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INDU Rapport du Comité

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ANNEXE 1


DÉFINITIONS ET MESURE DE LA PRODUCTIVITÉ

Definitions

La productivité compte parmi les principaux indicateurs de la robustesse ou de la vigueur d'une économie. Elle mesure le rapport entre le volume des biens et des services tangibles produits, les ressources utilisées et les transactions économiques sous-jacentes. En tant que mesure du rapport de la production aux facteurs, la productivité est directement liée à l'efficience avec laquelle sont exploitées les ressources ­ naturelles, humaines et matérielles ­ et fournit donc une indication de la capacité productive d'une économie, que l'unité analysée soit l'usine, l'entreprise, la branche d'activité, le secteur, la région, la province ou le pays.

Des nombreuses mesures de la productivité existantes, la plus largement utilisée est la productivité du travail, car elle est la plus facile à calculer et à comprendre. La productivité du travail est simplement définie comme le ratio des extrants que sont les biens et services produits (habituellement le PIB) à l'intrant qu'est le travail, représenté soit par le nombre d'emplois, soit par les heures ouvrées. La productivité du travail est probablement la plus importante mesure de l'efficience de l'utilisation des ressources, précisément parce que la main-d'œuvre est sans nul doute le facteur de production qui pèse le plus lourd dans le revenu national. C'est cependant une mesure partielle seulement, sur laquelle influent un certain nombre d'autres facteurs de production, comme la quantité de capital, la quantité et la qualité des ressources naturelles, l'organisation de la production et le cadre institutionnel. L'intensité de l'effort de travail ou l'intégrité de l'éthique professionnelle de la main-d'œuvre peut influer sur la productivité du travail, mais la quantité de capital et le type de technologie associés à chaque travailleur auront collectivement et séparément une incidence significative sur la productivité. Il est donc impossible d'isoler la source véritable de la productivité, si bien que tout énoncé sur les rapports de cause à effet doit s'accompagner de certaines réserves. Enfin, la croissance de la productivité du travail se définit comme la différence entre l'augmentation de la production et l'augmentation des facteurs. Donc, si le PIB a progressé de 6 % et que le nombre de personnes occupées ou le nombre d'heures ouvrées a crû de 1 %, selon la définition retenue, la productivité du travail a progressé de 5 %.

La productivité globale ou multifactorielle est également une mesure importante du dynamisme d'une économie, car elle est conçue pour isoler l'apport des divers facteurs à la croissance de la production. Cette mesure de la productivité combine le travail, le capital (accumulation des investissements passés sous la forme de capital fixe et de stocks) et les intrants intermédiaires (dont les matières et l'énergie), pondérés en fonction de la part de chacun dans la production. La croissance de la productivité multifactorielle est donc définie comme la différence entre l'augmentation de la production et l'augmentation de l'ensemble des facteurs. Par exemple, lorsque la croissance de la production est de 6 % et que le travail, le capital et les intrants intermédiaires représentent des parts égales dans la production et croissent de 1 %, 2 %, et 3 % respectivement, la productivité multifactorielle progresse de 4 %, selon la formule suivante : 6 % - 1/3(1 % + 2 % + 3 %)1,2.

Enfin, comme nous l'avons déjà dit, ces deux mesures se valent; elles ont simplement été conçues à des fins différentes. La productivité du travail convient le mieux à l'évaluation du niveau de vie d'un pays, car elle mesure la production par travailleur moyen et donc le revenu gagné disponible. Pour juger de l'efficience de tous les facteurs entrant dans la production d'une usine ou d'une entreprise, c'est la productivité multifactorielle qui est la plus utile, car elle permet de mesurer l'incidence de combinaisons et niveaux de ressources différents sur la production3.

