Que, étant donné qu’après huit années des politiques laxistes en matière de criminalité de ce gouvernement,
(i) les crimes violents ont augmenté de 32 %,
(ii) les homicides liés aux gangs ont augmenté de 92 %,
(iii) des récidivistes violents obtiennent beaucoup plus facilement une libération sous caution,
(iv) les actes criminels violents se multiplient au quotidien et mettent les Canadiens en danger,
(v) cinq policiers canadiens ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions en une seule année,
la Chambre demande au gouvernement d’adopter des politiques qui accordent la priorité aux droits des victimes et des citoyens respectueux des lois, à savoir:
a) réparer le système canadien de libération sous caution qui ne fonctionne plus en abrogeant immédiatement les éléments édictés par le projet de loi C-75, Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et d’autres lois et apportant des modifications corrélatives à certaines lois, qui oblige les juges à remettre en liberté des récidivistes violents, qui peuvent alors commettre de nouveaux crimes;
b) durcir les dispositions législatives du Canada sur la libération sous caution de façon à ce que les personnes à qui il est interdit de posséder des armes à feu et qui sont ensuite accusées de crimes graves avec une arme à feu ne puissent pas facilement obtenir une libération sous caution;
c) veiller à ce que le système judiciaire du Canada fasse passer les droits des Canadiens respectueux des lois avant ceux des récidivistes violents.
— Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Deux raisons expliquent pourquoi nous sommes ici aujourd'hui pour parler de la réforme des libérations sous caution et des crimes violents.
Premièrement, les Canadiens s'inquiètent de plus en plus de la vague de crimes violents qui frappe toutes les grandes agglomérations et les collectivités rurales d'un bout à l'autre du pays. Chaque matin, les Canadiens voient dans les manchettes des crimes violents, des agents de police assassinés et des personnes qui ont été tuées dans les transports en commun. Voilà pourquoi nous sommes ici. Nous avons entendu leurs préoccupations et nous sommes ici pour les représenter et exiger des changements.
Deuxièmement, nous sommes ici aujourd'hui pour exiger des changements de la part des libéraux, qui n'ont absolument rien fait pour s'attaquer à la vague de crimes violents qui frappe le pays. Ils n'ont pris aucune responsabilité. Ils n'ont pas dit aux Canadiens qu'ils prenaient la chose au sérieux et qu'ils allaient prendre des mesures. Ils n'ont soumis aucune nouvelle idée sur la façon dont on pourrait répondre au besoin d'une réforme immédiate des libérations sous caution au pays, s'attaquer à la hausse des crimes violents et régler le problème des récidivistes violents qui sont arrêtés puis libérés par la police encore et encore, et qui sèment quotidiennement la pagaille dans nos collectivités.
C’est la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd’hui. Nous voulons parler de la réforme des libérations sous caution et de la criminalité dans le cadre de notre motion de l’opposition conservatrice, qui vient d’être présentée.
Ce que je dirais aux Canadiens, c’est que ce n’est pas seulement dans leur imagination que les crimes violents sont en hausse. Ils sont bel et bien en hausse. En fait, ils ont augmenté de 32 % au cours des huit dernières années sous le libéral. Qui plus est, les meurtres commis par des gangs ont presque doublé. Ils ont augmenté de 92 % au cours des huit années où le premier ministre libéral était à la barre.
Nous avons également constaté, comme je l’ai mentionné plus tôt, que des policiers sont assassinés dans l'exercice de leurs fonctions. Il y en a eu cinq au cours des derniers mois, particulièrement pendant les vacances. Un jeune agent de la police de l’Ontario, Greg Pierzchala, a été tué par un récidiviste violent qui était en liberté sous caution. Il a été abattu par cet homme. Cet homme avait également une ordonnance d’interdiction de possession d’armes. Il était jugé trop dangereux pour posséder une arme à feu par notre système judiciaire et avait de longs antécédents de violence à l'égard des gens de sa collectivité. Ce récidiviste violent a été libéré sous caution, puis il a assassiné un jeune policier innocent pendant les vacances. Les histoires de ce genre sont malheureusement de plus en plus courantes dans ce pays.
Cela n'arrive pas seulement à Toronto. Bien sûr, les gens de Toronto savent mieux que moi que les transports en commun sont de moins en moins sûrs. En fait, de plus en plus de femmes craignent de prendre le métro parce que des gens y sont assassinés. Il y a des adolescents qui attaquent en bande des gens et les poignardent à mort. Des gens sont brûlés vifs. Des gens sont agressés et jetés au sol. Récemment, un journaliste de la CBC a été agressé et en est mort. Quatre jours plus tôt, une femme âgée a vécu la même chose à Toronto. Ils marchaient simplement dans la rue, vaquant à leurs affaires, et ont été assassinés.
À Vancouver, la collectivité est confrontée à de graves problèmes de drogue, des personnes en surdose étalées dans les rues, face contre terre. C’est horrible. Je pense que tout le monde s’entend pour dire qu’il faut agir immédiatement dans ce domaine. Nous voyons également un très petit groupe de personnes infliger la terreur à cette communauté, aux communautés les plus vulnérables et à Vancouver en général. En fait, l’an dernier, 40 personnes ont été arrêtées 6 000 fois. Cela signifie que chacune de ces 40 personnes a été arrêtée 150 fois en une année, c'est-à-dire tous les deux ou trois jours, ou parfois plusieurs fois par jour. La police dit qu’il lui arrive d’arrêter la même personne qui commet des actes violents deux fois dans la même journée. Quarante personnes arrêtées 6 000 fois: c’est stupéfiant, alors je vais continuer à le répéter. Quel genre de système judiciaire avons-nous si 40 personnes peuvent faire des ravages et commettre 6 000 crimes en un an?
Le système de libération sous caution ne fonctionne pas dans ce pays, et ce ne sont pas seulement les conservateurs qui le disent. Les conservateurs disent depuis longtemps que nous avons besoin d’une réforme du système de libération sous caution, mais c’est aussi une question non partisane. Tous les premiers ministres des provinces et des territoires le disent. Ce sont les trois premiers ministres des territoires et les dix premiers ministres des provinces, représentant les conservateurs, les néo-démocrates et les libéraux. C’est une question non partisane.
Ils ont tous signé une lettre historique adressée au au cours des deux dernières semaines, demandant une réforme du système de libération sous caution. Les députés savent-ils à quel point il est difficile d’amener toutes les régions du pays à signer une lettre et à se mettre d’accord sur une politique particulière? C’est plutôt rare et très difficile, et ils l’ont fait de leur propre chef. Ils se sont réunis, ont signé la lettre et ont exigé du une réforme du système de libération sous caution. On aurait pu penser que le premier ministre aurait convoqué une conférence de presse pour dire qu’il allait faire quelque chose à ce sujet, car toutes les régions du pays sont concernées, mais il n’en a rien été. C'est le calme plat du côté des libéraux.
Les libéraux n’ont fait aucune annonce et n’ont pris aucun engagement à l’égard d’une réforme du système de libération sous caution. En réponse à nos questions pendant la période des questions, le , l’homme de qui relève la responsabilité du Code criminel, a dit que c’était la police et les provinces qui étaient responsables des problèmes dans ce pays.
Le dit qu’il est ouvert aux idées. Les premiers ministres provinciaux, tous les premiers ministres provinciaux du pays, en fait, lui en ont proposé une, et il y en a d’autres, si les libéraux en veulent, de la part de la police de Toronto, l’épicentre des crimes violents au pays. La police de Toronto a écrit une lettre, de sa propre initiative, au de ce pays, proposant trois mesures concernant la libération sous caution. En fait, les associations de policiers de tout le pays et les forces policières municipales affirment que la réforme du système de libération sous caution sauvera des vies. C’est ce que disent les policiers. Ce sont les personnes en première ligne qui mettent leur vie en danger pour la sécurité de la communauté, celles qui s’occupent des récidivistes violents, qui disent que nous avons besoin d’une réforme du système de libération sous caution et que des vies canadiennes seront sauvées.
Les données nous le disent aussi. J’ai récemment entendu le chef Myron Demkiw de la police de Toronto, qui a déclaré qu’il y avait eu 44 meurtres par balle à Toronto l’année dernière, 44 vies innocentes prises par des criminels violents utilisant des armes à feu. Sur ces 44 meurtriers, 24 étaient en liberté sous caution. Si notre système de libération sous caution était un peu plus sévère pour les récidivistes violents, 24 personnes seraient encore en vie. Par conséquent, les données montrent que la police a raison de dire qu’une réforme du système de libération sous caution sauverait des vies, et pourtant, les libéraux restent muets. Ils ne prennent pas cela au sérieux. Ils ne prennent aucune responsabilité, et des gens meurent. Je ne comprends pas cela. Ils sont responsables de la sécurité publique.
Le a passé la majeure partie du mois de janvier à sillonner le pays et à parler aux chasseurs de la suppression des outils qu’ils utilisent parce que les libéraux se montrent sévères, comme ils disent, à l’égard des armes à feu, du contrôle des armes, des chasseurs de canards, des agriculteurs et des tireurs sportifs. Il a consacré beaucoup de temps et de ressources à aller parler aux chasseurs pour leur retirer leurs armes à feu. Pendant ce temps, des policiers sont assassinés à Toronto. Des gens sont assassinés dans le métro. Pourquoi le ministre de la Sécurité publique du Canada n’a-t-il pas fait la tournée de nos villes pour parler aux policiers de ce à quoi ils sont confrontés quotidiennement? Quel temps et quelles ressources sont consacrés à cette question?
Le gouvernement libéral va encore dépenser des milliards de dollars pour courir après des gens comme moi qui possèdent des armes dûment enregistrées et qui pratiquent le tir et la chasse en famille. C’est à eux que les libéraux s’en prennent, c’est contre eux qu’ils dirigent toute leur énergie et leurs ressources, s’agissant d’armes à feu. Pendant ce temps, des gens se font tuer par des récidivistes violents qui continuent d’être mis en liberté sous caution. Tout cela, c’est la faute du gouvernement libéral.
Parlons du projet de loi , que les libéraux ont présenté il y a quelques années pour réformer la mise en liberté sous caution. Quand je parle à des policiers, ils me disent que c’est maintenant qu’on commence à voir les résultats de toutes les réformes mises en œuvre pour faciliter la mise en liberté sous caution des récidivistes violents. Voilà ce que disent ces policiers qui sont en première ligne.
Nous devons abroger les dispositions les plus dangereuses du projet de loi . Voici ce que le doit faire pour faire preuve de leadership: qu’il se montre impitoyable à l’égard des criminels, qu’il se montre impitoyable à l’égard des 40 personnes qui ont été arrêtées 6 000 fois pour des crimes violents à Vancouver, et qu’il prenne les mesures nécessaires pour sauver 24 vies à Toronto l’an prochain. Chaque année, on a à peu près les mêmes statistiques à Toronto: plus de la moitié des meurtres par armes à feu sont commis par des personnes en liberté sous caution. C’est une mesure qui peut être annoncée par le gouvernement libéral dès aujourd’hui et appliquée dans les prochains mois.
En conclusion, j’aimerais rappeler que les conservateurs ont su se montrer fermes à l’égard des criminels, ils ont un bilan pour le prouver. En fait, pendant les 10 années où Stephen Harper a été premier ministre, la criminalité a diminué de 26 %. Son gouvernement a présenté 80 projets de loi dans le domaine de la justice pénale. Pour Stephen Harper, c’était la priorité des priorités. Aujourd’hui, après huit années de pouvoir libéral, la tendance s’est complètement renversée puisque les crimes violents ont augmenté de 32 %. C’est une question d’approche face aux criminels, et la nôtre est radicalement différente. Un gouvernement conservateur sera avant tout le gouvernement qui sauvera des vies, qui sera impitoyable à l’égard des criminels, qui traitera avec dignité les citoyens respectueux de la loi, qui accordera la priorité aux droits des victimes et qui s’assurera que les récidivistes violents ne sont pas laissés en liberté.
:
Monsieur le Président, je me réjouis de pouvoir prendre la parole aujourd’hui sur une question qui préoccupe grandement nos concitoyens.
Notre système de justice ne fonctionne plus, gracieuseté des libéraux. Tout le monde le sait. Les 13 premiers ministres provinciaux et territoriaux s’entendent pour réclamer des changements. Notre système de mise en liberté sous caution relève de la compétence du gouvernement fédéral, car les dispositions applicables se trouvent dans le Code criminel. Notre système de mise en liberté sous caution est complètement dysfonctionnel.
De récentes statistiques qui concernent Toronto vont complètement renverser les députés. Nous avons reçu des témoignages d’associations de policiers de tout le pays, de la Police provinciale de l’Ontario, de la police de Toronto, d’agents de police, et mes collègues ont certainement entendu, dans leur circonscription, les gens se plaindre des dangers de l’actuel système de capture et de remise en liberté des criminels. C’est bien cela: on arrête les criminels et on les remet en liberté.
À Toronto, et c’est absolument renversant, il y a eu l’an dernier 44 homicides par armes à feu. Sur les 44 délinquants qui ont été reconnus coupables, 24 ont été placés en liberté sous caution. Notre système est en faillite. À elle seule, cette statistique le prouve puisqu’elle montre qu'à Toronto, plus de la moitié des homicides sont commis par des gens qui ont été placés en liberté sous caution. Ce sont des gens qui peuvent marcher librement dans la rue, même si la police a fait son travail et qu’ils ont été arrêtés et inculpés. À cause d’un système qui a été saboté par les libéraux, ils ont été remis en liberté.
Voici une autre statistique renversante qui m’a été communiquée par la police de Toronto: en 2021, 47 personnes ont été placées en liberté sous caution. Qui sont ces 47 individus? Ce sont des gens qui ont été arrêtés pour avoir commis une infraction avec une arme à feu, mais qui ont été remis en liberté sous caution. Autrement dit, ils ont commis une infraction avec une arme à feu, mais ils peuvent marcher librement dans la rue. Ces 47 personnes ont été arrêtées à nouveau pour une autre infraction commise avec une arme à feu, et elles ont toutes été remises en liberté sous caution. Donc, elles ont fait l’objet de deux remises en liberté sous caution pour des infractions commises chaque fois avec une arme à feu. Le système est en faillite.
Parlons maintenant de la mort tragique d’un policier, qui a tétanisé nos organisations de policiers ainsi que tous nos premiers ministres provinciaux. Comme vient de le dire mon collègue, il est difficile d’obtenir l’unanimité de toutes les parties et de tous les premiers ministres provinciaux, mais aujourd’hui, tout le monde réclame une réforme du système de mise en liberté sous caution. Tout le monde s’entend pour dire que les récidivistes violents qui commettent des infractions avec une arme à feu ne devraient pas être remis en liberté. Ce n’est pourtant pas demander la lune.
Deux jours après Noël, un jeune policier a été abattu par un individu qui était en liberté sous caution alors qu’il faisait l’objet d’une ordonnance d’interdiction à vie de possession d’arme à feu. Si on ne peut pas garder en détention une personne qui fait l’objet d’une ordonnance d’interdiction à vie de possession d’arme à feu, le système est vraiment en faillite.
Qui l’a mis en faillite? Les libéraux. En 2019, le projet de loi a fait en sorte qu’il est devenu beaucoup plus difficile d’incarcérer des criminels qui auraient dû l’être. Le projet de loi C‑75 représentait une réforme radicale, par le gouvernement libéral, du système de mise en liberté sous caution, lequel système est devenu un système de capture et de remise en liberté des récidivistes violents, y compris ceux qui commettent leurs crimes avec des armes à feu.
Mais il y a pire. Les libéraux se plaisent à dire que la politique de fermeté des conservateurs ne fonctionne pas. Mais en réalité, c’est tout le contraire. Le nombre de crimes violents a diminué pendant que nous étions au pouvoir. Que se passe-t-il aujourd’hui? La criminalité a augmenté de 32 % au Canada, depuis que les libéraux ont été élus. Les crimes et les homicides en bande organisée ont presque doublé depuis que les libéraux ont pris le pouvoir, c’est-à-dire en moins de huit ans. Il est donc tout à fait justifié de dire que tout ça est leur faute, car c’est le système qu’ils ont mis en place.
Que fait le projet de loi ? Il supprime les peines minimales obligatoires pour des crimes comme les extorsions avec une arme à feu, les vols à main armée et les fusillades au volant. Il autorise la détention à domicile pour les individus qui incendient des maisons. Autrement dit, ces incendiaires brûlent les maisons des autres mais ils purgent leur peine dans le confort de leur propre maison. Quant à ceux qui commettent des agressions sexuelles, ils peuvent maintenant purger leur peine à domicile, même s’ils habitent dans la même collectivité que leur victime.
Quand nous disons que le système de justice des libéraux est en faillite, c’est la vérité. Les libéraux caricaturent souvent la politique de fermeté que revendiquent les conservateurs. Le récidiviste qui commet un vol à main armée ne doit pas être remis en liberté. Celui qui cambriole un magasin ou une maison avec une arme à feu ne doit pas être remis en liberté. Ces gens-là doivent être incarcérés.
Cela ne rend service à personne, ni à la victime, ni à la communauté, ni même au délinquant. Comment le fait de remettre en liberté un délinquant pourrait-il lui rendre service? Sous le gouvernement conservateur, celui qui commettait un vol à main armée était incarcéré pour un minimum de quatre ans.
