Que, étant donné que la Chambre reconnaît que
(i) les Canadiens d’ascendance chinoise ont apporté une contribution inestimable au Canada,
(ii) le peuple de Chine appartient à une civilisation ancienne dont l’apport à l’humanité est considérable,
(iii) la distinction entre le peuple de Chine et l’État chinois, tel qu’il est incarné par le Parti communiste chinois et le gouvernement de la République populaire de Chine,
(iv) les États autoritaires, y compris la République populaire de Chine, représentent une menace croissante à l’endroit de l’ordre international fondé sur des règles,
la Chambre nomme un comité spécial chargé de tenir des audiences sur tous les aspects des relations entre le Canada et la République populaire de Chine, y compris, sans s’y limiter, les relations diplomatiques, consulaires, juridiques, économiques et de sécurité, pourvu que:
a) le Comité soit composé de 12 membres, dont six proviendront du parti ministériel, quatre de l’opposition officielle, un du Bloc québécois et un du Nouveau Parti démocratique;
b) les whips des partis reconnus déposent, auprès du greffier de la Chambre, la liste de leurs membres qui siégeront au Comité dans les quatre jours civils suivant l’adoption de cette motion;
c) les changements apportés à la composition du Comité entrent en vigueur dès le dépôt de l’avis du whip auprès du greffier de la Chambre;
d) les membres du Comité puissent se faire remplacer, au besoin, conformément à l’article 114(2) du Règlement;
e) le greffier de la Chambre convoque une réunion d’organisation du Comité dans la semaine qui suit la présentation du rapport final du Comité spécial sur l’Afghanistan;
f) le président du Comité soit un membre du parti ministériel, le premier vice-président soit un membre de l’opposition officielle, le deuxième vice-président soit un membre du Bloc québécois et le troisième vice-président soit un membre du Nouveau Parti démocratique;
g) le quorum du Comité soit conforme aux dispositions de l’article 118 du Règlement, et que le président soit autorisé à tenir des réunions afin de recevoir et de publier des témoignages si au moins quatre membres sont présents, dont un membre de l’opposition et un membre du parti ministériel;
h) le Comité dispose de tous les pouvoirs d’un comité permanent, ainsi que du pouvoir (i) de voyager, accompagné du personnel nécessaire, à l’intérieur et à l’extérieur du Canada, (ii) d’autoriser la diffusion vidéo et audio d’une partie ou de la totalité de ses délibérations;
i) les dispositions de l’article 106(4) du Règlement s’étendent également au Comité;
j) le Comité bénéficie, nonobstant le paragraphe r) de l’ordre spécial adopté le jeudi 25 novembre 2021, de la priorité absolue à l’égard de l’utilisation des ressources de la Chambre pour les réunions de comité;
k) les témoignages et la documentation reçus par le Comité spécial sur les relations sinocanadiennes au cours des première et deuxième sessions de la 43e législature soient renvoyés à ce comité et pris en considération pendant cette session;
l) lorsque les réunions de Comité en mode hybride sont autorisées, toute délibération du Comité portant sur une motion relative à l’exercice de son pouvoir d’ordonner la comparution de témoins et la production de documents ou de dossiers n’ayant pas donné lieu à une décision devra être interrompue, selon la première occurrence, après quatre heures de débat ou une semaine de séance après que la motion ait été proposée, et toutes les questions nécessaires pour disposer de la motion soient alors mises aux voix immédiatement et successivement, sans autre débat ni amendement.
— Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
À la dernière législature, la 43e, le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes a joué un rôle constructif dans l'avancement de la politique canadienne à l'égard de la République populaire de Chine. Le comité s'est réuni 30 fois et a remis trois rapports à la Chambre. Nous avons entendu des dizaines, voire des centaines de témoins.
Nous nous sommes concentrés sur l'espionnage, l'ingérence étrangère et les opérations d'intimidation en sol canadien. Nous nous sommes concentrés sur Hong Kong. Nous nous sommes concentrés sur le génocide des Ouïghours. Le comité s'est aussi concentré sur le sort des deux Canadiens — Michael Kovrig et Michael Spavor — incarcérés à tort en Chine. On peut sans doute dire que c'est l'importante accordée aux deux Michael, comme on les appelait au Canada, qui a mis de la pression sur la République populaire de Chine et d'autres parties prenantes et a mené à leur libération. Le comité a joué un rôle constructif dans l'avancement des politiques du Canada dans la région indo-pacifique, plus particulièrement en Chine.
Il faut en faire beaucoup plus. Il faut faire beaucoup plus d’études et d’analyses, car les relations entre le Canada et la Chine sont vastes et multidimensionnelles et touchent à de nombreux domaines de la vie canadienne, en particulier sur le plan diplomatique, économique, militaire, sécuritaire, universitaire, et bien d’autres. La République populaire de Chine est l’une des superpuissances mondiales, et nous devons être conscients de l’influence qu’elle a sur la vie quotidienne des Canadiens. Je ne vois pas de meilleur moyen de le faire que par un comité spécial du Parlement, dans le cadre duquel nous pouvons faire appel à des experts, entendre des témoignages et explorer les multiples dimensions de notre relation avec la République populaire de Chine.
Jusqu’à présent, il n’a pas été possible de créer un comité spécial. Au cours de la dernière législature, la 43e, on a ajouté deux comités de la Chambre des communes. Ces deux comités étaient le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes et le Comité spécial sur la relation économique entre le Canada et les États‑Unis. En raison de la pandémie et des séances hybrides, les ressources de l'Administration de la Chambre ont été poussées à leur limite avec l’ajout de ces deux comités.
C’est ce qui s’est produit au cours de la 44e législature jusqu’à maintenant. Deux autres comités ont été ajoutés au cours de la présente législature: le nouveau Comité permanent de la science et de la recherche et le Comité spécial sur l’Afghanistan. L’ajout de ces deux comités au cours de cette 44e législature a poussé à la limite les ressources de la Chambre. Tous les députés le savent et le comprennent, car il ne se passe pas une semaine sans que nous ayons de la difficulté à réserver des réunions supplémentaires ou du temps additionnel pour les comités en raison des contraintes liées au personnel et à la technologie de l’information.
Toutefois, le 8 juin, cela va changer. L’ordre de la Chambre qui a créé le Comité spécial sur l’Afghanistan ordonne que ce comité soit dissous et qu’il fasse rapport à la Chambre, de sorte que nous n’aurons qu’un seul comité additionnel de la Chambre au cours de la présente législature, soit le Comité permanent de la science et de la recherche. Nous avons donc l’occasion de ressusciter le comité sur les relations sino-canadiennes, ce qui, à notre avis, est une chose très importante à faire.
Il y a tant d’autres choses que nous devons encore étudier. Nous n’avons pas terminé notre étude des questions de sécurité nationale concernant les relations entre le Canada et la République populaire de Chine. Nous n’avons même pas commencé à examiner la question du projet La Ceinture et la Route de la Chine.
Depuis les dernières élections, on a mis au jour de nouveaux renseignements qui doivent être étudiés et analysés de toute urgence, à savoir l’ingérence étrangère et la désinformation de la part de la République populaire de Chine dont nous avons été témoins lors des dernières élections. M. Fung, qui est professeur à l’Université McGill et titulaire d’une chaire de recherche du Canada, et Mme Lee, chercheuse à l’Université McGill, ont tous deux publié récemment dans Options politiques un article dans lequel ils concluent que des mandataires agissant au nom des dirigeants de Pékin ont diffusé de la désinformation lors de la dernière campagne électorale, ce qui a conduit ou contribué à la défaite d’un certain nombre de collègues de cette Chambre. Il s’agit d’une question urgente qui doit être examinée et analysée, une question que nous ne pouvons pas laisser disparaître de l’écran radar de la conscience publique.
Les institutions démocratiques, tant ici qu’à l’étranger, sont soumises à d’immenses pressions et menaces provenant de forces internes et externes. Nous devons garantir l’intégrité de ces institutions, qu’il s’agisse de notre processus électoral ou du Parlement entre les élections. La recherche que ces deux chercheurs de l’Université McGill ont menée après les élections a révélé que de la désinformation était propagée sur les médias sociaux par des mandataires agissant pour le compte de Pékin; c'est quelque chose de critique qui nécessite une attention urgente. Je pense que le comité des relations sino-canadiennes serait un très bon endroit pour examiner et analyser cette question.
Il nous faut également, parce que la Chine est une superpuissance et parce qu’elle est tellement intégrée dans l’économie mondiale, examiner comment nous pouvons traiter avec elle de questions comme les chaînes d’approvisionnement et les ressources naturelles, et comment nous devrions l’aborder sur les questions des terres rares, des minéraux critiques et des changements climatiques. Toutes ces questions doivent être examinées et faire l’objet d’une attention particulière. Un nouveau comité spécial sur les relations sino-canadiennes serait le véhicule idéal pour faire précisément cela.
Je crois que le comité pourrait jouer un rôle constructif en aidant le gouvernement. Il est clair que le gouvernement a eu du mal à établir une politique sur la Chine. Le a promis de présenter un nouveau cadre sur la Chine avant la fin de 2020. Cela ne s’est jamais produit. Le a présenté une approche en trois volets: coopérer, concurrencer et contester. Toutefois, ce même ministre, peu après les dernières élections, en 2021, a modifié cette politique pour ajouter un quatrième volet: coexister. L’actuelle , la cinquième en un peu plus de six ans, a maintenant été chargée de présenter une nouvelle stratégie indo-pacifique, que nous n’avons pas encore vue. Il est clair que le gouvernement a du mal à formuler une politique écrite et clairement définie sur la Chine et la région indo-pacifique. C’est là que, selon moi, le comité pourrait grandement aider le gouvernement.
En conclusion, je dirai ceci. Le principal argument en faveur de la création de ce comité spécial sur les relations sino-canadiennes, c'est le 24 février, un jour qui a choqué le monde démocratique. Pour la première fois depuis 1945, deux États d’Europe étaient en guerre. La Russie a attaqué une démocratie, bouleversant l’ordre international qui a assuré la paix et la stabilité pendant quelque huit décennies. Nous devons être conscients que ce qui se passe aujourd’hui en Europe de l’Est pourrait également se produire dans la région indo-pacifique. C’est pourquoi nous devons nous concentrer sur tous les aspects des relations entre le Canada et la Chine, pour faire en sorte d'être prêts à faire face à toute éventualité.
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Madame la Présidente, les Canadiens d’origine chinoise contribuent grandement à la société canadienne; ils sont les héritiers d’une civilisation millénaire qui a beaucoup apporté à l’humanité. Dans ma circonscription, il y a une communauté sino‑canadienne florissante qui a été très gentille avec moi au fil des ans.
En tant que porte-parole de l’opposition pour la défense, il m’incombe d'analyser et de jauger la politique et la position du gouvernement en matière de défense dans le but d'améliorer et de renforcer la sécurité nationale. Cela me tient à cœur, en tant qu’ancienne ministre associée de la Défense nationale.
Si je considère la Chine comme un acteur stratégique sur la scène mondiale, je peux visualiser sa progression au fil du temps. Elle est passée de pays que les Occidentaux considéraient comme sous-développé, à pays en développement. Aujourd'hui, c'est une grande puissance qui est en voie de devenir une superpuissance. C’est une puissance qui ne se satisfait pas du statu quo, dans la mesure où elle a intérêt à se tailler une sphère d’influence non seulement dans la région indo-pacifique, mais aussi dans le reste du monde. Ce faisant, elle entre en conflit avec d’autres grandes puissances, comme les États-Unis. Il est temps que le gouvernement canadien prenne au sérieux les menaces que les dirigeants communistes de Pékin font peser sur les intérêts et la sécurité du Canada ainsi que sur nos valeurs.
Le 24 juillet 2019, la Chine a publié son premier livre blanc sur la défense en quatre ans, dont le titre français serait « La défense nationale de la Chine dans la nouvelle ère ». Le document expose les grandes lignes de l’orientation stratégique de l’Armée populaire de libération. On y examine d’abord la façon dont la Chine voit le contexte mondial en ce qui a trait à la sécurité. Selon la Chine, il y a eu une redistribution du pouvoir dans le système international, dans la mesure où il n’y a plus une seule superpuissance, ce qui a conduit à un système multipolaire. Cette tendance à la multipolarité jumelée au déclin de la seule superpuissance mondiale, les États-Unis, a engendré une instabilité et une concurrence stratégique accrues. Le monde n’est plus « un endroit paisible ».
Pékin considère les États-Unis comme la plus grande menace pour la stabilité et la sécurité mondiales. Le livre blanc met en garde contre l’unilatéralisme, la politique de puissance et l’hégémonisme croissant des États-Unis, mais il ne s'arrête pas à ce pays. Il s'intéresse aussi aux alliés des États-Unis et aux autres états importants dans le monde. Il souligne que l’OTAN a poursuivi son élargissement, intensifié son déploiement militaire en Europe centrale et orientale et mené de fréquents exercices militaires. De même, il souligne que la Russie renforce ses capacités nucléaires et non nucléaires en vue d’un endiguement stratégique et qu'elle s’efforce de sauvegarder sa zone de sécurité et ses intérêts stratégiques. En outre, le livre blanc souligne que l’Union européenne accélère son intégration en matière de sécurité et de défense pour gagner en indépendance à l’égard de sa propre sécurité.
Il est clairement précisé dans le document que l’objectif de la politique de défense chinoise est de contrer les États-Unis et de les remplacer en tant que superpuissance mondiale. La Chine pointe du doigt les États qu’elle considère comme des alliés et des partenaires des États-Unis pour perturber la région, surtout la Corée du Sud, le Japon et l’Australie. Le document épingle également l’Australie pour son alliance militaire avec les États-Unis et son engagement militaire dans la région de l’Asie-Pacifique, estimant qu’elle cherche à jouer un rôle plus important dans les questions de sécurité. Sans surprise, le document affirme que la politique chinoise dans la région de l’Asie-Pacifique a été un succès retentissant et évoque une architecture de sécurité dirigée par la Chine pour l’avenir. Il semble que Pékin considère la région de l’Asie-Pacifique presque comme le Japon impérial le faisait immédiatement avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le livre blanc affirme que l’objectif fondamental de la défense nationale dans cette nouvelle ère est de décourager l’agression et d’y résister; de sauvegarder la sécurité politique nationale, la sécurité du peuple et la stabilité sociale; de s’opposer à l’indépendance de Taïwan et de la contenir; de sévir contre les partisans de mouvements séparatistes, notamment ceux en faveur de l’indépendance du Tibet et de la création du Turkestan oriental; et de sauvegarder la souveraineté, l’unité, l’intégrité territoriale et la sécurité nationale. Parmi les autres objectifs stratégiques de sécurité nationale figurent la sauvegarde des droits et intérêts maritimes de la Chine et de ses intérêts en matière de sécurité dans les espaces extra-atmosphérique et électromagnétique et le cyberespace ainsi que la sauvegarde des intérêts de la Chine à l’étranger et le soutien au développement durable du pays.
Le livre blanc note que les îles Senkaku administrées par le Japon en mer de Chine orientale, que la Chine revendique également, sont des parties inaliénables du territoire chinois. Il promet que Pékin défendra sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale en effectuant des patrouilles dans les eaux proches des îles contestées. Les autres États qui revendiquent des parties de la mer de Chine méridionale sont prévenus que cette mer est aussi une partie inaliénable de la Chine.
Dans le livre blanc, on dit ceci:
La Chine exerce sa souveraineté nationale en construisant des infrastructures et en déployant les capacités défensives nécessaires sur les îles et les récifs de la mer de Chine méridionale.
En ce qui a trait à Taïwan, le document emploie un langage clair qu'on n'a jamais vu dans les livres blancs sur la défense déjà publiés. Voici ce qu'il dit:
Dans l'intérêt fondamental de la nation chinoise et pour la revitalisation nationale, il est essentiel de résoudre la question taïwanaise et de réaliser la réunification complète du pays. La Chine souscrit aux principes de la « réunification pacifique » et d'« un pays, deux régimes », préconise l'établissement de relations pacifiques entre les deux rives du détroit, et favorise la réunification pacifique [...]
