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Monsieur le Président, j'en profite pour saluer les citoyens de ma circonscription, Beauport—Limoilou. Je veux mentionner que je vais partager mon temps de parole avec ma collègue, députée de .
Je suis heureux de participer au débat aujourd'hui et de réitérer les priorités immédiates de notre gouvernement pour rendre la vie abordable pour l'ensemble de la population canadienne, y compris pour les Québécois et les Québécoises. La Remise canadienne sur le carbone a été instaurée afin de retourner la majorité des produits directs de la redevance fédérale sur les combustibles aux résidants des provinces où elle s'appliquait. Elle ne s'appliquait pas au Québec.
Le plan de réduction des émissions contient une série complète de mesures d'atténuation, de stratégies et d'investissements, y compris des politiques qui complètent la tarification du carbone. La tarification de la pollution pour les grands émetteurs continuera d'être un pilier du plan du Canada visant à bâtir une économie carboneutre et prospère et à réaliser des progrès par rapport aux objectifs climatiques.
Le gouvernement a l'intention de recentrer les exigences fédérales en matière de tarification de la pollution par le carbone afin de s'assurer que des systèmes de tarification du carbone sont en place dans l'ensemble du pays pour un large éventail d'émissions de gaz à effet de serre provenant de l'industrie. Il prévoit renforcer l'approche du Canada concernant la tarification du carbone pour l'industrie afin d'assurer son efficacité continue.
Le gouvernement fédéral a l'intention de collaborer avec les provinces, y compris le Québec, les territoires, les peuples autochtones et les intervenants sur les modifications apportées aux normes nationales minimales en matière de rigueur pour la tarification de la pollution par le carbone, connues sous le nom de critères du « modèle » fédéral.
Les changements permettraient de s'assurer que les systèmes de tarification industrielle continuent de maximiser les réductions d'émissions et de favoriser la transmission vers une technologie faible en émissions de carbone, tout en protégeant l'industrie contre les effets de la concurrence et des fuites de carbone. En améliorant le rendement de l'industrie canadienne en matière d'émissions, celle-ci est plus efficace et peut soutenir sa compétitivité, alors que le Canada s'efforce de diversifier ses relations commerciales et d'approfondir son accès aux marchés, surtout dans les administrations qui, comme l'Union européenne, accordent de plus en plus de valeur aux marchandises faibles en émissions. L'objectif des critères du modèle resterait que les systèmes soient tout aussi rigoureux, équitables et efficaces.
L'examen portera sur les possibilités de renforcer les marchés industriels du carbone afin qu'ils fournissent les incitatifs nécessaires aux grands projets de décarbonation dans l'ensemble de l'industrie, tout en créant des emplois et en stimulant les investissements dans les technologies qui façonneront les économies propres de demain.
Grâce à l'élimination de la redevance fédérale sur les combustibles qui est entrée en vigueur le 1er avril 2025, les Canadiens et les Canadiennes admissibles ont reçu un paiement final de la Remise canadienne sur le carbone le 22 avril. Le gouvernement a décidé de verser ce dernier paiement de la Remise canadienne sur le carbone en avril aux ménages admissibles, étant donné que les familles canadiennes qui vivent dans les provinces où la redevance fédérale sur les combustibles s'appliquait, en particulier les familles à faible revenu, comptaient sur le remboursement d'avril.
La semaine dernière, nous avons présenté le projet de loi , qui éliminerait officiellement la tarification du carbone pour les consommateurs de la loi, à la suite de son annulation. Cette loi vise également à réduire le coût de la vie pour la population afin que les Canadiens et les Canadiennes, y compris les Québécois et les Québécoises, conservent une plus grande part de leurs chèques de paie, qu'ils pourront consacrer à ce qui compte vraiment pour eux. Cela comprend une réduction d'impôts pour la classe moyenne à compter du 1er juillet, des allègements fiscaux pour près de 22 millions de personnes au Canada et des économies de 840 $ par année pour les familles à deux revenus. Comme nous l'avons également dit clairement, la plupart des avantages de cette baisse iraient aux Canadiens et Canadiennes qui travaillent fort et qui en ont le plus besoin.
En effet, la majorité de l'allégement s'appliquerait aux personnes dont le revenu se situe dans les deux tranches d'imposition inférieures, c'est-à-dire celles qui ont un revenu inférieur à 114 750 $ en 2025. Au sein de ce groupe de travailleurs canadiens, près de la moitié des économies d'impôt s'appliquerait à ceux dont le revenu se situe dans la tranche d'imposition inférieure, c'est-à-dire ceux qui ont gagné 57 375 $ et moins en 2025. Nous pouvons offrir ces économies d'impôt rapidement à la population canadienne parce qu'avec l'annonce de notre baisse d'impôt pour la classe moyenne, l'Agence du revenu du Canada a mis à jour les Tables de retenue sur la paie pour la période de juillet à décembre 2025 afin que les employeurs et les administrateurs de la paie puissent réduire les retenues d'impôt à compter du 1er juillet.
Nous allons aussi éliminer les taxes sur les produits et services pour les acheteurs d'une première habitation neuve d'une valeur maximale de 1 million de dollars, ce qui leur permettra d'économiser jusqu'à 50 000 $. Nous allons réduire la TPS pour les acheteurs d'une première habitation neuve d'une valeur comprise entre 1 million de dollars et 1,5 million de dollars. Cela se traduira par une augmentation considérable du soutien fiscal fédéral déjà substantiel offert aux acheteurs de première maison au moyen de programmes comme le compte d'épargne libre d'impôt pour l'achat d'une première propriété, le régime d'accession à la propriété, le Régime enregistré d'épargne-retraite et le crédit d'impôt pour l'achat d'une première habitation.
Ainsi, nous aiderons un plus grand nombre de jeunes et de familles à réaliser leur rêve de devenir propriétaire. Grâce à ces mesures, nous apportons des changements pour réduire les impôts, nous faisons baisser les coûts et nous remettons de l'argent dans les poches de la population canadienne et des gens du Québec. Ce ne sont là que quelques-unes des façons dont le gouvernement agit maintenant pour rendre la vie plus abordable. Le gouvernement continuera aussi d'assurer la pérennité des programmes permettant déjà aux familles d'économiser des milliers de dollars par année.
Comme Sa Majesté l'a dit dans le discours du Trône, dans tous les gestes que nous posons, le gouvernement sera guidé par une nouvelle discipline fiscale: dépenser moins pour que les personnes puissent investir davantage. Nous allons équilibrer le budget de fonctionnement du gouvernement au cours des trois prochaines années en réduisant le fardeau administratif, en plafonnant les effectifs au sein de la fonction publique, en éliminant le travail fait en double et en déployant des technologies pour accroître la productivité du secteur public. C'est pourquoi nous nous sommes engagés à présenter les détails de notre plan à l'automne au moyen d'un budget fédéral complet, efficace, ambitieux et prudent.
Une des principales priorités que nous avons soulignées et sur lesquelles nous nous penchons depuis le début de notre mandat est d'améliorer l'efficience des dépenses gouvernementales. Nous cherchons des secteurs où nous pouvons réduire les coûts et améliorer la productivité de la fonction publique.
Les dépenses courantes de l'État, c'est-à-dire le budget de fonctionnement du gouvernement, ont augmenté de 9 % chaque année. Le gouvernement va adopter des mesures pour réduire cette croissance à moins de 2 %. Par ailleurs, le gouvernement prendra une série de mesures visant à stimuler les nouveaux investissements afin de créer de meilleurs emplois et d'augmenter les revenus des Canadiens et des Canadiennes.
Comme nous l'avons déjà mentionné, l'objectif général du gouvernement et sa mission fondamentale sont de bâtir la plus forte économie du G7. Pour y arriver, il faut d'abord créer une seule économie canadienne, et non 13. Les obstacles au commerce intérieur et à la mobilité de la main‑d'œuvre coûtent pas moins de 200 milliards de dollars par année aux Canadiens. C'est pourquoi nous avons présenté des projets de loi pour éliminer tous les autres obstacles fédéraux au commerce intérieur et à la mobilité de la main‑d'œuvre.
À l'heure actuelle, notre gouvernement s'efforce de répondre aux besoins de la population, ce qui comprend le fait de rendre la vie plus abordable partout au pays, y compris au Québec, afin que les Canadiens et les Canadiennes puissent conserver une plus grande partie de leur chèque de paie durement gagné.
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Monsieur le Président, en plus de vous saluer, j'en profite pour vous dire que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
J'écoutais la députée précédente faire une allocution absolument hors sujet tout au long de ses 10 minutes. Je me demandais comment commencer. Je suis allé dans le dictionnaire et j'ai cherché le mot « vol ». C'est un mot fort. C'est important de le définir. Il se définit de la manière suivante: « Fait de faire payer à autrui plus qu'il ne doit, ou de ne pas donner ce que l'on doit ». Ainsi, un gouvernement qui décide de ne pas payer ce qu'il doit aux Québécois, c'est un vol. Pour les gens normaux, c'est dans le Code criminel. C'est ce que les libéraux, d'après ce qu'on comprend de leur discours aujourd'hui, s'apprêtent à faire. Le gouvernement fédéral a été voleur à plus d'une reprise si on se fie à la définition que j'ai là. C'est une habitude. C'est quand même fou qu'on en soit ici, à la Chambre, à dire que les Québécois se font voler par le fédéral et à presque trouver cela normal.
Lors de la crise du verglas de 1998, je n'avais même pas le droit de vote. Quelque 484 millions de dollars sont encore dus au Québec par le fédéral, de même que 500 millions de dollars pour l'aide sociale pour les gens qui sont entrés à Roxham. Ce sont des chèques impayés. N'importe qui voit sa carte de crédit être coupée s'il ne paie pas sa facture, mais pas le fédéral. Il n'y a pas de politique de l'aérospatiale, alors que le secteur automobile a reçu 4 milliards de dollars à la va-vite dès qu'il est arrivé quelque chose. On est à plus de 30 milliards pour l'oléoduc Trans Mountain pour l'Ouest. Même pas 22 % des contrats militaires sont pour le Québec, alors que nous avons l'industrie aérospatiale et que nous avons l'expertise pour les brise-glaces au chantier Davie. Dans les ententes bilatérales en santé, le Québec n'a même pas l'argent de ses propres taxes pour payer des médicaments pour le diabète parce que le fédéral trouve cela plus important de se mêler des affaires des autres que d'aider les gens normaux et malades. Cette fois, ce vol coûte 814 millions de dollars aux Québécois. Le député de disait plus tôt que cela représente plus de 10 millions de dollars par circonscription. Je ne sais pas si la députée de réalise que le fédéral s'apprête à voler 10 millions de dollars à des gens qui viennent de voter pour elle.