Avec le projet de loi qui a récemment été adopté, le projet de loi laxiste des libéraux, il n’y a plus de peine d’emprisonnement obligatoire pour un vol à main armée. J’ai entendu le dire à plusieurs reprises, et c’est intéressant, qu’une politique de fermeté à l’égard des criminels n’était pas constitutionnelle.
Or, il y a à peine une semaine, à quelques encablures d'ici, la Cour suprême du Canada a statué que la peine d’emprisonnement obligatoire de quatre ans en cas de vol à main armée était constitutionnelle. Cette décision a été prise à sept voix contre deux. La Cour suprême du Canada a aussi statué qu’une peine d’emprisonnement obligatoire de cinq ans pour un vol à main armée était constitutionnelle. Quelle surprise! Cette décision a été prise à sept voix contre deux. Il s’agissait de deux causes différentes.
En matière de criminalité, le laxisme ne fonctionne pas. Les Canadiens le savent. Les conservateurs le savent. Les premiers ministres provinciaux, quelle que soit leur allégeance politique, le savent aussi. Les seules personnes au Canada qui privilégient cette approche sont les libéraux et les récidivistes, pas vraiment des gens fréquentables.
Nous devons réagir au nom des victimes. Je ne vois pas comment nous pouvons regarder dans les yeux les proches des victimes en leur affirmant que le système fonctionne. Comment pouvons-nous leur dire que celui qui a tué la personne qu’ils aimaient était en liberté sous caution, qu’il faisait l’objet d’une interdiction à vie de port d’armes, et que malgré tout le système fonctionne? Non, le système ne fonctionne pas, il est complètement dysfonctionnel.
Nous avons besoin de grands changements. Nous devons abroger le projet de loi . Nous devons nous assurer que l'individu qui commet un vol avec une arme à feu sera envoyé en prison. Nous devons faire en sorte que celui qui incendie une maison ou commet une agression sexuelle ne purge pas sa peine dans le confort de sa maison. Le récidiviste ayant commis des crimes avec des armes à feu doit purger sa peine en prison.
Lorsque la police arrête un individu qui est visé par une ordonnance lui interdisant de posséder une arme à feu et qui vient de commettre un autre crime lié aux armes à feu, comme une fusillade au volant ou un vol avec une arme à feu, il est assez évident que, pour protéger les victimes, la population et les policiers qui travaillent en première ligne, cet individu doit rester derrière les barreaux.
C’est tout à fait acceptable. C’est raisonnable. C’est ce que tous les premiers ministres provinciaux demandent. C’est ce que la police réclame. C’est ce que les Canadiens veulent. Malheureusement, pendant trois jours consécutifs, nous avons demandé au gouvernement, en toute bonne foi, de faire quelque chose et de corriger l’erreur qu’il a commise. Va-t-il modifier les dispositions sur la mise en liberté sous caution afin d'empêcher les criminels qui ne devraient absolument pas errer dans les rues de commettre des crimes et d'assassiner des gens? Va-t-il modifier les règles pour que ces individus soient gardés derrière les barreaux? Les occupants des banquettes là-bas restent enfermés dans leur mutisme.
Les libéraux disent que, si l’opposition fait une proposition, ils vont l'examiner. Ils blâment presque les victimes tout en soulignant que la police et les provinces ont un rôle à jouer. Pourtant, c'est aux libéraux qu'il incombe de modifier le Code criminel. Nous exigeons qu’ils réforment le système de cautionnement libéral qui est en faillite. Ils doivent le faire maintenant.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec Ie .
[Français]
Je suis heureux de pouvoir m'exprimer sur l'important dossier de la mise en liberté sous caution et d'une possible réforme au Canada. Je sais que c'est un sujet qui préoccupe les Canadiens. Il s'agit certainement d'une priorité pour mon gouvernement que les lois soient efficaces, justes, et qu'elles protègent les Canadiens.
[Traduction]
Tout d’abord, j’aimerais présenter mes condoléances aux familles des agents Greg Pierzchala, Michael Finlay et Katie Nguyen Ngo, ainsi qu’à toutes les victimes des incidents violents troublants dont nous avons été témoins ces derniers mois dans tout le pays. Chacun de ces incidents a été une tragédie personnelle et un coup dur pour nos collectivités.
Le Canada dispose d’un système de justice pénale solide et efficace, y compris ses lois sur la mise en liberté sous caution, mais nous savons tous qu’il est toujours possible d’améliorer les choses. Les Canadiens méritent d’être et de se sentir en sécurité, et nous avons un rôle à jouer dans la protection de nos collectivités. Je tiens à rassurer les Canadiens: si une personne représente une menace importante pour la sécurité publique, la loi nous dit qu’elle ne devrait pas être libérée sous caution.
Je suis déçu que l’opposition officielle utilise les tragédies pour tenter de marquer des points politiques. Les Canadiens savent qu’il s’agit de questions sérieuses et compliquées, et qu’il n’y a pas de solutions rapides ou faciles. C’est pourquoi nous travaillons fort depuis des mois, en collaboration avec nos homologues provinciaux et territoriaux, pour trouver des solutions qui assureraient la sécurité à long terme de nos collectivités.
Le Canada n’est pas brisé, malgré ce que le aimerait que les gens pensent. En effet, des données provenant de Toronto montrent qu’entre 2019 et 2021, il y a eu une diminution, tant du pourcentage de personnes ayant obtenu une mise en liberté sous caution que du nombre de personnes arrêtées de nouveau alors qu’elles étaient en liberté sous caution.
[Français]
Cela dit, notre gouvernement cherche toujours des façons d'améliorer la sécurité publique et l'efficacité de notre système de justice. À la rencontre fédérale-provinciale-territoriale d'octobre, le et moi nous sommes engagés à poursuivre notre collaboration avec nos vis-à-vis sur la question des mises en liberté sous caution. Ce travail est bien entamé. Nous avons aussi reçu une lettre des premiers ministres sur les mises en liberté sous caution et nous examinons attentivement leurs propositions parmi d'autres options.
[Traduction]
Hier, j’ai eu le plaisir de rencontrer mon homologue de la Colombie-Britannique, la ministre Sharma. La ministre Sharma et moi avons convenu que la meilleure façon d’aborder la question complexe de la réforme du système de mise en liberté sous caution est de travailler ensemble. J’espère que tous mes homologues provinciaux et territoriaux seront d’accord.
[Français]
Malheureusement, il y a beaucoup désinformation au sujet de l'ancien projet de loi . Le projet de loi C‑75 est le fruit d'une longue et étroite collaboration avec les provinces et les territoires. Il a codifié les principes de mise en liberté sous caution tels qu'articulés dans le cadre de décisions contraignantes de la Cour suprême du Canada.
Je veux réitérer que le projet de loi C‑75 n'a apporté aucun changement fondamental au régime de mise en liberté sous caution. Il n'a pas modifié les critères selon lesquels un accusé peut être libéré par le tribunal. Au contraire, le projet de loi C‑75 a rendu plus difficile la mise en liberté sous caution dans le cas de certaines infractions comme la violence à l'endroit des partenaires intimes en renversant le fardeau de la preuve.
[Traduction]
J’espère que le député de sera également rassuré d’apprendre qu’il existe déjà une inversion du fardeau de la preuve lorsqu’un accusé soumis à une interdiction de port d’arme est accusé d’une infraction liée aux armes à feu, exactement comme le demande sa motion. Cela signifie que l’accusé se verrait refuser la mise en liberté sous caution à moins qu’il puisse prouver au tribunal que sa libération ne poserait pas un risque important pour la sécurité publique ou ne minerait pas la confiance du public.
Je connais également assez bien le député de pour être certain qu’il n’essayait pas délibérément d’induire la Chambre en erreur au sujet de la récente décision de la Cour suprême, qui a en fait confirmé tout ce que nous avons fait dans le projet de loi . La Cour a jugé que la peine minimale obligatoire que nous avons annulée était inconstitutionnelle et elle a confirmé les peines minimales obligatoires que nous avons choisi de conserver dans ce projet de loi. Je suggère au député de lire la décision de la Cour suprême d’un peu plus près.
L’une des demandes formulées dans la lettre des premiers ministres est d’établir une inversion du fardeau de la preuve pour d’autres infractions. Je peux assurer à la Chambre que j’y réfléchis sérieusement et que le travail est en bonne voie. Nous avons également entendu des appels à la réforme de l’application de la loi. Je leur suis reconnaissant de leurs recommandations fondées sur leur expérience en première ligne. Des travaux sont en cours pour concevoir des options législatives et non législatives afin de relever le défi particulier que représentent les récidivistes violents.
[Français]
Nous savons aussi que ce n'est pas seulement avec une réforme législative que nous allons complètement régler ce problème. La police doit avoir les ressources nécessaires pour surveiller ceux qui bénéficient d'une mise en liberté sous caution et pour arrêter ceux qui ne respectent pas les conditions de leur mise en liberté.
Nous avons déjà fourni un financement important et nous sommes ouverts à l'accroître là où il y a des besoins. Il faut du soutien et des soins pour la santé mentale, ainsi que pour les traitements pour les dépendances. Il faut un filet social. Le gouvernement précédent a réduit les programmes sociaux et, aujourd'hui, on en constate les conséquences, qui sont bien trop réelles et sérieuses. Pour notre part, en tant que gouvernement, nous avons fait des investissements sans précédent pour la santé mentale, y compris 5 milliards de dollars pour les provinces et les territoires afin d'augmenter l'accès aux soins.
[Traduction]
Je félicite nos partenaires de la Colombie‑Britannique pour les mesures qu’ils ont prises en novembre au sujet de la libération sous caution dans le cadre de leur plan d’action pour des collectivités sûres. J’encourage toutes les provinces à utiliser les nombreux outils qui sont à leur disposition pour veiller à ce que les lois sur la libération sous caution soient appliquées de manière sûre, équitable et efficace. Hier, j’ai été heureux d'entendre le premier ministre de l’Ontario s’engager à agir dans ce domaine, et je contacterai mon homologue dans les prochains jours pour discuter de la façon dont nous pouvons collaborer.
Pour relever les défis particuliers que posent les récidivistes violents, il faut une approche globale qui transcende les frontières provinciales et territoriales et les ordres de gouvernement. Nous agirons à l’échelle fédérale et j’espère que mes homologues provinciaux feront de même. La seule façon de résoudre ce problème est de travailler ensemble. À cette fin, comme prévu depuis notre dernière réunion en octobre, je demanderai dans les prochains jours à mes homologues de la justice et de la sécurité publique de convoquer d’urgence une réunion fédérale-provinciale-territoriale afin de poursuivre notre important travail sur la libération sous caution.
J’ai bon espoir qu’ensemble, nous pourrons examiner le produit de plusieurs mois de travail commun des fonctionnaires fédéraux et provinciaux et convenir d’une voie globale à suivre.
[Français]
Nous savons qu'il n'y a pas de solution facile à un problème aussi complexe. Nous croyons fermement qu'il faut protéger les Canadiens.
[Traduction]
Parallèlement, nous devons nous assurer que toute mesure prise n’exacerbera pas la surreprésentation des Autochtones et des Canadiens noirs et racialisés dans nos prisons. Nous ne devons pas marginaliser davantage les personnes vulnérables, notamment celles qui sont aux prises avec des problèmes de santé mentale et de toxicomanie, et nous devons également nous assurer que tout ce que nous faisons est conforme à la Charte.
Je me réjouis de la tenue d’un débat sincère à la Chambre aujourd’hui, et je serai heureux d’accepter toute suggestion de bonne foi faite par les députés. Je décourage les députés de gaspiller cette occasion avec des discours creux destinés à attiser les craintes des Canadiens. Débattons des solutions réelles et concentrons notre énergie à avancer des idées sur la façon dont le système peut être modifié pour mieux assurer la sécurité des Canadiens tout en respectant nos valeurs et nos droits fondamentaux.
:
Monsieur le Président, je tiens à remercier mes collègues de nous permettre de tenir cet important débat sur la réforme de la libération sous caution. Avant d’en venir aux observations qui ont déjà été préparées pour moi, je veux prendre quelques instants pour reconnaître le chagrin, le traumatisme, le sentiment de perte et la souffrance que ressentent des collectivités de tout le pays. J’ai eu la chance de visiter de nombreuses collectivités, dans l’Ouest à Vancouver ou dans l’Est, dans des collectivités de l’Atlantique, où j'ai rencontré les familles et les victimes de Portapique et de Truro.
[Français]
Plus récemment, c'était à Québec, avec toutes les familles et tous les survivants, lors de la commémoration du sixième anniversaire de la tragédie de la fusillade à la mosquée.
[Traduction]
Dans ma ville, nous assistons aussi récemment à une vague de violence dans le réseau de transport en commun. Il est impératif que nous ayons une discussion réfléchie sur un certain nombre de critères. Oui, nous devons nous pencher sur nos politiques et nos lois.
Je tiens à féliciter le pour les nombreuses réformes proposées en vue d’améliorer l’administration de la justice, afin que nous puissions nous concentrer sur les délinquants dangereux qui, dans de nombreux cas, doivent être séparés de la collectivité par mesure de sécurité. De plus, je tiens à souligner le travail que lui et notre gouvernement font pour relever les nombreux défis systémiques qui ont mené à la surreprésentation des peuples autochtones et des Canadiens racialisés dans les établissements carcéraux fédéraux et provinciaux. Nous ne pouvons pas tenir ces discussions en vase clos.
J’ai partagé le chagrin des familles. J’ai partagé le chagrin des policiers qui ont perdu cinq des leurs. Nous leur devons, ainsi qu’à chaque Canadien, de nous assurer que nos discussions s’appuient sur les principes énoncés dans la Charte, mais aussi sur les expériences de ceux qui ont souffert. C’est dans cet esprit que j’espère que nous pourrons tenir ce débat aujourd’hui.
Mon collègue le a dit qu'il était disposé à recevoir des propositions concernant le système de libération sous caution. J’ai travaillé aux premières lignes du système de justice pénale. J’ai vu comment ces lois sont appliquées de façon très réelle, pratique et tangible. Même si nous examinons les propositions présentées par les différents acteurs, y compris la communauté des forces de l’ordre, j’espère que tous les députés comprendront qu’il n’existe pas de solution miracle pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés. Nous devons examiner l’ensemble des lois et des politiques, non seulement en ce qui concerne la libération sous caution, mais aussi en ce qui concerne la façon dont nous nous efforçons de lutter contre la violence liée aux armes à feu.
Le Comité permanent de la sécurité publique et nationale étudie actuellement le projet de loi , qui doterait les forces de l’ordre d’outils supplémentaires pour s’attaquer à la violence liée aux armes à feu en augmentant les peines maximales imposées aux trafiquants d'armes endurcis et en donnant aux forces de l’ordre des outils de surveillance supplémentaires pour intercepter les réseaux du crime organisé qui cherchent à faire entrer illégalement au pays des armes à feu qui pourraient être utilisées dans des crimes violents pour terroriser nos collectivités.
Nous devons également examiner les autres investissements que le gouvernement fait pour aider les responsables de l’application de la loi à assurer la sécurité de nos collectivités, y compris une somme de 450 millions de dollars allouée à l’ASFC au cours des dernières années. Cela permettra aux organismes d’application de la loi d’acquérir les ressources, la technologie et les techniques dont ils ont besoin pour poursuivre les progrès réalisés au cours des deux dernières années, alors qu'ils ont saisi un nombre record d’armes à feu illégales.
Au-delà de ces investissements, je pense qu’il est également important de parler de prévention. Ce que je trouve difficile, dans le débat sur la sécurité publique, c'est que nous mettons beaucoup l’accent sur les lois et les politiques. Nous parlons du projet de loi . Nous parlons des lois qui ont été adoptées et pilotées par mon collègue le . Nous parlons du projet de loi , qui, soit dit en passant, était une mesure législative visant à remédier aux arriérés systémiques et chroniques de notre système judiciaire afin que nous puissions nous concentrer sur les contrevenants les plus dangereux qui commettent les crimes les plus graves et posent le plus grand risque pour la sécurité publique. C’était la genèse du projet de loi C‑75.
[Français]
Le but du projet de loi était de réduire les délais.
[Traduction]
Entendre certains députés du Parti conservateur qualifier à tort ce projet de loi de loi sur la capture et la remise en liberté n'aide en aucune manière ce débat. Nous n’avons pas besoin de slogans; nous avons besoin de solutions concrètes. J’affirme à la Chambre que c’est précisément ce que le et le gouvernement libéral ont fait. Je dirais également la même chose en ce qui concerne le projet de loi .
Nous avons entendu un député du NPD souligner que la dernière fois que le gouvernement conservateur a tenu les rênes du gouvernement, il a présenté un certain nombre de politiques qui ont été examinées puis invalidées par la Cour suprême du Canada. Nous n’avons pas besoin d’un retour aux mauvaises politiques et aux dispositions intrusives portant atteinte à l’indépendance des juges qui doivent évaluer individuellement les faits et la situation de chaque délinquant qui se présente devant eux. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une approche réfléchie et constitutionnelle sur cette question, et c’était l’objectif du projet de loi . Il ne s’agissait pas de promouvoir des politiques de capture et remise en liberté, ce qui est une façon simpliste et alambiquée de les présenter. Ce discours passe probablement bien sur YouTube ou dans les médias sociaux, mais il masque la complexité des défis à relever pour assurer la sécurité de nos collectivités.
