(i) la Century Initiative vise à augmenter la population canadienne à 100 millions d’habitants d’ici 2100,
(ii) les nouveaux objectifs d’accueil du gouvernement fédéral correspondent aux objectifs de la Century initiative,
(iii) tripler la population du Canada a des impacts réels sur l’avenir de la langue française, le poids politique du Québec, la place des Premiers peuples, l’accès au logement, les infrastructures de santé et d’éducation,
(iv) ces impacts n’ont pas été pris en compte dans l’élaboration de la Century Initiative et que le Québec n’a pas été considéré,
la Chambre rejette les objectifs de la Century Initiative et demande au gouvernement de ne pas s’en inspirer pour développer ses seuils d’immigration à venir.
— Monsieur le Président, il était une fois McKinsey et une patente qu'on appela Century Initiative. Malgré ma relativement faible propension à parler anglais dans mes fonctions officielles, je pense qu'il faut appeler les choses par leur nom. Une initiative qui a pour effet de saborder le français à long terme au Québec et au Canada ne peut porter un nom ni français ni traduisible. Cela s'appelle donc Century Initiative, et non pas cette espèce de slogan fumeux: « Initiative du Siècle ».
C'est une vision de l'économie au service du capital, une vision du travail des gens au service de l'économie, alors qu'au Bloc québécois, nous avons plutôt tendance à croire que ce devrait être le contraire, c'est-à-dire l'économie au service des gens.
On parle de faire augmenter la population du Canada, si tant est qu'il survive sous cette forme jusque-là, à 100 millions d'habitants à la fin du siècle. La vérité est que c'est une lubie, un slogan. C'est une calembredaine de futurologie dont le vrai motif est immédiat.
On prétend vouloir faire du Canada une force mondiale. Quelle est la grande richesse du Canada? Il y a bien sûr des cerveaux, des institutions et la démocratie, mais il y a des ressources naturelles: le pétrole, dont certains s'obstinent à demeurer dépendants; les forêts, qui en demeurent l'enfant pauvre; les mines, qui pourraient permettre au Québec d'être un meneur en matière d'électrification des transports, qu'on veut déplacer en Ontario en utilisant l'énergie polluante du gaz naturel de l'Ouest canadien; et l'eau — on y arrivera tôt ou tard.
Maintenant, on ajoute à cela la main-d'œuvre à bon marché, le déséquilibre du marché du travail. C'est là où s'inscrit la lutte pour la représentation collective à laquelle on donne de plus en plus mauvaise presse, la lutte pour les syndicats et le syndicalisme qu'on démonise facilement. Un gouvernement pro-briseurs de grève qui nie la nécessité d'interdire les briseurs de grève avec l'appui du NPD, lequel se dit proche des syndicats, c'est la preuve que ce n'est pas un gouvernement pro-travailleurs.
Je m'explique mal d'ailleurs que le mouvement syndical puisse encore se reconnaître dans un qui disait hier à répétition qu'il avait parlé aux entreprises ou dans un NPD qui soutient le grand capital contre les travailleurs. C'est comme faire confiance à ce gouvernement pour protéger les emplois dans le secteur forestier. On n'y croit pas.
McKinsey a une terrible réputation en matière de ressources humaines. On n'a pas besoin de se rendre à la fin du livre When McKinsey Comes to Town pour se rendre compte que cela devient répétitif. Ce sont les mêmes manœuvres: casser les travailleurs, ratatiner les conditions de travail.
La Century Initiative, c'est une vision qui a aveuglément — ou avec complaisance — été adoptée par Ottawa avec, de surcroit, une sous-traitance de certains services en immigration, et entre un préjugé hostile ou l'indifférence à une volonté normale du Québec de faire, au moins à certains égards, son propre chemin dans le Canada, ou pas.
M. Barton a reconnu en comité, à une question que je lui ai posée, qu'il n'avait pas du tout tenu compte du Québec dans le développement de la Century Initiative. Pour eux, passivement ou activement, le Québec était condamné à être une communauté descendante d'une immigration simplement plus lointaine dans la mosaïque anglicisée du Canada.
Au moins, M. Dominic Barton a admis, dans son témoignage, qu'eux formulaient des recommandations et que seul le premier ministre était responsable du choix de la mise en œuvre d'une politique dont l'effet connu — donc faisant au moins à certains égards partie de l'intention — était une menace directe à la pérennité d'un peuple québécois.
L'immigration a de grandes vertus. Est-ce que les enjeux de main-d'oeuvre en sont? Certainement, sous réserve de la manière dont nous traitons les gens qui choisissent de venir faire leur vie au Canada ou au Québec. Est-ce la solution à la pénurie de main-d'œuvre? C'est certainement une des solutions possibles, mais ce n'est pas la solution. Encore là, on tombe dans le slogan de ce qu'un ancien collègue a appelé les roitelets de chambres de commerce.
Cela vient avec des responsabilités humanitaires et des responsabilités d'accueil. Cela vient avec la responsabilité d'un constat inévitable: face aux changements climatiques, dont le Canada est un acteur central avec son obstination à exploiter de façon toxique des hydrocarbures qui réchauffent directement le climat, des dizaines de millions de personnes de partout à travers le monde devront se déplacer. Ce sont des migrations climatiques. On serait bien irresponsable de ne pas, au moins en partie, les accueillir. Selon quels termes? C'est une autre partie du débat, mais on devra les accueillir. Prendre une responsabilité dans le partage du poids que la misère inflige à des gens moins chanceux que nous est en soi un fondement d'une saine politique d'immigration.
Il y a aussi l'inévitabilité du désir de gens d'immigrer et de se donner une vie meilleure. Cela vient avec des incertitudes. Cela a été dit et cela a été répété. À défaut d'avoir protégé un levier politique, ceux qui l'ont dit n'ont pas été écoutés, ici, à Ottawa.
Il y aura un impact énorme sur les coûts d'un système d'éducation qui augmenteront bien plus vite que la contribution économique ou fiscale des nouveaux arrivants. Le même raisonnement s'applique à un système de santé gravement sous-financé en raison de l'ignorance volontaire — quoiqu'elle l'est peut-être toujours chez le . Il y a donc des enjeux et des demandes de transfert en santé.
Il y aura également une pression sur les services de garde. La crise du logement ne sera pas atténuée par l'accueil de 500 000 personnes par année au Canada, dont on voudrait que 110 000 viennent au Québec. Il en va de même pour le soutien au revenu de ces gens qui arrivent et qui sont parfois démunis et, bien sûr, pour la francisation et le développement d'un sentiment d'appartenance à ce peuple, à cette nation qui les accueille. Il y a le risque de problèmes sociaux de différente nature. Il y a la question de la cohérence d'un corpus culturel qui permet à tout le monde de fonctionner au sein d'une même société, dont le grand voisin essaie d'assurer la dislocation. Il y a également l'apparition ou l'agrandissement de poches de pauvreté de ceux que le système ne réussira pas à intégrer harmonieusement et l'apparition de ghettos culturo-linguistiques de gens qui ne s'intégreront pas et pour qui il sera rapidement trop tard, parce qu'on n'aura pas agi de la bonne manière ou qu'on n'aura pas agi au bon moment ou, dans le cas d'Ottawa, qu'on n'aura pas agi avec la bonne intention.
Il y a aussi l'enjeu des Autochtones. Je ne veux pas parler pour eux, mais les mathématiques sont ce qu'elles sont. La croissance naturelle des populations autochtones ne pourra pas suivre le rythme d'une immigration de 500 000 personnes par année qui, hypothétiquement, arriverait à 100 millions de personnes au Canada à la fin de l'année. Cette espèce de grande arnaque veut qu'on associe, qu'on intègre et qu'on amalgame les Premières Nations à des communautés issues de l'immigration. Aux yeux des Premières Nations, je suis l'immigrant. Nous sommes l'immigrant. Contrairement à cet apport potentiellement infini de gens qui sont bienvenus et issus de l'immigration, on ne peut pas immigrer en disant qu'on est Autochtone. On l'est ou on ne l'est pas. On est né Autochtone ou on n'est pas né Autochtone.
Il y a une menace strictement en ce qui a trait au poids démographique. C'est peut-être une occasion pour les premiers peuples de réaliser qu'Ottawa ne travaille pas pour eux.
Il y a le risque de perdre, nous comme nation, un bout de notre âme, l'essentiel de notre poids, et d'échouer dans l'émergence d'une culture différente et unique dans laquelle et à laquelle l'apport des communautés immigrantes est essentiel; il transforme ce que nous sommes. Voudrions-nous de façon très saine dire que nous avons une langue commune, que nous avons des valeurs communes, que toutes les égalités sont éminemment valables, que l'État, pour être progressiste, doit être laïque? Ce sont des éléments fondamentaux qui nous définissent. Outre cela, il y aura toujours un apport culturel et artistique qui nous enrichit, sous réserve qu'on le fasse harmonieusement. Il ne faut pas échouer.
Il y a donc trois choix qui s'offrent à nous. Le premier est celui de hausser les épaules, hausser les seuils d'immigration et perdre notre langue. Le second choix serait d'obtenir un pourcentage garanti de sièges à la Chambre, ce qui nous a été tout de go refusé. Le gouvernement savait très bien ce qu'il faisait. Il savait très bien qu'en refusant un pourcentage préétabli de sièges pour le Québec et en mettant en place une politique d'immigration extrêmement importante en nombre, il condamnait le Québec à son atténuation et à son amenuisement à l'intérieur de sa fédération.
Il existe toutefois une troisième voie: l'appropriation de tous les attributs de la souveraineté par le peuple québécois. La souveraineté n'est pas un concept fictif de salon d'intellectuels ou un bonhomme Sept‑Heures de sous-sol anglophone. C'est l'appropriation normale de tous les moyens de nos choix, quitte à en partager certains ensuite de façon librement consentie.
Ne nous leurrons pas, le NPD et les conservateurs sont d'accord sur cette idée de 100 millions de Canadiens et de 500 000 immigrants par année. Peut-être débattra-t-on du moyen? Peut-être doit-on réviser ce dossier? Peut-être y a-t-il une ouverture, en particulier chez les conservateurs, que j'accueillerais avec beaucoup d'enthousiasme? Toutefois, il faut faire attention à créer un consensus qui isolera le Québec. J'y reviendrai.
Il y a un concept qui existe dans les services de renseignements: ils appellent cela les useful idiots. C'est le deuxième mot anglais de mon texte. Lorsque quelqu'un, sans s'en rendre compte, sert les intérêts de quelqu'un d'autre, comme soutenir systématiquement des politiques vendues au grand capital et hostiles au Québec en s'imaginant faire le bien, c'est peut-être être un useful idiot. Des gens qui ignorent que s'ils se comportaient autrement, le Canada et le Québec s'en porteraient mieux.
L'immigration n'est pas que bonne ou mauvaise. Il nous faut assurer l'intégration heureuse et les outils d'une nouvelle vie réussie aux gens qui nous choisissent. D'abord, il y a la langue, puis l'adaptation à l'emploi, dont le premier paramètre est la langue. Il y a aussi la reconnaissance des diplômes, la formation complète ou complémentaire à un diplôme à faire reconnaître. Il y a beaucoup d'enjeux.
Est-ce que l'immigration est tant un enjeu de nombre? Je dirais que tout est possible. J'ai toujours été très réfractaire à des débats sur le chiffre. Celui de 110 000 a l'air gros pour le Québe de toute façon. Je dirais que si le Québec faisait le choix d'augmenter le nombre d'immigrants qu'il reçoit, il faudrait que la hausse des seuils soit progressive. Il faudrait des outils de mesure quant au succès de ce qui a été mis en place pour favoriser une saine et réussie intégration. Il faut un creuset commun d'une culture nationale en évolution.
On nous dit que la souveraineté n'y changerait rien. C'est d'ailleurs ce que j'entendais hier à la télévision. En fait, la souveraineté permettrait des politiques d'intégration claires, un message clair quant à l'endroit où les gens arrivent et l'entièreté du poids politique sur le territoire pour prendre les décisions. Surtout, la souveraineté mettrait un terme à cette pratique selon laquelle Ottawa défait, à grands coups de lois, à grands coups d'argent et à grands coups de tribunaux, ce que fait le Québec.
En raison du déséquilibre fiscal et selon les chiffres mêmes du gouvernement, dans 30 à 40 ans, la dette totale du gouvernement fédéral serait effacée, alors que, selon le directeur parlementaire du budget, la plupart des provinces seraient techniquement en faillite au même moment. C'est ce qu'on appelle le déséquilibre fiscal, c'est l'accaparement par Ottawa de moyens fiscaux dont il n'a pas besoin au détriment des provinces et du Québec, qui n'ont pas ce dont elles ont besoin. C'est le moyen de démanteler les provinces et c'est le moyen de démanteler la nation québécoise.
Les naïfs, en haut d'une tour à Toronto, croient que le déséquilibre fiscal, les biais de la Cour suprême, la Charte canadienne des droits et libertés, conçue contre la nation québécoise, et l'activisme qui remplace les droits collectifs par les privilèges individuels, vont sauver le Canada. God Save The King. Parmi ces naïfs, il y a des francophones du Québec, mais je ne regarderai personne. Ils ont tort. Les Québécois sont patients, généreux et accueillants, mais ils sont nombreux à réaliser que la politique en immigration suggérée par McKinsey, qui prend ses chèques en rigolant, menace l'existence même du peuple québécois. Ils vont vouloir agir.
Cela devra tôt ou tard s'appeler la souveraineté du Québec. En attendant, il faut que quelqu'un, ici, tienne tête et dénonce cette vision qui nuit au Québec et, cette personne, c'est le Bloc québécois. Nous n'attendrons pas longtemps. Nous allons nous donner un pays.
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Monsieur le Président, je remercie mes chers collègues de me donner l'occasion de participer à l'important débat que nous tenons aujourd'hui à la Chambre des communes.
Je tiens aussi à remercier mes collègues de leur soutien, alors que j'essaie d'améliorer la qualité de mon français. Des députés de chaque parti m'ont aidé à apprendre cette nouvelle langue. Quand je suis arrivé à Ottawa, après l'élection de 2015, je ne parlais pas français. En fait, j'étais seulement capable de dire « bonjour, je m'appelle Sean ». Auparavant quand mes collègues me demandaient si j'allais bien, j'oubliais parfois comment répondre à cette question en français. Grâce au soutien de mes collègues, je suis maintenant capable de transmettre des idées simples en français.