Comment cette affaire a-t-elle commencé? Paul Journet, éditorialiste au journal La Presse, reconnu et respecté, a bien fait un sommaire de cela la semaine dernière. Il a expliqué qu'à l'origine, il y avait un deal au Canada. Le gouvernement fédéral a dit: je vais acheter Trans Mountain, je vais m'occuper de ce pipeline dont personne ne veut et dans lequel personne ne veut investir — comme pour la plupart des projets de pipeline, d'ailleurs — et les provinces vont en échange s'engager à tarifer la pollution. Il y a des provinces qui ne l'ont pas fait. Dans certains cas, c'était commencé. En Ontario, il y a eu un pas devant, un pas derrière. Finalement, le fédéral a dû suppléer à cela et avoir son propre programme. Qu'est-ce qui est arrivé par la suite? L'argent est arrivé. À grands coûts de fonds publics, les Québécois ont payé ce pipeline. On est à 32 milliards, 33 milliards ou 34 milliards de dollars de fonds publics. C'est un dérapage complet. Qu'est-ce qui est arrivé? Les conservateurs, qui ont été dénoncés à maintes reprises pendant des mois et des années par les gens du côté libéral, ont démonisé cette taxe. Est arrivé un nouveau premier ministre qui s'est dit: je veux gagner une élection et, tout ce qui compte pour moi, ce sont les sondages. Le gars a écrit un livre qui s'intitule Values. Il arrive au pouvoir et pourrait intituler sa biographie Sondages. C'est ce qui est arrivé. Les libéraux ont décidé d'acheter une élection. Ils ont aboli cette taxe.
Or, on l'a dit et on va le répéter, la loi était claire. Les documents du ministère des Finances le disent: les paiements versés en avril remettent les produits de la redevance sur les combustibles d'avril à juin. On peut lire que le chèque est toujours versé préalablement à la période de prélèvement. Les gens qui ont écrit cela sont les mêmes, au bureau du premier ministre, qui ont écrit les discours que nous venons d'entendre aujourd'hui. C'est le même personnel. La même équipe qui a écrit ça dans la loi, dans les documents du ministère des Finances, a écrit les discours absurdes du député de et de la députée de . On pourrait nommer une litanie de circonscriptions où les gens se font dire « dites ça ». On lit bien « préalablement à la période de prélèvement ». Ainsi, ils nous disent que les Québécois ne payaient pas la taxe sur le carbone, qu'ils ont leur propre système et que c'est pour ça qu'ils n'ont pas de chèque. Qu'est-ce qu'ils ne comprennent pas, ces gens? Quand le chèque a été versé le 1er avril, chacune des huit provinces où les gens ont reçu des chèques avait son propre système. Il n'y avait plus de système.
Le gouvernement a versé des chèques aux gens dans des provinces où il n'y avait plus de système. Le gouvernement fédéral a quand même versé ces chèques, et ce, en puisant à même son fonds consolidé du revenu. C'est ce qu'il a fait.
C'est pour ça que l'Assemblée nationale du Québec s'est exprimée sur la question. Les Québécois et les gens de la Colombie‑Britannique sont victimes d'une injustice.
Ce n'est pas la première fois qu'on achète des votes en utilisant ce programme. La première fois, c'était en 2023. On se rappellera que, selon les sondages, les libéraux étaient au plancher dans les intentions de vote. Qu'est-ce qu'ils ont décidé de faire? Ils ont décidé de lever la taxe sur le carbone, notamment dans les provinces de l'Atlantique, dans le cas des combustibles utilisés par les gens pour se chauffer. On pourrait penser que, en retour, ils ont baissé le montant des chèques pour ces provinces. En effet, si la taxe sur le carbone est moindre, le montant des chèques devrait l'être aussi. Eh bien, je vous tiens en suspense: ils ont doublé une portion du chèque. Ils ont baissé la taxe, mais ils ont augmenté le montant du chèque. Ils ont acheté des votes. En plus de ça, ils ont pris l'argent des Québécois pour subventionner au passage la moitié des thermopompes de ces gens. Ils achètent des votes. C'est ce qu'ils font.
J'aimerais qu'on m'explique pourquoi un vote pour un libéral à coups de fonds publics vaut plus cher dans les provinces de l'Atlantique qu'en Ontario et pourquoi un vote au Québec ne vaut rien. C'est parce que ces gens tiennent les Québécois pour acquis. C'est exactement ce qui arrive.
Ce que les libéraux nous disent, c'est que les Québécois ont leur propre système et qu'il fallait budgéter. L'argumentaire des libéraux pour justifier leur opposition à notre motion, alors même qu'une telle opposition est impossible à justifier, est comme un Pokémon: ça évolue, mais ça ne devient pas plus beau.
En 2023, quand les libéraux ont acheté des votes en Atlantique, le ministre de l'Environnement et du Changement climatique, qui est aujourd'hui , disait qu'il n'y aurait pas d'autres brèches. Aujourd'hui, il n'y a même plus de programme, et pourtant on n'a même pas changé de gouvernement.
Arrive ensuite le nouveau , qui essaie de se justifier. Durant la campagne électorale, les libéraux se sont rendu compte qu'ils avaient versé des chèques aux frais des Québécois. C'est nous qui l'avons appris au premier ministre durant le débat des chefs. Le premier ministre n'a pas été capable de donner une réponse.
Les libéraux ont alors travaillé et peaufiné leurs arguments. Un libéral, ça réfléchit fort quand ça s'y met. C'est une condition préalable importante.
Comme on pourra le voir, l'argument a changé. Le lendemain du débat des chefs, celui qui était à ce moment a dit sur les ondes de LCN au Québec que les Québécois payaient moins cher la tonne de CO2 dans leur propre système et que, par conséquent, ils n'avaient pas droit aux chèques. Bien sûr, un ministre de l'Environnement n'est pas censé comprendre ce qu'est un plafond. C'est normal qu'il ne comprenne pas ce que c'est. Pourtant, le 1er avril, les libéraux disaient que, dans huit provinces, même si on payait 0 ¢ la tonne de CO2, les gens avaient droit à des chèques.
J'ai enseigné la logique et les mathématiques à l'université. Ici, on est au niveau zéro de la politique publique et de la réflexion.
Maintenant, le gouvernement nous dit qu'il faut que les gens puissent budgéter et que c'est pour cette raison qu'il leur a versé ces chèques. Il nous dit qu'il a fait baisser le prix de l'essence, mais c'est tellement dur pour les gens qu'ils ont besoin d'un chèque. Le député de nous disait ça, ce matin. Lui, c'est le saint Jude des libéraux, le patron des causes perdues. S'il n'y avait pas déjà un patron des causes perdues, on le canoniserait. Quand il se lève, c'est parce qu'il n'y a plus d'espoir. La logique de l'argument tient au fait que, comme le prix de l'essence a baissé, il faut offrir une compensation à ces gens. On en est rendu là. Qu'est-ce que ça donne de débattre ici quand c'est sur cette base?
On ne réalise même plus à quel point c'est scandaleux. Nous sommes là à parler d'un vol qualifié, de choses qui sont écrites noir sur blanc par le Cabinet du premier ministre, mais c'est rendu qu'on trouve ça normal. Le Parlement va peut-être adopter la motion, mais les libéraux s'en sacrent. Ils ne respecteront pas la volonté du Parlement.
Pourtant, quand des compagnies de livraison comme DoorDash demandent trop cher et ne donnent pas le service, le Bureau de la concurrence se met sur leur cas, les poursuit, fait une enquête spéciale et demande des remboursements.
Ce dont nous discutons ici, c'est proprement scandaleux. J'invite le gouvernement à changer d'idée. On ne le dira jamais assez, les Québécois sont sur le point de se faire voler.
C'est dans ces circonstances que je demande le consentement unanime de la Chambre pour déposer, dans les deux langues officielles, la définition du dictionnaire de ce qu'est un vol. Ainsi, mes collègues verront que la situation actuelle est tout à fait conforme à la définition.
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Monsieur le Président, au début des années 1980, René Lévesque, un homme que je respecte beaucoup et qui a inspiré le Québec et l'ensemble de la société québécoise, disait que le Canada, ce n'est quand même pas le goulag. Une fois qu'on a dit cela, il y a plusieurs fédéralistes qui en sont venus à demander pourquoi on voulait encore se séparer du Canada. Pourquoi le Québec voudrait-il devenir un pays souverain à part entière, si finalement, le Canada, ce n'est quand même pas le goulag? Il faut peut-être lire la deuxième partie de sa déclaration où il disait que le fédéral est quand même « un système de broche à foin qui trop souvent gêne notre développement. » La situation dans laquelle on se retrouve aujourd'hui, la décision prise par le du Canada lors de son arrivée en fonction le 14 mars, justifie pleinement cette déclaration selon laquelle le système fédéral canadien est un système de broche à foin.
Au Québec, on a le problème d'être un peuple assujetti à la gouvernance d'un autre peuple. C'est un peuple canadien géré par un gouvernement canadien pour qui le peuple québécois n'est que portion négligeable. On peut faire ce qu'on veut avec l'argent des Québécois, comme avec l'argent du reste du Canada. Le Québec, comme toujours, va prendre son trou.
C'est ce qu'on voit présentement. On arrive et on dit qu'il n'y a plus de taxe sur le carbone. Le 1er avril, on l'annule, mais, le 22 avril, on va quand même envoyer de l'argent — on ne peut pas parler de retourner pas cet argent, puisqu'on ne l'a jamais perçu. On va donc envoyer de l'argent aux citoyens de huit provinces pour compenser ce qu'ils auraient eu à payer si la taxe sur le carbone avait encore été en vigueur. C'est tordu comme raisonnement.
Si cela venait de quelqu'un qui ne sait pas trop compter, on pourrait peut-être comprendre, mais cela vient de la part d'un qui était banquier avant d'être premier ministre, qui a dirigé des banques de grands pays, notamment la Banque d'Angleterre et la Banque du Canada. C'est difficile de penser qu'il est crédule, naïf ou maladroit. Ce bonhomme est manifestement compétent pour gérer les finances publiques. Dans les circonstances, s'il est compétent, comment peut-on interpréter ce geste?
Il ne prend pas l'argent des redevances des taxes puisqu'il n'en a pas collecté en avril, en mai et en juin. Il prend l'argent de l'ensemble des Québécois et des Canadiens. Il extirpe de cela un montant d'argent qu'il retourne aux citoyens de huit provinces seulement. Mon collègue de parlait tantôt de vol. Si ce n'est pas un vol, j'aimerais qu'on m'explique ce que c'est. Je n'arrive pas à comprendre comment on peut prendre 800 millions de dollars dans les poches des Québécois pour indemniser les citoyens de huit provinces. La raison invoquée, comme notre collègue de nous l'a expliqué tantôt, c'est qu'on l'avait prévu.
Cela veut-il dire que si nous, au Québec, nous nous mettons à prévoir que le fédéral est juste avec nous et nous retourne notre part, il va nous la devoir? Peut-on s'attendre à ce que, au courant de l'été, le premier ministre dise que, puisque le Québec avait prévu recevoir 800 millions de dollars, il va lui envoyer ces 800 millions de dollars?
C'est un raisonnement qui tient ne tient pas la route, même pas dans une classe de maternelle. Personne n'oserait avancer de tels arguments. C'est boiteux. Cela n'a aucun bon sens. Je comprends mal qu'un gouvernement qui dirige le Canada, un gouvernement qui est présidé par un premier ministre compétent en finances publiques, peut essayer ou penser qu'il va nous faire avaler cette couleuvre‑là. Cela n'a aucun bon sens. C'est non seulement injuste, mais c'est illégal; ou plutôt, c'est peut-être légal, parce qu'on peut faire un certain nombre de choses e, par décret, mais c'est immoral.