En nous concentrant sur les lois et les politiques, nous ne parlons pas assez des causes profondes sous-jacentes. Nous ne parlons pas assez de la nécessité de fournir plus de soutien pour les soins de santé mentale, pour aider les sans-abri et lutter contre la pauvreté. Nous ne parlons pas assez de la nécessité, pour ceux qui sont le plus à risque d’être exposés à des éléments criminels, d'acquérir de nouvelles compétences et expériences ainsi que de la confiance. C'est une chose que j’ai pu constater dans tout le pays et dans ma propre collectivité.
Lorsque j’ai eu la chance de me rendre dans la nation crie de James Smith et de partager le chagrin de ces familles, des membres de la collectivité nous ont dit qu’ils connaissaient les leurs, qu’ils savaient comment s’assurer qu’ils pouvaient s’en occuper et les mettre sur la bonne voie. Ce n’est qu’en collaborant et en établissant des partenariats avec ces collectivités grâce à des initiatives comme le Fonds pour bâtir des communautés plus sécuritaires, une initiative fédérale de 250 millions de dollars administrée par Sécurité publique Canada, que nous pourrons commencer à nous attaquer à la source de ces problèmes, afin de prévenir la criminalité.
Dans le contexte du débat que nous tenons aujourd’hui, nous devons mettre l’accent sur les stratégies préventives, sur lesquelles nous pouvons travailler ensemble pour faire avancer les choses, afin de voir une diminution de la criminalité. Quel que soit le côté du débat où nous nous trouvons, quel que soit le parti auquel nous appartenons, quelle que soit la circonscription que nous représentons à la Chambre, la seule chose dont je suis sûr, c’est que tous les Canadiens sont unis dans la cause commune de vouloir réduire les crimes commis avec des armes à feu, de vouloir réduire tout type de crime violent, qui peut trouver sa source dans les défis systémiques dont j’ai parlé. Nous devons débattre ensemble de ce sujet. Il faut éviter de recourir à des slogans, des étiquettes ou d'autres formules accrocheuses employées de part et d'autre dans le feu du débat à la Chambre et plutôt tenir un débat réel et réfléchi fondé sur des faits et des principes constitutionnels. C’est précisément ce que j’espère que nous pourrons faire aujourd’hui.
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Monsieur le Président, je profite de l'occasion pour vous souhaiter une bonne année. Je sais qu'en février il est un peu tard pour le faire, mais c'est l'une des premières fois que nous nous revoyons. J'en profite également pour souhaiter la bonne année à mes concitoyens, les gens d'Avignon—La Mitis—Matane—Matapédia. Je précise d'emblée que je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Je suis très heureuse de prendre la parole sur ce sujet qui m'apparaît de première importance. La loi et l'ordre, c'est évidemment un dossier qui nous interpelle en tant que parlementaires.
Je suis d'accord avec mes collègues conservateurs sur plusieurs points de cette motion. Au cours des huit dernières années, les crimes violents ont augmenté de 32 %, les homicides liés aux gangs ont augmenté de 92 % et les actes criminels violents se sont multipliés, mettant inévitablement la population en danger. En une seule année, cinq policiers ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions. C’est énorme si on compare cela aux années précédentes.
En Ontario, entre 1961 et 2009, 44 policiers sont morts en service. Cela représente environ un par année et, si on veut mon avis, c'est un de trop. En 2022, cinq sont morts en service. C’est non seulement beaucoup trop, mais c’est inacceptable. Les gens qui s’engagent à protéger la population ne devraient jamais le payer de leur vie.
À ce sujet, je suis absolument d’accord avec mes collègues, et il faut dire que l’effort déployé par le Parti libéral au cours des dernières années pour prévenir la violence, lutter contre la prolifération des armes à feu et aider à démanteler les gangs n'a pas du tout été optimal.
On va tenter de ne pas trop se perdre dans les nombreuses statistiques. Il y en a énormément et elles viennent appuyer certains faits qui sont avancés dans la motion des conservateurs. En gros, ce qu'on peut dire, c'est que les crimes déclarés par la police au Canada au cours des dernières années démontrent une hausse qui est alarmante.
Les crimes motivés par la haine ont augmenté de 72 %. On parle majoritairement de crimes motivés par la haine envers une religion, une orientation sexuelle ou une origine ethnique.
Les crimes par armes à feu ont augmenté de 25 % au cours des 10 dernières années. À Montréal, comme je le disais tout à l'heure, l’année 2021 a été la plus meurtrière en 10 ans. Ce sont 37 meurtres qui ont été commis, comparativement à 28 en 2020; 25 d’entre eux étaient motivés par un conflit ou un règlement de compte au sein du crime organisé et 12 de ces meurtres visaient des citoyennes et des citoyens âgés de 12 à 24 ans.
En 2021, 34 242 agressions sexuelles ont été rapportées par la police. On parle d’un taux d’environ 90 agressions pour 100 000 habitants et, à ce sujet, n’oublions pas qu’il n'y a environ que 6 % des agressions sexuelles qui sont dénoncées à la police.
Il ne faut pas se faire d’illusion: cette hausse de la violence ne se passe pas seulement dans les grands centres. Dans ma propre circonscription rurale, dans l'Est du Québec, en Gaspésie, il y a à peine trois semaines, à Pointe‑à‑la‑Croix, un homme a été arrêté pour trafic d’armes. Il aurait fourni des armes illégales et des stupéfiants à des gangs de rue de Montréal. En 2021, à Gaspé, une perquisition a mené à la saisie de multiples armes à feu illégales, plus précisément 50 armes longues, 10 armes de poing, des vestes pare-balles et des munitions de tous les calibres. Toujours à Gaspé, en août dernier, des coups de feu ont été entendus dans un quartier résidentiel. Cela a mené à l’arrestation d’un individu.
La toile de fond qu'on dresse ici n’est pas reluisante, loin de là. Elle exige du gouvernement des actions concrètes, légitimes et qui répondent non seulement aux préoccupations de la population, mais qui assurent sa sécurité.
Si je me réfère à la motion, le Parti conservateur souhaite que soient abrogés des éléments édictés par le projet de loi . S’il est vrai et tout à fait justifié de souligner que des éléments apportés par la réforme de mise en liberté sous caution posent problème — l’actualité nous l’a récemment démontré —, il n’en demeure pas moins que le libellé de la motion est problématique. Certains éléments sont tout simplement faux.
Soyons bien clairs: aucune modification apportée par le projet de loi C‑75 n'oblige un quelconque juge à remettre en liberté des récidivistes violents. En tout respect, affirmer le contraire, volontairement ou non, relève plutôt de l’opinion que du fait avéré et vérifié.
Dire que le système de libération sous caution ne fonctionne plus, ce n'est pas tout à fait vrai non plus. La libération sous caution, c'est l'art de trouver l'équilibre entre la sécurité publique et la présomption d'innocence, qui est protégée par quelque chose qui est assez cher aux yeux des conservateurs: la Charte canadienne des droits et libertés.
Le Bloc québécois avait voté en faveur du projet de loi pour plusieurs bonnes raisons même si, comme on l'a dit, à cause de certains événements récents, on voit aujourd'hui que la Loi comporte plusieurs lacunes. Je suis certaine que ma collègue de va examiner plus en détail ce concept parce qu'elle est une juriste aguerrie extrêmement compétente. Pour ma part, je vais me permettre de revenir sur des faits qui sont vérifiés et chiffrés.
Alors que la population des personnes condamnées recule progressivement au fil des ans, la population renvoyée en détention préventive avait presque triplé au cours des 35 dernières années. Cette augmentation s'est faite alors que les populations carcérales globales étaient plutôt stables au cours de cette période. Le taux de criminalité était même en diminution depuis les années 1990.
Aux yeux de la loi, il y avait un plus grand nombre de personnes innocentes en détention préventive qu'il y avait, factuellement, de contrevenants qui purgeaient une peine sous garde après avoir été déclarés coupables dans les établissements de correction provinciaux et territoriaux depuis 2004-2005. Ces données sont assez faciles d'accès. Elles sont issues d'une analyse faite par le ministère de la Justice et commencée en 2015 en marge du projet de loi C‑ 75. Mes collègues devraient donc pouvoir l'avoir assez facilement sous la main et se baser sur ces faits, qui sont vérifiés.
Il ne faut pas oublier que, sur le plan financier, une population croissante en détention préventive entraîne des coûts supplémentaires considérables pour les gouvernements de tous les paliers. Cela met encore plus de pression sur des ressources qui sont déjà limitées.
Le débat autour du système de libération sous caution est parfaitement sensé, et même souhaitable. Sur ce point, encore une fois, je suis d'accord avec mes collègues conservateurs. Le projet de loi C‑ 75 comporte plusieurs failles et même les premiers ministres des provinces l'ont souligné unanimement au fédéral. Essentiellement, ils demandent la même chose que l'un des éléments qui sont présentés dans la motion d'aujourd'hui. Ils soutiennent qu'il serait justifié de durcir les dispositions législatives sur la libération sous caution pour que les personnes à qui il est interdit de posséder des armes à feu et qui sont accusées de crime grave avec une arme ne puissent pas facilement obtenir de libération sous caution. Là-dessus, je pense qu'il y a un certain travail qui pourrait être fait.
Cela m'amène évidemment à parler des actions que le gouvernement doit mener pour prévenir les crimes par arme à feu. On l'a répété abondement: le projet de loi ne vient pas nécessairement régler tout le problème de la prolifération des armes à feu. J'étais contente d'en discuter avec le ministre. Il y a d'autres actions dans d'autres sphères qui doivent être entreprises.
On parle notamment de la frontière et de la prévention dans les villes. Il y a évidemment de l'argent qui doit être investi et le gouvernement aime bien montrer son bilan financier à ce sujet. Cependant, d'autres choses peuvent être faites et le Bloc québécois a présenté plusieurs options, notamment des collaborations entre les différents corps policiers. Il y a énormément de choses qui peuvent et qui doivent être faites.
Bien que nous soyons d'accord avec les conservateurs sur plusieurs points de cette motion, l'idée de durcir les dispositions repose sur le socle idéologique de la loi et l'ordre. En ce moment, la prolifération des armes à feu dans les grands centres urbains est un problème, on le dit et on le répète. Bien que ce réflexe soit compréhensible, selon plusieurs experts, notamment Carolyn Yule, une professeure de sociologie et d'anthropologie à l'Université de Guelph qui étudie la libération sous caution, il n'y a aucune preuve qui suggère qu'une approche plus sévère en matière de libération sous caution améliorerait la sécurité publique. Je pense qu'il y a matière à réflexion.
Puisque le libellé de la motion présentée aujourd'hui sous-entend des éléments qui seraient non vérifiés et qui se révèlent possiblement faux, il est malheureusement impossible pour le Bloc québécois de soutenir cette motion. Je l'ai dit, nous sommes d'accord sur plusieurs éléments et il faut que le gouvernement en fasse davantage. En effet, les crimes ont augmenté dans les dernières années. Malheureusement, en raison de certains éléments qu'elle contient, nous ne pouvons pas être en faveur de la motion.
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Monsieur le Président, je vais prendre quelques secondes pour vous adresser mes vœux de bonne année, de santé, de bonheur, d'amour et de tout ce qui vous fera plaisir. J'adresse aussi le message à mes concitoyens de Saint-Jean, puisque c'est la première fois que je prends la parole à la Chambre cette année.
Je ne ferai pas de procès d'intention des conservateurs au sujet de la motion qu'ils présentent aujourd'hui. Je me permets de croire que l'idée vient d'une réelle volonté de diminuer l'occurrence des crimes violents, ainsi que d'empêcher la prolifération d'armes à feu illégales. Je me permets d'espérer en retour qu'on ne me fera pas non plus de procès d'intention, même si je vais décrire les problèmes qu'il y a dans cette motion. À mon avis, elle n'apporte pas de solution. Je serai déçue d'entendre encore une fois, par exemple durant la période de questions et d'observations, que le Bloc québécois a contribué à remettre de dangereux criminels sur la rue et refuse de voir qu'il y a un problème. J'espère que cela n'arrivera pas, mais, je me permets quand même de ménager mes attentes.
Concernant la motion comme telle, il y a quelques problèmes que je vais soulever l'un après l'autre. Notamment, on ne fait pas de distinction entre la corrélation et la causalité. On présente des statistiques sur le fait qu'il y a eu une augmentation de certains crimes, tout en disant que cela est causé par le projet de loi . Ce serait de la corrélation. Il existe une théorie là-dessus, la hemline economy theory, ou la théorie sur la longueur des jupes. Selon cette théorie, lorsque la mode est aux jupes courtes, l'économie va bien et, lorsque les jupes sont plus longues, l'économie va mal. Si on se fiait seulement à cet indice, probablement que nous ferions tous des choix très peu judicieux à la Bourse. De la même façon, si on ne fait que voir une corrélation temporelle entre une augmentation des crimes et l'adoption du projet de loi C‑75, on passe probablement à côté des réelles solutions à un problème qui est multifactoriel.
Un autre problème, c'est que certains attendus et certaines demandes dans la motion sont fondés sur des arguments un peu fallacieux et d'autres ne sont pas soutenus par la preuve. Je vais revenir à cette portion en passant à travers la motion de façon un peu plus précise.
L'argumentaire soulève un autre problème. Dans ce qu'on entend, on fait beaucoup référence au cas de Randall McKenzie, qui aurait tué un policier en décembre alors qu'il avait été libéré sous caution. Si on se penche un peu plus précisément sur ce dossier, on verra peut-être qu'il n'y a pas simplement la libération sous caution qui est problématique. Randall McKenzie avait été une première fois enfermé, puis libéré sous caution avec des conditions parmi les plus strictes qui existent. Il était assigné à résidence 24 heures sur 24, il portait un bracelet électronique et il avait le droit de sortir uniquement pour des raisons médicales ou pour obtenir des conseils juridiques de son avocat. La question qui se pose est de savoir ce qui s'est passé. Pour quelles raisons s'est-il retrouvé sur la voie publique, alors que l'entreprise qui gère les bracelets GPS aurait dû envoyer une alerte pour qu'il soit immédiatement appréhendé? Il y a peut-être un problème sur ce plan-là aussi. Personne ne l'a encore soulevé, mais il devait faire l'objet d'une analyse plus large que la simple question de la libération sous caution.
J'entends dire que si Randall McKenzie n'avait pas été libéré sous caution, le policier ne serait pas mort. Je suis désolée, mais il y a encore une question de divulgation de la preuve dans ce dossier. Les autorités ne sont pas certaines que c'est lui qui a tiré. Il y a un coaccusé dans le dossier. C'est donc peut-être un argument un peu étiré. J'en fais un point secondaire, je voulais juste le mentionner. Toutefois, c'est peut-être un peu étiré de dire qu'une vie aurait été sauvée s'il n'y avait pas eu libération sous caution.
J'aimerais soulever un quatrième problème dans la motion. Le fait d'augmenter la difficulté à obtenir une libération sous caution lorsqu'il y a possession d'armes illégales ne fera pas en sorte que les gens seront dissuadés au premier chef de se procurer une arme de façon illégale. Cette motion n'aura pas d'incidence sur une première infraction qui pourrait être commise avec une arme à feu. On peut avoir une espèce de faux sentiment de sécurité avec l'adoption d'une telle motion.
Je passerai en revue quelques points de la motion en rafale.
La motion dit notamment « que, étant donné qu'après huit années de politiques laxistes en matière de criminalité de ce gouvernement, (1) les crimes violents ont augmenté de 32 % ». Lorsqu'on regarde du côté de Statistique Canada, ces 32 % incluent les agressions sexuelles.
Depuis les dernières années, grâce, entre autres, à une plus grande sensibilisation, il y a une augmentation des dénonciations, ce qui peut faire augmenter les chiffres. Quand on parle de crimes violents en général, on ne parle pas nécessairement de crimes violents par arme à feu ou de dossiers où il y a eu des libérations conditionnelles. C'est pourtant ce qui est demandé au gouvernement.
On dit que « les récidivistes violents obtiennent beaucoup plus facilement une libération sous caution ». Je n'ai pas encore entendu d'explication claire à savoir si cela est exact et surtout si cela est en lien avec l'abrogation de certains aspects de demandée par cette motion.
On mentionne aussi qu'il y a « cinq policiers canadiens qui ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions en une seule année ». C'est déplorable; c'est d'une tristesse absolue. On devrait s'attaquer à cela. Or, on ne fait pas de liens entre la libération sous caution et le meurtre de ces policiers. On met donc plusieurs statistiques pour justifier un durcissement des libérations sous caution alors qu'il n'y a pas nécessairement de lien rationnel entre les statistiques et ce qui est demandé. Cela est déplorable. Il me semble qu'on aurait pu être un peu plus rigoureux dans la façon de présenter cette motion.
