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NDVA Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION

Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le mardi 1er avril 2003




¿ 0910
V         Le président (M. David Pratt (Nepean—Carleton, Lib.))
V         Lieutenant-général M.K. Jeffery (chef d'état-major de l'Armée de terre, ministère de la Défense nationale)

¿ 0915
V         Le président
V         M. Leon Benoit (Lakeland, Alliance canadienne)
V         Lgén M.K. Jeffery

¿ 0920
V         M. Leon Benoit
V         Lgén M.K. Jeffery
V         M. Leon Benoit
V         Lgén M.K. Jeffery
V         M. Leon Benoit
V         Lgén M.K. Jeffery
V         M. Leon Benoit
V         Lgén M.K. Jeffery

¿ 0925
V         Le président
V         M. David Price (Compton—Stanstead, Lib.)
V         Lgén M.K. Jeffery
V         M. David Price
V         Lgén M.K. Jeffery
V         M. David Price

¿ 0930
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Le président
V         M. David Price
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Le président
V         M. Claude Bachand (Saint-Jean, BQ)
V         Lgén M.K. Jeffery

¿ 0935
V         M. Claude Bachand
V         Lgén M.K. Jeffery
V         M. Claude Bachand
V         Le président
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Le président
V         M. Claude Bachand
V         Lgén M.K. Jeffery

¿ 0940
V         Le président
V         M. Joe McGuire (Egmont, Lib.)
V         Lgén M.K. Jeffery
V         M. Joe McGuire
V         Lgén M.K. Jeffery

¿ 0945
V         Le président
V         Mme Cheryl Gallant (Renfrew—Nipissing—Pembroke, Alliance canadienne)
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Mme Cheryl Gallant
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Mme Cheryl Gallant
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Mme Cheryl Gallant
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Mme Cheryl Gallant
V         Lgén M.K. Jeffery

¿ 0950
V         Mme Cheryl Gallant
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Le président
V         Mme Cheryl Gallant
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Mme Cheryl Gallant
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Le président
V         M. David Price
V         Lgén M.K. Jeffery

¿ 0955
V         M. David Price
V         Le président
V         M. Claude Bachand
V         Lgén M.K. Jeffery
V         M. Claude Bachand

À 1000
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Le président
V         M. Claude Bachand
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Le président
V         M. Joe McGuire

À 1005
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Le président
V         Mme Deborah Grey (Edmonton-Nord, Alliance canadienne)
V         Lgén M.K. Jeffery

À 1010
V         Mme Deborah Grey
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Mme Deborah Grey
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Mme Deborah Grey

À 1015
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Le président
V         Mme Deborah Grey
V         Le président
V         M. David Price
V         Lgén M.K. Jeffery

À 1020
V         M. David Price
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Le président
V         M. Claude Bachand
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Le président
V         M. Claude Bachand
V         Lgén M.K. Jeffery

À 1025
V         Le président
V         M. David Price
V         Lgén M.K. Jeffery
V         M. David Price
V         Lgén M.K. Jeffery
V         M. David Price
V         Lgén M.K. Jeffery

À 1030
V         Le président
V         M. Leon Benoit
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Le président
V         Lgén M.K. Jeffery
V         M. Leon Benoit
V         Lgén M.K. Jeffery
V         M. Leon Benoit
V         Lgén M.K. Jeffery

À 1035
V         M. Leon Benoit
V         Le président
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Le président
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Le président
V         Lgén M.K. Jeffery

À 1040
V         Le président
V         M. Claude Bachand
V         Lgén M.K. Jeffery

À 1045
V         M. Claude Bachand
V         Le président
V         Lgén M.K. Jeffery

À 1050
V         Le président
V         M. Leon Benoit
V         Lgén M.K. Jeffery
V         M. Leon Benoit
V         Lgén M.K. Jeffery
V         M. Leon Benoit
V         Lgén M.K. Jeffery

À 1055
V         M. Leon Benoit
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Le président
V         M. Leon Benoit
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Le président
V         Lgén M.K. Jeffery
V         Le président

Á 1100
V         Le président










CANADA

Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants


NUMÉRO 018 
l
2e SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mardi 1er avril 2003

[Enregistrement électronique]

¿  +(0910)  

[Traduction]

+

    Le président (M. David Pratt (Nepean—Carleton, Lib.)): La greffière vient de me prévenir que nous avons le quorum, aussi nous allons commencer nos travaux dès que possible.

    Au nom du comité, j'ai le plaisir d'accueillir le lieutenant-général Mike Jeffery. Il est le chef d'état-major de l'Armée de terre et n'est pas un inconnu pour mes collègues puisqu'il a comparu devant notre comité en maintes occasions.

    Général, au nom du comité, je vous souhaite la bienvenue. Nous sommes impatients de vous entendre nous entretenir des relations pour la défense entre le Canada et les États-Unis.

    Si vous le permettez, j'aimerais dire à mes collègues que nous prendrons un peu de temps à la fin de cette réunion pour discuter de certaines questions importantes pour le comité.

    Sur ce, Général, je vous cède la parole.

+-

    Lieutenant-général M.K. Jeffery (chef d'état-major de l'Armée de terre, ministère de la Défense nationale): Merci, monsieur le président. Je suis heureux de comparaître de nouveau devant le comité. Si vous le permettez, j'aimerais commencer par vous donner un aperçu de la coopération pour la défense entre le Canada et les États-Unis, en adoptant le point de vue de la force terrestre. Je crois savoir que vous avez déjà entendu de nombreux témoins vous entretenir de ce sujet, aussi je vais m'efforcer de réduire au maximum la durée de mon exposé afin de vous permettre de me poser des questions sur les sujets qui vous intéressent plus particulièrement.

    Avant d'aborder le vif du sujet, je tiens à insister sur le fait qu'étant donné mes responsabilités qui consistent en la mise sur pied d'une force, je m'intéresse au premier chef au développement des forces terrestres et à la création des conditions de réussite, tandis que le sous-chef d'état-major de la défense est chargé de la planification opérationnelle ainsi que du commandement et contrôle des opérations, y compris les opérations nationales. Ceci dit, je vais m'efforcer de couvrir suffisamment de terrain pour que vous puissiez bien comprendre le point de vue de l'armée.

    L'essence de la coopération militaire est la concrétisation de l'interopérabilité entre deux forces militaires. L'interopérabilité fait référence à la capacité de forces alliées de fonctionner de concert avec efficacité dans l'exécution de leurs missions et de leurs tâches. Elle met en jeu un vaste éventail d'aspects, y compris le commandement et contrôle et, plus particulièrement, l'élaboration de plans et de moyens concertés de coordination des enjeux; la compréhension et l'acceptation de la doctrine et des procédures; l'uniformisation des domaines techniques ayant une importance cruciale pour l'interopérabilité ainsi que l'entraînement régulier visant à développer et confirmer la capacité de travailler concrètement ensemble.

    L'interopérabilité est tout aussi importante à l'échelle des tribunes nationales et internationales, mais la majeure partie de notre interopérabilité entre forces armées a eu tendance à porter sur les aspects internationaux. Une partie importante de la planification de l'interopérabilité et de l'uniformisation s'effectue à l'échelle multinationale, et notamment aux États-Unis. Je pense que Kenneth Calder a abordé un certain nombre de ces aspects lorsqu'il est venu témoigner devant le comité.

    L'interopérabilité n'est pas seulement une préoccupation sur notre continent, elle a une incidence sur toutes les opérations où nous sommes susceptibles de travailler avec d'autres nations, qu'il s'agisse d'alliés traditionnels comme les pays membres de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord ou de pays avec lesquels nous sommes appelés à collaborer au sein d'organisations comme les Nations Unies. Nos alliés sont tout aussi préoccupés que nous le sommes au sujet de l'interopérabilité. À ce titre, l'OTAN et le programme de normalisation des armées des pays de l'ABCA—Amérique, Grande-Bretagne, Canada et Australie—disposent de programmes complets d'uniformisation ou d'interopérabilité.

    Notre armée participe massivement—à l'instar des militaires américains—à plus de 25 groupes de travail actifs et à de nombreux sous-comités et groupes de spécialistes dans le cadre de ces programmes. Ils débouchent notamment sur des accords de normalisation visant les matériels et l'interopérabilité ainsi que des aspects non matériels comme la doctrine, la tactique, l'instruction, les publications tactiques et procédurales, les prêts de matériel, les guides d'interopérabilité, l'échange d'information et le partage des leçons retenues, à la fois en matière d'instruction et d'opérations.

    Le principal forum de coopération entre les armées est celui des discussions d'état-major entre l'armée canadienne et celle des États-Unis. Ces discussions annuelles visent à déterminer les questions d'interopérabilité, à échanger l'information et à faciliter la coopération et la collaboration. Nos plus récentes réunions ont porté sur l'interopérabilité du commandement et contrôle et notre principale collaboration en matière d'élaboration de la doctrine vise la numérisation, le commandement et contrôle et ce que nous appelons l'ISTAR ou renseignement, surveillance, acquisition d'objectifs et reconnaissance. Il existe aussi un accord relatif à l'échange d'information sur la défense nationale, et l'on s'active à produire un calendrier d'événements ou d'activités relatifs à la coopération entre les armées en cette matière.

    À part les discussions d'état-major régulières, il existe aussi une conférence réunissant les officiers de la Réserve canadienne et américaine. Cette conférence favorise une meilleure compréhension des capacités de l'armée de réserve de chaque nation et fait progresser les initiatives d'instruction et d'entraînement.

    En dépit de tous les plans et de tous les accords d'interopérabilité, l'instruction joue un rôle vital dans l'élaboration et la confirmation de la capacité à travailler réellement ensemble. Étant donné la proximité des installations canadiennes et américaines, des activités d'instruction pour le personnel subalterne se poursuivent sur une base permanente, de part et d'autre de la frontière. Les armées canadienne et américaine utilisent leurs secteurs d'entraînement et leurs installations réciproques; et chaque année, au moins 7 000 membres canadiens du personnel régulier et de la réserve s'entraînent dans des installations américaines. De plus, il existe un éventail d'échanges de petites unités. Ces échanges s'effectuent principalement sur le plan tactique, ce qui donne l'occasion au personnel membre des sous-unités et au-dessous d'être exposé aux procédures doctrinales et opérationnelles, ainsi qu'au matériel utilisé par l'une et l'autre armée. Ces échanges mutuels favorisent le partage de l'expérience, des connaissances professionnelles et de la doctrine des deux parties en vue d'en maximiser les avantages réciproques et d'améliorer en bout de ligne leur capacité d'interopérer.

    L'instruction au niveau supérieur s'effectue par l'entremise d'un éventail de tribunes, principalement dans le cadre du programme d'instruction interarmées et interallié. Le principal centre d'intérêt de l'armée est un exercice bisannuel de l'ABCA et des séminaires communs réguliers dont le plus récent a eu lieu l'année dernière à Kingston. Cet exercice qui consistait en une démonstration d'interopérabilité de la coalition Borealis, ou DCI Borealis, portait sur les aspects techniques de l'interopérabilité du commandement et contrôle numérique. Ce fut un important pas en avant pour l'interopérabilité technique de l'armée canadienne et américaine. La prochaine étape sera le prochain exercice qui devrait se tenir en 2004 aux États-Unis. Il s'agira d'un exercice de poste de commandement au niveau divisionnaire et il portera lui aussi sur le commandement et contrôle.

    Par ailleurs, l'armée participe à l'occasion à d'autres exercices interarmées et interalliés comme l'exercice d'entraînement aux opérations du Commandement maritime ou exercice Marcot, qui est tenu chaque année et qui réunit les marines américaine et canadienne, la force aérienne, l'U.S. Marine Corps et le Quartier général de la force opérationnelle interarmées.

    Bien entendu, la planification de l'interopérabilité et sa concrétisation sont deux choses complètement différentes. À mon avis, le récent déploiement réussi en Afghanistan plaide en faveur de nos efforts d'interopérabilité. La capacité du groupement tactique de l'Opération Apollo de s'intégrer harmonieusement aux forces américaines est une indication que, dans la plupart des secteurs d'interopérabilité, nous sommes capables de coopérer. C'est la même interopérabilité qui jouera un rôle de premier plan dans les accords sur la coopération pour la sécurité ici au Canada.

    En ce qui concerne l'interopérabilité entre l'armée canadienne et l'armée américaine en Amérique du Nord, les efforts de planification ont traditionnellement porté sur les exigences haut de gamme des opérations classiques et, en grande partie, ils remontent jusqu'à l'époque de la guerre froide. Naturellement, ces efforts sont repensés et l'on s'emploie à mettre sur pied un cadre de travail destiné à guider la coopération pour toutes les opérations potentielles. Toutefois, étant donné la nature civile des interventions initiales dans les deux nations et les réalités géographiques, la probabilité de mener des opérations interalliées de grande envergure sur la masse continentale de l'Amérique du Nord est faible. Par conséquent, ces plans seront de nature générale et fourniront les modalités convenues concernant la coopération de nation à nation, plutôt que des plans opérationnels détaillés. Notre défi consiste à nous assurer que, le moment venu, les deux armées pourront travailler efficacement ensemble.

    Monsieur le président, j'espère que cela vous donne une idée de la nature des plans opérationnels terrestres actuels et de la portée des activités qui sont en cours en vue d'assurer l'interopérabilité entre les armées canadienne et américaine. Du point de vue de la coopération interalliée, nous avons établi une bonne interopérabilité sur le plan tactique et opérationnel ainsi qu'une bonne coopération, mais il est essentiel de poursuivre nos efforts si nous voulons conserver nos acquis. La transformation générale envisagée par l'armée américaine en particulier grâce à l'exploitation de la technologie dans le futur devrait contribuer à rendre l'interopérabilité beaucoup plus problématique.

    En ce qui concerne la coopération potentielle dans les opérations nationales, les responsabilités des forces terrestres ne risquent pas de changer de façon appréciable, mais nous pouvons nous attendre à des éclaircissements à cet égard avec les travaux effectués par le Groupe de planification binational. Toutefois, à titre de forces de dernier ressort, les deux armées, américaine et canadienne ont pour priorité de se tenir prêtes à interopérer si on leur demandait d'intervenir dans le cadre d'une opération nationale.

    Monsieur le président, voici qui met un terme à mes remarques préliminaires. Je suis tout disposé à répondre aux questions des membres du comité.