C'est ce qu'il dit.
[Français]
La clé des objectifs politiques de Pékin est l'Armée populaire de libération. La Chine dispose de la plus grande machine militaire du monde avec plus de 2 millions de soldats, laquelle peut être retournée contre un adversaire comme Taïwan à tout moment et avec peu d'avertissements. La Chine continue de souffrir de problèmes doctrinaux et organisationnels qui nuisent à son efficacité.
[Traduction]
L’Armée populaire de libération, l'APL, n’a pas non plus participé à de véritables combats depuis sa guerre frontalière avec le Vietnam en 1979 et ses escarmouches avec l’Inde dans l’Himalaya. L’APL dispose d’une armée de plus en plus moderne, dotée de missiles stratégiques nucléaires et conventionnels ainsi que de forces terrestres, maritimes et aériennes.
En ce qui concerne la dissuasion nucléaire stratégique, la Chine dispose de 100 missiles balistiques intercontinentaux sur rails qui pourraient cibler les États‑Unis à l’heure actuelle et elle a aménagé deux nouveaux champs de quelque 250 silos pour son arsenal nucléaire qui serait en pleine expansion. Il est important de souligner qu’en renforçant sa capacité de dissuasion stratégique nucléaire, la Chine tend à s’écarter de son approche minimaliste passée de contre-frappe nucléaire, qu’elle aurait suivie pendant des décennies, ce qui donne à penser qu’elle est sur le point d’abandonner toute prétention à une politique du non-recours en premier.
En août 2021, la Chine aurait testé au moins un planeur hypersonique à capacité nucléaire, lancé par une fusée Longue marche 2C, qui aurait tourné en orbite autour de la Terre avant d’attaquer sa cible. Le planeur hypersonique se déplace vers sa cible à une vitesse extrêmement élevée, soit plus de Mach 5. Il est manœuvrable, contrairement à une ogive balistique qui suit une trajectoire parabolique, et il peut frapper sa cible avec peu ou pas d’avertissement presque partout sur la planète.
Les systèmes de bombardement à orbite fractionnaire, les SBOF, sont conçus pour placer des ogives nucléaires sur une orbite fractionnaire depuis l’hémisphère Sud, où elles passeraient probablement inaperçues, au lieu de lancer les ogives avec un missile balistique au-dessus du pôle Nord. Les SBOF ont l'avantage d'éviter le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord, le NORAD. La constellation de stations radars du NORAD surveille l’espace arctique, et les satellites sont positionnés de manière à surveiller l’hémisphère Nord plutôt que le Sud. De plus, les SBOF n’ont pas de limite de portée, ils sont extrêmement rapides et ils n’ont pas de trajectoire prévisible pouvant révéler leur cible.
Le Parti communiste chinois dispose d’une armée d’environ 975 000 soldats pour défendre les intérêts chinois, avec un énorme potentiel de réserves et d’importantes forces paramilitaires d’environ 660 000 soldats. Pékin possède désormais la plus grande marine du monde, avec 250 000 marins et 355 navires de guerre qu’elle peut concentrer dans les océans Pacifique et Indien.
La marine de l’APL dispose de quatre navires amphibies modernes et de deux navires amphibies d’assaut par hélicoptère. La marine dispose de deux porte-avions, d’un croiseur, de 32 contre-torpilleurs, de 49 frégates et d’environ 125 petites corvettes et navires-lance-missiles de différentes capacités. Elle dispose d’une force sous-marine composée de sous-marins nucléaires lanceurs de missiles balistiques et de bateaux de chasse ainsi que de nombreux sous-marins à propulsion conventionnelle. Les deux porte-avions opérationnels sont de capacité modeste et un troisième porte-avions plus grand est en construction. Cependant, les combattants de surface sont sur un pied d’égalité, ou presque, avec leurs homologues occidentaux.
Il est important pour le Canada de se rappeler que la Chine s’intéresse à notre région arctique et à ses richesses, et à la perspective d’une région abritée où ses sous-marins nucléaires équipés de missiles balistiques pourraient se cacher en cas de tensions avec les États‑Unis ou la Russie. L’agence de presse officielle chinoise aurait qualifié le passage du Nord-Ouest de voie navigable rêvée pour de futurs échanges commerciaux. À la grande inquiétude du Danemark, Pékin manifeste un intérêt pour le Groenland.
En conclusion, c’est à son péril que le Canada ne prête aucune attention aux intérêts mondiaux de la Chine et à sa puissance militaire. Nous devons nous réveiller, nous joindre à nos alliés du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité et de l’AUKUS, et nous prononcer pour que ce comité se réunisse de nouveau afin de faire du très bon travail.
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Madame la Présidente, j’espère que je pourrai obtenir une question du député de , étant donné la passion qui l’anime dans ce débat précis.
Je suis heureux de prendre la parole à la Chambre à propos de la motion du député de . Mes remarques porteront sur les relations bilatérales entre la Chine et le Canada ainsi que sur la Chine dans le contexte de l’élaboration de la stratégie indo-pacifique de notre gouvernement.
Les relations entre le Canada et la Chine remontent aux premiers jours de l’histoire de notre pays. Comme le souligne la motion, les Canadiens d’origine chinoise ont apporté une contribution inestimable au Canada et sont bien intégrés à notre société. Aujourd’hui, près de deux millions de résidents du Canada sont d’origine chinoise et forment l’un des plus grands groupes de la population immigrante du Canada. À bien des égards, ces liens entre peuples représentent les liens les plus étroits entre nos deux pays.
Le commerce international est un autre aspect important de nos relations avec la Chine, qui est le troisième marché d’exportation de marchandises du Canada. Avec la plus grande population du monde et une classe moyenne en pleine croissance, la Chine offre aux exportateurs canadiens d’importantes possibilités, mais aussi des défis constants dans certains secteurs.
Il ne fait aucun doute que la Chine a beaucoup changé au cours des dernières décennies. Elle a bénéficié de manière sélective d’un ordre international fondé sur des règles pour poursuivre son ascension économique. La Chine semble résolue à remodeler l’ordre international pour combler ses propres besoins, et ses interventions agressives dans la mer de Chine méridionale et la mer de Chine orientale menacent la stabilité régionale et mondiale.
Les preuves de plus en plus nombreuses du mépris de la Chine pour les droits fondamentaux de la personne, la liberté d’expression et la liberté de religion, y compris le sort qu’elle réserve aux Tibétains, aux Ouïghours et à d’autres minorités musulmanes en Chine qui continuent d’être victimes de répression, du travail forcé et de discrimination, ainsi que la Loi sur la sécurité nationale imposée à la population de Hong Kong en 2020, sont toutes profondément troublantes et contraires aux valeurs et aux intérêts du Canada. En réaction à ces actions, le Canada et d’autres pays doivent continuer à dénoncer et à défier la Chine. Nous ne pouvons permettre à quelque pays que ce soit, peu importe sa taille, de violer les droits de la personne. En même temps, si nous espérons faire des progrès sur des enjeux mondiaux comme les changements climatiques, l’environnement et la santé publique, nous devons trouver des moyens de dialoguer et de collaborer avec la Chine.
Notre gouvernement privilégie une approche globale de la région indo-pacifique qui guidera notre politique étrangère pour la prochaine décennie. Il s’agit non seulement d’une stratégie pour une région du monde, mais d’une stratégie pour le Canada qui aura une incidence sur notre paix et notre prospérité pour les décennies à venir. Aucune région ne sera plus importante pour les intérêts du Canada que la région indo-pacifique.
Puisque la prospérité, la sécurité et le bien-être des Canadiens sont de plus en plus liés à la région Indo-Pacifique, le Canada approfondit ses partenariats et élargit sa présence dans la région. Le Canada doit s’engager dans la région Indo-Pacifique en adoptant une approche globale, adaptée et intégrée. L’approche doit continuer à servir les objectifs commerciaux et économiques tout en protégeant la sécurité nationale du Canada et d’autres intérêts de sécurité, en défendant un ordre international fondé sur des règles, en contribuant aux objectifs de développement durable et, bien sûr, en luttant contre les changements climatiques.
La politique en devenir du Canada pour la promotion de nos intérêts en Chine est indissociable de notre approche dans la région élargie, dont elle constitue un élément essentiel. Nous devons poursuivre notre diversification dans l’ensemble de la région Indo-Pacifique, et nos relations avec la Chine ne sont qu’un élément de la stratégie Indo-Pacifique en voie d’élaboration par la .
Comme nous le savons tous, nos relations bilatérales ont souffert du recours par la Chine à une diplomatie coercitive, ce qui a poussé le Canada à réfléchir et à évaluer la sincérité de la Chine à l’égard de la résolution constructive de problèmes. Nous adoptons une approche progressive pour évaluer les intentions de la Chine et y gérer nos intérêts.
Le gouvernement reconnaît la complexité des relations entre le Canada et la Chine, mais nous continuerons à coopérer, lorsqu’il est judicieux de le faire, sur des enjeux mondiaux et des intérêts communs. Nous contesterons la violation par le gouvernement chinois des règles et des normes internationales, nous lutterons contre les approches autoritaires en privilégiant celles qui favorisent la démocratie, la transparence et la responsabilisation, et nous coexisterons avec le pays le plus peuplé de la planète.
Dans cette approche, le 5 avril dernier, la s’est entretenue avec le conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine, Wang Yi. La ministre des Affaires étrangères a clairement fait savoir que le Canada continuera à défendre les droits de la personne et à soulever les préoccupations à ce sujet, et elle a rappelé encore une fois les attentes du Canada envers la Chine en ce qui concerne la résolution des enjeux bilatéraux en suspens. La ministre a aussi insisté sur la nécessité pour la Chine de jouer un rôle constructif afin de mettre fin à la guerre en Ukraine, car les pays du monde suivent de très près les actions de la Chine dans ce dossier. La ministre a en outre souligné les nombreux domaines dans lesquels les deux pays peuvent collaborer, notamment les changements climatiques, l’environnement et la santé mondiale.
En conclusion, les relations bilatérales peuvent être complexes et dynamiques, mais nos intérêts nationaux et les valeurs canadiennes de longue date sont une constante. Le Canada et la Chine continueront à entretenir des liens interpersonnels profonds et à partager de nombreux intérêts économiques, sociaux et culturels, ce qui enrichira d'autant le tissu de nos deux sociétés. Le gouvernement continue à promouvoir les intérêts du Canada en gérant les relations avec la Chine selon une approche fondée sur des principes, et nous ferons preuve de constance et de fermeté dans la défense des valeurs et des intérêts canadiens.
Je tiens à terminer en abordant la proposition de créer un nouveau comité spécial. Il existe déjà plusieurs comités parlementaires où les questions de relations bilatérales peuvent être soulevées et l’ont été. Au sommet de cette liste figure le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, qui a déjà mené cette année une étude approfondie et constructive des enjeux liés à la Chine. Ce comité demeure le mieux placé pour étudier ce genre de questions, et je crains que, par sa proposition, mon collègue ne fasse que créer un véhicule qui répétera ses travaux.
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Madame la Présidente, j'ai l'impression qu'il s'agit du film
Retour vers le futur ou
Le jour de la marmotte qui nous permet de revivre continuellement des situations. Évidemment, nous avons toujours été favorables à la création d'un comité devant se pencher sur l'étude des relations entre la République populaire de Chine et le Canada. Cela n'est pas différent aujourd'hui, nous n'avons pas changé d'idée: nous pensons qu'il est toujours pertinent d'avoir un comité qui se penche spécifiquement sur cette question.
Il faut le reconnaître, la République populaire de Chine est une superpuissance, à la fois sur les plans militaire, politique et économique. C'était, pour le gouvernement libéral des années 1990, l'eldorado. Tout le monde disait qu'il fallait aller en Chine, délocaliser nos entreprises et profiter de la main-d'œuvre bon marché de la Chine. Éventuellement, en faisant du commerce avec les Chinois, on allait les amener vers un niveau de vie supérieur, qui allait inévitablement faire en sorte que la démocratie allait s'épanouir comme une fleur au printemps.
Quelques décennies plus tard, on a un peu déchanté quant à cette logique et à cette trame narrative que tentait d'imposer le gouvernement libéral de l'époque. Néanmoins, le fait est que la Chine est une puissance économique incontestable.
Il faut reconnaître que les relations entre la République populaire de Chine et le Canada ont toujours été excellentes depuis des décennies. Pensons à l'époque où le Canada fournissait du blé pour faire face aux famines en République populaire de Chine ou à l'influence du Dr Bethune au moment de la Révolution chinoise. Pensons également au fait que l'ex-premier ministre Pierre Elliott Trudeau a été parmi les premiers chefs d'État occidentaux à établir des relations avec la République populaire de Chine.
Ces relations ont donc toujours été extrêmement positives jusqu'à ce que survienne l'écueil important de la demande d'extradition de Meng Wanzhou et ensuite la détention illégale de Michael Spavor et de Michael Kovrig. Il m'apparaissait important à ce moment-là que nous puissions examiner ce qui avait bien pu se passer et comment nous pourrions tenter de rétablir les relations.
Par la suite, il s'est passé quelque chose qui m'a complètement étonné et renversé. Les deux bras m'en sont tombés. Finalement, nous avons réalisé que le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes était loin de chercher à trouver des pistes de solution pour améliorer les relations avec la République populaire de Chine. Il s'est davantage révélé être un outil de politique partisane pour tenter de mettre le gouvernement dans une mauvaise posture. Je n'approfondirai pas le sujet, parce que nous aurons probablement l'occasion d'y revenir. Tout cela s'est interrompu brutalement par le déclenchement inopiné d'une élection tout à fait inutile, l'automne passé.
Entretemps, grâce à l'élection d'un nouveau gouvernement à Washington, on est arrivé à une solution un peu bancale, mais qui a quand même permis de régler le problème lié à la demande d'extradition des États‑Unis concernant Meng Wanzhou, ce qui a mené à la libération quasi immédiate par la suite de Michael Spavor et de Michael Kovrig.
Après le résultat des élections, nous sommes revenus à la Chambre et, surprise, les conservateurs décident alors qu'ils ont besoin d'un nouveau jouet, d'un nouvel outil pour faire de la politique partisane. Tout à coup, les deux Michael étant libérés, on n'avait plus besoin du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes, on voulait maintenant d'un comité spécial qui allait se pencher sur le désastre de l'évacuation de l'Afghanistan. Nos amis conservateurs étaient convaincus qu'ils allaient réussir à marquer des points politiques. Ils n'avaient plus besoin du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes à ce moment-là.
Nous avons dénoncé le fait que les conservateurs abandonnaient le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes. Nous n'étions évidemment pas contre la création du Comité spécial sur l'Afghanistan parce qu'il y a eu, il faut le reconnaître, un certain nombre de faux pas et de mauvaises décisions, et que, si tant est qu'on devait se retrouver à nouveau dans une telle situation, il fallait réussir à tenter de cerner les problèmes à l'avance.
Je fais une parenthèse. Le regretté premier ministre Jacques Parizeau disait souvent qu'il ne faut jamais sous-estimer la capacité du gouvernement fédéral de nous décevoir. Dans ce cas-là, le gouvernement fédéral semble ne jamais apprendre des leçons passées. Bien qu'il faille espérer qu'on puisse tirer des leçons de l'expérience afghane, je suis obligé de reconnaître que le gouvernement fédéral réussira peut-être encore cette fois à nous décevoir.
Quoi qu'il en soit, nous avons fait pression pour qu'on revienne malgré tout avec le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes. Or, pour des raisons qui leur sont propres, les conservateurs n'étaient pas prêts, à ce moment-là, à revenir avec le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes. Je laisse mes collègues épiloguer sur les motifs qui pouvaient les conduire à ne pas vouloir revenir avec ce comité.
Voyons ce qu'il en est ce matin. Le Comité spécial sur l'Afghanistan achève ses travaux. Le nouveau hochet, le nouveau jouet, le nouvel outil des conservateurs pour faire de la politique sera bientôt chose du passé. Que trouvent-ils de nouveau pour essayer de faire de la politique? Ils nous reviennent subitement avec un comité spécial sur la relation entre le Canada et la République populaire de Chine. C'est assez extraordinaire.