Dans les demandes qui sont faites à la Chambre, on demande de:
a) réparer le système canadien de libération sous caution qui ne fonctionne plus en abrogeant immédiatement les éléments édictés par le projet de loi C‑75 [...] qui oblige les juges à remettre en liberté des récidivistes violents, qui peuvent alors commettre de nouveaux crimes;
Comme ma collègue l'a mentionné, il y a déjà ici une fausseté. Il n'y a rien qui oblige les juges à remettre des gens en liberté dans C‑75 ou dans le Code criminel. Dans les faits, si on veut regarder cela de façon plus précise, la seule chose qui oblige les juges à remettre des gens en liberté, c'est la Charte canadienne des droits et libertés.
À l'article 11 de la Charte, il y a deux droits assez précis qui sont prévus aux alinéas suivants:
Tout inculpé a le droit: [...]
d) d'être présumé innocent tant qu'il n'est pas déclaré coupable, conformément à la loi, par un tribunal indépendant et impartial à l'issue d'un procès public et équitable;
e) de ne pas être privé sans juste cause d’une mise en liberté assortie d’un cautionnement raisonnable;
C'est donc la Charte qui oblige les juges et non pas l'ancien projet de loi C‑75. D'ailleurs, quand on regarde la Charte et les articles qui permettent de procéder à une libération sous caution, il y a des barèmes qui existent.
La garde d'un prévenu n'est légitimée par le Code criminel que dans certains cas, par exemple si: « a) sa détention est nécessaire pour assurer sa présence au tribunal », comme dans le cas d'un citoyen qui a une double citoyenneté et qui a peur de la perdre aux mains d'un autre pays; ou si « b) sa détention est nécessaire pour la protection ou la sécurité du public ».
Il y a donc des critères qui existent déjà et que les juges peuvent utiliser pour maintenir une garde en établissement. Lorsque « c) sa détention est nécessaire pour ne pas miner la confiance du public, » les juges ont la latitude de garder détenu un prévenu.
L'article 515 du Code criminel prévoit aussi des modalités. Ainsi, il faut tenir compte « (iii) [d]es circonstances entourant [l]a perpétration [du crime], y compris l'usage d'une arme à feu, » — on en fait déjà état —, et « (iv) [du] fait que le prévenu encourt, en cas de condamnation, une longue peine d'emprisonnement ou, s'agissant d'une infraction mettant en jeu une arme à feu, une peine minimale d'emprisonnement d'au moins trois ans. »
Les conservateurs nous mentionnent qu'ils souhaitent
durcir les dispositions législatives du Canada sur la libération sous caution de façon à ce que les personnes à qui il est interdit de posséder des armes à feu et qui sont ensuite accusées de crimes graves avec une arme à feu ne puissent pas facilement obtenir une libération sous caution;
Or, c'est déjà inclus dans l'article 515 du Code criminel. Est-ce que cela changerait réellement quelque chose? La question se pose. Quand on parle à des criminalistes dans le contexte du fléau des armes à feu, on voit qu'il est de plus en plus difficile d'obtenir une libération sous caution lorsqu'une arme à feu a été utilisée lors de la perpétration d'un crime. Il y a donc déjà des choses qui sont couvertes.
Dans la motion, on souhaite abroger l'ancien projet de loi sans trop expliquer de quoi il en retourne. On s'attaque à qui, par ailleurs, fait d'autres choses intéressantes. Par exemple, le fardeau de la preuve a été renversé en matière de violence conjugale. C'est l'accusé qui doit faire la preuve qu'il ne sera pas un danger pour le public si on le libère alors que dans d'autres crimes, c'est le cas contraire. En matière de violence avec arme à feu, c'est un fardeau qui incombe déjà à l'accusé, c'est-à-dire celui de faire la preuve qu'il ne posera pas de risque pour la société.
Comme je le mentionnais, on s'attaque à un problème qui est réel et qui est grave, mais ce n'est possiblement pas la bonne solution. Comme je le mentionnais aussi avec la Bourse, si on s'en tient à la théorie des jupes courtes, on risque de faire des mauvais choix.
Je pense la même chose à ce sujet: il faut que l'on ait des discussions sur les meilleures façons de procéder, question de ne pas trouver une mauvaise solution à un réel problème.
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Monsieur le Président, comme les députés le savent, je suis toujours heureux de prendre la parole au sujet de la justice pénale et de la sécurité publique. Avant de venir ici, j’ai enseigné dans ce domaine pendant 20 ans. Je suis aussi toujours heureux d’en parler en tant qu’ancien membre d’une commission de police municipale. Bien sûr, en ce moment, je suis particulièrement heureux de pouvoir aborder cette question en tant que membre d’une collectivité qui, comme bien d’autres au pays, a connu une augmentation du désordre public, ce qui préoccupe grandement les citoyens et, je dois le dire, en particulier les petites entreprises de ma circonscription qui, bien souvent, font les frais de ce désordre public.
Je suis également content, comme toujours, de pouvoir parler de solutions, et c’est pourquoi je ne suis pas si heureux de discuter de la motion conservatrice dont nous sommes saisis aujourd’hui.
Comme je l’ai mentionné plus tôt dans une question, une chose me laisse un peu perplexe. Lundi, nous nous sommes réunis au comité de la justice pour étudier une motion très raisonnable présentée par le député de , que j’ai appuyée et que le gouvernement a finalement appuyée, pour que le comité puisse chercher des solutions pratiques aux problèmes réels soulevés par les dirigeants municipaux, le public et les premiers ministres afin de trouver des moyens pratiques et efficaces qui amélioreraient la sécurité publique en modifiant le système de mise en liberté sous caution.
Lundi, nous nous préparions donc, et comme nous avons prévu que ces audiences commenceraient d’ici deux semaines, nous essayons donc de trouver rapidement des solutions. Je dois dire que nous avançons plus rapidement à la Chambre des communes qu’au gouvernement. Ces questions ont été présentées au gouvernement il y a des mois par les premiers ministres provinciaux, et il ne s’est pas passé grand-chose depuis. Cependant, comme je suis de nature optimiste, j’étais très encouragé lundi. Pourtant, trois jours plus tard, les conservateurs présentent une motion qui sème la division et qui est truffée de discours enflammés, de statistiques sensationnalistes et de fausses déclarations au sujet du système de mise en liberté sous caution.
Comme je l’ai déjà dit, je me demande quel est le vrai Parti conservateur dans ce dossier? Est-ce celui qui présente cette motion sensationnaliste qui, comme je ne peux m’empêcher de le conclure, vise à motiver sa base et à recueillir des fonds, ou est-ce le parti qui a présenté une motion raisonnable sur laquelle nous pourrions tous nous entendre, les libéraux, les bloquistes et les néo-démocrates, en collaborant au sein du Comité de la justice pour trouver des solutions pratiques aux véritables préoccupations des Canadiens au sujet du système de mise en liberté sous caution?
Je suppose que nous aurons la réponse au comité, lorsque nous verrons si les conservateurs collaboreront avec nous pour trouver ces solutions pratiques, parce que cette motion attise vraiment la peur au sein de la population, plutôt que de contribuer à la résolution du problème.
Les néo-démocrates conviennent que nous devons trouver des façons de régler le problème créé par certains criminels violents qui ont déjà été accusés et condamnés pour des infractions graves et qui ont fini par être libérés sous caution. Nous devons examiner comment nous pouvons resserrer le système à cet égard.
En même temps, nous sommes également préoccupés par la question de l’ordre public. Nous savons qu’il n’y a probablement pas de solution législative facile à ces problèmes d’ordre public. Ils suscitent de réelles craintes chez les citoyens, à juste titre, mais nous savons que la plupart de ces problèmes d’ordre public sont liés à des problèmes de santé mentale, de toxicomanie et de pauvreté.
Tant que notre société ne s’attaquera pas à la pauvreté, à la toxicomanie et aux problèmes de santé mentale, et tant que le gouvernement fédéral ne tiendra pas sa promesse de financer davantage les programmes en la matière et les provinces, je n’entrevois pas de véritable solution aux problèmes d’ordre public dont nous sommes saisis.
Au cœur de ce dont nous parlons aujourd’hui se trouve un principe que nous avons tendance à oublier, à savoir la présomption d’innocence. Dans toute société juste, ceux qui sont accusés d’un crime ont le droit d’être présumés innocents, un droit inscrit dans notre Charte, tant qu’ils ne sont pas reconnus coupables.
Dans notre système, nous avons une présomption contre la détention avant le procès. Nous croyons vraiment que nous ne devrions pas être pénalisés en étant détenus avant d’avoir été reconnus coupables de quoi que ce soit.
Il est très troublant pour moi de constater, en examinant notre système, que jusqu’aux deux tiers des personnes incarcérées dans les centres de détention provinciaux n’ont jamais été condamnées pour quoi que ce soit. Elles y sont en attendant leur procès. Il faut reconnaître que c’est là une très grande proportion des personnes détenues.
Nous ne sommes pas d’accord avec ceux qui comparent notre système de libération sous caution à un mécanisme de portes tournantes. Nous détenons un très grand nombre de Canadiens avant leur procès. Qui finit par être détenu? Qui n'obtient pas de libération sous caution? Il s’agit généralement des Autochtones, des Canadiens racialisés, des néo-Canadiens et des Canadiens à faible revenu.
Pourquoi? En raison des exigences de la libération sous caution. Les gens qui veulent être libérés doivent occuper un emploi stable, avoir une adresse permanente et quelqu’un qui peut les superviser pendant qu’ils sont en liberté sous caution. Bien sûr, les gens qui ont le moins de ressources dans la société sont ceux qui sont le moins en mesure de remplir les conditions fondamentales pour obtenir une libération sous caution. S’ils obtiennent une libération sous caution, ce sont eux qui ont le moins de ressources pour respecter les conditions qui pourraient leur être imposées.
Je connais quelqu’un qui a travaillé avec une personne ayant des problèmes de santé mentale et qui devait se présenter régulièrement à son superviseur de libération sous caution, mais qui n’a pas pu le faire à cause de ses problèmes de santé mentale. Ces gens risquent donc de violer les conditions de leur libération sous caution et d'écoper d’une autre infraction, même s’ils n’étaient pas coupables au départ de ce dont ils ont été accusés. Honnêtement, notre système contribue à l'incarcération excessive des Autochtones, des personnes racialisées et des pauvres au pays, et cela commence par le système de libération sous caution.
Même si nous reconnaissons qu’il y a certains problèmes liés au système de libération sous caution que nous devons examiner, les néo-démocrates élargiraient cet examen pour voir ce que nous pouvons faire pour nous assurer de ne pas pénaliser inutilement les gens en les plaçant en détention pendant de longues périodes en attendant leur procès.
Ce qui me trouble le plus, dans ce projet de loi, c’est l’utilisation abusive des statistiques par les conservateurs. Nous savons tous que le taux global de criminalité au Canada est en baisse depuis 30 ans. C’est encore la tendance générale. Nous savons cependant qu’au cours des cinq dernières années, il y a eu une hausse des crimes contre l’ordre public, de la violence dans les rues et des crimes graves avec violence.
Comment expliquer ce phénomène? Nous devons examiner sérieusement les causes de ces augmentations. Des choses inhabituelles se sont produites dans le monde et au Canada au cours des cinq dernières années. Par conséquent, une partie de la situation est liée à la pandémie; une autre partie est liée aux problèmes de santé mentale que nous n’avons honnêtement pas réussi à régler en raison de la pandémie. Lorsqu’il est question de trouver des solutions à ces problèmes, il ne me suffit pas d’examiner un pic dans les statistiques et de dire que nous devons apporter des changements généraux à notre système. Cela revient à la proverbiale solution qui consiste à jeter le bébé avec l’eau du bain.
Nous avons des problèmes précis à régler, et nous devons les examiner très attentivement et trouver des solutions efficaces qui contribuent vraiment à la sécurité publique.
Comme je l’ai dit plus tôt, les ministres de la Justice des provinces et des territoires ont fait part de leurs préoccupations lors de la réunion des ministres de la Justice tenue en Nouvelle-Écosse en octobre dernier. Ils avaient des préoccupations au sujet des auteurs d'infractions graves avec violence, du système de libération sous caution et de la crise de l’ordre public au sein des collectivités, et le avait promis de revoir le système de libération sous caution. On me répète sans cesse que le gouvernement y travaille. Il nous faut peut-être passer à une vitesse supérieure; c’est une chose que nous disons souvent, chez les néo-démocrates, au sujet des libéraux. Oui, ils expriment les bonnes idées, mais il leur reste à les mettre en pratique.
En janvier, après le meurtre très médiatisé d’un agent de la Police provinciale de l’Ontario, lors duquel un des accusés était en liberté sous caution, les premiers ministres n’avaient toujours rien entendu de précis de la part du gouvernement libéral. Ils ont donc rédigé une lettre dans laquelle ils suggéraient très précisément au d'envisager le renversement du fardeau de la preuve pour d’autres infractions graves et violentes à titre de réforme du système de libération sous caution. C’est une solution que je prends très au sérieux, et je crois que les néo-démocrates sont tout à fait disposés à l’examiner.
En termes clairs, le renversement du fardeau de la preuve pour la libération sous caution signifie qu’il faudrait démontrer pourquoi une personne devrait être libérée, plutôt que l’obligation pour la poursuite de démontrer pourquoi une personne devrait être détenue, ce qui est la norme. Il existe déjà une liste d’infractions pour lesquelles il y a renversement du fardeau de la preuve en ce qui concerne la libération sous caution, y compris les meurtres et les crimes graves avec violence commis avec une arme à feu. Le projet de loi prévoyait également le renversement du fardeau de la preuve dans les cas de violence familiale. On présume maintenant que les personnes qui sont accusées et qui ont déjà été accusées ou condamnées pour des infractions de violence familiale doivent démontrer pourquoi elles devraient être libérées, plutôt que l’obligation pour la poursuite de démontrer pourquoi elles devraient rester en prison.
Pour examiner cette question, il faut entendre des experts, des policiers et des procureurs sur la façon de régler les problèmes et sur ce que nous devons faire précisément. Quelles infractions devraient être ajoutées à cette liste?
Encore une fois, c’est un peu paradoxal. Les conservateurs se portent habituellement à la défense des propriétaires d’armes à feu, mais dans cette motion, ils disent que toute infraction mettant en cause des armes à feu devrait faire l’objet d’un renversement du fardeau de la preuve, qu’il devrait y avoir une restriction à la libération sous caution.
Cela me semble étrange de la part des conservateurs, car ce qui me préoccupe, ce sont les infractions graves avec violence, et non les infractions techniques aux lois sur les armes à feu. Par conséquent, lorsqu’ils disent que nous devrions nous débarrasser de la totalité du projet de loi , cela commence à ressembler à un projet de loi sur la réforme du système de libération sous caution. En fait, il s’agissait d’un projet de loi omnibus en matière de justice pénale qui prévoyait de nombreuses mesures que les néo-démocrates appuyaient et que je préconisais depuis longtemps, y compris le renversement du fardeau de la preuve dans les cas de libération sous caution pour des infractions de violence familiale. Cependant, il est tout simplement faux de prétendre que le projet de loi force la main aux juges. L’affirmation contenue dans cette motion n’est pas vraie.
Le projet de loi a donné force de loi à la décision rendue par la Cour suprême en 2017 dans l’affaire R. c. Antic. Dans cette décision, la Cour suprême a dit très clairement que la justice fondamentale et la Charte exigent que ceux qui attendent leur procès soient libérés à la première occasion raisonnable et dans les conditions les moins sévères possible pour respecter le principe de la présomption d’innocence. Y a-t-il des conséquences imprévues de cette décision dans le projet de loi ? Peut-être que oui. J’ai hâte que le comité se penche sur les détails de ce que nous pouvons faire en cas de conséquences imprévues. Cependant, comme la députée de l’a souligné à juste titre, l’abrogation du projet de loi ne changerait rien à la loi sur la libération sous caution parce que la Charte et la décision de la Cour suprême existeraient toujours. Par conséquent, il n’est vraiment pas réaliste de considérer que l’abrogation du projet de loi constitue une solution aux problèmes dont il question.
Qu’est-ce que je veux en tant que néo-démocrate et député? Je veux que nous travaillions d’arrache-pied au comité pour trouver une façon de donner aux Canadiens l'assurance que les personnes accusées de crimes graves avec violence et qui ont déjà un casier judiciaire pour des crimes de cette nature ne sont pas libérées sous caution avant leur procès pour une autre infraction.
J’aimerais également que nous examinions la question plus large de savoir comment nous pouvons nous assurer que les changements apportés au système de libération sous caution ne contribuent pas par inadvertance au rejet ou à la détention démesurée des Autochtones, des pauvres ou des Canadiens racialisés. Nous ne pouvons pas apporter des changements radicaux à ce système tout en respectant la nécessité de rendre le système de justice équitable pour tous les Canadiens.
Sur ce, je conclus mes remarques aujourd’hui. Je tiens à dire que je suis déçu par cette motion, et pour cette raison, les néo-démocrates voteront contre. Cependant, il demeure évident qu’il y a au moins certains députés du Parti conservateur qui sont présentés au comité de la justice lundi avec l'intention de travailler sérieusement sur ces questions et de trouver des solutions réelles aux préoccupations des Canadiens concernant le désordre public et les crimes violents. Ils sont prêts à trouver des moyens efficaces d’accroître la sécurité publique, et non pas à s'en tenir à une motion comme celle-ci, qui donne un caractère sensationnaliste au problème et n’apporte aucune solution réelle.