¿  +-(0915)  

+-

    Le président: Merci beaucoup, général.

    Nous allons commencer par notre première série de questions de sept minutes, et je donne la parole à M. Benoit.

+-

    M. Leon Benoit (Lakeland, Alliance canadienne): Merci encore, général, de vous être joint à nous aujourd'hui. Je tiens à vous féliciter pour votre carrière remarquable. Je sais que vous prendrez votre retraite très bientôt; je crois comprendre que la passation de commandement aura lieu en mai. Je voulais tout simplement vous féliciter de nous avoir présenté quelques idées très progressistes. Je trouve que vous avez accompli un travail extraordinaire et que vous avez dirigé l'armée de façon magistrale ces dernières années, et je tenais à vous féliciter pour cela.

    J'espère que nous aurons l'occasion d'aborder certaines des idées progressistes que vous nous avez présentées dans un petit moment, mais en attendant, j'aimerais vous mentionner quelque chose que j'ai lu dans le journal aujourd'hui. J'y ai lu en effet que dix de nos quatorze officiers de liaison avec le Commandement central américain au Qatar avaient quitté ou avaient été invités à quitter par le gouvernement. J'aimerais que vous me disiez ce que vous savez à ce sujet, et que vous m'expliquiez si ce qui s'est passé entre le Canada et les États-Unis ces derniers mois a pu contribuer à créer une certaine tension dans le cadre d'opérations de ce genre.

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Tout d'abord, monsieur Benoit, je vous remercie de vos gentillesses, mais je tiens à souligner que, de mon point de vue privilégié, je peux voir qu'il reste encore beaucoup à accomplir. Ce que nous avons réalisé dans l'armée ces quelques dernières années représente un bon pas en avant, mais il en reste beaucoup d'autres à faire, et je compte sur mon successeur, le général Rick Hillier, pour poursuivre cette tâche.

    Je suis un peu mal placé pour vous répondre. En effet, je n'ai pas lu l'article dont vous parlez. Il est certain que le degré d'activité dans tous les quartiers généraux de la coalition où nous avons du personnel d'état-major et des officiers de liaison varie continuellement. Je pourrais vous dire qu'étant donné que nos secteurs d'engagement varient, il n'est pas surprenant que notre participation à la planification d'opérations précises ou même à l'obtention de renseignements concernant des opérations précises change. Ce qui pourrait expliquer la réduction du nombre d'officiers de liaison dans ce quartier général de la coalition.

    Je ne peux donc pas vous éclairer sur le sujet. Ces questions sont prises en charge par le sous-chef d'état-major de la Défense, et pour être franc avec vous, je ne suis pas au courant de l'ampleur réelle de ces changements ou encore du moment où ces changements devraient survenir. Je savais qu'il y avait des changements à l'horizon, mais je ne peux confirmer la véracité du contenu de l'article que vous venez de mentionner.

¿  +-(0920)  

+-

    M. Leon Benoit: Je crois comprendre que la participation canadienne au Qatar, au sein du Commandement central américain avait été planifiée il y a déjà un certain temps, soit longtemps avant que nous sachions qu'il y aurait une guerre en Irak. Pourriez-vous me parler un peu de cette opération et m'expliquer pour quelle raison il y avait des Canadiens au Qatar? Quel était leur rôle? Pourquoi s'y trouvent-ils?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Je pense que le comité est au courant que, dans le cadre de l'opération Enduring Freedom, autrement dit la guerre contre le terrorisme, nous avions engagé des troupes pour une bonne période de temps. Le principal quartier général se trouvait à Tampa. Le quartier général du CENTCOM, ou Commandement central américain, est l'endroit où notre élément de commandement national se trouvait pour la Force opérationnelle interarmées du Canada en Asie du Sud-Ouest. Cette personne est un brigadier-général ou un commodore une étoile. Présentement, il s'agit du brigadier général Angus Watt qui en assure le commandement et contrôle.

    Il faut se rappeler que le Canada n'avait pas pris l'engagement ou la décision de participer à tout conflit éventuel en Irak lorsque le CENTCOM a décidé de déployer à l'avant le quartier général au Qatar dans le cadre de l'opération militaire en cours. Au moment où la décision a été prise, avec l'accord des Américains, il a été résolu que nous aurions des officiers de liaison dans ce quartier général afin de nous assurer que, dans l'éventualité où le Canada décidait de participer avec les États-Unis et ses alliés en Irak, nous serions en mesure de maintenir une participation militaire relativement homogène.

    Maintenant que le gouvernement a pris sa décision, naturellement, la raison d'être de ce personnel de liaison et peut-être même la présence de cet effectif imposant pourrait être remise en question du point de vue de la coalition. Sincèrement, j'ignore quel est l'état final de l'opération. J'avais cru comprendre que nous maintiendrions une partie de l'effectif, mais pas la totalité de ce qui avait été déployé.

+-

    M. Leon Benoit: Combien de membre des forces canadiennes faisant partie de ce programme d'échange se trouvent en Irak ou dans la région de l'Irak actuellement?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: En toute sincérité, je suis incapable de répondre avec précision à cette question. Comme l'a déclaré le ministre publiquement, nous avons 31 officiers de liaison et d'échange déployés dans la zone d'opérations de CENTCOM. Nous ne pouvons pas dire où se trouve chacun d'eux au jour le jour. Il est certain que le SCEMD a une assez bonne idée de leur affectation, comme il se doit, mais bien sincèrement, je ne pourrais pas vous dire au moment où l'on se parle qui sont ces gens.

+-

    M. Leon Benoit: Parmi les 10 officiers de liaison sur 14 qui ont quitté, pouvez-vous nous dire si ces officiers faisaient partie des 31 qui étaient considérés comme membres des programmes d'échange avec les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Non.

+-

    M. Leon Benoit: Merci. C'est bien ce que je pensais, et je voulais seulement m'en assurer.

    En ce qui concerne l'opération menée en Afghanistan durant l'été, a-t-on déterminé l'effectif de troupes canadiennes qui sera déployé?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Non. Comme l'a fait savoir le gouvernement, le plan prévoit un QG de la brigade, un groupement tactique et du personnel d'état-major au quartier général de l'ISAF, l'International Security Assistance Force. Au moment où je vous parle, l'équipe de reconnaissance est sur le chemin du retour de Kaboul. Ses membres devraient rentrer à Ottawa ce soir, je crois, et nous avons l'intention de tenir des discussions avec eux au cours des prochains jours afin qu'ils nous fassent part de ce qu'ils ont vu sur le théâtre des opérations.

    Nous opérons en fonction d'un plan qui prévoyait l'envoi d'environ 1 500 membres des forces, mais il se pourrait que notre effort soit un peu plus ou moins important, tout dépendant de la situation. Comme vous pouvez le comprendre, le défi consiste à prendre la décision en fonction de l'intention générale du gouvernement à cet égard. Il faut que je gère, tout comme le chef d'état-major de la Défense, une formation globale qui soit réaliste en fonction de la réalisation de la mission. Et tout aussi important, cependant, cette force doit posséder la capacité nécessaire pour pouvoir assurer la protection de notre personnel pendant son déploiement. C'est ce délicat équilibre que nous nous efforçons d'obtenir.

¿  +-(0925)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Benoit.

    Monsieur Price, vous disposez de sept minutes.

+-

    M. David Price (Compton—Stanstead, Lib.): Merci de vous être déplacé jusqu'ici, général. J'aimerais unir ma voix au concert de celles qui vous disent qu'elles vous regretteront. Ce fut intéressant de discuter avec un homme qui a des idées bien à lui et qui ne craint pas la controverse. Non seulement ce fut intéressant, mais cela a contribué à enrichir le débat.

    Je suis originaire d'une petite ville appelée Lennoxville. Elle est plutôt singulière dans le sens qu'elle fait partie de ces rares endroits au Canada qui possèdent ce qu'il est convenu d'appeler un losange. Nos deux chemins de fer nationaux se croisent en pleine ville et nous avons vécu quelques déraillements. Et de fait, nous en avons eu un encore tout récemment—la fin de semaine dernière plus exactement.

    Peut-être vous demandez-vous à quoi je veux en venir, mais j'y arrive.

    En fin de semaine, je regardais les trains qui avaient quitté la voie, qui avaient déraillé. Il y avait beaucoup de monde aux alentours, et tout d'un coup, on a entendu un train qui arrivait de Halifax. Les gens ont montré des signes de nervosité. Ils ont eu l'impression d'une invasion, parce que ce train transportait quelque chose comme une centaine de véhicules blindés britanniques.

    J'ai une ou deux questions à vous poser à ce sujet. Premièrement, où allaient-ils? Je suis convaincu qu'il s'agissait d'un programme d'échange quelconque.

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Je conçois qu'il ait pu s'agir de blindés britanniques, mais ils auraient pu tout aussi bien être canadiens, et je vais vous expliquer pourquoi. En supposant qu'il s'agissait de véhicules britanniques, nous avons un protocole d'entente avec l'Armée britannique qui remonte bien à une bonne vingtaine d'années, quoique je ne saurais dire exactement à quand. Dans le cadre de notre entente de partage des obligations, nous avons autorisé d'autres nations à venir s'entraîner au Canada. Vous vous rappelez peut-être que les Allemands sont venus s'entraîner à Shilo, au Manitoba, durant de nombreuses années et que des forces aériennes de l'OTAN se sont entraînées à Goose Bay.

    L'armée britannique avait une importante unité d'instruction à Suffield, en Alberta, l'un de nos plus grands secteurs d'entraînement, et elle y poursuit ses activités. Il est vrai qu'il s'agit d'un élément clé du programme de capacité opérationnelle des Britanniques en raison de la difficulté qu'ils éprouvent à s'entraîner à ce niveau dans les secteurs restreints ou confinés dont ils disposent au Royaume-Uni. Leur niveau d'entraînement le plus élevé s'effectue véritablement au Canada et cette situation se poursuit encore aujourd'hui. Je crois comprendre que l'Armée britannique a l'intention de continuer à s'entraîner ici encore pour un avenir prévisible et elle doit procéder à la rotation régulière de son matériel en vue de procéder à la maintenance à long terme.

    Il se pourrait aussi que vous ayez vu beaucoup de matériel de l'armée canadienne en déplacement, parce que nous sommes à réunir l'équivalent d'une brigade en troupes et en matériel à Wainwright, en Alberta, à l'heure actuelle, en prévision du premier événement d'entraînement de brigade que nous ayons organisé depuis des années. Comme je l'ai déjà mentionné aux membres du comité auparavant, nous nous inquiétons de ne pas avoir l'occasion de tenir ce genre d'entraînements. Et nous avons décidé finalement de revenir à ce niveau d'entraînement. Ce n'est pas exactement ce que nous souhaitions, mais étant donné les ressources et le rythme en particulier, il s'agit d'un important pas dans la bonne direction en vue de maintenir des entraînements réguliers. Donc, vous pouvez voir deux ensembles de mouvements en même temps.

    Si je peux me permettre d'établir un lien avec ces idées, étant donné l'intérêt que manifeste le comité pour la coopération générale pour la défense, nous avons déjà exploré dans le passé et nous continuons de le faire les occasions qui se présentent pour les Forces canadiennes et britanniques de travailler de concert, et il se pourrait même que nous ayons aussi l'occasion de nous entraîner avec nos alliés américains, étant donné la proximité des États-Unis.

+-

    M. David Price: C'est le sujet de ma prochaine question. Lors d'une opération d'entraînement comme celle que vous tenez avec les Britanniques, est-ce que les Américains pourraient aussi être invités à participer aux opérations d'entraînement au niveau de la brigade que vous vous apprêtez à organiser?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Je le répète, c'est une question d'occasion. Il y aura en fait une faible participation de militaires américains lors de notre activité d'entraînement de la brigade, pour la plupart des membres de l'Armée de réserve américaine ou de la Garde nationale. Ils nous fourniront un certain nombre d'hélicoptères et de ce genre de choses qui nous donneront la possibilité de nous entraîner sur un pied d'égalité. Il reste à déterminer si ce genre d'activité d'entraînement pourrait devenir un exercice de plus haut niveau à long terme. Je serais enclin à penser que oui, mais les deux armées doivent d'abord accomplir un certain nombre de choses avant d'y arriver. Mais la possibilité existe.

+-

    M. David Price: Juste en passant, ces véhicules étaient britanniques. Certains portaient encore leur plaque minéralogique, et la plupart arboraient le drapeau britannique à l'arrière et ils étaient relativement récents. J'en ai été surpris étant donné que ces véhicules sont censés servir à des exercices d'entraînement. Il y avait même deux ou trois chars sur le train.

    Savez-vous comment les Britanniques ont transporté ce matériel jusqu'ici? L'ont-ils transporté sur leurs propres navires?

¿  +-(0930)  

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Sincèrement, je l'ignore. Je n'en ai pas la moindre idée.

+-

    Le président: On ne s'attend pas à ce que vous le sachiez non plus, général.

+-

    M. David Price: Vous avez beaucoup parlé d'interopérabilité. Les procédures radiotéléphoniques utilisées dans les communications entre Canadiens et Américains ont toujours été différentes au fil des années. Je sais que ces communications comportaient passablement de différences dans le passé. Pourrait-on dire que la situation est beaucoup plus interopérable aujourd'hui, si l'on s'en tient aux procédures radiotéléphoniques et aux communications?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: En un mot: oui. Je dirais que peu importe à quel point les manuels de procédures sont bien rédigés ou non et la mesure dans laquelle on arrive à s'entendre, chaque organisation adopte une norme culturelle qui y est insérée en filigrane et qu'il est difficile de percer. Chaque armée possède sa propre vision de ce sur quoi on s'est entendu pour la même procédure. Je pense que c'est naturel et bien compréhensible. Mais à l'intérieur de ce que je considère comme les limites de la possibilité raisonnable, nous avons une approche similaire sinon identique.

    Ceci dit, j'aurais tendance à suggérer que, à l'époque où nous vivons, ces types de communications rappellent un peu l'ère des dinosaures. Je ne veux pas laisser entendre qu'il n'y aura plus de communications radiotéléphoniques à l'occasion, mais pour transmettre de grands volumes d'information, nos communications se font de plus en plus par la voie numérique. Cela présente un niveau de difficulté supérieur, oui en effet, et c'est la raison pour laquelle nous travaillons très fort sur le plan de l'interopérabilité.

