:
Monsieur le Président, maintenant que Leurs Majestés ont quitté la région de la capitale nationale, nous pouvons vraiment disséquer le discours du Trône présenté par le gouvernement hier.
Hier, les Canadiens ont entendu un discours du Trône assez réussi en ce qui concerne les slogans et les belles paroles, mais terriblement vide de contenu: il n'y avait absolument aucun détail, pas l'ombre d'un plan. Bien souvent, les députés ministériels se défendent en disant que les détails suivent dans les mesures législatives. Même s'il y a peut-être du vrai dans cette affirmation, habituellement, un discours du Trône nous donne au moins une indication claire de ce que ces mesures législatives feront. Autrement dit, cet exercice nous donne une idée de la façon dont le gouvernement atteindra les objectifs qu'il s'est fixés. Or, absolument rien de tel n'a été révélé hier.
On nous a dit que le gouvernement veut faire bâtir davantage de logements, mais il n'a fait que parler d'augmenter le nombre de fonctionnaires qui administrent des programmes à Ottawa. Il n'a été aucunement question d'encourager les municipalités à accélérer les processus d'aménagement et à réduire les droits connexes. Le gouvernement a copié et collé de nombreux éléments de la plateforme des conservateurs; je pense notamment à l'élimination de la TPS sur la construction de logements neufs. Certains qualifieraient cela de plagiat, un sujet auquel le n'est pas complètement étranger.
Les libéraux ont dû oublier quelque chose lorsqu'ils ont copié-collé le programme conservateur parce qu'ils en ont accidentellement sauté des bouts. J'utilise ici l'adverbe « accidentellement » de façon sarcastique. Ils ont beaucoup limité l'application de cette politique. Notre programme aurait fait baisser la TPS sur les maisons neuves, un point c'est tout, mais les libéraux ont limité cette mesure à l'achat de certaines maisons neuves seulement. Ils n'ont pas du tout expliqué comment ils allaient alléger les formalités administratives et réduire les taxes.
Le a écrit un livre intitulé Value(s), où il se définit comme un être humain. Dans ce livre, non seulement il déclare son amour pour la taxe sur le carbone, mais il se vante également de son expérience en matière d'augmentation des coûts, non seulement pour les Canadiens, mais aussi pour les citoyens du monde entier.
Voilà ce que le à son actif: un stratagème d'investissement mondial qui permet à des banquiers chics et à une élite puissante de faire un tour de passe-passe. Le premier ministre a même expliqué comment il a profité de ce stratagème. Au cours d'une entrevue où il faisait partie d'un groupe d'experts, il a décrit le fonctionnement de ce tour de passe-passe. Premièrement, lui et des gens comme lui ont accès à des responsables des politiques et à des décideurs influents dans le monde entier. C'est ce qu'il a dit. Il utilise cet accès pour faire pression dans le but de faire modifier la réglementation.
Autrement dit, le a l'occasion de prendre un verre de vin ou de manger un canapé avec un représentant du gouvernement d'un pays et, en discutant, il les convainc d'apporter des changements à la réglementation, puis il investit dans les entreprises à qui ces changements sont profitables.
Dans l'exemple donné par le , il était question de pressions exercées sur le gouvernement du Royaume‑Uni pour lui faire imposer une nouvelle exigence à l'égard du carburéacteur. Il n'y avait pas de marché pour la nouvelle exigence. S'il y avait un marché naturel à cet égard, les compagnies d'aviation apporteraient elles-mêmes les changements concernant le carburéacteur. Le premier ministre a expressément exigé qu'un certain pourcentage de ce carburant d'aviation provienne d'une source d'énergie non classique. Pourtant, s'il y avait un marché pour cela, si ce produit non classique était plus efficace ou moins cher, les entreprises le choisiraient d'elles-mêmes. Elles n'auraient pas besoin qu'un organisme de réglementation leur dise de le faire. Il n'y avait pas de marché. Pourquoi? Parce que les coûts augmenteraient. Ces coûts seraient ensuite refilés aux consommateurs, et moins de gens auraient les moyens de prendre l'avion.
Le cherche donc à convaincre le décideur de faire mettre en place une règle dont on ne peut pas faire abstraction. Comme le produit ne répond pas aux exigences ou aux besoins du marché, on mobilise les vastes pouvoirs du gouvernement pour obliger les compagnies d'aviation à incorporer un certain pourcentage d'énergie non classique dans leur carburant. Ces coûts supplémentaires sont refilés aux passagers, et moins de gens ont les moyens de se payer des billets d'avion.
Le convainc le décideur que tous les avions à destination ou en provenance d'un aéroport britannique doivent comporter un certain pourcentage d'un carburant donné. Il trouve ensuite une entreprise qui fabrique un produit énergétique non classique. Cette entreprise, qui ne réalisait aucun profit avant le changement de réglementation, a désormais un énorme marché pour le produit énergétique non classique qu'elle fabrique. Du jour au lendemain, elle pourra le vendre à une foule de compagnies aériennes qui desservent le Royaume‑Uni. Son marché explosera. Que fait le premier ministre? Il investit dans cette entreprise.
Non seulement le exerce des pressions pour que le changement soit apporté, mais il investit ensuite dans l'entreprise, ce qui lui rapporte des millions. Les députés n'ont pas à me croire sur parole: le premier ministre l'a lui-même admis avant de présenter sa candidature à la chefferie du Parti libéral.
Monsieur le Président, imaginons un scénario semblable qui toucherait une autre facette du gouvernement, n'importe laquelle. Imaginons qu'un copain est propriétaire d'une entreprise d'asphalte qui est peu profitable, pour une raison quelconque. Peut-être que son entreprise vend un additif pour l'asphalte, mais qu'il n'y a pas vraiment de marché pour ce produit; les villes et les municipalités rurales ne pensent pas en avoir besoin, et l'entreprise ne produit rien d'utile pour les automobilistes ou les contribuables de la région.
Monsieur le Président, imaginons que quelqu'un profite d'un accès privilégié pour passer du temps avec des ministres ou des fonctionnaires. Imaginons que, malgré l'absence d'un marché pour le produit en question, il les convainque de faire adopter une règle pour qu'il soit obligatoire d'intégrer ce produit à la totalité de l'asphalte posé dans un secteur, puis qu'il investisse dans l'entreprise qui le fabrique. Si un élu agissait de la sorte, il ferait probablement l'objet d'accusations criminelles. Il ferait probablement l'objet d'une enquête pour corruption. Pourtant, c'est exactement ce que le a fait au cours de sa carrière dans le secteur privé: il s'est servi de son accès à des représentants de gouvernements pour militer en faveur de changements grâce auxquels il ferait des investissements qui lui rapporteraient des millions. Voilà qui est le premier ministre.
