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Madame la Présidente, je vous remercie de ces éclaircissements. C'est toujours une zone grise. On en apprend tous les jours lorsqu'on siège à la Chambre.
Parce qu'elles mettent nos sociétés sous tension, les crises sont riches d'enseignement. Elles placent sous les projecteurs tant nos forces que nos faiblesses. Or, depuis trois ans, nous évoluons au cœur d'une poupée russe de crises qui ont révélé des faiblesses tant dans notre structure économique que dans l'action gouvernementale. Il y a eu la crise de la COVID‑19, les confinements, l'économie sur pause.
Crise de santé publique d'abord, la crise de la COVID‑19 a révélé l'extrême fragilité du système, amplifiée par le vieillissement de la population, mais surtout causée par un sous-financement fédéral chronique qui s'est amplifié depuis 2017 lorsque les transferts en santé ont cessé d'être harmonisés à la hausse des coûts.
Un meilleur partage des dépenses en santé, incluant un financement fédéral adéquat et prévisible, aurait mis notre système de santé à l'abri d'un risque d'effondrement. Les ententes récentes sont d'ailleurs insuffisantes pour écarter ce danger. Au mieux, elles figent dans le temps, à un niveau insuffisant, la part fédérale dans le financement des soins de santé, sans plus. Dans 10 ans, Ottawa contribuera aux coûts des soins de santé à hauteur de 24 %, soit la part à laquelle il contribuait à l'arrivée de l'actuel au pouvoir en 2015.
Or, on sait que freiner le désengagement ne suffira pas à rebâtir le système de santé. C'est au sous-financement chronique qu'il faut s'attaquer par un réinvestissement important si l'on veut être en mesure de faire face à la crise démographique qui s'en vient. Le Québec et les provinces canadiennes l'ont dit, redit et amplement démontré, mais Ottawa est aux abonnés absents. C'est à Ottawa qu'est retenu l'argent dont le Québec et les provinces ont un besoin urgent et durable.
La COVID‑19 a provoqué une crise des revenus des particuliers alors que des millions de personnes ont temporairement dû cesser de travailler. Elle a révélé l'indigence de l'assurance-emploi, qui ne couvre qu'une minorité de contributeurs au régime qui perdent leur emploi. Cette inadéquation a forcé le gouvernement à compenser par la création d'une panoplie de programmes spéciaux souvent improvisés, mal ciblés, inefficaces et coûteux. Or ces programmes ont pris fin, tout comme les assouplissements au régime d'assurance-emploi, revenu à l'état qui était le sien avant 2020 et dont la COVID‑19 a révélé les insuffisances.
C'est maintenant, alors que le spectre d'une récession commence à poindre, qu'il faut corriger les failles du régime d'assurance-emploi, le rendre plus accessible et l'adapter aux emplois atypiques, qui augmentent en importance. C'est la nécessaire réforme en profondeur dans laquelle Ottawa refuse de s'engager.
Puis, il y a eu la réouverture de l'économie après les confinements. Cette réouverture de l'économie a aussi révélé son lot de faiblesses. La pénurie de logements, causée par des années de sous-construction et de sous-financement, a provoqué l'explosion des prix. Les mises en chantier, particulièrement pour le logement locatif abordable comme pour le logement social et coopératif, s'annoncent encore anémiques en 2023. Un coup de barre s'impose, et vite.
La déstructuration de notre secteur manufacturier nous a rendus gravement dépendants de fournisseurs étrangers dans des chaînes d'approvisionnement mondialisées dont la crise a révélé la fragilité. Là encore, les ruptures ont entraîné des pénuries et une forte inflation, amplifiées par un manque de concurrence qui a permis à la grande distribution de hausser ses prix à volonté. Il faut dès maintenant rebâtir des chaînes d'approvisionnement solides et améliorer notre régime de concurrence. Améliorer la résilience de notre économie est un impératif.
Tous ces facteurs ont contribué à la hausse des prix, puis aux hausses successives de taux d'intérêt décrétées par la banque centrale. Or, on connaît ceux qui en souffrent le plus: les personnes à revenu fixe, comme les retraités, les gagne-petit qui ne peuvent pas faire face à la hausse des prix des biens essentiels et les ménages lourdement endettés qui sont particulièrement frappés par la hausse des taux d'intérêt; au premier chef, les jeunes familles ayant récemment acquis une maison.
Comme si cela n'était pas assez, ce sont maintenant les crises internationales qui nous bousculent. L'agression contre l'Ukraine transforme la Russie en paria international et la sort des grands circuits commerciaux et économiques. L'effet se fait sentir sur le prix des produits de base, le pétrole, les grains et les engrais, dont les prix ont explosé. En plus de nous rappeler l'urgence de diminuer notre dépendance au pétrole, la guerre affecte tout particulièrement le milieu agricole dont le prix des intrants a explosé. Il faut de toute urgence lui donner les outils pour traverser la crise et l'aider à adopter un modèle plus durable: protection du modèle de gestion de l'offre, prévisibilité, résilience face aux variations annuelles des rendements et aux catastrophes, transition écologique, réciprocité des normes, relève, et j'en passe.
Il y a aussi la Chine. Comme son économie est beaucoup plus diversifiée que celle de la Russie, une hausse des tensions risque d'avoir des impacts dans beaucoup plus de secteurs. En particulier, nous sommes entièrement dépendants de l'approvisionnement chinois pour les composantes nécessaires aux biens de haute technologie et à l'électrification des transports. Il faut donner un coup de fouet à ces secteurs.
Nous jouissons déjà d'un avantage comparatif grâce à la présence de minéraux stratégiques dans le sous-sol du Québec et du Canada. Si nous passons de la mine à la batterie comme le propose le gouvernement du Québec, nous aurons tous les atouts pour devenir le moteur nord-américain de l'électrification des transports et ainsi devenir un maillon essentiel de nouvelles chaînes d'approvisionnement plus résilientes. Dans ce domaine, Ottawa doit ramer dans le même sens que Québec pour accélérer le déploiement de sa stratégie.
Finalement, il y a les crises qui se déroulent au ralenti. Ce sont trois crises que l'on voit venir. Elles sont prévues et analysées depuis longtemps et rien ne justifie qu'on ne prenne pas les mesures nécessaires pour y faire face.
D'abord, il y a les changements démographiques. Le vieillissement de la population augmentera la pression sur les services de santé et sur les finances publiques du Québec et des provinces, on le sait. L'arrivée à la retraite de la génération du baby-boom aura aussi des impacts économiques importants. Le Canada est un des pays de l'OCDE qui protège le moins le pouvoir d'achat de celles et ceux qui arrivent à la retraite. Il est urgent de préserver ce pouvoir d'achat des aînés pour éviter que le choc démographique provoque un choc économique important, d'où notre demande de hausser la pension de la Sécurité de la vieillesse sans discrimination basée sur l'âge.
Cette arrivée massive à la retraite pose des défis pour les entreprises. La pénurie de main-d'œuvre risque de nous empêcher de rebâtir nos chaînes d'approvisionnement si nous ne prenons pas des mesures pour y faire face. Il faut prévoir des instruments pour encourager les travailleurs d'expérience qui le désirent à rester en emploi. Il faut augmenter la productivité de nos entreprises pour leur permettre de composer avec la rareté de main-d'œuvre. Il faut transférer le programme de travailleurs étrangers temporaires à Québec pour qu'il le rende plus efficace et qu'il l'intègre à sa politique de main-d'œuvre.
Ensuite, il y a la crise climatique. Là encore, on la voit se déployer depuis longtemps, on l'a analysée sous toutes ses coutures, mais on tarde à agir. Qu'il s'agisse de l'érosion des berges ou de la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, les dérèglements climatiques vont exercer des pressions énormes sur nos infrastructures publiques. Un fonds d'adaptation s'impose.
Plus fondamentalement, il faut accélérer la transition vers une économie carboneutre. De toute urgence, il faut rediriger les sommes investies dans les hydrocarbures vers l'économie verte. Il faut se concentrer sur ce qui suit: l'efficacité énergétique dans tous les domaines, l'électrification des transports, y compris la transformation des minéraux stratégiques, l'abandon graduel du pétrole au profit des énergies renouvelables et les pratiques agricoles plus durables.
Alors que les pétrolières profitent des crises internationales pour engranger des profits indécents, Ottawa doit mettre fin à toutes les formes de subventions, y compris les subventions pour la séquestration du carbone et les petites centrales nucléaires qui visent à produire de l'énergie permettant d'augmenter la production de sables bitumineux. Ces sommes doivent être redirigées vers l'accélération de la transition.
Vu l'énormité du chantier et l'urgence d'agir, le secteur financier devra participer et rediriger graduellement ses investissements pétroliers vers l'économie verte. Ottawa doit amener les banques à donner un coup de barre en les forçant à intégrer les risques climatiques dans leurs investissements. Ce sont des dizaines de milliards de dollars qui pourront être rendus disponibles pour la transition verte.