    Pour vous brosser un tableau de la situation, dans le passé, et à l'époque où j'étais un jeune officier, il m'arrivait couramment de me voir confier la tâche d'officier de liaison et de devoir travailler en collaboration avec un homologue allié. La procédure de base consistait à obtenir leurs instructions habituelles de travail pour les communications, leurs codes et ainsi de suite; on nous fournissait une carte et on inscrivait leur plan sur la carte, et c'est ainsi que l'on devenait le canal de communication entre les deux commandants. Nous procédions de cette manière pour une quantité de communications d'information pour diverses opérations.

+-

    Le président: Merci, général, monsieur Price. Je suis sûr que nous aurons l'occasion d'y revenir.

[Français]

    Monsieur Bachand, vous avez sept minutes.

+-

    M. Claude Bachand (Saint-Jean, BQ): Merci, monsieur le président.

    À mon tour, je veux féliciter le général, cette fois en français, pour une carrière brillante qui a aussi été difficile. Ce n'était pas une période facile pour être général d'une armée, car il y a eu des coupures et tout ça, mais je suis sûr qu'il a fait son possible et qu'il s'en est bien sorti.

    Dans sa présentation, il a dit que le ministre avait déclaré qu'il y avait à peu près 31 personnes en Irak, et c'est vrai. Dites-vous bien, mon général, que personnellement, vous ne savez pas où sont ces soldats ni ce qu'ils font? Vous avez parlé du sous-chef d'état-major de la Défense qui, lui, le saurait. En tant que général de l'armée, s'il y a des troupes et des fantassins en Irak actuellement, savez-vous qui est là, dans quels corps ils sont intégrés et ce qu'ils font? Est-ce que vous êtes en mesure de répondre à ces questions?

[Traduction]

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Monsieur le président, peut-être puis-je donner des éclaircissements sur ce que j'ai dit tout à l'heure. J'ai déclaré que 31 membres des Forces canadiennes s'étaient joints au secteur des opérations de CENTCOM. J'ai également mentionné dans mes remarques préliminaires que j'ai la responsabilité de la mise sur pied de la force. J'entraîne les troupes, j'organise l'armée et je la prépare en vue des opérations. Lorsque les troupes quittent le Canada ou s'engagent dans des opérations nationales, elles tombent directement sous le commandement du chef d'état-major de la Défense. La personne qui coordonne tout cela pour lui est le sous-chef d'état-major de la Défense. À cet égard, en raison de mes responsabilités, je dois me mettre en retrait et lui céder la place.

    Est-ce que je suis au courant de l'endroit où chacun des officiers d'échange ou de liaison sont déployés, c'est-à-dire est-ce que je connais l'endroit exact de leur déploiement? Oui. Est-ce que j'ai cette information à portée de la main? Non. De la même manière que je suis en mesure de vous dire où se trouve chaque soldat qui fait partie de nos forces, quel que soit son grade ou quelle que soit sa fonction, mais je n'ai pas cette information à portée de la main.

    Je m'assure d'être constamment au courant de la situation, c'est-à-dire de tout ce qui se passe sur le théâtre des opérations, comme vous êtes en droit de vous y attendre. Cependant, je ne maintiens pas le même degré de contrôle minute par minute que le chef d'état-major de la Défense peut le faire avec ces forces déployées précises, parce que si je le faisais, cela reviendrait à faire en double ce qu'il fait déjà. Il s'agit d'une question de degré.

    Et je ne veux pas parler au nom du CEMD, mais je vais également avancer qu'étant donné les circonstances, en ce qui concerne les officiers de l'échange, ils font partie d'une autre armée, pour des raisons d'ordre pratique. Nous maintenons un contrôle suffisant pour nous assurer que nos membres travaillent conformément aux lois et procédures canadiennes, mais nous avons renoncé à un niveau d'immédiateté du contrôle en les détachant dans ces unités. Ce n'est qu'à certains points de décision importants que nous exerçons habituellement ce contrôle.

¿  +-(0935)  

[Français]

+-

    M. Claude Bachand: Monsieur le président, le général me dit qu'il sait quels gens sont là et où ils sont, mais que ce n'est pas lui qui s'occupe du contrôle et du commandement. Il dit aussi qu'il n'a pas cette information à portée de main, mais il semble dire qu'il l'a.

    Je veux donc demander au général s'il est possible d'avoir cette information dans les heures qui viennent en appelant, par exemple, à son bureau. J'aimerais savoir en détail si c'est le PPCLI qui est là, s'il y a des membres du RCR ou des membres du Royal 22e Régiment qui sont là, et dans quelle unité ils sont.

    On voit la guerre en direct à CNN. On connaît tous les endroits où sont les troupes britanniques et américaines, et je pense que les Canadiens aimeraient savoir où sont leurs propres soldats. Les Québécois aussi aimeraient le savoir.

    Vous avez dit que vous n'aviez pas l'information à portée de main, mais est-ce que vous seriez prêt à me la donner dans les heures qui viennent?

[Traduction]

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Monsieur le président, voilà une question qui va au-delà de ma fonction. Il s'agit d'une question que le ministre a abordée publiquement. C'est une question de sécurité et de protection de nos troupes qui sont déployées. Je possède cette information. Nous classifions cette information. Elle a été transmise au ministre et au gouvernement, et il incombe vraiment au gouvernement de prendre la décision de la diffuser ou non. Ma recommandation au CEMD—et je crois qu'il s'agissait de sa propre recommandation au gouvernement—a été de ne pas diffuser cette information, en raison des dangers potentiels qu'elle présente pour nos membres. Nous ne divulguons pas un certain nombre d'informations—vous vous rappellerez les discussions sur des sujets comme les tireurs d'élite en Afghanistan—pour les mêmes raisons.

[Français]

+-

    M. Claude Bachand: Monsieur le président...

[Traduction]

+-

    Le président: Monsieur Bachand, le général aborde une question importante.

    Avez-vous d'autres commentaires sur le sujet, général?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Non.

+-

    Le président: Vous pouvez y aller, monsieur Bachand.

[Français]

+-

    M. Claude Bachand: J'ai des questions importantes aussi, et on a juste sept minutes. Donc, il faut se dépêcher.

    Il y a une chose que je ne comprends pas. CNN nous dit où sont toutes les unités de combat américaines aux principaux fronts--ils ne se gênent pas pour le faire, eux--, alors que vous êtes en train de nous dire que vous ne pouvez pas nous dire où sont les 31 soldats canadiens parce que ce serait dangereux pour leur sécurité. Ils participent à des opérations lors desquelles il y a des assauts tous les jours sur des villes irakiennes. Il me semble que ce n'est pas dangereux de dire que trois personnes du PPCLI sont dans telle unité de combat et qu'elles sont actuellement dans le coin de Bagdad. Ce n'est pas vrai que c'est dangereux pour ces personnes. C'est déjà dangereux pour elles d'être là.

    Est-ce que la réponse que vous me faites signifie que les Irakiens pourraient cibler uniquement des soldats canadiens? Je pense que quand ils sont intégrés dans des troupes britanniques ou américaines, ils font le même travail, et que les Irakiens ne font pas la différence entre un Canadien et un Américain, surtout s'ils portent le même uniforme. C'est ça, mon autre question.

    Ces personnes portent-elles l'uniforme des unités de combat auxquelles elles sont intégrées? Portent-elles l'unifolié, le drapeau canadien, sur leurs épaulettes, ou si elles portent le drapeau américain ou le drapeau britannique?

[Traduction]

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Monsieur le président, j'aimerais dire qu'il existe une différence fondamentale entre l'identification des unités et l'identification des personnes. Personne n'a nié que le 3 PPCLI était en Afghanistan. Personne n'a nié que cette unité avait été déployée au cours d'un certain nombre d'opérations. Cette information a été rendue publique. Mais lorsqu'il s'agit de nommer les personnes ayant participé à des activités précises, j'affirme que c'est aller trop loin.

    J'aimerais aussi mentionner qu'il n'est pas seulement question de la sécurité de l'individu. Je ne voudrais pas suggérer un seul instant qu'un Canadien intégré dans un corps d'armée américain ou britannique en Irak serait ciblé indépendamment de n'importe qui d'autre—et, oui, ils portent l'uniforme canadien, comme il se doit. Mais la réalité est que ce n'est pas seulement eux, mais aussi leurs familles et leurs proches qui peuvent être ciblés. Nous avons déjà vu des exemples de cette situation, il est vrai que cela ne visait peut-être pas des membres des Forces canadiennes, mais dans d'autres domaines. Donc, des familles peuvent être ciblées parce que cet événement est devenu une question très épineuse et très chargée d'émotion dans notre pays.

¿  +-(0940)  

+-

    Le président: Merci, général, monsieur Bachand.

    Monsieur McGuire.

+-

    M. Joe McGuire (Egmont, Lib.): Merci, monsieur le président.

    Général, depuis le 11 septembre, les impératifs de la sécurité en Amérique du Nord ont pris une importance nouvelle et ont été entièrement repensés. Quel est le rôle futur du Canada dans le contexte nord-américain?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Monsieur le président, cette question comporte de multiples facettes, et l'aspect militaire n'est que l'un parmi tant d'autres. À mon avis, c'est une situation qui va évoluer dans les mois et les années à venir.

    Que l'on se place du point de vue des Américains ou des Canadiens, la sécurité de nos nations et nos sociétés respectives sont importantes pour chacun d'entre nous. L'enjeu véritable que je déduis de cette question est, dans une large mesure, le degré de coopération qui existe entre le Canada et les États-Unis dans ce contexte plus large.

    Comme l'ont fait remarquer d'autres témoins qui ont comparu devant les membres du comité, nous examinons de concert avec les États-Unis les accords de coopération existants, et il y en a beaucoup, afin de voir ce qui devrait être changé. Le Commandement de défense aérospatiale de l'Amérique du Nord est bien établi et a donné de bons résultats depuis la fin des années 40. Nous avons mis sur pied le Groupe de planification binational au quartier général de NORAD afin de mettre au point les éléments maritimes et terrestres de cette coopération et de permettre un certain niveau de coordination des activités entre le Canada et les États-Unis.

    Quant aux répercussions à long terme de ces initiatives, je n'ose même pas spéculer sur la question. Il s'agit de décisions qui vont bien au-delà du portefeuille militaire. En fin de compte, la question qui se pose pour les Canadiens est le degré avec lequel nous désirons établir une défense et une sécurité homogènes en Amérique du Nord, et le degré avec lequel en tant que nation nous sommes prêts à collaborer étroitement avec les Américains en vue d'atteindre cet objectif, en tenant compte de toutes les préoccupations.

    Je pense que c'est aussi loin que je puisse m'avancer pour le moment.

+-

    M. Joe McGuire: Pour ce qui est de l'interopérabilité et du fait que les États-Unis investissent des ressources aussi gigantesques dans les nouvelles technologies et ainsi de suite, comment réussirons-nous à suivre le rythme? Quels rôles-créneaux allons-nous jouer dans le futur, simplement pour continuer à être une partie vitale ou du moins une partie importante d'une nouvelle version de NORAD, par exemple?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Il est clair que l'aspect technologique représente un défi, non seulement pour nous, mais pour tous les militaires et, je dirais aussi pour toutes les organisations dans le monde. Étant donné l'ampleur du budget consacré par les États-Unis à la défense, et ce qu'ils sont parvenus à accomplir, il est certain qu'ils se situent dans une classe à part. Je ne pense pas que nous ou même n'importe quelle autre nation du monde puisse marcher de pair avec eux, en tout cas, sur le plan des investissements qu'ils ont faits dans leur arsenal depuis quelques années.

    Je suis persuadé que nous devons nous assurer que certaines parties de notre arsenal sont à jour sur le plan technologique afin de pouvoir au moins travailler ensemble. Je vous ai parlé tout à l'heure du commandement et contrôle et c'est un des secteurs dans lequel nous devons investir. Je reviens à la réponse que j'ai donnée à une question précédente dans laquelle je relatais une anecdote personnelle sur les officiers de liaison. De nos jours, les choses se passeraient différemment. En effet, de nos jours, il nous faut pouvoir compter sur l'intégration ou du moins sur la capacité d'intégrer les communications et les systèmes d'information afin d'être en mesure de transmettre de grandes quantités d'information entre deux forces militaires dans un très court délai.

    Donc, il faut réaliser des investissements technologiques dans ce secteur. Si nous ne le faisons pas, le lien sera rompu, et la capacité de travailler avec une organisation utilisant une haute technologie aussi perfectionnée que l'Armée américaine sera pour ainsi dire nulle. C'est un secteur dans lequel je pense que nous n'avons pas le choix d'investir ou non.

    La question plus globale que vous suggérez en mentionnant les rôles-créneaux, c'est-à-dire que nous pourrions d'une certaine manière réussir à nous ménager une part du gâteau, suscite passablement de discussion. À mon avis, cette démarche comporte un danger considérable. Comme je l'ai mentionné à beaucoup de personnes, en réalité, la guerre terrestre est un sport d'équipe. Elle exige que tous les éléments constitutifs d'un certain niveau soient en bon état de fonctionner. En tant que force militaire, en tant qu'armée, notre situation n'est déjà pas tellement reluisante. Le mieux que nous puissions faire dans le cadre d'opérations, c'est d'intervenir au niveau de la brigade ou du groupe-brigade. La plupart des armées considèrent ce niveau comme le premier échelon de la capacité militaire, par conséquent, nous ne pouvons pas prétendre à une présence très sentie. En-dessous de ce niveau, si nous décidions de nous isoler et de nous concentrer sur un petit élément de l'ensemble, cela pourrait se justifier sur le plan théorique, mais certainement pas dans le contexte d'opérations réelles ou d'une guerre. C'est là tout le défi que nous devons relever et aussi, la raison pour laquelle il faut trouver l'équilibre entre les difficultés que posent nos ressources limitées et la nécessité où nous nous trouvons d'évoluer dans le cadre d'une capacité opérationnelle homogène.

    C'est ce que nous nous sommes efforcés de réaliser dans la stratégie et le plan que nous avons élaborés afin de faire progresser l'armée. Il faut réaliser un investissement technologique si nous voulons conserver une certaine pertinence malgré la taille que nous avons. C'est le dernier droit. Je pense que nous pouvons le franchir, mais il faut compter avec un handicap qui est celui des ressources financières.

¿  +-(0945)  

+-

    Le président: Merci, monsieur McGuire.

