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FAIT Rapport du Comité

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ANNEXE 1
RETOMBÉES AVANTAGEUSES DES FLUX MONDIAUX DU COMMERCE ET DE L'INVESTISSEMENT POUR LE CANADA


Par mondialisation, on entend l'intégration et l'interdépendance croissantes des pays du monde sur les plans politique et économique par la voie des échanges, des investissements et des mouvements de personnes et d'idées. On associe à la mondialisation une augmentation des flux de capitaux transfrontières et des échanges de biens et de services, et celle-ci a coïncidé avec le développement rapide et la diffusion des techniques de pointe. La combinaison du progrès technologique, dont une bonne partie a entraîné une baisse des coûts des communications et des transports, et des changements issus de grandes orientations de politique qui ont entraîné une libéralisation des marchés et une réduction de la place des pouvoirs publics dans l'économie, a eu pour effet de rapprocher les économies et de stimuler la concurrence au niveau intérieur et au niveau international.

Le Canada est au centre de ce processus où parfois il est l'auteur de techniques et de politiques et où parfois il réagit à des techniques et à des politiques. En raison de son économie ouverte et de la proximité de l'économie américaine, très importante et très concurrentielle, le Canada a dû être à l'avant-garde de ces développements. Il a beaucoup contribué à l'évolution des institutions et des arrangements relatifs à la politique économique internationale, et dernièrement, il a participé à la négociation de l'AMI.

Parmi les exemples de l'évolution des techniques, signalons le nombre croissant des ordinateurs utilisés au travail et au foyer (plus de 30 p. 100 des foyers canadiens en sont maintenant équipés) et la baisse considérable du coût du traitement de l'information. Si l'on part d'une base 100 en 1975, ces coûts sont tombés à 1 en 1985 puis à 0,01 avec l'arrivée du Pentium en 19951. Dans le secteur des communications, le coût d'un appel de trois minutes, en dollars américains de 1990 est passé de 244,65 $ en 1930 à 45,86 $ en 1960 et à 3,32 $ en 19902.

L'interdépendance financière accrue est illustrée par les opérations transfrontières sur obligations et actions en pourcentage du produit intérieur brut (PIB). Selon la Banque des règlements internationaux, au Canada, ces opérations représentaient 5,7 p. 100 du PIB en 1970, puis 64,4 p. 100 en 1990 et 234,8 p. 100 en 1996. Des tendances analogues sont observées dans les autres pays développés.

Le montant total de l'investissement étranger direct (IED) au niveau mondial est passé de 1 trillion de dollars en 1987 à 3,2 trillions en 1996 et concerne environ 44 000 multinationales comptant près de 280 000 filiales. L'augmentation des flux mondiaux d'IED est beaucoup plus importante que la progression du PIB mondial et des échanges (en termes d'exportations de biens et de services non facteurs). Entre 1991 et 1996, le taux de croissance annuel moyen s'est établi à 17,1 p. 100 pour les IED, à 6,4 p. 100 pour le PIB et à 7,4 p. 100 pour les exportations. Des rapports analogues se dégagent des chiffres de la période 1986-19903.

Un autre changement récent réside dans la participation grandissante des pays en développement aux flux d'IED. Pendant de nombreuses années, la majeure partie des flux d'IED concernaient des pays développés. En 1983-1987, les pays développés comptaient pour 5 p. 100 des investissements directs à l'étranger et pour 24 p. 100 des investissements directs en provenance de l'étranger. En 1996, les proportions étaient respectivement de 15 et 37 p. 100 bien qu'une bonne partie des entrées d'IED concernent une poignée de pays en développement, la Chine venant au premier rang des bénéficiaires de l'IED4.

En 1996, les États-Unis étaient de loin le plus important investisseur à l'étranger et avaient par ailleurs absorbé à eux seuls le quart des entrées d'IED (84,6 milliards de dollars). La Chine venait au second rang des bénéficiaires de l'IED (42,3 milliards de dollars). Parmi les pays développés, le Canada venait au cinquième rang des bénéficiaires (6,7 milliards de dollars) et au neuvième rang des sources d'IED (7,5 milliards de dollars)5.