Mesure

Le calcul de tout indice de la productivité, essentiellement le ratio de deux statistiques, combine deux ensembles de mesures. Le premier porte sur la production, qui peut être établie à partir de la valeur ajoutée réelle ou de la production brute réelle4. Dans le premier cas, la production est définie comme le revenu des facteurs (essentiellement le travail et le capital) dans une branche d'activité, un secteur ou une économie, corrigé de manière à éliminer tout biais inflationniste qui pourrait entacher les valeurs d'origine. Dans le second cas, la production est définie comme l'ensemble des biens et services tangibles produits par une branche d'activité, un secteur ou une économie (les valeurs étant corrigées de l'inflation à l'aide de l'indice de déflation des prix idoine). À l'échelon du secteur ou de la branche d'activité, la production brute réelle représente la valeur ajoutée réelle plus la valeur réelle des biens intermédiaires. À l'échelon global, la production brute réelle équivaut à la valeur ajoutée réelle, puisque les calculs permettent d'aboutir à des chiffres nets de la valeur réelle des biens intermédiaires. La deuxième mesure porte sur les facteurs. Le facteur travail est mesuré par le nombre total d'heures ouvrées (le nombre moyen d'emplois multiplié par le nombre moyen d'heures ouvrées). Le capital est calculé à partir des estimations du stock de capital en dollars courants (à l'aide de la méthode de l'inventaire permanent relativement au flux d'investissement) et d'un indice de déflation des prix permettant de neutraliser tout biais inflationniste dont les données seraient entachées.

Il faut tenir compte de deux considérations importantes lorsqu'on analyse le comportement de la productivité propre à une branche d'activité. Tout d'abord, quand on utilise soit le travail seul, soit le travail et le capital comme facteurs, la mesure de production pertinente est la valeur ajoutée réelle. En effet, la production brute réelle risquerait de fausser les calculs lorsque des intrants intermédiaires peuvent remplacer une partie du travail et du capital dans la production. En revanche, lorsque les intrants intermédiaires sont inclus, c'est la production brute réelle qu'il faut privilégier. Si l'on observe cette règle, on élimine le biais qui pourrait résulter de fluctuations de la tendance à recourir à la sous-traitance dans la branche d'activité en question. Par contre, en comparant les chiffres issus des deux modes de calcul, on peut se faire une idée de la façon dont la sous-traitance influe sur la productivité.

Enfin, si l'on analyse la productivité d'une branche d'activité dans le temps, il faut tenir compte de l'arrivée et de la disparition d'entreprises et d'établissements. Par exemple, une branche en déclin (ou en essor) verra probablement baisser (grimper) le nombre d'établissements existants, probablement par la disparition (l'arrivée) des établissements les moins productifs, et peut-être même aussi le nombre d'entreprises, par la voie de fusions ou de consolidations. Si l'on ne tient pas compte de l'évolution de la composition de la branche d'activité ou de ces types de restructuration, les taux de croissance de la productivité globale peuvent présenter une image faussée de la réalité. C'est-à-dire que les hausses de productivité dans les branches d'activité en déclin seront surestimées lors de la disparition des entreprises les moins productives. Il ne faudrait pas attribuer aux entreprises restantes le bond de la productivité qui résulterait en fait de ce phénomène. Dans le même ordre d'idées, le rythme de progression de la productivité dans des branches en pleine expansion sous-estimerait probablement la croissance de la productivité dans les entreprises en place.

 


1 Cette hypothèse de parts égales dans la production n'est pas censée refléter la réalité, mais sert seulement à simplifier le calcul à des fins de démonstration.

2 Il est bon de noter que la productivité du travail affiche une progression de 5 % dans cet exemple. Dans ce cas, le ratio du capital au travail accuse une hausse de 1 % (la progression du capital étant de 2 % et celle du facteur travail, de 1 %) et le ratio des intrants intermédiaires au travail a monté de 2 %. Donc, la productivité du travail, en tant que mesure partielle, a progressé davantage que la productivité multifactorielle, précisément parce que ces autres intrants ont augmenté plus rapidement que le travail. Si le facteur travail avait affiché une hausse plus rapide que les autres intrants, le tauxde croissance de la productivité du travail aurait été plus faible que celui de la productivité multifactorielle (en supposant que ces facteurs représentent des parts égales dans la production).

3 L'efficience de l'utilisation des facteurs a des répercussions plus vastes pour la direction d'une entreprise qu'on ne le pense généralement. S'il la connaît parfaitement pour tous les aspects des activités de sa compagnie, ou du moins pour les plus importants, et s'il est au fait des coûts en main-d'œuvre, en matériel, en énergie et en capital de son entreprise, un gestionnaire peut affecter de façon optimale ses ressources disponibles de manière à maximiser la compétitivité de son entreprise. Cette affectation devrait tenir également compte des avantages financiers de la sous-traitance de certaines activités ou fonctions.

4 La valeur ajoutée se définit simplement comme la valeur des expéditions, moins les achats de matières, de services et d'énergie.