propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui pour exhorter mes collègues à appuyer le projet de loi , une loi visant à élaborer un cadre national sur le revenu de base garanti suffisant. En fait, ce projet de loi aborde bon nombre des problèmes cruciaux auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui, et j'espère que mes collègues se joindront au NPD pour voter en faveur de ce projet de loi et le renvoyer au comité pour étude.
Avant de poursuivre, je voudrais rappeler à tous mes collègues de la Chambre, tous partis confondus, que chaque parti s'est engagé à mettre en œuvre les 231 appels à la justice de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. L'un des principaux appels à la justice préconisés pour mettre fin au génocide en cours contre les femmes et les filles autochtones est l'appel à la justice no 4.5, qui vise à mettre en place un revenu garanti pour les peuples autochtones et pour tous les autres Canadiens. Mon projet de loi ne fait que répondre à cet appel, notamment en proposant d'aider à mettre fin à la violence sexiste pour tous, y compris pour les femmes autochtones.
Ce projet de loi est essentiel parce que nous savons que le filet de sécurité sociale actuel du Canada est devenu tout à fait insuffisant. Je vais donner quelques exemples. Le Supplément de revenu garanti pour les aînés est un revenu garanti dont on ne peut pas vivre. Alors que nous entendons les défenseurs des personnes handicapées faire pression sur le gouvernement d'un océan à l'autre au sujet de la nouvelle prestation pour les personnes handicapées, nous constatons, une fois de plus, qu'on ne leur fournit pas ce qui est nécessaire pour vivre dans la dignité.
Nous avons des revenus garantis au Canada. Mon projet de loi ne propose rien de nouveau. Mon projet de loi, de concert avec plus de 100 000 défenseurs des personnes handicapées du pays, inciterait les élus à veiller à ce que chaque Canadien dispose de ce dont il a besoin pour vivre dans la dignité, ce qui n'est pas le cas actuellement. Selon une étude récente de Statistique Canada, l'an dernier, une personne sur 10 vivait dans la pauvreté au Canada. Nous avons également constaté une augmentation inquiétante de la pauvreté chez les enfants ces dernières années. Certains des enfants les plus pauvres de ce pays, dans un centre urbain, vivent dans ma circonscription, Winnipeg‑Centre, et, bien que nous ayons parlé de la façon dont nous pourrions améliorer le sort des Canadiens, personne n'a proposé quoi que ce soit de plus que des phrases-chocs faciles, à des fins politiques, pour atteindre cet objectif.
En 1989, Ed Broadbent a fait adopter une motion pour l'élimination de la pauvreté chez les enfants avant l'an 2000. Or, nous en sommes encore aux approches fragmentaires pour répondre à cette pauvreté qui contribue directement à la crise épidémique de violence fondée sur le sexe qui sévit dans certains centres urbains. Nous parlons des familles qui peinent à acheter de la nourriture. En 1989, Ed Broadbent demandait l'éradication de la pauvreté avant l'an 2000. Nous sommes en 2024 et les inégalités s'accentuent; l'écart entre les ultrariches et ceux qui peinent à joindre les deux bouts — ou qui n'y arrivent pas — se creuse.
Pour la première fois, nous constatons une augmentation du nombre de sans-abri. Des familles se retrouvent à la rue. Pourquoi? Ce n'est pas parce qu'aucune solution n'a été étudiée, comme je vais en parler, mais c'est plutôt parce que les députés ne se sont pas unis et n'ont pas fait preuve de volonté politique pour défendre les droits de la personne dans ce pays, pour faire respecter la Charte canadienne des droits et libertés et pour veiller à ce que personne ne vive dans la pauvreté.
La pauvreté est, selon moi, l'une des violations des droits de la personne les plus violentes. Il y a une crise de santé mentale dans ce pays. Je peux dire aux députés que, lorsque nous ne respectons pas les droits fondamentaux des gens, comme le droit au logement, dont ma collègue de Nunavut a parlé aujourd'hui, le droit à l'eau potable et à la sécurité alimentaire ou quand nous ne leur donnons pas la capacité de savoir ce que demain leur réserve, et s'ils pourront s'en tirer, c'est mauvais pour leur santé mentale. À la Chambre, j'entends des discours viscéraux et cruels sur les personnes en difficulté, en particulier les toxicomanes. On dénigre les pauvres et les personnes déjà démunies au lieu de discuter de solutions globales permettant d'améliorer le sort des gens.
C'est pour ces raisons, pour les choses que je vois tous les jours dans les rues de Winnipeg-Centre et partout au pays, pour les merveilleuses personnes qui m'entourent, pour les êtres humains qui vivent dans les campements et pour les habitants de ma circonscription, que je visite et côtoie et pour qui j'ai du respect, que j'ai présenté ce projet de loi. Je ne veux plus entendre parler à la Chambre de la situation des personnes qui vivent dans des campements, de celles qui souffrent de problèmes de santé mentale et de la nécessité à mettre fin à la violence fondée sur le sexe, à moins que les députés soient prêts à faire ce qu'il faut pour que les gens puissent vivre dans la dignité.
