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FOPO Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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Emblème de la Chambre des communes

Comité permanent des pêches et des océans


NUMÉRO 040 
l
1re SESSION 
l
44e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le vendredi 4 novembre 2022

[Enregistrement électronique]

(1305)

[Traduction]

     La séance est ouverte.
    Bienvenue à la 40e réunion du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes.
    Cette réunion se déroule en format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022.
    Avant de commencer, j'aimerais préciser quelques points à l'intention des témoins et des membres du Comité.
    Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Pour ceux qui participent par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro, et veuillez vous mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas.
    En ce qui concerne l'interprétation, les personnes qui utilisent l'application Zoom peuvent sélectionner, au bas de l'écran, le parquet, l'anglais et le français. Les personnes dans la salle peuvent utiliser l'oreillette et sélectionner le canal désiré.
    Veuillez adresser toutes vos interventions à la présidence.
    Enfin, je rappelle à tous qu'il est interdit de prendre des captures d'écran ou des photos.
    Les délibérations seront publiées sur le site Web de la Chambre des communes.
    Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 20 septembre 2022, le Comité amorce son étude sur la fermeture de la pêche au maquereau dans le Canada atlantique et le golfe du Saint-Laurent.
    J'aimerais aussi confirmer aux membres que les tests de son ont été faits pour tous les témoins et que tout est conforme aux exigences.
    J'aimerais souhaiter la bienvenue au premier groupe de témoins.
    Nous accueillons M. Sebastián Pardo, coordonnateur des pêches durables au Centre d'action écologique. Nous avons aussi Mme Katie Schleit, conseillère principale en halieutique à Océans Nord. Nous avons enfin M. Dominique Robert, professeur et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écologique halieutique à l'Institut des sciences de la mer de l'Université du Québec à Rimouski, qui comparaît à titre personnel.
    Nous allons passer aux déclarations liminaires. Vous avez chacun cinq minutes.
    J'invite M. Pardo à commencer.

[Français]

     Bonjour.
    Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner devant vous. Cette étude est très importante, parce que nous devons réfléchir à la façon d'aider les personnes les plus touchées aujourd'hui par les fermetures des pêches. Nous devons aussi réfléchir à la façon de reconstruire les pêcheries pour l'avenir.

[Traduction]

    Je détiens un doctorat en sciences halieutiques et je travaille au Centre d'action écologique. Fondé en 1971, le Centre compte parmi les organisations environnementales les plus importantes et les plus anciennes au Canada atlantique. Notre mission est de favoriser les pêches durables et résilientes qui appuient la prospérité des collectivités côtières. Nous sommes membres du Comité consultatif du maquereau de l'Atlantique et nous participons au plan de rétablissement du stock de maquereau depuis le lancement du plan.
    Aujourd'hui, je vais me concentrer sur les trois principales raisons pour lesquelles la fermeture de la pêche au maquereau était la bonne décision à prendre. Je vais expliquer également pourquoi la fermeture devrait être maintenue jusqu'à ce que des signes clairs du rétablissement du stock soient observés.
    Premièrement, les meilleures données scientifiques disponibles démontrent que le moratoire était la seule option qui restait pour rétablir la population. Le maquereau était classé dans une zone critique pendant la majeure partie de la dernière décennie. Un plan de rétablissement a pris fin en 2020 sans qu'aucun de ses objectifs soit atteint, car les décisions de gestion des pêches prises avant le moratoire dans le but de réduire les prises n'ont pas favorisé la croissance de la population.
    En outre, le niveau d'abondance des poissons en âge de procréer en 2021 a été le plus bas jamais enregistré. Les poissons les plus grands et les plus âgés, qui produisent le nombre d'œufs le plus élevé, sont presque disparus de la population. Tous ces indicateurs témoignent de la grande précarité du stock de maquereau et du bien-fondé de la fermeture de la pêche cette année comme option privilégiée de rétablissement de cette population.
    Par surcroît, la Loi sur les pêches énonce que les considérations relatives à la conservation des espèces qui se classent dans la zone critique, comme c'est le cas du maquereau, l'emportent dans les décisions sur la gestion des pêches. La fermeture de la pêche au maquereau concorde avec le principe de précaution, qui est la pierre angulaire du cadre législatif sur les pêcheries durables au Canada.
    Deuxièmement, l'observation d'un nombre accru de maquereaux dans certaines régions n'est pas forcément un signe de rétablissement. Ce phénomène peut s'expliquer par autre chose que l'accroissement de la population de maquereau.
    Ces observations peuvent découler d'un comportement bien documenté chez plusieurs espèces de poissons — notamment la morue —, qui se rassemblent en bancs plus fréquemment lorsque leur population commence à décliner afin de donner l'impression qu'ils sont nombreux. Il y a aussi le fait que bon nombre d'espèces marines de l'Atlantique Nord s'étendent déjà au nord en raison du réchauffement des eaux. Par exemple, le maquereau qui se tenait dans le plateau néo-écossais peut désormais être observé plus au nord, à l'est de Terre-Neuve. Les recherches préliminaires menées par Pêches et Océans, qui ont d'ailleurs été présentées à la dernière réunion du comité consultatif, révèlent que le maquereau à l'est de Terre-Neuve, une des régions où il serait présent en plus forte densité, n'appartiendrait pas à une population reproductrice distincte, comme certains le pensaient.
    Cela dit, nous espérons que davantage de ressources seront allouées aux études qui pourraient éclairer ces zones d'ombre.
    J'arrive maintenant au point le plus important. Le rétablissement du stock est la seule option à long terme pour les pêcheurs qui dépendent du maquereau; nous devons soutenir ces pêcheurs tout au long du processus de rétablissement. Des milliers de personnes au Canada atlantique et au Québec sont déjà aux prises avec des difficultés financières en raison de la fermeture. Ils vivent également une grande incertitude, car il est difficile de prédire à quel moment la pêche rouvrira.
    Malheureusement, les décisions antérieures sur la gestion des pêches consistant à réduire les prises d'une année à l'autre n'ont pas entraîné l'augmentation de la population de maquereau. Elles ont par contre provoqué la lente détérioration de la situation financière des collectivités de pêcheurs. Le rétablissement de la population de maquereau à des niveaux sains serait profitable pour les pêcheurs, qui verraient augmenter considérablement leur volume de prises par rapport aux volumes de la dernière décennie. Les pêcheurs et les transformateurs qui vivent du maquereau seraient plus nombreux, et les appâts, plus facilement accessibles.
    En revanche, si la pêche rouvrait avant le rétablissement du stock, il y aurait, certes, un nombre de prises limité à court terme, mais cela risquerait de réduire encore plus la population de maquereau et de faire perdurer les difficultés financières qui affligent les collectivités de pêcheurs.
    Dans l'intervalle, il est crucial de soutenir les personnes directement touchées, particulièrement les petits pêcheurs et les employés d'usine, pour leur permettre de joindre les deux bouts pendant les fermetures. Il faut également s'assurer que les collectivités côtières ne seront plus laissées pour compte et qu'elles seront prêtes à reprendre leurs activités lorsque le stock sera de nouveau en santé.
    Je vais répéter les trois raisons pour lesquelles la fermeture de la pêche au maquereau devrait être maintenue à court terme jusqu'à ce que des signes clairs de rétablissement soient observés. Premièrement, les meilleures données scientifiques disponibles démontrent que le moratoire était la seule option qui restait pour restaurer la population de maquereau. Deuxièmement, des observations d'une abondance de maquereau dans certaines régions ne sont pas nécessairement le signe d'un rétablissement. Troisièmement, rebâtir le stock est la meilleure option à long terme pour les pêcheurs qui dépendent du maquereau. Ces pêcheurs doivent être soutenus tout au long du processus de rétablissement.
    En termes simples, cet enjeu revient à une question de valeurs. Voulons-nous instaurer une aide économique à court terme au prix de la disparition permanente du stock et du maintien à long terme des difficultés financières, ou préférons-nous assurer la durabilité à long terme de ce secteur des pêches et l'avenir des collectivités de pêcheurs?
    Merci beaucoup de votre temps. Je répondrai avec plaisir à vos questions.
    Merci.
    Nous allons passer à Mme Schleit pour cinq minutes. La parole est à vous.
    Merci beaucoup de m'avoir invitée à comparaître aujourd'hui. Je vous parle sur le territoire Mi'kma'ki, et je représente Océans Nord, organisme de bienfaisance canadien qui soutient la conservation marine et les pêches durables en partenariat avec les communautés côtières et autochtones.
    J'ai commencé à travailler sur le maquereau en 2014, à l'époque où le total des prises autorisées était 10 fois plus élevé que ce que recommandaient les avis scientifiques du MPO. Le stock s'était déjà gravement appauvri. Depuis, je participe aux travaux scientifiques sur le maquereau et aux efforts de gestion de cette population afin de favoriser le rétablissement du stock en collaboration avec le MPO, l'industrie et les groupes autochtones.
    La population de maquereau de l'Atlantique connaît une forte diminution depuis plus d'une décennie. La biomasse du stock reproducteur, ou l'estimation de l'abondance du stock, est à son plus bas niveau jamais enregistré. De plus, bien que l'espérance de vie du maquereau peut atteindre 20 ans, nous voyons rarement des poissons âgés de plus de 5 ans. C'est une caractéristique courante de la surpêche. Pendant plusieurs années, la taille des prises est de plus en plus petite. Le nombre de poissons qui vivent assez longtemps pour se reproduire est de plus en plus faible.
    Le rétablissement des pêches est désormais une obligation au titre de la Loi sur les pêches. L'inscription du maquereau parmi les espèces prioritaires a été approuvée par toutes les parties. Un plan de rétablissement a été publié en 2020, fruit de plusieurs années de collaboration et d'efforts sincères de l'industrie pour recommander et prendre des mesures visant à rétablir le stock. Malheureusement, un an après sa publication, l'objectif minimal du plan, en l'occurrence la mise en place d'une trajectoire de croissance positive du stock, n'avait toujours pas été atteint.
     À Océans Nord, nous sommes tout à fait convaincus que la décision prise par la ministre en 2022 de fermer la pêche commerciale et la pêche de poisson-appât pour le maquereau de l'Atlantique était difficile, mais nécessaire.
    Nous comprenons que la fermeture de 2022 a eu des conséquences financières immédiates pour l'industrie. Bien qu'elle cause une souffrance bien réelle à court terme, la fermeture pourrait rapporter des dividendes à long terme. Le rétablissement du stock comporte des avantages qui sont souvent écartés de l'analyse économique des réductions des quotas de pêche. En 2020, Océans Nord a publié une analyse coûts-avantages menée par la firme Gardner Pinfold Consulting sur les avantages économiques du rétablissement du stock de maquereau. L'analyse a révélé que la réduction des pêches pouvait engendrer des retombées économiques estimées à plus de 54 millions de dollars. Autrement dit, le rétablissement du stock à des niveaux plus sains se solderait par un rendement du capital investi de 12,9 %. Les stocks rétablis profitent à tout le monde et à l'écosystème.
    Le fait qu'une bonne partie de l'industrie du homard compte sur le stock considérablement affaibli de poissons-appâts de maquereau fait l'objet de discussions entre l'industrie, le MPO, les ONG et le Marine Stewardship Council depuis au moins 2015. Une étude a estimé qu'il faudrait jusqu'à deux livres d'appâts pour capturer une livre de homard. Le problème n'est pas le maquereau en tant que tel, mais plutôt le volume important de poisson cru utilisé.
    Heureusement, plusieurs entreprises et établissements de recherche travaillent depuis plusieurs années à la mise au point d'autres produits qui pourraient être utilisés comme appâts. Une étude a permis de découvrir un appât fait de poisson aussi efficace que les appâts traditionnels, mais doté d'une plus longue durée de vie utile.
    Nous saluons le travail des chercheurs et des entreprises qui mettent à l'essai ces appâts qui comportent moins de poisson et les pêcheurs qui essaient ces produits. Nous devons à présent investir encore plus dans les essais.
    Nous entendons souvent dire que la science ne tient pas compte du point de vue des pêcheurs. Pourtant, l'industrie se prête et contribue de façon importante aux évaluations examinées par les pairs effectuées par le MPO. En 2020, le MPO a aussi établi un groupe de travail sur le maquereau regroupant des membres de l'industrie et des scientifiques, dont le mandat est de combler les lacunes dans les besoins et les observations d'ordre scientifique. Je veux mentionner également que de nombreux collègues autochtones qui se trouvaient à la table sur le rétablissement croyaient fermement en la science et soutenaient les mesures de rétablissement.
    Le MPO n'est pas le seul à signaler des déclins de cette ampleur. Les États-Unis, qui comptent également une population de maquereau, ont observé une trajectoire négative similaire. En 2020, ils ont adopté des mesures d'urgence visant à réduire radicalement les quotas après que leur plan de rétablissement s'est soldé par un échec comme celui du Canada. Il est important que les deux pays poursuivent leur collaboration pour rétablir le stock. Au Canada, des enquêtes sur la pêche récréative ont révélé là aussi une diminution de l'abondance et de la taille des poissons au fil du temps. Ces observations correspondent aux évaluations scientifiques.
    La fermeture de la pêche au maquereau se fondait sur des données scientifiques solides, sur des observations des pêches et sur les lois et les politiques du MPO. Les efforts déployés dans le passé pour rétablir le stock au moyen de mesures de gestion et de quotas ont échoué. La fermeture de la pêche était nécessaire pour rétablir le stock afin d'assurer l'avenir de l'industrie et de l'écosystème.
    Merci de votre temps.
(1310)
    Merci.
    Je cède la parole à M. Robert pour cinq minutes.

