La Chambre reprend l'étude de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la troisième fois et adopté.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir d'intervenir dans le débat sur le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la protection des pêches côtières. Les modifications prévues dans le texte auraient pour effet de mettre en oeuvre l'Accord sur les mesures de l'État du port, qui interdirait l'importation de poissons pris et de plantes marines récoltées dans le cadre d'activités de pêche illicite, non déclarée et non réglementée et qui clarifierait certains pouvoirs relatifs à l'administration et à l'application de la loi.
Le Parti libéral du Canada appuie le projet de loi car il permettrait au Canada de lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, activité qui compromet également le gagne-pain de pêcheurs légitimes et du secteur de la pêche au Canada. Le projet de loi nous aiderait également à nous acquitter de nos obligations internationales aux termes de l'Accord relatif aux mesures du ressort de l'État du port visant à prévenir, contrecarrer et éliminer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture.
La pêche illégale, non déclarée et non réglementée mène à l'épuisement des stocks de poisson, la concurrence déloyale et des fluctuations de prix engendrées par une une imprévisibilité de l'offre attribuable à la pêche illégale dans les marchés étrangers. La pêche illégale, non déclarée et non réglementée compromet le gagne-pain de pêcheurs légitimes, comme je l'ai déjà dit, autant au Canada que dans le reste du monde. Le coût annuel estimé de cette pratique pour l'économie mondiale est de 10 à 23 milliards dollars américains.
Les libéraux ont conscience de la place prépondérante qu'occupe la pêche dans l'économie et la culture canadiennes. Sa contribution à l'économie canadienne équivaut à environ 5,4 milliards de dollars et à 71 000 emplois à temps plein. À notre avis, le gouvernement fédéral ne doit reculer devant aucun moyen pour mettre un terme à ce type de pêche et pour protéger le gagne-pain des Canadiens ainsi que les pêcheries et l'économie canadiennes.
Même si nous voyons d'un bon oeil les mesures figurant dans le projet de loi, le gouvernement n'en a pas moins compromis les programmes de surveillance et de contrôle des navires de pêche hauturière étrangers. Les conservateurs ont coupé 4,2 millions de dollars dans le budget de surveillance des bateaux de pêche étrangers circulant au large des côtes canadiennes, ce qui s'est traduit par la disparition de 23 équivalents temps plein et va faire passer de 1 000 à 600 les heures de vol et de 785 à 600 les jours de mer pour l'Organisation des pêches de l'Atlantique Nord-Ouest. Voilà ce que j'appelle empêcher sérieusement ces organisations de faire leur travail et de bien protéger les pêches canadiennes.
L'étude du projet de loi en comité a révélé que le gouvernement manque cruellement d'information sur l'ampleur réelle de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, que ce soit à l'intérieur comme à l'extérieur de la zone de 200 milles marins, ou sur les produits issus de ce type de pêche qui entrent dans les ports canadiens, et cela nous inquiète. En fait, c'est encore plus inquiétant lorsqu'on sait qu'en plus, le gouvernement a sabré dans la surveillance en haute mer. Selon nous, il s'agit de renseignements essentiels auxquels le milieu canadien de la pêche autant que les parlementaires devraient avoir accès.
L'Accord sur les mesures de l'État du port contribuera à harmoniser les mesures prises par les États, à accroître la collaboration régionale et internationale et à empêcher les produits issus de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée à se rendre jusqu'aux marchés canadiens et étrangers. Il inscrira également de nouvelles interdictions dans la Loi sur la protection des pêches côtières concernant l'importation de poissons et de produits de la mer pêchés illégalement, en plus de préciser en détail certaines dispositions relatives à l'administration et à l'application de la loi.
Le projet de loi avait été présenté une première fois à la 1re session de la 41e législature. Il portait alors le numéro .
Le projet de loi a été adopté par le Sénat et était à l’étape de la deuxième lecture à la Chambre des communes lorsqu’il est mort au Feuilleton à la suite de la prorogation du Parlement le 13 septembre 2013. Le projet de loi a été déposé au Sénat le 23 octobre 2013.
À l’instar des témoins du gouvernement qui ont comparu devant le Comité sénatorial permanent des pêches et des océans, les deux témoins indépendants ont aussi appuyé le projet de loi. Le comité sénatorial a renvoyé le projet de loi S-3 sans amendement le 9 décembre 2013. Le projet de loi a ensuite été déposé à la Chambre, et tous les partis l’ont appuyé au comité. Les personnes qui ont témoigné devant le comité de la Chambre ont également appuyé le projet de loi.
Le comité des pêches a renvoyé le projet de loi S-3 avec certains amendements le 29 avril dernier. Les amendements que le gouvernement a faits visaient principalement à éliminer certaines brèches que le libellé original avait laissé passer.
Ces amendements donnent le pouvoir d’adopter des règlements pour exiger de ceux qui appartiennent à une organisation régionale de gestion des pêches dont le Canada n’est pas membre qu'ils fournissent des documents ou les exigences en matière de suivi sur le commerce lorsqu’ils entrent dans des ports canadiens; pour imposer l’amende ou la peine prévue à cet article si les documents adéquats ne sont pas fournis; et pour autoriser les tribunaux à ordonner la confiscation des biens illégaux relatifs à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée qui ont été saisis ailleurs que sur le bateau de pêche.
