Que, étant donné que les tactiques d’intimidation de la République populaire de Chine sont déployées contre de nombreux Canadiens d’ascendance chinoise dans les communautés de la diaspora dans tout le pays, qui sont largement rapportés et bien établis par les témoignages présentés aux comités de la Chambre des communes et dans des rapports de la collectivité canadienne du renseignement de sécurité, y compris des rapports selon lesquels les familles de députés fédéraux ont fait l’objet d’une campagne d’intimidation orchestrée par le consulat de Beijing à Toronto, la Chambre demande au gouvernement de cesser de retarder et d'immédiatement:
a) créer un registre des agents étrangers comme ceux de l’Australie et des États-Unis d’Amérique;
b) établir une enquête publique nationale sur la question de l’ingérence étrangère dans les élections;
c) fermer les postes de police exploités au Canada par la République populaire de Chine;
d) expulser tous les diplomates de la République populaire de Chine qui sont responsables de et qui sont impliqués dans ces affronts à la démocratie canadienne.
— Je prends la parole aujourd'hui pour parler de notre motion conservatrice demandant au gouvernement de se tenir enfin debout devant l'ingérence de Pékin à l'encontre de notre démocratie et de notre souveraineté.
Cette motion ne pourrait arriver plus à point. Le 1er mai, le Globe and Mail a révélé que, selon un rapport du Service canadien du renseignement de sécurité, Pékin voit le Canada comme une cible prioritaire et est la principale source d'ingérence étrangère au pays. Ce même rapport dévoile que les agents de Pékin ne sont absolument pas préoccupés par d'éventuelles répercussions au Canada. Ce n'est pas surprenant. Le gouvernement libéral, faisant preuve de faiblesse et d'incompétence, ne fait rien pour contrer l'ingérence de Pékin.
Sous la gouverne du , Pékin s'est ingéré dans deux élections fédérales. Pékin a mis en place des postes de police illégaux pour harceler et intimider des Canadiens d'origine chinoise. Cette semaine, nous avons appris qu'un diplomate de Pékin qui travaille au consulat de Pékin à Toronto s'est organisé pour sanctionner et punir, à Hong Kong, des membres de la famille d'un député en poste au Parlement parce que ce député a voté pour dénoncer les violations des droits de la personne perpétrées par Pékin. Autrement dit, Pékin a cherché à intimider un député dûment élu qui siège à la Chambre. Pékin a cherché à empêcher ce député de faire son travail, qui consiste à prendre la parole et à voter à la Chambre au nom des citoyens qu'il représente et de l'ensemble de la population, sans avoir à subir des pressions de Pékin. La situation ne pourrait être plus sérieuse.
Je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Il est bien établi que les diplomates de Pékin accrédités au Canada ont été largement impliqués dans toutes ces activités d'ingérence étrangère. Cependant, en dépit de ces faits et des preuves substantielles, pas un seul diplomate de Pékin n'a été expulsé par le gouvernement. Le gouvernement a lamentablement invoqué la Convention de Vienne comme motif pour ne pas expulser ces diplomates. C'est incroyable, car l'article 9 de la Convention donne au gouvernement le pouvoir discrétionnaire d'expulser n'importe quel diplomate à n'importe quel moment sans avoir à justifier sa décision. Par conséquent, l'excuse du gouvernement pour son inaction et son refus d'expulser les diplomates de Pékin n'en est pas vraiment une. Le gouvernement a fait preuve d'une telle faiblesse qu'il connaît depuis deux ans le nom du diplomate de Pékin qui s'est arrangé pour sanctionner la famille d'un député. Ce diplomate continue de travailler au consulat de Pékin à Toronto.
Au lieu de faire ce qu'il aurait dû faire, c'est-à-dire expulser immédiatement ce diplomate, le gouvernement a réagi en fermant les yeux, donnant ainsi le feu vert à ce voyou de Pékin. Pire encore, le gouvernement a tenté d'étouffer l'affaire. C'est seulement grâce à l'article paru dans le Globe and Mail le 1er mai dernier que les Canadiens sont au courant de cet incident scandaleux. Le gouvernement n'a même pas eu la courtoisie d'informer le député dont la famille était en danger. Le gouvernement s'est vraiment comporté de façon dégoûtante.
Encore une fois, le s’est fait prendre en train de couvrir le gouvernement chinois. Maintenant, il se doit de tenir tête à Pékin et de prendre les mesures qui s’imposent, en l’occurrence, de renvoyer ce diplomate dès aujourd’hui.
Il est particulièrement inquiétant de constater que, depuis que le gouvernement libéral est au pouvoir, le régime de Pékin a réussi à exploiter au moins huit postes de police illégaux au Canada. Ces postes de police ont été mis en place par Pékin pour surveiller, traquer, harceler et intimider des Canadiens d’origine chinoise. Ils ont organisé le rapatriement forcé de certains d’entre eux vers la Chine. On sait que des violations des droits de la personne ont été perpétrées dans ces lieux occultes. Non seulement ces postes de police sont illégaux, mais leur existence constitue une violation de notre souveraineté et du droit international. Le premier poste de police a été découvert il y a plusieurs mois, mais aucun diplomate n’a encore été renvoyé, aucune arrestation n’a été faite et aucune accusation n’a été portée.
Le a comparu la semaine dernière devant le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Il a dit à plusieurs reprises que la GRC avait fermé ces postes de police illégaux. Or, il savait parfaitement, à ce moment-là, que ce n’était pas vrai.
Ce n’est pas la première fois que le agit de la sorte. Nous savons aujourd’hui qu’au moins deux postes de police illégaux sont encore ouverts à Montréal, et que la GRC n’a pris aucune mesure pour les fermer. Par conséquent, ce qui s’est passé au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre n’est qu’un exemple de plus de l’inaction du gouvernement. Et c’est aussi un exemple qui montre qu’encore une fois, le ministre de la Sécurité publique, au nom du gouvernement, n’hésite pas à tromper les Canadiens au sujet de l’inaction du gouvernement. Tout cela nuit particulièrement à la sécurité des Canadiens d’origine chinoise.
Parlons maintenant de l’incapacité du gouvernement à protéger notre système électoral contre l’ingérence de Pékin. Il est maintenant bien établi que le a été moult fois informé de la vaste campagne d’ingérence organisée par Pékin dans les élections de 2019 et de 2020. Il a été informé dès février 2020 que le consulat de Pékin à Toronto contribuait à la campagne de 11 candidats et se livrait à un transfert de fonds clandestin.
À cette époque, le SCRS avait conseillé au d’adopter une politique ferme et transparente en matière d’ingérence étrangère. Or, le premier ministre a été tout sauf transparent. Il a laissé les Canadiens dans l’ignorance, et quand cette ingérence a été mise au jour, il l’a minimisée. Avec des mots soigneusement choisis, il a trompé les Canadiens sur ce qu’il savait. Force nous est de conclure que, s’il n’a rien fait, c’est parce que cette ingérence profitait au Parti libéral.
S’agissant de la protection de notre sécurité et de notre démocratie face à l’ingérence chinoise, le et son gouvernement ont démontré qu’ils ne sont pas aptes à gouverner.
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Madame la Présidente, en 2002, j’ai accepté une invitation à me joindre au service extérieur canadien. Ma motivation était de servir le pays que j’aime et de promouvoir les valeurs de liberté, de primauté du droit et de démocratie. Le document qui me guidait dans mon travail était la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, un document que respectent tous les pays, un accord codifié universellement. Les règles qu’il prévoit permettent aux États de s’acquitter de leurs fonctions diplomatiques d’une manière sécuritaire et convenue d’un commun accord. Le respect de ce cadre juridique était à mes yeux synonyme de sécurité, fidélité et continuité des activités à l’étranger. Pour moi, il était impensable d’enfreindre la loi. L’observer nous permettait d'assurer la sécurité des citoyens, tant au pays qu’à l’étranger.
En 2018, on m’a demandé d’être ministre du cabinet fantôme responsable des institutions démocratiques. Mes appels à la ministre des Institutions démocratiques de l’époque, aujourd’hui , pour protéger la démocratie canadienne à tout prix n’ont pas été entendus. Je suis particulièrement choquée que l'on accuse le chef actuel de notre parti de n'avoir rien fait, alors que la ministre avait la responsabilité des élections de 2019 et des élections subséquentes de 2021.
En 2018, j’ai interrogé le à la Chambre, et la a répondu. Je leur ai demandé ce qui suit:
Monsieur le Président, quand on lui a posé la question à New York cette semaine, le premier ministre a admis qu'il savait qu'un financement étranger avait influencé l'élection fédérale de 2015. Le projet de loi C‑76 devait combler des lacunes dans la loi électorale, mais il ne fait rien pour empêcher que des fonds étrangers influencent nos élections.
Quand le premier ministre va-t-il prendre cette question au sérieux et empêcher les intérêts étrangers d'influencer nos élections?
La avait répondu ceci:
Monsieur le Président, je remercie ma collègue de sa question. Il est important que tout le monde à la Chambre travaille ensemble pour éviter et empêcher l'influence et l'ingérence étrangères dans nos élections.
Il me tarde de travailler avec tout le monde à la Chambre pour que le projet de loi C‑76 soit adopté. Le projet de loi C‑76 contient des mesures concrètes afin de prévenir l'ingérence étrangère. J'espère que mes collègues de l'autre côté travailleront avec nous pour que cette mesure législative soit adoptée rapidement afin de protéger nos prochaines élections.
En plus de citer le projet de loi sans mordant, la de l'époque s'était vantée de la création et de la mise en œuvre du Protocole public en cas d'incident électoral majeur, un organisme gouvernemental composé de cinq hauts fonctionnaires relevant tous du gouvernement libéral. Que ce soit par son incompétence ou de manière intentionnelle, la ministre libérale — tout comme le d'ailleurs — a été incapable de protéger les Canadiens et nos institutions démocratiques, mais elle a refusé de croire le contraire.
Nous voici donc ici aujourd'hui devant des révélations concernant une importante ingérence de la part de la République populaire de Chine lors des élections fédérales de 2019 et 2021, des reportages selon lesquels des sommes d'argent auraient été versées à des candidats, et des tactiques d'intimidation à l'endroit de Canadiens. La loi électorale du Canada est très claire: « Il est interdit à quiconque [ne résidant] pas au Canada d’inciter de quelque manière des électeurs, pendant la période électorale, à voter ou à s’abstenir de voter ou à voter ou à s’abstenir de voter pour un candidat donné. »
Le continue d’éviter les questions et rejette les préoccupations en prétendant qu'elles viennent de personnes mal informées ou même racistes. Interrogé par l’opposition officielle en novembre, il a déclaré qu’il n’avait jamais été informé de l'argent versé par Pékin à des candidats aux élections. Tout cela pendant que Global News rapportait que des notes avaient été remises au premier ministre par le service de renseignement des mois auparavant pour l'informer que le consulat de Pékin avait piloté le versement d’une importante somme d’argent à 11 candidats lors des élections de 2019. Lorsque l’ancien chef du SCRS a réclamé la tenue d’une enquête publique sur l’ingérence électorale, le premier ministre a déclaré que cette idée avait pour effet de miner la démocratie. De plus, après que Global News a allégué, à la fin de février, que le consulat de Chine à Toronto avait aidé le député de en 2019, le premier ministre a rejeté les questions à ce sujet, et il est passé bien proche d’accuser les médias de racisme pour avoir osé poser des questions. Il a pratiquement pointé du doigt ceux qui essayaient de découvrir la vérité relativement à l'érosion provoquée de la confiance envers les institutions démocratiques du Canada.
Plus récemment, le premier mai, le Globe and Mail a publié un article selon lequel les documents de 2021 du SCRS indiquent que la Chine considère le Canada comme une cible de choix pour l’ingérence. On peut également y lire que la famille du député de a été ciblée par le diplomate chinois Zhao Wei. Le diplomate n’a subi aucune répercussion, et le député n’a été mis au courant de la situation qu’à la parution de l’article du Globe and Mail, deux ans plus tard. C’est pourquoi les conservateurs, les derniers défenseurs de la liberté au pays, ont présenté cette motion aujourd’hui.
J’aimerais maintenant aborder chaque partie de la motion plus en détail. La motion dit ceci: « a) créer un registre des agents étrangers comme ceux de l’Australie et des États-Unis d’Amérique ». Un député de notre parti a présenté un projet de loi qui a été rejeté par le gouvernement actuel, et nous voyons maintenant pourquoi. En 2019, la députée de a présenté un projet de loi semblable à la Chambre, et le gouvernement actuel l’a rejeté. L’ironie de la mise en place de tels registres par d’autres pays, c’est que, en juin 2018, le gouvernement a annoncé, lors du Sommet du G7 dans Charlevoix, qu’il prendrait l’initiative de rallier les dirigeants du G7 autour de la protection de la démocratie, en agissant comme chef de file et coordonnateur dans la sphère élargie du G7. Plus récemment, la députée libérale de a réfuté la nécessité d’un tel registre. Compte tenu des découvertes des dernières semaines, nous comprenons maintenant mieux pourquoi.
La motion dit encore ceci: « b) établir une enquête publique nationale sur la question de l’ingérence étrangère dans les élections ». Tous les partis, sauf le gouvernement, qui est abandonné à ce sujet par ses partenaires de la coalition du NPD, réclament cette enquête. Pourtant, nous avons appris que le gouvernement fera tout ce qu’il peut pour éviter la transparence et que, même lorsque la Chambre adoptera cette mesure législative avec l’accord des partis de l’opposition, il refusera de se conformer et de fournir les renseignements demandés.