[Français]

     Je suis professeur et titulaire de la chaire de recherche du Canada en écologie halieutique à l'Université du Québec à Rimouski. En 2008, j'ai soutenu une thèse de doctorat sur l'écologie du stade larvaire du maquereau dans le sud du golfe du Saint-Laurent, avec une emphase particulière sur les facteurs environnementaux qui régulent la survie des larves et qui sont donc responsables de la reconstitution du stock adulte.
    J'ai ensuite régulièrement travaillé sur cette espèce et participé aux évaluations du stock par Pêches et Océans Canada. Je considère donc que j'ai les connaissances nécessaires pour commenter l'écologie de l'espèce dans un contexte de gestion des pêches.
    Contrairement à plusieurs stocks d'espèces fourragères au Canada, l'évaluation du stock de maquereau repose sur un relevé fiable de l'abondance des adultes, dérivée de l'abondance des œufs dans la zone de ponte du sud du golfe du Saint-Laurent. Puisque le maquereau peut changer ses migrations en fonction de la température, il est important de vérifier périodiquement si une proportion substantielle de la ponte se déroule ailleurs que dans la zone couverte par le relevé. Au cours des dernières années, le relevé a été ponctuellement étendu à plusieurs zones comme la côte ouest de Terre-Neuve ou le plateau néo-écossais, mais l'ampleur de la ponte qui est effectuée hors du golfe a toujours été considérée comme négligeable pour le calcul de l'abondance, qui est toujours considéré comme fiable.
    L'état critique dans lequel se trouve le stock résulte de deux principales causes: une mortalité très élevée chez les adultes et un faible taux de survie des larves.
     Concernant la mortalité chez les adultes, on estime que malgré la forte réduction des prises commerciales au cours des 20 dernières années, alors que le quota est passé de 75 000 tonnes à seulement 4 000 tonnes, la mortalité par la pêche demeurait tout de même trop forte pour favoriser la croissance du stock. En plus d'une pression de pêche élevée, la mortalité naturelle provoquée par les poissons prédateurs, par exemple le thon rouge, a augmenté dans le golfe du Saint-Laurent. Il y a aussi une indication que le stock dans le sud du golfe du Saint-Laurent souffre d'autres prédateurs, comme le phoque gris, qui est aujourd'hui 16 fois plus abondant que pendant les années 1960. La prédation a donc beaucoup augmenté depuis le début des années 2000.
    Finalement, des études récentes ayant évalué l'origine des maquereaux capturés durant la pêche hivernale des États-Unis ont révélé qu'une proportion importante des poissons capturés aux États-Unis sont originaires du stock du golfe du Saint-Laurent. Donc, il s'agit d'une autre source de mortalité par la pêche qui est difficile à estimer présentement.
    En plus de la forte mortalité qui affecte les adultes, le déclin de l'abondance du maquereau s'explique par une baisse du recrutement depuis les années 2010. Cette réduction de la force du recrutement a été reliée aux conditions environnementales devenues défavorables pour les larves. Lors des premières semaines de vie, la survie des larves dépend directement de leur succès à s'alimenter de leur proie principale: le zooplancton.
    Avec le réchauffement rapide du sud du golfe du Saint-Laurent, il y a eu une altération de la période de développement des principales proies du maquereau, qui se développent maintenant plus tôt dans la saison, alors que la période de ponte du maquereau, elle, n'a pas changé. Il en est résulté un déphasage spatial et temporel entre l'émergence des larves et la production des proies, qui a provoqué l'échec du recrutement dans les dernières années. Le taux de rétablissement des stocks dépendra grandement du retour de conditions plus froides favorisant la survie larvaire et le recrutement. Cependant, les projections climatiques à court terme ne permettent malheureusement pas d'entrevoir un retour prochain à ce type de conditions favorables.
    Voici maintenant quelques recommandations.
    La première est de maintenir au plus bas niveau possible les activités de pêche jusqu'à l'observation de signes de rétablissement du stock adulte.
    La deuxième est d'établir une stratégie pour mesurer plus précisément la mortalité par la pêche, incluant la pêche à l'appât dans les régions où il n'est pas obligatoire de déclarer les prises, ainsi que la pêche hivernale aux États-Unis.
    La troisième est de travailler à établir un plan de gestion conjoint avec les États‑Unis vu la présence de maquereau du golfe du Saint-Laurent dans leur pêche hivernale.
(1315)
     La dernière est d'utiliser des appâts alternatifs basés sur des espèces hautement abondantes dans le golfe du Saint‑Laurent, comme le sébaste, jusqu'au rétablissement de la population de maquereau.
    Merci, monsieur le président.
(1320)

[Traduction]

     Merci. Vous êtes exactement dans les temps.
    Nous allons passer aux séries de questions.
    Je cède la parole à M. Small pour six minutes.
    Merci, monsieur le président.
    Merci aux témoins d'avoir pris le temps, malgré leur horaire chargé, de venir ici pour contribuer à cette étude importante.
    Ma première question s'adresse à Mme Schleit.
    Lorsque vous avez formulé vos recommandations dans le cadre de l'évaluation du maquereau cette année, quelles parties prenantes représentiez-vous?
    Merci pour la question.
    Océans Nord est un organisme de bienfaisance canadien. Nous travaillons étroitement avec les pêcheurs et les communautés autochtones. Toutefois, vu notre statut d'organisme environnemental, nous ne représentons pas les pêcheurs.
    Comme je l'ai mentionné dans ma déclaration, nous travaillons de près avec les pêcheurs. Depuis au moins 2015, je discute avec eux des difficultés liées au déclin du maquereau tout en essayant d'apporter des solutions.
    Très bien. Je voulais seulement préciser les parties prenantes que vous représentiez.
    Admettons que nous n'enregistrons aucune prise accessoire dans les filets de pêche à la morue, seulement quelques prises par la pêche récréative et très peu, voire pas du tout, d'observations de maquereau, quelle serait votre évaluation du stock de maquereau à première vue?
    Je voudrais être certaine de bien comprendre. Vous voulez savoir quelle serait mon évaluation du stock si nous ne voyions pas de maquereau.
    C'est exact. À combien évalueriez-vous la quantité de maquereau: pas du tout, peu ou énormément? Comment décrirez-vous le stock si rien, nulle part, n'indique la présence de maquereau?
    Nos décisions sont fondées sur les consultations auprès du MPO et auprès des pêcheurs.
    Depuis 10 ans, nous sommes engagés dans un processus scientifique aux côtés de l'industrie. Ces discussions et ces évaluations tiennent compte d'un grand nombre d'indicateurs sur la santé du stock de maquereau, y compris des relevés des œufs et des informations fournies par les pêcheurs telles que la taille des poissons et le volume des prises. Toutes ces données indiquent un déclin qui se poursuit depuis les 10 dernières années.
    Je tire mes informations de ces travaux scientifiques.
    Merci. Je sais tout cela. Par contre, je ne sais pas si des changements ont été apportés aux évaluations scientifiques des stocks en fonction de la fluctuation de la température des océans. Je sais que les tortues luths sont présentes au large du Labrador et que les requins nagent dans nos eaux septentrionales. Les espèces s'adaptent et se déplacent.
    À votre connaissance, le MPO a-t-il modifié ses procédures pour les relevés?
    Notre organisme tente de convaincre le MPO de tenir compte des changements climatiques. Nous sommes entièrement d'accord sur ce point.
    Au cours des dernières années, le MPO s'est souvent fait demander s'il devait changer la période du relevé des œufs. Selon l'analyse approfondie qu'ils ont effectuée, si je comprends bien, la période du relevé des œufs est déterminée par la longueur des journées et la plage appropriée de températures dans le golfe.
    Par contre, comme l'a mentionné M. Robert, nous constatons que certains changements environnementaux ont une incidence sur le stock.
    D'accord.
    Comme vous le savez, le maquereau a été observé un peu partout, de la baie de Fundy jusqu'au comté de Pictou et à la Côte-Nord, au Québec, de même qu'au large des côtes sud, ouest, est et nord-est de Terre-Neuve et plus au nord jusqu'à la baie de Groswater. Tous ceux qui sont allés en mer cette année ont pris du maquereau. Tous disent qu'ils n'ont jamais vu autant de maquereau de toute leur vie. Prétendez-vous que toutes ces personnes se trompent?
    Ce n'est pas du tout ce que je dis. Je pense que les observations et les informations rapportées par les pêcheurs sont très importantes. C'est justement pour cette raison, je le répète, que nous les rencontrons, notamment pour travailler sur les objectifs du plan de rétablissement et sur différentes mesures de gestion qui pourraient nous permettre de rétablir le stock...
     Mon temps est presque écoulé, mais j'aurais une autre question.
    Combien votre organisme a-t-il investi dans les travaux scientifiques sur le maquereau au cours des 10 dernières années?
    Nous investissons beaucoup dans les travaux scientifiques d'un bout à l'autre du pays. Nous cherchons particulièrement...
    Pourriez-vous décrire les aspects du programme scientifique d'Océans Nord qui portent sur le maquereau dans le Canada atlantique?
(1325)
     Pour l'heure, en ce qui concerne les travaux sur le maquereau dans le Canada atlantique, nous avons investi énormément dans les études sur les effets des changements climatiques sur les pêches dans cette région...
    Pourriez-vous chiffrer en dollars ces investissements?
    Je ne suis pas certaine que cette information est pertinente, mais je serais ravie que vous examiniez nos données financières.
     Nous investissons et affichons des publications en ligne — toutes ces informations sont publiques — sur les effets des changements climatiques sur les pêches. Nous investissons également dans l'utilisation des oiseaux marins comme indicateurs de la situation des poissons fourrage. Voilà une autre technique qui nous permet de tirer des informations de l'écosystème.
     Vous avez accès à toutes ces informations.
    Connaissez-vous le régime alimentaire du maquereau? Le maquereau mange tout en nageant. Il mange des larves de morues, des larves de homards, des larves de capelans et des larves de harengs, c'est-à-dire toutes les larves imaginables. Ces espèces restent dans les eaux atlantiques toute l'année, bien après la migration du maquereau dans la région.
    Étant donné l'abondance du maquereau — qu'on ne peut quantifier, j'imagine — quelle sera l'incidence d'une augmentation du stock de maquereaux sur les autres espèces dans le Canada atlantique, si cette recrudescence est aussi importante qu'on le croit?
    Eh bien, il nous faut bien entendu tenir compte des renseignements les plus récents pour évaluer l'état actuel du maquereau. Il me tarde donc de voir les plus récents résultats du MPO ainsi que les observations des intervenants. Je répète toutefois que mon témoignage s'appuie sur des données de multiples sources s'échelonnant sur une décennie. Ces données indiquent une chute marquée du nombre de maquereaux, et nous nous attendons à toujours observer des poissons dans l'eau. En fait, nous voulons voir des poissons dans l'eau. C'est essentiel pour le rétablissement du stock.
    M. Clifford Small: Gardez à l'esprit que...
    Merci, monsieur Small. Vous avez un peu dépassé le temps alloué.
    M. Clifford Small: Merci, monsieur le président.
    Le président: Nous passons maintenant à M. Morrissey pour un maximum de six minutes.
    Merci, monsieur le président.
    Trois témoins viennent de nous dire qu'ils arrivent essentiellement à la même conclusion, soit que les stocks de maquereaux sont grandement en péril sur la côte Est. Or, j'ai entendu des pêcheurs faire les mêmes observations que M. Small.
    Ma première question s'adresse à M. Pardo.
    Pouvez-vous expliquer brièvement le fossé entre les observations et les signalements des pêcheurs, d'une part, et, d'autre part, les renseignements scientifiques en raison desquels les trois témoins arrivent à la même conclusion, soit que la fermeture de la pêche représente la seule option pour rétablir le stock?
    Monsieur Pardo, pouvez-vous fournir une courte réponse? J'ai une foule de questions.
    Oui. Merci de la question.
    De nombreuses raisons expliquent cet écart. L'une d'entre elles est l'espace géographique: oui, on peut apercevoir plus de maquereaux dans certaines zones des eaux terre-neuviennes, mais ces observations ne tiennent pas compte de la situation ailleurs dans la région. Aussi, on nous a relaté des cas isolés dans l'Ouest de Terre-Neuve — dans la région de Gros Morne — où on ne trouve pas de maquereaux. La répartition du maquereau peut être inégale, et l'évaluation du stock est réellement la seule façon d'évaluer la population dans son ensemble.
    La divergence s'explique aussi par l'« hyperstabilité ». C'est essentiellement ce qui est arrivé à la morue: plus l'abondance de la ressource diminue, plus les poissons se rassemblent en bancs. Ils se mettent donc à apparaître à certains endroits où on les voit plus aisément. Ils sont plus abondants dans cette zone précise, mais ce n'est pas une représentation exacte du stock entier.
    Les changements climatiques jouent aussi un rôle. On sait que les poissons se déplacent plus au nord, alors il se pourrait qu'on observe plus de maquereaux dans la zone nordique et moins dans la zone méridionale.
    Monsieur Pardo, dans votre déclaration liminaire, vous avez indiqué que tout le monde veut voir un stock « viable » parce que seuls les stocks viables permettront de bâtir des communautés côtières pérennes. Puis, vous avez formulé une observation que j'aimerais que vous expliquiez, à savoir que les plans de gestion n'ont jamais été réalisés au cours des dernières années.
    En ma qualité de parlementaire de la côte Est, je suis inquiet que les plans de gestion n'aient jamais été réalisés. Pouvez-vous nous fournir plus de détails?
    J'ai affirmé qu'on n'a pas atteint les objectifs des plans de rétablissement. Est‑ce ce à quoi vous faites référence?
    D'accord. Oui.
    Oui, au cours de la dernière décennie, les mesures de gestion n'ont pas provoqué de croissance de la population. À vrai dire, au cours des dix dernières années, les décisions pour la gestion du stock ont aggravé le déclin de la population. Par conséquent, on a créé le plan de rétablissement.
    L'objectif de ce plan de rétablissement visait en gros à favoriser la croissance de la population. Cet objectif n'a pas été atteint: en effet, l'évaluation de l'an dernier démontre que le nombre de reproducteurs chez le maquereau est tombé au niveau le plus faible jamais enregistré. Voilà ce que je voulais dire.
(1330)
    Pourrais‑je entendre une brève réponse de la part de chacun d'entre vous à la question suivante? Êtes-vous à l'aise avec les meilleures données fournies sur cette ressource, qui proviennent surtout de Pêches et Océans Canada et d'autres sources connexes? Êtes-vous à l'aise avec les données que vous observez?
    Commençons par vous, monsieur Pardo.
    Oui. Je pense que les sciences halieutiques se caractérisent par leur extrême complexité, et tant les modèles que l'approche du MPO sont robustes. J'en suis donc satisfait.
    Nous sommes nous aussi à l'aise avec les données scientifiques. Notre rôle ne se résume pas à simplement considérer le travail du MPO comme étant la vérité absolue. Bien évidemment, une de nos responsabilités consiste à poser un regard critique sur le travail du ministère.
    Nous suivons les projets scientifiques depuis un certain nombre d'années. Comme je l'ai mentionné, la méthode scientifique est robuste: elle s'appuie sur une énorme quantité de données scientifiques variées qui se font confirmer année après année, y compris par des scientifiques américains. Des volets de la science dont on se sert actuellement ont même été adaptés pour tenir compte des recommandations de l'industrie. Par exemple, on a ajouté des estimations supplémentaires de la mortalité naturelle pour prendre en considération les observations des pêcheurs.
    Oui, nous faisons confiance au processus scientifique.
    Madame Schleit, vous avez affirmé que l'industrie vous a recommandé d'adapter vos rapports pour tenir compte de la mortalité.
    Je suis désolée: ce n'était pas moi. Je peux néanmoins répondre que, lors de la dernière réunion sur l'évaluation du MPO — à laquelle nous participons en tant que membres de la table de consultation scientifique, au même titre que l'industrie et les groupes autochtones — un des changements apportés portait sur la mortalité naturelle afin de tenir compte des observations des pêcheurs. Malheureusement, cette variable n'influence pas les résultats.
    Monsieur Robert, vous avez recommandé de réduire la pêche autant que possible et vous avez précisé que la pêche à l'appât représente le segment le moins réglementé de la pêche au maquereau. Pouvez-vous expliciter vos propos?
    Oui, je peux fournir des commentaires à ce sujet.
    Étant donné que la biomasse est appauvrie et que les données fournies par le MPO sur l'abondance sont fiables, nous savons que le maquereau est une des rares ressources pélagiques régies par des données robustes au Canada. Je tiens à le souligner.
    La pression provenant des pêches doit être réduite. La pêche commerciale est bien gérée et bien contrôlée, contrairement à la pêche à l'appât, et ce, dans toutes les zones du Canada atlantique. Toutefois, les contraintes de pêche devraient s'appliquer à tous les types de pêche, y compris à la pêche récréative.
    Merci, monsieur Morrissey.
    Nous allons maintenant entendre Mme Desbiens pendant un maximum de six minutes.