Dans le discours du Trône, on ne retrouve aucune mention des moyens utilisés pour réaliser de grands projets. Rappelons-nous que c'est le gouvernement libéral qui a annulé de grands projets énergétiques comme les oléoducs Northern Gateway et Énergie Est. Northern Gateway nous aurait donné accès aux marchés asiatiques, puisque c'était le trajet le plus court entre le point d'extraction des hydrocarbures et le port en eau profonde le plus proche pour leur expédition vers des pays comme l'Inde, la Chine et le Japon. Or, la population de ces pays, tout comme leur classe moyenne d'ailleurs, est en plein essor. À l'heure actuelle, bon nombre de ces pays achètent leur énergie à des producteurs d'hydrocarbures qui ne partagent pas nos valeurs. Ces pays producteurs sont dirigés par des dictateurs et des régimes qui violent les droits des femmes et des minorités religieuses et qui attisent des guerres et des activités terroristes non seulement dans leur région, mais dans le monde entier. Parce que les libéraux ont annulé ces projets d'oléoducs, le Canada n'est plus en mesure de répondre à la demande de ces marchés. Le discours du Trône ne présente aucune mesure pour abroger les terribles mesures législatives des libéraux ou soutenir ces projets.
Le affirme être l'homme qui a un plan. Les slogans ne sont pas aussi efficaces que les plans. Pourtant, il n'y a pas de plan. Le premier ministre a ensuite dit aux Canadiens qu'il ne déposera même pas de budget avant six mois. Examinons toutes les catastrophes économiques qui affligent les Canadiens: une crise de l'inflation, une crise du coût de la vie, une crise du logement, ainsi que la dette et les déficits énormes accumulés par les gouvernements libéraux. Le gouvernement libéral dépense plus pour le service de la dette que pour les soins de santé. Autrement dit, il paie davantage d'intérêts aux banquiers et aux créanciers obligataires.
En dépit de toutes ces crises, alors qu'il a lui-même dit qu'il fallait agir rapidement et que le Canada devait commencer à s'attaquer à ces problèmes le plus rapidement possible, le dit aux Canadiens qu'ils devront attendre six mois avant d'obtenir ce plan. Je ne connais aucun conseil d'administration au pays qui maintiendrait un PDG en poste si, en pleine crise, ce dernier disait: « Je sais que nous traversons une crise, mais ne vous inquiétez pas, j'ai un plan. Je vous le présenterai dans six mois. » Je pense qu'aucun conseil d'administration ne maintiendrait en poste un PDG qui a demandé un délai de grâce de six mois pour commencer à régler un problème.
Le affirme vouloir bâtir, mais il refuse d'abroger les lois qui nous empêchent de bâtir. Il refuse de s'engager à abroger la loi , la loi anti-pipeline. Il refuse d'abroger la loi , le moratoire relatif aux pétroliers qui empêche le pétrole de l'Ouest canadien d'être acheminé aux marchés mondiaux. Il maintient le plafond énergétique, le plafond de production et la taxe sur le carbone pour les industries. Nous nous retrouvons donc dans une situation où les métallurgistes, les travailleurs de l'aluminium et les fabricants canadiens doivent s'inquiéter de la concurrence des fabricants américains, qui ne sont pas assujettis à une taxe sur le carbone au sud de la frontière. Ma collègue de a soulevé un excellent point hier quand elle a fait remarquer que dire que nous allions nous battre avec les Américains tout en maintenant une taxe sur le carbone pour les industries, c'est comme forcer les travailleurs canadiens à se battre avec une main attachée derrière le dos. Le Canada ne sera pas en position de force si le gouvernement maintient la taxe sur le carbone pour les industries.
Le a dit avec désinvolture: « Quand avez-vous acheté une bonne quantité d'acier exactement? » Ne se rend-il pas compte que l'acier est présent dans beaucoup de produits que les Canadiens achètent assez régulièrement?
La dernière fois que j'ai ouvert mon réfrigérateur, il contenait de l'acier; la voiture que je conduis contient de l'acier; de nombreux composants d'appareils ménagers contiennent de l'acier; et de nombreux matériaux utilisés pour la construction de maisons neuves nécessitent de l'acier. Les Canadiens ont continuellement besoin d'acheter une foule de produits qui contiennent de l'acier. Cet acier pourrait être fabriqué au Canada, et nous pourrions en exporter une partie aux États-Unis et dans le monde entier si les fabricants canadiens pouvaient profiter d'un avantage concurrentiel et n'avaient pas à payer cette taxe sur le carbone. L'attachement irrationnel du à la taxe sur le carbone — qu'il maintient dans le secteur industriel — est en contradiction directe avec tout ce qu'il a dit au sujet de l'aide qu'il allait apporter au Canada pour lui permettre de riposter en position de force. Il va nous imposer des taxes plus élevées et un durcissement des régimes de réglementation.
On ne parle pas d'abroger les lois laxistes en matière de criminalité, celles découlant des projets de loi et , qui ont fait déferler une vague de criminalité d'un océan à l'autre. Ces deux projets de loi ont réduit les peines infligées aux délinquants dangereux et récidivistes de façon draconienne, ce qui a provoqué cette vague de criminalité. La criminalité n'est pas comme la météo — un peu plus d'humidité un jour et quelques voitures volées de plus le lendemain. La criminalité est le résultat direct des politiques en matière de justice. Lorsque le Parti libéral est arrivé au pouvoir et a commencé à abroger les peines minimales obligatoires et à obliger les juges à accorder la liberté sous caution au lieu d'emprisonner certains des délinquants les plus notoires et les plus dangereux du pays, nous avons constaté une corrélation directe avec l'augmentation de la criminalité.
La même chose s'est produite avec la crise des drogues. Nous avions un gouvernement qui a décidé de prendre l'argent des contribuables. On peut penser aux contribuables qui travaillent dur, qui font des quarts supplémentaires, qui font de longues heures, qui passent moins de temps avec leurs enfants et leur famille parce qu'ils se démènent et s'efforcent d'améliorer leur qualité de vie, et qui savent que, quand l'argent des impôts était prélevé directement de leur paie, une partie servait à acheter des opioïdes dangereux pour les distribuer dans les communautés, et que ces drogues se sont retrouvées entre les mains de trafiquants. Pour ces Canadiens qui ont du mal à joindre les deux bouts, c'est le comble de l'insulte quand ils découvrent que l'argent de leurs impôts a servi à subventionner la distribution de drogues dans les communautés.