Aujourd'hui, je veux faire part d'une idée simple, mais importante pour l'avenir du Canada: partout au pays, on peut accueillir des nouveaux arrivants, tout en protégeant la langue française et la culture francophone. Ce n'est pas seulement une possibilité, c'est une réalité.
Au cours du débat, je vais soulever quelques éléments.
Premièrement, l'immigration est essentielle pour faire croître notre économie, pour contrer le déclin démographique entraîné par le vieillissement de la population. C'est très important de continuer à accepter des nouveaux arrivants, tout en protégeant le poids démographique des communautés et des personnes francophones.
Avant de passer à l'essentiel de mon discours, je vais me permettre d'être très clair: l'Initiative du Siècle ne dicte pas la politique du gouvernement fédéral. C'est moi qui ai proposé les seuils d'immigration à la Chambre; c'est moi qui me suis engagé auprès d'organisations qui représentent des communautés francophones; et c'est moi qui ai apposé ma signature sur les ententes.
Je vais maintenant parler de l'importance de l'immigration pour l'économie canadienne.
Il est essentiel que le Canada accueille de nouveaux arrivants, et la situation au pays est très intéressante maintenant. Pour comprendre le fait que le Canada a besoin de favoriser des personnes qui ont des compétences utiles pour l'économie, il est essentiel de comprendre le contexte économique actuel.
Après la pandémie de la COVID‑19, c'est-à-dire après la réouverture des frontières et la reprise économique, le Canada est entré dans une importante période de rétablissement, comme les autres pays. Historiquement, il n'y a jamais eu, au Canada, autant de travailleurs que maintenant. Beaucoup de personnes ont un bon travail, un bon emploi. Le PIB est plus élevé aujourd'hui qu'avant la pandémie. Malgré ce succès, il y a actuellement plus de 700 000 postes vacants dans notre économie. Les employeurs cherchent des travailleurs pour faire croître leurs entreprises.
Sans immigration, il n'est pas possible que le Canada maximise son potentiel économique. L'immigration est très importante, parce qu'il n'y a pas assez de travailleurs canadiens pour pourvoir aux postes vacants, que ce soit aujourd'hui ou dans l'avenir. Ce n'est pas seulement important sur le plan économique, mais aussi sur le plan social. Il est particulièrement important que le Canada contre le déclin démographique causé par le vieillissement de la population.
Il y a 50 ans, au Canada, il y avait sept travailleurs pour chaque personne à la retraite. Aujourd'hui, ce nombre est de près de trois travailleurs, et quand je serai prêt à prendre ma retraite, je pense que ce nombre sera de seulement deux.
L'immigration est essentielle pour accueillir des personnes qui ont les compétences dont nous avons besoin et pour affronter les défis démographiques. Sans changements à notre approche en matière d'immigration, il ne sera pas possible de faire les investissements nécessaires pour assurer la prestation des services publics.
L'immigration est très importante pour accueillir des personnes qui ont les compétences dont nous avons besoin. Des personnes qui participent en ce moment à notre économie ont des compétences, et il est essentiel de trouver d'autres personnes qui ont les mêmes compétences. Compte tenu du vieillissement de la population, il faut plus d'employés pour assurer la prestation des soins de santé. Les raisons d'accueillir les nouveaux arrivants sont nombreuses. Ils apportent une contribution énorme et essentielle à la vitalité de nos communautés.
Je peux donner un exemple d'une situation qui s'est produite dans ma circonscription. Tout de suite après les élections de 2015, nous avons perdu une école, car beaucoup de familles quittaient ma communauté.
Monsieur le Président, je pense que vous comprenez très bien de quoi je parle, vous qui venez de Nouvelle‑Écosse. Les jeunes familles quittaient la Nouvelle‑Écosse afin de trouver des emplois dans d'autres provinces et d'autres pays. Je connais bien cela. J'ai moi-même travaillé en Alberta pendant cinq ans, car j'étais à la recherche d'un bon emploi.
Tout de suite après l'élection de 2015, ma communauté a aussi perdu un médecin, une professionnelle de la santé mentale. Ma communauté a perdu des services de santé mentale. Cela a été très difficile pour ma communauté de perdre cette école et de perdre ces services de soins santé. Il est néanmoins possible pour les gens de ma communauté de trouver une autre école et de trouver un autre médecin. C'est difficile, mais c'est possible.
Cela dit, pensons aux conséquences que subissent les communautés francophones qui se retrouvent dans les mêmes circonstances. Quand j'ai visité les communautés francophones, j'ai pu constater que, trouver une médecin qui parle français n'est pas difficile; c'est impossible. Quand les écoles ferment leurs portes, on ne peut pas simplement décider de fréquenter une école dans une communauté avoisinante. Si la communauté avoisinante est anglophone, il est impossible pour ces familles de vivre en français ou d'avoir accès à des garderies où on parle français. Pour les étudiants, il est impossible d'étudier en français. Il est impossible d'être servi au magasin en français. C'est une question d'identité pour ces communautés.
Il est très important de préserver la possibilité pour les gens qui vivent dans des communautés francophones de vivre leur vie en français. Nous savons que la langue française est en déclin en Amérique du Nord. Il est très important pour nous de continuer d'assurer la pérennité des communautés francophones et de promouvoir la possibilité pour ces personnes de parler français et de vivre en français.
Or il ne s'agit pas seulement d'assurer la pérennité des communautés francophones. C'est une réalité, maintenant. Je suis très fier d'être le ministre qui a accueilli le plus grand nombre de nouveaux arrivants en général au Canada, mais je suis très fier aussi d'être le ministre qui a atteint la cible de 4,4 % pour la première fois depuis 20 ans.
Nous travaillons en étroite collaboration avec les parties prenantes pour nous assurer que les communautés francophones ont la capacité d'accueillir les personnes qui ont les compétences essentielles et qui ont les compétences linguistiques. Si nous avons atteint ces cibles, ce n'est pas un accident ni une coïncidence. C'est le résultat certain des décisions que notre gouvernement a prises l'année dernière. Notre gouvernement a mis en place un plan pour accueillir des francophones. Nous avons présenté un plan d'action pour les langues officielles avec les investissements nécessaires pour assurer le succès de ce plan. Nous continuons aussi de faire des investissements dans les organisations qui offrent des services d'établissement. Ainsi, nous nous assurons non seulement que ces personnes arrivent au Canada, mais qu'elles s'intègrent à leur communauté.
Nous continuons d'organiser des événements pour faire du recrutement et pour promouvoir le Canada comme destination auprès des personnes qui sont à la recherche d'occasions dans un autre pays.
Nous continuons de proposer des solutions essentielles pour protéger le poids démographique des francophones partout dans notre pays. Nous faisons des changements dans le programme Entrée express pour que les francophones et les personnes bilingues puissent obtenir plus de points.
Les prochains changements incluent de nouvelles voies dans le programme Entrée express juste pour les francophones. Cette initiative est très importante pour moi parce que si on veut augmenter le nombre de travailleurs dans ce pays, il faut absolument soutenir les personnes qui parlent français pour protéger leur poids démographique aussi. C'est essentiel pour l'avenir des communautés francophones au Canada. Tout cela est possible grâce aux décisions et aux politiques d'immigration que notre gouvernement met en œuvre. On voit déjà les résultats.
Évidemment, la situation au Québec est différente. Le gouvernement fédéral a un accord avec la province de Québec. Cet accord en matière d'immigration donne au Québec la responsabilité de déterminer les seuils d'immigration et le nombre de nouveaux arrivants qui arrivent dans la belle province chaque année. Il revient aussi au Québec de choisir les personnes qu'il accueillera pour des raisons économiques. Cette décision ne relève pas du gouvernement fédéral. Tout cela est établi dans l'accord avec le gouvernement du Québec.
Le rôle du gouvernement fédéral est de traiter les demandes, de vérifier l'admissibilité et d'assurer la sécurité, mais il revient à la province de Québec de déterminer le nombre de nouveaux arrivants, d'évaluer les compétences linguistiques des nouveaux arrivants et de choisir chaque nouvel arrivant en fonction de ses compétences sur le plan économique. Ces décisions relèvent du Québec.
Afin d'appuyer l'intégration et la francisation des nouveaux arrivants au Québec, le gouvernement fédéral verse au Québec près de 700 millions de dollars par année. C'est une bonne chose. Quand j'ai des réunions avec des entrepreneurs au Québec, on me demande de continuer d'accueillir des travailleurs. C'est essentiel pour protéger les emplois dans les entreprises.
Il y a présentement une pénurie de main-d'œuvre au Québec et en dehors du Québec. On n'a pas besoin de m'écouter ou de faire des recherches auprès de Statistique Canada pour comprendre qu'il y a une pénurie de main-d'œuvre. On n'a qu'à marcher dans les rues principales de chaque communauté au Canada pour constater l'ampleur de la situation. Les employeurs ont besoin de travailleurs pour permettre le rétablissement de l'économie après la pandémie de la COVID‑19. Il est très avantageux pour le Canada d'accueillir des gens dans les communautés.
J'ai discuté avec mes homologues à l'international. Il n'est pas normal que le Canada soit le seul pays ayant autant de difficulté à traiter les demandes plus rapidement pour satisfaire les besoins des communautés. Il serait intéressant de saisir l’occasion et d'avoir le courage d'accueillir les personnes ayant les compétences essentielles afin d'assurer un bel avenir pour l'économie du Canada, ainsi que pour ses communautés.
Il est important pour moi d'expliquer les nombreuses raisons pour lesquelles je voterai contre cette motion. D'abord, on m'accuse de suivre l'Initiative du Siècle. Encore une fois, je veux être très clair: l'Initiative du Siècle n'a pas établi le plan du gouvernement du Canada. Mon plan comporte plusieurs autres politiques comme l'Initiative du Siècle. Il y a par exemple tout un chapitre sur l'immigration francophone, ce qui est très important. Il y a un plan pour accueillir les personnes plus vulnérables. Il est aussi très important pour moi que les plus petites provinces puissent accueillir de nouveaux arrivants. Normalement les nouveaux arrivants préfèrent s'installer dans les plus grandes villes au Canada.
Si on regarde les détails de mon plan, y compris sur les seuils d'immigration, on peut voir que nous protégeons la capacité d'accueil de la région atlantique ou du Nord et que nous permettons à la communauté francophone de tirer profit de l'immigration tout en protégeant également sa capacité d'accueil.
Ce n'est pas correct que le Bloc québécois se cache derrière la Century Initiative pour dire que le Canada a besoin de réduire le nombre de nouveaux arrivants. Ce n'est pas correct, selon moi. S'ils croient que le Canada devrait réduire le nombre de nouveaux arrivants, qu'ils le disent simplement. La Chambre est le meilleur endroit pour tenir ce débat. Or c'est actuellement un faux débat, parce que le plan est celui du gouvernement, non pas celui de la Century Initiative. La signature sur la ligne pointillée, c'est la mienne.
J'ai commencé à apprendre le français après l'élection de 2015. J'ai appris beaucoup de choses. Je ne suis pas parfaitement bilingue, mais j'ai maintenant la capacité de tenir une conversation. Or, je n'ai pas seulement appris une nouvelle langue. J'ai aussi appris l'importance de protéger la capacité de la communauté francophone à continuer d'exister. J'ai appris l'importance de protéger la capacité de ces personnes à vivre leur vie en français, à vivre avec leurs enfants dans cette communauté francophone.
Les personnes qui votent en faveur de la motion votent contre la capacité du Canada d'accueillir les personnes plus vulnérables et les personnes possédant les compétences essentielles pour notre économie.
J'ai un message à transmettre aux Acadiens, aux Québécois, aux Franco‑Ontariens, à ceux qui habitent dans une communauté francophone de l'Ouest canadien ou du Nord canadien: je travaille chaque jour à protéger leur capacité à parler français, à assurer la pérennité de leur communauté et à protéger leur capacité à vivre leur vie en français. J'y ai travaillé aujourd'hui, j'y travaillerai demain et je continuerai d'y travailler dans l'avenir.
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Monsieur le Président, je suis très fier, mais surtout très reconnaissant d'avoir été né ici, au Canada. C'est une grande victoire d'être né ici, au Canada, parce que c'est un pays où il y a plein de possibilités. Je suis né d'une mère seule et j'ai été adopté par deux enseignants qui m'ont toujours appris qu'ici, au Canada, peu importe d'où on vient, on peut faire n'importe quoi si on travaille fort. C'est le même pays où ma femme est venue comme réfugiée, et c'est le pays que nous voulons pour nos enfants.
Malheureusement, ce n'est pas le pays que nous voyons aujourd'hui. Tout est brisé au Canada, après huit ans sous ce . Il n'aime pas quand je dis cela, donc je vais le dire encore: tout est brisé, après huit ans sous ce premier ministre. Cela comprend le système d'immigration. Notre pays était réputé pour son système d'immigration, qui est l'un des meilleurs au monde. Il était basé sur le gros bon sens. On invitait des gens à venir travailler ici, comme les Italiens qui ont bâti nos infrastructures. Des travailleurs de partout dans le monde sont venus ici pour bâtir des hôpitaux, des maisons et notre économie, et pour enrichir tout le monde.
Aujourd'hui, qu'est-ce que les gens voient quand ils arrivent ici? Il n'y a pas de maisons. Neuf jeunes Canadiens sur dix croient qu'ils ne vont jamais pouvoir acheter une maison. On manque de services de santé. Pourquoi? C'est parce qu'on empêche nos immigrants de travailler comme médecins et infirmières. Plus de 1 million d'immigrants qui veulent venir ici, au Canada, attendent plus longtemps que le délai établi par le gouvernement.
Même quand les immigrants arrivent ici, ils ont de la difficulté à obtenir un permis de travail. Les gens veulent travailler, mais ce et l'incompétence totale de son gouvernement les en empêchent. De plus, avec la grève que le premier ministre a causée, les délais seront encore plus longs pour les familles séparées, les travailleurs potentiels qui n'ont pas accès à leur emploi et les réfugiés qui cherchent la sécurité ici, au Canada. C'est l'incompétence totale du premier ministre qui a causé ces problèmes.