Il y a le problème permanent du déséquilibre fiscal. Ce dernier cause des dysfonctionnements importants qui limitent la capacité de l'État de faire face aux défis auxquels il est confronté, qui sont nombreux. Ces dysfonctionnements sont de trois ordres. Premièrement, Ottawa, qui perçoit plus de revenus que ce dont il a besoin pour assumer les responsabilités fédérales, ne fait pas l'effort de gérer son propre appareil de manière efficace. L'État fédéral est notoirement inefficace, et tout coûte plus cher qu'il ne le devrait.
À ce sujet, je voudrais donner deux exemples. Traiter un cas d'assurance-emploi ici coûte deux fois et demie plus cher que de traiter une demande d'aide sociale à Québec. Délivrer un passeport au fédéral coûte quatre fois plus cher que de délivrer un permis de conduire au Québec. On dit que tout coûte plus cher, et ce sont deux illustrations de cette réalité.
Ensuite, Ottawa utilise sa marge de manœuvre pour s'ingérer dans les domaines qui relèvent du Québec et des provinces. Ces ingérences rendent le partage des pouvoirs moins clair et moins rationnel tout en minant notre autonomie. Les doublons administratifs n'ont aucune vertu d'efficacité. Ils ne font que favoriser la centralisation vers Ottawa.
Je vais donner deux exemples encore une fois. Le premier, très récent, est celui de la mise en œuvre du programme d'assurance dentaire pour les enfants. Québec offre déjà une assurance dentaire. Or on n'a fait aucun arrimage et on a simplement créé un deuxième programme. C'est d'une inefficacité totale et cela occasionne un coût en double. C'est vraiment un scandale et le Bloc québécois a fait de nombreuses interventions à cet égard.
Voici un exemple plus général: au Québec, on produit deux déclarations de revenus alors que, depuis des années, l'Assemblée nationale du Québec et le Bloc québécois demandent qu'une seule déclaration soit produite. C'est un travail en double inutile et inefficace.
Finalement, concernant le déséquilibre fiscal, puisque c'est Ottawa qui influence fortement les cordons de la bourse du gouvernement du Québec et de ceux des provinces canadiennes, la capacité du gouvernement du Québec à assumer pleinement ses responsabilités s'en trouve diminuée.
Le directeur parlementaire du budget est sans appel: si la tendance se maintient, à terme, les gouvernements des provinces ne seront carrément plus viables. L'implosion les menace, alors que le gouvernement fédéral verra sa marge de manœuvre augmenter considérablement. Année après année, c'est ce que nous dit le directeur parlementaire du budget dans son rapport sur la viabilité financière.
En d'autres mots, à moins d'infléchir la tendance, on risque d'assister à une centralisation sans précédent des pouvoirs entre les mains d'Ottawa, ce qui retirera au peuple québécois la capacité de se développer selon ses besoins, ses forces, ses particularités et ses désirs.
À ce sujet, au moment où ce gouvernement choisit de verser six fois moins pour les soins de santé que ce que le Québec et les provinces demandent pour réparer le système, Ottawa jouit d'une marge de manœuvre financière jamais vue qui dépasse les 80 milliards de dollars, soit trois fois plus que les demandes en santé.
Je m'explique. De plus en plus, on voit année après année qu’Ottawa budgète et vote de crédits qu'il ne dépense pas. Quand on additionne les crédits qui ont été votés et les dépenses qui ont été autorisées sans être votées l'an dernier, on arrive à 41 milliards de dollars qui sont restés sur la table. Ce sont 41 milliards de dollars qui ont été votés ou autorisés qui n'ont pas été dépensés, qui sont restés sur la table. À ce montant s'ajoute une marge de manœuvre supplémentaire de 40 milliards de dollars selon le directeur parlementaire du budget. Si le fédéral voulait maintenir son ratio de la dette au PIB, il pourrait augmenter ses dépenses ou réduire ses revenus à la hauteur de ce montant.
Quand on parle de centralisation sans précédent et du fait que l'argent est ici, on parle de 81 milliards de dollars pour une seule année. C'est trois fois ce que demandaient les provinces et Québec pour mieux financer la santé. Ottawa a dit non et il en a donné six fois moins. Ce sont des pinottes. Le fédéral stabilise son pourcentage dans le temps et l'argent reste sur la table ici. Cet argent servira à faire des nouveaux programmes d'ingérence. Il n'y a aucun respect pour les gouvernements du Québec et des provinces et pour l'Assemblée nationale.
C'est en ayant en tête ces importants défis que le Bloc québécois a formulé ses attentes en vue du budget fédéral de 2023. Nous les avons présentées à la ministre il y a quelques semaines. Face aux défis pressants qui nous attendent, l'heure n'est pas aux nouveaux programmes clinquants qui sont souvent dans des domaines qui ne relèvent pas du fédéral ni aux politiques clientélistes préélectorales.
Sur le plan financier, c'est la prudence qui nous permettra d'éviter l'austérité. Sur le plan économique, c'est en s'attaquant aux enjeux fondamentaux qu'on va se protéger le mieux contre les possibles soubresauts d'un environnement extraordinairement incertain. En période d'incertitude, il faut revenir à ce qui est fondamental. Les forces de l'économie québécoise sont précisément celles qui vont gagner dans un monde en changement accéléré.
Aussi, répondre aux besoins actuels des différents secteurs de l'économie québécoise revient à entrer enfin de plain-pied dans le XXIe siècle. Nous avons déjà une abondante production d'énergie propre et renouvelable, en particulier l'hydro-électricité. Dans ce domaine, le virage est déjà pris et nous sommes prêts à passer à l'autre étape, celle d'une économie carboneutre.
Notre forêt, si elle est gérée de manière à en assurer la pérennité, offre une ressource renouvelable qui pourrait être une des clés vers le remplacement des hydrocarbures. Si nous intensifions la recherche, nous pourrons transformer plus et générer plus de richesse avec cette ressource. Notre agriculture de proximité a déjà épousé le modèle de l'avenir en faveur des circuits courts et de la sécurité alimentaire.
Aidons nos agriculteurs face à la tourmente internationale actuelle qui gonfle le prix de leurs intrants et aidons-les à développer des pratiques plus durables. L'avenir est là.
Dans le domaine des minéraux critiques essentiels aux redéveloppement des chaînes d'approvisionnement et d'électrification des transports, c'est chez nous que se trouvent les seules mines en activité au Canada. Passons de la mine à la batterie et devenons un maillon essentiel de la chaîne en particulier pour l'approvisionnement de l'Amérique du Nord.
Évidemment, tout ce développement doit s'effectuer en respectant les plus hauts standards environnementaux, en partenariat avec les communautés autochtones et avec l'acceptation des populations locales. C'est bon pour la transition verte, c'est bon pour la résilience de l'économie, c'est bon pour le positionnement stratégique du Québec dans un monde en changement.
Un autre atout, c'est que la société québécoise est particulièrement créative. Une société stationnaire vit difficilement le changement. L'antidote, c'est la créativité, et le Québec en a à revendre. C'est vrai dans le domaine des arts et de la culture dont il faut assurer la santé et le rayonnement et dont la langue française est l'expression la plus éclatante, mais c'est aussi vrai dans tous les domaines.
Le patenteux d'hier s'active aujourd'hui dans l'intelligence artificielle, crée le prochain jeu vidéo, développe les prochains outils financiers verts, cherche à développer l'industrie aéronautique de demain. C'est déjà le cas. Le Québec, moteur technologique du Canada, a tout pour devenir la Silicon Valley du Nord, pourvu que nous soutenions nos secteurs de pointe.
Enfin, il y a notre modèle social, en particulier notre politique fiscale et notre politique familiale qui font du Québec l'endroit sur le continent où la richesse est la mieux répartie. Avec une plus grande part de notre population qui fait partie de la classe moyenne qu'ailleurs au Canada ou aux États‑Unis, dans un monde sous tension, c'est un gage d'une vie plus douce et de paix sociale, d'où l'importance de préserver la capacité d'action du gouvernement du Québec et de s'attaquer sérieusement au déséquilibre fiscal qui la mine.
Tout comme les attentes présentées dans le rapport du Comité dont on discute, le Bloc québécois a présenté une série de demandes qui couvrent plusieurs aspects de l'économie du Québec et dont on a fait un portrait général ici. Elles reflètent les demandes exprimées par les différents secteurs de la société québécoise, lors des consultations de l'ensemble des collègues du Bloc québécois. Elles répondent aux besoins réels du Québec. Elles aideront le Québec à faire face aux multiples crises actuelles et visent à nous rendre plus résilients. Elles permettront au Québec d'embrasser l'avenir avec confiance.