Il s'agit simplement des mêmes vieux arguments, présentés dans un nouvel emballage. Les libéraux essaient de faire un énorme tour de passe-passe aux Canadiens. Ils prétendent que s'ils changent un peu leur discours, s'ils ont un nouveau chef avec un nouveau nom tout en gardant les mêmes ministres et les mêmes politiques, les Canadiens croiront que la situation a vraiment changé. Pourtant, il est facile de faire des changements superficiels. Les libéraux peuvent bien changer leurs arguments et se mettre à imiter certains des propos tenus par d'autres partis politiques, comme ils l'ont fait lorsqu'ils ont repris les idées des conservateurs. Il est facile d'enfiler des chaussures noires et des chaussettes normales et de prétendre que tout sera différent. Cependant, les questions qui touchent réellement la vie des Canadiens ne sont pas superficielles. Ce ne sont pas des mots sur des bouts de papier. Ce n'est pas la grande prose d'un monarque en visite au Sénat pour y lire un discours du Trône. La vie des Canadiens change en fonction des lois, de la fiscalité et des règlements que les gouvernements établissent. Jusqu'à présent, nous n'avons absolument aucune indication qu'il y aura des changements significatifs sous la gouverne de ce .
Le discours du Trône ne parle absolument pas de libérer le potentiel de nos entreprises et de nos ressources, mais voilà ce que feront les conservateurs. La meilleure façon de lutter contre ce qui menace notre pays, c'est de nous mettre en position de force.
[Français]
C'est facile d'utiliser de belles paroles et de faire de grands discours, mais, la réalité, c'est que la qualité de vie des Canadiens est uniquement changée par les politiques d'un gouvernement, et non par les discours dans une Chambre ou dans l'autre. Ce sont les projets de loi et les décisions des ministres qui vont vraiment changer la qualité de vie des Canadiens. Pour le moment, il n'y a aucune indication que le gouvernement va offrir aux Canadiens un vrai changement.
[Traduction]
Au cours de cette législature, nous nous battrons pour le plan que les conservateurs ont proposé aux Canadiens lors des dernières élections. Nous miserons sur le succès de notre chef, Pierre Poilievre, qui a obtenu 42 % des suffrages, grâce à des millions de Canadiens qui ont voté pour le Parti conservateur pour la première fois.
Je sais que mes collègues conservateurs seront d'accord avec moi sur ce point. Je peux garantir que lorsque nous faisions du porte-à-porte pendant les dernières élections, nous avons tous rencontré des gens qui nous ont dit qu'ils n'avaient jamais voté pour les conservateurs avant, et bon nombre d'entre eux ont dit qu'ils n'avaient même jamais voté. Dans la vision de notre chef, Pierre Poilievre, ils ont vu quelque chose qu'ils n'ont pas vu depuis une génération chez les libéraux: l'espoir que la promesse du Canada puisse être rétablie, que le travail acharné puisse porter ses fruits, qu'il soit possible de gagner un bon chèque de paie qui permet de s'acheter non seulement les produits de première nécessité, mais également des petits luxes. Les Canadiens ont vu la conviction que chaque génération qui suivra se portera mieux que la précédente parce que notre pays continuera de croître et de devenir meilleur.
À cause des politiques du gouvernement libéral, nous avons perdu cet espoir depuis 10 ans. Bien que le Parti conservateur ait encore du travail à faire pour remporter les prochaines élections, je peux assurer aux députés que notre chef, Pierre Poilievre, continuera de souscrire à cette vision d'espoir et à cette promesse d'une meilleure vie pour les Canadiens.
Entretemps, nous allons rigoureusement exiger des comptes du gouvernement. Il est de notre devoir d'examiner, poste budgétaire par poste budgétaire, chaque dollar dépensé, chaque dollar d'impôt que paient les Canadiens et chaque atteinte à leur liberté. Pour toute décision prise par le gouvernement, nous ferons notre travail, non pas pour nous-mêmes, non pas parce que nous formons l'équipe des bleus et eux l'équipe des rouges, mais pour les Canadiens qui, chaque jour, doivent travailler, payer les dépenses du gouvernement, rembourser sa dette et composer avec les terribles résultats des politiques désastreuses qui nuisent à notre pays depuis si longtemps.
De plus en plus de Canadiens réclament un gouvernement qui fait passer l'intérêt des travailleurs canadiens, du secteur canadien de l'énergie et des familles canadiennes en premier. Voilà ce pour quoi l'opposition conservatrice se battra jour après jour, tant et aussi longtemps que durera la législature actuelle.
Je termine avec la réflexion suivante. J'ai trouvé le discours du Trône très décevant, non seulement pour les parlementaires, mais pour les Canadiens eux-mêmes. De nombreuses difficultés économiques se profilent à l'horizon, voire ravagent des communautés partout au pays. La Banque TD prédit qu'une récession surviendra d'ici peu et entraînera des milliers de pertes d'emplois. Le ministre du cabinet fantôme responsable du logement a parlé plus tôt aujourd'hui d'un phénomène que seul le Parti libéral du Canada aurait pu créer, où les prix sont si élevés que les nouveaux acheteurs n'ont pas les moyens de s'acheter une maison, même s'ils sont maintenant inférieurs aux prix exorbitants auxquels les propriétaires actuels ont acheté leur maison. On se retrouve dans une situation où les vendeurs ne peuvent pas se permettre de vendre, car s'ils baissent encore leurs prix, ils ne pourront plus rembourser leur hypothèque, mais les prix restent encore trop élevés pour les acheteurs. Les acheteurs ne peuvent pas acheter et les vendeurs ne peuvent pas vendre. Seul un gouvernement libéral pouvait créer pareil fiasco.
Pour financer les engagements électoraux du gouvernement, nous devons contracter une dette qui exercera d'énormes pressions sur les marchés des obligations. Nous ne savons pas quelles en seront les conséquences, mais ce n'est jamais une bonne chose quand les gouvernements empruntent tellement d'argent que les prêteurs commencent à douter de leur capacité à rembourser complètement ces sommes et qu'ils exigent alors de plus gros intérêts.
Le premier ministre prétend qu'il est un homme avec un plan, qu'il est l'homme dont nous avons besoin en temps de crise, celui qui peut résoudre nos problèmes actuels en entrant dans une salle de conférence. Or, sa visite aux États‑Unis n'a pas encore donné de résultats. D'autres pays ont conclu des accords avec notre voisin du Sud. Pas notre .