Au lieu de se concentrer sur le travail, ce qui peut être ennuyant, et de réparer les dommages qu'il a causés, le premier ministre et ses amis dirigeants de multinationales, comme Dominic Barton, veulent créer de grandes utopies pour nous. Au lieu de bâtir notre pays sur la base du gros bon sens, ce qui a fonctionné pendant plus de 100 ans, le premier ministre veut créer une grande révolution et peindre une utopie qui n'existera jamais. Il devrait se concentrer sur la base de notre système, c'est-à-dire diminuer le temps que cela prend pour qu'une petite ou moyenne entreprise ou un agriculteur puisse confier un poste vacant à un travailleur étranger, lorsque aucun Canadien n'est disponible pour faire le travail. Il devrait unifier les familles, surtout dans le cas des grands-parents, pour que ceux-ci puissent prendre soin de leurs petits-enfants lorsque les parents sont au travail. Finalement, il devrait permettre à davantage d'organismes à but non lucratif de parrainer des réfugiés et de leur fournir des soins, des occasions d'apprendre l'anglais ou le français et l'accès à un emploi et à un appartement.
Il doit faire le travail nécessaire qui relève du gros bon sens. Au lieu de faire cela, le veut se concentrer sur les priorités de grandes multinationales, comme McKinsey, et de son ancien PDG, Dominic Barton. Cette entreprise a reçu plus de 100 millions de dollars de contrats de ce gouvernement et rêve de transformer le pays en utopie.
Moi, je ne vais jamais écouter ces gens. Je vais écouter le gros bon sens de M. et Mme Tout-le-Monde, les gens qui font le travail. C'est comme cela que le gouvernement conservateur de gros bon sens que je dirigerai va réparer les dommages.
C'est la raison pour laquelle je vais voter en faveur de cette motion. C'est pour rejeter Dominic Barton et l'Initiative du Siècle et pour baser à nouveau notre système d'immigration sur le gros bon sens de M. et Mme Tout-le-Monde.
[Traduction]
À propos de bon sens, monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député conservateur de , qui ne manque pas de bon sens.
Je suis fier et reconnaissant d’avoir gagné à la loterie de la vie en naissant ici au Canada. Je suis né d’une mère adolescente célibataire qui m’a fait adopter par un couple d’enseignants. Ils m’ont appris que peu importait d’où je venais, ce qui comptait, c’était où j’allais. Peu importait qui je connaissais, ce qui comptait, c’était ce que je pouvais faire.
C'est le pays dans lequel ma femme est arrivée comme réfugiée. C’est le pays qui a accueilli beaucoup de membres de sa famille, son frère qui est devenu soldat, son autre frère qui est devenu menuisier et sa sœur qui est devenue infirmière, le pays où sa famille a travaillé d’arrache-pied et réalisé de grandes choses. C’est le pays dont je veux que tous nos enfants héritent, mais ce n’est pas le pays que nous voyons aujourd’hui.
Après huit années d’un déconnecté, rien ne va plus au Canada. Le système d’immigration, en particulier, qui laisse 1 million d’immigrants attendre plus longtemps qu’il n’est acceptable pour venir au Canada, est défaillant.
Il y a des étudiants étrangers qui sont exploités par des trafiquants d’êtres humains et des consultants malhonnêtes. Certains d’entre eux perdent la vie au Canada et sont renvoyés dans des housses mortuaires dans des pays comme l’Inde parce que le premier ministre et son gouvernement ont négligé de les protéger contre les prédateurs et les escrocs qui détruisent leur vie.
Il y a 20 000 médecins immigrants brillants qui ne peuvent pas exercer leur profession à cause des cerbères du gouvernement. Il y a 32 000 infirmières immigrantes qui ne peuvent pas exercer leur profession. Passer cinq heures dans la salle d’attente d’un hôpital avant de pouvoir faire soigner ma fille pour une migraine en raison d'une pénurie de médecins et d’infirmières tandis que des cerbères du gouvernement empêchent des infirmières et des médecins immigrants brillants d'exercer leur profession me met hors de moi.
Durant ce temps, le premier ministre se plaît à nous raconter les formidables rencontres qu’il a eues avec les maires du pays au sujet du logement et des infrastructures. Peu m’importent ces réunions, le problème, c’est que les cerbères des administrations municipales, auxquelles le premier ministre verse des milliards de dollars, bloquent la construction de logements, si bien que les immigrants, les travailleurs de la classe moyenne et les jeunes ne trouvent pas à se loger.
Après huit années de pouvoir libéral, plus rien ne fonctionne au Canada. Au lieu de s’attaquer à l’essentiel, le premier ministre s’entiche de la dernière utopie de son ami Dominic Barton, le PDG d’une multinationale et l'ancien ambassadeur du Canada en Chine communiste, qui a contribué à la crise des opioïdes qui font des ravages parmi les familles de la classe moyenne. Ce M. Barton a eu l’idée brillante de tripler la population du pays pour la faire passer à 100 millions de personnes. Nous n’avons pas besoin des projets utopiques de globe-trotters millionnaires et de membres de la davocratie. Ce qu’il nous faut, c’est du gros bon sens, pour changer.
À propos de gros bon sens, voici le plan que nous avons pour revenir à l'essentiel. Premièrement, nous résorberons l’arriéré de dossiers afin de permettre la réunification des familles d’immigrants. Ainsi, les agriculteurs et les petits entrepreneurs canadiens pourront pourvoir les postes pour lesquels ils ne trouvent pas de Canadiens disponibles. Deuxièmement, nous permettrons aux églises, aux mosquées, aux synagogues et à d’autres organisations à but non lucratif de parrainer des réfugiés légitimes qui pourront suivre des cours de langue, en anglais ou en français, pour se trouver un emploi et contribuer à la société. Nous accélérons la procédure d’octroi de permis de travail pour ceux qui sont déjà au Canada et qui attendent que leur dossier soit examiné. De cette façon, ils pourront se mettre tout de suite au boulot et contribuer ainsi à l’économie. Ces gens-là veulent travailler, alors aidons-les à le faire. C’est du gros bon sens, voyons.
À propos de travail, je propose de créer une norme Sceau bleu pour toutes nos professions. Nous avons déjà la norme Sceau rouge qui permet aux gens de métier de passer un examen, de démontrer leurs qualifications, et de trouver un emploi partout au Canada où il y a des postes vacants. Pourquoi ne pas avoir une norme Sceau bleu qui permettrait aux infirmières, aux médecins, aux ingénieurs et aux autres professionnels formés à l’étranger de démontrer leurs qualifications et, dans les 60 jours qui suivent leur demande d’emploi dans le secteur, d’obtenir un oui ou un non en fonction du résultat de l’examen, quel que soit leur pays d’origine? De cette façon, nous aurions plus de médecins et plus d’infirmières, ce qui, encore une fois, est du gros bon sens.
Ce que je veux dire par là, c’est que nous devons revenir à l'essentiel. Notre système d’immigration était le meilleur au monde il y a huit ans, mais aujourd’hui, il y a des immigrants qui disent qu’ils veulent rentrer chez eux parce que les conditions qu’on leur offre ne sont pas celles qu’on leur a promises.
Quand je dis que rien ne va plus, je veux surtout parler de la promesse qu’incarne le Canada et que nous entendons renouveler, à savoir qu’au Canada, ce qui compte, ce n’est pas le pays d’origine, c’est l’endroit où on s’établit. Peu importe qu’on s’appelle Martin ou Mohamed, Singh ou Smith, Chong ou Charles, Patel ou Poilièvre, si on travaille fort, on peut tout faire dans le pays le plus beau et le plus libre de la planète. C’est du gros bon sens pour les gens ordinaires qui vivent dans ce beau pays que nous nous partageons et qui nous appartient. Oui, c’est possible.
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Monsieur le Président, une des tâches les plus difficiles en politique, c'est de prendre la parole après le chef du Parti conservateur, qui vient de prononcer un discours énergique et empreint de compassion envers les nouveaux arrivants qui choisissent notre pays.
Comme beaucoup de députés le savent, j'ai été moi aussi un nouvel arrivant il y a plusieurs années. J'ai immigré au Canada de la Pologne communiste. Le pays n'est plus communiste maintenant, c'est une époque qui est derrière nous. Il s'agit maintenant d'un pays démocratique et je suis fier de cette ethnie.
Mon chef avait raison: tout est brisé au Canada. Tous les programmes du gouvernement fédéral sont brisés, mais les programmes en matière d'immigration le sont tout particulièrement.
Comme porte-parole en matière d'immigration pour le Parti conservateur, je suis ce dossier de près. Je voudrais aussi mentionner le fait que, en tant qu'immigrant, on peut être francisé. Comme je l'ai souvent mentionné à la Chambre, je suis un enfant de la loi 101. Il est réellement possible d'être francisé en tant qu'immigrant.
Je sais que le chef du Bloc québécois parle souvent, avec un peu de désespoir dans la voix, du fait qu’on est incapable de protéger la culture québécoise. Selon mon expérience personnelle, il est possible de préserver la culture.
Je suis un député de Calgary, puisque ma famille est à Calgary maintenant, et je suis fier d'être Albertain. Je continue tout de même de suivre les affaires de tous les jours au Québec, mais je suis aussi le travail de grands humoristes. Je vais mentionner un humoriste qui est, selon moi, un des meilleurs humoristes québécois: Sugar Sammy. C'est un grand humoriste. Beaucoup d'allophones et d'immigrants qui ont vécu au Québec et qui vivent encore au Québec comme Québécois suivent Sugar Sammy.
J'étais au Québec il y a quelques semaines, et j'ai vu plusieurs annonces au sujet d'une prochaine tournée de Sugar Sammy au Québec. Je sais que ce n'est peut-être pas l'humoriste que les bloquistes auraient préféré que je nomme, mais je veux le mentionner, car je trouve que c'est un grand Québécois. C'est un homme qui me fait rire.
Revenons au ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada. Il y a un arriéré dans presque tous les programmes. Le traitement de plus de 2 000 demandes d'immigrants, de nouveaux arrivants au Canada, est en retard. Ces personnes attendent de venir au Canada ou d'avoir la permission de rester au Canada.
Je vais mentionner quelques programmes puisque j'aime bien les chiffres. Parlons du Programme des réfugiés parrainés par le gouvernement. Je sais que plusieurs députés libéraux vont parler de ce programme. D'ailleurs, un député libéral l'a déjà fait. En 2019, il fallait 15 mois pour traiter les demandes. Aujourd'hui, il faut 33 mois pour traiter les demandes. C'est une attente de trois ans.
Il y a aussi les réfugiés parrainés par le secteur privé. Il s'agit d'organismes de bienfaisance, d'églises, de mosquées, de temples qui décident qu'ils veulent parrainer un réfugié, normalement de leur communauté, pour qu'il vienne au Canada. Ces réfugiés sont des personnes désespérées qui ont besoin d'aide et le Canada leur offre cette chance. Ce sont les groupes communautaires privés qui prennent en charge tous les coûts associés à la venue de ce réfugié. En 2019, il fallait 23 mois pour que la demande soit traitée par le gouvernement fédéral, et aujourd'hui il faut 38 mois. C'est presque quatre ans à attendre.
Parlons maintenant du Programme des travailleurs de métiers spécialisés. Comme cela a été mentionné par un autre député, il fallait 12 mois en 2019 pour traiter les demandes. Aujourd'hui, cela prend 20 mois. Pour les travailleurs qualifiés au Québec, il fallait 22 mois et, aujourd'hui, il faut 73 mois pour traiter les demandes. Pour ce qui est des gens d'affaires du Québec, il fallait 54 mois pour traiter les demandes. Maintenant, cela prend 67 mois.
Ce ne sont pas des chiffres que je prends n'importe où; ce sont les chiffres qui se trouvent sur le site Web du gouvernement. Le est venu à la Chambre pour nous dire que ces chiffres n'étaient pas à jour et que cela ne prendrait que six mois dorénavant. S'il y a six mois d'attente pour les gens qui font une demande aujourd'hui, tant mieux. Par contre, ceux qui ont envoyé leur demande il y a un, deux, trois ou quatre ans attendent leur tour et ils vont continuer d'attendre. Ils vont attendre quatre, cinq, six ou sept ans. Parfois, on ne sait même pas combien de temps cela va prendre.
De plus, 90 à 95 % des dossiers qui sont transmis aux députés conservateurs dans leur bureau de circonscription concernent l'immigration. C'est une erreur qui a été faite, ce sont les délais qui sont beaucoup trop longs, ce sont des demandes qui ne sont pas claires. Personne ne répond au téléphone. Personne ne répond aux courriels. Les réponses qui sont données par les employés de l'immigration sont parfois confuses et contradictoires, et on ne sait pas où on s'en va.
On devrait se pencher sur ce qu'on pourrait faire pour aider les nouveaux arrivants et les gens de nos communautés dans les 75 prochains jours, et non dans les 75 prochaines années. Les difficultés qu'on rencontre aujourd'hui ont été causées par les libéraux.
En 2015, il n'y avait pas d'arriérés dans le traitement des demandes. Le système d'immigration canadien était le meilleur au monde, et des pays de partout au monde essayaient de le copier. Il utilisait un système de points, qui donnait à tout le monde la chance de venir au Canada. Je précise qu'il s'agissait d'un système neutre. Si la personne était jeune et bien éduquée, elle avait plus de chances de venir au Canada comme immigrante économique. Notre système d'immigration traitait tout le monde également. D'autres pays voulaient le copier, mais aucun pays ne veut copier notre système actuel, qui a été créé par les libéraux il y a huit ans. Dans ce système, l'arriéré est de plus de 2 millions de demandes. Après la pandémie, l'arriéré s'élevait à 2,9 millions.
Les libéraux disent que l'arriéré a été causé par la pandémie, mais ce n'est pas vrai, puisqu'il a été causé par eux. L'arriéré s'élevait à 2 millions avant la pandémie. La pandémie a eu comme effet d'empirer la situation.
Comme mon chef l'a dit, ce que vivent les nouveaux arrivants et les services qui leur sont offerts par le gouvernement fédéral ne répondent pas à nos attentes.
Personnellement, je suis un immigrant, et je sais que les gens de nos communautés ont beaucoup de difficulté à trouver un emploi, un logement ou des gens qui parlent la même langue maternelle qu'eux. Au Canada, on peut apprendre le français et l'anglais. Pour ma part, j'ai appris le français grâce à Passe‑Partout; je sais que tous les Québécois savent ce qu'est cette émission. L'anglais est ma troisième langue, et je l'ai appris en regardant Sesame Street.
[Traduction]
C’est le bon moment pour moi de passer à ma langue. Les possibilités sont multiples pour les immigrants qui, comme moi, viennent s’installer au Canada. J’ai grandi à Montréal et je suis un enfant du système éducatif issu de la Loi 101. Il fonctionne, j’en suis la preuve, je pense. Et je suis loin d’être le seul parmi nous à être la preuve que ce système fonctionne, tout le monde peut apprendre une autre langue.