L'investissement étranger est d'une importance croissante pour le Canada, comme pays d'accueil mais surtout comme investisseur lui-même. Le montant de l'IED à l'étranger a quintuplé entre 1980 et 1996, passant de 22,6 milliards de dollars à 111,3 milliards de dollars, tandis que le capital provenant de l'étranger a augmenté près de deux fois et demie, passant de 54,2 milliards de dollars à 129,2 milliards de dollars, au cours de la même période. Ainsi, la proportion des investissements à l'extérieur, par rapport aux investissements provenant de l'extérieur, est-elle passée de 41,7 p. 100 à 86,1 p. 1006.

Si près de 70 p. 100 de l'IED provient des États-Unis, le flux de l'investissement vers l'étranger est désormais plus diversifié, de sorte que l'investissement direct aux États-Unis, qui représentait 70 p. 100 des investissements extérieurs en 1986, n'est plus que de 54 p. 100. Les destinations nouvelles sont l'Europe de l'Ouest et l'Asie. L'AMI est donc d'autant plus important pour la prospérité future du Canada7.

L'IED provenant de l'étranger est bien sûr très important pour la croissance économique et l'emploi au Canada8. D'après Industrie Canada, l'investissement étranger permettrait la création, au Canada, de 45 000 nouveaux emplois tous les cinq ans pour chaque milliard de dollars d'investissements étrangers directs nouveaux9. Nous énumérons, dans l'Encadré 2 quelques exemples d'investissements réels qui ont profité à toutes les régions du pays en 1995 et 1996. Industrie Canada joue un rôle important pour ce qui est d'attirer les capitaux étrangers et d'examiner les fusions et acquisitions de grande taille.

Certains pensent que l'investissement à l'étranger affaiblit la création d'emplois dans le pays exportateur. Un examen détaillé des travaux de recherche sur les liens entre le commerce et l'investissement, présenté dans le Rapport sur l'investissement dans le monde 1996 de la CNUCED, conclut que l'investissement et le commerce ont plutôt tendance à se compléter qu'à se remplacer l'un l'autre10. Les interactions se font de manière séquentielle, étape par étape, et elles varient selon les secteurs. En matière de services, il n'est souvent pas possible d'approvisionner un marché sans y avoir une présence commerciale; dans le secteur des ressources, une société qui investit à l'étranger peut exporter à la fois les services de son siège social et des marchandises - machines et équipement - qui serviront à réaliser son projet; dans le secteur manufacturier, des liens analogues existent lorsqu'une filiale étrangère importe des biens intermédiaires de la société mère. Parfois, en raison des obstacles à l'exportation, l'investissement est le seul moyen d'approvisionner un marché étranger11.

Étant donné l'importance croissante des services - qui représentent environ 70 p. 100 des emplois en Amérique du Nord - les investissements extérieurs se font de plus en plus dans ce secteur. En 1990, plus de 40 p. 100 des emplois associés à des filiales canadiennes aux États-Unis concernaient le secteur des services, un domaine où l'exportation ne représente pas une véritable solution de rechange12.

Le cas des petites et moyennes entreprises, ainsi que des grandes sociétés de haute technologie, illustre la façon dont les sociétés ont combiné l'investissement et les exportations pour approvisionner des marchés étrangers, tout en donnant de l'expansion à leurs opérations au Canada. De cette façon, non seulement elles favorisent la création d'emplois axés sur la connaissance au Canada, mais par leurs activités elles favorisent l'apparition de nouvelles entreprises dans la région. Les plus grosses sociétés canadiennes, comme Alcan, Bombardier, Nortel et Quebecor, ne sont pas les seules à avoir besoin d'un climat d'investissement stable pour prospérer et fournir des apports à l'économie canadienne.