Il n'y a toujours pas de plan pour la réalisation de nouveaux projets énergétiques. Le pire, c'est qu'il n'y a pas de budget pour montrer aux Canadiens à quel point la situation est grave et ce qui pourrait les attendre. L'absence de budget est probablement ce que nous avons entendu de plus préoccupant de la part du gouvernement ces dernières semaines. C'est la tâche numéro un. La raison d'être de la Chambre des communes est l'approbation de la fiscalité et des dépenses. C'est l'origine de notre système parlementaire.
Ce n'est pas seulement un manque de respect; cela revient à cacher aux Canadiens les conséquences véritables des politiques du gouvernement. Le fait que le gouvernement ne s'engage pas à déposer un budget avant de partir en vacances pour l'été en dit long. Cela me dit que les libéraux ont vraiment peur d'annoncer les mauvaises nouvelles. Ils ont peur de dire la vérité aux Canadiens parce que les chiffres sont tellement mauvais.
Le mieux que l'on puisse faire quand on doit avaler une pilule amère, c'est de la prendre au plus vite. Ensuite, nous pourrons tous unir nos forces pour essayer de régler le problème. Nous exhortons le gouvernement à déposer le budget.
Par conséquent, je propose:
Que la motion soit modifiée par adjonction de ce qui suit: « et nous demandons instamment aux conseillers de Votre Majesté de s'engager fermement à présenter au Parlement une mise à jour économique ou un budget au printemps, avant que la Chambre n'ajourne ses travaux pour l'été, qui intègre des mesures visant à libérer le potentiel économique du Canada, y compris la pleine responsabilité des finances du Canada ».
:
Monsieur le Président, c'est avec beaucoup de gratitude et d'humilité que je prends la parole pour la première fois au cours de la présente législature. C'est un honneur de représenter de nouveau les habitants du Yukon à la Chambre. Je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je tiens à remercier sincèrement les habitants du Yukon de m'avoir accordé leur confiance. J'ai été heureux de recevoir l'appui de tant de gens de ma circonscription, mais, peu importe pour qui les gens ont voté, je reste déterminé à représenter tous les Yukonnais et à défendre avec vigueur le Yukon, car je suis déterminé à bâtir un Canada fort et uni qui accueille et inclut convenablement le Nord.
Je tiens également à vous féliciter, monsieur le Président, pour votre élection à ce poste prestigieux. Je suis convaincu que vous aiderez les députés à respecter l'esprit athénien dont vous avez parlé et que vous ferez de la Chambre un endroit où nous pouvons participer à des débats vigoureux et éclairés tout en ayant le plus grand respect les uns envers les autres en tant que représentants élus de tous les Canadiens.
Je me réjouis à l'idée de travailler dans un esprit de collaboration et de respect avec tous mes collègues de la Chambre, qu'ils soient de retour ou nouvellement élus. Je tiens à saluer tout particulièrement les nouveaux députés de la génération Z, dont la présence au sein de la Chambre est à la fois stimulante et motivante. Ils apportent une énergie nouvelle qui trouve un écho profond, non seulement chez les jeunes Canadiens, mais aussi et surtout chez les jeunes Yukonnais, dont l'avenir est reflété dans la voix de ces députés.
Je me réjouis d'être de retour au Parlement pour représenter un territoire aussi unique et vital que le Yukon, un endroit où le Nord est bel et bien fort et libre.
J'ai écouté attentivement le discours du Trône prononcé par Sa Majesté le roi Charles. Ses paroles étaient porteuses d'un puissant message d'unité, de respect et d'espoir, et nous ont rappelé les valeurs qui unissent notre nation.
J'apprécie que l'on reconnaisse le territoire sur lequel nous sommes réunis. Je tiens également à souligner, avec une profonde gratitude, que nous nous trouvons sur le territoire non cédé du peuple algonquin anishinabe. Chaque fois que nous prenons la parole au sein de cette illustre Chambre, souvenons-nous des occupants originaux du territoire sur lequel nous avons le privilège de résider. Cette reconnaissance nous rappelle que la réconciliation est une responsabilité partagée que nous devons assumer avec sincérité et détermination.
Au Yukon, la réconciliation est un engagement que nous nous efforçons de respecter au quotidien. Pour parvenir à une véritable réconciliation, les peuples autochtones doivent avoir vraiment voix au chapitre et exercer un réel pouvoir sur les décisions qui façonnent leurs terres, leurs communautés et leur avenir. Nous continuerons de défendre le principe du consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, non seulement en tant que politique, mais aussi en tant que promesse.
Monsieur le Président, vous remarquerez que mon intervention de quelques minutes dans cette enceinte commence et se termine par le Nord. Alors que le Canada fait face à des défis sans précédent dans le monde d'aujourd'hui, leurs effets se font ressentir plus vivement encore dans le Nord. Cependant, comme nous avons pu l'entendre dans le discours du Trône, le contexte actuel nous offre également des occasions exceptionnelles: l'occasion de marquer un renouveau, de voir plus grand et de poser des gestes encore plus grands. Il en va de même pour les possibilités dans le Nord.
Nous, les habitants du Nord, sommes aux premières loges pour constater les effets de la crise climatique. La fonte du pergélisol, les feux de forêt et les changements dans les écosystèmes ne sont pas une potentialité à venir, mais la réalité d'aujourd'hui au Yukon. Toutefois, nous ne faisons pas que subir ces changements; nous montrons aussi la voie en proposant des solutions. Qu'il s'agisse de projets d'énergie renouvelable ou de conservation dirigée par les Autochtones, le Yukon montre que le leadership environnemental et la croissance économique peuvent et doivent aller de pair.
Nous devons poursuivre et renforcer les investissements du gouvernement dans les infrastructures d'énergie propre, les mesures d'adaptation aux changements climatiques et l'intendance environnementale autochtone dans le Nord. Notre responsabilité est claire: protéger ce territoire pour les générations futures tout en bâtissant une économie durable ancrée dans le respect de la nature.
Les soins de santé constituent une autre priorité urgente. Trop de Yukonnais et de Canadiens partout au pays, mais en particulier dans les régions rurales ou reculées, doivent composer avec de longs délais d'attente, de longs déplacements et un accès limité aux soins dont ils ont besoin. Les Canadiens doivent bénéficier d'un accès rapide à des soins primaires, et ils méritent d'obtenir cet accès. Les services de santé mentale et de lutte contre la toxicomanie sont débordés, et nos efforts de prévention ne répondent pas encore aux besoins. En collaboration avec les provinces et les territoires, le gouvernement continuera de s'attaquer à ces graves lacunes en matière d'accès aux soins de santé.
La force du Yukon dépend également d'une économie juste et inclusive, où chacun a la possibilité de s'épanouir. Pour réaliser des progrès économiques, il faut améliorer l'éducation, les logements et les perspectives d'emploi pour les jeunes Yukonnais, ainsi que pour les familles du Yukon et de l'ensemble du pays.