Cependant, nous avons des plans irréalistes. La folle utopie qui nous est proposée avec l’Initiative du Siècle est complètement ridicule. Tous ces PDG de McKinsey et d’autres entreprises comme BlackRock ne prennent pas la peine d’aller dans les collectivités, dans les petites villes et dans les régions rurales où l’on cherche désespérément des travailleurs. Le Canada a connu beaucoup de vagues d’immigration, qui ont permis de développer des collectivités et des régions entières. Par exemple, dans le nord de l’Alberta, il y a une communauté ukrainienne très importante, composée d’Ukrainiens catholiques et orthodoxes, qui est en train d’accueillir une autre vague de réfugiés ukrainiens. Ces réfugiés peuvent donc parler leur langue maternelle tout en se familiarisant avec l’anglais ou le français.
Dans le nord de l’Alberta, il y a aussi une communauté française qui a des liens historiques avec la France. Je me souviens que, quand je suis arrivé en Alberta, je me suis rendu dans une zone rurale pour une fête d’anniversaire. Il y avait là deux religieuses qui m’ont parlé en français. Je n'en revenais pas. Leur français était impeccable. Elles venaient d’un couvent français. Nous avons longuement discuté en français, parce qu’elles avaient été élevées en Alberta dans les deux langues.
Mon a raison de dire que les libéraux, après huit ans au pouvoir, ont complètement bousillé le système d’immigration. Ce système doit être axé principalement sur les services. Or, l’expérience des nouveaux arrivants au Canada est terrible, à telle enseigne que beaucoup d’entre eux envisagent de rentrer dans leur pays d’origine, parce qu’on ne leur offre pas les conditions qu’on leur a promises.
Nous devons absolument reconnaître les diplômes étrangers. Mon père n’a pas pu exercer son métier d’ingénieur parce qu’il n’a jamais réussi un examen de langue, alors qu’il a réussi tous les examens techniques. C’est le sort de beaucoup d’immigrants qui se retrouvent victimes de discrimination parce que leurs diplômes étrangers ne sont pas reconnus. Les chiffres ont déjà été mentionnés: 32 000 infirmières et plus de 20 000 médecins. Dans ma circonscription, il y a des ingénieurs qui ne trouvent pas facilement du travail parce qu’ils ont été formés ou qu’ils ont acquis leur expérience à l’étranger.
Les collèges provinciaux doivent cesser d’être des cerbères, afin que les gens puissent exercer leur profession, faire ce qu'ils aiment ici au Canada, contribuer à nos collectivités, fonder une famille et subvenir à leurs besoins. C’est le rêve canadien, et c’est ce rêve que nous devons rétablir.
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Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je tiens à souligner que j'ai l'honneur et le plaisir de partager mon temps de parole avec ma collègue la députée de .
Aujourd'hui, nous avons devons nous une motion qui soulève un débat, qui est évidemment nécessaire et qui peut très bien se faire sur n'importe quelle politique publique. Discuter d'immigration, des seuils d'immigration, des capacités d'intégration, de langue, de vie commune et du vivre-ensemble est toujours bienvenu, tout comme on va parler de politiques publiques en matière de santé, d'environnement, de commerce international, etc.
Cependant, comme le dit la chroniqueuse de La Presse Rima Elkouri, tout est dans la manière. C'est là que je vais en venir, parce que la motion de l'opposition, au-delà du langage précis qu'elle contient, s'inscrit dans un contexte politique, dans une certaine instrumentalisation politique de la question de l'immigration et de l'intégration.
Avant d'entrer dans ces détails, toutefois, j'aimerais vous lire un poème. Cela ne m'arrive pas tous les jours, mais j'aimerais vous lire un bref poème d'une personne que j'apprécie beaucoup, Gérald Godin, un des grands poètes québécois. Ce poème a été transposé en art urbain près de la station de métro Mont‑Royal, pas très loin de ma circonscription et de là où j'habite. J'aimerais qu'on retienne ces propos dans notre esprit:
Sept heures et demie du matin métro de Montréal
c'est plein d'immigrants
ça se lève de bonne heure
ce monde-là
le vieux cœur de la ville
battrait-il donc encore
grâce à eux
ce vieux cœur usé de la ville
avec ses spasmes
ses embolies
ses souffles au cœur
et tous ses défauts
et toutes les raisons du monde qu'il aurait
de s'arrêter
de renoncer
Cet hommage aux immigrants dans le métro de Montréal qui se lèvent de bonne heure pour travailler, je le vois tous les jours et toutes les semaines dans ma circonscription, Rosemont—La Petite‑Patrie.
La fin de semaine dernière, j'ai eu l'honneur de participer à une remise de diplômes d'une entreprise de réinsertion sociale qui s'appelle PROPRET. Les diplômés, s'agissant à 90 % d'immigrants, surtout des femmes, ont reçu une formation et un suivi en entretien ménager. Les gens qui suivent cette formation suivent souvent un processus de francisation également. On a accordé 67 diplômes à des gens qui ont un parcours difficile, mais qui travaillent, qui bûchent et, parfois, qui en arrachent. Cependant, ils étaient fiers de montrer ce qu'ils avaient accompli et qu'ils s'étaient intégrés en français au marché du travail. C'était très beau à voir.
Je pense qu'on doit souligner ces succès et cette réalité sur le terrain. C'est ce qui se passe vraiment.Ce n'est pas la catastrophe annoncée par certains groupes journalistiques qui aiment allumer des feux pour avoir de l'attention et des clics et ainsi faire des profits.
Cela me rappelle aussi le documentaire intitulé Essentiels, fait par Sonia Djelidi et la journaliste Sarah Champagne, sur les travailleurs étrangers temporaires. Il y avait plusieurs belles histoires dans ce documentaire, mais aussi des histoires pénibles, parce qu'on a beaucoup recours à ces travailleurs étrangers temporaires, ce que le premier ministre du Québec, semble-t-il, vient de découvrir.
Edyn, un Latino‑Américain, disait qu'il travaillait 10 heures par jour, qu'il devait s'occuper de ses deux enfants qui allaient à l'école et leur faire à manger, et que sa conjointe était restée dans son pays d'origine, avec des enfants aussi. Il disait qu'il ne savait pas quand il aurait le temps de suivre des cours de français. Il avait essayé de les intégrer dans son horaire, mais cela avait été difficile et il a échoué à plusieurs reprises.
Edyn a fini par obtenir son diplôme, mais la réalité sur le terrain, c'est que les gens ont deux ou trois emplois et travaillent 60 ou 70 heures par semaine pour être capables de joindre les deux bouts. On leur dit qu'ils n'ont qu'à apprendre le français, mais ce n'est pas si facile que cela. Cela se met bien sur un slogan, un dépliant ou un macaron, mais dans la vraie vie, ces gens essaient d'abord et avant tout de survivre.
Je veux parler aussi de Mamadou, qu'on a appelé un ange gardien et qui a travaillé dans les CHSLD pendant la pandémie. Il a attrapé la COVID‑19. Malgré tout son travail et sa connaissance du français, il est aujourd'hui menacé de déportation. C'est cela, le genre de cas que nous voyons à nos bureaux. C'est cela, la réalité sur le terrain.
C'est pour cela que le débat sur les seuils d'immigration au Québec est devenu un peu toxique et un peu malsain, parce qu'il y a beaucoup de vocabulaire utilisé pour diviser les gens, c'est-à-dire nous, les Québécois de souche, la majorité historique, et eux, les nouveaux arrivants qu'on pointe du doigt. C'est extrêmement dommage. Dans la motion d'aujourd'hui, il n'y a pas beaucoup de ce genre de discours, mais c'est pour cela que je dis qu'il faut faire attention au contexte, un contexte qui s'inscrit dans la durée depuis des années.
Il y a eu les accommodements raisonnables, la charte des valeurs, une laïcité très fermée et discriminatoire et un langage négatif qui amène énormément de dérapages. Ce ne sont pas des paroles en l'air.
Dans la dernière campagne électorale québécoise, le candidat et actuel ministre Jean Boulet a affirmé que 80 % des immigrants ne travaillaient pas et qu'ils ne parlaient pas français. Il a affirmé cela en campagne électorale, alors qu'il était ministre. Or, c'est tout à fait faux. Selon les données de l'Institut de la statistique du Québec pour 2021, près de 75 % des immigrants parlaient français.
Je l'ai déjà dit à la Chambre, mais il faut arrêter de parler de l'importance de la langue maternelle comme indicateur de la santé du français au Québec. La loi 101 servait et sert toujours à faire que cet indicateur de la langue maternelle ne compte plus. L'idée de la loi 101 est de faire que, si les immigrants de première génération ne parlent pas français et qu'ils ne sont pas capables de l'apprendre, leurs enfants vont pouvoir le faire et s'intégrer dans notre société québécoise. C'est un succès. Il y a beaucoup d'enfants de la loi 101 dans mon entourage et il y en a d'ailleurs une qui habite avec moi.
Il faut aussi être sérieux sur la question de savoir si le Québec reçoit sa part pour être capable d'intégrer les immigrants et d'effectuer un bon travail de francisation. Encore là, la réalité sur le terrain vient contredire ce que certains, notamment à la Coalition Avenir Québec, vont dire. L'an dernier, un article du journaliste Joël‑ Denis Bellavance, de La Presse, nous apprenait que, sur les 697 millions de dollars que le fédéral envoie à Québec pour la francisation des immigrants, 75 % étaient utilisés à des fins autres que des cours de français.
Avant de se plaindre et dire que la capacité d'intégration est à sa limite et que le fédéral ne fournit pas sa juste part, il faudrait peut-être que le gouvernement du Québec se regarde un peu et se dise qu'il pourrait utiliser ces 700 millions de dollars pour donner des cours de français aux immigrants qui veulent apprendre le français et qui doivent attendre longtemps.
Le ministre Boulet n'est pas le seul à avoir parlé comme il l'a fait. Le premier ministre Legault parle de menace existentielle et du fait que le Québec va devenir la Louisiane du Nord et que l'augmentation de manière inconsidérée du nombre d'immigrants serait une décision suicidaire. Ces mots-là sont graves. Tout le débat autour de la capacité d'accueil, du taux d'immigration et des seuils qu'on a au Québec en est teinté. Je rappelle notamment la première page d'un dossier du Journal de Montréal de samedi dernier, où on pouvait lire « Le Québec pris au piège ». On y trouve des titres comme « le français forcé au déclin », « on veut nous assimiler », « deux scénarios catastrophes », et un chroniqueur, Mathieu Bock-Côté, qui parle de « submersion démographique », faisant écho à certaines caricatures représentant une grande vague d'immigration. C'est dire carrément qu'on se fait envahir.
Je ne connais pas la différence sémantique entre la submersion démographique et la théorie du grand remplacement qui est beaucoup portée par l'extrême droite française, notamment Marine Le Pen et Éric Zemmour. On évoque systématiquement la disparition du peuple québécois face à la menace que serait l'immigration, alors qu'on devrait tenir un langage positif sur les nouveaux arrivants, dans le dialogue et l'ouverture. Au lieu de cela, on joue sur l'insécurité, sur la peur et sur la peur de l'autre. Or, la peur de l'autre amène un repli identitaire et une fermeture, une division dans notre société entre le peuple historique — notion qui oublie les Autochtones — et nos capacités d'intégration.
Je pense effectivement qu'on doit être vigilant. Le français est une minorité en Amérique du Nord et le sera toujours. On doit faire des efforts de protection et de promotion du français. On doit faire attention à notre cohésion sociale et à nos capacités d'intégration. Cependant, la cohésion sociale vient avec les bras ouverts, l'ouverture, l'accompagnement, pas en dénigrant, en pointant du doigt et en considérant les immigrants comme une menace au peuple québécois ou à la langue française.
Je suis assez effaré qu'on en soit arrivé avec les années à un débat qui est extrêmement toxique et négatif. Pourtant, le Québec a toutes les capacités, en travaillant avec les municipalités et le gouvernement fédéral, de bien accueillir les gens, d'en faire de futurs Québécois et Québécoises et d'arrêter de les voir comme des menaces à rejeter d'emblée face à la culture et à l'identité québécoise. C'est extrêmement dangereux comme glissement. Avec ce genre de motion, en ce moment, dans le contexte politique actuel, je pense qu'on doit mettre les barres aux t et les points sur les i.
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Monsieur le Président, tout d’abord, je tiens à dire que je suis ravie d’entendre le député parler de l’importance de ce débat et de ce qu’il signifie pour nous tous, mais en se gardant d’adopter une approche qui dénigre ou montre du doigt quiconque.
Je regarde autour de moi à la Chambre et très peu d’entre nous, à vrai dire, ne sont pas issus de l’immigration, qu’ils aient immigré eux-mêmes ou que leurs ancêtres aient immigré. Ceux d’entre nous qui ne sont pas autochtones ont été de nouveaux arrivants dans ce pays. Au fil des années, nous avons vu opérer des changements. Comme toujours, lorsque de nouveaux arrivants viennent dans un pays, dans un nouvel endroit, certains se sentent menacés ou ont peur, je suppose, parce qu’ils ne connaissent pas ces personnes.
Dans le cas des peuples autochtones et de leur histoire, et nous connaissons déjà l’histoire coloniale du Canada, il est triste de dire que ces peurs sont très réelles et que beaucoup de mal a été fait aux peuples autochtones avec lesquels le Canada essaie toujours de se réconcilier, en faisant de véritables efforts, mais le chemin est encore long. Cela ne fait aucun doute.
En ce qui concerne les autres communautés de nouveaux arrivants, il y a ceux d’entre nous qui sont venus au Canada en tant qu’immigrants. Dans mon cas, dans les années 1970, lorsque ma famille a immigré ici, nous étions également nouveaux dans ce pays, mais au fil des ans, nous avons travaillé dur pour nous intégrer dans la société canadienne. Nous avons appris la langue, la culture canadienne et les valeurs canadiennes, et nous nous sommes investis dans notre collectivité. Certains d’entre nous ont accompli différentes choses, et je dirais sans hésiter que la communauté immigrée a enrichi le Canada à tous les égards et qu’elle joue un rôle dans les moindres recoins de la société canadienne. Sa contribution est importante sur le plan économique, social, culturel et environnemental, c'est indéniable.