Dans les cas de violence, si une victime décide de partir, elle devrait avoir les ressources financières pour le faire. Elle devrait bénéficier d'un revenu de base garanti suffisant en plus des autres programmes et mesures de soutien destinés à répondre à des besoins particuliers, comme le prévoit mon projet de loi, notamment des logements abordables dont le loyer est proportionné au revenu et des prestations supplémentaires pour les personnes handicapées, afin qu'elles puissent payer les coûts supplémentaires, les médicaments et tout ce qui peut leur faciliter la vie.
Je nous offre la possibilité de faire ce qui s'impose et de sortir les gens de la pauvreté, y compris les enfants pris en charge dans ma circonscription. Lorsque ces enfants fêtent leurs 18 ans, ils sont déposés à l'Armée du Salut, sans revenu ni logement. On se demande pourquoi les choses sont comme elles sont aujourd'hui.
Je dois aussi écouter les conservateurs, même si en tant qu'enseignante, je sais que cela fait plus que 10 ans que les familles et les enfants souffrent de la faim. Je sais que cela fait plus que 10 ans que les familles souffrent d'insécurité en matière de logement, et que cette insécurité a été aggravée par les gouvernements conservateurs et libéraux qui n'ont pas investi dans des logements sociaux abordables dont le loyer est proportionné au revenu et qui n'ont pas fourni aux gens des garanties de revenu qui leur permettent de vivre dans la dignité.
Nous pouvons faire mieux, et c'est pourquoi j'ai présenté ce projet de loi. Il vise à répondre aux besoins essentiels de toute personne — notamment les femmes — âgée de plus de 17 ans, y compris les étudiants, les demandeurs d'asile, les travailleurs étrangers temporaires qui immigrent, les enfants qui ne sont plus pris en charge à cause de leur âge et qui se retrouvent sans logement et sans revenu stable, ainsi que les aînés de ma circonscription qui sont actuellement sur le point de se retrouver à la rue.
De nombreuses personnes âgées qui ont travaillé dans l'économie des soins non rémunérés et qui n'ont pas de pension ne peuvent pas vivre avec ce que leur procure le Supplément de revenu garanti. Est-ce ainsi que nous voulons que les personnes âgées vivent dans notre pays? Est-ce ainsi que nous voulons que les enfants vivent, que les personnes handicapées vivent? Nous fermons les yeux sur les violations des droits de la personne, sur la violence sexiste et sur l'âgisme, qui visent principalement les femmes. Les choses pourraient être différentes. Beaucoup de gens disent qu'un revenu de base garanti suffisant coûterait très cher et se demandent pourquoi il faudrait instaurer une telle mesure. Nous sommes actuellement dans un contexte d'inflation, et l'inflation est incontrôlable.
Parlons du coût élevé de la pauvreté. Revenons, plus précisément, sur l'étude menée à Dauphin, au Manitoba, qui a été présentée par un gouvernement néo-démocrate dans les années 1980. Les résultats de l'étude ont révélé que les personnes ayant participé au programme avaient un taux d'obtention de diplôme plus élevé et que leur santé mentale s'était améliorée. En fait, malgré l'existence de nombreux mythes qui n'ont jamais été prouvés par la recherche, selon lesquels les gens auraient cessé de travailler, l'étude a permis de constater des économies en matière de soins de santé. En effet, la province a économisé parce qu'elle n'a pas eu à fournir ce qui était nécessaire pour soutenir une bonne santé mentale, ce qui inclut de s'assurer que les gens ont ce qu'il leur faut pour vivre dans la dignité.
D'après la recherche, bon nombre des mythes entourant le revenu garanti ne tiennent pas la route. D'ailleurs, en 2017, le gouvernement de l'Ontario a lancé un projet pilote sur le revenu de base dans le cadre duquel on fournissait à 4 000 personnes à faible revenu des transferts en espèces pour les aider à composer avec le coût de la vie. Les observateurs ont constaté que les placements professionnels et la participation communautaire ont en fait augmenté plutôt que diminué. On a aussi constaté une amélioration au chapitre de la persévérance scolaire. Les résultats en matière de santé, en particulier en santé mentale, étaient plus positifs, comme l'ont affirmé les bénéficiaires du programme, ce qui confirme les conclusions de l'étude menée à Dauphin dans les années 1980.
Ce n'est pas comme si le Canada serait le premier à tenter l'expérience. En fait, dans nombre de pays où on a mis en place un revenu de base garanti, les gens se sentent plus heureux et l'économie est en croissance.
Je ne veux pas entendre parler du coût de la vie à la Chambre. J'en ai assez qu'on tienne des propos désobligeants à l'endroit des pauvres et qu'on emploie les stéréotypes les plus grossiers pour décrire les personnes aux prises avec une dépendance comme des anormaux. J'en ai vraiment assez que les gouvernements parlent de soutenir les gens alors qu'il existe déjà une bonne politique économique qui permet même de réaliser des économies.