[Français]
Comme il a été souligné dans le discours du Trône, la langue française est un pilier essentiel de l'identité canadienne. Pourtant, nombreux sont ceux qui ne connaissent pas la vitalité et la force de la communauté francophone du Yukon. En tant que fier francophile, j'ai eu le privilège de vivre aux côtés de cette communauté dynamique et de collaborer avec elle.
Il est frappant de constater que le Yukon se targue d'avoir la troisième plus grande population bilingue par habitant au Canada. En tant que député du Yukon, je reste profondément engagé à défendre ses besoins et à veiller à ce que la communauté continue de prospérer.
[Traduction]
Le Canada respecte et célèbre ses deux langues officielles, mais aussi ses multiples langues autochtones. Le Yukon abrite en effet huit langues autochtones distinctes, chacune étant une expression vitale de la culture. Aujourd'hui, les 14 Premières Nations du Yukon s'affairent à restaurer et à revitaliser ces langues. Le gouvernement poursuit son engagement en faveur des langues autochtones et du processus de réconciliation, et je reste moi-même déterminé à plaider en faveur des ressources et du soutien nécessaires pour assurer le renouvellement continu des langues ancestrales du Yukon.
Notre gouvernement est animé par une conviction fondamentale: une économie forte doit fonctionner pour tout le monde. Aujourd'hui, trop de nos concitoyens peinent à améliorer leur sort, et c'est pourquoi nous prenons des mesures pour diminuer les impôts de la classe moyenne, ce qui permet aux familles à deux revenus d'économiser jusqu'à 840 $ par an. Nous rendons l'accession à la propriété plus accessible en réduisant la TPS sur les logements dont le prix est égal ou inférieur à 1 million de dollars pour les acheteurs d'une première maison, ce qui permet d'économiser jusqu'à 50 000 $, et en réduisant la TPS sur les logements dont le prix est compris entre 1 et 1,5 million de dollars.
À l'échelle nationale, notre priorité consiste à bâtir une économie forte et inclusive qui ne laisse personne pour compte. Pour ce faire, nous allons réduire le coût de la vie, rendre les habitations plus abordables et ouvrir des débouchés dans les métiers spécialisés. Nous éliminerons les obstacles au commerce interprovincial et interterritorial, investirons dans les infrastructures essentielles à l'édification du pays et renforcerons la position du Canada sur la scène internationale tout en protégeant notre souveraineté, nos frontières et nos valeurs.
En cette période où les conflits et l'insécurité déstabilisent de plus en plus le monde, tous les yeux sont braqués sur l'Arctique. Par conséquent, je suis heureux que le discours du Trône confirme que le Canada investira pour renforcer sa présence dans le Nord, car de nouvelles menaces planent sur cette région.
Au Yukon, comme partout ailleurs au pays, bâtir un Canada fort signifie établir de solides partenariats avec les Autochtones. Voilà pourquoi je suis heureux de voir que le gouvernement doublera le financement du Programme de garantie de prêts pour les Autochtones, dont l’enveloppe passera de 5 à 10 milliards de dollars, afin de permettre à un plus grand nombre de communautés autochtones de devenir propriétaires de grands projets. Ensemble, ces mesures sont plus que des objectifs gouvernementaux; elles reflètent nos priorités communes et représentent un plan pour un Yukon plus fort et un Canada plus fort. Je suis convaincu que la collaboration entre le gouvernement, les partenaires autochtones et les communautés de partout au Canada est la clé pour s'attaquer de front à ces difficultés.
Nous avons besoin maintenant de mesures audacieuses et d'une vision claire. Je suis fier de faire partie d'un gouvernement déterminé à bâtir un Canada sûr, prospère et inclusif, un Canada où la voix du Yukon est entendue et où tous les Canadiens peuvent s'épanouir.
Comme Sa Majesté l'a déclaré hier, l'hymne national du Canada célèbre le Grand Nord fort et libre. Ma région, où habitent les 47 000 Yukonnais que je représente, est le cœur même du Grand Nord canadien. Alors que nous bâtissons un Canada fort, sûr et libre, je veillerai, au nom de mes concitoyens, à ce que le grand territoire du Yukon, avec ses vastes ressources, son environnement vierge et sa population imprégnée d'un esprit novateur, communautaire et aventureux, fasse toujours partie du Canada.
:
Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour faire part de mes réflexions et de celles de mes concitoyens à l'appui du discours du Trône. Je vous souhaite la bienvenue dans ce fauteuil et j'ai hâte de travailler avec tous les députés afin de réaliser les tâches importantes qui nous attendent.
Quand je me suis présentée comme candidate du Parti libéral pour la première fois, en 2014‑2015, puis que je suis devenue députée de la meilleure circonscription du Canada, Mississauga—Erin Mills, mon principal objectif en tant qu'immigrante de première génération âgée de 28 ans, jeune femme racisée et avocate était de veiller à ce que chaque Canadien ait des chances égales et la capacité d'utiliser ce que nous bâtissons ici au Parlement et en tant que gouvernement comme fondement pour assurer sa réussite et celle de tous les Canadiens, car lorsqu'un Canadien réussit, nous connaissons tous la réussite. J'ai été très heureuse d'entendre le discours du Trône et je suis heureuse de parler de ce que cela signifie d'être Canadienne, de parler non seulement de la souveraineté et de l'identité canadiennes, mais aussi de la façon unique dont nous nous soutenons les uns les autres et dont nous bâtissons une communauté ensemble.
Lorsque j'ai quitté l'Angleterre pour m'installer au Canada, alors que j'étais une jeune fille impressionnable de 12 ans, j'ai été très surprise de découvrir le respect qui se manifestait au sein des collectivités canadiennes. Mes voisins d'en face ne ressemblaient pas à mes voisins d'à côté ni à ceux de derrière. Pourtant, nous continuons d'être l'une des collectivités les plus pacifiques et les plus respectueuses au monde, comme l'ont souligné des organisations de premier plan et les Nations unies. Je me suis toujours demandé pourquoi et j'ai passé beaucoup de temps à travailler avec des organismes bénévoles quand j'étais jeune, que ce soit la bibliothèque locale, des banques alimentaires ou des galeries d'art. J'ai essayé de comprendre ce qui fait que les Canadiens sont comme ils sont. Comment se fait-il que nous soyons si pacifiques? Comment parvenons-nous à réunir nos différences et à les utiliser pour le bien de chacun d'entre nous? Au cours des 25 dernières années, j'ai compris que cela ne s'est pas produit d'un simple coup de baguette magique. C'est le résultat d'efforts concertés, soutenus et déterminants des pouvoirs publics, de la société civile, des organisations locales et, bien sûr, des citoyens canadiens afin de continuer à bâtir des ponts entre nous.
