le niveau de service » de la Gendarmerie royale du Canada et de l’Agence des services frontaliers du Canada et « effectuer l’examen d’activités précises » de la GRC et de l’ASFC. En outre, le projet de loi:
autorise le président de la Commission d’examen et de traitement des plaintes du public à recommander d’entamer des processus disciplinaires ou d’imposer des mesures disciplinaires à l’égard d’individus qui ont fait l’objet d’une plainte;
modifie la Loi sur l’Agence des services frontaliers du Canada afin de prévoir des enquêtes sur les incidents graves mettant en cause des dirigeants et des employés de l’[ASFC];
et
modifie la version anglaise des lois fédérales et des textes d’application pour remplacer les mentions de « Force » par « RCMP ».
Ce n'est pas la première fois que je prends la parole au sujet de l'importance d'instaurer un mécanisme de surveillance de l'ASFC. Nous entendons souvent dire à quel point la surveillance compte pour un gouvernement ouvert et transparent, et combien il est important de faire en sorte que les Canadiens et tous les gens qui passent à la frontière canadienne puissent être traités équitablement, obtenir des services empreints de respect et entrer dans notre pays sans être jugés en fonction de leur apparence physique.
Je respecte certes le travail accompli par l'ASFC au fil des ans et des décennies. En effet, cet organisme parvient à assurer l'entrée, l'identification et la vérification des centaines et des milliers de personnes qui se présentent régulièrement à plus de 1 000 points d'entrée partout au pays. Toutefois, je me demande quelle est l'incidence de ce travail sur les gens qui ont peut-être une allure ou des capacités différentes, ou qui ne parlent peut-être pas la même langue que les agents de l'ASFC. La question n'est pas de savoir si les agents de l'ASFC sont en mesure d'appuyer et de protéger les frontières canadiennes et les points d'entrée d'un bout à l'autre du pays. Il s'agit plutôt de savoir comment nous pouvons maintenir et soutenir l'intégrité des valeurs canadiennes à l'intérieur de nos frontières. Il s'agit de savoir si nous faisons le nécessaire pour que tous ceux qui entrent au pays bénéficient de l'égalité des chances et de l'application régulière de la loi.
Sachant que nous donnons un certain pouvoir discrétionnaire aux agents de l'ASFC qui traitent un flux très élevé de demandes au quotidien, j'aimerais savoir si le traitement de ces demandes se fait de façon équitable, objective et conforme aux valeurs des Canadiens. Puisque des centaines et des milliers de voyageurs, de résidents permanents et de citoyens franchissent notre frontière chaque jour, je me demande comment les agents de l'ASFC veillent à préserver l'intégrité du processus. Je me préoccupe particulièrement des cas problématiques qu'ils n'auraient pas détectés.
Je sais que les médias ont récemment rapporté le cas d'un certain nombre de réfugiés égyptiens qui sont arrivés par le port de Vancouver. Des agents de l'ASFC les ont interceptés et ces réfugiés soutiennent maintenant qu'ils ont été victimes de discrimination. En tant que musulmans originaires de l'Égypte, ils ont été associés aux Frères musulmans et ils n'ont aucun recours contre l'agent de l'ASFC qui les a reçus. Ils ne savent pas à quoi leur demande de statut de réfugié aurait dû correspondre ou ressembler.
Ils tentent depuis des années de trouver un endroit où s'établir et souhaitent vraiment s'installer au Canada, mais, pour le moment, ils ne savent pas où ils sont les bienvenus. Je me demande s'ils seraient dans la même situation si le projet de loi à l'étude avait été adopté la première fois qu'il a été présenté, il y a quelques années.
Ce projet de loi donnerait vraiment aux gens la possibilité de demander un examen approfondi pour déterminer si le traitement de leur demande, et la façon dont ils sont traités à leur arrivée au Canada ou lors de leur départ, sont équitables. Nous pourrions ainsi, à la lumière de nos valeurs canadiennes, nous sentir respectés et fiers.
Je peux dire aux députés qu'étant donné la façon dont ils ont été traités, ces demandeurs d'asile qui sont arrivés à Vancouver et qui ont eu affaire à l'ASFC sans disposer d'aucun recours n'ont probablement pas le sentiment d'avoir été traités équitablement. S'il y avait un processus de décision, un système indépendant de traitement des plaintes qui permettrait d'entendre les personnes concernées, d'établir les faits et de comprendre ce qui s'est passé, je doute que ces demandeurs se sentiraient de la même façon aujourd'hui.