    Madame Gallant, vous disposez de cinq minutes.

+-

    Mme Cheryl Gallant (Renfrew—Nipissing—Pembroke, Alliance canadienne): Est-ce que la FOI 2 est sur le terrain ou prête à être déployée en Irak?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Pour commencer, monsieur le président, je ne suis pas responsable de la FOI 2. Elle relève entièrement du SCEMD, aussi je n'ai pas de compte à rendre à son sujet et je n'ai pas de responsabilité à son égard. Deuxièmement, les déploiements de la FOI 2 sont toujours classifiés, par conséquent, même si j'étais au courant, je ne pourrais pas répondre à la question.

+-

    Mme Cheryl Gallant: Très bien, merci.

    Delta Force, les forces spéciales des États-Unis sont déployées en ce moment en Irak. Leur gouvernement n'a pas hésité à nous en faire part. Pourquoi n'avons-nous pas été informés que la FOI 2 participait ou non?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Monsieur le président, cette question est davantage d'ordre politique que militaire. Ces décisions sont prises par le gouvernement, et non par les militaires.

+-

    Mme Cheryl Gallant: Merci.

    Quelle est actuellement la chaîne de commandement pour la FOI 2? Pouvez-vous nous indiquer où elle commence? Origine-t-elle du ministre ou du premier ministre et se poursuit-elle jusqu'au commandant ou aux forces sur le terrain? Ou encore pouvez-vous nous expliquer comment elle s'articule?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Étant donné que je ne suis pas responsable et que je ne l'ai jamais été pour la FOI 2, je pense être très mal placé pour répondre à cette question. Comme je vous l'ai déjà dit, la FOI 2 relève du sous-chef d'état-major de la Défense et lui-même du chef d'état-major de la Défense. À partir de là, la chaîne de commandement suit le même parcours de responsabilité et de reddition de comptes que pour n'importe quelle autre question militaire. Toutes les forces militaires relèvent du chef d'état-major de la Défense.

+-

    Mme Cheryl Gallant: En tant que commandant des forces terrestres, si ces militaires travaillent avec des troupes qui sont sous votre commandement, est-ce que vous n'êtes pas nécessairement au courant?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Comme je l'ai déjà mentionné, monsieur le président, je ne commande pas de troupes en opérations. Je suis chargé de la mise sur pied d'une force. Lorsque les troupes sont mises en opération, elles tombent sous le commandement du chef d'état-major de la Défense.

    Prenons un exemple ici au pays. Lorsqu'il y a eu l'inondation de la Rivière rouge ou la tempête de verglas, même si le gros des troupes était constitué de l'armée, ces troupes relevaient du CEMD par l'entremise du sous-chef d'état-major de la Défense pour ces opérations. Nous avons déployé un bataillon en Afghanistan. Ce bataillon relevait du commandant de la Force opérationnelle interarmées dans l'Asie du Sud-Ouest et du SCEMD. Il ne relevait pas de moi.

+-

    Mme Cheryl Gallant: Si vous êtes en mesure de répondre à cette question, pourriez-vous nous expliquer si des profanes pourraient faire la distinction entre les Forces américaines et les Forces canadiennes lorsque les membres de la FOI 2 se déploient de concert avec les troupes américaines, pour ce qui est des uniformes ou des vêtements qu'ils pourraient porter?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Je ne sais pas si je peux répondre à cette question, monsieur le président. Je ne pense pas qu'il serait approprié que j'y réponde.

¿  +-(0950)  

+-

    Mme Cheryl Gallant: Seulement au moment où l'on se parle, ou en général?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: En général, mais plus particulièrement au moment où nous nous parlons.

    Je pense que vous me connaissez suffisamment, monsieur le président. Je n'essaie pas d'éluder la question. Toutefois, si cette question intéresse vraiment le comité, je vous suggère de l'adresser au SCEMD.

+-

    Le président: Bien compris, général.

    Veuillez poursuivre, madame Gallant.

+-

    Mme Cheryl Gallant: D'accord, donc le déploiement ne fait pas nécessairement partie de vos responsabilités.

    En ce qui a trait aux forces américaines déployées à côté des forces canadiennes le long de notre frontière commune—elles y sont en ce moment même pour des raisons de sécurité nationale—existe-t-il une stratégie de sortie pour les forces américaines lorsque la soi-disant menace immédiate se sera dissipée?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Puis-je seulement confirmer quelque chose, monsieur le président?

    Dans votre question, lorsque vous dites «le long de notre frontière commune», voulez-vous parler du déploiement de forces américaines sur notre territoire?

+-

    Mme Cheryl Gallant: Oui, en effet.

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Très bien.

    Premièrement, j'aimerais clarifier quelque chose. J'ai dit que j'étais chargé de la mise sur pied d'une force. J'assume la responsabilité de l'instruction et de l'état de préparation opérationnelle de l'armée. Et cela est vrai pour tous ceux qui en font partie. Une fois que je les ai amenés au point où ils sont prêts à faire leur travail en tant que soldats et au sein d'unités formées, et une fois que le gouvernement a pris la décision de les déployer dans des opérations, je cède la reddition de comptes et le commandement à quelqu'un d'autre. Cela ne signifie pas que je ne suis plus intéressé, mais il s'opère à ce moment une transition fondamentale, donc ma responsabilité s'étend jusqu'à ce point.

    À l'approche de la passation des fonctions, je dois être convaincu—et naturellement, je suis le principal conseiller militaire du chef d'état-major de la Défense en ce qui concerne les opérations terrestres—que c'est le genre d'opération dans laquelle nous devons nous engager. Donc, voici qui explique la transition.

    Pour revenir à la question du Canada et des États-Unis et des troupes qui stationnent le long de la frontière, je ne connais pas avec précision les projets des Américains à cet égard. À partir de discussions que j'ai eues avec mes homologues américains, je sais en revanche que le déploiement concerne principalement des membres de la Garde nationale et de l'Armée de réserve américaine—parce qu'il n'y a pas de troupes actives déployées le long de la frontière; celles qui y sont déployées sont principalement des membres de la Garde nationale ou de l'Armée de réserve américaine—et il s'agit d'une opération que les États-Unis ne seront pas en mesure de maintenir très longtemps, à mon avis. Parce que cela a une incidence importante sur leurs forces de réserve.

    J'ignore s'il y a une stratégie de sortie. Je ne suis pas du tout au courant. Je pense que c'est une question sur laquelle le gouvernement devra éventuellement se pencher, probablement après le conflit en Irak, mais c'est pure spéculation de ma part.

+-

    Le président: Merci, général.

    Monsieur Price, pour cinq minutes.

+-

    M. David Price: Pour poursuivre dans la veine des communications, vous avez mentionné que de plus en plus de communications se dirigent vers le numérique. Si on regarde nos partenaires de l'OTAN, bon nombre de ces pays sont loin d'être parvenus à ce stade encore. Je vous l'accorde, avec les Américains et les Britanniques, nous sommes probablement bien placés.

    Mais pour ce qui est de l'OTAN, les deux principales langues utilisées seraient l'anglais et le français. Pour le français, existe-t-il une procédure radiotéléphonique commune permettant d'utiliser le français avec nos alliés de l'OTAN?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Premièrement, si nous parlons d'un environnement lié à l'OTAN, d'un contexte lié à l'OTAN, les deux langues de travail sont le français et l'anglais, comme vous l'avez dit. Toute procédure reconnue dans une langue l'est automatiquement dans l'autre, donc il existe une communité, c'est la base. Nonobstant cette uniformisation, la lingua franca de facto pour les opérations menées au sein de l'OTAN est l'anglais. Cela ne signifie pas que le français ne peut pas être utilisé, mais en pratique, beaucoup de nations n'ont pas cette capacité, contrairement au Canada. Par conséquent, on n'a pas tendance à l'utiliser aux niveaux où il y a de l'interopérabilité. Cela ne signifie pas que le français ou l'anglais, et n'importe quelle autre langue ne peuvent pas être parlés au sein d'une alliance quelle qu'elle soit, mais on a tendance à élire l'anglais comme langue implicite aux points d'intersection.

    De plus en plus, cependant, les opérations de l'alliance ou de la coalition mettent à contribution d'autres pays que ceux de l'OTAN. Nous avons vu cela dans le cadre d'opérations menées par les Nations Unies. Pour utiliser l'expression américaine en vogue, la coalition des partenaires pour une même cause peut provenir de toutes les parties du globe. Ces partenaires n'ont pas nécessairement établi les procédures dont vous parlez, aussi la réalisation de l'interopérabilité pose un défi constant. C'est la raison pour laquelle nous avons concentré nos principaux efforts ces dernières années sur les pays de l'ABCA—l'Amérique, la Grande-Bretagne, le Canada et l'Australie—parce que nous pensons que si nous pouvons évoluer au sein de ce groupe, et principalement avec les Américains, nos capacités d'interopérabilité seront suffisantes pour nous permettre de travailler avec pratiquement n'importe qui. En un sens, les Américains deviennent l'étalon ou la norme que tous s'efforcent d'atteindre et cela permet d'obtenir un certain degré de communité.

    À mon avis, les problèmes que nous avons aujourd'hui disparaîtront tous grâce principalement à la technologie. Bon nombre de problèmes de communication que nous éprouvons aujourd'hui existent parce que nous utilisons un éventail de générations différentes de moyens de communication, du très tactique au stratégique. La plupart de ces moyens sont du type autonome. Ils ne sont pas compatibles avec les autres systèmes. Je pense qu'au fur et à mesure que nous ferons appel à des applications Web, ce problème disparaîtra purement et simplement. Peu importe les moyens de communication matériels, les nations communiqueront par l'entremise de quelque chose qui s'apparentera davantage à ce que vous utilisez dans la vie courante. Ces communications utiliseront des ordinateurs ou des applications Web, qui ressembleront beaucoup à Internet, et on sera en mesure de communiquer avec n'importe qui, qu'il se trouve à deux milles de distance ou à l'autre bout de la planète. Je suis d'avis que d'ici dix ans tout au plus, les technologies de traduction—qui existent déjà—permettront de plus en plus aux personnes de communiquer dans leur propre langue et de faire traduire leur message très rapidement.

    Donc, nous pensons d'ores et déjà que bon nombre des défis que nous devons affronter couramment en matière d'interopérabilité—des défis de l'ère industrielle—seront surmontés à l'ère de l'information et qu'une approche fondée sur le Web et la technologie sera la solution. Cela ne se fera pas du jour au lendemain. Je ne veux pas laisser entendre que ce sera facile. Mais je pense qu'il est raisonnable de penser que le coeur de la solution sera en place d'ici dix ans.

¿  +-(0955)  

+-

    M. David Price: Je suis d'accord avec vous. Mais certains pays auront du mal à suivre. De fait, je pense à certains pays que j'ai visités, comme la Roumanie qui est un bon exemple. Les troupes de ce pays qui sont en entraînement disposent d'une année pour apprendre l'anglais. Si elles n'y arrivent pas, elles ne pourront pas déployer leurs unités au sein de n'importe quelle opération de l'OTAN.

    Donc, il me semble qu'à certains égards, nous en sommes encore aux balbutiements.

+-

    Le président: Monsieur Price, je vais devoir vous interrompre ici.

    Monsieur Bachand, vous avez cinq minutes.

[Français]

+-

    M. Claude Bachand: Merci, monsieur le président.

    Il me semble évident que c'est le sous-chef d'état-major de la Défense qu'il faudrait rencontrer ici dans les plus brefs délais, parce que je trouve qu'on n'avance pas beaucoup. Mais je vais quand même me risquer à poser d'autres questions.

    Les Américains ont dit qu'ils allaient déployer encore 120 000 hommes dans le théâtre d'opérations de l'Irak. Êtes-vous en mesure de nous dire s'il y a des soldats canadiens qui sont en interopérabilité avec eux actuellement à l'entraînement et qui seront déployés à l'intérieur des unités de ces 120 000 Américains qui iront en Irak prochainement?

[Traduction]

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Monsieur le président, parmi les 31 Canadiens qui se trouvent dans le secteur des opérations de CENTCOM, quelques-uns sont avec les forces américaines. Je ne pense pas pouvoir donner plus de précisions. Si des forces américaines additionnelles qui ne sont pas encore déployées devaient l'être, il se pourrait que quelques officiers canadiens de l'échange les accompagnent. Toutefois, c'est pure spéculation de ma part, parce que en toute sincérité, j'ignore quelles sont les intentions des Américains en ce qui concerne le déploiement de forces additionnelles sur le théâtre. Donc, est-il possible que des Canadiens accompagnent ces nouvelles forces déployées? La réponse est oui, c'est tout à fait possible.

[Français]

+-

    M. Claude Bachand: D'accord. Maintenant, je veux revenir à la question des uniformes.

    On m'a dit qu'il existait une ordonnance selon laquelle les soldats canadiens peuvent revêtir un uniforme de troupe étrangère lorsqu'ils sont dans un théâtre d'opérations. Selon cette ordonnance, les soldats canadiens pourraient revêtir un habillement britannique ou américain. Pouvez-vous me dire si ces informations que j'ai eues cette semaine sont justes et, surtout, si cette ordonnance existe réellement? Est-il possible qu'ils puissent faire ça? Et dites-moi aussi si on a reçu de nouveaux habillements adéquats pour les théâtres d'opérations actuels. À l'époque, en Afghanistan, ils se promenaient avec des uniformes verts en plein désert. Si vous me dites qu'ils ont reçu leurs nouveaux uniformes, c'est tant mieux. Si ce n'est pas le cas, il y a un problème, à mon point de vue. Vous avez dit que les Canadiens avaient leur propre uniforme. À mon point de vue, ce serait une erreur que de mettre un Canadien en uniforme vert en plein milieu d'une unité de combat dont les membres sont tous en tenue de désert, en brun.

    Donc, pouvez-vous me dire si l'ordonnance existe et si les soldats canadiens ont bien leur propre habillement?

À  +-(1000)  

[Traduction]

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Monsieur le président, notre politique et notre approche habituelles sont que les Canadiens doivent porter l'uniforme de notre pays. À ma connaissance, les Canadiens qui sont déployés portent leur uniforme complet. Il est possible, sous l'autorité du CEMD et dans des circonstances particulières, que le CEMD donne l'autorisation de porter d'autres uniformes. Je ne trouve pas d'exemple de situation où un militaire voudrait pouvoir le faire ou le CEMD voudrait l'autoriser. À ma connaissance, et de façon certaine, le CEMD n'a autorisé personne à porter un autre uniforme que l'uniforme canadien.