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Madame la Présidente, après huit ans sous la direction de l'actuel , tout semble aller mal. Après huit ans, la moitié des Canadiens réduisent leurs dépenses d'épicerie et 20 % d'entre eux sautent des repas parce que la taxe sur le carbone du premier ministre, imposée avec l'appui du NPD, a rendu les aliments hors de prix.
Après huit ans, Bloomberg affirme que nous sommes aux prises, au Canada, avec une bulle immobilière qui arrive au cinquième rang des pires de toute la planète. Et Toronto, selon UBS, est le marché immobilier le plus surévalué au monde. Après huit ans sous la direction du premier ministre, le loyer d'un appartement moyen est passé de 1 000 $ à 2 000 $, et le paiement hypothécaire moyen, de 1 500 $ à bien au-delà de 3 000 $. La situation financière des gens est désastreuse après huit ans.
Qu’est-ce qui va mal encore? Ce sont nos lois, qui sont littéralement bafouées. Les crimes violents ont augmenté de 32 % depuis que le est arrivé au pouvoir il y a huit ans. De grandes parties de nos villes se sont transformées en zones de criminalité après huit ans sous la direction du premier ministre. Nous le constatons non seulement dans les reportages stupéfiants sur des personnes frappées au visage avec des pics à glace dans les stations de transport en commun ou arrosées de liquides inflammables auxquels on met ensuite le feu. Nous le constatons dans les attaques aléatoires perpétrées contre des inconnus dans les rues de Vancouver et de Toronto. Nous le constatons en voyant la demi-douzaine de policiers assassinés, dans certains cas par des récidivistes qui étaient en liberté sous caution anticipée, parce qu'après huit ans sous la direction du premier ministre, la libération sous caution est devenue plus facile et plus automatique pour les délinquants violents qui commettent le plus de crimes.
Lorsque nous nous élevons contre ce mauvais système de libération sous caution que les libéraux ont créé, ils réagissent en faisant diversion, comme d’habitude. Ils essaient de convaincre les gens d'avoir peur de la solution au lieu de résoudre le problème. Ils prétendent que les conservateurs veulent instaurer une sorte de système de justice pénale à la Dickens, ce qui est faux. Notre approche a été de faire montre de fermeté envers les récidivistes violents et cela a été efficace; nous pouvons tous dire maintenant, après avoir vu les données, qu'elle s'est révélée juste. Examinons donc les données.
En fait, avant d'examiner les données, je veux parler du principe général qui guide notre approche en matière de justice pénale. Contrairement au discours trompeur des libéraux et du NPD, et aux reportages malhonnêtes de la CBC et d'autres médias libéraux, notre approche cible précisément les délinquants les plus violents et les plus dangereux. Nous convenons que les longues peines ne sont pas utiles pour un jeune qui fait une petite erreur et qui veut recommencer et reconstruire sa vie. Nous pensons qu'un jeune qui commet une telle erreur devrait bénéficier d'une réhabilitation et d'un soutien.
De même, contrairement aux informations fausses et malhonnêtes propagées dans les médias libéraux, nous ne pensons pas qu'une personne souffrant de toxicomanie devrait aller en prison; nous pensons qu'elle devrait suivre un traitement, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Nous pensons que ce sont ceux qui exploitent les toxicomanes qui devraient être condamnés à de vraies peines et non les toxicomanes eux-mêmes.
Enfin, nous estimons que le gouvernement, au lieu d'inonder nos collectivités de drogues dangereuses et mortelles, devrait consacrer ses ressources à des programmes de guérison et de traitement, comme l'a fait le gouvernement de l'Alberta, qui a réussi à réduire le nombre de décès par surdose qui ont affligé les gens partout au pays. Nous voyons le résultat de l'autre méthode adoptée en Colombie-Britannique, soit une augmentation de 300 % des décès par surdose depuis que le est entré en fonction il y a huit ans. L’approche préconisée par les libéraux et les néo-démocrates dans cette province a été désastreuse. Elle a créé un véritable enfer dans certains quartiers de Vancouver, où des toxicomanes sont couchés à plat ventre sur le trottoir, vivent en permanence dans des campements et où six personnes meurent chaque jour de surdose. Voilà les preuves empiriques de l'approche adoptée par le gouvernement libéral.
Il est temps de venir à la rescousse de nos frères et sœurs, de nos amis et voisins, de les aider: oui, avec des médicaments qui réduisent les symptômes de sevrage, et oui, avec des médicaments qui traitent les surdoses, mais aussi avec des mesures de rétablissement et des traitements, au lieu d’inonder nos communautés de drogues. Cette approche n'a pas fonctionné et ce n'est pas la voie à suivre.
En ce qui concerne les infractions violentes, les deux approches sont bien différentes. Les conservateurs estiment que les récidivistes les plus violents devraient purger des peines plus longues. C'est l'approche que nous avions adoptée lorsque nous étions au gouvernement, ce qui a conduit à la fois à une réduction de la criminalité et, fait intéressant, à une réduction du nombre d'incarcérations.
Examinons les données relatives au premier point. Lorsque le gouvernement conservateur a quitté le pouvoir, on comptait 382 000 crimes violents, ce qui évidemment était trop. C’était en 2015, mais ce chiffre est passé maintenant, après huit ans sous la direction de l'actuel , à plus de 500 000 crimes violents, ce qui représente une augmentation de 32 %. Maintenant, on pourrait supposer, en écoutant ce qu’en disent les médias d'extrême-gauche, que c'est parce que tout le monde était en prison sous le gouvernement conservateur. Eh bien, c'est faux, en fait. Sous le précédent gouvernement conservateur, le nombre de personnes incarcérées avait en fait diminué, passant de 238 000 à 201 000, soit une réduction d'environ 37 000 personnes. Il y avait donc 37 000 personnes de moins derrière les barreaux.
Comment peut-on alors parler d’une approche de répression de la criminalité? La réponse est que nous avions ciblé les pires délinquants, les récidivistes, les multirécidivistes, ceux qui commettent un crime après l'autre, et nous voyons maintenant ce phénomène s'inverser, car l'actuel gouvernement a permis à ces multirécidivistes de retourner dans la rue encore et encore.
Permettez-moi d'attirer l'attention des députés sur une lettre de l'union des maires de la Colombie-Britannique où il est fait état du problème que nous essayons de régler aujourd'hui en réformant le système libéral de libération sous caution qui est défaillant. Dans cette lettre, les maires disent que 40 délinquants ont eu 6 000 interactions négatives avec la police en un an. Cela représente 150 interactions par an et par délinquant, soit en moyenne une tous les deux jours. Dans toute la Colombie-Britannique, 204 délinquants ont eu 11 648 interactions avec la police. La plupart de ces interactions, soit dit en passant, sont des arrestations. Donc, encore une fois, ces 204 délinquants dans toute la Colombie-Britannique ont eu chacun environ 50 interactions avec la police par an.
Voilà ce qui se passe. Les mêmes récidivistes commettent, dans bien des cas, des dizaines et des dizaines d'infractions, et lorsque la police les arrête, ils sont libérés sous caution le jour même, en raison des politiques de remise en liberté des délinquants que favorise le . Ils sortent ensuite et récidivent le même jour et les policiers doivent les arrêter à nouveau. Paradoxalement, cela ne réduit pas le taux d'incarcération. Les mêmes individus sont donc incarcérés, mais leur incarcération est suivie d'une libération de courte durée pendant laquelle ils peuvent sortir et frapper quelqu'un au visage, pour dire les choses comme elles sont, car c'est ce qui se passe lors de ces agressions perpétrées au hasard.
Ce que nous, conservateurs, proposons, c'est que les multirécidivistes qui sont accusés de nouveau soient gardés derrière les barreaux en attendant leur procès, et ce, jusqu'à ce qu'ils soient acquittés ou jusqu’à ce qu'ils aient purgé leur peine. Pourquoi? Parce qu’il a été prouvé qu'ils représentent un danger pour la sécurité publique; c’est donc pourquoi nous les voulons derrière les barreaux. Ce n'est pas parce que nous détestons les délinquants, mais parce que nous tenons à protéger les victimes de tout préjudice.
Comme le dira la cheffe adjointe du Parti conservateur, la députée de , avec qui je partage mon temps de parole, notre objectif est de protéger la sécurité publique, d’agir en tenant compte des faits probants et des données recueillies, et d'écouter les vrais experts, c'est-à-dire les policiers, les gardiens de prison et ceux qui travaillent à réhabiliter et à aider les personnes qui ont commis des crimes, soit les vrais experts qui font le vrai travail. Écoutons-les. Protégeons nos concitoyens. Corrigeons ce qui va mal et rétablissons un milieu de vie sécuritaire pour nos concitoyens.
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Madame la Présidente, cela fait huit ans que le est en poste et des milliers de personnes ont été victimes de crimes partout au Canada au cours de cette période.
Je prends la parole ici non seulement au nom des gens de Thornhill, mais aussi des milliers de personnes dans tous les coins du pays qui souhaitent que nous commencions à prendre la sécurité de nos quartiers plus au sérieux.
J'ai grandi dans la circonscription que je représente aujourd'hui à la Chambre des communes et j'ai passé presque toute ma vie dans la région de Toronto. Même si la ville compte des millions d'habitants, nous avons toujours eu le sentiment de bénéficier de la sécurité d'une grande ville. Ce n'est pas souvent le cas ailleurs. Pendant des années, nous avons pris les transports en commun sans craindre une agression gratuite. Toutefois, depuis des mois, il suffit d'ouvrir le journal, d'aller sur Twitter ou d'ouvrir la télévision pour voir les agressions violentes se succéder.
Nous pouvions rencontrer nos proches dans des lieux publics et nous étions libres de faire les activités de notre choix quand nous le voulions, sans crainte. La plupart du temps, nous vaquions à nos occupations quotidiennes, à l'abri des criminels et des personnes qui voulaient s’en prendre aux autres. Nous nous sentions en sécurité dans la ville. Toutefois, ce sentiment est en train de s'estomper. Il suffit d'ouvrir le journal pour le constater.
Chaque jour apporte une autre histoire de violence incontrôlée dans nos rues et d’innocents terrorisés, des histoires de personnes blessées à la tête et au visage à coups de pic à glace, des histoires de personnes attaquées et battues par une meute, parfois d’adolescents, ou poussées sur les rails devant un train qui arrive ou encore jetées à terre, des histoires de personnes brûlées vives dans la plus grande ville du pays.
Toutes les agressions récentes, celles qui ont été mentionnées plusieurs fois, étaient gratuites. Toutes se sont produites au Canada. L’agglomération torontoise fait couramment les manchettes de la presse internationale, c’est une grande ville, mais pas pour des nouvelles comme celle-ci. La semaine dernière, la BBC en a parlé. Il y a quelques semaines, c’était le New York Times. Même ma ville, Vaughan, a été mentionnée sur CNN, en décembre dernier, après une terrible fusillade.
Manifestement, les incidents de ce type se multiplient. Le taux augmente. Les statistiques sont claires. La hausse de la criminalité ne frappe pas seulement mon coin de pays. Elle n’est pas isolée. Elle touche tous les quartiers, partout au pays. Elle frappe Vancouver, où des quartiers entiers de la ville sont la proie d’une activité incontrôlée liée aux stupéfiants et aux gangs. Elle frappe les régions rurales, où vivent seulement 18 % des Canadiens, mais où se produisent 25 % des crimes violents. Ces chiffres sont choquants.
Il y a eu plus d’homicides dans notre pays en 2019 qu’en 2018. Il y en a eu plus en 2020 qu’en 2019. Il y en a eu plus en 2021 qu’en 2020. C’est une tendance, et il faut que quelqu’un le dise. Les choses ne vont pas bien, car chaque jour, nous constatons plus de souffrance autour de nous et plus d’inaction, ou plutôt, à vrai dire, des actions autres que celles qu’il faudrait de la part du Parlement.
Pendant que les quartiers sont touchés par la criminalité, les libéraux nous disent, une fois de plus, que c’est la faute de quelqu’un d’autre ou que c’est le travail de quelqu’un d’autre, rejetant toute responsabilité et niant encore toute culpabilité. Pourtant, les statistiques sont claires. En fait, il suffit de regarder les nouvelles.
Pendant que des familles pleurent la perte d’êtres chers, victimes de violence, les libéraux s'affairent à réduire les sanctions pour des actes odieux comme les vols qualifiés commis avec une arme à feu ou le trafic de fentanyl, qui cause des ravages dans les rues de villes comme Vancouver ou de localités plus petites — Peterborough et London, par exemple —, ou même ailleurs, comme à deux pas de la Chambre. Les enlèvements sont également sur la liste.
Pendant que les victimes d'actes criminels ont du mal à obtenir justice, les libéraux ne démordent pas de leurs politiques et ils font en sorte qu’il est plus facile pour les responsables mêmes de ces actes de retrouver place dans la société et de récidiver. Les libéraux défendent le projet de loi , dont nous parlons aujourd’hui. Celui-ci facilite l'obtention d'une libération sous caution, d'un élargissement. Il est ainsi plus facile pour les criminels de reprendre leurs activités illégales et de nuire à encore plus de gens. Le système est dysfonctionnel. Ce qui se fait actuellement ne fonctionne pas, et tout le monde le sait.
L’an dernier à Toronto, il y a eu 44 meurtres résultant de fusillades. Sept des personnes arrêtées étaient déjà en liberté sous caution après avoir été accusées de crimes commis avec une arme à feu, et 17 étaient en liberté sous caution pour d’autres crimes. Si on compte bien, c’est plus de la moitié. Plus de la moitié des personnes accusées des 44 meurtres commis dans la ville où j’ai passé la majeure partie de ma vie, soit 24, étaient en liberté sous caution. À cause du régime de libération sous caution dysfonctionnel des libéraux, 24 familles de plus ont perdu un être cher. Les premiers ministres de toutes les provinces et des territoires, ainsi que tous les syndicats de policiers et tous les chefs de police, disent que le système est dysfonctionnel.
Écoutons toutes les autres personnes qui en parlent: elles disent que la réforme de la libération sous caution pourrait sauver des vies. Nous pouvons parler de beaucoup d’autres choses, mais ne pas parler de cette réforme alors que nous savons qu'elle peut sauver des vies serait irresponsable.
En 2021, à Toronto, 165 personnes en liberté sous caution pour des accusations concernant des armes à feu ont été arrêtées, dont 98 pour des accusations concernant des armes à feu. Le régime ne fonctionne pas, ce que nous faisons ne marche pas, et tout le monde en convient.
Depuis que les libéraux sont au pouvoir, les crimes violents ont augmenté de 32 %. Les homicides liés à des gangs ont augmenté de 92 %. C'est énorme. Les détournements de véhicules ont doublé à Toronto. Les vols de biens ont augmenté. Tout a augmenté. Le régime ne fonctionne pas. Ce que nous faisons ne donne tout bonnement pas les résultats escomptés. Les lois sont bafouées.
Il est choquant de voir que le député libéral de , qui est ministre et ancien chef de la police de Toronto, a plus parlé de la criminalité à Memphis la semaine dernière que de la criminalité dans sa propre ville. C’est indigne.
Aujourd’hui, les députés libéraux continuent d’insister: tout va bien, il n'y a aucun problème, ils s'en occupent. À une réunion, en novembre dernier, les premiers ministres de toutes les provinces et des territoires et le gouvernement fédéral se sont entendus pour faire quelque chose, mais il ne se passe toujours rien.
Les 13 premiers ministres provinciaux et territoriaux ont écrit une lettre au , lui demandant de corriger les lacunes de notre système de libération sous caution. Les agents de police, les agents en première ligne, les syndicats des policiers et les gens qui travaillent en première ligne supplient tous ensemble le gouvernement de faire quelque chose à ce sujet.
Nous allons toujours nous ranger du côté des forces de l’ordre dans notre pays. Nous allons également défendre les droits des victimes plutôt que ceux des criminels. Nous allons nous battre pour mettre fin aux lois laxistes, comme le projet de loi , qui accordent plus d'importance aux droits des criminels qu'à ceux des victimes. C’est une erreur. Il suffit d’ouvrir un journal pour le constater.
Nous sommes ici aujourd’hui pour exiger des mesures, car si les libéraux ne veulent rien faire, nous le ferons. S’ils ne sont pas prêts à apporter un changement, à faire leur travail et à protéger les Canadiens, ils devraient se retirer et laisser quelqu’un d’autre le faire.
Il ne s’agit pas d’une réglementation archaïque. Il ne s’agit pas d’une tactique politique. Tout le monde est d’accord. Tous les premiers ministres, quelle que soit leur allégeance polique, sont d’accord. Le maire de ma ville natale, qui vient de se présenter à la direction du Parti libéral provincial, a écrit une lettre au pour demander une réforme du système de mise en liberté sous caution.
Ce n’est pas une question conservatrice. C’est une question qui concerne la sécurité publique et la protection des droits des victimes par rapport aux droits des criminels.