Je salue tous les membres de l'ASFC. Je sais qu'ils font de l'excellent travail, qu'ils sauvent des vies et qu'ils doivent contrôler une foule de personnes au quotidien pour assurer la sécurité du pays et des Canadiens. Cependant, si on n'exerce aucune surveillance à l'égard des pouvoirs discrétionnaires des agents de l'ASFC qui doivent contrôler tous ces gens au quotidien, on peut se demander dans quelle mesure on fait preuve d'ouverture, de transparence, et d'équité.
Le Canada fait l'admiration du monde entier. Nous accueillons bien des gens qui veulent s'établir ici, et le Canada est devenu le pays d'adoption de centaines de milliers de personnes, moi y compris. Je me demande comment nous pouvons améliorer ce processus.
Comment peut-on améliorer le processus aux points d'entrée de ce havre de paix que représente le Canada? Comment pouvons-nous veiller à ce que ceux qui sont accueillis par les agents frontaliers à leur arrivée au pays soient traités avec respect, dignité et impartialité, peu importe leurs origines? Un organisme de surveillance indépendant nous permettrait d'exercer cette surveillance et d'assurer un processus équitable à ceux qui cherchent refuge au Canada.
Le projet de loi a été retardé. Il est absolument nécessaire et important d'y inclure un organisme de surveillance indépendant afin que nos frontières soient non seulement protégées, mais qu'elles soient aussi exemptes de la subjectivité et des préjugés contre lesquels la Charte des droits et libertés protège les Canadiens au quotidien.
Nous devons faire avancer le projet de loi, et je suis vraiment impatiente qu'il soit renvoyé au comité et qu'il reçoive enfin la sanction royale, car je crois que c'est ainsi que nous pourrons continuer d'améliorer l'égalité des chances au Canada.
:
Madame la Présidente, c'est un grand privilège de me lever aujourd'hui à la Chambre pour parler du projet de loi , qui est très important.
[Traduction]
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui, sur le territoire traditionnel des Algonquins.
Nous débattons du projet de loi , qui édicterait une nouvelle loi distincte, la Loi sur la Commission d’examen et de traitement des plaintes du public, afin de mettre en place un régime d'examen externe pour la Gendarmerie royale du Canada et l'Agence des services frontaliers du Canada. En matière d'application de la loi et de protection des frontières, rien n'est plus important pour le bon fonctionnement de ces systèmes que la confiance et la responsabilité. Les Canadiens nous regardent et, à vrai dire, le monde entier nous regarde.
La GRC et l'ASFC offrent des services de premier ordre pour assurer la sécurité des Canadiens, et ceux-ci n'attendent, à juste titre, rien de moins qu'un traitement cohérent, juste et égal. C'est une question d'équilibre. La sécurité publique est, bien entendu, primordiale, mais les droits de la personne le sont tout autant. Pour que notre système demeure ainsi équilibré et pour que la population continue de respecter la primauté du droit, il est essentiel que nous adoptions le projet de loi et que nous instaurions un solide système d'examen civil.
La nouvelle Commission d’examen et de traitement des plaintes du public obligerait une reddition de comptes accrue, en plus d'établir un mécanisme d'examen indépendant pour l'ASFC. En créant des mécanismes qui ne relèvent pas des lois habilitantes de la GRC et de l'ASFC, nous joignons le geste à la parole. Nous démontrons l'importance de ce que nous cherchons à inscrire dans la loi, c'est-à-dire l'indépendance par rapport aux organisations en question.
J'aimerais utiliser mon temps de parole aujourd'hui pour m'attarder sur certains détails du projet de loi.
Premièrement, le projet de loi édicterait de nouveaux mécanismes spécifiques de responsabilité et de transparence, notamment par l'ajout d'échéanciers concernant la production d'une réponse par la Gendarmerie royale du Canada ou l'Agence des services frontaliers du Canada aux rapports, aux examens et aux recommandations de la Commission d’examen et de traitement des plaintes du public. Il y aurait également des échéances pour l'échange d'information entre la GRC et l'ASFC, ainsi qu'avec la Commission d’examen et de traitement des plaintes du public. Par exemple, la GRC et l'ASFC auraient six mois pour répondre à un rapport provisoire de la Commission et, après que la Commission ait publié un rapport à la suite d'un examen d'activités précises de la GRC et de l'ASFC, ces dernières auraient 60 jours pour répondre.
Non seulement ces organismes doivent faire rapport au président de la Commission d'examen et de traitement des plaintes du public dans les délais prescrits, mais le projet de loi obligerait également le commissaire de la GRC et le président de l'ASFC à soumettre chacun un rapport annuel au . Ces rapports décriraient en détail les mesures que la GRC et l'ASFC ont prises au cours de l'année pour donner suite aux recommandations de la Commission.