Bien que les amendements aient reçu l'appui de la plupart des députés qui siègent au comité, il n'en demeure pas moins que ces députés avaient des questions et voulaient obtenir des détails sur ces amendements. Toutefois, le gouvernement n'a pas pris le temps ou n'a pas voulu répondre aux questions. Il a refusé de convoquer les fonctionnaires qui auraient pu répondre aux questions des députés qui siégeaient au comité.
À titre d'exemple, nous aimerions avoir des détails sur l'ampleur de la pêche illégale tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la limite des 200 milles du Canada. Nous n'avons pas pu obtenir de réponse à ce sujet; pourtant le gouvernement devrait y répondre. Peut-il fournir une réponse détaillée à cette question? Il est très important que les Canadiens obtiennent des réponses, et cela est d'autant plus important pour tous les Canadiens qui travaillent dans le secteur de la pêche, dans le secteur du poisson et des fruits de mer, et pour quiconque habite dans de petites localités côtières, comme les gens de Malpeque, la circonscription que je représente.
En outre, il y a lieu de s'interroger sur les pénalités: 100 000 $ pour les déclarations de culpabilité par procédure sommaire et 500 000 $ pour les déclarations de culpabilité par mise en accusation, est-ce suffisant? J'ai soulevé la question un peu plus tôt aujourd'hui. Si un gigantesque bateau de pêche battant pavillon étranger réalise des profits de millions de dollars en s'adonnant à la pêche illégale, une amende de 500 000 $ serait-elle suffisante? Je ne crois pas. Les tribunaux ont-ils une certaine marge de manoeuvre? Peuvent-ils imposer une amende plus élevée si cela est nécessaire? Nous l'ignorons, et le gouvernement n'a pas donné de réponse à ce sujet.
Pour des personnes qui s'adonnent à de vastes activités de pêche illégale, qui leur rapportent des millions de dollars, une amende de 500 000 $ équivaut à une simple réprimande. De la part d'un gouvernement qui se vante d'être sévère envers les criminels, ce n'est guère convaincant. De toute évidence, les amendes ne sont pas assez sévères, et le gouvernement ne nous a pas dit si les tribunaux seraient habilités, dans certaines situations, à alourdir les amendes imposées aux individus qui s'adonnent à ces activités illégales.
Le gouvernement n'a pas voulu qu'un juriste comparaisse devant le comité des pêches ou que celui-ci reçoive une analyse juridique de la situation. Par conséquent, le gouvernement dispose peut-être des renseignements juridiques pertinents, qu'il pourrait communiquer à la Chambre plus tard aujourd'hui par l'entremise de ses porte-parole.
D'autres éléments m'inquiètent aussi. D'une part, le gouvernement prend ces mesures pour ratifier l'Accord sur les mesures de l'État du port afin de dissuader la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, ce qui paraît vraiment bien. D'autre part, il sabre dans le budget du ministère des Pêches et des Océans destiné à la surveillance extracôtière.
En effet, les conservateurs ont réduit ce budget de 4,2 millions de dollars. Ces compressions auront pour effet de réduire considérablement les activités de surveillance aérienne et maritime au large de nos côtes. D'une part, le gouvernement donne l'impression qu'il fait quelque chose, alors que, d'autre part, il réduit le financement nécessaire pour mettre en oeuvre les mesures qu'il prétend vouloir adopter. Le gouvernement actuel nous a habitués à ce genre de comportement. Nous l'avons vu agir ainsi à de nombreuses reprises, et ce, dans de multiples dossiers.
Au Parti libéral, nous avons une fière tradition d'opposition à la surpêche illégale par des navires étrangers, et je m'en enorgueillis. J'ai déjà présidé le comité des pêches. J'avoue d'ailleurs que ce fut l'un des points forts de ma carrière parlementaire. Ce comité roulait rondement. Tous les partis travaillaient de concert pour formuler de nombreuses recommandations. Même les ministériels proposaient des motions qui faisaient la vie dure au gouvernement. Or, les choses ne se passent plus ainsi aujourd'hui. Pourtant, c'est ainsi que les comités de la Chambre devraient fonctionner.
Pendant un certain temps, j'ai aussi été secrétaire parlementaire. J'ai toujours été fier de représenter l'industrie de la pêche et les pêcheurs.
Pour en revenir au Parti libéral et à ce qu'il a fait lorsqu'il était au pouvoir, qu'il s'agisse de définir une zone de pêche de 200 milles afin de protéger les pêcheurs contre les chalutiers étrangers, d'élargir la portée de la Loi sur la protection des pêches côtières pour l'appliquer à la zone de réglementation de l'Organisation des pêches de l'Atlantique Nord-Ouest, de livrer la guerre du flétan noir ou d'être un membre actif du Groupe d'étude sur la pêche hauturière, un groupe de travail international voué à l'éradication de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée dans les zones océaniques qui ne relèvent pas du contrôle exclusif d'États étrangers, les libéraux se sont portés à la défense des pêches canadiennes contre la pêche illicite par des navires étrangers.
Beaucoup se souviendront de la fois où l'ancien ministre des Pêches, Brian Tobin, a porté ce problème à l'attention de la communauté mondiale. Voilà un gouvernement qui était prêt à intervenir dans l'intérêt des pêcheurs. Au lieu de simplement donner l'impression d'agir, nous avons réellement accordé des fonds et pris des mesures pour obtenir des résultats.
