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FEWO Rapport du Comité

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2. SÉCURITÉ ÉCONOMIQUE DES
FEMMES : GROUPES VULNÉRABLES

La sécurité économique signifie la capacité pour les femmes et les hommes de planifier en fonction des besoins et risques futurs et l’assurance que leurs besoins de base seront comblés[6].

INTRODUCTION

Il y a eu des améliorations importantes durant les dernières années en ce qui concerne la situation du faible revenu chez les femmes du Canada. Le taux de faible revenu chez les femmes a diminué de façon constante depuis le milieu des années 1990, tendance qui se manifeste dans toutes les provinces. Cependant, comme un représentant du ministère du Développement social[7] l’a précisé, « nous avons encore des défis de taille à surmonter : les différences entre les sexes dans les taux de faible revenu, particulièrement lorsque nous parlons des femmes âgées seules, des familles monoparentales dirigées par des femmes et des femmes handicapées[8] ».

Le Comité a décidé de porter une attention particulière aux femmes appartenant à des groupes vulnérables de la société tels que les femmes immigrantes, les femmes vivant en milieu rural, les femmes autochtones, les femmes ayant une incapacité, les femmes âgées, ainsi que les femmes chefs de famille monoparentale.

2.1. faible revenu chronique chez les femmes immigrantes

Selon un récent rapport de Statistique Canada intitulé Le faible revenu chronique et la dynamique du faible revenu chez les nouveaux immigrants[9], environ un cinquième des immigrants arrivés au Canada au cours des années 1990 se sont trouvés en situation de faible revenu chronique, soit un taux environ 2,5 fois plus élevé que celui observé chez les personnes nées au Canada. Même après dix années passées au Canada, les immigrants touchent des revenus considérablement plus faibles que ceux des personnes nées au Canada ou qui y sont établies depuis plus de 10 ans.

Figure 2.1 Taux de faible revenu des nouveaux immigrants et des membres du groupe de référence de 20 ans et plus, 1992 à 2004.

Taux de faible revenu des nouveaux immigrants et des membres du groupe de référence de 20 ans et plus, 1992 à 2004.

Source : Statistique Canada .Document de recherche no de catalogue 11-F0019MIF, no294

Sachant que les statistiques démontrent que, par rapport aux hommes, les femmes entrent davantage au Canada comme demandeurs de la catégorie du regroupement de la famille et agissent moins souvent comme demandeurs principaux dans les catégories « économique » et « humanitaire », le Comité a cherché à vérifier si les conditions de faible revenu chronique sont les mêmes pour les immigrantes que pour les immigrants.

2.2 Femmes vivant en milieu rural

Les femmes qui vivent en milieu rural sont confrontées à une réalité complexe où changements sociaux et transformation du marché du travail se côtoient. Il en résulte beaucoup d’incertitude en matière de sécurité économique. Certains enjeux comme la pauvreté chez les femmes vivant en milieu rural ainsi que la place importante qu’occupe la femme agricultrice au Canada ont attiré l’attention du Comité.

Notre collectivité agricole est actuellement dans une situation catastrophique. Nous avons de nombreuses questions à régler, non seulement des questions de nature agricole mais également des questions de caractère rural. C’est dans ce contexte que nous vivons. C’est notre culture et notre identité[10].

Pour ce qui est des distinctions entre les régions rurales et urbaines, les résultats sont intéressants :

Les femmes âgées vivant dans les régions rurales ont tendance à avoir des revenus plus faibles que leurs homologues dans les régions urbaines mais ont plus de chance de vivre avec leur époux ou un membre de la famille. Très peu de femmes âgées dans les collectivités rurales vivent seules donc cela modère cette situation[11].

Des problèmes de disponibilité et de difficulté d’accès aux ressources peuvent compromettre la sécurité économique liée au milieu rural. Des difficultés d’arrimage des compétences et des emplois disponibles soulèvent aussi des questions d’importance. Des femmes qui ont dû composer à un moment donné avec une maladie soudaine, un accident, une incapacité, de la violence ou des problèmes conjugaux se sont vues piégées dans une situation de pauvreté, particulièrement dans la mesure où les options offertes pour s’en sortir étaient vraisemblablement limitées.