Quant à la situation dont il est question ici, on dit maintenant qu'il y a trop d’immigrants et que l’arrivée d’un plus grand nombre d’immigrants risque de nous priver de ce que nous avons. Je crois qu’il faut réfléchir à certains des préoccupations qui ont été soulevées.
Tout d’abord, il y a la question de la protection du Québec ainsi que de la langue et de la culture françaises. Je suis tout à fait d’accord pour dire que le Québec est une province à nulle autre pareille et qu’elle se distingue par sa langue et sa culture, que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger. Une partie de ce travail incombe au gouvernement fédéral, avec ses mesures en matière d’immigration, en particulier lorsqu’il s’agit de voir à ce que l’objectif d’immigration pour les francophones soit atteint. Malheureusement, ce n’est pas le cas.
Année après année, le gouvernement libéral rate la cible. En fait, la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada a recommandé au Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration que le gouvernement adopte une nouvelle cible d’immigration francophone de 12 % en 2024 pour la porter graduellement à 20 % en 2036. Je crois qu'il faut le faire. C'est une nécessité. Nous devons poursuivre résolument ces objectifs pour y parvenir. De plus, nous ne devons pas ménager nos efforts afin d'atteindre les objectifs en matière de francophonie à l'extérieur du Québec, sans oublier le travail que nous devons accomplir dans tout le pays pour que les apprenants aient accès aux langues, à des cours de français.
Dans mon cas, je voulais désespérément que mes deux enfants aient accès à l’immersion en français. Qu’est-ce que j’ai fait? Après leur naissance, je les ai inscrits à la loterie. C’est le système que nous avons. J’ai dû les inscrire à une loterie en espérant qu'ils seraient choisis pour entrer en immersion française. Malheureusement pour ma famille, aucun d’entre eux n’a gagné cette loterie. Telle est la réalité.
Pour résoudre le problème de la préservation de la langue française, il faut que ce genre de programmes ne soient pas accessibles au moyen d’une loterie, mais bien à tout le monde. Ce n’est pas la réalité, et c’est ce que nous devons corriger. Il ne s’agit pas d’un problème d’immigrants. C’est un problème canadien que nous devons prendre à bras-le-corps en veillant à ce que des ressources soient fournies et à ce que ces programmes soient mis en place.
En ce qui concerne la contribution des immigrants, il est clairement ressorti pendant la pandémie, surtout compte tenu de la grave pénurie de travailleurs de la santé que nous connaissons, qu'ils apportent une aide considérable au Canada, y compris en acceptant parfois des emplois qui les mettent en danger. On l'a vu dans l’industrie de l’aquaculture. Des travailleurs migrants ont même perdu la vie en contribuant à notre approvisionnement alimentaire. C’est la réalité, et la situation est toujours difficile pour les travailleurs migrants qui se font exploiter par leur employeur parce qu’ils n’ont pas tous les droits des travailleurs. J’estime d'ailleurs qu'on devrait tous les régulariser en leur accordant le plein statut d'immigré.
En ce qui a trait aux services de santé, j’aimerais rappeler quelques chiffres pertinents. Les immigrants représentent 36 % des médecins, 33 % des entrepreneurs ayant des employés et 41 % des ingénieurs. Autrement dit, les immigrants occupent des postes dans tous les secteurs professionnels et ils enrichissent grandement notre société.
Dans les services de santé, en particulier, 23 % des infirmiers autorisés sont des immigrants; 35 % des aides-infirmiers et des titulaires d'emplois connexes sont des immigrants; et 37 % des pharmaciens, 36 % des médecins, 39 % des dentistes et 54 % des technologues dentaires et des titulaires d'emplois connexes sont des immigrants. À une époque où on a grand besoin de travailleurs de la santé, la communauté immigrante montre — et je doute que cela change — qu’elle contribue dans une large mesure à faire tourner l’économie des soins de santé et des services, dont toute la population dépend pour rester en santé.
Pour les immigrants, une partie du problème consiste à se faire reconnaître par ces professions. Nous en avons parlé, et il faut trouver une solution. Le gouvernement doit faciliter la reconnaissance des titres de compétence. Certaines provinces ont déjà commencé à le faire, ce dont je me réjouis, et les résultats sont époustouflants. Cela a suscité énormément d’intérêt. En Nouvelle‑Écosse, par exemple, près de 1 500 personnes ont manifesté de l'intérêt pour un nouveau programme, lancé le 1er mai dernier. La Colombie‑Britannique est en train de faire la même chose.
C’est exactement ce qu'il faut faire. Il faut éliminer les obstacles qui empêchent les immigrants de participer pleinement à la société canadienne. En reconnaissant leurs talents, le Canada leur permettra d’exercer leur profession, ce qui profitera à toutes les provinces du Canada et au Québec, c'est certain. En fait, pendant la pandémie, le Québec a voulu un programme d'immigration pour régulariser les immigrants qui travaillaient dans le secteur de la santé. La contribution des immigrants est indéniable, et nous devons absolument faciliter le processus qui leur permettra de réaliser tout leur potentiel au Canada.
Quand on s'attarde à la personne, à l'être humain, il y a de nombreux aspects que l'on doit...
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Madame la Présidente, je tiens à souligner que je vais partager mon temps de parole avec l'excellent député de Saint‑Hyacinthe—Bagot.
Je vais commencer en disant ceci: je suis proimmigration, au grand malheur de mes détracteurs sur les réseaux sociaux et probablement du député de , qui se targuent de savoir mieux que moi le fond de ma pensée. Donc, je suis proimmigration. Les organisations avec lesquelles je collabore pour tenter d'assurer le bien-être des familles au Québec qui passaient, entre autres, par le chemin Roxham et qui méritent qu'on les accueille avec dignité par la grande porte au Québec le savent. Je le répète: je suis proimmigration.
Le Québec est aussi proimmigration. Les Québécoises et les Québécois souhaitent accueillir les nouveaux arrivants avec respect et dignité en leur offrant les ressources et les outils nécessaires pour que leur projet d'immigration soit une réussite pour qu'ils demeurent au Québec. Avec la Century Initiative, c'est impossible de le faire.
On m'a déjà entendu prononcer ces mots à maintes reprises, mais je vais les répéter une fois de plus. Lorsqu'on parle de nouveaux arrivants, on parle d'homme, de femmes, d'enfants et de familles tout entières à la recherche d'une vie meilleure. Ce sont des parents qui souhaitent offrir ce qu'il y a de mieux à leurs enfants. C'est ce qu'on veut tous, au final: offrir ce qu'il y a de mieux à nos enfants.
Bon nombre d'entre eux ont décidé de venir étudier et travailler au Québec, charmés par la qualité de vie, les grands espaces verts, l'hiver québécois, bien sûr, et la culture québécoise. D'autres sont attirés par de meilleures perspectives de carrière, un niveau de vie plus élevé ou des opportunités éducatives. Ce sont des projets qui contribueront à la société québécoise dans son ensemble. Du fond du cœur, on leur souhaite de trouver cela. On nous souhaite qu'ils le trouvent. En aucun cas il ne faut que leur rêve soit brisé par les intérêts du fédéral ou des groupes de pression.
Je le répète: je suis proimmigration, et le Québec l'est aussi, mais pas n'importe comment et surtout pas à n'importe quel prix. En tant que petite nation dont la langue est minoritaire à l'échelle du continent, cela suppose que la capacité d'intégration du Québec est différente. La politique d'immigration du Québec, comme celle du Canada, doit en conséquence tenir compte de cette capacité d'intégration. C'est dans cette optique que l'Assemblée nationale du Québec a dénoncé à l'unanimité les objectifs de l'Initiative du Siècle. Pas plus tard qu'hier, le chef du Bloc québécois nous rappelait ceci: l'histoire nous dira qu'on ne consulte pas ceux à qui on risque de nuire.
À cet effet, le Bloc québécois dénonce vivement le fait que le gouvernement fédéral n'a pas consulté le gouvernement du Québec ni les premiers peuples, d'ailleurs, avant d'augmenter son nouveau seuil d'immigration à 500 000 par année. Le Bloc québécois dénonce également l'orientation de la politique d'immigration du gouvernement libéral dont les objectifs correspondent à ceux suggérés par le groupe de pression Century Initiative visant à gonfler à 100 millions de personnes la population canadienne à l'horizon de 2100. Au Bloc québécois, nous sommes convaincus que la Chambre doit rejeter ces cibles et demander au gouvernement de ne surtout pas s'en inspirer pour développer ses propres seuils à venir.
C'est pourquoi nous appelons les parlementaires de tous les partis à fermement rejeter cette option irresponsable et irréaliste. Dans les faits, le projet vise à augmenter la population canadienne à 100 millions d'habitants d'ici 2100. Étrangement, les nouveaux objectifs d'accueil du gouvernement fédéral correspondent directement aux objectifs de l'Initiative du Siècle.
Je le répète: ni le Québec ni les premiers peuples n'ont été consultés. Pourtant, le fait de tripler la population du Canada a des effets réels. Il y a des répercussions sur l'avenir de la langue française au Québec et au Canada, le poids politique du Québec, la place des premiers peuples, l'accès au logement et les infrastructures de santé et d'éducation. Aucune de ces répercussions n'a été prise en compte dans l'élaboration du projet.
Qui plus est, de l'aveu même des personnes qui ont développé et pensé l'initiative, les enjeux sociaux et les considérations démographiques et linguistiques ont complètement été évacués des paramètres d'évaluation. Ce n'est un secret pour personne: j'aime les débats. C'est normal, c'est sain en démocratie, particulièrement sur les enjeux importants qui dessinent le futur. Cette discussion sur l'avenir de notre nation est une discussion démocratique qui concerne toutes les citoyennes et tous les citoyens du Québec et du Canada.
Malheureusement, en raison de son appartenance au Canada, le Québec est trop souvent confronté à des choix qui ne sont pas les siens. Les choix et les priorités du fédéral font appel trop souvent à des intérêts qui n'ont rien à voir avec ceux de la nation québécoise. C'est le cas pour l'Initiative du Siècle. C'est généralement le cas dans l'approche libérale en matière d'immigration.
Parlons de l'intérêt libéral. En 2016, Dominic Barton, qui dirigeait toujours la firme McKinsey, a été nommé à la tête du Conseil consultatif en matière de croissance économique constitué par le gouvernement canadien, le gouvernement libéral. Dominic Barton et ses collègues ont recommandé une hausse substantielle des seuils d'immigration afin d'atteindre une population de 100 millions de Canadiens à l'horizon de 2100.
De l'aveu même de M. Barton, certains membres du comité jugeaient ces seuils beaucoup trop élevés. Or, à voir sa cible d'immigration actuelle, le gouvernement du Canada a fini par suivre la recommandation de Dominic Barton.
L'ex-directeur général de McKinsey est aussi cofondateur de la Century Initiative, qui vise à augmenter l'immigration graduellement jusqu'à plus de 1 million d'immigrants permanents par année à un certain moment dans le calcul qui est fait dans le plan détaillé.
Ce lobby est soutenu financièrement par de nombreuses banques et sociétés torontoises. Parlons en des lobbyistes. Le groupe est inscrit au Registre des lobbyistes. On les retrouve sur la liste des membres du conseil d'administration. Certains sont donateurs du Parti libéral et du Parti conservateur; je n'invente rien, c'est public. Sans surprise, le groupe de pression souhaite aussi que le Canada poursuive l'exploration et l'exploitation gazière et pétrolière. Plusieurs gisements sont sur les territoires de peuples autochtones. Selon ce qu'on en sait, le lobby juge qu'Ottawa devrait trouver une voie de passage. C'est ce lobby dont traite la motion aujourd'hui et dont on parle. L'histoire nous dira qu'on consulte rarement ceux à qui on risque de faire du tort.
Si on résume le tout, sans aucune consultation avec le Québec et les Premiers Peuples et sans aucune considération des particularités de la nation québécoise ni de la volonté des Québécoises et des Québécois d'accueillir dignement les nouveaux arrivants en leur offrant un logement décent, l'accès aux soins de santé et une éducation de qualité, le gouvernement libéral a décidé, de son propre chef, de hausser de façon exponentielle les cibles d'immigration.
Soit c'est moi qui ne comprends pas soit c'est le gouvernement qui ne comprend rien. Dans tous les cas, une chose est certaine, sur les cibles, on ne s'entend pas. J'ai comme l'impression qu'on ne s'entendra jamais. Sauf que, disons-nous une chose, si le fédéral ne veut pas entendre ce que le Québec a à dire, c'est peut-être parce que le Québec n'a plus sa place dans la fédération canadienne. Le jour où on ne s'entendra plus du tout avec le fédéral, il va toujours nous rester l'indépendance.
C'est un maudit beau projet de société auquel je suis certain que des gens d'un peu partout vont vouloir collaborer, parce qu'on aime le Québec et qu'on veut prendre soin des gens qui s'y trouvent. Prendre soin de notre monde, cela ne se fait pas n'importe comment et surtout pas à n'importe quel prix. Cela se fait en les accueillant par la grande porte, avec dignité et respect, en sachant qu'on a de la place pour eux et qu'ils vont être bien chez nous. C'est cela que dit le Bloc québécois.
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Madame la Présidente, à Ottawa, on fait une mise à jour postnationale 3.0.
C'est d'offrir à une multinationale, un État dans l'État, la tentaculaire firme McKinsey, le lucratif mandat de définir un pan aussi important de la politique publique que celui des seuils migratoires. La cause est entendue et l'opération de communication est implacable. La seule manière de s'éviter des accusations de racisme, la seule manière de continuer de briller dans les salons de Toronto, c'est d'augmenter la population totale du Canada de 100 millions de personnes d'ici 2100.
Pour concocter cette annonce, faite sur mesure pour les big boss, Ottawa a combiné l'ignorance des besoins et de la volonté de distinction culturelle du Québec et des Premières Nations au mépris le plus total des capacités d'accueil réalistes. Ottawa n'a même pas le mérite de rendre service à ces futurs nouveaux arrivants, pour lesquels on n'ose même pas annoncer la construction de nouveaux logements.
Qu'on se le dise, l'Initiative du Siècle n'est pas l'idée du siècle, et ce, en dépit de phrases creuses qui définissent la seconde nature du premier ministre.
Le Québec, comme nation, dont le parcours historique s'est combiné de phases de survie et de moments d'affirmation, a pour souci permanent sa pérennité culturelle et linguistique. En 1978, le gouvernement du Parti québécois de René Lévesque a adopté la Politique québécoise du développement culturel. Elle a été rédigée par deux des plus grandes têtes pensantes de notre histoire, Guy Rocher et Fernand Dumont, sous le parrainage du brillant ministre Camille Laurin.