Si nous n'avons pas la volonté politique de mettre en œuvre un revenu de base garanti suffisant, je m'interroge sur notre engagement, en tant que parlementaires, à éradiquer la pauvreté dans notre pays. Je m'interroge sur notre engagement, en tant que parlementaires, à exaucer le souhait bien clair de pratiquement toutes les organisations de femmes qui luttent contre la violence — et je dis « pratiquement » parce que je n'ai pas parlé à toutes. Il nous faut un revenu de base garanti suffisant dès maintenant.
C'est de cette manière, et grâce au respect de la Charte et au respect des droits de la personne, que nous bâtirons un pays meilleur pour tous.
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Madame la Présidente, je remercie la députée de Winnipeg-Centre de ses observations. Toutefois, au bout du compte, je pense que nous devons examiner la question sous un angle plus large en nous penchant sur le soutien offert par la société et les types de programmes qui sont mis en place.
Le filet de sécurité sociale du Canada a évolué au fil du temps. Différents champs de compétence sont touchés, et certains gouvernements ont mieux réussi que d'autres à éliminer la pauvreté, en particulier chez les enfants, et je vais parler de cet aspect quelques instants.
Cela dit, je veux insister sur le fait que, chaque année, le gouvernement fédéral distribue des centaines de millions de dollars sous la forme d'un transfert social. On parle de plus de 15 milliards de dollars par année. Cet argent est versé aux provinces pour qu'elles fournissent toutes sortes de programmes sociaux, et c'est pourquoi je soulève ce point.
J'ai été élu pour la première fois en 1988 et, au fil des ans, il y a toujours eu beaucoup de discussions sur la manière de garantir que les personnes dans le besoin reçoivent le type d'aide nécessaire. Cependant, je ne sais pas si le Canada est prêt à instaurer un revenu garanti suffisant pour tous, et je sais que ces propos contrarieront la députée. Je ne suis pas convaincu que le Canada soit en mesure de faire ce que le projet de loi réclame. Je crois que nous devons examiner comment le gouvernement peut réduire le taux de pauvreté et cibler le financement. Je ne suis pas encore convaincu, mais je garde l'esprit ouvert à l'idée proposée.
Quand je repense, par exemple, à ce que nous avons pu accomplir grâce à des mesures ciblées, ce n'est pas rien. J'ai parlé, entre autres, de l'Allocation canadienne pour enfants, qui a sorti de la pauvreté des milliers d'enfants de Winnipeg‑Nord. Il y a aussi le Supplément de revenu garanti, que la députée a mentionné. Là encore, des centaines d'aînés parmi les plus pauvres au Canada échappent à la pauvreté grâce à cette mesure. Les gouvernements, à l'échelle tant provinciale que nationale, peuvent cibler leurs efforts pour aider les gens.
À notre arrivée au pouvoir, le taux de pauvreté était d'un peu moins de 15 %. Aujourd'hui, il se situe plutôt autour de 10 %. Je soupçonne que c'est grâce aux mesures ciblées que le gouvernement a prises, et ce sont des dollars directs. Cela n'enlève rien aux autres types d'investissements du gouvernement. Par exemple, j'étais très fier de notre engagement à investir 200 milliards de dollars sur 10 ans dans la santé. Cet engagement permettra pour longtemps aux gens de bénéficier de services de santé de qualité, peu importe leur revenu.
Dans les derniers budgets, nous avons vu une expansion, par exemple avec l'ajout du programme de soins dentaires. Lorsque ce programme sera entièrement mis en œuvre, sur les 40 millions d’habitants du pays, plus de 9 millions de Canadiens auront accès au programme de soins dentaires.
Dans ce budget, la plus grosse dépense — et corrigez-moi si je me trompe — est destinée au programme de prestations pour personnes handicapées que nous mettons en place.
Selon nous, c'est un premier pas décisif et qui aura une incidence positive dans nos collectivités. Certains se demanderont pourquoi la prestation n'est que de 200 $. Cependant, avant ce montant, il n'y avait rien. Si l'on multiplie ce montant par les centaines de milliers de demandeurs, c'est un très bon début.
Il y a d'autres programmes que nous instaurons avec ce budget. Il y a le programme d'assurance-médicaments, qui fournira des médicaments vitaux à certaines personnes au Canada. Pensons aux centaines de milliers de personnes touchées par le diabète qui en bénéficieront. Je ne connais pas les chiffres exacts. Nous avons maintenant un gouvernement national qui agira de façon très tangible pour ces personnes.
Nos programmes ciblés changent le cours des choses dans nos collectivités, du moins jusqu'à ce que je sois convaincu que ce qui est proposé dans le projet de loi n'enlèvera rien à l'amélioration des programmes qui, je le sais, ont un effet positif. Quand je dis « enlever », je parle aussi des engagements financiers.
Nous avons augmenté de 10 % les prestations de la Sécurité de la vieillesse pour les personnes âgées de 75 ans et plus. Des députés nous ont critiqués parce que nous nous étions engagés à le faire. Lorsque les gens atteignent l'âge de 75 ans, une partie de leur revenu de retraite commence à diminuer et leurs besoins médicaux augmentent. Ils ont aussi un sentiment d'indépendance en tant qu'aînés. Nous avons maintenant un gouvernement qui dit qu'il va trouver les ressources nécessaires pour que ces aînés obtiennent cette augmentation substantielle de 10 %, ce qui, en soi, aide un grand nombre d'aînés.