2.3 Femmes autochtones

Les Autochtones du Canada constituent un groupe diversifié. Le Comité a entendu des représentantes des femmes des Premières Nations, des Métisses et des Inuites. Bien qu’un grand nombre de femmes autochtones vivent dans la pauvreté, il y en a aussi des milliers qui réussissent dans différents domaines partout au pays et elles dépassent les hommes autochtones au chapitre de la scolarité. Un bref regard jeté sur la situation des femmes autochtones au Canada donne l’impression que, malgré les gains obtenus par certaines femmes d’origine autochtone à quelques égards, bon nombre de leurs consœurs se retrouvent encore aux prises avec des taux de pauvreté et de violence :

Le pourcentage de femmes autochtones vivant dans la pauvreté représente plus du double de celui des femmes non autochtones qui sont pauvres. Au moment du recensement de 2001, selon les revenus avant impôt, plus de 36 p. 100 des femmes autochtones, comparativement à 17 p. 100 des femmes non autochtones, vivaient dans la pauvreté. Comme beaucoup d’autres femmes vivant dans la pauvreté, les femmes autochtones sont particulièrement touchées par les politiques d’aide sociale des gouvernements provinciaux et territoriaux. Les femmes autochtones travaillant dans les réserves peuvent ne pas être couvertes par le Régime de pensions du Canada[12].

2.4 Femmes ayant une incapacité

En 2001, près de 2 millions de femmes, soit 13 p. 100 de l’ensemble de la population féminine, avaient une incapacité. La population ayant une incapacité est très diversifiée au Canada, et les conséquences d’une incapacité peuvent être très différentes d’une personne à l’autre.

La probabilité que les femmes aient une incapacité augmente à mesure qu’elles avancent en âge. En fait, en 2001, 72 p. 100 des femmes de 85 ans et plus avaient une incapacité, comparativement à 50 p. 100 des femmes de 75 à 84 ans et de 32 p. 100 de celles de 65 à 74 ans. En outre, un peu plus de 800 000 femmes, soit près de 7 p. 100 des femmes de 15 ans et plus, avaient des incapacités considérées comme graves ou très graves[13].

Comme pour l’ensemble de la population, les niveaux d’emploi chez les femmes ayant une incapacité augmentent selon le niveau de scolarité. Parmi les diplômés universitaires aux prises avec une incapacité, 66 p. 100 des femmes et 64 p. 100 des hommes avaient un emploi en 2001. Les femmes ayant une incapacité et un niveau de scolarité inférieur étaient un peu moins susceptibles que leurs homologues de sexe masculin d’avoir un emploi. Par ailleurs, les femmes aux prises avec une incapacité étaient généralement moins susceptibles d’avoir un emploi que les femmes sans incapacité.

2.5 Femmes âgées

On a dit au Comité qu’au « cours des 25 dernières années, le faible revenu parmi les aînés, dont les femmes âgées, a été réduit considérablement, surtout en raison de l’arrivée du Régime de pensions du Canada à son plein rendement[14] ». Les femmes de plus de 65 ans sont encore plus susceptibles que leurs homologues masculins d’avoir un revenu faible. Cela est particulièrement vrai pour les femmes âgées célibataires, dont 19 p. 100 ont un revenu après impôt faible[15].

On a indiqué au Comité que :

À cause du nombre croissant de femmes qui participent au marché du travail, les futures cohortes de femmes se trouveront probablement dans une meilleure position financière à la retraite. Néanmoins, comparativement aux hommes, les femmes continueront à faire face à des défis à la retraite bien particuliers, dont une plus grande espérance de vie et l’attente qu’elles continueront de prodiguer les soins[16].

Figure 2.2 Incidence du faible revenu chez les aînés — Canada, 2003

Incidence du faible revenu chez les aînés — Canada, 2003

Source :    Conseil consultatif national du troisième âge, « Vieillir pauvre au Canada », série Aînés en marge, p.10.

Un représentant du ministère des Ressources humaines et du Développement social a indiqué que parmi les hommes et les femmes âgés de 45 à 64, presque deux fois plus de femmes modifient leurs arrangements de travail pour des raisons liées aux demandes de soins et elles sont plus nombreuses que les hommes à réduire leurs heures de travail[17]. En fait, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants a témoigné du lien existant entre la sécurité économique des femmes qui approchent la retraite et le soutien aux aînés.