La motion précise ensuite ceci: « c) fermer les postes de police exploités au Canada par la République populaire de Chine ». Je suis certain que les Canadiens n'auraient jamais pu s'imaginer que des postes de police, non seulement d’un autre pays, mais d’un pays qui ne se soucie pas des droits de la personne ou de la primauté du droit, exerçaient leurs activités à l’intérieur de nos frontières. Le nous avait donné l’assurance que tous ces postes avaient été fermés, et pourtant, nous avons appris le premier mai qu'il y en avait qui poursuivaient leurs activités au Québec.
Le point d) de la motion vise à « expulser tous les diplomates de la République populaire de Chine qui sont responsables de et qui sont impliqués dans ces affronts à la démocratie canadienne ». La Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques est une pierre angulaire des relations internationales modernes et du droit international. On y précise que le pays hôte peut, à tout moment et pour quelque raison que ce soit, déclarer persona non grata un membre du personnel diplomatique. On dit aussi que l’État d’origine doit, dans ce cas, rappeler cette personne dans un délai raisonnable, faute de quoi elle pourrait perdre son immunité diplomatique.
C’est ce qui aurait dû se produire normalement, mais le et le gouvernement ne l’ont pas fait. Si le député de n’est pas en sécurité, comment pouvons-nous savoir que tous les députés et leur famille sont en sécurité? Le respect de la Convention de Vienne est une question d’honneur, et je croyais que l'honneur devait aussi nous guider à la Chambre. Cependant, pour reprendre les mots du grand auteur Lord Jeffrey Archer, il n’y a pas d’honneur parmi les voleurs. Le gouvernement devrait reconnaître la violation répréhensible de l’immunité diplomatique et déclarer Zhao Weipersona non grata.
Je suis une ancienne diplomate canadienne et rien ni personne n'affaiblira mon aspiration à la liberté, à la démocratie et au respect de la primauté du droit, pas même l'actuel gouvernement. Ce sont d'ailleurs ces valeurs qui expliquent ma présence ici, à la Chambre des communes, et qui m'amènent à appuyer le député de . Le Parti conservateur ne reculera jamais devant ceux qui tentent de bafouer les libertés fondamentales des Canadiens qui exigent le respect de la vérité, de la liberté, de la démocratie, des droits de la personne et de la primauté du droit. Si d'autres députés croient comme moi dans le respect de ces valeurs, ils appuieront la motion dont nous sommes saisis.
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Madame la Présidente, après tout ce que nous avons entendu ce matin, je tiens à dire d’emblée et de façon catégorique que le gouvernement n’a aucune tolérance pour l’ingérence étrangère. Nous prenons très au sérieux toute tentative de miner notre démocratie, et nous allons continuer de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger nos institutions. Ce n’est pas et ne devrait pas être une question partisane, et notre objectif doit être de préserver la confiance des Canadiens dans notre démocratie.
Nous savons que l’ingérence étrangère n’est pas un problème seulement au Canada. Des acteurs étatiques hostiles prennent pour cible nombre de démocraties occidentales, comme l’Australie, le Royaume‑Uni, la France, les États‑Unis ou d’autres pays alliés. Ces acteurs étatiques hostiles n’ont jamais été aussi actifs depuis la guerre froide. Leur objectif est de détruire la confiance de la population dans nos institutions. C’est la raison pour laquelle il est particulièrement important, pour les Canadiens, que tous les députés fassent cause commune contre ces acteurs hostiles étrangers.
Le gouvernement actuel a déjà fait plus que n’importe lequel de ses prédécesseurs pour combattre l’ingérence étrangère dans notre pays. Nous sommes déterminés, de concert avec tous ceux qui sont désireux de collaborer avec nous pour renforcer nos institutions, à améliorer nos systèmes et à mettre en place les outils nécessaires pour combattre et prévenir l’ingérence étrangère.
Le a dit clairement qu’il n’avait l’intention ni de jouer un rôle constructif ni de collaborer avec les autres partis pour combattre l’ingérence étrangère, et c’est son choix. Si les députés d’en face préfèrent polariser les situations et se faire du capital politique à bon marché, c’est leur choix aussi. Or, ce n’est pas ainsi que nous faisons les choses.
L’ingérence étrangère requiert une vigilance constante ainsi que la participation, la collaboration et la coopération de tous les gouvernements et, surtout, de tous les députés de cette Chambre. Étant donné l’incertitude et l’instabilité qui caractérisent le monde d’aujourd’hui, je suis absolument convaincu que cet enjeu doit faire l’objet de discussions comme celle que nous avons aujourd’hui, à condition qu’elles soient fondées sur des faits et qu’elles soient orientées vers la recherche de solutions, et les Canadiens sont du même avis. Ils ont la même préoccupation.
Entendons-nous bien: ce sont les Canadiens, et eux seuls, qui décident de l’issue de nos élections, et nous allons tout faire pour qu'il en soit toujours ainsi. Nous avons les processus et les systèmes de contrepoids qui permettent de protéger les fondations de notre démocratie. Comme je l’ai déjà dit, nous sommes déterminés à améliorer les systèmes et à créer les outils nécessaires pour combattre et prévenir l’ingérence étrangère.
Les Canadiens veulent avoir l’assurance qu’ils ne seront pas une cible directe, et cela comprend les députés. Comme il se doit, nous allons faire tout ce que nous pouvons, en tant que parlementaires, pour prendre les devants face aux menaces à notre sécurité.
L’ingérence hostile porte atteinte aux institutions démocratiques canadiennes et au débat public. Elle sert aussi à intimider et à contraindre des membres de certaines diasporas au Canada.
L’objectif des États hostiles est entre autres de changer les perceptions. Autrement dit, ils veulent semer la discorde afin de renverser l’ordre international encadré par des règles. Ils cherchent à susciter la confusion et la méfiance, et s’ils suivent les débats à la Chambre et qu’ils entendent ce que disent les députés d’en face, ils se félicitent.
Pour atteindre leurs objectifs, les États hostiles se livrent à des activités hostiles. Ils répandent de la mésinformation et de la désinformation de façon à éroder la confiance qu'inspirent les grandes institutions de notre pays, y compris notre système électoral. À cette fin, ils font appel à certains individus, ouvertement ou à leur insu, de manière à mener leurs activités sur le territoire canadien en préservant un déni plausible. C’est pour cette raison que...
Des voix: Oh, oh!
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Madame la Présidente, comme je l’ai dit, à cette fin, ils font appel à certains individus, ouvertement ou à leur insu, de manière à mener leurs activités sur le territoire canadien en préservant un déni plausible. C’est pour cette raison que ce type d’activité est une menace pour la cohésion sociale, la souveraineté et, bien sûr, la sécurité de notre pays. C’est pour cette raison que nous devons absolument redoubler d’efforts pour protéger nos processus démocratiques et les valeurs qui nous sont chères.
C’est pour cette raison que, depuis un mois, le explique aux Canadiens tout ce que nous faisons pour contrer cette menace. Il a fait des annonces majeures à ce sujet.
Je tiens à préciser que le gouvernement du Canada est toujours en quête d'autres façons novatrices de renforcer les outils dont il dispose déjà pour lutter contre l’ingérence étrangère. Au fur et à mesure que la menace évolue, notre réponse doit elle aussi évoluer. Nous nous y affairons. Nous continuons de nous inspirer de l’expérience de nos partenaires étrangers pour déterminer quelles méthodes éprouvées pourraient être appliquées au Canada.
Dans cette optique, le premier ministre a annoncé, le 6 mars dernier, de nouvelles mesures pour lutter contre l’ingérence étrangère et renforcer la confiance de la population dans nos institutions démocratiques.
Voici ce qui a été fait. Le premier ministre a annoncé la création, à Sécurité publique Canada, du poste de coordonnateur national de la lutte contre l’ingérence étrangère, dont le titulaire aura le pouvoir de coordonner les efforts déployés par tous les ministères pour combattre l’ingérence étrangère. Le gouvernement a donné suite aux examens qu'il avait commandés au Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement et à l’Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement afin de faire le point sur l’ingérence étrangère au Canada et dans le processus électoral fédéral ainsi que sur mesures prises par nos agences de sécurité nationale pour contrer cette menace.
Il convient de rappeler également que le premier ministre a annoncé la mise au point d’un plan d'application des recommandations en suspens du comité des parlementaires, du rapport Rosenberg et d’autres examens pertinents. Je signale par ailleurs la publication, le 6 avril dernier, du rapport intitulé « Contrer une menace en évolution: mise à jour sur les recommandations visant à prévenir l’ingérence étrangère dans les institutions démocratiques canadiennes ».
Nous investissons 5,5 millions de dollars pour aider nos partenaires de la société civile à contrer la désinformation, à favoriser la résilience démocratique et à sensibiliser la population à l’ingérence étrangère.
Le premier ministre a aussi annoncé des consultations publiques en vue de l’établissement, au Canada, d’un registre visant la transparence en matière d'ingérence étrangère. Ces consultations ont déjà commencé. J’invite tous les Canadiens et tous les députés à faire connaître leur point de vue à propos du registre sur le site Web de Sécurité publique Canada.
Ces consultations sont utiles, car elles vont permettre aux communautés touchées par ce problème d’avoir leur mot à dire sur la forme que pourrait prendre ce registre, de façon à éviter toute répercussion négative imprévue sur les communautés concernées.
L’objectif consiste à garantir que les personnes qui défendent les intérêts d'un gouvernement étranger agissent en toute transparence, en répondant de ce qu'ils font, ainsi qu'à protéger les communautés ciblées par l’ingérence étrangère.
Les consultations sur le registre se poursuivent sous la forme de tables rondes et de rencontres bilatérales avec des dizaines de parties prenantes et d’interlocuteurs. À sa conclusion, le processus fera l'objet d'un compte rendu à la Chambre, et je serai heureux d'en prendre connaissance.
Je signale que, jusqu'à présent, les gens sont largement favorables à la création d’un tel registre. Nous sommes déterminés à le créer, mais nous ferons les choses correctement, et ces consultations vont nous y aider.
Le gouvernement du Canada consacre des sommes importantes à mieux contrer l’ingérence étrangère. Le dernier budget alloue en effet 13,5 millions de dollars à Sécurité publique Canada, plus 3,1 millions de dollars, pour la création d’un bureau national de lutte contre l’ingérence étrangère, ce que l’opposition refuse d'appuyer.
Le budget de 2023 prévoit aussi un financement de près de 50 millions de dollars à la GRC pour protéger les Canadiens contre le harcèlement et l'intimidation par des acteurs étrangers, une mesure que rejette l'opposition. Cette enveloppe permettra également à la GRC d'augmenter sa capacité d'enquête et de mieux garder le contact avec les communautés qui risquent d’être ciblées. Je sais que l’opposition s’y oppose encore.
Ces investissements s’inscrivent dans le prolongement du budget précédent, qui consacrait près de 15 millions de dollars au renouvellement et à l'expansion du Mécanisme de réponse rapide du G7 pour composer avec les menaces à la démocratie provenant de pays étrangers, ce à quoi l’opposition s’est opposée, ainsi que près de 13 millions de dollars à l'établissement du Centre de sécurité de la recherche, à Sécurité publique Canada, pour protéger la recherche canadienne tout en resserrant la stratégie de sécurité des universités et des établissements de recherche, ce à quoi les conservateurs se sont opposés.
Ces investissements considérables visent à intensifier les efforts assidus que déploie le gouvernement du Canada pour contrer l'ingérence étrangère. Comme je l'ai mentionné, il ne fait aucun doute que ces mesures font partie de la démarche du gouvernement et, compte tenu de la situation actuelle, elles vont le rester.
Les annonces récentes prennent appui sur ce que font déjà les autorités. Par conséquent, les Canadiens peuvent avoir confiance dans leurs institutions, y compris les élections.
Pour étayer solidement ces propos, je prends maintenant un moment pour citer des extraits de quelques témoignages qui ont été présentés aux comités de la Chambre dernièrement.
David Vigneault, directeur du Service canadien du renseignement de sécurité, a dit ceci:
Le SCRS estime toujours que les activités hostiles parrainées par les États sont la plus grande menace stratégique pour la sécurité nationale du Canada [...] L'une des façons d'amortir les effets néfastes de l'ingérence étrangère est de renforcer la résilience du pays à cet égard [...]
Le Service continue aussi à investir des efforts notables dans l'établissement de relations avec des citoyens, des communautés et leurs leaders pour gagner et maintenir un sentiment de confiance, leur offrir l'appui dont ils ont besoin et établir des partenariats afin d'assurer leur protection.
Je cite maintenant la conseillère à la sécurité nationale et au renseignement. Judy Thomas:
Depuis quelques années, nous avons pris diverses mesures pour bien détecter, décourager et contrer l'ingérence étrangère sous toutes ses formes, y compris, mais non seulement, durant les périodes électorales. Une bonne façon d'y arriver consiste à parler de la menace et des moyens que nous mettons en œuvre pour l'atténuer, sans compromettre nos sources et nos techniques de collecte des renseignements visant à protéger la population canadienne [...] Ces mécanismes nous ont aidés à garantir qu'en dépit des tentatives d'ingérence étrangère, les élections fédérales de 2019 et de 2021 étaient bel et bien impartiales et légitimes [...] [N]ous sommes bien conscients des défis que pose l'ingérence étrangère. Nous prenons des mesures concrètes pour renforcer notre approche de contre-espionnage en cas d'ingérence étrangère et nous veillons à ce que ceux qui participent à cette ingérence subissent les conséquences de leurs actes.
Il est clair que les experts en la matière sont d’accord. Les experts non partisans de ce pays s’entendent pour dire que nous faisons du bon travail sur des bases très solides et que nous devons rester vigilants.
