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INDU Rapport du Comité

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CHAPITRE 14 :


LE SECTEUR DES HYDROCARBURES

Contribution à l'économie et structure

Au Canada, le secteur des hydrocarbures se compose en gros d'un sous-secteur en amont, la production, et d'un sous-secteur en aval, le raffinage et la vente. Le premier comprend plus de 700 entreprises spécialisées dans l'exploration et la production ainsi que plus d'une centaine d'entreprises connexes qui se chargent de l'exploration séismique et du forage, des plates-formes de maintenance et des travaux d'ingénierie et de divers services scientifiques, techniques, industriels et de construction ainsi que de l'approvisionnement. En aval se trouvent les stations-service, les grossistes en produits pétroliers, les raffineries, les sociétés pétrochimiques, les services de distribution du gaz naturel et les responsables des réseaux de gazoducs et d'oléoducs.

Le secteur producteur d'hydrocarbures (surtout celui de l'Alberta), qui produit pour 35 milliards de dollars de pétrole et de gaz naturel, est l'une des locomotives de l'économie canadienne. Un représentant de l'Association canadienne des producteurs pétroliers (CAPP) a décrit les nombreuses activités de ses membres et leur contribution à l'économie :

Notre association, la CAPP, regroupe environ 175 sociétés différentes, dont la plupart sont situées en Alberta, mais sont présentes dans tout le Canada, et même dans le monde entier. Notre association produit environ 95 % du pétrole et du gaz naturel canadiens. L'année dernière, notre industrie a foré environ 10 500 puits; ce chiffre est en fait en recul par rapport aux deux ou trois dernières années. Nous prévoyons d'en forer environ 15 000 cette année. [...] Les impôts directs que nous avons versés aux gouvernements fédéral et provinciaux atteignent environ 2,5 milliards de dollars. Les redevances connexes et les taxes municipales portent ce chiffre à près de 6 ou 7 milliards de dollars. [William Friley, Association canadienne des producteurs pétroliers, 23:16:30]

Le secteur des hydrocarbures au Canada est axé sur l'exportation et est source d'innovation, d'emplois et d'activité économique dans le domaine de la haute technologie. En 1997, il employait directement quelque 83 000 personnes et, indirectement 130 000 personnes supplémentaires, grâce auxquelles des biens et des services ont été produits à son intention. Si l'on inclut le sous-secteur en aval, le secteur des hydrocarbures emploie 447 000 personnes environ. Compte tenu de l'expertise technique qu'appellent de nombreux emplois, il est sans doute le secteur canadien qui rémunère le mieux ses employés, la rémunération moyenne représentant plus du double du salaire moyen au pays. En outre, son effectif étant très instruit et hautement spécialisé, il est source d'innovations technologiques qui sont exportées un peu partout au monde.

Le Canada produit davantage de pétrole brut et de gaz naturel qu'il n'en consomme; il en exporte donc l'excédent, essentiellement vers les États-Unis. Les exportations de pétrole brut et de gaz naturel ont compté pour 12,8 milliards de dollars dans l'excédent qu'a dégagé la balance commerciale canadienne en 1998.

Productivité et compétitivité

Selon les représentants du secteur et les experts en la matière, le sous-secteur en amont dépend avant tout de la technologie. Le point de départ est le pétrole brut, qui, à l'état naturel, est un composé ne contenant que du carbone et de l'hydrogène; normalement peu corrosif, il peut l'être s'il contient des quantités significatives de soufre. Le pétrole brut peu corrosif se vend plus cher, car il est moins onéreux à raffiner, puisqu'il n'y a pas de soufre à enlever. Le poids et la densité du pétrole brut peuvent varier considérablement entre le bitume lourd et épais et le pétrole brut léger. Le brut lourd, plus épais, exige des procédures d'extraction plus complexes, tandis que le brut léger arrive plus facilement à la surface. Les réserves de pétrole léger ou conventionnel déclinent au Canada, et l'essor de l'industrie à base de brut lourd prend une importance croissante. Compte tenu de l'évolution de nos ressources, les réalisations du Canada en matière de technologie sont primordiales, comme l'a expliqué un représentant du secteur :