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Madame la Présidente, je suis vraiment heureuse de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui. Avant de poursuivre, je tiens à préciser que je vais partager mon temps de parole avec le député d'.
Nous parlons de budgets et, presque chaque jour à la Chambre, j'entends comment, d'un bout à l'autre du pays, des gens ont de la difficulté à joindre les deux bouts, notamment les mères seules. On a souvent recours au récit de la mère seule à la Chambre sans vraiment offrir de véritables solutions pour s'attaquer aux problèmes de la pauvreté et de l'inégalité au pays.
J'ai déjà été une mère seule, comme je l'ai déjà dit à la Chambre. Lorsque j'ai eu mon fils, je faisais partie de ces personnes dont on parle à la Chambre. Je n'étais pas une mère seule à l'époque, mais je venais d'obtenir mon diplôme universitaire et j'étais pauvre. À l'époque, les seules choses qui nous permettaient d'avoir un toit au-dessus de nos têtes et de nourrir mon fils étaient un logement abordable à loyer proportionné au revenu et l'aide sociale. Je venais d'accoucher, et mon conjoint de l'époque avait un emploi qui ne permettait pas de payer les factures, alors j'avais besoin d'aide.
Je raconte cette histoire aujourd'hui parce que je trouve qu'à la Chambre, les histoires sont souvent reprises par des gens qui n'ont jamais eu de difficulté à joindre les deux bouts ou à nourrir leurs enfants. Je vous dis aujourd'hui, la tête haute, que j'ai été l'une de ces personnes. Cette expérience me permet de comprendre qu'on peut vivre des périodes difficiles et qu'il ne suffit pas de se prendre en main pour survivre.
Très souvent, la vie des personnes et des familles est très complexe, et c'était mon cas à l'époque. Je me considère comme une personne instruite. Il ne s'agissait certainement pas d'un manque d'intelligence ou d'ardeur au travail. C'était juste une question de circonstances.
Je vous raconte cette histoire parce que nous sortons encore d'une pandémie mondiale qui a touché les familles d'un océan à l'autre, une pandémie qui a laissé des familles plus vulnérables sur le plan économique que ce nous avions vu depuis longtemps. Je dirais que les programmes mis en place pendant la pandémie ont permis à des Canadiens de nourrir leur famille. Il y a eu la Prestation canadienne d'urgence.
Alors que nous nous engageons dans une autre direction en temps réel, le gouvernement actuel ne s'attaque pas aux grandes sociétés pour qu'elles paient leur juste part des coûts de la pandémie. Il ne s'attaque pas aux milliardaires pour qu'ils paient leur juste part des coûts de la pandémie. Il ne s'attaque pas aux grands PDG pour qu'ils paient leur juste part des coûts de la pandémie. Les députés savent-ils à qui le gouvernement s'attaque? Il s'attaque aux parents à faible revenu pour obtenir une part des fonds qu'ils ont reçus au titre de la Prestation canadienne d'urgence, sachant que la pandémie a eu d'énormes répercussions sur les coûts pour les familles.
C'est inacceptable. Qui est le plus touché par cette situation? Ce sont les mères seules qui ont plusieurs enfants. Nous parlons de logement et de soutien aux familles. En raison de cette mesure, de nombreuses familles risqueront d'être jetées à la rue.
Pour en revenir à mon histoire, j'étais très chanceuse, à l'époque, d'avoir un logement abordable dont le loyer était proportionné au revenu. Cela m'a permis de me nourrir à une époque où la nourriture ne coûtait pas aussi cher. Ce n'est pas la réalité actuelle et c'est pourquoi le NPD a demandé au gouvernement de mettre en place une exemption du remboursement de la Prestation canadienne d'urgence, en particulier pour les familles à faible revenu. Le processus utilisé par le gouvernement pourrait accroître le risque que les familles se retrouvent dans une situation précaire en matière de logement et les enfoncer encore plus dans la pauvreté. Nous savons que les personnes qui accusaient déjà du retard avant la pandémie en accusent encore plus aujourd'hui.
Nous devons arrêter le dénigrement des pauvres dans cette Chambre. Nous devons mettre fin aux discussions simplistes sur la façon de faire face à la crise grandissante de la pauvreté qui touche ma circonscription, Winnipeg-Centre, au Manitoba, et dont on a récemment dit qu’elle affichait les taux de pauvreté parmi les plus élevés au pays.
Les enfants sont censés bénéficier de droits de la personne minimaux. Nous avons adhéré au droit international. Nous avons l’obligation de respecter les lois internationales et nationales pour veiller à ce que les enfants bénéficient des droits fondamentaux de la personne, qui sont violés chaque jour, que ce soit dans les centres urbains, les communautés des Premières Nations, les communautés autochtones ou les communautés inuites du pays.
J’espère que tous mes collègues à la Chambre appuieront l’appel à une exemption du remboursement de la Prestation canadienne d'urgence pour les familles à faible revenu, qui, encore une fois, sont les plus touchées. Si nous sommes si préoccupés par l’histoire de la mère seule, il faut savoir que ce seront les mères seules avec plusieurs enfants qui seront les plus touchées. Pour moi, en tant que députée de Winnipeg-Centre, c'est en offrant une exemption du remboursement de la Prestation canadienne d'urgence que les députés montrent qu'ils se soucient vraiment des groupes dont ils ne cessent de parler à la Chambre. Nous devons offrir cette exemption maintenant.
Le NPD a également mis de l’avant un régime de soins dentaires, un régime universel d’assurance-médicaments, et s’est battu pour une stratégie nationale de garde d’enfants qui donne la priorité aux services de garde publics sans à but lucratif. Nous collaborons avec des défenseurs et des organisations de première ligne depuis près de 30 ans pour faire avancer les choses.
Je suis heureuse que le gouvernement actuel ait finalement tenu compte de notre appel à mettre en œuvre une stratégie nationale de garde d’enfants. Cela aurait changé ma vie et celle de mon fils. Il est ici question de personnes qui doivent occuper plusieurs emplois pour payer les factures. J’étais l’une de ces mères seules qui ont dû occuper plusieurs emplois pour payer les factures. Cela s’explique en partie par les frais de garde élevés. Je devais littéralement travailler davantage afin de pouvoir travailler.
Si les députés veulent soutenir les familles, ils doivent donc appuyer un régime universel de soins dentaires, une assurance-médicaments universelle et une stratégie nationale de garde d’enfants qui assurent l’accès de tous les enfants à des services de garde abordables, accessibles et de qualité, qui est un droit de la personne élémentaire. Ces services sont essentiels au soutien des familles, tout comme l’ajout de logements abordables avec des loyers proportionnels aux revenus, ainsi que mon projet de loi, le projet de loi , qui vise à mettre en place un revenu de base garanti suffisant.
Je veux bâtir un avenir au Canada où les familles n'ont pas à mendier pour manger, où on ne présume pas que tout le monde est né avec les mêmes privilèges, où personne ne vit dans la pauvreté, où on ne tolère pas le dénigrement des pauvres et où on s'attaque aux causes mêmes de l'inégalité au pays. En tant que députés, nous en avons le pouvoir.
C'est pourquoi je demande aujourd'hui à tous les députés de soutenir les mesures proposées par le NPD, dont mon projet de loi visant à instaurer un revenu de base garanti afin de rendre le Canada inclusif pour tous.
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Madame la Présidente, je remercie mes collègues de participer à une discussion que je trouve particulièrement importante.
C’est vrai que les Canadiens traversent de graves difficultés. Dans ma circonscription, Edmonton Griesbach, on n’a pas besoin d’aller bien loin pour constater les effets dévastateurs de la pauvreté. Certes, il y a des organisations communautaires qui font preuve d’une bienveillance extraordinaire, mais cela ne suffit pas lorsqu’on voit que des services essentiels manquent de moyens et de ressources. Faute de services publics, les organisations communautaires prennent le relais et offrent les soins de santé nécessaires, y compris en matière de santé mentale, pour que les gens ordinaires puissent se tirer d'affaire.
Les gens qui sont vraiment dans la misère, qui vivent dans des conditions épouvantables, sans abris et sans soutiens, finissent par être attirés vers des lieux où ils peuvent se procurer, par exemple, des substances toxiques, dont ils font une consommation excessive. Ils chercheront en vain des services de santé mentale. Nous avons créé un inextricable réseau de pauvreté, et nous devons maintenant remédier à cette situation. Nous en avons les moyens. Nous sommes un pays riche.
Pourtant, on ne dirait pas que nous sommes un pays riche, quand on voit les conditions dans lesquelles vivent les travailleurs et quand on voit que des communautés de Premières Nations n’ont pas accès à l’eau potable. Par contre, on voit bien que nous sommes un pays riche quand on sait ce que touchent nos PDG en bonus. Quel genre de Canada voulons-nous bâtir, c’est la question que notre société doit se poser.