En ce qui concerne les élections fédérales de 2019 et de 2021, le a demandé à l’Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement d’entreprendre un examen. Il a parlé au président de ce comité pour s’assurer que l’examen tienne compte de l’information transmise par les organismes de sécurité nationale aux décideurs. De plus, l’appareil de sécurité et de renseignement du gouvernement du Canada et la collectivité connexe combattent les menaces dans le cadre de leurs mandats respectifs. Du point de vue de l’application de la loi, par exemple, les activités d’ingérence étrangère peuvent faire l’objet d’une enquête lorsqu’il s’agit d’activités criminelles ou illégales.
La GRC a un vaste mandat à multiples facettes qui lui permet d’enquêter sur l’ingérence étrangère et de la prévenir en s’appuyant sur des lois. Dans le cadre de son mandat, comme tout le monde à la Chambre devrait le savoir, le Service canadien du renseignement de sécurité fournit au gouvernement du Canada des renseignements opportuns et pertinents sur ces menaces, mais c’est lui, et non les dirigeants politiques, qui décide quels renseignements sont fournis le long de la chaîne.
Le Centre de la sécurité des télécommunications s’applique à surveiller l’environnement de cybersécurité et à utiliser l’information qu’il en tire pour cerner, contrer et échanger les connaissances sur les menaces, les risques et les vulnérabilités systémiques.
Je dois dire que le gouvernement a la réputation d’être ouvert et transparent dans ces dossiers, et je crois que nous allons dans la bonne direction en nommant un rapporteur spécial indépendant exceptionnellement qualifié. Il est conscient de l’importance de maintenir la transparence tout en protégeant les méthodes, la technologie et les professionnels qui travaillent sur le terrain.
Bien que le rapporteur indépendant ait été nommé, nous nous acquitterons de cette tâche en collaboration avec tous les législateurs qui choisissent de participer au processus afin que les Canadiens puissent constater notre diligence et notre transparence. Nous avons dit à maintes reprises que nous allions accepter toutes les recommandations du rapporteur spécial.
Nous reconnaissons les préoccupations des Canadiens, mais nous voulons aussi les rassurer en leur disant que le gouvernement prend toutes les mesures proactives qui s’imposent…
Des voix: Oh, oh!
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Madame la Présidente, je reviens à ce que je disais. Je pense que nous reconnaissons tous, de ce côté-ci de la Chambre, les préoccupations des Canadiens. Je tiens à les rassurer: le gouvernement prend ces préoccupations très au sérieux. Nous prenons les mesures proactives nécessaires pour contrecarrer l’ingérence étrangère dans nos institutions et notre démocratie, et nous allons protéger nos institutions démocratiques.
Nous prenons au sérieux l’introduction de nouvelles politiques et de nouveaux pouvoirs au sein de la communauté de la sécurité nationale, mais nous travaillons également en fonction des exigences et des contraintes juridiques que nous devons respecter. Il faut examiner attentivement les exigences juridiques qui nous permettront de tout mettre en œuvre, ainsi que les systèmes transparents qui permettront de rendre des comptes.
Il est important que nous soyons respectueux lorsque nous tenons ces discussions partout au pays. Nous avons besoin d’un portrait pancanadien. Nous devons comprendre les répercussions sur les collectivités et sur les particuliers, et il est important que nous tous à la Chambre montrions aux Canadiens que nous pouvons mettre de côté l’esprit partisan pour régler les problèmes très graves dont nous sommes saisis.
Je tiens à remercier tous les députés qui ont pris le temps de nous faire part de leurs préoccupations et de leurs points de vue afin que nous puissions avancer ensemble.
Il est également important pour nous, à la Chambre, de prendre un moment pour remercier nos organismes de sécurité et d’application de la loi, qui comptent parmi eux de grands Canadiens qui travaillent en première ligne dans nos collectivités, à nos frontières et en ligne dans le cyberespace pour assurer notre sécurité. Ils travaillent sans relâche pour assurer notre sécurité et la sécurité de notre démocratie, et il est essentiel de respecter le travail qu’ils accomplissent. Il y a des experts dans le domaine qui travaillent fort pour s’assurer que nous ayons les meilleures recommandations possibles sur la voie à suivre.
Quelle que soit notre allégeance politique, nous devons prendre au sérieux l’ingérence électorale et l’ingérence étrangère. Transformer cette question en un combat partisan pour essayer de se faire du capital politique ne rend service ni au Canada ni à notre démocratie. Cela ne fait que valider ce que les acteurs étrangers cherchent à faire. Ils cherchent à semer le mécontentement, à perturber et à semer la confusion. Les bouffonneries et les commentaires qui ont été faits à la Chambre sont une indication de leur succès. De ce côté-ci de la Chambre, nous ne les laisserons pas réussir, car nous croyons que le travail qui doit être fait est souvent fait en catimini et avec sérieux.
En tant qu’ancien fonctionnaire qui a eu le privilège de servir ce pays au sein du ministère de la Sécurité publique et de travailler avec le SCRS, la GRC et nos agences frontalières, je peux dire aux députés que nos fonctionnaires prennent ce travail extrêmement au sérieux. Ils le considèrent comme l’œuvre de leur vie et ne font aucun compromis lorsqu’il s’agit de la sécurité des Canadiens.
Le type de travail dont nous avons besoin est un travail qui se fait discrètement, au service du pays, et qui nous permet de rester en sécurité. Ce ne sont pas le « bitchage » et le chahut, les critiques ou les faussetés qui nous permettront de renforcer notre démocratie. Nous devons montrer aux Canadiens que chaque député respecte notre démocratie, nos institutions, la manière dont notre Constitution nous gouverne, mais surtout, qu’il respecte le travail discret qu’accomplit notre fonction publique pour assurer notre sécurité et veiller à ce que ces éléments fonctionnent ensemble.
Notre tâche, en tant que parlementaires, est de représenter ce qu’il y a de mieux dans ce pays. Nous devons veiller à ce que les Canadiens voient en nous des personnes prêtes à protéger leur démocratie et à la préserver. Je suis convaincu que, de ce côté-ci de la Chambre, c’est le travail que nous allons accomplir. Nous invitons chaque parlementaire ici à mettre de côté l’esprit de parti et à travailler ensemble à cet égard.
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Madame la Présidente, je précise d'abord que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue l'honorable député de .
Je vais tout de suite laisser tomber le suspense; le Bloc québécois va soutenir la motion qui nous est présentée aujourd'hui par les conservateurs.
Comme on le sait, tout ce qui traîne se salit et, présentement, tout ce qui arrive prend de plus en plus les proportions d'une crise. Plus cela traîne, plus il y a deux risques qui se présentent à nous.
Premièrement, au fur et à mesure que la population entend différentes informations au sujet des allégations d'ingérence étrangère, plus il y a un risque que la population perde confiance en la démocratie, dans ses institutions et dans le travail des députés.
Deuxièmement, plus le temps passe sans qu'aucune mesure concrète ne soit prise, plus on risque que des élections soient déclenchées et que, pour la troisième fois de suite, il y ait de l'ingérence étrangère dans le cadre d'élections parce qu'on n'a pas mis en place les bonnes mesures législatives afin de s'y opposer.
Dans la motion qui nous est présentée aujourd'hui, quatre points principaux sont énumérés, soit la création d'un registre d'agents étrangers, la mise sur pied d'une enquête publique, la fermeture des postes de police exploités par la République populaire de Chine et l'expulsion des diplomates qui sont responsables d'affronts à la démocratie canadienne. Je vais aborder tous ces points, mais pas nécessairement dans cet ordre.
Je vais commencer par celui qui, aux yeux du Bloc québécois, est le plus important. D'ailleurs nous avons été les premiers à en faire la recommandation. Il s'agit de la mise sur pied d'une enquête à la fois publique et indépendante. Il y a un point principal, un point clé dans notre demande: la personne responsable de cette enquête doit être nommée par l'ensemble des partis représentés à la Chambre. Nous demandons cette enquête publique et indépendante depuis le 28 février.
Cela fait déjà deux mois. En deux mois, je ne peux pas croire que les quatre partis, qui représentent la population canadienne en entier, n'auraient pas réussi à s'entendre sur la nomination d'un responsable de l'enquête publique qui ne ferait pas partie de l'entourage immédiat du premier ministre, de sa famille ou de ses amis.
Cette enquête, nous la demandons depuis longtemps et nous voulons surtout nous assurer que la personne qui dirigera une telle commission d'enquête est neutre et impartiale afin que la population puisse avoir confiance dans les recommandations qui émaneront d'une telle enquête. Nous espérons que cette enquête sera mise sur pied.
Si de l'information est traitée à huis clos pendant cette enquête, la population doit avoir confiance que c'est pour des réelles raisons de sécurité nationale et non pas parce que cela fait l'affaire d'un parti quelconque qui veut cacher certaines informations. Voilà pourquoi il est nécessaire d'avoir un commissaire, un juge, un président de commission qui soit neutre. Si l'information n'est pas dévoilée et doit être traitée à huis clos, on aura confiance que c'est pour des raisons non partisanes.
On a d'ailleurs soulevé à quelques reprises le fait que la tenue d'une enquête publique et indépendante faite de façon transparente et ouverte pourrait mettre à mal le travail des institutions de sécurité nationale en dévoilant des sources ou des techniques d'enquête. Or on pourrait faire confiance à cet éventuel commissaire pour déterminer ce qui doit avoir lieu à huis clos ou non.
Nous ne sommes pas les seuls, au Bloc québécois, à demander une enquête publique indépendante. Jean‑Pierre Kingsley, un ancien directeur d'Élections Canada, disait ceci en mars dernier à Radio-Canada: « Les Canadiens doivent tout savoir de ce qui s'est passé. Tant qu'il n'y a pas d'enquête publique, on va procéder au compte goutte et les gens vont payer des prix énormes. ».
Le fait que cela traîne et qu'aucune action concrète n'est entreprise, c'est un autre problème. L'information est rapportée de façon un peu incontrôlée, ce qui risque justement de mettre à mal certaines enquêtes et certaines sources.
En plus de la mise sur pied d'une enquête publique et indépendante et de la nomination impartiale du président de cette enquête, le Bloc québécois a fait la recommandation de carrément modifier la Loi sur les enquêtes afin que la présidence d'éventuelles enquêtes publiques soit nommée par un consensus à la Chambre.
La motion fait également état de la création d'un registre des agents étrangers. À notre avis, il faut aller beaucoup plus loin que la simple création d'un registre des agents étrangers. Il faudrait carrément mettre en place des mesures législatives permettant de s'attaquer à l'ingérence. C'est quelque chose qui est demandé depuis longtemps. En novembre 2020, la Chambre a adopté une motion visant à mettre en place des mécanismes ayant beaucoup plus de mordant pour s'attaquer à l'ingérence étrangère.
Encore une fois, malheureusement, il a fallu attendre qu'une crise éclate et que les médias s'en mêlent pour que le gouvernement commence à bouger. Il y a à peu près un mois, le gouvernement a enfin annoncé que des consultations auraient lieu au sujet de la création d'un registre.
Au-delà de la création d'un registre, il faut une loi beaucoup plus large qui s'attaque à la question de l'ingérence. Une des choses qu'on a apprises au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, c'est qu'il y a des trous législatifs. Souvent, on reçoit de l'information, on sait qu'il y a de l'ingérence, mais on n'arrive pas à s'y attaquer parce qu'il n'y a aucun levier législatif qui permet de le faire.
L'information vient aussi au compte-gouttes. On a entendu des directeurs de campagne nationale dire que l'information transmise entre les agences de renseignement emprunte un chemin à sens unique. Ce sont les partis qui donnaient de l'information aux agences de renseignement, mais, en retour, il n'y avait à peu près rien. Même si on s'était fait donner de l'information, il n'y avait pas possibilité pour un parti d'agir et de s'attaquer à ces formes d'ingérence.
Pour ce qui est du registre, c'est aussi quelque chose qui est demandé tant par le Service canadien du renseignement de sécurité que par la GRC. Est-ce que cela règlera tout? La réponse est non. Cependant, c'est un des outils qui permettrait, accompagné d'autres outils, d'avancer dans la bonne direction.
On nous dit que ce genre de registre risquerait de viser malencontreusement des membres de la population sino-canadienne, mais je dirais, d'une part, que cet état de fait est hypothétique. On n'a pas d'assurance que des membres de la communauté sino-canadienne seraient injustement ciblés. D'autre part, on sait que des membres de la diaspora sino-canadienne font présentement les frais d'agents étrangers. Ils sont visés par des menaces et ils sont terrorisés par des agents étrangers. La balance des avantages et des inconvénients plaide donc en faveur de la mise sur pied d'un registre, justement pour protéger la diaspora sino-canadienne.
Les conservateurs proposent également qu'on procède à la fermeture des postes de police. Le problème, c'est qu'il semble y avoir des disparités dans le discours sur ce qui s'est réellement fait. Le nous disait le 27 avril dernier que l'ensemble des postes de police chinois en territoire canadien avaient été fermés, alors qu'on comprend, par le biais des médias, que lorsqu'on appelle à ces bureaux et à ces agences, par exemple le Service à la famille chinoise du Grand Montréal, que les activités ont toujours cours.
Tous les éléments présentés aujourd'hui sont interreliés. Une seule des recommandations visées par la motion des conservateurs en soi n'aura pas d'impact. Elle se potentialise grâce aux autres recommandations. S'il n'y a pas de fermeture des postes de police actuellement, c'est que la loi ne le permet pas. D'où l'importance de mettre aussi sur pied un registre des agents étrangers qui permettra d'avoir une emprise sur les postes de police.
