Passer au contenu
;

FAAE Rapport du Comité

Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.

PDF

RÉSUMÉ

 

On sait depuis longtemps que l’indépendance des médias est un élément essentiel d’une démocratie saine. Or, la validité de ce principe est de plus en plus contestée par des dirigeants qui présentent la presse libre comme un adversaire. L’évolution rapide du paysage médiatique mondial ne fait que compliquer les choses. Les médias qui effectuaient jusqu’à présent du journalisme d’enquête perdent leurs moyens d’expression, de même que les recettes générées par la publicité et les abonnements, au profit des plateformes de médias sociaux. Les médias indépendants, affaiblis, peinent à évoluer dans un contexte commercial de plus en plus difficile à une époque où leur profession est confrontée à une hostilité accrue.

Le Venezuela et le Myanmar sont des exemples flagrants de pays où l’univers médiatique est manipulé par le gouvernement et où la presse libre joue un rôle crucial de contrepoids face à un régime répressif. Dans ces deux pays, la presse indépendante est étouffée de manière systématique par le gouvernement, et ce, depuis longtemps. Par conséquent, dans les deux cas, en dépit des efforts les plus créatifs et les plus courageux, les membres des médias indépendants ne peuvent pas produire l’analyse critique qu’ils sont censés effectuer.

Au Venezuela, la fermeture de certains médias par le gouvernement a été combinée à l’intimidation et à l’arrestation de journalistes qui ont critiqué le parti au pouvoir. L’infrastructure médiatique a presque entièrement été détournée par l’État, ce qui permet au gouvernement de bloquer l’accès à Internet, à la télévision et à la radio à des moments stratégiques afin d’y diffuser ses propres messages. Cette monopolisation des médias empêche les Vénézuéliens d’avoir accès à de l’information pertinente en temps opportun au sujet des événements importants qui se produisent dans leur pays, ce qui les incite à chercher d’autres sources d’information.

Malgré les promesses de démocratisation faites récemment, le gouvernement du Myanmar et son armée continuent de réprimer la presse indépendante. En effet, des journalistes ont été inculpés sous le régime de vagues lois sur la diffamation, notamment pour avoir fait des reportages sur des zones de conflit du pays. Les journalistes se heurtent aussi à l’hostilité de groupes radicalisés qui appuient farouchement le parti au pouvoir et qui bénéficient de l’indifférence ou de l’accord tacite du gouvernement. Au Myanmar, le réseau social Facebook est le principal moyen d’échange d’information en ligne. Certains estiment que les algorithmes et le flux d’agrégation de Facebook estompent la distinction entre les reportages provocateurs et le journalisme. En outre, certains font valoir que Facebook a été un instrument essentiel de la propagation du discours haineux qui a exacerbé le génocide dont a été victime la communauté rohingya.

Entre le 27 novembre 2018 et le 28 février 2019, le Sous‑comité des droits internationaux de la personne du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de la Chambre des communes (le Sous‑comité) a mené une étude sur l’état de la liberté de la presse dans le monde, au cours de laquelle il a entendu des témoins bien renseignés sur l’univers médiatique au Venezuela et au Myanmar. Parmi les témoins, on compte des journalistes, des membres d’organisations non gouvernementales et le rapporteur spécial sur la liberté d’expression de la Commission interaméricaine des droits de l’homme.

À la lumière des témoignages entendus, le présent rapport formule six recommandations. En premier lieu, le Sous‑comité exhorte Affaires mondiales Canada à continuer de dénoncer les violations à la liberté d’expression des défenseurs des droits de la personne au Venezuela, au Myanmar et ailleurs. En deuxième lieu, le Sous‑comité recommande que le gouvernement du Canada offre une aide pratique aux États qui envisagent d’adopter, de modifier ou d’abroger des lois qui concernent la liberté d’expression, l’utilisation d’Internet, la protection des renseignements personnels et la pratique du journalisme, pour faire en sorte que ces lois ne soient pas trop générales et qu’elles ne puissent pas être facilement utilisées à mauvais escient. En troisième lieu, le Sous-comité recommande qu’Affaires mondiales Canada demande à ses ambassades de jouer un plus grand rôle de promotion de la liberté de la presse, y compris en protégeant les journalistes dont la sécurité est menacée, par exemple en faisant la lumière sur des cas particuliers ou en leur offrant le refuge. En quatrième lieu, le Sous‑comité recommande au gouvernement du Canada d’appuyer les journalistes qui œuvrent dans des contextes médiatiques hostiles au moyen de programmes de formation, de soutien pratique et d’occasions de réseautage. En cinquième lieu, le Sous-comité recommande que le gouvernement du Canada trouve des occasions d’appuyer des programmes visant les compétences médiatiques par l’intermédiaire de son aide financière au développement international. En dernier lieu, le Sous-comité recommande d’appuyer la création d’un poste de conseiller spécial à la protection des journalistes aux Nations Unies.