Le gouvernement est capable de chercher des moyens de changer les choses, comme avec le programme de garderies et les milliards de dollars qu'il coûte. Hormis le Parti conservateur, qui dirait que c'est un mauvais programme? Nous avons tous appuyé les garderies à 10 $ par jour, qui aideront toutes les régions du pays.
Quand on pense aux programmes, il y en a dont on ne parle pas nécessairement souvent. Environ six millions de retraités comptent sur le Régime de pensions du Canada. Nous avons collaboré avec les provinces pour faire en sorte que les gens obtiennent des augmentations pendant leur retraite.
Je vais peut-être m'arrêter là, parce que j'ai commencé en disant que je suis au courant de ce qui s'est fait au Manitoba, peut-être pas dans le détail, mais j'étais là pendant les discussions qui ont suivi à l'Assemblée législative du Manitoba pendant près de 20 ans. Je n'ai pas vu le Manitoba, qui est assez progressiste, préconiser une telle orientation pour le pays, que la province ait été dirigée par un gouvernement progressiste-conservateur ou un gouvernement néo-démocrate. Il n'y a pas eu de gouvernement provincial libéral, même si nous avons essayé. Je crois que la province n'a rien dit de tel parce qu'elle voyait l'utilité d'avoir des moyens ciblés pour sortir les gens de la pauvreté. Le gouvernement en a fait la démonstration au moyen des nombreuses mesures budgétaires qu'il a prises, pratiquement depuis 2015. La conséquence directe est que le taux de pauvreté a diminué de façon spectaculaire. Je pense que c'est une solution viable et saine pour l'avenir.
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Madame la Présidente, avant de passer au vif du sujet, je voudrais revenir sur certaines des observations faites par la députée de , pour qui j'ai le plus grand des respects. Je voudrais simplement rappeler que les conservateurs sont prêts à collaborer avec le NPD ou avec n'importe quel autre parti pour éliminer les échappatoires fiscales et s'attaquer aux fraudeurs fiscaux.
Le député de a longuement parlé des Panama Papers. Pas plus tard qu'hier, au Comité permanent des finances, j'ai demandé aux fonctionnaires de l'Agence du revenu du Canada combien de personnes avaient été reconnues coupables et combien d'argent avait été récupéré en lien avec les Panama Papers. Je crois que la réponse demeure zéro. Je suis tout à fait prêt à collaborer avec le NPD pour éliminer les échappatoires et m'attaquer aux fraudeurs fiscaux ultrariches.
Je veux également remercier la députée d'avoir présenté ce projet de loi d'initiative parlementaire, non seulement en raison du contenu de cette mesure législative, mais aussi du fait qu'elle montre aux personnes qui vivent des difficultés que le NPD se soucie des plus vulnérables. Bien honnêtement — je le dis du fond du cœur —, la députée a parlé du manque apparent de reconnaissance des problèmes que vivent les Canadiens. Je remercie le NPD de l'avoir souligné.
Je souhaite parler de la crise de l'abordabilité. Je sais que mes collègues néo-démocrates ne seront probablement pas très heureux d'entendre ces remarques, mais elles donneront des précisions importantes sur la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui.
Plus précisément, je souhaite parler un peu de productivité et faire le point sur notre économie. Au bout du compte, c'est l'économie qui produit la richesse du Canada. Si nous avons une économie forte et productive, nous serons plus riches. Nous pouvons certainement débattre de la manière de répartir le gâteau — le NPD a grandement contribué à ce débat tout au long de son existence et a eu des discussions sérieuses sur la manière de répartir le gâteau —, mais il faut dire sans équivoque que faire grossir le gâteau est une bonne chose. Or, ce gâteau n'est pas en train de grossir.
Au cours de la dernière décennie, le taux de croissance du PIB par habitant a été quasiment nul. Cela signifie que nous sommes confrontés à une décennie déficitaire au Canada. Pour être exact, notre PIB par habitant a augmenté de 4,73 %. Nous pouvons comparer ce taux à celui des États‑Unis, où cette augmentation s'élève à près de 50 %. Leur économie a connu une croissance 10 fois plus rapide que la nôtre au cours des 10 dernières années.
Une productivité forte entraînera l'augmentation des salaires. Comme je l'ai dit, nous pouvons certainement discuter avec le NPD pour veiller à ce qu'il y ait un cadre pour des choses comme la concurrence — point sur lequel le NPD n'a pas hésité à s'exprimer et avec lequel nous sommes d'accord —, ainsi que d'autres cadres afin de répartir les richesses également. Cependant, il faut aussi parler d'accroître les richesses. En réalité, si les richesses diminuent, ce sont les plus vulnérables qui en souffriront le plus. C'est ce que les experts et les économistes disent.