Selon les résultats d'une étude récente d'Industrie Canada, les revenus (intérêts et dividendes) tirés d'investissements à l'étranger sont passés de 2,9 milliards de dollars en 1991 à 10,2 milliards de dollars en 1996, et le rendement des entreprises canadiennes orientées vers l'extérieur est sensiblement supérieur à celui des entreprises tournées vers le marché intérieur13.

Encadré 2

    Exemples d'investissements étrangers récents au Canada
  • Les investissements de Toyota ont entraîné la création de 2 400 emplois en Ontario
  • Ericsson a favorisé la création de 70 emplois au Québec
  • Merck-Frosst a fondé, en Colombie-Britannique, un centre de R-D qui emploie 200 personnes
  • Greenbrier Rail Cars a contribué à la création de 900 emplois en Nouvelle-Écosse
  • Stora, une société papetière suédoise, a investi 750 millions de dollars CAN en Nouvelle-Écosse, ce qui a engendré 1 000 nouveaux emplois dans la construction et plusieurs centaines d'emplois à plein temps, une fois que les travaux seront terminés.
    Source : MAECI, 9 septembre 1997

1 Données fournies par la Banque mondiale et le FMI et publiées dans The Economist, 18 octobre 1997, p. 79.

2Blank Line
Richard J. Herring et Robert E. Litan, Financial Regulation in the Global Economy, Brookings Institution, Washington, 1995, p. 14.

3 CNUCED, World Investment Report, 1997, Nations Unies, New York, p. 4.

4 CNUCED, World Investment Report, 1996, p. 4 et 1997, p. 5.

5 CNUCED, World Investment Report, 1997, p. 5.

6 Ces pourcentages sont fondés sur les chiffres de la CNUCED. Les données à cet égard publiées par Statistique Canada indiquent un pourcentage plus élevé pour 1996, mais les ordres de grandeur sont les mêmes, quels que soient les chiffres pris en compte.

7 Statistique Canada, Bilan des investissements internationaux du Canada, 1926-1996, Cat. 67-202-XPB, Ottawa.

8 Au Canada, l'investissement direct en provenance de l'étranger équivaut à 21,7 p. 100 du PIB, contre 13,4 p. 100 en Europe de l'Ouest et 7,7 p. 100 aux États-Unis (CNUCED, Rapport sur l'investissement dans le monde, 1997, p. 339-340).

9 Ross S. Preston et Haider M. Saiyed, The Impact of Foreign Direct Investment on Job Creation and Economic Growth : Evidence from WEFA Canada Macro Economic Model, (étude commandée par Industrie Canada et le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, publication du WEFA Group, 1995).

10 CNUCED, Rapport sur l'investissement dans le monde, 1997, p. xx-xxii.

11 Une étude a montré qu'entre 1981 et 1984, les filiales canadiennes exerçant des activités aux États-Unis avaient effectué auprès de leurs sociétés mères canadiennes des achats équivalant approximativement à cinq fois leurs ventes à leurs sociétés mères, ce qui représentait en moyenne un déficit (selon la perspective américaine) de 4 milliards de dollars US. Voir Alan Rugman, Multinationals and Canada-United States Trade, University of South Carolina Press, 1990, p. 68.

12 Morley Gunderson et Savita Verma, «Labor-Market Implications of Outward Foreign Direct Investment», in Steven Globerman dir., Canadian-Based Multinationals, University of Calgary Press, 1994, p. 203. Les articles contenus dans ce recueil portent sur une série d'études concernant l'effet des investissements extérieurs sur l'emploi. Certes, les études arrivent à des conclusions différentes, mais le rapporteur, André Raynauld, ancien président du Conseil économique du Canada, tire une conclusion (p. 461) analogue à celle du Rapport sur l'investissement dans le monde, 1996.

13 Industrie Canada, Investissement étranger direct, Tendances canadiennes. «Le Canada, les règles d'investissement et l'économie mondiale», rapport produit par la Direction de l'analyse de la politique micro-économique, 4 novembre 1997, p. 38-39.