Notre proposition est simple: privilégier les droits des victimes et des citoyens respectueux de la loi plutôt que ceux des criminels, et corriger les lacunes du système de libération sous caution qui laisse les meurtriers et les récidivistes en liberté, libres de recommencer leurs crimes dans la collectivité.
Nous devons rétablir des peines et des sanctions qui correspondent réellement au crime, en particulier pour les récidivistes violents. Nous devons combattre la criminalité là où elle existe, à nos frontières et dans les gangs, et non au domicile des propriétaires d’armes à feu ou des chasseurs respectueux de la loi.
Il est temps de revenir à l’époque où les gens se sentaient en sécurité dans leurs collectivités, une époque où les gens peuvent marcher dans les rues sans être attaqués de façon aléatoire, où les criminels sont punis pour les crimes qu’ils commettent, où les Canadiens ont le droit de voyager où ils veulent et quand ils veulent, n’ont pas peur de prendre les transports en commun et de sortir en public avec leur famille et se sentent en sécurité.
J’espère que tous les députés, au nom de leurs collectivités, de leurs concitoyens et de leurs proches, défendront ces droits. Nous pouvons le faire en adoptant cette motion aujourd’hui. J’espère que mes collègues de la Chambre le verront aussi.
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Madame la Présidente, je suis heureuse d’avoir la possibilité de m’exprimer sur la motion présentée par le député de . J’aimerais partager mon temps de parole avec le député de .
D’abord et avant tout, j’aimerais souligner les événements tragiques et troublants survenus récemment au Canada et dans lesquels un certain nombre d'agents de police ont trouvé la mort. Il n’y a pas de mots pour décrire à quel point nos collectivités sont choquées lorsque les personnes qui consacrent leur vie à servir et à protéger les autres sont victimes de terribles actes de violence. Il est inimaginable de se représenter la douleur que doivent éprouver les familles de ces policiers. Je leur adresse mes condoléances les plus sincères. Je suis de tout cœur avec elles.
J’ai récemment eu une discussion approfondie avec le chef de police de Peel et son équipe sur les genres de problèmes qui préoccupent vraiment nos collectivités, dont celles de ma circonscription, Mississauga—Erin Mills. Les questions majeures que nous avons abordées sont la violence sexiste, l’utilisation des armes à feu dans nos collectivités et les vols de voitures, et la manière dont nous pouvons les prévenir. Nous avons parlé des limites auxquelles les forces de police sont confrontées pour apporter leur soutien.
Une chose qui m’a vraiment frappée, c’est la discussion que nous avons eue sur les objectifs exacts que nous visons en servant et en protégeant nos collectivités. Quelle perspective adoptons-nous sur la création d’un cadre juridique et d’administration de la justice dans notre pays, à la base de nos collectivités? Cherchons-nous à punir les délinquants en lançant un large filet afin de les emprisonner tous sans garder à l’esprit ce que signifie la réadaptation au sein de nos collectivités? Comment, par exemple, influencerons-nous les jeunes délinquants et que ferons-nous pour leur réadaptation afin qu’ils deviennent des membres à part entière de notre société? Parlerons-nous de l’incidence sur les collectivités autochtones des questions d’accès à la justice, des règles sur la mise en liberté sous caution et des dispositions de notre Code criminel?
Ce débat, cette conversation, ce sujet est nettement plus important que les déplorables propos alarmistes du parti d’opposition. Nous devons discuter des moyens à mettre en œuvre pour intégrer un principe de réduction des méfaits dans notre système de justice pénale. Et, ce qui est encore plus important, nous devons comprendre, dans le contexte du partage des compétences entre gouvernements fédéral, provinciaux et régionaux, comment la justice est administrée et comment l’ensemble du régime de mise en liberté sous caution est instauré dans nos collectivités et nos sociétés. Comment pouvons-nous protéger nos collectivités en collaborant avec tous les ordres de gouvernement?
Par conséquent, il est assez malhonnête de présenter une motion de l’opposition et de demander certaines choses qui n’ont aucun sens si l’on ne tient pas compte du contexte global du fonctionnement de notre système de justice. Je prendrai le temps aujourd’hui d’aborder le régime de mise en liberté sous caution au Canada et du rôle essentiel qu’il joue dans la promotion de la sécurité publique, le maintien de la confiance dans l’administration de la justice et la garantie que notre système de justice pénale respecte les droits inscrits dans la Charte des droits et libertés.
Je commencerai par dire quelques mots sur le système de justice pénale canadien et sur son importance. Ce système est la pierre angulaire de notre démocratie. C’est un élément clé du maintien de l’ordre dans la société et de la prospérité générale du Canada. Le gouvernement fédéral continue de faire tout son possible pour que la société canadienne soit juste et respectueuse des lois et qu’elle dispose d’un système de justice accessible, efficace et équitable.
Nos lois pénales permettent aux Canadiens de se sentir en sécurité dans leurs collectivités et les y aident, tout comme elles leur permettent d’avoir confiance dans leur système de justice, ce qui améliore leur qualité de vie ainsi que leur contribution à la prospérité du Canada. Contrairement à l’opposition, je ne crois pas que nos institutions ne fonctionnent pas. Sont-elles parfaites? Non, car rien n’est parfait. Il nous incombe de chercher à les améliorer, mais nous ne devrions pas céder aux discours alarmistes. En fait, nous devrions rechercher des solutions constructives comme le fait le gouvernement, en collaborant avec tous les ordres de gouvernement sur cette question, comme le l’a dit plus tôt aujourd’hui.
Le système de justice pénale est une responsabilité partagée des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, et les gouvernements régionaux sont concernés. Si le gouvernement fédéral est chargé d’établir le droit pénal, qui comprend les dispositions relatives à la mise en liberté sous caution dans le Code criminel, les gouvernements provinciaux sont responsables de l’administration de la justice. Cela comprend tenir des audiences de mise en liberté sous caution et faire appliquer les conditions de mise en liberté sous caution, ainsi que mener des enquêtes et intenter des poursuites pour la plupart des infractions prévues au Code criminel commises sur leurs territoires respectifs. Pour qu’un système de justice pénale fonctionne bien, il faut que tous les ordres de gouvernement s’acquittent avec succès de leurs responsabilités respectives en coopération et en collaboration les uns avec les autres.
Au gouvernement fédéral, nous continuons de travailler en très étroite collaboration avec nos partenaires provinciaux et territoriaux afin d’examiner des moyens d’améliorer encore le système de justice pénale, y compris le régime de mise en liberté sous caution, de le renforcer et de le rendre plus efficace. Par exemple, le gouvernement examine soigneusement les préoccupations particulières soulevées par les délinquants violents et récidivistes et par la mise en liberté sous caution. Ces préoccupations ont été mentionnées par les premiers ministres des provinces et des territoires, et le gouvernement travaille activement avec ses partenaires provinciaux et territoriaux pour améliorer le système de mise en liberté sous caution.
Quand je siégeais au comité de la justice, c’est une question que nous avons examinée en profondeur pour voir comment nous pouvons mieux protéger et soutenir les collectivités et assurer un meilleur accès à la justice dans tout le pays. Des témoins et des experts de tout le pays nous ont expliqué que nous devons adopter une approche contextualisée par tous les groupes en quête d’équité afin que le système que nous essayons d’améliorer, quel qu’il soit, soit juste pour tout le monde. Nous revenons, par conséquent, à la Charte des droits et libertés et à son importance dans notre système de justice pénale.
Le système canadien de mise en liberté sous caution contribue à renforcer la sécurité publique et la confiance des citoyens dans le système de justice pénale en permettant la détention préalable au procès de personnes accusées dans les cas où il y a un motif légitime de le faire. Je souligne que le système de mise en liberté sous caution, tel qu’il est établi dans le Code criminel du Canada, vise à s’assurer que les personnes accusées d’un crime se présenteront au tribunal pour répondre de l’accusation et qu’elles ne poseront pas de risque pour la sécurité publique avant que leur affaire soit jugée. Il vise aussi à s’assurer que la confiance dans le système de justice pénale est préservée pour ce qui est de savoir si l’accusé est en détention.
Lorsqu’on craint qu’un accusé libéré après avoir été arrêté ne compromette ces objectifs, la police peut le détenir et l’amener devant un juge et il aura droit à une audience devant le tribunal saisi de la demande de mise en liberté sous caution, lequel déterminera s’il doit être ou non libéré. La détention provisoire d’un accusé est justifiée lorsqu’elle est nécessaire à la protection ou à la sécurité du public, y compris s’il y a une forte probabilité que l’accusé commette une infraction pénale s’il est remis en liberté.
Lorsqu’un accusé est libéré, la police ou les tribunaux sont habilités à imposer certaines conditions que l’accusé est tenu de respecter jusqu’à ce que son cas soit résolu ou jusqu’à ce que son procès soit terminé. Par exemple, le tribunal peut imposer toute condition raisonnable qu’il juge souhaitable ou nécessaire pour assurer la sécurité de toute victime ou de tout témoin de l’infraction. Pour certaines infractions particulières, surtout celles commises avec violence, le tribunal a l’obligation d’imposer une condition interdisant à l’accusé de posséder une arme à feu, une arme prohibée ou à autorisation restreinte ou des munitions, sauf si le tribunal juge qu’une telle condition n’est pas nécessaire dans l’intérêt de la sécurité de la victime, de l’accusé ou de toute autre personne.
Pour que nous puissions nous attaquer aux questions relatives à un système de justice juste, viable et équitable, nous devons tenir compte de la Charte des droits et libertés. Nous devons tenir compte de la manière dont la justice est administrée par les provinces. De plus, il convient de le souligner, nous devons tenir compte de la manière dont nous soutenons les personnes qui sont en première ligne. Ont-elles les ressources dont elles ont besoin? Par exemple, dans ma région, nous nous efforçons, pour la police de Peel, de faire en sorte que les agents puissent accéder à des mesures d’aide en santé mentale. Quel rôle cela joue-t-il?
J’aimerais que les collègues, tous partis confondus, soient capables de travailler avec tous les ordres de gouvernement en tenant compte du contexte général de ce qu’implique une réforme des libérations sous caution.
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Madame la Présidente, j’interviens aujourd’hui pour parler de la motion de financement des conservateurs. Pourquoi est-ce que je l'appelle ainsi? Ce n'est pas parce que je n'y vois pas un sujet extrêmement grave. C’est le cas, et j’y reviendrai dans une seconde, mais j’ai l’impression que le Parti conservateur instrumentalise une question grave à son propre avantage.
Nous savons tous que les conservateurs savaient, en arrivant à la Chambre, que cette motion n’aurait pas l’appui d’une majorité de parlementaires. Cependant, ils attendent avec impatience de pouvoir s’en servir dans une campagne par courriel pour amasser des fonds, probablement plus tard ce soir, ou quelque chose du genre. C'est extrêmement hypocrite de traiter ainsi la Chambre des communes. Je ne crois pas qu’elle ait jamais été destinée à être utilisée de cette façon, mais hélas, c’est ce que les conservateurs font de plus en plus souvent.
Pour commencer, la réforme de la mise en liberté sous caution, comme nous le savons et comme nous l’ont dit des dirigeants de tout le pays, est une question très importante à laquelle nous devons nous attaquer. C’est pourquoi le a rencontré les dirigeants en octobre dernier et s’est engagé à travailler avec eux. C’est pourquoi il les rencontrera de nouveau en février. C’est pourquoi il collaborera avec eux pour apporter les vraies réformes qu’ils réclament et dont ils ont besoin pour accroître la sécurité publique. À mon avis, il travaille sincèrement dans le but d’essayer de faire du Canada un meilleur endroit et d’améliorer la qualité de vie de tous les Canadiens.
Je suis découragé par cette motion car, déjà, son premier paragraphe de résolution mentionne expressément le projet de loi en demandant au gouvernement d’y apporter des modifications. Le plus cocasse, cependant, c’est que ce projet de loi a été présenté pour corriger la législation des conservateurs de Stephen Harper sur les peines minimales obligatoires. Actuellement, au moins trois lois ont été invalidées par les tribunaux. Le projet de loi C‑75 reflétait ce qu'avaient dit les tribunaux. Or, selon eux, la législation enfreignait les droits des gens garantis par la Charte, elle ne pouvait pas être imposée et il fallait la modifier.
À quoi ressemblerait la Charte des droits pour les conservateurs? S’ils présentaient continuellement des lois jugées inconstitutionnelles par la Cour suprême, ne faudrait-il pas en déduire qu’ils préféreraient avoir une autre Constitution et une autre Charte des droits, une Charte des droits qui n’accorderait pas les mêmes droits que la nôtre? Je ne vois pas comment nous pourrions arriver à une autre conclusion que celle-là.
Dans son intervention d’aujourd’hui, le a précisément parlé de l’approche conservatrice. Il l’a décrite. Ce qu’il n’a pas dit, toutefois, c’est que cette approche a été invalidée à plusieurs reprises par la Cour suprême. Il doit être franc avec les Canadiens et dire comment il mettrait en œuvre son approche. Utiliserait-il la clause dérogatoire pour passer outre à l’interprétation de la Cour suprême? Modifierait-il la Charte des droits pour qu’elle soit différente de ce qu’elle est actuellement? De quelle autre manière l’approche conservatrice pourrait-elle déboucher sur une loi susceptible d’être confirmée et jugée constitutionnelle par la Cour suprême?
Je trouve très troublant et fort malhonnête le fait de déposer une telle motion. Elle porte sur une préoccupation réelle exprimée par des dirigeants des quatre coins du pays, mais les conservateurs l'instrumentalisent pour tenter d’en tirer parti à d’autres fins. Ils essayent d’exploiter les peurs et l’anxiété pour récolter des fonds. C’est la seule conclusion à laquelle je peux arriver. C’est pourquoi j’ai dit que je ne peux pas concevoir que cette motion soit autre chose qu’un outil de collecte de fonds pour le Parti conservateur.
Les conservateurs ont beaucoup parlé du projet de loi en disant qu'il facilite la mise en liberté sous caution. Or, tel n’était pas le but du projet de loi. En fait, l’un des changements qu'il a apportés a rendu plus difficile l’obtention d’une mise en liberté sous caution. Il revient en effet à l’accusé de justifier sa libération sous caution. Cette mesure visait expressément la violence entre partenaires intimes.
Je reviens toujours à ce point: pourquoi les conservateurs exploiteraient-ils intentionnellement ces craintes si ce n’est pour en tirer un avantage politique? Les conservateurs font toujours la même chose: ils prennent la parole à la Chambre en laissant entendre que le gouvernement actuel est directement responsable de certaines des dispositions du projet de loi , en particulier en ce qui concerne les réformes, qui n’étaient nécessaires que parce que l’ancien gouvernement conservateur avait fait adopter des mesures législatives qui, s'il l'on accepte de reconnaître la décision des tribunaux, portaient atteinte aux droits des gens garantis par la Charte.
Comme je l’ai dit, le projet de loi n’a pas modifié les critères de libération d'un accusé par la police, un juge ou un juge de paix. C'est important de le souligner, car les conservateurs ont répété aujourd’hui que c’était le cas. En fait, comme je l’ai indiqué, nous avons fait en sorte qu’il soit plus difficile pour certaines personnes d’obtenir une libération sous caution, surtout dans les cas de violence entre partenaires intimes.
Le projet de loi a également imposé, comme je l'ai signalé, ce qu’on appelle un renversement du fardeau de la preuve pour la remise en liberté d’un individu accusé de certaines infractions liées aux armes à feu. Autrement dit, à moins qu'un accusé n'arrive à prouver que sa libération conditionnelle est justifiée, il sera détenu en attendant son procès.
Le projet de loi a été adopté à la suite d’une décision exécutoire de la Cour suprême, de sorte que le premier paragraphe des solutions proposées par les conservateurs dans leur motion, qui demande que nous abrogions immédiatement les éléments édictés par le projet de loi C‑75, est certainement fallacieux, car nous répondions à ce que la cour nous disait de faire. La Cour suprême du Canada nous disait que cela devait être fait afin de maintenir les droits des gens au titre de la Charte.
Je reviens à mon point de départ. Que va-t-il se passer? Les conservateurs croient-ils à la Charte? Croient-ils en ces droits? Ils ne cessent de présenter des mesures législatives qui portent atteinte à ces droits. Croient-ils en ces droits, ou voudraient-ils que la Charte soit modifiée? S’ils veulent que la charte soit modifiée, à quoi devrait-elle ressembler? Je serais curieux de voir à quoi ressemblerait la Charte des droits d’après la définition des conservateurs et selon les mesures législatives qu’ils présentent. Comment envisagent-ils ces droits? C’est une question légitime. Nous devons aller au fond des choses, car il s’agit du document fondamental sur lequel reposent la grande majorité des contestations.
Je vais continuer à écouter le débat d’aujourd’hui. Je m’oppose évidemment à cette motion, et je suis heureux de voir que la majorité de mes collègues à la Chambre sont du même avis. C’est la chose responsable à faire. Nous devons continuer à avoir des conversations très importantes sur la réforme du système de libération sous caution avec les dirigeants de notre pays qui la demandent. Nous devons mener ces conversations d’une manière honnête afin qu'elles aient un impact réel sur la vie des Canadiens et qu'elles améliorent en même temps leur sécurité.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Le régime de libération conditionnelle du Canada est dysfonctionnel. Pourquoi est-il dysfonctionnel? C’est parce qu’il ne fonctionne pas pour les citoyens respectueux des lois qui craignent pour leur sécurité et encore moins pour les victimes. Les villes de la Colombie‑Britannique, y compris la mienne, Surrey, sont confrontées à une recrudescence de la criminalité: activités des gangs, dommages matériels, violence, et cetera. Il n’y a rien d'étonnant à cela.