Dans un discours sur la productivité désormais célèbre, Carolyn Rogers, première sous-gouverneure de la Banque du Canada, a dit récemment qu'il fallait agir et elle a parlé des conséquences délétères du manque de productivité: il alimente l'inflation. Une économie qui arrive simplement à produire davantage de biens et de services peut réduire le coût de tout. On peut considérer qu'il s'agit des règles de base de l'offre et de la demande. En fait, le coût des biens diminue dans une économie qui en produit davantage, et l'inflation diminue.
Carolyn Rogers a ajouté que le niveau de productivité du secteur canadien des affaires est plus ou moins le même qu'il y a sept ans, comme je l'ai mentionné. Elle a dit ceci:
En 1984, la valeur générée par heure dans l'économie canadienne représentait 88 % de celle générée dans l'économie américaine. Déjà, ce n'est pas fantastique. Mais en 2022, ce chiffre avait baissé à seulement 71 %. Sur la même période, le Canada s'est également fait dépasser par les autres pays du G7, dont seule l'Italie a vu sa productivité régresser davantage relativement aux États‑Unis.
La productivité du Canada est en baisse depuis les 13 derniers trimestres. C'est incroyable. La « productivité » est un terme d'économiste ronflant qui correspond tout simplement à notre capacité de produire des biens et de fournir des services. Produisons-nous des biens de manière plus rentable et plus efficace?
Pensons aux 13 dernières années. Nous avons assisté à des innovations extraordinaires, à la montée de la numérisation et même, maintenant, aux débuts de l'intelligence artificielle. Cependant, la productivité du Canada n'a pas augmenté.
Une étude publiée par l'Institut Fraser a révélé que, depuis 2014, les investissements des entreprises par travailleur ont diminué de 20 %. Le fait que nous n'arrivons pas à attirer et à maintenir des investissements au Canada fait aussi partie de l'équation.
Je sais ce que mon collègue néo-démocrate dirait. Je peux dire son nom maintenant, car il n'est plus ici: Daniel Blaikie. M. Blaikie dirait que lorsqu'il y a peu de concurrence, les entreprises dépensent moins. Je ne suis pas tout à fait en désaccord avec cette thèse. En fait, je pense que c'est un domaine où le NPD et les conservateurs pourraient travailler ensemble.
Ce qu'il faut éviter, c'est de créer de l'incertitude sur les marchés. On ne peut pas non plus restreindre ou réglementer indûment les entreprises. Si on réduit leurs ressources, on réduira leur capacité d'investir dans les travailleurs.
Les travailleurs canadiens sont les meilleurs au monde. Ils travaillent aussi fort, sinon plus, que quiconque. La raison pour laquelle leur productivité n'augmente pas, c'est que les entreprises n'investissent pas dans leur matériel et leur machinerie.
On peut imaginer ainsi la productivité au Canada: nos travailleurs ont des pelles, mais aux États‑Unis, les travailleurs ont des pelles rétrocaveuses. Nos travailleurs auront beau s'échiner à la tâche, ils ne pourront jamais être concurrentiels tant que nous n'effectuerons pas les investissements qui s'imposent.
Au cours des cinq dernières années, la productivité dans le secteur des affaires a diminué de 0,3 %, tandis qu'elle a augmenté de 1,7 % aux États‑Unis. C'est notre problème.
À plus long terme, l'OCDE prévoit que le Canada va se classer au dernier rang parmi les membres de l'organisation au chapitre de la croissance réelle du PIB jusqu'en 2060. La moyenne du PIB par habitant sur 10 ans du Canada est à son plus bas depuis la Grande Dépression. La croissance cumulative s'établit à environ 2 % au Canada, par rapport à 12 % aux États‑Unis.
Le manque de productivité a des conséquences bien réelles. Malheureusement, les députés d'en face nous présentent toujours les mêmes solutions: augmenter les taxes et les dépenses. Chaque fois que j'entends cela, je pense à cette phrase merveilleuse de Winston Churchill: « À mon avis, un pays qui essaie d'atteindre la prospérité par les impôts, c'est comme un homme debout dans un seau qui essaie de se soulever en tirant sur la poignée. »
Les libéraux semblent déterminés à taxer la prospérité, la productivité et les investissements et à faire en sorte que quiconque rêve de réussir dans ce pays ait l'impression que ce qu'il veut est mauvais. Cependant, nous avons besoin de prospérité, de gens qui réussissent et de succès.
Comme je l'ai dit au début de mon discours, il est certain que nous devons veiller à ce que tous les Canadiens paient leur juste part. Les conservateurs ont été clairs et sans équivoque à ce sujet. Cependant, nous devons aussi reconnaître les personnes exceptionnelles qui partent de zéro, qui retroussent leurs manches, qui réussissent et qui créent des emplois, de la richesse et de la prospérité, non seulement pour elles-mêmes, mais aussi pour nos collectivités.
En conclusion, encore une fois, je tiens à remercier le député d'avoir reconnu les terribles difficultés auxquelles de nombreux Canadiens sont confrontés. Ce dont nous avons vraiment besoin, c'est de ramener la prospérité au pays grâce à de plus grands investissements de la part de nos entreprises, à un esprit d'entreprise, à un renouveau, à la récompense du succès et à un regard optimiste tourné vers la prospérité future.
