INDU Rapport du Comité
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OPINION DISSIDENTE NOUVEAU PARTI DÉMOCRATIQUE AVRIL 2000
Ce rapport résume fidèlement les témoignages entendus et le NPD en accepte, à quelques exceptions près, les constatations et recommandations.
Le Comité a entendu une gamme étendue de témoins qui apportaient chacun sa propre perception des causes du problème de la productivité et sa façon d'y remédier.
Il est devenu évident que les techniques utilisées pour mesurer la productivité sont complexes, rigides et pas toujours concluantes, de sorte que le résultat n'est pas toujours totalement fiable pour chaque démarche gouvernementale.
Il est clair également que la productivité ne veut pas dire que les travailleurs doivent travailler plus longtemps et plus fort. Elle signifie cependant qu'il nous faut trouver de nouvelles et meilleures façons de travailler. L'exemple des pays européens où la productivité demeure plus forte malgré une semaine de travail de durée égale ou inférieure à celle des travailleurs canadiens en témoigne.
Étant donné la complexité de cette notion, il y aurait lieu que le gouvernement intervienne dans toute une gamme de domaines. Le NPD appuie les recommandations qui préconisent d'augmenter les investissements publics dans l'infrastructure des transports et des communications, d'offrir des incitations à adopter les nouvelles technologies, de faciliter l'accès des petites et moyennes entreprises aux programmes de R-D, d'apporter des changements au secteur des services financiers, de reconnaître la nécessité d'appuyer l'éducation permanente, d'améliorer les mécanismes de soutien des prix et des revenus des agriculteurs, de résilier l'Accord sur le bois d'uvre résineux, d'intensifier la prospection minière, de s'attaquer aux conflits avec les Autochtones en matière de territoires et de traités, de chercher à faire révoquer la Jones Act, d'adopter une politique sur la construction navale, et de se pencher sur le problème des aliments génétiquement modifiés.
Pour accroître la productivité au Canada, le NPD juge essentiel de compter sur une force ouvrière bien formée, bien instruite et spécialisée. Si le gouvernement fédéral veut vraiment hausser la productivité et préparer les Canadiens à l'économie du savoir, il doit se donner comme priorité absolue de réinvestir dans l'enseignement. Nous appuyons vivement tous les aspects du rapport qui encouragent le gouvernement à prendre des mesures pour appuyer un système de formation et d'enseignement de premier ordre.
Le NPD rejette tout transfert de programmes relatifs au marché du travail qui est susceptible de saper le financement des collèges communautaires d'un bout à l'autre du pays, de favoriser les établissements privés de formation à but lucratif, et de faire assumer par les particuliers, susceptibles de se retrouver en définitive simplement plus endettés, tous les risques du recyclage.
L'innovation et son apport à la productivité et à la hausse des revenus sont de la plus haute importance pour le succès du Canada dans la nouvelle économie. Des témoins ont fait ressortir la nécessité, au Canada, d'adopter une stratégie globale d'innovation afin d'accroître les investissements en R-D, en matériel de production et en capital humain.
Le NPD appuie aussi l'innovation par le biais d'initiatives comme les « Centres d'excellence » et les nouvelles « Chairs de recherche ». Tout en augmentant l'innovation et la productivité, ces initiatives contribueront à faire du Canada un des grands pôles économiques du XXIe siècle.
Le NPD se distance du rapport et de ses recommandations dans le domaine fiscal. La faiblesse de la productivité est souvent imputée à la fiscalité. Des pays comme la France et l'Allemagne, où la fiscalité est pourtant plus lourde qu'au Canada par rapport au PIB, atteignent des niveaux supérieurs de productivité. Les hausses d'impôt successives produisent un système toujours plus complexe et confus rempli de partialités et d'iniquités. Au lieu de rafistoler constamment le régime fiscal, le NPD recommande une révision complète du système dans le sens où la Commission Carter abordait la réforme fiscale.
L'invitation à supprimer les barrières interprovinciales amène à se demander pourquoi ces efforts ont échoué. Il faudrait, pour que chaque province et région puisse concurrencer sur un pied d'égalité, éliminer les barrières désuètes et inutiles tout en laissant, surtout dans les régions défavorisées du pays, la souplesse requise pour adopter des programmes régionaux et tenir compte des considérations locales.
Le NPD juge incongrue la recommandation sur la propriété étrangère. Tout examen de la propriété étrangère doit tenir compte non seulement de l'aspect économique mais aussi des conséquences sociales, culturelles et politiques. Les statistiques révèlent que les problèmes de propriété étrangère au Canada résultent en grande partie de rachats et de fusions d'entreprises qui ne sont pas toujours dans le meilleur intérêt du pays. Le Canada subit une perte de productivité lorsque le siège des sociétés, les investissements et la R-D restent chez notre voisin du sud.
Le NPD craint aussi que les avantages à l'exportation découlant de la faiblesse du huard ne donnent une fausse perception de la vigueur des exportations. Pays commerçant, le Canada doit supposer que son avantage concurrentiel ne tient pas surtout à la faiblesse de sa devise.
En conclusion, le NPD souhaite se soustraire aux conclusions du rapport concernant des politiques qui prônent une libéralisation encore plus grande du commerce international, les privatisations massives, et la déréglemention des secteurs clés, notamment le transport, les communications et l'énergie, comme étant « positives » pour l'économie canadienne. Si c'était le cas, l'impact de ces changements de politique aurait dû, depuis 10 ans, entraîner une hausse de la productivité nationale au lieu de la baisse constatée.
En réalité, la dernière décennie s'est révélée une période de déclin pendant laquelle les éléments fondamentaux de l'économie ont tombé à leur plus bas niveau depuis les années 1930. Le PIB par habitant est demeuré inchangé pendant cette période. Le niveau de vie réel de la majorité des Canadiens a chuté, ce qui a eu comme corollaire regrettable une hausse de la pauvreté. Pendant que l'écart de revenu se creusait, une disparité croissante s'est aussi manifestée au Canada entre certains centres urbains et le reste du pays, tenu à l'écart des nouveaux changements économiques et technologiques.
Le NPD estime qu'une économie productive est à la base de ce que les Canadiens souhaitent pour eux-mêmes et leurs familles : un bon emploi, un niveau de vie acceptable et un avenir rempli d'optimisme pour leurs enfants. Selon lui, dans un cadre de gestion situation financière responsable, le gouvernement fédéral peut, par de sages investissements, des programmes sociaux efficaces et des politiques fiscales équitables, contribuer à créer dans notre économie mixte les conditions de croissance et de plein emploi, fournir les services publics que les Canadiens désirent et réduire les inégalités. Nous préconisons des politiques susceptibles de faire de ces objectifs une réalité pour tous les Canadiens.