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CHPC Rapport du Comité

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CHAPITRE 1 : INTRODUCTION

A.  POURQUOI LE CINÉMA EST IMPORTANT

Depuis son invention à la fin du XIXe siècle, le cinéma est rapidement devenu un des médias les plus puissants et les plus influents de l’histoire. Certes, la poésie, le théâtre et le roman ont été des formes populaires d’expression culturelle. Cependant, la littérature n’a jamais connu l’auditoire de masse que les films attirent. Parce que le cinéma est si accessible, il a été le premier véritable médium culturel de masse.

Le cinéma présente une autre caractéristique : les films coûtent cher. Imprimer un livre, monter une pièce, écrire et jouer de la musique, cela coûte assez peu comparé à faire un film. Comme les longs métrages ont besoin d’un vaste marché pour générer suffisamment de ventes et faire leurs frais, les producteurs des petits pays sont désavantagés. Seule une poignée de pays disposent d’un marché intérieur suffisant pour rentabiliser leur industrie cinématographique sans quelque forme de soutien direct ou indirect de l’État.

Étant donné les dépenses en cause, les sceptiques et les cyniques se demandent : «  À quoi bon? Pourquoi ne pas dépenser notre argent sur quelque chose de plus utile, comme la recherche médicale ou l'éducation?  » À leur avis, les Canadiens devraient se contenter de leur l’accès à la vaste production étrangère de longs métrages.

Il semble bien que depuis l’époque où l’homme primitif a commencé à vivre en société, il n’a cessé de créer de la musique, de faire des vers, de dessiner et de décorer. On peut ergoter à savoir qui de la musique ou du conte est apparu en premier, mais les histoires, que ce soit sous forme de mythes, de poésie, de théâtre ou de chansons, font partie du quotidien de l’humanité depuis des milliers d’années.

Le film est un médium de narration puissant; il attire une foule de créateurs. Il y a des films exceptionnels et des films moyens, tout comme il y a des poèmes, des pièces de théâtre, des romans et des chansons exceptionnels, moyens ou médiocres. Les œuvres moyennes n’enlèvent pourtant rien aux chefs-d’œuvre du septième art, du théâtre, du roman, de la poésie et de la musique, pas plus qu’elles ne dissuadent les nouvelles générations de créateurs de tenter presque l’impossible : créer un chef d’œuvre à l’écran ou sur papier.

Les Canadiens de toutes cultures chérissent leur identité culturelle et tiennent à la préserver et à la promouvoir dans le contexte de l’intégration économique et culturelle mondiale. Depuis longtemps, le Canada est un des grands défenseurs d’un accord international sur la diversité culturelle.

L’adoption quasi unanime de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité de l’expression culturelle de l’UNESCO montre que le Canada n'est pas seul à vouloir assurer la protection des voix distinctes et diverses de la culture.

Cette convention, que le Canada a ratifiée le 23 novembre 2005, cadre tout à fait avec les efforts du gouvernement fédéral pour protéger et promouvoir notre cinéma et notre culture cinématographique. Dans un monde où les biens et les services circulent de plus en plus librement, le Canada est inondé de films, pour la plupart de grosses productions d’Hollywood. Dans ce contexte, la capacité des cinéastes canadiens à produire leurs œuvres et celle de nos auditoires à les voir est compromise. Face à cela, le gouvernement du Canada a créé, pour soutenir notre cinéma et ses artistes, plusieurs politiques et programmes que le rapport analyse en détail. La Convention place la protection de la culture à l’ordre du jour international et confirme aux yeux de la communauté mondiale, ainsi que dans les annales du droit international, la légitimité des politiques actuelles et futures du Canada à l’appui de son cinéma.

Les plupart des pays appuient la recherche médicale, assistent les pauvres et s’efforcent d’établir un climat favorable à l’épanouissement de tous les types d’expression créatrice. Dans certains cas, cela signifie un cadre légal permettant la libre expression et dans d’autres, un train de mesures qui appuient les organismes publiant la poésie, les pièces de théâtre, les romans, la musique ou soutiennent les interprètes. Ces organismes sont parfois sans but lucratif (orchestres, maisons d’opéra et musées) ou des entreprises commerciales (la plupart des éditeurs de livres).

À part les idéologues, peu de gens défendent l’idée que l’expression culturelle devrait être laissée à elle-même sans aucune forme d’aide. Certaines sociétés comptent sur la philanthropie et l’encouragent (comme les États-Unis) tandis que d’autres (le Canada par exemple) font appel à des organismes sans but lucratif créés avec l’aide de l’État.

L’appui au septième art varie d’un pays à l’autre, comme ce rapport le montre amplement. Il n'y a pas de recette établie pour la réussite. Les seules questions pertinentes concernent les objectifs à atteindre et le moyen le plus efficace pour y parvenir.

Il est absolument nécessaire et raisonnable de revoir périodiquement la façon que nous faisons les choses, en gardant à l’esprit l’objectif de l’examen : apprécier les résultats obtenus et voir comment, avec le temps, on pourrait s’améliorer.