Je mentionnerai aussi que les postes de police en soi, c'est un peu limité. Il faut s'attaquer à d'autres choses qu'une loi appropriée permettrait de faire. Par exemple, il y a tout ce qui relève des menaces économiques, des menaces faites à la famille d'un sino-canadien qui se trouverait encore en Chine ou encore tout ce qui relève par exemple des honeytraps où on met sur pied des tactiques d'influence, par exemple par l'entremise de femmes qui vont séduire un membre de la communauté et ensuite menacer de dévoiler l'information à la famille.
Sur ce qui est de l'expulsion des diplomates, encore une fois, il y a quelque chose qui aurait pu être fait et qui ne l'a pas été. La a déclaré qu'il était difficile d'expulser des diplomates étrangers vu l'absence de preuves suffisantes, en plaidant d'ailleurs que ce ne serait pas conforme à la Convention de Vienne. Or, on sait que cette dernière permet l'expulsion de diplomates sans qu'un gouvernement ait à se justifier. Il n'y a donc pas d'histoire de respect ou non-respect de la Convention de Vienne qui tient. C'est une demande qui a été reprise par ailleurs par l'ancien ambassadeur du Canada en Chine Guy Saint‑Jacques et l'ancien conseiller de l'ambassade Charles Burton qui disaient que le Canada n'a pas à se justifier pour expulser des diplomates, comme l'ont fait les États‑Unis ou la Grande‑Bretagne quand des agissements similaires ont été connus chez eux.
Le fait de dire qu'on n'expulsera pas des diplomates envoie donc un mauvais message. C'est comme si on disait qu'ils peuvent continuer à sévir au Canada et qu'il y aura une tolérance envers l'intimidation qu'ils font.
Au-delà de tous ces éléments, j'aimerais rajouter aussi quelque chose que le Bloc québécois suggère et qui aurait peut-être pu faire partie de la motion aujourd'hui, à savoir la création d'un bureau indépendant sur l'ingérence. Ce bureau ne répondrait ni du premier ministre ni du ministre de la Sécurité publique, mais répondrait à la Chambre, un peu à l'image du vérificateur général. Ce bureau aurait aussi l'avantage de pouvoir travailler en dehors des périodes électorales, parce que l'ingérence ne se limite pas qu'aux périodes électorales.
Un bureau qui aurait des pouvoirs d'enquête, de perquisition et d'arrestation et qui pourrait travailler en collaboration avec le SCRS et la GRC permettrait de limiter l'ingérence étrangère tout en redonnant confiance à la population. Bref, pour toutes ces raisons, le Bloc québécois, en plus des recommandations qu'il fait, soutiendra celle qui émane du Parti conservateur aujourd'hui.
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Madame la Présidente, bienvenue au « Chinada ».
Alors que le Canada se complaît dans la posture du cancre postnational, alors qu'il se confine dans la position doucereuse du « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », la République populaire de Chine profite de la naïveté occidentale pour se constituer comme empire conquérant.
Le régime de Pékin applique les principes de la guerre révolutionnaire, une guerre d'influence, une guerre de subversion, conçue par son fondateur, Mao Zedong. Qu'on se le dise, la Chine est devenue une puissance inquiétante en temps de paix. Si la Chine est une des plus grandes civilisations qui soient, celle du confucianisme, celle du bouddhisme, celle du taoïsme, les comportements de son régime pour étouffer la vérité, comme on l'a d'ailleurs vu avec la pandémie de la COVID‑19, nous poussent, au mieux, à la méfiance.
En 2013, le chef du Parti libéral du Canada, qui n'était pas encore , déclarait: « J'ai un certain niveau d'admiration pour la Chine, parce que leur dictature leur permet de faire un virage économique soudain ». Ce serait sans doute plus facile pour lui. Ne lui en déplaise, nous sommes dans un Parlement.
Ottawa devrait rendre des comptes pour l'ingérence chinoise qui a été révélée. Les faits sont accablants. Quand il est devenu clair, révélé, documenté qu'il y avait eu ingérence chinoise dans le processus électoral canadien, et pas d'une seule façon et pas à une seule reprise, une seule issue était possible: une commission d'enquête publique indépendante. Cette idée était appuyée par l'ancien directeur général des élections M. Jean-Pierre Kingsley et par l'ancien directeur du Service canadien du renseignement de sécurité, ou SCRS, M. Richard Fadden.
Qu'a alors fait Ottawa? Dans un premier temps, repousser l'idée d'une enquête en affirmant que cela comportait un risque en matière de sécurité publique puisque des informations secrètes pouvaient être dévoilées et compromettre des sources. Or, les nombreuses réunions au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre à propos de l'ingérence chinoise dans les élections ont démontré la nécessité d'avoir une enquête publique et indépendante. Le format n'est tout simplement pas le même. Le format n'est pas aussi adéquat en comité qu'il l'est pour une enquête publique et indépendante. Ce n'est pas la même manière d'interroger les témoins.
Après ce refus initial — un moment donné la pression commençait à être grande —, Ottawa a nommé deux anciens membres de la Fondation Pierre‑Elliott‑Trudeau, elle-même directement au cœur du scandale pour ses liens avec Pékin, Morris Rosenberg et David Johnston, pour faire la lumière à ce sujet. Voilà qui est prometteur. Qui sont-ils?
Morris Rosenberg a été nommé pour enquêter et produire le rapport sur l'évaluation du protocole public en cas d'incident électoral majeur en 2021. Ce même Rosenberg a dirigé la Fondation Pierre‑Elliott‑Trudeau lorsqu'elle a accepté un don de 200 000 $, dont 140 000 $ ont été versés. C'était un don de Pékin, qui souhaitait, selon le SCRS, influencer le premier ministre. Le donateur chinois, Zhang Bin, un conseiller politique du gouvernement chinois, a émis un chèque au nom d'une entreprise chinoise. Selon l'ancienne PDG de la Fondation Pascale Fournier, la Chine donnait des instructions sur ce don. C'est gros. Sans surprise, Morris Rosenberg a déclaré qu'Ottawa avait agi correctement lors des élections de 2021.
Il y a plus surprenant encore, et ce n'est pas parce qu'on rit que c'est drôle, comme on le dit au Québec. Ce même Rosenberg a affirmé en comité qu'il avait accepté le don chinois pour tenter d'influencer la Chine. C'est fort en café, comme on le dit au Québec.
Quant à David Johnston, c'est un ancien gouverneur général, membre de la fondation Trudeau, ami personnel du premier ministre, très proche de Pékin. Johnston a été nommé rapporteur spécial par le premier ministre pour déterminer s'il doit y avoir une enquête et ce qui doit être fait. Le premier ministre lui-même a déjà publiquement affirmé qu'il était un ami proche; son père et Johnston étaient amis et voisins de chalet. Ainsi, le premier ministre a grandi en jouant avec les enfants de Johnston, lequel a aussi affirmé qu'il était un ami de la famille. Ce même Johnston est également un proche de la Chine. Ses trois filles ont étudié en Chine et il a lui-même été reçu par Xi Jinping en personne. De son côté, Johnston a affirmé qu'il se sentait en Chine comme chez lui.
Le premier ministre a-t-il bien fait les vérifications avant de nommer M. Johnston? Est-ce qu'il a fait d'aussi bonnes vérifications que celles faites à l'égard des ingérences? Est-ce que cette nomination et les ingérences sont opportunes? Seule une vraie enquête publique indépendante pourra faire la lumière sur ces questions, et y répondre.
En novembre 2020, une motion a été adoptée par la Chambre pour exiger du gouvernement qu'il adopte une mesure législative semblable à celle de l'Australie, notamment en ce qui concerne la question du registre public des agents étrangers. Un pays, un vrai pays devrais-je dire, prend au sérieux la question de la sécurité nationale en temps normal. Les États‑Unis possèdent ce type de registre depuis 1930, soit presque 100 ans plus tôt que nous — et ce n'est pas encore fait ici. Cet outil peut avoir une incidence réelle en facilitant le dépôt d'accusations criminelles en cas de non-respect de la loi. C'est d'ailleurs grâce à ce registre que les États‑Unis ont récemment pu arrêter deux ressortissants d'origine chinoise qui opéraient des postes de police chinois illégaux aux États‑Unis. Au Canada, malgré le mandat voté par la Chambre, il ne s'est pas fait grand-chose. Deux postes de police chinois sont toujours ouverts au Québec et dans la région de Montréal au moment où on se parle.
Pour compléter ce portrait, le Globe and Mail a divulgué récemment un rapport du SCRS datant de 2021 qui affirmait que le député de et sa famille à Hong Kong ont été l'objet de menaces faites par un diplomate chinois toujours en poste au Canada. Quel crime avait donc pu commettre ce mécréant? Il venait tout simplement de faire adopter une motion condamnant le génocide des Ouïghours par le régime communiste chinois. Le premier ministre se targue de lui avoir téléphoné pour le rassurer. Voilà qui change tout. Le député peut dormir sur ses deux oreilles. Le premier ministre n'a-t-il pas montré qu'il prenait cela au sérieux en appelant le député? Je pense que le député peut maintenant vivre dans le calme le plus plat, bien sûr.
Précisons une chose. Nous nous opposerions à l'expulsion de l'ambassadeur chinois. Cette procédure extrême est valable en temps de guerre. Alors que nous nous devons bien sûr d'entretenir des relations internationales, le dialogue et la diplomatie vont toujours être de mise. Or, dans le cas de diplomates impliqués dans des tentatives d'ingérence, dans des opérations d'ingérence impliquant même des tentatives d'intimidation pour punir de certaines positions démocratiquement débattues, il s'agit d'autre chose.
Ottawa se défile en disant qu'on respecte les conventions internationales en n'expulsant pas le diplomate impliqué, alors que la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques permet pourtant d'expulser les diplomates. Il faut bien sûr le faire seulement quand cela s'impose, mais cela s'impose ici.
La motion de l'opposition officielle dont nous sommes saisis aujourd'hui se décline en quatre points: registre des agents étrangers, comme ceux de l'Australie et des États‑Unis; établissement d'une enquête nationale et publique sur la question de l'ingérence étrangère dans les élections; fermeture des postes de police exploités au Canada par la République populaire de Chine; expulsion des diplomates de la République populaire de Chine qui sont impliqués dans les affronts à la démocratie. Le Bloc québécois appuie ces quatre idées. Nous voterons donc en faveur de la motion.
Pour conclure, le père du avait publié en 1961 un livre intitulé Deux innocents en Chine rouge. Comme le dit un ami, un innocent, c'est quelqu'un qui n'est pas assez intelligent pour être coupable. Or il y a pourtant bien, ici, des coupables quelque part, et ce n'est pas l'innocence affichée en guise de politique officielle qui va nous permettre de les trouver.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le leader du NPD à la Chambre, le député de .
Il s’agit d’un débat très important, et je voudrais mettre un peu les choses en contexte pour tous les députés.
Il y a cent ans, le gouvernement de l’époque a présenté la Loi d’exclusion des Chinois pour dire clairement que les Chinois n’étaient pas les bienvenus dans ce pays. Par la suite, ceux qui sont venus au Canada pour aider à construire le chemin de fer reliant la Colombie‑Britannique à l’Est, d’un océan à l’autre — ce qui permet aujourd'hui au Canada d’exister —, après avoir sué sang et eau, ont également fait l'objet de discrimination extrême, étant forcés d'effectuer le travail le plus dangereux et le moins bien payé. Beaucoup en sont morts.
Soyons clairs: cela fait partie de l’histoire du Canada.
Cent ans plus tard, nous débattons à la Chambre de l’ingérence étrangère. Au cours des dernières années, que s’est-il passé? La discrimination et la haine ont fluctué.
J’ai immigré au Canada lorsque j’étais enfant, dans les années 1970. Quand j’ai atterri ici avec ma famille, j’ai été victime de discrimination dès le départ. J’avais l’air différente. Je m’habillais différemment. Je ne parlais pas très bien l’anglais. On s’est moqué de moi. J’ai grandi dans le déni, en travaillant très fort pour faire quoi? Pour être comme les autres. Je me suis efforcée de me priver de mon propre héritage culturel. Enfant, je ne connaissais pas d'autre moyen d'être comme les autres qu'en disant que je n’étais pas Chinoise.
Je suis maintenant plus sage, Dieu merci, que je l'étais dans mon enfance. Au fil des ans, j’ai réalisé ce que mes parents m’avaient offert: ils ont immigré au Canada pour me donner des chances de réussir, pour que je puisse avoir accès à l'éducation et être moi-même, sans pression, et pour que je puisse jouir des libertés que le Canada me donne, à moi, et à nous tous. Qu’il soit très clair que je suis Canadienne et que j’ai un héritage culturel.
Ce qui se passe aujourd’hui est très éprouvant pour moi. D’une certaine façon, à la fois les députés libéraux et conservateurs pensent que c'est simplement une question de politique. Ce n’est pas seulement une question de politique. Nous parlons ici de la vie des gens. Nous parlons de notre avenir collectif.
Je ne peux imaginer ce qu'a ressenti le député de lorsqu’il a appris que lui et sa famille sont la cible du régime chinois. Quand j’y pense, je suis saisie d'effroi. Soyons clairs: le député a lui aussi des privilèges. Il est député à la Chambre et il bénéficie, à juste titre, de diverses protections. Toutefois, de nombreux autres Canadiens sont confrontés à ce type de menaces et n’ont accès à aucune protection. Ils n’ont même pas la possibilité de s’exprimer, et leur vie est en danger.