À l'heure actuelle, le Canada se trouve au bord d'un précipice. Nous vivons une période de grande insécurité. Ce n'est pas à cause de qui nous sommes. C'est en grande partie à cause de facteurs externes. Ce que le discours du roi a vraiment mis en lumière pour moi, c'est le plan d'action qui sera mis en œuvre pour garantir le maintien de notre souveraineté, pour réduire l'instabilité et pour veiller non seulement à ce que chaque Canadien ait des chances égales de faire ce qu'il veut et de réussir, mais aussi à ce que ceux qui ont moins de chance et qui ont besoin d'un filet de sécurité supplémentaire bénéficient également de soutien.
Au cours de mes 10 années au Parlement, j'ai été membre et présidente du comité de la justice. J'ai siégé au comité de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, ainsi qu'au comité des comptes publics. J'ai siégé au Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, j'ai été présidente du caucus omnipartite des femmes, j'ai été vice-présidente à l'Association parlementaire du Commonwealth et, plus récemment, j'ai été secrétaire parlementaire de la ministre du Revenu national. Je sais parfaitement ce qu'il faut pour que les parlementaires travaillent ensemble afin de trouver les solutions concrètes dont nos concitoyens nous ont tous parlé.
Je peux parler des besoins criants en matière de logement et d'abordabilité qu'il faut combler afin de garantir l'égalité des chances pour les mères seules qui ont du mal à mettre du pain sur la table parce que leur famille n'a qu'un seul revenu. En ce qui concerne la précarité du logement, des gens qui ont vraiment besoin d'un logement n'ont pas les moyens de se loger. Par ailleurs, des jeunes ont besoin d'un emploi pour se tailler une place dans nos collectivités et faire croître notre économie.
Nous devons aussi veiller à ce que le Canada présente une image vigoureuse sur la scène internationale, non seulement dans ses relations avec ses voisins du Sud, mais aussi dans sa façon de relever les défis importants qui touchent d'autres régions du monde, qu'il s'agisse de la bande de Gaza, de l'Ukraine, de la Chine, de la Russie, du Soudan ou du Yémen. Au final, le Canada doit défendre la primauté du droit à l'échelle internationale et veiller à bien traiter ses partenaires et ses alliés. Pour ce faire, il faut adopter une approche cohérente et solide à l'égard du déroulement des travaux de la Chambre.
Mon collègue de a mentionné que nous formons un gouvernement minoritaire fort, mais je ne suis pas d'accord, car je ne pense pas que nous soyons minoritaires. Si chacun des députés présents au Parlement met de côté ses divergences partisanes, se mobilise pour bâtir un Canada fort et uni, et parle d'abord et avant tout des intérêts de tous ses concitoyens, nous ne sommes pas minoritaires. Nous sommes les représentants de l'identité canadienne et des orientations qu'il faut prendre pour protéger la souveraineté du Canada afin qu'il demeure fort et libre.
Je suis certaine que cette législature sera très intéressante. Unir tout le monde sera un défi. Je pense que ce discours du Trône définit de grandes priorités afin de nous aider à trouver un terrain d'entente, à mettre de côté nos divergences partisanes ainsi qu'à trouver des solutions concrètes pour ceux qui nous ont élus à la Chambre. Je suis prête à faire ce travail et j'espère que tous mes collègues de tous les partis le sont également.
En conclusion, les priorités énoncées dans le discours du Trône correspondent à ce que j'ai entendu de mes concitoyens quand j'ai fait du porte-à-porte. Ces priorités sont aussi alignées sur mes entretiens avec la mairesse de Mississauga et les élus provinciaux de l'Ontario. Les priorités présentées dans le discours du Trône témoignent du fait que toutes les idéologies et les craintes de ces personnes ont été validées et entendues.
Il s'agit d'un excellent plan à mettre en œuvre au cours du présent mandat pour que chaque Canadien ait une chance égale de s'épanouir et les bases nécessaires pour réussir, fonder une famille et vivre une vie heureuse dans un Canada uni et fort.
J'attends avec impatience les questions de mes collègues.
:
Monsieur le Président, en décembre 2024, quand nous avons quitté la Chambre, un certain nombre de personnes imprimaient des CV.
En janvier 2025 s'exacerbait une crise avec les États‑Unis sur la base de trois thématiques. C'était une crise tarifaire, vraisemblable, mais évidemment temporaire puisque les droits de douane sont un outil d'intimidation, ou une réponse à un outil d'intimidation dans le cas des mesures de rétorsion tarifaires. C'était une crise commerciale vers une nouvelle entente commerciale, un traité de libre-échange moins libre, mais un traité d'échange malgré tout. C'était aussi une crise sur l'affabulation dont on peut maintenant dire que c'est une blague depuis le début sans se faire dire qu'on manque de sérieux. Cela ne sera jamais autre chose qu'une blague qu'on a récupérée et instrumentalisée en distillant l'incertitude au bénéfice de la campagne électorale libérale.
On a sorti le grand jeu lors de ce que j'ai appelé les trois grands week-ends rouges. Il s'agit du débat des candidats à la direction du Parti libéral, du choix du chef du Parti libéral la fin de semaine suivante et de la nomination des ministres libéraux la fin de semaine d'après, suivie du déclenchement d'élections. Le lendemain, sur fond de crise, le lui-même a dit ce qui suit à l'antenne de Radio‑Canada: « Pas de crise, pas de Mark Carney ». Je sais que je n'ai pas le droit de le nommer, mais comme c'est une citation, je n'ai pas vraiment le choix.
Pourtant, hier, on a tellement rigolé, au point de faire passer Rock et Belles Oreilles pour des embaumeurs. Dans le discours du Trône, il n'y avait pas un mot sur la crise tarifaire, pas un mot sur la crise commerciale. De plus, un souverain étranger tellement fringant est venu danser son affirmation de la souveraineté canadienne alors qu'il est le roi d'un autre groupe. Où est passée la crise? Il y avait une crise. C'était la panique généralisée et bien alimentée. Elle était utile, mais où est passée la crise?
Est-ce que, comme on a pu le comprendre, elle est réglée grâce à celui qui était déjà et qui l'est maintenant encore plus? La raison même pour laquelle il a sollicité un mandat n'existe pas dans son propre discours du Trône. Au lieu de cela, il y a une centralisation jamais vue, et ce, dans les faits comme dans l'intention.