Qu'est-ce qui a changé depuis l'élection pour que, plusieurs mois après celle-ci, la priorité de nos amis conservateurs, qui ne voyaient pas l'utilité de ramener le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes alors que le monde a profondément changé entretemps avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie, soit tout à coup de réactiver ce comité?
Je veux que mes collègues me comprennent bien: nous sommes d'accord. Nous avons toujours pensé que ce comité avait sa place. Toutefois, je m'interroge sincèrement sur les motivations de nos amis conservateurs quant au fait d'arriver avec cela maintenant. C'était pertinent après l'élection, mais cela ne les intéressait pas du tout. Tout à coup, alors que la Russie envahit l'Ukraine, cela redevient pertinent pour eux, à quelques semaines de la fin des travaux du Comité spécial sur l'Afghanistan.
Je ne sais pas pour mes collègues, mais je pense que si quelqu'un voulait y voir des motivations de nature partisane, il se pourrait qu'il ait raison. En tout cas, cela en a tout l'air, il faut le reconnaître. Cela dit, comme je l'indiquais dès le départ, malgré le fait que j'ai des doutes sérieux quant à la noblesse des motivations de nos amis conservateurs, nous allons voter en faveur de cette motion, parce que nous croyons et avons toujours cru que ce comité avait sa pertinence.
J'aimerais maintenant prendre quelques instants pour parler du libellé de la motion présentée par mon collègue de , que je salue et avec lequel j'ai toujours grand plaisir à travailler.
Dans les premiers énoncés, je me permets d'attirer l'attention de mes collègues sur la partie suivante: « (iii) la distinction entre le peuple de Chine et l’État chinois, tel qu’il est incarné par le Parti communiste chinois et le gouvernement de la République populaire de Chine ». Je pense que nous sommes plutôt d'accord là-dessus.
Ensuite, quant à la partie où on dit « (iv) que les États autoritaires, y compris la République populaire de Chine, représentent une menace croissante à l’endroit de l’ordre international fondé sur des règles », je pense que cela mérite un petit commentaire. On semble avoir découvert qu'il existe des États autoritaires dans le monde. Je le donne en mille: moins de la moitié de nos congénères sur cette planète vivent en démocratie.
Je comprends que, tout à coup, avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie et avec les menaces que fait peser la République populaire de Chine sur Taïwan, on veuille souligner le fait « que les États autoritaires, y compris la République populaire de Chine, représentent une menace croissante à l'endroit de l'ordre international fondé sur des règles », mais je veux simplement signaler que ce n'est pas une nouveauté.
Les États autoritaires ne sont pas quelque chose de nouveau. À cause de l'espèce d'entente ou d'alliance tacite qui existe entre les deux pays, il est possible que les États autoritaires que sont la Russie et la République populaire de Chine constituent une menace pour le système international tel qu'on l'a conçu après la Seconde Guerre mondiale.
Souvenons-nous que lorsque nous avons décidé du système des Nations unies, nous avons confié aux cinq plus grandes puissances de l'époque le rôle de jouer les régulateurs de l'équilibre du système international. Or, nous avons vu les limites de ce système avec l'invasion de l'Ukraine, alors que l'une de ces cinq puissances qui sont censées assurer la stabilité du système international a perdu les pédales.
On se retrouve dans la situation où ni la République populaire de Chine ni la Russie ne sont ce qu'on pourrait appeler des États démocratiques. Il semble qu'elles aient décidé de collaborer, ce qui occasionne des menaces tout à fait compréhensibles pour l'ordre international tel qu'on l'a conçu jusqu'à tout récemment.
Je me permets une autre parenthèse sur quelque chose d'assez fascinant. En envahissant l'Ukraine, Vladimir Poutine pensait décourager tous les États de vouloir éventuellement rejoindre les rangs de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, ou OTAN. Or, c'est exactement l'inverse qui s'est produit. Souvenons-nous que, sous le gouvernement de Donald Trump, le président Macron avait déclaré que l'OTAN était en situation de mort cérébrale.
On s'interrogeait sur l'utilité et la pertinence de l'OTAN et Vladimir Poutine a redonné toute sa pertinence à cette organisation, si bien que des États qui étaient traditionnellement neutres depuis des décennies, comme la Finlande et la Suède, envisagent maintenant de rejoindre les rangs de l'OTAN. Vladimir Poutine aura donc poussé des pays dans les bras de l'OTAN en voulant empêcher l'Ukraine de rejoindre les rangs de l'organisation.
Qui plus est, après le Brexit, un certain nombre de pays européens, comme la Pologne ou la Hongrie, se sont interrogés sur l'utilité de l'Union européenne. Après l'invasion de l'Ukraine, plus personne ne s'interroge sur l'utilité ou la pertinence de l'Union européenne. Face à la menace russe, l'Union européenne, comme l'OTAN, a serré les rangs comme jamais auparavant.
On peut convenir avec notre collègue de que cette espèce d'alliance tacite entre la Russie et la République populaire de Chine fait peser une menace importante sur le système international tel qu'on le concevait jusqu'à tout récemment.
Cela étant dit, cela n'enlève rien aux problèmes qu'on observe en République populaire de Chine et à l'extérieur de ce pays et qui vont dans le sens du point (iv) de la motion. Qu'on pense, par exemple, à la nouvelle Route de la soie, initiative avec laquelle la Chine s'impose comme un acteur incontournable en Afrique, rendant de moins en moins pertinente la présence d'anciennes puissances coloniales comme la France et même celle de pays sans passé colonialiste comme le Canada. Ce dernier avait une présence remarquable et remarquée en Afrique pendant des décennies, mais il a littéralement manqué le bateau.
Pendant que la Chine investissait massivement en Afrique, le Canada, notamment sous l'influence du gouvernement conservateur de Stephen Harper, s'est retiré de l'Afrique. On a donc ouvert les portes de l'Afrique aux Chinois. On a manqué le bateau, et les Chinois sont en train de s'imposer comme la puissance incontournable en Afrique. La Russie fait de même au Mali présentement. Alors que les Français se retirent, les Russes s'installent. Pour reprendre ce qui est dit au point (iv), cela contribue à une possible déstabilisation de l'ordre international.
Je parlais, il y a quelques instants, de l'incroyable et étonnante solidarité dont les États de l'OTAN et de l'Union européenne ont su faire preuve relativement à l'agression de la Russie à l'endroit de l'Ukraine. Tous ont eu une pensée à l'endroit de nos amis de Taïwan, parce qu'on sait que la Chine observe attentivement ce qui se passe présentement. En effet, Xi Jinping ne s'est jamais caché quant à l'idée de réintégrer Taïwan dans le giron de la Chine continentale. On s'est inquiété relativement aux suites de cette situation.
Lors d'une soirée en l'honneur de Taïwan, hier, on a souligné que Taïwan est le 11e partenaire commercial du Canada, le cinquième en Asie. Ce n'est pas négligeable. Taïwan est très inextricablement imbriqué dans le système économique mondial. Cependant, advenant une invasion de Taïwan par la République populaire de Chine, considérant l'influence des banques chinoises sur les avoirs en Europe, est-ce que l'Europe pourra aussi facilement faire preuve d'une telle solidarité pour imposer des sanctions à la République populaire de Chine, qui est elle aussi imbriquée et de façon plus inextricable encore dans le système économique international que ne l'est la Russie?
Ce qui se passe présentement est extrêmement préoccupant. La question n'est pas de savoir si la République populaire de Chine interviendra éventuellement à Taïwan, la question est plutôt de savoir quand et comment la communauté internationale sera en mesure de réagir en lien avec cette nouvelle transgression des règles internationales.
Oui, il y a pertinence de créer de nouveau un comité sur les relations Canada-Chine. Nous pensons qu'il est opportun de joindre notre voix à cette motion, même si, encore une fois, je doute profondément de la noblesse des intentions de nos amis conservateurs, qui nous arrivent avec cette motion à un moment pour le moins étrange, après l'invasion de l'Ukraine par la Russie et à quelques jours de la fin des travaux sur le Comité spécial sur l'Afghanistan, qui n'a pas donné aux conservateurs les dividendes politiques escomptés. Là, on se tourne vers autre chose, et il semble que la panacée politique pour les conservateurs soit aujourd'hui de réactiver le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes.
Nous serons donc au rendez-vous. Nous tâcherons de faire en sorte que ce comité ne redevienne pas un cirque partisan et que nous puissions véritablement jeter les bases d'une meilleure compréhension et, on l'espère, de meilleures relations avec la République populaire de Chine, compte tenu de l'importance que ce pays a dans le système international.
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Madame la Présidente, c'est un honneur, comme toujours, de prendre la parole en cette enceinte et d'exprimer mon point de vue. D'entrée de jeu, je signale que je vais partager mon temps de parole avec la députée de , dont j'estime beaucoup le point de vue.
Pour être franche, je dirai que la motion à l'étude me pose beaucoup de difficultés. Je vais consacrer les prochaines minutes de mon intervention aux éléments de la motion que j'appuie avec enthousiasme et aux éléments que je considère comme très problématiques.
Je remercie le député de d'avoir présenté la motion. Je lui voue un grand respect. Il est très bien informé et possède une vaste expérience. J'ai pu compter sur son expérience par le passé.
Je suis favorable au passage suivant de la motion:
[...] que les Canadiens d’ascendance chinoise ont apporté une contribution inestimable au Canada,
Je suis d'avis qu'il est important de le souligner. La motion indique également:
[...] que le peuple de Chine appartient à une civilisation ancienne dont l’apport à l’humanité est considérable,
Voilà un autre élément très important de la motion.
J’appuie l’idée que le Parlement et les députés consacrent plus de temps à l’examen de nos relations avec la Chine. Nous avons vu émerger de graves problèmes dans la relation sino-canadienne. La Chambre des communes est bien au fait de bon nombre de ces problèmes.
J’ai suivi le débat de ce matin, et j’ai entendu des députés dire que cela peut se produire au comité des affaires étrangères. Je vais y revenir brièvement plus tard, mais je dois d’abord dire que le comité des affaires étrangères n’a pas été particulièrement efficace pour faire adopter des projets de loi quand les conservateurs ou les libéraux s’opposent à leur adoption. Je vais y revenir plus tard.
Les députés doivent savoir que le comité des affaires étrangères est sous pression à cause de l’énorme quantité de travail que nous devons accomplir et aussi parce que les manœuvres et autres tractations qui s’y déroulent, tant de la part du gouvernement que de l’opposition, nous empêchent de faire notre travail. Je veux que ce soit clair.
Le comité Canada-Chine nous donnerait l’occasion d’examiner la myriade d’enjeux qui touchent les Canadiens en ce qui concerne nos relations avec la Chine. J’ai rencontré de nombreuses parties prenantes qui, comme bien des concitoyens de ma circonscription, sont profondément préoccupées par cette relation. C’est une relation vitale. Nous entretenons avec la Chine une relation économique très étroite qui devrait faire l’objet d’une surveillance parlementaire. Nous sommes toutefois très préoccupés par la situation des droits de la personne en Chine et dans d’autres régions du monde. Pour avoir eu de nombreux échanges avec des Hongkongais qui sont profondément alarmés et dévastés par ce qui s’est passé à Hong Kong, ainsi qu’avec des Taiwanais qui sont également très inquiets, je sais qu’il se passe beaucoup de choses.
Prenons la situation des Ouïghours. J’étais membre du Sous-comité des droits internationaux de la personne qui a fait l’étude initiale sur le génocide à l’encontre du peuple ouïghour. J’ai entendu les témoignages déchirants de témoins, d’experts et de juristes sur le génocide qui se déroule en Chine. C’est un enjeu tout aussi important. Nous avons tous été consternés par la détention des otages Michael Spavor et Michael Kovrig, mais ils ne sont pas les seuls Canadiens à avoir été détenus. Il y a encore des Canadiens en détention et nous devons trouver un moyen de travailler avec la Chine pour régler cette situation.
Tout récemment encore, j’ai été profondément troublée d’apprendre que notre ancien ambassadeur, M. Barton, a pu accepter un emploi fort lucratif dans une société minière après avoir rencontré cette société en tant qu’employé de l’État. Il a occupé le plus haut poste et a pu le transformer en occasion lucrative pour lui-même. Je sais, pour avoir vérifié auprès du commissaire à l’éthique, qu’aucune loi n’a été violée en l’occurrence, mais cela ne me semble certainement pas acceptable pour autant, et je suis sûre que de nombreux autres Canadiens partout dans le monde sont du même avis.
Ce comité a sa raison d’être. Cependant, j’ai de sérieuses réserves, que je partage sans doute avec de nombreux députés. Bon nombre de ces réserves découlent de la question suivante: pourquoi devrions-nous cibler la Chine à ce moment-ci? Connaissant le scénario dans lequel nous nous trouvons et sachant qu’il y a une guerre après l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, ce qui est fort troublant pour tous les parlementaires, je trouve problématique le recours à cette motion pour dénoncer nos difficultés avec la Chine.
Voici quelques domaines où nous pourrions aussi avoir des comités.
Je songe à ce qui se passe en Éthiopie. Je songe à ce qui arrive au peuple tigré. Il est dévastateur de voir ce qui lui arrive. Nous avons une diaspora tigrée, qui m’a interpelée tellement de fois pour réclamer de l’aide et nous demander de faire davantage, que je suis convaincue qu’il y a du travail à faire de ce côté-là également.
Je songe au Yémen. Bonté divine. Les conservateurs et les libéraux ont vendu des armes à l’Arabie saoudite, alimentant ainsi la violence au Yémen au point que le Canada a été censuré par les Nations unies. Le Canada a été censuré et dénoncé aux Nations unies pour avoir alimenté un conflit. David Beasley, du Programme alimentaire mondial, a dit que c’est le pire endroit sur terre. Nous devrions peut-être en discuter. Nous devrions peut-être avoir une conversation ou créer un comité pour parler des ventes d’armes et des pays à qui le Canada vend des armes.
Nous en vendons aussi à Israël. Au comité des affaires étrangères, nous n’avons pas examiné ce qui se passe au Moyen-Orient. Hier, nous avons présenté une motion à la Chambre au sujet d’une journaliste assassinée. Elle a été tuée par balle, et nous condamnons la violence contre les journalistes. Cependant, les conservateurs n’ont même pas permis l’adoption de cette motion.
Si nous sommes tellement préoccupés par les violations des droits de la personne dans le monde — et les députés savent que cela me préoccupe profondément —, alors la protection des droits de la personne, c’est protéger les droits de la personne, toujours. Pourquoi cela ne compte-t-il que dans certaines situations? Pourquoi cela ne compte-t-il pas quand c’est une journaliste qui est attaquée au Moyen-Orient? Pourquoi cela ne compte-t-il pas alors que ce qui arrive au peuple ouïghour, cela compte? Bien sûr, c’est à examiner et à étudier, mais je ne comprends pas les choix des conservateurs. Comment choisissent-ils parmi les droits de la personne? Les droits de la personne sont les droits de la personne, que ce soit au Canada ou ailleurs dans le monde.
Lorsque j’ai commencé, j’ai parlé du comité des affaires étrangères. Je suis d’accord avec mon collègue du Bloc pour dire que le comité des affaires étrangères est extrêmement occupé en ce moment. Tout le monde à la Chambre peut voir le travail et les efforts que nous consacrons au conflit en Ukraine. Ce conflit nous interpelle, et nous sommes très engagés dans ce dossier.
Je vois la nécessité d’en faire autant avec d’autres conflits. Nous avons peut-être besoin de deux comités des affaires étrangères, pour être parfaitement honnête, parce que le monde a changé. Le monde est un endroit très périlleux en ce moment. Cependant, je tiens à répéter que le comité des affaires étrangères a fait le choix, par le passé, de ne pas se pencher sur des dossiers importants. Les membres de ce comité ont fait le choix de faire de l’obstruction, de retarder les travaux et d’utiliser des tactiques dilatoires afin que nous ne nous penchions pas toujours sérieusement sur le rôle du Canada dans le monde et sur l’importance que notre pays pourrait et devrait y avoir. C'est également là un sujet qu'il conviendrait d'y discuter.