    Nous avons les nouveaux uniformes pour les régions arides ou les uniformes de combat à camouflage désert pour les forces en déploiement, et ces uniformes ont été mis à la disposition de nos militaires qui accompagnent les forces alliées. Je ne suis pas en mesure de confirmer que chacun de nos militaires revêt ce nouvel uniforme. Si le comité tient absolument à obtenir cette information, je vais m'en occuper. Mais il est certain que ces uniformes ont été achetés et mis à la disposition des soldats, aussi je m'attends à ce qu'ils soient vêtus d'uniformes de combat à camouflage désert.

+-

    Le président: Soyez très bref, monsieur Bachand.

[Français]

+-

    M. Claude Bachand: Je veux savoir s'ils ont le drapeau canadien sur l'épaulette, et je veux aussi savoir s'il y a une différence entre commandement et contrôle. Vous avez dit qu'ils restaient sous commandement canadien. À mon point de vue, ils sont sous commandement américain ou britannique, mais vous gardez le contrôle. Par exemple, vous pouvez dire à vos soldats de ne pas faire telle opération. Est-ce que je me trompe quand je dis ça?

[Traduction]

+-

    Lgén M.K. Jeffery: La réponse, monsieur le président, est oui et non. Le commandement et contrôle est une approche multidimensionnelle. Tous les membres des Forces canadiennes sont sous le commandement du chef d'état-major de la Défense. Peu importe où ils se trouvent ou pour qui ils travaillent. Le commandement ultime appartient au chef d'état-major de la Défense, et ce commandement comporte des aspects très spécifiques. Il est possible, et cela se produit souvent, que le CEMD délègue son autorité à divers niveaux à d'autres commandants, y compris à des commandants alliés dans le cas présent. Cette délégation de pouvoir impose aux autres commandants la responsabilité de consulter le chef d'état-major de la Défense concernant ce que les Canadiens peuvent faire ou ne peuvent pas faire dans certains environnements.

    Donc, il s'agit d'une approche multidimensionnelle. Et cette approche ne nous est pas exclusive. Il s'agit d'une approche commune ou acceptée par la plupart de nos alliés militaires.

+-

    Le président: Merci, général.

    Monsieur McGuire, vous avez cinq minutes.

+-

    M. Joe McGuire: Seulement pour poursuivre, vous disiez dans votre réponse précédente qu'il est extrêmement dangereux de chercher à trouver des rôles-créneaux pour l'Armée canadienne en ce qui concerne la défense nord-américaine, et que vous pouvez vous débrouiller avec ce que vous avez déjà, même si vous n'avez pratiquement pas de marge de manoeuvre. Quelle devrait être l'ampleur additionnelle de notre armée et de combien de ressources supplémentaires devrions-nous disposer afin d'améliorer quelque peu notre prestation et de jouer un rôle efficace dans la défense nord-américaine?

À  +-(1005)  

+-

    Lgén M.K. Jeffery: J'aimerais répondre à cette question en deux temps. Premièrement, sur la question de la taille, il s'agit de toute évidence d'une question politique, et non d'une question militaire. En fin de compte, cela dépend du risque pour la sécurité et de la menace pour le pays, évidemment, mais il s'agit aussi d'une question de volonté nationale. Que l'on se place du point de vue national ou international, quel est l'engagement de la population canadienne à l'égard de la sécurité internationale, et à plus forte raison de la sécurité nationale?

    Je vous dirais, de mon point de vue privilégié, pour avoir occupé durant près de trois ans le poste de commandant de l'armée, que nos investissements se situent pour ainsi dire à leur plus bas, si l'on tient compte de notre situation, à mon humble avis. Le pays continue de demander à nos soldats de faire toujours davantage, mais nous sommes déjà au bout de nos ressources, seulement pour répondre aux exigences présentes. Nous nous trouvons à un point où notre capacité est à son plus bas. Mais, en fin de compte, tout cela est une question de politique. Le tout est de déterminer ce que la population de ce pays est prête à investir dans sa sécurité.

    Lorsqu'il est question d'aborder une perspective nationale et d'envisager la sécurité sous l'angle national, ou encore dans le langage des Américains, la sécurité intérieure, il devient beaucoup plus difficile de répondre à cette question. Nous ne faisons pas face à une menace traditionnelle. Si vous remontez quelques années en arrière, il n'est pas question d'affronter des hordes de Soviétiques qui envahiraient le Canada par le pôle Nord. En réalité, nous ne sommes pas confrontés à une vaste menace classique pour la masse continentale nord-américaine ou canadienne. Ce que nous devons affronter, c'est un éventail de menaces de divers ordres que, dans le jargon courant, on appelle la menace asymétrique. Cette menace prend la forme d'une gamme d'activités terroristes ou d'un autre genre, y compris les actes criminels, qui constituent de plus en plus un problème à résoudre.

    La difficulté vient du fait que les militaires ne sont qu'un des intervenants parmi tant d'autres dans cette situation particulière de menace pour la sécurité. Il est vrai que nous ne sommes pas la force de premier ressort, que nous ne sommes pas les premiers intervenants. Non, nous sommes comme il se doit la force de dernier ressort. Au pays, une bonne partie des interventions visant à régler des problèmes sont effectuées évidemment par la police, les services de sécurité, les services de renseignement ainsi que les services d'incendie et d'ambulanciers. Les militaires entrent en scène lorsqu'il s'agit de venir à bout de problèmes de sécurité majeurs qui dépassent les moyens des services policiers ou encore pour intervenir dans ce que nous appelons la gestion des conséquences lorsque quelque chose a mal tourné ou pour prêter notre concours comme nous le faisons dans la plupart des opérations réalisées à l'échelle nationale.

    Quelle doit être l'importance de la force militaire ou combien de membres doit comporter une armée de réserve, si vous voulez, pour pouvoir réagir dans ce type de problèmes? C'est une question très difficile. Je voudrais pouvoir y répondre, mais je crois que c'est impossible. Il s'agit d'une question de jugement et d'évaluation des risques. En fin de compte, c'est un peu comme si vous me demandiez de quel montant d'assurance vie nous pourrions avoir besoin. C'est une décision personnelle, et il incombe aux membres de la nation d'exercer ce jugement. Quelle est l'ampleur de la police d'assurance qu'il nous faut pour nous prémunir contre ces menaces? Voilà une question avec laquelle nous allons jongler au cours des années à venir, et je pense que le pays n'aura pas le choix d'y réfléchir. Je suis convaincu qu'il s'agit d'un secteur où les forces de réserve en particulier ont un véritable rôle à jouer, et nous nous y intéressons sérieusement. Mais, je pense que j'ai dit tout ce que je pouvais sur le sujet. Je ne crois pas qu'il existe une réponse toute faite. Il n'y a sûrement pas moyen de donner une réponse simple à cette question.

+-

    Le président: Merci, monsieur McGuire.

    Madame Grey.

+-

    Mme Deborah Grey (Edmonton-Nord, Alliance canadienne): Bienvenue, général.

    Lorsqu'il est question d'interopérabilité et de notre relation avec les États-Unis—et je suppose que ma question est en fin de compte une autre question politique, Mike—pensez-vous que cette guerre aura une incidence sur notre relation avec les États-Unis? Il suffit d'écouter les nouvelles et de prêter attention à tous les commentaires que l'on entend—et notamment, l'autre jour, j'écoutais ceux de l'ambassadeur—je me demande dans quelle mesure ils seront prêts à interopérer avec nous.

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Comme le sous-entendait la députée, monsieur le président, c'est vraiment une question très politique. Je pense qu'il est important, toutefois, que je dise que dans nos rapports avec les autres militaires—et je veux surtout parler de ceux que nous avons avec les Américains—nous avons affaire à des professionnels.

    Dans une société démocratique, les dirigeants militaires assument la responsabilité de suivre l'orientation des gouvernements élus démocratiquement. C'est ainsi que nous sommes formés et c'est notre façon de penser; et les choses ne se passent pas différemment dans notre pays qu'elles se passent aux États-Unis. Lorsque je m'adresse à mon homologue américain ou à de hauts dirigeants militaires américains, peu importe les frictions politiques qui peuvent exister entre les nations, nous réglons les problèmes dans un environnement direct, professionnel et autant que possible amical et collégial. En raison de l'orientation politique, il se peut que nous nous trouvions limités dans ce que nous pouvons faire ensemble ou nous dire les uns aux autres. Cependant, nous comprenons bien les règles du jeu, et d'après mon expérience, cette situation n'a jamais dégénéré en occasion de friction ou d'animosité entre des dirigeants professionnels.

    De toutes les activités dans lesquelles l'humanité s'engage, je n'en connais aucune qui déclenche autant d'émotions extrêmes que la guerre. Nous ne devrions pas nous surprendre qu'à la fois ici, au pays, et à n'en pas douter, au sein de la communauté internationale, cette guerre ait suscité toute une gamme d'émotions diverses. Ces émotions sont des facteurs avec lesquels nous, en tant que membres d'une nation et aussi en tant que membres d'une communauté globale, devrons composer. Il est à espérer que cette guerre ne devienne pas une source de friction à long terme, mais c'est le défi qui se pose à chacun d'entre nous. Les gouvernements en particulier doivent continuellement faire face à ce problème dans le cadre de leur administration.

À  +-(1010)  

+-

    Mme Deborah Grey: Nous savons qu'il y a au moins 31 membres de nos forces présents sur le théâtre des opérations, et je pense que chacun d'entre nous doit regarder les choses en face. Sommes-nous en guerre ou pas? Il est un peu difficile de justifier le fait que nous ne sommes pas en guerre alors qu'en réalité nous avons des troupes sur le terrain et que nous continuons de voir leurs visages dans les journaux et d'y lire des anecdotes à leur sujet. Mais comme vous le savez et comme vous l'avez mentionné un peu plus tôt, nous allons déployer des troupes en Afghanistan plus tard cette année. Avez-vous été consulté avant que la décision de déployer des troupes ne soit prise?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: J'aimerais aborder deux points. Pour répondre brièvement à la dernière partie de votre question qui porte sur la consultation, ma réponse est oui, mais je pense que cela mérite quelques explications.

    La planification militaire continue pour les opérations futures potentielles porte bien son nom. Elle est continue, et elle est pratiquement de tous les instants. Dans le cours des discussions, je n'ai participé que dans un certain contexte. Le ministre a fait des déclarations publiques qui parlent d'elles-mêmes. Les options entourant le déploiement en Afghanistan ont été clairement exposées, et j'ai participé à chacune de ces discussions. La décision, toutefois, relève en fin de compte de la politique. Je n'ai pas eu mon mot à dire dans la décision finale. Cela n'a rien d'extraordinaire, toutefois, parce que je n'y suis jamais invité. Le conseil final qui est donné au gouvernement, au premier ministre, est celui du chef d'état-major de la Défense, et c'est une prescription de la loi. C'est à ce niveau que les décisions finales sont prises. Mais si vous me demandez si l'on m'a consulté durant tout ce processus, je vous répondrai, oui, très certainement.

+-

    Mme Deborah Grey: Avez-vous été surpris lorsque l'annonce a été faite, oui ou non?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: On ne m'avait pas prévenu du contenu de l'annonce.

+-

    Mme Deborah Grey: D'accord, merci.

    Permettez-moi de vous poser quelques questions au sujet du syndrome de stress post-traumatique. Comme vous le savez, l'instruction se donne sur une base ponctuelle, elle est dispensée à des unités individuelles, et elle n'est pas conçue de façon collective. Autrement dit, elle est dispensée à la demande de l'unité. En ce qui concerne les militaires qui sont appelés à se rendre en Afghanistan, existe-t-il des préparatifs visant à s'occuper des personnes atteintes du SSPT à leur retour?

À  +-(1015)  

+-

    Lgén M.K. Jeffery: La réponse est oui.

    Relativement à votre commentaire comme quoi l'instruction se donne sur une base ponctuelle, vous avez raison et c'est ainsi que nous avons fonctionné dans le passé. Cela ne fait aucun doute. Cependant, aujourd'hui, je pense que l'on pourrait remettre en question cette affirmation. À vrai dire, comme nous faisons des progrès, mon objectif est de faire en sorte que cette instruction soit de plus en plus cohérente. C'est la raison pour laquelle nous organisons cet événement d'entraînement de la brigade et d'autres événements du même genre.

    Nous avons bien retenu nos leçons durant la dernière décennie en ce qui concerne les blessures causées par le stress opérationnel, et le SSPT n'est que l'une de ces conséquences. Je n'ai pas honte de dire que nous avons encore beaucoup à apprendre, mais nous faisons des progrès. Il y a toujours beaucoup trop de pertes, mais, à mon avis, le déploiement du 3 PPCLI a été un exemple des efforts que nous avons consentis à cet égard. Nous avons déjà retenu des leçons de cette expérience, et cela nous permettra d'améliorer l'état de préparation de nos troupes lors des futurs déploiements.

+-

    Le président: Merci, madame Grey.

+-

    Mme Deborah Grey: Permettez-moi de vous féliciter pour votre brillante carrière. Et transmettez mes amitiés à Anne.

    Je me suis dit que vous pourriez faire carrière en politique lorsque vous avez dit: «La réponse est oui et non». Je vous souhaite bonne chance.

    Des voix: Oh, oh!

    

+-

    Le président: Monsieur Price.

+-

    M. David Price: Général, le centre de commandement de la guerre contre le terrorisme se trouvait sur la base de la force aérienne MacDill, à Tampa. Il a été déplacé au Qatar, avec tous les partenaires concernés—j'ai horreur de dire la «coalition», parce que j'ai toujours l'impression de parler des autres... De toute manière, environ 20 pays ont participé à la guerre contre le terrorisme, si l'on compte toutes les forces militaires représentées. J'ignore exactement combien se sont rendus au Qatar, mais en ce moment, nous nous préparons à...les États-Unis y avaient un centre de commandement en prévision d'une guerre avec l'Irak et il se trouve dans le même lieu physique que le centre de commandement de la guerre contre le terrorisme. Nos militaires sont invités à quitter cet endroit parce que les Américains ont décidé de s'attaquer à l'Irak plutôt qu'à la guerre contre le terrorisme, et vice versa.