Nous vivons dans une période de changement technologique d’un rythme sans précédent; le Comité est cependant convaincu que les films, qu’ils soient vus en salle, à la maison, ou grâce à un appareil portatif demeureront toujours une forme puissante d’expression culturelle. Les mécanismes mêmes que nous utilisons pour visionner les films peuvent changer, mais nous continuerons d’en voir aussi longtemps que nous aurons des histoires à raconter.

Quelque part dans notre tête, quand les lumières s’éteignent pour faire place à l’image clignotante qui prend forme à l’écran, nous somme transportés dans un monde quasi onirique, presque mythique, où les gens sont plus forts ou plus faibles, plus savants ou moins instruits, plus sereins ou plus troublés que nous-mêmes : à ce moment-là, nous entrons dans le monde de la narration, nous communions à une des plus vieilles activités de l’homme, raconter et écouter des histoires. Voilà pourquoi nous appuyons le cinéma.

S’il est facile de répondre au pourquoi, il est plus difficile de porter un jugement critique sur ce que nous faisons. Le Comité est bien convaincu du pourquoi; par conséquent, ce qui suit traite de ce que nous tentons de faire, du succès avec lequel nous le faisons et de la meilleure façon de favoriser les conditions permettant aux créateurs et aux entrepreneurs canadiens de faire des films qui non seulement rejoindront les auditoires canadiens, mais les raviront.

B.  APERÇU DU RAPPORT

Le Comité a lancé son étude sur l'industrie du film du Canada en février 20051. Durant la première phase de l’étude, le Comité a entendu plus de 180 témoins représentant les organismes subventionnaires, les scénaristes, producteurs, réalisateurs, distributeurs, présentateurs et diffuseurs, les syndicats et le gouvernement. Il s’est rendu à Vancouver, Winnipeg, Toronto, Montréal et Halifax pour tenir des audiences et faire des visites.

La première phase de notre étude s’est terminée par la parution d’un rapport provisoire en juin 2005. Ce rapport livrait les constatations préliminaires du Comité sur ce qu’il avait entendu jusque là et demandait aux intervenants du milieu des réponses écrites à une série de questions ciblées2.

Les questions, sujets et problèmes fondamentaux relevés durant la première phase de l’étude et les réponses au questionnaire sont très instructifs. Le Comité a évalué et pondéré avec rigueur les préoccupations et les suggestions formulées par les témoins. Il s’est entendu sur bon nombre de conclusions et recommandations importantes.

Le Comité espère que les recommandations du présent rapport contribueront au maintien et à l’amplification des succès récents du cinéma canadien de langue française. Nous sommes convaincus que ces recommandations favoriseront également l’émergence de résultats analogues sur le marché du film canadien de langue anglaise.

Le Canada a le talent et les moyens de développer une industrie du cinéma de qualité, dynamique et rentable. Les thèmes, sujets et questions abordés durant nos 10 mois d’étude sont traités comme suit dans les chapitres qui suivent :

Chapitre deux : Données statistiques choisies  — Le rapport provisoire du Comité présentait beaucoup de données pertinentes sur le cinéma canadien. Ce chapitre en ajoute d’autres, que le Comité estime cruciales à la compréhension de la situation actuelle et de l’orientation future du cinéma canadien. Il s’agit de données économiques sur l’industrie du film, des détails sur les parts de marché et de chiffres sur l’appui direct et indirect de l’État au cinéma canadien. Y figurent également les résultats d’une enquête sur les habitudes cinématographiques des Canadiens et de leur usage d’Internet.

Chapitre trois : Résumé des réponses au Rapport provisoire  — Comme on l’a dit, le Rapport provisoire du Comité invitait les intervenants du milieu à une nouvelle série de communications. Ce chapitre résume les avis exprimés par les répondants. Les sujets abordés sont : la création et la production, la commercialisation, les mécanismes actuels du soutien de l’État, la distribution, la présentation, la gouvernance des grandes agences subventionnaires, les mesures et les cibles de performance et d’autres sujets importants.

Chapitre quatre : Programmes et mesures d’aide au cinéma : Comparaison internationale  — Pendant les travaux du Comité, les témoins ont constamment évoqué les politiques et programmes des autres pays à l’appui de leur cinéma. En conséquence, le Comité a entrepris un examen fouillé des mesures d’aide offertes par certains pays clés. Le chapitre examine les modèles d’aide australien, français, allemand et britannique et les compare avec les méthodes utilisées au Canada.

Chapitre cinq : Recommandations en vue d’une nouvelle politique du film et de sa mise en œuvre  — Ce chapitre énonce un train de recommandations qui, selon nous, iraient dans le sens des objectifs de la politique canadienne du film. Il comprend une discussion des éléments fondamentaux d’une nouvelle politique, de l’importance de la gouvernance et de la transparence, et des actions nécessaires à l’application de la nouvelle politique.

Chapitre six : Conclusion  — Le dernier chapitre revient sur certaines des grandes lacunes de la politique canadienne du film et de sa mise en œuvre, et insiste sur les grands changements requis pour améliorer la situation actuelle. Il souligne que le Comité appuie fortement le rôle du gouvernement fédéral dans le soutien de notre production cinématographique et estime que les cinéastes canadiens devraient continuer de bénéficier d’un financement stable à long terme, à un niveau au moins égal à ce qu’il est présentement.


1Le mandat de l’étude est annexé au rapport.
2La liste de questions est annexée au rapport.