Pourquoi cette question me tient-elle tant à cœur? Outre le fait que j’ai été victime de discrimination pendant mon enfance et tout au long de ma vie, je reçois encore aujourd’hui du courrier haineux, mais je n’ennuierai pas les députés avec cela. Mon grand-père, qui est venu avant moi, avait l’habitude de me raconter, lorsque j’étais petite fille, que lorsqu’il montait dans l'autobus, on le jetait à l’arrière et on le poussait à l'extérieur. Il est aujourd’hui décédé. Il a raconté des histoires horribles sur la discrimination dont il a été victime. Nous avons dû nous battre durement pour faire avancer les choses et arriver là où nous en sommes aujourd’hui.
Que se passe-t-il? Pendant la pandémie de COVID, des gens m’ont dit en pleine face que c’était le « virus Kwan ». C’est ce qu’ils m’ont dit. Depuis, la partisanerie a pris des proportions énormes. Un jour, ma fille adolescente est montée dans l'autobus pour aller à l’école. Que lui est il arrivé? Quelqu’un lui a craché dessus et lui a crié des insultes raciales. Voilà ce qui se passe sur le terrain et quel est l’impact sur les gens. Laissons de côté la politique partisane pendant une minute.
Dès le départ, lorsque cette question a été soulevée, le NPD a déclaré que nous devrions mener une enquête nationale sur cette ingérence étrangère. Le NPD a présenté la motion en février au comité et a donné un préavis. Après beaucoup d’obstruction de la part de certains députés, la motion a finalement été adoptée. Ensuite, en mars, le NPD a présenté cette motion à la Chambre des communes pour qu’elle soit mise aux voix et a obtenu le soutien de tous les députés de l’opposition, ainsi que des députés indépendants. Cette motion a également été adoptée. Cependant, au lieu de faire ce qu’il fallait, le gouvernement a décidé de procéder autrement. Il a donc envenimé la situation, obligeant les médias à diffuser au compte-gouttes des informations sur les risques auxquels nous sommes confrontés.
Entretemps, que faisons-nous? Nous minons notre système démocratique et continuons à jeter le doute sur les personnes qui me ressemblent. C’est ce qui se passe, et pendant ce temps, des gens en subissent les contrecoups.
Quelqu’un qui participe au mouvement pour la démocratie à Hong Kong m’a contactée pour me dire qu’il avait reçu une menace de mort. C’est sérieux à ce point. Je suis née à Hong Kong et cela me brise le cœur de voir ce qui s’y passe en ce moment. Cette personne a signalé la menace de mort à la GRC. Que s’est-il passé? Rien. Qui se manifestera pour dire ce que leur arrive s’il n’y a aucun recours? Qui osera parler quand même un député et sa famille pourraient être menacés?
Voilà la situation à laquelle nous sommes confrontés. Alors, calmons-nous et cessons cette partisanerie. Nous devrions arrêter ces querelles et nous atteler à faire le nécessaire. Nos vies en dépendent. Des personnes de la même origine que moi subissent des préjudices chaque jour pour cette seule raison, et certaines d’entre elles ne peuvent pas s’exprimer.
Le pire, c’est que l’on sape la démocratie canadienne, cette démocratie que je chéris et que je ne tiens pas pour acquise. Là d’où venaient mes parents et mes grands-parents, ils n’avaient pas ce droit à la démocratie. Des Chinois ont dû mourir et faire la guerre pour cette démocratie. C’est notre histoire. C’est ce qui est arrivé au Canada.
Je suis d’avis que la commission d’enquête nationale doit aussi être totalement indépendante et transparente. Elle doit répondre aux critères politiques de tous les partis. Peut-être pouvons-nous tous décider de nous asseoir pour mettre sur pied cette commission d’enquête, définir son mandat et en confier la présidence à une personne totalement indépendante afin de mettre un terme à cela tout de suite. Voilà ce que nous devons faire.
Par ailleurs, nous devons envoyer un message clair aux pays qui essaient de se mêler de notre processus démocratique. La Chine en fait assurément partie, mais il y en a d’autres aussi, comme la Russie, l’Arabie saoudite ou même les États-Unis, dont nous savons qu’ils se mêlent de notre système démocratique. Soyons honnêtes à ce sujet et allons une fois pour toutes au fond des choses.
J’implore tous les députés de mettre de côté leur partisanerie et de faire ce qui s'impose pour la population, pour l’humanité et pour la démocratie. Si nous disons que nous sommes contre la discrimination, le racisme et la haine, nous devrions cesser maintenant les manœuvres politiques. Elles ne font qu’aggraver la situation. Ce n’est pas bon ni pour le Canada ni pour notre démocratie.
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Monsieur le Président, je voudrais commencer par souligner la qualité du discours que nous venons tous d'entendre à la Chambre. Nous devons tenir compte de ce qui vient d’être dit non seulement au cours du débat d'aujourd'hui, mais aussi dans les semaines à venir, lorsque nous travaillerons sur ces questions. Je tiens à rendre hommage à la députée de pour ce qu'elle nous a dit aujourd'hui. J'espère que nous avons tous écouté.
Comme les députés le savent, hier soir, j'ai pris la parole à la Chambre au nom du NPD pour insister sur la question de privilège soulevée par le député de . Pour moi et pour les néo-démocrates, il ne fait aucun doute que la question de privilège qu'il a soulevée en est véritablement une qui devrait faire l’objet d’une proposition à la Chambre le plus rapidement possible. Bien sûr, la décision appartient au Président de la Chambre, elle relève de sa prérogative.
Le NPD a apporté de nombreux éléments supplémentaires à la très importante question de privilège soulevée par le député de , et j'espère sincèrement que la Présidence prendra rapidement une décision à cet égard. Il ne fait aucun doute que ce débat doit être tenu à la Chambre et, comme je l'ai mentionné hier soir, il ne fait aucun doute également que le point soulevé répond aux critères de la question de privilège. Bien entendu, cela relève de la compétence du Président de la Chambre qui, je l’espère, rendra une décision rapidement.
[Français]
Comme on l'a déjà dit à maintes reprises, le NPD appuie la motion d'aujourd'hui. Nous appuyons les quatre mesures. Le NPD pousse depuis longtemps pour que de telles mesures soient prises.
Comme la députée de vient de nous dire, ce n'est pas juste la question de l'ingérence chinoise. Pour nous, il est absolument fondamental de prendre des mesures pour contrer toute ingérence étrangère, que celle-ci vienne de Chine, de Russie, d'Inde ou d'Iran. C'est important de prendre ces mesures.
En ce qui concerne une enquête publique indépendante, le NPD a proposé au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre une motion qui a été débattue. Je vais poser des questions à ce sujet tout à l'heure. La motion a été débattue et elle a été déposée à la Chambre. On se rappellera que la Chambre avait adopté quasiment à l'unanimité cette motion du NPD qui demandait immédiatement une enquête publique indépendante. Les députés d'un seul parti n'ont pas voté en faveur de la motion. Ce sont les députés du Parti libéral. Je ne sais pas pourquoi. Tous les autres partis de l'opposition et les députés indépendants ont tous voté en faveur de cette motion importante.
Comme la députée de Vancouver-Est vient de le dire de façon très éloquente, il est important que ce soit mis en place avec l'accord de tous les partis reconnus à la Chambre. C'est une chose que nous pourrions faire ensemble pour renforcer notre démocratie et pour faire en sorte que cette ingérence étrangère ne puisse d'aucune façon avoir un impact.
Si nous sommes solidaires, si tous les députés travaillent ensemble, si le gouvernement travaille avec l'opposition, si tous les partis de l'opposition travaillent avec le gouvernement, cela fera en sorte qu'on pourra aboutir aux réponses qui sont si importantes pour les Canadiens et les Canadiennes de toute origine. Comme la députée de Vancouver-Est l'a dit de façon très claire, il est aussi important que ces réponses fassent en sorte que nous puissions être solidaires en tant que pays. C'est important que cette enquête soit mise en place.
Maintenant, je n'ai aucun doute que le rapporteur spécial va prendre les décisions en ce sens dans quelques semaines, parce qu'on ne peut pas ignorer la volonté établie par la très grande majorité des députés à la Chambre. La démocratie compte, les décisions que nous prenons ensemble comptent. Le fait d'avoir réuni les députés indépendants et ceux du Parti vert, du Parti conservateur, du Bloc québécois et du NPD à voter ensemble donne un poids à la décision qui devrait être prise par le rapporteur spécial, ainsi qu'à ses recommandations dans les trois prochaines semaines.
Il n'y a aucun doute qu'avec ces recommandations, le gouvernement devra procéder au plus vite et mettre en place cette enquête publique. C'est extrêmement important.
[Traduction]
Je ne peux rien ajouter au discours éloquent que la députée de nous a présenté pour guider notre réflexion future sur le sujet à la Chambre des communes. Nous ne pouvons pas être partisans dans cette affaire. Nous ne pouvons pas blâmer nos collègues. C'est pourquoi le chef du NPD, le député de , a écrit au cette semaine pour lui demander de réunir les chefs des quatre partis reconnus afin de mettre en place une base solide pour examiner la situation.
Le NPD a insisté sur la nécessité d'une enquête publique nationale qui, selon nous, est vitale à ce stade-ci. À notre avis, tous les députés agissent de bonne foi concernant cette question. Toutefois, si nous commençons à nous critiquer les uns les autres, nous portons atteinte à nos systèmes démocratiques et aux valeurs qui sont si chères aux Canadiens.
Nous devons travailler ensemble. C'est essentiellement ce que le député de a affirmé dans la lettre qu’il a adressée au . Nous espérons qu’un suivi sera effectué rapidement dans les jours à venir. C'est une question qui devrait tous nous préoccuper. Elle concerne tous les Canadiens.
En mettant en place ces mesures, y compris une enquête publique nationale, nous finirions par obtenir les réponses dont les Canadiens ont besoin. Comme je l'ai mentionné, la question de privilège soulevée par le député de fait partie du débat que nous devons avoir à la Chambre.
Nous avons soulevé et soutenu les préoccupations relatives à l’ingérence de la Chine. À l'instar du SCRS, j'ai des préoccupations semblables à l'égard de l’ingérence de la Russie. Dans son dernier rapport, le SCRS indique très clairement que les cyberacteurs russes continuent de représenter une menace importante pour le Canada.
Nous nous souvenons du convoi qui a pris, il y a un peu plus d’un an, possession du centre-ville d’Ottawa. Il a privé de liberté de nombreux habitants du quartier. Des familles ont été privées de sommeil la nuit. Des personnes âgées ne pouvaient pas se faire livrer leurs commandes d'épicerie. Des personnes handicapées ne pouvaient pas obtenir des médicaments essentiels. Comme nous le savons maintenant, grâce à la série d’articles publiés dans le National Observer, ainsi qu’à de nombreuses autres analyses, il y a eu une forte ingérence étrangère sous forme d’aide apportée à ce convoi, avec les résultats que nous avons vus.
Il est clair que nous devons également nous préoccuper de ce genre de choses lorsque nous parlons d’ingérence étrangère. Nous devons nous préoccuper des preuves d’ingérence de la part du gouvernement chinois. Nous devons également nous préoccuper des preuves qui indiquent une ingérence d’acteurs étatiques avec le régime russe.
Des rapports inquiétants émanant de la diaspora indienne et iranienne indiquent que ces gouvernements pourraient participer à des activités d’ingérence étrangère et exercer des pressions sur les Canadiens originaires de ces pays. Ils essaient également d’avoir un impact sur notre système démocratique.
Ces allégations sont profondément troublantes. Nous devons travailler avec tous les députés de tous les partis. Commençons par la réunion que le député de a demandée et par la recommandation de tenir une enquête publique nationale et indépendante sur la question de l’ingérence étrangère que doit obtenir le gouvernement.
Commençons aussi en tenant un débat à la Chambre aujourd’hui dans l'esprit du discours de la députée de préconisant de travailler ensemble, de manière solidaire, pour améliorer notre système démocratique et de le faire de manière à rendre les Canadiens fiers du débat que nous avons dans cette enceinte.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Examinons le contexte de la discussion que nous avons en ce moment. Un député, qui est un collègue très respecté par des députés de tous les partis à la Chambre, a appris que sa famille a fait l'objet de menaces, une situation dont il n'était évidemment pas au courant.
Plus tôt dans le débat, le député de a dit que le député de était au courant depuis deux ans. Il a ensuite demandé si le député avait fait quoi que ce soit à cet égard. Comment aurait-il pu faire quelque chose?
Voici ce qui s'est passé. Une séance d'information générale a eu lieu. Le député de a dit que des dizaines de députés avaient assisté à de telles séances, ce qui montre bien le caractère général de la séance d'information.
Le député de a déclaré qu’à aucun moment il n’avait été informé que Wei Zhao les avait pris pour cible, lui et sa famille. De plus, soyons clairs, depuis que le gouvernement a été mis au courant de la situation, cet individu, Wei Zhao, n’a pas été expulsé du territoire canadien. Il était tout à fait libre de voyager un peu partout pays et de recueillir des informations qu’il pouvait utiliser contre le député et sa famille, et le gouvernement n’a absolument rien fait à ce sujet.
Il n’est pas difficile d’imaginer ce qu'être visé de la sorte peut représenter. Il ne s’agit pas d’une seule personne en particulier, car les Canadiens d’origine chinoise de tout le pays ont été victimes de cette situation. Leurs familles en République populaire de Chine en ont été victimes. Bien que le gouvernement soit au courant depuis deux ans, il n’a absolument rien fait. Les députés ont malgré tout le culot de prendre la parole aujourd’hui pour rejeter la faute sur le député de .
Il est très rare que les députés du Parti conservateur, du Bloc et du NPD s’entendent sur quoi que ce soit, mais il est tout à fait évident qu’aujourd’hui, nous sommes largement d’accord sur ce point. Il est sidérant pour nous tous, je crois, de penser que le gouvernement, le parti au pouvoir qui a été élu par des Canadiens, aussi regrettable que cela puisse paraître, n’est pas sur la même longueur d’onde lorsqu’il s’agit de défendre les Canadiens. Au contraire, il s’est présenté à la Chambre aujourd’hui avec une stratégie très claire consistant à semer le chaos et à rejeter la faute sur le député de .