Je vais passer les prochains jours à approfondir ma réflexion au sujet de cette motion. Je vais parler à mes concitoyens. Je vais parler aux intervenants. Je vais consulter la population. Je vais parler à mes collègues. Nous devons discuter plus longuement de la façon dont nous voulons que le rôle du Canada dans le monde soit défini et de la façon dont nous, les parlementaires, voulons avancer dans ce climat géopolitique effervescent.
Je vais m’arrêter ici. Je serai heureuse de répondre aux questions de mes collègues.
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Madame la Présidente, je remercie le député de d’avoir présenté cette motion aujourd’hui. Je remercie également ma collègue d’ de m’avoir cédé une partie de son temps et de nous avoir fait part de son incroyable analyse. Je suis toujours très reconnaissante de pouvoir partager ces idées avec elle, qui m’en apprend chaque jour.
Dans son discours, la députée d’ a soulevé de nombreux points essentiels qui appellent une réflexion de la Chambre. Bien qu’il importe de rétablir le comité spécial chargé d’examiner tous les aspects des relations entre le Canada et la République populaire de Chine, je pense que nous devons le faire en tenant compte de toutes les questions que la députée a soulevées et en n’oubliant pas qu’il s’agit d’un comité particulier, d’un comité spécial. Cependant, il sera important de pouvoir aller au cœur de certaines questions essentielles pour déterminer la politique étrangère internationale du Canada.
Je précise également que, lorsque je parle de la Chine aujourd’hui, c’est la République populaire de Chine, et non le peuple chinois que j’ai à l’esprit. On a beaucoup parlé de la nécessité de reprendre la discussion sur les études futures de ce comité spécial et, bien sûr, de poursuivre l’examen d’enjeux qui ont déjà été soulevés par l’ancien comité, mais qui n’ont pas été encore étudiés à fond.
En tant que membre du Comité permanent de la défense nationale, je sais que nous sommes en train de mettre la dernière main à une étude sur l’analyse des menaces à la sécurité, la position du Canada dans ce monde en rapide évolution et la détérioration de nos relations avec la Chine. Cela faisait partie de l’étude, et c’est très préoccupant. Il ne suffit pas de dire que la Chine fait partie intégrante de notre avenir international, en ce qui a trait aux mesures et aux considérations en matière commerciale, économique, sociale ou de sécurité. Il s’agit de la façon dont nous avançons dans ce monde.
Au moment où l’insécurité est exacerbée en raison de la guerre illégale que mène la Russie en Ukraine, nous devons veiller à ce que la Chine ne lui emboîte pas le pas, par exemple à Taïwan. Hier soir, j’ai eu l’honneur d’assister à la soirée taïwanaise, qui est une célébration du Bureau économique et culturel de Taipei, où de nombreux autres députés ont évoqué les contributions incroyables de Taïwan au reste du monde. Taïwan a été l’un des premiers pays à aider le Canada pendant la pandémie en nous envoyant un équipement de protection individuelle indispensable, et elle a expédié plus de 50 tonnes de fournitures médicales à l’Ukraine pour des considérations humanitaires urgentes.
Cette tendance doit se poursuivre et s’accélérer. Nous devons l’appuyer. Je suis fière de voir le Canada se joindre à de nombreux alliés dans le monde pour défendre les principes démocratiques de la primauté du droit et l’ordre international fondé sur des règles en Ukraine. Encore une fois, comme ma collègue d’ l’a si merveilleusement dit, avec beaucoup d’éloquence et de conviction, ce n’est pas toujours ce que fait le Canada.
Nous devons cesser de choisir quels droits de la personne nous allons défendre. Il est temps que tous les partis, y compris le mien, fassent un sérieux examen de nos propres politiques internes, de notre détermination à lutter contre les violations des droits de la personne chez nous et ailleurs dans le monde, pour nos alliés et les pays qui ne sont pas encore alignés mais qui, espérons-le, le seront à l’avenir, afin de définir clairement les principes des droits internationaux de la personne et un ordre basé sur des règles pour tous.
Comme je l’ai mentionné, je suis membre du comité de la défense nationale. Nous avons entendu des témoins nous dire clairement que la Chine pose un problème pour notre sécurité. Le Canada a envoyé le NCSM Winnipeg dans le détroit de Taïwan pour afficher son soutien à Taïwan et démontrer sa force face au comportement agressif de la République populaire de Chine.
Ce n’est là que l’une des raisons pour lesquelles j’appuie cette motion et le rétablissement de ce comité. Ce comité devrait se concentrer sur le contexte de la sécurité mondiale. Il doit également se pencher, et j’insiste là-dessus, sur la nécessité absolue de trouver une solution à la crise diplomatique entre le Canada et la Chine. Nous devons examiner en profondeur les quatre dernières années et la mauvaise gestion de ce désastre diplomatique.
Michael Kovrig et Michael Spavor ont été détenus pendant plus de trois ans. Ils ont vécu dans des conditions abjectes et ont été privés d’avocats ou de contacts avec leur famille respective. C’est une expérience terrible. Même s’ils ont été libérés, fort heureusement, comme mon collègue l’a souligné, beaucoup de personnes sont encore en détention. Je sais que cette question inquiète encore beaucoup les Canadiens de tout le pays.
Les Canadiens nous demandent de travailler ensemble et les néo-démocrates sont toujours disposés à le faire. Nous devons travailler ensemble pour améliorer la vie des Canadiens et de tous les citoyens du monde.
Les Canadiens sont préoccupés par ce qui se passe en Chine. Ils se préoccupent depuis longtemps des manifestations qui se déroulent à Hong Kong. Ils s’inquiètent de ce qui arrive aux résidents de Hong Kong et aux citoyens canadiens qui y vivent. Ils se préoccupent des droits de la personne à Hong Kong et de l’imposition, par le gouvernement chinois, de la politique d’un seul pays, deux systèmes. Cette relation est complexe, certainement du point de vue des droits de la personne.
Le Canada se préoccupe au plus haut point de la situation des Ouïghours. Nous devons trouver des moyens d’exercer des pressions sous toutes les formes pour tenter de régler une partie de ces problèmes. Bien entendu, nous nous préoccupons aussi du Tibet depuis longtemps.
Je le répète, nous entretenons une relation complexe et des relations commerciales importantes avec la Chine. Nous avons vu à quel point la perturbation de ces échanges peut avoir des répercussions rapides et graves sur les Canadiens, surtout pour les agriculteurs canadiens qui produisent du canola, du soja, des pois, du bœuf et du porc. Ces perturbations ont coûté des millions et des millions de dollars aux Canadiens et aux agriculteurs. Certains problèmes ont été réglés, mais il en reste d’autres à régler. Nous devons prendre très au sérieux cette relation importante.
Cette motion pourrait mettre en œuvre le genre de collaboration que les Canadiens veulent voir au sein du gouvernement du Canada. Nous avons encore un gouvernement libéral, qui me laisse parfois perplexe, mais d’autres voix se feront entendre. Je crois que la poursuite des travaux de ce comité dans une autre législature est un élément important de cette collaboration.
Fait intéressant, mon collègue Jack Harris, l’ex-député de St. John’s‑Est, a parlé de la première demande des conservateurs pour la création de ce comité spécial en 2019. Il a parlé de cette collaboration. Bien qu’il ait récemment pris sa retraite, je suis certain qu’il a entendu plus que sa part de beaux discours et de colères à la Chambre, peut-être même parfois venant de lui. Je dois dire que cela a augmenté depuis son départ. Dans son discours à la Chambre, Jack avait déclaré ce qui suit à propos de l’ancien comité spécial Canada-Chine:
Le comité pourrait donc examiner toutes les facettes des relations sino-canadiennes et voir comment il serait possible d'aller au-delà de ce qui se fait maintenant et d'adopter d'autres méthodes pour améliorer ces relations. Peut-être découvrirons-nous des éléments qui nous avaient échappé ou de nouvelles possibilités.
J’espère sincèrement que le gouvernement y verra une occasion de redéfinir le ton, d’établir une nouvelle relation et d’envoyer un signal à la Chine sur ce que nous voulons et sur la façon dont nous voulons y parvenir, ce que nous ne pourrions pas faire autrement au Parlement. Bien sûr, je ne peux pas préjuger de ce qui se passera au comité, mais les néo-démocrates ne veulent certainement pas faire de ce comité le terrain d'une autre bataille politique entre l'opposition et le gouvernement ou l'occasion de trouver des coupables. Une telle approche ne permettrait sûrement pas d'améliorer la situation.
Comme mes collègues l’ont mentionné à juste titre au comité des affaires étrangères, ainsi que devant d’autres comités, c’est peut-être à ce moment-là que les choses traînent en longueur, lorsque nous n’abordons pas les questions clés ou que nous ne parlons pas de toutes les façons incroyables dont le Canada pourrait jouer un rôle important dans les discussions sur les droits de la personne. C’est une chose que de critiquer, bien entendu, les échecs du gouvernement. Je le fais moi-même, et ces échecs ne font aucun doute dans certains cas.
Dans son discours, Jack Harris a déclaré:
Nous devons reconnaître que la nature même des relations diplomatiques est justement diplomatique. L'ensemble des députés, tant ceux qui pourraient participer aux travaux de ce comité que les autres, doivent établir et maintenir ces relations dans un esprit de bonne volonté. C'est quelque chose qu'il ne faudrait jamais perdre de vue dans le cadre des travaux d'un tel comité. En effet, sans cet esprit de collaboration, la relation pourrait se dégrader. Pour les députés, ce sera un acte de foi et une occasion de mettre à l'épreuve leur volonté de collaborer et de vérifier si le Parlement est mûr pour créer et piloter un tel comité afin de trouver une solution qui répond aux besoins du Canada. Il s'agit aussi d'une occasion de formuler des critiques constructives, ou du moins, de tenter de découvrir ce qui fonctionne et ne fonctionne pas.
Je conclurai mes observations en disant que nous appuyons cette motion de l'opposition. Un comité Canada-Chine est un outil important qui permet aux parlementaires de se pencher sur les nombreux enjeux qui touchent les Canadiens dans le cadre de nos relations avec la Chine. Nous appuyons la réinitialisation de cette relation. Nous voulons que les Canadiens sachent qu'ils sont en sécurité et qu'ils bénéficieront de cette relation importante et empreinte de défis.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec mon collègue, le député de .
Je prends la parole aujourd’hui pour discuter de cette proposition de créer un comité spécial sur les relations entre le Canada et la Chine. D’entrée de jeu, je tiens à préciser que nous n’avons rien contre le peuple chinois, qui a apporté une énorme contribution à l’humanité. À titre de parlementaire, j’ai le plus grand respect et la plus grande admiration pour le peuple chinois. Les Canadiens d’origine et d'ascendance chinoises ont contribué à l’édification de notre pays et en ont fait un bien meilleur endroit où vivre. On ne saurait trop insister sur leur contribution. Nous nous opposons au Parti communiste chinois. Dans mon allocution d’aujourd’hui, lorsque je parle de la Chine, je tiens à préciser que je parle dans tous les cas du Parti communiste chinois.
Certains députés se demandent pourquoi nous avons besoin de ce comité consacré expressément aux relations entre le Canada et la Chine, pourquoi nous devons étudier nos relations avec la Chine et pourquoi les conservateurs sont si préoccupés par le Parti communiste chinois. C’est que les conservateurs considèrent la relation du Canada avec le régime autoritaire chinois comme la relation de politique étrangère la plus importante à laquelle notre pays fera face au cours d'une génération. Par ses politiques de répression et d’agression, la Chine effraie autant ses voisins que des pays éloignés.
Au cours des dernières années, la Chine a résolument pris de l’expansion sur plusieurs fronts. La diplomatie véhémente du loup guerrier a remplacé la diplomatie de l’amitié. Les offenses réelles ou imaginaires de la part d’étrangers, aussi minces soient-elles, sont condamnées à la façon nord-coréenne. Une attitude combative s’est infiltrée dans tous les aspects de la politique étrangère de la Chine, et elle place de nombreux pays devant leur pire menace depuis des générations.
Cette menace est particulièrement évidente en Asie de l’Est, où la Chine prend des mesures énergiques pour cimenter ses vastes revendications territoriales. Pékin construit des navires de guerre plus rapidement que tout autre pays depuis la Seconde Guerre mondiale, et a inondé les voies maritimes asiatiques de bateaux de pêche et de navires de la garde côtière chinoise. Le régime chinois a établi des avant-postes militaires dans toute la mer de Chine méridionale et a sensiblement accru le recours à l'éperonnage des navires et aux interceptions aériennes pour chasser ses voisins des zones contestées. Dans le détroit de Taïwan, des patrouilles militaires chinoises, certaines comptant une dizaine de navires de guerre et plus d'une cinquantaine d’avions de combat, sillonnent la mer presque tous les jours et simulent des attaques contre des cibles taïwanaises et américaines.
La Chine est également passée à l’offensive dans le domaine économique.
Son plus récent plan quinquennal prévoit la domination de ce que les autorités chinoises appellent des « goulots d’étranglement », c’est-à-dire les biens et les services dont les autres pays ne peuvent pas se passer, puis d’utiliser cette domination, en la jumelant à l’attrait du marché intérieur de la Chine, pour forcer les pays à faire des concessions. La Chine est devenue le principal émetteur de prêts à l’étranger et plus de 150 pays ont contracté auprès d'elle des dettes d'une valeur totale de plus de 1 billion de dollars. Elle a massivement subventionné des industries stratégiques pour obtenir un monopole sur des centaines de produits essentiels, et elle a monopolisé les composantes matérielles des réseaux numériques dans des dizaines de pays.
Armé d’un tel levier économique, le régime chinois a eu recours à la coercition contre plus d’une dizaine de pays au cours des dernières années. Dans bien des cas, la peine a été disproportionnée par rapport au crime présumé. Par exemple, la Chine impose des droits de douane sur de nombreuses exportations de l’Australie depuis que ce pays a demandé une enquête internationale sur les origines de la COVID‑19, et ici au Canada, lorsque la Chine a voulu bafouer nos tribunaux et la primauté du droit pour faire libérer Meng Wanzhou, elle a interdit le canola canadien, ce qui a coûté plus de 2 milliards de dollars à ce secteur. Plus tard la même année, le régime chinois a suspendu les importations de bœuf canadien et a imposé des sanctions contre notre collègue à la Chambre, le député de .
La Chine a recours aux subventions et à l’espionnage pour aider ses entreprises à dominer les marchés mondiaux et pour protéger son marché intérieur au moyen de barrières non tarifaires. Elle censure les idées et les entreprises étrangères sur son propre Internet et accède librement à l’Internet mondial pour voler la propriété intellectuelle et diffuser la propagande du Parti communiste chinois. La Chine est également devenue une puissante force antidémocratique et elle vend des outils perfectionnés de tyrannie partout dans le monde.
En combinant les caméras de surveillance avec les technologies de surveillance des médias sociaux, d’intelligence artificielle, de biométrie et de reconnaissance vocale et faciale, le gouvernement chinois a mis au point un système qui permet aux dictateurs de surveiller constamment les citoyens et de les punir instantanément en bloquant leur accès au financement, à l’éducation, à l’emploi, aux télécommunications ou aux voyages. Il s’agit là de l’outil rêvé d’un despote, et les entreprises chinoises en vendent et en exploitent déjà certaines composantes dans plus de 80 pays.
Il est temps que ce gouvernement prenne au sérieux les menaces que les dirigeants communistes de Pékin font peser sur les intérêts nationaux et la sécurité du Canada, ainsi que sur nos intérêts et nos valeurs. Par exemple, cela fait plus d’un an, et le gouvernement libéral n’a toujours pas publié la stratégie indo-pacifique.