Quand je parle avec des gens de ma province, l’Alberta, je vois qu’ils sont très inquiets de voir le système de santé s’effondrer à cause d’énormes conglomérats qui veulent faire du profit sur le dos de ceux qui sont malades, avec la bénédiction des politiciens qu’ils ont soudoyés.
Danielle Smith, la première ministre de l’Alberta, a décidé d’autoriser les chirurgies à but lucratif dans ma propre province. C’est inacceptable que des personnes âgées soient obligées d’attendre dans des salles d’urgence, sans savoir si elles obtiendront les soins dont elles ont besoin.
Il y a beaucoup de jeunes qui me disent qu’ils ne peuvent même pas imaginer être un jour propriétaires d’un logement. Le pire c’est que les plus vulnérables d’entre eux vivent dans la rue. Pourquoi se retrouvent-ils dans la rue? Qui les y a mis? Ce n’est pas seulement le fait de certains individus, c’est l’ensemble de notre société qui est responsable.
Nous assistons à une crise de la santé mentale. Lorsque je vois des personnes de ma collectivité lutter pour obtenir le soutien dont elles ont besoin, je constate qu'il y a souvent des obstacles considérables. L'un des plus grands obstacles est l'argent. Notre système de santé publique n'offre pas assez de soins en santé mentale, et cette carence entraîne des coûts supplémentaires. Cette carence aggrave de façon massive et exponentielle les problèmes que nous constatons dans les hôpitaux.
Les hôpitaux ne peuvent pas être le guichet unique pour tous les problèmes de la société. Nous devons réinvestir dans nos hôpitaux pour les développer, mais nous devons aussi créer plus de services de soins en santé mentale avec de vrais professionnels qui pourront veiller à satisfaire les besoins dans ce domaine.
Nous sommes témoins d'une crise de la toxicomanie. Cette crise tue des Canadiens. C'est une crise qui a affecté toutes les collectivités que nous représentons dans cette enceinte. Qu'il s'agisse de jeunes, de personnes âgées, de chefs d'entreprise ou d'enseignants, ils meurent parce que nous ne faisons rien contre cette crise de la toxicomanie. Nous devons agir davantage.
Lorsque les gens sombrent dans la pauvreté, on constate l'augmentation de la criminalité. Il s'agit de crimes commis par désespoir. Les gens ne veulent pas se retrouver dans un pénitencier, mais lorsqu'ils s'y retrouvent, nous, les législateurs, devons nous demander comment ils s'y sont retrouvés, car ces gens sont nos concitoyens. Comme je l'ai déjà dit, on ne parle pas simplement de gestes posés par des individus; on parle de la situation de pauvreté dans laquelle nous les avons placés.
Il existe des solutions, et cela fait des décennies que les néo-démocrates se font un point d'honneur de savoir distinguer entre les besoins et les souhaits des Canadiens. Les besoins des Canadiens sont les choses dont j'ai parlé: un bon système public de soins de santé; un bon et solide système public de soins de santé mentale; un parc de logements qui garantira un domicile aux gens à revenu faible.
Nous devons nous attaquer à la crise de l'intoxication par les drogues. Nous devons veiller à ce que des ressources soient investies dans la santé mentale. Nous devons prendre au sérieux les conséquences de la pauvreté et les résultats qu'elle entraîne. Nous pouvons faire en sorte que notre économie fonctionne réellement pour ceux qui la bâtissent.
Il semble y avoir un problème avec notre conception de l'origine de la richesse au pays. Les gens pensent que les chefs d'entreprises se lèvent un jour et produisent tout cet argent. Non, ceux qui produisent l'argent, ce sont les travailleurs qui sont là tous les jours, comme les propriétaires de petites entreprises de ma collectivité. Ces personnes ne sont pas seulement celles qui posent des gestes philanthropiques envers les gens dans le besoin. Elles sont aussi celles qui souffrent. On leur refile des coûts énormes, et elles n'ont pas les moyens de rivaliser avec les mégasociétés qui évitent de payer des impôts tout en siphonnant l'argent des Canadiens. Comment une petite entreprise peut-elle rivaliser avec ces sociétés? Ce n'est pas possible.
Nous devons protéger les membres de la classe ouvrière canadienne. Ils ont besoin de bons salaires. Il n'y a pas de pénurie de main-d'œuvre au Canada; il y a une crise des salaires. Ce sera un grand jour pour les travailleurs quand nous augmenterons leurs salaires et que la valeur de leur travail se reflétera dans leurs chèques de paie. Cela leur permettrait de se nourrir, de payer leurs factures et de payer leur hypothèque.
Toutefois, il ne suffit pas de nous assurer que les travailleurs sont bien rémunérés. Nous devons aussi demander des comptes aux entreprises. En effet, nous avons rarement vu, dans l'histoire de notre pays, un problème d'évitement fiscal d'une telle ampleur, et tout cela se passe directement sous notre nez. Je donnerai quelques faits à ce sujet.
L'écart fiscal a presque doublé au cours des trois dernières années. Les sociétés ont évité de payer 30 milliards de dollars en usant de stratagèmes d'évitement fiscal. Nous pourrions éliminer les échappatoires fiscales aujourd'hui si le gouvernement avait le courage de reconnaître la gravité du problème.
Je vais parler un instant des 30 milliards de dollars, une somme qui pourrait être très utile. Dans les prochaines semaines, le budget sera présenté et, si nous ne prenons pas les mesures nécessaires pour éliminer les échappatoires fiscales, les services publics y seront considérablement sous-financés.
Les Canadiens méritent d'avoir l'assurance que lorsqu'ils vont travailler pour de grandes entreprises, celles-ci paient également leur juste part. Lorsque des citoyens ordinaires qui paient des impôts exorbitants constatent que ces mégasociétés ne le font pas, le doute s'installe à propos de l'efficacité de notre régime fiscal. En outre, cela crée une sorte de méfiance, qui s'accroît partout au Canada.
Nous devons corriger notre régime fiscal, qui permet aux entreprises de réaliser des bénéfices considérables, dont certains ont augmenté de 60 %, tout en réduisant leur fardeau fiscal. Cette situation entraîne un énorme problème de recettes. Pour le gouvernement — et j'en ai parlé directement avec le commissaire de l'Agence du revenu du Canada —, il s'agit d'un problème majeur.
Or, il faut des ressources à l'Agence pour être en mesure de s'attaquer au problème. Toutefois, à l'heure actuelle, ces ressources sont consacrées à une chasse aux sorcières contre les vieilles dames qui ont touché la PCU au moment où elles en avaient le plus besoin, au lieu de s'en prendre aux riches entreprises qui réalisent des bénéfices exceptionnels. Au lieu d'imposer ces entreprises, on va se servir de l'Agence pour harceler de pauvres gens. En leur nom, nous réclamons une amnistie.
En conclusion, je vais parler de l'amendement proposé par le Parti conservateur, puisqu'il fera l'objet d'un vote sous peu. Les néo-démocrates réclament depuis des années, à l'égard des permis, un régime pancanadien assorti d'une norme nationale afin d'accroître la main-d'œuvre au pays, en particulier dans le secteur de la santé. Nous pouvons y arriver en faisant le nécessaire pour que les personnes qui s'installent ici et qui ont les compétences requises puissent intégrer le marché du travail rapidement. Nous le réclamons depuis l'époque où le chef de l'opposition officielle faisait partie du Cabinet fédéral, d'ailleurs. Par conséquent, nous sommes très heureux que l'opposition officielle adopte une politique très importante que les néo-démocrates portent depuis longtemps. Nous nous en réjouissons.
Cependant, mon collègue qui siège au comité des finances me dit que ce programme en particulier n'a jamais été évoqué lors des réunions sur le budget. Il n'en a donc pas été question. Les conservateurs ne l'ont pas mentionné. Soyons clairs: nous voulons que ce dossier progresse, mais nous nous opposerons à l'amendement parce que nous pensons qu'il est important que la Chambre ait l'occasion d'agréer le rapport du comité avant la présentation du budget, la semaine prochaine. C'est important que ce soit fait.
Je termine là-dessus et je remercie mes collègues.
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Monsieur le Président, je dois admettre que lorsque je suis arrivé ici aujourd'hui, je ne pensais pas que nous allions discuter d'un sujet aussi important, mais je suis heureux que ce soit le cas. Ce rapport du comité des finances contient plusieurs recommandations qui font déjà consensus. J'ai hâte de parler de certaines d'entre elles.
Je vais me concentrer sur deux sujets qui m'intéressent beaucoup et dont il est question dans ce rapport. Le premier concerne les véhicules électriques et l'électrification de notre réseau énergétique, et le deuxième, les subventions aux combustibles fossiles, qui font justement l'objet d'une des recommandations.
