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Une histoire qu’il faut raconter
La marine marchande canadienne et ses anciens combattants
Les torts du passé ne sont jamais faciles à redresser. Souvent, ce qui nous semble juste et équitable à une époque donnée peut apparaître par la suite comme injuste. L’Histoire n’est pas composée de faits disposés en séquence mais bien constituée d’une série de perceptions et d’interprétations qui clarifient les événements avec le temps. L’ironie de l’Histoire, c’est que notre compréhension des événements se précise avec le temps : plus on s’en éloigne, plus on peut les analyser dans une juste perspective.
Comme pour tous les événements importants, nous comprenons mieux maintenant les réalisations et les sacrifices considérables de la marine marchande canadienne. Aujourd’hui, personne ne doute du rôle essentiel qu’elle a joué dans la victoire alliée durant la Deuxième Guerre mondiale. Il n’est plus nécessaire non plus de débattre le fait que la marine marchande a constitué vraiment la quatrième arme des Forces canadiennes. Même si ces combattants n’étaient pas en uniforme, les conditions de leur service, les risques qu’ils ont affrontés, les sacrifices qu’ils ont consentis, tout cela en fait d’authentiques anciens combattants. On a mis du temps à reconnaître ce fait, mais, avec l’adoption toute récente du projet de loi C-61, nous estimons que les anciens combattants de la marine marchande sont non seulement reconnus comme tel, mais ils ont droit à tous les avantages des anciens combattants.
Ce droit aux avantages accordés aux anciens combattants, ceux de la marine marchande le doivent à leurs propres efforts et à ceux de leurs représentants. Rappelons-nous les années de travail acharné et désintéressé consacré à cette cause par feu Gordon Olmstead. Grâce à ses présentations et à celles d'autres témoins devant notre Comité, l’histoire et le sort des anciens combattants de la marine marchande a enfin été révélé au public. Ce fut une cause commune, à ces anciens combattants et à notre Comité. Ensemble, nous avons voulu garantir :
la réparation des torts faits aux anciens combattants de la marine marchande et l’accès de ces derniers à tous les avantages accordés aux anciens combattants;
que les marins de la marine marchande canadienne, qui ont servi durant la guerre, soient reconnus de plein droit comme anciens combattants;
enfin, que l’histoire de leurs exploits et de leur sacrifice, ainsi que de ce qu’ils ont vécu après la guerre, ne soient pas perdus pour les générations futures.
Nous avons atteint les deux premiers objectifs. Espérons que nos recommandations permettront de réaliser le troisième.
S’il est un thème que nos témoins ont constamment mis de l’avant, c’est bien celui que les anciens combattants de la marine marchande voulaient être reconnus pour leur service et leur sacrifice à leur pays. La revendication de leur reconnaissance comptait autant, sinon plus, que les avantages pécuniers qui y étaient attachés. Cela ne veut pas dire que ces avantages sont sans importance pour eux, ni que d’autres formes de rémunération ne seraient pas bienvenues. Il faut simplement reconnaître que l’intérêt personnel n’a pas été le moteur de ceux qui ont témoigné devant nous.
Lorsque ces témoins ont parlé d’héroïsme, il s’agissait de celui de leurs camarades, pas du leur. Lorsqu’ils ont réclamé une reconnaissance, c’était celle des réalisations de toute la marine marchande qu’ils demandaient. Les anciens combattants de l’Atlantique-Nord et de Mourmansk ont passé leur vie à se demander :
Nous nous sommes posé nous-même cette question. Ce faisant, nous avons reconnu comme légitime la perception des torts que les anciens combattants de la marine marchande estiment avoir subis peu après la guerre. Ce passé, nous ne pouvons pas l’effacer. Ce que nous pouvons faire cependant, c’est garantir qu’un élément essentiel et obscur de l’histoire du Canada soit enfin rétabli. Qui pourrait mieux y parvenir que notre jeunesse? À l’appui de cet objectif, nous recommandons donc que :
- Le gouvernement établisse une bourse permanente, dotée au départ d’un million de dollars, pour financer des études sur l’histoire et les activités de la marine marchande canadienne en temps de guerre et de ses anciens combattants.
En plus de raconter leur histoire, il est essentiel que la quatrième arme des Forces canadiennes en temps de guerre reçoive une reconnaissance appropriée de l’institution nationale créée pour honorer et commémorer les anciens combattants du Canada : le Musée national de la guerre. Nous recommandons donc que :
- Le Musée national de la guerre présente une reconnaissance permanente de la marine marchande de guerre.
Afin que le musée rende bien compte des contributions de la marine marchande à notre histoire, nous recommandons en outre que :
- La quatrième arme des Forces canadiennes en temps de guerre reçoive une représentation permanente au Conseil du musée national de la guerre.
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