Au Québec, l'immoralité nous choque. On a déjà eu des commissions d'enquête sur des situations qu'on jugeait immorales. Là, on se retrouve avec une autre situation immorale. On prend notre argent et on la retourne à d'autres gens, sous prétexte que ces gens s'attendaient à l'avoir. Coudon.
Aujourd'hui, j'ai entendu à quelques reprises des collègues du côté du gouvernement nous dire que les Québécois n'ont pas voulu adhérer à la taxe sur le carbone et que c'est tant pis pour eux.
C'est drôle, mais, moi, je ne l'ai pas vu de cette façon. Moi, je pense que la bourse du carbone est un système efficace, mais je pense que les Canadiens, sauf ceux de la Colombie-Britannique, ont décidé de ne pas adhérer à la bourse du carbone.
Comment peut-on dire que nous n'avons pas adhéré à la taxe, alors que l'imposition de la taxe était due au fait que les autres n'avaient pas adhéré à la bourse du carbone? Ce raisonnement est donc plutôt boiteux. Nous avons chacun notre système de tarification parce qu'au Québec, nous pensons que la bourse du carbone est un système plus efficace. C'est ce que nous avons adopté. Nous y avons adhéré, comme la Colombie-Britannique et certains États américains.
Aujourd'hui encore, en juin, les Québécois assument la décarbonation. La bourse du carbone fait que les entreprises qui émettent du carbone achètent des quotas et paient une redevance. Esso et Petro-Canada ne sont pas devenues des entreprises charitables qui ont envie de faire plaisir à tout le monde, il ne faut pas s'en étonner. Ce sont des entreprises qui veulent faire des profits, ce qui est normal. Si le gestionnaire d'une compagnie de cette envergure-là ne gérait pas de façon à ce que sa compagnie fasse des profits, les actionnaires le mettraient dehors, ce ne serait pas long.
La raison d'être de ces compagnies est donc de faire des profits. Elles achètent des quotas dans le cadre d'une bourse sur le carbone et, ce faisant, se retrouvent à payer directement une taxe carbone. Parce que, encore une fois, ce ne sont pas des entreprises charitables, elles refilent la facture à leurs clients, les distributeurs de pétrole qui, eux, vont la faire payer aux citoyens du Québec qui viennent faire le plein d'essence quotidiennement. Ceux qui ont des voitures électriques contribuent à la décarbonation et ne paient pas cette forme de taxe ou cette redevance-là en achetant du pétrole, mais ça, c'est un autre débat.
Les citoyens du Québec assument le coût de la décarbonation, alors que les citoyens des huit provinces indemnisées ne l'assument plus depuis le 1er avril. Où est-ce que je veux en venir? Cela n'a pas de bon sens. Non seulement ces autres provinces ne l'assument pas et on ne leur doit rien, mais, en plus, les gens qui payent au Québec retournent de l'argent à ceux qui ne paient pas la taxe depuis le 1er avril, de l'argent qu'ils auraient pu dépenser s'il n'y avait pas eu la décision du premier ministre d'abolir la taxe carbone le 1er avril.
Je ne sais pas comment m'expliquer cela. Si quelqu'un à la Chambre a une explication logique, j'aimerais bien l'entendre. L'explication du député de consiste à dire que le gouvernement a envoyé le chèque parce que les gens s'attendaient à le recevoir. Je regrette, mais, en tout respect pour ces gens-là parce qu'il y en a que j'aime bien dans ces provinces-là, je ne suis pas prêt à leur faire un chèque.
La seule explication rationnelle qui me vient à l'esprit, c'est ce que disait mon collègue de à l'instant, c'est-à-dire qu'on a acheté des élections. Les libéraux se sont dit qu'ils ne gagneraient probablement pas les élections au Québec et étaient prêts à laisser ce dernier s'étouffer et continuer de payer. Par contre, dans les huit provinces où les libéraux avaient des chances de gagner, ils pourraient faire mal aux conservateurs, les battre et gagner l'élection. C'était le pari relevé par le du Canada.
Il s'agissait de faire plaisir à tout le monde en abolissant la taxe sur le carbone, parce que c'est ce qui plaisait aux gens chez le chef conservateur. C'était comme si le premier ministre leur disait qu'il leur donnait raison, qu'il allait abolir la taxe lui-même et qu'il ferait même mieux que Pierre Poilievre. En effet, ce dernier voulait abolir la taxe sur le carbone, mais il ne voulait pas envoyer de l'argent, car il y avait là un minimum de logique, évidemment. Le premier ministre, lui, est allé à l'encontre de toute logique. Il a aboli la taxe comme les conservateurs le promettaient, mais, en plus, il a envoyé le chèque que les gens auraient reçu si la taxe n'avait pas été abolie.
Je ne sais pas comment appeler ça. Mon collègue de Mirabel parlait d'un vol. Ça commence à ressembler pas mal à ça, si je me fie à la définition qu'il nous a lue tantôt. Acheter une élection avec l'argent du Québec en donnant cet argent aux provinces de l'Ouest, ça n'a aucun bon sens, c'est immoral et c'est très décevant de la part de quelqu'un sur qui les électeurs du Canada avaient misé beaucoup en lui donnant le pouvoir lors des élections du 28 avril.
Cela étant dit, j'ai un amendement à proposer à notre motion. Appuyé par le député de Mirabel, je propose:
Que la motion soit modifiée par adjonction:
a) après les mots « dont ceux du Québec », des mots « et de la Colombie-Britannique »;
b) après les mots « sans condition au Québec », des mots « et à la Colombie-Britannique »;
c) de ce qui suit « pour le Québec et à 513 millions de dollars pour la Colombie-Britannique ».
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Monsieur le Président, je vous félicite pour votre nomination à titre de vice-président de la Chambre, et je vous avise que je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Je suis très fier d'être à la Chambre avec cette nouvelle députée, parce que nous sommes maintenant 44 députés du Québec du côté libéral. Avec les 11 députés du Québec du côté des conservateurs, il y a donc 55 députés qui sont capables d'être de fiers Québécois et de fiers Canadiens, et de bâtir ce pays ensemble avec nos homologues de tout le pays.
Quand on parle de la motion du Bloc québécois, on y voit un manque de cohérence, qui aurait été réglé uniquement par un amendement du Parti conservateur, lequel a été refusé par le Bloc québécois, mais que ce dernier met maintenant de l'avant. Je vais l'expliquer.
[Traduction]
Le plan initial, qui était de verser la remise sur le carbone au mois d'avril à tous les Canadiens des huit provinces qui en bénéficiaient déjà, est logique et cohérent. Dans le passé, la remise n'était accordée qu'aux provinces couvertes par le filet de sécurité fédéral de la tarification du carbone. Le Québec, la Colombie-Britannique et les Territoires du Nord-Ouest disposaient de leurs propres systèmes et en ont été exclus. C'est le choix qu'ont fait le Québec, les Territoires du Nord-Ouest et la Colombie-Britannique: être exemptés du système fédéral en mettant en place leur propre système.
Ces provinces ont également ainsi pu décider de l'affectation des fonds provenant des recettes générées par leur propre système de tarification du carbone. Ces fonds ont été affectés à des programmes provinciaux du Québec et de la Colombie-Britannique. Les provinces ont ainsi pu décider librement de la façon d'utiliser ces fonds. Le gouvernement fédéral a choisi, dans les provinces qui ne participaient pas au système fédéral, de remettre l'argent selon un modèle de tarification pour les consommateurs. C'est ce qui s'est produit au mois d'avril.
Plus tôt aujourd'hui, le Parti conservateur a examiné la motion et a déclaré qu'elle n'était pas cohérente, car la Colombie-Britannique ne participait également pas au système fédéral.
[Français]
Or, la motion originale du Bloc québécois demandait uniquement que l'argent soit rendu au Québec, laissant de côté la Colombie‑Britannique, et le Bloc québécois n'a pas accepté l'amendement du Parti conservateur. Par souci de cohérence, le Bloc québécois a cependant fini par ajouter son propre amendement pour dire que la Colombie‑Britannique peut elle aussi avoir un rabais.
[Traduction]
Ce n'est pas le point de vue que le Bloc québécois adopte habituellement à la Chambre. Les députés bloquistes ne voient les choses que sous l'angle de ce qu'ils peuvent obtenir de plus ou de moins pour une seule province. Or, ce n'est pas ainsi que fonctionne le fédéralisme. Dans ce régime, les provinces reçoivent des paiements de péréquation, et le Québec est le plus grand bénéficiaire des paiements de péréquation fédéraux.
Une voix: De l'Alberta.
Anthony Housefather: Monsieur le Président, les fonds viennent de l'Alberta et d'autres provinces, c'est exact. Les fonds des programmes fédéraux ne sont pas toujours répartis de manière égale entre toutes les provinces. Ils sont affectés directement à différentes choses dans différents programmes.
On pourrait penser qu'au fond, tous les programmes qui existent contribuent à améliorer le pays dans son ensemble. L'idée de les prendre tous et d'attribuer la même somme à chaque province nuirait, en fait, au Québec. Au bout du compte, le Québec recevrait moins de fonds, et non le contraire.
Je ne comprends pas la logique du Bloc québécois, qui insiste pour que, dans ce cas particulier, nous répartissions tous les fonds de manière égale entre les provinces, alors qu'il s'y oppose pour tant d'autres programmes.
[Français]
Je trouve aussi un peu étrange que le Bloc québécois trouve que c'est quelque chose de mal que le Québec ait pris la décision d'avoir son propre programme. Nous respectons l'autonomie du Québec. Le Québec a son propre programme et la Colombie‑Britannique a son propre programme. Dans le reste du pays, il y avait un programme différent. J'aurais imaginé que le Bloc québécois serait très content que le fédéralisme flexible permette au Québec d'avoir son propre programme. Dire que le modèle des autres provinces devrait aussi s'appliquer au Québec alors que le Québec a son propre modèle, c'est complètement contradictoire avec la position générale du Bloc québécois qui veut l'autonomie absolue du Québec.
[Traduction]
Je suis heureux que le nouveau gouvernement ait, parmi ses premières mesures, supprimé la taxe sur le carbone, le filet de sécurité fédéral, pour laisser à chaque province la latitude de gérer cette question comme elle l'entend. Cela ne veut pas dire que nous n'allons pas investir dans l'économie, dans les technologies propres ou dans l'environnement. Il faut cependant aussi que l'on s'accorde sur ce qui se passe.
Je suis également très heureux que le gouvernement ait annoncé en même temps l'abandon des modifications au taux d'inclusion des gains en capital, avec lesquelles je n'étais pas d'accord. Je pense qu'il s'agit là d'une très bonne mesure.
Je crois que toutes les mesures prises par le gouvernement, à savoir la réduction de l'impôt sur le revenu des Canadiens, la création d'une économie nationale unifiée où le libre-échange s'applique dans tout le pays pour ce qui relève de la compétence fédérale, en demandant aux provinces de faire de même, la réalisation de grands projets nationaux, ainsi que la mise sur le marché de notre énergie et de nos ressources, placent le gouvernement au centre, ce qui, selon moi, est ce que souhaitent la plupart des Canadiens.