La plupart d'entre nous allons probablement dévier dans nos interventions par rapport aux points de discussion, notes et discours avec lesquels nous sommes venus participer aux débats, à cause du ton donné par les deux secrétaires parlementaires, deux députés libéraux de l’équipe dirigeante libérale, qui sont entrés dans l’hémicycle avec une stratégie tout à fait délibérée. Ils ont présenté des excuses pour certaines choses, mais ils continuent à se lever pour tenir des propos du même acabit.
J’espère qu’à partir de maintenant, la teneur du débat va changer. Je souhaite que nous puissions tous nous unir, à la Chambre des Communes, et que nous nous montrions solidaires des Canadiens d’origine chinoise qui vivent dans toutes les régions de notre pays, et parmi lesquels se trouvent plusieurs députés de la Chambre ayant été ciblés par la dictature communiste de Pékin. Nous devons nous montrer solidaires d'eux, quelle que soit leur appartenance politique, et appuyer cette motion très importante.
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Monsieur le Président, je suis heureux d’avoir l’occasion de parler de cette question très sérieuse aujourd’hui, des menaces à la souveraineté et à la sécurité de notre pays bien-aimé que représente l’ingérence d’un pays étranger, en particulier l’ingérence provenant de Pékin. Il s’agit là de la principale menace pour la sécurité de notre pays à l’heure actuelle. L’ingérence d’un pays étranger vise à saper notre souveraineté en s'immisçant dans nos institutions et en les dominant par divers moyens, tant par la carotte que par le bâton.
Des gens de toutes origines ethnoculturelles peuvent être touchés par l’ingérence étrangère, mais les Canadiens qui sont membres d'une diaspora sont particulièrement vulnérables aux menaces des puissances étrangères s’ils ont des amis proches ou de la parenté vivant dans l’État qui cherche à les influencer ou les intimider. Nous devons être solidaires, soutenir toutes les victimes d’ingérence étrangère et mettre en œuvre les mesures efficaces qui sont nécessaires.
Le gouvernement a réagi très faiblement contre l’ingérence étrangère, c'est le moins qu'on puisse dire. Dans certains cas, des membres du gouvernement ont été complices. Je me souviens de la fois où John McCallum a déclaré publiquement que, selon lui, le parti libéral était meilleur pour ce qui est des relations avec la République populaire de Chine. Par conséquent, la Chine devait prendre ou ne pas prendre certaines mesures, selon leur utilité pour le Parti libéral, durant la période précédant les élections. Il s’agit là de propos explicites, publics de l’ancien ambassadeur du Canada en Chine et de l’ancien ministre de l’Immigration. Dans les faits, un grand nombre de discussions à ce sujet ont dû avoir lieu à huis clos, j’en suis sûr. Nous avons beaucoup entendu parler du sentiment de frustration de nos services de renseignement face à la faiblesse de la réaction du gouvernement.
Ce n’est pas un problème nouveau. Lorsque j’ai été élu pour la première fois, en 2015, j’ai commencé à discuter avec des membres de différentes communautés résidant dans diverses régions du pays, et l’ingérence étrangère, soutenue par des États, était le premier de leurs soucis. On ne parle pas que d’une communauté, mais de nombreuses communautés. Elles étaient très préoccupées par les menaces émanant de gouvernements étrangers au sein de leur communauté et par les atteintes à leur sécurité engendrées par ces menaces. Il s’agissait souvent de menaces contre des membres de la famille vivant dans d’autres pays.
Le problème de l’ingérence étrangère exige que nous changions notre conception des menaces pour la sécurité nationale. La nouvelle conception pourrait être décrite de toutes sortes de manières, mais à l'heure actuelle il serait à la fois honnête et éclairant de dire que les difficultés auxquelles le monde fait face résultent de ce que l'on peut qualifier de nouvelle guerre froide. Bien que le contexte soit différent à bien des égards, la réalité actuelle comporte de nombreuses similitudes avec la guerre froide. C’est sans enthousiasme que nous le constatons, mais en cette nouvelle ère de tensions et de conflits mondiaux, nous devons malheureusement être conscients de cette réalité.
Le monde compte désormais deux blocs bien distincts de pays engagés dans un conflit stratégique et idéologique, chacun ayant l’espoir de créer un monde qui tend vers son type de système politique. Chacun de ces blocs englobe divers degrés de non-alignement.
Si je devais décrire ces blocs, je dirais que nous avons, d’un côté, la communauté des démocraties libres qui croient à la liberté, aux droits de la personne, à la démocratie et à la primauté du droit, même si elles ne mettent pas toujours impeccablement ces principes en pratique. Le plus grand de ces pays est bien sûr les États-Unis, mais le Canada est un pays important dans cette communauté de démocraties libres, dont font partie d’autres pays situés sur différents continents dont les niveaux de revenus sont différents.
De l’autre côté, nous avons une communauté de puissances néo-impériales révisionnistes. Cette communauté de nations n’a pas la même clarté idéologique sur ses objectifs que le monde libre et démocratique, ni même que l’ancien bloc communiste, mais ce qui unit cette communauté néo-impériale révisionniste est son rejet collectif des idées fondamentales défendues par les démocraties libres. Le bloc révisionniste remet en question l’idée que la liberté, les droits de la personne, la démocratie et la primauté du droit sont essentiels pour les communautés politiques. Il rejette en particulier la primauté du droit international, l’idée que les États ne devraient pas pouvoir acquérir des territoires par les armes et sans le consentement des populations concernées.
Le parti communiste de Pékin est le principal acteur de ce bloc, mais celui-ci en comprend d’autres, notamment Moscou et Téhéran. Ces autres acteurs déploient bien sûr leur propre puissance et ont des objectifs distincts, mais ils ont en commun une antipathie envers la démocratie occidentale et s’opposent à l’idée que la primauté du droit international contraigne les puissances néo-impériales. En outre, ils collaborent de plus en plus. Entre ces deux blocs de nations, nous voyons réapparaître de nombreuses dynamiques de concurrence caractéristiques de la guerre froide.
J’aimerais me concentrer sur la question de l’ingérence étrangère, mais je voudrais dire entre parenthèses qu’un domaine clé de la concurrence de type guerre froide est celui du développement international et de l’engagement auprès des pays, plus largement, ceux du Sud de la planète. La triste réalité, en ce qui a trait à l’engagement occidental en Afrique, c’est que le souvenir de la colonisation occidentale est encore très vif, et que, de ce fait, la prétention des pays occidentaux selon laquelle ils incarnent la primauté du droit et le respect de la souveraineté nationale peut parfois sonner très creux.
C’est l’une des raisons pour lesquelles Pékin et Moscou ont réussi à renforcer leur influence en Afrique, mais ce n’est pas la seule. De nombreux pays africains sont confrontés à de graves problèmes qui exigent des solutions immédiates. De manière désespérée, ils répondent aux ouvertures de ceux qui proposent des solutions, même à court terme, dans des domaines tels que les infrastructures et la sécurité.
À plus long terme, les puissances néo-impériales ont également des visées impérialistes sur le Sud. En fait, elles utilisent la vieille boîte à outils impériale pour établir leur contrôle, mais ces considérations à long terme peuvent finir par s’effacer devant les besoins à court terme, en particulier lorsque les élites des pays du Sud sont également soumises à des opérations d’influence.
Dans ce contexte, l’engagement des pays occidentaux dans les pays du Sud doit s’intensifier et être centré sur la collaboration dans la recherche de solutions à des problèmes concrets qui ont du sens pour les pays africains et d’autres pays du Sud. Pour donner plus de poids à la liberté et à la démocratie dans le monde d’aujourd’hui, nous devons gagner les cœurs et les esprits des pays intermédiaires, qui sont en train de décider s'ils doivent s’aligner sur la communauté des pays libres ou sur celle des pays néo-impériaux révisionnistes.
Nos efforts pour amener vers nous les États clés dans le contexte de cette nouvelle guerre froide doivent passer par l’établissement de relations substantielles et mutuellement bénéfiques, fondées sur une compréhension mutuelle. Ces relations doivent reposer sur la volonté de démontrer concrètement un engagement en faveur de la liberté, de la démocratie, des droits de la personne et de la primauté du droit. Cette stratégie fera de nous des amis, sinon de tous les gouvernements du monde, au moins des gens ordinaires de tous les pays.
Cependant, en ce qui concerne l’ingérence étrangère ici, au Canada, les opérations d’influence idéologique ont toujours été utilisées dans la guerre. Mais elles ont pris de l’ampleur pendant la guerre froide et encore davantage depuis. Pendant la guerre froide, les pays qui cherchaient à mettre en avant certaines idées tentaient de convaincre des gens ailleurs d’y adhérer, puis d’aider à promouvoir ces idéaux.
Aujourd’hui, la concurrence idéologique et la dynamique des opérations d’influence sont différentes en raison de l’absence de clarté idéologique au sein du bloc néo-impérial révisionniste. Ces opérations d'influence sont devenues à la fois plus complexes et plus brutales. Elles sont plus complexes en ceci qu’elles utilisent différents arguments, parfois contradictoires, pour atteindre leurs objectifs stratégiques. Elles sont, toutefois, plus brutales aussi en ceci que, à défaut d'une idéologie unificatrice, les puissances néo-impériales révisionnistes recourent bien plus souvent, et avec succès, à la corruption et aux menaces qu’à la persuasion.
Nous voyons la réalité dans ce nouveau contexte mondial. Les opérations d’ingérence étrangère, qui se multiplient ici, au Canada, pour servir les desseins de pouvoirs néo-autoritaires révisionnistes, ne sont pas limitées sur le plan géographique. Elles ne se limitent pas à ce qu’on appelle leur seule périphérie. En fait, le caractère exhaustif des opérations d’influence menées au Canada montre bien que la menace pour les démocraties libres est directe et bien réelle.
Il est donc essentiel pour le Canada de ne pas faire l’autruche et de ne pas prétendre que ces réalités n’existent pas. Il faut une réponse globale et raisonnée à cette nouvelle réalité qui comprenne des dépenses militaires, un engagement renforcé dans l’hémisphère Sud et, surtout, un plan détaillé pour lutter contre l’ingérence étrangère soutenue par des États ici même, en sol canadien.
Notre motion propose des outils concrets pour le faire, notamment la création d’un registre des agents étrangers, comme aux États-Unis et en Australie; la mise sur pied d’une commission d’enquête publique nationale sur les opérations d’ingérence étrangère dans le processus électoral; la fermeture des postes de police établis au Canada par la République populaire de Chine; et l’expulsion de tous les diplomates étrangers, notamment ceux de la République populaire de Chine, responsables et acteurs de ces affronts à la démocratie canadienne.
Ce problème ne date pas d’hier, mais depuis qu’il fait l’objet d’un débat public, le gouvernement n’a, à notre connaissance, pris aucune mesure pour expulser des diplomates étrangers impliqués dans ces opérations. Nous connaissons les noms. Dans le cas des menaces contre le député de , nous connaissons le nom de la personne qui a participé à cette ingérence.
La a comparu aujourd’hui devant le comité des affaires étrangères. On lui a demandé pourquoi elle n’avait pas expulsé le diplomate. Pour l’essentiel, elle a répondu qu’elle étudiait et examinait encore la question. Elle a ajouté qu’ils devaient envisager d’éventuelles représailles. Cela signifie que le gouvernement est prudent ou qu'il hésite à demander des comptes aux diplomates étrangers qui menacent les Canadiens parce qu’il craint des représailles. Le fait de penser cela, de dire cela et d’être à la traîne dans sa réponse témoigne d’une grande faiblesse et accroît notre vulnérabilité.
Le gouvernement n’a pas agi. Il n’a pas informé les victimes, pas seulement le député de , mais aussi d’autres personnes. Il n’a pas créé les systèmes permettant aux victimes d’obtenir le soutien dont elles ont besoin. Il n’a pas expulsé les diplomates. Il n’a pas établi les cadres juridiques dont nous avons besoin pour protéger les victimes de cette pratique.
On peut donc se demander pourquoi. Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas agi? Je pense qu’il y a trois explications possibles. La première est la naïveté. Il ne sait tout simplement pas. Une autre est l’infiltration. Le gouvernement est compromis, ce qui l’empêche de répondre réellement à un problème. La troisième est une faiblesse philosophique qui l’empêche de faire face aux menaces autoritaires auxquelles nous sommes confrontés dans cette nouvelle guerre froide qui se dessine.
La naïveté aurait pu expliquer une grande partie du temps d’attente, mais il est trop tard pour plaider la naïveté. Il est trop tard pour dire que l’on ne savait pas. « Vous pouvez choisir de détourner le regard, mais vous ne pourrez plus jamais dire que vous ne saviez pas », comme l’a dit Wilberforce, parce que les faits sont maintenant connus. Le gouvernement a été trop naïf pendant trop longtemps, mais il est trop tard pour qu’il puisse prétendre à la naïveté. Il sait maintenant qu’il savait il y a deux ans, dans le cas du député de , et qu’il n’a pas agi.
Nous savons qu’il y a eu des problèmes d’infiltration, mais il y a aussi une profonde faiblesse philosophique, une réticence à projeter le type de force nécessaire pour faire face aux menaces auxquelles nous sommes confrontés dans le monde d’aujourd’hui. Le gouvernement refuse de prendre les mesures qu’il sait nécessaires en s’opposant à la République populaire de Chine, en expulsant des diplomates, en expulsant ceux qui sont impliqués dans l’ingérence étrangère et en prenant les mesures qui s’imposent. Le gouvernement doit agir, ou le gouvernement doit changer.
