INDU Rapport du Comité
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INTRODUCTION
Contexte
Pendant la majeure partie du siècle, les Canadiens ont vu leur niveau de vie s'améliorer à un rythme constant et rapide, comparable à celui des États-Unis. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Canada se classait deuxième parmi les pays industrialisés les plus riches. De fait, les statisticiens qui ne se contentent pas des seules données économiques pour mesurer le bien-être, mais qui tiennent compte d'indicateurs sociaux comme la santé et l'éducation, constatent souvent que le Canada est le meilleur pays où vivre. Et, à cet égard, une grande part du crédit en revient certainement à notre union sociale, soigneusement conçue de manière à ce que les fruits de la réussite économique soient partagés entre les régions, les provinces et leurs habitants.
Mais certains pays menacent de nous supplanter au sommet de la pyramide. Dans le passage obligé entre la « vielle économie », fondée sur l'exploitation des ressources naturelles et sur un secteur industriel important et puissant, et la « nouvelle économie », fondée sur l'innovation, le savoir et la créativité, les conditions de la réussite économique changent rapidement. La prospérité fondée sur une richesse héritée et sur la taille et l'étendue des structures est chose du passée. Il faut faire place à la prospérité nouvelle, édifiée sur la capacité d'innover et sur l'adaptabilité et la souplesse des organisations. Les nouvelles formules du succès économique, que les chefs de file du secteur privé et du secteur public du monde entier sont en train de définir, diffèrent fondamentalement des anciennes stratégies.
Depuis les années 1990, le Canada voit son niveau de vie perdre du terrain par rapport à celui d'autres pays avancés, comme les États d'Europe de l'Ouest, certains pays du « tigre asiatique » et même les États-Unis, du moins ces 10 dernières années, à cause de la croissance déclinante de sa productivité. Au seuil du troisième millénaire, le Canada a mis plus de temps que ses principaux concurrents à adapter sa structure institutionnelle au nouveau contexte économique. En conséquence, nous dépendons trop de notre dollar à bon marché pour soutenir la concurrence mondiale et nous risquons de perdre à la fois notre richesse traditionnelle et notre capacité de la redistribuer.
Face à cette évolution, le Comité s'est donné pour tâche de tracer une nouvelle voie pour l'économie canadienne. Nous proposerons des politiques qui permettront de franchir le pas entre notre passé industriel et la société novatrice et mondialisée de demain. Tout changement s'accompagne de bouleversements, c'est l'évidence, mais les propositions avancées par le Comité, sous forme de 36 recommandations, devraient rendre la transition aussi peu tumultueuse que possible. Au départ, le Canada possède une main-d'uvre instruite et une forte culture d'entreprise; les principales pièces du puzzle sont à notre portée, et il nous suffit de savoir les rassembler. Nous proposons un vaste programme axé sur la productivité, avec un volet « innovation », qui visera à créer un cadre de politique industrielle favorable à une économie du savoir, source de prospérité.
Le plan
Les trois parties de notre rapport portent sur la performance du Canada en termes de productivité, de compétitivité et de prospérité; les orientations stratégiques pour l'amélioration de la productivité dans une économie du savoir; et la productivité et la compétitivité dans quelques secteurs agricoles et industriels. Elles sont suivies des conclusions du Comité, qui découlent de ces trois parties. Le document comporte trois annexes : la première fait le point sur diverses définitions et notions de mesure de la productivité; les deux autres annexes sont celles qui accompagnement habituellement les rapports : liste des témoins entendus et liste des mémoires reçus. Nous recommandons aux lecteurs qui ne connaissent pas bien les notions de définition et de mesure de la productivité de lire d'abord l'Annexe 1.
Productivité, compétitivité et prospérité - la performance du Canada
La Partie 1 du rapport brosse un tableau détaillé de la productivité, de la compétitivité et de la prospérité, ainsi que de leurs rapports, au cours des trois dernières décennies. Le chapitre 1 examine la productivité du travail et la productivité plurifactorielle depuis 1966 et les compare à celles des autres pays du G7. Trois tendances inquiétantes y sont constatées : 1) un déclin quasi mondial de la productivité depuis 1973; 2) un écart de productivité croissant entre les secteurs manufacturiers canadien et américain; et 3) une piètre productivité des petites et moyennes entreprises (PME) au Canada.