    Où se trouve le centre de commandement de la guerre contre le terrorisme aujourd'hui? À partir de quel endroit nos soldats canadiens opèrent-ils?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Nous abordons l'une de ces questions compliquées, et je ne le dis pas dans le sens péjoratif, mais parce que nous la trouvons compliquée.

    Qu'il soit question de l'OTAN ou de la Deuxième Guerre mondiale, l'époque relativement simple où il s'agissait d'aligner deux ennemis facilement reconnaissables est révolue. Les événements de la dernière décennie nous ont montré à quel point les choses peuvent être difficiles. Prenons par exemple la campagne aérienne au Kosovo. Même dans le vaste contexte de l'OTAN, on a vu des nations souveraines—qui sont toutes représentées et ont toutes le droit de voter—adopter des perspectives différentes sur ce qui était admissible en termes d'opérations militaires. Même s'il existe des accords politiques définissant les objectifs politiques d'ensemble dans un conflit, il peut y avoir des mésententes en ce qui concerne ce qui est admissible et, par conséquent, sur la contribution que chaque nation est prête à faire. Pour la chaîne de commandement militaire, cela pose un défi de taille. Il faut tenir compte de ce que chaque gouvernement a prévu, et aussi travailler à l'intérieur d'un cadre. Toutefois, les choses évoluent presque toujours en une situation où il faut déterminer sur le plan militaire ce que chaque nation est autorisée à faire.

    Et maintenant, nous avons décidé de nous unir dans la guerre contre le terrorisme. Une coalition a été formée dans ce but, que l'on a appelée Opération Enduring Freedom, ou la guerre contre le terrorisme, et CENTCOM en assure le commandement général à partir de Tampa. C'est à cet endroit que se trouve toujours le quartier général, et notre commandant de la Force opérationnelle interarmées pour l'Asie du Sud-Ouest travaille à partir de Tampa dans le cadre de cette guerre contre le terrorisme.

    Lorsque les États-Unis ont décidé d'envahir l'Irak ou lorsque l'Irak est devenu un problème, le général Tommy Franks s'est vu confier la responsabilité de gérer ce conflit également, et il a décidé de déplacer une partie de son quartier général vers l'avant dans cette région, au Qatar plus précisément, afin d'assurer le commandement et le contrôle de l'opération en Irak. Tout en reconnaissant parfaitement la dynamique politique de cette situation, il a aussi admis qu'il ne pouvait établir de lien entre les deux, parce qu'il y avait des conséquences politiques. À Tampa, donc, on a établi un cloisonnement physique entre les nations qui participent uniquement à la guerre contre le terrorisme et celles qui participent à la guerre en Irak. De la même manière, on a établi une limite physique...à vrai dire, globalement, à ma connaissance, aucun membre des forces n'a été déployé au Qatar, sauf ceux qui font campagne en Irak.

    Mais il y a eu des exceptions, et nous en faisons partie. J'ai expliqué un peu plus tôt que l'exception avait été faite dans le but de maintenir une continuité. Étant donné l'absence de décision politique à ce stade, une équipe de liaison a été dépêchée en vue de maintenir une connaissance de la situation afin que, dans l'éventualité où le gouvernement nous demandait de nous joindre à l'opération en Irak, nous soyons prêts à le faire. Étant donné que la situation n'a pas évolué dans ce sens, au moins une partie de cette équipe a été rappelée.

    J'ignore si cela vous aide à comprendre. Je tiens seulement à souligner que les choses ne sont pas simples. Étant donné que nous faisons partie d'un groupe de nations qui autorisent leurs militaires à faire certaines choses et pas d'autres, nous devons composer avec cette situation. Cela entraîne d'énormes difficultés et contribue à la complexité de l'entreprise.

À  +-(1020)  

+-

    M. David Price: Donc, il est revenu à Tampa, alors? Ce serait vraiment...

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Oui, en effet. C'est exact.

+-

    Le président: Merci, monsieur Price.

[Français]

    Monsieur Bachand.

+-

    M. Claude Bachand: Merci, monsieur le président.

    Je vais maintenant poser des questions sur l'Afghanistan.

    Mon général, je vous ai souvent entendu dire que le nombre de rotations exigées de vos soldats dépassait leur capacité, et je trouve que vous les avez très bien défendus en disant qu'on demande énormément à ces gens. Je vous ai souvent entendu prononcer le mot «soutenabilité». Je viens de me renseigner auprès du traducteur, et il paraît que ça se dit. Ils traduisent ça par sustainability. Vous avez souvent invoqué ça.

    Tout à l'heure, vous avez parlé du fait que le ministre vous avait consulté sur l'Afghanistan. J'imagine que vous avez dû recommander au ministre de ne pas exécuter une mission en Afghanistan compte tenu du trop grand effort que cela demanderait à l'armée canadienne. Pouvez-vous me dire ce que vous avez recommandé au ministre lorsqu'il vous a consulté, ou est-ce aussi un secret d'État?

[Traduction]

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Monsieur le président, avant de répondre à cette question, je dois dire en toute sincérité que chaque fois que l'un d'entre nous donne des conseils aux ministres, c'est sous le sceau de la confidentialité. Purement et simplement. Il s'agit de conseils aux ministres. Ceci dit, je pense qu'il est important de comprendre le contexte.

    Toute recommandation d'ordre militaire comporte deux volets. Le premier consiste à déterminer si oui ou non nous pouvons faire quelque chose. Le deuxième consiste à dire si oui ou non nous croyons que nous devrions le faire. Parfois, nous perdons cela de vue, et nous pouvons donner l'impression que les deux aspects sont entremêlés.

    On m'a posé une question en ce qui concerne le remplacement du 3 PPCLI en Afghanistan. Aurais-je pu remplacer le bataillon? La réponse est oui, j'aurais pu le faire. Est-ce que j'ai recommandé que l'on remplace le bataillon? Non, pour justement les raisons que vous avez évoquées vous-même dans votre question. La question de la soutenabilité générale de l'armée me préoccupait à un point tel que je ne croyais pas qu'il était raisonnable de le faire. Mais, même cela doit être situé en contexte.

    Je vais vous raconter une anecdote que je pense avoir déjà utilisée ici, mais qui, à mon avis, mérite d'être répétée. À l'époque où il était chef d'état-major de la Défense, on avait invité le général Maurice Baril à comparaître devant ce comité, et il avait dit en substance que toute la question se résumait dans l'objectif général. En 1939, nous avons envoyé beaucoup de nos pères et de nos grands-pères à la guerre, et ceux qui en sont revenus n'avaient pas mis les pieds au pays depuis cinq ou six ans. C'est un sacrifice. Si les circonstances le justifient, nous pouvons le faire, mais il faut comprendre comme nation que des êtres humains paient un prix élevé en contrepartie.

    Aussi, lorsque je considère une opération comme celle de l'Afghanistan, et que l'on me demande si nous pouvons intervenir? La réponse est oui, mais nous mettons nos forces à rude épreuve en le faisant, cela ne fait aucun doute. J'ai répondu tout à l'heure à une question sur la capacité globale. Notre armée est une armée de petite taille, et elle n'est pas en passe de devenir plus grande. Même si notre capacité de maintenir notre puissance s'est améliorée par suite d'un accroissement bienvenu du financement, nous ne disposons pas pour autant de plus de membres. Nous ne sommes pas devenus une plus grande armée. Mais cette armée est formée de soldats professionnels loyaux envers leur pays. Ils peuvent intervenir, mais il y a un prix à payer. Et c'est là que le bât blesse. En fin de compte, la question de savoir si oui ou non le jeu en vaut la chandelle ne m'appartient pas personnellement. Elle appartient au gouvernement et à la nation tout entière.

+-

    Le président: Soyez très bref, monsieur Bachand.

[Français]

+-

    M. Claude Bachand: Alors, si je vous comprends bien, vous dites que l'opération en Afghanistan qui s'en vient va tout simplement aggraver le problème. Vous avez dit au ministre qu'on pouvait le faire, mais vous avez recommandé qu'on ne le fasse pas parce que ça aggraverait le problème. Est-ce bien ce que vous venez de dire?

[Traduction]

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Il ne fait aucun doute, monsieur le président, que le déploiement en Afghanistan aura une incidence négative et ralentira notre rythme général et qu'il contribuera à aggraver le problème de la soutenabilité du point de vue de l'effectif.

À  +-(1025)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Bachand.

    Monsieur Price.

+-

    M. David Price: Merci, monsieur le président. J'ai seulement deux petites questions.

    Pour revenir à MacDill ou à Tampa, avons-nous un officier de liaison sur place dans la section des forces spéciales? Maintenons-nous du personnel sur place de façon régulière?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: J'ignore la réponse à cette question, monsieur le président.

+-

    M. David Price: Merci.

    Mon autre question porte sur les programmes d'échange qui sont en cours. Je sais que nous entretenons des échanges avec les États-Unis, mais je sais aussi que le Mexique a montré beaucoup d'intérêt à cet égard. Existe-t-il à l'heure actuelle des échanges semblables et y a-t-il des Canadiens au Mexique, et inversement des Mexicains au pays?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: La réponse est non, aux deux questions. Dans le cadre de notre politique gouvernementale, nous intensifions notre participation à notre engagement dans les Amériques. Je pense que vous savez que je suis le président de ce que l'on appelle la Conférence des armées des Amériques. Il s'agit d'un engagement des armées de toutes les Amériques. La réunion des commandants faisant partie de cette Conférence aura lieu fin septembre ou début octobre. Elle s'inscrit dans notre participation à un engagement à l'échelle de toutes les Amériques.

    Dans ce contexte, nous avons exploré la possibilité d'intensifier notre engagement avec bon nombre de nos partenaires de l'Amérique latine, en particulier. Cette année, nous avons l'intention de détacher quelques officiers, à la fois aux États-Unis et dans quelques pays d'Amérique latine, pour qu'ils y prennent notamment des cours d'espagnol, qu'ils se familiarisent avec la région et qu'ils y établissent des contacts avec diverses nations en vue d'intensifier notre participation dans cette région. Mais ce ne sont que des étapes très préliminaires et embryonnaires, pour le moment.

+-

    M. David Price: Historiquement, les Mexicains ne sont jamais sortis de leur pays. Ils n'ont pas vraiment collaboré beaucoup avec d'autres pays sur le plan militaire. Ils ont bien fait quelques échanges avec les Américains, mais seulement dans un contexte d'entraînement. Je sais qu'ils ont manifesté un certain intérêt à l'égard d'une association avec le Canada. Ils voient le Canada comme un pays davantage comparable sur le plan de la taille et de la stature.

    Il y a des officiers canadiens à notre ambassade là-bas. Je sais qu'ils entretiennent des relations suivies avec les Mexicains. Mais, nous ont-ils approchés en vue d'explorer la possibilité de participer à un programme d'échange?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Je sais qu'il y a des pourparlers à l'heure actuelle avec le Mexique en vue d'évaluer les possibilités, mais ils sont à un stade préliminaire et le moment n'est pas venu pour moi de faire des commentaires à ce sujet. Évidemment, je ne voudrais surtout pas mettre le gouvernement mexicain dans l'embarras, parce qu'il n'y a rien de conclu pour le moment.

    Il y a environ trois semaines, je me trouvais à Mexico. J'y ai parlé avec le général Ricardo Vega Garcia qui, soit dit en passant, cumule les fonctions de commandant de l'Armée de terre, de chef de la Défense ainsi que de secrétaire à la Défense, tout à la fois; voilà une dynamique intéressante, ma foi.

    Je vois le Mexique comme une nation qui, après une assez longe période d'introversion, montre des signes de vouloir se joindre à la communauté mondiale comme il ne l'a jamais fait auparavant, et ce message m'est clairement transmis lorsque je m'adresse aux officiers supérieurs de ce pays. Le Mexique possède une armée relativement importante encadrée par un corps d'officiers très professionnels, mais à la base ses opérations sont relativement concentrées, aussi cette armée est relativement peu entraînée. Elle se concentre principalement sur les questions de sécurité intérieure, aussi elle n'est pas habituée à évoluer dans le contexte d'opérations à caractère international, comme la nôtre.

    Les pourparlers initiaux m'indiquent que les Mexicains sont intéressés à faire leurs premiers pas devant les conduire à participer à des missions de maintien ou de soutien de la paix sous l'égide des Nations Unies, et à ce genre d'engagements. Ils souhaitent prendre de l'expérience dans le monde et commencer à construire des ponts qui leur permettront d'aller au-delà de leur approche traditionnelle centrée sur les opérations nationales. Mais, comme je vous l'ai dit, il s'agit de discussions préliminaires.

    Le général Ray Henault s'est rendu au Mexique il y a sept ou huit mois, si ma mémoire est bonne, pour y participer à des discussions préliminaires. Nous leur faisons savoir que nous sommes toujours prêts à les aider de toutes les manières. Nous les invitons à nous envoyer des officiers pour qu'ils puissent suivre certains de nos cours, comme ceux qui se donnent dans notre Centre de formation pour le soutien de la paix ou des cours similaires, et nous sommes prêts à leur fournir toute l'expertise dont ils pourraient avoir besoin.

À  +-(1030)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Price.

    Monsieur Benoit.

+-

    M. Leon Benoit: Général Jeffery, j'ai plusieurs questions à vous poser, aussi je vais m'efforcer d'être succinct.

    Tout d'abord, avez-vous jamais eu connaissance d'une situation où les militaires canadiens auraient participé à une guerre à laquelle le gouvernement n'aurait pas donné son appui?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Je ne suis pas sûr de...

+-

    Le président: Monsieur Benoit, je pense que vous devez comprendre que le général n'est pas un historien.

    Général, si vous voulez répondre, soyez bien à l'aise.

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Bien sûr, la réponse est non, mais j'aimerais en revenir à mon commentaire précédent. Comme je l'ai dit, ce sont des questions complexes auxquelles il est difficile de répondre par oui ou par non.

+-

    M. Leon Benoit: Nous sommes en train de discuter de la relation militaire qui existe entre le Canada et les États-Unis, et pourtant, il me paraît étrange que le Canada ne participe pas davantage aux déploiements des États-Unis à l'étranger. Il me semble extrêmement étrange que deux pays qui sont tellement proches, qui sont de si bons amis et de si bons alliés aient si peu d'engagements en commun. Si on examine la situation dans les Balkans, les Canadiens ne sont pas déployés aux côtés des Américains. Si on regarde notre opération en Afghanistan pour l'été qui vient, nous ne sommes pas engagés aux côtés de nos alliés américains. Cela me paraît très étrange.