[Français]

     Je remercie les témoins d'être des nôtres, c'est toujours instructif.
    Monsieur Robert, vous avez dit tout à l'heure que vous récoltiez des données sur le stock de maquereau et que vous les étudiiez depuis 2010. Certaines de vos données proviennent probablement des pêcheurs québécois, qui sont contraints de les compiler.
    Comment expliquez-vous, comme vous l'avez relevé dans vos recommandations, que seuls certains groupes de pêcheurs soient contraints de compiler ces données?
    C'est une bonne question.
    J'aimerais clarifier le fait que les travaux que j'ai menés sur le maquereau visaient à comprendre l'écologie larvaire. Les données auxquelles je faisais référence en lien avec l'abondance du stock sont celles que récolte Pêches et Océans Canada.
    Pour ce qui est des critères déterminant quels groupes de pêcheurs sont obligés de compiler des données, ils relèvent du ministère. C'est une question à laquelle je ne peux pas facilement répondre, malheureusement.
(1335)
    La question reste la même. Ai-je bien compris que cette obligation de mesurer la ressource devrait s'appliquer à tous les groupes de pêcheurs qui sont concernés?
    Idéalement, dans tout type de pêche, quand on évalue ou on gère un stock de poissons, il est important de mesurer la mortalité causée par la pêche, de savoir précisément quelle quantité a été pêchée.
    Dans le cas du maquereau, plusieurs incertitudes nous empêchent d'avoir une estimation précise: la pêche à l'appât, la pêche récréative qui se déroule dans l'ensemble du Canada atlantique, et la pêche hivernale aux États‑Unis, qui attrape en partie des poissons qui se reproduisent dans le golfe du Saint-Laurent et qui font partie de notre stock.
     Dans ces circonstances, il faudrait établir un lien entre les États‑Unis et le Canada.
     Vous menez des études sur cette ressource depuis 2010. Cela fait donc plus de 10 ans que vous avez anticipé ce déclin. De plus, vous avez sûrement transmis vos études à Pêches et Océans Canada.
    Comment expliquez-vous le fait que les pêcheurs de maquereau ont été informés de la fermeture de la pêche à 48 heures d'avis? Comment expliquer ce manque de prévisibilité?
    Je n'ai pas d'explication précise à vous donner à ce sujet.
     Cela faisait déjà une bonne dizaine d'années que le consensus scientifique demandait une importante réduction des quotas, mais ces derniers n'ont pas été réduits très rapidement.
    Selon moi, on a pris une bonne décision en fermant la pêche. La façon dont cela a été fait est une autre histoire, mais je n'ai pas de commentaire particulier à faire à cet égard.
    Vous êtes un scientifique, je comprends, mais nous nous questionnons quand même à propos du manque de prévisibilité.
    Avez-vous espoir que la ressource va se renouveler? Combien d'années cela peut-il prendre, selon vous, ou parlons-nous plutôt de décennies?
    C'est une question à laquelle il est difficile de répondre.
    Nous avons besoin d'une bonne cohorte, comme celle que nous avons eue en 1999. Si nous obtenons un événement de fort recrutement, les poissons qui naissent cette année et qui survivront en grand nombre au stade larvaire vont pouvoir être pêchés au plus tôt dans quatre ou cinq ans. Par contre, les conditions ne sont pas propices au recrutement, et ce, depuis un certain temps.
    Peut-on dire qu'il faudrait prendre d'importantes mesures pour contrer les changements climatiques, afin de favoriser le refroidissement des eaux et l'amélioration des ressources?
    Il est toujours bon d'avoir un plan de gestion qui tienne compte des changements climatiques.
    Par contre, dans le cas du maquereau et d'autres espèces semblables, la variation des conditions d'une année à l'autre est très difficile à prédire.
    Présentement, le climat tend à se réchauffer, mais il y aura quand même des années plus froides que d'autres. Ces années plus froides vont probablement favoriser un meilleur chevauchement temporel entre les larves et leurs proies. Il faut être patient et, surtout, laisser des reproducteurs dans le milieu. Ainsi, lorsque ces conditions seront réunies, la ponte sera suffisante pour favoriser une importante cohorte.
    La mesure des ressources et le développement de...

[Traduction]