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Madame la Présidente, cela me fait plaisir de parler de ce projet de loi. Je tiens à saluer ma collègue du NPD d’amener le débat sur la question d'un revenu minimum garanti suffisant.
Il faut savoir reconnaître les questions sociales qui sont soulevées dans notre société, comme garantir à toute personne un revenu suffisant pour vivre. Au Québec, il y a des études qui parlent d'un revenu viable, ce qui est plus qu’un revenu minimum. Ce type de revenu est soutenu par l'Institut de recherche et d’informations socioéconomiques au Québec. Ça aussi, c’est un concept intéressant. Qu’on habite dans une région ou une autre, ça ne prend pas seulement un revenu de base; c'est là qu'apparaît la notion de revenu viable. D’ailleurs, cette question a été abordée lors de l'étude du projet de loi sur la situation des aînés.
Tout ça pour dire que je ne crois pas que seule la prospérité va nous amener à l’égalité ou à l’équité. Ça prend des mesures sociales fortes pour s’assurer d’une équité de revenus dans nos sociétés.
Comme plusieurs le savent, quel que soit le concept qu’on utilise, revenu minimum garanti ou allocation universelle, ce n’est pas un débat qui vient juste de la gauche. La droite l’a aussi utilisé à escient, c’est-à-dire en voulant donner un revenu de base à tout le monde, tout en déconstruisant les programmes de filet social. Ça aussi, c’est une vision.
Au Québec, ces débats ont cours régulièrement, particulièrement depuis les années 1960, où des syndicalistes les ont promus. Or, durant la pandémie, quand tout à coup il y a eu 9 millions de pertes d’emplois, c’est venu mettre à nu la fragilité du programme d'assurance-emploi, qui était alors un programme de filet social. Malheureusement, l'assurance-emploi ne joue plus du tout ce rôle maintenant. Pendant cette période, on a pu voir à quel point il y a des gens qui se sont retrouvés dans les mailles du filet.
Ces débats ont cours au Québec, dans les autres provinces du Canada et à l’international. Au Québec, comme je le disais, ce débat dure depuis les années 1960.
Pardon pour le bruit de mes feuilles.
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Madame la Présidente, vous avez bien fait, car c'est très important. Il faut aussi protéger nos interprètes, qui accomplissent un travail si essentiel à la Chambre.
Il y a un bémol relativement à ce qui est proposé par ma collègue: les filets sociaux et les programmes sociaux qui se sont construits ne relèvent pas d'Ottawa. Ils relèvent des champs de compétence des provinces. Par exemple, un des principes de base du revenu minimal garanti, ou RMG, c'est qu'il pourrait venir remplacer d'autres programmes sociaux, empêchant ainsi que des personnes vulnérables passent entre les mailles du filet. On ne veut pas ça.
Quels sont les programmes sociaux qu'un revenu de base remplacerait? Considérant que tous les programmes sociaux sont au Québec, et que nos programmes sociaux sont forts, je pense que nous ne débattons pas de cette question au bon endroit actuellement. Par exemple, au Québec, nous avons des programmes de filet social autres que l'assurance-emploi. Cette dernière relève du fédéral parce que le Québec a convenu constitutionnellement de s'en départir. À mon avis, c'était une erreur. On devrait rapatrier ça, mais la question de savoir comment rapatrier des programmes avec la Constitution est une autre question.
La plupart des programmes sont de nature québécoise. Je pense au Programme de solidarité sociale, au programme de santé et de sécurité au travail, au Régime des rentes du Québec, à la prestation pour enfants et à la prestation pour handicapés. Depuis 2023, au Québec, en plus du Programme de solidarité sociale, nous avons mis en place un programme de revenu de base pour aider les personnes qui ont des contraintes sévères à l'emploi. Ce n'est peut-être pas encore un revenu suffisant, mais c'est un programme de filet social très important.
Je vais parler de notre régime universel de services éducatifs à la petite enfance au Québec. C'est un programme de filet social qui s'adresse à tous. Pour les familles ou les parents qui ont des revenus de la solidarité sociale, il n'y a pas de contribution. En termes d'équité, nous voulons nous assurer que nous avons un filet de solidarité sociale important et des programmes sociaux majeurs. Au Québec, nous avons démontré que les programmes sociaux permettent de soutenir particulièrement les personnes qui sont les plus vulnérables et qu'il faut aider.
Tout cela, c'est pour dire que ces programmes sociaux appartiennent au Québec. C'est constitutionnel. Venir inclure un programme de revenu minimum garanti suffisant au niveau du Canada, c'est comme dire qu'on transfère des programmes sociaux du Québec vers le Canada. C'est non. Ce serait anticonstitutionnel et je ne pense pas non plus que ce serait gagnant. Je m'explique.