Ce comité est essentiel pour examiner l’ensemble de ces défis et menaces. Il serait multipartite et multidisciplinaire, et aurait la capacité d’examiner tous les aspects de la relation entre le Canada et la Chine, des cas consulaires complexes aux questions de sécurité nationale, en passant par le commerce et les affaires mondiales, dans le contexte d’un comité qui pourrait se réunir à huis clos pour examiner des renseignements délicats.
Il est crucial que nous maintenions le rôle du Canada dans la défense de l’ordre international fondé sur des règles. Le Canada doit jouer son rôle traditionnel de pivot, comme nous a qualifiés Winston Churchill, entre l’Europe et l’Amérique. Nous sommes membres du G7, de l’OTAN, du NORAD et du Groupe des cinq. Pour un pays qui compte peu d’habitants, le Canada se surpasse lorsqu’il s’agit d’établir les relations nécessaires pour influencer ses intérêts nationaux, la liberté des autres et les intérêts de l’alliance occidentale.
Nous n’avons pas besoin d’une étude de trois jours au sein d’un comité permanent. Nous avons besoin d’un comité spécialisé, multidisciplinaire, capable de se pencher non seulement sur les cas consulaires complexes, mais aussi sur le commerce, la défense, la sécurité et les actes posés par la Chine et leurs répercussions. Nous devons nous attaquer aux complexités morales et éthiques d’une relation commerciale bilatérale avec un pays dont ce Parlement a déclaré qu’il commettait un génocide contre le peuple ouïghour.
La Chine est un pays qui érode rapidement la forte démocratie de Hong Kong. C’est un pays qui, pas plus tard qu’en février, a signé avec la Russie un accord à long terme et de grande portée qui remet en cause les États‑Unis en tant que puissance mondiale, l’OTAN en tant que pierre angulaire de la sécurité internationale et la démocratie libérale en tant que modèle pour le monde. Il s’agit d’un pays dont les aspirations à l’égard de Taïwan pourraient être enhardies par la guerre brutale et tyrannique menée par M. Poutine en Ukraine. En outre, nous devons être toujours conscients de la menace d’espionnage dans un monde numérique.
Toute cette bellicosité et cette belligérance de la part de la Chine ne fonctionnent tout simplement pas. En fait, elles ne font que déclencher une réaction internationale, une réaction que notre ne semble pas avoir pleinement comprise. C’est pourquoi nous avons besoin d’un comité, indépendant du Cabinet du premier ministre et du pouvoir exécutif, pour étudier ces questions et examiner sérieusement nos relations avec la Chine.
Nous n’avons jamais eu de doute sur ce que veut la Chine, parce que les dirigeants chinois prônent les mêmes objectifs depuis des décennies: maintenir le Parti communiste chinois au pouvoir, ramener Taïwan dans son giron, contrôler la mer de Chine orientale et la mer de Chine méridionale et redonner à la Chine la place qui lui revient en tant que puissance dominante en Asie et en tant que pays le plus puissant du monde.
Faire concurrence à la Chine et freiner ses ambitions ne se fera pas sans risque pour le Canada et ses alliés, mais c’est peut-être la seule façon d’éviter des dangers encore plus grands. C’est pourquoi il est essentiel de rétablir le comité sur les relations sino-canadiennes afin que tous les parlementaires puissent étudier la question, examiner sérieusement les enjeux et trouver le meilleur moyen de protéger nos intérêts et notre souveraineté.
J'aimerais conclure par un proverbe chinois: « Un voyage de mille milles commence par un pas. » Je demande humblement à mes collègues de la Chambre que nous fassions ce premier pas ensemble.
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Madame la Présidente, c’est un honneur pour moi de prendre la parole pour parler du rétablissement du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes et du travail que nous devons faire au sujet de nos relations avec la Chine.
Je tiens à remercier le député de de ses propos très fermes et à remercier aussi tous les députés tandis que nous envisageons d’entreprendre ce travail important.
Le mois de mai est le Mois du patrimoine asiatique et je tiens à souligner toutes les contributions importantes des Canadiens d’origine asiatique et chinoise à ce pays. Je tiens à mentionner l’honorable Philip Lee, qui était lieutenant-gouverneur du Manitoba, et l’excellent travail qu’il a accompli en représentant la Couronne au Manitoba, ce qu’il a fait avec dignité et grâce. C’était un excellent représentant du gouvernement du Manitoba.
Il y a quelques jours, plusieurs de mes collègues se trouvaient sur la pelouse devant le Parlement à parler du 30e anniversaire de Falun Dafa et de la journée du Falun Dafa. Nous avons parlé de toutes les contributions importantes des Canadiens d’origine asiatique au Canada. Nous voyons comment les adeptes du Falun Gong sont venus ici et comment ils mettent en pratique ce qu’ils prêchent: la vérité, la compassion et la tolérance. Ils ont apporté ces qualités et ces valeurs au Canada et notre pays en est meilleur.
Malheureusement, en Chine, les adeptes du Falun Gong sont persécutés, arrêtés, victimes du prélèvement illégal d’organes — ce qui est révoltant — et brutalisés par le régime communiste de Pékin. Ils attendent de nous que nous utilisions ce comité pour faire la lumière sur ce qui se passe sous le régime communiste et y mettre fin en sanctionnant ceux qui profitent du prélèvement illégal d’organes. Nous devons faire en sorte qu’une mesure législative soit adoptée. D'ailleurs, un projet de loi du Sénat, le projet de loi , s'attaquerait à ce problème. Grâce à ce projet de loi, nous pourrions exiger des comptes non seulement à ceux qui commettent ces atrocités en Chine, mais aussi à ceux qui, de par le monde, paient pour profiter de ces organes d’une façon qui serait jugée illégale au Canada. Nous devons mettre un terme à cette pratique.
En ce qui concerne le travail éventuel du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes, il peut creuser la question des violations des droits de la personne dont sont victimes non seulement les adeptes du Falun Gong que je mentionnais, mais aussi les Ouïghours, les Tibétains, les chrétiens et d’autres groupes religieux minoritaires dans toute la Chine qui sont totalement mis au ban de la société par le régime de Pékin. Nous savons qu’ils n’ont pas la liberté de pratiquer leur religion. Nous savons qu’ils ne peuvent pas se rassembler pacifiquement parce qu’ils seront arrêtés et qu’ils finiront en prison ou aux travaux forcés. Nous voyons de plus en plus le gouvernement chinois utiliser les membres de différentes ethnies et religions comme forçats, et nous devons nous assurer qu’aucune entreprise canadienne ne profite de cette main-d’œuvre forcée illégale ou n’utilise de chaînes d’approvisionnement qui en profitent.
Nous avons parlé des chaînes d’approvisionnement. Au Canada, pendant la pandémie, les chaînes d’approvisionnement ont été perturbées, en partie parce qu’une grande partie de ces produits viennent de la Chine. Nous devons exercer un contrôle souverain sur une grande partie de ces chaînes d’approvisionnement. Nous devons travailler avec nos amis et alliés dans le monde afin d’avoir des chaînes d’approvisionnement fiables, afin d’obtenir les puces électroniques pour les voitures qui sont actuellement immobilisées dans des stationnements et chez des concessionnaires automobiles dans tout le pays; elles ne peuvent pas bouger parce qu’il leur manque certaines des puces informatiques requises pour leur fonctionnement.
Nous savons que les chaînes d’approvisionnement ont été perturbées en ce qui concerne l’EPI et que nous avons dû faire des pieds et des mains parce que la Chine continentale n’était pas disposée à nous fournir ce dont nous avions désespérément besoin. Nous devons examiner comment nous pouvons renforcer notre chaîne d’approvisionnement et travailler davantage avec nos alliés et nos partenaires commerciaux sans que des entreprises chinoises, qui sont souvent contrôlées par l’État, n’interviennent dans cette chaîne d’approvisionnement et ne la perturbent. Pour notre propre économie, pour nos propres citoyens, il est important que nous ayons le contrôle. C’est une question de sécurité nationale.
L’une des plus grandes déceptions de ces six dernières années sous le gouvernement libéral, et maintenant sous la coalition libérale—néo-démocrate, c’est que Huawei est toujours là comme fournisseur éventuel de la technologie 5G pour notre système cellulaire mobile et nos systèmes sans fil. Nous savons que Huawei a été liée à des activités d’espionnage dans le monde. C’est pourquoi nos partenaires du Groupe des cinq, les États‑Unis, le Royaume‑Uni, l’Australie et la Nouvelle‑Zélande, ont tous banni Huawei de leurs systèmes mobiles, et pourtant, nous hésitons toujours parce que le gouvernement ne peut pas se décider. C’est méprisable. Nous devons prendre ces décisions.
Nous pouvons voir comment Huawei en particulier a fonctionné, même ici, au Canada. Lorsque j’étais secrétaire parlementaire du ministre de la Défense nationale, nous avons repris le campus de Nortel, quand cette entreprise a malheureusement fermé ses portes, et nous en avons fait le nouveau campus de la Défense nationale. Il a fallu des années pour nettoyer tous les commutateurs et le câblage installés par Huawei, qui avait la capacité d’espionner Nortel et, en fin de compte, la Défense nationale lorsqu’elle a pris possession de ces bâtiments. La Défense nationale n’était pas présente lorsque ces dispositifs ont été installés sur le campus de Nortel, et ils n’étaient pas destinés à être utilisés contre la Défense nationale, mais avec l’arrivée de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes sur le campus de Nortel, la dynamique a complètement changé.
Les antécédents de Huawei, en tant qu’entité qui n’est pas digne de confiance, sont énormes. Elle est sous le contrôle du Parti communiste chinois par le truchement de sa propre charte de société, et elle doit coopérer avec le gouvernement chinois lorsqu’il veut que Huawei espionne d’autres nations, sociétés ou particuliers. Nous devons être très directs dans la façon dont nous traitons cette question.
L’une des choses que le comité devrait examiner est la façon dont le Canada pourrait se joindre à certaines des discussions sur la sécurité nationale qui ont lieu à l’échelle mondiale. Dans le Pacifique, il y a déjà ce qu’on appelle le dialogue quadrilatéral, qui comprend l’Inde, le Japon, les États‑Unis et l’Australie. Le Canada ne fait pas partie de cette discussion, et il devrait le faire.
Ce comité devrait examiner comment le Canada peut participer aux discussions visant à renforcer la région indo-pacifique, comment nous pouvons contrecarrer certains des jeux géopolitiques auxquels se livre le régime communiste de Pékin dans la mer de Chine méridionale, la façon dont il tente d'intimider Taïwan, a mis en place un nouvel administrateur à Hong Kong et continue de violer les libertés démocratiques et civiles de la communauté chinoise à Hong Kong, qui compte 300 000 Canadiens. Nous devons nous assurer de traiter cette question au sein du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes.
L’autre organisation qui vient d’être mise sur pied repose sur un accord de coopération en matière de défense nationale appelé AUKUS, qui regroupe l’Australie, le Royaume‑Uni et les États‑Unis. Ils coopèrent non seulement en matière de partage de renseignements, comme le fait le Groupe des cinq, mais aussi sur des questions de défense nationale, notamment en dotant la marine australienne de sous-marins, ainsi qu’en matière de formation, de coopération et de collaboration accrues entre ces trois alliés du Canada.
Nous devrions faire partie de ce groupe. Il est peut-être trop tard pour que nous y adhérions, et il faudrait peut-être trouver un moyen de faire avancer les choses pour que le Canada puisse être partie à cet accord de sécurité, mais nous sommes une nation pacifique. En tant que nation pacifique, nous devrions participer davantage aux questions de défense dans le Pacifique Sud et, en fait, dans la région indo-pacifique, pour faire contrepoids à ce qui se passe dans la sphère géopolitique chinoise et à la façon dont la Chine essaie d’exercer son influence et éventuellement d’utiliser la force tandis qu’elle développe son armée à des degrés que nous n’avons jamais vus.
Enfin, en examinant la Chine dans ce comité, nous devons également nous pencher sur la manière dont la Chine est utilisée pour faire entrer en douce des marchandises russes et enrichir la machine militaire russe que nous voyons faire la guerre en Ukraine aujourd’hui. Nous devons veiller à faire contrepoids à cela, en examinant la Chine et en essayant de l’amener à ne plus enrichir Poutine et ses kleptocrates. Nous devons veiller à imposer davantage de sanctions à la Russie, et cela signifie parler à la Chine de la manière dont elle devrait respecter la primauté du droit dans les accords internationaux que nous avons et isoler la Russie, plutôt que de l’enrichir pour qu’elle puisse faire la guerre au grand peuple de l'Ukraine.
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Madame la Présidente, je compte partager mon temps de parole avec le député de .
La motion que les conservateurs ont présentée en cette journée de l’opposition contient deux propositions que j'appuie. Or, je suis en complet désaccord avec son objectif, qui est de mettre sur pied un comité spécial chargé d’examiner tous les aspects de la relation Canada-Chine.
Même si c’est une bonne chose de prendre le temps de réexaminer les relations que le Canada entretient avec un pays, afin de les améliorer ou de les renforcer, l’objectif de cette motion est de créer une instance qui contribuera à dégrader encore davantage notre relation avec la Chine. En effet, cette motion va offrir une tribune à des adversaires impitoyables et partiaux de la Chine. Certes, il y a des choses à dénoncer à propos de ce pays, mais je ne pense pas qu’il sortira quoi que ce soit de positif de ce futur comité.
Avant de parler des désavantages d’un tel comité, je vais dire quelques mots sur les propositions auxquelles je suis favorable. Premièrement, la motion indique que les Canadiens d’origine chinoise ont apporté au Canada une contribution incommensurable. C’est tout à fait vrai. Notre merveilleux pays, le Canada, est l’image même d’un pays où règne une extraordinaire diversité culturelle, ethnique, linguistique et religieuse.
Je profite de l’occasion pour saluer les contributions importantes que les Canadiens d'origine chinoise ont apportées et continuent d’apporter à l’héritage socio-économique, politique et culturel du Canada. C’est au XVIIIe siècle que les premiers immigrants chinois sont arrivés au Canada, mais leur nombre s’est grandement intensifié à la fin du XIXe siècle. La vie n’a pas toujours été facile pour eux, et les Canadiens d'origine chinoise continuent d’être victimes de discrimination.
Si cette motion est adoptée et que le comité est créé, je crains que les Canadiens d'origine chinoise ne soient encore plus stigmatisés. Malgré la discrimination dont ils sont victimes depuis longtemps, grâce à leur dur labeur et leur détermination, ils ont réussi à exploiter les débouchés qui leur étaient offerts et ont connu du succès dans toutes les sphères de la société, dans les arts, dans les sciences, dans les sports, dans les affaires et au gouvernement. Autrement dit, les Canadiens d'origine chinoise ont largement contribué à la création d’un Canada prospère et dynamique.
La deuxième proposition de la motion sur laquelle je suis d'accord reconnaît que les Chinois font partie d’une civilisation ancienne qui a apporté une grande contribution à l’humanité. Encore une fois, je suis tout à fait d’accord. La Chine est un pays dont la civilisation est vieille de 5 000 ans. Tout au long de leur histoire, les Chinois ont été à l’origine de grands progrès dans de nombreux domaines, notamment la fabrication du papier, l’imprimerie, la poudre à canon et la boussole.
À part ces deux propositions, tout le reste de la motion vise à mettre sur pied une tribune qui contribuera à la dégradation des relations sino-canadiennes, ce qui ne manquera pas de nuire aux intérêts du Canada.
Si ce comité est créé, je m’attends, d’abord, à une plus grande stigmatisation des Canadiens d’origine chinoise. Nous avons observé récemment une recrudescence du racisme anti-asiatique. Les discours que j’ai entendus et qui ne manqueront pas d’être répétés devant ce comité ne feront que stigmatiser encore davantage les 1,8 million de Sino-Canadiens qui représentent plus de 5 % de la population.
Le deuxième effet négatif qu’aura la création de ce comité sera la détérioration de nos relations avec l’un de nos principaux partenaires commerciaux, ce qui aura un impact sur nos entreprises. La Chine est l’un de nos principaux partenaires commerciaux. Les exportations canadiennes vers la Chine ont représenté en 2021 plus de 29 milliards de dollars. Les importations canadiennes en provenance de la Chine ont représenté environ 86 milliards de dollars.