Il est crucial que le gouvernement du Canada agisse dans l'intérêt de l'industrie de la pêche. C'est d'une importance vitale pour le Canada atlantique, région d'où viennent bon nombre des députés, parce que bien des gens comptent sur une pêche saine pour gagner leur vie. Nous estimons tous, je le sais, qu'il s'agit d'une question très sérieuse. C'est d'une très grande importance pour les gens que nous représentons, peu importe notre allégeance.
Je reviens à ce que j'ai dit au début, et j'insiste là-dessus: les libéraux croient que l'industrie de la pêche joue un rôle vital dans l'économie et la culture canadiennes. Elle rapporte plus de 5,4 milliards de dollars à notre économie et emploie 71 000 Canadiens à temps plein. Chaque année, nous exportons pour plus de 4 milliards de dollars de poissons et de fruits de mer.
En fait, il n'y a pas si longtemps, la ministre des Pêches participait au Salon international des poissons et fruits de mer de Boston. Nous sommes nombreux à y avoir assisté au fil des ans, et les produits du poisson canadiens sont certainement mis en valeur lors de ce salon dans la région de Boston. Cet événement attire des gens de partout dans le monde, et il s'agit d'une excellente occasion pour les Canadiens de faire valoir le type de poisson de haute qualité que notre pays produit et exporte.
Je suis heureux de voir que le gouvernement fait des démarches pour mettre cet accord international en place. Je sais que les conservateurs ne sont pas particulièrement friands d'accords internationaux, alors c'est une nouvelle qui surprend un peu. Ils n'aiment pas particulièrement les Nations Unies. Néanmoins, après des années d'attentisme, je crois que nous pouvons être contents qu'ils se décident enfin à faire le pas.
Je me demande si d'autres représentants du gouvernement pourraient nous donner des détails concernant l'entrée en vigueur possible de l'accord, et nous dire le nombre de pays qui doivent encore le ratifier et quels pays ne sont pas particulièrement intéressés à le faire. Je rappellerai que le comité n'a pas eu assez de temps et n'a pas entendu assez de témoins pour lui permettre d'avoir des réponses à ces questions élémentaires. Que ces ordres soient venus de l'exécutif ou d'ailleurs, je n'en sais rien, mais ce n'était certainement pas la faute des députés de l'opposition.
Cette information est importante, et il est important que le Canada fasse tout en son pouvoir pour s'assurer que tous les pays du monde et tous les organismes régionaux de gestion des pêches prennent des mesures pour veiller à ce que la pêche soit pratiquée de façon appropriée. Je sais qu'au Canada, le thon rouge est une espèce de grande importance qui profite énormément à un grand nombre de collectivités côtières. Cette pêche se fait à la ligne — c'est la façon appropriée d'attraper ce poisson — et elle est bien gérée. Cette façon de pêcher le thon est viable et elle contribue au maintien en santé de la ressource. Mais tous les pays ne procèdent pas de la sorte. Certains utilisent d'énormes bateaux et d'énormes filets, ou pratiquent la pêche à la palangre ou d'autres méthodes non viables qui déciment les stocks de thon. Le thon est un grand migrateur. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour nous assurer que tous les pays de monde ont des pratiques de pêche viables et responsables.
Bien des espèces de poisson migrent, comme le thon. Ces poissons migrateurs peuvent être pêchés ailleurs par des méthodes abusives ou illicites, ce qui nuit sans aucun doute à la pêche au thon dans les eaux canadiennes. Les pêcheurs canadiens et ceux de nos pays partenaires gagneront à ce qu'on prenne les mesures nécessaires pour que la pêche soit durable et qu'elle soit faite légalement dans le monde entier. Nous avons besoin de cette information et de la poigne nécessaire pour faire adopter des pratiques de pêche responsables aux gens qui pratiquent la pêche abusive et illicite. En cela, le projet de loi serait utile.
En somme, le projet de loi devrait aider les pêcheurs que nous représentons. Il devrait être bénéfique pour l'industrie du poisson et des fruits de mer et pour l'avenir des pêches, autant ici qu'à l'étranger. Il devrait aussi permettre de stimuler l'économie canadienne et de protéger l'environnement.
En terminant, je dois dire que je suis content que le gouvernement ait enfin présenté ce projet de loi. Mon parti et moi-même l'appuyons avec plaisir, mais nous espérons que le gouvernement fournira les détails et l'information que les députés ont demandés. Nous sommes déçus qu'il ait réduit les crédits budgétaires consacrés à la surveillance extracôtière, sans compter les nombreuses autres compressions imposées au ministère des Pêches et des Océans dans les domaines des sciences, de la recherche, de la gestion des océans et de l'exécution de la loi.
En résumé, le projet de loi interdirait l'importation de poissons ou de plantes marines pris ou récoltés illégalement, élargirait le contrôle qu'exerce le Canada sur les bateaux de pêche étrangers qui cherchent à entrer dans les ports canadiens, donnerait à nos agents de protection des pêches une autorité et des pouvoirs d'application de la loi accrus, permettrait au ministre de communiquer de l'information concernant l'inspection des bateaux étrangers et faciliterait l'échange d'information entre Pêches et Océans Canada et l'Agence des services frontaliers du Canada en ce qui touche l'importation du poisson et des produits du poisson.