[Français]
Je pense qu'il y a une volonté de travailler avec les autres partis politiques qui nous rejoignent au centre pour gouverner le pays et pour mettre l'économie du Canada à la première place du G7. Nous avons maintenant vraiment l'occasion d'agir différemment que lors de la dernière législature, où il y avait toujours des batailles et des bagarres entre les uns et les autres.
[Traduction]
Nous pouvons unir nos efforts pour construire un Canada plus fort, un Canada où le pétrole de l'Alberta peut atteindre les marchés et les côtes. Nous pouvons avoir un Canada où les grands projets nationaux sont réalisés dans des délais rapides. Nous pouvons avoir un Canada qui respecte l'autonomie provinciale, mais qui tient compte du fait qu'il y a des projets d'envergure nationale et des objectifs nationaux à atteindre. Nous pouvons avoir un Canada où nous comprenons tous que, dans un monde en évolution, où nous sommes confrontés à de nombreux défis, nous devons travailler ensemble à l'échelle du pays. Que nous soyons conservateurs, libéraux, bloquistes ou néo-démocrates, nous devons travailler ensemble à l'échelle du pays.
Pour revenir à la motion du Bloc, elle ne tenait pas compte, du moins à l'origine, du pays dans son ensemble. Elle ne tenait compte que du point de vue d'une seule province, même si d'autres provinces et un territoire ne faisaient pas partie du système initial. Personne n'a même pensé à eux lorsqu'il a été question de la motion. Ce n'est pas ainsi que nous devrions envisager les choses. Une certaine cohérence s'impose.
[Français]
Pour mon premier discours de cette législature, j'ai le plaisir de tendre la main à mes collègues de l'opposition et de leur dire que j'ai hâte de travailler avec eux sur toutes les grandes questions pour notre pays et sur les différentes choses. Nous sommes là pour être ensemble et pour bâtir un meilleur Canada.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour répondre à la motion présentée par le Bloc québécois, qui soulève des préoccupations au sujet du remboursement de la taxe sur le carbone qui a été versé en avril 2025. Commençons par les faits.
D'abord, le remboursement d'avril 2025 n'était pas une annonce surprise, contrairement à ce que certains peuvent laisser entendre. Ce n'était pas une initiative électorale ponctuelle. C'était la poursuite, et aussi la conclusion d'une politique fédérale qui était bien établie et dont on a entendu parler énormément à la Chambre. Le remboursement de la taxe sur le carbone a été mis en place pour reverser les recettes de la taxe fédérale sur les carburants directement aux ménages dans les territoires et les provinces où la taxe s'appliquait. La structure a toujours été la même: les revenus perçus dans une province ou dans un territoire étaient reversés dans cette même province ou ce même territoire.
Quand la taxe fédérale sur les carburants a été supprimée le 1er avril 2025, notre gouvernement a choisi de verser un dernier paiement. Les Canadiens avaient payé la taxe jusqu'à cette date et comptaient sur ce remboursement. Ce paiement relevait d'un principe de bonne gouvernance. Il honorait un engagement de la part du gouvernement fédéral. C'est une question de prévisibilité des finances des ménages et c'est ce qu'exige une administration publique responsable.
Il y a plus de 10 ans, le Québec a pris la décision de mettre en œuvre son propre système de tarification du carbone dans le cadre d'un système de plafonnement et d'échange. Ce système est entièrement conçu et géré par le gouvernement du Québec. Le Québec perçoit ses propres revenus et les réinvestit selon ses propres priorités. Ce système, que le Québec a relié à celui de la Californie par l'entremise de l'initiative de l'Ouest sur le climat, a été reconnu à l'échelle internationale comme un modèle crédible et ambitieux. Grâce à ce succès, le Québec n'a jamais été assujetti à la taxe fédérale sur les carburants et, par conséquent, les Québécois n'ont jamais reçu la Remise canadienne sur le carbone, pas plus d'ailleurs que les gens de la Colombie‑Britannique ou les gens des Territoires du Nord‑Ouest.
Ce n'est pas une exclusion. C'est le résultat d'une répartition respectueuse des pouvoirs au sein de notre fédération. Le Québec a exercé son droit de gérer la politique climatique relevant de sa compétence, et notre gouvernement a pleinement accepté et soutenu le choix des Québécois. Suggérer maintenant que le Québec devrait être indemnisé pour un programme auquel il n'a pas participé sape l'autonomie même que le Bloc québécois cherche à protéger.
La motion du Bloc québécois dépeint une province qui a été laissée pour compte. La réalité est tout autre. Partout au pays, le gouvernement fédéral adapte ses investissements pour tenir compte des différents besoins et systèmes de chaque province. C'est non seulement approprié, mais c'est aussi essentiel. Mon collègue de en a fait la démonstration. Il y a des ententes qui sont asymétriques. Je vais rebondir sur ce point en donnant quelques exemples de programmes qui ne sont pas faits de la même façon partout au Canada.
En Alberta, on a un soutien fédéral pour mettre hors service des puits orphelins. La Colombie‑Britannique a bénéficié de fonds pour l'adaptation aux feux de forêt et la transition vers une énergie propre. L'Ontario a vu d'importants investissements dans la production de véhicules électriques et de batteries. Le Québec, de son côté, a reçu des milliards de dollars d'investissements fédéraux, non pas par l'entremise du remboursement de la taxe sur le carbone, mais par un soutien direct à l'innovation propre, à l'électrification, à la fabrication et aux infrastructures publiques. Ces investissements sont adaptés aux besoins des provinces et reconnaissent le leadership du Québec en matière de climat et de planification économique.
Si on veut avoir un débat honnête sur l'équité, il faut commencer par définir ce qu'est réellement l'équité dans une fédération. L'équité ne veut pas dire traiter toutes les administrations de la même façon, quel que soit le contexte. Ça veut dire reconnaître qu'il y a des différences au sein de la fédération, respecter les choix des différentes provinces et territoires et veiller à ce que les résultats reflètent les décisions.
Le Québec a choisi de conserver ses revenus tirés du carbone. Il a choisi de gérer son propre système et il y réussit très bien. Dans un pays comme le Canada, l'équité, c'est la proportionnalité et la cohérence. Ça ne veut pas dire de réécrire l'histoire pour accorder des paiements équivalents pour des contributions qui sont différentes. Le remboursement en question a été versé à ceux qui ont supporté le coût de la taxe fédérale sur le carbone et à eux seuls. Il ne s'agit pas d'un traitement spécial, il s'agit d'intégrité dans les politiques publiques.
Les Canadiens de toutes les régions au pays veulent des gouvernements qui respectent leurs décisions, qui honorent leurs engagements et qui obtiennent des résultats. La motion du Bloc québécois échoue sur tous ces points. Elle ne tient pas compte de l'autonomie du Québec. Elle donne une image fausse du fonctionnement du système fédéral, et elle sème la confusion là où il devrait y avoir de la clarté.
Notre gouvernement reste déterminé à travailler en collaboration avec le Québec et toutes les provinces pour lutter contre les changements climatiques, faire croître notre économie et respecter les principes du fédéralisme. Nous allons continuer à élaborer un cadre stratégique qui récompense l'intégrité, la cohérence et le leadership. Le débat ne doit pas porter sur qui va recevoir quel chèque, mais sur la façon dont nous soutenons tous les Canadiens dans toutes les provinces, et ce, d'une manière qui reflète leurs choix, qui respecte leurs institutions et qui nous prépare aux défis de demain.
Surtout en ce moment, les Canadiens et les Québécois ne veulent pas de chicanes entre les différents ordres de gouvernement. Ils veulent des progrès, un partenariat et un leadership sérieux axé sur les résultats et fondé sur des principes qui respectent leurs décisions.
C'est ça, l'équité, le fédéralisme et la voie à suivre.
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Monsieur le Président, je veux vous aviser que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Depuis le début de la journée, j'écoute la réponse de mes collègues libéraux à la motion que nous avons déposée. Je ne referai pas le débat. On sait d'où vient le montant de 800 millions de dollars. Tous mes collègues se sont époumonés à faire comprendre au gouvernement qu'il a donné un remboursement sur une taxe qui n'a pas été payée. Le gouvernement fait la sourde oreille. Je ne referai pas le débat. Je pense qu'il y a trop de redites là-dessus.
Cependant, il y a quelque chose qui me frappe et cela me pousse à revenir sur le rôle d'un député. Quel est le rôle d'un député? Pour moi, c'est de représenter l'intérêt de notre population. Moi, je représente l'intérêt des gens de Jonquière, des gens du Saguenay—Lac‑Saint‑Jean et des gens du Québec. C'est ce que je dois faire. Je ne m'explique donc pas de voir des députés du Québec se lever, aller à l'encontre des intérêts de la population du Québec et faire en sorte que la population du Québec soit privée de 800 millions de dollars. Moi, je n'arrive pas à m'expliquer ça. Je ne sais pas comment mes collègues libéraux le font.
Tout à l'heure, ma collègue libérale indiquait qu'ils étaient de nombreux députés du côté du gouvernement en provenance du Québec et qu'ils étaient de fiers Québécois. Moi, il y a quelque chose qui me frappe. J'ai souvent l'impression que les députés du Québec suivent trop la maxime qu'on a vue apparaître pendant la campagne électorale, soit « Le Canada d'abord ». Les conservateurs le disaient. Les libéraux tenaient aussi ce discours pendant la campagne électorale. Malheureusement, quand arrive une question épineuse qui touche le Québec, mes collègues du Parti libéral sont complètement silencieux. Selon moi, quand on fait ça, on agit non pas comme un député qui représente sa population, mais comme un larbin, comme un laquais, comme quelqu'un qui est soumis et incapable de défendre les principes qui devraient diriger son action politique.
Nous avons vu cela à un moment charnière. Nous avons vu des députés du Québec se lever dans les années 1990, parce que le Québec s'était fait dire non par le gouvernement fédéral, et cela a créé le Bloc québécois. Peut-être qu'à force de se faire flouer par le gouvernement fédéral, des gens du côté du Parti libéral et des gens du côté du Parti conservateur vont se lever. Mystérieusement, nous avons vu tout à l'heure que, même chez les conservateurs, on piétine quand même un peu l'autonomie du Québec. La demande d'amendement qui a été déposée par les conservateurs disait, somme toute, que le gouvernement du Québec n'avait qu'à mettre fin à sa bourse du carbone et qu'il pourrait avoir, à ce moment-là, comme les autres, un remboursement. C'est quand même assez étonnant. C'est le gouvernement fédéral qui dit à Québec qu'il va lui montrer comment on doit agir. C'est la fameuse idée qu'Ottawa sait tout, le fameux Ottawa knows best.