Outre les produits ordinaires, à faible technologie, la Chine est, pour le monde entier, un gros fournisseur de produits de haute technologie, qu’il s’agisse d’équipements de télécommunications ou de batteries pour les véhicules électriques. La Chine est aussi le centre de fabrication de nombreux produits dont nos industries ont besoin.
Les défenseurs de la motion semblent vivre dans un monde imaginaire où il n’y aurait plus de Chine. Ne nous méprenons pas. La Chine va continuer d’être une grande puissance économique mondiale. Les entreprises canadiennes ont besoin d’entretenir de bonnes relations commerciales avec la Chine, et je crains que cette motion, si elle est adoptée, n’ait l’effet contraire.
Le troisième effet qu’aura la création de ce comité sera d’entraver l’arrivée au Canada des ressources les plus précieuses, c’est-à-dire d’immigrants qualifiés. La Chine est en effet, depuis longtemps, un vivier important d’immigrants qualifiés.
Les immigrants chinois très qualifiés représentent aujourd’hui un segment important de notre économie du savoir. Même si je ne m’attends pas à une diminution spectaculaire du nombre d’immigrants en provenance de Chine, des discours aussi radicaux ne manqueront pas d’entraver les efforts des employeurs pour recruter et faire venir les esprits les plus brillants au Canada.
Le quatrième effet négatif qu’aura la création de ce comité sera une nouvelle baisse du nombre d’étudiants chinois dans les nouvelles technologies et, partant, une nouvelle baisse du nombre de ces étudiants très qualifiés qui décideront de devenir résidents permanents et ensuite de demander la nationalité canadienne.
Dans une économie du savoir, ce ne sont pas les ressources naturelles qui nous donnent la prospérité ou un avantage concurrentiel. Ce sont le savoir, l’expertise et les compétences de la nouvelle génération qui assureront notre prospérité. Dans l’économie numérique, ce sont les jeunes diplômés talentueux d’aujourd’hui qui vont nous donner un avantage concurrentiel.
La Chine est la deuxième source d’étudiants étrangers au Canada, mais la tendance est à la baisse. Leur nombre a diminué d’environ 10 % en 2021. Le déclin a commencé en 2019 et s’est accéléré pendant la pandémie. Adopter une diplomatie tonitruante contre la Chine ne fera qu’aggraver le problème.
Est-ce que la Chine est parfaite? Non. La Chine fait fi de la volonté de Taïwan, qui est pourtant reconnue comme une entité économique viable et une démocratie dynamique. La Chine a détruit la culture et l’héritage de nombreuses minorités ainsi que l’identité des Tibétains et des Ouïghours, et nous avons raison d’être inquiets pour le peuple de Hong Kong.
Comme l’a dit un analyste, la Chine n’est ni aussi bienveillante qu’elle le prétend, ni aussi maléfique qu’on le dit. Je me permets de citer Jeremy Paltiel, spécialiste de la Chine à l’Université Carleton, qui affirmait dans un article sur Global News, le 8 mai 2021, que considérer la Chine soit comme un ami, soit comme un ennemi est une vision trop simpliste. Pour lui, c’est une fausse dichotomie. « La Chine peut être différente sans être un ennemi. » Cette façon nuancée d’appréhender les choses peut être utile à des pays comme le Canada qui font face à des enjeux délicats, y compris les droits de la personne.
Pour avoir une bonne relation avec la Chine, il faut être conscient des différences sans nécessairement les approuver ou même les accepter. Comprendre n’est pas la même chose que pardonner. « Il faut être capable de se parler malgré les différences et sans définir ces “différences” comme étant “l’ennemi” », de dire Paltiel, « et si nous sommes incapables d’y parvenir, nous sommes incapables de vivre dans un monde diversifié ».
Pour conclure, je dirai que cette motion ne sert pas les intérêts du Canada et des Canadiens. Lorsqu’il a comparu devant le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes, pendant la législature précédente, l’ancien ministre des Affaires étrangères du Canada et ancien député fédéral de a présenté une approche en quatre « C » pour les relations du Canada avec la Chine: concurrencer, coopérer, contester et coexister.
Il a poursuivi en disant que « la Chine est en train d’acquérir rapidement une influence planétaire avec laquelle tous les pays devront apprendre à coexister. Cela signifie que nous devons être capables de savoir quand il est nécessaire de coopérer avec elle », avant d’ajouter que « cela signifie également que nous devons concurrencer la Chine sur le plan commercial et sur le plan de nos valeurs. Cela signifie également que nous devons être capables de contester la Chine en cas de violation des droits de la personne ou lorsque des citoyens ou des intérêts canadiens sont mis en péril ».
Malheureusement, l’objectif des défenseurs de cette motion n’est pas d’avoir des discussions approfondies, mais plutôt de nuire aux relations que le Canada entretient avec la Chine...
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Madame la Présidente, aujourd'hui, nous débattons de la motion de l'opposition du Parti conservateur, présentée par le député de , visant la création d'un comité parlementaire chargé d'examiner la relation entre le Canada et la République populaire de Chine.
J'ai eu l'occasion de lire la motion. Je vais faire part à la Chambre de mes réflexions sur la motion, mais aussi de mes réflexions sur le contexte des affaires mondiales face à la Chine.
Tout d'abord, en ce qui concerne la motion, les dispositions sont, dans l'ensemble, normales pour un comité et je ne m'oppose pas à la majorité d'entre elles. Cependant, je pense qu'il est important que nous discutions des ressources dont dispose la Chambre des communes. Le format hybride actuel fait qu'il y a déjà une pression sur les ressources pour maintenir les activités de la Chambre, mais aussi des comités. La création du comité mettrait une pression supplémentaire sur le personnel de la Chambre des communes.
Il est également important de reconnaître que la question des affaires canado‑chinoises peut être traitée par les comités permanents qui existent déjà. Par exemple, c'est une étude que le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international pourrait entreprendre.
Si les conservateurs veulent examiner la relation entre le Canada et la Chine, cela pourrait être traité par le Comité permanent de l’industrie et de la technologie. La relation entre la sécurité alimentaire et l'énergie pourrait être du ressort du Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, que je préside, ou du Comité permanent des ressources naturelles, par exemple.
Ce que je veux dire, c'est que les questions liées à cette motion ont déjà leur place dans nos comités parlementaires existants.
Je rejette également la partie de la motion qui porte sur le paragraphe r) de l'ordre adopté le jeudi 25 novembre 2021 et qui cherche à donner au comité proposé une priorité supérieure à celle de tous les comités existants. En tant que président du Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, je suis peut-être un peu partial, mais nous entreprenons actuellement un travail important sur la contribution environnementale de l'agriculture. Nous envisageons également une étude future sur la meilleure façon pour le Canada de répondre à la crise alimentaire mondiale résultant de la guerre en Ukraine et sur l'avenir de l'alimentation. À mon avis, il s'agira d'un travail important. La possibilité que ce travail soit retardé par la création du comité proposé me pose problème, puisque le député de peut soulever cette question dans d'autres comités.
Je tiens à reconnaître le mérite de la motion, dont le libellé, au début, cherche à séparer les questions et les tensions entre le gouvernement de la Chine et les Canadiens d'origine chinoise ou la population chinoise en général. Il n'y a pas de population chinoise dans ma circonscription, Kings-Hants. Je crois cependant que la manière et le ton retenus par le Parti conservateur pour aborder la question au cours de la 43e législature ont isolé de nombreux Canadiens d'origine chinoise.
[Traduction]
Permettez-moi également de profiter de l’occasion, pendant que nous sommes sur le sujet, pour parler des questions générales plus vastes qui concernent la Chine. Comme je le mentionne presque chaque fois que j’en ai l’occasion à la Chambre, le paysage de la politique étrangère a considérablement changé depuis le début de la guerre en Ukraine le 24 février. C’est l’occasion pour nous tous, en tant que parlementaires, et pour les Canadiens d’évaluer le rôle du Canada dans le monde, de le positionner et d’y réfléchir, car le monde a changé.
Le positionnement de la Chine dans le monde a pris une direction très différente, et je veux souligner certains de ces changements.
La Chambre a longuement débattu du traitement réservé par le gouvernement chinois au peuple ouïgour et des violations des droits de la personne en Chine. En effet, lors de la 43e législature, une résolution a été adoptée pour condamner cette politique.
Il y a aussi Hong Kong. Selon l'entente conclue avec la Chine, Hong Kong était censée demeurer une entité démocratique distincte. Or, au cours de l’année dernière, nous avons été témoins de tout le contraire. Le gouvernement chinois a utilisé son autorité pour modifier les lois de telle sorte que la liberté de la presse et la liberté de se réunir ne sont plus reconnues à Hong Kong. Ce n’est plus Hong Kong tel que nous l’avons connu.
J’ai entendu d’autres collègues parler d’agression dans la mer de Chine méridionale également. La Chine positionne une partie de ses forces militaires dans cette région, dans certains des territoires contestés. Je pense que c’est problématique.
Parlons de l’initiative des nouvelles routes de la soie. Il s’agit d’une politique économique liée à la diplomatie et à la façon dont la Chine se positionne dans le monde, en particulier dans les pays en développement. La Chine utilise des incitatifs économiques pour attirer l’intérêt politique et diplomatique vers ses sphères d'influence. Le monde occidental devra en tenir compte. Le Canada doit participer aux discussions avec ses alliés pour s’assurer que nous avons une réponse pour les démocraties et les pays qui pourraient être vulnérables à une influence chinoise indue.
Je pense que ce qui est peut-être le plus inquiétant, c’est l’abstention de la Chine lors des votes du Conseil de sécurité des Nations unies et, de fait, des futurs votes aux Nations unies, pour condamner la guerre illégale de la Russie en Ukraine. La Chine s’est abstenue. Elle n’a exprimé aucune volonté de collaborer avec les alliés occidentaux pour condamner ce que je crois être la vérité, soit l'agression scandaleuse et terrible commise par la Fédération de Russie.
Ce ne sont que quelques exemples qui montrent que nous devons faire attention à la politique publique du Canada et à sa position dans le monde par rapport à la Chine, alors que les pays occidentaux réfléchissent aux prochaines mesures à prendre face à la guerre en Ukraine. Il y a eu une bonne intégration de l’OTAN dans sa réponse aux aspects militaires et humanitaires et à l’immigration. Il me paraît juste de dire que la guerre en Ukraine a, en fait, renforcé la volonté des pays occidentaux de jouer un rôle important dans le monde et de faire en sorte que les États‑Unis, le Canada, l’Union européenne et d’autres alliés occidentaux travaillent de concert.
Nous avons beaucoup à offrir dans ce domaine, par exemple des minéraux critiques. Je l’ai déjà mentionné. La Chine est un acteur dominant dans la sphère des minéraux critiques, mais le Canada a tellement de potentiel. J'étais fier de voir le gouvernement présenter une stratégie de 3,8 milliards de dollars pour les minéraux critiques parce que nos alliés en auront besoin pour passer à une économie à faibles émissions de carbone. Ils seront importants dans les jours à venir, et nous sommes en mesure de les fournir.
Je suis intervenu plusieurs fois pour parler du travail sur la sécurité énergétique et de ce que nous pouvons faire dans ce pays pour la fournir à nos alliés.
Enfin, il y a la diplomatie et l'importance de réunir les pays d’optique commune. Le Canada a bel et bien un rôle à jouer en tant que puissance moyenne dans le monde. Il a un rôle à jouer pour ce qui est de réunir des pays afin de faire bouger les choses et d’avancer dans des dossiers multilatéraux. Ce sont autant de discussions légitimes que nous devrions tenir à la Chambre.
Je conclurai en disant que j’aimerais beaucoup voir le député de présenter une motion qui souligne le fait que la guerre en Ukraine change la donne sur le plan de la politique étrangère et qui contient des dispositions exposant la façon dont le Canada devrait se positionner dans le monde, selon lui ou son parti. Comme je le lui ai dit à propos du gaz naturel, la conversation est trop limitée.
Pourquoi le Parti conservateur ne veut-il pas débattre sérieusement du rôle du Canada par rapport à trois ou quatre principes, et de la meilleure façon de définir le rôle et la place du Canada dans le monde? Il me semble que ce serait une conversation importante. Au fond, c’est trop limité et…
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec mon collègue de .
Quand on m'a demandé si je souhaitais parler de notre motion, j'ai bien entendu sauté sur l'occasion. Depuis le début de ce débat ce matin, j'entends mes collègues libéraux faire des suppositions sur notre perception du peuple chinois. J'aimerais donc lire les quatre premiers paragraphes de notre motion qui, selon moi, sont très importants, puisque nous y reconnaissons:
(i) que les Canadiens d’ascendance chinoise ont apporté une contribution inestimable au Canada,
(ii) que le peuple de Chine appartient à une civilisation ancienne dont l’apport à l’humanité est considérable,
(iii) la distinction entre le peuple de Chine et l’État chinois, tel qu’il est incarné par le Parti communiste chinois et le gouvernement de la République populaire de Chine,
(iv) que les États autoritaires, y compris la République populaire de Chine, représentent une menace croissante à l’endroit de l’ordre international fondé sur des règles [...]
Il est d'emblée très important de mettre ceci au clair: les membres du Parti conservateur reconnaissent qu'il existe une différence fondamentale entre les citoyens chinois et le régime communiste chinois.
Pour nous, il est donc très important de reformer le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes et c'est ce que notre motion vise à faire. Notre travail consiste à étudier non pas la population, mais ce que le régime fait contre sa population et contre des États comme le Canada. Nous demanderions au comité de tenir des audiences sur tous les aspects des relations sino-canadiennes: diplomatiques, consulaires, juridiques, économiques et de sécurité.
Il est important de garder à l'esprit ce qui motive le Parti conservateur à vouloir la reprise des travaux de ce comité très important. Comme je l'ai dit, la population chinoise est riche d'une culture millénaire et elle a une bonne volonté. Le problème, c'est le régime communiste et il faut demeurer sans cesse aux aguets et s'assurer que le Canada n'a pas les yeux fermés face aux actions de ce régime.
Je vais donner un exemple. Un jeune d'origine chinoise est venu travailler comme interne à mon bureau ici, sur la Colline, lorsque j'étais membre de l'ancien Comité spécial sur les relations sino-canadiennes. Il était très enthousiaste et m'aidait à faire des lectures en mandarin. Nous trouvions des sujets de discussion ensemble et il me parlait du gouvernement de son pays d'origine.
Il était vraiment fâché de la façon dont le régime communiste chinois s'attaque à sa population. Pensons à la crise politique à Hong Kong ou à la vision de la Chine envers Taïwan. Ce sont tous des dossiers extrêmement importants. C'est pour cela que le comité est d'une importance capitale pour connaître la situation et pour les relations entre le Canada et la Chine.
Lorsque j'étais membre du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes, plusieurs experts sont venus témoigner et ont abordé des notions qui étaient parfois inconnues de la population. Les parlementaires de tous les partis ont pu en apprendre davantage.
J'ai proposé une motion qui nous a permis d'étudier pendant quelques mois ce que représente la sécurité nationale de la Chine par rapport à celle du Canada. Encore une fois, plusieurs témoins sont venus témoigner.
Nous avons aussi reçu un témoin important, M. Philippe Dufresne, légiste et conseiller parlementaire de la Chambre des communes. Il nous a expliqué ce qui s'était passé avec les documents de l'Agence de la santé publique du Canada au sujet du Laboratoire national de microbiologie à Winnipeg. Nous avons appris comment cela fonctionnait.
Le Comité a aussi eu la chance de recevoir des experts du Pentagone, qui nous ont fourni des renseignements sur les ambitions de la Chine dans l'Arctique. Ils nous ont notamment expliqué qu'en 2015, le gouvernement chinois avait désigné la région polaire, les grands fonds marins et l'espace extra-atmosphérique comme étant de nouvelles frontières stratégiques de la Chine, laquelle avait évidemment noté que ces régions étaient riches en ressources naturelles. Le Pentagone a d'ailleurs publié un rapport dans lequel il avertit que le gouvernement chinois est en train de cartographier les fonds marins de l'Arctique.