Parmi les programmes de filet social au Canada, il y a par exemple le régime d'assurance-emploi, qui n'est plus un filet de sécurité sociale. C'est devenu un régime d'assurance auquel six travailleurs sur dix qui y cotisent n'ont pas accès, auquel les travailleurs autonomes n'ont pas accès. De plus, les gens qui ont un travail atypique, ce qui touche surtout les jeunes et les femmes, n'y ont pas accès à cause de critères rigides. Lors de sa mise en place, c'était un filet de protection sociale contre ce qui pouvait arriver de pire, c'est-à-dire la perte d'un emploi. Je pense qu'il faut renforcer les programmes de filet social.
On a parlé du Supplément de revenu garanti. Le Supplément de revenu garanti, c'est l'aide sociale de la pension de la Sécurité de la vieillesse. Le gouvernement fédéral ne se situe pas très bien parmi les pays de l'OCDE en matière de soutien aux personnes aînées et, pour compenser les faibles revenus de certains prestataires de la pension de la Sécurité de la vieillesse, on donne le Supplément de revenu garanti. Idéalement, on ne devrait pas avoir à donner le Supplément de revenu garanti. On devrait plutôt garantir, dès l'âge de 65 ans, une pension de la Sécurité de la vieillesse qui est universelle et qui vient renforcer les revenus de ces personnes et rehausser leur niveau de vie. Toutefois, ce ne sont pas les choix que le gouvernement a faits, en plus de ne pas être des compétences qui relèvent du fédéral.
D'autres filets de protection sociale comme la santé ou l'éducation relèvent aussi du Québec et des provinces. Le gouvernement fédéral, avec son pouvoir de dépenser, avait à l'époque convenu d'un pacte sur la santé avec la Saskatchewan, le Québec et l'ensemble des provinces. Les provinces s'étaient alors dotées de lois sur la santé venant garantir les soins médicaux et hospitaliers de façon universelle et gratuite. Selon ce pacte, le gouvernement fédéral devait financer à hauteur de 50 % les coûts du système de santé. On est loin du compte. On s'en est éloigné avec le temps. Maintenant, le gouvernement finance à peine 25 % de ces coûts.
Allons-nous confier au gouvernement fédéral le soin d'administrer les programmes de filets de protection sociale dont nous nous sommes dotés au Québec? La réponse est non. On peut voir, à l'aide des exemples cités, qu'on vient au contraire appauvrir les gens. On le voit pour la prestation supplémentaire qu'on veut donner aux personnes en situation de handicap. Nous avons eu un choc de voir, lors du dépôt du budget, que l'objectif que l'on visait ne sera pas...
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Madame la Présidente, il m'arrive rarement de me sentir aussi honoré que lorsque je prends la parole à la Chambre aux côtés de ma formidable collègue et voisine de banquette, la députée de , sur le projet de loi à l'étude ce soir. Il y a peu de sujets que je pourrais aborder qui sont plus en rapport avec les conditions matérielles des habitants d'Hamilton-Centre.
Les néo-démocrates font de la politique honnêtement. Nous faisons de la politique parce que nous observons, et subissons souvent, les épreuves et les conditions abjectes auxquelles les gens font face — la pauvreté engendrée par les lois. Au fil des ans, le fait de voir les gens de ma ville souffrir m'a radicalisé parce que, pour une raison ou une autre, on pense qu'on s'y est toujours pris ainsi. Il n'y a pas d'autres options. Il faut qu'il en soit toujours ainsi. Nous devons demeurer dans une économie à somme nulle où l'on est soit perdant, soit gagnant, et la richesse et la prospérité au pays doivent toujours être concentrées au sommet.
Nous pouvons examiner la question du revenu de base garanti suffisant que propose le projet de loi à l'étude. Même les députés conservateurs qui ont pris la parole admettent qu'il est possible de faire passer ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture et de commencer à discuter de ce que nous pourrions faire pour sortir réellement les gens de la pauvreté et améliorer leurs conditions matérielles. Ce sujet n'a rien de neuf. Je tiens à dire aux députés qu'à Hamilton, les gens continuent d'éprouver des difficultés et que leurs conditions matérielles ressemblent à celles des résidants de Winnipeg-Centre. Nous sommes souvent les canaris de la mine de charbon. Lorsque des centres urbains comme Toronto attrapent un rhume, c'est nous qui souffrons le plus.
Je vais raconter quelque chose qui remonte à 2009. Nous avions commencé l'examen de l'aide sociale, et je passais du temps dans des salles avec des gens comme Tom Cooper, de la table ronde pour la réduction de la pauvreté à Hamilton. Cet organisme était dirigé par des personnes ayant une expérience vécue; il menait notamment une campagne pour une aide sociale et un soutien pour handicap adéquats, et il comprenait des personnes comme Elizabeth McGuire ainsi que Margie et Dan Gould, des gens que la loi avait condamnés à vivre dans la pauvreté.
Pour aborder ce sujet, mettons les choses en perspective un instant. Oublions les ultrariches. Au Canada, nous pouvons à peine imaginer ce que représentent 1 milliard de dollars. Cependant, il y a quelque chose de très clair que les gens qui nous regardent ce soir peuvent comprendre. À l'heure actuelle, dans cette province, le programme Ontario au travail représente 733 $ par mois. C'est donc 733 $ par mois pour vivre dans cette économie.