J'en profite pour souligner au passage que c'est Camille Laurin le vrai artisan de l'intégration des nouveaux arrivants au Québec, plus que Gérald Godin, pour qui j'ai aussi énormément de respect, mais dont la récupération ad nauseam a un peu tendance à m'agacer.
Tout était clair. La culture de tradition qu'on pourrait dire française se doit d'être un foyer de convergence culturelle. La raison en est fort simple. En régime démocratique, les citoyens et les citoyennes doivent pouvoir s'entendre sur un lieu commun d'échange. Comme jadis, nous le répéterons patiemment. Il n'est pas question pour la culture québécoise d'abolir les autres cultures sur notre territoire, mais bien de constituer un lieu de réunion concret, sensible et nécessaire à l'établissement d'un sentiment commun d'appartenance, d'une vision partagée du bien commun. Le Québec peut autant être la nation de Gilles Vigneault que celle de Dany Laferrière.
En 2023, l'opposition unanime, tous partis confondus, de l'Assemblée nationale à la Century Initiative, pour laquelle, rappelons-le, elle n'a aucunement été consultée, en traduit l'évidence.
Dans une telle mesure, le Québec, nation accueillante et généreuse, est prêt à accueillir le plus d'immigrants possible, mais rappelons-nous que le mot « possible » revêt ici tout son sens. La question du nombre a une importance. S'il existe dans notre État la capacité de fixer par l'appareil étatique le nombre de nouveaux arrivants par année, c'est qu'il est légitime d'en discuter, d'en débattre et d'y réfléchir. Malheureusement, ce débat est trop souvent confisqué, alors que les épithètes visant à le restreindre sont trop souvent employées avec l'objectif ostentatoire de rendre infréquentables les mécréants qui ne sont finalement que soucieux d'une plus harmonieuse intégration.
On entend souvent, à propos de l'immigration, la métaphore du robinet. Pensons-y, justement. Qu'est-ce qu'un robinet? Si on ne veut pas que le vase déborde, il faut le remplir consciencieusement, de façon responsable. Traiter cette question à travers les lunettes rouge orange de l'idéologie, c'est purement et simplement fallacieux, comme est répugnante cette volonté d'exclure du débat les opinions dissidentes. Ces opinions sont parfois d'ailleurs de rigoureuses démonstrations venant d'experts qui soulignent le gigantesque danger pour la survie même de la nation québécoise face à des hausses qui seraient trop brutales, qui ne seraient pas assez harmonieuses et qui ne seraient pas assez réfléchies.
Le Canada, à l'inverse, est gangréné jusqu'au trognon par une utopie, celle du multiculturalisme, celle de l'idée que tout nouvel arrivant n'a qu'à se recroqueviller dans des communautés repliées sur elles-mêmes basées sur l'appartenance d'antan. Le régime canadien ne perçoit pas qu'il existe des citoyens qui soient égaux en droits et en devoirs et membres d'une nation commune avec un tronc commun. Il perçoit plutôt un amas de minorités pouvant passer la totalité de leur existence sans avoir même besoin de s'adresser la parole.
Cette utopie radicale s'est institutionnalisée dans la Constitution canadienne, une constitution irréformable, figée dans le béton, imposée unilatéralement par Pierre Elliott Trudeau et dont le Québec n'est toujours pas signataire à ce jour. Le gouvernement des juges, non élus évidemment, est chargé de démanteler les lois du Québec, comme la Charte de la langue française qui n'est plus que l'ombre d'elle-même, comme la loi 21 qui risque de ne pas connaître un avenir bien plus radieux que la loi 101. Cette caste se fait un point d'honneur de neutraliser la démocratie québécoise, de casser son affirmation en tant que nation et d'étouffer ses institutions politiques.
Il n'est guère surprenant, dans cette perspective, que fiston veuille aujourd'hui poursuivre le rêve de papa. Cela n'étonne guère, ni sur le plan de la hausse fulgurante des seuils proposée aujourd'hui ni sur celui de la dépolitisation d'une décision aussi importante, au profit — dans tous les sens du mot — de la clique apatride de McKinsey, qui sème la pagaille et créé des scandales partout où elle passe. La coupe est pleine.
Dominic Barton a dirigé la firme McKinsey, un État dans l'État, de 2009 à 2018. En 2016, Barton, qui dirigeait toujours la firme McKinsey, a été nommé à la tête du Conseil consultatif en matière de croissance économique, constitué par le gouvernement canadian. En plus d'être dirigé par le dirigeant de McKinsey, ce groupe était soutenu par des employés de McKinsey Canada.
Dominic Barton est aussi cofondateur du lobby de la Century Initiative, soutenu financièrement par le grand capital de Toronto, qui vise à augmenter l'immigration graduellement jusqu'à plus de 1 million d'immigrants permanents par année. La Century Initiative se démarque aussi, précisons-le, par sa volonté agressive de forcer des projets gaziers et pétroliers, notamment en territoire autochtone, nonobstant l'appui des Autochtones.
Se pourrait-il, dans ce cas-là, que le wokisme des grands capitalistes Canadian et sans patrie — ces deux qualificatifs qui peuvent avoir l'air contradictoires vont très souvent ensemble — ne soit qu'une posture esthétique, une posture bien pensante qui s'applique à géométrie variable? On le voit ici par le peu de respect envers les volontés des Premières Nations, qu'on garde sous le régime raciste de la Loi sur les Indiens, nonobstant les discours larmoyants qu'on entend souvent à la Chambre et qui visent à briller en société.
En réponse à une question de la députée de lors de la comparution de Dominic Barton devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, dans le cadre de l'étude sur McKinsey, le principal intéressé a avoué que le groupe de pression n'a jamais pris en compte l'incidence que sa proposition de hausser l'immigration pouvait avoir sur le fait français. Cela n'existe pas, niet, on oublie cela. Sur le site du groupe, aucun rapport ne mentionne l'incidence de cette hausse massive des seuils. Personne, dans les troupes rouges-oranges, ne semble s'indigner ou se préoccuper de ce fait.
Il importe de rejeter urgemment le projet dangereux de la Century Initiative. Cependant, pour cesser durablement de quémander, pour cesser de contraindre l'Assemblée nationale à adopter à répétition des motions à l'unanimité qui ne créeront même pas un petit chatouillement dans la Chambre des communes, pour cesser la tendance à la réduction permanente du poids du Québec en ce Parlement qui ne fera des Québécois et des Québécoises qu'une minorité qui n'aura plus le mérite de distraire le régime pour clarifier à la face même de tout individu qui voudrait élire domicile chez nous qu'il appartiendra à une patrie qui se nomme Québec et qu'il pourra dire « nous » avec elle, faisons le choix de la liberté.
Le choix est clair: la liberté ou l'impuissance collective dans la médiocrité; l'indépendance ou la folklorisation et la minorisation, et ce, jusqu'à notre disparition pure et simple. Nous aurons notre Québec indépendant, libre, résolument français, et il sera un des plus beaux pays au monde.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je suis très heureux de me lever aujourd'hui afin d'aborder un sujet qui touche de près ma communauté et ma circonscription, Lac-Saint-Louis.
Le Canada fait face à des enjeux démographiques et à une pénurie de main-d'œuvre importante. En fait, chaque fois que je suis sur le terrain et que je rencontre des entrepreneurs, que ce soit des gens œuvrant dans le tourisme, la restauration, l'agriculture ou les usines, tous me parlent des répercussions et des défis qu'ils vivent au jour le jour à cause de la pénurie de main-d'œuvre. Les conséquences du manque d'employés sont lourdes pour les PME. Cela entraîne des surplus de travail pour les employés, des reports ou des pertes de contrats, sans parler des pertes économiques que cela engendre partout au pays.
Actuellement, le taux de chômage au Canada est à un niveau historiquement bas, alors qu'il est actuellement à 5 % au pays et à 4,1 % au Québec. De plus, il est important de souligner que l'économie canadienne a récupéré 129 % des emplois perdus à la suite de la pandémie. C'est une excellente nouvelle, mais qui malheureusement engendre aussi certains problèmes.
Il y a 50 ans, il y avait sept travailleurs pour chaque retraité. Aujourd'hui, on en est rendu à trois pour un et dans moins de 15 ans ce sera deux pour un. Ces chiffres parlent d'eux-mêmes. La croissance économique du Canada est plus rapide que la capacité de certains employeurs à trouver des travailleurs, et ce, depuis maintenant quelques années.
Comme je le disais, que ce soit dans l'industrie des pêches, de l'agriculture, de la foresterie, dans les mines, dans le tourisme, dans la transformation ou ailleurs, dans notre économie, il existe une pénurie de main-d'œuvre importante. C'est un problème que notre gouvernement prend très au sérieux et auquel nous nous attaquons de plusieurs manières. L'une des solutions, afin de pallier la pénurie de main-d'œuvre, demeure l'immigration, car de nos jours 100 % de la croissance de la main-d'œuvre nous vient de l'immigration. C'est une solution directe aux problèmes de main-d'œuvre, en plus d'être le fondement historique de notre beau et grand pays. Par contre, dans les derniers jours, des informations erronées ont été véhiculées et il m'apparaît important de le souligner de façon claire.
L'Initiative du Siècle n'est pas une politique gouvernementale. Je veux être encore plus clair: le gouvernement n'adhère pas aux conclusions de ce groupe indépendant et il n'a pas comme objectif d'augmenter la population du Canada à 100 millions de personnes.
En novembre dernier, notre gouvernement a annoncé nos cibles d'immigration pour les trois prochaines années. Ces cibles ont été fixées en fonction des besoins du Canada, puisque nous reconnaissons que l'immigration est essentielle pour aider les entreprises à trouver les travailleurs dont elles ont besoin et pour continuer à faire croître notre économie. Rappelons d'ailleurs que, lors de chaque exercice précédant l'annonce de nos cibles, les provinces sont consultées. Les objectifs de novembre dernier portaient en effet une attention particulière à la pénurie de main‑d'œuvre, tout comme à la régionalisation de l'immigration, ainsi qu'à l'immigration francophone.
Je souhaite rassurer la Chambre. Augmenter l'immigration francophone pour freiner le déclin du français est une priorité pour notre gouvernement et figure même dans le projet de loi que nous allons voter à l'étape du rapport cet après-midi. L'an dernier, nous avons atteint notre cible de 4,4 % d'immigrants francophones hors Québec, ce qui est une bonne nouvelle évidemment.
On ne s'arrêtera pas là. Plus récemment, nous avons annoncé notre nouveau plan d'action pour les langues officielles plus ambitieux que jamais avec un pilier complet touchant l'immigration francophone et des investissements de 137 millions de dollars. C'est une première historique. Ce plan prévoit sept nouvelles mesures afin d'appuyer l'immigration francophone, notamment afin d'ajouter du soutien aux employeurs pour recruter des travailleurs étrangers francophones et pour l'apprentissage du français pour les nouveaux arrivants.
Rappelons aussi qu'avec le projet de loi C‑13 nous développerons une nouvelle politique d'immigration francophone avec des objectifs, des cibles et des indicateurs clairs pour guider nos actions.
Ce sont là des exemples qui démontrent l'importance d'avoir des cibles ambitieuses, tout en cherchant à s'attaquer aux défis que nous vivons. De ce côté-ci de la Chambre, nous sommes d'avis qu'il faut agir de façon responsable pour répondre à ces besoins pressants, et c'est exactement ce que nous faisons.
Il est important de souligner que les seuils d'immigration sont revus et révisés tous les trois ans, car on souhaite répondre aux besoins et aux capacités du Canada.
En conclusion, je souhaite répéter que l'Initiative du Siècle n'est pas une politique gouvernementale et que nos cibles d'immigration ne correspondent pas à ses objectifs. De plus, l'immigration est un outil qui permet de réduire la pénurie de main-d'œuvre. Pour un député d'une région comme la mienne, il est primordial de recourir à l'immigration afin de faire croître l'économie de la région.
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Madame la Présidente, avant d'aborder la motion du Bloc québécois, je tiens à offrir mes plus sincères condoléances à la famille du sergent Eric Mueller, ainsi qu'aux deux policiers qui ont été malheureusement blessés à Bourget, dans ma circonscription. Je tiens à saluer leur courage et à remercier la communauté, dont les policiers et les premiers répondants qui sont intervenus dans cette affaire tragique.
Madame la Présidente et distingués membres de la Chambre des communes, merci de me permettre de prendre la parole sur la motion de l'opposition du Bloc québécois concernant la politique d'immigration de notre gouvernement. Il est important de préciser que de nombreux efforts réfléchis ont été déployés par des personnes de partout au pays pour soutenir l'immigration, et que de nombreux groupes et groupes de réflexion différents ont formulé des suggestions, des commentaires et des conseils. Les points de vue, y compris le rapport de l'Initiative du Siècle, font partie d'un dialogue national sur l'immigration et sont à la disposition de tout député ou Canadien. La seule chose qu'ils ne sont pas, c'est une politique gouvernementale.
Comme Franco-Ontarien, j'aimerais concentrer mon discours sur un élément important de la réforme du régime linguistique canadien: l'immigration francophone. En effet, l'immigration francophone est une des pierres angulaires de la vision du gouvernement du Canada pour la réforme du régime linguistique canadien, qui a été rendue publique en février 2021 dans le document intitulé « Français et anglais: Vers une égalité réelle des langues officielles au Canada ».
L'immigration francophone a fait l'objet de nombreuses études, rapports et débats parlementaires et est un sujet qui fait régulièrement les manchettes dans les médias canadiens. Sans contredit, l'immigration francophone est l'un des facteurs qui contribueront à freiner le déclin du français et à accroître le poids démographique des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Globalement, notre réforme du régime linguistique canadien se base sur deux composantes complémentaires qui comprennent d'importantes mesures en matière d'immigration francophone. D'abord, des mesures législatives sur l'immigration francophone sont incluses dans le projet de loi , qui vise à renforcer et à moderniser la Loi sur les langues officielles. Ensuite, sept initiatives nouvelles ou bonifiées en faveur de l'immigration francophone ont été incluses dans le Plan d'action pour les langues officielles 2023‑2028, totalisant un investissement de plus de 137 millions de dollars sur 5 ans.