Voilà donc une autre raison pour le gouvernement du Canada de se dépêcher de construire un brise-glace polaire. Nous avons besoin d'être présents et de nous occuper de surveiller les frontières de cette région tellement stratégique.
Pour ce qui est de Huawei, un autre dossier dont nous avons beaucoup entendu parler, nous ne comprenons pas encore, de ce côté-ci de la Chambre, pourquoi le gouvernement actuel n'a pas fait connaître sa décision concernant le bannissement de la 5G par la compagnie Huawei au Canada, alors que les quatre autres pays membres du Five Eyes ont confirmé l'existence évidente d'enjeux de sécurité nationale avec la 5G de Huawei.
M. Christopher Parsons, du Citizen Lab de l'Université de Toronto, est venu nous en parler en comité. Il a déclaré:
On s'inquiète de plus en plus de la mesure dans laquelle les entreprises canadiennes, comme nos entreprises de télécommunications, pourraient devenir dépendantes de produits fabriqués par des entreprises chinoises, y compris Huawei. La dépendance risque de générer des monocultures ou des cas où une seule entreprise domine l'infrastructure d'une organisation canadienne. Dans de tels cas, jusqu'à trois risques peuvent survenir.
D'abord, les monocultures peuvent permettre aux gouvernements étrangers de tirer parti des dépendances d'un fournisseur pour exercer des pressions dans les négociations diplomatiques, commerciales ou de défense. Ensuite, elles peuvent créer une dépendance, surtout dans le contexte des télécommunications 5G, où s'exerce souvent un certain degré de blocage par le fournisseur au profit de ses propres équipements de télécommunications. Enfin, elles risquent de nuire à la concurrence entre les fournisseurs de services de télécommunications, ce qui aurait pour effet d'augmenter les coûts d'immobilisation des fournisseurs de services de télécommunications canadiens.
L'un des avantages de ce comité sur les relations Canada-Chine a été de recevoir ce genre d'expert pour nous expliquer les dangers que pouvaient représenter les relations d'affaires avec une compagnie comme Huawei. Certains diront que c'est une compagnie indépendante. Toutefois, selon sa façon de faire, le régime communiste chinois peut décider de prendre le contrôle et obliger les entreprises chinoises à répondre à ses demandes. Même si la compagnie prétend être indépendante, le régime a le contrôle total sur toutes les entreprises, au gré de ses bonnes volontés.
Du côté du gouvernement libéral, on a dit qu'on n'était pas inquiet, qu'il n'y avait pas de danger, que les communistes n'étaient pas dangereux. Je trouve vraiment bizarre de ne pas avouer la préoccupation qu'on peut avoir quant à un régime comme le régime communiste chinois.
Un autre témoin, M. David Vigneault, directeur du Service canadien du renseignement de sécurité, est également venu nous voir en comité. Il a dit:
Je vous dirai que le gouvernement chinois est effectivement impliqué à tous ces niveaux. [...] En matière d'interférence, comme je l'ai dit publiquement, les entités du gouvernement chinois interfèrent avec la vie démocratique canadienne. Elles interfèrent avec des gens au Canada en utilisant des gens de la Chine, en utilisant des cybermenaces et en utilisant également des gens ici, au Canada, qui sont cooptés pour travailler avec le gouvernement chinois. C'est un élément que l'on étudie. Avec la Chine, mais également avec d'autres pays, nous devons absolument rester sur nos gardes, prendre des mesures très concrètes pour protéger les Canadiens et les Canadiennes et le faire de façon coordonnée avec nos alliés. C'est seulement de cette façon que nous pourrons, à mon avis, protéger les Canadiens.
Ce n'est pas le député de Charlesbourg—Haute‑Saint‑Charles qui le dit, c'est David Vigneault, le patron du Service canadien du renseignement de sécurité, qui le confirme dans son témoignage.
Tous ces éléments font partie de la première version du comité sur les relations Canada-Chine, dont les rencontres et les études se sont malheureusement terminées avec la fin de la session, c'est-à-dire avant l'élection de 2021. Nous n'avons même pas pu écrire un rapport final. Nous avons cessé nos travaux et ne les avons jamais repris. Il manque cependant encore trop d'informations critiques et capitales pour la sécurité nationale et pour les relations économiques et diplomatiques entre les pays. Pour cette raison, je crois qu'il est important de reprendre les activités du comité sur les relations Canada-Chine.
Comme je l'ai mentionné au début de mon intervention, c'est le régime politique communiste chinois qui est visé ici. Ce n'est surtout pas la population, qui est elle-même trop souvent victime de son régime.
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Madame la Présidente, c'est un plaisir de prendre la parole au sujet de la motion de l'opposition à l'étude concernant le rétablissement d'un comité chargé d'étudier les relations sino-canadiennes.
Je m'en voudrais, en ce Mois du patrimoine asiatique, de ne pas mentionner que plus de six millions de personnes d'origine asiatique vivent au Canada et enrichissent notre pays de leur culture, de leur langue et de leurs traditions uniques. Les Canadiens d'origine asiatique ont apporté d'innombrables contributions au Canada dans les domaines de la médecine, de la musique, de la littérature et des affaires, pour ne nommer que ceux-là. Le Canada est chanceux de pouvoir compter sur les Canadiens d'origine asiatique, qui contribuent à l'incroyable richesse et à la grande diversité de notre merveilleux pays.
J'espère que d'autres en ont déjà parlé aujourd'hui, mais je vais tout de même mentionner quelques Canadiens d'origine asiatique exemplaires et souligner la contribution qu'ils ont apportée à notre pays. Il y a Douglas Jung, premier député d'origine chinoise au Canada, Bev Oda, première députée japonaise au Canada et fière Canadienne d'origine asiatique, et mon amie Nelly Shin, première députée d'origine coréenne au Canada. Toutes ces personnes ont une grande qualité en commun: ce sont des conservateurs.
Il y a un lien intéressant, lorsque je parle de la contribution de ces personnes. Pendant que nous parlons de la nécessité de ce comité, je dirai que Mme Shin, une ancienne députée de cet endroit, et plusieurs collègues et candidats ont été ciblés lors des dernières élections par des agents du Parti communiste chinois. Ils ont fait l’objet d’une campagne organisée de désinformation et de mésinformation, perpétrée sur le sol canadien et sur des plateformes en ligne, dans le but de déstabiliser la communauté asiatique, et en particulier de punir certains Canadiens d’origine asiatique, comme Mme Shin et M. Kenny Chiu, d'avoir le courage de s’élever contre le régime communiste chinois.
Non seulement le Parti communiste chinois s’en prend aux députés de tous les partis, mais il cible également les étudiants et les Néo-Canadiens par des menaces, du harcèlement et de l’intimidation. C’est l’une des raisons pour lesquelles ce comité est si important. Il a fait un excellent travail au cours de la dernière législature en examinant tous les aspects des relations entre le Canada et la Chine. Je tiens à souligner que s'il n'y a pas eu de pressions concernant la création de ce comité jusqu’à présent, c’est en raison du manque de ressources à la Chambre des communes, et une possibilité se présente maintenant avec la dissolution programmée du Comité spécial sur l’Afghanistan.
Selon les ressources dont nous disposons, il serait bon d’engager les ressources de la Chambre et des députés pour ce comité. Durant le débat, aujourd'hui, j’ai entendu des observations judicieuses de la part de députés de tous les partis. Le comité nuit-il aux travaux d’autres comités permanents, comme celui des affaires étrangères? Je dois dire que non, car ces comités sont saisis d’autres questions importantes, et leurs programmes sont bien remplis jusqu’en juin, alors qu'ils s’occupent de préparer des rapports, mais aussi au cours de l’automne. La question des relations du Canada avec la Chine et le gouvernement chinois est majeure. Elle est incroyablement importante.
J’aimerais parler de quelques-unes des raisons qui la rendent si importante. Je m’en voudrais de ne pas mentionner le contraste entre le Canada et des pays comme l’Australie, la Nouvelle‑Zélande, le Royaume‑Uni et les États‑Unis. Ce contraste est le suivant: ces quatre pays ont tous identifié un risque de sécurité nationale provenant de Huawei, une entreprise qui est effectivement contrôlée par le Parti communiste chinois, et ils l’ont bannie de leurs réseaux 5G. Ces quatre pays ont une importance particulière pour le Canada, car ils sont nos partenaires. Ce sont nos alliés dans le cadre du partenariat du Groupe des cinq.
Le partenariat est axé sur la sécurité nationale et sur le partage d’informations. Un consensus est en train de se former entre quatre des cinq pays, mais le gouvernement n’a pas agi à cet égard. Selon ce qui est ressorti de ces autres pays et ce que nous avons entendu au Canada, même au Comité spécial sur les relations canado-chinoises dans sa version précédente, à savoir que nous devons bannir Huawei de notre réseau 5G, cela concerne la question plus générale des rapports du Canada avec la Chine.
Des députés ont formulé des commentaires et des questions sur les discussions tenues avec la Chine par les gouvernements précédents. Nous avons entendu des témoins affirmer au comité que la réalité, le portrait global de la situation et les intervenants à l’intérieur du Parti communiste chinois sont très différents aujourd’hui de ce qu’ils étaient il y a quelques années. Si, au cours des dernières années, des décisions ont été prises et que, de l’avis de certains députés, elles devraient être revues — comme je viens de l'expliquer au sujet d'une décision concernant Huawei — les députés devraient y avoir autant de motifs pour adopter cette motion.
En ce qui concerne la technologie de l’information, la présence de compagnies à la solde de la Chine dans notre monde numérique en constante évolution qui occupe une place toujours croissante, je rappellerais aux députés le temps où, à Ottawa, nous avions un secteur de TI qui faisait notre fierté et une société reconnue mondialement à la fine pointe dans ce secteur. C’était un énorme employeur: Nortel Networks qui, comme nous le savons, a été victime d’infiltrations et de vols de propriété intellectuelle par des agents du gouvernement chinois. Ce fut un désastre pour la propriété intellectuelle au Canada, pour l’emploi et, en toute franchise, pour ce secteur dans notre pays.
Je dirais également que la Chambre a reconnu une réalité dont nous n’avons pas parlé précédemment, une réalité dont le monde entier commence à se rendre compte. Il faut tenir compte du rôle croissant joué par la Chine et des relations commerciales que nous voulons avoir avec ce pays. Il faut tenir compte du génocide des Ouïghours et des musulmans turciques par le gouvernement communiste chinois. Nous ne pouvons pas fermer les yeux là-dessus. Nous devons prendre ces choses en considération dans nos rapports et nos échanges futurs possibles avec la Chine.
Nous savons qu’avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la Chine a montré qu'elle a une relation très étroite avec la Russie, ainsi qu'un partenariat stratégique global. M. Poutine l’a décrit comme « une relation qui ne peut probablement pas être comparée à quoi que ce soit d’autre dans le monde ». Cela devrait donner des frissons aux gens du monde entier, et certainement à tous les membres de cette assemblée.
Je dois mentionner que nous avons vu, au cours de la dernière législature, les effets de la présence d’agents d’États étrangers au Canada, des agents étrangers qui étaient actifs dans ce pays. Nous l’avons vu avec les laboratoires de Winnipeg. Des agents d’État de la Chine ont été expulsés du pays. Nous avons vu bien des drames ici. Des précédents ont été établis. On a pris des mesures qui n’avaient pas été prises depuis 100 ans. Nous recherchions la vérité et la transparence pour les Canadiens.
Il y a encore du travail à faire, et je pense qu’il est très important, alors que nous vivons de plus en plus dans cette société mondiale, que nous ayons les yeux grands ouverts pour savoir qui sont nos partenaires, nos amis et nos alliés, et où se trouvent les risques et les menaces. Nous pouvons le faire tout en respectant les contributions importantes des Canadiens asiatiques et des Canadiens chinois, ainsi que des Chinois qui veulent venir au Canada, y vivre et contribuer à notre merveilleux pays.
Cependant, nous ne pouvons pas être forts sur la scène mondiale sans connaître d’abord l'ampleur de notre relation avec le Parti communiste chinois ici au pays, et c’est pourquoi le comité Canada-Chine doit être reconstitué.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureuse d’avoir l’occasion de participer au débat d’aujourd’hui. Le Canada entretient des relations profondes et de longue date avec la Chine, et même dans les moments difficiles, nous pouvons et devons travailler ensemble pour aplanir les différends.
Cela étant dit, cette motion adopte une vision étroite du potentiel du Canada dans la région, et j’aimerais parler du potentiel de cette région pour l’avenir du Canada. Notre gouvernement accorde la priorité à l’Indo-Pacifique et élabore une approche pangouvernementale pour l’ensemble de la région. Il ne s’agit pas seulement d’une stratégie pour une région du monde, mais d’une stratégie pour le Canada qui aura une incidence sur notre paix et notre prospérité pour des décennies à venir.
Maintenant plus que jamais, il est nécessaire de renforcer l’ordre international fondé sur des règles à l’échelle mondiale, y compris avec des partenaires de la région indo-pacifique. L’Indo-Pacifique ne fait pas seulement référence à la géographie, mais également à l’interdépendance croissante des régions du Pacifique et de l’océan Indien, ainsi qu’au rôle important que le Canada et ses alliés jouent dans l’ensemble de cette région.
Je vais mettre cela en contexte. La région indo-pacifique abrite 21 des 30 plus grandes villes du monde et 60 % de la population mondiale. Les voies maritimes de l’Indo-Pacifique transportent pas moins d’un tiers des cargaisons en vrac du monde et au moins deux tiers du pétrole de la planète. La région abrite également 30 % des personnes les plus démunies du monde et les pays de l’Indo-Pacifique auront besoin d’environ 26 000 billions de dollars pour leurs infrastructures d’ici 2030.
Il faut également s'attaquer aux importantes répercussions des changements climatiques à l’échelle de la planète. Cinquante-trois pour cent des émissions mondiales de CO2 proviennent de la région indo-pacifique. Aucune région ne sera plus importante pour les intérêts du Canada que l’Indo-Pacifique. La prospérité, la sécurité et le bien-être des Canadiens étant de plus en plus liés à cette région, le Canada approfondit ses partenariats et élargit sa participation dans la zone. Nous savons que les économies de la région continuent de croître rapidement.
Parallèlement, de nombreux pays de la région font face à d’importants défis en matière de gouvernance, d’équité, de droits de la personne et de primauté du droit. La région est également, et de loin, la première source de nouveaux immigrants et d’étudiants au Canada. C’est une tendance qui, au fil du temps, a fait des Canadiens d’origine asiatique la plus grande diaspora du pays. En effet, la moitié de la population canadienne née à l’étranger est originaire de cette région, et 18 % de tous les Canadiens ont des origines indo-pacifiques. En matière d’éducation, plus de 60 % de nos étudiants étrangers viennent de la région indo-pacifique.
Cette motion n’est pas nécessaire et conduirait simplement à l’ostracisme et à la discrimination envers les Canadiens d’origine chinoise, compte tenu des arguments honteux qui continuent d’être véhiculés. Il va sans dire que le Canada doit établir sa présence dans la région indo-pacifique en adoptant une approche qui continue de faire progresser les objectifs commerciaux et économiques tout en protégeant nos intérêts de sécurité, en défendant un ordre international fondé sur des règles, en faisant progresser les objectifs de développement durable et en luttant contre les changements climatiques.
La région est confrontée à des défis que le Canada peut contribuer à relever, notamment les changements géopolitiques, la gestion des pandémies, les pressions socioéconomiques et une part disproportionnée des effets des changements climatiques. Une planète au climat stable dépend également d’une transition vers une économie à faibles émissions de carbone dans la région indo-pacifique, car plus de 50 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent de cette région, et cette proportion ne cesse de croître.