La technologie est le fondement même de notre secteur industriel. [...] Et la technologie est le secteur déterminant de toutes nos activités quotidiennes. Nous innovons dans des secteurs technologiques [...] et, si nous voulons assurer notre rentabilité, nous devons constamment mettre au point de nouvelles technologies. [...] Au large de la côte Est et [...] au début des années 1970, nous n'avions aucune idée de la façon dont on allait exploiter le pétrole brut et le gaz naturel de la région ni, à plus forte raison, de la façon de l'acheminer jusqu'aux marchés. Évidemment, nous allons produire des volumes importants de gaz naturel et de pétrole brut au large de la côte Est, ce qui représente un succès considérable du point de vue technologique. On assiste à une expansion rapide des activités dans le Grand Nord, en grande partie grâce à la technologie, qui permet de travailler dans un tel climat et d'acheminer le pétrole brut jusqu'au marché. Les sables bitumineux n'étaient pas rentables il y a 20 ou 25 ans. On pouvait difficilement les exploiter, compte tenu des prix en vigueur à l'époque. Aujourd'hui, il est question d'injecter 20 milliards de dollars de capitaux supplémentaires dans des projets de sables bitumineux au cours des cinq ou six prochaines années. [William Friley, 23:16:30-16:35]

Quelles que soient les mesures utilisées, le secteur des hydrocarbures est à forte intensité de capital, dont la source a été expliquée ainsi au Comité :

Le nombre de puits forés au Canada par année dépend des capitaux disponibles. Ces capitaux disponibles nous proviennent de deux sources. Au cours des 15 dernières années, les deux tiers des capitaux nous sont venus de revenus générés par la vente de pétrole et de gaz, et le reste -- plus ou moins un tiers selon les années -- provenait de nouveaux capitaux investis dans notre industrie. [William Friley, 23:16:45-16:50]

Il faut également obtenir du capital pour l'exploration et la R-D; en 1998, le secteur a dépensé près de 16,5 milliards de dollars au titre de l'exploration, du développement et de l'appareillage et a réinvesti près de 150 % de ses rentrées nettes de fonds. En collaboration avec le gouvernement, il a également établi le Environmental Research Advisory Council (ERAC), organisme responsable de la R-D pour tout ce qui touche les questions de production de pétrole brut et de gaz naturel dans l'Ouest du Canada. Depuis 1992, les promoteurs de l'ERAC ont versé plus de 6 millions de dollars au titre de la R-D et plus de 50 rapports ont été publiés, expliquant dans le détail les résultats des études sur les émissions atmosphériques, la gestion des déchets, le nettoyage des nappes d'eau souterraines et du sol et l'incidence des activités de l'industrie pétrolière d'amont sur l'environnement. Grâce à cette collaboration, des recherches rentables ont pu être menées, qui se sont directement traduites par de meilleures pratiques environnementales dans le secteur et ont également aidé les gouvernements fédéral et provinciaux à mettre sur pied des politiques et des règlements judicieux en matière écologique fondés sur des preuves scientifiques.

Enfin, à en juger par la figure 1.5, le secteur des hydrocarbures canadien est un secteur très productif de l'économie canadienne et est plus productif de 75 % que son homologue américain.