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Monsieur le Président, le débat a été intéressant jusqu’à présent. J’espère pouvoir y contribuer de manière relativement constructive. C’est du moins mon intention initiale.
Je réfléchis à ce que la députée néo-démocrate a dit au sujet des répercussions de la situation sur une communauté en particulier. Reconnaître que l’ingérence étrangère prend toutes sortes de formes différentes et qu'elle émane de toutes sortes de pays, ce serait un bon point de départ. Elle n'est pas le fait d’un seul pays. C'est important que nous en soyons conscients pour la suite du débat aujourd’hui.
C'est également important de reconnaître que le Canada n’est pas seul. Ce n’est pas comme s'il était la seule démocratie au monde à être considérée comme un pays vulnérable à l’ingérence étrangère. On peut parler des États‑Unis, de l’Australie et de la France. On peut parler d’autres démocraties que d'autres pays cherchent aussi à prendre pour cible, de différentes manières. Il s’agit d'attaques intentionnelles qui visent à porter atteinte aux choses que les Canadiens ont tellement à cœur: notre démocratie, nos libertés. Ce sont des choses qui sont importantes pour les Canadiens et pour tous les députés. En fin de compte, il est important de reconnaître ces deux faits.
L’autre chose vraiment importante que nous devons tous reconnaître, c’est que les députés ont été ciblés de manière très concrète. Cela dit, il n'est pas seulement question de députés fédéraux, mais aussi de députés qui siègent aux assemblées législatives de tout le Canada, de conseillers municipaux et d’autres personnes. Un rapport du SCRS donne quelques chiffres pour 2022: il y a eu des menaces à l’encontre de 49 députés fédéraux, 26 menaces à l'échelle provinciale — je ne peux pas affirmer avec certitude qu’elles visaient des députés provinciaux, mais je suis presque sûr que c'était le cas — et des menaces à l’encontre de 17 conseillers municipaux. Ce sont les affaires dont le SCRS s'est occupé. Lorsque quelqu'un, et a fortiori des dizaines d’élus, est rendu vulnérable, manipulé ou menacé de quelque manière que ce soit, nous sommes tous concernés.
Au cours de ma carrière politique, il m’est arrivé une ou deux fois de voir ma vie menacée. J’aime à penser que, tous autant que nous sommes — ministres, premier ministre, chefs de parti politique ou qui que ce soit d'autre à la Chambre —, nous faisons cause commune avec le député pour défendre son droit de représenter les électeurs auxquels il a été assigné dans à l'issue du processus électoral.
Des mécanismes sont en place. Quand des députés du Nouveau Parti démocratique prennent la parole pour dire qu'il faut se calmer et rendre la question moins politique, il existe des mécanismes qui permettent de le faire. Ce n'est pas le parti au pouvoir qui soulève les questions. À bien des égards, le parti au pouvoir a été à l'écoute et a même été victime de graves agressions verbales sur cette question. Il suffit de regarder les périodes de questions du début de la semaine.
Toutefois, le gouvernement continue de respecter le travail effectué par le SCRS. Je crois qu'il est important de reconnaître le rôle que joue le SCRS. Lorsque nous entrons dans les détails, il s'agit de savoir si nous faisons confiance au SCRS. Le gouvernement du Canada lui fait confiance. C'est pourquoi des gens, que ce soit le , la ministre responsable ou d'autres personnes, ont réfléchi autant que possible à ce qu'ils ont appris grâce au SCRS, dans les limites de l'information qu'ils ont reçue de l'organisme.
À mon avis, quand le a dit qu'il avait été mis au courant de la situation lundi, ce sont les allégations, le chahut et les paroles qui ont été prononcées, principalement par le Parti conservateur, qui ont politisé la question.
Une voix: Oh, oh!
M. Kevin Lamoureux: Alors qu'ils continuent à chahuter, ils peuvent vérifier.
Le gouvernement a été extrêmement clair: une attaque contre un député, peu importe sa forme, est une attaque contre tous les députés. Quand le a été mis au courant de la situation en début de semaine, il a veillé à ce que le SCRS rencontre le député en question, comme avec les 49 autres députés en 2022. Je n'en connais pas le contenu, mais je crois comprendre que plusieurs députés ont reçu une séance d'information générale du SCRS.
Une voix: Oh, oh!
M. Kevin Lamoureux: Le député qui chahute en ce moment ne connaît pas le contenu de ces séances d'information, tout comme je ne le connais pas. Le député devrait admettre qu'il ne le connaît pas non plus.
C'est lundi que le a pris connaissance du problème et il a immédiatement pris des mesures. Si nous voulons commencer à dépolitiser ce dossier, conformément aux souhaits de certains députés, nous devons examiner ce qu'il en est.
Les conservateurs appuient-ils le SCRS? Mettons en perspective le travail effectué par le SCRS. Je vais lire un extrait du rapport du SCRS. Il est écrit:
Dans un monde de plus en plus dangereux et polarisé, de multiples menaces pèsent sur la sécurité, la souveraineté, les intérêts nationaux et les valeurs du Canada. Le SCRS est résolu à protéger le Canada et la population canadienne contre toutes les menaces pour la sécurité nationale.
Dans ce but, le SCRS enquête sur les activités qui répondent à la définition de « menaces envers la sécurité du Canada » énoncée dans la Loi sur le SCRS. Plus précisément, le SCRS est autorisé à enquêter sur l’espionnage et le sabotage, l’ingérence étrangère, le terrorisme et l’extrémisme, ainsi que la subversion. Fait important, il lui est interdit d’enquêter sur les activités licites de défense d’une cause, de protestation ou de manifestation d’un désaccord — à moins qu’elles aient un lien avec des activités qui constituent des menaces envers la sécurité du Canada.
C'est sur ce point que je veux vraiment insister pour que les députés aient une idée des rapports qui sont présentés de l'importance d'appliquer un protocole. Selon le rapport, le SCRS: « Dans l’exercice de son mandat, le SCRS fait rapport sur ces menaces et conseille le gouvernement du Canada, notamment en produisant des évaluations et des rapports de renseignements », comme celui dont je parle en ce moment. Le SCRS a produit plus de 2 500 rapports de renseignement. C'est, à mon avis, l'une des raisons pour lesquelles il lui incombe de repérer les problèmes qu'il convient de signaler officiellement. Il a une responsabilité envers tous les députés. Si ses équipes estiment que la sécurité de quelqu'un est en jeu ou qu'un député doit être avisé de quelque chose, elles peuvent l'en informer. Je n'ai jamais assisté à ce genre de séances d'information. C'est peut-être quelque chose que le SCRS devrait faire systématiquement pour tous les députés. Je pense que ce pourrait être utile.
Chaque député peut s'adresser au SCRS, qui déterminera quels renseignements il est prêt à révéler, que ce soit à lui ou à quelqu'un de plus haut placé. Comme les autres députés, nous venons seulement d'être mis au fait de l'affaire concernant le député en question. Le a depuis fait savoir que tous les cas, et je suppose que cela inclut les 49 dont le SCRS s'est occupé en 2022, devraient être portés à l'attention de son cabinet. Pour moi, c'est une action concrète, tout comme le fait que la ait demandé à l'ambassadeur de se présenter devant le gouvernement.
Les conservateurs répètent constamment qu'il faut expulser le diplomate, alors qu'ils ne connaissent même pas les faits qui sont en cause. Pourtant, ils estiment qu'ils peuvent agir comme juges, parties et tout le reste. Ils ont tiré une conclusion. C'est peut-être la bonne, sauf que je ne connais pas les faits. Comment les députés de l'opposition pourraient-ils connaître les faits? Savent-ils quelque chose que nous ignorons? Ils devraient peut-être faire preuve d'un peu plus de transparence. S'ils savent quelque chose, ils devraient nous en faire part. Tout ce qu'ils disent, c'est qu'il faut se débarrasser du diplomate. C'est peut-être ce qui finira par arriver, mais je pense qu'il faut faire confiance au SCRS en laissant le processus suivre son cours.
Constatons que le gouvernement a fait preuve d'initiative sur la question de l'ingérence politique. À l'époque de Stephen Harper — pas toute, mais une bonne partie —, je siégeais dans l'opposition. Qu'a fait Stephen Harper? Je vais présenter aux députés quelques-unes des mesures que le gouvernement du Canada a prises depuis que nous sommes au pouvoir. Nous avons créé le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement. Lorsque nous étions dans l'opposition, nous avons demandé au premier ministre Harper, nous l'en avons pratiquement supplié, de créer ce comité. C’était là l’une de nos principales demandes.
Peu après notre élection, nous avons créé ce comité. Les conservateurs ont même protesté pendant un certain temps. Pendant environ un an, ils n’ont même pas voulu participer au comité. Quel est le rôle de ce comité? Il s’occuperait des questions dont nous parlons aujourd’hui. Le comité pourrait en fait demander au SCRS de se présenter devant lui et l’obliger à communiquer l’information. Les membres de ce comité sont des conservateurs, des bloquistes, des libéraux, des néo-démocrates, je crois, et des sénateurs. C’est une chose que nous avons mise en place peu après les élections.
Que dire de l’Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement? Là encore, on parle d'une organisation créée pour veiller à ce qu'il y ait un processus d’examen adéquat pour protéger l’intégrité et la sécurité de nos libertés et de notre démocratie? C'est une initiative importante du gouvernement. Nous avons mis en place un protocole public en cas d’incident électoral majeur, avec de hauts fonctionnaires, de sorte que si quelque chose se produit pendant des élections, comme une ingérence étrangère, des mesures concrètes seront prises par l'intermédiaire du groupe qui s’occupe de la sécurité, du renseignement et des menaces pendant les élections.
Nous avons mis en place un mécanisme de réaction rapide pour le partage de renseignements avec nos partenaires du G7. Le Canada ayant réalisé des progrès importants, une grande partie des connaissances acquises à ce jour est désormais partagée avec nos pays alliés.
Ce sont là quelques-unes des initiatives que le gouvernement a prises, parce que nous prenons la question au sérieux. Comparons avec Stephen Harper.
Une voix: Oh, c’est le fantôme de Harper.
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Monsieur le Président, il faut admettre que c’est plutôt mignon. Je dis qu’ils ont leurs notes et que la responsabilité leur a été confiée de les lire. J’y fais référence, et ils commencent tous à agiter leur feuille de papier. Ils ont tous le même extrait. Je pense avoir vu trois paragraphes sur chaque feuille. On leur a donné des instructions.
En fin de compte, soyons réalistes. J’ai essayé d’expliquer exactement ce que le parti conservateur a fait, et il n’est pas difficile de l’imaginer. Lorsque les conservateurs étaient au pouvoir, ils n’ont rien fait.
J’ai donné une longue liste de ce que nous avons accompli. Je sais que nous pourrions faire plus de choses. C’est la raison pour laquelle nous avons nommé l’ancien gouverneur général, M. Johnston, comme rapporteur spécial. Cela pourrait mener au bout du compte à une enquête publique. Le a été très clair à ce sujet. Si M. Johnston nous dit qu’une enquête publique est nécessaire, c’est ce qui se passera. Cependant, nous espérons qu’il y aura un certain nombre d'options, et cela pourrait en faire partie.
Les conservateurs parlent du registre, et je tiens à dire que celui-ci est déjà en cours d’élaboration. Nous avons un ministre qui est prêt à ce que son ministère reçoive la rétroaction afin que nous puissions nous assurer que nous créons un registre efficace.
Non seulement nous avons accompli des choses au cours des dernières années, mais nous sommes également impatients de continuer à protéger la démocratie et les droits au Canada et de faire en sorte d'avoir un processus en place pour protéger tant les députés que l'ensemble des citoyens canadiens. Il n’est pas nécessaire que ce soit un député; il peut s’agir d’un citoyen canadien.
Il n’y a pas si longtemps, j’ai rencontré des électeurs qui craignaient d’être pris en photo avec moi. Ils ne pouvaient pas se permettre de la voir publiée sous quelque forme que ce soit sur les médias sociaux en raison des répercussions possibles dans un autre pays. Je n’ai pas besoin qu’on me dise à quel point c’est réel. Je défendrai les droits de tous les députés sur cette question. Personne ne devrait faire l'objet d'intimidation.
Je suis fier de faire partie d’un gouvernement qui le reconnaît et qui a pris des mesures tangibles à ce sujet par le passé et qui continue à le faire aujourd’hui. À l’avenir, nous continuerons à bâtir un système plus fort et plus sain afin que les Canadiens se sentent à l’aise et qu'ils sachent que nous avons une démocratie qui fonctionne pour tous les Canadiens. Nous continuerons à soutenir le SCRS.
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Monsieur le Président, c’est toujours un plaisir de prendre la parole au nom des habitants de Kamloops—Thompson—Cariboo. C’est aussi toujours un plaisir et un honneur de prendre la parole à la Chambre, bien qu’aujourd’hui je sois consterné de devoir faire ce discours.
De toute évidence, les gens de ce côté-ci de la Chambre sont très en colère. Nous sommes furieux de ce que nous avons appris sur le député de et de ce qu’il a vécu. Comme beaucoup d’autres l’ont dit, je suis solidaire avec lui. Nous sommes solidaires avec lui. Je m’engage à être solidaire avec tous les députés, quel que soit leur parti, s’ils subissent le même sort, même s’il s’agit du secrétaire parlementaire de Winnipeg ou du secrétaire parlementaire de Kingston et les Îles, qui ont aujourd'hui, avec tout le respect que je leur dois, minimisé ce que le député a vécu.