    Merci, madame Desbiens. Vous avez terminé juste à temps. Je vous en remercie.
    Nous donnons maintenant la parole à Mme Barron pendant six minutes ou moins.
    Merci, monsieur le président.
    Je remercie les témoins de comparaître devant nous aujourd'hui.
    Je veux exprimer ma gratitude de participer à cette réunion pendant laquelle nous pouvons discuter ouvertement et écouter ceux qui s'inquiètent de l'utilisation commerciale du maquereau et de ses répercussions sur l'environnement. Nous pouvons aussi en apprendre sur les préoccupations des pêcheurs commerciaux et sur la viabilité à long terme de leur industrie. Je trouve qu'il importe de ne pas se considérer comme des adversaires et de nous en tenir plutôt aux faits et aux façons de collaborer pour accroître la durabilité de nos pêches et de nos océans.
    Madame Schleit, j'ai aimé vos commentaires sur les retombées économiques du rétablissement du maquereau et sur les nombreux avantages que nous retirerons tous de ces efforts, y compris sur le plan économique. Vous avez fourni certains chiffres et le taux de rendement de cet investissement. Ce sont des éléments cruciaux que nous devons prendre en considération.
    Madame Schleit, pouvez-vous nous fournir un peu plus de détails sur les groupes de travail que vous avez mentionnés, qui incluent l'industrie et les groupes autochtones? À quelle fréquence ces réunions ont-elles eu lieu au fil des ans?
(1340)
    Je crois que c'est en 2015 que le MPO a formé un groupe de travail sur le plan de rétablissement. Il me semble que ce groupe s'est réuni au moins quatre fois par année. Ajoutons à cela les réunions du comité consultatif, qui ont habituellement lieu une fois par année. Puis, il y a deux évaluations de stocks par année.
    Toutes ces réunions réunissent des scientifiques du MPO, de nombreux membres de l'industrie, quelques membres d'ONG et quelques membres des communautés autochtones. Je sais que le MPO a aussi tenu des réunions spéciales avec les communautés autochtones en vue des réunions du comité consultatif afin de mieux écouter et mettre en commun les perspectives.
    Ces réunions se déroulaient bien. Les participants étaient nombreux. Comme je l'ai dit, au début, nous nous réunissions en personne quelques fois par année, puis nous sommes passés à des réunions virtuelles. Tous les participants déployaient des efforts de bonne foi pour trouver des solutions, pour déterminer par exemple si on devrait changer la taille des filets ou certaines des saisons.
    De nombreuses solutions proposées faisaient ensuite l'objet d'études approfondies par les scientifiques, par exemple. Malheureusement, le constat — s'appuyant sur les avis scientifiques et les analyses scientifiques poussées — était toujours le même: une réduction du total des prises autorisées constituait la solution pour rétablir les stocks.
    Merci.
    Ma prochaine question s'adresse à M. Pardo.
    Monsieur Pardo, merci énormément d'avoir énoncé certaines de vos réflexions sur les raisons expliquant qu'on observe des nombres plus importants de poissons et sur les raisons potentielles expliquant que l’on constate des augmentations dans certaines zones. Merci de nous avoir expliqué les différents facteurs. Je trouve qu'il est toujours fascinant d'entendre différentes perspectives à ce sujet.
    Je me demande si vous pourriez nous faire part de signes révélateurs qui, selon vous, annonceraient le rétablissement du stock de maquereaux.
    Avant de ce faire, j'aimerais préciser que les explications que j'ai fournies sont des explications potentielles. Ce que j'essaie de dire, c'est que nous n'avons pas de certitude. Ces scénarios se concrétisent peut-être, mais nous ne le savons pas, ce qui m'amène à répondre à la question sur ce qui constituerait un signe annonciateur d'un rétablissement.
    Nous devons à tout prix constater comme résultat d'une évaluation des stocks une abondance de poissons reproducteurs qui dépasserait la zone critique, soit un certain seuil déterminé par le comité consultatif. Ce serait un signe de rétablissement.
    Merci d'avoir clarifié les éléments que j'essayais de clarifier.
    Les personnes naviguant sur l'eau nous fournissent de nombreuses données, tant utiles qu'optimistes. Or, l'évaluation des stocks représente véritablement le meilleur outil à notre disposition pour évaluer l'abondance générale du maquereau dans le Canada atlantique et au Québec.
    Merci.
    Je pourrais peut-être vous poser, monsieur Pardo et madame Schleit — en premier —, une question en deux volets. Selon vous, qu'arriverait‑il au stock si on ne fermait pas la pêche? Quels signes devraient se manifester pour rouvrir la pêche au maquereau?
    Il est difficile de prédire ce qui se passerait dans un scénario hypothétique, mais, selon les données des dernières années, on pourrait s'attendre à ce que le stock diminue encore plus, et ce, même si la pêche se maintenait à ces très faibles niveaux. J'imaginerais donc — et ce n'est pas tiré par les cheveux de se l'imaginer — que, si on rouvrait la pêche trop tôt, la population serait soit incapable de se rétablir ou diminuerait encore plus. C'est ce à quoi je m'attendrais, mais on ne sait jamais.
    Quelle était la deuxième partie de votre question?
    Selon vous, qu'arriverait-il si le stock n'était pas fermé, et à quoi ressemblerait la situation lorsque la pêche au maquereau serait prête à rouvrir?
(1345)
    Si la pêche était prête à rouvrir et si la ressource était suffisamment rétablie pour dépasser la zone critique, on verrait beaucoup plus de maquereaux dans toutes les régions. Les personnes observant le maquereau en verraient, dans toute la région, plus que ce qu'ils ont vu depuis longtemps. C'est ce à quoi la situation ressemblerait. La ressource serait, je dirais, abondante.
    Merci, monsieur Pardo.
    Madame Schleit, voulez-vous répondre aux questions que j'ai posées?
    Oui. Merci.
    Un peu comme ce que M. Pardo a décrit, je crois qu'on a vu pendant des années les signes montrant que le stock allait continuer à diminuer aux niveaux de prises actuels. C'est ce qu'on a constaté année après année, jusqu'à ce que les dernières données scientifiques démontrent que le stock se situait au niveau le plus bas jamais enregistré; très peu de gros poissons et très peu de naissances nécessaires ont été observés.
    On a recensé une petite déviation en 2015, année où on a noté ce qu'on appelle une classe d'âge plus élevée, mais la ressource a essentiellement été pêchée en quelques années à cause des niveaux élevés du total de prises autorisées. J'imagine qu'on s'attendrait à relever de nombreux indicateurs dénotant des signes de déclin si le stock était plus en santé.
    Merci, madame Barron.
    Nous passons maintenant à M. Perkins pendant cinq minutes ou moins.
    Merci, monsieur le président. Merci aux témoins.
    Mes questions s'adressent surtout à M. Robert.
    Monsieur Robert, vous participez aux études annuelles de sciences biologiques sur la biomasse du stock reproducteur menées par le MPO sur le maquereau. Est‑ce exact?
    Oui, je suis habituellement un participant, mais pas à chacune d'entre elles.
    À quand remonte la dernière?
    J'ai participé en ligne à la dernière étude.
    Remonte‑t‑elle à l'an dernier, en 2021?
    Oui.
    La température de l'eau doit se situer entre 10 et 13°C pour le frai des maquereaux. Est‑ce exact?
    Oui, nous disons qu'elle doit atteindre au moins 7°C et un maximum d'environ 14°C. C'est environ la limite maximale. Les valeurs que vous avez données représentent probablement les températures optimales pour la période de frai maximal.
    C'est pour la période de frai maximal.
    Au cours des 10 dernières années, le MPO a effectué ses études à des températures moyennes d'environ 8°C, selon l'examen et la recherche que mon équipe et moi avons faits. Parfois, les études sont même menées dès le 6 juin, alors que l'eau est encore plus froide que cette moyenne.
    Je crois comprendre que le MPO se rend au même endroit dans le golfe tous les ans pour l'échantillonnage, à des dates qui varient légèrement. Si on prélève des échantillons de la biomasse du stock reproducteur alors que l'eau est beaucoup plus froide — si on mène l'étude sur le terrain trop tôt — à quel résultat l'étude arrive-t-elle?
    Tout à fait. Le moment choisi importe. La raison pour laquelle les relevés ont lieu de la mi‑juin à la fin juin — les relevés durent environ deux semaines — est que, en moyenne, la majeure partie du stock reproducteur se trouve dans le Sud du golfe du Saint-Laurent à cette période. Certaines années, à cause d'une anomalie dans le relevé — par exemple, si le navire n'est pas en mesure de se rendre sur les lieux à temps à cause d'un bris mécanique ou d'un autre facteur similaire —, le relevé est écarté et n'est pas comptabilisé dans la série chronologique comme étant un relevé d'abondance.
    Nous parvenons à corriger les différences interannuelles entre les dates en recueillant des échantillons de femelles partout dans le golfe à l'aide des pêcheurs, mais aussi grâce aux collecteurs scientifiques du MPO. Ces collecteurs sont en mesure de déterminer au fil de la saison la proportion — le rapport — de femelles qui ont frayé comparativement à celles qui n'ont pas encore frayé.
    Aussi...
    Je suis désolé, mais je vous suis reconnaissant de votre réponse. Je dispose de peu de temps, voilà tout.
    Nous avons entendu aujourd'hui que les tendances migratoires changent en raison des changements climatiques et des changements dans l'eau. Pourtant, le MPO se rend toujours au même endroit. Se pourrait‑il que le frai se produise ailleurs que là où le MPO fait des recherches?
    Oui, tout à fait. Nous savons que le maquereau migre et suit des courants de températures, comme vous l'avez mentionné. Ils suivent les isothermes de 7°C lorsqu'ils migrent vers l'est du Canada. Pendant l'été...
(1350)
    Des pêcheurs ont trouvé des maquereaux de la taille de poissons reproducteurs dans la baie Notre Dame dans le Nord-Est de Terre-Neuve en août. Je ne sais pas si vous pouvez voir l'écran. Mon collègue, M. Clifford Small, montre une image.
    M. Dominique Robert: Oui.
    M. Rick Perkins: Lorsque les études sont menées au début juin dans le golfe, je crois que vous ratez de grandes quantités de poissons reproducteurs, ou que le MPO en rate de grandes quantités. Est‑ce possible?
    En fait, c'est toujours une possibilité. Je faisais partie d'une équipe d'échantillonnage qui tentait d'attraper des larves dans cette partie de Terre-Neuve il y a quelques années. Nous n'avons pas réussi à recueillir des quantités importantes de larves ou d'œufs. C'est un lieu de reproduction et nous la mesurons régulièrement à l'extérieur du sud du golfe du Saint-Laurent, mais jusqu'à maintenant, nous n'avons trouvé que des quantités négligeables.
    Les pêcheurs en ont trouvé assez facilement au nord-est de Terre-Neuve.
    J'aimerais vous poser une dernière question, sur la mortalité. Quelle est la quantité de poissons tués par le phoque gris par opposition à la quantité de poissons pêchés?
    Nous ne le savons pas. Malheureusement, iln'y a eu aucune étude officielle sur les causes de mortalité du maquereau. On a procédé à une telle étude sur le hareng dans le golfe du Saint-Laurent, mais pas sur le maquereau. Il serait bon de le faire. Nous avons besoin de ces données.
    Merci, monsieur Perkins.
    Nous allons maintenant entendre M. Cormier, qui dispose d'au plus cinq minutes pour son intervention.

[Français]

     Je vous remercie, monsieur le président.
    Je suis le sixième membre du Comité à prendre la parole, alors il va de soi qu'on a déjà répondu à pas mal de questions.
    Monsieur Robert, je veux d'abord vous parler du hareng du printemps. Comme vous l'avez dit, vous avez fait certaines études là-dessus. D'où viennent les statistiques qui vous ont permis d'arriver à la conclusion qu'il est impératif de fermer cette pêche? Viennent-elles de Pêches et Océans Canada, ou les avez-vous compilées vous-même en collaboration avec d'autres groupes?
    C'est la mesure de l'abondance qui est déterminante ici, et les données à ce sujet proviennent de Pêches et Océans Canada. Les chercheurs individuels comme moi font plutôt des relevés à grande échelle.
    Une fois les données du ministère obtenues, je les évalue en collaboration avec un groupe de chercheurs universitaires et de scientifiques du gouvernement, nous arrivons à un consensus sur la qualité des données et c'est de cette façon que nous allons de l'avant.
    C'est parfait.
    Selon vous, l'imposition d'un moratoire pour la pêche du hareng du printemps était la bonne décision à prendre, n'est-ce pas?
    Oui, c'est exact. L'abondance était devenue trop faible pour permettre un retour du stock.
    C'est parfait.
    Comparons la pêche au hareng du printemps à celle au hareng d'automne. Pensez-vous que celle d'automne est dans la même situation critique que celle du printemps?
    Non. L'état du stock du hareng d'automne est meilleur que celui du hareng du printemps. La tendance est semblable pour plusieurs autres stocks d'automne par rapport aux stocks de printemps dans le nord-ouest de l'Atlantique.
    J'aimerais que vous expliquiez aux membres du Comité pourquoi, selon vous, le stock du hareng d'automne est en meilleur état que celui du printemps?
    C'est un peu la même problématique que celle du maquereau, présentement. Les données montrent un déphasage entre les stocks et leurs proies. Autrefois, les proies des jeunes poissons étaient plus concentrées au printemps, lorsque les conditions sont froides. Lorsque les conditions sont chaudes, c'est le hareng d'automne qui profite le plus du chevauchement avec les proies.
    En ce qui a trait au maquereau, vous avez dit quelque chose de super intéressant tantôt. D'ailleurs, c'est un sujet que je connais un peu. Selon vous, le stock de maquereaux semble migrer des eaux canadiennes vers les États‑Unis et les deux pays semblent pêcher le même stock.
    Or, au Canada, nous avons fermé la pêche au maquereau, contrairement aux États‑Unis. Ne trouvez-vous pas qu'il sera extrêmement difficile d'augmenter le stock de maquereaux dans les années à venir si les Américains peuvent continuer à pêcher ce poisson, contrairement à nous?
(1355)
    Le maquereau qui est dans le golfe du Saint‑Laurent et dans le Canada atlantique plus tard en été migre vers les eaux côtières américaines pour hiverner. Il y a une pêche hivernale aux États‑Unis, pour laquelle les quotas ont cependant beaucoup diminué, comme cela a été mentionné tout à l'heure. Par contre, la pêche est encore ouverte là-bas, à ma connaissance.
    C'est donc un grand problème, effectivement, qui demande une action concertée avec les États‑Unis pour assurer le retour de ce stock. Si les États‑Unis pigent dans le stock alors que nous arrêtons de le faire, nous n'y arriverons pas.
     Les pêcheurs nous disent souvent qu'ils voient beaucoup de maquereaux et de harengs. C'est vrai, mais, comme vous le disiez, la taille de ces poissons est tellement petite qu'ils n'ont pas la chance de se reproduire et de devenir assez matures. Est-ce exact?
    En fait, il y a deux éléments à considérer. Premièrement, les poissons se tiennent en bancs, même quand il n'y en a pas beaucoup. On en voit donc toujours quelque part à un moment donné, même s'il y en a moins qu'avant.
    Deuxièmement, les poissons actuels sont très petits. On ne voit plus de gros maquereaux ou très peu, ce qui est vraiment un autre signe que le stock dépérit.
     Pensez-vous...