Je rappelle que nous appuierons ce projet de loi. Nous saisissons l'ampleur de ce problème et nous espérons que ce projet de loi sera adopté à la Chambre.
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Monsieur le Président, tout d'abord, je mentionne que je partagerai mon temps de parole avec le vaillant et intègre député qui représente la belle circonscription de , en Colombie-Britannique.
J'interviens aujourd'hui pour appuyer les modifications proposées à la Loi sur la protection des pêches côtières. Cette très importante mesure législative semble jouir de l'appui de plusieurs autres députés. J'espère que l'opposition joindra le geste à la parole et votera, comme nous, en faveur de l'adoption rapide de ce projet de loi.
En tant qu'ancien membre du comité parlementaire des pêches et doyen du comité de l'environnement, je comprends qu'il est capital de protéger les pêches des activités qui menacent leur pérennité.
Nous savons tous qu'il est ardu d'estimer précisément le total des prises de la pêche illégale. Il s'agit d'un marché illicite et, naturellement, les estimations sont peu fiables. Néanmoins, certaines études estiment que le volume total à l'échelle mondiale se situe entre 11 et 26 millions de tonnes chaque année. Comme on l'a dit un peu plus tôt, cela représente une portion considérable du volume total des prises dans le monde.
Le problème de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée est vaste et entraîne de graves répercussions sur les milieux marins et les pêcheurs respectueux des lois.
Le terme « pêche illégale » s'entend des pêches qui contreviennent aux mesures de conservation et d'application des organisations internationales de gestion des pêches. On parle de pêche non déclarée lorsque les activités ne sont pas signalées aux instances pertinentes ou qu'elles ont fait l'objet de fausses déclarations de la part d'un navire. Le terme « pêche non réglementée » se passe d'explication. Il s'agit des activités de pêche qui ne font pas l'objet d'une réglementation ou d'une surveillance adéquate par l'État du pavillon. Bien entendu, du point de vue de ceux qui se livrent à ces activités criminelles, ce genre de pêche présente de nombreux avantages, car ils n'ont à payer ni permis, ni taxes, ni droits sur les prises.
Les pays en voie de développement sont particulièrement vulnérables à l'exploitation illégale de leurs ressources. Le Canada s'est doté de la capacité d'appliquer efficacement ses règles, mais, en appuyant les efforts internationaux déployés pour bloquer aux brigands des mers l'accès aux ports, nous venons en aide à des pays qui sont en train de construire leurs infrastructures essentielles.
Lorsque des clients dans le monde entier commandent du poisson dans un restaurant ou qu'ils achètent du poisson dans un magasin, ils supposent probablement que ce poisson a été pêché de façon licite. Une fois que le poisson capturé de façon illicite entre dans la chaîne d'approvisionnement, il devient très difficile de savoir comment il a été pêché. Par conséquent, les modifications à la Loi sur la protection des pêches côtières renforceront davantage nos mesures de contrôle pour les produits de la pêche qui sont importés au Canada et que l'on soupçonne d'avoir fait l'objet d'une pêche illicite. Cela aidera non seulement les pêcheurs du Canada à protéger leurs intérêts économiques, mais aussi les pêcheurs d'autres pays à protéger leurs stocks de poissons.
En ce qui concerne les contrôles portuaires, il importe de souligner qu'enrayer le commerce des prises illégales est d'autant plus compliqué du fait que les bateaux n'ont pas à entrer dans un port pour débarquer leurs prises. Les bateaux de pêche plus petits peuvent transférer leurs prises, alors qu'ils sont encore en mer, sur des bateaux plus grands dotés de cales réfrigérées. C'est ce qui s'appelle le transbordement. Les criminels y ont recours pour cacher l'origine du poisson capturé de façon illicite. Au moyen du projet de loi , le Canada réglera cette question en élargissant la définition de bateau de pêche afin d'inclure tous les types de navires porte-conteneurs.
Un autre élément du problème de la pêche illicite, c'est l'utilisation des pavillons dits de complaisance. Certains pays autorisent en effet des bateaux étrangers à battre pavillon de leur pays, mais n'assument pas ou peu de responsabilité à l'égard des activités de ces bateaux. C'est en réaction à cette lacune en matière d'application des règles relativement à l'État du pavillon que d'autres mesures, comme les mesures de l'État du port à l'étude aujourd'hui, ont été proposées en tant que solution hautement efficace dans la lutte contre la pêche illicite.
La question de la pêche illégale est dans le collimateur de la communauté internationale depuis des années. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture a établi en 1995 un code de conduite pour la pêche responsable auquel ont adhéré environ 170 États membres, dont le Canada. En 2001, l'organisation a adopté un plan d'action international pour prévenir, contrecarrer et éliminer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.
Conformément à ce plan d'action, les États membres ont convenu que tous les États du port devaient adopter une approche concertée afin qu'il devienne plus difficile, pour les bateaux pratiquant la pêche illégale, de débarquer leurs prises sans craindre de répercussions graves. L'Accord sur les mesures du ressort de l'État du port visant à prévenir, à contrecarrer et à éliminer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée est un traité qui favorise la mise en oeuvre de ce plan d'action concerté.