Cela m'amène à me demander pourquoi je ne ferais pas la grande histoire des injustices et des iniquités du gouvernement fédéral envers le Québec. Pourquoi ne pas faire ça, puisque c'est ce que nous avons vu? Le gouvernement fédéral a spolié le Québec de 800 millions de dollars. Je vais donner une image avant d'en venir aux iniquités. En mars dernier, Santé Québec a fait des compressions de 800 millions de dollars. Je ne dis pas cela pour revenir sur un débat qui touche l'Assemblée nationale du Québec, mais pour montrer les conséquences que cela peut avoir. Quand on regarde le Plan québécois des infrastructures, ou PQI, du gouvernement du Québec en matière de logement social et communautaire, de 2024 à 2034, il y a 26 projets et cela représente environ 928 millions de dollars. Le gouvernement fédéral nous a floués et a fait en sorte que des éléments centraux au Québec, soit le logement social et la santé, vont en pâtir et en souffrir.
Revenons aux injustices historiques et aux iniquités de la part du gouvernement fédéral. Une des plus flagrantes iniquités, c'est assurément le déséquilibre fiscal. Mes collègues connaissent ce fonctionnement. La quasi-totalité des services publics rendus à un citoyen québécois l'est par le gouvernement du Québec. On parle de santé, d'éducation. La majorité des services sont donnés par le gouvernement du Québec. Pourtant, c'est le gouvernement fédéral qui occupe 60 % du champ de taxation. Du côté du gouvernement fédéral, c'est une logique assez simple: beaucoup de revenus, peu de dépenses. Il a un environnement fiscal beaucoup plus intéressant que les provinces, ce qui fait qu'on doit faire fonctionner la fédération à partir d'un système de transferts. Ce sont les fameux transferts en santé. Chemin faisant, on pourrait parler de la logique des libéraux en 1995 et en 1996, à la sortie du référendum.
Je parle de M. Paul Martin et du déséquilibre fiscal, soit une des iniquités les plus abominables qu'on ait jamais vues. M. Martin a coupé de façon récurrente environ 2 milliards de dollars en paiements de transfert. Cela a créé une désorganisation totale du système de soins de santé au Québec. On est habitué à voir ça du gouvernement fédéral et à voir des élus du Québec accepter l'inacceptable et agir en laquais. J'arrive à aujourd'hui. La part de financement en santé qui vient du gouvernement du Québec représente à peu près 45 % de son budget, ce qui est complètement fou.
Regardons cela de plus près. Plusieurs analystes étaient prêts à dire que l'époque d'austérité du gouvernement du Québec est la résultante d'un désengagement total du gouvernement fédéral en matière de paiement de transfert. Voilà ce que fait le déséquilibre fiscal. Voilà cette injustice et cette iniquité historique qui se répète. En voilà une autre aujourd'hui lorsqu'on parle des fameux 800 millions de dollars.
Il y a cette injustice du déséquilibre fiscal, mais il y a aussi une injustice structurelle flagrante, que l'on voit se répéter aujourd'hui. Le Canada, c'est une économie qui est pensée et réfléchie pour deux secteurs d'activité: celui de l'automobile et celui de l'industrie gazière et pétrolière. Par le passé, le gouvernement fédéral a toujours répondu présent lorsqu'il était question de faire des investissements structurants qui permettaient de soutenir le secteur de l'automobile et le secteur gazier et pétrolier.
Dans la crise des droits de douane, je vois quelque chose de comparable à ce qu'on a vu en 2008, dont on se souvient probablement. À l'époque, le gouvernement fédéral avait investi 8 milliards de dollars dans le secteur automobile pour l'aider à surmonter la crise. De ces 8 milliards de dollars qui servaient à soutenir directement l'industrie automobile, il y avait environ 1,6 milliard de dollars d'argent du Québec. Or, à la même époque en 2008, il y avait aussi une crise sans précédent dans le secteur forestier du Québec. Pourtant, on n'a jamais vu le gouvernement fédéral se préoccuper du secteur forestier et lui venir en aide.
En 2025, on voit la même chose. Il y a une crise tarifaire. Qu'a fait le gouvernement libéral pendant la campagne électorale? Il a mis fin à sa campagne. Parce que cela touchait le secteur automobile, il a mis fin à sa campagne. Il s'est dépêché à sortir le chéquier pour 4 milliards de dollars. C'est la même chose qu'en 2008. Pourtant, qu'a fait le gouvernement fédéral quand des droits de douane de 50 % ont été imposés sur l'aluminium? Que fait le gouvernement fédéral alors que l'industrie forestière croule sous les droits de douane depuis 2017? Absolument rien. C'est deux poids, deux mesures.
Dans le secteur gazier-pétrolier, c'est encore plus indécent. De 1970 à 2015, pour rendre les sables bitumineux rentables, on juge que le gouvernement fédéral y a investi environ 70 milliards de dollars. Pourtant, il n'y a eu absolument aucun investissement structurant pour une période semblable pour soutenir des secteurs d'activité du Québec. Pire encore, si on regarde la période actuelle, on a acheté un pipeline à 34 milliards de dollars qui ne servira jamais aux Québécois. On a des allègements fiscaux qui peuvent totaliser 82 milliards de dollars si on tient compte de l'horizon 2024-2035 indiqué dans les derniers budgets. Tout cela, c'est pour soutenir les gloutons du secteur gazier-pétrolier qui, en 2022, ont dégagé des profits record de 200 milliards de dollars.
Quand je regarde cela, je me dis sincèrement que, somme toute, c'est assez simple: les libéraux et les conservateurs font toujours la même chose. Avant la campagne électorale, les conservateurs ont invoqué la rhétorique voulant que le coût de la vie augmente si on ne mettait pas fin à la taxe sur le carbone, et que c'est les gens qui en pâtiraient. Les libéraux ont utilisé la crise tarifaire pour mettre fin à la taxe sur le carbone en disant qu'il fallait agir, faire quelque chose. Il n'y a alors eu que le Québec qui maintenait un prix sur le carbone. Il n'y a que le Québec qui sera compétitif si on veut faire du commerce avec l'Europe, puisqu'il faudra inévitablement mettre un prix sur le carbone.
Ensuite, pour comble d'insulte, on a obligé les Québécois à payer 800 millions de dollars à l'ensemble des Canadiens, sans qu'ils puissent en bénéficier.
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Monsieur le Président, l'heure n'est plus aux illusions. Le masque d'Ottawa est tombé, révélant sans détour le visage de l'injustice. Tandis que le Québec, fidèle à ses engagements, lutte depuis des années contre le fléau du dérèglement climatique, le pouvoir
canadian, aveuglé par ses intérêts politiciens, trahit les principes les plus élémentaires de l'équité.
Le 22 avril dernier, dans une manœuvre indigne d'un État juste, le gouvernement du Canada a distribué la somme colossale de 3,7 milliards de dollars sous forme de faux chèques dits de « remise carbone » à des gens dans des provinces qui avaient pourtant refusé, année après année, de prendre part à ce qu'on pourrait appeler ce pan du combat pour l'avenir de la planète.
Pendant ce temps, qu'en est-il du peuple québécois, exemplaire et courageux? Nous avons des défauts et des qualités, mais je pense que ce sont là des qualités indéniables pour nous. Le peuple québécois, depuis 2013, marche en avant grâce à son propre marché du carbone, mais il n'a rien reçu, pas même un denier. Mieux encore, on lui fait les poches pour financer la paresse écologique d'autrui. Est-ce que c'est ça, la justice canadian? Est-ce que c'est comme ça qu'on récompense les efforts?
Il ne s'agit pas là d'un simple oubli. C'est une trahison froide et calculée. C'est un affront au peuple québécois, à sa vertu et à son intelligence.
Qui va payer pour cette farce? C'est le peuple du Québec. C'est 814 millions de dollars qui quittent notre nation pour nourrir un mensonge canadian.
En cette année 2025, alors que les Québécois se montrent, comme toujours, valeureux et épris de justice, voilà qu'Ottawa, dans une manœuvre indigne des principes fondateurs et des droits égaux entre les peuples, ose perpétrer une spoliation sans précédent.
Le gouvernement fédéral, animé par le calcul électoral, a donc versé, entre le 22 avril et le 28 avril, soit à peine à quelques jours de l'élection générale, une somme astronomique sous forme de chèques aux citoyens des autres provinces. Des montants variant de 220 $ à 456 $ par personne ont ainsi été envoyés sans qu'aucun cent de taxe sur le carbone n'ait été perçu pendant la période visée.
Qu'en est-il du Québec? Le Québec a été exclu et puni pour avoir été une nation avant-gardiste. Pourquoi en est-ce ainsi? C'est parce que nous avons choisi, il y a plus d'une décennie, de faire preuve de responsabilité en instaurant notre propre marché du carbone. C'est parce que nous avons refusé l'inaction et la négligence. C'est cette vertu même qu'Ottawa utilise aujourd'hui comme prétexte pour nous faire subir cette extorsion.
Le Québec, bien qu'il n'ait reçu aucun chèque, a bel et bien contribué à cette dépense fédérale. Ça, nous allons le répéter: il a contribué à cette dépense fédérale. Répétons-le. La part québécoise s'élève à 814 millions de dollars. Ce sont nos taxes, nos impôts et notre sueur qui ont servi à financer des chèques envoyés à des citoyens d'autres provinces, et cela, sans la moindre reconnaissance ni la moindre compensation.
Lorsque l'Assemblée nationale du Québec, le Parlement légitime des Québécois, a parlé d'une seule voix, tous partis confondus, pour demander réparation de cette injustice, qu'est-ce qu'on lui a répondu? On lui a répondu par une pirouette bureaucratique: le Québec a « choisi un système différent », a dit le . Cela a même été répété pas plus tard qu'aujourd'hui. À cela, nous lui répondons: est-ce une faute que de choisir la responsabilité? Est-ce un crime que d'agir avec prévoyance? La réponse est non.
Ce n'est pas une question de choix; c'est une question de respect et de justice. C'est ce respect qu'Ottawa nous refuse obstinément.
Le Bloc québécois, dans sa motion, n'exige rien d'extravagant. Il ne demande que la réparation minimale d'un préjudice avéré, reconnu et démontré, une simple remise de ce qui nous a été pris et une simple reconnaissance que le Québec n'est pas une vache à lait fiscale pour satisfaire les caprices électoraux d'Ottawa.
Cette injustice n'est toutefois qu'un symptôme. Bien sûr, tant que nous serons liés à un État qui va décider seul, qui va distribuer les ressources selon ses intérêts partisans, qui va exclure le Québec quand ça l'arrange et qui va nous taxer quand il le faut, nous allons être condamnés à le subir.
Nous exigeons, avec la force tranquille des peuples qui ont raison, que le Québec soit indemnisé sans délai de la totalité de sa contribution volée.
Le du Canada, chef d'un gouvernement libéral en déroute morale, a trahi non seulement les principes de son propre parti, mais, pire encore, il a trahi la science, l'avenir, la confiance du peuple. Il a capitulé.
Pourtant, des années durant, lui et ses ministres affirmaient, chiffres à l'appui, que la tarification du carbone n'était pas un fardeau, mais une politique de redistribution juste, profitable aux classes moyennes, protectrice des plus vulnérables. On a tous entendu ces arguments-là venant de l'autre côté de la Chambre, avec des faits, avec des preuves. Il nous disait que le directeur parlementaire du budget l'avait dit et attestait que huit Canadiens sur dix recevaient plus qu'ils ne payaient. On a tous entendu cela.