[Traduction]

    Je suis désolé monsieur Cormier, mais vous n'avez plus de temps.
    Voilà qui conclut la première heure de notre réunion. Je tiens à remercier nos trois témoins, M. Pardo, M. Robert et Mme Schleit, d'avoir partagé leurs connaissances avec nous aujourd'hui.
    Nous allons suspendre la séance quelques minutes pour organiser le prochain groupe de témoins puis nous entamerons la deuxième partie de notre réunion.
(1355)

(1400)
    J'aimerais faire quelques observations à l'intention des nouveaux témoins.
    Veuillez s'il vous plaît attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Ceux qui participent à la réunion avec vidéoconférence doivent cliquer sur l'icône du microphone pour l'activer et le mettre en sourdine lorsqu'ils n'ont pas la parole.
    Les participants à la réunion par Zoom ont accès à l'interprétation. Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le son du parquet, l'anglais et le français. Ceux qui se trouvent dans la salle peuvent utiliser l'oreillette et choisir le canal souhaité.
    Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
    J'aimerais maintenant vous présenter les témoins. Nous recevons le président de FFAW — Fish, Food and Allied Workers — Unifor, Keith Sullivan. Il se joint à nous par Zoom. Nous recevons également les représentants du Regroupement des pêcheurs pélagiques professionnels du sud de la Gaspésie: le président, Ghislain Collin, et le pêcheur professionnel Lauréat Lelièvre. Enfin, nous recevons M. Jordan MacDougall, qui est pêcheur professionnel pour l'Inverness South Fishermen’s Asssociation.
    Nous vous remercions de témoigner devant nous aujourd'hui. Vous disposerez chacun d'au plus cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire.
    J'inviterais M. Sullivan à commencer.
    Allez‑y, monsieur.
    Merci. J'espère que vous m'entendez bien.
    Au nom de nos 13 000 membres à Terre-Neuve-et-Labrador, je vous remercie de nous donner l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui sur ce sujet important.
    Fish, Food and Allied Workers Union représente les pêcheurs côtiers de notre province. Notre syndicat est composé de 3 000 propriétaires d'entreprises et environ 7 000 membres d'équipage. Nous représentons aussi les travailleurs du domaine de la transformation du poisson.
    Le maquereau est la principale espèce pélagique pêchée à Terre-Neuve-et-Labrador. Il s'agit d'une importante espèce commerciale associée à de grands débarquements. Comme les stocks traversent les frontières vers les États-Unis, FFAW tente de se faire entendre depuis plus de cinq ans, avec d'autres membres de l'industrie, au sujet du changement des habitudes migratoires, de la faible couverture générale de l'enquête scientifique et des changements des habitudes de pêche afin de considérer la science de manière plus substantielle.
    Le 30 mars 2022, le ministère des Pêches et des Océans a annoncé un moratoire sur la pêche commerciale du maquereau à Terre-Neuve-et-Labrador, même si les pêcheurs voyaient d'importants signes de croissance de ces stocks. Ils ne s'attendaient pas à une fermeture, surtout sans un engagement relatif à l'augmentation des relevés destinés aux évaluations de stock. Depuis des années, les pêcheurs font valoir que le Secteur des sciences du ministère sous-estime grandement la biomasse du maquereau et proposent des projets scientifiques pour démontrer ce qu'ils ont observé en mer, mais aucune des recommandations en vue d'un travail de collaboration pour combler cette lacune sur le plan scientifique n'a été mise en œuvre.
    Depuis des années, la mauvaise gestion des stocks représente un problème pour les pêcheurs de la province. Le Secteur des sciences du ministère des Pêches et des Océans n'a pas suffisamment de données sur la pêche récréative, qui demeure ouverte tandis que la pêche commerciale est fermée ni sur l'incidence du retrait du maquereau du contingent nordique — ou du maquereau canadien — des eaux américaines.
    Bien qu'aux États-Unis, le nombre de prises ait été réduit au cours de la dernière année, la pêche commerciale y est toujours pratiquée cette année, tout comme la pêche récréative du maquereau, alors qu'ici, des gens qui dépendent de cette ressource ont perdu leur travail.
    FFAW a demandé à répétition au Secteur des sciences du ministère de revoir son approche relative au maquereau afin de bien comprendre la taille et la migration des stocks. Malheureusement, l'expérience et les connaissances de pêcheurs sont ignorées depuis plus de 10 ans, ce qui a entraîné des pertes financières importantes pour notre industrie.
    La fermeture de la pêche au maquereau a entraîné une déception générale, puisque les pêcheurs avaient réussi à prendre plus de prises qu'au cours des années précédentes. Depuis 2016, les intervenants ont fait valoir que la science sous-estimait la biomasse et que les observations judicieuses des pêcheurs continuaient d'être ignorées dans le cadre de la prise de décisions. Ces observations montrent que le maquereau se reproduit dans des zones plus à l'est que ce qu'indiquent les relevés actuels, qui sont faits dans le sud du golfe.
    Il est essentiel d'accroître nos connaissances sur les habitudes de reproduction du maquereau de l'Atlantique. L'approche actuelle du ministère des Pêches et des Océans pour évaluer la taille des stocks de maquereau vise les relevés dans le sud du golfe, loin des autres zones où les pêcheurs observent des signes de croissance des populations de maquereau.
    Les pêcheurs de maquereau ont constaté une abondance du poisson, malgré le déclin observé dans le cadre de l'évaluation des stocks. Nous avons soulevé à maintes reprises des questions au sujet de sites de reproduction supplémentaires du maquereau à l'extérieur du sud du golfe. Non seulement les pêcheurs ont‑ils vu une abondance de maquereaux pendant la saison de la pêche, mais ceux du sud de Terre-Neuve-et-Labrador en ont aussi vu sur le banc de Saint-Pierre.
    FFAW a proposé des méthodes scientifiques qui auraient recours à des échantillons et des données de la province, notamment à une collecte dans toutes les régions, sur une période prolongée. Le pêcheur d'expérience Keith Bath a pêché des maquereaux adultes dans la zone 3Ps en juin et en juillet 2021. M. Bath a fait valoir qu'il y avait de plus en plus de maquereaux adultes dans la région du banc en juillet, tandis qu'au cours des années précédentes, il les attrapait dans ses filets en mai.
    Enfin, les chasseurs de partout dans la province, que ce soit sur la côte nord-est ou sud-ouest de la baie Fortune, ont dit avoir trouvé de très petits maquereaux dans l'estomac des guillemots.
    Ainsi rassemblées, ces observations donnent à penser que le maquereau se trouve un peu partout dans les eaux de Terre-Neuve-et-Labrador au cours de son cycle de vie.
(1405)
    Lors de la rencontre consultative de l'année dernière, les représentants de FFAW ont présenté de nombreuses preuves de la présence d'importants stocks de maquereau de l'Atlantique et ont demandé au Secteur des sciences du ministère des Pêches et des Océans de revoir son approche dans ce domaine, dans le but de comprendre la taille et les habitudes de migration des stocks. Le ministère nous a avisés de la fermeture de la pêche en 2022.
    Notre intérêt et notre engagement à l'égard de la recherche sur le maquereau vont au‑delà d'une simple collecte d'échantillons. FFAW a présenté une demande de financement pour procéder à la recherche sur la microchimie des otolithes en collaboration avec le Secteur des sciences du ministère et les chercheurs universitaires, en vue de déterminer leur maturité. Nous avons aussi réalisé nos propres études cette année en collaboration avec des pêcheurs membres de FFAW, qui paient de leur poche pour faire ce travail, parce que le ministère refuse de le commander.
    Nous recommandons au ministère des Pêches et des Océans d'investir immédiatement pour élargir son champ d'études sur le maquereau et de consulter les pêcheurs dans le cadre de ce travail.
    Merci, monsieur Sullivan.
    Nous allons maintenant entendre M. MacDougall, qui dispose de cinq minutes.
    Je suis un pêcheur commercial membre de l'Inverness South Fishermen's Association. Je pêche le homard, le thon, le maquereau et le crabe au large de la côte ouest du Cap-Breton.
    Il y a environ 15 ans, une grande quantité de poisson passait par ici et les pêcheurs pouvaient vivre partiellement de cette ressource. Aujourd'hui, les poissons ne sont plus là. La biomasse est petite. Les pêcheurs ne peuvent plus attraper de gros poissons, même pour la pêche au thon au cours de l'été et de l'automne, alors qu'ils pouvaient le faire il y a 15 ans.
    Nous n'étions pas surpris de voir ce qui s'est passé avec le maquereau, mais nous ne savons pas si ce grand banc de poissons s'est déplacé vers le nord — s'il y a un banc encore plus grand — ou si c'est en raison de la température de l'eau, qui se réchauffe ici.
    Nous avons un grand banc de petits maquereaux; l'avenir est donc prometteur.
    J'aimerais qu'il y ait plus d'études scientifiques sur le maquereau. Le problème avec une fermeture totale de la pêche comme celle que nous connaissons, c'est la réouverture: que va‑t‑il se passer et comment les ressources seront-elles réparties?
    Ce sont nos principales préoccupations.
    Merci.
(1410)
    Merci.
    Nous allons maintenant entendre une déclaration commune de M. Collin et de M. Lelièvre, qui disposent d'au plus cinq minutes. Allez‑y.

[Français]

    Le Regroupement des pêcheurs pélagiques professionnels du Sud de la Gaspésie représente 23 membres qui pêchent depuis longtemps et qui ont été durement touchés par la fermeture de la pêche au printemps, survenue à moins de 48 heures d'avis. Cinq d'entre eux ont été encore plus touchés en raison de leur âge.
    Les membres que je représente pêchent le maquereau à la main ou avec des systèmes électriques sur des lignes qui peuvent porter un maximum de 200 hameçons. C'est donc une pêche très sélective, durable et respectueuse de l'environnement et de la faune marine.
    Le journal de bord et l'appel d'entrée sont imposés par le ministère des Pêches et des Océans exclusivement aux pêcheurs du Québec et aux senneurs. Malgré nos représentations au Comité consultatif du maquereau de l'Atlantique, à Halifax, où nous avons demandé d'imposer les mêmes contrôles rapides et simples aux autres provinces pour fournir des données précieuses et pertinentes, nos demandes pour préserver la ressource sont restées vaines. Nous n'avons eu aucune nouvelle.
    Étant donné que nous avons montré patte blanche pendant des années et que nous avons tout fait en notre pouvoir pour préserver la ressource, nous demandons aujourd'hui une compensation financière d'urgence pour les frais encourus avant la suspension de la pêche et pour la perte de revenus qui découle de notre saison de pêche perdue. De plus, nous voulons être partie aux discussions et aux réunions concernant le maquereau. Nous demandons aussi de faciliter l'accès à d'autres espèces abondantes et lucratives dans le but de surmonter cette crise sans demander de l'aide et des fonds publics pour les prochaines années.
    Par ailleurs, nous demandons des pêches sentinelles et scientifiques pour les prochaines années, ainsi que des pêches exploratoires visant d'autres espèces émergentes, afin de diversifier le portefeuille de permis, contribuant ainsi à la rentabilité des entreprises tout en diminuant la pression exercée sur les espèces dont le stock doit être rétabli.
    Finalement, nous demandons deux quotas distincts lors du rétablissement de l'espèce, un pour la pêche à l'hameçon et l'autre pour la pêche à la drague dans l'Atlantique.
    En conclusion, le Regroupement ne conteste pas la science. Nous croyons au travail des scientifiques et nous voulons le rétablissement de la ressource grâce à des pêches sélectives et durables. Le Regroupement des pêcheurs pélagiques professionnels du Sud de la Gaspésie mérite d'être soutenu par le gouvernement.
    Merci.
    Comme je n'ai qu'un peu plus de deux minutes pour vous dresser le portrait de huit mois de frustrations, j'irai droit au but.
    Le 30 mars 2022 est une journée qui restera gravée dans ma mémoire pour le reste de ma vie, et pas pour les bonnes raisons. À moins de 48 heures d'avis, et sous prétexte qu'une action urgente était nécessaire pour régénérer les stocks, la pêche au maquereau et la pêche au hareng du printemps ont été suspendues en Gaspésie, chez moi. En un claquement de doigts, une vingtaine de camarades pêcheurs et moi nous sommes retrouvés sans revenu et sans activité commerciale. Une telle décision fait mal. Ce sont des mois de travail et de préparation, ainsi que plusieurs dizaines de milliers de dollars en investissement dans nos bateaux, qui sont devenus inutiles.
    C'est ici que le volet le plus sombre de l'histoire commence, parce que ce qui nous a vraiment affectés, c'est d'apprendre qu'aucun programme d'indemnisation n'avait été préparé pour nous. Nous étions laissés à nous-mêmes.
    Qu'on me comprenne bien: je ne remets pas en question la décision de suspendre la pêche pour régénérer les stocks, et encore moins l'expertise des scientifiques. Ils font leur travail et je le respecte. Ce que je remets en question, c'est la façon dont le gouvernement fédéral s'y est pris pour nous l'annoncer, alors que les bateaux étaient déjà à l'eau.
    Nous sommes un pays du G7 qui est censé offrir un filet social digne de ce nom et ne laisser personne pour compte. Pourquoi nous faut-il être devant vous, à Ottawa, huit mois après la suspension de la pêche pour vous expliquer à quel point cette décision soudaine nous a scié les jambes? Pourquoi n'y avait-il rien de prêt pour nous épauler pendant cette suspension?
    Nous sommes maintenant en novembre et nous n'avons toujours aucune indication, aucun programme d'aide, rien du tout. Ce que nous demandons, au-delà des compensations financières, ce sont des pêches prévisibles. Laisser toute une communauté dans l'incertitude pendant plus de huit mois, c'est inhumain.
    Je compte sur vous, membres du Comité, pour porter ce message dans vos caucus.
    Merci de votre écoute.
(1415)