Certains organismes régionaux de gestion des pêches dressent maintenant des listes des bateaux de pêche illégale dans lesquelles ils inscrivent des détails sur les bateaux qui ont soutenu ce type d'activité dans la région concernée. Cette politique de dénonciation des coupables est une autre façon de rendre difficile, pour les bateaux pratiquant la pêche illégale et pour leurs navires de soutien, de trouver des ports où débarquer leurs prises. Par ailleurs, avec les modifications que le projet de loi apportera à la loi, il sera plus facile pour les agents des pêches d'échanger avec l'Agence des services frontaliers du Canada et avec nos partenaires étrangers des renseignements sur ceux qui se rendent coupables de pêche illicite.
Aucune mesure ne suffira à elle seule à éliminer la pêche illégale. Il faut envisager l'utilisation de tous les moyens possibles, sinon la forte demande sur le marché et les prix élevés, en particulier pour ce qui est des espèces les plus recherchées dans le monde, auront pour effet de continuer d'inciter des gens à pêcher illégalement, ce qui sera à long terme nuisible pour les stocks mondiaux de poisson. C'est pourquoi le projet de loi vise à dissuader ceux qui pêchent illégalement en accordant aux tribunaux de nouveaux pouvoirs qui leur permettront d'imposer de lourdes amendes à ceux qui seront déclarés coupables.
Les raisons qui font que ce dossier est important pour les Canadiens et pour l'industrie canadienne de la pêche sont évidentes. Premièrement, comme le Canada est un pays qui prend ses responsabilités dans le secteur de la pêche, nous devons nous assurer de faire partie de la solution et d'être aux avant-postes de la lutte contre la pêche illégale, qui est également une priorité importante pour nos principaux partenaires commerciaux et nos principaux partenaires pour l'application de la loi. Deuxièmement, les effets de la pêche illégale dont j'ai parlé constituent un désavantage concurrentiel pour notre industrie, et nous devons faire notre possible pour que tout le monde soit sur un pied d'égalité. Troisièmement, nous avons tous intérêt à protéger la vitalité des océans de la planète.
Le projet de loi aurait pour effet de renforcer la Loi sur la protection des pêches côtières et de l'harmoniser avec les nouvelles normes mondiales définies dans l'Accord sur les mesures de l'État du port.
Évidemment, les États sont libres de prendre des mesures plus sévères que celles qui sont prévues dans cet accord. Et, dans le cadre des mesures que nous prenons pour respecter nos obligations sur la scène internationale, cette loi nous permettrait de protéger le gagne-pain des pêcheurs respectueux des lois, non seulement au Canada, mais partout dans le monde. Nous prendrions part aux efforts à l'échelle mondiale pour empêcher le poisson pêché illégalement d'arriver sur les marchés internationaux.
Les modifications législatives prévues dans le projet de loi permettraient au Canada de ratifier l'Accord sur les mesures de l'État du port et d'améliorer ses mesures de contrôle déjà rigoureuses pour lutter contre la pêche illégale et contre la vente des produits issus de cette activité néfaste.
C'est un pas important que le Canada doit franchir. J'exhorte tous les députés non seulement à parler de ce problèmes, mais également à appuyer comme moi ces modifications cruciales proposées à la Loi sur la protection des pêches côtières et à voter pour le projet de loi .
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui au sujet du projet de loi .
Il est très important d'adopter les modifications proposées dans le projet de loi afin que nous puissions faire tout en notre pouvoir en tant que chef de file mondial pour lutter contre la pêche illicite et ses effets nuisibles sur nos ressources océaniques. Ces modifications renforceraient notre système déjà solide en nous permettant d'exercer un contrôle à l'égard de nos ports et de nos importations de fruits de mer et appuieraient les efforts déployés par les nations aux vues similaires en vue de protéger les pêches à l'échelle mondiale.
En tant que Britanno-Colombien, je suis conscient de l'importance considérable que revêt le projet de loi en ce qui concerne la protection des intérêts économiques des pêcheurs respectueux des lois et la nécessité de prendre toutes les mesures possibles sur le plan environnemental afin d'assurer la viabilité de toutes les pêches.
Aujourd'hui, nous avons discuté de l'une des plus grandes menaces au maintien des réserves halieutiques mondiales, c'est-à-dire la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Il est dans l'intérêt de tous les membres de la communauté internationale de collaborer en vue d'assurer, à long terme, la préservation, la gestion et l'exploitation durable des ressources halieutiques et des autres ressources marines à l'échelle mondiale. Ces ressources sont extrêmement importantes parce qu'elles permettent à des millions de personnes de gagner leur vie et d'assurer leur sécurité alimentaire.
La lutte contre la pêche illégale se mène sur plusieurs fronts. Il faut coordonner efficacement les mesures prises par les États côtiers où se déroule une pêche illicite, les États du port, d'où le poisson suspect peut entrer dans les marchés, les États du pavillon, qui voient au respect des règles, et l'État d'origine des propriétaires et des capitaines de navires s'adonnant à une pêche illégale.
On considère que les mesures de l'État du port offrent une façon particulièrement rentable et efficace d'empêcher ceux qui pêchent illégalement de tirer profit de leurs activités. Il est donc clair que les pays doivent, individuellement et par l'entremise d'organisations régionales de gestion des pêches, poursuivre l'élaboration et la mise en oeuvre de mesures de l'État du port qui respectent le droit international.