Soudainement, on a entendu pas plus tard qu'aujourd'hui, à la période des questions orales, le premier ministre nous dire qu'il était fier d'avoir aboli la taxe sur le carbone. Wow! Dans ce régime, le Québec a été, comme toujours, exclu. Il a été exclu bien qu'il ait payé, exclu bien qu'il ait été exemplaire, exclu, car il est différent. La raison, nous dit-on, est que le Québec a son propre système, un système fonctionnel. Pour cette fonctionnalité-là, pour cette vertu-là, il a été puni: 814 millions de dollars ont été arrachés des poches des familles, des aînés, des travailleurs.
On peut dire que cette exclusion-là est probablement juste une facette d'une trahison plus grande encore. Pourquoi tout cela? C'est pour satisfaire les barons du pétrole, une monarchie fossile qui dicte les lois au Parlement canadien, dont les libéraux sont devenus les serviteurs dociles. Ils confondent l'intérêt privé des sables bitumineux avec l'intérêt national du Canada. Puisqu'on est en grande phase de centralisation sans précédent à l'heure actuelle, c'est la table qui nous est mise par Ottawa sous le masque, sous le cheval de Troie d'une économie et pas treize. C'est à cela qu'ils sont en train de nous convier, encore une fois, malgré l'opposition unanime de l'Assemblée nationale.
Le Québec ne veut pas d'un avenir de bitume. Le Québec veut un avenir d'air pur, de justice, de progrès. Si le Canada refuse cette voie-là, nous allons la tracer tout seuls. Nous n'avons pas de problème avec cela.
La motion du Bloc québécois, c'est juste un premier pas, une exigence modeste. Il s'agit de nous rendre ce qu'on nous a pris. Or, derrière cette motion, il y a une idée plus grande: c'est que nous n'accpetrons plus d'être méprisés de la sorte, de nous faire ignorer, de nous faire piller. Le Québec n'a pas à être une province oubliée. Nous sommes une nation éveillée.
Aujourd'hui, nous réclamons justice, sur ce sujet comme dans plusieurs autres dossiers.
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Monsieur le Président, je remercie mes collègues qui attendent mon discours enflammé. Je commence par dire que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
On parle de la tarification sur le carbone et de la motion du Bloc québécois. J'aimerais tout d'abord commencer en mentionnant que, ce qui a été éliminé, c'est la tarification du carbone à la consommation. On pourrait se demander pourquoi on l'a fait. Je pense que c'était la bonne chose à faire et que c'était une bonne politique. Cette tarification à la consommation, même si elle était contrebalancée par des remises aux citoyens, était relativement mal reçue par la population. Elle a aussi donné aussi lieu à beaucoup de désinformation qui a circulé un peu partout, ce qui a malheureusement contribué à créer un climat de très grande méfiance à l'endroit de la politique du gouvernement et de son utilisation, au point où on s'est rendu compte qu'il serait plus constructif d'abolir la tarification sur le carbone à la consommation, mais de maintenir la tarification sur le carbone pour le secteur industriel. Je trouve qu'il est extrêmement important qu'on le maintienne et nous avons l'intention de le faire.
Mes collègues du Bloc québécois ont mentionné, avec raison, que cela pourrait constituer une entrave aux exportations canadiennes. Dans le climat actuel de guerre commerciale avec les États‑Unis, un partenaire que nous pensions être très fiable, mais qui ne l'est plus, nous devons chercher de nouveaux marchés. Nous devons être capables de diversifier nos débouchés commerciaux. En effet, si nous exportions des produits manufacturiers en Europe, par exemple, nos exportations risqueraient d'être pénalisées en l'absence d'une tarification du carbone sur le secteur industriel.
La planète avance. La tarification du carbone est un moyen efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, car nous avons toujours besoin de diminuer ces émissions. Je suis toujours surpris que des conservateurs, des personnes qui croient généralement aux mécanismes du marché pour changer les comportements, pensent soudainement qu'un mécanisme du marché ayant un effet sur les prix n'est plus bon quand il s'agit de production de carbone. Cela m'étonne. On peut réunir les économistes les plus conservateurs de la planète, ils vont tous dire que le mécanisme de prix est le moyen le plus efficace pour changer les comportements. Cela me surprend donc un peu.
Nous allons donc garder la tarification sur le carbone du côté industriel, car je pense que c'est utile, surtout dans le moment présent. L'économie mondiale est en train de changer. L'économie mondiale est en train de devenir moins intense en carbone.
J'aimerais soulever un autre aspect avant de revenir sur le point central de la motion du Bloc québécois. Il a aussi été mentionné aujourd'hui et ces dernières semaines, sinon même avant, que la taxe sur le carbone avait causé l'inflation au Canada. Or, non, ce n'est pas ainsi que cela fonctionne.
Parlons un peu d'inflation justement. Peut-être que nos collègues ont déjà entendu parler de la pandémie et du fait qu'elle a complètement perturbé les mécanismes, les chaînes de production et le commerce international? Tous les pays de l'OCDE, tous les pays développés, ont donc dû fermer leur économie brutalement et rapidement en 2020, avant de la rouvrir graduellement par la suite. Ensuite, en 2021‑2022, on s'est rendu compte en rouvrant l'économie de cette façon, une fois l'urgence pandémique passée et étant donné l'interruption des chaînes d'approvisionnement par la pandémie, qu'il y a eu un phénomène de très forte demande, mais que l'offre de production était défectueuse, ce qui a donc causé un déséquilibre total. C'est ça qui a déclenché l'inflation au Canada, aux États‑Unis, en Europe, au Japon, au Mexique, partout. Ce n'était pas la politique libérale, voyons donc, mais bien un phénomène mondial, aggravé par la suite.
En effet, peut-être que nos collègues ont déjà aussi entendu parler de la guerre en Ukraine? Cette dernière a ajouté une crise pétrolière et une interruption dans les exportations de pétrole russe, ce qui a fait grimper les prix de l'énergie très rapidement aussi, ainsi que les prix des céréales, parce qu'on avait aussi diminué les livraisons. L'Ukraine était un très grand producteur de céréales. Tous ces facteurs ont donc causé une inflation mondiale.
C'est là où on en était en 2023 et en 2024. Les banques centrales ont réagi de la bonne manière. La Banque du Canada a fait ce qu'elle devait faire. Je rappelle que nos collègues d'en face disaient justement à ce moment-là que s'ils prenaient le pouvoir, ils mettraient à la porte le gouverneur de la Banque du Canada. Voyons donc, dans quelle république bananière va-t-on se retrouver, franchement? C'est quelque chose qu'on ne fait pas, surtout que la Banque du Canada a justement été une des premières à réussir à maîtriser l'inflation. Nous sommes revenus maintenant à l'intérieur de la plage de 2 % et le pic inflationniste d'il y a quelques années est maintenant derrière nous. Il faut toujours éviter de confondre inflation et coût de la vie, car ce n'est pas tout à fait la même chose. Les augmentations passées des prix sont donc toujours là, mais l'inflation, elle, est bel et bien maîtrisée maintenant. Le gouverneur de la Banque du Canada est toujours en fonction, heureusement, parce que c'est lui qui a connu un des meilleurs succès dans cette confrérie de gouverneurs des banques centrales.
Revenons à la motion du Bloc québécois. Nos collègues ont mentionné que le Québec a été puni et volé. Ce sont des propos très durs, que j'ai de la difficulté à suivre et à comprendre. Nous vivons dans une confédération, où il existe un système assez élaboré de transferts de revenus fédéraux. C'est ce que nous avons fait. Je trouve que ça a été très bien fait et que, non, le Québec n'a pas été puni ni floué.
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Monsieur le Président, c'est toujours un privilège de me lever ici à la Chambre des communes. J'aime particulièrement participer aux débats lors des journées de l'opposition. Je suis heureux d'avoir l'occasion d'interagir avec tous mes collègues ici, notamment les députés du Bloc québécois, mais aussi les nombreux députés conservateurs qui parlent français.
Aujourd'hui, la motion de l'opposition est présentée par mon honorable collègue de , du Bloc québécois. J'ai beaucoup de respect pour ma collègue, qui est une bonne parlementaire. Je suis heureux d'avoir l'occasion de débattre de l'essence de la motion.
La motion est liée à la tarification du carbone. J'ai beaucoup d'expérience relativement à cette question. Je suis un député du gouvernement qui représente une circonscription de l'Atlantique et, comme plusieurs de mes collègues de l'Atlantique, j'avais une perspective différente sur cette question. Nous comprenions l'importance de modifier la politique nationale, de modifier le filet de sécurité fédéral pour quelques raisons.
Je vais parler aujourd'hui d'une situation qui s'est produite lors de la dernière législature et qui porte sur la nécessité d'apporter des changements. Cette histoire porte aussi sur l'hypocrisie des conservateurs en ce qui concerne leur position sur l'environnement en général, mais également leur position sur la tarification du carbone. Dans certains contextes, la tarification du carbone, particulièrement la tarification du carbone industriel, est une politique tout à fait conservatrice, mais conservatrice avec un c minuscule. Dans la plateforme du Parti conservateur, qu'on a présentée pendant la campagne électorale, il y avait un plan pour dépenser plus d'argent public, pour faire plus de dépenses gouvernementales afin de faire face aux défis que représentent les changements climatiques. Ce n'est pas un plan efficace, j'en reparlerai plus tard dans mon discours.
Il est nécessaire de comprendre quelques aspects du plan fédéral de tarification du carbone. Quand l'ancien premier ministre, M. Trudeau, et son gouvernement ont présenté leur plan pour la tarification du carbone, les provinces et les territoires avaient la possibilité de créer leur propre plan provincial. En fait, l'objectif était que la Nouvelle‑Écosse, le Nouveau‑Brunswick et toutes les autres provinces et les autres territoires aient leur propre plan. Il est absolument nécessaire de reconnaître que le Québec, la Colombie‑Britannique et, je pense, les Territoires du Nord‑Ouest, ont développé leur propre plan. Je pense que le plan du Québec, avec son système de plafonnement et d'échange, était un bon plan. C'était un bon plan en termes de politiques publiques, mais aussi compte tenu du contexte politique.
Je représente une circonscription rurale en Nouvelle‑Écosse. Il est très difficile pour mes concitoyens de se déplacer en transport en commun parce que les réseaux sont inexistants ou ne sont présents que dans les grandes villes de ma circonscription. Il est donc absolument nécessaire d'avoir une voiture. La situation est la même dans toutes les collectivités rurales de notre pays. Il est aussi important de reconnaître le fait que, en Nouvelle‑Écosse et dans les provinces de l'Atlantique en général, le chauffage au mazout est particulièrement important. Je dois dire que c'est aussi important au Québec. J'ai insisté sur la nécessité de modifier les politiques afin qu'elles reflètent les spécificités des provinces et des territoires et qu'elles permettent de s'attaquer aux problèmes spécifiques des provinces et des territoires.