En guise d'entrée en matière à propos des véhicules électriques ainsi que des incitatifs et des recommandations contenus dans ce rapport, je crois qu'il est important de songer à tout le chemin que notre pays et les pays développés ont parcouru en matière de véhicules électriques et, de manière plus générale, de véhicules zéro émission.
Signalons qu'en 2017, seulement 1 % des véhicules immatriculés au Canada étaient considérés comme des véhicules électriques. En 2019, ce chiffre était passé à 2,9 %. Pendant le premier trimestre de 2022, il était de 7,7 %, et il atteindrait maintenant 10 % à ce qu'on dit. C'est donc dire que, parmi les nouveaux véhicules immatriculés, 10 % sont des véhicules électriques.
C'est un point très important; j'essaierai d'expliquer pourquoi. Les gens qui connaissent les cinq étapes de l'adoption des technologies ont probablement déjà vu la courbe de diffusion d'une nouvelle technologie.
En bref, 2,5 % des gens se trouvent au début de cette courbe en cloche. Ce sont des innovateurs, des gens qui vont acheter des produits parce qu'ils y croient. Ils sont prêts à débourser des sommes mirobolantes, car ils en ont souvent les moyens, pour être les premiers à détenir une nouvelle technologie.
Viennent ensuite les adopteurs précoces, qui regroupent 13,5 % des gens. Ils achètent un produit parce qu'ils sont convaincus de l'importance d'une cause. Quand le prix du produit descend et peut convenir à leur budget, ils l'achètent.
Ensuite, il y a la majorité précoce, soit 34 % des gens. Ce sont ceux qui achètent un produit principalement par imitation des autres.
Vient ensuite la majorité tardive. Il s'agit de ceux qui achètent un produit parce qu'ils sont obligés de le faire.
Enfin, les 15 ou 16 % restants sont les retardataires. Ce sont ceux qui doivent acheter un produit parce qu'ils n'ont pas d'autre choix que d'adopter la technologie que tout le monde utilise déjà.
C'est quelque chose que je tiens à souligner parce qu'à 10 %, nous avons dépassé la moitié des adopteurs précoces. Une fois que nous aurons atteint 15 % des gens, soit le seuil entre les adopteurs précoces et la majorité précoce, nous atteindrons le point de bascule. Une fois que la pénétration du marché aura atteint ce seuil, les choses changeront très rapidement.
Sachant que 10 % des véhicules immatriculés au Canada à l'heure actuelle sont des véhicules électriques, nous ne sommes plus qu'à 5 % de ce point de bascule. Une fois que nous aurons atteint ce point, les choses évolueront très rapidement. Je pense qu'il incombe au gouvernement de s'y préparer. Cette évolution est inéluctable.
Nous savons que la révolution électrique dans le secteur automobile est en cours. Nous savons que nous devons procéder à une révolution dans la façon de produire, de stocker et de transmettre l'électricité. J'étais donc très heureux de voir que le rapport contenait un certain nombre de recommandations qui portent spécifiquement sur cette question.
Tous ceux qui ont écouté mes interventions à la Chambre à ce sujet savent que les véhicules électriques sont pour moi une passion. Dès qu'on m'en donne l'occasion, j'en parle. C'est important parce que nous avons la capacité de nous attaquer à un problème très grave. Nous avons chacun la capacité d'agir pour lutter contre le grave problème des changements climatiques.
Je suis très fier que des industries soient en train de s'établir dans les environs de ma circonscription, Kingston et les Îles. La première est Umicore, mais elle se trouve en fait dans la circonscription voisine, représentée par la députée conservatrice d'.
Umicore est une entreprise européenne qui a choisi de s'établir en Ontario. Il faut en attribuer le mérite aux gens de la circonscription de la députée qui ont fait un incroyable travail pour attirer cette société multimilliardaire dans Hastings—Lennox and Addington. Elle entend bâtir la plus grande usine de batteries pour véhicules électriques d'Amérique du Nord.
Cette entreprise aménagera à , tout juste à l'ouest de ma circonscription, au coût d'environ 5 milliards de dollars, la plus importante usine de fabrication de batteries pour véhicules électriques en Amérique du Nord.
Je trouve que c'est incroyable. Alors que ces nouvelles technologies voient le jour et que de plus en plus de gens s'intéressent aux véhicules électriques, le Canada a l'occasion de se positionner à l'avant-garde de cette révolution. Nous avons l'occasion d'exporter la technologie fabriquée chez nous. C'est très important, non seulement pour notre région, mais aussi pour l'ensemble du pays.
L'envers de la médaille, l'argument contre les véhicules électriques fréquemment soulevé dans les discussions qui se tiennent en personne ou sur les médias sociaux, ce sont les effets néfastes sur l'environnement de l'exploitation minière et du lithium nécessaires pour fabriquer ces batteries. On soutient que c'est très dommageable pour l'environnement.
Je ne vais pas balayer ces préoccupations du revers de la main. Elles sont valides. Toutefois, je ferai remarquer qu'une autre industrie est en train de voir le jour au pays et que l'une de ses premières usines est située dans ma circonscription.
Dans la partie nord de Kingston, « au nord de Princess », comme on dit à Kingston — la rue Princess constitue pour ainsi la ligne de démarcation en ville —, il y a une ancienne zone industrielle. Si je dis « ancienne », c'est parce qu'elle remonte aux années 1940 et 1950. C'était la première zone industrielle de Kingston, pas loin de l'édifice Shipyards, qui est situé plus près de l'eau. Dans ce secteur se trouve une entreprise appelée Li-Cycle, qui a commencé à recycler des batteries au lithium. Elle reçoit des batteries au lithium de partout au pays. Il s'agit de batteries de véhicules électriques qui ont atteint la fin de leur vie utile ou de batteries provenant de véhicules accidentés déclarés perte totale.
Il n'existe actuellement que deux entreprises de ce genre au Canada, et elles utilisent des technologies différentes. Il y a celle dans ma circonscription, et une autre sur la côte Ouest. Elles peuvent recycler jusqu'à 97 % ou 98 % de chaque batterie. Elles les décomposent afin de créer de toutes nouvelles batteries pour véhicules électriques.
Pour ce qui est des combustibles fossiles, nous extrayons le pétrole du sol, nous le raffinons et nous produisons l'essence avec laquelle nous remplissons nos réservoirs. Une fois les combustibles brûlés, ils disparaissent et créent du CO2, qui se retrouve dans l'atmosphère. Par contre, lorsqu'une batterie de véhicule électrique arrive en fin de vie, elle peut être recyclée, car on peut en extraire les éléments d'origine pour fabriquer une nouvelle batterie, en utilisant 97 % de la batterie d'origine. Je pense que cela en dit long sur ce que les technologies ont à offrir à l'avenir.
Li-Cycle est une belle réussite. C'est d'ailleurs dans cette usine, située dans ma circonscription, que le a choisi d'emmener la présidente de la Commission européenne lors de sa visite il y a quelques semaines. Je tiens d'ailleurs à dire que cette entreprise, dont les installations actuelles sont trop exiguës, est en train de construire une nouvelle usine, dix fois plus grande, toujours dans ma circonscription, mais plus à l'ouest de la ville. Je m'en réjouis.
J'en viens aux recommandations de ce rapport, au regard du préambule que je viens de faire.
La recommandation 41 porte spécifiquement sur les véhicules zéro émission et sur les remises accordées aux personnes et aux familles à revenus faibles ou modestes. D'après le rapport, ce programme s'inspire d'un programme californien et je pense qu'il a beaucoup de potentiel.
Bien sûr, l'un des obstacles, surtout en ce qui concerne la courbe en cloche dont j'ai parlé, est que les innovateurs ou les adopteurs précoces paient plus que ce que le citoyen moyen peut se permettre de payer pour ces technologies. Si nous pouvons aider les personnes à accéder plus rapidement à la technologie, nous atteindrons plus rapidement le point de bascule. Donc, je suis très heureux de constater que le rapport contient une recommandation visant à accorder un rabais aux personnes à faible ou modeste revenu pour les encourager à acheter un véhicule sans émissions.
De plus, à la recommandation 41, il est question de « primes à la casse » qui, j'imagine, aideront les gens à remplacer un vieux véhicule polluant par un véhicule écologique.
À la recommandation 41, on suggère également d'accorder un rabais aux entreprises de taxi et d'autopartage. L'important, c'est que la recommandation prévoit que ce rabais devrait être cumulable afin que les gens n'aient pas à choisir entre une option ou l'autre. C'est une autre recommandation qui vise à aider les particuliers et les propriétaires d'entreprises, travaillant dans le secteur des taxis ou de l'autopartage, à pénétrer ce marché.
Bien sûr, il existe des programmes — aussi mentionnés dans la recommandation 41 — visant à éduquer le public sur les véhicules zéro émission, y compris comment y accéder, comment ils se conduisent et quels avantages ils comportent pour l'environnement.