Le chapitre 2 tente d'expliquer le déclin de la croissance de la productivité dans le monde depuis 1973. Les facteurs qu'il dégage sont une tendance à la baisse de la formation de capital et ce qui semble être une réaction tardive aux investissements dans les technologies de l'information et des communications. L'examen des raisons de l'augmentation de l'écart de productivité entre les secteurs manufacturiers canadien et américain depuis 1977 révèle, et c'est l'objet du chapitre 3, un écart grandissant entre les deux pays en matière d'innovation et un taux d'investissement plus faible au Canada. Le chapitre 4 porte sur l'innovation et la productivité des PME. Enfin, le chapitre 5 évoque les rapports entre productivité, compétitivité et prospérité, en insistant sur la performance relative du Canada dans chacun de ces secteurs depuis 30 ans. Sur le plan de la compétitivité des coûts, le Canada s'en est bien tiré face aux États-Unis, mais notre lourde dépendance à l'égard d'une devise qui se déprécie semble constituer une stratégie dangereuse, qui se traduit dans l'effritement du niveau de vie du Canada par rapport à celui d'autres pays du G7.
Orientations stratégiques pour améliorer la productivité dans une économie du savoir
La Partie 2 porte sur les facteurs économiques qui contribuent à la croissance de la productivité, en particulier sur ceux qui prennent de plus en plus d'importance dans une économie du savoir. Le chapitre 6 définit huit grands moteurs de la productivité, et il en décrit cinq. Les trois autres, considérés comme d'une importance capitale pour une économie du savoir, sont traités séparément dans les chapitres qui suivent. Les moteurs de la productivité examinés au chapitre 6 sont : l'exploration et la mise en valeur des ressources naturelles, les échanges internationaux et le commerce interprovincial, l'investissement national et l'investissement étranger direct, les capacités organisationnelles et les stratégies commerciales et, enfin, les cadres de la réglementation et de la politique de la concurrence.
Le chapitre 7 est axé sur l'activité principale de toute économie du savoir : l'innovation. Nous assistons actuellement à une explosion de l'innovation, alimentée par les progrès de la technologie de l'information et des communications et qui sera bientôt renforcée par d'importantes avancées en matière de biotechnologie. Les systèmes nationaux d'innovation y sont décrits, de même que la stratégie de R-D en fonction d'une économie du savoir. Enfin, ce chapitre évoque la protection accrue qu'il faut accorder à la propriété intellectuelle, et tout particulièrement aux brevets. Le chapitre 8 a pour sujet la ressource principale d'une économie du savoir : le capital humain. Il y est question de l'instruction, de la formation et de l'éducation continue qu'exigent les nouveaux milieux de travail, des faits et des problèmes qui entourent l'« exode des cerveaux » et des relations de travail. Le chapitre 9 examine la fiscalité -- premier levier d'intervention dans une économie du savoir (et dans toute économie) -- en commençant par les conditions macro-économiques et la voie à suivre pour assurer la stabilisation économique. Ce chapitre se poursuit par une discussion sur les composantes les plus importantes du régime fiscal fédéral -- les impôts sur les sociétés, sur les revenus des particuliers, sur les gains en capital -- pour ce qui concerne leurs effets sur la productivité. Tout en applaudissant à certains changements fiscaux annoncés dans le Budget 2000, le Comité souhaite l'adoption de mesures supplémentaires. Enfin, le chapitre 10 ajoute à cet amalgame le dernier-né des débats, celui sur l'éco-efficacité. Certains chercheurs très influents soutiennent que le conflit classique entre la croissance économique et la protection de l'environnement disparaîtra, ou du moins s'atténuera, une fois que sera en place l'économie novatrice du savoir grâce aux investissements et aux innovations qui stimulent la productivité tout en amoindrissant l'incidence de l'activité économique sur l'environnement.
Productivité et compétitivité dans quelques secteurs agricoles et industriels choisis
La Partie 3 donne un aperçu de la productivité et de la compétitivité dans un certain nombre de secteurs : agriculture, sylviculture, exploitation minière, gaz et pétrole, produits du pétrole, construction navale, construction automobile et industrie aérospatiale, technologies de l'information et des communications, et biotechnologie. Les chapitres 11 à 20 portent sur la contribution à l'économie et les structures de ces secteurs, les critères et la performance en termes de productivité et de compétitivité, les perspectives de l'industrie, ainsi qu'un examen des enjeux stratégiques.
Conclusion
La conclusion fait le point sur la situation du Canada en matière de productivité, de compétitivité et de niveau de vie, et elle renforce les principales recommandations du Comité. Le Comité est convaincu que leur mise en uvre impulsera la productivité canadienne et fera remonter notre niveau de vie au rang qu'il occupait dans les années 1960. Il est possible pour le Canada de retrouver la place qu'il occupait près du sommet. Nos recommandations serviront également à mieux préparer la population et les entreprises canadiennes à saisir les occasions et relever les défis d'une économie du savoir. Finie l'image des Canadiens « coupeurs de bois et porteurs d'eau ». La vision de demain suppose innovation et productivité, les fondements d'un Canada compétitif et prospère.