Le Canada participe déjà aux efforts menés, à l'échelle internationale, pour réduire et ultimement éliminer la pêche illégale. Le Canada surveille attentivement les activités de pêche dans les eaux canadiennes, conformément aux dispositions de la Loi sur les pêches, de même que les activités des pêcheurs canadiens travaillant dans les eaux internationales.
De plus, grâce à la Loi sur la protection des pêches côtières, le Canada réglemente et surveille attentivement la pêche et les autres activités menées par les navires de pêche étrangers à l'oeuvre dans les eaux canadiennes et dans certaines zones de la haute mer.
À l'échelle internationale, le Canada contribue aussi à la protection des pêches par l'entremise d'INTERPOL. Des fonctionnaires de Pêches et Océans Canada participent au Programme INTERPOL sur les atteintes à l'environnement et au Groupe de travail sur la pêche illégale.
Que ce soit au sein de ce groupe ou d'autres organismes internationaux, le Canada ne cesse de réclamer un contrôle plus serré des navires dans les États où ils sont enregistrés et des mesures plus strictes contre quiconque facilite la vente de produits illégaux. Le Canada est reconnu un peu partout pour son expertise dans l'application axée sur le renseignement de la législation sur les pêches, et notamment pour son utilisation des technologies de pointe, comme les analyses numériques judiciaires.
Nous nous sommes engagés à faire profiter les autres pays de notre expertise afin de pouvoir mieux lutter collectivement contre la pêche illégale.
Je disais plus tôt qu'il est important de coordonner efficacement les mesures que prennent les États côtiers afin de bien contrer la pêche illégale. Le Canada s'est déjà doté d'un éventail rigoureux de mesures de contrôle portuaire des bateaux de pêche étrangers. Ceux qui pratiquent la pêche illégale évitent déjà de débarquer leurs prises au Canada à cause de nos vastes programmes de surveillance et d'application de la loi.
Or, tous les pays ne peuvent pas compter sur un régime aussi fort et aussi efficace que le nôtre. Il faut donc que s'installe une véritable collaboration entre les pays si on veut rendre la pêche illégale inintéressante du point de vue commercial.
C'est dans cet esprit que la communauté internationale a uni ses forces et négocié un traité définissant les normes auxquelles tous les pays doivent se conformer ainsi que les mesures qu'ils doivent prendre concernant les bateaux de pêche étrangers qui entrent dans leurs ports. C'est ce qui a donné l'Accord relatif aux mesures du ressort de l’État du port visant à prévenir, contrecarrer et éliminer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.
Afin d'éviter d'éventuelles lacunes dans l'Accord sur les mesures de l'État du port, les négociateurs ont essayé de s'assurer que toutes les situations rares ou propres à certaines régions du monde soient couvertes par le traité. Par conséquent, il n'est pas surprenant que, en examinant la Loi sur la protection des pêches côtières, nous ayons constaté que certaines dispositions de l'Accord sur les mesures de l'État du port doivent être harmonisées avec notre loi nationale. Le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui apporterait les changements nécessaires pour harmoniser notre loi existante avec ce traité clé.
Certes, l'objectif est de ratifier ce traité, mais les mesures proposées dans le projet de loi renforceraient et moderniseraient également notre loi au profit des Canadiens. En effet, il propose de resserrer les contrôles sur l'importation de poissons et de fruits de mer d'autres pays du monde, d'élargir les pouvoirs d'exécution de nos dévoués gardes-pêche dans l'exercice de leurs fonctions et de s'assurer que les gardes-pêche canadiens aient le pouvoir légal de partager les renseignements concernant les activités de pêche illégale avec les partenaires nationaux et internationaux responsables de l'exécution des mesures législatives applicables aux pêches.
En mettant à jour son régime de mesures de l'État du port déjà solide, le Canada donnerait l'exemple à d'autres pays à qui il reste des étapes à franchir pour se conformer au traité. Notre démarche montrerait que nous restons déterminés à continuer à lutter contre les activités de pêche illégale partout dans le monde et que nous encourageons d'autres pays à nous emboîter le pas. En outre, elle contribuerait à uniformiser les règles du jeu pour notre industrie qui doit composer avec les pratiques injustes et les prix faussés liés à la pêche illégale.
Comme nous le savons tous, c'est un problème très grave. La pêche illégale est un affront aux règles. Elle nuit énormément au milieu marin du monde, a des répercussions négatives sur les profits des pêcheurs respectueux de la loi et met en péril la sécurité des personnes à bord des bateaux. J'exhorte tous les députés à se joindre à moi pour appuyer le projet de loi afin que nous puissions ratifier cet important accord et restions un chef de file en matière de protection et d'intendance de la pêche mondiale.
Pour assurer la pérennité de notre industrie de la pêche et protéger les intérêts économiques de nos collectivités en général et de nos collectivités côtières, nous devons prendre des mesures maintenant, aujourd'hui.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de parler du projet de loi , Loi de mise en oeuvre de l’Accord sur les mesures de l’État du port, qui vise à modifier la Loi sur la protection des pêches côtières.