Je m'en voudrais de ne pas souligner les efforts de la GRC visant à améliorer la rapidité de ses réponses à la Commission civile d’examen et de traitement des plaintes relatives à la Gendarmerie royale du Canada au cours de la dernière année. Les dispositions du projet de loi à l'étude garantiraient que l'organisme poursuive ses efforts en ce sens.
Un autre aspect très important du projet de loi est la disposition obligeant la Commission d’examen et de traitement des plaintes du public à rendre compte de données ventilées fondées sur la race. Les Canadiens l'ont dit haut et fort — et nous sommes d'accord —, que l'éradication du racisme systémique au sein des forces de l'ordre est une priorité urgente. Recueillir, établir et publier des données fondées sur la race des plaignants est l'un des moyens de combler les lacunes dans les connaissances sur le racisme systémique.
En outre, le projet de loi enjoint à la Commission d’examen et de traitement des plaintes du public de mettre en œuvre des programmes d'éducation et d'information à l'intention du public pour mieux faire connaître son mandat. En informant et en sensibilisant davantage le public grâce à ce type de mécanismes, le projet de loi vise à gagner la confiance des Noirs, des Autochtones et de tous les Canadiens racialisés. Bien entendu, tout cela découle des travaux du Comité permanent de la sécurité publique et nationale et de son rapport intitulé « Racisme systémique au sein des services policiers au Canada ». Nous donnons suite à la recommandation contenue dans ce rapport selon laquelle le gouvernement du Canada doit préciser et renforcer le mandat, l’indépendance et l’efficacité de la Commission civile d’examen et de traitement des plaintes.
En plus de renforcer la surveillance de la GRC, ce projet de loi vise à combler une lacune qui existe depuis longtemps en ce qui concerne la surveillance de l'ASFC. Actuellement, les plaintes du public sont traitées dans le cadre de processus internes à l'ASFC et il n'existe aucun mécanisme indépendant permettant d'examiner les plaintes du public concernant la conduite et le niveau de service du personnel de l'ASFC.
Ne nous méprenons pas: il s'agit d'un projet de loi particulièrement ambitieux et important. Toutefois, étant donné que nous avons eu plusieurs occasions de légiférer sur cette question, notamment avec les projets de loi et , tous deux morts au Feuilleton en 2019 et 2020 respectivement, nous avons également saisi l'occasion de renforcer ce projet de loi.
Pour ce faire, nous avons mené des consultations approfondies auprès des intervenants, du grand public et d'experts en matière de gouvernance comme Mel Cappe, et surtout auprès de la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes elle-même. Je tiens à souligner le dévouement de la présidente de la Commission, Michelaine Lahaie, dont bon nombre des recommandations réfléchies et rigoureuses ont permis de faire de ce projet de loi un cadre de responsabilisation et de transparence, et c'est la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui.
Au début de mon intervention d'aujourd'hui, j'ai affirmé que les nouveaux organismes nationaux d'application de la loi et de services frontaliers sont de calibre mondial, et je maintiens cette déclaration. C'est exactement pourquoi cette mesure législative est essentielle. Pour que ces organismes demeurent de calibre mondial et que le Canada conserve sa réputation durement gagnée d'équité et de justice sur la scène internationale, nous devons suivre l'exemple de nos homologues internationaux.
C'est exactement ce que ferait le projet de loi, en alignant la fonction de surveillance de notre agence des services frontaliers sur celle de pays comme le Royaume-Uni, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. À l'intérieur du Canada, le projet de loi alignerait aussi les fonctions de surveillance de la nouvelle Commission d’examen et de traitement des plaintes du public sur celles d'autres organismes de surveillance de la sécurité publique, comme le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement et le nouvel Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement.
En résumé, le projet de loi est grandement nécessaire et attendu depuis longtemps. Sans lui, la Commission civile d’examen et de traitement des plaintes ne dispose pas de tous les outils nécessaires pour maintenir la surveillance civile du système d'application de la loi, et la population canadienne ne possède pas les outils requis pour continuer de faire confiance — ou, dans bien des cas, recommencer à faire confiance — aux services fournis par le système. Le projet de loi à l'étude répond à des urgences qui auraient dû être corrigées depuis des années et à des problèmes qui ont récemment commencé à retenir une grande attention, comme le racisme systémique.
Je sais que mes collègues partagent notre préoccupation pour la sécurité publique et le droit de tous les Canadiens à vivre à l'abri de la discrimination, j'invite donc tous les députés à se joindre à moi pour appuyer l'adoption rapide de ce projet de loi.