En effet, en 2019, les libéraux ont adopté une loi, le projet de loi , qui a imposé un « principe de retenue » pour la détermination des conditions de libération conditionnelle. Selon cette politique laxiste à l’égard de la criminalité, la police est obligée de libérer des criminels notoires sur promesse de comparaître: sitôt arrêté, sitôt relâché. Or, cette approche ne fonctionne ni Colombie‑Britannique ni ailleurs au Canada.
Prenons l’exemple du meurtre tragique de la constable Shaelyn Yang. Elle a été poignardée à mort dans l’exercice de ses fonctions par un homme qui avait déjà été arrêté pour agression. Il avait été libéré à la condition de comparaître au tribunal, ce qu’il n’a pas fait. Un nouveau mandat avait été lancé, mais lorsqu’on a trouvé cet homme dans la tente où il habitait, dans un parc de Burnaby, il a pris la vie de l’agent Yang. Il l’a poignardée à mort.
Malheureusement, les crimes violents de cette nature deviennent monnaie courante en Colombie‑Britannique. Un touriste a été poignardé à répétition dans le dos alors qu’il faisait la queue à un Tim Hortons, à Vancouver. Son agresseur faisait l’objet d’un mandat d’arrêt pancanadien pour ne pas avoir respecté les conditions de sa libération.
En décembre dernier, à Surrey, un homme dont le casier judiciaire comprenait 23 condamnations pour agression a attaqué une mère et son bébé de 11 mois. L’année dernière, un homme a volé un traversier dans le port de Victoria. Il a été arrêté, puis relâché, et il a ensuite été surpris en train de fracasser les fenêtres et les portes de commerces des environs.
À Vancouver — nous en avons déjà entendu parler, mais il convient de le répéter —, 40 délinquants ont fait l’objet de 6 000 arrestations l’an dernier. C'est une moyenne de 150 arrestations chacun. Personne ne devrait prétendre que c'est acceptable. À Kelowna, un homme a été le sujet de 346 plaintes auprès de la police locale au cours des six dernières années, ce qui a mené à 29 condamnations pour agression et infractions contre les biens.
Les taux de criminalité, en particulier de criminalité violente, ont atteint un point culminant en Colombie‑Britannique. Le regroupement des maires urbains de la Colombie‑Britannique a tiré la sonnette d’alarme en réclamant que des mesures soient prises pour prévenir ce cycle de criminalité. Dans sa lettre au premier ministre de la province, il déclare que les villes qu'il représente doivent détourner de précieuses ressources, destinées à d’autres priorités de sécurité publique, pour s’occuper des récidivistes.
Même le premier ministre néo-démocrate David Eby, qui était ici l'autre jour, a signé avec tous les premiers ministres provinciaux une lettre conjointe adressée au gouvernement fédéral pour demander que l'on corrige les lacunes du régime de cautionnement. Dans la lettre, on peut lire: « Le système de justice doit fondamentalement garder hors des rues toute personne qui représente une menace pour la sécurité publique. Et cela commence par des changements significatifs au Code criminel, un domaine qui relève uniquement de la compétence du gouvernement fédéral. »
L'équipe de la chambre de commerce de Surrey, un organisme dont le mandat concerne normalement le développement économique de ma région, se dit préoccupée par la criminalité dans les rues. Récemment, elle a déclaré: « Le développement économique d'une collectivité, quelle qu'elle soit, repose sur la réputation de celle-ci en tant que région sûre et viable pour s'y installer et faire des affaires ».
La détérioration de la sécurité publique a touché ma circonscription, Surrey‑Sud—White Rock, mais le problème s'étend bien au-delà de la Colombie‑Britannique. Il s'agit d'un gâchis national. L'été dernier, nous avons tous assisté avec horreur à la tuerie survenue dans la nation crie de James Smith, en Saskatchewan. L'auteur de ce massacre avait déjà été accusé de plus de 120 crimes, mais cela ne l'a pas empêché de tuer 10 Autochtones.
À la suite de cette tragédie insensée, le a pris la parole à la Chambre pour réclamer du changement. Il a déclaré:
La nation crie de James Smith n'a pas seulement été victime d'un criminel violent, mais aussi d'un système de justice pénale défaillant [...] Un système qui permet à un criminel violent de récidiver autant de fois en toute impunité ne mérite pas le nom de système de justice. Laisser les victimes vulnérables aux attaques répétées d'un criminel violent notoire ne relève pas de la justice pénale, mais de la négligence criminelle.
Je suis d'accord, il faut réparer le système de libération sous caution, qui fonctionne mal. Quand une personne fait une erreur, il faut bien sûr lui donner toutes les chances de se rebâtir une vie productive pour elle-même et pour les autres, mais on ne peut pas permettre à de dangereux contrevenants violents et récidivistes de faire régner la terreur dans nos rues.
Le projet de loi aggraverait le problème. Les libéraux ont redéfini les peines pour des crimes graves; des criminels dangereux sont donc libérés plus tôt qu'ils ne le méritent. Ils ont abaissé les peines pour des crimes tels que l'agression armée, l'enlèvement d'un mineur et la participation aux activités d'une organisation criminelle, rendant ces crimes admissibles à des déclarations de culpabilité par procédure sommaire. Ils ont élargi la possibilité de purger une peine de détention à domicile dans le cas d'autres infractions graves, notamment l'agression sexuelle, l'enlèvement, la traite des personnes, le vol de véhicules à moteur et l'incendie criminel. On ne peut qu'imaginer à quel point les victimes se sentent marginalisées, à quel point leur souffrance est ignorée.
Les libéraux ont éliminé les peines d'emprisonnement obligatoires pour des crimes graves commis avec une arme à feu, notamment le vol ou l'extorsion avec une arme à feu, le trafic d'armes, la décharge d'une arme à feu avec une intention particulière, l'utilisation d'une arme à feu lors de la perpétration d'un crime et la décharge d'une arme à feu avec insouciance. Tandis que le laisse les auteurs de fusillades en voiture et les trafiquants d'armes réintégrer la société, il s'en prend aux chasseurs et aux tireurs sportifs respectueux de la loi.
Parallèlement, en pleine crise des opioïdes, il a supprimé les peines d’emprisonnement obligatoire pour les narcotrafiquants. Depuis que les libéraux ont accédé au pouvoir, il y a huit longues années, plus de 31 000 Canadiens ont perdu la vie à cause de surdoses. Aujourd’hui, produire de l’héroïne, de la cocaïne, du fentanyl ou de la méthamphétamine en cristaux ne constitue plus un crime passible d’une peine d’emprisonnement obligatoire. Il en va de même de la contrebande de drogues et du trafic de stupéfiants.
Le et son Parti libéral sont responsables de ce gâchis, mais dans un gouvernement minoritaire, il ne peut pas agir seul. Le NPD est complice. Treize députés néo-démocrates de la Colombie‑Britannique se sont prononcés en faveur de l’érosion irresponsable du système de justice et ils doivent eux aussi en répondre. Ils ont changé le système de justice pour plaire aux militants de gauche, qui veulent réduire le financement de la police plutôt que rendre les rues sûres pour nos concitoyens. Résultat: cinq policiers ont été victimes d'un meurtre au cours de l’année écoulée.
Le nouveau système de justice fait passer le criminel en premier et la victime en dernier; il fait passer les délinquants en premier et les besoins de la société en dernier. Il libère le criminel avéré tout en liant les mains des forces de l'ordre. Quel est le résultat au bout de huit ans? Les crimes violents ont augmenté de 32 %; les homicides, de 30 %; les meurtres liés aux gangs, de 92 %; et les agressions sexuelles, de 61 %.
Aux prochaines élections, les électeurs de la vallée du bas Fraser et de l’île de Vancouver peuvent compter sur les conservateurs pour remettre de l’ordre dans les villes et les régions. Nous réglerons les dysfonctions du système canadien de mise en liberté sous caution en abrogeant les éléments établis par le projet de loi qui obligent les juges — dont certains se plaignent à présent publiquement, ce qui est très inhabituel pour une magistrature indépendante — à libérer des récidivistes violents, ce qui leur permet de récidiver.
Nous renforcerons les lois canadiennes relatives à la mise en liberté sous caution de manière à ce que les personnes qui sont accusées d’infractions graves liées à des armes à feu alors qu'il leur était interdit d'en posséder n'obtiennent pas facilement une mise en liberté sous caution, comme c’est le cas en ce moment. Nous ciblerons les récidivistes violents et nous ferons en sorte que le système de justice canadien fasse passer en premier les droits des Canadiens respectueux des lois. Nous rétablirons la sécurité dans les rues et nous protégerons les citoyens contre les crimes violents.
Les Canadiens souffrent à tellement d’égards sous le gouvernement libéral. Lui s’en moque, mais pas les conservateurs.
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Madame la Présidente, je me lève aujourd'hui pour parler de notre motion, qui est très importante. Je commencerai en disant que je suis ici depuis huit ans, une durée égale à celle de ce gouvernement libéral au pouvoir. Depuis le début du règne du — je dis « règne » car le premier ministre se comporte comme un roi qui n'a pas de comptes à rendre à qui que ce soit, que les décisions soient bonnes ou mauvaises —, on constate que ce gouvernement et ce premier ministre ont beaucoup de sympathie pour les criminels.
Cela se remarque dans plusieurs décisions qui ont été prises et plusieurs changements législatifs qui ont été faits au cours des huit dernières années. Qu'il s'agisse des prisons, du projet de loi ou du projet de loi , on constate que c'est toujours orienté vers de l'aide aux criminels, au détriment des victimes.
Depuis l'arrivée du gouvernement libéral, soit depuis maintenant huit ans, on a vu, avec tous ces changements législatifs qui favorisent le crime, une augmentation des crimes. C'est particulièrement vrai relativement aux libérations sous caution. Je me souviens très bien des débats que nous avons eus sur le projet de loi C‑75. Le Parti conservateur avait été très critique envers ce qui était proposé dans ce projet de loi, parce que cela n'avait pas de sens.
Aujourd'hui, quatre ans plus tard, nous en voyons le résultat. Je tiens à préciser, pour mes collègues du côté libéral qui sont ici présents, et même pour mes collègues du Bloc qui ont cautionné le projet de loi C‑75 à l'époque et qui changent peut-être d'idée aujourd'hui, que la motion d'aujourd'hui est très précise. Nous demandons au gouvernement de revoir de façon urgente certains éléments du projet de loi C‑75.
Nous voulons revoir plus particulièrement les dispositions ayant trait aux criminels qui ont fait des actions avec des armes à feu et qui, malheureusement, à cause du projet de loi C‑75, sont libérés sous caution trop facilement. Nous en avons eu la preuve avant Noël alors qu'un policier de Toronto s'est fait assassiner lors de son premier jour de travail en solo. Ce jeune policier s'est fait assassiner par un individu récidiviste qui n'aurait jamais dû être en liberté sous caution.
C'est ce genre de crime qui est actuellement au Canada le plus sérieux. Nous ne sommes pas là aujourd'hui pour présenter une grande motion visant à réformer l'ensemble du projet de loi . Nous voulons cibler directement le problème, comme le demandent l'ensemble des premiers ministres de toutes les provinces et des territoires du Canada, comme le demandent les associations de policiers, comme l'a demandé le 23 janvier M. Pierre Brochet, président de l'Association des directeurs de police du Québec. Ce dernier a imploré le gouvernement de procéder à des changements concernant les pires criminels d'entre tous, les récidivistes, ceux qui commettent des crimes violents et qui recommencent.
On le voit actuellement; la Colombie‑Britannique a publié des rapports. Mes collègues aiment parler de rapports. Justement, un rapport de la Colombie‑Britannique souligne que 40 délinquants ont été arrêtés 6 000 fois en une seule année. C'est inimaginable. Le même individu peut-être arrêté et libéré trois fois au cours d'une même journée. Personne n'arrive à comprendre cela, mais c'est un des effets néfastes du projet de loi C‑75 et c'est ce que nous souhaitons réparer.
Nous voulons réparer ce problème très précis. La motion d'aujourd'hui pointe vers cela. J'ai entendu tantôt mon collègue du Bloc parler de jeunes contrevenants. Nous ne sommes pas là. Nous voulons tout simplement colmater la brèche qu'il y a dans le projet de loi et qui concerne les criminels violents, ceux qui répètent jour après jour des infractions dangereuses et qui ont fait en sorte, justement, qu'un jeune policier de 28 ans se fasse tuer avant Noël.
Quand on parle de politiques laxistes libérales, les faits parlent d'eux-mêmes. Tous les changements qui ont été apportés depuis huit ans ont mené à l'actuelle augmentation des crimes de 32 %. On observe aussi une augmentation de 92 % des meurtres commis par des membres de gang de rue.
Comment expliquer cela si ce n'est pas parce que, comme je le disais au début, les criminels n'ont plus peur? Les criminels se moquent de la justice. Les criminels attendaient impatiemment dans les rues de Montréal l'adoption du projet de loi .
J'entends mon collègue libéral de l'autre côté me dire « voyons donc ». Je l'inviterais à aller rencontrer…
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Madame la Présidente, il y a toujours de l'émotion quand on parle de crimes, mais les faits sont les faits.
Je reviens sur le fait que les rues de Montréal seraient plus sécuritaires si on n'avait pas adopté le projet de loi , par exemple.
La semaine dernière, on a vu un des effets néfastes du projet de loi C‑5, qui a été adopté avant les Fêtes. Une personne qui a commis une agression sexuelle grave il y a huit ans a reçu sa sentence la semaine dernière. Or il y avait eu plusieurs retards liés à la procédure en cour et le projet de loi C‑5 a été adopté en cours de procédure. La sentence que le juge a donnée est une sentence de 20 mois à purger dans la collectivité, alors que, auparavant, cet individu aurait été incarcéré. Le procureur de la Couronne est arrivé, il a regardé le juge et il a dit que le et le avaient des comptes à rendre aux victimes.
Depuis que le gouvernement est en poste, soit depuis huit ans, je suis fasciné par son absence totale de sympathie envers les victimes.
À l'époque du gouvernement conservateur, la Charte canadienne des droits des victimes a été mise en place. Mon collègue le sénateur Pierre‑Hugues Boisvenu, le premier ministre de l'époque, Stephen Harper, le ministre de la Justice de l'époque, Peter MacKay, et Steven Blaney, qui était ministre également, ont mis en place la Charte canadienne des droits des victimes pour permettre aux victimes d'actes criminels d'être protégées et informées. Dans les dernières années, nous avons constaté que les victimes étaient totalement ignorées. D'un côté, les criminels se moquent du système de justice parce qu'ils savent que la justice est beaucoup plus faible et qu'ils peuvent commettre des crimes à répétition sans avoir peur d'être incarcérés. De l'autre côté, des victimes ont peur et n'osent même plus porter plainte parce qu'elles savent qu'il ne se passera rien. Les libéraux peuvent dire ce qu'ils veulent à ce sujet, mais les faits sont les faits.
En cette journée qui est consacrée au débat sur notre motion, nous n'abordons pas le problème d'une façon partisane, pas du tout. Quand 13 premiers ministres des provinces et des territoires demandent exactement la même chose et que l'ensemble des associations de policiers du Canada demandent exactement la même chose, je pense que c'est parce qu'il y a un problème.
J'espère que mes collègues du Bloc québécois vont comprendre cette approche que nous prenons aujourd'hui. Comme je le disais tantôt, en lisant bien notre motion, on verra qu'il est clair que nous visons précisément les crimes par armes à feu, entre autres.
Un criminel qui a commis une infraction et qui a été accusé d'avoir commis un crime par arme à feu a été mis en liberté conditionnelle facilement et il a commis de nouveau un crime par arme à feu. Si on demande à nos concitoyens s'ils trouvent cela normal, tous répondront non. Un des problèmes que pose le projet de loi , c'est qu'il permet de remettre ces criminels en liberté trop facilement. C'est ce que nous demandons qu'on répare. Nous demandons qu'on remette de l'ordre dans la situation qui découle de l'adoption du projet de loi C‑75 pour empêcher des crimes récurrents.
Comme je l'ai mentionné tantôt, en Colombie‑Britannique, 40 individus ont été arrêtés 6 000 fois en un an. C'est tout de même incroyable. Au Canada, l'ensemble des gens que nous visons actuellement se compte en centaines. Il s'agit tout au plus de 1 000 criminels. Nous ne parlons pas d'appliquer une loi à l'ensemble des personnes qui ont des accusations de tout ordre au Canada, nous nous concentrons surtout sur le problème des criminels qui commettent des crimes par armes à feu et des récidivistes dangereux. C'est tout simplement cela que nous voulons et nous aimerions que le gouvernement libéral fasse preuve de compréhension.