    L'opération à laquelle nous devons participer comporte une vaste composante de commandement et contrôle, et pourtant, vous nous avez signalé aujourd'hui qu'à ce chapitre il y a des lacunes au Canada. Il nous faut procéder à d'importantes améliorations sur le plan du matériel et ainsi de suite. Vous avez déclaré qu'en ce qui concerne les communications, nous utilisons des systèmes autonomes qui auraient besoin d'être modernisés. Il me semble que ces deux aspects sont précisément ceux dont on pourrait avoir besoin dans le cadre de l'opération en Afghanistan. Pourriez-vous commenter sur ce point?

    Et je voudrais ajouter un élément à cette question pour vous. Lorsque vous avez décrit les divers types d'engagements opérationnels que le Canada pouvait prendre en Afghanistan, est-ce que celui qui a été retenu se trouvait plus près du début ou de la fin de la liste en termes d'opérations qui conviendraient le mieux aux militaires canadiens à l'heure actuelle?

    Et cette question comporte plusieurs aspects sous-jacents, j'en suis très conscient.

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Très brièvement, pour suivre l'ordre dans lequel les questions ont été posées, en termes de relation entre le Canada et les États-Unis et leur affiliation dans le monde entier, je vous invite à considérer la question sous l'angle historique. En effet, je vous rappelle que durant la Deuxième Guerre mondiale, en Corée et à vrai dire jusqu'en 1970, notre engagement militaire s'est toujours effectué aux côtés du Royaume-Uni. Lorsque nous avons déployé nos troupes lors de la Deuxième Guerre mondiale, nous étions intégrés à l'Armée britannique. Ce n'est qu'en fin de course que nous avons constitué une Armée canadienne à part entière. En Corée, nous faisions partie de la Division du Commonwealth. En Allemagne, nous étions intégrés à l'Armée britannique du Rhin. Ce n'est qu'en 1970, à la suite d'une décision prise par le gouvernement de consolider les forces dans le sud de l'Allemagne que nous nous sommes intégrés au secteur américain. Nous participions à l'engagement aux côtés des États-Unis et d'autres forces militaires durant cette période, et c'est à ce moment que nous avons commencé à établir des liens.

+-

    M. Leon Benoit: Mais nous sommes devenus très proches depuis lors.

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Lorsque nous avons désengagé nos forces terrestres en particulier, en 1991, nous avons reconnu alors qu'il n'existait aucun échange traditionnel ou contact réel sur le plan opérationnel avec les militaires américains. Cette constatation a été à l'origine de discussions que j'ai tenues avec mes homologues américains durant un certain temps. Il y a eu des discussions entre le général Henault et son homologue américain en vue de consolider cette relation. Bien entendu, depuis le 11 septembre, ces discussions sont devenues encore plus impératives, mais tout cela prend du temps.

    Nous faisons des progrès et nous sommes à la recherche des occasions favorables. À n'en pas douter, l'Afghanistan représente une occasion historique dans le sens qu'il s'agit de la première fois, dans l'ère moderne, que nous travaillons en aussi étroite collaboration avec les États-Unis. Il incombe à nos instances politiques de décider si cela se reproduira ou non, mais c'est le genre de défi qui nous attend.

    Donc, suis-je surpris? Non. Le facteur limitatif en ce moment toutefois est la capacité. En effet, pour répondre aux exigences de ce genre de mission, il faut disposer de la capacité nécessaire, et c'est là que réside tout le défi.

    Pour ce qui est des communications, comme je l'ai déjà dit aux membres du comité, ce secteur présente un défi important. J'ai déjà parlé de la modernisation et de nos efforts en vue de faire progresser l'Armée de terre. Je pense que vous êtes bien au fait des projets que nous avons déjà mis en place. Au moment où nous nous parlons, nous sommes à mettre en place un système de communication de classe mondiale. Et une partie de ce système vise le commandement et contrôle. Il faudra compter de deux à trois ans avant que l'armée soit complètement équipée à ce niveau.

À  +-(1035)  

+-

    M. Leon Benoit: Mais ce système ne sera pas disponible pour l'opération menée en Afghanistan.

+-

    Le président: Monsieur Benoit, votre temps est écoulé.

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Non, il ne sera pas prêt, monsieur le président, et c'est la triste réalité. Et peu importe l'argent que l'on voudrait y injecter ou quoi que ce soit d'autre, rien pour le moment ne permettrait d'accélérer les choses. Donc, ce système est en bonne voie, mais tout dépend de la vitesse à laquelle nous pouvons l'absorber. Nous disposerons d'un système de communication, mais pas du système de commandement et contrôle au complet parce qu'il manque un élément communication pour le moment.

+-

    Le président: Général, j'aimerais vous poser quelques questions. En un sens, elles ont un rapport avec la question de l'interopérabilité.

    Je pense que les gens qui surveillent ce qui se passe actuellement en Irak ne peuvent s'empêcher de s'inquiéter au sujet des incidents de tir ami qui se sont produits là-bas. Je suis sûr que des enquêtes suivent chacun de ces incidents. De toute évidence, les tirs amis entre deux forces se produisent à divers niveaux—il y a les incidents de tirs amis au sein des forces américaines ou britanniques et ceux qui se sont produits entre les deux forces aussi.

    Allons-nous avoir l'occasion d'examiner les résultats des enquêtes qui sont effectuées en rapport avec ces incidents afin de déterminer comment prendre les moyens pour réduire l'éventualité de ces incidents dans le futur si nous continuons à collaborer avec les Américains ou les Britanniques? De toute évidence, ces incidents sont une conséquence très troublante du conflit, mais lorsque près d'un quart de million de militaires se retrouvent sur le théâtre d'une opération dans un contexte de combats, il est évident que l'on s'expose à ce qu'il y ait des problèmes. Avez-vous des commentaires à ce sujet?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Puis-je vous demander des précisions? Lorsque vous dites «nous», voulez-vous savoir si oui ou non le Canada sera mis au courant des résultats des enquêtes effectuées par les États-Unis et le Royaume-Uni?

+-

    Le président: Oui, tout à fait.

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Je ne peux pas vous répondre de façon catégorique, mais je m'attendrais à ce que la réponse soit oui, bien entendu, nous serons mis au courant, en temps et lieu.

    Nous avons mis en place un bon système de communication des leçons retenues et du partage de l'information. Évidemment, lors des étapes initiales, un peu comme lors des enquêtes que nous avons menées nous-mêmes ici, en particulier sur la question de l'Afghanistan, ces enquêtes étaient «à diffusion restreinte» tant qu'elles n'ont pas été complétées, mais par la suite elles ont été diffusées entièrement sur la place publique. Je m'attends à ce que les choses se passent de la même manière. Notre expérience en ce qui concerne certains des incidents survenus lors de la dernière Guerre du Golfe nous indique que c'est ainsi que les choses vont se passer, et nous étudierons en profondeur ces rapports afin d'en tirer les leçons qui s'imposent.

    Je vous dirais que toute la question des tirs amis n'est pas chose nouvelle. Ces incidents se sont produits lors de chaque conflit depuis que le monde existe. À certains égards, notre capacité à les empêcher s'est améliorée. Nous ne sommes pas en mesure de retracer ces incidents survenus au cours des guerres plus anciennes, mais il y a probablement moins d'incidents de tirs amis de nos jours qu'il n'y en avait autrefois. La technologie moderne est une source de complexité croissante, et cette complexité même est à l'origine de beaucoup de ces incidents de tirs amis.

    Je vais vous donner un exemple. Nous avons des systèmes d'armes, et même des systèmes d'armes à tir direct d'une telle puissance qu'ils peuvent être efficaces à des distances où l'oeil humain ne peut pas voir. L'approche voulant que l'on puisse voir son ennemi bien en face, comme c'était le cas lors des conflits traditionnels, est dépassée. Nous parlons de militaires qui utilisent des systèmes de haute technologie pour voir de l'autre côté d'une colline, qui engagent des cibles qui se trouvent parfois à des dizaines de kilomètres de distance, et c'est de plus en plus comme ça que les choses vont se passer. Lorsque l'on tente d'identifier une cible particulière à cette distance, dans le feu de l'action, la nuit, dans le brouillard et la fumée, avec le stress et la pression du combat, les erreurs sont presque inévitables.

    Je ne veux pas que vous pensiez que je ferme les yeux sur ce problème—aucun soldat ne le ferait—mais je pense qu'il faut comprendre la complexité du contexte des combats. Le simple fait d'utiliser des armes de haute technologie nous enseigne qu'il faut chercher la solution du côté de la haute technologie. Nous disposons d'ores et déjà de certaines de ces solutions très perfectionnées dans d'autres dimensions. Les systèmes IFF air-air—les systèmes d'interrogation ami ou ennemi—en sont un bon exemple. Des systèmes de ce genre sont en cours d'élaboration, et nous avons placé une commande à cet effet. Mais étant donné l'environnement particulier dans lequel se déroule la guerre terrestre, les solutions technologiques ne sont pas faciles à trouver. Et investir des centaines de millions de dollars dans des systèmes qui ne fonctionneront jamais n'est pas non plus la solution.

    Aussi, j'ai bien peur qu'il faut reconnaître qu'il y aura d'autres problèmes du même genre dans un avenir rapproché. En fin de compte, une combinaison de procédures améliorées et d'une meilleure technologie devraient contribuer à réduire ce problème, mais je ne pense pas que nous réussirons à l'éliminer complètement.

À  +-(1040)  

+-

    Le président: Merci, général.

[Français]

    Monsieur Bachand.

+-

    M. Claude Bachand: Monsieur le président, merci beaucoup.

    Je suis allé à quelques séances de la Conférence des Associations de la Défense, où j'ai vu le ministre présenter son texte, mais je n'étais malheureusement pas là lorsque vous avez présenté le vôtre. Cependant, je l'ai lu attentivement, et il semble que vous procédiez d'une nouvelle façon pour établir la capacité de l'armée canadienne. Vous mettez de l'avant cinq concepts: le concept de commander, le concept de détecter, le concept d'agir, le concept de protéger et le concept de maintenir en puissance.

    Il me semble qu'il y a un rapprochement à faire avec la façon de voir de l'armée américaine, avec le ISTAR. Est-ce que je me trompe quand je dis que l'interopérabilité pourrait aussi nous mener, non pas à imiter, mais à regarder très attentivement la façon dont l'armée américaine procède pour l'établissement de ses doctrines sur les capacités de notre armée et de la sienne? Je sais que c'est une question un peu large. Je ne vous demanderai pas de tout détailler parce qu'il y a passablement de détails dans le document, mais est-ce que les cinq concepts que je viens de vous énumérer sont une nouvelle façon de voir la capacité de l'armée canadienne?

[Traduction]

+-

    Lgén M.K. Jeffery: En un mot, monsieur le président, oui. Ce que nous appelons les cinq fonctions opérationnelles—commander, détecter, agir, protéger et maintenir en puissance—représentent une tentative de réduire la complexité et d'utiliser un langage simple pour expliquer chacun des éléments du rôle d'une armée. Nous sommes enclins à utiliser un jargon et une terminologie qui confondent les militaires eux-mêmes parfois, alors que la simplicité comporte ses propres avantages, et nous avons décidé d'y faire appel.

    Essentiellement, la question tourne autour de la fonction de détection. Nous avons choisi le mot détecter parce qu'il s'apparente aux sens du corps humain—la capacité de voir, de sentir, d'entendre et de percevoir les choses qui se passent autour de vous. Finalement, dans la guerre moderne, dans la guerre de l'information, la conscience de la situation—la connaissance de l'endroit où se trouve chacun, la possibilité de déterminer s'il s'agit d'un ami ou d'un ennemi—ainsi qu'une bonne compréhension de l'environnement global sont essentiels pour le genre de guerres et la rapidité des opérations que nous envisageons. Afin d'établir la conscience de la situation, nous avons besoin de capteurs modernes. Ils ne sont pas une panacée, et ce n'est pas ce que je veux laisser entendre. Il faut pouvoir compter sur toute une panoplie de données, mais il est clair que l'on a besoin de certaines de ces technologies clés.

    Nous ne travaillons pas seulement avec les militaires américains, mais aussi avec d'autres militaires, puisque nous sommes aux prises avec les mêmes problèmes. Essentiellement, nous devons nous assurer d'en arriver à un point où nos concepts déterminants et nos approches sont au moins similaires, sinon identiques.

    Il y a place pour la spécificité. Nos militaires, notre armée, sont le produit de notre histoire et de notre société, et ils sont organisés en fonction d'un éventail de facteurs sur lesquels nous ne pouvons exercer qu'un contrôle limité. Suggérer que n'importe quelle doctrine ou n'importe quelle approche qui convient aux Américains, aux Britanniques ou à quelque autre armée pourra automatiquement s'appliquer à nous est erroné, mais il faudrait toutefois que nous nous trouvions sensiblement dans les mêmes dispositions. Le défi consiste à élaborer un concept qui fonctionne pour nous et qui peut aussi s'insérer dans un concept et une doctrine plus larges. C'est dans cette direction que nous essayons d'aller.

    Les remarques que je vous ai faites aujourd'hui au sujet des diverses tribunes sur l'interopérabilité, et en particulier sur le Programme d'uniformisation des armées de l'ABCA ainsi que sur le programme d'interopérabilité, visent les secteurs dans lesquels nous réalisons les investissements les plus poussés, et ils sont sans doute ceux qui nous donneront le meilleur rendement.

À  +-(1045)  

[Français]

+-

    M. Claude Bachand: En terminant, monsieur le président, je voudrais souhaiter une bonne fin de carrière au général. J'ai hâte de lui parler quand il aura fini son service, parce que j'ai l'impression qu'il pourrait m'en dire beaucoup plus long s'il n'était pas en service. Je veux le féliciter pour le travail qu'il a fait dans l'armée et aussi pour le travail qu'il a fait devant le comité, parce que je sais que pour lui, c'est comme aller sur un champ de bataille que de venir au Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants. Je trouve qu'il s'en est bien tiré. Je trouve aussi que c'est un homme foncièrement honnête, dans la limite qui lui est imposée. Je voulais donc le remercier de sa participation.