L'augmentation du coût de la vie, c'est la crise du capitalisme, les profits débridés et l'incapacité des gens à subvenir à leurs besoins fondamentaux. Il s'agit de l'effritement du mythe d'une économie libérale où les gens devraient pouvoir travailler fort, faire des études, obtenir de bons emplois et subvenir aux besoins de leur famille. Or, ce n'est plus le cas.
Ma compatissante collègue nous a recentrés à juste titre en nous faisant comprendre que la valeur d'une personne ne devrait pas dépendre de son emploi, de sa productivité et de notre PIB. Les êtres humains ont une valeur inhérente, peu importe la façon dont ils servent l'économie capitaliste.
Je tiens à dire que les bénéficiaires actuels du Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées, qui sont condamnés à vivre dans la pauvreté, reçoivent 1 300 $ par mois. Comment peut-on dire sans sourciller que c'est suffisant pour survivre? Or, le gouvernement libéral a l'audace de laisser entendre que 200 $ de plus par mois suffiraient.
Beaucoup de gens pensent que c'est la seule façon de faire les choses et qu'il n'y a pas de solution de rechange. La députée de a donné l'exemple de l'étude de la ville de Dauphin. À Hamilton même, il n'y a pas si longtemps, un gouvernement libéral provincial a mis en place un revenu de base, qu'il ne faut pas confondre avec le revenu garanti suffisant. Le projet de revenu de base était, en fait, une pauvreté engendrée par la loi parce qu'il condamnait encore les gens à vivre sous le seuil de faible revenu.
Je trouve odieux que le député libéral de ait pris la parole pour balayer cela du revers de la main, alors que 80 % des membres du Parti libéral se sont dits en faveur de cette mesure lors de leur dernier congrès d'orientation. Les libéraux continuent de faire de beaux discours à propos d'aider les gens à sortir de la pauvreté, mais ils ont l'audace de rejeter une véritable discussion à ce sujet à l'étape de la deuxième lecture. Le député devrait avoir honte.
Parlons un peu du projet pilote sur le revenu de base d'Hamilton, qui a déjà été mentionné. J'invite les gens à prendre un moment pour humaniser le problème dont nous discutons. Jessie Golem a fait un travail incroyable en préparant la série de photographies intitulée « Humans of Basic Income ». Elle a fait des portraits de personnes comme mon ami Tim Button et un camarade qui me manque beaucoup, Michael Hampson, défenseur des droits des personnes handicapées. Ce projet pilote procurait aux gens la maigre somme de 17 000 $ par année, ce qui est encore très inférieur au seuil de faible revenu. Voici ce qu'a dit Michael à propos de ce petit coup de pouce: « Cela a changé ma vie, m'a rendu ma dignité et m'a redonné foi dans ma collectivité. Le Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées m'a condamné à la pauvreté, à vivre dans une situation de stress élevé et à ne pas avoir les moyens de me nourrir correctement. » Il a dit que le revenu de base avait été source de guérison pour les bénéficiaires.
Fait désolant, il est mort pendant la pandémie de COVID. Aujourd'hui, je prends la parole pour lui rendre hommage et pour faire entendre son message. Je prends la parole pour faire entendre la voix de tous les habitants d'Hamilton qui, pendant un bref moment, ont eu droit à un peu de vie et de dignité. Grâce à ce soutien, des gens ont eu la possibilité de suivre les programmes d'études qu'ils souhaitaient, de passer à un nouvel emploi et, bien sûr, de fuir la violence fondée sur le sexe qu'ils subissaient. C'est de cela que nous parlons en ce moment, d'où la grande importance de ce projet de loi.
Aux gens qui n'auraient pas le courage de permettre au projet de loi de se rendre au moins jusqu'à l'étape de la deuxième lecture pour qu'on puisse en discuter, je demande de songer à ces personnes qui ont bénéficié d'un revenu de base. Je leur demande de penser aux campements dans leurs collectivités. Pensons à la crise du capitalisme incontrôlé, à ceux qui en tirent profit et à la concentration de la richesse entre les mains des entreprises. Il y a de la prospérité au pays.
À l'heure actuelle, le problème, ce n'est pas l'offre de logements. Les condos se multiplient, il y a des mises en chantier tous les jours, et on délivre un nombre sans précédent de permis de construction année après année. Cependant, il y a aussi un nombre sans précédent de personnes condamnées à vivre dans des tentes au Canada. Les néo-démocrates croient que tous les habitants de ce pays ont le droit de vivre dans la dignité, d'être en sécurité, de se loger, de se nourrir et d'avoir accès à des produits de première nécessité, à une éducation et à des possibilités.
Les tenants du libéralisme ont l'audace de parler de la classe moyenne et de ceux qui travaillent fort pour en faire partie comme s'ils voulaient mentir au sujet des gens qui travaillent le plus fort dans ce pays et qui, malgré cela, sont condamnés à devoir subvenir à leurs besoins avec un maigre revenu et à vivre dans l'extrême pauvreté. C'est cette situation que nous voulons changer aujourd'hui.
Madame la Présidente, avant de conclure, je vais devancer mes collègues libéraux en retirant le mot « mentir ».