Le nom complet de l’Accord sur les mesures de l’État du port est « Accord relatif aux mesures du ressort de l'État du port visant à prévenir, contrecarrer et éliminer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture ». Cet accord, adopté en 2009, était le premier traité mondial mettant particulièrement l'accent sur le problème de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Il s'agissait, en quelque sorte, d'un accord historique. Il visait à mettre un terme à la dévastation causée par la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, qui est un fléau mondial et qui nuit considérablement à la viabilité des pêches partout dans le monde. En fait, on estime que le coût de cette pratique est de 10 à 23 milliards dollars. Nous devons y mettre fin.
J'ai mentionné un peu plus tôt qu'un groupe de travail dont le Canada faisait partie — le Groupe de travail ministériel sur la pêche hauturière illégale, non déclarée et non réglementée — avait parlé en 2005 de la nécessité de prendre des mesures immédiatement. Ce groupe avait publié un rapport intitulé « Les mailles du filet se resserrent ». Il s'agissait-là d'une étape importante. Puis, en 2007, il y a eu le traité. Nous sommes en 2015, et presque 10 ans se sont écoulés depuis que le groupe a parlé de la nécessité de prendre des mesures immédiatement. Pourtant, ce n'est que maintenant que nous tentons d'adopter des règlements en la matière, malgré l'importance de cette question.
Nous appuyons le projet de loi. Je tiens à ce qu'il soit clairement établi dans le compte rendu que le Nouveau Parti démocratique, l'opposition officielle à la Chambre, appuie le projet de loi car il reconnaît que la pêche illégale, non déclarée et non réglementée nuit aux pratiques durables des pêches légitimes, y compris au Canada, et constitue une concurrence déloyale en matière d'exploitation durable des produits de la mer.
Les modifications proposées contribueraient à la protection des pêcheurs et des localités de pêche contre la concurrence déloyale, mais elles constituent seulement la première étape dans la prévention de la pêche illégale. Lorsque nous aurons ratifié l'Accord sur les mesures de l'État du port, il nous faudra ensuite jouer un rôle de chef de file en encourageant d'autres pays à aller de l'avant avec l'accord.
Le dernier député qui a pris la parole a parlé de donner l'exemple. Cela fait huit ans que nous attendons d'en arriver à cette étape-ci. Si c'est ça, donner l'exemple, c'est un bien mauvais exemple. Il nous faut un gouvernement qui soit disposé à jouer un rôle de premier plan pour encourager d'autres pays, le plus vigoureusement du monde, à prendre au sérieux leurs responsabilités en leur qualité de gardiens de la planète.
Le problème touche principalement la pêche en haute mer, mais il faut également veiller à ce que tous les pays déploient d'importants efforts pour appliquer le règlement chez eux, dans leurs eaux territoriales, les eaux limitrophes ou les eaux où vivent des espèces qui se chevauchent.
Le bilan du gouvernement en matière d'application du règlement compte certaines lacunes. Nous savons qu'aux termes de l'accord de l'OPANO, le Canada a un rôle important en matière de surveillance et d'application. Cependant, ces dernières années, le nombre d'heures de vol d'aéronefs de surveillance est passé de 1 000 à 600 par année. C'est une diminution de 40 %. Nous avons également constaté que le nombre de jours passés en mer à mener des activités de surveillance a diminué de 25 %. Voilà qui illustre le manque de sérieux que le gouvernement accorde au problème important de la pêche illégale, autant dans nos propres eaux que dans les zones de l'OPANO et les zones où des stocks de poissons chevauchants passent des eaux internationales aux zones réglementées. Il est extrêmement important d'effectuer une surveillance maritime et aérienne afin de veiller à ce que tout écart soit repéré et de faire en sorte que notre régime d'application soit crédible et qu'il ait un effet dissuasif sur ceux qui souhaiteraient enfreindre la loi.
Nous, les habitants de Terre-Neuve-et-Labrador, connaissons trop bien les conséquences de la dévastation des stocks de poissons. Je pense qu'il vaut la peine de rappeler à tous les Canadiens l'histoire du moratoire sur la pêche à la morue, qui a commencé en 1992, et les effets dévastateurs de celui-ci, qui était le résultat de la surpêche, de la pêche non déclarée et de la pêche illicite. Il a eu des conséquences catastrophiques dans toute la région de l'Atlantique, mais en particulier dans ma province de Terre-Neuve-et-Labrador.
Je peux vous dire que, sur la côte Nord-Est de Terre-Neuve-et-Labrador et dans le Canada atlantique, la pêche de poissons de fond a diminué de 500 000 tonnes, et 12 000 pêcheurs ainsi que 15 000 travailleurs des usines de transformation de poisson ont perdu leur emploi en raison du moratoire sur la pêche à la morue. L'effondrement de la pêche à la morue en 1992 a fait perdre leur emploi et leur revenu à 25 000 personnes. Je vois mon collègue d'en face écouter attentivement. Dans une province comme Terre-Neuve-et-Labrador, une région côtière parsemée de petites collectivités, ces pertes ont été catastrophiques.
Imaginons un peu les effets dévastateurs d'un événement comparable sur le secteur de l'automobile en Ontario, par exemple, qui entraînerait la disparition du gagne-pain d'un aussi grand nombre de personnes. C'est ce qui s'est passé à la suite de l'effondrement des stocks de morue. Il en a résulté un dépeuplement d'une bonne partie de Terre-Neuve-et-Labrador, surtout des régions où les gens dépendaient largement de cette pêche. La population au large de la côte Nord-Est de Terre-Neuve, en particulier dans la péninsule Great Northern, a diminué. Les effets se font encore sentir aujourd'hui, puisque les stocks de morue ne se sont pas rétablis.
