INDU Rapport du Comité
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AVANT-PROPOS DE LA PRÉSIDENTE
En octobre 1997, le Comité permanent de l'industrie de la Chambre des communes a entrepris une étude de longue haleine devant déboucher sur une série de rapports concernant l'innovation, la productivité et la compétitivité. Cette étude donnait suite à Pour un Canada innovateur : cadre d'action, un document produit par plusieurs groupes de recherche pour le gouvernement du Canada, qui soulevait d'importantes questions à propos de la quantité et de la qualité de la recherche scientifique au Canada. Selon l'Association des universités et collèges du Canada, l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université, le Consortium canadien pour la recherche, la Fédération canadienne des sciences humaines et sociales et le Conseil canadien des études supérieures, le sous-financement de la recherche fondamentale présentait un danger pour la capacité d'innovation à long terme et, au bout du compte, pour le niveau de vie des citoyens.
En juin 1999, le Comité a répondu à l'appel lancé par ces groupes en publiant son dix-neuvième rapport intitulé Le financement de la recherche æ Renforcer les sources d'innovation, dans lequel il propose 16 recommandations susceptibles d'améliorer la planification, l'efficacité et l'efficience de la recherche au Canada. S'il est vrai que ce rapport aborde les aspects de l'innovation dans les produits et les procédés qui sont liés à la science et à la recherche-développement (R-D), le Comité n'est pas convaincu que la R-D à elle seule puisse résoudre tous nos problèmes en matière d'innovation industrielle. Le Comité est de cet avis pour trois raisons. Premièrement, l'innovation organisationnelle et institutionnelle (qui est aussi importante que l'innovation dans les produits et procédés et qui la complète) n'est pas directement touchée par l'effort de financement de la R-D par le gouvernement fédéral. Deuxièmement, la concurrence est une composante majeure de l'innovation; en fait, la concurrence est probablement le principal catalyseur de tous les types d'innovation et si elle fait défaut, les encouragements à la R-D n'auront guère de résultats. Enfin, comme le savent la plupart des experts du domaine, l'innovation n'est pas une fin en soi, mais un moyen. Le Comité ne recherche pas le changement pour le changement, mais pour la prospérité qui pourrait en découler.
Une société novatrice est une société dynamique, mais il est moins certain qu'une société dynamique soit nécessairement prospère. À ce niveau, les choses dépendent d'autres facteurs que la R-D, et nous devons, au bout du compte, rechercher une combinaison optimale de tous les facteurs importants pour préserver la prospérité du Canada. Enfin, le Comité souhaite examiner la question de l'influence de l'industrie sur le niveau de vie au Canada. Pour cela, il doit se pencher non seulement sur l'innovation, mais également sur la productivité et la compétitivité, qui sont les assises de la prospérité.
Le Comité savait que le Comité des finances de la Chambre des communes avait étudié la question de la productivité. Aussi, au nom du Comité que je préside, je tiens à féliciter nos collègues pour l'excellent rapport publié en juin 1999 sous le titre Stimuler la productivité pour relever le niveau de vie des Canadiens, qui est le fruit d'un travail considérable et contient des conclusions éclairantes. Plutôt que de recouper les efforts du Comité des finances, le nôtre a cherché à produire une étude complémentaire centrée sur les rapports entre la productivité et la compétitivité de l'économie et qui analyserait un certain nombre de secteurs où nous pourrions trouver des signes de force ou de faiblesse. Cette perspective microscopique devrait procurer un éclairage différent de celui que donne le point de vue plus large du Comité des finances. Si c'est grâce aux effets de l'intense concurrence entre les sociétés pour fidéliser leur clientèle et obtenir des capitaux de départ, des gestionnaires compétents et une main-d'uvre productive, que les Canadiens jouissent de leur actuel niveau de vie, une étude détaillée des meilleures pratiques de l'industrie a des chances d'être révélatrice. Qui plus est, il se pourrait bien que la plupart des problèmes de productivité ne soient ni très répandus ni semblables dans l'ensemble de l'économie, mais qu'ils soient plutôt spécifiques à tel ensemble d'industries ou encore confinés à certains secteurs ou à certaines pratiques liés à la compétitivité. Dans ce cas, l'approche ciblée de notre Comité devrait être plus utile et plus propice à l'élaboration de solutions optimales.
En novembre 1999, le Comité a donc amorcé son étude afin de mieux comprendre l'effet de la productivité sur la compétitivité nationale et internationale du secteur canadien des affaires. Il a structuré ses audiences de manière à entendre le plus grand nombre possible d'experts dans le délai qui lui était imparti, soit de novembre 1999 à mars 2000. La formule de la table ronde que nous avons choisie a permis la tenue d'un débat libre et souvent passionnant sur les principaux enjeux, comme une comparaison du rendement récent de la productivité canadienne avec celle du passé et celle d'autres pays, en particulier les États-Unis; l'examen des circonstances précises auxquelles font face le secteur manufacturier et les PME; les effets de l'investissement en matériel et en capital humain sur la productivité, la croissance économique et le niveau de vie; les effets de la R-D, de l'innovation et du progrès technique; les impôts sur le revenu des entreprises et des particuliers; ou encore les cadres de la réglementation, de la concurrence et de la politique commerciale. Fait unique, le Comité a également intégré dans cet ensemble de facteurs, le débat le plus récent sur l'éco-efficacité. À ce propos, certains chercheurs très influents ont soutenu que les concessions mutuelles entre l'économie et l'environnement sont appelées à disparaître, ou du moins à s'atténuer, dans l'économie novatrice fondée sur le savoir vers laquelle nous semblons nous diriger. Le Comité a ensuite décidé d'explorer et d'appliquer ce qu'il avait appris dans ces discussions en table ronde à des secteurs majeurs de l'économie canadienne : l'agriculture et l'agroalimentaire; les ressources naturelles; les produits pétroliers raffinés; la construction navale; la construction automobile et la fabrication aérospatiale; les technologies de l'information et des communications; et, enfin, la biotechnologie.
Au total, le Comité a entendu 74 témoins. Ces Canadiens avaient manifestement beaucoup de choses à dire au sujet de la productivité, de l'innovation et de la compétitivité, et ils ont présenté leurs vues et opinions de façon éloquente et rigoureuse. C'est peut-être parce que le Canada a toujours été à la fois un partenaire commercial et un concurrent de son important et productif voisin du Sud que ses professeurs, ses penseurs et ses dirigeants du secteur privé sont si bien informés en matière de productivité et de compétitivité. Les témoignages entendus par le Comité indiquent clairement que le caractère industrieux des États-Unis est une source d'éternelle rivalité qui met l'industrie canadienne au défi et la pousse à faire mieux. Certes, il existe des opinions intéressantes et divergentes sur la productivité et sur ses conséquences pour la compétitivité, mais, à la grande surprise du Comité, ces opinions sont apparues moins éloignées les unes des autres que prévu. Le consensus sur les enjeux liés à la productivité était donc à la portée immédiate du Comité, et ce rapport reflète les connaissances et les avis informés des experts canadiens dans ce domaine. Je saisis l'occasion pour remercier tous ceux qui ont participé à nos audiences et partagé leurs connaissances avec nous. J'ai bon espoir que le public sera d'avis que notre document, d'une part, reflète ses préoccupations et, d'autre part, traduit les valeurs communes et les priorités de la population canadienne dans le contexte d'une économie productive et en évolution constante.