Je félicite le gouvernement du Québec d'avoir présenté son propre plan avec le système de plafonnement et d'échange des droits d'émission qui se concentre sur les grands émetteurs de GES dans la province. Il y a eu des sondages. Selon différentes firmes de sondage, une majorité de Québécois et de Québécoises, soit plus de 50 %, appuie ce système de tarification du carbone. C'était un succès complet.
Aujourd'hui, avec la motion qu'il a présentée, le but du Bloc québécois est de gagner ou de justifier une certaine dépense fédérale spécifiquement pour la province, alors que la taxe fédérale ne s'est pas appliquée au Québec, en Colombie-Britannique et aux Territoires du Nord-Ouest. Le gouvernement de David Eby n'a pas soulevé cette question. Le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest n'a pas soulevé cette question non plus.
Ce n'est pas le cas, mais, si j'avais accepté les arguments du Bloc québécois, j'aurais eu un autre problème avec le texte de la motion. Notre gouvernement a envoyé le paiement directement aux familles et aux individus et non au gouvernement ou à un programme gouvernemental. Le texte de la motion dit de donner l'argent fédéral au gouvernement du Québec « sans condition ». On dit sans condition, sans obligation de verser ce paiement aux familles québécoises. À mon avis, c'est problématique.
Si le Bloc québécois veut un programme similaire à ce que le gouvernement fédéral a fait juste avant avril, il est impératif de faire comme le gouvernement du Canada qui a envoyé le paiement aux familles canadiennes vivant dans les provinces où le filet de sécurité fédéral pour la tarification du carbone s'appliquait. Je pense que le texte de la motion est problématique dans ce cas.
Je voudrais soulever deux autres points. Dans le contexte actuel, il est nécessaire d'avoir une politique flexible. Le gouvernement va élaborer une stratégie pour travailler de concert avec l'industrie canadienne. Il faut être compétitif.
J'ai un problème avec la position des conservateurs à propos de la question environnementale au Canada. Notre plan est appuyé par nos économistes; il vise la façon la plus efficace de réduire le GES au Canada, particulièrement pour les grandes entreprises. Il faut travailler avec elles. En tout respect pour les conservateurs, c'est très rare qu'ils soulèvent la question de l'environnement. Néanmoins, dans leur plateforme électorale, ils disent que pour modifier nos objectifs climatiques, il est nécessaire de dépenser plus. Il faut plus de dépenses gouvernementales, plus de ressources publiques. À mon avis, ce plan est vraiment chaotique. Il est nécessaire d'avoir une base pour nos entreprises. Il doit y avoir de la stabilité dans les politiques climatiques et concurrentielles, mais aussi dans le contexte de notre libre-échange international.
Je suis maintenant prêt à répondre aux questions de mes collègues.
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Monsieur le Président, je vous remercie de me prévenir. Je présume que vous allez me faire signe quand ce sera le temps de terminer mon discours.
Nous sommes dans un moment tristement répétitif au sein de cette prétendue confédération, qui est en réalité une fédération, où l'on répète que le Québec est aimé, qu'il fait partie du Canada, qu'il bénéficie de certains avantages, qu'il est bien gâté et ainsi de suite.
Pourtant, chaque fois que nous exprimons un besoin et que nous soulevons une injustice ou une iniquité, on nous dit que nous créons de la division et que nous ne sommes pas raisonnables. Pour ma part, je trouve que nous sommes très raisonnables. Nous avons consacré une journée de l'opposition à ce sujet de façon très raisonnable et positive. Dans notre grande naïveté, nous nous sommes dit qu'on ne pouvait pas ignorer cette injustice survenue pendant la campagne électorale.
Nous avons donc présenté cette motion à la Chambre en pensant que tous les parlementaires, qui sont des gens intelligents et ouverts d'esprit, allaient entendre notre cause, analyser l'information et reconnaître qu'effectivement un montant d'argent avait été distribué de façon inéquitable, sans transparence sur sa provenance. Eh bien non, ce n'est pas le cas.
Je vais donc le réexpliquer une dernière fois. Selon ce qui est écrit dans le programme, il était prévu que la Remise canadienne sur le carbone soit versée à l'avance, parce qu'on savait que cette mesure ne serait pas populaire dès son lancement. Il n'y a pas un citoyen qui aime payer une taxe, c'est normal. Le gouvernement a donc annoncé qu'un versement, une compensation couvrant les trois mois à venir serait versée à l'avance afin d'éviter que les citoyens n'aient à assumer des frais immédiats, notamment en recourant à leur carte de crédit.
Évidemment, le gouvernement aurait pu faire mieux en matière de communications publiques, un dossier où il a été très mauvais ces dernières années et dans lequel il s'est fait complètement dominer par l'opposition officielle. Le gouvernement aurait dû expliquer plus souvent que près de 80 % des gens, surtout ceux à faible revenu et la classe moyenne, recevaient plus d'argent qu'ils n'en payaient, et ce, à l'avance.
C'est là que réside l'enjeu de cette journée. On a annoncé l'annulation de cette taxe le 1er avril dernier. Le versement prévu pour le 22 avril survenait quelques jours avant l'élection générale et le gouvernement s'est dit qu'il valait mieux ne pas l'annuler parce que les gens auraient pu croire qu'on leur retirait leur chèque. Ces gens auraient pu ne plus vouloir voter pour les libéraux. Le gouvernement a donc préféré maintenir le versement.
J'ai entendu toutes sortes de choses aujourd'hui. Heureusement pour moi et mon état d'esprit général, je n'ai pas écouté les discours toute la journée, sinon cela m'aurait certainement atteint. Je le suis déjà. Je suis un gars sensible. Quand j'entends des sottises, ça m'affecte.
On m'a dit un paquet de choses. On m'a dit que c'était un paiement que les gens attendaient et qu'on ne voulait pas les prendre au dépourvu. On disait que les gens l'avaient budgété. Même s'ils n'avaient plus à payer la taxe et n'auraient donc pas dû recevoir le paiement, on a décidé de le leur verser quand même.
À la rigueur, nous sommes prêts à accepter cet argument et à accorder le bénéfice du doute, mais c'est ordinaire. Utiliser ainsi des fonds publics à l'approche d'une élection, ça ressemble à une tentative d'achat de votes. Je pense que, là-dessus, l'opposition officielle va être d'accord avec nous. C'était très douteux comme geste.
Cependant, faisons preuve d'encore plus de bonne foi que d'habitude et disons que tout cela est correct. Le gouvernement ne voulait pas prendre les gens au dépourvu et leur enlever un montant d'argent pour le mois à venir. Nous pouvons être d'accord. Par contre, il aurait fallu donner cet argent à tout le monde. L'argent que le gouvernement a distribué devait, en principe, être couvert par la taxe qu'il prévoyait percevoir dans les trois mois à venir. Or, ce n'est pas ce qu'il a fait. Il ne prélèverait plus la taxe, mais verserait quand même le paiement de compensation qui aurait dû être financé par cette taxe qui n'existait plus.
Certains de mes collègues ont parlé d'un tour de magie. Nous en avons vu quelques-uns durant la campagne électorale, entre autres quand le gouvernement a parlé de budget. Les gens sont capables, sans broncher, sans trembler, avec une voix ferme, de nous promettre qu'ils vont réduire les impôts tout en augmentant les dépenses. Nous avons hâte de voir ça. C'est pour ça que nous sommes tous si impatients d'avoir un budget.
La taxe n'a pas été perçue, mais on a remis le chèque. On n'a pas dit « abracadabra » pour faire apparaître de l'argent. Cet argent vient de quelque part. Il vient des coffres de l'État. Au Bloc québécois, nous travaillons pour que ce soit différent un jour, mais, pour l'instant, le Québec représente 22 % de cette population qui paie des taxes et des impôts. Le Québec a donc payé 22 % de ces 3,7 milliards de dollars qui ont été versés en guise de bonbons électoraux, en guise de cadeaux. Le Parti libéral a donné un beau petit chèque pour qu'on vote pour lui. C'est ça, le problème.
Nous n'adhérons pas à l'idée de donner un chèque pour acheter une élection et nous trouvons ça épouvantable. Si, l'explication qu'on donne, c'est que les pauvres gens attendaient le chèque et qu'on ne voulait pas les embêter ni les prendre au dépourvu, il faudrait au moins être équitable envers l'ensemble de la population. C'est là que le bât blesse; ni la Colombie‑Britannique ni le Québec n'ont reçu cette compensation parce qu'elles n'étaient pas sur la liste.
Ces deux provinces n'étaient pas sur la liste parce que, au fil des ans, elles ont décidé de prendre leurs responsabilités. Elles ont décidé de prendre les changements climatiques à bras-le-corps, de changer leur façon de faire et de créer un incitatif sérieux pour que les entreprises fassent un effort pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Il y a différentes façons de faire ça. Je pense que le Québec a trouvé une des meilleures façons de le faire avec la bourse du carbone, qui fonctionne à merveille avec un des plus grands partenaires de l'Amérique du Nord, à savoir la Californie. Ce système fonctionne tellement bien qu'il a beaucoup moins de répercussions sur les citoyens que, par exemple, l'ancien système de taxe sur le carbone que le gouvernement fédéral avait choisi d'imposer aux provinces et territoires qui, eux, ne prenaient pas leurs responsabilités. Il faut se rappeler que, à l'origine, ce type d'intervention relevait de la compétence des provinces et du Québec.
Elle est là, l'injustice. Nous avons fait le calcul et c'est environ 800 millions de dollars que nous nous sommes fait usurper, enlever et voler. Je profite de mon utilisation du terme « voler » pour souligner ma surprise quant au fait que les députés de la Chambre aient refusé que nous déposions une définition de ce mot très simple qui est utilisé afin de nous assurer que tout le monde comprend de quoi nous parlons.
En effet, quand nous parlons ici, ce n'est pas tout le monde qui entend. Premièrement, il y a les unilingues anglophones qui ne mettent jamais d'oreillette. Deuxièmement, il y a tous les gens qui jasent pendant que nous parlons et qui font un bon bruit de fond qui est encore en train d'augmenter. C'est une remarque constructive de ma part. À un moment donné, il faut se faire entendre. Puisque nous avions l'impression que les gens ne comprenaient pas ce que nous disions, nous avons voulu leur présenter la définition du mot que nous utilisions.
En plus, nous sommes gentils. Nous travaillons en français et nous faisons la promotion du français, mais mon collègue de est tellement généreux qu'il a voulu déposer la définition dans les deux langues. On lui a refusé cela avec très peu d'égard. Je fais une demande aux députés de la Chambre. La prochaine fois que nous sommes généreux comme ça, plutôt que de nous infliger une rebuffade, qu'ils ouvrent les bras et qu'ils reçoivent le présent que nous leur donnons. Nous allons peut-être finir par nous comprendre. C'est ça, le problème.