Perspectives et enjeux stratégiques

Le secteur canadien du gaz naturel et du pétrole brut, en amont, est très sain et bien positionné pour relever les défis d'aujourd'hui. Les producteurs canadiens sont à même de trouver de nouveaux créneaux et d'élargir leurs marchés, grâce au niveau modéré des coûts d'approvisionnement et à la fiabilité en matière de livraison et de transport par conduite des hydrocarbures au Canada. L'essor du secteur dépend de la compétitivité du bassin sédimentaire de l'Ouest canadien. Les perspectives semblent de plus en plus prometteuses dans le Grand Nord ou au large des côtes :

Nous avons à peine entamé les ressources présentes au nord du 60e parallèle, où, d'après nos estimations, il resterait encore environ 12 milliards de barils de pétrole. En Alberta, nous avons exploité environ les deux tiers du pétrole brut disponible, mais il nous reste encore 22 milliards de barils à produire dans cette province, près de 7 milliards de barils en Saskatchewan, et, comme vous le voyez, il reste environ 5,3 milliards de barils de pétrole brut à produire sur la côte Est, où nous avons à peine entamé les réserves. Tout cela représente donc un volume considérable d'activité. [...] Il y a encore 175 billions de pieds cubes ou BPC au nord du 60e parallèle. Vous remarquez que l'Alberta ne représente qu'un tiers du gaz naturel produit jusqu'à maintenant, et il reste environ 270 BPC dans cette province. Sur la côte Est, les réserves sont d'environ 75 BPC, et il y a encore beaucoup de prospection à faire dans cette région. Le volume des activités restera donc très important dans le domaine du gaz naturel. [William Friley, 23:16:30]

Le secteur d'amont au Canada est de toute évidence un preneur de prix sur le marché mondial. Le jeu de l'offre et de la demande mondiales, ainsi que les réussites et les échecs par lesquels se sont soldées les principales décisions des pays de l'OPEP déterminent les prix du pétrole brut et du gaz naturel. La compétitivité du secteur canadien se maintient donc grâce à la rentabilité des compagnies productrices, aux régimes de redevances des gouvernements ainsi qu'à la compétitivité du transport par oléoduc et gazoduc.

La question de l'accès aux territoires, qui concerne les revendications territoriales des Autochtones, est un sujet récent de préoccupation dont l'importance devrait aller croissant. Le secteur demande à l'État de s'occuper de la question :

Nous avons défini une procédure, et nous consacrons d'énormes efforts à la consultation des groupes autochtones concernés, mais c'est toujours pour nous une source de difficultés. Nous attendons des indications du fédéral et des provinces; les autorités gouvernementales doivent intervenir à la table des négociations pour nous venir en aide sur ces questions, qui modifient constamment le contexte dans lequel nous travaillons. Pour investir, nous avons besoin de perspectives à long terme et nous devons savoir à l'avance quelles seront les règles du jeu. [William Friley, 23:16:30]

Une réglementation gouvernementale stable et prévisible semble constituer la clé de la productivité et de la compétitivité du secteur.

Le Comité et la population canadienne ont vu récemment à quel point le secteur des hydrocarbures peut être incertain et instable. Alors qu'au cours des 2 ou 3 dernières années le prix du pétrole avoisinait les 10 à 12 $US le baril, ils connaissent depuis 6 mois une flambée et se situent aujourd'hui à plus de 30 $US le baril, et ce par suite de décisions prises par les pays de l'OPEP. Le secteur canadien, qui avait effectué des coupes sombres dans ses activités d'investissement et ses programmes de dépenses en capital a adopté une approche radicalement différente, et la rentabilité de ses investissements, qui avait atteint un creux inégalé, s'est rétablie. Le Comité reconnaît que le secteur canadien des hydrocarbures est l'un des secteurs les plus productifs au pays et est tout à fait compétitif par rapport à ses rivaux américains. Le gouvernement doit contribuer à la compétitivité du secteur en assurant la stabilité de l'offre. Le Comité recommande donc :

27. Que le gouvernement du Canada hâte les pourparlers avec les Premières Nations concernant le partage et la gestion des ressources, notamment l'accès aux territoires, et prenne l'initiative relativement à la résolution des revendications en cours des Autochtones dans les domaines des ressources pétrolières et gazières du pays.