De plus, j'ai remarqué que la recommandation 178 fixe l'objectif de rendre 1 million de places de stationnement d'appartements et de copropriétés prêtes à accueillir des véhicules électriques partout au Canada, ce qui est une autre excellente recommandation.
Plus tôt, j'ai interrogé mon collègue bloquiste sur l'énorme succès que le Québec connaît dans ce domaine. Le Québec a conclu une entente en 2006, je crois, avec la Californie et l'Ontario pour l'élaboration d'un modèle de plafonnement et d'échange. Cela a encouragé l'électrification du réseau et l'abandon progressif des combustibles fossiles. Quand Doug Ford a été élu, l'Ontario a décidé de se retirer de cette entente. Dans le bref laps de temps qui s'est écoulé depuis l'arrivée au pouvoir de Doug Ford, un grand écart s'est creusé entre le Québec et l'Ontario pour ce qui est de l'électrification du réseau et de la fourniture de bornes de recharge pour les véhicules.
L'été dernier, j'ai sillonné le Québec avec mon épouse. Il est pratiquement impossible de ne pas trouver de borne de recharge pour véhicule électrique une fois dans la province. En effet, le Québec a adopté une approche très proactive pour garantir la mise en place de l'infrastructure. Le gouvernement fédéral doit prendre l'initiative et dire aux provinces qu'elles doivent s'inspirer du Québec en ce qui concerne les bornes de recharge pour les véhicules électriques. Une telle infrastructure est absolument essentielle étant donné que nous nous trouvons tout près de ce point de bascule.
Doug Ford et les autres premiers ministres des provinces se retrouveront dans le pétrin très bientôt, lorsque nous aurons atteint ce point de bascule. Ils réaliseront soudainement qu'ils ne disposent pas de cette infrastructure. Mon objectif n'est pas de devoir leur dire: « Je vous l'avais dit. » Je veux toutefois les avertir que tout cela était prévisible depuis des années. Le Québec et l'Ontario l'ont vu venir; l'Ontario a capitulé, mais pas le Québec. Le Québec est maintenant prêt et le sera encore plus le moment venu.
J'ai également constaté que la recommandation 179 traite spécifiquement des exigences en matière de véhicules électriques et de leur intégration dans le Code national du bâtiment. Pourquoi est-ce important? La plupart des provinces canadiennes s'appuient sur le Code national du bâtiment. Certaines provinces, comme l'Ontario et le Québec, ont leur propre code du bâtiment, qui s'inspire fortement du Code national du bâtiment. La recommandation nous permettrait, dans le cadre du Code national du bâtiment, d'exiger que les entrepreneurs qui construisent une nouvelle maison prévoient le câblage nécessaire à une station de recharge pour véhicule électrique, même s'il n'est pas prévu de l'installer tout de suite. Il est beaucoup moins coûteux de faire passer, lors de la construction, un câble de calibre 10 ou 8 ou tout autre câble nécessaire que de demander à un propriétaire de le faire après la construction de sa maison.
Je vis dans une copropriété à Ottawa, qui était neuve lorsque j'y ai emménagé en 2015. J'ai failli tomber de mon siège lorsque j'ai vu qu'aucune borne de recharge pour véhicule électrique n'y avait été installée, comme c'est le cas pour la grande majorité des bâtiments du centre-ville d'Ottawa et dans d'autres municipalités de la province, d'ailleurs. Il faut inscrire dans le code du bâtiment que, lors de la construction d'un nouveau bâtiment, les constructeurs doivent au moins mettre en place l'infrastructure et le câblage nécessaires pour que l'on puisse s'en servir le moment venu.
J'ai aussi remarqué que la recommandation 181 vise à « [inclure] l'installation de chargeurs de [véhicules électriques] ou la préparation aux [véhicules électriques] dans les programmes d’efficacité énergétique [...] dans des maisons plus anciennes ». Au Canada, beaucoup de maisons anciennes, surtout celles qui ont 40 ans et plus, sont munies d'un panneau électrique d'une capacité de 60 ampères seulement. Cela n'est pas suffisant pour répondre de manière réaliste aux exigences des véhicules électriques. En ce qui concerne ces véhicules, il serait donc avantageux à long terme de mettre en place des mesures incitatives pour aider les propriétaires de maisons anciennes à passer à une capacité de 100 ou de 200 ampères.
Je suis très heureux de constater tout ce travail très important qui est fait au sujet des véhicules électriques.
J'espère sincèrement que le gouvernement suivra certaines de ces recommandations, car je crois qu'elles sont très importantes. Je ne sais pas comment le comité est arrivé à ces recommandations. Je ne sais pas si ce sont les libéraux, le Bloc québécois ou le NPD qui les ont mises de l'avant. En tout respect, j'ai l'impression que les conservateurs n'ont probablement pas grand-chose à y voir. Quoi qu'il en soit, je suis très heureux de voir ces recommandations. Je vais certainement les faire valoir auprès du gouvernement.
Enfin, je vais employer les quelques minutes qu'il me reste pour parler de la recommandation 6, qui porte sur les subventions du secteur des combustibles fossiles, et qui propose que l'on « [r]éaffecte les subventions du secteur des combustibles fossiles au développement des énergies renouvelables et performantes, tout en aidant les personnes les plus touchées par cette transition ».
C'est absolument essentiel. Il y a une critique que j'adresserais au gouvernement, même si bien des gens à la Chambre croient que je suis ici seulement pour me faire le porte-parole du gouvernement à la Chambre.
Ne hochez pas la tête, monsieur le Président; vous n'êtes pas censé avoir une opinion là-dessus.
S'il y a une chose que je critique, c'est bien la lenteur avec laquelle nous supprimons les subventions au secteur des combustibles fossiles. Je sais que nous sommes en train de le faire. Nous travaillons beaucoup là-dessus et nous progressons lentement. Je comprends qu'il y a toujours des circonstances et des situations qui rendent les choses plus difficiles à faire dans la précipitation.
Toutefois, je pense que nous ne devrions pas subventionner l'industrie des combustibles fossiles, un point c'est tout. C'est ma position depuis plusieurs années. C'est ma position personnelle. Je continue à la faire connaître aux responsables de ce côté-ci de la Chambre.
Cela dit, le NPD affirme souvent que nous avons plutôt augmenté les subventions au secteur des combustibles fossiles. Il se peut même qu'on me pose une question à ce sujet. J'aimerais dire que nous avons augmenté le financement pour aider certaines régions du pays à gérer les puits de pétrole orphelins. Je sais que ceux qui ont créé ces puits auraient dû être responsables de leur gestion en fin de cycle de vie, et j'en conviens. Or, dans de nombreux cas, ils ne l'ont pas fait.
Quelqu'un doit en assumer la responsabilité, et, dans ce cas-ci, ce sont les gouvernements fédéral et provinciaux qui doivent le faire en travaillant de concert. Selon moi, utiliser de l'argent pour nettoyer des puits orphelins complètement abandonnés ne constitue pas une subvention aux combustibles fossiles quand il n'existe aucun recours contre les responsables de ces derniers. J'estime que c'est la bonne chose à faire pour la société, peu importe qui doit en assumer les frais. S'il existait un moyen d'obtenir les fonds nécessaires de ceux qui doivent assumer les frais du nettoyage, je l'appuierais sans réserve. Toutefois, je ne resterai pas les bras croisés, alors qu'il reste des puits orphelins à nettoyer, sans insister pour qu'on s'en occupe. J'estime que le nettoyage des puits orphelins ne constitue pas une subvention aux combustibles fossiles.
À cette fin, nous avançons dans la bonne direction, mais je veux avancer plus rapidement. Je constate que cette recommandation porte expressément sur le fait d'atteindre rapidement cet objectif. La recommandation préconise l'utilisation des fonds dans le but précis de soutenir les personnes les plus touchées par la transition. Il existe une foule de nouvelles possibilités et de nouvelles technologies. Je crois que le gouvernement pourrait faire de l'excellent travail en aidant ceux qui font la transition vers un emploi lié aux nouvelles technologies propres. L'avenir nous réserve d'énormes possibilités.
Mon message ne vise aucunement à promouvoir l'abandon des secteurs de notre économie qui soutiennent notre pays depuis un très grand nombre d'années. Mon message est plutôt de vous dire que le gouvernement devrait aider ces secteurs dans leur transition. Cette recommandation vise très juste à cet égard et elle nous indique la bonne voie à suivre.
Je remercie ceux qui ont présenté la motion de me donner la chance de participer à cette discussion très importante. La bonne nouvelle, c'est que je resterai ici pour les 10 prochaines minutes afin de répondre aux questions de mes collègues.