[Traduction]

    Merci.
    Nous passons maintenant à notre première série de questions.
    Nous allons d'abord entendre M. Small, qui dispose de six minutes, au plus. Allez‑y.
    Merci, monsieur le président.
    Ma question s'adresse à M. Sullivan.
    Étant donné ce qui s'est passé cet été sur toutes les côtes de l'île de Terre-Neuve et jusqu'à la rive du Labrador, quelle a été l'expérience de vos membres en ce qui a trait à l'abondance du maquereau? Savez-vous s'il y a eu des prises accessoires?
    Le nombre de maquereaux observés, et qui a été confirmé est énorme. Vous savez, les gens pêchent depuis 40 ou 50 ans et ils n'ont jamais rien vu de tel. Il n'est pas question ici d'autoaccomplissement ou d'autopromotion. Nous n'avons tout simplement jamais vu autant de maquereaux. Le maquereau est largement répandu et se trouve à la fois au large de la côte du Labrador et au large de la côte nord-est de Terre-Neuve, dans les baies, au sud de la côte sud-ouest. Il est partout en même temps. C'est du jamais vu et cela donne à penser qu'il y a une rupture entre ce que montre la science...
    Vous avez aussi parlé des prises accessoires. Je dois dire qu'il arrive souvent que nous attrapions des maquereaux dans des zones consacrées à la pêche des morues de sept livres. C'est de là que nous tirons nos échantillons. C'est franchement anormal et c'est du jamais vu.
    Voilà une autre chose anormale. Il s'agit d'une photo qui m'a été envoyée par l'un de vos membres, qui se trouve dans la baie Notre-Dame, à environ 600 milles de la côte de la Nouvelle-Écosse et dans le golfe. Où devrait‑on trouver un maquereau de cette taille au mois d'août?
    Je ne prétends pas être un scientifique spécialiste du maquereau, mais il est important de comprendre que ce poisson ne naît pas dans le golfe, par exemple. Il vient de la côte nord-est. Un maquereau de cette taille n'irait pas bien loin. Il y a de plus en plus de grandes quantités de ces maquereaux qui sont nés quelque part dans les eaux de Terre-Neuve sur la côte est et non dans le sud du golfe. C'est pourquoi nous disons qu'il faut plus d'études scientifiques pour dresser un portrait réaliste de ce qui se passe avec ces stocks de poisson.
(1420)
    Avez-vous fait valoir auprès du ministère des Pêches et des Océans le besoin de mieux tenir compte du point de vue des pêcheurs, étant donné ces anomalies et autres phénomènes jamais vus? Est‑ce que le ministère reconnaît que la migration du maquereau peut changer ou est‑ce qu'il le nie?
    La situation n'est pas claire, mais elle est frustrante, et ne date pas de cette année. Comme je l'ai dit plus tôt, cela fait maintenant une décennie que nous parlons de la déconnexion entre ce qui est dit et ce que nous constatons, mais rien n'a été fait jusqu'à maintenant. On a seulement réalisé une étude au nord de White Bay et de Green Bay, mais l'eau y est probablement trop froide. Je crois que M. Robert en a parlé.
    Il y a eu une étude, mais on ne peut... On parle ici d'empêcher des gens de travailler et de subvenir à leurs besoins... Je n'ai jamais vu... Le ministère esquive ses responsabilités, c'est pourquoi la situation est si troublante. Si je semble être en colère au sujet du manque de reconnaissance de l'information transmise par les pêcheurs, c'est que je suis vraiment contrarié parce qu'on ne fait rien de plus pour savoir ce qui se passe avec ces stocks de poisson.
    Vous avez parlé d'un pêcheur, Keith Bath, qui a pêché des maquereaux sur le banc de Saint-Pierre en mai ou en juin alors qu'ils auraient dû se trouver plus près des côtes de la Nouvelle-Écosse et de l'Île-du-Prince-Édouard, où ils devraient se reproduire. Quelle est la distance entre l'endroit où l'on recense les oeufs de poisson et l'endroit où le maquereau pourrait se reproduire?
    On parle de centaines de milles. C'est très loin de l'endroit où l'on s'attendrait à ce que le maquereau se reproduise. On en voit de plus en plus. C'était l'exemple d'une prise accessoire dans une zone où l'on ne voit habituellement pas de maquereau, et où l'on attrape de plus gros poissons de fond, avec des filets.
    Leur nombre était important aussi. Il faut enquêter là‑dessus. Nous en parlons depuis un bon moment et nous recueillons des échantillons que nous envoyons au ministère à répétition, en offrant de faire des études microchimiques pour savoir où le maquereau passe sa vie. Toutefois, le ministère semble vouloir simplement tout fermer et empêcher les gens de travailler. C'est ce qui nous déçoit.
    Merci, monsieur Small. Votre intervention a duré six minutes exactement.
    Nous allons maintenant entendre M. Cormier, qui dispose de six minutes.

[Français]

     Merci, monsieur le président.
    Messieurs Collin et Lelièvre, je vous salue de mon bureau. Je sais que vous êtes à Ottawa, présentement, mais nous avons en commun la Baie des Chaleurs.
    Vous parlez à un fils de pêcheur. Mon père a été pêcheur toute sa vie. Il a pêché pratiquement toutes les espèces: homard, hareng, maquereau, crabe. Je connais très bien les préoccupations et les défis que vous vivez présentement.
    Ma première question pour vous deux est la suivante: est-ce que vous êtes deux pêcheurs dépendant strictement de la pêche au hareng et au maquereau, ou est-ce que vous faites d'autres sortes de pêches?
    En 2021, j'avais un petit quota de crabe de 12 000 livres.
    Était-ce le crabe des neiges?
    Oui, c'était le crabe des neiges. J'ai vendu ce permis, parce que je voulais ne faire que de la pêche au maquereau. J'ai donc fait ma demande en janvier et, le 30 mars, j'ai vendu mon permis de crabe, la même journée où la pêche au maquereau a été fermée. Je me suis retrouvé avec rien.
     Si j'avais été averti en janvier, trois mois d'avance, je serais peut-être encore crabier et j'aurais gardé un revenu.
    Vous avez donc vendu votre permis.
    Je l'ai vendu la même journée où la pêche au maquereau a été fermée.
    Quant à vous, monsieur Collin, quelle sorte de pêche faites-vous?
    Moi, je pêche le homard depuis deux ans. Avant, je ne pêchais que le hareng et le maquereau. Les membres que je représente et pour qui je viens demander une compensation sont des pêcheurs de hareng et de maquereau.
(1425)
     Parfait, c'est ce que je voulais clarifier.
    Ils pêchent aussi les petits poissons de fond.
    Je vous comprends très bien.
     Je veux mettre quelque chose au clair, en mon nom personnel, pas celui des autres collègues de mon propre parti. J'ai rencontré plusieurs groupes, dont des syndicats. J'ai aussi rencontré des groupes de pêcheurs de ma région qui ont également été touchés par cette mesure. Depuis la fermeture de la pêche, je demande une forme de compensation, d'abord pour les pêcheurs qui dépendent strictement de cette pêche. Comme vous l'avez dit, ce sont eux qui sont touchés, ce sont eux que nous avons besoin d'aider. Moi aussi, je trouve un peu dommage qu'après plusieurs mois, il n'y ait pas encore de soutien approprié pour ces pêcheurs.
    Vous avez parlé tantôt de pêche scientifique. De quel genre de pêche expérimentale s'agit-il? Je suppose que ce serait pour aider à recueillir un peu plus de données relatives au maquereau et au hareng et à assurer un revenu aux pêcheurs touchés. Est-ce bien cela?
    C'est exactement ce que nous voulons, monsieur Cormier. Si les pêcheurs ne sont pas à l'eau en train de pêcher, de faire de la pêche scientifique ou sentinelle, où vont-ils prendre leurs données? Il en faut et c'est une façon d'en recueillir.
     Les gars ont l'équipement et l'expertise. Ils savent où trouver le poisson. Ce serait les personnes appropriées pour aider le gouvernement à trouver des données.
    Vous avez dit tantôt que vous aviez cinq pêcheurs beaucoup plus touchés que d'autres. Vous avez parlé de leur âge. S'agit-il de jeunes pêcheurs qui viennent de se lancer dans la pêche ou de personnes un peu plus âgées?
    Ils sont âgés de 64 ans et plus.
    Nous avons aussi des jeunes qui ont investi beaucoup d'argent parce qu'ils croient à la pêche avec des machines Belitronic. Ils ont dépensé jusqu'à 300 000 $ pour acheter un permis noyau, qui est simplement un permis de pêche au hareng et au maquereau.
     Comme pêcheur, je suis beaucoup sur le terrain. Je peux aller chercher 150 000 livres de poisson par saison, à l'hameçon.
     Je comprends.
    Monsieur Collin, quel type de compensation envisagez-vous? Est-ce qu'un programme comme celui dont nous avons parlé tantôt, qui favoriserait les pêches exploratoires et scientifiques, serait une bonne solution?
    Pour l'instant, il s'agit d'une compensation financière pour ce qui s'est déjà passé et qu'on ne peut pas rattraper. Il faut compenser les pertes de revenus découlant de l'annulation de la saison. Les pêcheurs ont aussi des frais liés à la vérification à quai et des frais d'assurance.
     Il y a plein de frais à payer avant la pêche. Vous êtes au courant, car vous êtes fils de pêcheur. On a beaucoup de dépenses à couvrir avant d'aller à l'eau et qu'on continue toujours de payer. Le bateau est sur le quai ou à l'entreposage et il y a des frais de location pour entreposer les bateaux. L'an prochain, les pêcheurs sans revenus auront le double des frais à payer.
    Parfait. Je vous remercie.