Le projet de loi est très important, car il fait bouger les choses. Comme je l'ai dit au début, cette mesure législative se faisait attendre depuis longtemps, mais nous ne la traitons pas avec toute l'urgence qu'elle mérite. C'est en 2012 qu'elle a été présentée au Sénat pour la première fois. J'ignore pourquoi elle n'a pas été renvoyée à la Chambre des communes, où les élus auraient probablement insisté pour agir avec toute la célérité nécessaire. Elle se retrouve donc ici, en 2015. Bref, ce projet de loi a été présenté pour la première fois en 2012 au Sénat, où il a atteint l'étape de la troisième lecture en 2013, mais en raison de la prorogation, il est mort au Feuilleton. Par la suite, il a été présenté de nouveau au Sénat, où il a été adopté, mais nous avons dû attendre jusqu'en février 2014 avant que la Chambre des communes en soit saisie.
Les néo-démocrates reconnaissent quelques changements notables. Nous sommes heureux de voir que les dispositions ont été modifiées pour prévoir des inspections afin d'empêcher l'entrée de poissons pris dans le cadre d'une pêche illicite, non déclarée et non réglementée dans les ports des États ayant ratifié le traité. Non seulement le projet de loi accorderait des pouvoirs d'inspection et de surveillance, mais il permettrait aussi d'établir un système de déclaration international pour surveiller les agissements des bateaux et des États qui participent à des activités de pêche illicite. Il s'agit là de mesures importantes, mais elles doivent être appliquées en collaboration avec tous les pays du monde, surtout ceux qui ont un bilan peu reluisant quand vient le temps de faire respecter les lois en matière de pêche par leurs citoyens. C'est un problème auquel se heurte le Canada, en particulier dans la zone de l'Organisation des pêches de l'Atlantique nord-ouest, mais il en a toujours été ainsi au large des côtés, jusqu'à ce que la limite des 200 milles soit établie, et même depuis.
La dévastation des stocks de morue au large de Terre-Neuve-et-Labrador et de la côte Nord-Est est très bien documentée. Un livre vraiment fascinant a été écrit en 1983 par un certain William Warner; ce livre s’intitule Distant Water. Il explique que l’arrivée des chalutiers-usines congélateurs dans les années 1950 jusqu’au début des années 1980 a permis de retirer 11 millions de tonnes de morue des eaux au large de la côte Nord-Est. L’avènement de méthodes de pêche qui dévastaient les océans en permettant de capturer les poissons reproducteurs et de pêcher dans les glaces au large du Labrador, et jusqu’aux États-Unis a entraîné une dévastation catastrophique de cette immense biomasse, qui est une source extrêmement importante de protéines pour la planète.
La population mondiale est actuellement en croissance. Nous devons pratiquer une pêche durable partout dans le monde. Il faut aussi qu’il y ait de la coopération internationale en haute mer pour nous assurer de la viabilité des pêches intérieures, comme celles en Afrique, qui connaissent des difficultés, parce que les lois ne sont pas appliquées. Il faut de la coopération en la matière. Il faut qu’il y ait un sentiment d’urgence, et le gouvernement doit se manifester à ce sujet. Or, je n’entends rien venant de l’autre côté. Une personne dira peut-être en faisant un commentaire sur le discours qu’il y a un programme ou un plan pour nous servir de l’influence du Canada.
Comme mon collègue vient tout juste de le dire, seulement 11 pays ont ratifié l'accord alors qu'il en faut 25 pour que celui-ci entre en vigueur. Les conservateurs se vantent du nombre de pays avec lesquels ils ont négocié et conclu des accords de libre-échange depuis leur arrivée au pouvoir, en 2006. Il y a lieu de se demander combien de fois ils se sont dit, dans le cadre de ces négociations: « Nous voulons faire des échanges commerciaux et des affaires avec d'autres pays. Nous sommes un pays côtier où la pêche est très importante et pour qui la coopération internationale dans ce domaine est essentielle, et nous voulons que l'Accord sur les mesures de l'État du port entre en vigueur. C'est pourquoi nous demanderons à tous nos partenaires commerciaux de le ratifier. »
C'est ce genre de pression que le gouvernement pourrait exercer s'il croyait qu'il est urgent de régler ce problème international et, par le fait même, d'assurer la pérennité de l'industrie de la pêche au Canada. La pêche est très profitable pour le Canada, Terre-Neuve-et-Labrador, la côte Ouest, les régions du Québec et les Grands Lacs. La pêche dans les eaux intérieures, bien qu'elle ne soit pas directement visée par ce projet de loi, est aussi très importante. Nous devons respecter les océans, nous devons assurer la pérennité de l'industrie de la pêche et nous devons prendre des mesures à cet égard.
C'est tout ce que j'avais à dire pour l'instant. J'aimerais ajouter que nous appuyons le projet de loi. Nous voulons qu'il soit adopté, mais nous voulons aussi que le gouvernement prenne des mesures concrètes afin que l'accord soit ratifié par 25 pays. Nous voulons que le Canada soit un leader dans ce dossier.