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Monsieur le Président, il est tout simplement inacceptable d'alourdir le fardeau fiscal des Canadiens, de n'importe quelle façon, durant une crise du coût de la vie. Je me suis opposé à la hausse de la taxe sur le carbone qui aura lieu le 1
er avril. Je me suis aussi opposé à l'augmentation des charges sociales qui est entrée en vigueur plus tôt cette année. Depuis des années, je m'élève contre l'indexation automatique de la taxe sur l'alcool. Dans le budget qui sera présenté la semaine prochaine, il y a des hausses d'impôt qui ont été et seront imposées aux Canadiens, sauf si le gouvernement décide de rebrousser chemin. Voici les principales recommandations que je tiens à formuler, tandis que nous débattons de l'adoption des recommandations faites au gouvernement.
Les Canadiens n'ont pas les moyens de payer des prix plus élevés avec de plus petits chèques de paie. Ils n'en sont pas capables. C'est pour cela que j'espère que le budget leur offrira un répit à ce chapitre. L'indexation automatique de la taxe sur l'alcool est particulièrement insidieuse. Elle entrera en vigueur automatiquement la fin de semaine prochaine, sans la tenue d'un vote de confiance à la Chambre, et sans forcer le gouvernement de saisir la Chambre de cette hausse pour permettre aux élus de se prononcer à ce sujet. C'est pourquoi, en mars dernier, j'ai présenté le projet de loi , une loi visant à abolir l'indexation du droit d'accise sur l'alcool.
Hier soir, je m'attendais à prendre la parole à la Chambre à ce sujet, mais des événements extraordinaires ont chamboulé les plans pour ceux qui étaient présents. Je ne reviendrai pas sur ce qui s'est passé, mais je dirai seulement que je n'ai pas pu participer à ce débat. Je vais donc profiter du débat sur la motion d'adoption pour ajouter quelques observations. En fait, j'aurais voulu que le rapport inclue cette recommandation, soit celle d'annuler la hausse de taxe automatique. J'espère que cette mesure fera partie du budget que le gouvernement présentera la semaine prochaine. C'est la chose à faire.
Je sais ce que les libéraux diront. Ils feront valoir que l'indexation de la taxe d'accise suit le même modèle que toutes les autres taxes de vente, qui augmentent chaque année avec les prix. Ils diront que toutes sortes de choses, y compris les prestations versées aux Canadiens, sont établies en fonction de l'inflation et qu'il n'y a aucune raison pour que la taxe d'accise sur l'alcool fasse exception. Ils affirmeront que cette augmentation est si petite qu'elle passera inaperçue. C'est ce qu'ils diront.
Il est faux de prétendre que l'augmentation de la taxe est inférieure à un 1 ¢ par canette de bière, parce que cela ne tient pas compte de l'effet de l'augmentation de la taxe d'accise sur une série d'autres taxes qui s'appliquent par la suite. Il y a les majorations provinciales, la taxe d'accise provinciale et les taxes de vente des gouvernements fédéral et provinciaux, qui ne s'appliquent heureusement pas en Alberta, mais partout ailleurs au Canada. Par conséquent, ces taxes ne sont rien d'autre que des taxes sur d'autres taxes, et on applique une majoration à cette taxe, ce qui revient donc à plus que ce qu'ils ont faussement prétendu être moins de 1 ¢ par canette de bière.
Je voulais dire dès le départ que je vais partager mon temps de parole avec la députée de . J'ai hâte d'entendre ses réflexions. Elle vient d'une région où l'on produit du vin et l'indexation est un sujet qui lui tient aussi à cœur.
Il y a deux semaines, je me trouvais dans mon quartier et je suis passé chez Al's Pizza. Je pense que la plupart des députés reconnaîtraient probablement un endroit comme Al's Pizza. Il s'agit d'un bon restaurant familial qui dessert le quartier. Il existe depuis 35 ans et tous les gens du quartier le connaissent. Il sert de la bonne pizza et il fait d'excellentes pâtes à la carbonara. Le propriétaire est un bon gars.
Je lui ai demandé si ses clients pouvaient se permettre une hausse des prix. Il m'a répondu que non. Il sait que ses clients sont à court d'argent. Ses clients ressentent les effets de l'inflation. Ils subissent les conséquences de la taxe sur le carbone. Leurs chèques de paie ont diminué en raison de l'augmentation des charges sociales. Ils ne peuvent pas se permettre la hausse des prix qu'il devrait appliquer lorsque ses coûts augmentent. Il est conscient qu'il ne peut pas refiler la hausse de ses coûts à ses clients. Il s'agit d'une petite entreprise, et elle ne peut pas se permettre d'absorber une nouvelle taxe.
D'ailleurs, Al's Pizza n'est pas le seul restaurateur avec lequel j'ai discuté. Lors de son témoignage au comité des finances, Restaurants Canada a également dit clairement au Parlement que ces gens sont dans un secteur compétitif où les marges de profit sont minces. Ces entreprises qui doivent composer à la fois avec des coûts élevés et de faibles marges de profit n'ont pas les moyens d'assumer des coûts supplémentaires. Ils ne peuvent tout simplement pas assumer cette nouvelle taxe.
Il y a des questions que des parlementaires devraient se poser et qu'ils auraient dû se poser avant de voter, hier soir, sur la motion de l'opposition. Si mon projet de loi, le projet de loi , est étudié au Parlement, ils devront se demander si les Canadiens ont les moyens de payer davantage. Nous savons que la réponse est non. Le coût des logements a doublé, les taux d'intérêt montent en flèche, et le coût du transport et des aliments a grimpé en raison des politiques désastreuses de ce gouvernement qui a fait des déficits de manière irresponsable avant la pandémie de COVID‑19 et qui continue d'en faire après la pandémie. Il a alimenté l'inflation en maintenant en place de mauvaises politiques de gestion des finances. C'est donc dire que les consommateurs n'ont pas les moyens d'assumer une hausse de taxe.
L'industrie en a-t-elle les moyens? La réponse est non. Avec la pénurie de main-d'œuvre, le coût élevé de l'énergie imposé par la taxe sur le carbone, l'augmentation constante des taxes que les entreprises doivent assumer à l'échelle municipale et le coût élevé des loyers commerciaux, il n'y a plus de marge de manœuvre pour une hausse de taxe comme celle prévue pour l'alcool. Ce coût ne peut pas être absorbé.
La question qu'il convient alors de poser est la suivante: l'industrie en a-t-elle les moyens? Qu'en est-il des fabricants? Eh bien, les fabricants ne peuvent pas non plus se permettre quoi que ce soit d'autre. L'indexation de la taxe d'accise rend les produits canadiens non compétitifs par rapport aux produits d'ailleurs, donc non, nos vignerons, nos établissements vinicoles et nos brasseries qui sont reconnus dans le monde ainsi que nos distilleries ne peuvent pas l'absorber.
Nous ne pouvons pas laisser le pays devenir un endroit où un plaisir simple, comme savourer une bouteille de vin avec un être cher, devient un luxe inabordable pour les travailleurs. Nous ne pouvons pas laisser le pays devenir un endroit où boire une bière avec des collègues après le travail le vendredi devient un luxe que les gens ne peuvent pas s'offrir. Il ne peut pas devenir un endroit où une fête de famille ne peut pas inclure un toast parce que personne ne peut s'offrir une quelconque libation. Notre pays ne peut pas devenir un pays où les hommes et les femmes qui travaillent dur dans les vignobles, les distilleries et les brasseries du Canada sont mis au chômage et se retrouvent sans emploi lorsque les entreprises s'effondrent parce qu'elles ne peuvent pas soutenir la concurrence sur les marchés mondiaux.
Le Canada ne doit pas non plus devenir un pays où les gouvernements qui souhaitent augmenter une taxe pour financer leurs dépenses ne sont plus soumis à un vote de confiance à la Chambre et n'ont plus besoin de consulter l'électorat. Il s'agit d'un principe fondamental du Parlement, qui remonte à l'époque du roi Jean. Quand le roi ou son gouvernement, ou dans ce cas-ci le et son Cabinet, souhaitaient dépenser davantage et instaurer une taxe que les gens devraient payer, ils devaient soumettre cette taxe à un vote au Parlement et non prévoir des augmentations de taxes automatiques. C'est ce qui m'a amené à présenter le projet de loi .
J'encourage tous les députés à appuyer l'élimination de l'indexation automatique de la taxe d'accise. Ce serait une bonne politique, qui servirait les intérêts des consommateurs et des travailleurs et respecterait les principes d'un gouvernement parlementaire.
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Monsieur le Président, j'ai l'honneur de prendre la parole au nom des habitants de Kelowna—Lake Country.
Nous discutons aujourd'hui du rapport du comité des finances sur les consultations prébudgétaires. Je dirai d'emblée, comme je l'ai déjà dit à maintes reprises à la Chambre, que les conservateurs s'opposent à toute forme de hausse de taxe pour l'instant. Cela inclut l'augmentation de la taxe d'accise, des charges sociales et de la taxe sur le carbone, cette dernière faisant augmenter le prix de tout ce qui est transporté au pays.