[Traduction]

    Monsieur Sullivan, étant donné les décisions qui ont été prises au sujet de la pêche par le passé, êtes-vous d'avis que le ministère présente des décisions de dernière minute aux pêcheurs? Il me semble que nous arrivions toujours au dernier moment, à 48 heures d'avis.
    Est‑ce que c'est souvent ce qui se produit? Comment voyez-vous la situation?
    Est‑ce que cette question s'adressait aux autres témoins?
    Non, elle s'adressait à vous.
    C'est pour moi. D'accord. Merci.
    Nous voyons cela assez souvent. Les gens doivent pouvoir planifier leurs saisons et investir et avoir un certain niveau de certitude. C'est bien trop souvent le cas. Nous en avons parlé avec bon nombre de nos pêcheries. Par exemple, pour le crabe, c'était juste à la veille. C'est une pêche importante pour beaucoup de gens. En ce qui concerne la pêche à la crevette, nous sommes dans la saison. La saison a déjà commencé avant que les décisions soient prises... Essentiellement, les gens accusent des retards. Cette situation arrive beaucoup trop souvent. Une décision comme celle‑ci, soit de fermer une pêcherie sans aucun préavis, est clairement injuste pour les gens.
    Merci, monsieur Cormier. Votre temps de parole est écoulé.
    Nous allons maintenant céder la parole à Mme Desbiens pour au plus six minutes. Allez‑y, je vous prie.
(1430)

[Français]

    Merci, monsieur le président.
    Messieurs Collin et Lelièvre, j'ai été très bouleversée par vos témoignages, qui m'ont fait penser à mon histoire de pêche au capelan à la fascine, assujettie à un engrenage de décisions universelles qui touchaient les pêcheurs de tous types. Il a fallu sept rencontres pour que Pêches et Océans Canada comprenne que la pêche à la fascine est distincte de ce qui est pratiqué ailleurs.
    Je me rends compte que votre type de pêche est très particulier, car c'est une pêche à l'appât. Ce n'est donc pas une pêche massive et agressive pour la ressource, mais bien une pêche très écoresponsable. C'est ce que je comprends.
     Nous souhaitons entendre ce que vous avez à dire sur cette pêche si particulière. De plus, comment expliquez-vous que c'est essentiellement vous qui fournissez des données au gouvernement?
    Cela fait plusieurs années que c'est comme cela. Je suis arrivé dans le domaine de la pêche depuis peu et c'était déjà en place lorsque je suis arrivé.
     Seuls les pêcheurs du Québec doivent remplir un journal de bord et faire un appel d'entrée à une compagnie de vérification à quai. Nous devons déclarer nos prises et remplir notre journal de bord avant d'arriver à quai. Des sanctions sont aussi appliquées quand ces tâches ne sont pas faites.
    À votre connaissance, il n'y a que vous qui êtes contraints de faire ces tâches.
    Essentiellement, une vingtaine de pêcheurs de la Baie des Chaleurs et de l'île Miscou et les dragueurs doivent s'acquitter de ces tâches.
     Nous avons témoigné à Halifax pour montrer à quel point c'est simple et rapide. Les pêcheurs peuvent appliquer ces contrôles sur-le-champ si leur permis stipule cette condition. Il faut que cette obligation soit également imposée aux pêcheurs du Nouveau‑Brunswick, de l'Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve afin qu'ils déclarent eux aussi leurs prises avant de rentrer à quai. Cela fournirait au ministère des Pêches et des Océans les données qui lui manquent.
    Or, ce dernier n'a jamais eu le courage d'imposer cette mesure aux autres provinces. Toutes les données qu'il utilise aujourd'hui pour déterminer le nombre de prises et pour compiler ses données et les entrées proviennent essentiellement des petits pêcheurs de la Baie des Chaleurs qui pêchent à l'hameçon. Les pêcheurs industriels doivent déclarer leurs prises, ce qui permet par exemple de savoir qu'une usine du Nouveau-Brunswick a reçu tant de livres de poisson. Toutefois, personne n'est au courant des prises qu'un pêcheur vend au noir à quai ou qu'il entrepose chez lui.
     C'est incroyable.
    Nous ne comprenons pas pourquoi cela n'a pas été fait.
    Messieurs Collin et Lelièvre, au mois de juillet, vous avez finalement eu une rencontre avec la députée de Gaspésie—Les Îles-de-la-Madeleine.
    Quelle est votre impression à la suite de cette rencontre?
    Les discussions ont été très vagues.
    En fait, Mme Lebouthillier nous a dit qu'on ne nous ferait pas de cadeau et que nous n'aurions pas d'aide. En gros, elle nous a dit d'aller travailler ailleurs, que plusieurs endroits embauchaient des gens.
    Je lui ai répondu que j'avais 47 ans d'expérience dans le domaine des pêches et la conversation a pris fin là-dessus.
    Comment expliquez-vous qu'on accordait des permis pour la pêche au maquereau alors qu'on envisageait sa fermeture?
    Pourriez-vous répéter la question?
    Pourquoi pensez-vous qu'on a donné à des jeunes la possibilité d'acheter un permis de pêche au maquereau à quelques semaines de la fermeture de cette pêche? Pourquoi vous a-t-on permis de vendre votre permis de pêche au crabe alors qu'on savait que la pêche au maquereau dans laquelle vous vouliez vous lancer serait fermée?
    Comment expliquez-vous qu'on ait permis cela?
    C'est vraiment difficile à dire.
    Je ne pouvais pas deviner que la pêche fermerait à 48 heures d'avis. Avant de faire des démarches, j'ai parlé à la personne responsable des pêcheurs pélagiques au regroupement des pêcheurs et des homardiers. Il m'a dit de ne pas me casser la tête et qu'il n'y aurait pas de fermeture de la pêche au maquereau, puisque les taux admissibles de captures avaient été établis pour deux ans. Il ne me garantissait pas que la pêche au hareng resterait ouverte, mais il m'a dit qu'il n'était pas question de fermer celle au maquereau.
    J'ai donc dit au jeune qui voulait avoir mon permis de pêche au crabe qu'il pourrait l'avoir, et il a entamé ses démarches. En janvier ou en février, il m'a demandé de signer l'acte de vente. Comme objectif, il avait inscrit 80 000 livres de maquereau pour la saison.
    Quand la pêche a été annulée, je n'avais plus de bateau ni de permis de pêche au crabe. Je n'avais plus rien. Quant à lui, il s'est retrouvé avec 80 000 livres de maquereau en moins.
(1435)
    Il s'agit d'un scénario très désagréable, mais on prévoit que la situation ne sera pas réglée en 2023. Dans ce cas, comment envisagez-vous l'avenir? Avez-vous espoir d'obtenir des compensations financières et un portefeuille de pêches diversifié? Est-ce ce que vous souhaitez? Pensez-vous que le problème sera réglé en 2023?
    Les membres du Regroupement des pêcheurs pélagiques professionnels du Sud de la Gaspésie ont toujours travaillé avec le ministère et lui ont toujours fourni des données.
     Dans le meilleur des mondes, nous aimerions qu'on ait un peu de considération à notre égard. Nous aimerions aussi qu'on aide financièrement les pêcheurs pour compenser leurs pertes.
    Nous voulons aussi pouvoir pratiquer des activités de pêche scientifique, de pêche exploratoire et de pêches sentinelles, non seulement pour redonner un revenu aux pêcheurs, mais aussi pour les garder dans le système.
    En effet, si la pêche au maquereau recommence dans cinq ans, certains pêcheurs ne seront peut-être plus là, ce qui nous privera de leur expertise. D'autres n'auront peut-être plus d'équipage. C'est un métier différent de la pêche au homard et de la pêche au crabe.
    De cette façon, nous allons pouvoir garder les entreprises. Les aides-pêcheurs vont continuer à travailler avec les capitaines, au lieu de quitter le navire qui coule.
    Dans le Saint-Laurent, il se pratique aussi de la pêche scientifique d'autres espèces émergentes. Les membres du Regroupement pourraient pêcher de belles espèces émergentes de poisson et de très bonne qualité, ce qui serait lucratif et permettrait, pendant quelques années de réduire la pression sur les stocks de maquereau.
    Messieurs, je vous remercie de vous être déplacés.
    M. Ghislain Collin: Je vous remercie de nous avoir écoutés.

[Traduction]

    Merci, madame Desbiens.
    Nous allons maintenant entendre Mme Barron pour au plus six minutes.
    Merci, monsieur le président.
    Merci aux témoins d'être ici.

[Français]

    Bien sûr, je remercie aussi les pêcheurs de leur présence et d'avoir pris le temps de nous parler de leur expérience.
    C'est très important et je les en remercie.

[Traduction]