Dans les faits, en santé, on perpétue la volonté d'une intrusion dans une compétence du Québec et des provinces en matière d'assurance-médicaments et d'assurance dentaire. C'est comme si, dans la logique économique d'un grand économiste, on atteint l'efficacité quand on fait faire quelque chose à ceux qui ne connaissent pas cela, de telle sorte que c'est plus long et que cela coûte plus cher. C'est le même raisonnement pour les garderies. Évidemment, il n'y a pas de hausse des transferts en santé, parce qu'une province financièrement étouffée est une province qu'on est capable de courber et d'assujettir.
Il y a une centralisation en matière d'environnement, parce qu'on veut créer le grand rouleau compresseur qui déroulera un oléoduc à travers le Québec sur la base des normes environnementales canadiennes. On fait fi du fait que, au Québec, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, ou BAPE, existe en vertu d'une loi. On ne peut pas contourner une loi. On ne peut pas décider de contourner une loi pour faire plaisir à un ami.
Il y a aussi cette idée d'une seule économie, canadienne bien sûr. Or chaque province canadienne a des outils économiques qui lui sont propres, qui fonctionnent différemment, qui ont des effets différents et qui donnent des moyens différents à partir d'une base économique différente. Le principe d'une seule économie a été unanimement dénoncé par tous les élus de l'Assemblée nationale du Québec. Ou on décide qu'on se fout royalement de ce que les élus ont dit, ou on n'a pas entendu ces élus dire non.
Un peu plus tôt aujourd'hui, lors de la période des questions orales, j'ai entendu des questions qui semblaient provenir de l'Ouest canadien. Je ne suis pas certain qu'on soit davantage d'accord. Je ne suis pas sûr que dans l'Ouest, on se dise qu'il y a une seule économie, qu'elle est canadienne et qu'on s'y assujettira.
Le même engagement centralisateur envers le multiculturalisme canadien est très peu apprécié des Québécois. Pourquoi? C'est parce qu'il porte le déni de la spécificité linguistique québécoise, le déni de la spécificité des valeurs québécoises, le déni d'enjeux en matière d'immigration qui sont caractéristiques au Québec, car nos défis d'intégration ne sont pas les mêmes. Évidemment, c'est vrai sur le plan linguistique, et on constate un peu plus chaque jour que c'est également vrai sur le plan des valeurs.
La grande vertu du discours du Trône, c'est que c'est décomplexé. On nous affirme d'entrée de jeu que, quoi que nous disions ou fassions, c'est cette vision qui s'appliquera. C'est fait avec une ignorance — dans le sens de quelqu'un qui ne connaît pas ça plutôt que dans le sens de quelqu'un qui ne veut rien savoir — de ce qu'est le parlementarisme, de ce que sont les contraintes d'un processus législatif qui doit ultimement céder le pouvoir aux élus et aux parlementaires.
C'est pour ça que j'utilisais un peu plus tôt l'image suivante: c'est comme si le Canada était une banque avec des succursales de village à Québec, à Toronto, à Edmonton, etc. C'est comme si le Canada était une banque centrale avec des villages qui en sont essentiellement des succursales et qui prennent leurs ordres de marche du banquier en chef. Je le dis sans méchanceté. C'est une lecture qui heurte les Québécois et les élus québécois de l'Assemblée nationale.
Le fédéral dira que c'est lui qui a l'argent. Le bon vieux déséquilibre fiscal fait qu'il reçoit plus d'argent que ce dont il a besoin pour s'acquitter de ses missions, et que les provinces reçoivent moins que nécessaire pour s'acquitter de leurs missions, sans compter qu'elles n'oseront pas augmenter les impôts. Le fédéral dira qu'il a l'argent pour obliger les provinces à lui céder leurs champs de compétence, centralisant tout dans les mains du Canada, qui croit connaître tout mieux que les autres.
Dans un autre ordre d'idée, pour les 22 députés du Bloc québécois que nous sommes au Parlement, les changements climatiques existent réellement. Oui, il existe une telle chose qu'on appelle les changements climatiques, qui détruisent l'environnement à une vitesse grandement accélérée, qui détruisent des vies et qui coûtent, il faudra le répéter encore et encore, des milliers de dollars par année à chaque famille en coûts d'assurance, en coûts d'épicerie plus élevés, en taxes et en impôts pour la réparation des dommages. Cela coûte beaucoup plus cher que n'importe quelle mesure que nous avons imaginée jusqu'à maintenant pour essayer de lutter contre les changements climatiques.
On doit penser que, quand le dirigeait Brookfield, il croyait également aux changements climatiques, puisque c'était, sur papier, un fonds d'investissement vert. Nous avons fini par voir que le fonds d'investissement vert était un fonds d'investissement noir, parce qu'on investit dans les hydrocarbures. Il y a sûrement une explication que nous ne connaissons pas encore et que nous découvrirons au moment même où nous connaîtrons les actifs personnels du premier ministre. Le pensait-il lorsqu'il dirigeait Brookfield ou était-ce une façon d'attirer des investisseurs?
Le climat et l'environnement, encore une fois, le discours du Trône n'en parle pas. Nous, par habitude, en parlons beaucoup. De plus, Repentigny vient de nous envoyer le Wayne Gretzky de l'environnement. Il va nous patiner ça solide et faire en sorte qu'un certain nombre de personnes dans ce Parlement vont regarder le bout de leurs souliers s'il leur reste une conscience environnementale, en particulier l'ancien ministre de l’Environnement et du Changement climatique.
Nous avons donc un gouvernement pétrolier élu avec un programme pétrolier, parce qu'on disait aux gens que ce n'était pas le temps de parler d'environnement, de langue française, d'immigration, de valeurs, de retraités ou de quoi que ce soit d'autre. On nous disait qu'on n'avait pas le temps de parler de quoi que ce soit parce qu'on était en crise. Or, la crise n'a plus l'air d'exister dans le discours du Trône. Maintenant, nous allons certainement pouvoir en parler.
Pour notre part, nous le ferons, parce qu'il y a davantage de richesse à créer à partir d'un modèle qui concilie l'économie et l'écologie qu'il n'y a de richesse à créer à long terme à partir d'un modèle dont les réparations coûtent plus cher que les profits générés. Or les profits générés sont concentrés dans quelques poches et dépensés dans de gros bateaux sur la Méditerranée. Cela ne sert pas le contribuable, qui en paie toujours plus pour en recevoir toujours moins.
Pourtant, il va falloir trouver une façon de collaborer. Les Canadiens et les Québécois ont voulu un issu des banques pour négocier avec les États‑Unis.