Pour mettre cette opposition en contexte, l'inflation n'a jamais été aussi élevée en 40 ans et nous savons que l'inflation alimentaire l'est davantage. Lorsque le taux d'inflation était d'environ 6 %, le taux d'inflation alimentaire était de plus de 11 %, soit presque le double.
J'ai fait un sondage dans ma circonscription. J'envoie des questionnaires à chaque résidence, et il est étonnant de voir des milliers de personnes me renvoyer leurs questionnaires remplis. Ce sont des informations précieuses pour moi. Il s'agit d'un excellent moyen pour moi d'obtenir la rétroaction des gens de la circonscription, en plus de tous les autres types de mesures de sensibilisation que je prends. Je dirais que plus de 70 % des personnes qui ont répondu à ce sondage ont déclaré que le coût des aliments a augmenté de 20 à 30 %, et le prix des aliments peut être plus élevé d'une région à l'autre du Canada. Lorsque l'inflation alimentaire est aussi élevée, il est certain que tout le monde a du mal à payer ses factures, surtout les personnes à revenu fixe comme les aînés. On rapporte que 1,5 million de personnes se sont rendues dans une banque alimentaire au cours d'un seul mois.
Avant de venir débattre de cette motion aujourd'hui, j'ai eu l'honneur d'assister à une séance du comité des finances au cours de laquelle l'économiste en chef d'une banque a déclaré qu'il s'attendait à une augmentation du nombre de cas d'insolvabilité. La CIBC a déclaré que, pour un prêt hypothécaire sur cinq détenu dans son portefeuille, le paiement mensuel de l'emprunteur n'est même pas assez élevé pour couvrir les intérêts du prêt. Les gens ont du mal à joindre les deux bouts, et ce n'est pas le moment d'augmenter les taxes.
J'aimerais consacrer la majeure partie de mon temps de parole à la hausse de la taxe d'accise. Pour la petite histoire, en 2017, les libéraux ont instauré une indexation de la taxe d'accise sur l'alcool. Le mot « indexation » n'est qu'un terme bureaucratique subtil employé pour dire « automatique ». Il s'agit donc d'une hausse automatique de la taxe, qui ne figure pas dans les budgets et qui n'est pas débattue chaque année. À l'époque, les conservateurs, les industries et les parties prenantes ont demandé au gouvernement de ne pas aller de l'avant avec cette indexation. Ils craignaient en effet qu'elle entraîne des différends commerciaux. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé avec l'Australie, qui a déclaré que l'indexation était injuste. En l'espace de quelques années, un accord a été conclu avec l'Australie et a été annoncé du côté canadien.
Je dois mentionner qu'auparavant, certains établissements vinicoles produisant du vin à partir de raisins cultivés au Canada étaient exemptés de la taxe d'accise. Cette mesure a été adoptée il y a longtemps afin d'aider ce secteur à valeur ajoutée et le secteur agricole à se développer. L'accord qui a été conclu prévoyait que ces établissements vinicoles — et les cidreries également, comme nous l'avons appris plus tard —, devaient commencer à payer la taxe d'accise. C'est ce que prévoyait l'accord annoncé par le gouvernement du Canada. Cependant, en Australie, le gouvernement annonçait qu'il avait eu gain de cause dans ce différend commercial. Il est donc intéressant de voir comment les choses ont été présentées. Qu'en est-il depuis? Le gouvernement du Canada a dû trouver une façon de corriger la situation pour les établissements vinicoles canadiens.
Par ailleurs, la taxe d'accise augmente chaque année et elle est indexée sur l'indice des prix à la consommation, ce qui signifie qu'elle augmente avec l'inflation. Par conséquent, lorsque le taux d'inflation est élevé, l'augmentation de la taxe est plus importante, ce qui alimente encore plus l'inflation. Le 1er avril, la taxe augmentera de 6,3 %, soit la plus forte augmentation enregistrée à ce jour. De plus, comme le taux d'inflation est élevé cette année, la taxe devrait encore fortement augmenter l'année prochaine.
Cette année seulement, les producteurs en subiront grandement les conséquences. Cela ne touche pas seulement les fabricants, c'est-à-dire les établissements vinicoles, les brasseries, les cidreries et les distilleries, car cette hausse de la taxe se répercute ensuite sur les détaillants qui vendent ces produits. Elle se répercute sur les restaurateurs, qui ont encore beaucoup de mal à se remettre de la pandémie, et, bien entendu, sur les consommateurs.
En toute franchise, je dois dire aux députés que j'ai travaillé pendant 27 ans dans l'industrie de la bière et du vin en Colombie‑Britannique, alors je connais tous les rouages du secteur. Je me souviens des occasions où, par exemple, le gouvernement provincial modifiait certaines formules fiscales et où les établissements viticoles ou brassicoles devaient prendre des décisions difficiles quant à la durée de la période pendant laquelle ils absorberaient les augmentations.
Pour simplifier les choses, disons par exemple qu'un producteur vend ses bouteilles de vin 19,99 $ l'unité en magasin. Il doit prendre une décision. Fixera-t-il le prix à 20,19 $? C'est un peu bizarre comme prix. Alors il choisit de ne pas changer le prix de la bouteille de vin, jusqu'à ce qu'il arrive à la conclusion qu'il n'a pas les moyens d'absorber la hausse et qu'il doit la refiler au consommateur. C'est le genre de décision que les producteurs doivent prendre. Ils absorbent la hausse pendant un certain temps, mais ils finissent par devoir la refiler aux consommateurs. C'est le genre de décision difficile que doivent prendre les propriétaires d'entreprises, en particulier de petites entreprises, chaque jour.
Dans Kelowna—Lake Country, il y a 27 établissements viticoles, 21 brasseries et 8 cidreries ou distilleries. Ce sont des établissements qui vendent leurs produits de la ferme au verre. Il s'agit d'une industrie à valeur ajoutée. Ces entreprises seront toutes touchées. Il s'agit d'une dépense de plus qu'elles devront assumer, mais qui n'est pas nécessaire parce qu'elle ne leur apporte aucun avantage. Il s'agit purement et simplement d'une taxe et ce n'est vraiment pas le moment d'augmenter les taxes.
Nous savons que la plupart des entreprises au Canada sont de petites entreprises. C'est le cas dans ma région.
J'ai parlé de l'effet de percolation. Selon Restaurants Canada, plus de 50 % des restaurants avec permis d'alcool perdent de l'argent ou atteignent tout juste le seuil de rentabilité. Encore une fois, ces hausses de coûts sont refilées aux restaurants. Elles auront une incidence sur eux.
Selon la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, les propriétaires de petite entreprise ont contracté, en moyenne 150 000 $ de nouvelles dettes. La plupart n'ont pas encore remboursé ces dettes. Évidemment, vu les taux d'intérêt croissants, ces dettes leur coûtent encore plus cher. Par conséquent, cette hausse des coûts exacerbera les difficultés financières de tous ceux qui travaillent dans cette industrie.
Bière Canada a écrit au nom de huit syndicats des travailleurs de brasseries. Je cite un passage: « Le Canada connaît la plus importante hausse du coût de la vie depuis une génération. Cela gruge le budget des familles et les travailleurs du secteur des brasseries craignent pour leur emploi. »
Vignerons Canada a écrit à la qu'en plus des taxes ad valorem fédérales et provinciales ayant un effet tout au long de la chaîne de prix, la prochaine hausse des droits d'accise fera augmenter d'au moins 10 ¢ le litre le prix du vin, ce qui aura une incidence à long terme sur les restaurants, les hôtels, les bars, les détaillants, les agriculteurs et les vignerons.
Les députés peuvent voir que cela aura des effets majeurs sur ces industries.
J'ai écrit récemment à la ministre des Finances. Je me contenterai de citer un extrait de ce que je lui ai écrit. Je lui ai dit ceci: « Les producteurs devront choisir soit d'absorber cette hausse des coûts, alourdissant ainsi leur dette, soit de refiler ces coûts aux consommateurs ainsi qu'aux secteurs canadiens de la restauration et de l'hôtellerie, ce qui contribuera à augmenter encore plus l'inflation. » Elle ne m'a pas répondu.
J'ajouterai que, à mon arrivée ici en 2019, c'est l'une des premières causes que j'ai défendues parce qu'il y avait tant de petits entrepreneurs de ma circonscription qui venaient me voir pour me parler des répercussions que cette mesure avait sur eux chaque année. C'était avant que l'inflation atteigne un taux record.
Sur cette note, je veux dire que je me range du côté des petits entrepreneurs de ma circonscription et de l'ensemble du pays quant à la nécessité de mettre fin à toutes les hausses du fardeau fiscal.