Parlons maintenant du projet de loi , qui vient concrétiser notre volonté de remédier au déclin du poids démographique des minorités francophones, notamment en assurant le rétablissement et l'accroissement de celui-ci. En effet, en plus de prévoir l'adoption d'une politique renforcée en matière d'immigration francophone, le projet de loi réitère l'importance des secteurs essentiels pour l'épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire, comme la culture, l'éducation, la santé, la justice, l'emploi et l'immigration.
De plus, en renforçant la partie VII de la Loi et en précisant les obligations des institutions fédérales de prendre des mesures positives et d'en évaluer les effets, les institutions fédérales sont encouragées à prendre des mesures positives dans tous ces domaines clés, et ce, pour l'ensemble de leurs politiques, programmes et décisions structurantes.
J'aimerais maintenant parler plus en profondeur de notre plan d'action en matière de langues officielles, intitulé « Plan d’action pour les langues officielles 2023‑2028: Protection-promotion-collaboration », qui a été dévoilé à la population canadienne le 26 avril à la Cité collégiale, là où j'ai eu la chance de faire certaines études. Nous sommes très fiers de ce plan, qui prévoit un investissement historique de plus de 4 milliards de dollars sur 5 ans.
L'immigration francophone est un des quatre piliers qui articulent et orientent notre stratégie quinquennale en matière de langues officielles. Ce pilier vient affirmer l'engagement de notre gouvernement à favoriser la vitalité des communautés francophones, et ce, en répondant aux défis d'ordre économique et démographique par l'entremise de l'immigration francophone. Comme je l'ai mentionné, ce pilier représente de nouveaux investissements de plus de 137 millions de dollars sur 5 ans, répartis entre sept initiatives en appui à l'immigration francophone.
La première initiative est la mise en place d'une nouvelle politique en matière d'immigration francophone, à l'instar de ce qui est prévu dans notre projet de loi de modernisation de la Loi sur les langues officielles, soit le projet de loi . Cette nouvelle politique contiendra donc des objectifs, des cibles et des indicateurs, de manière à orienter et guider l'élaboration et la mise en œuvre de politiques et de programmes dans l'ensemble du continuum de l'immigration francophone, de l'attraction à la sélection et à l'intégration des nouveaux arrivants d'expression française au Canada.
La deuxième initiative porte sur une expansion ciblée et un accroissement de la promotion et de l'appui au recrutement qui permettront de sensibiliser les immigrants potentiels aux communautés francophones et aux services et programmes offerts en français.
La troisième initiative prévoit un corridor pour la sélection et la rétention d'enseignants de français au Canada par l'entremise d'initiatives interconnectées qui visent à accroître le nombre et la rétention d'enseignants de français et d'expression française recrutés à l'étranger
La quatrième initiative concerne l'établissement d'un parcours d'intégration francophone renforcé afin de faciliter l'établissement et l'intégration de nouveaux arrivants en sol canadien et de renforcer les capacités d'accueil des communautés francophones en situation minoritaire.
La cinquième initiative porte sur la création d'un centre d'innovation en immigration francophone qui permettra la participation des communautés francophones dans les activités de promotion, d'identification, d'accompagnement et de recrutement de candidats d'expression française et bilingues.
La sixième initiative a trait au développement d'une lentille francophone intégrée au programme d'immigration économique de manière à améliorer la sélection des immigrants francophones et bilingues.
Finalement, la dernière initiative vise à prévoir et à développer des mesures venant appuyer l'apprentissage du français ou de l'anglais en bonifiant des subventions et contributions de manière à élargir la portée géographique et l'amélioration de la qualité de la formation linguistique pour les nouveaux arrivants.
J'aimerais aussi ajouter qu'en complément à ces initiatives, qui seront développées et déployées par mon collègue le , Patrimoine canadien soutient l'initiative d'appui au recrutement et à la rétention des enseignants de français langue première et langue seconde au Canada, laquelle vise à recruter et à maintenir en poste des enseignants issus de l'immigration récente. De plus, Patrimoine canadien octroie des contributions aux gouvernements provinciaux et territoriaux pour l'offre de service dans la langue de la minorité. Les ententes permettent à ces gouvernements de cibler le développement de services dans les secteurs prioritaires, dont celui de l'immigration francophone.
Finalement, j'aimerais aussi souligner que, dans le contexte du Plan d'action pour les langues officielles 2023‑2028, notre gouvernement s'est engagé à favoriser les objectifs de diversité, d'inclusion et d'équité avec de nouvelles initiatives destinées à appuyer la clientèle des plus vulnérables. C'est ce que nous ferons.
En conclusion, l'immigration est bel et bien l'une des figures de proue de notre réforme du régime linguistique canadien. Nous espérons que les députés des partis de l'opposition à la Chambre reconnaissent que nous avons rempli nos engagements, avec des investissements historiques de plus de 4 milliards de dollars sur cinq ans en matière de langues officielles, et appuient le projet de loi .
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Madame la Présidente, je me ferai un devoir de porter au gouvernement du Québec le message de mon collègue, qui vient de terminer son discours, pour lui dire qu'il devrait mettre ses culottes en matière d'immigration. Je pense qu'il va apprécier le message. En fait, je n'en suis pas sûr.
D'entrée de jeu, je dois dire que je vais partager mon temps de parole avec ma collègue la députée de Terrebonne.
Notre motion aujourd'hui est fort simple. Je pense que cela fait quelques minutes que nous ne l'avons pas rappelée. Elle va comme suit:
(i) la Century Initiative vise à augmenter la population canadienne à 100 millions d'habitants d'ici 2100,
(ii) les nouveaux objectifs d'accueil du gouvernement fédéral correspondent aux objectifs de la Century Initiative,
(iii) tripler la population du Canada a des impacts réels sur l'avenir de la langue française, le poids politique du Québec, la place des Premiers Peuples, l'accès au logement, les infrastructures de santé et d'éducation,
(iv) ces impacts n'ont pas été pris en compte dans l'élaboration de la Century Initiative et que le Québec n'a pas été considéré,
la Chambre rejette les objectifs de la Century Initiative et demande au gouvernement de ne pas s'en inspirer pour développer ses seuils d'immigration à venir.
Ce n'est pas très compliqué comme demande. Cela relève beaucoup du gros bon sens et, aussi, de la compréhension de l'un et de l'autre.
Cet objectif de 100 millions d'habitants au Canada à la fin du siècle est quelque chose qui m'inquiète. Je dois dire que je trouve que la manœuvre est de moins en moins subtile. C'est difficile de croire que le but inavoué n'est pas en quelque sorte d'en finir complètement avec les sempiternelles revendications du Québec que certains bien pensants fédéralistes voient comme une mouche qui leur tourne autour de la tête sans arrêt.
Il y a deux façons de voir cela. La première serait de la mauvaise intention. Le gouvernement et ceux qui établissent les politiques du gouvernement savent très bien ce qu'ils font au Québec en établissant des cibles d'immigration beaucoup trop élevées pour ce que le Québec est capable d'absorber. Ils savent que, en faisait cela, on va étouffer carrément la culture francophone, la culture québécoise au Québec.
Comment fera-t-on cela? C'est par l'afflux massif de nouveaux arrivants qui, même s'ils parlent français, ne pourront pas être accueillis comme le Québec souhaite accueillir ses immigrants. Ils ne pourront pas bien s'intégrer dans la société, parce que les infrastructures et les services en place ne sont pas équipés pour accueillir un tel afflux. Qu'est-ce qui arrive quand une société d'accueil n'est pas capable de bien accueillir et de bien intégrer ses nouveaux arrivants? Cela crée une ghettoïsation. Les nouveaux arrivants se regroupent là où ils se sentent en sécurité, là où ils se sentent en milieu familier, et cela crée des ghettos. Cela donne ce qu'on a vu déjà un peu partout dans le monde et ce qu'on voit même dans certaines villes du Canada. Ce n'est pas cela que le Québec veut.
Le Québec souhaite avoir une immigration nombreuse francophone pour que la langue commune, la langue de travail, la langue de tous les jours soit le français. Le Québec souhaite accueillir et intégrer ses nouveaux arrivants dans un modèle qui n'est pas le multiculturalisme. La particularité du Québec, c'est justement qu'il a une langue à protéger, une langue en situation de continuel danger de disparition dans un univers de quelque 300 millions d'anglophones en Amérique du Nord.
Il y a aussi la question du poids politique du Québec dont parle la motion du Bloc québécois d'aujourd'hui et qui alimente la discussion et les débats. La perte du poids politique du Québec au sein de la fédération canadienne va faire que les différentes lois qui protègent la spécificité de la nation québécoise vont pouvoir être attaquées avec encore plus de vigueur, avec encore moins de moyens de défense pour le Québec. Cela aura pour effet que, petit à petit, le Québec va continuer de reculer tranquillement. C'est un peu comme la grenouille qu'on met dans l'eau froide et, qu'après cela, on part le feu, on laisse la grenouille s'habituer tranquillement pas vite à la chaleur qui augmente jusqu'à tant que... On connaît la suite de l'histoire. Je ne suis pas sûr que c'est prouvé scientifiquement, mais on comprend l'image.
Bref, le Québec va reculer et va accepter son sort en se disant qu'un malheur connu est probablement plus confortable qu'un bonheur incertain. On se retrouvera donc dans l'océan multiculturaliste rêvé par le père Trudeau il y a de cela des années. On ne me fera pas accroire qu'il rêvait de protéger le français en faisant cela.
Outre le fait que cela me déçoit de constater cette espèce d'absence de sensibilité généralisée, cela me fait réaliser que c'est quand même un effet pervers du multiculturalisme à l'encontre du français.
Déjà on voit que la culture québécoise se noie tranquillement pas vite dans le maelstrom culturel canadien et nord-américain. De plus en plus, les défenseurs du français sont perçus par plusieurs dans le reste du Canada comme des vieux réactionnaires grisonnants tout droit sortis d'une époque qu'ils espèrent révolue. Je suis dans l'obligation de faire le constat que je suis peut-être moi-même devenu un vieux réactionnaire grisonnant à l'instar de mon collègue de qui ne peut qu'approuver.
De plus en plus, si on laisse les choses aller comme cela, cela va de devenir folklorique de parler français. Je vais faire une comparaison qui me peine et m'attriste énormément. Cela va devenir un peu comme les Premières Nations dont on entend que certains anciens continuent de parler la langue, mais que la langue a disparu de l'usage courant. Les jeunes essaient de récupérer cette langue. J'avais une discussion avec une dame abénaquise récemment qui me disait qu'elle était en train de réapprendre cette langue de ses grands-parents qui ne se parlent plus. Peut-être qu'un jour mes arrière-petits-enfants vont demander à leur grand-père: Papie, say a few words in French. Ce sera cute et pittoresque, pour ne pas dire pathétique et triste.
C'est cela que nous essayons de protéger. Ce n'est pas de diviser ni de créer des chicanes comme se plaisent à le dire nos amis d'en face. C'est de protéger quelque chose qui nous est cher, notre culture, notre langue, notre spécificité.
On parle de poids politique. Parfois les gens disent que le poids politique du Québec est juste un nombre de sièges à la Chambre des communes. On dirait que certaines personnes ne mesurent pas cette importance. Quel est l'effet de la perte du poids politique du Québec? Cela veut dire que dans les élections subséquentes, si on n’ajuste pas adéquatement le nombre de sièges qui revient au Québec, si on ne donne pas un minimum de sièges au Québec comme c'est le cas pour d'autres provinces canadiennes, on va perdre encore une fois l'influence qu'on peut avoir ici à la Chambre des communes. On va perdre le nombre de sièges des députés québécois, je ne parle même pas d'allégeance politique, car ce n'est pas juste les sièges des députés du Bloc québécois qui seront perdus, mais aussi ceux des députés conservateurs et libéraux. Ils seront moins nombreux parce qu'il y aura moins de sièges disponibles pour le Québec.
Aurait-on pu protéger par exemple la gestion de l'offre si la députation du Québec n'était pas assez forte à la Chambre? Il faut souligner le travail de mon collègue de et du Bloc québécois à cet égard.
Je pense aussi au projet de loi , qui a été présenté en novembre 2020 pour revoir la Loi sur la radiodiffusion. Le projet de loi C‑10 a ensuite été rebaptisé le projet de loi à la législature suivante. Il n'y avait rien pour la culture québécoise là-dedans. Sans une forte députation québécoise et une forte volonté du Bloc québécois d'ajouter dans le projet de loi des mesures pour protéger le français et le contenu créé par nos artistes d'ici, je ne suis pas sûre qu'il y aurait quelque chose dans la nouvelle Loi sur la radiodiffusion qui protégerait la culture québécoise francophone. C'était à cela que sert le poids politique du Québec.
Plus le Québec perd de son influence au sein de la fédération canadienne, plus Ottawa peut s'amuser avec ses objectifs centralisateurs et continuer de mettre ses grosses pattes dans les affaires qui ne le regardent pas. Le 8 février 2022, la Chambre a eu une belle occasion de montrer au Québec qu'elle croit que le Québec doit préserver sa culture, que le Québec doit avoir des outils pour protéger le français. Le 8 février 2022, j'ai eu l'honneur de déposer au nom du Bloc québécois un projet de loi qui visait à modifier la loi constitutionnelle. Oui, c'est un député du Bloc qui veut modifier la loi constitutionnelle en attendant de faire l'indépendance.
Nous voulions simplement ajouter un article qui garantissait au Québec 25 % des sièges à la Chambre des communes. Comme on dit en latin, cela aurait été un game changer, parce qu'avec ce seuil de 25 % de sièges minimums, on n’aurait pas cette inquiétude que, malgré les variations démographiques des prochaines années, le poids politique du Québec et ses conséquences seraient à risque.
Voilà pourquoi le Bloc québécois propose aujourd’hui une motion qui vise à rejeter les seuils d'immigration proposés par la Century Initiative dont semble s'inspirer énormément le gouvernement. C'est une bonne occasion d'en débattre, mais c'est surtout une bonne occasion de comprendre pourquoi le Bloc souhaite rejeter ces objectifs-là.
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Madame la Présidente, le Canada est une idée, une idée qui a grandement changé à travers le temps. Tout d'abord, le Canada était le cœur de la Nouvelle‑France. La conquête a brutalement changé son visage pour en faire une colonie britannique.
Le Canada moderne est né d'un autre grand changement: la trahison de la nuit des longs couteaux, où l'ADN du pays a été changé en secret derrière des portes closes, sans le Québec ni les Premières Nations.