Le début de l'exercice suscite des questions. Il y a 4 milliards de dollars pour le remboursement d'une taxe qui n'a pas été payée. C'est nouveau. Rembourser quelque chose qu'on n'a pas payé, c'est un processus que je n'ai pas compris, mais qui a fait atterrir 4 milliards de dollars dans les poches des citoyens du Canada. Conformément à ma définition, le Canada excluait le Québec. Les Québécois n'ont pas touché une cenne, parce qu'ils ont leur propre système de tarification du carbone. Cependant, le remboursement n'avait rien à voir avec la taxe sur le carbone. Le subterfuge n'est donc pas singulièrement honnête.
Je rappelle donc au Parlement que le Canada doit 800 millions de dollars aux citoyens du Québec. Qu'on s'y habitue. Tant que ça ne sera pas payé, nous allons le dire. On a eu l'odieux de dire aux Québécois qu'on avait inventé quelque chose de faux, prouvé comme étant faux, et on a donné de l'argent à tout le monde pour obtenir des votes, mais pas à eux, car ils ne sont que des Québécois.
À cela s'ajoutent des baisses d'impôts de 6 milliards de dollars. Une loi sera présentée en ce sens, mais cette loi est inutile. En effet, le a dit qu'il y aurait une mise à jour économique à l'automne et un budget au printemps prochain. Le premier ministre a dit qu'il y aurait plutôt un budget cet automne. Comme les baisses d'impôt ne peuvent pas entrer en vigueur avant le 1er janvier 2026, le budget de l'automne comprendra les baisses d'impôt. Cela rend la loi inutile, sauf si on souhaite créer un autre paravent, un peu comme on l'a fait avec le roi et l'annexion, entre autres.
On renonce également à un montant de 20 milliards de dollars de réponse tarifaire. Il manque beaucoup de détails à tout le monde à ce sujet. L'ordre de grandeur de 20 milliards de dollars est assez largement reconnu. On parle donc de 30 milliards de dollars ajoutés au déficit du Canada de cette année. Ce n'est pas banal. Justin Trudeau doit se dire qu'il a manqué d'audace et qu'il aurait pu être bien pire. Il n'y a pas de mise à jour économique ni de budget. Pourtant, il faut que l’on continue à croire qu'on ne s'est pas fait avoir.
La reconnaissance de la différence québécoise est un autre enjeu. Je rappelle que nous avons passé la campagne électorale à parler de huit secteurs qui ne sont pas exclusifs à l'économie québécoise, mais qui lui sont singulièrement propres. Il s'agit de l'aluminium, des minéraux stratégiques, de la gestion de l'offre, de l'aérospatiale, de la forêt, de l'énergie propre et de la culture. La culture québécoise est très différente et elle n'est pas en train de se faire avaler par la culture d'un autre. En tout cas, nous résistons mieux, et ce n'est pas le même autre. Il y a également le secteur des pêches.
Nous avons parlé d'une série de solutions. C'est quand même incroyable. Dans le discours du Trône, on ne dit pas le mot « solutions », sauf dans de très vastes et vagues principes. Il y a la subvention salariale, qui est peu calquée sur le modèle de la COVID‑19, la recherche et les transferts technologiques pour les entreprises pour qu'elles soient plus compétitives et la diversification des marchés. Je suis allé en Europe et j'ai parlé de la diversification des marchés avec les représentants de pays européens. Il y a le pouvoir d'achat, en particulier pour les retraités, la productivité, la réservation des contrats publics, qu'on aurait pu faire depuis de nombreuses années, le soutien à la petite et moyenne entreprise, le secteur militaire, les contrats publics et la préservation du pouvoir d'achat. Je ne peux pas croire que je connais plus l'économie que le nouveau grand prêtre. Je suis anthropologue.
Pourtant, nous avons présenté plusieurs solutions. J'ai beaucoup participé à la création de ces solutions pour qu'on en parle et qu'on en débatte. Il n'y a pas un mot là-dessus, à part les mots « gestion de l'offre ». On y reviendra. Le principe de la gestion de l'offre n'a jamais été mis en jeu, mais on a retiré des morceaux. C'est comme si on disait à quelqu'un qu'on ne lui enlève pas sa maison, mais qu'on part avec son garage et que, demain, on viendra chercher sa chambre à coucher et, qu'ensuite, on va partir avec la cuisine. Ce sera encore sa maison, mais il ne va lui rester qu'une fondation et un sous-sol. C'est un peu ce qui se passe.
C'est ce qu'il faut protéger dans son intégralité, mais je pense qu'il y aurait un test à faire pour démontrer que nous sommes capables de nous entendre. Dans ce contexte, je demandais où était passée la crise.
Malgré tout ça, nous avons écouté les Québécois et nous avons promis d'essayer très fort de collaborer, de chercher une voie et, autant que possible, des positions communes. Nous avons promis de partir la manière dont le Canada et le Québec se voient. Cependant, nous n'avons pas le monopole de la manière dont le Québec se voit et nous allons nous chicaner sur qui est plus nombreux. Toutefois, l'Assemblée nationale du Québec est assez claire. Ses membres sont tous Québécois. C'est le seul Parlement qui ne parle que pour le Québec. Ce n'est pas banal et il faudrait aussi les écouter.
Il y a des différences parce que les autres vont parler de la manière dont le Canada se voit alors que nous allons parler de la manière dont le Québec se voit. Il y aura encore et toujours des enjeux de langue, de valeurs, de modèle d'immigration, de petites et moyennes entreprises ou d'environnement. Nous allons tout faire pour nous entendre parce que les Québécois vont nous regarder et nous allons parler pour eux.
Nous allons nous entendre ou nous allons utiliser ce que les Québécois nous ont donné, à savoir, pour l'instant, la balance du pouvoir dans les comités. Ici, compte tenu de la composition du Parlement, nous avons un certain poids. Or, dans tous les comités présidés par les libéraux, si les libéraux ne sont pas d'accord avec les conservateurs, le Bloc québécois aura la voix qui fait la différence. De façon générale, s'ils sont d'accord, ce n'est pas une bonne nouvelle pour le Québec. Il faudra négocier.
Je répète en toute bonne foi que nous sommes prêts à négocier et à trouver des terrains d'entente. Soit nous allons nous entendre avant d'avoir exercé la contrainte de la balance du pouvoir, soit nous allons nous entendre après, parce que ça risque d'accrocher en comité.
Dès aujourd'hui, en guise de test de bonne foi, je propose un sous-amendement à l'amendement des conservateurs au discours du trône:
Que l'amendement soit modifié par adjonction de ce qui suit:
«, dans le respect des champs de compétence et des institutions du Québec et des provinces. »