L’Indo-Pacifique présente également des occasions pour les Canadiens. C’est la région qui connaît la croissance la plus rapide au monde et qui devrait représenter plus de la moitié du PIB mondial d’ici 2040. Je crois que le fait de tirer parti de ces possibilités commerciales dynamiques dans la région indo-pacifique créera des emplois partout au Canada. En tant que nation tournée vers le Pacifique, le Canada cherche à soutenir les économies de l’Indo-Pacifique pour qu’elles atteignent leurs objectifs et fassent progresser les priorités communes.
À l'instar de bon nombre de nos partenaires, nous ferons la promotion d’un commerce indo-pacifique libre, ouvert et inclusif, avec l’ANASE au centre. Le Canada est déterminé à maintenir les valeurs démocratiques, la primauté du droit, la bonne gouvernance et les droits de la personne au cœur de sa politique étrangère dans la région indo-pacifique. Pour ce faire, il est essentiel de travailler avec des gouvernements aux vues similaires afin de soutenir des valeurs et des principes communs.
Pour faire progresser ces valeurs, nous continuons de diversifier nos interactions avec divers pays et partenaires. Cela suppose de travailler sur tous les fronts, notamment la diplomatie, la sécurité, le commerce, l’économie et le développement durable.
Sur le plan diplomatique, nous travaillerons en étroite collaboration avec nos amis et partenaires pour faire respecter l’ordre international fondé sur des règles et promouvoir une gouvernance régionale inclusive et ouverte, des normes et valeurs clés, ainsi que des sociétés ouvertes, une gouvernance responsable et les droits de la personne qui sous-tendent l’approche du Canada en matière de gouvernance mondiale.
Nous reconnaissons également la nécessité de renforcer notre soutien actif à la sécurité et à la stabilité de la région indo-pacifique, de concert avec nos partenaires aux vues similaires, afin que l’avenir de l’environnement de sécurité soit favorable aux intérêts du Canada et à ceux de nos amis et alliés dans cette région.
Sur le plan économique, bien que la région ait été durement touchée par la pandémie de COVID-19, elle demeure une plaque tournante essentielle pour le commerce, l’investissement et la production, et d’importantes chaînes d’approvisionnement ont pour origine et destination la région. Le Canada continuera de promouvoir et de soutenir les occasions d’affaires et d’assurer des investissements productifs tout en favorisant un ordre économique régional plus ouvert, prévisible et durable. Comme exemple concret de notre engagement à approfondir les liens commerciaux avec la région, le Canada a lancé des négociations en vue d’un accord de libre-échange avec l’ANASE. Il s’agit d’une étape importante dans le renforcement du partenariat économique et de la présence du Canada dans la région indo-pacifique.
Le développement durable est un élément fondamental des aspirations du Canada dans la région pour y renforcer la gouvernance et la primauté du droit.
Conformément à sa politique d’aide internationale féministe, le Canada continuera de soutenir activement l’Indo-Pacifique dans ses efforts pour atteindre les objectifs de développement durable. Aucune région ne sera plus importante que l’Indo-Pacifique pour déterminer notre capacité à respecter et à dépasser les engagements et les objectifs mondiaux en matière de changements climatiques. Peu d’autres régions sont plus vulnérables à la montée des océans, à l’évolution des conditions météorologiques et aux catastrophes naturelles.
Le gouvernement accorde la priorité à une approche globale pour la région indo-pacifique, qui guidera notre politique étrangère au cours de la prochaine décennie. Nous allons donner aux Canadiens un siège à la table et protéger nos intérêts en collaboration avec nos partenaires et amis, anciens et nouveaux.
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Madame la Présidente, je suis ravi de parler de la motion à l'étude et d'être ici, à la Chambre, cet après‑midi.
Tout d'abord, mai est le Mois du patrimoine asiatique, une occasion de réfléchir aux nombreuses contributions que les Canadiens d'origine asiatique ont apportées et continuent d'apporter à ce pays béni qui est le nôtre, ainsi que de les souligner.
Par ailleurs, cela fait 20 ans cette année que le Canada a officiellement déclaré que mai serait le Mois du patrimoine asiatique. Dans le cadre du thème de cette année, « Poursuivre un legs d'excellence », nous soulignons les contributions importantes et variées de générations de Canadiens d'origine asiatique, de même que tout ce que ces personnes ont dû surmonter. Encore aujourd'hui, il incombe aux Canadiens partout au pays d'unir leurs efforts pour combattre toutes les formes de racisme et de discrimination contre les Asiatiques.
Durant ce mois, nous avons la possibilité d'apprendre à connaître les nombreuses cultures et communautés asiatiques par les arts, les films et la littérature, entre autres. Je sais que la ville de Vaughan abrite une communauté canado-asiatique très dynamique. J'interagis quotidiennement avec ses membres. Qu'ils viennent du Vietnam, des Philippines, de la Chine, de Hong Kong ou d'ailleurs, il est formidable de pouvoir en apprendre davantage sur leur patrimoine et leur culture, ainsi que sur la façon dont ils enrichissent le tissu social du Canada.
Au sujet de la motion présentée aujourd'hui par l'opposition officielle, j'aimerais exprimer mon point de vue personnel sur la relation entre le Canada et la Chine. J'estime que cette relation comporte trois réalités: nous sommes en concurrence sur les marchés mondiaux; nous collaborons lorsque l'occasion se présente; nous devons confronter le gouvernement chinois lorsque ses décisions et ses valeurs entrent en conflit avec les nôtres. Ces trois réalités que sont la concurrence, la collaboration et la confrontation me tiennent vraiment à cœur.
J'ajoute également que je m'inspire des paroles de quelqu'un que je respecte profondément, non seulement à cause du poste qu'il occupe actuellement à titre de premier ministre d'Italie, mais également à cause de son ancienne charge de président de la Banque centrale européenne. L'an dernier, lors du sommet du G7, voici ce qu'il a dit sur la Chine — et j'abonde vraiment dans le même sens: « Il s'agit d'une autocratie qui ne respecte pas les règles multilatérales et ne partage pas la même vision du monde que les démocraties. Nous devons coopérer, mais nous devons également être francs au sujet de ce que nous ne partageons pas et que nous n'acceptons pas. Le président américain a déclaré que le silence est une forme de complicité. »
Voilà mon opinion en ce qui concerne la relation entre le Canada et la Chine. Effectivement, nous nous faisons concurrence et nous collaborons, mais nous devons également toujours défendre les valeurs que nous prônons, notamment le respect des droits de la personne, y compris des minorités, la primauté du droit, la démocratie et, bien sûr, les institutions multilatérales.
Je passe maintenant à mon discours proprement dit. Mon discours de cet après-midi portera sur les droits de la personne.
La promotion et la protection des droits de la personne font partie intégrante de la politique étrangère du Canada et elles continueront d'orienter la relation qu'entretient le gouvernement avec la Chine. Le Canada est profondément préoccupé par la répression et le ciblage dont font l'objet les minorités ethniques et religieuses et les groupes vulnérables en Chine, notamment les bouddhistes tibétains, les Ouïghours et d’autres minorités ethniques musulmanes, les chrétiens, les adeptes du Falun Gong, les femmes et les filles, ainsi que les membres de la communauté LGBTI. Le Canada demande constamment à la Chine de respecter ses engagements internationaux sur la protection et la promotion de la liberté d'expression, de réunion pacifique et d'association, ainsi que de la liberté de religion ou de croyance de tous les citoyens chinois.
Le Canada est aussi préoccupé par les efforts que déploient les autorités chinoises pour entraver la liberté de la presse en Chine et à Hong Kong, où il est de plus en plus difficile de produire des reportages indépendants à cause notamment de la censure, des restrictions concernant les visas, et de l'intimidation, voire de l'emprisonnement de journalistes. Le Canada a soulevé ces questions de façon bilatérale auprès des représentants compétents du gouvernement chinois à tous les échelons. Le Canada a également soulevé à maintes reprises la situation des droits de la personne en Chine à l'ONU, notamment devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies et l'Assemblée générale des Nations unies.
Par exemple, le 22 juin 2021, lors de la 47e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU qui s'est tenue à Genève, le Canada a présenté une déclaration commune au nom de 44 pays sur la situation des droits de la personne au Xinjiang, à Hong Kong et au Tibet.
Le Canada est également fier d’avoir lancé, en 2021, la « Déclaration contre la détention arbitraire dans les relations d’État à État », qui a été appuyée par plus de 65 pays. Il s'est engagé à faire respecter l’ordre international fondé sur des règles et les valeurs et principes fondamentaux qui le sous-tendent.
À une époque où beaucoup s’interrogent sur l’avenir du multilatéralisme, et de la diplomatie tout court, le Canada s’engage à être présent et à jouer un rôle actif dans l’élaboration des normes et l’engagement des institutions qui sous-tendent notre communauté mondiale. Cependant, nous savons que le changement est limité dans les coulisses du pouvoir. Sans la voix de ceux qui sont opprimés, le changement ne peut durer et nos politiques ne peuvent pas être efficaces.
C’est pourquoi nous continuons à nous engager directement auprès des communautés de la diaspora, des militants, de la société civile, des journalistes et des défenseurs des droits de la personne. Sans leur expertise et sans le courage dont ils font preuve en partageant leurs histoires avec le monde entier, y compris en ligne, les violations et les abus des droits de la personne seraient passés sous silence. C’est grâce à eux que le monde est au courant de la répression de la liberté de réunion, de la suppression de la démocratie à Hong Kong, y compris l’arrestation récente d’un cardinal catholique, je crois, contre laquelle le Canada s’est élevé aux côtés de ses partenaires internationaux. Par exemple, le 9 mai 2022, les ministres des Affaires étrangères du G7 ont publié une déclaration conjointe sur le processus de sélection du chef de l’exécutif à Hong Kong, soulignant notre grave préoccupation à l’égard de ce processus qui s’inscrit dans une tentative continue d’assaut contre le pluralisme politique et les libertés fondamentales.
Les preuves croissantes d’une campagne systémique de répression au Xinjiang ne peuvent être ignorées. Il existe des preuves substantielles et crédibles qui font état de détentions arbitraires d'Ouïghours et d’autres minorités ethniques musulmanes dirigées par le gouvernement central et régional chinois sous prétexte qu'il lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. D’après les preuves fournies par des universitaires, des ONG, des défenseurs des droits de la personne, des journalistes et les témoignages de victimes, les Ouïghours et les autres minorités ethniques musulmanes sont soumis à des traitements cruels, inhumains et dégradants, à une éducation patriotique et culturelle obligatoire, au travail forcé et à la séparation arbitraire des enfants de leurs parents par les autorités. Dans toute cette région, les Ouïghours et les autres minorités ethniques musulmanes sont également soumis à une surveillance physique et numérique répressive. C’est inacceptable.
Le gouvernement est également profondément troublé par les récents rapports de victimes de violence sexuelle aux mains des autorités au Xinjiang. Le Canada condamne ces actes déshumanisants dans les termes les plus forts. Nous appuyons les victimes et les survivants, et nous demandons à tous les gouvernements de rechercher la justice et de demander des comptes aux auteurs de ces actes.
Le Canada demeure également très préoccupé par la situation des Tibétains sur le plan des droits de la personne, notamment les restrictions à la liberté d’expression, à la liberté de religion ou de croyance et à la protection des droits linguistiques et culturels. Au XXIe siècle, il n’y a aucune excuse pour ne pas être au courant de ces questions.
Le Canada est déterminé à s'engager unilatéralement, ainsi qu'aux côtés de ses partenaires, à défendre les droits de la personne de ces gens, des citoyens chinois. Nous continuerons de réclamer un accès sans entrave au Xinjiang pour les observateurs indépendants internationaux, notamment la haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, et de travailler étroitement avec les entreprises canadiennes qui font des affaires en Chine ou avec la Chine afin de s'assurer qu'elles mesurent bien les risques de faire des affaires avec des entités susceptibles de recourir au travail forcé et qu'elles prennent des mesures en conséquence.
Nous continuerons de nous opposer aux sanctions et aux persécutions de la Chine fondées sur la religion ou les croyances des musulmans, des chrétiens, des bouddhistes tibétains et des adeptes du Falun Gong, notamment. Nous continuerons d'appuyer le rétablissement du respect des droits civils et politiques à Hong Kong, conformément à la déclaration conjointe, juridiquement contraignante, signée par la Chine et le Royaume‑Uni, que le Canada invoque continuellement depuis 2018, notamment au moyen de déclarations communes du G7 et des partenaires du Groupe des cinq.
Nous continuerons aussi de nous opposer à la peine de mort et de lancer des appels à la clémence dans tous les cas où des Canadiens sont condamnés à la peine capitale en Chine. Le Canada continuera de demander l'abolition de la peine de mort partout dans le monde. Un Canadien est un Canadien, peu importe la position adoptée par un gouvernement étranger. Le Canada défendra les droits consulaires des citoyens canadiens, même si la Chine ne reconnaît pas ces droits.
Les Canadiens s'attendent à ce que leur gouvernement lutte contre les injustices partout dans le monde, et c'est exactement ce que fait le gouvernement. En tant qu'élus, ne perdons pas de vue cet état d'esprit et travaillons ensemble dans notre combat pour les droits de la personne et la primauté du droit. Le Canada défendra toujours les intérêts des Canadiens dans ses relations avec la Chine. Il existe encore des domaines de collaboration pragmatique entre nos deux pays, comme le dossier des changements climatiques ou la lutte mondiale contre la COVID‑19. La voie à suivre consistera, entre autres, à assurer une coordination avec nos partenaires, et le Canada travaillera avec d'autres pour veiller à ce que le gouvernement chinois respecte ses obligations internationales et pour défendre l'ordre international fondé sur des règles.
Enfin, le Canada poursuivra sa collaboration dans la défense des intérêts nationaux. Nous défendrons vigoureusement nos valeurs et nos principes issus de la démocratie et des droits de la personne, et nous protégerons la sécurité des Canadiens tant au pays qu'à l'étranger.
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Madame la Présidente, je vous informe que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue de .
Nous sommes réunis aujourd'hui pour parler de la création d'un comité parlementaire sur la relation entre le Canada et la République populaire de Chine. C'est un enjeu très important, eu égard au fait que la Chine est un important joueur — c'est le moins que l'on puisse dire —, tant sur le plan économique que sur le plan de la sécurité nationale ou de l'environnement, entre autres. C'est la raison pour laquelle nous souhaitons la création d'un comité parlementaire chargé d'analyser cela.
Pourquoi créer un tel comité parlementaire? Un comité parlementaire est indépendant du pouvoir exécutif. Il est donc indépendant du bureau du premier ministre, qui, lui, peut donner des ordres à ses députés. Or, en comité parlementaire, tous les députés sont théoriquement indépendants du pouvoir exécutif.
D'aucuns vont se demander pourquoi nous profitons d'une journée de l'opposition pour parler de ce sujet. C'est parce que c'est la façon de faire pour créer un comité. On aurait pu s'entendre avec le parti ministériel pour créer ce comité, mais, par malheur, ce dernier en refuse la création.
Cependant, le Parti conservateur estime que c'est important. La façon de faire, c'est que la Chambre tienne un vote; tous les députés vont pouvoir voter librement. Nous verrons quel sera le résultat dudit vote, mais nous présumons qu'il sera en faveur de la création du comité.
Je rappelle que le comité proposé va s'attaquer à plein de sujets qui touchent présentement tous les Canadiens: l'économie, la sécurité nationale, l'environnement et la chaîne d'approvisionnement. La question en lien avec cette dernière touche directement nos producteurs et notre économie et a un impact direct sur l'inflation, qui touche tous les Canadiens. Nous sommes en faveur de la création de ce comité, qui traitera des enjeux qui touchent ou concernent tous les Canadiens.
Je rappelle que, dans l'ancien Parlement, c'est-à-dire avant que le déclenche, de façon tout à fait arrogante, une campagne électorale en pleine pandémie, ce comité existait déjà. Il s'était réuni à plus d'une trentaine de reprises pour entendre plus d'une centaine de témoins. De plus, il a déposé trois rapports après s'être attaqué à des sujets compromettants pour la Chine, mais très importants pour le Canada. Je...