[Traduction]

+-

    Le président: Merci, monsieur Bachand.

    Général, j'aurais une courte question à vous poser en ce qui concerne les divers accords intervenus entre le Canada et les États-Unis. Comme vous le savez, nous avons quelque chose comme 80 traités, 250 protocoles d'entente et quelque 140 tribunes bilatérales. À votre avis, le moment est-il venu d'examiner certains de ces accords et traités et d'essayer de déterminer ce qui est encore pertinent et ce qui ne l'est plus et d'en arriver à une certaine rationalisation de ces divers mécanismes dont nous disposons pour régir les relations de défense entre nos deux pays? En particulier, j'aimerais savoir si vous voulez faire des commentaires au sujet de...

    De toute évidence, il existe une interopérabilité considérable entre les deux alliés sur le plan militaire, mais il me semble nécessaire—et peut-être êtes-vous mieux placé que d'autres à cet égard—de déterminer si oui ou non nous pouvons parler d'interopérabilité sur le plan politique. Cette interopérabilité est rendue nécessaire en raison de certaines activités comme celles de la Commission permanente mixte de défense Canada–États-Unis, par exemple, ou encore sur le plan de la familiarisation, pourrions-nous dire, des législateurs américains avec les Forces canadiennes et des législateurs canadiens avec les Forces américaines.

    Avez-vous des observations à faire sur ces points?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Si vous le permettez, monsieur le président, sur la question précise de déterminer si les nombreux protocoles et accords devraient être rationalisés sous une forme plus simple et plus cohérente, je pense qu'en fin de compte, cela doit faire partie de notre objectif. Cependant, je ferais une mise en garde contre la tentation de vouloir la rationalisation en tant qu'objectif précis. Je pense qu'il s'agit davantage d'un résultat que d'un objectif particulier en soi.

    On peut regarder la situation en adoptant tour à tour le point de vue privilégié des Canadiens puis celui des Américains, et ensuite évidemment en fonction de nos relations globales et de plus en plus bilatérales. Il me semble que nous sommes aux prises avec l'évolution d'une société de masse au cours de laquelle nous avons atteint le point où nous devons simplifier notre approche à tous les égards.

    Lorsque l'on examine l'approche retenue par le gouvernement pour gérer la sécurité dans un environnement où nous devons faire face à des menaces potentielles accrues sur le plan de la sécurité, du terrorisme et autres, l'approche plus lente et beaucoup plus bureaucratique que nous avons adoptée depuis toujours ne convient plus. En deux mots, il y a trop de compartimentation, trop de cloisonnement et, peu importe le domaine en cause, il faut en éliminer une bonne partie.

    La même situation se retrouve aux États-Unis. À certains égards, et pour autant que je puisse en juger, il me semble que lorsque Tom Ridge envisage la sécurité intérieure de son pays sous tous les angles, s'il ne l'a pas encore fait, il devra reconnaître rapidement que l'un des principaux obstacles est en réalité la bureaucratie gouvernementale interne à divers paliers, parce que l'on n'arrive pas à faire circuler l'information rapidement.

    Toutes les nations éprouvent ces problèmes à des degrés divers. Lorsque vous les réunissez et que vous tentez de déterminer l'approche qui permettra d'adopter une vision commune ou collective de la sécurité et que vous essayez de voir comment arrimer tout cela, vous vous situez dans un autre ordre de grandeur, parce qu'il n'est pas nécessairement facile d'aligner les Canadiens et les Américains sur la même longueur d'ondes en ce qui concerne un même problème. Que l'on s'adresse aux politiciens, aux divers ministères fédéraux ou provinciaux, ou encore aux administrations municipales—et les militaires ne sont qu'un des éléments de cette grande équation, bien entendu—et l'on se retrouve devant un enchevêtrement de problèmes assez inextricable.

    Il me semble que ce qui nous fait le plus défaut c'est une vision claire et à long terme de ce que le Canada et les États-Unis entendent faire sur le plan de la sécurité générale. À tout le moins, je pense que chaque nation devrait commencer chacune de son côté à examiner sa propre vision en ce qui concerne ce qu'elle veut obtenir et le prix qu'elle est prête à payer. Avec dix provinces, trois territoires, et des ministères fédéraux tenus dans l'ignorance, et un nombre encore plus élevé de municipalités aux quatre coins du pays, le simple fait de vouloir rationaliser tout ça...si l'on veut que les choses évoluent au Canada, et que tous les ministères concernés soient tenus au courant de ce qui se passe afin de pouvoir réagir rapidement, alors cette bureaucratie historique et traditionnelle a fait son temps.

    Sommes-nous prêts à payer le prix qui consiste à modifier une partie de ce scénario afin de nous attaquer au problème de la sécurité? Je pense que c'est l'un des problèmes fondamentaux auxquels la société canadienne et les futurs gouvernements devront s'attaquer, et la solution militaire à ce problème n'est tout simplement pas la bonne, bien franchement. Il ne s'agit pas d'un problème militaire, mais plutôt d'un défi majeur qui se pose à la société.

À  +-(1050)  

+-

    Le président: Merci, général.

    Monsieur Benoit.

+-

    M. Leon Benoit: Dans une question précédente, général, je vous demandais combien de personnes participeraient à l'opération en Afghanistan, et vous m'avez répondu que vous ne le savez pas encore. N'est-ce pas inhabituel que vous n'ayez pas une meilleure idée d'une opération avant que le gouvernement n'en fasse l'annonce?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Je pense que ce que j'ai voulu dire, monsieur le président, c'est que j'ignorais le nombre exact de personnes qui y participent. J'ai aussi répondu à cette question ou à une autre lorsque j'ai mentionné que nous prévoyons envoyer quelque 1 500 militaires, plus ou moins. C'est exactement ce que j'avais recommandé au CEMD et c'est ce qu'il a lui-même suggéré au gouvernement, et c'est grosso modo le chiffre qui est envisagé.

    De mon point de vue, c'est-à-dire du point de vue de la capacité, nous nous approchons de la limite supérieure. Je ne voudrais pas que l'on nous demande d'envoyer un nombre plus élevé de militaires. Toutefois, je voudrais revenir à la question de l'équilibre général. Nous devons fournir un nombre suffisant de militaires pour qu'ils soient en mesure de bien faire leur travail et d'assurer convenablement la protection de la force. Donc, l'effectif pourrait être un peu plus élevé, mais j'espère que non.

+-

    M. Leon Benoit: Pour ce qui est de l'opération proprement dite, ce matin vous avez mentionné qu'il était nécessaire d'investir dans le commandement et contrôle et vous avez dit que nous devions investir massivement dans les communications, et pourtant il semble que ces deux secteurs soient essentiels à l'opération en Afghanistan. Je reviens à la question que je vous avais posée auparavant et à laquelle vous n'avez pas eu l'occasion de répondre: lorsque vous et les autres responsables avez établi la liste des missions auxquelles le Canada pourrait participer, est-ce que cette opération en particulier se trouvait en haut ou en bas de la liste?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Monsieur le président, cette question sous-entend que les militaires établissent en quelque sorte des priorités internes et cela ne correspond pas à la réalité. Comme les situations liées à la sécurité évoluent constamment dans le monde, la position des militaires consiste à déterminer ce qui peut s'appliquer à ces situations en fonction des ressources disponibles et ce qui conviendrait le mieux aux opérations en question. L'enjeu devient alors une priorité politique—pour des raisons que vous connaissez mieux que moi, mesdames et messieurs—c'est-à-dire, la décision de déployer des forces et dans quelles circonstances.

    Très brièvement, toutes les situations comportant une menace à la sécurité que nous avons vues évoluer au cours de la dernière décennie, y compris les opérations en Afghanistan, en Irak et ainsi de suite, ont entraîné l'établissement de certaines options. Dans bien des cas, ces options ont été présentées au gouvernement pour qu'il puisse prendre une décision, et c'est cette priorité politique d'ensemble qui détermine nos affectations.

+-

    M. Leon Benoit: Oui, mais je voulais parler en termes des missions qui conviennent le mieux à nos militaires. C'était le sens que je voulais donner à ma question. Quant à déterminer si cette opération se situe ou non au sommet de la liste des missions qui nous conviennent le mieux, je serais enclin à penser que non, à la lumière de certaines réponses que vous m'avez données un peu plus tôt ou de certaines choses que vous avez signalées tout à l'heure en rapport avec les lacunes sur le plan de la capacité en matière de commandement et contrôle, de communications, et ainsi de suite.

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Monsieur le président, je dirais que les limites qui nous sont imposées aujourd'hui dépendent, dans une large mesure, de notre capacité, peu importe le théâtre où nous nous dirigeons. Si la question que vous me posiez visait à me faire dire si nous envisagions une mission ailleurs qu'en Afghanistan, je pense que cela n'a aucun rapport. Nous éprouverions les mêmes difficultés ou nous disposerions de la même capacité si nous décidions de nous rendre sur un autre théâtre. La composition des troupes pourrait être différente en raison des circonstances très particulières, mais globalement, si on nous avait demandé de participer à une mission sur un autre théâtre, ce que nous aurions pu envoyer en termes d'effectif général, d'ampleur de la contribution et de construction générale de cette contribution aurait été sensiblement de la même composition et de la même taille. Nous pourrions opter pour une infanterie mécanisée plutôt que pour une infanterie légère, dépendant de la tâche particulière à effectuer, mais la décision porterait sur cet ordre de grandeur. Les pénuries ou les lacunes que nous éprouvons touchent certains domaines précis, et elles existent peu importe la mission que nous décidons d'accepter.

    Je n'essaie pas de jouer au plus fin avec vous, mais je vous dirais que le soutien logistique du combat, notre soutenabilité sur le plan logistique, et notre effectif global ainsi que nos moyens de communication sont des secteurs problématiques. Cela s'explique en partie par le nombre élevé de théâtres des opérations où nous sommes présents et le nombre de missions auxquelles nous participons. Cela ne signifie pas pour autant que nous ne sommes pas en mesure de faire le travail, mais ces exigences mettent nos ressources à rude épreuve.

À  +-(1055)  

+-

    M. Leon Benoit: Considérez-vous que cette mission sera une mission très difficile ou une opération très difficile pour les militaires canadiens?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Toutes les missions dans cette région du globe sont difficiles par définition pour quiconque, si on pense seulement au défi que cela représente de s'y rendre et d'y maintenir une force. Et c'est sans compter la question du risque par-dessus le marché. C'est un véritable défi.

+-

    Le président: Monsieur Benoit, vous avez le temps pour une dernière question, rapidement.

+-

    M. Leon Benoit: Comment allons-nous procéder pour transporter nos troupes et notre matériel là-bas?

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Je ne peux pas vous répondre avec précision, mais ce sera soit par voie aérienne soit au moyen d'une combinaison de transport aérien et maritime. Ces détails sont à l'étude au moment où l'on se parle.

    Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, notre détachement de reconnaissance stratégique devrait rentrer à Ottawa ce soir. Il devrait nous fournir des renseignements qui proviennent directement du théâtre des opérations et aussi d'Europe, de certains alliés européens, qui nous permettront de mieux évaluer la situation. Nous pourrons ensuite établir nos plans et aller de l'avant.

+-

    Le président: Merci, monsieur Benoit.

    Merci beaucoup, général. Les membres du comité n'ont pas ménagé leurs éloges à votre égard, et je voudrais joindre ma voix à ce concert de louanges. De ma position en tant que membre et président d'un comité, je peux dire que j'ai vraiment apprécié tout le savoir et toute l'expérience dont vous avez fait bénéficier les délibérations de ce comité. Vous avez été très utile à nos travaux en de nombreuses occasions et vous nous avez permis de tirer au clair bien des questions. Je suis persuadé que tous mes collègues s'unissent à moi pour vous souhaiter beaucoup de succès dans vos projets futurs. Merci de vous être présenté aujourd'hui.

+-

    Lgén M.K. Jeffery: Merci, monsieur le président.

    Si je peux ajouter une dernière chose—et je reviens au commentaire dans lequel je disais qu'il restait encore beaucoup à accomplir—je commande l'armée et à bien des égards, je la représente, mais je tiens à vous dire clairement que ce ne sont pas les efforts d'une seule personne, mais plutôt les efforts collectifs d'un grand nombre de professionnels dévoués qui ont permis à l'armée d'en arriver là où elle est et qui lui permettront de poursuivre sa progression.

    Ma seule inquiétude—et c'est la prière que je vous fais à vous ainsi qu'aux autres membres du comité—c'est qu'il faut absolument que la population de ce pays réalise ce qu'elle obtient pour son argent, et que l'on fasse en sorte que ce soutien financier se poursuive à l'avenir. Parce que si l'on ne maintient pas cette aide financière, la nation ne pourra pas compter sur l'organisation professionnelle et de qualité dont elle dispose aujourd'hui. Rien n'est moins sûr. Le maintien en puissance de notre armée nécessite des investissements et des soins constants. C'est de cela que nous avons besoin dans le futur, et je vous implore de transmettre mon message.

    Je vous remercie beaucoup.

+-

    Le président: Merci, général.

    Des voix: Bravo!

Á  -(1100)  

-

    Le président: Au début de la réunion, je vous avais mentionné que nous devions nous occuper d'une question et cette question est tout simplement l'avenir de la présente étude des relations pour la défense entre le Canada et les États-Unis.

    Le Bureau de régie interne nous a indiqué que nous ne serons pas autorisés à nous déplacer aux États-Unis, et il semble que l'Alliance canadienne soit en partie responsable de ce refus. Je pense que la plupart d'entre nous seraient probablement d'accord pour dire qu'une étude des relations entre le Canada et les États-Unis qui ne comprendrait pas un dialogue avec nos voisins américains serait un exercice assez futile, pour dire le moins.

    Je suggère que nous tenions une réunion d'urgence du comité de direction afin de déterminer si nous devons poursuivre nos travaux dans ce domaine ou s'il ne vaudrait pas mieux nous orienter vers un autre, et laisser tomber ce que nous avons déjà entrepris. Je vais aviser les membres du comité de direction dès que possible de la tenue de cette réunion, mais si nous n'obtenons pas l'autorisation de nous déplacer, je ne vois pas, soyons réaliste, comment nous pourrions poursuivre nos travaux. Ceci dit, je vais communiquer avec les intéressés, et nous tiendrons une réunion à huis clos afin de d'établir un plan d'action.

    La séance est levée.