Nous sommes à la veille d'un autre grand changement. Soyons rassurés: l'essence même du Canada respecte la grande tradition de faire fi de la démocratie lorsque vient le temps de se pencher sur les grands enjeux. Je veux ici bien sûr parler de l'Initiative du Siècle. Je le dis en français à la Chambre, parce que, justement, du français, il n'en a jamais été question. C'est de l'aveu même d'un de ses auteurs.
Les économistes, je suis assez bien placée pour en parler, ne pensent pas toujours en termes identitaires. Ce n'est pas nécessairement la première chose qui leur vient en tête lorsqu'ils déterminent une politique publique. Le français, la démocratie, les équilibres politiques, les poids politiques, ce ne sont pas nécessairement leurs priorités. Ils pensent au produit intérieur brut, à la productivité et au coût de la main-d'œuvre. C'est à nous, à la Chambre, de réfléchir à ces questions.
Cependant, même sur les enjeux économiques, le projet de la Century Initiative est mal ficelé, mal pensé et impossible à mettre en œuvre. Le projet est mal ficelé, dis-je, parce que ce gouvernement libéral établit ses cibles en immigration sur des paramètres économiques qui sont faux et simplistes. Si on veut régler la pénurie de main-d'œuvre, faisons venir des gens de partout dans le monde pour travailler ici, dit-il.
Bien que l'immigration ait un rôle à jouer pour combler des lacunes précises du marché du travail, elle est loin d'être une solution miracle à cet important problème.
Comme l'expliquait l'économiste Pierre Fortin dans son rapport présenté au ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec l'année dernière, une hausse soutenue de l'immigration engendre un accroissement de la population active, mais aussi une hausse de la demande de biens et services. Il estime qu'en considérant la hausse supplémentaire des services en santé et en éducation, la hausse de l'offre du travail serait négligeable.
D'autres politiques publiques peuvent être mises en place conjointement pour s'attaquer à la pénurie de main-d'œuvre, comme le Bloc québécois l'a proposé à de nombreuses reprises et de manière constructive. Il faudrait par exemple octroyer des crédits d'impôt aux personnes qui seraient en âge de prendre leur retraite, mais qui veulent rester sur le marché du travail. Pensons-y: ce sont des gens qui sont formés et qui ont envie de travailler. Pourtant, des politiques fiscales absurdes les empêchent de rester sur le marché du travail. Cela pourrait se régler rapidement. Il ne s'agit pas d'une solution à long terme telle que l'immigration.
Rodrigue Tremblay, professeur émérite de sciences économiques et ministre du gouvernement sous René Lévesque, explique aussi ce qui suit:
Une population fortement en progression exige des infrastructures supplémentaires (logements, hôpitaux, écoles, universités, infrastructures de toutes sortes, etc.) et il faut des épargnes et des capitaux pour les réaliser.
Il poursuit en disant:
Quand une population croît trop rapidement, cela peut fort bien s'accompagner d'une baisse générale du niveau de vie.
Ultimement, les pays qui performent le mieux en termes de niveau et de qualité de vie ne sont pas les pays les plus peuplés au monde. Ce sont des pays comme la Norvège, l'Irlande et la Suisse dont la taille de la population ressemble davantage à celle du Québec qu'à celle du Canada.
Ce qui distingue le Québec, outre la langue et la culture, c'est aussi la qualité de son filet social et de ses politiques publiques, qu'on dit progressistes et dont je suis extrêmement fière. Le Québec est exemplaire par son système de garderie à faible coût. D'ailleurs, le gouvernement fédéral essaie de mettre quelque chose en place qui, pour nous, est déjà établi depuis plusieurs décennies. Le Québec est également exemplaire par son système d'éducation abordable, son système de santé universel et toutes ses autres politiques sociales.
Mentionnons un autre exemple que je connais très bien: le Régime québécois d'assurance parentale, qui est copié dans d'autres endroits du monde, mais qui, au Canada, n'est pourtant pas égalé. Pour s'assurer de pouvoir maintenir le niveau de service que le gouvernement du Québec offre à sa population, voir l'améliorer, il doit prendre des décisions économiques et démographiques judicieuses afin d'assurer la pérennité de ses services sociaux à long terme. C'est donc à l'Assemblée nationale de déterminer la population optimale pour le Québec parce que c'est elle qui offre les services sociaux que je viens d'énumérer.
C'est elle qui doit offrir et qui doit payer à partir de son propre budget les services et les infrastructures qui vont être propres aux immigrants qu'on accueille très bien, comme on le sait.
Le projet est mal pensé. En effet, il faut être singulièrement coupé de la réalité pour penser qu'un pays aux équilibres politiques aussi délicats que la fédération canadienne pourrait s'accommoder d'une telle politique d'immigration sans même consulter le Québec et les provinces. Je me demande bien pourquoi le Bloc québécois doit encore et toujours le rappeler à la Chambre, mais le Canada n'est pas un pays unitaire. Ce sont le Québec et les provinces qui auront la responsabilité de faire face à ce flux migratoire. Le gouvernement fédéral n'est pas dans un jeu vidéo visant à faire du Canada un empire. Il ne peut continuer à imposer les lubies de ses consultants préférés aux gouvernements démocratiquement élus de tout le Canada.
J'ai dit que le projet était mal ficelé, mal pensé et j'aimerais ajouter qu'il est impossible à mettre en œuvre. Comment le gouvernement fédéral pense-t-il pouvoir organiser cet immense effort, alors qu'il n'est déjà pas capable de remplir une seule de ses missions de manière satisfaisante?
Le ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté a une incapacité chronique à traiter les demandes dans des délais raisonnables. Je vais donner quelques petits exemples. Après la pandémie, il y avait plus de 2 millions de dossiers dans l'inventaire d'IRCC. Nous parlons de pénurie de main-d'œuvre, et 25 000 dossiers de travailleurs qualifiés du Québec étaient en attente sur le bureau du fédéral. Les travailleurs qualifiés du Québec ont dû attendre plus de 24 mois, s'ils étaient chanceux, alors que la norme de service est de 11 mois, un délai qui pourrait être perçu comme étant plutôt long.
Comme on le voit, la Century Initiative est un mauvais projet. Il est politiquement problématique, économiquement mal pensé et administrativement impossible. Il n'a qu'un seul grand avantage: il force le peuple québécois à choisir entre la folklorisation et l'indépendance. Mon choix est évidemment l'indépendance. Je ne pense pas l'annoncer à qui que ce soit à la Chambre.
Je suis moi-même immigrante. Je suis née à l'étranger. La langue parlée chez moi, c'est l'espagnol, et c'est la langue dans laquelle je parle à mon fils. Ma mère est arrivée au Québec à l'âge de 37 ans et elle a passé le Barreau dans sa troisième langue. Nous avons grandi dans une maison où la langue première n'était pas le français, et, pourtant, nous avons tous choisi l'indépendance. C'est notre projet. Ce pays, nous le construirons ensemble, Québécois immigrants et Québécois de souche, avec nos frères et nos sœurs des premiers peuples, parce que, est Québécois qui veut l'être.
Le Canada veut atteindre 100 millions de personnes et inviter les immigrants à venir faire rouler son économie. Tous mes collègues du Bloc québécois et moi pouvons faire mieux. Ce que nous pouvons proposer aux immigrants qui arrivent et que nous accueillerons toujours à bras ouverts, c'est une invitation à fonder un pays. Elle est là, notre idée, et c'est celle du siècle.
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Madame la Présidente, je tiens à préciser que je vais partager mon temps de parole, s'il m'en reste, avec le député de .
La question de l'immigration est tellement importante pour moi, qui suis aussi députée de , et pour la survie de ma région qu'il n'était pas question que je participe au débat d'aujourd'hui sans parler des réalités des régions rurales, et plus particulièrement de celles de la Gaspésie et des Îles‑de‑la‑Madeleine.
Les nouveaux arrivants et les travailleurs étrangers temporaires de ma circonscription ont permis à ma région de traverser diverses crises. Sans le Programme des travailleurs étrangers temporaires, les usines de transformation du poisson situées dans ma région auraient fermé leurs portes depuis plusieurs années. En effet, il n'y aurait plus personne pour y travailler. Depuis plusieurs années, les immigrants et les travailleurs étrangers temporaires permettent à nos communautés de survivre et de se développer. Ces nouveaux arrivants apprennent le français. Quand ils arrivent chez nous, tous les printemps, les gens sont contents de les voir.
En ce qui concerne les énergies renouvelables, il y a, à Gaspé, dans ma circonscription, la plus grande usine de fabrication de pales d'éoliennes en Amérique du Nord. Pour assurer le développement de cette usine de transformation, il a fallu accueillir une communauté philippine. On a fait des annonces d'agrandissement et l'usine a pratiquement doublé sa production. On est allé chercher plus de 200 nouveaux travailleurs philippins, parce que la région n'a pas le bassin de population nécessaire pour se développer. Cela montre à quel point les entreprises ont besoin d'immigrants. On a besoin de gens qui ont reçu une formation, mais on a aussi besoin de travailleurs.
Pendant mes campagnes électorales, je suis allée sur le terrain. Mes collègues du Bloc ne saisissent peut-être pas la réalité des gens des régions. Il faut rencontrer les entrepreneurs du secteur du tourisme ou de l'hébergement, entre autres. Tous les entrepreneurs que nous avons rencontrés voulaient se développer en région et ils étaient prêts à investir pour agrandir leur entreprise.
Certains entrepreneurs pleuraient lorsqu'ils me rencontraient, parce qu'ils n'étaient pas en mesure de développer leur entreprise, même s'ils avaient l'ambition de le faire. Pourquoi? C'est parce qu'il y a manque de main-d'œuvre. Pendant les campagnes électorales, ils me répétaient qu'ils ne pourraient plus continuer longtemps, qu'ils avaient besoin de gens pour développer leur entreprise et prendre leur place.
Je veux bien croire que cela fait peur au Bloc québécois, mais on ne bâtit pas sur la peur. En réalité, nous sommes tous des immigrants. Jacques Cartier est arrivé à Gaspé. C'est là qu'il a rencontré les communautés autochtones.
Lorsque j'étais jeune, il y avait six écoles primaires dans mon petit village, qui étaient fréquentées par 700 enfants. Il reste actuellement une seule école, dans laquelle il n'y a même pas 70 enfants. Va-t-on demander à 70 enfants de prendre en charge une population vieillissante? Les régions ont besoin d’immigrants.
À l'époque où j'étais jeune, il y avait sept écoles et, actuellement, il y en a une. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas en accueillant des immigrants construire des écoles.
Les personnes qui vont arriver travailleront, feront en sorte que nos communautés seront vivantes. Nous serons en mesure d'occuper nos territoires. Quand on parle de Québécois de souche, j'en suis une Québécoise de souche. Avec les nouveaux arrivants, ça n'a jamais empêché de continuer à parler français. Ça ne m'a jamais fait peur. Je n'ai pas perdu ma culture. C'est ce que le Bloc québécois essaie de nous faire croire.
Quand on est fier de sa culture, on la prône, on en parle et on accueille les nouveaux arrivants et les immigrants. On partage sa culture avec eux, parce qu'on est assez solide pour pouvoir conserver cette culture.
Je laisse maintenant à mon collègue de le reste de mon temps de parole.
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Madame la Présidente, c’est un plaisir de pouvoir prendre la parole après la . Si seulement je pouvais m’exprimer en français avec autant de passion qu’elle! Je suis heureux qu'elle ait parlé de tout ce que l’immigration a apporté à la province de Québec et à l’ensemble du pays.
C’est pourquoi je suis un peu déçu par le . Il se sert de la question très importante de l’immigration et de l’impact formidable que l’immigration a eu d’un océan à l’autre. Nous sommes un pays d’immigrants. L’immigration aide le Canada à se préparer à l’avenir. Il suffit de constater les besoins qui existent au Canada dans de nombreux secteurs et la diversité de ces besoins pour arriver à la conclusion que, pour que le Canada puisse continuer de prospérer à l’avenir, la politique d’immigration est vitale.
Aujourd’hui, le chef bloquiste a tenté d'instrumentaliser cette question pour servir les intérêts de son parti, ce qui n’est pas dans l’intérêt du Canada ni du Québec. Quand je pense à la situation de la langue française et à ma province, le Manitoba, je constate qu’il n’y a jamais eu autant de gens qui parlent le français. Sans l’immigration, la population du Manitoba aurait diminué. C’est grâce à l’immigration que notre province s’est développée. C’est grâce à l’immigration qu’on parle davantage le français au Manitoba.
Quant à nos communautés, nous devrions regarder en quoi notre diversité nous enrichit, non seulement sur le plan économique, mais également sur le plan social. C’est pourquoi, en ce qui concerne la langue française, les écoles bilingues, etc., je trouve fantastique de voir un jeune d’origine philippine parler le tagalog, l’anglais et le français ou un jeune d’origine indienne parler le pendjabi, l’anglais et le français. Même au caucus, nous venons d’entendre la ministre du Revenu national. Nous avons aussi un député du caucus québécois d’origine sikhe qui est francophone. D’autres députés ont parlé de l’importance de l’immigration non seulement pour le Québec, mais aussi, je pense, pour l’ensemble du pays. C’est ce qui me dérange avec le Bloc: pourquoi les députés bloquistes essayent-ils d'instrumentaliser la question de l’immigration et de dépeindre l’immigration de manière négative alors qu’il s’agit de notre patrimoine et du tissu même de notre société?
Puis, le est intervenu au sujet de la motion, et il était difficile de rester calme en l'entendant déplorer les problèmes relatifs à l'immigration. C'était difficile parce que j'étais porte-parole en matière d'immigration à l'époque du gouvernement Harper, lorsque le chef actuel du Parti conservateur faisait partie du Cabinet et que le gouvernement de Stephen Harper a décidé d'éliminer complètement le programme destiné aux parents et aux grands-parents. Le chef du Parti conservateur nous fait des reproches par rapport aux arriérés dans le traitement des demandes. Or, lorsque Stephen Harper était premier ministre et que le député faisait partie du Cabinet, l'arriéré concernant le parrainage d'un parent était de huit ans. La situation était si grave qu'ils ont dit aux Canadiens qu'ils annulaient le programme. Ainsi, la personne qui souhaitait que sa mère ou son père vienne au Canada pouvait oublier cela, parce que sa mère ou son père ne pourrait pas venir au Canada à titre d'immigrant ayant obtenu le droit d'établissement.
Voilà ce qu'ont fait les conservateurs lorsqu'ils étaient au pouvoir et que le député faisait partie du Cabinet. Malgré cela, il ose parler d'arriéré. Je me souviens encore du problème...