Je voudrais reprendre là où le député de s'est arrêté. Il a dit que le prenait la question au sérieux. Penchons-nous un peu sur cette question. Je n’avais pas l’intention de m’engager dans cette voie, mais puisqu’il a ouvert la porte, entrons dans le vif du sujet.
Selon le député, le prend la question au sérieux. Je sais que c'est aussi le cas des conservateurs. D'ailleurs, je prends la question tellement au sérieux que je partagerai mon temps de parole avec le député de , qui, j’en suis sûr, prend la question tout aussi au sérieux.
Comme le député vient de le dire, le prend la chose au sérieux. Pourquoi alors n’a-t-il rien fait jusqu’à ce qu’un article paraisse dans le Globe and Mail? Est-ce là l’action d’un premier ministre qui prend la chose au sérieux, qui attend qu'il y ait une fuite, qui attend que Bob Fife rédige un article? C’est ce qui a poussé le gouvernement à agir, et c’est un gouvernement qui prend la chose au sérieux.
J'espère qu'on me pardonnera d'être incrédule et de remettre en question ce que je qualifierais d’affirmation douteuse en m’appuyant sur le fait que le gouvernement n’a pris la situation au sérieux que lorsqu’elle a été mise au jour. C’est un gouvernement qui était censé être transparent par défaut. Il ne savait rien et n’a rien fait jusqu’à ce qu’une fuite soit publiée dans un journal, ce qui est inacceptable, et il a ensuite attendu des semaines et des semaines. Le gouvernement a reporté l’affaire pendant des semaines.
Les libéraux pourraient se demander pourquoi je crie. Je crie parce que nous devrions tous être en colère. Nous devrions tous être en colère à cause de ce que la députée de a dit dans son discours. Nous devrions tous être en colère contre ce que vit le député de . Nous devrions tous être en colère que cette affaire ait été révélée par une simple fuite. Il ne s’agit pas d’une démarche proactive, ni de transparence par défaut, mais d’une politique intéressée, tout le contraire de ce qu'on nous avait promis.
Dans ses observations, le député de a lu un document ou une publication quelconque de 2013 pour souligner ce que les conservateurs n’avaient pas fait. Si la question était si importante pour les libéraux, pourquoi ont-ils attendu jusqu’en 2023 pour agir? S’ils vont claironner ce que nous n’avons pas fait en 2013 — et je ne me souviens pas qu’un député de la Chambre ait été menacé de la même manière —, si cette question revêtait une si grande importance, pourquoi n’ont-ils pas agi entre 2015 et 2023?
Kenny Chiu a perdu son siège. Nous avons tous travaillé très fort pour en arriver là. Nous avons tous renoncé à passer du temps avec nos familles. Le député de a servi son pays pendant 23 ans à la Chambre. Je ne peux imaginer les sacrifices qu’il a faits. Nous avons tous fait des sacrifices pour être ici, parce que nous y croyons, et pourtant ce n’est pas honoré. Kenny Chiu, quelqu’un qui a fait des sacrifices pour siéger à la Chambre au tapis vert, a probablement perdu son siège, comme d’autres, en raison d’ingérence dans le processus électoral, et le gouvernement n’en a pas tenu compte jusqu’à ce qu’il y ait une fuite. Les libéraux étaient prêts à fermer les yeux jusqu’à ce qu’une fuite se produise, mais nous sommes censés croire que le gouvernement prend l’ingérence électorale au sérieux.
Je reprends ce qu'a dit mon collègue du Parti vert. Quand en aurons-nous assez? Quand aurons-nous droit à une enquête? Quand et à partir de quel seuil? Faut-il qu’un autre député — ou même trois — soit la cible d’intimidation? Faudra-t-il que ce soit un député libéral? Faut-il qu’il y ait des conséquences réelles? Je le dis en tant que personne qui a dû faire appel à la justice en raison du comportement de certains individus à mon égard dans le contexte d'un emploi antérieur et de mon poste actuel. Quand en aurons-nous assez?
Si nous voulons parler des anciens libéraux, je crois que c’est Jean Chrétien qui a dit que seules 10 ou 15 circonscriptions étaient touchées, que ce n’était pas grave. Si, c’est grave, car des gens ont risqué leur vie pour siéger à la Chambre. Ils ont abandonné et sacrifié tant de choses pour être ici. Si une seule personne ne peut siéger à la Chambre parce que quelqu’un l’en a empêché, c’est inacceptable, et je me joindrai à mes collègues libéraux, verts, bloquistes, néo-démocrates et conservateurs pour le dire.
J’ai abordé ce sujet très brièvement, mais je tiens à saluer à nouveau la députée de pour son discours très émouvant sur le racisme. J’ai parlé de solidarité ici. C’est un sujet sur lequel nous devons également être solidaires. Je suis un Canadien de première génération, issu d’une famille qui a vécu le fascisme en Italie. Nous devons tous être solidaires.
Quand je suis arrivé ici, on m’a dit qu’il y avait de la partisanerie et que nous allions tous nous renvoyer la balle dans la Chambre. En tant qu’avocat, je le comprends, car cela se produit également au tribunal. Cependant, en fin de compte, lorsque quelqu’un a besoin de quelque chose, nous serons tous là. C’est le moment pour nous tous d’être là.
Qu’avons-nous vu? Nous avons vu un manque d’action. La motion des conservateurs parle d’elle-même. Quelles ont été les conséquences d’un événement dont le gouvernement ne nie même pas qu'il s'est produit? Il ne nie même pas que le député de est passé par là. Où sont les conséquences? Je crois savoir que la a comparu devant le comité ce matin. Je n’ai pas eu de renseignements complets sur ce qu’elle a dit ni examiné ses remarques, mais j’ai vraiment hâte d’entendre ce qu’elle a à dire, notre plus haute diplomate, sur les raisons pour lesquelles rien ne s’est passé.
Je voudrais aborder certains des arguments fallacieux et ridicules qui ont été avancés, notamment par le député de , qui a déclaré: « Le député de Wellington—Halton Hills est au courant de la situation depuis deux ans. Il y a lieu de se demander si le député en question en a parlé à la députée de Calgary Midnapore ou à un autre membre du caucus conservateur. En a-t-il fait mention à la Chambre? A-t-il pris des mesures en réaction à cette situation? »
En tout respect, il ne revenait pas au député de de faire quoi que ce soit. C'est au gouvernement et à la Chambre qu'il incombe d’agir. En fait, j’accorderai au député mes 30 dernières secondes s’il est prêt à présenter ses excuses pour ces commentaires. Il n’a pas l’air disposé à le faire. Ces propos sont honteux. Il est absolument honteux de dire que le député de aurait dû faire quelque chose.
On a aussi fait valoir que 49 personnes avaient été informées. Quel argument épouvantable. Si 49 personnes ont été informées, alors le député de aurait dû être au courant, lui aussi, peu importe ce que l'on entend par là. C’est un très mauvais argument.
On s’est aussi défendu en jetant le blâme sur Stephen Harper. C’est l’un de mes arguments favoris. Suivant ce raisonnement, nous pourrions revenir en arrière et demander à tous les premiers ministres, libéraux comme conservateurs, pourquoi ils n’ont pas fait ce que nous faisons aujourd’hui à la Chambre. Les choses évoluent. Je ne me rappelle pas que l’on ait rencontré ce genre de problème du temps du premier ministre Harper.
Enfin, on prétend aussi qu’il n’est pas nécessaire de lancer une enquête. Encore une fois, je reviens au député qui a demandé: « Quand en aurons-nous assez? ».
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Monsieur le Président, certains des points que j’allais soulever dans mon discours viennent d’être abordés par le député de Kamloops.
En ce qui concerne le débat que nous venons d’avoir, le fait est qu’au cours du débat de ce matin, les députés de , de et de ont tous fait allusion au fait que c’est le député de qui était au courant et n’a rien fait. Il s’agit là d’une forme d’abus à l’égard des victimes. C’est inacceptable dans cette enceinte, et je suis désolé de voir des membres du gouvernement, des secrétaires parlementaires, élaborer un récit pour discréditer un député de cette Chambre. Cela doit cesser, et ils doivent s’excuser aujourd’hui.
Le gouvernement est sur la défensive. Il est sur la défensive pour une très bonne raison. Cela remonte au rapport de 2020 du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement couvrant leurs actions en 2019. Le chapitre 2 de ce rapport, qui porte sur la réponse du gouvernement à l’ingérence étrangère, est particulièrement intéressant. Il note, je le précise, que les alliés du Canada ont retenu l’ingérence comme une menace importante et ont mis en place diverses contre-mesures. On peut y lire que « [l’ingérence étrangère] attire peu d'attention des médias et du milieu universitaire, et ne fait pas partie du discours public général au Canada ».
Les choses ont changé depuis 2020. Dans le cadre de son examen des activités d'ingérence étrangère, ce comité non partisan, qui ne produit un rapport que si tous les membres du comité l'approuvent, a formulé un certain nombre de conclusions. Je les cite:
C8. Certains états étrangers mènent des activités d'ingérence étrangère complexes et omniprésentes contre le Canada. Ces activités représentent un risque considérable pour la sécurité nationale, principalement en nuisant aux institutions fondamentales du Canada et en compromettant les droits et les libertés des Canadiens. (Paragraphes 136 à 175)
C9. Le SCRS a mené de façon constante des enquêtes et fournit des conseils au gouvernement sur l'ingérence étrangère. (Paragraphes 195 à 201)
C10. Tout au long de la période à l'examen, la coordination et la collaboration interministérielles relatives à l'ingérence étrangère étaient ponctuelles et selon le cas. L'absence d'une approche globale visant à prendre en compte les risques pertinents, les outils appropriés et les répercussions possibles des réponses aux comportements des états limite la capacité du Canada à agir sur l'ingérence étrangère. (Paragraphes 219 à 227 et 280 à 285)
C11. L'ingérence étrangère a dans le passé moins suscité l'attention au Canada que d'autres menaces pour la sécurité nationale. Cette tendance commence à changer en raison du tout nouveau centre d'intérêt du gouvernement sur les « activités des états hostiles ». Néanmoins, l'approche de l'appareil de la sécurité et du renseignement pour répondre à la menace comprend encore un certain nombre de conditions:
Il existe d'importantes différences dans la façon dont les différentes organisations de la sécurité et du renseignement interprètent la gravité et la prévalence de la menace, et établissent l'ordre de priorité de leurs ressources. (Paragraphes 276 à 279)
Lorsque le gouvernement détermine les mesures qu'il emploierait pour régler les cas d'ingérence étrangère, il adopte des réponses qui s'attaquent à des activités précises et non pas à des tendances dans les comportements [...]
C12. La mobilisation du gouvernement en matière d'ingérence étrangère est limitée.
À l'exception des activités de liaison du SCRS, les échanges du gouvernement avec les paliers infranationaux et la société civile au sujet de l'ingérence étrangère sont minimes. (Paragraphes 256 à 267)
L'engagement est limité en partie par le manque de personnes détenant une cote de sécurité adéquate à l'échelle infranationale. (Paragraphe 261)
Il n'existe aucune stratégie publique sur l'ingérence ou de rapport public comme ceux sur le terrorisme et la cybersécurité. (Paragraphes 289 à 291)
Je pourrais continuer longtemps, mais mon temps de parole est limité. Le comité a formulé un certain nombre de recommandations quant aux mesures que le gouvernement pourrait prendre pour lutter contre l'ingérence étrangère, et pourtant aucune d'entre elles n'a été appliquée à ce jour. On n'a toujours pas présenté le moindre registre sur les agents étrangers à la Chambre, et le gouvernement n'a toujours pas pris de mesures concrètes. S'il passe maintenant à l'action, c'est strictement en raison de l'article de Robert Fife dans le Globe and Mail.
Voici la cinquième recommandation du rapport du comité:
R5. Le gouvernement du Canada élabore une stratégie exhaustive pour lutter contre l'ingérence étrangère et renforcer la résilience des institutions et de la population. Basée sur l'examen et les conclusions du Comité, la stratégie devrait:
a. définir les risques et les préjudices à court et à long terme pour les institutions et les droits et libertés des Canadiens que fait peser la menace de l'ingérence étrangère;
b. examiner et prendre en main la vaste étendue des vulnérabilités institutionnelles auxquelles s'attaquent les états étrangers hostiles, y compris les champs ne faisant expressément pas partie de I'examen du Comité;
c. évaluer la validité des lois en vigueur liées à l'ingérence étrangère, comme la Loi sur la protection de I'information et la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité, et permettre la proposition de modifications au besoin;
d. élaborer des mécanismes opérationnels et stratégiques pratiques et pangouvernementaux pour cerner les activités des états hostiles et y réagir;
e. mettre en place des mécanismes réguliers de collaboration avec les paliers infranationaux du gouvernement et les organismes d'application de la loi, y compris fournir les cotes de sécurité nécessaires;
f. comprendre une approche à l'intention des ministres et des hauts dirigeants afin qu'ils nouent le dialogue avec les institutions fondamentales et Ia population;
g. orienter la coopération avec les alliés au sujet de I'ingérence étrangère.
La recommandation suivante propose que le gouvernement du Canada « appuie cette stratégie exhaustive grâce à une direction et une coordination centrales durables » et un examen législatif.
En conclusion, je signale que le gouvernement n'a donné suite à aucun des éléments énoncés dans le rapport de 2020. Si nous sommes ici aujourd'hui et si le Parti conservateur a présenté la motion à l'étude, c'est dans le seul but d'établir un registre des agents étrangers, de tenir une enquête publique nationale et de fermer les bureaux de police de la République populaire de Chine au Canada.
Qu'en est-il de notre souveraineté? Je lance un cri du cœur.