    Ma première question s'adresse à M. Sullivan.
    Dans la plus récente édition d'automne de votre revue de la FFAW, il y avait un article rédigé par Mme Erin Carruthers. Je m'excuse si je ne prononce pas correctement son nom. Vous avez mentionné l'importance d'élargir la science sur le maquereau. Je voudrais citer quelque chose qu'elle a dit. Je crois que c'est une femme, et je m'en excuse si ce n'est pas le cas. Elle a dit ceci:
[...] un engagement à long terme pour documenter l'abondance, la distribution, l'étendue, le moment et l'âge du maquereau dans les eaux de Terre-Neuve-et-Labrador est nécessaire. Tant que nous n'aurons pas intégré davantage d'observations et de données de Terre-Neuve-et-Labrador dans l'évaluation du stock de maquereau, je ne vois pas comment nous pourrons concilier ces évaluations très différentes de la santé des stocks de maquereau.
    Est‑ce également votre position? Pouvez-vous nous en dire un peu sur la façon dont le MPO peut aider les pêcheurs à participer aux recherches nécessaires?
    Mme Erin Carruthers est la scientifique de la FFAW qui travaille en très étroite collaboration avec les pêcheurs. Je pense que la citation est très exacte. Je ne sais pas si j'aurais pu trouver une meilleure façon de le dire moi-même, donc je pense que c'est très clair et bien dit.
    Je pense que les données scientifiques sont incomplètes, mais pas nécessairement erronées. Je tiens à le dire par respect pour les scientifiques qui font ce travail. Je ne veux pas être vraiment critique envers leur travail. Nous avons simplement besoin de plus de données scientifiques.
    C'est comme si vous faisiez un relevé des caribous des bois dans un rayon de cinq milles autour du Centre Eaton à Dundas Square. Vous faites le travail, mais vous ne trouvez pas de caribou. Il n'y a rien qui cloche avec les méthodes; nous devons simplement chercher ailleurs si nous voulons recenser la population de caribous. Je pense que c'est un peu le cas. Je simplifie à l'extrême, bien entendu, mais j'essaie de souligner que nous ne cherchons pas à savoir où se trouvent réellement les poissons.
    Je pense que nous devons vraiment aux personnes qui dépendent de cette pêche de mieux comprendre notre ressource et notre écosystème afin d'élargir notre champ d'action, plus particulièrement lorsque nous voyons la température de l'eau changer et que les changements climatiques sont documentés. Il y a toutes sortes de raisons, mais aucune n'est meilleure que la grande abondance de maquereaux que les pêcheurs ont vue et, à bien des égards, documentée.
    Nous présenterons davantage de données au MPO lorsque nous pourrons compiler tous les renseignements. Nous parlerons aux pêcheurs et examinerons les méthodes qu'ils peuvent utiliser, y compris les relevés acoustiques, ce qui peut être fait maintenant et qui, je crois, est fait dans d'autres pays dans le monde.
(1440)
    Merci, monsieur Sullivan.
    J'ai une autre question pour vous. Pouvez-vous nous faire part du raisonnement ou des renseignements que le MPO a fournis pour autoriser la pêche récréative au maquereau à Terre-Neuve-et-Labrador ainsi que de la pêche commerciale du maquereau aux États-Unis à se poursuivre jusqu'en 2022? Pouvez-vous revenir sur certaines des façons dont vous avez abordé cette question?
    Il y a deux préoccupations et irritants réels.
    C'est un stock transfrontalier. Les pêcheurs pêchent le même stock de maquereau aux États-Unis et au Canada. Le Canada pêche depuis toujours le maquereau et dépend de ce stock beaucoup plus, je dirais. Une plus grande partie de ce stock se trouve dans la région, mais aujourd'hui, en raison de la gestion canadienne, les pêcheurs en capturent davantage, je pense, simplement dans une perspective à long terme. C'est problématique, et si nous croyons vraiment que le stock est en si grande difficulté, nous devons évidemment travailler avec les États-Unis pour mettre fin à leur pêche, à mon avis. C'est décevant d'un point de vue canadien.
    Nous venons de fermer la pêche, comme je l'ai dit. Nous avons mis des gens au chômage, des gens qui dépendaient de ce maquereau dans de nombreuses régions de Terre-Neuve‑et‑Labrador. C'est ce qui s'est passé. De toute évidence, les homologues que nous avons entendus aujourd'hui n'ont pas la possibilité de pêcher, mais les gens peuvent pêcher à des fins récréatives. Je comprends que c'est important, mais le fait de faire passer les besoins récréatifs avant les gens qui dépendent de cette pêche pour leur subsistance n'est pas la bonne liste de priorités pour donner la ressource aux gens. Il faut revoir cela.
    À Terre-Neuve‑et‑Labrador, les pêcheurs recueillent des données scientifiques, un peu comme ceux du Québec, à l'aide de registres. Chaque maquereau qui arrive est documenté et entièrement pesé et contribue à la science. Les personnes qui ont le privilège de pratiquer la pêche récréative ne sont pas tenues de le faire, ce qui est également un problème.
    Merci. Je sais que nous vous avons convoqué dans le cadre de quelques autres études, et nous sommes toujours ravis de vous recevoir ici.
    Je sais que nous avons brièvement discuté d'appâts de remplacement dans le passé. Je crois qu'il en a été question. Je ne me souviens pas si nous avons entendu votre point de vue à ce sujet. Que pensez-vous de l'utilisation d'autres types d'appât? Sont-ils utilisés? Quel est leur succès? Quelles sont vos réflexions à ce sujet?
    Les gens sont, pour toutes sortes de raisons, intéressés à examiner différentes options d'appât, mais je ne pense pas qu'elles soient largement utilisées. Je pense que les gens préfèrent généralement les appâts traditionnels auxquels ils peuvent faire confiance et qu'ils se procurent eux-mêmes, mais je pense qu'il existe des possibilités d'avoir moins de répercussions sur nos stocks de poissons, alors je pense qu'il est bon de les explorer.
    Il y a aussi, pour les pêcheurs, l'augmentation du coût de certains de nos appâts. Essayer de trouver des solutions de rechange peut résoudre de nombreux problèmes pour les gens. Je pense qu'il y a plus d'intérêt aujourd'hui que jamais à explorer d'autres types d'appât novateurs.
    Merci.
    Merci, madame Barron.
    Nous allons céder la parole à M. Perkins pour au plus cinq minutes. Allez‑y, je vous prie.
    Merci, monsieur le président.
    Merci, chers témoins, de votre présence.
    Monsieur Sullivan, il y a une étude scientifique ou un document sur le site Web du MPO qui fait état que le maquereau fraie entre 9 et 12 degrés. Plus tôt aujourd'hui, nous avons entendu le témoignage de l'un des scientifiques du MPO qui nous a expliqué qu'ils effectuent la bioscience de la masse de frai dans des eaux à 8, 6, voire 14 degrés, en dehors de la période de biomasse de frai, et tout cela se fait au même endroit dans le golfe. Je me demande si vous pourriez vous prononcer sur la question de mener des travaux scientifiques lorsque la biomasse du stock reproducteur n'est pas dans une eau à la température idéale pour le frai.
    Oui, c'est tout à fait une préoccupation, et nous l'avons vu dans le passé lorsqu'ils sont allés faire ce recensement. Comme nous le savons tous, ce n'est pas la date sur le calendrier qui indique au maquereau quand frayer; ce sont les conditions environnementales, et elles peuvent changer.
    Je comprends que c'est difficile à gérer, mais des inquiétudes ont été exprimées quant au fait qu'ils ne surveillent pas le moment où le maquereau est le plus susceptible de frayer, et ce point a été souligné. C'est un problème, à mon avis, une lacune dans la science que nous devrions chercher à expliquer, et nous devrions faire plus pour nous assurer que cette situation ne se produise pas.
    Je pense, comme je l'ai signalé plus tôt, que nous devons vraiment examiner là où un plus grand nombre de ces maquereaux se reproduisent pour avoir une idée complète de la situation, ce qui, je pense, finirait par expliquer l'abondance massive de maquereaux que nous observons au large de Terre-Neuve‑et‑Labrador également. Je pense donc qu'il y a une combinaison de mesures à prendre pour améliorer la science.
(1445)
    Ils vont au même endroit chaque année et le font depuis 10 ou 20 ans dans le cadre de leur étude scientifique, mais les températures sont... et les maquereaux se déplacent, et ils n'ont plus de données sur les prises, qui constituaient environ la moitié des données scientifiques. Comment pourront-ils savoir où se trouve le maquereau sans aucune donnée sur les prises, alors qu'aux États-Unis, on continue de pêcher le maquereau?
    Eh bien, je ne suis pas sûr. Nous avons fait de nombreuses suggestions, et jusqu'à présent, je ne pense pas qu'on nous ait beaucoup écoutés. Je pense qu'il est probablement important de travailler avec les pêcheurs dans les régions pour obtenir plus de renseignements sur la composition du stock de maquereau.
    Le MPO a lancé un appel pour obtenir des échantillons cette année, et je pense que le ministère a probablement été surpris par le nombre d'échantillons qu'il a obtenus — ils étaient très faciles à attraper, évidemment —, et il a tout simplement manqué d'espace de congélation pour recueillir ces échantillons.
    Je ne sais pas si le ministère est prêt à faire cela. Il va falloir qu'il mette en place, à tout le moins, une initiative plus solide, plus fiable et plus organisée et qu'il investisse dans ce projet plutôt que de dépendre simplement de la bonne volonté des gens pour recueillir des échantillons. Il faut investir et travailler avec les pêcheurs de toutes les régions pour renforcer ces données scientifiques.
    J'ai quelques questions rapides à poser, car j'ai peu de temps. Je pense que j'ai environ une minute et demie.
    Les fonctionnaires du MPO ont dit qu'ils ne peuvent pas utiliser les signaux acoustiques pour explorer et déterminer la taille des maquereaux parce qu'ils n'ont pas de vessie. Les pêcheurs sont-ils en mesure de trouver des maquereaux à l'aide de signaux acoustiques?
    Oh, tout à fait, et c'est de cette façon qu'ils les attrapent. Ils ne vont pas sur l'eau et installent des filets en se fondant sur des réflexions aléatoires. Ils peuvent en fait s'appuyer sur la biomasse, et une partie du travail que les pêcheurs ont fait, et que la FFAW a fait, consiste à mener ces travaux et de le démontrer. Nous espérons qu'ils seront bientôt prêts. Les délais sont courts, mais je pense que nous pouvons faire quelque chose. La réponse courte est oui, je pense que nous pouvons le faire.
    J'ai une autre question concernant les États-Unis.
    Les États-Unis continuent de pêcher le maquereau à des fins commerciales, et je vous le dis, de Peggy's Cove à Prospect, dans ma circonscription, où se trouvent les pêcheurs de maquereau — de gros maquereaux —, ils en trouvent beaucoup, mais ils ne sont pas autorisés à les pêcher en ce moment, car ce sont des pêcheurs de homard. Les États-Unis continuent d'en pêcher, et ils fixent leur total des prises admissibles, TPA, en émettant une hypothèse sur le TPA du Canada. Si le Canada met fin à la pêche, comme il l'a fait cette année, pensez-vous que les États-Unis prendront plus de maquereaux l'an prochain et fixeront un TPA plus élevé?
    Je n'en serais pas surpris. Je veux dire, la combinaison des choses... Je pense que les observations montrent qu'il y a une quantité importante de maquereaux. Je ne sais pas s'ils vont le voir aux États-Unis ou si c'est plus au nord, mais je ne serais pas surpris qu'ils profitent de l'absence de récolte ici.
    Merci, monsieur Perkins. Vous avez respecté le temps à la lettre.
    Nous allons maintenant entendre M. Hardie pour au plus cinq minutes, je vous prie.
    Merci, monsieur le président.
    Comme je viens de la côte Ouest, je risque de poser quelques questions stupides, mais soyez indulgents envers moi, je vous prie.
    Dans le cadre de nos études précédentes sur la morue de l'Atlantique, l'une des choses que nous avons remarquées est la taille des poissons. Les grosses morues ne sont plus là. Monsieur MacDougall, je crois vous avoir entendu dire que vous n'aviez pas vu de gros poissons. Est‑ce exact?
    Oui, c'est exact. Nous avons constaté une baisse dans notre région. Ce que nous voyons maintenant, ce sont des bancs similaires, mais ce sont des maquereaux de petite taille que nous voyons, et nous n'avons pas les gros maquereaux qui arrivent en abondance comme avant.
    Les scientifiques diront qu'il faut les gros poissons pour aider à maintenir le stock.
    Monsieur Collin et monsieur Lelièvre, avez-vous remarqué la même absence de maquereaux plus gros?
(1450)

[Français]

     Personnellement, j'ai eu la chance de faire de la pêche scientifique avec l'Institut Maurice‑Lamontagne.
     J'allais pêcher une fois par semaine et j'avais le droit de prendre 300 kilos de poisson avant de ramener mes prises à quai, où quelqu'un les mesurait et en ramassait deux de chaque taille. En général, nous trouvions à peine quatre ou cinq petits maquereaux de 27 centimètres ou moins. J'en ai pris de très gros, de 39 centimètres, pas en grande quantité, mais il y en avait. Avec la moitié de mes effectifs, je pouvais prendre mes 300 kilos en 25 minutes et je n'avais pas besoin d'aller loin.

[Traduction]

    J'ai une autre question tandis que j'ai du temps, mais ce que vous dites, c'est qu'il y a de plus gros poissons. C'est ce que vous dites, n'est‑ce pas? Bien.
    Les scientifiques disent que les stocks de maquereaux sont en déclin depuis des décennies, et j'aurais aimé leur poser la question suivante, mais vous pourriez peut-être émettre des hypothèses: Pensez-vous que ce déclin soit lié d'une façon ou d'une autre, dans le temps, à la réduction des captures de pinnipèdes?
    Allez‑y, monsieur Sullivan.
    En ce qui concerne la relation entre les pinnipèdes et le maquereau, je dirai d'abord que je n'ai pas de données scientifiques claires à ce sujet — le maquereau nage relativement vite —, mais je sais qu'il y a plus de phoques gris dans le golfe. Il y a une population massive de phoques au large de la côte Nord-Est de Terre-Neuve-et-Labrador, et ils se nourrissent évidemment beaucoup. C'est certainement lié à cela, et je pense que c'est un domaine qui doit certainement être exploré, tout à fait.
    Je vais continuer avec vous, monsieur Sullivan.
    En résumé, il y a manifestement une nette différence entre ce que vous voyez et ce que les scientifiques nous disent. Comment pouvons-nous résoudre ce problème? Comment pouvons-nous unir nos efforts? Veuillez nous résumer ce qu'il en est.
    Je le reconnais tout à fait, et je pense que tout le monde devrait probablement examiner plus en détail l'article de Mme Carruthers qui est disponible en ligne sur la tribune de notre syndicat afin que nous puissions envoyer plus de renseignements. L'idée est d'étendre les relevés et les travaux scientifiques que nous faisons. Je crois que nous pouvons examiner la biomasse à l'aide de relevés acoustiques, mais nous sommes certainement prêts à nous asseoir avec les pêcheurs et à examiner comment mesurer ce stock avec précision, car il est devenu plus clair cette année qu'il y a un énorme clivage.
    Les pêcheurs, comme tous ceux qui sont sur l'eau, voient beaucoup plus de maquereaux que dans le passé. Je trouve décevant qu'avant le moratoire sur la morue, les pêcheurs parlaient des déclins et qu'on les a ignorés. Nous ne semblons pas avoir beaucoup appris. Ils ne reçoivent pas le respect qu'ils méritent certainement. Le moratoire sur le maquereau a été particulièrement frustrant pour les gens.
    Merci, monsieur Hardie. Voilà qui met fin à la réunion avec notre deuxième groupe de témoins pour aujourd'hui.
    Je tiens à remercier sincèrement, bien sûr, monsieur Lelièvre, monsieur Collin et monsieur MacDougall. Par ailleurs, M. Sullivan, bien sûr, est venu si souvent ces derniers temps qu'il pourrait probablement avoir sa propre carte d'accès pour entrer dans la salle. Merci à vous quatre d'avoir transmis vos connaissances aux membres du Comité aujourd'hui. Je suis certain que vos témoignages seront utiles à la rédaction d'un rapport sur cette question très importante.
    Pour la gouverne des membres du Comité, j'aimerais leur rappeler qu'il n'y aura pas de réunion du Comité la semaine prochaine. C'est une semaine de relâche, et si vous vous présentez, vous vous sentirez seul.
    Lorsque nous nous réunirons à nouveau le mardi 15 novembre, nous terminerons l'étude sur la fermeture de la pêche au maquereau.
    Encore une fois, profitez de votre semaine de relâche, et nous vous retrouverons tous ici le 15.
    De plus, essayer d'arriver à l'heure aux réunions, car les retards empiètent sur notre temps. Si nous commençons en retard, nous avons toujours une heure limite pour conclure la séance, si bien que nous ne pouvons pas entendre autant de questions que nous le voudrions si nous ne commençons pas la réunion du Comité à l'heure.
    Encore une fois, profitez de votre semaine. La séance est levée.
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