Nous croyons qu’il est important pour assurer la sécurité économique des femmes, surtout celles qui sont âgées de 40 à 60 ans, qu’elles obtiennent de l’aide pour prendre soin d’un parent âgé[18].

2.6 Femmes chefs de famille monoparentale

La majorité des 1,3 million de familles monoparentales canadiennes étaient dirigées par des femmes seules (81,3 p. 100)[19]. Autrement dit, plus d’un million de femmes au Canada étaient chefs de famille monoparentale en 2001. Parmi celles-ci on compte également des femmes autochtones, immigrantes ou ayant un handicap.

Des situations de faible revenu guettent particulièrement les familles monoparentales. Des chiffres de Statistique Canada indiquent qu’en 2001 le taux de pauvreté chez les mères seules de moins de 65 ans était de 42,4 p. 100, comparativement à 19,3 p. 100 pour les pères seuls, à 9,5 p. 100 pour les couples avec enfants, et à 8,1 p. 100 pour les couples sans enfants[20].

Les femmes autochtones sont également beaucoup plus susceptibles d’être des mères seules que les autres femmes. En 2001, 19 p. 100 des femmes autochtones de 15 ans et plus étaient seules à la tête de leur famille, comparativement à 8 p. 100 des autres femmes.

Les femmes nées à l’étranger sont un peu plus susceptibles que les Canadiennes de naissance d’être chefs de famille monoparentale, et tout comme les Canadiennes de naissance, elles sont proportionnellement beaucoup plus nombreuses que leurs homologues de sexe masculin à être des parents seuls.

En 2001, 12 p.100 des 1,9 millions de femmes de 15 ans et plus qui vivaient avec une incapacité étaient des mères seules, alors que 3.3 p.100 des 1,5 millions d’hommes de plus de 15 ans ayant une incapacité étaient des pères seuls[21].

Figure 2.3 Répartition des familles au Canada,
selon le type de famille, par province et territoire, 2001

Répartition des familles au Canada,
selon le type de famille, par province et territoire, 2001

Source :          Conseil canadien de développement social, « Un profil des familles au Canada », Statistiques et Info du CCDS : Les familles au Canada, http://www.ccsd.ca/francais/statistiques/famille/familles.pdf.


[6]              Ministres responsables de la condition féminine. L’autonomie et la sécurité économique des femmes, un cadre stratégique fédéral, provincial, territorial. document d’orientation, mars 2001, p.vi.

[7]              Ce ministère a été ultérieurement fusionné pour devenir Ressources humaines et Développement social Canada (RHDSC).

[8]              Deborah Tunis, ministère du Développement social, Témoignages, 8 juin 2006.

[9]              Statistique Canada, Le faible revenu chronique et la dynamique du faible revenu chez les nouveaux immigrants, Garnett Picot, Feng Hou et Simon Coulombe.11F0019MIF, no 294, janvier 2007, p. 5 et 17.

[10]           Karen Fyfe, vice-présidente nationale des femmes, Syndicat national des cultivateurs, Témoignages, 29 mars 2007.

[11]           Colin Lindsay, Statistique Canada, Témoignages, 15 février 2007.

[12]           Monica Townson, Condition féminine Canada, La problématique de la pauvreté pour les Canadiennes, août 2005.

[13]           Statistique Canada, Femmes au Canada 2005, p. 12.

[14]           Susan Scotti, ministère du Développement social, Témoignages, 8 juin 2006. (Le ministère du Développement social a été fusionné à l’actuel ministère des Ressources humaines et du Développement social.)

[15]           Statistique Canada, Les femmes au Canada : rapport statistique fondé sur le sexe, 89 503 XPF, 2005, p. 143-144.

[16]           Susan Scotti, Développement social Canada, Témoignages, 8 juin 2006.

[17]           Statistique Canada, Femmes au Canada : rapport statistique fondé sur le sexe, 2006.

[18]           Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, Témoignages, 8 mai 2007.

[19]           Deborah Tunis, Développement social Canada, 8 juin 2006.

[20]           Sylvie Lévesque, directrice générale, Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec, Témoignages, 22 mars 2007.

[21]           Statistique Canada. Femmes au Canada : rapport statistique fondé sur le sexe, 2006, tableau 12.3, p. 317.