Je veux encore parler d'argent parce qu'on a donné des gros chiffres. C'est à peu près 814 millions de dollars, soit environ 10 millions de dollars par circonscription au Québec. J'aimerais expliquer les choses concrètement pour les gens qui nous écoutent à la maison. La Remise canadienne sur le carbone est de 110 $ à 228 $ pour le premier adulte, dépendamment de la province dans laquelle elle est versée. Pour le deuxième adulte, c'est de 55 $ à 114 $, et c'est entre 27,50 $ et 57 $ par enfant. Ces montants couvrent une période de trois mois. C'est cet argent que les autres ont eu et que les Québécois n'ont pas eu, mais qu'ils ont payé. Si je fais un calcul plus simpliste, au Québec, c'est 100 $ par personne que nous avons donné gracieusement. Nous sommes vraiment généreux, mais nous nous faisons traiter de chialeux et de créateurs de chicanes parce que nous disons que le gouvernement s'est trompé et qu'il y a eu une iniquité.
Nous demandons bien humblement au gouvernement de réparer cette iniquité. Qu'il rembourse au Québec l'argent que cela a coûté, parce que, comme on nous l'a dit toute la journée, nous n'avons pas participé à la tarification du carbone. Nous n'avons donc pas à payer pour ça. Nous avons notre système qui fonctionne. C'est ça, le problème.
Pourtant, on me dit non. C'est ça, l'histoire canadienne. Des fois, les gens se demandent comment il se fait qu'il y ait des maudits séparatistes et comment il se fait que le mouvement souverainiste existe. Les gens se disent que le Canada, c'est un très beau pays. C'est vrai, mais ce n'est simplement pas le nôtre, parce que nous n'avons pas les mêmes priorités comme nation.
Au-delà de ça, c'est toute cette série d'iniquités. Tristement, la remise sur la taxe sur le carbone pendant la campagne électorale s'ajoutera à la longue liste des fois où le Québec s'est fait flouer. Quand nous disons ça, par contre, on nous dit que nous sommes des mécréants et on nous rappelle qu'il y a la péréquation, que nous devons nous mettre à genoux et dire merci à l'Alberta. Cependant, quand les gens nous disent ça, ils ne disent jamais que le Québec est une des sept provinces recevant la péréquation qui touche le moins par habitant. Il faut faire de la pédagogie, des fois.
Pour ma part, je suis un peu écœuré de me faire parler de cette péréquation, et j'ai le goût de rappeler aux gens combien de subventions par année nous donnons à cette industrie pétrolière et gazière extrêmement polluante. En effet, le gouvernement lui donne des subventions, dont nous payons 22 %. On accorde des crédits d'impôt aux compagnies pétrolières, on va leur donner de l'argent les prochaines années. Les gens pourront constater qu'on va donner de l'argent à ces compagnies pour qu'elles continuent de polluer, mais elles vont tenter de séquestrer le carbone dans des puits ou dans la roche. Je leur souhaite bonne chance, car partout où ça a été essayé, ça n'a pas fonctionné. Quant à nous, nous allons devoir payer pour ça.
Maintenant, quand nous disons que le gouvernement a fait une erreur, qu'il a donné un chèque à certaines provinces, mais qu'il y en a deux qui n'en ont pas eu, que c'est injuste et qu'il devrait corriger ça, on nous traite de mécréants, on nous dit que nous avons la péréquation et que nous devons nous repentir. Pourtant, nous ne nous repentirons pas. J'ai plein d'exemples comme ça.
Ce système est un des plus malicieux qui existent, parce qu'en parallèle, on investit moins dans la province de Québec pour être sûr que le calcul de la péréquation nécessite que des versements supplémentaires se fassent, parce qu'il faut laisser l'impression aux Québécois qu'ils sont pauvres. Sinon, ils vont se rendre compte qu'ils sont bons, qu'ils sont grands, qu'ils sont forts, qu'ils sont intelligents et qu'ils seraient capables de rayonner dans le monde bien plus que ça, et ils vont se séparer, quel malheur.
Nous avons des richesses dont le Canada profite. Je vais juste citer la Voie maritime du Saint‑Laurent. J'invite les quelques collègues parlementaires qui m'écoutent à faire une petite recherche. Ils constituent l'exception, mais nous allons quand même leur parler puisqu'il faut parler à l'auditoire qu'on a. Par curiosité, qu'ils aillent voir combien ça coûte pour faire passer un navire dans le canal de Panama. Après ça, qu'ils fassent une recherche pour voir combien a coûté la réfection du nouveau pont Samuel‑De Champlain à Montréal, et voir combien aurait coûté le pont s'il avait été moins élevé. Ce dernier est très élevé, parce que c'est la Voie maritime et qu'il ne fallait pas bloquer les navires. C'est une bonne idée, mais qui vaut quelque chose. Qui a payé pour ça?
On peut toujours présenter les chiffres qu'on veut. Qu'ils me ramènent leur péréquation dans les questions, ça me fera plaisir de leur répondre. Cependant, qu'ils la gardent. Je pense en effet que le Québec serait beaucoup plus riche et prospère et qu'il aurait un meilleur avenir sans péréquation, s'il contrôlait toutes ses taxes et tous ses impôts. C'est parce que le problème fondamental de cette fédération — j'avais commencé à parler de confédération et de fédération —, c'est encore une fois une mauvaise présentation et encore une occasion où les Québécois se sont fait flouer.
C'est dans le contrat de 1867, où on avait défini des responsabilités et les champs de compétence. Pour occuper ces champs de compétence convenablement, on doit avoir les moyens financiers. Or, avec le temps, on a découvert que le Canada est une fédération et que le gouvernement fédéral veut constamment centraliser les pouvoirs ici à Ottawa, sans remplir ses obligations. On le constate au quotidien.
Je vais juste parler du système de santé, qui est sous-financé. La contribution du Canada est rendue à 20 % ou 22 % des coûts des soins de santé, alors qu'elle était de 50 % au début des années 1970, quand le système a été instauré. Il faut se mettre à la place d'un gouvernement fédéral qui se veut populaire, et qui se dit qu'il ne peut pas simplement transférer de l'argent aux provinces, parce qu'elles vont offrir les services, elles vont en réclamer tout le crédit et les gens vont les aimer. Le gouvernement fédéral ne peut pas faire ça.
Jean Chrétien avait compris ça. Il a fait des coupes dans les transferts. Il s'en vantait même à l'étranger. Il disait qu'il était tellement dans une belle situation: il coupait dans les transferts et c'est devant les parlements des provinces et du Québec que les gens allaient manifester, alors qu'il était tranquille, les deux pieds devant le poêle, qu'il avait plein d'argent pour faire ce qu'il voulait et qu'il pouvait entrer dans chaque champ de compétence qu'il souhaitait.
Je pourrais reculer plus loin. Il y a une dette, quelque part. Mon collègue de la région de Québec, dont je n'oserais pas essayer de dire le nom complet de la circonscription parce que je ne connais pas la portion autochtone et que je ne voudrais pas manquer de respect à quiconque, va être content que je cite l'Acte d'Union de 1840. Je sais qu'il est féru d'histoire. Il va sûrement me dire, lors de sa question, qu'il est de bonne humeur aujourd'hui et qu'il a le goût de m'encourager, que j'ai raison quand je dis que les dettes du Haut-Canada et du Bas-Canada avaient été fusionnées, bien que d'un ordre de grandeur complètement différent, et qu'on avait payé la dette du Haut-Canada, qui était l'Ontario à l'époque. Ça ne dérange personne aujourd'hui, comme ce sera le cas quand nous parlerons des 814 millions de dollars d'aujourd'hui dans deux ans. Ça n'empêchera personne de dormir au Canada. Il s'agit d'un autre exemple où le Québec s'est fait flouer, bien que, dans un moins grand ordre de grandeur, j'en conviens.
Toutes les personnes qui se lèvent pour nous dire que le Québec ne participait pas à la bourse du carbone et que ce n'est pas vrai que les Québécois se sont fait flouer manquent d'objectivité. Je suis vraiment poli en disant cela: ils manquent d'objectivité. Je répète que le crédit pour la taxe sur le carbone était versé à l'avance pour les trois prochains mois.
La date de l'élection arrivait et le gouvernement libéral s'est dit qu'il allait abolir la taxe sur le carbone pour les consommateurs afin de couper l'herbe sous les pieds du chef conservateur, Pierre Poilievre — j'ai le droit de le nommer parce qu'il n'est pas là, ce qui est rare, alors j'en profite. On lui a enlevé ses arguments. Je dois avouer que, d'un point de vue politique et stratégique, c'était un très bon coup. Ça a marché, on dirait, puisque les libéraux sont encore là. Par contre, le gouvernement s'est dit qu'il ne pouvait pas couper le chèque qui était censé arriver quelques jours avant le vote parce que les gens n'aimeraient pas ça. Il a donc décidé de ne pas arrêter le chèque, mais sans avoir perçu les taxes pour le payer.
Ça fait deux fois que je l'explique. J'espère que ça commence à être clair. J'ai quasiment le goût de le dire en anglais pour m'assurer d'être compris, mais nous avons quand même des principes que nous allons tenir jusqu'à la fin. J'invite donc les gens que ça intéresse à mettre leur oreillette et à écouter attentivement le travail extraordinaire que les interprètes font en ce lieu.
Une voix: Bravo!
Yves Perron: Je suis content de l'entendre. J'en entends même plusieurs. Bravo!
Si les libéraux n'ont pas récolté l'argent qu'ils ont donné à l'avance, d'où provient-il? Il provient des coffres publics. Or, dans les coffres publics, l'argent n'est pas séparé par province. Il y a l'argent du Québec là-dedans. Ça fait que 22 % de cet argent nous revient. C'est tout. Ce n'est pas un geste de méchant séparatiste ou de mauvaise foi. Ce que nous voulons, c'est que ce soit équitable pour nos citoyens. Il me semble que ça représente une demande fort raisonnable. J'ai malheureusement le très triste rôle de constater que la Chambre ne semble pas vouloir reconnaître ce fait. Je trouve ça très désolant. J'espère que nos citoyens le voient, qu'ils s'en rendent compte et qu'ils s'en souviendront, parce qu'une injustice comme celle-là, nous n'en voulons pas toutes les semaines. Quand par après on viendra nous vanter les vertus du beau grand Canada, ça fera un élément de plus dans notre pile qui dira que ça ne fonctionne pas.
On me parle de Beautiful Canada. C'est bien intéressant, mais comment se fait-il que ça ne dérange personne à la Chambre que le Québec n'ait jamais signé la Constitution? C'est quand même assez ironique que nous soyons le groupe parlementaire qui la respecte à peu près le plus. Comme nous siégeons ici et que nous sommes obligés de travailler dans ces structures, nous rappelons constamment aux gens qu'il faut respecter les champs de compétence. Il faut sans cesse leur dire que ce n'est pas ce qui a été écrit dans notre dos pendant la nuit. Une signature pendant la nuit, pendant que le premier ministre dort, on ne peut pas inventer ça. Je ne le dirais pas dans cette enceinte si je ne savais pas que c'est vrai. Je trouve ça épouvantable de voir que personne n'est gêné. Après ça, il y a des gens de bonne volonté, comme le chef conservateur qui a eu le plus de bon sens, M. Mulroney, qui a essayé de réparer ça. Il ne demandait presque rien, mais ce fut un non catégorique. Encore aujourd'hui, que recevons-nous? Nous recevons un non catégorique. Nous nous en souviendrons.