Après huit ans, il faut que le gouvernement libéral finisse par comprendre que, à un moment donné, il faut plus de règles, et que l'aspect que nous visons actuellement est très légitime. Comme je l'ai dit, ce n'est pas une question partisane lorsque 13 premiers ministres des provinces et des territoires de tous les partis disent la même chose. Ces premiers ministres sont libéraux, conservateurs ou néo-démocrates. À un moment donné, je pense que c'est tout simplement raisonnable.
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Madame la Présidente, je voudrais tout d’abord informer la Chambre que je partagerai mon temps de parole avec la députée de . Je suis reconnaissant d’avoir l’occasion de participer au débat d’aujourd’hui sur le système de justice pénale, qui porte sur la libération sous caution et les récidivistes violents.
Je tiens à remercier le député de de sa motion et de son engagement de longue date envers la sécurité publique. Sa motion me donne l’occasion de discuter des récentes réformes du Code criminel, plus précisément de l’ancien projet de loi , et de réfléchir à ce qui se passe dans ma collectivité et à ce que nous faisons dans Richmond Hill.
Le projet de loi a été présenté le 29 mars 2018 à la Chambre des communes et a ensuite reçu la sanction royale le 21 juin 2019. Les changements prévus dans le projet de loi sont pleinement entrés en vigueur en décembre 2019.
Bien que les réformes aient été adoptées principalement pour remédier aux retards et améliorer l’efficacité du système de justice pénale à la suite des préoccupations soulevées par la Cour suprême du Canada dans les arrêts Jordan de 2016 et Cody de 2017, elles ont également modernisé et simplifié le régime de libération sous caution du Canada. Ces réformes représentaient les changements les plus importants apportés au régime de libération sous caution du Canada depuis la Loi sur la réforme du cautionnement de 1972. Le projet de loi faisait également état du raisonnement de la plus haute cour du Canada énoncé dans l’arrêt Antic de 2017. Il était le fruit d’importantes consultations avec les provinces et les territoires. Il s’agissait d’une réforme réfléchie et de grande portée.
En ce qui concerne les amendements au projet de loi relatifs à la libération sous caution, ils ont été conçus précisément pour simplifier le processus de libération sous caution en élargissant l'éventail conditions que les services de police peuvent imposer aux accusés afin de déjudiciariser des affaires dont la cour n'a pas à être saisie, et à réduire le recours aux audiences relatives à la mise en liberté provisoire lorsque les circonstances ne le justifient pas, et ils n’ont en aucun cas été conçus pour réduire les conditions de libération sous caution; codifier un principe de retenue de façon à favoriser la mise en liberté à la première occasion plutôt que la détention lorsque c'est approprié, et je reviendrai en détail sur ce point plus tard; fournir des directives afin que les conditions de libération sous caution soient raisonnables, pertinentes par rapport à l’infraction et nécessaires pour assurer la sécurité publique; et enfin, exiger que la situation des accusés autochtones et des accusés appartenant à des populations vulnérables soit prise en compte lors des audiences sur la mise en liberté provisoire pour réduire l’impact disproportionné du système de mise en liberté provisoire sur ces populations.
Mes collègues prétendent que le projet de loi a brisé le système de libération sous caution du Canada, que sa réforme force les juges à remettre des récidivistes violents en liberté et qu’il est plus facile que jamais pour ceux-ci d’être libérés sous caution. Les données ne le confirment absolument pas. Ces affirmations sont, au mieux, mal fondées, au pire, très trompeuses. Nous avons les données pour le prouver.
Au cours des 15 dernières années, plus de la moitié des admissions dans les établissements provinciaux et territoriaux pour adultes concernaient des mises en détention en attendant le procès plutôt que des mises en détention après condamnation. Beaucoup de gens attendaient un jugement ou d’être entendus. Selon Statistique Canada, la proportion des mises en détention provisoire est passée de 54 % en 2006-2007 à 67 % en 2020-2021, malgré une diminution constante du nombre d’admissions d’adultes au cours de la même période.
Cette augmentation de la population en détention provisoire a touché de manière disproportionnée les autochtones et les personnes issues de populations vulnérables. En conséquence, le projet de loi a introduit dans le Code criminel une exigence selon laquelle les circonstances des accusés autochtones et des accusés issus de populations vulnérables doivent être prises en compte lors de la libération sous caution afin de remédier à l’impact disproportionné que le système de libération sous caution a sur ces populations.
Les modifications proposées dans le projet de loi visaient à atténuer les conditions de mise en liberté sous caution qui sont déraisonnables, non pertinentes et injustifiées, en codifiant les règles élaborées par la Cour suprême du Canada. Cependant, les critères définissant les cas où les accusés peuvent être libérés par des policiers ou des juges n'ont pas été modifiés. La loi est toujours aussi claire: la détention d'un accusé est justifiée si elle est nécessaire pour protéger la sécurité du public.
Nous entendons très souvent parler des récidivistes. Il revient au système judiciaire de veiller à avoir les outils lui permettant de les garder en détention. Nous n'avons pas changé cet aspect. De plus, les services de police doivent détenir un accusé s'il y a un risque de récidive.
Les modifications proposées dans le projet de loi ont accru considérablement la protection des victimes de violence de la part d'un partenaire intime, notamment en ce qui concerne le régime de mise en liberté sous caution. Le projet de loi a établi une définition de « partenaire intime » qui s'applique à l'ensemble du Code criminel pour préciser qu'elle inclut l'époux, le conjoint de fait ou le partenaire amoureux, actuel ou ancien, d'une personne.
Le projet de loi a également créé une disposition dans le Code criminel prévoyant l'inversion du fardeau de la preuve pour la libération conditionnelle d'un prévenu accusé d'avoir commis une infraction relative à la violence contre un partenaire intime, s'il a été auparavant condamné pour ce type d'infraction. L'inversion du fardeau de la preuve s'applique, peu importe qu'il s'agisse d'un même partenaire, d'un ancien partenaire ou d'un partenaire amoureux. Cela veut dire que la présomption voulant que le prévenu soit libéré en attendant son procès ne s'applique plus. L'accusé, et non pas le procureur, serait tenu de justifier sa remise en liberté devant le tribunal. Tous les outils pour prévenir les récidives sont là.
L’inversion du fardeau de la preuve reflète l’état des connaissances sur le risque accru que courent les victimes de violence entre partenaires intimes. Ce changement signale aussi au tribunal des cautionnements que l’infraction alléguée est un crime grave et que les risques de récidive sont considérables dans ce contexte.
Le projet de loi a également ajouté deux nouveaux facteurs que le juge doit prendre en considération avant d’ordonner la mise en liberté ou la mise en détention d’un accusé. Le premier, qui constitue un changement important, est que les tribunaux des cautionnements doivent maintenant tenir compte du casier judiciaire de l’accusé, une pratique qui avait déjà cours, mais qui n’était pas exigée par la loi. Le deuxième est que les tribunaux doivent vérifier si un accusé a déjà été inculpé d’une infraction qui implique des actes de violence contre un partenaire intime. Ces deux facteurs permettent aux tribunaux d'être mieux informés et d'avoir un portrait plus complet des éventuels antécédents de violence qui pourraient menacer la sécurité de la victime ou de la population en général.
En raison de ces changements, les tribunaux des cautionnements doivent tenir compte de ces facteurs pour prendre un certain nombre de décisions relatives à la libération sous caution, dont la décision d’interdire au délinquant de communiquer avec la victime, un témoin ou une autre personne, d’établir une ordonnance de détention, ou d’ordonner que l’accusé soit libéré sous caution.
Si l'accusé est remis en liberté sous caution et que l'infraction qui lui est reprochée visait son partenaire intime, le tribunal doit en tenir compte quand il détermine si la libération sous caution doit être assortie de conditions et lesquelles. Il peut par exemple interdire à l'accusé d'entrer en communication avec la victime.
En obligeant les tribunaux à tenir compte de la sécurité du partenaire intime de l'accusé avant de remettre ce dernier en liberté sous caution, on protège mieux les victimes violentées par leur partenaire intime. Les modifications au régime de libération sous caution que contenait le projet de loi s'inspiraient des lignes directrices établies par la Cour suprême du Canada concernant les droits des accusés garantis par la Charte. Elles avaient pour but de s'attaquer au problème de la surreprésentation des Autochtones et des populations vulnérables au sein de l'appareil de justice pénale tout en rendant le régime de libération sous caution plus efficace.
J'insiste sur le fait que le projet de loi n'a rien changé aux règles concernant la remise en liberté sous caution des personnes qui ont commis un crime violent ou des récidivistes. Il a au contraire permis de grandes avancées concernant la remise en liberté des personnes accusées d'avoir violenté leur partenaire intime.
En terminant, contrairement à ce qu'affirme le député, le projet de loi a amélioré le régime de libération sous caution et il a permis de mieux protéger les personnes violentées par leur partenaire intime.
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Madame la Présidente, je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui pour participer à cette très importante discussion. Je comprends les préoccupations soulevées par le député de au sujet du régime canadien de libération sous caution et je suis prête à discuter des dispositions législatives qui s'y rapportent, notamment en ce qui concerne les infractions violentes, et à répondre à certaines préoccupations qui sont soulevées de l'autre côté de la Chambre.
Le régime canadien de libération sous caution contribue à la sécurité publique et il conforte la confiance du public à l'égard du système de justice pénale. Il permet de placer des accusés en détention provisoire lorsqu'il y a lieu de le faire, notamment pour des raisons de sécurité publique. Je trouve encouragent de savoir que le gouvernement s'emploiera à renforcer le régime tout en respectant les droits des Canadiens.
Au titre de la Charte canadienne des droits et libertés, tout inculpé a droit à la liberté et est présumé innocent jusqu'à preuve du contraire. L'alinéa 11e) de la Charte prévoit que tout inculpé a le droit de ne pas être privé sans juste cause d'une mise en liberté assortie d'un cautionnement raisonnable. La Cour suprême du Canada nous a fourni une ligne directrice importante sur la mise en liberté provisoire et les considérations pertinentes relatives à la Charte. Par exemple, la Cour a précisé dans l'arrêt St‑Cloud, en 2015, que: « en droit canadien, la règle cardinale est la mise en liberté de l'accusé et la détention, l'exception ». Toutefois, de telles exceptions sont importantes. Par exemple, certains crimes font l'objet de ce qu'on appelle l'inversion de la charge de la preuve pour la liberté sous caution, ce qui signifie qu'il revient à l'inculpé de justifier sa libération sous caution. Ils comprennent les infractions liées à une arme à feu et certaines infractions de violence entre partenaires intimes, qui sont des ajouts du gouvernement actuel.
Le paragraphe 515(10) du Code criminel établit pour sa part trois cas justifiant le refus de la libération conditionnelle de tout inculpé.
Premièrement, l'inculpé peut être détenu si c'est nécessaire pour assurer sa présence au tribunal. C'est ce qu'on appelle le motif principal.
Deuxièmement, la détention d’un prévenu peut être nécessaire pour la protection ou la sécurité du public, des victimes ou des témoins, surtout lorsque l’accusé, s’il est mis en liberté, risque de commettre une autre infraction ou de nuire à l’administration de la justice. C’est ce que l’on appelle le motif secondaire. La protection du public est sans contredit la pierre angulaire de ce motif. Le tribunal peut prendre en compte plusieurs facteurs lorsqu’il envisage de l’invoquer, notamment le casier judiciaire du défendeur, le fait que celui-ci ait été en liberté sous caution ou en probation au moment de l’accusation, sa situation personnelle ainsi que toute ingérence auprès des témoins ou toute interférence avec la preuve. Le tribunal peut aussi prendre en considération la gravité de l’infraction et la solidité des arguments du ministère public, selon le principe voulant que plus l’infraction est grave et plus la probabilité de condamnation est grande, plus il est nécessaire de protéger le public.
Troisièmement, l’accusé peut être détenu lorsque c'est nécessaire pour ne pas miner la confiance du public envers l’administration de la justice, compte tenu de toutes les circonstances, notamment la solidité du dossier de la poursuite, la gravité de l’infraction, la fourchette des peines prévues pour l’infraction et l’usage éventuel d’une arme à feu. C’est ce que l’on appelle le motif tertiaire.
Dans l'arrêt St‑Cloud, la Cour suprême a fait remarquer que la portée du motif tertiaire a été dans certains cas indûment restreinte par les tribunaux. La Cour a affirmé que le motif tertiaire est un motif de détention à part entière, indépendant des autres, et qu'il ne devrait donc pas faire l'objet d'une interprétation étroite ou d'une application restrictive ni être limité à des circonstances exceptionnelles. Nous sommes d'accord avec la Cour.
La règle générale veut que, lorsqu'un procureur cherche à garder un accusé en détention, il doive persuader le tribunal qu'il existe des motifs pour le faire. Toutefois, le Code criminel comporte plusieurs dispositions qui imposent le fardeau de la preuve au prévenu. Lorsque ces dispositions s'appliquent, le prévenu doit faire la preuve que sa mise en détention n'est pas justifiée par les motifs principal, secondaire ou tertiaire. C'est ce qu'on appelle l'inversion du fardeau de la preuve.
Les dispositions relatives à l'inversion du fardeau de la preuve jouent un rôle important dans le système de justice pénale. Elles permettent de trouver un équilibre entre le droit d'un accusé de disposer d'une possibilité équitable d'être libéré sous caution et la nécessité de garantir la sécurité des Canadiens. Afin d'assurer la protection du public et de réduire le taux de récidive dans le système de justice pénale, les dispositions relatives à l'inversion du fardeau de la preuve ciblent des types de récidives et des infractions graves précis. Par exemple, lorsqu'un prévenu est accusé de défaut de comparaître en cour ou de défaut de se conformer à une ordonnance de libération sous caution, l'inversion du fardeau de la preuve s'applique, de même que lorsqu'il est accusé de certaines infractions graves. Les situations de renversement du fardeau de la preuve les plus courantes sont celles où une personne est accusée de meurtre ou de tentative de meurtre.
Toutefois, d'autres infractions graves, comme le trafic d'armes, la décharge d'une arme à feu avec une intention particulière, les agressions sexuelles armées, les agressions sexuelles graves, l'enlèvement, la prise d'otage, les vols qualifiés ainsi que l'importation, l'exportation ou le trafic de drogues, entraînent toutes l'application des dispositions relatives à l'inversion du fardeau de la preuve. Pour protéger les Canadiens contre la violence liée aux armes à feu, ces dispositions s'appliquent à des infractions qui mettent en jeu des armes à feu utilisées par des personnes n'ayant pas le droit d'en posséder, comme le demande la motion d'aujourd'hui.
Je suis heureuse de dire que c'est déjà ce que prévoit la loi. Je crains, comme je l'ai déjà dit, que l'opposition tente de semer la peur en laissant entendre le contraire. Cela dit, je suis consciente que les premiers ministres des provinces et des territoires souhaitent que cela s'applique à plus de dispositions sur les armes à feu, et je trouve encourageant de savoir que le gouvernement fédéral envisage sérieusement cette idée.
Les dispositions sur la libération sous caution reconnaissent également la nécessité de protéger les victimes de violence entre partenaires intimes. En effet, l'inversion du fardeau de la preuve s'appliquera aux personnes accusées de violence contre un partenaire intime qui avaient déjà été condamnées pour une telle infraction. Cette disposition cible directement les récidivistes et elle vise à assurer la sécurité des victimes de violence entre partenaires intimes. Je suis fière de faire partie du gouvernement qui a apporté un tel changement.
Un tribunal doit annuler la mise en liberté d’un accusé lorsqu’il constate que celui-ci a contrevenu ou est sur le point de contrevenir aux conditions de sa libération sous caution, ou qu’il a commis un acte criminel alors qu’il était assujetti à une libération conditionnelle. Quand le tribunal annule la libération accordée précédemment, il doit aussi ordonner la détention de l’accusé, à moins que ce dernier ne démontre que sa détention n’est pas justifiée.
Les dispositions de renversement du fardeau de la preuve donnent aux tribunaux les outils nécessaires pour protéger le public contre les accusés qui ne se présentent pas au tribunal ou qui ne respectent pas les conditions de leur libération sous caution. Elles permettent également aux tribunaux de protéger les victimes de violence entre partenaires intimes en obligeant l’accusé à démontrer la légitimité de sa mise en liberté. Ces dispositions renforcent la confiance du public envers l’administration de la justice, puisqu'il a alors l’assurance que les personnes accusées de crimes graves devront convaincre un juge du bien-fondé de leur libération sous caution avant qu'elle leur soit accordée.
Le régime de cautionnement est essentiel au bon fonctionnement de notre système de justice pénale et il contribue au maintien d’une société juste, équitable et sécuritaire. Comme l’a indiqué le un peu plus tôt, nous examinons rapidement et attentivement les réserves exprimées et les solutions proposées récemment par les provinces, les territoires et d’autres intervenants. J’ai d’ailleurs été ravie d’entendre parler des travaux en cours et de l’imminente rencontre fédérale-provinciale-territoriale visant à déterminer des façons de renforcer notre système de cautionnement à tous les ordres de gouvernement.
J'ai confiance que le gouvernement cherchera des solutions aux préoccupations soulevées en veillant d’abord et avant tout à la sécurité des Canadiens, et je suivrai avec grand intérêt les travaux du et de ses homologues des provinces et des territoires.